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“Tout n’est pas de la faute à Poutine”, par Stephen Cohen

Sunday 7 February 2016 at 02:49

Source : Oriental Review, 07-12-2015

Prof. Stephen COHEN (USA)

Transcription du discours du Professeur Stephen Cohen au « Center for Citizen Initiatives » au San Francisco Commonwealth Club, le 18 novembre, 2015.

…Je suis ravi de me retrouver ici à San Francisco en votre compagnie. Plus on s’éloigne de Washington et des médias dominants, plus les présentations deviennent aimables !

Quelques-uns parmi vous savent peut-être que notre petit groupe, qui a protesté contre la politique américaine depuis le début de la crise ukrainienne il y a deux ans, se sont vus décrire en termes sévères et désobligeants comme des “apologistes de Poutine, des idiots utiles de Poutine, les meilleurs amis de Poutine en Amérique.”

Paris aurait dû changer tout cela, mais pour ces gens-là, il n’en fut rien. Je suis allé sur Internet ce matin et c’était toujours le même son de cloche. Alors, permettez-moi de commencer en disant quelques mots à mon sujet.

Ma réponse à ces accusations est la suivante, “Non, c’est moi qui suis un patriote de la sécurité nationale américaine, et pas vous… » en fait, je l’ai été depuis que j’ai commencé à étudier la Russie il y a quelque 50 ans.

J’ai débuté au Kentucky, puis je suis allé à l’Université d’Indiana, et de vieux amis ici présents peuvent témoigner que je mon attitude était la même il y a nombre d’années.  En chemin, je suis arrivé à la conviction – il n’importe pas de savoir pourquoi et comment – que la sécurité nationale américaine passe par Moscou.  Ceci signifie qu’un Président américain doit avoir un partenaire au Kremlin – pas un ami, mais un partenaire. C’était vrai au temps de l’Union Soviétique, c’est vrai aujourd’hui.

Et cela demeure vrai quels que soit le danger existentiel ou la menace mondiale grave que vous montiez en épingle. Pour certains, c’est le changement climatique, pour d’autres, les droits humains, pour d’autres [la nécessité] d’étendre la démocratie. Pour moi, depuis un bout de temps, c’est la nouvelle forme de terrorisme qui frappe le monde aujourd’hui. Ces terroristes ont cessé d’être des « acteurs non-étatiques. » Ces types sont organisés, ils ont une armée, ils ont un état auto-proclamé, ils ont d’amples ressources et ils ont la faculté de nous faire beaucoup de mal en diverses parties du monde. Tout le monde semble avoir oublié le 11-septembre et Boston, mais Paris devrait nous rappeler ce qui est en jeu.

Pour moi, donc, le terrorisme international est la menace, aujourd’hui, dans le monde, qui devrait être la priorité de l’Amérique en fait de sécurité nationale. Et je veux dire qu’il devrait être la top priorité pour le Président des Etats-Unis, qu’il ou elle soit un Républicain ou une Démocrate. C’est la menace existentielle représentée par cette nouvelle forme de terrorisme, de guerres civiles menées par des zélotes religieux, ethniques – et, pire que tout, ces types veulent désespérément mettre main basse sur des matières premières dans le but de fabriquer des armes de destruction massive. Le contenu d’une seule tasse de matière radioactive dans un de ces avions du 11-septembre aurait rendu le bas-Manhattan inhabitable, à ce jour.

Les terroristes d’aujourd’hui utilisent des armes conventionnelles, bombes, mortiers et armes à feu. Mais si à Paris ils avaient eu à leur disposition une seule tasse de matière radioactive, il aurait fallu évacuer Paris. C’est ça la vraie menace, aujourd’hui. Cette sorte de menace ne peut pas être diminuée, contenue et encore moins éradiquée à moins d’avoir un partenaire au Kremlin. Voici le premier et le dernier mot de toute cette histoire. Notez encore une fois que je n’ai pas dit un « ami, » mais un partenaire. Nixon et Clinton nous rebattaient les oreilles avec leur « cher ami Brejnev, » et leur ami Eltsine; tout cela, c’était du théâtre. Je me moque que nous aimions ou non le leader du Kremlin; ce qu’il nous faut, c’est reconnaître nos intérêts communs pour former un partenariat – comme deux personnes qui font des affaires ensemble établissent un contrat. Ils ont les mêmes intérêts et ils doivent pouvoir se faire confiance – car si l’une des deux viole le contrat, les intérêts de l’autre sont compromis.

Nous n’avons pas cela avec la Russie, même après Paris, et c’est en substance ce dont nous avons besoin, comme je ne cesse de le dire depuis quelques années. On me rétorque que mes vues sont « pro-Poutine » et non-patriotiques, ce à quoi je réponds : “Non, ceci est la plus haute forme de patriotisme au regard de la sécurité nationale américaine.”

Je vais donc soulever quelques points aujourd’hui, très rapidement et plutôt crûment, plutôt que de prononcer une leçon. Cela m’intéresse moins de faire la leçon que d’apprendre ce que d’autres ici présents ont à dire.

Mon premier point est le suivant:  La chance d’un partenariat stratégique durable Washington-Moscou a été perdue au courant des années 1990 après la fin de l’Union Soviétique.  En fait, on a commencé à la perdre plus tôt, car Reagan et Gorbatchev nous avaient offert l’opportunité d’un partenariat stratégique entre 1985-89.  Et elle prit fin pour de bon sous l’administration Clinton, et ce ne fut pas du fait de Moscou. Elle prit fin à Washington — elle a été gâchée et perdue à Washington.  Et elle fut si mal perdue qu’à présent, depuis ces dernières années à tout le moins (et je soutiendrais, depuis la guerre de Géorgie en 2008), nous nous sommes littéralement retrouvés dans une nouvelle Guerre Froide avec la Russie. Nombre de gens en politique et dans les médias ne veulent pas l’appeler ainsi, parce que s’ils admettent : « Oui, nous sommes dans une Guerre Froide, » il leur faudrait expliquer ce qu’ils ont fait durant ces vingt dernières années. Alors, ils préfèrent dire : « Non , ce n’est pas une Guerre Froide.”

Et voici mon nouveau point.  Cette nouvelle Guerre Froide a tout le potentiel nécessaire pour être encore plus dangereuse que les quarante ans de Guerre Froide précédente, et ce, pour différentes raisons. Tout d’abord, pensez-y. L’épicentre de la Guerre Froide précédente se trouvait à Berlin, et non à proximité de la Russie. Il y avait une vaste zone tampon entre la Russie et l’Occident en Europe de l’Est. Aujourd’hui, l’épicentre est en Ukraine, littéralement aux frontières de la Russie. C’est le conflit en Ukraine qui a provoqué cela et politiquement, l’Ukraine demeure une bombe à retardement. La confrontation aujourd’hui est non seulement aux frontières de la Russie, mais elle se passe au coeur de la « civilisation slave » russo-ukrainienne. Il s’agit d’une guerre civile aussi profonde par certains aspects que la Guerre de Sécession américaine.

Nombre d’antagonistes en Ukraine ont été élevés dans la même foi, parlent le même langage et sont de mariage mixte. Quelqu’un a-t-il une idée combien il y existe de mariages mixtes russo-ukrainiens aujourd’hui ? Des millions. Presque toutes les familles sont mixtes. Ceci continue d’être une bombe à retardement et peut causer encore du dégât, et amener de plus grands dangers encore. Le fait est que ceci se passe juste à la frontière de la Russie et, de fait, au cœur même de l’âme russo-ukrainienne… ou du moins de la moitié de l’âme ukrainienne… et comme une moitié de l’Ukraine désire appartenir à l’Europe de l’Ouest, cela n’en devient que plus dangereux…

Le point suivant est encore pire: vous vous souviendrez qu’après la crise des missiles de Cuba, Washington et Moscou développèrent certaines règles de conduite mutuelle. Ils reconnurent combien ils avaient périlleusement frôlé une guerre nucléaire, et ils adoptèrent des « en-aucun-cas, » encodés soit dans des traités, soit dans des accords non-officiels. Chacun des deux côtés savait où passait la ligne rouge de l’autre. Les deux côtés ont trébuché dessus à l’occasion, mais ils se retiraient immédiatement parce qu’ils étaient mutuellement d’accord qu’il s’agissait de lignes rouges.  AUJOURD’HUI IL N’Y A PAS DE LIGNES ROUGES.

Une des choses que Poutine et son prédécesseur, le Président Medvedev, ne cessent de dire à Washington est:  Vous franchissez nos Lignes Rouges !  Et Washington dit et continue de dire:“Vous n’en avez pas, de lignes rouges. C’est nous qui avons des lignes rouges et nous pouvons avoir autant de bases que nous voulons autour de vos frontières, mais vous ne pouvez pas avoir de bases au Canada ou au Mexique. Vos lignes rouges n’existent pas!”  Ceci illustre clairement le fait qu’aujourd’hui, il n’y existe pas de règles de conduite mutuelles.

Ces dernières années, par exemple, il y a déjà eu trois guerres par procuration entre les Etats-Unis et la Russie; la Géorgie en 2008, l’Ukraine début 2014, et avant Paris …. Il semblait bien que la Syrie serait la troisième.  Nous ne savons pas encore quelle position Washington prendra sur la Syrie. Hollande a pris sa décision; il a déclaré une coalition avec la Russie. D’après ce qu’on comprend à Moscou, Washington “est silencieux ou opposé à une coalition avec Moscou.

Un autre point important:  Aujourd’hui, il n’y existe absolument aucune force politique ni aucun mouvement anti-Guerre Froide ou Pro-Détente aux Etats-Unis, aucun !––ni au sein de nos partis politiques, ni à la Maison Blanche, ni au Département d’Etat, ni dans les médias dominants, ni dans les universités ou les “think tanks [groupes de réflexion].” Je vois qu’une collègue, ici, opine du chef, car nous nous souvenons que, durant les années 1970 et au long des années 1980, nous avions des alliés jusqu’à la Maison Blanche même, parmi les aides du Président. Nous avions des alliés au Département d’Etat, et nous avions des Sénateurs et des Membres de la Chambre des Représentants qui étaient pro-détente et qui nous soutenaient, qui eux-mêmes élevaient la voix, et qui écoutaient nos points de vue avec attention. Rien de tout cela n’existe aujourd’hui. Sans cette forme d’ouverture et de plaidoyer au sein d’une démocratie, que pouvons-nous faire? Nous ne pouvons pas lancer des bombes pour attirer l’attention ! Nous ne pouvons pas nous faire publier dans les médias dominants, nous ne pouvons pas faire entendre notre voix dans le pays. Cette absence de débat au sein de notre société est extrêmement dangereuse.

Mon point suivant sera une question: Qui est responsable de cette nouvelle Guerre Froide? Je ne pose pas la question pour pointer du doigt qui que ce soit. Ce qui m’intéresse, c’est un changement dans la politique des Etats-Unis qui ne peut venir que de la Maison Blanche, quoique le Congrès pourrait y aider. Mais il faut que nous sachions ce qui a mal tourné dans les relations USA-Russie après la fin de l’Union Soviétique en 1991, et pourquoi… sinon il n’y aura pas de nouveau mode de pensée possible.  Et il n’y aura pas de nouvelle politique. Au point où nous en sommes, il n’y a aucun mode de pensée nouveau dans l’élite américaine politico-médiatique. On s’est beaucoup mis à penser au sein du Parlement Européen. Il y a beaucoup d’angoisse en France et en Allemagne, et même Cameron à Londres s’est mis à reconsidérer.

L’attitude de l’establishment politico-médiatique américain actuel est que cette nouvelle Guerre Froide est entièrement de la faute de Poutine – entièrement, sous tous ses aspects. Nous, en Amérique, nous ne nous sommes trompés en rien. A chaque étape, nous avons été vertueux et sages et Poutine était agressif et un méchant bonhomme. Alors, qu’y aurait-il à repenser? C’est l’affaire de Poutine de repenser, pas la nôtre.

Je ne suis pas d’accord. Et c’est cela qui amené ces scandaleuses attaques sur ma tête et sur celles de mes collègues. J’ai été élevé au Kentucky selon l’adage « il y a deux versions de toute histoire.” Et ces gens disent, “Non, cette histoire, l’histoire des relations russo-américaines, n’a qu’une seule version. Il est inutile d’en considérer la moindre portion avec le regard de la partie adverse. Contentez-vous d’aller sur la place publique et de répéter la « narrative conventionnelle de l’élite dominante. »  Si nous continuons dans cette voie, et ne portons pas attention pas à la situation existante, nous allons avoir un autre “Paris,” et pas seulement aux Etats-Unis.

C’est pourquoi je dis que nous devons être des patriotes de la sécurité nationale américaine et tout reconsidérer. Pour une raison quelconque, l’administration Clinton a déclaré une politique du “gagnant-emporte-tout” à l’encontre de la Russie post-soviétique. Elle a dit : “Nous avons gagné la Guerre Froide.”  Ce n’est pas vrai. L’ex-ambassadeur à Moscou durant l’ère Reagan-Gorbatchev, Jack Matlock, explique dans ses livres tout ce qui s’est passé, à chaque étape des négociations avec Gorbatchev. La réalité, c’est que l’administration Clinton a adopté des politiques mal avisées de par son approche du « gagnant-emporte-tout. »

Quelles furent les conséquences de cette politique ? Il y en eut beaucoup. La pire fut qu’elle ruina la chance d’un partenariat stratégique avec la Russie à un tournant décisif de l’histoire.

Les quatre politiques U.S. qui ont le plus offensé les Russes:

1)  La décision d’étendre l’OTAN jusqu’à la frontière même de la Russie:  ça n’a aucun sens de dire que Poutine a violé l’ordre de l’après-Guerre-Froide en Europe. La Russie a été exclue de l’ordre de l’après-Guerre-Froide en Europe du fait de l’expansion de l’OTAN. La Russie a été repoussée « quelque part au-delà » (au-delà d’une zone de sécurité). La Russie insistait: « Procédons à un arrangement de Sécurité Pan-Européenne comme Gorbatchev et Reagan le proposaient. » Les expansionnistes de l’OTAN dirent : « Ceci n’a rien de militaire, c’est une question de démocratie et de libre échange, ce sera bon pour la Russie, avalez le poison et souriez ! » Et quand les Russes n’avaient pas le choix, dans les années 1990, ils l’ont fait; mais lorsqu’ils sont redevenus plus forts et se sont retrouvés dans la possibilité de choisir, ils ont cessé de subir en silence.

La Russie commença à se défendre, comme l’aurait fait tout dirigeant russe qui aurait été sobre et qui avait le soutien de son pays. Je ne dis pas ça pour rire. A la fin, Eltsine pouvait à peine marcher. Il a été poussé hors de la présidence, il n’a pas démissionné volontairement. Mais le fait est que n’importe qui aurait pu prédire cette situation dans les années 1990 – et certains d’entre nous l’ont fait, souvent et aussi fort qu’il nous était permis.

2)  Le refus de la part des Etats-Unis de négocier au sujet des missiles de défense: les missiles de défense sont maintenant un projet de l’OTAN. Ceci veut dire que les installations de missiles de défense, sur terre ou sur mer (celles sur mer étant les plus dangereuses) font maintenant partie de l’expansion de l’OTAN et de son encerclement de la Russie. La défense anti-missiles fait partie de ce système de défense. Les Russes sont absolument certains que ce sont leurs capacités de représailles nucléaires qui sont visées. Nous disons : « Oh, non, cela concerne l’Iran, cela ne vous concerne pas. » Mais allez donc vous entretenir avec Ted Postel à l’MIT [Massachussetts Institute of Technology]. Il explique que les missiles de défense des dernières générations sont des armes offensives qui peuvent frapper les installations russes. Entre-temps, nous accusons la Russie de développer à nouveau des missiles de croisière; et ils ont recommencé à le faire parce que nous sommes retournés à une course aux armements « œil-pour-œil, dent-pour-dent, » pour la première fois depuis nombre d’années.

3)  Le fait de nous mêler des affaires intérieures de la Russie au nom de la promotion de la démocratie:  en plus de financer les programmes d’ « opposition politique » du National Endowment for Democracy partout en Russie et en Ukraine––êtes-vous conscients du fait que lorsque Medvedev était Président de Russie et que Mme Clinton et Michael McFaul procédèrent à leur merveilleuse « réinitialisation, » (c’était un jeu diplomatique truqué, si vous en regardez les conditions), le Vice-Président  Biden se rendit à l’Université d’Etat de Moscou et déclara que Poutine ne devait pas retourner à la Présidence. Il le lui répéta ensuite à la figure. Imaginez Poutine venant ici dans les semaines à venir et disant à Rubio ou à Clinton d’abandonner la course pour la Présidence!

Reste-t-il encore des lignes rouges quand il est question de notre attitude envers la Russie ? Avons-nous le droit de dire et de faire tout ce que nous voulons ? Ceci s’étend à tous les domaines, et certainement à la politique. La Maison Blanche ne peut simplement pas se taire, harcelée comme elle l’est par les lobbies anti-russes accrédités et les médias dominants. Nous croyons tous en la démocratie, mais que cela nous plaise ou non, nous ne pourrons pas imposer la démocratie à la Russie; et si nous pouvions le faire, nous ne serions peut-être pas contents des résultats produits.

Alors posez-vous la question, y-a-t-il une position sur la Russie qui devrait être prudemment repensée, dans l’après-Paris? Et la Russie aurait-elle à tout le moins quelques intérêts légitimes dans le monde ? Et si oui, lesquels ? Qu’en est-il de leurs frontières? Ont-ils des intérêts légitimes en Syrie?

4)  Mon dernier point est un espoir prescriptif (avant Paris, je ne pensais pas qu’il y avait d’espoir du tout). Maintenant il y existe encore une chance de réaliser le partenariat perdu avec la Russie, au moins dans trois domaines :

L’année dernière, la Russie s’est retirée de l’Initiative Nunn-Lugar dont vous vous souvenez peut-être qu’elle fut l’un des articles de législation les plus sages jamais passés par le Congrès.  Durant les années 1990, nous avons donné de l’argent à la Russie pour immobiliser et sécuriser leur matériel de fabrication d’armes de destruction massive. De plus, nous avons payé des salaires à leurs scientifiques qui savaient fabriquer et utiliser ces matériels, et qui autrement auraient pu aller vendre leur savoir et trouver des emplois en Syrie, au Yémen ou au Caucase. La Russie s’est retirée, mais a déclaré qu’elle veut renégocier Nunn-Lugar selon des termes différents. La Maison Blanche a refusé.  Après Paris, on espère qu’Obama aura pris le téléphone et dit : “Je vais vous envoyer quelqu’un, finissons ce boulot.”

Malheureusement, les rapports semblent indiquer que la Maison Blanche et le Département d’Etat pensent avant tout à la manière de contrer les actions de la Russie en Syrie. Ils s’inquiètent, d’après les rapports, de ce que la Russie diminue le leadership américain dans le monde.

ET VOICI LA CONCLUSION:  Nous, aux Etats-Unis, ne pouvons plus diriger le monde tout seuls, si tant est que nous le pûmes jamais. Bien avant Paris, la mondialisation et d’autres développements se sont produits qui ont mis fin au monde monopolaire, dominé par les Etats-Unis. Ce monde est fini. Un monde multipolaire a émergé sous nos yeux, non seulement en Russie mais dans cinq ou six capitales dans le monde. Le refus obstiné de Washington d’embrasser cette réalité nouvelle fait maintenant partie du problème, et non partie de la solution.

Voilà où nous en sommes aujourd’hui…. Même après Paris.

Le Professeur Stephen F. Cohen est un spécialiste américain de l’étude de la Russie à l’Université de Princeton et à New York University. Son travail universitaire est centré sur l’histoire de la Russie depuis la Révolution Bolchévique et les relations de la Russie avec les Etats-Unis.

Traduction : Anne-Marie de Grazia

Source : Oriental Review, 07-12-2015

Source: http://www.les-crises.fr/tout-nest-pas-de-la-faute-a-poutine-par-stephen-cohen/