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[Révisionnisme 2.0] Porochenko considère que les membres de l’UPA sont des héros de l’Ukraine…

Thursday 2 October 2014 at 02:42

Du vrai beau révisionnisme – mais attention, conforme “aux valeurs européennes” !

Important (et bref) rappel sur l’Histoire ukrainienne pour commencer

Pour ceux qui ont été fidèles cet été, je vous rappelle cette série :

En résumé :

  1. les nationalistes ukrainiens ont été soutenus dès les années 1920 par les Allemands, en particulier dans leur lutte armée contre l’État polonais
  2. ce soutien s’est amplifié avec les nazis, les SA de Rohm travaillaient avec eux
  3. en juin 1941, à l’instigation de Stepan Bandera et de son organisation (l’OUN), des troupes de nationalistes ukrainiens sont engagées dans la Wehrmacht (“bataillon Nachtigall“), et pénètrent en Ukraine en général et à Lviv en particulier – cette arrivée s’accompagnant de pogroms anti-Juifs
  4. les nationalistes ukrainiens proclament alors un État indépendant d’Ukraine, ce qui met Hitler en furie ; il fait alors arrêter Bandera. Il est méchant, car la déclaration d’indépendance des Ukrainiens n’était pas spécialement germanophobe : “Le nouvel État d’Ukraine collaborera étroitement avec la Grande Allemagne national-socialiste, sous l’autorité de son leader Adolf Hitler, qui est en train de mettre en place un Nouvel ordre Européen et Mondial, et qui est en train d’aider le peuple ukrainien à se libérer de l’occupation moscovite. L’armée populaire révolutionnaire de l’Ukraine qui a été formée sur les terres ukrainiennes,continuera à se battre aux côtés de l’armée allemande alliée.(Source)
  5. les nationalistes se scindent alors ; certains rejoignent les Waffen SS (Division SS Galicie) pour aller combattre les Russes, d’autres prennent le maquis (UPA, bras armé de l’OUN). Ces derniers s’en prennent essentiellement aux partisans communistes et aux résistants polonais. Ils commirent aussi nombre d’exactions contre les civils non-Ukrainiens. Après Stalingrad, il commenceront à s’en prendre aussi aux Allemands.
  6. à partir de mai 1944, l’UPA bascule complètement dans la lutte contre l’Armée Rouge. Les Allemands arment alors l’UPA et libèrent Bandera, qui reçoit l’autorisation d’installer son QG à Berlin… Stetsko est sévèrement blessé en avril 1945 par une attaque alliée sur des véhicules militaires allemands en Bohème ; il s’installera ensuit en Allemagne
  7. elle continuera à lutter durement contre l’URSS jusqu’au début des années 1950, où elle sera écrasée. Ses leaders se réfugieront en Allemagne, aux États-Unis et au Canada…
  8. Bandera est assassiné par le KGB en 1959 à Munich où il vivait

Pour bien situer, un proche de Bandera déclara en 1941 :

« Le peuple ukrainien comme aucun autre, lutte pour sa liberté, l’âme imprégnée des idéaux de la nouvelle Europe. Le désir du peuple ukrainien est de participer à la mise en œuvre de ces idéaux. Nous, vieux combattants de la liberté des années 1918-1921, vous demandons de nous faire l’honneur d’accepter la participation de la jeunesse ukrainienne à la croisade contre la barbarie bolchevique. Nous demandons de nous permettre de marcher coude à coude avec nos libérateurs de la Wehrmacht et d’établir pour cela une force de combat ukrainien. » [Andrei Melnyk, 6/7/1941]

L’Organisation de Bandera (OUN) déclara dès 1929 : « N’hésitez pas à effectuer les actes les plus dangereux » et « Traitez les ennemis de votre nation avec haine et cruauté. ».

En mai 1941, lors d’une réunion à Cracovie la direction de l’OUN-B indiqua que :

« Les Juifs en URSS constituent le soutien le plus fidèle du régime bolchevique, et l’avant-garde de l’impérialisme moscovite en Ukraine. Le gouvernement moscovito-bolchévique exploite les sentiments anti-juifs des masses ukrainiennes pour détourner leur attention de la véritable cause de leur malheur et de les canaliser dans un moment de frustration dans les pogroms contre les Juifs. L’OUN combat les Juifs en tant que pilier du régime moscovito-bolchévique et, simultanément, il rend les masses conscientes du fait que l’ennemi principal est Moscou. »

Lors de cette réunion, l’OUN a adopté le programme « Lutte et l’action de l’OUN pendant la guerre » qui décrit le plan d’action lors du début de l’invasion nazie de l’URSS. Dans la section G de ce document – « Directives pour les premiers jours de l’organisation du nouvel État ukrainien », est dressée la liste des activités à mener durant l’été 1941. Dans le paragraphe « Politique envers les minorités » l’OUN-B ordonne :

« Les Moscovites, les Polonais et les Juifs nous sont hostiles et doivent être exterminés dans cette lutte, en en particulier ceux qui résisteraient à notre régime : il faut les reconduire dans leurs terres, surtout : détruire leur intelligentsia qui pourrait être dans des positions de pouvoir. […] Les soi-disant paysans polonais doivent être assimilés, et il faut détruire leurs leaders. […] Les Juifs doivent être isolés, relevés de leurs fonctions gouvernementales pour empêcher le sabotage, et ceux qui sont jugés nécessaires ne pourront travailler qu’avec un surveillant. […] L’assimilation des Juifs n’est pas possible. »

Le 25 juin 1941, Yaroslav Stetsko – le futur « chef de l’État ukrainien» auto-proclamé quelques jours après – , dans un rapport à Bandera, écrivait : «Nous créons une milice qui aidera à éliminer les Juifs et à protéger la population. ».

En aout 1941, le même Stetsko écrivit son autobiographie, qui contenait plusieurs passages antisémites notoires, en particulier, il y déclarait qu’il considérait le marxisme comme un produit de la pensée juive, mise en pratique par le peuple moscovite-asiatique avec l’aide des Juifs ; que Moscou et le judaïsme sont les porteurs des idées internationales des bolcheviks. Il y déclare aussi :

« Bien que je considère que c’est Moscou, qui en fait tient l’Ukraine en captivité, et non pas les Juifs, comme l’ennemi principal et décisif, je considère tout de même pleinement le rôle indéniablement nuisible et hostile des Juifs, qui aident Moscou à asservir Ukraine. Je soutiens donc la destruction des Juifs et la pertinence de l’apport des méthodes allemandes d’extermination des Juifs en Ukraine, plutôt que de tenter de les assimiler. »

Les mémoires de Stetsko

On voit ce “brave homme” ici, en 1941, offrant le pain et le sel traditionnels aux anciens maîtres “libérateurs allemands” :

Et ici, quelques décennies plus tard, avec les nouveaux maîtres :

Stetsko rencontre George Bush, alors responsable de la CIA

(comme quoi les Américains ont des valeurs, mais surtout boursières…)

Les rapports de l’OUN ont été conservés. On y lit par exemple ceci :

« N° 82 P

Ville de Lvov, le 28 juillet 1941.

Au service de sécurité de l’OUN de Lvov, le père Tabinsky nous informe : « Notre milice procède maintenant à de nombreuses arrestations de juifs, avec les services allemands. Avant leur liquidation, les Juifs se défendent par tous les moyens, et, en premier lieu, par l’argent ».

Suivant les informations du père Tabinsky, il y a, parmi nos miliciens, certains qui, pour de l’or ou de l’argent, libèrent des juifs : ils doivent être arrêtés. Nous n’avons pas de données concrètes, mais nous vous transmettons ceci pour informations et utilisation ultérieure.

Gloire à l’Ukraine !

Organisation des nationalistes ukrainiens OUN.»

Dans un rassemblement le 6 juillet 1941, les membres de l’OUN déclarèrent : « Les Juifs doivent être traités durement. […] Nous devons en finir avec eux. […] En ce qui concerne les Juifs, nous allons adopter des méthodes qui conduiront à leur destruction. »

Après l’emprisonnement de Bandera, les bataillons ukrainiens de la Wehrmacht Nachtigall et Roland furent alors dissous fin 1941, et les activistes volontaires de l’OUN-B furent affectés à l’Ukrainian Schutzmannschaften, une milice auxiliaire de police. Cette milice comptait plus de 100 000 Ukrainiens en 1942, et s’impliqua activement dans l’arrestation et le meurtre de Juifs, communistes et résistants. Le leader militaire de l’OUN-B et de l’UPA Roman Choukhevytch devint commandant du 201st Schutzmannschaft Battalion, qui sévit jusqu’en Biélorussie.

Des héros de l’Ukraine ?

L’ancien président ukrainien europhile Viktor Iouchtchenko (2004-2010) a élevé Bandera (et l’ancien chef de l’UPA Roman Choukhevytch) à la dignité posthume de Héros d’Ukraine par un décret signé le 22 janvier 2010, provoquant une vague de protestations dans la Fédération de Russie et au sein de la population russophone d’Ukraine, ainsi que la désapprobation et des mises en garde d’associations d’anciens combattants en Europe.

Soulignons la finesse du geste : le 1er tour de l’élection présidentielle de 2010 a en effet eu lieu le 17 janvier 2010, et Iouchtchenko, président sortant, y a été éliminé, n’ayant obtenu que le score non soviétique de 5 % des voix… Et ceci est survenu la semaine de la commémoration internationale des victimes de l’Holocauste

En 2010, après l’arrivée au pouvoir de Viktor Ianoukovitch (vous savez “le méchant” corrompu), le tribunal régional de Donetsk invalida le décret ; la décision a été confirmée en 2011 par le Haut tribunal administratif d’Ukraine, sous le prétexte formel que Bandera n’était pas citoyen ukrainien et est donc inéligible à cette dignité, et l’attribution de ce titre est annulée.

Le 1er janvier 2014, les nationalistes à Maidan manifestent en l’honneur de Bandera :

Le 27 avril 2014, à Lviv, des centaines de nationalistes manifestent en ce jour anniversaire de la création de la division SS Galicie (dont les manifestants portent l’emblème, ne faisant d’ailleurs pas de différence entre les nationalistes ayant rejoint les SS ou l’UPA) :

Le 10 juillet 2014, le conseil régional de Lviv – rempli d’élus de Svoboda – demandait à Porochenko d’accorder de nouveau le titre de héros à ces nationalistes :

Petro Porochenko

Et donc le 25 septembre 2014, le président Porochenko a reçu le message 5/5 (Interfax ici):

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L’UPA, des héros, à qui il faut donner le statut d’anciens combattants…

Comme quoi, il semble y avoir une petite corrélation entre l’aspect président europhile et président pro-nationaliste révisionniste…

Rappel

On ne va pas aller bien loin, tout est dans Wikipedia :

80 000 civils massacrés par les héros de l’UPA…

Cf. [U3-6] L’UPA en action et les Massacres de la Volhynie

Et voici le commandant de l’UPA Roman Choukhevytch :

Roman Choukhevytch dans le bataillon Nachtigall de la Wehrmacht (en bas 2e à gauche)

Roman Choukhevytch en habit de la Wehrmacht

Des héros ?

Les éphémères “héros” Stepan Bandero & Roman Choukhevytch

Bref, on saluera la hauteur de vue du Président d’aller remuer tout ceci, alors qu’une vaste partie des habitants de l’Est du pays en sécession ont vu leurs grands-parents combattus dans l’armée rouge par l’UPA…

Apaisement ?

Heureusement, EuroMaidan veille

On peut compter sur le mouvement EuroMaidan – qui ne se sent plus de joie à cette annonce – pour rétablir la Vérité :

L’article se conclut donc par cette phrase :

La propagande russe continue toujours de discréditer ces vétérans et leurs soutiens en tant que “nazis” et “fascistes” bien qu’ils aient combattu à la fois les fascismes allemand et russe durant la Seconde Guerre mondiale.

Bref, c’est ENCORE la faute des Russes…

On notera l’argument massue “comme ils combattaient des fascistes, ils n’étaient pas fascistes”, comme si des loups ne pouvaient pas se dévorer entre eux…

Par ailleurs, c’est un raccourci scandaleusement manipulateur, balayant la complexité de la situation – et surtout la noirceur des crimes passés…

 

À moins que je raconte n’importe quoi, et qu’EuroMaidan n’ait raison…

Quoique…

Le Centre Simon Wiesenthal (qui était originaire de la région de Lviv et a fait partie des très rares survivants – le centre est donc très sensible à cette question…) a ainsi réagi (si quelqu’un peut traduire en commentaire svp merci) :

Le 28 janvier 2010 :

Le Centre Simon-Wiesenthal a dénoncé, dans une lettre adressée à l’ambassade ukrainienne aux États-Unis, l’attribution du titre de Héros de l’Ukraine à un « collaborateur nazi responsable du massacre de milliers de Juifs pendant la guerre de 1939-1945. »

Le Centre Wiesenthal critique violemment la décoration d’un collaborateur nazi par l’ukraine.

Un représentant du Centre Simon Wiesenthal a déclaré : “C’est une vraie mascarade quand une telle décoration est accordée, juste au moment où le monde fait une pause pour commémorer les victimes de l’holocauste, le 27 janvier”.

Le Centre Simon Wiesenthal a condamné aujourd’hui le président Ukrainien Vicktok Yushchenko pour avoir accordé, de manière posthume, la plus haute distinction du pays, le titre de “Héros de l’Ukraine”, à Stéphane Bandera.

Ce dernier était un dirigeant nationaliste, dont les disciples ont tué des milliers de juifs et d’autres personnes pendant la deuxième Guerre mondiale.

Mark Weitzman, le directeur des affaires gouvernementales au Centre Wiesenthal a écrit une lettre à Oleh Shamshur, l’ambassadeur d’Ukraine aux États-unis, dans laquelle il exprime le profond dégoût que lui inspire la décoration de Stéphane Bandéra, collaborateur des nazis aux débuts de la deuxième guerre mondiale. Les disciples de ce dernier ont été impliqués dans le meurtre de milliers de juifs et d’autres personnes. C’est une vraie mascarade qu’une telle décoration soit accordée juste au moment où le monde fait une pause pour commémorer les victimes de l’Holocauste, le 27 janvier.

Monsieur Weitzman a ajouté que, “sur le tard, la devise de Simon Wiesental, celui qui a donné son nom à notre institution, célèbre “Conscience de l’Holocauste” et natif d’Ukraine, était “Justice et non Vengeance”. C’est vraiment dommage que le président Yushchenko ait choisi d’ignorer cette leçon, en reprenant l’héritage de Bandera et de ses séides criminels.

En juin 2012 :

In Kiev, Odessa and Lviv, hundreds marched to mark the birthday of Ukrainian nationalist hero Stepan Bandera, who headed the Organization of Ukrainian Nationalists (OUN), which collaborated with the Nazis and actively participated in the mass murder of Jews following the German occupation of Ukraine in 1941. In 2010, the Simon Wiesenthal Center condemned President Viktor Yushchenko for posthumously awarding the “Hero of Ukraine,” one of the country’s highest honors, to Bandera.

Le 18 octobre 2013

“For Jews and Poles, the OUN-UIA indisputably practised a policy of mass murder with the former as the principal target. The SS Halychyna Division was not a legitimate Ukrainian defence corps. It was an executive of Nazi extermination. Bandera and Shukhevych are not historic heroes. They are the icons of the contemporary anti-Semitic, anti-Roma, anti-Pole and anti-Gay Svoboda (Freedom) Party now present in your Parliament.

Bon ben, il va falloir choisir entre le centre Simon Wiesenthal et Porochenko / EuroMaidan – j’ai choisi pour ma part, estimant que les victimes connaissent en général assez bien leurs bourreaux…

 

Il y a ainsi des symboles qui valent ainsi 1 000 discours…

Source: http://www.les-crises.fr/porochenko-considere-que-les-membres-de-lupa-sont-des-heros/