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Les États-Unis estiment que la Russie a jusqu’à présent atteint ses objectifs en Syrie à un coût supportable, par Jonathan Landay

Sunday 14 February 2016 at 02:15

Source : Reuters, le 28/12/2015

WASHINGTON | Par Jonathan Landay et Warren Strobel

La campagne de Poutine en Syrie portant ses fruits (01:41)

Après trois mois d’intervention militaire en Syrie, le président russe Vladimir Poutine a atteint son objectif principal de stabiliser le gouvernement Assad et, à coûts relativement faibles, pourrait soutenir ce niveau d’engagement militaire durant des années, estiment des membres du gouvernement des États-Unis et des analystes militaires.

Cette estimation contredit des affirmations publiques du président Barack Obama et de ses proches collaborateurs selon lesquelles Poutine se serait embarqué dans une mission mal conçue de soutien au président syrien Bachar el-Assad qu’il aura du mal à financer et qui échouera probablement.

“Je pense qu’il n’est pas discutable que le régime d’Assad, avec l’aide militaire russe, est probablement dans une situation plus sûre qu’il ne l’a été,” déclare un haut fonctionnaire qui a demandé l’anonymat. Cinq autres fonctionnaires américains interviewés par Reuters reconnaissent également que la mission russe a été jusqu’à présent plutôt couronnée de succès et coûte relativement peu cher.

Les fonctionnaires américains soulignent que Poutine pourrait avoir de sérieuses difficultés, si son engagement dans la guerre civile, qui a débuté il y a plus de quatre ans, s’éternisait.

Pourtant depuis le début de sa campagne le 30 septembre, la Russie a essuyé un minimum de pertes et, malgré quelques difficultés fiscales domestiques, supporte facilement le coût de l’opération, que les analystes estiment de 1 à 2 milliards de dollars par an. La guerre est financée par le budget annuel régulier de la défense russe d’environ 54 milliards de dollars, a déclaré un fonctionnaire du renseignement des États-Unis.

Cette dépense, selon des analystes et des fonctionnaires, reste sous contrôle en raison de la chute des prix du pétrole qui, tout en affaiblissant l’économie générale de la Russie, a aidé à la compression du budget de la défense en réduisant les coûts de ravitaillement des avions et des navires. La Russie a également pu exploiter un stock de bombes conventionnelles datant de l’époque soviétique.

Poutine a déclaré que son intervention est destinée à stabiliser le gouvernement d’Assad et à l’aider à combattre l’ÉI, bien que des fonctionnaires occidentaux et des membres de groupes syriens de l’opposition affirment que ses frappes aériennes ont essentiellement visé les rebelles modérés.

Les partenaires syriens et iraniens de la Russie ont obtenu peu de gains territoriaux majeurs.

L’intervention de Poutine a cependant stoppé la dynamique de l’opposition, permettant aux forces pro-Assad de mener leur offensive. Avant l’intervention militaire de la Russie, selon des fonctionnaires américains et occidentaux, le régime d’Assad semblait de plus en plus menacé.

Plutôt que repousser l’opposition, la Russie pourrait se contenter de défendre l’emprise d’Assad sur les zones de peuplement les plus importantes, qui comprennent le fief de sa secte minoritaire alaouite, selon le fonctionnaire du renseignement américain.

La Russie profite de l’opération pour tester de nouvelles armes en situation de combat et les intégrer à sa tactique, a déclaré le fonctionnaire du renseignement. Elle fait progresser son utilisation de drones de surveillance non armés, a-t-il ajouté.

“Les Russes ne se sont pas engagés à l’aveuglette là-dedans,” a dit le fonctionnaire du renseignement, ajoutant qu’”ils tirent un certain bénéfice de leurs dépenses.”

Un bourbier ?

L’intervention de la Russie semble également avoir renforcé sa position à la table de négociation. Ces dernières semaines, Washington a coopéré plus étroitement avec la Russie dans la recherche d’un règlement du conflit et a fait marche arrière sur l’exigence d’un départ immédiat d’Assad comme composante de toute transition politique.

Obama a suggéré ce mois encore que Moscou soit entraînée dans une aventure extérieure qui épuisera ses ressources et dans laquelle son armée s’embourbera.

“Une tentative de la part de la Russie et de l’Iran de soutenir Assad et de pacifier la population aura pour seul effet de les plonger dans un bourbier et sera inopérante,” a déclaré Obama le 2 octobre.

Le 1er décembre, il a évoqué la perspective d’une Russie progressivement “embourbée dans une guerre civile sans issue et paralysante.”

Le haut fonctionnaire gouvernemental a nié toute contradiction entre les propos d’Obama et les déclarations privées faisant état d’un relatif succès jusqu’à présent de la campagne russe.

“Je pense que le président voulait dire… que ce ne sera pas un succès à long terme,” a déclaré le fonctionnaire. Les Russes “se sont retrouvés ligotés dans une guerre civile d’une manière telle qu’il leur sera extrêmement difficile de s’en extraire.”

Les fonctionnaires américains n’ont pas ouvertement précisé ce qu’un bourbier signifierait pour la Russie. Mais Obama a évoqué la désastreuse occupation une décennie durant de l’Afghanistan par l’Union Soviétique à partir de 1979.

Les responsables américains disent que l’empreinte militaire russe est relativement légère. Elle inclut une ancienne base navale à Tartous, une grande base aérienne à côté de la cité portuaire de Lattaquié, une autre en cours de développement près de Homs et plusieurs postes de moindre importance.

On estime à 5 000 le nombre de Russes présents en Syrie, en comptant les pilotes, les équipes au sol, les services de renseignement, les unités de sécurité protégeant les bases russes et les conseillers militaires des troupes gouvernementales syriennes.

La Russie a perdu un long-courrier dans l’attentat revendiqué par l’ÉI en Égypte qui a tué 224 personnes, et un bombardier supersonique Su-24 abattu par les Turcs. Elle se retrouve également alliée à une armée syrienne épuisée qui manque d’hommes et doit affronter des rebelles appuyés par les États-Unis utilisant des missiles anti-tanks.

“C’est une corvée,” a indiqué le fonctionnaire du renseignement, ajoutant qu’en termes de gains territoriaux, “je pense que les Russes n’en sont pas là où ils l’espéraient.”

Les pertes russes en Syrie ont été relativement faibles, se montant officiellement à trois morts. Les fonctionnaires américains estiment que la Russie pourrait avoir perdu jusqu’à 30 hommes en tout.

Vasily Kashin, un analyste installé à Moscou, a dit que la guerre ne représentait pas un stress économique pour la Russie.

“Toutes les données disponibles nous montrent que le niveau actuel d’implication militaire est complètement insignifiant pour l’économie et le budget russes,” a déclaré Kashin, du Centre d’Analyses des Stratégies et Technologies.

“Elle peut être poursuivie au même niveau année après année,” a-t-il ajouté.

(Informations complémentaires de Jason Bush à Moscou et Phil Stewart à Washington. Publication par Stuart Grudgings.)

 

Image extraite d’une vidéo publiée par le ministère russe de la défense le 25 décembre 2015, montrant des frappes aériennes russes touchant des véhicules insurgés qui, selon le ministère, transportaient du pétrole, dans un endroit non précisé en Syrie.

REUTERS/RUSSIAN DEFENCE MINISTRY/HANDOUT VIA REUTERS

Source : Reuters, le 28/12/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/les-etats-unis-estiment-que-la-russie-a-jusqua-present-atteint-ses-objectifs-en-syrie-a-un-cout-supportable-par-jonathan-landay/