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Trump, la quintessence de l’Américain, par Chris Hedges

Friday 18 January 2019 at 06:30

Source : Truthdig, Chris Hedges, le 17-12-2018

Mr. Fish / Truthdig

Donald Trump fait partie de la race particulière qu’Herman Melville décrit dans son roman « The Confidence-Man » [Le grand escroc, NdT], dans lequel le personnage principal utilise des personnalités protéiformes, des flatteries et des mensonges pour gagner la confiance de ses passagers et les dépouiller sur un bateau à vapeur du Mississippi. Les « hommes de confiance », comme l’a compris Melville, sont un produit inévitable de l’amoralité du capitalisme et de l’insatiable soif de richesse, de pouvoir et de puissance qui gangrène la société américaine. Le narcissisme de Trump, sa célébration de l’ignorance – qu’il confond, comme tout homme de confiance, avec l’innocence – sa mégalomanie et son manque d’empathie sont des pathologies nourries par le milieu américain. Ils incarnent la croyance américaine, que Mark Twain a parodiée dans « Pudd’nhead Wilson » [Wilson, le Parfait Nigaud, NdT], F. Scott Fitzgerald a parodié dans « The Great Gatsby » [Gatsby le magnifique, NdT] et William Faulkner représenté dans le clan dépravé des Snopes, [https://revue.leslibraires.ca/articles/litterature-etrangere/william-faulkner-les-snopes-une-histoire-de-famille, NdT] que l’origine de votre richesse et de votre pouvoir importe peu dans la rustre société américaine. Ils sont leurs propres justifications.

La culture américaine est construite sur une duplicité volontaire, une vision que nous avons de nous-mêmes et qui ne ressemble guère à la réalité. Malcolm Bradbury a écrit « qu’en Amérique, l’imposture est l’identité ; que les valeurs ne sont pas des croyances mais le produit de circonstances et que l’identité sociale est pratiquement arbitraire, ne dépendant ni du caractère ni de l’apparence mais de la chance qui caractérise sa propre nature ou couleur ». Nous avons fondé la nation sur le génocide et l’esclavage, ravageons le monde par des guerres sans fin et le vol de ses ressources, enrichissons une élite oligarchique aux dépens des citoyens, habilitons la police à abattre des citoyens non armés dans les rues et détenons un quart de la population carcérale mondiale tout en nous vautrant dans la prétendue supériorité morale de la suprématie blanche américaine. Plus la nation s’avilit, plus elle cherche à se rassurer auprès d’escrocs véreux pour masquer la vérité par des mensonges.

Trump, comme la plupart des escrocs, est doué pour fabriquer des informations qui lui sont utiles ainsi qu’un personnage fictif, qui alimentent l’aura magique de sa célébrité. Le showman P.T. Barnum est le prototype de cette souche de l’américanisme. Dans les années 1830, il expose Joice Heth, une vieille esclave afro-américaine, prétendument âgée de 161 ans et ex-infirmière de George Washington. Quand Heth a perdu l’attrait de la nouveauté, Barnum a annoncé que ce qu’il avait exposé était un robot. « Le fait est que Joice Heth n’est pas un être humain », a-t-il écrit à un journal de Boston, « …simplement un automate étonnamment fabriqué, composé d’os de baleine, de caoutchouc et de nombreux ressorts ingénieusement montés et déplacés à la moindre pression selon la volonté du conducteur. L’opérateur est ventriloque ». Les foules, qui à leur apogée avaient collectivement déboursé 1 500 $ par semaine (alors une somme énorme) pour voir Heth, sont revenues en masse pour voir la prétendue machine. Après la mort de Heth en 1836, à l’âge de 79 ou 80 ans, Barnum vendit des billets pour son autopsie, qui fut vue par 1 500 clients.

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Source: https://www.les-crises.fr/trump-la-quintessence-de-lamericain-par-chris-hedges/