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Obama a fait de Poutine le dirigeant le plus puissant de la planète, par Benny Avni

Wednesday 21 October 2015 at 00:20

Source : New York Post, le 29/09/2015

Barack Obama tend la main à Vladimir Poutine lors de leur rencontre pendant l’Assemblée générale des Nations Unies. Photo: Reuters Credit photo : Reuters

Lundi, le relais a officiellement été transmis au nouveau superpouvoir mondial – et Vladimir Poutine s’est empressé de s’en emparer.

Le président Obama (vous vous souvenez de lui ?) avait fait siens les idéaux portés par les fondateurs des Nations Unies il y a 70 ans, à savoir que la diplomatie et “l’ordre international” finiront forcément par s’imposer, tandis que la puissance et la force perdront.

Vladimir Poutine a lui aussi invoqué les lois qui régissent l’ONU (telles qu’il les interprète), mais il a aussi saisi l’occasion d’annoncer dans son discours la création d’une “large coalition internationale” destinée à combattre ISIS en Syrie et en Irak.

Selon ses propres mots, “Similaire à la coalition anti-Hitler, elle pourrait réunir un large éventail de forces armées”, afin de combattre “ceux qui, à l’instar des Nazis, semèrent le mal et la haine de l’humanité.”

Quant à savoir qui serait à la tête de cette nouvelle coalition, voici un indice : Moscou a toujours célébré la victoire des Alliés lors de la Seconde Guerre mondiale comme étant le résultat d’un effort collectif dû à l’action de la Russie.

Oh, et si quelqu’un demande quels sont les acteurs syriens sur lesquels la coalition pourra compter comme alliés, Poutine l’a clairement annoncé : “Seules les forces armées du président Assad et de la milice kurde combattent l’État islamique.”

Cela, bien sûr, n’est pas le point de vue d’Obama. Le président américain s’est déclaré opposé à la “logique de soutien des tyrans”. Après tout, Assad “largue des barils d’explosifs sur des enfants innocents.”

Mais Poutine a des troupes en Syrie, il arme Assad jusqu’aux dents, et il a signé un accord d’échange de renseignements sur l’État Islamique avec Assad, l’Iran et les dirigeants de l’Irak (ceux-là mêmes que l’Amérique a mis par la force au pouvoir).

Et après avoir rencontré lundi Obama pour la première fois en deux ans, il a vaguement évoqué de futures “attaques aériennes conjointes contre l’EI”. Mais aucun accord sur Assad n’a pu être trouvé au cours des 90 minutes qu’a duré l’entretien.

Par ailleurs, si Obama a lui-même un quelconque plan réaliste concernant la Syrie – au-delà d’un miracle consistant à ce qu’Assad quitte le pays tout en combattant ISIS – il ne l’a pas présenté durant son discours à l’ONU, ni à aucun autre moment.

Au lieu de cela, il a vertement tancé un Poutine “isolé” pour avoir usé de la force pour annexer la Crimée et d’autres parties de l’Ukraine. “Pensez donc, si la Russie avait pris le chemin de la véritable diplomatie”, a déclaré Obama, “ce serait mieux pour l’Ukraine, mais aussi pour la Russie, et mieux pour le Monde.”

Là encore, imaginons que l’éloquence d’Obama soit soutenue par l’OTAN menée par l’Amérique. Serait-il alors aussi facile pour Poutine d’avaler l’Ukraine et de s’emparer de la Syrie? C’est peu probable.

Mais même alors qu’il réprimandait la Russie, la Chine et même l’Iran de s’accrocher aux politiques du passé, c’était en fait Obama qui quelquefois prenait des accents passéistes.

Son hommage aux Nations Unies rappelle les images des films des années 50 la représentant comme le lieu où les problèmes sont effectivement résolus. En fait, au long des décennies (et plus encore ces six dernières années), les Nations Unies sont devenues tellement paralysées qu’elles ne peuvent plus arbitrer les problèmes de sécurité mondiale.

Le discours d’Obama était, comme toujours, plein de promesses. Son changement d’approche du “nous avons le pouvoir” vers “nous avons le droit de notre côté” et le recours à la diplomatie ont mené à l’ouverture de l’Amérique vers Cuba et à un accord essentiel sur le nucléaire avec l’Iran. Mais on en attend encore des résultats positifs. “Si l’accord est mis en œuvre”, a t-il dit au sujet de l’Iran, “notre monde sera plus sûr”. C’est un gros “si”.

Par contraste, le déploiement par Poutine de forces en Syrie et l’armement d’Assad constituent des faits tangibles. Ils lui ont également permis d’être propulsé au sommet par sa prise d’initiatives sur le principal conflit mondial actuel.

Même si Obama a reçu moins d’ovations durant son discours de lundi que lors des années précédentes, il reste encore apprécié au niveau de l’organisation mondiale. Cependant, ceux qui comptent, ceux qu’il tançait dans son discours – Poutine, Assad, le chinois Xi Jinping et même le président iranien Hassan Rouhani – ne se trouvaient pas sur leur siège pour l’écouter.

Car aussi forts que soient les mots d’Obama, ils sont rarement suivis d’effets.

Poutine? Personne ne l’a applaudi. Il cherche moins à être apprécié que craint. Là encore, ses mots cherchent, au plus, à justifier l’usage de l’action militaire.

C’est ainsi que Poutine s’est emparé du leadership détenu par l’Amérique.

Et cela, pour reprendre les termes d’Obama, est mauvais pour la Syrie où la guerre continuera tant qu’Assad restera au pouvoir. C’est mauvais pour l’Europe et les pays limitrophes de la Syrie qui ne savent que faire des réfugiés de guerre.

Et c’est mauvais pour l’Amérique. Car, tôt ou tard, après plus de sang versé et dans des circonstances bien pires qu’à présent, notre prochain président aura la responsabilité de reprendre le sceptre des mains de Poutine, ce qui pourrait s’avérer délicat.

Source : New York Post, le 29/09/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/obama-a-fait-de-poutine-le-dirigeant-le-plus-puissant-de-la-planete-par-benny-avni/