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Obama : L’Amérique sera la nation indispensable pour le reste de ce siècle…

Thursday 19 March 2015 at 04:46

Des années avant qu’il ne devienne une figure nationale, Barack Obama a prononcé un discours lors d’un rassemblement contre le projet d’invasion de l’Irak qui est devenu partie intégrante de sa campagne en tant qu’outsider des primaires de 2008. « Je ne m’oppose pas à toutes les guerres », a-t-il dit. « Ce à quoi je suis opposé, c’est à une guerre stupide. Ce à quoi je suis opposé, c’est à une guerre irréfléchie. » Mais la politique étrangère d’un président est dans la réalité bien plus complexe qu’un seul discours. Le monde est vaste, et la technologie moderne a fait de la guerre moins un choix binaire qu’un large éventail d’usages possibles de la force. Quand Obama a accordé un entretien à Vox fin janvier, nous ne lui avons pas posé de question concernant les crises actuelles mais nous l’avons interrogé sur les grandes idées qui déterminent sa vision des relations américaines avec le monde par-delà nos frontières.

Matthew Yglesias
C’est presque une question de fond, mais au fil des années, j’ai entendu un certain nombre de membres de votre équipe parler de votre sorte d’attitude en affaires étrangères comme d’une philosophie du « réalisme. » [1] Est-ce un terme que vous utiliseriez ?
[1] Le réalisme en politique étrangère est associé à la poursuite froide et insensible d’intérêts nationaux plutôt qu’à un accent mis sur les droits de l’homme ou le droit international. L’ampleur des engagements réalistes d’Obama est fréquemment débattue dans les cercles s’occupant de politique étrangère.

Barack Obama
Vous savez, traditionnellement, une grande partie de la politique étrangère américaine a été divisée en deux camps : le camp réaliste et le camp idéaliste. Et donc, si vous êtes un idéaliste, vous êtes comme Woodrow Wilson, et vous êtes là avec la Société des Nations à imaginer que tout le monde se tient la main en chantant « Kumbaya » et en imposant ces magnifiques règles que tout le monde respecte. Et si vous êtes un réaliste, alors vous soutenez des dictateurs qui se trouvent être vos amis, et vous concluez des marchés dans le seul but d’une recherche de l’intérêt propre étroitement défini de votre pays. Et je ne pense vraiment pas que cela décrive ce que devrait être une politique étrangère intelligente.

Je pense qu’il est réaliste pour nous de vouloir mettre en place, par la diplomatie, un système fondé sur des règles partout où nous le pouvons, en sachant que cela ne fonctionne pas toujours. Si nous avons des traités militaires en place, cela ne veut pas dire qu’il n’y ait personne qui fasse bande à part, comme la Corée du Nord qui essaie de suivre sa propre voie. Mais si vous pouvez créer ces normes, vous réduisez le nombre de problèmes et défis relatifs aux enjeux de sécurité et de défense. Et l’un des mérites de la politique étrangère américaine depuis l’après-seconde guerre mondiale c’est le bon travail réalisé à ce sujet. Il n’a pas été parfait, mais les Nations Unies, le FMI et toute une série de traités, de règles et de normes qui ont été établis ont réellement aidé à mettre le monde sur les voies d’une stabilité qui n’aurait pas existé autrement.

Mais je pense aussi que si nous avions seulement recours à cela sans avoir le point de vue réaliste qu’il existe des personnes méchantes qui essaient de nous nuire – et nous devons avoir la force armée la plus puissante au monde, et de temps à autre nous avons à tordre le bras à des pays qui ne voudraient pas faire ce que nous avons besoin qu’ils fassent, si ce n’était que nous disposons de divers moyens d’influence, économiques, diplomatiques ou, dans certains cas, militaires – si nous n’avions pas cette dose de réalisme, rien n’avancerait non plus. Ce qui me semble exact pour décrire ma politique étrangère, c’est la certitude que nous n’avons pas de solution militaire à tous les problèmes du 21e siècle. Il n’y a pas d’état semblable au nôtre qui veuille nous attaquer et nous provoquer. Celui qui s’en approche le plus, évidemment, c’est la Russie, avec son arsenal nucléaire, mais d’une manière générale ils ne peuvent pas se projeter partout dans le monde comme nous le pouvons. La Chine ne le peut pas non plus, Nous dépensons plus pour nos forces armées que les 10 pays suivants réunis. [2]

[2] Dépenses militaires comparées des USA et des autres pays


Source : Institut international pour les études stratégiques

Donc le plus grand défi auquel nous ayons à faire face dans l’immédiat est le désordre. Des états qui ont failli. Des menaces asymétriques de la part d’organisations terroristes. Et ce que j’ai essayé de faire, c’est de m’assurer qu’au cours des six dernières années, et, espérons-le les deux prochaines années, nous ayons plus d’outils à notre disposition pour régler les problèmes concrets que nous n’en avons aujourd’hui et que l’on puisse se projeter vers l’avenir, plutôt que de se reposer constamment sur les mêmes outils que lorsque nous nous occupions de l’Allemagne et du Japon pendant la seconde guerre mondiale.

Terminer deux guerres fut quelque chose d’important, non pas parce que j’avais une quelconque illusion que cela voulait dire que nous n’aurions plus à faire face à des menaces terroristes. [3] Cependant, cela signifie que le fait de ne pas avoir 180 000 hommes en Irak et en Afghanistan nous permet de déployer plus stratégiquement, avec une empreinte plus faible, des forces spéciales, des formateurs, des partenariats, ce qui nous autorise à accéder au vrai problème et nous donne la liberté d’envoyer une équipe afin de prévenir ébola. Cela nous permet de multiplier par deux nos investissements dans des choses comme la cyber-sécurité, d’étudier les nouvelles menaces et opportunités qui existent, et ceci, je pense, est le véritable défi des six à huit dernières années.
[3] Le personnel militaire américain présent en Afghanistan est toujours d’environ 10 000 conseillers et formateurs, et d’environ 3 000 soldats américains en Irak pour entraîner les soldats irakiens à se battre contre l’État Islamique.

Matthew Yglesias
Au Moyen-Orient, où nous sommes toujours très présents malgré le rappel de troupes d’Irak, l’administration Clinton avait une politique qui était appelée double-confinement (Dual Containment) de l’Irak et de l’Iran. L’administration Bush avait à l’idée la guerre préventive, le repli et la promotion de la démocratie. Sous votre administration, le pays est toujours très impliqué dans cette région, mais je ne pense pas que nous ayons une idée claire de l’objectif stratégique de cet engagement.

Barack Obama
C’est en partie dû à la nature de ce qui s’est passé au Moyen-Orient. Je suis arrivé avec quelques théories très précises de ce que seraient mes objectifs. Nous allions terminer la guerre en Irak. Nous allions empêcher l’Iran d’obtenir une arme nucléaire, en essayant la voie diplomatique dans un premier temps. Nous allions essayer de promouvoir le développement économique dans les pays musulmans afin de prendre en compte la poussée démographique qui entrait en jeu. Nous allions promouvoir des pourparlers de paix entre Israël et les Palestiniens. Nous avions donc toutes sortes de théories.

Et c’est alors que le printemps arabe est survenu. Je ne me souviens pas qu’aucun sage de Washington l’ait anticipé. Et ça a donc été ce grand bouleversement tumultueux, et nous avons dû nous adapter, alors même que cela arrivait en temps réel, à de grands changements au sein de ces sociétés. Mais si vous observez les objectifs simples que j’ai fixés : nous assurer que nous maintenons la pression sur les organisations terroristes de façon à limiter leur capacité à mener des attaques de grande ampleur contre l’occident. Accroître notre partenariat et notre coopération avec les pays pour gérer la menace terroriste. Continuer à empêcher l’Iran d’accéder à l’arme nucléaire. Et utiliser l’outil des sanctions pour voir si nous pouvons faire une avancée diplomatique de ce côté. Continuer à essayer d’améliorer la relation israélo-palestinienne, tout en aidant la région dans son ensemble à s’intégrer à l’économie mondiale de façon plus efficace pour que plus d’opportunités se présentent. Ces objectifs fondamentaux restent d’actualité.

Mais ce que les gens craignent à juste titre, c’est que les forces de chaos – le sectarisme, de la manière la plus tragique en Syrie, mais des éléments persistent aussi en Irak, l’incapacité des israéliens et des palestiniens à s’entendre, l’érosion continue des fonctions étatiques de base dans des endroits comme le Yémen, laissent d’avantage à craindre là-bas que sous l’ancien ordre. Nous traversons un moment difficile, mais nous le gérons de façon à assurer la sécurité des américains et à protéger nos intérêts. Et si nous pouvons faire des progrès dans le rétablissement d’un gouvernement irakien efficace, multi ethnique, et si nous sommes capables de faire avancer la diplomatie avec l’Iran, alors je pense que nous aurons la base d’une tendance vers une plus grande stabilité.

Mais cela va être un défi générationnel dans le monde musulman et le Moyen-Orient que non seulement les États-Unis, mais tout le monde devra relever. Et nous devrons avoir l’humilité de reconnaître que nous ne pouvons pas simplement envahir un pays dès que des troubles s’y déclenchent. Et que, dans une certaine mesure, les habitants de ces pays vont devoir, vous voyez, trouver leurs propres solutions. Nous pouvons les y aider, mais pas le faire à leur place.

Matthew Yglesias
Il me semble que sur ce point, les membres de votre administration semblent souvent bien conscients des limites de la puissance américaine, peut-être bien plus que ce qu’ils ont toujours exprimé sans gêne en public. Est-il difficile de dire, dans le système politique et médiatique, qu’il y a des choses que vous ne pouvez pas vraiment faire ?

Barack Obama
Eh bien, le leadership américain vient en partie de notre attitude positive. Nous sommes le pays le plus grand, le plus puissant sur terre. Comme je l’ai dit dans de précédents discours, quand des problèmes surgissent, on n’appelle pas Pékin ni Moscou. On nous appelle. Et nous assumons cette responsabilité. La question, je crois, est comment s’exerce ce leadership. Mon administration est très combative et internationaliste pour aborder, se charger des problèmes et essayer de les résoudre.

Là où la question des limites intervient, c’est lorsqu’il s’agit de déterminer les ressources nécessaires à la résolution efficace des problèmes. Ainsi en Irak, avec la montée de l’EI, si vous pensez que vous n’avez pas de contraintes, pas de limites, alors j’ai l’autorité en tant que commandant en chef d’envoyer 200 000 américains réoccuper l’Irak. Je pense que ce serait terrible pour le pays. Je ne pense pas que ce serait productif pour l’Irak. Ce que nous avons appris en Irak, c’est que l’on peut contenir ces questions ethniques tant que nous avons l’armée la plus puissante du monde sur place, mais dès que nous partons, ce qui finira par arriver, les problèmes resurgissent. [4] Donc ce que j’ai dit, c’est que les Irakiens doivent nous montrer qu’ils sont prêts à mettre en place un gouvernement efficace, que la majorité chiite est prête à tendre les bras aux kurdes et aux sunnites, et qu’ils sont crédibles dans leur volonté de se battre sur le terrain. Et s’ils font tout cela, alors nous pourrons aider et nous aurons une coalition de 60 états pour le faire. Donc si vous considérez cette stratégie, oui, elle a ses limites. Oui, c’est une mauvaise idée pour nous, après 13 ans de guerre, de réoccuper un pays. Mais cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas impliqués, que nous ne donnons pas l’exemple.

[4] Civils tués en Irak, avant et après le départ des États-Unis


Source : The Economist

Et donc, je pense que le vrai défi pour le pays, pas seulement pendant ma présidence mais aussi pendant les prochaines, est de reconnaître que conduire ne signifie pas toujours occuper. Il y a la tentation de penser qu’il y a une solution rapide à ces problèmes, mais il faut généralement y résister. Et reconnaître que le leadership américain signifie quand c’est possible influencer d’autres pays, d’autres ressources, quand nous sommes le partenaire privilégié parce que nous avons des capacités que les autres n’ont pas. Mais dans ce cas il y a un partage des efforts et un certain droit de propriété sur les résultats. Et beaucoup de ces problèmes ne se résolvent pas en un an, ni en deux ou trois.

Vous savez, la scission entre chiites et sunnites au Moyen-Orient est de celles qui ont traversé les siècles. [5] Nous avons l’occasion, je pense, de diminuer ces tensions et de faire s’élever des voix qui sont moins portées à exploiter ces divisions sectaires, mais, vous savez, nous n’allons pas éliminer ces trucs du jour au lendemain.
[5] Part de la population musulmane chiite, par pays


Source : Pew Research Center

La tendance à l’extrémisme au sein d’une petite partie de la jeunesse musulmane dans la région, c’est une tendance qui s’est accumulée au fil du temps, en partie à cause de problèmes démographiques et économiques plus larges dans la région, et en partie à cause d’une idéologie pervertie, hyper-rechargée grâce à internet. Elle est en train de gagner les cœurs et les esprits d’une large frange de la jeunesse. [6] C’est un projet pluriannuel.

[6] Le ministère des affaires étrangères d’Obama est allé jusqu’à lancer une initiative appelée « Think Again, Turn Away » [« Réfléchissez-y à deux fois, prenez vos distances »] qui utilise YouTube, Twitter et d’autres plateformes pour tenter de convaincre les jeunes que les groupes extrémistes sont mauvais.

En attendant, vous prenez les victoires où vous pouvez. Vous améliorez ce que vous pouvez plutôt que faire empirer la situation. Et ce n’est en aucun cas une concession à cette idée que l’Amérique se retire ou qu’on ne peut pas faire grand-chose. C’est juste une évaluation réaliste de la façon dont le monde fonctionne.

Matthew Yglesias
Vous sembliez résister à l’étiquette réaliste tout à l’heure, mais quand vous avez parlé de vos objectifs, vous avez semblé très préoccupé par le désordre et vous n’avez mentionné ni la démocratie ni les droits de l’homme. Et les pays partenaires que vous avez mentionnés, c’est des endroits comme l’Egypte où ils sont arrivés au pouvoir par un coup d’état militaire, l’Arabie Saoudite, avec des décapitations publiques, le Bahreïn où pendant le printemps arabe ils battaient des manifestants non violents et le réprimaient violemment. Êtes-vous préoccupé par la viabilité à plus ou moins long terme de ce genre de partenariats ?

Barack Obama
C’est un parfait exemple, Matt, de situation dans laquelle la division entre réalisme et idéalisme ne tient plus. Je pense que tout réaliste digne de ce nom dirait que chaque société qui ignore systématiquement les droits de l’homme et la dignité de ses citoyens va, à un moment donné, être instable et devenir un mauvais partenaire. Donc ce n’est pas seulement la bonne chose à faire, c’est aussi complètement dans notre intérêt de promouvoir des réformes dans l’ensemble du Moyen-Orient. Maintenant, le fait que nous devions prendre des décisions en temps réel concernant le choix de nos partenaires, à quel point ils sont en adéquation avec nos idéaux, si à certains moments nous devons passer sous silence une partie de nos critiques pour obtenir des résultats, et à d’autres moments nous avons l’occasion d’aller de l’avant – tout ceci n’efface pas l’importance de nous exprimer sur ces questions.

Comme je l’ai dit pendant le discours sur l’état de l’Union et comme je l’ai dit dans chaque discours que j’ai fait au Moyen-Orient ou n’importe où ailleurs dans le monde, ça signifie juste que nous devons faire plus d’une chose à la fois. Nous avons besoin d’une relation bilatérale forte avec la Chine pour atteindre certains objectifs internationaux, comme le changement climatique, qui sont d’une grande importance pour notre sécurité nationale et pour des milliards d’autres gens. Ça ne signifie pas que ce ne soit pas une bonne idée de notre part de parler de la censure et des prisonniers politiques en Chine. Nous devons faire les deux à la fois, et par moment elles passeront plus au premier plan qu’à d’autres. Et il en est de même au Moyen-Orient et ailleurs. Mais je crois fermement que particulièrement dans cette époque moderne d’internet, la capacité d’un gouvernement autoritaire à l’ancienne à se maintenir et prospérer ne peut que continuer à s’affaiblir. Ce modèle va continuer à s’effriter. Mon argument envers chaque partenaire que nous avons est que vous vous porteriez mieux si vous aviez une société civile forte, si vous aviez la légitimité démocratique, et si vous respectiez les droits de l’homme. C’est ainsi que vous attirerez les entreprises. C’est ainsi que vous aurez une main d’œuvre forte, c’est ainsi que finalement, vous aurez non seulement une économie mais aussi un système politique durables.

Mais lors de ces conversations, je vais aussi reconnaître que pour un pays qui, disons, n’a aucune expérience de la démocratie ou n’a pas de société civile fonctionnelle, ou bien où la plupart des factions organisées sont intolérantes, vous savez, des sectes religieuses, le progrès va se faire pas à pas plutôt que par un grand saut. Et je pense que le but de toute bonne politique étrangère est d’avoir une vision, des aspirations et des idéaux, mais aussi de reconnaître le monde tel qu’il est, où il est, et se représenter comment atteindre le point où les choses sont mieux qu’elles ne l’étaient auparavant. Ça ne signifie pas parfaites. Ça veut juste dire que c’est mieux. La trajectoire de cette planète dans l’ensemble va vers moins de violence, plus de tolérance, moins de luttes, moins de pauvreté. Je l’ai dit auparavant et je crois que certaines personnes à Washington ont fait « Oh, il ignore le chaos et tous ces trucs terribles qui sont en train de se passer ». Bien sûr que je ne l’ignore pas. Je m’en occupe tous les jours. Je m’en rends compte tous les matins. J’ai un gros livre plein de morts, de destructions, de dissensions et de chaos. C’est ce que je prends avec mon thé du matin.

Matthew Yglesias
Pensez-vous que les médias surestiment parfois le niveau de crainte que les gens devraient avoir concernant le terrorisme et ce genre de chaos, par opposition à un problème à plus long terme du changement climatique et de maladie épidémique ?

Barack Obama
Absolument. Et je ne blâme pas les médias pour ça. Quelle est la phrase célèbre sur les bulletins d’information locale ? Si le sang coule, le sujet sera porteur, n’est-ce pas ? Vous montrez des histoires de meurtre et des incendies parce que c’est cela que les gens regardent, et tout tourne autour de l’audimat. Et, vous le savez, les problèmes de terrorisme et le dysfonctionnement et le chaos, avec à côté des accidents d’avion ou autres, c’est l’équivalent quand il s’agit de couvrir les affaires internationales. Il n’y aura pas beaucoup d’intérêt pour un gros titre qui dirait que nous avons fait chuter la mortalité infantile de manière significative sur les 20 dernières années, ou que l’extrême pauvreté a été réduite radicalement, ou qu’il y a eu un progrès énorme avec un programme que nous avons établi quand j’ai pris mes fonctions pour aider les agriculteurs pauvres à améliorer leur productivité et leurs rendements. [7] Ce n’est pas une histoire sexy. Et le changement climatique en est une qui se passe à une échelle si large et dans un système si complexe que c’est une histoire difficile à raconter pour les médias au quotidien.

[7] L’initiative peu remarquée « Nourrir le Futur » a déjà atteint environ 7 millions de personnes, et présente aux fermiers des pays pauvres des technologies plus avancées et des pratiques de gestion pour accroître la production agricole.

Écoutez, le fait est que mon premier travail est de protéger le peuple américain. Il est complètement légitime que le peuple américain soit profondément inquiet quand une bande de fanatiques cruels et violents coupent des têtes ou fusillent au hasard des gens dans une épicerie à Paris. Nous consacrons d’énormes ressources à ça, et il est normal et approprié que nous soyons vigilants et déterminés dans notre approche, tout comme le maire d’une grande ville doit réduire le niveau de criminalité s’il veut que cette ville prospère. Mais nous devons aussi tenir compte de beaucoup d’autres problèmes, et nous devons nous assurer de bien calibrer notre approche pour que ce que nous faisons ne soit pas contre-productif. À mon sens, notre invasion de l’Irak était contre-productive par rapport à l’objectif de maintenir notre pays en sécurité.

En dépit de la trempe incroyable de nos troupes – et je suis en admiration devant eux chaque jour quand je travaille avec eux – vous savez, la stratégie qui a été élaborée à Washington n’a pas toujours été appropriée aux menaces réelles. Et il faut que nous prenions les bonnes mesures, et que nous les appliquions correctement pour traiter les prochaines menaces comme la cyber-sécurité et le changement climatique, ou différentes parties du monde où les opportunités sont immenses, mais qu’avant mon mandat nous avions négligées pendant un certain temps, la zone Asie-Pacifique est un excellent exemple. Ou notre propre arrière-cour, l’hémisphère occidental, où il y a eu de réels progrès en Amérique Latine et où nous avons eu l’occasion de renforcer nos relations. Mais il y a aussi de gros problèmes comme l’Amérique Centrale où, au prix d’un investissement relativement modeste, nous pourrions vraiment faire la différence et mieux assurer notre sécurité. [8]

[8] Pas sûr que cela soit directement pertinent pour « notre sécurité, » mais cela vaut la peine de noter les conditions terrifiantes rapportées par les ONG qui ont étudié les vies des américains centraux renvoyés chez eux par des responsables américains. Voici ce que l’administration fait maintenant en Amérique Centrale.

Matthew Yglesias
Alors il y a cette idée du pivotement vers l’Asie, et j’aimerais savoir ce que cela recouvre pour vous précisément ? [9] Un transfert de matériel militaire, un transfert de temps sur votre agenda au Conseil National de Sécurité ? Est-ce quelque chose que vous avez réellement réussi à accomplir ou est-ce que le Moyen-Orient continue en quelque sorte à nous accaparer ?
[9] L’origine de l’expression « pivotement vers l’Asie » est un peu floue, mais le concept stratégique qui consiste à s’intéresser plus aux rives du Pacifique et moins au Moyen-Orient date d’une série de discours et d’initiatives de l’automne 2011.

Barack Obama
Je pense que ça signifie tout cela à la fois. Regardez, l’Asie est la région qui a la croissance la plus rapide du monde, c’est la région la plus peuplée du monde et vous y avez le plus grand pays du monde, la Chine, qui a subi cette transformation incroyable, spectaculaire, au cours des dernières décennies. [10] Les bons résultats de l’Amérique, économiquement, du point vue de la sécurité, vont être lié à nos relations avec cette région. Donc nous avons dit, a) : nous devons nous assurer d’avoir une relation constructive avec la Chine, en gardant la tête froide pour s’assurer qu’ils ne profitent pas de nous, mais qui leur envoie aussi le message que nous pouvons créer une situation gagnant-gagnant par opposition à une concurrence pure qui pourrait être dangereuse. Et pour ce faire, vous la Chine, vous devez intensifier vos efforts pour nous aider à écrire ces règles globales qui en fait faciliteront votre ascension. Des choses comme des règles correctes de libre-échange, et des réglementations maritimes qui ne permettraient pas à de grands pays de martyriser des petits. Voilà pour un premier gros morceau.

[10] Croissance du PIB chinois


Source : Banque Mondiale

Un second gros morceau, c’est de s’assurer que nos alliés comme le Japon ou la Corée du Sud aient confiance en notre capacité à être toujours là, et que notre présence n’est pas de celles qui se délitent avec le temps, parce qu’ils ont un voisin vraiment gros en face. Ils veulent être sûrs que si l’Amérique est leur partenaire-clé, cette Amérique-là va rester à leurs côtés contre vents et marées. Ensuite, vous avez tous ces pays plus petits, ou ceux qui sont en train de se développer, et qui se font une place dans le Pacifique Sud, en Asie du Sud-est, et ce que l’on y constate, c’est un énorme appétit pour plus d’engagement avec l’Amérique. Ils veulent faire plus d’affaires avec nous. Ils veulent plus de coopération avec nous en matière de défense. Et ce que nous avons été en mesure de faire ces six derniers mois, c’est de construire systématiquement cet ensemble de relations et de renforcer les plateformes de commerce, de renforcer la coopération pour la sécurité – tout depuis la façon dont on gère des secours après un désastre, pour que si quelque chose comme ce qui s’est passé aux Philippines arrive dans d’autres pays, on puisse travailler plus activement. Nous apprenons à intégrer la résilience à notre façon de traiter de la déforestation. Dans tous ces domaines où nous avons investi énormément, il y a eu des récompenses significatives.

Matthew Yglesias
Vous avez mentionné les Philippines, et vous disiez précédemment qu’il y aurait potentiellement gros à gagner en fournissant de l’assistance en Amérique Centrale. Est-ce que cela a réellement du sens de consacrer tellement de l’aide américaine vers l’étranger à un pays comme Israël qui est tout à fait prospère, quand il y a d’autres démocraties alliées dans d’autres régions du monde qui semblent avoir plus besoin d’assistance ?

Barack Obama
En fait, notre relation avec Israël est unique à bien des égards. C’est notre allié le plus fort dans la région. Nos liens de peuple à peuple sont inégalés. Et, en partie à cause de l’histoire du monde, les vulnérabilités d’une population juive au beau milieu d’un environnement vraiment hostile nous créent une obligation particulière à les aider. Je pense que la question la plus intéressante est que si vous considérez notre aide vers l’étranger comme un outil dans notre trousse de sécurité nationale, plutôt que comme de la charité, et que vous combinez notre budget de défense avec notre budget diplomatique et notre budget d’aide à l’étranger, alors dans cette réunion se trouvent beaucoup plus de choses que seulement ce que nous devrions faire pour aider le Honduras et le Guatemala à mettre en place un système de justice pénale, des services de police efficaces, et un développement économique qui crée des emplois. [11]

[11] Répartition du budget fédéral des USA, 2014


Source : Bureau Gestion et Budget de la Maison-Blanche

Matthew Yglesias
Alors vous voulez dire qu’il serait opportun de réattribuer ces ressources ?

Barack Obama
Eh bien, et une part du défi ici est juste la sensibilisation du public. Régulièrement, quand des sondages demandent aux gens quelle proportion du budget des affaires étrangères est consacrée à l’aide étrangère, ils répondent, “25 pour cent”. Ils sont persuadés que tout cet argent durement gagné qu’ils versent en impôts va d’une façon ou d’une autre à d’autres gens. Et si nous pouvons dire, cette proportion varie entre 1 et 2 pour cent selon ce que vous prenez en compte. Et si nous devions faire des investissements stratégiques dans des pays qui sauraient vraiment utiliser notre aide, alors nous n’aurions pas à déployer nos militaires aussi souvent, et nous serions dans une meilleure position pour coopérer avec d’autres pays pour faire cesser l’extrémisme violent. Donc je pense que les gens pourraient être convaincus par cet argument, mais traditionnellement nous n’en parlons pas en ces termes. C’est une des choses que je voudrais faire sur les deux prochaines années : essayer d’effacer cette ligne très marquée entre nos efforts militaires dans la sécurité nationale et nos efforts diplomatiques et d’aide aux pays étrangers. Parce que dans l’environnement d’aujourd’hui, nous devons penser à tout cela en un morceau.

Matthew Yglesias
La transformation de la Chine et sa prospérité croissante sont probablement la plus grande histoire de l’époque que nous traversons. Et cela me semble provoquer chez les américains une grande anxiété. Je veux dire, on a eu nos propres soucis économiques, mais aussi d’un point de vue géopolitique, c’est un pays avec un système politique très différent, avec des valeurs très différentes. Est-ce que vous pensez que les gens devraient s’en inquiéter ?

Barack Obama
Non, il n’y a pas de quoi nous inquiéter. En fait, nous devrions accueillir favorablement l’ascension paisible de la Chine, notamment dans une perspective simplement éthique. Voir des centaines de millions de gens sortir de leur extrême pauvreté, pouvoir nourrir leurs enfants et avoir une maison convenable : c’est une bonne chose que nous devrions encourager. De plus, une Chine en désordre est un grand problème parce qu’il y a beaucoup de chinois dans le monde et s’ils ne réussissent pas bien et qu’ils sont instables, c’est très dangereux pour la région.

Là où les américains ont une raison légitime de se sentir concernés, c’est qu’en partie cette ascension a eu lieu sur le dos d’un système international dans lequel la Chine ne portait pas son propre poids, ou elle ne suivait pas le code de la route que nous suivions, et dans certains cas, nous tenions le mauvais côté du bâton. [12] Ceci fait partie du débat que nous avons en ce moment sur les clauses du Partenariat Transpacifique, l’accord commercial pour lequel, vous le savez, nous sommes en pourparlers. Beaucoup de gens observent les 20 dernières années et disent, « Pourquoi voudrions-nous encore un autre traité commercial qui n’a pas été bon pour les ouvriers américains ? Il a permis à des entreprises américaines de délocaliser des emplois vers cette Chine aux bas salaires, et ensuite de revendre la production à Walmart. Et, oui, nous avons eu des chaussures de tennis moins chères, mais nous avons aussi perdu tous nos emplois. »

[12] L’exemple le plus remarquable ici, c’est probablement cette vieille discussion à propos de la politique monétaire chinoise, qui, particulièrement dans les années 2000, semblait calculée pour saper des productions américaines en créant un yuan artificiellement bon marché par rapport au dollar.

Et mon argument est double. D’abord : précisément parce que le mal est déjà fait, la question que nous essayons de traiter maintenant c’est, pouvons-nous monter la barre plus haut sur la main-d’œuvre, sur les normes environnementales, etc. dans cette région, et écrire un ensemble de règles qui seraient plus justes, parce que pour le moment ce n’est pas juste. Si vous voulez améliorer cela, alors nous avons besoin d’un nouveau régime commercial. Nous ne pouvons pas simplement compter sur l’ancien, parce qu’il ne marche pas pour nous.

Mais la deuxième raison pour laquelle c’est important, c’est parce que les pays avec lesquels nous sommes en pourparlers sont les mêmes pays avec lesquels la Chine tente de négocier. Et si nous n’écrivons pas les règles là-bas, la Chine le fera. Et les implications géopolitiques de l’écriture des règles par Chine, pour le commerce ou le droit maritime ou n’importe quelle sorte d’activité commerciale, signifient presque inévitablement que nous serons hors jeu ou profondément désavantagés. Nos entreprises seront désavantagées, nos travailleurs seront désavantagés. Donc quand j’entends, quand je parle à des organisations de salariés, je dis que, en ce moment, nous sommes extrêmement désavantagés. Pourquoi voudrions-nous maintenir le statu quo ? Si nous pouvons organiser un nouvel accord commercial dans lequel un pays comme le Viêt-Nam reconnaîtrait pour la première fois des droits aux salariés et que ceux-ci soient exécutoires, ce sera une grosse affaire. Cela ne signifie pas que nous n’allons pas encore voir des différences de salaire entre eux et nous, mais pour la plupart ils vendent déjà ici. Et ce que nous avons l’occasion de faire est de préparer des tendances à long terme qui nous maintiendront dans la partie, à un endroit où nous devons être.

Matthew Yglesias
Pourquoi pensez-vous que vous n’avez pas pu en persuader vos amis dans le mouvement ouvrier ? Ils regardent vraisemblablement ces questions d’assez près. Ils connaissent l’intérêt de leurs membres.

Barack Obama
Eh bien, voyez-vous, l’histoire, le récit, l’expérience que les gens ont vue pendant les 20 dernières années, c’est une réelle expérience, ce n’est pas quelque chose que nous nions. C’est pourquoi lors du discours sur l’état de l’Union, j’ai été très clair. J’ai dit, vous voyez, tous les accords commerciaux ne sont pas à la hauteur des espérances. Et il y a de vrais écarts dans le régime commercial en cours, ce qui signifie que des quantités de Toyota sont vendues ici et presque aucune Ford ou Chrysler ne se vend au Japon. Mais ce que je leur dis c’est que si, en fait, la situation actuelle nous désavantage, pourquoi voudrions-nous la pérenniser ?

Parfois leur réponse va être, eh bien, ce que vous faites ce n’est pas assez, ce que nous devons faire c’est obtenir l’autorisation des syndicats au Viêt-Nam, ou nous avons besoin que le Japon ouvre complètement ses marchés et supprime toutes ses barrières, et nous en avons besoin immédiatement. Et je leur réponds, je ne peux pas obtenir cela pour vous. Mais ce que je peux faire, c’est améliorer la situation actuelle pour des ouvriers américains et pour les entreprises américaines qui essayent d’exporter là-bas. Je peux ouvrir plus de marchés que ce qu’il y a d’ouvert pour l’instant, pour que des fermiers américains puissent y vendre leurs marchandises. Et vous savez, mieux c’est mieux. Ce n’est pas la perfection.

Ces expériences survenues ces 20 dernières années ne s’oublient pas facilement et la charge de la preuve repose sur nous, alors nous devons être très clairs et transparents en termes de ce que nous essayons d’accomplir. C’est un défi similaire à celui que nous avons dans nos négociations avec l’Iran.

Et je conclurai peut-être sur ce point, parce que la question a un grand intérêt : les gens ont raison de se méfier de l’Iran. L’Iran a parrainé le terrorisme d’état. Il a fait constamment, aux niveaux les plus hauts, des déclarations anti-israéliennes déplorables. Il est répressif à l’égard de son propre peuple et il est clairement et sans conteste prouvé que dans le passé ils ont essayé de développer des programmes d’armement et qu’ils ont essayé de le dissimuler. [13] Donc c’est un fait. Et il est compréhensible que les gens se sentent concernés, tant ici que dans le monde.
[13] L’Iran appuie depuis longtemps un grand nombre de groupes radicaux de la région, notamment mais pas seulement le Hezbollah. Le gouvernement a brutalisé les manifestants pour la démocratie, et plusieurs dirigeants ont promis d’éliminer l’état d’Israël.

Mais ce que j’ai aussi dit c’est que l’accord que nous avons conclu, cet accord provisoire favorisé par un régime de sanctions sévères que l’on a mis en place, nous offre la meilleure occasion de résoudre le problème d’un Iran nucléarisé sans recourir à la puissance militaire. L’Iran négocie sérieusement pour la première fois, et ils ont fait jusqu’ici des concessions réelles dans les négociations. Nous avons pu geler le programme pour la première fois et, en fait, faire reculer certains éléments du programme, comme les réserves d’uranium ultra hautement enrichi. Et donc à nous donner deux à trois mois supplémentaires pour épuiser toutes les possibilités d’une résolution diplomatique alors que personne ne nie, y compris nos agences de renseignement, et le Mossad et d’autres, personne ne nie le fait que l’Iran en ce moment même s’en tient aux termes de notre accord, donc nous ne perdons pas de terrain. Ils ne sont pas en train de développer clandestinement une arme au moment où nous parlons. Donner deux ou trois mois pour se représenter ça, pour nous c’est pertinent.

Maintenant, même chose en ce qui concerne les échanges. Vous allez rencontrer des gens qui vont être sceptiques, et leur réflexe va être, et bien, accumulons plus de sanctions, écrasons-les un petit peu plus, et quel que soit l’accord que l’on conclut, ils vont essayer de tricher, et on ne peut pas leur faire confiance, et ça va être un mauvais accord – et on me le dit, tout ça. [14] Mais mon message c’est que nous devons essayer la proposition, et si, en fait, l’accord est conclu, alors ce sera un accord que chacun, partout dans le monde, pourra surveiller. Et chacun sera en mesure de déterminer, est-ce que cela empêche dans les faits l’Iran d’avoir l’arme nucléaire ? Si la réponse est oui, alors c’est un bon accord. Si la réponse est non, alors ce n’est pas un accord que j’ai intérêt à signer. Il peut y avoir quelques arguments techniques, en partie parce qu’il y en a qui ne seront satisfaits que lorsque le régime iranien sera remplacé. Ils n’aiment même pas l’idée que l’Iran puisse avoir quelque technologie nucléaire que ce soit ou un savoir-faire nucléaire.

[14] Obama fait référence à un projet de loi introduit au sénat par Robert Menendez (Démocrate – New-Jersey) et Mark Kirk (Républicain – Illinois) qui imposerait de nouvelles sanctions à l’Iran, violant la part des États-Unis de l’accord, et tuerait probablement les négociations.

Matthew Yglesias
Lors de votre première campagne, il y avait une discussion comme quoi vous pourriez tenir des négociations directes avec des pays comme celui-là.

Barack Obama
Eh bien, nous avons eu des négociations directes. C’est exactement ce que nous sommes en train de faire. Nous essayons actuellement la proposition, et la question alors, Matt, c’est si l’Iran peut ou pas dire oui à la communauté internationale qui a décidé que c’était une démarche juste, donnant à l’Iran la possibilité de réintégrer la communauté internationale en vérifiant qu’il n’y a pas volonté de se doter de l’arme nucléaire.

Mais c’est une autre illustration de la remarque générale que j’ai faite au début. Voici une bonne façon de résumer : nous ne pouvons pas garantir que les forces à l’intérieur de l’Iran acceptent ce qui devrait être vu comme un bon accord pour l’Iran. Nous ne pouvons pas garantir qu’ils prennent une décision rationnelle, pas plus que nous pouvons garantir que M. Poutine prenne des décisions rationnelles à propos de quelque chose comme l’Ukraine. Il faut nous prémunir militairement contre leurs efforts. À toute agression qu’ils peuvent manifester, nous devons répondre de manière ferme et énergique. Mais nous devons aussi voir si des choses comme la diplomatie, des choses comme les sanctions économiques, des choses comme la pression internationale et les normes internationales, feront en réalité une différence.

Nos succès arriveront de manière irrégulière, et parfois il y aura une avancée significative, parfois vous n’améliorerez que modestement les choses. Et parfois le coup que vous jouerez ne marchera pas, et il vous faudra un plan B et un plan C. Mais la trajectoire globale, l’objectif global, est un monde dans lequel l’Amérique continuera à mener, que nous pousserons dans la direction d’une plus grande sécurité, de plus de normes et de règles internationales, plus de droits de l’homme, plus de liberté d’expression, moins d’intolérance religieuse. Et ces efforts se cumulent avec le temps, et je suis persuadé qu’il y a pour nous un moyen de maintenir notre idéalisme, de garder la tête froide dans nos analyses, en nous confrontant aux dangers sans les exagérer. L’Amérique, j’en suis certain, sera la nation indispensable pour le reste de ce siècle tout comme elle l’était durant le précédent.

Source : Vox, le 23/01/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/obama-lamerique-sera-la-nation-indispensable-pour-le-reste-de-ce-siecle/