les-crises.fr

Ce site n'est pas le site officiel.
C'est un blog automatisé qui réplique les articles automatiquement

[Propagande] Russie : La torture, c’est la routine

Saturday 28 March 2015 at 00:06

On appréciera le recul, la prudence, la finesse d’analyse des journalistes… Enfin, bon, c’est pas aux États-Unis qu’on verrait ça quand même…

(P.S. ce billet ne vise en rien à dire que tout est rose en Russie, bien évidemment).

Mort de Boris Nemtsov : deux suspects arrêtés

[...] “Les autorités russes ont tenus à annoncer la nouvelle à la télévision : c’est sur une chaîne d’état que deux noms ont été dévoilés par Alexandre Bortnikov, le chef du FSB. Deux auteurs présumés du meurtre de l’opposant russe Boris Nemtsov ont été arrêtés aujourd’hui Il n’aura fallu qu’une semaine aux services de sécurité russes pour peut-être désigner les coupables : Goubachev et Zaour Dadaïev s’ont ainsi soupçonnés d’être impliqués dans l’assassinat de Boris Nemtsov. Tous deux sont des habitants du Caucase, ce qui cautionne la thèse de la provocation évoquée à plaisir par Vladimir Poutine, provocation pour déstabiliser la situation politique en Russie. Le fait de désigner ces deux hommes pose évidemment beaucoup d’autres questions car en Russie, les Caucasiens sont souvent des coupables bien commodes, surtout s’ils permettent d’accréditer la thèse par le président russe depuis le début. Moscou, Caroline Larson.

Source : France Inter, le 7 mars 2015.


Russie : soupçons de torture dans l’affaire Nemtsov

Zaour Dadaïev, le 8 mars au tribunal.

L’affaire se complique. L’ancien policier tchétchène Zaour Dadaïev, principal suspect dans l’assassinat de l’opposant Boris Nemtsov, tué par balles le 27 février à Moscou, se rétracte. Ses aveux mis en avant par les enquêteurs russes auraient été extorqués sous les coups, ont dénoncé, mardi 10 mars, deux membres d’une commission des droits de l’homme qui ont pu lui rendre visite dans la prison de Lefortovo où cet homme de 31 ans, mis en examen par un tribunal de Moscou, est incarcéré depuis son interpellation. Furieux, le comité d’enquête russe a réagi en dénonçant une « intrusion inadmissible » dans le cadre d’une affaire criminelle, destinée à « empêcher une enquête complète et objective ». Cet organisme, chargé de tous les dossiers sensibles en Russie, a annoncé que les visiteurs de M. Dadaïev allaient « être convoqués » pour interrogatoire.

« Il y a des raisons de croire que Zaour Dadaïev a avoué sous la torture », affirme Andreï Babouchkine, l’un des représentants du Conseil des droits de l’homme, une institution rattachée au Kremlin, qui était accompagné de la journaliste Eva Merkatcheva. « Nous ne pouvons pas affirmer qu’il a été torturé (…), mais nous avons découvert de nombreuses blessures sur son corps », a-t-il ajouté, cité par l’AFP, en évoquant des « écorchures » de menottes sur les poignets et les jambes.

« Tueurs à gages »

Selon ces deux témoins, M. Dadaïev, qui a quitté les forces spéciales tchétchènes le 28 février, soit le lendemain de la mort de Boris Nemtsov, a affirmé avoir passé « deux jours, menotté avec un sac en tissu sur la tête » après son arrestation en Ingouchie, une république voisine de la Tchétchénie où il réside. L’ancien policier, qualifié de « vrai patriote de la Russie » par le président tchétchène Ramzan Kadyrov le soir même de son arrestation, s’est plaint également d’avoir été privé de nourriture pendant quarante-huit heures et de n’avoir pu boire que « trois ou quatre gorgées d’eau » durant cette période. « On me criait tout le temps : “C’est toi qui as tué Nemtsov ? Je répondais que non », a déclaré M. Dadaïev, d’après les propos rapportés par M. Babouchkine. Le principal suspect se trouvait avec un ami au moment de son arrestation, selon ses dires. Les policiers « ont dit que si j’avouais, ils allaient le relâcher, a-t-il déclaré, toujours selon son interlocuteur. J’ai accepté en pensant que j’allais ainsi le sauver. Je pensais que lorsque je serais emmené à Moscou, je pourrais dire devant le tribunal toute la vérité, dire que je suis innocent. Mais le juge ne m’a pas donné la parole ».

Quatre autres suspects, tous originaires du Caucase du Nord, également incarcérés, continuent pour leur part de clamer leur innocence. Pour ajouter à la confusion, l’agence russe Interfax citait, mercredi soir, une source anonyme « proche de l’enquête » affirmant que Zaour Dadaïev ne revenait pas sur ses aveux.

Le climat est de plus en plus délétère. Mercredi, le journal indépendant Novaïa Gazeta a affirmé que des « tueurs à gages en provenance de Tchétchénie »avaient établi une liste de personnalités russes à abattre, dont Alexeï Venediktov, rédacteur en chef de la radio Echo de Moscou, et l’ex-oligarque russe Mikhaïl Khodorkovski. Le même jour, Olga Pismanen, assistante de M. Khodorkovski, annonçait avoir découvert une couronne mortuaire près de la porte de son domicile.

Source : Isabelle Mandraud, pour Le Monde, le 12 mars 2015.


Russie : La torture, c’est la routine

>Le coupable désigné de l’assassinat de l’opposant Boris Nemtsov aurait avoué sous la torture. L’Occident se scandalise. Mais en Russie, le recours à ces méthodes est fréquent.

Trois suspects de l'assassinat de Nemtsov, avant l'aveu de Zaour Dadaiev, à Moscou le 8 mars. (DMITRY SEREBRYAKOV / AFP)
Trois suspects de l’assassinat de Nemtsov, avant l’aveu de Zaour Dadaiev, à Moscou le 8 mars.

Il avait avoué. C’était lui qui avait tué le 27 février dernier le leader de l’opposition russe Boris Nemtsov, abattu de quatre balles dans le dos au pied du Kremlin. Zaour Dadaïev était un coupable idéal. C’est un Tchétchène, ex-membre des forces spéciales de la police locale. Et dans la psyché des Russes, bercés dès l’enfance de chansons où le “méchant tchétchène” vient les égorger la nuit avec un grand couteau, ces Caucasiens sont toujours un peu des tueurs.

Mais voilà que le Conseil consultatif pour les droits de l’homme, organisme formellement rattaché au Kremlin, se met en tête de faire son travail. Il va visiter en prison ce coupable parfait. Conclusion :

Il y a des raisons de croire que Zaour Dadaïev a avoué sous la torture.”

“Nous ne pouvons pas affirmer qu’il a été torturé, mais nous avons découvert de nombreuses blessures sur son corps”, a expliqué Andreï Babouchkine, un des responsables du Comité.

Le Tchétchène d’une trentaine d’années, qui a été privé de son avocat et s’est vu attribuer un homme de loi de l’État, raconte à ses visiteurs avoir passé “deux jours, menotté et avec un sac en tissu sur la tête” après son arrestation. Il leur explique n’avoir avoué que pour “sauver” un ami arrêté en même temps que lui en Ingouchie, république voisine de la Tchétchénie.

Pour pimenter l’affaire, Andreï Bouchkine et Eva Merkacheva, les militants des droits de l’homme qui ont révélé l’affaire, sont menacés de poursuites criminelles, selon Amnesty International…

Torture puis exécution

En Occident, c’est le scandale. En Russie, c’est la routine. Du commissariat, après l’arrestation, en passant par les prisons jusqu’aux colonies pénitentiaires (sorte de camps de travail issus du Goulag), la torture est une pratique courante et répandue. Un rapport de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture de novembre 2013 dénonce, enquête à l’appui, ce monde de tortionnaires.

Sous Poutine, l’épicentre, le laboratoire de la torture, c’est la petite république rebelle de Tchétchénie, écrasée dans le sang et sous la terreur. Pour faire avouer, pour faire dénoncer les indépendantistes ou simplement pour le plaisir de voir souffrir ces “culs noirs”, les services russes ou leurs supplétifs tchétchènes pro-russes passent à la Question les suspects, souvent avec des moyens modernes, comme l’électricité sur les parties génitales. Sans oublier bien sûr les méthodes plus traditionnelles comme le viol collectif.

S’il ne meurt pas pendant le traitement, le supplicié est ensuite exécuté. Puis on fait disparaître le corps. Une des méthodes prisée est de réduire le cadavre en purée à l’explosif. C’est ce qu’on appelle une simple “disparition”. Si un rescapé va porter plainte, il est menacé. Et sait ce qui l’attend.

Mauvais traitements en prison

Dans les prisons russes, les conditions de détention sont telles qu’elles sont assimilables à de la torture. La surpopulation est effrayante. Dans certaines cellules, les détenus sont obligés de dormir par roulement, les autres étant obligés de se tenir debout, en attendant leur tour de s’allonger. Humidité, manque hygiène, de soins : la tuberculose fait des ravages.

Contre les mauvais traitements, aucun recours n’est possible. Les prisons russes sont une zone de non droit. Même les détenus les plus célèbres, les mieux défendus ne sont pas à l’abri. En 2005, Sergueï Magnitski, avocat russe d’Hermitage Capital, le plus gros fonds d’investissement étranger en Russie, se met en tête de dénoncer des fraudes et la corruption au plus haut niveau de l’Etat.

Mal lui en prend. Il est aussitôt accusé de “fraude fiscale” et emprisonné. On le jette dans une cellule inondée, glaciale, sans eau. Or il est gravement malade de la vésicule biliaire. Même le médecin de la prison en convient. “Maintien en détention, opération refusée”: tel est le verdict des autorités.

Lorsqu’il est tellement mal en point que l’administration finit par appeler une ambulance, Magnistki se croit sans doute sauvé. Mais à la place, il est jeté dans une cellule isolé. Et battu à mort.

Source : Jean-Baptise Naudet, pour L’Obs, le 12 mars 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/russie-la-torture-cest-la-routine/