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Résolution 2178 – réactions de nos dirigeants

Wednesday 8 October 2014 at 02:00

On appréciera la longue sollicitude dont bénéficie la France pour la perte tragique et barbare du malheureux Hervé Gourdel.

On se demandera pourquoi les 1 688 morts dus à la violence en Irak durant le seul mois d’aout 2014 (250 dans des attentats à Bagdad), ne bénéficient pas de la même mansuétude – surtout des États-Unis…

Regardez bien la phrase choc du discours de Cameron…

Résolution 2178 – réactions

Les réactions suite à l’adoption à l’unanimité de la résolution 2178 de l’ONU, cf le billet précédent pour le texte.

La déclaration du Secrétaire Général Ban Ki-moon :

Je vous félicite, Monsieur le Président, de l’accession de votre pays à la présidence du Conseil de sécurité pour ce mois. Je vous remercie de votre initiative de convoquer ce sommet du Conseil de sécurité. C’est la deuxième fois que vous présidez le Conseil sur une question ayant de graves implications pour la paix et la sécurité internationales.

Le monde est témoin d’une évolution spectaculaire de la nature de la menace terroriste.

Durant l’année écoulée, des attentats terroristes ont tué, mutilé ou déplacé des milliers de civils–dont la grande majorité sont des musulmans–de l’Afghanistan à la Somalie en passant par le Nigéria, de l’Iraq à la Libye en passant par le Mali. Ces attentats sont perpétrés par des extrémistes violents qui se nourrissent de l’insécurité et de l’injustice, ainsi que de la fragilité et de l’absence de leadership. Ces groupes s’approprient sans vergogne la religion afin de pouvoir contrôler les territoires et les ressources économiques vitales. Ils brutalisent les femmes et les filles. Ils prennent pour cible et massacrent les minorités. Ce sont des ennemis de la foi.

Comme l’ont dit les dirigeants musulmans du monde entier, les groupes comme l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL)–ou Daech–n’ont rien à voir avec l’islam, et ils ne représentent certainement pas un État. Il serait plus approprié de l’appeler le non-État non islamique. Pourtant, ces groupes attirent désormais des combattants terroristes étrangers qui succombent aisément aux appels simplistes et aux chants des sirènes.

L’Équipe de surveillance des activités d’Al Qaida et des Taliban estime que plus de 13000 combattants terroristes étrangers originaires de plus de 80 États Membres ont rejoint l’EIIL et le Front el-Nosra. Le phénomène croissant des combattants terroristes étrangers est une conséquence –et non pas une cause– du conflit syrien. Une longue période de troubles et, jusqu’à récemment, l’absence de réaction des gouvernants en Iraq, auxquelles s’ajoutent des violations scandaleuses des droits de l’homme en Syrie, ont créé un foyer d’horreurs. Il ne saurait y avoir de réelle protection des civils tant que des groupes extrémistes pourront agir en toute impunité et que le Gouvernement syrien continuera d’agresser son propre peuple.

Depuis plus d’un an, je tire la sonnette d’alarme sur les actions vicieuses et injustifiables de ces groupes, et sur le danger qu’ils représentent pour l’Iraq, la Syrie et l’ensemble de la région, ainsi que pour la paix et la sécurité internationales. Nous avons besoin d’une stratégie politique novatrice et globale en Syrie et au-delà afin d’endiguer le flot de combattants terroristes étrangers. Nous devons vaincre les terroristes, mais nous devons le faire de manière à éviter les actes de provocation délibérés qu’ils nous préparent, comme la persécution, la radicalisation et l’augmentation du nombre de victimes civiles. S’il l’on veut éliminer le terrorisme, il faut la solidarité de la communauté internationale et une démarche multidimensionnelle, parmi la panoplie d’instruments auxquels nous devons recourir. Il convient en outre de s’attaquer aux conditions sous-jacentes qui permettent aux groupes extrémistes violents de s’enraciner. Les questions de sécurité immédiates doivent être réglées.

À plus long terme, la plus grande menace pour les terroristes n’est pas la puissance des missiles. C’est une politique d’intégration. Ce sont des sociétés pacifiques et le respect des droits de l’homme. Ce sont l’éducation, l’emploi et de réelles possibilités. Ce sont des dirigeants qui sont à l’écoute de leur peuple et qui promeuvent l’état de droit. Les missiles tuent sans doute les terroristes, mais la bonne gouvernance tue le terrorisme. Des sociétés libres et indépendantes –où la souffrance, l’oppression et l’occupation n’existent pas– voilà ce qui tuera le terrorisme.

Je me félicite de la résolution 2178 (2014) qui vient d’être adoptée, et de ce qu’elle appelle à renforcer la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. Par l’intermédiaire de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme, nous intensifions nos efforts pour aider les États Membres et les régions gravement touchés par le terrorisme. Par l’intermédiaire du Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme, nous collaborons avec les États Membres afin d’améliorer la compréhension du phénomène des combattants terroristes étrangers et de développer et mettre en œuvre des politiques pour entraver leurs déplacements.

Dans le cadre de nos efforts collectifs, nous devons veiller à ce que toutes les mesures et politiques antiterroristes soient conformes au droit international des droits de l’homme et au droit international humanitaire. En tant que garant de la Charte des Nations Unies, je tiens à souligner que toutes les mesures prises doivent correspondre pleinement aux buts, valeurs et principes de l’ONU. Je salue une nouvelle fois l’unité d’action du Conseil sur cette question, sous l’égide du Président Obama. J’espère que cet esprit se manifestera également pour d’autres questions pressantes, en particulier pour enfin apporter la paix au peuple syrien.

La déclaration du Président Obama :

Je remercie le Secrétaire général pour sa déclaration.

Je vais maintenant faire une déclaration en ma qualité de Président des États-Unis d’Amérique.

L’ONU existe depuis près de 70 ans et ce n’est que la sixième fois que le Conseil de sécurité se réunit à un niveau tel que celui d’aujourd’hui. Nous organisons de telles séances pour nous attaquer aux menaces les plus urgentes à la paix et à la sécurité. J’ai convoqué la présente séance car nous devons nous entendre en tant que pays et que communauté internationale pour faire face à la menace réelle et grandissante posée par les combattants terroristes étrangers.

Comme je l’ai dit plus tôt aujourd’hui, la tactique du terrorisme n’est pas nouvelle. Un si grand nombre de pays représentés ici aujourd’hui, y compris le mien, ont vu des citoyens tués par des terroristes qui prennent pour cible des innocents. Aujourd’hui, les peuples du monde sont horrifiés par un autre meurtre barbare –celui d’Hervé Gourdel– par des terroristes en Algérie. Nous soutenons le Président Hollande et le peuple français, non seulement au moment où ils pleurent cette terrible perte mais aussi alors qu’ils se montrent déterminés à lutter contre la terreur et à défendre la liberté.

Ce qui nous réunit ici aujourd’hui –ce qui est nouveau– c’est le flot sans précédent de combattants ces dernières années, depuis et vers des zones de conflits, y compris l’Afghanistan et la Corne de l’Afrique, le Yémen, la Libye et, plus récemment, la Syrie et l’Iraq. Nos services de renseignement estiment que plus de 15000 combattants étrangers de plus de 80 pays se sont rendus en Syrie ces dernières années. Un grand nombre a rejoint des organisations terroristes telles que celles affiliées à Al-Qaida, le Front el-Nosra et l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL), qui menace maintenant les populations partout en Syrie et en Iraq. Je tiens à saluer le Premier Ministre iraquien, M.al-Abadi et à le remercier d’être présent ici aujourd’hui.

Au Moyen-Orient et ailleurs, ces terroristes exacerbent les conflits. Ils posent une menace immédiate aux populations de ces régions. Comme nous l’avons déjà vu dans plusieurs cas, ils pourraient tenter de rentrer dans leur pays d’origine pour y mener des attaques meurtrières. Face à cette menace, un grand nombre de nos pays, travaillant ensemble et à l’ONU, ont intensifié leur coopération. À travers le monde, des combattants terroristes étrangers ont été arrêtés, des plans ont été déjoués et des vies sauvées. Plus tôt cette année, à West Point, j’ai affirmé la nécessité d’un nouveau partenariat pour aider les pays à renforcer leur capacité de parer la menace du terrorisme en constante évolution, y compris celle posée par les combattants terroristes étrangers. Empêcher que ces personnes n’atteignent la Syrie puis franchissent de nouveau discrètement nos frontières est un élément essentiel de notre stratégie visant l’affaiblissement et, à terme, la destruction de l’EIIL.

La résolution historique 2178 (2014), que nous venons d’adopter exprime notre volonté de faire face à ce problème. Elle est juridiquement contraignante. Elle définit de nouvelles obligations que les pays doivent respecter. Plus précisément, il est demandé aux pays de prévenir et d’éliminer les activités de recrutement, d’organisation, de transport ou d’équipement bénéficiant à des combattants terroristes étrangers, ainsi que le financement des voyages et activités de ces personnes. Les pays doivent prévenir les mouvements de terroristes ou de groupes terroristes sur leur territoire et veiller à ce que leur législation interne permette d’engager des poursuites contre ceux qui tentent de le faire.

La résolution que nous avons adoptée aujourd’hui invite les États à aider à renforcer la capacité des États en première ligne de ce combat, y compris les pratiques optimales qu’un grand nombre de nos pays ont approuvées hier, et que les États-Unis s’emploieront à promouvoir grâce à notre fonds pour des partenariats antiterroristes (Counter terrorism Partnerships Fund). Cette résolution renforcera la coopération entre pays, notamment en partageant davantage d’informations sur les voyages et les activités des combattants terroristes étrangers, et indique clairement que le respect des droits de l’homme, des libertés fondamentales et de l’état de droit n’est pas optionnel –c’est un élément essentiel pour que nos efforts de lutte antiterroriste soient efficaces. L’histoire nous apprend en effet que le non-respect de ces droits et libertés peut en fait alimenter l’extrémisme violent.

Enfin, cette résolution reconnaît qu’il n’y a pas de solution militaire au problème des personnes qui se sont fourvoyées et cherchent à joindre des organisations terroristes. Elle exhorte par conséquent les États à travailler ensemble pour contrecarrer l’extrémisme violent qui peut conduire à la radicalisation, au recrutement et à la mobilisation de personnes pouvant se livrer au terrorisme. Les recrues potentielles doivent entendre ce que disent d’anciens combattants terroristes qui ont vu la réalité des faits, à savoir que des groupes tels que l’EIIL trahissent l’Islam en tuant des hommes, des femmes et des enfants innocents, dont la majorité sont musulmans. Les populations locales –familles, amis, voisins et chefs religieux– sont souvent les plus à même d’identifier et d’aider des personnes désabusées avant qu’elles ne succombent à des idéologies extrémistes et ne s’adonnent à la violence. C’est pourquoi le Gouvernement des États-Unis est déterminé à travailler avec des communautés aux États-Unis et dans le monde entier pour établir des partenariats de confiance, de respect et de coopération.

De même, alors même que nous luttons sans relâche contre les terroristes qui menacent notre population, nous devons intensifier nos efforts visant à éliminer les conditions –la répression, le manque de possibilités et, trop souvent, le désespoir– qui peuvent rendre certaines personnes plus réceptives que d’autres aux appels à l’extrémisme et à la violence. Il faut notamment continuer de rechercher une solution politique en Syrie permettant à tous les Syriens de vivre en sécurité, dans la dignité et en paix. C’est ce que nous devons faire ensemble en tant que pays. Ce sont les partenariats que nous devons établir en tant que communauté internationale. Ce sont les critères auxquels nous devons maintenant satisfaire.

Pourtant, alors même que nous sommes guidés par les engagements que nous prenons ici aujourd’hui, je voudrais terminer en énonçant une évidence. Les résolutions, seules, ne suffiront pas. Les promesses faites sur le papier ne peuvent pas garantir notre sécurité. Les nobles discours et les bonnes intentions n’arrêteront aucune attaque terroriste. Les paroles prononcées ici aujourd’hui doivent être traduites dans les faits, l’action jointe à la parole. Des mesures concrètes doivent être prises au sein des pays et entre les pays, non seulement dans les prochains jours mais aussi pour les années à venir. En effet, s’il y a un défi, dans notre monde interdépendant, qui ne peut être relevé par un pays agissant seul, c’est celui-là: des terroristes franchissant les frontières et menaçant de déchaîner des violences indicibles.

Ces terroristes pensent que nos pays ne seront pas en mesure de les stopper. La sécurité de nos citoyens exige que nous les arrêtions. Je suis ici aujourd’hui pour dire que tous ceux qui se sont engagés à participer à cet effort urgent constateront que les États-Unis d’Amérique sont un partenaire résolu et solide.

Je reprends à présent mes fonctions de Président du Conseil. Je donne maintenant la parole aux autres membres du Conseil de sécurité.

La déclaration du Président Hollande :

Monsieur le Président, je voudrais d’abord remercier le Président Obama et l’ensemble des membres du Conseil de sécurité de s’être associés à la peine du peuple français dans l’épreuve qu’il traverse. En effet, Hervé Gourdel, un ressortissant qui allait pratiquer son loisir préféré, la montagne, en Algérie, et qui était retenu comme otage depuis dimanche, a été assassiné dans des conditions effroyables, puisqu’il a été décapité.

Ce n’est pas la première fois que la France est touchée par des actes terroristes, et elle n’y a jamais cédé. Elle en sort à chaque fois plus forte et plus solidaire. D’autres pays aussi ont été frappés par cette barbarie. Il y a encore quelques jours, deux Américains et un Britannique ont été traités de la même façon, aussi cruelle. Il n’y a pas de nationalité qui compte: toutes les victimes du terrorisme méritent le respect et méritent l’hommage que nous devons à leur mémoire. Il n’y a pas de religion qui compte: toutes les victimes sont égales devant, hélas, la brutalité du terrorisme.

Le terrorisme n’est pas une réalité nouvelle. Depuis des années, nous l’affrontons, mais il a pris une autre dimension, il a une rétention. Il veut conquérir des territoires, il veut organiser des États, il veut soumettre des populations, il frappe des populations civiles, des femmes, des enfants. Il a de nouveaux noms: il ne s’appelle plus seulement Al-Qaida, ou Al-Qaida au Maghreb islamique, mais Boko Haram ou Daech. Justement, Daech est l’incarnation la plus récente de cette folie terroriste. Son caractère est nouveau en ce sens qu’il a la volonté de conquérir, et aussi d’attirer un nombre croissant de nos concitoyens, où qu’ils soient, pour rejoindre ce combat. Il attire des populations souvent jeunes et de toutes nationalités, et pas simplement, comme il est dit souvent, d’origine musulmane, même si l’islam n’a rien à voir dans ce combat.

Aucun de nos pays n’est à l’abri, aucun, même lointain. Il y a des tentations – et il y a Internet, qui fait que le réseau s’organise. Chaque jour, des hommes, des femmes et même des enfants, des familles entières, partent pour rejoindre le combat de Daech. C’est une mise en cause de notre propre sécurité. Tout à l’heure, le Président Obama a parlé de 15000 combattants étrangers. Parmi ces 15000 personnes, 1000 Français ou résidents de France sont en Syrie ou en Iraq. Ce chiffre est en augmentation de 50% depuis le début de l’année. Ce qui est vrai pour la France est vrai pour l’Europe tout entière. Notre réponse doit donc être globale; elle doit être rapide et elle doit être durable.

D’abord, nous devons prendre des mesures dans chacun de nos pays. La France, de ce point de vue, a adapté sa législation, et un texte est en discussion au Parlement. Il vise à prévenir, à empêcher le départ d’individus, à l’interdire même, quand il y a des raisons sérieuses de penser que le déplacement a une finalité terroriste. Il y a aussi une volonté de mettre en cause la propagande terroriste sur Internet, et les sites qui appellent à la haine seront fermés. Enfin, notre législation organisera la lutte contre les filières car ces combattants étrangers ne partent pas seuls ; ils partent parce qu’ils sont dans un réseau et qu’il y a, là aussi, des organisations qui les conduisent jusqu’à la zone des combats.

Aujourd’hui, c’est un moment très important, avec l’adoption, par le Conseil de sécurité, d’une nouvelle résolution en vertu du Chapitre VII (résolution 2178(2014)).

Cette stratégie que nous avons définie est une stratégie mondiale pour lutter contre le terrorisme, en appréhendant le phénomène non pas simplement des combattants étrangers mais de toutes les filières qui amènent des jeunes –ou des moins jeunes, mais souvent de très jeunes gens– à aller là où ils n’ont aucun intérêt à se rendre. Nous devons renforcer le dispositif juridique international et cette résolution est aussi un message de fermeté et d’unité de la communauté internationale tout entière. Nous avons une menace commune, nous avons une réponse commune, qui est multiple, militaire, et nous avons, les uns et les autres, à prendre nos responsabilités –la France l’a fait– pour répondre aux demandes des nouvelles autorités iraquiennes. Je salue au passage le Premier Ministre de l’Iraq.

La réponse est aussi politique, elle est aussi économique, elle est humanitaire. Mais notre réunion est aussi un acte de volonté. Nous devons lutter contre tous les trafics, je dis bien tous les trafics, car ce sont les trafics qui financent le terrorisme, et jamais ces groupes n’ont été aussi puissants, aussi fortunés, aussi alimentés, aussi armés. Donc, nous devons avoir une réponse qui puisse non seulement permettre de lutter contre les influences, les embrigadements, mais aussi contre les sources de financement du terrorisme.

Enfin, nous devons mener cette stratégie en respectant le droit et les libertés. Nous devons le faire en respectant les religions, et notamment l’islam Nous devons le faire en luttant contre les causes du terrorisme: le désespoir, la misère, les inégalités, tout ce qui engendre le fanatisme. Nous devons le faire sans faiblesse aucune, mais en même temps avec l’intelligence que donne la démocratie. Contre la barbarie, la force est non seulement nécessaire, mais elle est légitime. Et en même temps, elle ne suffit pas; il nous faut apporter des solutions politiques pour assécher les sources mêmes de ce qui fait le terrorisme, et la France y prendra toute sa part.

La déclaration du Premier Ministre Cameron :

Le conflit en Iraq et en Syrie choque le monde par sa barbarie. Ces actes de sauvagerie –décapitations, yeux arrachés, viols– sont horribles, pratiquement médiévaux. L’assassinat monstrueux du Français Hervé Gourdel est l’horreur la plus récente. Le Président et le peuple français ont toute notre sympathie. Mais l’un des aspects les plus troublants de ce conflit est l’attrait qu’il exerce sur la jeunesse de nos sociétés modernes et prospères, et la menace que posent ces combattants étrangers est plus grande aujourd’hui que jamais auparavant.

Je rends hommage au Président Obama pour le rôle moteur qu’il assume face à ce problème capital. C’est un problème qui nous touche tous. Les chiffres globaux sont connus, mais qu’il me soit permis de dire ici que 500 de ces fanatiques de mon propre pays se sont rendus en Syrie et en Iraq. Les meurtres horribles et choquants de James Foley, de Stephen Sotloff et de David Haines par un combattant ayant apparemment un accent britannique mettent au jour la nature directe et sinistre de cette menace. Le peuple britannique est écœuré de voir qu’un citoyen britannique puisse être mêlé ainsi à de tels assassinats, dont celui d’un compatriote qui s’était rendu en Syrie pour aider la population. C’est le contraire même de l’esprit pacifique et tolérant qui caractérise notre pays. C’est pourquoi nous devons adopter une riposte qui émane de l’ensemble du Gouvernement et de la société et de tous les pays concernés au sein de la coalition internationale la plus large possible.

Il n’y a pas de réponse facile ni de solution rapide, et je pense que nous aurons à traiter les effets de cette menace pendant des années, car, comme on l’a dit, il ne s’agit pas seulement de l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL). Il s’agit des Chabab. Il s’agit de Boko Haram. Il s’agit d’Al-Qaida. Partout des conflits font rage et partout on recense des problèmes de gouvernance–l’argumentaire empoisonné de l’extrémisme islamiste fait désormais florès

Toutefois, il me semble qu’il y a trois choses que nous pouvons faire.

Premièrement, nous devons intensifier nos efforts de lutte antiterroriste afin de prévenir les attentats et de pourchasser ceux qui les planifient. Pour notre part, au Royaume-Uni, nous créons actuellement de nouvelles prérogatives qui visent à renforcer notre capacité à saisir des passeports et à empêcher des suspects de voyager; nous permettre temporairement de prévenir le retour de nationaux britanniques au Royaume-Uni; veiller à ce que les compagnies aériennes mettent en application nos listes d’interdictions de vol et les dispositions que nous avons prises en ce qui concerne les contrôles de sécurité; et donner à nos services de police et de sécurité les moyens de limiter davantage les déplacements des personnes qui se trouvent encore sur notre territoire mais constituent néanmoins un risque.

Deuxièmement, et je crois que c’est crucial, nous devons battre en brèche l’idéologie extrémiste nocive qui est à la base même de cette menace terroriste. Oui, il y a les sites Web et il y a les prêcheurs qui prônent la violence et l’extrémisme, et bien sûr il faut les faire taire. Toutefois, il ressort du parcours des individus condamnés pour des infractions à caractère terroriste que beaucoup d’entre eux ont d’abord été influencés par des prêcheurs qui affirment ne pas encourager la violence, mais dont la vision du monde peut servir à la justifier.

Cette vision du monde, nous la connaissons: le colportage de mensonges qui consistent à dire que les attentats du 11 septembre ont résulté d’un complot juif ou que les attaques du 7 juillet à Londres n’étaient qu’une mise en scène; l’idée selon laquelle les musulmans sont persécutés dans le monde entier et que cela relève d’une politique délibérée de l’Occident; et le concept d’un choc inévitable entre les civilisations. Il faut être clair: pour mettre en déroute l’idéologie extrémiste, nous devons nous attaquer à toutes les formes d’extrémisme, et pas seulement à l’extrémisme violent. Cela suppose d’interdire aux prêcheurs de haine de venir dans nos pays. Cela suppose de proscrire les organisations qui incitent à commettre des actes de terrorisme contre les populations, chez nous et à l’étranger. Cela suppose d’empêcher les extrémistes, violents ou non, de faire l’apologie de la haine et de l’intolérance dans nos écoles, nos universités et même parfois nos prisons. Autrement dit, cela suppose de prendre des mesures fermes et décisives pour protéger et faire prévaloir les valeurs de nos sociétés libres et démocratiques.

Euh, qui va définir ce qu’est un “extrémiste non violent” ?

(heureusement qu’il est déjà mort lui…)

D’autres l’ont dit avant moi, nous devons proposer une autre interprétation du réel, en particulier à l’attention de ces jeunes. J’ai été frappé par ce qu’a dit le Secrétaire général–que les missiles peuvent tuer des terroristes mais que la gouvernance peut tuer le terrorisme. Il nous faut répéter encore et encore que cela n’a rien à voir avec la religion musulmane, qui est une religion de paix. Nous avons besoin que les pays musulmans, les uns après les autres, et les responsables musulmans, les uns après les autres, prennent la parole à cet égard, comme l’a fait si clairement aujourd’hui le Roi de Jordanie en condamnant les personnes qui prétendent parler au nom de l’islam alors qu’il n’en est rien.

Troisièmement, et pour finir, outre les mesures qu’il nous incombe à chacun de prendre individuellement dans notre propre pays, nous devons faire bien plus, en travaillant ensemble, pour venir à bout de cette menace. L’EIIL ne pourra être défait que si nous employons toutes les armes dont nous disposons. Oui, nous devrions imposer des sanctions à l’EIIL et le Front el-Nosra, et je pense que nous devrions aller plus loin, mais il nous faut également utiliser nos réserves humanitaires pour nourrir les populations touchées et leur porter secours. Nous devons mobiliser notre diplomatie et nous appuyer
sur des règlements politiques pour renforcer les pays représentent l’ensemble de la population dont ils ont la charge et, oui, qui entendent ses doléances.

Le Royaume-Uni est résolu à relever ce défi. Seule une réponse cohérente et coordonnée peut nous permettre d’éliminer ce qui est, de fait, une menace mondiale et aveugle. Cela doit s’inscrire dans le cadre d’une stratégie globale visant à démanteler et détruire l’EIIL.

Il est essentiel que cette stratégie nous amène à travailler en tandem avec les États arabes, toujours dans l’intérêt des populations locales, conformément à nos obligations juridiques et au titre d’un plan qui implique notre aide humanitaire, notre diplomatie et, oui, nos forces armées.

Nous devons agir, et nous devons agir maintenant.


Source : ONU

Source: http://www.les-crises.fr/resolution-2178-reactions-de-nos-dirigeants/