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J'ai mal à mon mail

Thursday 22 November 2012 at 19:11

L'administration belge dépense une fortune en timbres. En bon technophile, votre premier réflexe sera sans doute de leur conseiller l'email.

Et puis, je me suis posé la question : Pourquoi l'email a-t-il tant de mal à remplacer les lettres papiers ? Pourquoi tant de gens ne communiquent plus que par message Facebook ? Et si, comme pour le logiciel libre, la solution n'était pas satisfaisante ?

Une vieille boite aux lettres

L'email a en effet plusieurs problèmes très importants :

1. La volatilité

Une personne change souvent d'adresse. Une adresse donnée peut être invalide quelques mois plus tard ou, pire, rediriger vers une autre personne. L'adresse peut également toujours être valide mais tout simplement ne plus être vérifiée régulièrement. Quoi qu'il en soit, il n'y a aucun moyen de le vérifier.

2. L'identité

Il est impossible de garantir l'identité liée à une adresse email. Les techniques comme les clés GPG n'ont jamais décollé car beaucoup trop complexes. Il est également presqu'impossible, à partir de l'identité d'une personne, de trouver son adresse mail (sauf exception).

3. La complexité

Faire la liaison entre un nom et une adresse email est une tâche complexe que les carnets d'adresses et l'autocomplétion accomplissent de manière très peu satisfaisante. Sans compter les problèmes d'homonymie. Enfin, entre les mails en HTML, les problèmes d'UTF8, les pièces jointes qui ne passent pas, le mail reste extrêmement complexe d'utilisation et génère bien des soucis.

4. Les problèmes techniques

Conséquence directe de la décentralisation, un serveur peut tomber en panne quelques heures. Ou bien une boîte sera pleine ou bien l'utilisateur n'existera plus. Dans tous les cas, l'expéditeur recevra un message absolument incompréhensible et il se verra obligé de confirmer via un autre moyen de communication : « T'as bien reçu mon email ? ». De manière contre-intuitive, il apparaît que les systèmes centralisés sont donc plus résilients et plus sûrs.

5. Le spam

Envoyer un email est une action plus simple à réaliser par un logiciel que par un humain. La toute grande majorité des emails circulant sur le réseau sont donc envoyés par des logiciels. Il y a bien entendu le spam pour l'agrandissement pénien mais également tous ces emails peu importants mais prenant autant de place que les autres : notifications, confirmations, newsletter, …

6. Les conversations

Une discussion par email dégénère la plupart du temps en une multitude de fils, impossibles à lire globalement. Une personne consultant ses mails avec du retard verra un nombre élevé de messages non-lus et devra décrypter l'ordre pour, la plupart du temps, une importance négligeable.

7. Les mails qui se perdent

Un email non-important nécessite une action (il doit être effacé ou archivé). Au milieu du bruit et des conversations, il faut être extrêmement vigilant pour ne pas rater un mail important. En conséquence de quoi, nombreux sont les mails qui se perdent et il est souvent nécessaire de renvoyer plusieurs fois un mail pour faire réagir une personne donnée. En espérant ne pas être détecté comme un spam par les filtres.

Conséquences : l'avènement des réseaux sociaux

À eux seuls, les deux premiers problèmes (volatilité et identité) disqualifient un usage de l'email dans bien des cas.

Par contre, il est passionnant de constater que les réseaux sociaux apportent une solution à tous ces problèmes : la volatilité est bien moins grande. On a généralement un compte et un seul vu que ceux-ci ne sont pas liés à un fournisseur internet, à un travail ou à un nom de domaine qu'on achète.

De même, il est très facile sur les réseaux sociaux de retrouver une personne juste avec son nom et de vérifier que c'est bien la personne à qui on veut s'adresser. La vérification d'identité n'est pas garantie mais, dans la toute grande majorité des cas, elle est suffisante. Cerise sur le gâteau, on peut même s'assurer que le profil est actif et que donc la personne verra le message.

La complexité technique et les problèmes deviennent tout bonnement exceptionnellement rares. Quand au spam, il est très régulé grâce à la centralisation du système.

Les conversations se font à une seule dimension, facilitant grandement la lecture. Il devient aussi très facile de voir si une conversation est intéressante ou pas et de se désabonner d'une conversation à laquelle on a participé. Point fort : se désabonner signifie qu'on ne recevra plus de notification de nouveau message mais la conversation entière restera consultable si on le souhaite.

L'unique problème restant est donc celui « des mails qui se perdent ». La gestion globale étant grandement facilitée, il devient bien plus rare de perdre des messages. Tout au plus pourrait-on dire qu'on oublie de répondre à un message.

Mais c'est un fait que nous ne sommes tout simplement plus en mesure de gérer la quantité de messages qui nous arrivent. Plutôt que de se laisser submerger, acceptons que des messages se perdent et contentons-nous de suivre le flux. Étonnement, il s'avère qu'on rate moins de messages importants de cette manière. On passe moins de temps à gérer et plus à faire.

Ceci dit, l'utilisation de réseaux sociaux centralisés ne va pas sans poser de nouveaux problèmes, de nouvelles questions. À nous d'y apporter de nouvelles solutions.


Photo par Kate Ter Haar


Flattr our API Documentation

Source: http://ploum.net/post/mal-a-mon-mail


Non, je n'ai rien à cacher

Wednesday 21 November 2012 at 12:23

On entend régulièrement la formule « Celui qui n'a rien à se reprocher n'a rien à cacher ». Cet aphorisme devrait vous rassurer lorsque vous vous inquiétez de l'invasion des technologies dans votre vie.

Je voudrais illustrer la tromperie de cette phrase au travers d'une anecdote réelle, vécue à une époque où Internet était si rare qu'on pouvait le considérer comme essentiellement inexistant. Un temps où les affres de la puberté trouvaient encore un exutoire sur les pages en papier glacé des magazines.

Un chat se cachant à moitié

Adolescent dans une grande école catholique, je me fais un jour approcher par un condisciple.
Lio, il faut que je montre un truc trop drôle !

Ce camarade me révèle qu'il a trouvé, dans une revue porno, une photo ressemblant fortement à un de nos éducateurs. Intrigué, je demande bien sûr à voir la photo en question. Publiée dans la rubrique « courrier des lecteurs », elle représente un homme nu en érection. Contrairement aux autres photos de cette rubrique, le visage n'est pas flouté. Et la ressemblance est, il est vrai, frappante.

Éclatant de rire, nous avons vite fait de nous adjoindre une petite troupe goguenarde autour de la photo. Je remarque alors une chevalière très particulière et un pendentif en or au cou de notre exhibitionniste.

Ni une ni deux, la petite troupe décide de passer « discrètement » devant le bureau des éducateurs pour vérifier et, stupeur, notre éducateur porte la même chevalière, le même pendentif. Il n'y a donc plus aucun doute.

Quand on est adolescent, ce genre d'aventures est grisante. Mon condisciple prend peur et décide de ne plus montrer l'image. Après tout, il est coupable d'avoir emmené un magazine porno dans l'enceinte de l'école. Et tout le monde lui pose des questions sur la possession du dit magazine.

De mon côté, intrépide et inconscient, je lui demande de me découper la photo et la fait passer sous le manteau dans l'école. C'est rigolo. Les élèves jasent.

Le lendemain, l'éducateur n'est pas là. Il ne reviendra jamais.

Cet éducateur avait-il quelque chose à se reprocher ? Non, il échangeait une photo où il apparaissait nu avec un public majeur consentant et demandeur. C'était tout à fait légal et on ne peut lui reprocher cela.

Par contre, le magazine est arrivé dans les mains d'un lecteur non-majeur. La personne ayant permis cela est donc coupable car la photo, bien que parfaitement légale, mine l'autorité de l'éducateur. De plus, elle va à l'encontre des valeurs morales affichées par l'employeur. Deux raisons qui font qu'il était impossible de garder l'éducateur en poste.

Il est donc important de souligner un point : le problème n'est pas que l'éducateur aie posé pour des photos pornographiques ni même qu'elles aient été publiées mais bien que les élèves subordonnés à l'éducateur en prirent connaissance. Ce n'est pas le fait ni l'information qui pose problème mais bien que certaines personnes particulières aient accès à cette information.

La phrase « Celui qui n'a rien à se reprocher n'a rien à cacher » est donc fausse car ce n'est pas vous qui choisissez ce que vous vous reprochez. C'est le public qui a tout pouvoir pour décider ce qu'il va décider de vous reprocher. Afin d'illustrer la nécessité de la vie privée, on prend souvent l'exemple du régime totalitaire qui contrôle les citoyens. Mais, plus pragmatiquement, que penser de la relation élèves/enseignant ou employeur/employé ? Un enseignant doit de nos jours avoir une image publique à laquelle tout élève, avec sa morale propre, ne puisse rien avoir à reprocher ! Vous savez comme moi qu'un adolescent trouvera toujours de quoi se moquer. Et si ce n'est pas le cas, les parents s'en chargeront au premier échec de leur génie.

Pendant longtemps, la diffusion de l'information était limitée de manière physique. On pouvait donc se permettre de semer des tranches de vie privée un peu partout. La (mal)chance que cela arrive au mauvais public était minime. C'est le principe de la sécurité par l'obscurité : on espère que les mauvaises personnes ne vont pas tomber sur la mauvaise information.

La technologie, les réseaux sociaux, la reconnaissance de visage ne font que rendre cette malchance de plus en plus probable. À tel point qu'il faut la considérer comme évidente. Face à cela, nous devenons tous des personnages publics. Nous allons tous devoir apprendre à gérer notre image. D'une certaine manière, les choses se simplifient : le facteur chance disparaît. Mais la société va également évoluer. Les codes moraux risquent d'être bouleversés.

Vous vous demandez certainement si je n'ai jamais eu le moindre remord. Après tout, j'ai très probablement causé le renvoi de cet éducateur innocent.

Et bien non. Il avait compté sur la chance de ne pas être vu par un de ses élèves, il avait négligé de se flouter le visage, il avait joué. Il avait perdu. Déjà à l'époque, je n'éprouvais aucune pitié pour ceux qui reposaient sur la sécurité par l'obscurité.


Photo par Aftab Uzzaman


Flattr our API Documentation

Source: http://ploum.net/post/rien-a-cacher


On usability, free software and perfection

Friday 16 November 2012 at 14:42

For centuries, progress was about to make possible what was not. All the technologies, all the inventions were done with the very idea of "Make something that was never done before, that was considered as impossible". It worked so well in the last decades that we faced an new challenge: things were now possible but incredibly hard to do. Only a few educated minority was able to use the technology.

Yes, this is a doorbell

One of the solution to that problem is to train people. That's the solution we choose for cars. Driving a car is incredibly complex and dangerous. Yet, most of us manage to learn the basis in a few months. Some kill themselves (and sometimes innocent beings). But we don't mind and don't even consider it as a technical challenge, merely an educational one.

Another solution is making the technology easier, requiring less training. This is the path we are following with electronic devices. This became a brand new field of engineering: usability. Ten years ago, a three buttons dishwasher came with a hundred pages manual. Now, your full fledged computer come without any manual at all.

Not design

Usability is often confused with design. A lot of designers consider themselves usability specialists. This is a very common mistake. Design is about making things pleasant, pretty, cool. Design follows trends or marketing hype. Design is about taste. Usability is about making something as easier as possible for a target population. You can have something easy to use which is ugly. You can have something very cool and pretty but incredibly hard to use. The only intersection between the two is that people will pay more intention and will be more volunteer to learn when something is pretty and shiny. Design can help usability but they are different fields.

Usability is now the major area of progress for consumer devices. The form factor of any new modern device is only shaped with the constraint of the user interface. A TV is a screen. A laptop is a screen and a keyboard. A phone is a touchscreen. There's no real breakthrough that can be done on the technological level : a bit thinner, a bit lighter, that's all. On the usability side, all has to be invented.

Historically dismissed by free software

Yet, usability is the most forgotten area in most free software projects. The reason is simple : technology is about making things possible for at least one person on earth. Like breaking the sound barrier in free fall. Usability is about giving it to as many people as possible.

Free software hackers are, in majority, an educated elite that does not need usability. They are trying to make possible something that was not. As soon as they can do it, job is done. They don't understand that some people can't follow them. They don't realize that they are the one man free falling from stratosphere. Awesome but completely alone.

Sometimes, they care enough about design. Because, like everyone else, they like pretty things. The free software is improved and, indeed, looks cool and shiny. The hacker feels that his software is better to use. He likes it more and, by mistake, he feels that he improved the usability.

But it's not true. The technology is still out of reach for the vast majority of the population.

A mandatory requirement

The direct consequence is that most free software projects will stay confidential, with a very limited audience. The lack of success in the mass market will create many excuses: "people are dumb and lazy", "big monopolistic corporations are evil and killing alternatives", "people don't understand the ethical implications". More positively, it might be "We need to do more marketing".

Famous examples are Status.net, Bitcoin, Diaspora or even Debian as a desktop. Those projects are all in their stratosphere. Just try to raise the usability point in those communities and you will always receive the same answer: "But it's easy, you just have to do that and that. It cannot be more easy than that." or, even worst, "we don't want to become usable, we only target the elite".

Those projects are either failing to understand usability or arrogant. They don't make their technology available. Free software hackers are always complaining that the source are not available or that project X is not free enough. The truth is that not being usable is a lot worse. Because it means that your project simply don't exist for the vast majority of mankind.

Perfection or enabling?

In that regard, Canonical, Google, Facebook and even Apple are more ethical than Debian or the whole GNU project: they make possible something that wasn't for billions of people. Not in a perfect way but, at least, they do.

People are facing the choice "doing things in a far from perfect way" or "not doing anything at all". Guess what? Progress rarely comes from "not doing anything at all".


EDIT : it should be noted that, in French, "design" means "graphical design" and has no other meaning. It should be understood in that way in my post.



Picture by Giovanni


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Source: http://ploum.net/post/usability-free-software-and-perfection


L'espace de co-working

Tuesday 13 November 2012 at 22:48

Nous avons tous les trois des objectifs complètement différents, je le reconnais. Mais si nous avons mis en place cet endroit dédié au co-working, c'est pour se motiver l'un l'autre, pour se serrer les coudes par delà nos différences.

Je n'y connais rien en informatique ou en business mais Caroline n'hésite jamais à partager ce qu'elle fait. Parfois, je peux l'aider en ayant une idée qu'elle n'avait pas perçue. De mon côté, je rédige, je corrige, je traduis. Ça me motive d'avoir en face de moi quelqu'un qui travaille, de pouvoir discuter de mes clients problématiques.

Toi, tu ne fais rien. Tu passes ta journée à dormir sur le canapé de notre espace co-working ! Tu te lèves de temps en temps pour aller bouffer à la cuisine ou boire un coup mais, à part ça… Oui, c'est vrai, tu me piques mon ordinateur dès que j'ai le dos tourné et comme tu ne fais pas gaffe, tu m'as déjà perdu deux fois des fichiers non-sauvegardés.

Au début, je pensais qu'il fallait que tu t'habitues mais ce n'est plus tenable. Tu induis une ambiance délétère, tu pourris l'atmosphère studieuse que nous tentons d'instiller.

C'est bien simple : dès que je te vois, j'ai envie de dormir. Quand tu manges, je ne peux m'empêcher de piller le frigo. Je peux passer des journées à ne rien faire. Le pire c'est qu'avec toi, je ne me sens même pas coupable.

Le co-working, ce n'est définitivement pas pour toi. Es-tu fier de ton niveau de productivité ? Honnêtement ?

Caroline et moi, nous avons convenu de nous fixer des objectifs et nous demandons à l'autre d'être l'arbitre. Mais toi ? Depuis que tu es là, tu n'as même pas ramené une seule souris !


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Source: http://ploum.net/post/l-espace-de-co-working


Liblarch, a python library to handle trees and acyclic graphs

Thursday 8 November 2012 at 19:58

Lesson number one Some of you may be aware that Getting Things GNOME! 0.3 was released. What you may not know is that GTG is now using a python library called liblarch and that liblarch 2.1.0 was released today.

Liblarch is a python library specifically designed to handle complex trees (including directed acyclic graphs) and to display them. A liblarch-gtk component allows you to display different views of your tree in a GTK TreeView widget without any effort.

During the development of GTG, we faced major problems to handle our tree of tasks and our tree of tags. The features we wanted proved to be very complex to implement and very fragile : solving a bug would create two others. And the performance work was a nightmare.

We decided to abstract the whole concept of tree and to make it a standalone, well tested and optimized library. We are very proud of it and we are looking for more applications that would benefit from using liblarch.

Liblarch is designed to be as simple as possible from the programmer point of view. The nodes of your tree can be any python object. You only need to inherit from liblarch TreeNode. Once you have a node, you will connect it to a tree. It can be a node without parent, with a single parent or even with multiple parents.

Where liblarch becomes powerful is to display a given tree : you can have multiple views over the same tree, add a complex filter or even a combination of multiple filters. And all of that can be quite easily displayed in a GTK TreeView. Easy and GTK TreeView in the same sentence? Sounds impossible? Not with liblarch!

How liblarch is working

As an example, you can test our implemenation of a dummy contact list. By reading the code, you will see how straightfoward it is to have searching capabilities in the contact list, contacts in multiple groups, hiding offline contacts or updating automatically when a new contact comes online.

Liblarch comes with an extensive test suite. The next challenge is to port it to Python3/GTK3 and to write a good built-in documentation. Any help is welcome :-) (EDIT: we are also looking for packagers)


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Source: http://ploum.net/post/liblarch-a-python-library-for-trees


Les opportunités manquées du Libre 2: la décentralisation

Wednesday 7 November 2012 at 10:39

Je vous ai déjà parlé de l'importance de la décentralisation : il faut créer des services indépendants qui communiquent entre eux (l'email) plutôt qu'un gros service qui contrôle tout le monde (Facebook, Google).

Mais créer un service décentralisé est une véritable gageure. Si les problèmes techniques sont légions (compatibilité, communication, standardisation), ils ne sont rien face à l'immense défi humain. Je pense notamment aux abus comme le spam ou la fraude. Un service centralisé peut gérer les spammeurs au cas par cas en désactivant les comptes. Un service décentralisé doit mettre en place une stratégie complètement différente. Le seul réseau décentralisé d'envergure, le mail, n'a d'ailleurs jamais résolu ce problème.

Pour réussir, un service décentralisé doit donc offrir une solution au moins équivalente en termes de confort d'utilisation, une résolution des problèmes propres à la décentralisation et un petit plus qui fera la différence, qui poussera les utilisateurs à abandonner la concurrence.

Un cadenas sur une statue de liberté

Le résultat est sans appel : depuis l'email, aucune solution décentralisée n'a réellement percé auprès du grand public. Même le protocole de chat XMPP ne doit son succès qu'à son adoption par Google. Et, soyons honnêtes, si Google décide d'arrêter d'utiliser XMPP demain, ce ne seront pas les utilisateurs de Google Chat qui se plaindront mais bien les utilisateurs des autres serveurs qui n'auront plus accès à la majorité de leurs contacts.

Les raisons d'un échec

Comme je vous le disais précédemment, les libristes se sont concentrés sur la résolution des problèmes techniques, faisant fi de l'expérience utilisateur. La décentralisation ne fait pas exception. Ainsi, il est hors de question de mélanger un serveur de mail avec un serveur de chat XMPP. Chaque outil doit être indépendant. La conséquence directe est que la majorité des utilisateurs de solutions libres ont une adresse pour le mail et une pour le chat. Et, quand bien même certains services offriraient une adresse commune, il n'y aucune réelle intégration contrairement à Google qui, entre autres, envoie par mail les messages reçus lorsqu'on est déconnecté.

Face au succès des services webs centralisés, le monde libre a répondu avec la license AGPL. Plutôt que de se poser la question de l'indépendance, de ce que nous souhaitions construire et offrir aux utilisateurs, nous nous sommes contentés de nous vautrer dans notre petite zone de confort : l'accès au code source et l'évangélisme.

Les avantages de la centralisation

Mais il y a pire : la décentralisation est censée nous garantir l'indépendance, la sécurité par rapport à une seule entreprise. Mais, entre nous, quels sont les risques lorsque vous utilisez un service en ligne ?

  1. Le serveur est indisponible pour une période prolongée suite à une défaillance matérielle
  2. Vos données sont perdues suite à une défaillance matérielle et un mauvais plan de sauvegarde.
  3. Vos données sont volées suite à un piratage
  4. Votre fournisseur fait faillite et disparaît dans la nature
  5. Votre fournisseur décide de couper l'accès à vos données sans préavis

Chez un géant comme Google, la probabilité de souffrir d'un des 4 premiers problèmes est virtuellement nulle. Quand à la cinquième, elle arrive de temps en temps. Cela fait d'ailleurs un certain buzz et cela permet aux libristes d'avoir des exemples concrets pour illustrer le problème de la centralisation.

Les alternatives à la centralisation

Fuyant les géants, vous vous êtes installé chez un petit fournisseur indépendant. Tristement, il faut reconnaître que les 5 problèmes deviennent beaucoup plus probables. Vous devenez donc extrêmement dépendant de ce fournisseur qui peut faire faillite, se faire pirater ou brusquement augmenter ses prix sans que vous n'ayez la moindre chance d'alerter l'opinion publique.

Étant très doué en informatique, vous faites partie de cette minorité capable de gérer des services de base et vous décidez alors de passer à l'autohébergement. Malheureusement, cela a un coût non négligeable. Si il permet de résoudre les deux derniers points, il maximise la probabilité des trois premiers. Cela vous coûte de l'argent, cela vous prend un temps fou et cela vous force à être disponible en permanence. Un exemple célèbre est Rick Falkvinge, fondateur du Parti Pirate. Il héberge son site sur son propre serveur dans son bureau. Régulièrement, son site est indisponible pendant plusieurs jours suite à une panne de courant ou un problème de disque dur alors qu'il est à l'étranger. Dans ces cas-là, il ne communique plus que par Twitter, Google+ et Facebook, les réseaux centralisés…

Il s'en suit, de manière paradoxale, que la solution la plus sécurisée et qui vous donne le plus d'indépendance est… d'utiliser un géant centralisé comme Google.

Google plus libre que Diaspora

Et à ce petit jeu, Google est très fort et se permet le luxe d'offrir une fonctionnalité de Libération de Données : vous pouvez à tout moment télécharger toutes vos données dans un format aisément exploitable. Photos, publications, commentaires, contacts : tout y est ! Il s'en suit que j'ai un meilleur contrôle de mes données chez Google que celles sur Diaspora, où l'outil d'export n'est pas encore complet !

Diaspora et Status.net sont les exemples mêmes de l'échec du libre face à la décentralisation. Se contentant de copier les solutions centralisées en aposant un protocole décentralisé dessous, elles ont justifié leur échec par le monopole des acteurs de Facebook et Twitter. Le récent succès de Pinterest montre pourtant qu'il y a de l'espace pour l'innovation.

Et pourtant…

C'est dommage ! La décentralisation aurait pu devenir le cœur de notre expérience utilisateur. L'analyse du problème montre que la seule solution qui rende réellement indépendant est l'autohébergement mais qu'il faudrait le rendre simple, accessible à tous et sûr. Imaginez un instant une version serveur et une version client de votre distribution préférée. La version serveur s'installe en un clic sur le boitier dans votre salon et une interface graphique permet de créer les comptes sous forme d'une adresse email. Quand à la version client, il suffit de s'y connecter avec son adresse mail pour avoir aussitôt accès aux mails, aux calendriers, au chat, au partage de fichiers, à votre flux d'informations continues. C'est un rêve que certains n'abandonnent pas.

Simple et efficace.

Mais… Attendez une seconde ! C'est exactement ce que Google est en train de faire avec ChromeOS. Des services décentralisés, redondants, accessible du monde entier en un clic. Il n'y a qu'un seul hic : ils sont contrôlés par une seule société. Un société qui fait tout trop bien, allant jusqu'à financer la concurrence pour encourager la compétition. Si vous étiez à leur place, que feriez-vous de différent ? Sincèrement ?

Alors, préférez-vous mettre tous vos œufs dans un unique panier très solide ou … pas de panier du tout ?



Photo par Mark Tominski


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Source: http://ploum.net/post/opportunites-manquees-du-libre-2-decentralisation


[Oneliner 19]

Tuesday 6 November 2012 at 15:06

L'aborigène arboricole abhorre l'abord bâbord de l'abordage.


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Source: http://ploum.net/post/oneliner-19


Le flux total

Tuesday 30 October 2012 at 22:53

Malgré sa centralisation, je suis un énorme fan de Google+. Il me permet de m'informer, de confronter mes idées avec le monde, de partager automatiquement mes photos avec mes proches, d'organiser des évènements, de discuter avec mes amis sans remplir la boîte aux lettres de ceux qui ne le souhaitent pas et sans que ceux qui étaient partis en weekend aient à rattraper une myriade de fils de discussion. Il me permet également également de rendre mes réactions publiques sans tomber dans l'infamie suprême, le tristement célèbre « reply all ».

Une jolie chute d'eau, un « stream »

Le mail a ses limites. J'ai moi aussi finalement fait cette expérience qui arrive à tout le monde un jour ou l'autre : à partir d'une certaine quantité, le mail est inefficace. Comme on dit en bon franglais d'ingénieur : « le mail ne scale pas ».

Chaque jour est un véritable combat contre son inbox. Sans parler du lecteur RSS qu'il faut ramener à 0. N'avez-vous jamais entendu un collègue rentrer de vacances et passer les deux jours qui suivent à « répondre à ses mails » ?

Le mail souffre de multiples problèmes conceptuels. Il n'expire pas. Si il est inutile il nécessite une action (effacer). Alors que s'il est important, que vous comptez faire quelque chose avec, il ne faut pas y toucher pour bien le garder dans votre inbox. Joli paradoxe non ?

Quand, comme moi, vous êtes un adepte de la méthode Inbox 0, vous devenez super efficace pour les petits trucs sans importance. Vous répondez immédiatement aux mails les moins urgents. Par contre, tout ce qui prend un peu de temps ou est important est relégué au second plan, dans mon GTG.

C'est pourquoi, subtilement, le monde est en train de passer de l'email et du RSS au concept de flux. Un flux ne s'arrête jamais. Il vous donne autant à lire que vous le souhaitez. Mais si vous ne le lisez pas, les informations se succèdent malgré tout. Un flux n'a pas de limite de contenance.

Twitter est l'archétype du flux : personne ne lit tous les tweets de sa timeline. Vous lisez juste ce que vous avez sous la main quand vous allez au petit coin. Facebook fonctionne sur ce principe. Mais, à mon sens, le plus réussi au niveau fonctionnel reste Google+.

G+ a tout pour être un véritable « lifestream », un flux total : il peut remplacer les RSS de vos sites préférés (comme Linuxfr, Ars Technica ou Ploum.net). Il remplace les services de partage de photo, les services de chat, de vidéoconférence, de calendrier partagé et, ironiquement après l'échec de Google Wave, il peut même remplacer le mail.

Oui, effectivement, on peut rater certaines choses. Mais, avouez-le, c'est déjà le cas de la majorité des inbox mail. Que celui qui n'a jamais sorti l'excuse « Il doit être dans mes spams » me jette le premier tweet.

En ce sens, G+ est la première véritable ébauche de flux total. Ne me parlez pas de Facebook qui mélangent allègrement tout et n'importe quoi avec des messages privés, des messages sur des murs, des messages dans des groupes et des tas d'autres concepts que je n'ai toujours pas compris. Dans G+, tout est un élément du flux et il n'y a qu'un seul flux, c'est aussi simple que cela.

Une solution de flux total devrait cependant posséder une fonction pour « épingler » un message. Une sorte de liste de lecture qui permettrait de marquer un message comme important, que ce soit pour le lire, pour y répondre ou effectuer une action liée. La situation s'inverse donc par rapport au mail : il faut marquer ce qui est important. Une fonction qui fait encore cruellement défaut dans G+ (j'utilise Pocket à cet effet mais les deux s'intègrent très mal).

Mais je vous parle de G+, je m'oublie ! Ne perdons pas de vue qu'il s'agit d'un service propriétaire et fermé. Un service totalement contrôlé par une société unique. Il est bien entendu que le véritable flux total sera libre et décentralisé.

N'est-ce pas ?



Image par Jean Mottershead


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Source: http://ploum.net/post/flux-total


For a fistfull of votes

Monday 15 October 2012 at 19:02

Yesterday was an election day in Belgium. We voted for the municipal and provincial elections.

It was the second time that the Pirate Party was candidate, first being in 2010 when it was only in one place and performed at 0.26%.

This Sunday, we were in multiple districts of nearly all the provinces. With the exception of two 0.9%, we did more than 1% everywhere it was possible to vote for us. Paul Bossu did also an incredible 3.42% in his own district (Tournai).

Vote pour Lionel Dricotà Ottignies-Louvain-la-Neuve

We were also in 14 cities and I was personally leading the list in Ottignies-Louvain-la-Neuve, a city of 30,000 where we scored an outstanding 5.16%.

Which is my biggest disappointment… During all the night, official results gave us a seat at the city council. This was announced in the major medias and, at some point, we were not far from winning a second seat. Journalists were calling me one after another, I received lot of congratulations messages. Too bad, the very last result took us down and we missed the seat for a total of 14 votes. Journalists stopped to call and I had to explain to my friends congratulating me that the television was wrong.

When you know that more than 2500 people decided to not vote that day, it's very frustrating. 3 of my friends who wanted to vote Pirate decided, for various reason, to not vote. This should be a lesson for everyone who is not voting : every single vote counts.

But the result is there : we have 5.16% of the votes and none of the 31 seats. The major reason is that I was not able to achieve everything I wanted to do during this campaign, I was not enough organized and I realized too late that we needed to talk about real solutions, not about concepts. Talk about how you will do it, not why. Show proof that you can do it like the transparency challenge, launched too late but very well received! Valérie told me several times to get more into the actions, less into the ideas, she was right, you can blame me for missing that seat.

As pointed by Valérie and Michel, my fellow pirates, it's not because we are not elected that we cannot do things. With more than 5% of voters, we are not completely unknown. We now have contacts with every elected representative and we can move things forward.

If we forget that disapointment, we scored really well. The province of Brabant-Wallon was entirely covered because there is only two districts and we scored 2.61% there. We are the sixth party, behind the traditional five and far far better than any other "small" party.

This gives us a ground for the election of 2014 in that province and partial results in other provinces look really promising thanks to the hard work of pirates in the whole country.

Now that the campaign is over, that there's no pirate elected in Belgium, it's time to think differently : what can we do now, as citizens. And why aren't we doing it now?

It's time for action! If you are hesitating, get in touch with your local Pirate crew and become a pirate.

But let's get some sleep first…


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Source: http://ploum.net/post/For-a-fistfull-of-votes


Deviens une star, sois candidat aux élections

Tuesday 9 October 2012 at 13:01

Tu as été blogueur influent puis, sans grand succès, tu as tenté de devenir web-entrepreneur. Mais aujourd'hui, tu t'ennuies. Tes journées sont mornes et personne ne fait attention à toi.

Ne t'inquiètes pas, j'ai la solution : deviens candidat aux élections communales !

Colleur d'affiche pirate

Il faut prévoir le coup six ans à l'avance, aux élections précédentes : tu iras coller des affiches pour la tête de liste, tu te feras copain avec les autres candidats. Le parfait militant de base désintéressé. Pendant six années, tu seras de toutes les réunions, de toutes les fêtes de la locale.

Puis, les élections approchant, tu te verras sans doute proposer une place sur la liste. Si ce n'est pas le cas, tente de mettre en épingle ta visibilité sur le web. Oublie juste de dire qu'elle est déclinante.

Finalement, après bien des réunions, c'est officiel : tu es 17ème. Une place de choix !

Être candidat, c'est surtout dépenser du temps et de l'argent pour un hypothétique poste de presse bouton dans un conseil communal. Car, bien évidemment, tu as du signer un papier t'engageant à ne jamais voter contre ton chef de groupe dans le cas peu probable où tu serais élu.

Te voilà en campagne. La campagne, c'est devenir soudainement passionné par les marchés et les brocantes alors que tu n'y mettais jamais les pieds. Il faut dire que tu n'es pas le seul. Même les ténors politiques se prennent de passion pour les légumes bio :
— Mettez-moi ces trois concombres s'il-vous-plait !
— Euh… ce sont des courgettes monsieur le bourgmestre.

Tu vas être partout. Subitement, tu trouves indispensable d'aller écouter cette conférence du cercle du 3ème âge sur l'étymologie des noms de rue dans la commune sous Napoléon. Le conférencier lui-même est surpris par la foule. Près de 50 personnes dont 2 ne sont pas candidats.

De foires aux boudins en fêtes de quartiers, tu vas rencontrer des tas de personnes très intéressées par ton programme et te posant des questions : les candidats des autres listes. Les quelques non-candidats qui osent encore sortir à cette période de l'année t'insulteront en conchiant la politique.

Mais tu gardes le sourire, même s'il se crispe parfois. Quand une personne te parle de ses problèmes, tu promets d'en faire une priorité et que, une fois élu, il ne faudra pas une semaine pour le résoudre, même si cela implique de mettre un bouchon anal à tous les chiens de la ville.

Tu fais imprimer ta tête en grand. Chaque week-end, tu fais le tour des panneaux pour vérifier si tu n'as pas été surcollé. Surtout par cet enfoiré de 15ème sur ta liste. À une semaine du scrutin, tu réalises que tu n'as pas écoulé le tiers des affiches qui t'ont coûté un mois de salaire. Du coup, tu retapisses les panneaux.

Ton affiche devient aussi ton avatar Facebook. Car Facebook est partie intégrante de la campagne : tu ne postes plus que des messages expliquant le programme de ta liste ou alors des photos « humoristiques » montrant des tracts de la liste adverse dans une poubelle ou piétinés sur un trottoir. Tu n'aimes et tu ne partages plus que les contenus de tes colistiers.

Cela a un prix : la grande majorité de tes amis t'ont supprimé ou ignorent tes messages. Ils n'en ont rien à faire de la politique, encore moins de celle de ta commune.

La seule chose que tu ne forwardes pas, c'est l'honteux lipdub que ta tête de liste a tenu à mettre sur Youtube et dans lequel on te voit te déhancher maladroitement d'un air gêné. Bizarrement, tes voisins l'ont retenu celui-là, t'interpellant d'un bruyant « Hey, John Travolta ! » quand ils te croisent.

Tu as réactivé ton défunt compte Twitter et tu t'es créé un « blog de campagne » dont tu twittes chaque billet. Ton Twitter et ton blog sont suivis, en tout et pour tout, par tes colistiers. Du moins ceux qui en ont compris le fonctionnement. Le dernier sur ta liste fait une campagne de feu sur Twitter, twittant chaque rencontre, chaque discussion. Il n'a juste pas compris que son compte était protégé et qu'il n'avait absolument aucun follower.

Hier soir, le cirque venait en ville. Ton conjoint t'a proposé d'y emmener les enfants. Tu as dit que tu ne pouvais pas car tu participais au débat de l'Amicale des Comités des Quartiers Communautarisés et Unis, l'ACQeCOUCOU. Tu t'es retrouvé au débat avec 89 personnes, dont 88 candidats et un organisateur.

Ton conjoint t'a dit que le spectacle était superbe, que les enfants ont adoré, que la moitié de la ville était là, qu'il avait vu des amis d'un quartier éloigné qui ignorait que tu te présentais et que tu aurais aimé.

Tu as regardé la pile de tracts que tu te promettais de mettre dans les boîtes aux lettres le lendemain. Et, dans un profond soupir, tu t'es rendu compte que tu n'étais plus trop sûr de vouloir être élu.


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Source: http://ploum.net/post/deviens-candidat-elections


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