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[Risque de Démocratie] “Aux Pays-Bas, une consultation sur les relations UE-Ukraine à haut risque”

Wednesday 20 January 2016 at 05:00

Aidez-nous amis néerlandais, on compte sur vous !

Bref, cela démontre l’importance des référendums d’initiative populaire !

Source : Luxemburger Wort, 9-01-2016

Jean-Claude Juncker et le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, le 7 janvier
Photo: Reuters

La Haye, 9 jan 2016 (AFP) – Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a appelé samedi les Néerlandais à ne pas s’opposer à l’accord d’association entre l’UE et l’Ukraine lors du référendum prévu en avril, estimant qu’un non pourrait provoquer une “crise européenne”.

Trois organisations eurosceptiques aux Pays-Bas sont parvenues à obtenir un référendum non contraignant sur la question, prévu le 6 avril, en récoltant plus de 300.000 signatures.

Un non néerlandais “pourrait ouvrir la voie à une crise européenne”, a estimé M. Juncker dans une interview publiée samedi par l’influent quotidien NRC.

Ne transformons pas ce référendum en un vote sur l’Europe

OB Notez, le gars est lucide, hein… Bon, démocrate, non, à l’évidence…

“Ne transformons pas ce référendum en un vote sur l’Europe”, a ajouté le président de la Commission européenne. “J’espère sincèrement que (les Néerlandais) ne voteront pas en faveur du non, pour des raisons qui n’ont rien à voir avec le traité lui-même”.

Même si le référendum n’est pas contraignant, il sera vraisemblablement suivi de près dans un pays où les eurosceptiques caracolent en tête des sondages en vue des élections législatives de 2017.

Si le non l’emporte, c’est la Russie “qui en sera le grand bénéficiaire”, a souligné M. Juncker.

Donc aucun souci à se couper un bras, si ça empêche la Russie de gagner…

L’accord de libre échange conclu entre Kiev et l’UE est entré en vigueur le 1er janvier. Il vise à renforcer le dialogue politique ainsi que les échanges économiques et commerciaux entre l’UE et l’Ukraine.

Le refus en 2013 de l’ancien président ukrainien pro-russe Viktor Ianoukovitch de signer cet accord avait entraîné la révolte sur la place Maïdan, à Kiev, et sa chute.

Donc le type est “pro-russe” mais il a négocié un accord avec l’UE pendant 4 ans, avant de se rendre compte que ça aller couler son pays et ne pas le signer…

Lors d’une visite aux Pays-Bas en novembre, le président ukrainien, Petro Poroshenko, a salué l’accord comme le début d’une nouvelle ère pour son pays.

Il n’a pa smenti notez -l’ère Uption ?

Moscou, de son côté, voit cet accord d’un mauvais œil, et le considère comme un empiètement des Européens dans sa sphère d’influence.

Ils sont bizarres ces Russes…

Le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, dont le pays vient de prendre la présidence tournante de l’UE, a indiqué qu’il évaluerait les conséquences du référendum une fois son résultat connu. Son gouvernement jugera alors si des changements de politique sont nécessaires.

Ouf, j’ai cru qu’il allait dire qu’il en respecterait le résultat…

Source : Luxemburger Wort, 9-01-2016

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Aux Pays-Bas, une consultation sur les relations UE-Ukraine à haut risque

Énorme : GROS RISQUE démocratique en vue !

Source : Le Monde, Jean-Pierre Stroobants, 15-01-2016

La tension politique monte, aux Pays-Bas, à l’approche d’un référendum sur l’accord d’association conclu entre l’Union européenne (UE) et l’Ukraine. Appliqué de manière provisoire depuis le 1er janvier, ce texte doit être entériné par les 28 pays membres de l’Union. Si 25 Etats l’ont déjà approuvé, aux Pays-Bas, trois organisations eurosceptiques ont obtenu qu’il soit soumis à une consultation populaire, prévue pour le 6 avril. Un « non » serait une fâcheuse épine dans le pied de la présidence néerlandaise de l’UE, qui a commencé le 1er janvier.
À La Haye, les députés sont furieux : ils jugent contre-productives de récentes déclarations du président de la Commission de Bruxelles, Jean-Claude Juncker. Il a souligné, le 9 décembre 2015, qu’un « non » de la population néerlandaise pourrait « entraîner une crise continentale » et bénéficier à la seule Russie.
Pour les partis favorables à l’Europe, ces propos sont maladroits et ont focalisé l’attention sur cette consultation dont un tiers des citoyens disait ne pas avoir entendu parler. « M. Juncker a raté une nouvelle occasion de se taire », déclare le député Han ten Broeke, membre du Parti libéral (VVD), la formation du premier ministre Mark Rutte. Diederik Samsom, le dirigeant des sociaux-démocrates du PVDA, membres de la coalition au pouvoir, a estimé que « les menaces ne sont vraiment pas nécessaires ».
Les partis proeuropéens craignent, en fait, une réédition de l’épisode de 2005, quand les électeurs avaient, quelques jours après les Français, rejeté le projet de Traité constitutionnel européen. A l’époque, toutes les grandes formations avaient été désavouées. Aujourd’hui, les principaux responsables politiques savent que M. Juncker a raison d’inviter leurs concitoyens à ne pas transformer la consultation en « un vote sur l’Europe » mais ils redoutent que beaucoup de Néerlandais profitent de l’occasion pour manifester leurs critiques à l’égard de ce qu’Emile Roemer, leader du parti de la gauche radicale SP, appelle « le mépris total de la population par la petite élite bruxelloise ». Son parti est le seul, avec le Parti de la liberté (PVV, extrême droite) de Geert Wilders et le Parti des animaux (PVDD) à avoir voté contre l’accord conclu entre l’UE et Kiev.

L’Ukraine présentée comme instable et corrompue

Les trois organisations qui ont relayé leurs critiques ont réuni 428 000 signatures – il leur en fallait 300 000 au minimum – pour obtenir que la population se prononce sur l’accord. La Chambre, le Sénat et le roi ont entériné ce texte, toutefois suspendu, désormais, au résultat de la consultation. Le résultat de celle-ci ne sera pris en compte que si 30 % des électeurs y participent et il ne sera pas contraignant : le gouvernement et les Assemblées pourraient passer outre un « non » éventuel. Le premier ministre, le libéral Mark Rutte, indique qu’il « évaluera » le bilan du référendum.
Quand même, il vaut mieux lire ça qu’être aveugle, mais c’est tellement incroyable… A une époque, le politique et le journaliste auraient été lapidés par la foule…
La plupart des observateurs pensent, cependant, qu’il ne pourrait tenter un passage en force. D’autant que sa coalition atteint des records d’impopularité tandis que M. Wilders, incarné en leader du camp du « non », frôle les sommets : le dernier sondage, publié dimanche 10 janvier, le crédite de 36 % des intentions de vote et de 41 des 150 sièges de la deuxième chambre. Quatorze de plus que les deux partis du gouvernement.
M. Wilders a, lui aussi, réagi au propos de M. Juncker, en évoquant une tentative « d’intimidation » qui « ne servira à rien ». Comme les partisans du référendum, il refuse que les Pays-Bas soutiennent financièrement une Ukraine présentée comme instable et corrompue, conteste l’idée que l’accord d’association puisse assurer la stabilité du pays et agite le spectre d’une future adhésion à l’Union. M. Rutte dément formellement : « Cela n’a rien à voir avec un élargissement. »
Même s’il a appelé ses concitoyens à voter « oui », M. Rutte paraît hésiter à engager son gouvernement dans la campagne. Il préfère laisser le champ libre à l’association Stem voor Nederland (Votez pour les Pays-Bas) : récemment constituée, en liaison avec le patronat et le ministère des affaires étrangères, elle entend informer la population sur les vrais enjeux de ce dossier, pour renverser une tendance qui indiquait, en décembre, que 17 % des Néerlandais seulement étaient, a priori, favorables à l’accord avec l’Ukraine.
Là aussi, j’ai dû mal lire : le journaliste n’a quand même pas écrit que le Premier Ministre ne va pas faire la campagne électorale, mais qu’il va laisser la patronat le faire à sa place ?
Source : Le Monde, Jean-Pierre Stroobants, 15-01-2016
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Les Pays Bas s’apprêtent à infliger une leçon de démocratie à l’Union Européenne

Par Djordje Kuzmanovic, Blog Mediapart, 15/01/2016

Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, craignant les conséquences d’un tel vote juste avant des élections législatives cruciales au Pays-Bas et en France en 2017, mais aussi en pleine négociation du TTIP, le traité de libre-échange transatlantique, a enjoint les citoyens des Pays-Bas à ne pas « mal voter ».

L’accord d’association controversé entre l’Ukraine et l’Union européenne a été l’un des déclencheurs du renversement du gouvernement ukrainien de Ianoukovitch à la suite du mouvement populaire du Maïdan. Le nouveau gouvernement ukrainien présidé par M. Porochenko, signataire de cet accord et appuyé par les États-Unis, a été à l’initiative d’une guerre civile à l’est du pays qui a fait plus de 10 000 victimes, dont de nombreux civils, et a provoqué le déplacement de plus de 1 100 000 réfugiés.

Il est légitime que les peuples des États membres de l’Union européenne se posent la question de l’opportunité d’un tel accord, d’une part eu égard aux coûts colossaux qu’il va faire peser sur les budgets européens, et d’autre part, car il pose la question du bien-fondé des décisions des institutions européennes rarement prises dans l’intérêt des peuples. Enfin, il marque l’alignement de l’Union européenne sur la politique étrangère étatsunienne, au risque de la paix en Europe, pourtant argument principal légitimant l’existence de l’Union.

Cet accord, déjà ratifié par le parlement néerlandais, est entré en vigueur le 1er janvier 2016. La très démocratique loi néerlandaise prévoit la tenue d’un référendum consultatif si au moins 300 000 signatures sont recueillies auprès des citoyens. Les auteurs de l’initiative visant à rejeter cet accord d’association en ont réuni 420 000. Le vote aura donc lieu le 6 avril. Si de plus, le taux de participation dépasse les 30 %, le gouvernement serait formellement obligé de reconsidérer l’accord. Or, selon les sondages, environ trois quarts des électeurs néerlandais voteront “probablement ou certainement” contre l’accord.

Jean-Claude Juncker, qui avait déclaré il y a quelques mois qu’”il ne [pouvait] y avoir de choix démocratique contre les traités européens“, est en train de réaliser que le peuple peut encore faire irruption sur la scène politique à l’échelle de l’Union. Inquiet, il a appelé les Néerlandais à ne pas s’opposer à l’accord et fait remarquer qu’une réponse négative pourrait “déboucher sur une grave crise continentale, qui dépasserait largement le cadre néerlandais” (Reuters).

Ne doutons pas que Juncker, entre deux moments d’ébriété, y voit clair et s’inquiète à juste titre de chaque retour du peuple dans la vie politique. La portée du vote sera fortement symbolique, car ce référendum se tiendra alors que la Hollande, centrale dans l’Union européenne dont elle est fondatrice, assure la présidence tournante depuis le 1er janvier.

Les Pays-Bas pourraient réaliser un vote de défiance vis-à-vis de l’Union européenne et ses traités en illustrant combien les élites européennes sont coupées des intérêts des peuples qu’elles sont censées servir. Ce serait également un coup porté aux certitudes bruxelloises et au dogme de l’élargissement sans fin de l’Union européenne. Cela relancerait enfin le débat sur le degré d’intégration de chaque État-Nation dans l’Union et donc d’abandon de souveraineté, un an avant des élections législatives d’importance aux Pays-Bas et en France, deux pays phares de l’Union européenne où, par référendum populaire, le Traité constitutionnel européen avait été rejeté de manière retentissante en 2005 (61 % de « non » aux Pays-Bas, 55 % en France).

Les Néerlandais se prononceraient légitimement contre cet accord de libre-échange compte tenu du coût colossal pour l’Union européenne, donc pour ses citoyens, qu’il impliquerait. L’économie ukrainienne est, en effet, en faillite continue, soutenue à bout de bras par l’Union européenne et le FMI (qui, au contraire de la Grèce, lui a accordé une restructuration de sa dette). Il faudrait y injecter entre 40 et 65 milliards d’euros pour la remettre à flots et assurer un soutien de quelque 15 milliards d’euros par an pendant de nombreuses années, sommes impensables dans un contexte de récession, de crise grave, de chômage et de politique d’austérité dans les autres pays européens. Ces aides risqueraient d’ailleurs de n’y rien changer puisque le niveau de corruption de l’actuelle Ukraine est un des plus élevés au monde et supérieur – si c’est possible – à celui en vigueur sous Ianoukovitch.

Par ailleurs, le rapprochement plus marqué de l’Union européenne et de l’Ukraine augure d’un dumping social sans précédent en Europe, déjà largement initié par l’Allemagne dans ses usines. L’Ukraine compte une des plus importantes populations d’Europe – 46 millions d’habitants – pour un salaire moyen de 250 euros par mois et un salaire minimum de… 50 euros par mois. Ce rapprochement risque de causer un tsunami social dans toute l’Europe de l’Ouest où le travail, de plus en plus rare et précaire, est dévoyé par le déferlement des « travailleurs détachés » – nom pudique donné en Europe à la légalisation de l’exploitation.

Juncker redoute également les conséquences géopolitiques d’un « non » néerlandais, tant cet accord d’association sert surtout les intérêts hégémoniques des États-Unis. Pour Washington, l’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN et son éloignement de la sphère d’influence de la Russie reste un des objectifs géostratégiques centraux et l’accord d’association UE/Ukraine n’en est qu’une étape. Cet accord mettrait l’Europe encore plus en porte-à-faux par rapport à la Russie ; or sans ce pays, comme le déclarait le général de Gaulle, un projet européen indépendant n’est pas viable.

Il est à noter que cela se déroule au même moment où se négocie, en catimini, l’accord sur le traité de libre-échange transatlantique, le TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership - Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement), visant à construire un grand marché entre l’Europe et les États-Unis, lequel, s’il était ratifié ainsi que le désirent ardemment les élites européennes, signerait le basculement définitif et complet de l’Europe dans le giron étasunien.

Si le référendum d’initiative populaire néerlandais se soldait par un vote « non » à l’accord d’association UE/Ukraine, une crise supplémentaire éclaterait au sein de l’Union européenne. Ce serait le retour du peuple dans un système d’institutions qui ne le représente plus et où la démocratie est inexistante : la banque centrale européenne n’a pas les mêmes prérogatives que la réserve fédérale des États-Unis, la Commission européenne est non élue et le parlement européen est composé de députés élus, mais sans réels pouvoirs. Caractère non démocratique qui sera encore renforcé par une des dispositions phares du TTIP, les tribunaux d’arbitrage, instances non élues dont les décisions s’imposeront aux États-Nations, si nécessaire en opposition aux décisions prises par le peuple, que ce soit par voie référendaire ou par le truchement de ses représentants au parlement – ce qui dans le cas de notre pays est en contradiction radicale avec l’article 3 de la Constitution.

Si, monsieur Juncker, il peut y avoir un choix démocratique contre les traités européens !

 

Source: http://www.les-crises.fr/risque-de-democratie-aux-pays-bas-une-consultation-sur-les-relations-ue-ukraine-a-haut-risque/