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[Reprise] Les souffrances de Gaza, les crimes d’Israël et notre responsabilité, par Noam Chomsky

Saturday 19 July 2014 at 03:00

A trois heures du matin, heure de Gaza, le 9 juillet, en plein milieu de la dernière démonstration de barbarie israélienne, j’ai reçu un appel téléphonique d’un jeune journaliste palestinien qui se trouvait à Gaza. En arrière-plan, je pouvais entendre les cris de son fils au milieu des explosions et le bruit des avions de combat qui tiraient sur tout civil en mouvement, et aussi sur les habitations. Il venait de voir voler dans les airs un ami à lui qui circulait dans un véhicule clairement identifié comme faisant partie de la presse. Suite à une explosion il a entendu des cris provenant de maisons voisines, mais il ne peut pas sortir au risque de devenir lui-même une cible. Il s’agit d’un quartier tranquille, sans objectifs militaire… à l’exception des Palestiniens qui sont des cibles faciles pour la machine de guerre ultra-moderne qu’Israël possède grâce aux Etats-Unis. Mon ami m’a raconté que 70 pour cent des ambulances ont été détruites, et que l’on comptait 70 morts et plus de 300 blessés, dont environ deux-tiers sont des femmes et des enfants. Peu de militants du Hamas ont été touchés, et peu de sites de lancement de roquettes. Juste les victimes habituelles.

Il est important de se rendre compte de ce qu’est la vie à Gaza lorsqu’Israël fait preuve de « retenue », entre deux crises régulièrement provoquées comme celle-ci. On peut en avoir une bonne idée dans le rapport à l’Agence des Nations-Unies pour les Réfugiés de Mads Gilbert, le courageux médecin norvégien qui a longtemps travaillé à Gaza et a vécu de l’intérieur la cruelle et meurtrière opération Plomb Durci. De tout point de vue, la situation est désastreuse. Pour ne citer que la situation des enfants, Gilbert rapporte : « Les enfants palestiniens de Gaza vivent une souffrance énorme. Une grande proportion souffre de malnutrition à cause des conditions imposées par le gouvernement israélien et en conséquence du blocus entourant le territoire palestinien de Gaza. L’anémie prévaut chez les enfants âgés de moins de deux ans (72,8% sont touchés). La malnutrition, le manque de croissance et de poids touche respectivement 34.3, 31.4 et 31.45% de tous les enfants du territoire. » Et cela ne fait qu’empirer au fur et à mesure que l’on avance dans la lecture du rapport.

Quand Israël se « comporte bien », plus de deux enfants palestiniens sont assassinés chaque semaine, un chiffre constant depuis 14 ans. La cause profonde de tout ceci est l’occupation criminelle des territoires palestiniens et toutes les mesures prises contre Gaza pour que sa population puisse à peine survivre, tandis que les palestiniens de Cisjordanie sont obligés de rester cantonnés dans des zones invivables et où Israël s’empare de ce qu’il veut, le tout dans une violation flagrante du droit international et des résolutions explicites du Conseil de Sécurité des Nations Unies, sans parler d’un minimum de décence humaine. Et tout ceci continuera tant qu’Israël sera soutenu par Washington et toléré par l’Europe – à notre grande honte.

Noam Chomsky

L’article existe aussi en anglais ici et en espagnol ici

Source : Le Grand Soir

Si vous ne connaissez pas Noam Chomsky …

Retrouvez de nombreux textes de Noam Chomsky sur www.noam-chomsky.fr


Énorme, regardez cette courte émission (le Daily Show de John Stewart): c’est féroce de critique humoristique !


Avertissements téléphoniques à Gaza, vus par… par asi


Et si les morts de Gaza étaient Israéliens ?

Que ferait le monde si les morts de Gaza étaient Israéliens ?

Depuis le déclenchement de l’opération militaire contre la bande de Gaza, baptisée “Bordure protectrice” par le ministère israélien de la Défense, plus de 980 roquettes, de divers types, ont été lancées contre Israël par divers groupes armés palestiniens. 760 de ces projectiles ont atteint le territoire israélien. Près de 200 ont été détruits en vol par les missiles des batteries “iron dôme”.

Au cours de cette semaine d’opérations, l’armée israélienne a mené des raids aériens (avions de combat F-16, hélicoptères, drones armés) et lancé des frappes d’artillerie depuis des navires de guerre au large de Gaza contre 1.470 cibles dans la bande de Gaza.

Près de 210 frappes visaient des tunnels, 770 ont atteint des caches abritant des lanceurs de roquettes, 69 des bases de combattants et 63 des entrepôts d’armes ou des ateliers de fabrication d’armes. Ces chiffres ont été fournis, le 14 juillet, par les services du porte-parole de l’armée israélienne. Aucune perte israélienne n’est mentionnée par l’armée. La presse a indiqué dimanche que quatre soldats israéliens avaient été blessés au cours d’un raid terrestre contre un site de lancement de roquettes.

Elle a aussi indiqué que 13 civils avaient été blessés, parmi lesquels un jeune Israélien âgé de 16 ans atteint par des éclats dimanche lors de l’explosion d’une roquette à Ashkelon. Son état était, lundi matin, jugé “sérieux mais stable”. A ce jour, les tirs de roquettes palestiniens ont provoqué des scènes de paniques et suscité une atmosphère d’angoisse en Israël sans faire de mort.

77% de civils parmi les morts Palestiniens

En face, selon le point de situation publié lundi par le Bureau des Nations unies pour les affaires humanitaires (OCHA), les frappes israéliennes ont fait dans la bande de Gaza 178 morts, dont 138 civils, parmi lesquels 26 femmes et 36 enfants, et 1361 blessés dont 386 enfants et 249 femmes. Selon le même document, 1255 habitations ont été détruites, 1420 gravement endommagées ainsi que 66 écoles et 5 équipements de santé.

Chassées de leurs domiciles détruits ou terrorisées par les frappes israéliennes, 21.600 personnes ont cherché refuge dans des écoles du système de l’ONU, protégées, en principe, par le drapeau bleu, ou dans d’autres structures. Au moins 600.000 personnes sont privées d’eau, de sanitaires et d’hygiène et 75% de la ville de Gaza – soit 400.000 personnes – sont sans électricité.

Que fait la “communauté internationale” ? Rien. Elle condamne les tirs de roquettes palestiniens, appelle Israël à la retenue, se déclare prête à favoriser un cessez-le-feu, rappelle la nécessité de revenir au processus de paix, voire, comme François Hollande, affirme que “la France veut un Etat palestinien à côté d’Israël”. Sans s’attarder sur le pourcentage élevé (77%) des civils parmi les morts palestiniens, ni condamner la disproportion des moyens utilisés, ni proposer la moindre démarche concrète. Mise à part une visite au Proche-Orient des ministres allemand et italienne des Affaires étrangères.

Question : que se passerait-il si le bilan était inversé ? Si les frappes palestiniennes avaient fait en une semaine 178 morts et 1.361 blessés en Israël, détruit ou endommagé plus de 2.300 habitations de Haïfa ou Jérusalem, chassé 21.600 Israéliens de leurs foyers et privé d’électricité 75% de Tel Aviv ?

Source : Le Nouvel Observateur

Source: http://www.les-crises.fr/les-souffrances-de-gaza-les-crimes-disrael-et-notre-responsabilite/