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[Reprises] Ils ont eu tort d’attaquer la prétendue islamophobie de « Charlie » (!)

Tuesday 10 February 2015 at 01:55

OK, c’est clair :

  • des personnes, y compris anciens salariés de Charlie ,critiquaient fortement Charlie pour Islamophobie, en disant que cela allait faire monter les tensions
  • on a eu l’attentat barbare
  • “conclusion” : les gens avaient donc tort de dire ça, CQFD.

!!!

Pour Christophe Ramaux, la gauche radicale a eu tort d’attaquer la prétendue islamophobie de « Charlie »

Source : Le Monde, 09/01/2015

Une femme près d'une voiture de police, aux abords d'une mosquée à La Rochelle, le 9 janvier

Une femme près d’une voiture de police, aux abords d’une mosquée à La Rochelle, le 9 janvier

Christophe Ramaux, membre du collectif d’animation des Economistes atterrés, Université Paris-I

C’était finalement un testament. Dans un article de l’ensemble de sa rédaction publié le 20 novembre 2013 (dans Le Monde), Charlie s’élevait contre le procès en islamophobie intenté depuis longtemps par certains, en particulier à la gauche de la gauche. Un islamophobe, et il y en a, est un raciste. Un bouffeur de religions, et Charlie en était, n’est pas raciste. Il maudit toutes les religions et c’est bien son droit. Cibler uniquement l’islam, c’est cibler derrière lui certaines populations, les Arabes au premier chef. La rédaction de Charlie avait raison : en les accusant d’islamophobie, c’est un procès en racisme que d’aucuns s’autorisaient à son encontre. Une salissure ignoble pour ces dessinateurs et écrivains qui ont toujours eu l’antiracisme chevillé à la plume.

Comment en est-on arrivé là ? Comment expliquer que des dirigeants d’Attac, du NPA, des journalistes de Politis et d’autres – les uns et autres ont organisé avec les Indigènes de la République et Mediapart une Journée contre l’islamophobie le 13 décembre 2014 – aient pu alimenter cette infamie ? Comment expliquer que certains animateurs des Economistes atterrés aient rejeté la collaboration de Charb au prétexte qu’il était islamophobe ? Les Economistes atterrés – dont le spectre va bien au-delà de la gauche radicale – ont heureusement remis les pendules à l’heure et rendu ainsi hommage à Bernard Maris, leur oncle à tous. Leur collectif d’animation a décidé, après débats et contre l’avis de certains irréductibles, de publier un communiqué où il est fait explicitement mention de la laïcité.

Attac a décidé l’inverse. Son communiqué se refuse sciemment à mentionner la laïcité. On en est là : certains ont commis un précédent en accusant Charlie d’islamophobie. Après le massacre de la rédaction, ce précédent de trop appelait un sursaut. Nombreux dans la gauche de la gauche en sont conscients. D’autres s’acharnent dans l’aveuglement, en refusant de nommer la laïcité, ce pourquoi ceux de Charlie sont tombés. Ils proclament qu’ils sont « tous Charlie ». Au ciel, les principaux intéressés, fidèles à eux-mêmes, doivent en rire, mais en jaune amer. Comment expliquer cette dérive ?

Les musulmans peuvent-ils être réactionnaires ?

La réponse est dans le testament de Charlie. Sa rédaction s’interrogeait : au nom de quoi « la religion musulmane […] devrait, elle, être épargnée. Pourquoi diable ? Quel est le rapport, autre qu’idéologique, essentialiste au fond, entre le fait d’être arabe par exemple et l’appartenance à l’islam ? » C’est bien là le cœur du problème. Sans craindre le racisme pervers qui se niche ici, certains ne conçoivent pas que des musulmans, des immigrés ou enfants d’immigrés puissent être totalement réactionnaires, et même fascistes, au même titre que certains catholiques, protestants, juifs ou agnostiques. Plus de mille départs en Syrie, cela devrait alerter ceux qui n’ont pu envoyer que quelques dizaines de guérilleros en Amérique latine ou ailleurs.

Ceux-là continuent néanmoins à nier qu’une frange extrêmement minoritaire, mais signifiante, de la jeunesse trouve sa cause dans le fascisme djihadiste. Nommer la chose serait favoriser « l’islamophobie ». Comme si la masse des musulmans n’avait pas besoin d’être soutenue dans la lutte sans merci de « tous ensemble » contre le fascisme vert. Selon Edwy Plenel, grand contempteur de l’islamophobie, la question qu’il convient de poser est « pourquoi notre société produit-elle ces enfants-là » ? Juste question de prime abord. Oui le capitalisme néolibéral, l’austérité, engendre comme toujours, chômage, précarité et désespérance sociale. Mais cela ne suffit pas. La politique ne peut être rabattue sur l’économie et la sociologie. Elle a son autonomie, sa consistance propre. Les mêmes conditions sociales ne produisent pas les mêmes trajectoires. Les êtres humains ont d’abord une tête, vivent de représentation. Ils ont leur autonomie, leur responsabilité.

Dénier la responsabilité de ceux qui adhèrent à l’intégrisme radical, n’est-ce pas les nier un peu plus ? Et n’est-ce pas un narcissisme lui aussi pervers que de laisser entendre que « nous » sommes « aussi » responsables de cela ? La dite « société » n’est-elle qu’à accabler ? Aussi perfectible soit-elle, et elle l’est grandement, ne doit-elle pas aussi être défendue dans ses fondements mêmes – les valeurs républicaines dont la laïcité justement – face à ceux qui la violentent ? Au rassemblement de mercredi soir à Paris seuls « Charlie, Charlie » et « liberté d’expression » ont percé le silence de l’effroi. Quels seront les mots d’ordre des prochaines manifestations ? « Non à tous les fascismes dont celui des djihadistes » : c’est la seule trame susceptible de rendre véritablement hommage à la profondeur du combat de Charlie.

Contre le fascisme brun donc, mais aussi – et explicitement – contre le fascisme vert, car le déni de ce dernier nourri le premier. La gauche radicale reprendra-t-elle cette trame ? Espérons-le. Il y aura bien d’autres chantiers à défricher pour elle ensuite : celui du rapport à l’Etat, à la nation, à la démocratie y compris représentative, au pouvoir justement, à l’intérêt général, à la société même.

Il est minuit moins le quart pour la « génération » de mai 68. Charlie a été l’étendard le plus échevelé de cette génération. Qui l’eut cru ? Qui eut cru que ce soit par Charlie que cette « génération » fasse enfin le deuil de ses impasses ? Qui eut cru que Charlie soit élevé au rang de cause nationale, de deuil national, que résonnent par lui la rose et le réséda ? L’histoire prochaine de notre pays sera-t-elle aussi facétieuse que Charlie l’était ? Nous sommes peut-être « minoritaires » indiquait tragiquement le testament de Charlie. Pas sûr…


#JeSuisCharlie : que peut faire internet ? Beaucoup. Créons un million de “Charlie Hebdo”

Source : Le Nouvel Observateur, 09/01/2015

Qu’est-ce qu’un tweet va changer ? De nombreux internautes se posent cette question après l’attaque terroriste contre les locaux de “Charlie Hebdo”. Et beaucoup ne savent pas quoi faire de plus pour montrer leur soutien. Mais ce n’est pas vain, et il y a d’autres moyens de s’engager, comme l’explique notre Benoît Raphaël, fondateur de Trensboard.

Mobilisations de soutien à New York le 7 janvier

Des mobilisations de soutien se sont déroulées dans le monde entier, ici à New York le 7 janvier (RICHARD B. LEVINE/SIPA)

Je vais essayer de faire court. Il y a déjà eu tellement de messages Twitter, Facebook, de photos Instagram, de chroniques, de communiqués, de billets de blogs, d’interviews, de dessins, d’affiches brandies dans la rue, en silence d’abord, puis avec des chants, qu’il pourrait paraître inutile d’en rajouter, surtout moi. Qu’ai-je à dire de plus ?

Mais je pense que c’est bien. Autant l’infobésité peut parfois rendre l’information plus opaque, autant cette fois, il faut faire du bruit. Le contenu des messages a ici autant d’importance que leur capacité à créer une immense vague. Contre l’obscurité. Contre cet autre vent qui veut annuler la liberté, l’esprit frondeur, l’esprit de la France, et ces élans formidables d’empathie, de richesse d’expression, de partage et d’empowerment que je vois se libérer grâce à Internet depuis quelques années.

Mon premier sourire après une journée d’effroi

Le massacre opéré à Charlie Hebdo attaquait plusieurs symboles. Sans bien les comprendre. Sans les comprendre, au fond. Sans comprendre aussi que ces symboles, la liberté, la liberté de la presse, le courage, le besoin de sens, la nécessité de rire, la générosité, et la profonde humanité derrière la caricature féroce, font aussi partie de ce nouveau monde, autant que la haine, le désespoir et le repli sur soi.

Dans la nuit de mercredi à jeudi 8 janvier, à minuit, voici les mots les plus tweetés dans le monde, cartographiés par Trendsmap. C’était mon premier sourire, après une journée d’effroi :

Capture Trendsmap

(Capture Trendsmap)

Je parle en tant que journaliste, blogueur et entrepreneur, mais aussi en tant que citoyen. Un citoyen du monde, mais aujourd’hui profondément Français, Français comme un symbole, et qui ne s’est jamais senti aussi libre et optimiste depuis qu’il a rencontré Internet. Cette incroyable invention qui relie les gens, étend les libertés, augmente le savoir et l’empathie.

Investissons dans les médias

Alors que pouvons nous faire, nous, citoyens, nous internautes, forts de ce nouveau pouvoir, face à ce que certains Français ont appelé “notre 11 septembre” ?

 

Nous pouvons faire tellement. Tellement depuis que nous sommes connectés.

C’est la liberté d’expression qui a été attaquée. La liberté de la presse. Les médias. Et nous avons ressenti hier l’urgence d’être plus forts que jamais. La force, la diversité, l’indépendance des médias, c’est notre meilleure arme contre l’obscurantisme et le fanatisme.

Il faut investir dans les médias. Il faut les moderniser pour les rendre plus forts. Pour les rendre plus rentables. Et plus indépendants.

La force d’internet, c’est de multiplier

Il faut surtout que les citoyens que nous sommes participions à cette aventure : en les soutenant, en les challengeant mais avec affection. En finançant, via le crowdfuning, un maximum de projets médias, en nous abonnant aux médias, aux médias locaux, aux médias nationaux. En nous abonnant, bien sûr, à “Charlie Hebdo”. Et ils faut que les médias comprennent que leur meilleur soutien, ce sont les citoyens, qui sont tous internautes.

Et qu’il faut les rendre plus que lecteurs, il faut les rendre acteurs. Il y a plein de façons de le faire. Et encore plus à inventer.

Il faut aussi, chacun de notre côté, ensemble, créer des millions de “Charlie Hebdo”. C’est la force d’Internet. Celle de multiplier. Et celle de maintenir des voix, en les répétant ailleurs, à l’infini, quand on tente de les briser.

Des journaux à genoux

Et il ne faut jamais plier les genoux, comme disait Charb. Pas comme le “Daily News”, comme le “Telegraph”, qui ont surfé sur le buzz mais en floutant ou en cachant les couvertures controversées de “Charlie Hebdo”. Ultime insulte d’une profession qui se met à genoux. Tandis que les autres, médias, mais aussi la foule internaute, et celle dans la rue, brandissait ces mêmes unes dans un magnifique : “Même pas peur !”

OB : Ca crève les yeux que du coup la France a peur…

(Et si vous vous demandez qui est à l’origine de ce logo repris dans le monde entier, “Je suis Charlie”, il vient d’un internaute)


Plantu au secours de Charlie Hebdo après avoir “armé” ses assassins

Source : Caricatures&caricature, 11/01/2015

Caricature: Encore une provocation !!

Petit rappel : le 21 septembre 2012, Plantu faisait passer ce dessin en “une” du journal Le Monde. Il s’agit d’une caricature visant très clairement Charb, alors directeur de Charlie Hebdo, figuré en débile mental. Le contexte ? Quelques jours auparavant, Charlie Hebdo avait publié des caricatures mettant en scène Mahomet, réagissant à la polémique autour d’un film récemment posté sur Internet, L’Innocence des Musulmans. De nouvelles menaces de mort avaient été proférées de par le monde, contre l’hebdomadaire satirique dont certains dessinateurs (Charb notamment), étaient déjà sous protection policière.

Plantu s’était donc désolidarisé de ce journal qui défendait alors au péril de sa vie son droit à caricaturer les intégristes en général et Mahomet en particulier. Plantu, comme tant d’autres éditorialistes, responsables politiques ou “intellectuels”, avait à ce moment-là participé à la campagne de dénigrement contre Charlie, en parlant d’irresponsabilité. Il en appelait alors à l’autocensure, expliquant que Charb serait responsable des morts que “provoquerait” au Pakistan dans les jours qui suivraient, la publication dans son journal de caricatures visant Mahomet. Plantu renforçait alors le camp des intégristes et participait à l’isolement du journal, en en faisant une cible évidente et facile pour les terroristes.

Je ne connais pas d’équivalent dans l’histoire de la presse, d’un grand journal quotidien “démocratique” qui aurait publié en “une” une caricature contre un dessinateur inscrit sur la black-list des djihadistes du monde entier, constituant donc un objectif principal et public de leurs prochains attentats…

Quand comme Plantu on considère le dessinateur “responsable” de la possible instrumentalisation de ses propres dessins à des fins meurtrières, on ne publie pas en “une” d’un grand journal une caricature visant un dessinateur menacé de mort… Le site de Cartooning for peace présente d’ailleurs l’association comme ayant l’objectif de “soutenir les dessinateurs empêchés d’exercer librement leur métier ou dont la liberté est menacée”. Ca ne valait pas le coup de défendre Charb et Charlie contre les menaces d’attentats ?

Par son attitude et alors qu’il se présente comme “le” défenseur de la liberté d’expression et des dessinateurs victimes de menaces au travers le monde, Plantu a “armé” indirectement les assassins de Charb et de ses amis, comme les dessinateurs antisémites pendant la collaboration en France “armaient” ceux qui déportaient des juifs.

Comme l’indique François Forcadell sur son blog, Plantu se serait aujourd’hui engagé à trouver un financeur pour assurer la pérennité de Charlie Hebdo. La belle affaire ! Maintenant qu’ils sont presque tous morts, il serait devenu urgent de les soutenir ? N’est-ce pas, cher Plantu ? As tu au moins quelques remords ?

Guillaume Doizy

Source: http://www.les-crises.fr/reprises-ils-ont-eu-tort-dattaquer-la-pretendue-islamophobie-de-charlie/