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[Reprise] L’action « inacceptable » de Vladimir Poutine en Ukraine était prévisible et provoquée

Saturday 8 November 2014 at 02:00

Un billet du mois de septembre que j’avais sous le coude.

Intéressant, car c’est un grand journaliste anglais qui s’exprime dans un grand quotidien de gauche – essayez de trouver ça en France…

Les dirigeants de l’OTAN ne savent pas quoi faire avec M. Poutine et la guerre civile en Ukraine, et n’ont cessé de commettre des erreurs de lecture de cette crise depuis son début.

Comment pouvait-on imaginer que M. Poutine ou tous ces russophones de l’est de l’Ukraine et de la Crimée allaient voir d’un bon œil le fait que le pays qui a été le berceau de l’identité russe puisse devenir une partie du bloc de la puissance occidentale ?

Par Christopher Booker, 6 septembre 2014

C’est toujours révélateur lorsque des politiciens nous disent que quelque chose est « inacceptable ». Ce qu’ils veulent dire, c’est que même si l’on peut s’attendre à ce qu’ils fassent quelque chose, ils n’ont pas la moindre idée de ce qu’ils peuvent faire. C’est la raison pour laquelle, alors que les dirigeants occidentaux se réunissaient pour ce sommet de l’OTAN au Pays de Galles, plusieurs d’entre eux, dont David Cameron, nous ont dit que l’intervention du président Poutine en Ukraine était « inacceptable ».

Le vrai problème ici n’est pas simplement que nos dirigeants ne savent pas ce qu’ils peuvent faire au sujet de M. Poutine et de la terrible guerre civile en Ukraine, qui a déjà tué près de 3 000 personnes et que les Russes ont l’air d’être en train de remporter haut la main. C’est qu’eux-mêmes et beaucoup d’autres à l’Ouest n’ont pas su interpréter la crise depuis qu’elle a commencé au début de l’année.

On ne le répètera jamais assez : ce n’est pas le désir de M. Poutine de restaurer les frontières de l’URSS qui a déclenché la crise mais bien l’ambition ridiculement dévoyée qu’a eu l’Occident de voir l’Ukraine absorbée par l’Union Européenne et l’OTAN. M. Poutine et tous ces russophones de l’est de l’Ukraine et de la Crimée ne pouvaient pas apprécier de voir le pays qui a été le berceau de l’identité russe, devenir une partie du bloc de la puissance occidentale. La Russie serait encore plus mécontente de voir une alliance militaire créée au départ pour la contrer prendre le contrôle des seuls ports en eau chaude de sa marine.

Quand 96% des citoyens de Crimée ont voté démocratiquement en mars pour rejoindre la Russie, ce n’était pas parce que Poutine voulait « annexer » leur pays, comme les politiciens occidentaux nous le disent maintenant. C’était parce que les 82% d’entre eux qui parlent le russe comme langue principale voulaient rejoindre un pays dont la Crimée a fait partie pendant deux siècles.

Dans le même temps, le gouvernement ukrainien élu démocratiquement était renversé par des émeutiers dans les rues de Kiev, dont beaucoup étaient payés sur des fonds de Bruxelles pour crier « Europe ! Europe ! » devant la baronne Ashton, alors qu’elle les pressait de signer « l’accord d’association », qui était l’avant-dernière étape pour que l’Ukraine devienne un pays membre de l’Union Européenne.

C’est pourquoi l’UE, avec le soutien de l’Amérique, a été conduite par ses propres illusions vaniteuses dans le pétrin que nous voyons aujourd’hui. Les dirigeants de l’OTAN savent qu’ils ne peuvent pas faire grand chose d’utile. Pendant des mois ils ont parlé de ces « sanctions », tout en étant désagréablement conscients que l’UE dépendait de la Russie pour 30% du gaz dont elle a besoin pour continuer à faire fonctionner ses cuisinières et garder ses lumières allumées. Même lorsque le Président français Hollande exhortait David Cameron, il y a des mois, à fermer les portes de la City de Londres aux banquiers russes et aux oligarques – qui ont 27 milliards de livres sterling investis au Royaume-Uni – nous savions que la Grande-Bretagne avait 46 milliards de livres sterling investis en Russie.

Ainsi, nos dirigeants se sont assis autour de la table de cet épouvantable hôtel de béton du Pays de Galles, en jacassant à propos de toujours plus de sanctions. Ils ont envoyé leurs petits « groupes tactiques » tourner en rond en Pologne. Ils s’époumonent sur ce qui est « inacceptable » mais ils savent bien qu’ils n’oseront pas prendre le risque de faire s’écrouler la maison.

Au même moment, M. Poutine et les Russes du cœur industriel de l’Ukraine font exactement ce qui aurait pu être prédit, quand ils se battent pour établir un « Etat tampon » semi-autonome entre la Russie et l’Occident.

Nos dirigeants ont été pris en défaut, par une crise que toute personne intelligente aurait du voir venir, à partir du moment où ils se sont imprudemment et inutilement placés sur cette voie.

Source : The Telegraph, 6 septembre 2014

Source: http://www.les-crises.fr/l-action-inacceptable-de-vladimir-poutine/