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Pièce à convictions : Areva, 3 milliards en fumée…

Sunday 14 December 2014 at 05:00

EXCELLENTE enquête de Pièce à conviction sur France 3 mercredi dernier.

A revoir ici.

Avis Télérama :

“Affaire Areva : 3 milliards en fumée”, une enquête précise et détaillée sur France 3

Comment le géant du nucléaire français, Areva, a-t-il pu se faire berner par une petite société canadienne, et se retrouve en pleine tourmente financière ? C’est ce qu’explique Pascal Henry dans un solide documentaire. Copieux et édifiant. Trois bonnes raisons de le regarder…

France 3 diffuse mercredi à 23h20 dans Pièces à conviction une enquête consacrée à l’affaire Uramin. En 2007, Areva achetait cette petite société canadienne à prix d’or. Une opération qui s’est rapidement révélée financièrement calamiteuse pour le géant du nucléaire. Areva, victime d’une grossière arnaque ? Dans une enquête de terrain édifiante, Pascal Henry interroge la responsabilité de la direction de l’époque : l’ex-patronne Anne Lauvergeon et son ex-directeur des activités minières, Sébastien de Montessus. Un retour bienvenu sur un scandale qui participe de la dérive d’un groupe en pleine tourmente financière et sous le coup d’une enquête préliminaire ouverte par la justice.

Un sujet au cœur de l’actualité

Les temps sont durs pour le numéro un mondial du nucléaire : Areva a perdu 694 millions d’euros au premier semestre, et la facture pourrait s’élever à plus d’un milliard d’euros fin 2014. En cause, une chute de ses ventes, le marché du nucléaire étant en berne depuis la catastrophe de Fukushima en 2011; des retards dommageables sur les chantiers des EPR de Flamanville (Manche) et d’Olkiluoto(Finlande), mais aussi l’achat dispendieux de la petite compagnie canadienne Uramin en 2007, dont les mines d’uranium au Niger, en Centrafrique ou en Namibie se sont vite révélées inexploitables. C’est sur cette affaire, dont la justice s’est saisie au printemps et qui n’a pas fini de faire parler du géant du nucléaire, que zoome Pascal Henry.

Un solide tour de la question en moins d’une heure

Pas de révélations dans cette enquête, par rapport à la somme d’informations déjà parues dans la presse depuis 2011, mais une solide synthèse. Le film est un document précieux, retraçant avec rigueur les grandes lignes de l’affaire Uramin. Avec une interrogation initiale : comment le premier groupe nucléaire mondial a-t-il pu se laisser berner par la petite Uramin et ses permis miniers fertiles ? Et une réponse sans équivoque face caméra de l’ancien géologue d’Areva, Jean-Pierre Milesi : le sous-sol des terrains acquis n’a pas été expertisé comme il aurait dû l’être par Areva, tant les négociations ont été hâtivement menées. Areva s’est contenté d’expertises financées par les vendeurs eux-mêmes. Partant de ce constat absurde, Pascal Henry creuse les causes de cette légèreté, interroge les principaux acteurs de l’époque et rassemble d’instructifs documents internes. Autres interrogations majeures : pourquoi Areva a-t-elle dépensé autant d’argent et à qui a bien pu profiter une telle négociation ?

En interne, deux enquêtes secrètes ont été menées, entre 2010 et 2011, pour éclaircir la transaction mais aussi sur l’éventuel rôle qu’aurait pu tenir Olivier Fric, le mari d’Anne Lauvergeon, qui avait personnellement introduit le négociateur chargé de la transaction chez Areva. Des investigations commandées par Thierry D’Arbonneau, alors chef de la sécurité d’Areva, puis Sébastien de Montessus. Retraçant minutieusement les événements, Pascal Henry livre une captivante « plongée dans les arcanes d’un gros contrat », fouille les « zones d’ombre » et les « recoins secrets » de l’opération Uramin, soulignant les suspicions de pots de vin et de commissions occultes dans le projet d’exploitation de Bakouma, en Centrafrique.

Une enquête de terrain

Rares sont les enquêtes de terrain sur l’affaire Uramin. Pascal Henry est allé constater sur place l’état des mines acquises par Areva à prix fort en Afrique : il récolte en Namibie et en Centrafrique des images de sites abandonnés, qui illustrent avec force l’ampleur de la gabegie. A Trekkopje, en Namibie, « deuxième région la plus riche du monde en uranium », il trouve des installations conséquentes (1 milliard d’euros de travaux) mais désolées et impossibles à visiter. Pascal Henry rencontre le directeur du site, qui dément une fermeture définitive de la mine et évoque une pause dûe à la chute du cours de l’uranium. Le journaliste visite pourtant sans aucun souci le site voisin de l’Australien Rio Tinto, dont la mine de Rössing tourne à plein. Son directeur confirme la teneur très faible en uranium du site d’Areva.

A Bakouma, site fermé quatre ans après son acquisition, un ancien salarié d’Areva est formel : « Il n’y a jamais eu d’exploitation d’uranium. » Un fiasco centrafricain qui devrait tout particulièrement intéresser la justice dans les mois à venir : l’enquête de Pascal Henry souligne le rôle qu’aurait pu jouer en coulisse le député-maire de Levallois-Perret Patrick Balkany dans l’accord passé en 2008 entre l’Etat centrafricain et Areva pour obtenir le droit d’exploiter les mines. Areva aurait à cette fin déboursé 50 millions d’euros supplémentaires, et l’intermédiaire Balkany aurait reçu 8 millions d’euros de commission. Un versement dont la somme a été confirmée en septembre par l’homme d’affaires belge George Forrest, dans le cadre d’une tout autre affaire. L’enquête de Pascal Henry s’achève sur ces soupçons de commission occulte. Celle du parquet est quant à elle bien loin d’être bouclée

Suivi d’un débat en plateau avec Pascal Henry et Vincent Crouzet.

Source : Télérama

Source: http://www.les-crises.fr/piece-a-convictions-areva-3-milliards-en-fumee/