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“Nous avons la force, la volonté et le courage de protéger notre liberté”, par Vladimir Poutine (+ médias)

Friday 5 December 2014 at 10:50

Un autre regard…

Vladimir Poutine : Discours présidentiel à l’Assemblée fédérale (4 décembre 2014)

Première partie du discours : politique extérieure - Kremlin, Moscou, 4 décembre 2014

 

LE PRÉSIDENT DE LA RUSSIE VLADIMIR POUTINE : Chers membres du Conseil de la Fédération, Députés de la Douma, Citoyens de Russie !

Le discours d’aujourd’hui sera consacré, bien entendu, à la situation et aux conditions actuelles du monde dans lequel nous vivons, ainsi qu’aux défis auxquels nous sommes confrontés. Mais je tiens tout d’abord à vous remercier tous pour le soutien, l’unité et la solidarité dont vous avez fait preuve au cours des récents événements historiques et cruciaux qui vont sérieusement influencer l’avenir de notre pays.

Cette année, nous avons été confrontés à des épreuves auxquelles seule une nation unie et mature et un État véritablement souverain et fort peuvent résister. La Russie a prouvé qu’elle peut protéger ses compatriotes et défendre l’honneur, la vérité et la justice.

La Russie a pu accomplir cela grâce à ses citoyens, grâce à votre travail et aux résultats que nous avons obtenus ensemble, et grâce à notre profonde compréhension de l’essence et de l’importance des intérêts nationaux. Nous avons pris conscience de l’indivisibilité et de l’intégrité de la longue histoire millénaire de notre patrie. Nous sommes venus à croire en nous-mêmes, à croire que nous pouvions faire beaucoup de choses et atteindre tous nos objectifs.

Aujourd’hui, nous ne pouvons bien évidemment pas ne pas évoquer les événements historiques qui ont eu lieu cette année. Comme vous le savez, un référendum a été organisé en Crimée en mars, dans lequel les habitants de la péninsule ont clairement exprimé leur désir de rejoindre la Russie. Après cela, le Parlement de Crimée – il convient de souligner que c’était un parlement tout à fait légitime, qui avait été élu en 2010 – a adopté une résolution d’indépendance. Et enfin, nous avons assisté à la réunification historique de la Crimée et de Sébastopol avec la Russie.

Ce fut un événement d’une importance particulière pour notre pays et notre peuple, parce que la Crimée est une terre où vivent nos compatriotes, et que son territoire est d’une importance stratégique pour la Russie car c’est là que se trouvent les racines spirituelles de la Nation russe, diverse mais solidement unie, et de l’État russe centralisé. C’est en Crimée, dans l’ancienne ville de Chersonèse ou Korsun, comme  les anciens chroniqueurs russes appelaient, que le Grand Prince Vladimir a été baptisé avant d’apporter le christianisme au Rus.

En plus de la similitude ethnique, de la langue commune, des éléments communs de leur culture matérielle, d’un territoire commun – même si ses frontières n’étaient pas tracées et stables –, d’échanges économiques émergents et d’un gouvernement naissant, le christianisme fut une puissante force unificatrice spirituelle qui a contribué à impliquer dans la création de la Nation russe et de l’État russe les diverses tribus et alliances tribales du vaste monde slave oriental. C’est grâce à cette unité spirituelle que nos ancêtres, pour la première fois et pour toujours, se considérèrent comme une nation unie. Tout cela nous amène à affirmer que la Crimée, l’ancienne Korsun ou Chersonèse, et Sébastopol, ont une importance civilisationnelle et même sacrée inestimable pour la Russie, comme le Mont du Temple à Jérusalem pour les adeptes de l’Islam et du Judaïsme.

Et c’est ainsi que nous les considèrerons toujours.

Chers amis,

Aujourd’hui, il est impossible de ne pas revenir sur notre point de vue au sujet des développements en Ukraine et de la façon dont nous avons l’intention de travailler avec nos partenaires à travers le monde.

Il est bien connu que la Russie a non seulement soutenu l’Ukraine et d’autres républiques frères de l’ancienne Union soviétique dans leurs aspirations à la souveraineté, mais qu’elle a aussi grandement facilité ce processus dans les années 1990. Depuis lors, notre position n’a pas changé.

Chaque nation a le droit souverain et inaliénable de déterminer sa propre voie de développement, de choisir ses alliés, son régime politique et la forme d’organisation de sa société, de créer une économie et d’assurer sa sécurité.La Russie a toujours respecté ces droits et les respectera toujours. Ils s’appliquent pleinement à l’Ukraine et au peuple ukrainien frère.

Il est vrai que nous avons condamné le coup d’État et la prise violente du pouvoir à Kiev en février dernier. Les développements auxquels nous assistons actuellement en Ukraine et la tragédie qui se déroule dans le sud-est du pays confirment pleinement la justesse de notre position.

Comment tout cela a-t-il commencé ? Je vais devoir vous rappeler ce qui s’est alors passé. Il est difficile de croire que tout a commencé avec la décision technique par le président Ianoukovitch de reporter la signature de l’accord d’association entre l’Ukraine et l’Union européenne. Ne vous méprenez pas sur ce point, il n’a pas refusé de signer le document, mais il a seulement reporté la finalisation de cet accord en vue d’y faire quelques ajustements. Comme vous le savez, cette décision a été prise en pleine conformité avec le mandat constitutionnel d’un chef d’Etat tout à fait légitime et internationalement reconnu.

Dans un tel contexte, il n’était pas question pour nous de soutenir le coup de force, la violence et les meurtres. Il suffit de considérer les événements sanglants à Odessa, où des gens ont été brûlés vifs. Comment les tentatives ultérieures de répression des populations du sud de l’Ukraine, qui s’opposent à ce carnage, pourraient-elles être soutenues ? Je répète qu’il nous était absolument impossible de cautionner ces développements. Qui plus est, ils ont été suivis par des déclarations hypocrites sur la protection du droit international et des droits humains. C’est du cynisme à l’état pur. Je crois fermement que le temps viendra où le peuple ukrainien fera une juste évaluation de ces événements.

Comment le dialogue sur cette question a-t-il commencé entre la Russie et ses partenaires américains et européens ?Je mentionne nos amis américains à dessein, car ils influencent continuellement les relations de la Russie avec ses voisins, ouvertement ou en coulisses. Parfois, nous ne savons pas même avec qui parler : avec les gouvernements de certains pays ou directement avec leurs mécènes et sponsors américains ?

Comme je l’ai mentionné, dans le cas de l’accord d’association UE-Ukraine, il n’y eut absolument pas de dialogue.On nous a dit que ce n’était pas notre affaire, ou, pour le dire simplement, on nous a dit « où » aller.
Tous les arguments rappelant que la Russie et l’Ukraine sont des membres de la zone de libre-échange de la CEI,que nous avons historiquement établi une coopération profonde dans l’industrie et l’agriculture, et que nous partageons essentiellement la même infrastructure – personne ne voulait entendre ces arguments, et encore moins en tenir compte.

Notre réponse a été de dire : très bien, si vous ne voulez pas avoir de dialogue avec nous, nous allons devoir protéger nos intérêts légitimes unilatéralement et nous ne paierons pas pour ce que nous considérons comme une politique erronée.

Quel a donc été le résultat de tout cela ? L’accord entre l’Ukraine et l’Union européenne a été signé et ratifié, mais la mise en œuvre des dispositions concernant le commerce et l’économie a été reportée jusqu’à la fin de l’année prochaine. Cela ne prouve-t-il pas que c’est nous qui avions raison ?

Il faut aussi poser la question des raisons pour lesquelles tout cela a été fait en Ukraine. Quel était le but du coup d’État contre le gouvernement ? Pourquoi tirer et continuer à tirer et à tuer des gens ? De fait, l’économie, la finance et le secteur social ont été détruits et le pays a été ravagé et ruiné.

Ce dont l’Ukraine a besoin actuellement est d’une aide économique pour mener des réformes, pas de politique de bas étage et de promesses pompeuses mais vides. Toutefois, nos collègues occidentaux ne semblent pas désireux de fournir une telle assistance, tandis que les autorités de Kiev ne sont pas prêtes à relever les défis auxquels leurs citoyens sont confrontés.

A ce propos, la Russie a déjà apporté une contribution énorme en aide à l’Ukraine. Permettez-moi de rappeler que les banques russes ont déjà investi 25 milliards de dollars en Ukraine. L’année dernière, le ministère russe des Finances a accordé un prêt de 3 milliards de dollars. Gazprom a encore fourni 5,5 milliards de dollars à l’Ukraine et a même offert un rabais qui n’était pas prévu, en exigeant du pays qu’il ne rembourse que 4,5 milliards. Additionnez le tout et vous obtenez de 32,5 à 33,5 milliards de dollars récemment fournis.

Bien sûr, nous avons le droit de poser des questions. Pour quelles raisons cette tragédie a-t-elle été menée en Ukraine? N’était-il pas possible de régler toutes les questions, même les questions litigieuses, par le dialogue, dans un cadre légal et légitime ?

Mais maintenant, on nous dit qu’il s’agissait de mesures politiques équilibrées et compétentes auxquelles nous devrions nous soumettre sans discussion et les yeux bandés.

Cela n’arrivera jamais.

Si pour certains pays européens, la fierté nationale est un concept oublié depuis longtemps et que la souveraineté est trop de luxe, pour la Russie, une véritable souveraineté est absolument nécessaire pour la survie.

Principalement, nous devrions prendre conscience de cela en tant que nation. Je tiens à souligner ceci : soit nous restons une nation souveraine, soit nous nous dissolvons sans laisser de trace et perdons notre identité. Bien sûr,d’autres pays doivent comprendre cela aussi. Tous les acteurs de la vie internationale doivent être conscients de cela.Et ils devraient utiliser cette compréhension pour renforcer le rôle et l’importance du droit international, dont nous avons tellement parlé ces derniers temps, plutôt que d’en plier les normes en fonction d’intérêts stratégiques tiers contraires aux principes fondamentaux du droit et au bon sens, considérant tout le monde comme des gens peu instruits qui ne savent ni lire ni écrire.

Il est impératif de respecter les intérêts légitimes de tous les participants au dialogue international. Alors seulement, non pas avec des mitraillettes, des missiles ou des avions de combat, mais précisément avec la primauté du droit pourrons-nous efficacement protéger le monde d’un conflit sanglant. Alors seulement, il n’y aura pas besoin d’essayer d’effrayer quiconque avec la menace d’un isolement imaginaire et trompeur, ou de sanctions qui sont, bien sûr, dommageables, mais dommageables pour tout le monde, y compris ceux qui les initient.

En parlant des sanctions, elles ne sont pas seulement une réaction impulsive de la part des États-Unis ou de leurs alliés à notre position concernant le coup d’Etat ou les événements en Ukraine, ou même au soi-disant « printemps de Crimée ». Je suis sûr que si ces événements ne s’étaient pas produits – je tiens à le souligner spécialement pour vous, politiciens, présents dans cet auditorium –, même si rien de tout cela ne s’était passé, ils auraient trouvé une autre excuse pour tenter d’endiguer les capacités croissantes de la Russie, de nuire à notre pays d’une quelconque manière, ou d’en tirer quelque avantage ou profit.

La politique d’endiguement n’a pas été inventée hier. Elle a été menée contre notre pays depuis de nombreuses années, toujours, depuis des décennies, sinon des siècles. En bref, chaque fois que quelqu’un pense que la Russie est devenue trop forte ou indépendante, ces mesures sont immédiatement déployées contre elle.

Cependant, parler à la Russie d’une position de force est un exercice futile, même quand elle est confrontée à des difficultés internes, comme ce fut le cas dans les années 1990 et au début des années 2000.

Nous nous souvenons bien de l’identité et de procédés de ceux qui, presque ouvertement, ont à l’époque soutenu le séparatisme et même le terrorisme pur et simple en Russie, et ont désigné des meurtriers, dont les mains étaient tachées de sang, comme des « rebelles », et ont organisé des réceptions de haut niveau pour eux.Ces « rebelles » se sont encore manifestés en Tchétchénie. Je suis sûr que les gens sur place, les forces de l’ordre locales, s’en occuperont de la manière appropriée. Ils œuvrent en ce moment même à stopper un autre raid de terroristes et à les éliminer. Donnons-leur tout notre soutien.

Permettez-moi de le répéter, nous nous souvenons des réceptions de haut niveau organisées pour des terroristes présentés comme des combattants pour la liberté et la démocratie. Nous avons alors réalisé que plus nous cédions du terrain, plus nos adversaires devenaient impudents et leur comportement se faisait de plus en plus cynique et agressif.


Malgré notre ouverture sans précédent alors, et notre volonté de coopérer sur tous les points, même sur les questions les plus sensibles, malgré le fait que nous considérions – et vous êtes tous conscients de cela, vous en avez tous le souvenir – nos anciens adversaires comme des amis proches et même des alliés, le soutien occidental au séparatisme en Russie, incluant un soutien informationnel, politique et financier, en plus du soutien des services spéciaux, était absolument évident et ne laissait aucun doute sur le fait qu’ils seraient heureux de laisser la Russie suivre le scénario yougoslave de désintégration et de démantèlement, avec toutes les retombées tragiques que cela entraînerait pour le peuple russe.


Cela n’a pas fonctionné. Nous n’avons pas permis que cela se produise.


Tout comme cela n’a pas fonctionné pour Hitler avec ses idées de haine des peuples, qui a entrepris de détruire la Russie et de nous repousser au-delà de l’Oural. Tout le monde devrait se rappeler comment cela a fini.

L’année prochaine, nous allons marquer le 70e anniversaire de la Victoire dans la Grande Guerre patriotique. Notre armée a écrasé l’ennemi et a libéré l’Europe. Cependant, nous ne devons pas oublier les défaites amères en 1941 et 1942 afin de ne pas répéter les erreurs à l’avenir.

Dans ce contexte, je vais aborder une question de sécurité internationale. Il y a beaucoup de questions liées à ce sujet. Elles incluent notamment la lutte contre le terrorisme. Nous assistons encore à ses manifestations, et bien sûr,nous participerons aux efforts conjoints pour lutter contre le terrorisme sur le plan international. Bien sûr, nous allons travailler ensemble pour faire face à d’autres défis, tels que la propagation des maladies infectieuses.

Cependant, à ce propos, j’aimerais parler de la question la plus grave et la plus sensible question : la sécurité internationale. Depuis 2002, après que les États-Unis se soient unilatéralement retirés du Traité ABM, qui était une pierre angulaire absolue de la sécurité internationale, un équilibre stratégique des forces et de la stabilité, les États-Unis ont travaillé sans relâche à la création d’un système global de défense antimissile, y compris en Europe. Ceci constitue une menace non seulement pour la sécurité de la Russie, mais pour le monde dans son ensemble –précisément en raison de la perturbation possible de l’équilibre stratégique des forces.

Je considère que ce projet est également mauvais pour les États-Unis, car il crée une dangereuse illusion d’invulnérabilité. Il renforce la tension vers des décisions qui sont souvent, comme nous pouvons le constater,irréfléchies et unilatérales, et amène des risques supplémentaires.

Nous avons beaucoup parlé de cela. Je ne vais pas entrer dans les détails maintenant. Je dirai seulement ceci – peut-être que je me répète : nous n’avons nullement l’intention de nous engager dans une course aux armements coûteuse, mais en même temps, nous allons garantir de manière fiable et efficace la défense de notre pays dans ces nouvelles conditions. Il n’y a absolument aucun doute à ce sujet. Cela sera fait. La Russie a à la fois la capacité et les solutions innovantes pour cela.

Personne ne pourra jamais parvenir à une supériorité militaire sur la Russie. Nous avons une armée moderne et prête au combat. Comme on dit actuellement, une armée courtoise, mais redoutable. Nous avons la force, la volonté et le courage de protéger notre liberté.

Nous allons protéger la diversité du monde. Nous dirons la vérité aux peuples à l’étranger, de sorte que tout le monde puisse voir l’image réelle et non déformée et fausse de la Russie. Nous allons promouvoir activement les affaires et les échanges humanitaires, ainsi que les relations scientifiques, éducatives et culturelles. Nous le ferons même si certains gouvernements tentent de créer un nouveau rideau de fer autour de la Russie.

Nous n’entrerons jamais dans la voie de l’auto-isolement, de la xénophobie, de la suspicion et de la recherche d’ennemis.

Ce sont là des manifestations de faiblesse, alors que nous sommes forts et confiants.

Notre objectif est d’avoir autant de partenaires égaux que possible, à la fois dans l’Ouest et à l’Est. Nous allons étendre notre présence dans ces régions où l’intégration est à la hausse, où la politique n’est pas mélangée avec l’économie (et vice versa), et où les obstacles au commerce, à l’échange de technologie et de l’investissement et à la libre circulation des personnes sont levés.

En aucun cas, nous n’allons limiter nos relations avec l’Europe ou l’Amérique. Dans le même temps, nous allons restaurer et étendre nos liens traditionnels avec l’Amérique du Sud. Nous allons poursuivre notre coopération avec l’Afrique et le Moyen-Orient.

Nous voyons à quelle vitesse l’Asie-Pacifique s’est développé au cours des dernières décennies. En tant que puissance du Pacifique, la Russie tirera pleinement parti de de potentiel énorme.

Tout le monde connaît les dirigeants et les « locomotives » du développement économique mondial. Beaucoup d’entre eux sont nos amis sincères et des partenaires stratégiques.

L’Union économique eurasienne va commencer à être pleinement opérationnelle le 1er janvier 2015. J’aimerais vous rappeler ses principes fondamentaux. Les principes majeurs sont l’égalité, le pragmatisme et le respect mutuel, ainsi que la préservation de l’identité nationale et de la souveraineté de l’État de tous les pays membres. Je suis convaincu qu’une coopération étroite sera une puissante source de développement pour tous les membres de l’Union économique eurasienne.

Pour conclure cette partie de mon discours, j’aimerais dire encore une fois que nos priorités sont d’avoir des familles saines et une nation saine, ce sont les valeurs traditionnelles que nous avons héritées de nos ancêtres, combinées avec un accent sur l’avenir, la stabilité comme une condition essentielle du développement et du progrès, le respect des autres nations et États, et la sécurité garantie de la Russie et la protection de ses intérêts légitimes.

[… Suit alors une partie plus économique...]

Discours original (russe) : http://kremlin.ru/news/47173
Traduction en anglais : http://eng.news.kremlin.ru/news/23341
Version française : http://www.sayed7asan.blogspot.fr

N.B. Si une erreur importante de traduction a été faite, signalez le moi…

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Maintenant que vous avez le texte, vous apprécierez le travail des journalistes dans le compte rendu…

 

Le Figaro : La charge de Poutine contre l’Occident

VIDÉO – Dans un discours virulent, le président russe a fustigé les «ennemis» de Moscou, entérinant la fracture grandissante avec l’Union européenne et les États-Unis.

Jusque dans les dernières heures et la nuit précédant l’événement, le président russe a corrigé des pans entiers de son discours, prérédigé par ses conseillers, modifiant lui-même des paragraphes. Et c’est un Vladimir Poutine mordant, parfois fiévreux, qui s’est finalement adressé jeudi à la nation, depuis la salle des fêtes du Kremlin, dans un exercice annuel destiné à rappeler à ses compatriotes, jusqu’au fin fond des campagnes, la solennité et la puissance du pouvoir russe. Pour les assurer surtout que l’Occident, cet ennemi diffus du Kremlin, doté de «valeurs» étrangères, ne fera jamais plier la Russie. C’est cette entité vague, plus encore que le régime de Kiev, dirigé par des «sponsors américains», qui constitue désormais aux yeux de Vladimir Poutine la principale menace pour les intérêts russes. Officiellement, Moscou n’a pas l’intention de «rompre» avec l’Union européenne et les États-Unis. Mais il était acquis, après une heure de discours, que les partenaires d’autrefois sont engagés dans une crise profonde et durable.

La Crimée est sacrée

Certes, les autorités ukrainiennes ont agi avec «cynisme», elles ont «fusillé, tué des gens» ; les responsables du «coup d’État» de Kiev ont fait «brûler vifs» leurs opposants, comme à Odessa. Néanmoins, le président russe a relégué les autorités de Kiev à un rôle subalterne, préférant s’attaquer à leurs «parrains» occidentaux. «Même sans la Crimée et l’Ukraine, les États-Unis et leurs alliés auraient inventé autre chose pour freiner les opportunités de la Russie. Et cette manière de faire ne date pas d’hier», a accusé Vladimir Poutine. «Aujourd’hui, ils essayent de toutes leurs forces de nous persuader qu’il existe une politique équilibrée à laquelle nous devons obéir sans réfléchir et de manière aveugle. Mais ce ne sera pas le cas», a-t-il ajouté. La Russie possède une «armée moderne, redoutable, prête au combat» interdisant à ses ennemis d’espérer acquérir la «suprématie militaire», a ajouté le chef du Kremlin, filant les métaphores historiques: tout comme elle a repoussé les nazis, elle a empêché l’Occident de «nous entraîner dans un scénario yougoslave de démantèlement». «Hitler s’apprêtait à anéantir la Russie et à nous repousser jusqu’à l’Oural. Tout le monde doit se souvenir comment ce genre de choses se termine», a-t-il menacé.

Négociations laborieuses

Ce faisant, Vladimir Poutine n’a eu aucun mot pour les négociations laborieuses en vue de parvenir à une trêve dans le Donbass, semblant même se désintéresser du confit ukrainien. «La tragédie qui a lieu là-bas conforte totalement la justesse de notre position», a simplement déclaré le président russe, ajoutant que Moscou avait financièrement aidé son voisin, à hauteur de 33 milliards de dollars. «En appelant les parties au dialogue, nous avons fait en Ukraine ce que nous avions à faire», a précisé au Figaro le vice-président de la Douma, Sergueï Neverov. Ces déclarations n’empêchent pas le Parlement de préparer une réunion à huis clos destinée à discuter l’octroi d’un statut officiel aux soldats russes ayant combattu dans le Donbass et à indemniser leurs familles. Par ailleurs, un général russe a participé aux négociations d’une trêve, annoncée jeudi soir. En comparaison, le chef du Kremlin s’est largement étendu sur «l’union historique» de la Crimée avec la Russie, qu’il a assimilée à un événement «sacré», comparant même certains lieux de la presqu’île à des lieux sacrés de Jérusalem. Directement face à lui, assis aux côtés des principaux dirigeants du gouvernement, le patriarche Kirill buvait ses paroles.

Les partis qualifiés d’opposition à la Douma ont également salué les propos présidentiels. «Nous allons construire un État fort, indépendant et souverain», s’est félicité le chef du parti Russie juste, Sergueï Mironov. Au même moment, à Bâle, le secrétaire d’État américain, John Kerry, appelait la Russie à ne pas «s’isoler par ses propres actions»…

Source : Le Figaro

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Le Monde : Poutine, virulent, s’en prend à un Occident qui veut « freiner » la Russie

Inintimidable. Vladimir Poutine, le président de la Russie, a prononcé un discours annuel particulièrement acerbe à l’égard des pays occidentaux, jeudi 4 décembre, devant les chambres réunies du Parlement russe. Il défendait devant elles le bilan d’une année marquée par plusieurs crises qui ont renforcé l’isolement de la Russie sur la scène internationale, de la guerre en Ukraine, à une crise économique provoquée de concert par les sanctions occidentales et de la chute des prix du pétrole. Un fossé que le président russe a un peu plus creusé, jeudi, en s’en prenant directement aux Occidentaux.

Evoquant la crise ukrainienne, Vladimir Poutine a martelé que les événements illustraient la justesse de la politique russe, et accusé l’Occident de cynisme dans son approche de la crise. Il a défendu l’annexion en mars par la Russie de la presqu’île de Crimée, qui faisait partie de l’Ukraine depuis les années 1950, du temps de l’Union soviétique. « Pour la Russie, la Crimée a un sens civilisationnel et sacré (…) enfin a eu lieu la réunification historique de la Crimée et de Sébastopol avec la Russie ».

Au sujet des sanctions en vigueur, après les événements en Ukraine, il a défié les Occidentaux, estimant que « les sanctions n’étaient pas qu’une réaction nerveuse des Etats-Unis ou de leurs alliés ». « Même sans cela [la Crimée, l'Ukraine] ils auraient inventé autre chose pour freiner les possibilités croissantes de la Russie. » « Cette manière de faire ne date pas d’hier », a-t-il ajouté.

« Cela fait des décennies, des siècles. En fait, à chaque fois que quelqu’un estime que la Russie est trop forte, indépendante, ces mécanismes (de freinage de la Russie) se mettent en place ».

Répétant que la position russie est « juste », Vladimir Poutine a encore ajouté :

« Il ne fait aucun doute qu’ils auraient aimé voir à l’oeuvre chez nous le scénario yougoslave d’un effondrement et d’un démembrement avec toutes les tragiques conséquences que cela aurait eu pour les peuples de Russie. Cela ne s’est pas produit. Nous ne l’avons pas permis. »

Il a également critiqué les Etats-Unis, qui « cherchent à influencer, en coulisses ou directement, nos relations avec nos voisins »« Parfois, on ne sait pas à qui il vaut mieux parler, avec les gouvernements ou directement avec leurs protecteurs ou leurs sponsors américains », a-t-il ironisé.

Le président russe a cependant affirmé qu’il ne voulait pas jouer l’isolement, assurant que la Russie ne cesserait pas sa coopération avec l’Europe et les Etats-Unis et qu’elle resterait ouverte aux investissements étrangers.

« Nous ne suivrons jamais la voie de l’isolement, de la xénophobie, de la suspicion et de la recherche d’ennemis. Tout cela, ce sont des manifestations de faiblesse tandis que nous sommes forts et que nous avons confiance en nous. »

« Nous n’avons ni le dessein ni le souhait de voir la Russie s’isoler par ses propres actions », a déclaré, pour sa part, le secrétaire d’Etat américain John Kerry devant l’OSCE à Bâle à propos de la situation en Ukraine, ajoutant que les Etats-Unis « ne cherchent pas la confrontation ».

Source : Le Monde

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Poutine étrille l’Europe dans son discours annuel

Vladimir Poutine a prononcé aujourd’hui son grand discours annuel. L’occasion pour le président russe de remettre en avant la grandeur de son pays et de critiquer les interventions européennes en Crimée. Pour lui, il s’agit d’un “prétexte”. 

Les Américains ont leur discours sur l’état de l’Union. Les Russes ont leur discours sur l’état de la Fédération. Dans les deux cas, il s’agit pour le président de faire un bilan de l’année passée, de présenter ses ambitions et son programme pour l’année à venir. Au Kremlin, chaque année, cette apparition rassemble plusieurs centaines de parlementaires, de ministres et de chefs religieux.

Après son départ discret du sommet du G20 en Australie, le mois dernier, Vladimir Poutine voulait visiblement reprendre une figure d’autorité. Plus question de se montrer isolé sur la scène internationale à cause du conflit en Ukraine. Cette fois, pendant plus d’une heure, son discours était beaucoup plus nationaliste.

Les Occidentaux veulent “freiner la Russie”, qui est une ”nation saine”, ”capable de défendre militairement ses compatriotes”, a dit le chef du Kremlin. Pour lui, les interventions occidentales en Ukraine ne sont qu’un “prétexte pour punir la Russie”. 

Source : France Inter

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Poutine accuse les ennemis de la Russie de vouloir sa perte

Le papier, dont je ne reprends que la fin, est plus intéressant et complet (c’est du Reuters, pas de l’AFP) – mais reste très orienté…

L’économie, le grand danger de Poutine

La stabilité de l’économie, dont le cours du rouble est un indicateur, est sans doute cruciale pour Vladimir Poutine, arrivé au pouvoir il y a quatorze ans après la crise financière de 1998 qui avait fait fondre la devise russe et avait dilapidé l’épargne des ménages russes.

Sa popularité du reste doit largement au souvenir du chaos des années 1990 et à la comparaison avec la stabilité qu’il a su faire revenir. Mais le rouble a cédé près du tiers de sa valeur depuis le début de l’année, la chute des cours pétroliers pèse grandement sur les finances publiques et les banques et compagnies russes éprouvent des difficultés à se financer en dollars pour rembourser leurs dettes extérieures.

“Le plus grand danger pour le président, c’est l’économie, sous la double pression des sanctions et de la chute des cours du pétrole”, souligne le politologue Kirill Rogov dans le quotidien d’affaires Vedomosti.

Les annonces de Vladimir Poutine n’ont pas convaincu les économistes. “C’est de la vieille école, un truc de la Guerre froide”, a réagi l’analyste Tim Ash, de la Standard Bank.

Sergueï Aleksachenko, ancien vice-gouverneur de la Banque centrale, ne voit dans le discours de Poutine “rien à débattre ni rien à attendre”. “Tout va continuer en l’état, et cela lui convient”, ajoute-t-il. (Eric Faye et Henri-Pierre André pour le service français)

(Avec Reuters)

Source : Challenges

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FRI : «Une forte tonalité Guerre froide» dans le discours de Poutine

Le président russe Vladimir Poutine a prononcé, jeudi 4 décembre, son discours annuel devant les parlementaires des deux chambres. Cette année, il revêt un costume particulier, eut égard à la crise en Ukraine et l’isolement de Moscou sur la scène internationale. Jean-Sylvestre Mongrenier, docteur en géopolitique, professeur agrégé d’Histoire-Géographie et chercheur à l’Institut français de géopolitique, analyse pour RFI le discours du président russe.

RFI : Le président russe a averti ses concitoyens : des temps difficiles sont à venir sur le plan économique. L’allocution prononcée mardi était un discours de justification de cette situation économique mais également un discours politique de fermeté vis-à-vis de l’Europe, qu’il juge responsable de cette situation. Finalement, y a-t-il quelque chose de nouveau dans l’allocution prononcée par le président russe ?

Jean-Sylvestre Mongrenier : Non, il n’y a rien de nouveau dans ce discours du président russe. Cette allocution s’inscrit dans le prolongement des discours prononcés par Vladimir Poutine ces dernières semaines et ces derniers mois, notamment le discours du Valdaï et celui prononcé devant le Sénat russe, après le rattachement manu militari de la Crimée à la Russie. C’est un discours qui a une forte tonalité Guerre froide d’opposition à l’Occident.

Vladimir Poutine s’est engagé à ce que d’ici quatre ans, la croissance russe soit supérieure à celle de n’importe quel autre pays. Quand il dit ça, est-il lui-même convaincu de ce qu’il avance ?

Je doute qu’il le soit. Cet engagement est vraiment rhétorique. Il traduit une volonté de mobiliser l’opinion publique russe. Les sanctions prises par les Occidentaux, en réaction à la politique ukrainienne de Vladimir Poutine, ont des conséquences sur l’économie russe.

De surcroît, il y a une chute des prix du pétrole. Aujourd’hui, le baril est aux alentours de 60 dollars alors que tous les calculs budgétaires russes sont fondés sur un baril à 100 dollars. Il y a donc forcément des conséquences qui sont importantes pour un pays qui n’a pas fait les réformes nécessaires pendant les années 2000, au moment où il y avait des rentrées importantes, au moment où il y avait une croissance économique forte.

Le discours de Vladimir Poutine traduit une volonté de reposer un objectif mais c’est très volontariste et finalement, très artificiel. Ce n’est pas articulé sur les réalités, les perspectives.

Que signifie le fait que le président russe ait demandé à la Banque centrale de mettre fin à la spéculation sur le rouble ?

Cela ne signifie pas grand-chose. La Banque centrale a renoncé à intervenir parce qu’elle était en train de dépenser une bonne partie de ses réserves de change dans le soutien du cours du rouble vis-à-vis de l’euro et du dollar. Ces dernières semaines, la décision qui a été prise, c’est de laisser flotter le rouble.

Je pense que cela nous confirme le côté très tchékiste de Vladimir Poutine. Cela donne le sentiment que pour lui, l’économie est une simple annexe de la politique et qu’il suffit d’ordonner pour que les réalités économiques et monétaires se plient, résonnent dans les termes d’une économie de commande.

[NdR. : La Tchéka est la première police politique de l'URSS, ancêtre du KGB. LaTchéka a duré de 1917 à 1922, et fut ensuite renommée Guépéou.] [Poutine est donc un clown à moitié dingue, CQFD]

Concernant la crise en Ukraine, le président russe fait savoir que ce n’est qu’un prétexte pour imposer des sanctions à son pays. « Les Occidentaux, dit-il, souhaitaient depuis longtemps freiner la marche de la Russie. » Ce discours a-t-il une visée uniquement intérieure ou s’adresse-il aussi aux pays européens et à Barack Obama ?

Vladimir Poutine s’adresse aussi aux Occidentaux en général. Il est dans une logique de confrontation. Il y a une volonté de la Russie de se placer au centre du jeu international, là où les dirigeants occidentaux considèrent la Russie comme un acteur secondaire, centré soit sur des problématiques domestiques, soit sur l’Asie-Pacifique.

Du côté du président russe et des cercles de pouvoir autour de lui, il y a une volonté de revanche. Il y a une volonté de poser la Russie au centre du jeu international. Et Vladimir Poutine y parvient d’une certaine manière, à travers son pouvoir de nuisance.

Il y a aussi tout le contexte obsidional. Tout le monde en voudrait en permanence à la Russie, il y aurait un gigantesque complot au niveau planétaire pour essayer d’abaisser ce pays, alors même que toute la politique russe menée par les Occidentaux dans l’après-Guerre froide a consisté à essayer d’arrimer la Russie, de la faire entrer dans une espèce d’ensemble « panoccidental ».

Même après la guerre de la Russie contre la Géorgie en 2008, on a vu le président américain Barack Obama pratiquer une politique de relance des relations russo-américaines qui n’a pas porté ses fruits, tout simplement parce que Vladimir Poutine a sa propre vision des choses, sa propre hiérarchie des priorités. Il veut poser la Russie comme puissance entre un ensemble américano-occidental d’un côté, et de l’autre côté, toute cette Chine émergente ou plutôt émergée.

Comment analysez-vous le double langage du président russe quand il dit qu’il ne veut pas rompre avec les Etats-Unis et l’Europe ?

Il y a quand même la prise en compte d’un minimum de réalité. D’un côté, Vladimir Poutine peut tenir une rhétorique centrée sur l’économie de commande, faire comme si la Russie était une gigantesque économie isolée, fonctionnant en elle-même et pour elle-même.

Mais en même temps, le fait est que 70% des exportations de la Russie, c’est du pétrole et du gaz, très largement à destination de l’Union européenne. C’est beaucoup plus que les volumes actuels et à venir à destination de la Chine. Ces exportations représentent la moitié des ressources fiscales de l’Etat russe et pratiquement le 1/5e du PIB.

Economiquement, une politique d’isolement ne peut qu’entraîner des effets pervers, négatifs. Donc Vladimir Poutine cherche une sorte de point d’équilibre entre réaffirmation de puissance d’un côté et de l’autre, la prise en compte du nerf de la guerre, c’est-à-dire, finalement, des ressources financières qui sont indispensables au fonctionnement de l’Etat russe et au financement de la politique de puissance qu’il veut mener.

Vladimir Poutine est-il de plus en plus suivi aujourd’hui par la population russe ?

Qu’en sait-on finalement? On regarde quelques sondages sur la popularité du président russe, mais est-ce qu’il y a encore, aujourd’hui, une véritable société civile russe avec des acteurs pleinement indépendants ? Il semble qu’il y ait une approbation d’une manière assez automatique, mais cela tient plus de l’acclamation que d’un consensus en profondeur avec toutes les conséquences économiques de sa politique.

Dans la durée, on peut penser que ce consensus pourrait se révéler finalement assez artificiel. Mais on est obligé d’extrapoler à partir de données qui sont très fragmentaires, très parcellaires. Quand on répète que Vladimir Poutine est soutenu par son peuple, quelque part, on reproduit sa propagande.

[donc personne ne le soutient, CQFD] [Géopoliticien le gars soi-disant...]

Source : RFI

Source: http://www.les-crises.fr/nous-avons-la-force-la-volonte-et-le-courage-de-proteger-notre-liberte-par-vladimir-poutine/