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[Traduction] La “Victoire” Irakienne de Washington, par Paul Craig Roberts

Friday 4 July 2014 at 00:39

Billet de Paul Craig Roberts du 14 juin 2014.

Je rappelle que cet économiste et journaliste paléoconservateur américain a été sous-secrétaire au Trésor dans l’administration Reagan (1981-1982), et est un des pères fondateurs des Reaganomics. Il a également été rédacteur en chef adjoint au Wall Street Journal. Sa vision décape, en général…

Les citoyens des États-Unis ne savent toujours pas pourquoi leur gouvernement détruit l’Irak. La «Sécurité nationale» les empêchera de savoir de toute manière. La «Sécurité nationale» est le tapis sous lequel se cachent les crimes du gouvernement américain.

George Herbert Walker Bush, ancien directeur de la CIA devenu président grâce au fait d’avoir été choisi comme vice-président de Ronald Reagan, a été le dernier président modéré. Quand Bush père a attaqué l’Irak, il s’agissait d’une opération limitée, dont le but était d’expulser Saddam Hussein de son annexion du Koweït.

Le Koweït était une autrefois une partie de l’Irak, mais une puissance coloniale occidentale a créé de nouvelles frontières politiques, comme le Parti communiste d’Union soviétique l’a fait en Ukraine. Le Koweït s’est émancipé de l’Irak en tant que petit royaume pétrolier indépendant. (Lien internet)

Selon les rapports, le Koweït forait à travers la frontière entre l’Iraq / Koweït dans les champs de pétrole irakiens. Le 25 juillet 1990, Saddam Hussein, avec les troupes irakiennes massées à la frontière avec le Koweït, demanda à l’ambassadeur du président George HW Bush, Avril Glaspie, si l’administration Bush avait une opinion sur la situation. Voici la réponse de l’ambassadeur Glaspie:

« Nous n’avons pas d’opinion sur vos conflits arabo-arabes, tels que le litige avec le Koweït. Le Secrétaire [d'Etat James] Baker m’a chargé de mettre l’accent sur la consigne, la première donnée à l’Irak dans les années 1960 – que la question Koweïtienne ne concerne pas l’Amérique ».

Selon cette transcription, Saddam Hussein est en outre assuré par de hauts responsables du gouvernement américain que Washington ne s’oppose pas à sa manière d’intervenir pour la réunification de l’Irak et pour mettre un terme au vol du pétrole irakien par une famille de gangsters :

Lors d’une conférence de presse à Washington le lendemain, le porte-parole du département d’Etat Margaret Tutweiler a été questionnée par les journalistes:

« Est-ce que les États-Unis ont envoyé un quelconque type de message diplomatique aux Irakiens à propos du déplacement de 30.000 soldats à la frontière avec le Koweït ? Y a-t-il eu une quelconque opposition communiquée par le gouvernement des États-Unis ? »,

À laquelle elle a répondu:« Je ne suis pas au courant d’une quelconque protestation ».

Le 31 juillet, deux jours avant l’invasion irakienne [du Koweït], John Kelly, secrétaire d’Etat adjointe pour les affaires du Proche-Orient, a témoigné devant le Congrès que les « États-Unis n’ont aucun engagement à défendre le Koweït et les États-Unis n’a pas l’intention de défendre Koweït s’il est attaqué par l’Irak ».

(voir entre autres sources : http://www.freerepublic.com/focus/f-news/1102395/posts )

Était-ce un coup monté vis-à-vis de Saddam Hussein, ou est-ce que la reprise Irakienne du Koweït n’a pas eu pour effet de produire quelques appels [téléphoniques] frénétiques au Moyen-Orient des associés d’affaires de la famille Bush ?

Quelle que soit l’explication du dramatique, et soudain, revirement complet de position du gouvernement des États-Unis, le résultat produisit une action militaire qui a rapidement tourné à la guerre contre l’Irak lui-même.

De 1990 jusqu’en 2003, la situation Irakienne était acceptable pour le gouvernement américain.

Soudain, en 2003, le régime en Irak n’était plus acceptable. Nous ne savons pas pourquoi. On nous a sorti une ribambelle de mensonges : Saddam Hussein avait des armes de destruction massive qui étaient une menace pour l’Amérique. Le spectre d’un « champignon atomique sur une ville américaine » [1] a été soulevé par le conseiller à la sécurité nationale. Le secrétaire d’État a été envoyé à l’ONU avec une collection de mensonges qui permit de construire l’acceptation de l’agression américaine contre un Irak sans défense. La cerise sur le gâteau a été l’accusation que le gouvernement laïc de Saddam Hussein « avait des connexions avec al-Qaïda », Al-Qaïda portant le blâme pour le 11/9 [2001].

Comme ni le Congrès ni les médias américains n’ont intérêt à connaître les véritables motivations de Washington à propos de l’Irak, la « menace Irakienne » restera un mystère pour les Américains.

Mais les conséquences de la destruction par Washington du gouvernement laïc de Saddam Hussein, un gouvernement qui a réussi à maintenir l’Irak unie sans la violence américaine induite qui a fait du pays une zone de guerre permanente, ont été des années continues de violence à un niveau égal voire supérieur à la violence associée à l’occupation américaine de l’Irak.

Washington est dépourvu de préoccupations humanitaires. L’hégémonie est la seule préoccupation de Washington. Comme en Afghanistan, en Libye, en Somalie, au Pakistan, au Yémen, en Ukraine, en Syrie et en Irak, Washington apporte seulement la mort, et la mort est en cours en Irak.

Le 12 juin, 500 000 habitants de Mossoul, deuxième plus grande ville de l’Irak, bénéficiaires de « la liberté et la démocratie » apportées par Washington, ont fui la ville alors que l’armée [régulière Irakienne] pourtant entraînée par les Américains s’est effondrée et s’est enfui devant l’attaque d’Al-Qaïda. Le gouvernement installé par Washington, craignant que Bagdad soit la prochaine, a demandé à Washington des frappes aériennes contre les troupes d’Al-Qaïda. Tikrit et Kirkouk sont également tombées. L’Iran a envoyé deux bataillons de gardes révolutionnaires pour protéger le gouvernement de Washington installé à Bagdad.

(Après la publication de cet article, le président de l’Iran, Hassan Rouhani a démenti les articles des médias – Wall Street Journal, World Tribune, The Guardian, Telegraph, CNBC, Daily Mail, Times Of Israël, etc – assurant que l’Iran avait envoyé des troupes pour aider le gouvernement Irakien. Une fois de plus les médias occidentaux ont créé une fausse réalité avec de fausses informations)

Qui se souvient de la propagande que Washington utilisa pour renverser Saddam Hussein afin d’apporter « la liberté, la démocratie et les droits des femmes aux Irakiens » ? Nous devions vaincre Al-Qaïda – qui à l’époque n’était pas présent en Irak – « là-bas avant qu’ils ne viennent ici »

Vous rappelez-vous les promesses des néo-conservateurs à propos d’une guerre que se déroulerait « comme du gâteau » ; qui ne durerait que quelques semaines, qui ne couterait que 70 milliards de $ qui seraient de toutes façons payés sur les revenus pétroliers irakiens, [vous rappelez-vous] du conseiller économique de George W. Bush viré pour avoir dit que la guerre coûterait 200 milliards de $ ? Le vrai coût de la guerre a été calculé par l’économiste Joseph Stiglitz et Linda Bilmes – experte en finances publiques de l’Université de Harvard – qui ont montré que la guerre en Irak a coûté aux contribuables 3 000 milliards de dollars, une dépense qui menace le filet de protection sociale des États-Unis.

Vous souvenez-vous des promesses de Washington que l’Irak serait remise sur pied par l’Amérique en tant que démocratie dans laquelle tout le monde serait en sécurité et que les femmes aurait des droits ?

Quelle est la situation aujourd’hui ?

Mossoul, la deuxième plus grande ville en Irak, vient d’être envahie par les forces d’Al-Qaïda. Ce sont les forces que Washington a prétendu à plusieurs reprises avoir complètement vaincues.

Ces forces « vaincues » contrôlent désormais la deuxième plus grande ville d’Irak et un certain nombre de provinces. La personne à qui Washington avait confié l’Irak est à genoux priant pour obtenir de l’aide militaire et un appui aérien contre les forces djihadistes que le régime incompétent de Bush a déchaînées dans le monde musulman.

Ce que Washington a fait en Irak et en Libye, essaye de faire en Syrie, est de détruire les gouvernements qui ont gardé les jihadistes sous contrôle. Washington fait face à la perspective d’un gouvernement jihadiste englobant l’Irak et la Syrie. La conquête néo-conservatrice du Moyen-Orient est en train de devenir une conquête d’Al-Qaïda.

Washington a ouvert la boîte de Pandore. C’est l’accomplissement de Washington au Moyen-Orient.

Même si l’Irak tombe sous la coupe d’Al-Qaïda, Washington fournit actuellement les forces d’Al-Qaïda qui attaquent la Syrie avec des armes lourdes. Les USA diabolisent l’Iran qui a envoyé des troupes pour défendre le régime installé par Washington à Bagdad ! Est-il possible pour un pays de passer pour plus idiot ?

Une conclusion que nous pouvons tirer est que l’arrogance et l’orgueil qui définit le gouvernement américain a rendu Washington incapable de prendre une décision logique et rationnelle. C’est la Mégalomanie qui règne à Washington.

[1] intervention de Condoleeza Rice du 8 septembre 2002 sur CNN

Source : PaulCraigRoberts.org (traduit par Surya pour www.les-crises.fr)

Source: http://www.les-crises.fr/la-victoire-irakienne-de-washington/