ploum.net

Ce site n'est pas le site officiel.
C'est un blog automatisé qui réplique les articles automatiquement

Les faiseurs de pluie et de beau temps

Tuesday 14 May 2013 at 21:55

Comme chaque année, Nest’up tient ses promesses. Et la fournée 2015 ne semble pas faillir à la tradition. Parmi les heureux nominés, nous avons rencontré Géraldine et Fabien, initiateurs du projet MeteoroLogic.

« C’est un module entièrement autonome que chacun peut imprimer chez lui moyennant l’achat de deux trois composants. Il est également possible de nous le commander déjà monté pour une somme modique. L’apport d’énergie est fait grâce à des capteurs ventouses éoliens et des petits panneaux solaires. » fait Fabien en nous présentant un parallélépipède cylindrique fraîchement sorti de son imprimante 3D.

Géographe et météorologue de formation, le jeune homme avoue avoir toujours eu un faible pour l’électronique. « Je me construisais des stations météo de plus en plus sophistiquées. Mais j’avais du mal à me procurer certaines pièces. L’impression 3D a été une illumination et j’ai décidé de créer ma propre station. J’ai lancé un projet Kickstarter afin de pouvoir y consacrer mon été plutôt que de travailler dans un fast-food. En échange, j’ai élevé les plans de mon travail dans le domaine public. »

C’est d’ailleurs suite à un article dans le journal de l’université intitulé « Les projets de nos étudiants » que Géraldine rencontrera Fabien. À cette époque, la future ingénieur en informatique se cherche un sujet de thèse de master en intelligence artificielle.

« L’idée m’est venue un jour où j’ai vu mon flux Twitter se remplir de lamentations sur la pluie alors qu’à la fenêtre de mon kot, le soleil brillait. Quatre minutes plus tard, la drache s’abattait. Twitter avait été plus rapide que les nuages. Je me suis dit qu’on devrait pouvoir bâtir un modèle prédictif qui se base sur la position des tweets météo. Mais quand j’ai vu le projet de Fabien, j’ai tout de suite imaginé le potentiel de connecter ces stations en réseau, par internet. »

Si le potentiel semble en effet intéressant, le modèle économique l’est moins : les plans sont disponibles gratuitement, le logiciel est open source et MeteoroLogic vend les stations météo au prix coûtant. D’ailleurs, les particuliers souhaitant avoir une station météo dans leur jardin ne sont probablement pas légion. Fabien nous détrompe.

« Avec l’essor de la domotique, il devient très utile d’avoir une station météo ultra-personnalisée connectée à votre wifi qui vous donne la température exacte, le vent, l’humidité et peut prédire une averse à trois minutes près. Il est possible d’optimiser les périodes d’aération en hiver pour minimiser la perte de chaleur et, en été, au contraire de diminuer le besoin d’air conditionné. Tout est automatique et vous pouvez être averti sur votre smartphone dès qu’une pluie s’annonce afin de rentrer le linge qui sèche. Nous allons établir des partenariats avec les sociétés domotiques, ce qui devrait nous assurer un revenu. »

Mais comment une simple station pourrait-elle faire des prévisions aussi précises ? C’est ici qu’intervient la thèse de Géraldine.

« Imaginez des milliers de stations météo un peu partout dans le pays, connectées à Internet avec un GPS pour connaitre leur localisation précise. Chaque station va utiliser les informations issues des autres stations pour bâtir un modèle personnalisé du temps local. Techniquement, j’ai utilisé un réseau de neurones pour construire un modèle adaptatif. Chaque station météo découvre ses voisins et obtient leurs données à travers un protocole décentralisé inspiré par BitTorrent. Au départ, toutes les informations se valent, la station météo en Chine n’a a priori pas plus de valeur que celle du voisin. Mais, au fur et à mesure, les prédictions vont s’affiner tout en tenant compte des spécificités locales. La station va apprendre que si il pleut soudainement chez le voisin, la pluie locale ne tarde jamais alors que la météo en Chine ne semble pas avoir d’influence. Ce qui est génial, c’est que nous n’utilisons pas les modèles météorologiques traditionnels. »

Chaque station utilise donc les autres pour affiner ses prédictions. Et plus il y aura de stations, au plus les prédictions seront précises. Mais les prédictions restent ultra locales.

« Je travaille également à un modèle pour récupérer toutes ces informations et prédire le temps à un endroit arbitraire pourvu qu’il ne soit pas trop éloigné d’au moins une station. Cet algorithme ne sera pas open source car le but est de vendre cette carte météo globale à des acteurs comme les journaux, les aéroports, les entreprises. Mais toutes les données sont publiques, MeteoroLogic n’est pas dans une situation privilégiée : nous nous contentons de nous connecter à ce réseau de stations comme n’importe qui. C’est ce qui fait la beauté du projet : une fois que les plans et le code source de la station météo sont publiques, plus rien ne peut arrêter l’explosion de ce météo-web. »

Le résultat sera-t-il à la hauteur des prédictions professionnelles ? Quelques stations d’un coût d’une petite centaine d’euros parviendront-elles à égaler les satellites lancés à grand frais en orbite géostationnaire ? Fabien et Géraldine l’espèrent. D’ailleurs, l’ESA, l’Agence Spatiale Européenne, a déjà annoncé suivre de très près les résultats des deux jeunes entrepreneurs.

 

Photo par Retromoderns

flattr this!

Source: http://ploum.net/post/faiseurs-de-pluie-et-de-beau-temps


The Cost of Being Convinced

Wednesday 8 May 2013 at 11:39

When debating, we usually consider that opinions are merely resulting of being exposed to logical arguments. And understanding them. If arguments are logical and understood, people will change their mind.

Anybody having been connected long enough on the internet knows that it never happens. Everybody stays on his own position. But why?

The reason is simple: changing opinion has a cost. A cost that we usually ignore. A good exercice is to try to evaluate this cost before any debate. For yourself and for the counterpart.

Let’s take a music fan that was convinced that piracy hurts artists. Convincing him that it’s not the case and that piracy is not immoral means to him that, firstly, he was dumb enough to be brainwashed by major companies and that, secondly, the money spent on CD is a complete waste.

Each time you will tell him “Piracy is not hurting artists and not immoral”, he will ear “You are stupid and you wasted money for years”.

This is quite a high cost but not impossible to overcome. It means that arguments should not only convince him, but also overcome that cost.

Worst: intuitively, we take the symmetry of costs for granted.

Let’s take the good old god debate.

For the atheist, the cost of being convinced is usually admitting being wrong. This is a non-negligible cost but sometimes possible. Most non-hardcore atheists are thus quite ready to be convinced. They enter any religious debate expecting the same mindset from the opponents.

But the opposite is not true. For a religious person, believing in god is
often a very important part of her life. In most case, this is something inherited from her parents. Some life choices have been made because of her belief. The person is often engaged in activities and societies related to her belief. It could be as far as being the core foundation of her social circles.

When you say “God doesn’t exist”, the religious will hear “You are stupid, your parents were liars, you wrecked your life and you have no reason to see your friends anymore”.

It looks like a joke, right? It isn’t. But, subconsciously, it is exactly what people feel and understand. No wonder that religious debates are so emotional.

Why do you think that some religious communities are fighting any individual atheist? Why do you think that any religion always try to get money or personal involvement from you? Because they want to increase the cost of not believing in them. Scammers understand that very well: they will ask you more and more money to increase the cost of you realizing it’s a scam.
Before any argument, any debate, ask everyone to answer sincerely to the question “what will happen if I’m convinced? What will I do? What will change in my life?”.

More often than not, changing opinion is simply not an option. Which settle any debate before the start.

And you? Which of your opinions are too costly to be changed? And what can you do to improve the situation?

 

Picture by r.nial.bradshaw

flattr this!

Source: http://ploum.net/post/the-cost-of-being-convinced


La lettre d’Anton

Monday 6 May 2013 at 19:46

Il était une fois un enfant appelé Anton. Anton vivait dans une famille très pauvre. Le dimanche, la famille se partageait un artichaut et, le reste de la semaine, se contentait de faire infuser les feuilles de l’artichaut du dimanche, ajoutant parfois quelques pissenlits qu’Anton arrachait sur le chemin de l’école.

Le père d’Anton travaillait à l’usine de nettoyage des pièces de monnaie. À la fin de chaque année, son patron le félicitait et lui octroyait une petite prime. Cette prime était intégralement dépensée à l’achat d’un cadeau de Noël pour Anton et d’un repas pour toute la famille.

Cette année, lorsque le directeur de l’usine demanda à le voir, le père d’Anton se demanda s’il achèterait un livre illustré ou des crayons de couleur. Il emballerait le cadeau dans un papier argenté et le glisserait, la nuit, devant la cheminée. Il grignoterait un morceau d’artichaut qu’Anton aurait placé à l’intention des rennes du père Noël puis il irait se coucher, imaginant la joie pétillant dans les yeux de son fils.

Mais le directeur n’avait pas l’air très souriant. Il mâchonnait nerveusement un gros cigare qui sentait mauvais.
— Les nouvelles ne sont pas bonnes, dit-il au père d’Anton. La crise nous fait perdre des intérêts sur les capitaux des placements dérivés. Nous devons améliorer la rentabilité globale. C’est pourquoi, nous enverrons désormais les pièces de monnaies en Chine, où l’usage de gants et de masques n’est pas obligatoire pour manipuler l’acide chlorydrique. Nous devons malheureusement nous défaire temporairement de nos nettoyeurs, jusqu’à ce que le coût du kérosène dépasse celui des masques et des gants.

Le père d’Anton ne sut que répondre. Pour le repas de Noël ce soir là, ils se contentèrent du traditionnel artichaut. Tout la nuit, le papa d’Anton se retourna en tentant d’oublier le regard déçu qu’afficherait son fils le lendemain en ne découvrant aucun cadeau. Puis, pris d’un inspiration subite, il se leva, pris un crayon, une feuille de papier neuve et croqua l’artichaut. Il alla se coucher, rasséréné.

Le lendemain, Anton se précipita hors de sa chambre mais ne trouva, au pieds de la cheminée, qu’une feuille de papier sur laquelle était écrit :

« Cher Anton,

Tu le sais, j’ai tendance à ne faire qu’un seul cadeau par an aux enfants qui ont été sages.

Mais, cette année, tu as été particulièrement sage. Plutôt que de te faire un seul cadeau, j’ai décidé de t’en offrir pour le restant de ta vie.

À chaque fois que tu seras heureux, à chaque fois que ta maman t’embrassera, que ton papa te caressera les cheveux, ce sera un cadeau que je te fais.

Mais à chaque fois que tu te sentiras malheureux, réfléchis. Au fond de toi tu te rendras compte que tu n’as peut-être pas été assez sage.

Sois sage et je te comblerai de bonheur,

Père Noël »

Anton tendit la lettre à son papa :
— Le père Noël m’a écrit. C’est vraiment lui papa ? C’est une véritable lettre du Père Noël ?
— De qui veux-tu que ce soit d’autre ? fit le papa d’Anton.
Tout en souriant, il passa sa main dans les cheveux de son fils. Anton sut alors au fond de lui que la lettre était vraie. Comme pour confirmer son intuition, Maman l’embrassa et lui souhaita un joyeux Noël. Ses yeux pétillèrent de joie.

Mais la crise touchait durement toute la ville. Les intérêts s’effondraient, les bulles explosaient, les actions s’arrêtaient et les options disparaissaient. Toutes les familles se retrouvèrent en difficulté.

Anton se trouvait à l’âge où, dans les cours de récréation, on se met à exercer son sens critique. Untel a surpris ses parents déposant les cadeaux. Un autre se demande comment le père Noël peut passer dans autant de cheminée en une seule soirée. Un troisième calcule la taille du traîneau nécessaire pour transporter assez de cadeaux. Mais Anton parait à tous ces arguments en exhibant sa lettre.

Mis au courant par leurs enfants, les parents trouvèrent que c’était une très bonne idée pour faire des économies en temps de crise ou, comme le gouvernement l’appelait, en période d’austérité. Et comme le papier et le crayon commençaient eux-mêmes à manquer, les parents se contentèrent de répéter un message transmis par le Père Noël en personne qui était venu cette nuit mais n’avait pas voulu réveiller les enfants.

Les parents vieillirent, les enfants grandirent et devinrent, à leur tour, des parents. À chaque veillée de Noël, on expliquait aux plus jeunes comment le père Noël récompensait les enfants sages. Et lorsqu’un enfant plus éveillé que les autres demandait si le père Noël existait, on lui racontait l’histoire d’Anton qui avait reçu une véritable lettre. La copie de cette lettre pouvait être trouvée dans n’importe quelle maison du pays. D’ailleurs, on l’apprenait par cœur à l’école, au grand dam de l’imprimeur qui avait fait fortune en éditant pour la première fois cette lettre.

Dans les universités, des thèses de doctorat furent écrites pour savoir pourquoi Anton avait été choisi plutôt qu’un autre. D’autres affirmaient que si on traduisait la lettre en langage esquimau, qu’on mélangeait les lettres et qu’on lisait ensuite les lettres placées uniquement en position correspondant à un chiffre premier, on obtenait l’adresse du Père Noël. La faculté d’Aéronautique Du Traîneau fit son apparition et forma des générations de chercheurs scientifiques.

Un jour, un étudiant affirma haut et fort qu’il ne pensait pas que le père Noël existait. D’ailleurs, disait-il, nous n’avons plus la moindre preuve de son existence. Dans les temps anciens, il apportait des cadeaux tangibles. Mais ce sont certainement des racontars. Comment aurait-il pu livrer autant de cadeau en une seule nuit ?

Il lui fut rétorqué que s’il ne croyait pas au père Noël, il n’avait aucune raison d’être sage, qu’il serait donc malheureux. Que le fait qu’il lui arrive des évènements heureux était la preuve de l’existence du père Noël. Que cela revenait à traiter ses parents de menteurs pour lui avoir fait croire à quelque chose qui n’existait pas. Que lui, simple étudiant, osait traiter toute la faculté d’Aéronautique Du Traîneau de menteurs ?

Mais que bon, ça le regardait. Que si il voulait, il pouvait ne pas croire et ne pas être sage. On n’allait pas le tuer, on n’est pas chez les platerristes. Mais qu’il était hors de question de le voir au souper de Noël familial ni à la soirée de Noël avec ses amis.

Comme notre étudiant aimait ses parents, sa famille, ses amis et la faculté d’Aéronautique Du Traîneau, il répliqua que peut-être le père Noël ne voulait-il pas être vu justement pour tester ceux qui étaient vraiment sages.

On considéra que c’était une très bonne explication. Et tout le monde applaudit en se disant que, au moins, les enfants étaient sages, que chacun avait des moments de bonheur et que le Père Noël devait être content d’eux.

 

Photo par Robert Orr

flattr this!

Source: http://ploum.net/post/la-lettre-danton


Égalité pour tous !

Tuesday 23 April 2013 at 20:03

Le 23 avril, Bernard et Jean-Pierre se sautaient dans les bras. Aujourd’hui, avec un petit groupe d’une centaine de personnes, ils manifestent devant l’Élysée en réclamant une solution. Des panneaux “Égalité” et “Pour tous” sont brandis.
— Nous ne pouvions y croire, murmure Jean-Pierre avec un brin de nostalgie. À l’époque j’étais réellement amoureux.

Les deux amants ont donc immédiatement accompli les formalités nécessaires et, en juin 2013, ils comptaient parmi les premiers couples homosexuels mariés en France. Dans la foulée, ils achètent un appartement en banlieue parisienne.

Mais, dès septembre, le couple bat de l’aile.
— Je ne connaissais pas Berrnard sous ce jour. Il est devenu colérique.

À part, Bernard nous confie :
— Cette salope de Jean-Pierre est sorti avec Sabrina, ma meilleure amie, un soir où j’étais en voyage d’affaire. Il avait bien caché ses penchants hétéros.

La situation devenant tendue, le couple décide de divorcer. Mais à la première audience, surprise : la loi n’autorise le divorce qu’entre un homme et une femme. Si le vote du 23 avril a rendu le mariage accessible aux couples de même sexe, il n’en est pas de même pour le divorce.

Refusant chacun d’abandonner l’appartement qu’ils ont acheté ensemble, Bernard et Jean-Pierre sont donc forcé de cohabiter. Ce que Jean-Pierre considère comme très éprouvant.
— Comme je travaille essentiellement à domicile, cela me force de vivre 24h sur 24 avec une pédale comme Bernard. Sans compter que ma relation avec Sabrina en souffre énormément.

Leurs amis ont bien essayé de trouver un arrangement.
— Je veux bien revendre mes parts de l’appartement, nous dit Bernard, mais j’exige la garde de Kiki, mon hamster.
— Hors de question que je laisse mon hamster à une tantouze, tempête Jean-Pierre.
— C’est mon hamster, espèce de vieux pervers !

Les deux époux ont donc lancé le Divorce Pour Tous, un collectif qui a pour but de réclamer l’égalité devant le divorce. Kiki en est rapidement devenu l’icône, ainsi que nous confie une militante qui brandit un panneau à son effigie :
— Si je suis ici c’est parce que je trouve injuste qu’une pauvre bête comme Kiki souffre à cause de la bêtise des hommes. À cause d’une loi mal conçue, ce hamster est obligé de vivre dans une situation conflictuelle permanente, tiraillé entre ses deux papas. C’est affreux. Le parlement doit agir pour mettre fin à cette situation ! Pour sauver Kiki, nous réclamons le divorce pour tous.

Et la centaine de militants de reprendre avec elle :
— Pour sauver Kiki, le divorce pour tous !

flattr this!

Source: http://ploum.net/post/egalite-pour-tous


Récit de voyage

Thursday 18 April 2013 at 18:34

Il fait chaud. Dans un nuage de poussière nauséabonde, le vieux bus bringuebalant s’arrête devant nous. D’un revers de la main, j’essuie la goutte de sueur qui perle au dessus de mes lunettes de soleil. Une foule criarde s’engouffre dans l’antique tacot en fer blanc, me pressant, me collant et me dévisageant avec amusement.

Je jette un coup d’œil inquiet à mon téléphone : montez dans le bus 42 et insérez 200 chtongs dans le récepteur à côté du chauffeur. Attention, le symbole suivant indique que le paiement se fait au débarquement et non à l’embarquement.

Relevant la tête, je constate que le chauffeur m’invective. Sa bouche édentée mâche une matière brunâtre tandis que, d’un geste insistant, il m’indique alternativement le fond du bus et un symbole illuminé au dessus de sa tête. Le symbole de paiement à la sortie. Derrière moi, la foule s’impatiente. Je murmure une excuse en patois local, si je dois en croire ce que mon téléphone m’a inculqué dans les semaines précédent le départ, et je m’élance vers le fond de l’engin où j’ai à peine le temps d’empoigner ce qui fut une poignée de cuir avant que le démarrage ne me projette sur mes compagnons de voyage.

Durée de trajet estimée : 18 minutes, toujours selon mon téléphone. De toutes façons, il me préviendra quelques minutes avant mon arrêt de destination, au cas où je m’assoupirais.

Je n’ai jamais été très aventurier dans l’âme. Mais la technologie m’a permis de découvrir le monde en chair et en os. Depuis trois ans, j’investis annuellement deux ou trois bitcoins dans un grand voyage de découverte. Et je n’ai jamais eu à le regretter. Sauf la première fois lorsque, dans une étape, j’ai découvert un cafard dans mes draps de lit. Ma note de 0 sur cet hôtel a fait comprendre à Wikitravel que si j’étais assez souple sur le confort, j’avais néanmoins une certaine exigence de propreté.

Mais le système d’apprentissage a fonctionné à merveille : je n’ai plus que des hôtels honorables tout en restant relativement typiques et dans ma limite de budget.

Cette année, j’ai fait entièrement confiance. J’ai simplement déclaré que je voulais visiter le Zizikistan Oriental, j’ai donné mes dates approximatives et mon budget. Wikitravel a fait le reste, en minimisant les escales et allant jusqu’à réserver le taxi et le payer à l’avance pour m’amener de mon domicile à l’aéroport. À chaque étape, je n’ai qu’à suivre mon téléphone. J’ai des rappels pour tous les événements importants, il me signale les bus, les arrêts. Il m’avertis lorsque je dois presser le pas car je me suis trop éloigné et affiche un QR code pour franchir les portes d’embarquement à l’aéroport. Même les places dans l’avion sont choisies selon mes goûts.

Dans les semaines qui précèdent, je peux m’entraîner à prononcer les phrases usuelles dont je vais avoir besoin : bonjour, au revoir, merci, pardon. Et laissez-moi vous dire que le Zizikistanais, ce n’est pas une sinécure.

Bzzzz ! Mon téléphone vibre. C’est ici que je descends du bus. Je dépose deux pièces de 100 chtongs dans le réceptacle et murmure un remerciement au conducteur. Derrière moi, le bus redémarre dans un vrombissement de vieux gazoil brûlé. Après quelques dizaines de mètres sur les cailloux brûlants, j’arrive à un antique panneau délavé, placé en des temps antédiluviens par un office de tourisme bien intentionné mais manifestement fâché avec l’anglais.

Ce qui ne m’incommode pas le moins du monde, mon téléphone me fournissant toutes les informations utiles ou simplement intéressantes. Dans le cas présent, il me signale de suivre les symboles jaunâtres placés sur des piquets de bois. Nul besoin de rester rivé sur mon téléphone : il m’avertira si je m’éloigne de plus de cent mètres de mon itinéraire, me laissant le choix de marquer cet écart comme volontaire ou non.

Le planning initialement proposé par Wikitravel tenait compte de mes préférences : monuments historiques, ballades dans la nature et un jour ou deux sur une plage pour terminer. Comme les plages du Zizikistan Oriental sont particulièrement célèbres, j’ai ajusté le voyage pour y passer 3 jours. Tant pis pour la visite du village aborigène. Mais aujourd’hui, j’ai enfilé mes chaussures pour une randonnée de 10 km à travers la forêt tropicale. Une ballade jusqu’à un petit temple perdu dans les brumes de la jungle marquée, par Wikitravel, comme à ne pas manquer car elle permet une immersion dans la faune et la flore locale.

Encore un panneau jaune ! Décidémment, cette randonnée est bien balisée. Je m’arrête un instant pour prendre des photos d’une splendide libellule. J’enregistre également une séquence son des bruits de jungle. C’est magique ! Tout cela est génère automatiquement un diaporama avec la carte de mes déplacements, mes notes personnelles, les sons, vidéos, photos. Ce diaporama est partagé en temps réel avec mes amis proches et ma famille car, oui, même dans la jungle Zizikistanaise il y a du 3G.

Chaque soir, j’édite mon “carnet de voyage” en supprimant les photos marquées comme inutiles ou ratées par mes amis. Je décide également de rendre public certaines notes, surtout les appréciations, et les images les plus jolies. Le tout agrémente WikiTravel et sera certainement utile aux voyageurs suivants.

Alors qu’ils avaient une avance certaine avec Latitude et Maps, l’hégémonie de l’omniprésent Google est pour une fois remise en question. Qui plus est par la fondation Wikimedia !

D’ailleurs, j’ai toujours répugné à confier mon budget à Google. L’un des points forts de Wikitravel est justement la gestion totale du budget. Les hôtels et les vols sont bien entendu réservés à l’avance mais Wikitravel va jusqu’à prévoir le prix du bus local, me suggérer la quantité de monnaie locale à retirer, me conseiller le petit restaurant typique pas cher sans aucun intérêt publicitaire autre que s’adapter à mes goûts et mes désirs de découverte.

Le 1% du prix total versé automatiquement comme “donation” à la fondation Wikimedia n’est donc que justice. Surtout depuis qu’elle s’occupe également d’OpenStreetMap, qui est une pierre angulaire de WikiTravel. D’ailleurs, on peut configurer ce pourcentage et choisir un prix libre. Un business model assez intéressant et qui a donné une bouffé d’oxygène à la fondation dont le produit phare reste Wikipédia.

La jungle bruisse de mille bruits. C’est merveilleux. Moi qui n’ai jamais été un débrouillard, moi qui n’ai jamais réussi à organiser correctement une semaine dans un camping de la Costa Brava et dont le sens de l’orientation est inexistant, je découvre enfin le monde. Je ne sais même pas dans quelle ville je vais loger ce soir ni comment je vais m’y rendre. Je me laisse guider et je savoure chaque instant.

Tiens, le sentier se divise et un piquet esseulé m’indique que, un jour, un symbole jaune a du guider des touristes comme moi, perdu à 5 km de la lisière de la forêt.

Je sort mon téléphone de ma poche. L’écran est noir. J’appuie sur la touche plusieurs fois mais sans succès. Un oiseau tropical pousse un cri strident. Je sursaute, pose un regard inquiet autour de moi avant de replonger sur mon téléphone.

Hier soir, après avoir trié les photos de la journée vautré dans mon lit, j’ai eu la flemme d’aller le mettre à charger sur la seule prise de la chambre. Je m’étais dit que, étant donné sa vitesse de charge, je ferai ça durant le petit déjeuner.

Je crois que j’ai oublié. Ma batterie est morte. Les feuilles bruissent autour de moi. Un nouveau cri de l’oiseau me fait frisonner l’échine…

 

Photo par moi-même (tout arrive)

flattr this!

Source: http://ploum.net/post/recit-de-voyage


The Disruptive Free Price

Thursday 28 March 2013 at 16:41

During most of my life, I thought that there was only two ways to give money to someone. Firstly, in exchange of something you want/need but not available without paying. It is called “buying”. The other occasion is giving money for nothing, because you want to help someone in a bad situation and want to feel good about it. It is called “charity”.

If I forget about gifts, which are a rare exception happening only within my close social circle, every transaction is either a purchase or a charity donation. Nothing else.

The implications are huge. It means that something has one and only one fixed price, fixed by the market and identical for everybody. That price is perceived as the real value. People will pay an expensive ticket for a violin concerto but will not pay attention if the same artist plays in the metro. It is free, thus worthless. In our society, price and value are synonym.

In that world, when you plan to earn money, you only have two solutions: pledge for charity or give something that customers cannot get for free. On the internet, where nearly everything can be found freely, this translated into two business models: a paywall (your readers being your customers) or advertising (your readers being the product you sell to your customers). The paywall proved to be ineffective (because people can get what they want for free anyway) and the advertisements proved to be very lucrative for the intermediaries (like Google) but not for the content providers. It also has the result of making the content providers caring more about advertiser’s interests (their customers) and to think about their followers (their product) only in terms of volume.

When I joined Flattr, in 2010, I thought it was only a way for people to give me charity. My bet was to invest 24€ in a year in order to earn more. I told myself that I would quit Flattr if made less than the, at the time mandatory, 2€/month.

I’ve earned more but, most importantly, learned much much more.

I discovered that transactions are not only of the “buying because you have no choice” or “charity” kind. It could be something hybrid, something I call the “free price”.

I thought that what I wrote on my blog had no value. My writing would be valued only if published in a book. But I discovered that it nevertheless had value for some. A different one for each reader. Not fixed by the invisible hand of the market but by their personal history. Flattr allowed people to pay for each of my blog post according to the value they saw in it. It is not charity, it is not giving. It is “paying freely”.

In a sense, it is a lot more fair. A poor reader will be able to give me 0.10€ while a richer reader can give me 1, 10 or even 50€. The content producer dilemma was “publish something for free and make it worthless in order to reach a wide audience” or “keep it confidential to earn money and monetize the content”. Now, with the “free price”, you can have both. Making stuff for free while keeping an high value.

As Amanda Palmer said, this is not new. It always existed for street artists, for waiter’s tips. But I was confusing it with charity and may not be alone in that case. It is clearly not charity. You pay for something, for a product. It is a free price.

This has the groundbreaking effect of putting into question the traditional equation price = value. Because there’s not one fixed price but as many prices as customers.

While I’m very excited about this, I also realise that this is the main weakness of Flattr: it is too disruptive.

Flattr will only work for people already convinced that this third transaction model is possible. It will only work for the people that are already seeing value in stuff that have no price. People that are ready to go through the hassle of creating an account, sending money, etc.

But what if we could transform Flattr into an educational tool? Teaching people the joy of paying for stuff without a fixed price? After all, it’s exactly the effect it had on me.

What about a Flattr paywall as a Trojan horse? A Flattr paywall is something I already explored in my story “The Publisher’s Dilemma”. To access a list of content, a Flattr account would be required and any content you access would be automatically Flattered. Psychologically, content producers will then learn to make content for a “free price” without being required to publish completely for free (which is, thanks to the industry lobbying, something artists are afraid of).

On the other hand, many consumers who never bothered to pay for something may think “Hey, I can access many content on many websites for only 2€/month. Let’s create an account.” Once their account is credited, they may Flattr other content. After all it doesn’t cost them more money. And, like I did myself, find themselves increasing their monthly Flattr.

Flattr is an awesome tool for people who believe in a “free price”. But it could go one step further and become an advocacy tool for the “free price”. Something which is shaking one of the deepest foundation of our society, the infamous price tyranny.

 

Picture by FrostWire.

flattr this!

Source: http://ploum.net/post/the-disruptive-free-price


Chérie, il n’y a plus de papier !

Tuesday 26 March 2013 at 16:21

Ah non ! Pas encore ! Décidément, ça ne rate jamais. Je suis là, comme un pignouf, le pantalon sur les chevilles, et j’observe avec désarroi le maigre rouleau en carton où sont encore collés quelques reliefs de papier déchiré. Dans la main, je tiens la seule et unique feuille qui restait.

Soupir.

En m’étirant au maximum, je dois bien pouvoir atteindre l’armoire de la réserve en gardant mes fesses vissées sur la lunette. Humf ! Encore un petit effort. Gni ! J’attrape l’emballage plastique et… Victoire !

Je me saisis de mon précieux trophée, le dernier rouleau du paquet. Le dernier ? Machinalement, je fixe le code barre et murmure « Vide ». Dans mes lunettes, une légère notification me confirme que le fait a bien été enregistré.

C’est HouseSupply, une startup canadienne, qui a lancé cela. Plutôt que d’écrire une liste de courses, il suffit de s’inscrire et de scanner l’emballage des produits vides. De leur côtés, ils tiennent à jour l’état de votre stock pour ce produit et s’occupent de faire en sorte que vous ne soyez jamais à cours.

Bien sûr, cela fonctionne surtout pour les biens non-périssables que l’on souhaite avoir en permanence sous la main. Les produits ménagers, les conserves, les boissons gazeuses et, bien entendu, le papier toilette. Ils s’arrangent pour faire le minimum de livraisons possibles et tiennent compte de votre rythme de consommation.

Personnellement, j’adore. Lorsque je me rends au supermarché, c’est dorénavant uniquement pour acheter des produits frais. Du coup, je peux y aller à pieds avec un sac à dos plutôt qu’en voiture. Il est bien entendu qu’il ne faut pas oublier de scanner les étiquettes des pots vides. J’ai intégré le réflexe. Pour les autres, j’ai entendu dire que des poubelles intelligentes avec lecteurs RFID devraient bientôt s’en charger.

Un service similaire existe pour les produits périssables, avec rappel automatique lorsque la date de péremption approche. Mais j’avoue ne pas avoir franchi le pas. C’est mon côté un peu frileux mais la nourriture, c’est sacré. Je l’achète dans mon bon vieux super traditionnel.

Tout en tirant la chasse, je tente de camoufler les mauvaises odeurs avec la bonbonne décorée de champs de lavande et de petits oiseaux.

Pf…rr Pf…rr

Décidément, c’est le jour ! La bonbonne est vide. Sans réfléchir, je la tourne histoire de fixer le code barre en murmurant « Vide ». La notification qui s’affiche dans mes lunettes se marque en orange. Bizarre.

— Chérie ?

Une voix lointaine me répond du salon :
— Quoi ?
— Tu as changé de marque pour le Pschit-Pschit Sent-Bon lavande ?
— Oui. HouseSupply m’a fait savoir que plus de 70% de nos amis Facebook sont passés de Pschit-Pschit Sent-Bon à Ouragan Senteur et sont très satisfaits du changement pour un coût inférieur. J’ai accepté l’offre de changer.
— Ah, dis-je peu convaincu. Mais t’es sûr que c’était pas une promotion déguisée ?
— Non, j’ai demandé à Laure. Elle m’a confirmé que c’est tout aussi bon et que ça coûte moins cher. D’ailleurs, globalement, sur HouseSupply il y a une migration très nette vers Ouragan Senteur avec un fort taux de satisfaction. J’ai fait une recherche sur HouseSupply Trends et la migration inverse est elle quasi inexistante.
— Bon, dans ce cas, va pour Ouragan Senteur.

J’ai pas mal d’amis qui sont formellement opposés à HouseSupply. Ils parlent d’une invasion dans nos vies privées. De mon côté, je ne trouve pas cela pire que les cartes de fidélité. Et si quelqu’un tient absolument à mesurer ma consommation de papier toilette, grand bien lui fasse ! Est-ce qu’ils prennent en compte qu’un rouleau sur deux est tout simplement dégommé par le chat ? D’ailleurs, à choisir, je sacrifierais toutes mes données de consommation de PQ et de Pschit-Pshit Sent-Bon passées, présentes et à venir pour que le système puisse me prévenir que le rouleau est vide avant que je pose mes fesses sur la cuvette.

Genre un gros avertissement rouge qui clignote dans les lunettes : « Attention ! Vous allez vous asseoir sur la toilette mais le rouleau actuel ne comporte plus que six feuillets or votre consommation habituelle est de vingt-trois feuillets. »

Tout en me marrant silencieusement à cette idée, je jette le flacon vide de Pshit-Pshit Sent-Bon dans la poubelle appropriée et prend un nouveau dans la réserve. Tiens, il s’agit du dernier ! Une livraison ne devrait donc pas tarder…

 

Photo par Jane Waterbury

flattr this!

Source: http://ploum.net/post/cherie-il-ny-a-plus-de-papier


Bitcoin pour les nuls

Wednesday 20 March 2013 at 00:07

Vous entendez peut-être parler, surtout sur ce blog, du Bitcoin. Mais qu’est-ce donc ? Et bien, il s’agit d’une monnaie. Rien de moins, rien de plus.

Mais au fond, qu’est-ce qui caractérise une monnaie ? C’est un instrument dans lequel vous placez une certaine confiance. La confiance de pouvoir, plus tard, l’échanger contre des biens ou des services dont vous avez besoin. Ce qui vous pousse, vous-même, à l’accepter en échange d’un service ou d’un bien. Dans la plupart des cas, la monnaie n’est qu’un instrument et n’a pas de valeur intrinsèque ou alors une valeur intrinsèque plus faible que la valeur faciale. Depuis plusieurs années, la monnaie est même devenue principalement virtuelle : il s’agit d’un chiffre qui s’affiche sur un écran. Avez-vous déjà songé que vous travaillez uniquement pour augmenter un chiffre sur un « compte » ?

Afin de maintenir la confiance, il faut que la monnaie soit suffisamment rare et difficile à produire. C’est une des raisons qui ont fait que, très tôt, les hommes ont adopté l’or, l’argent ou les coquillages comme monnaie : rare, difficile à trouver ou à contrefaire et facile à transférer ou à diviser en plus petites parties.

Mais les billets de banques ou les chiffres sur un ordinateur peuvent être reproduits très facilement. Une rareté artificielle est donc maintenue par les états et les banques. L’importance de la monnaie fait que ceux qui la contrôlent, les états et les banques, ont un pouvoir énorme.

Bitcoin est également une monnaie virtuelle. Il s’agit simplement d’un chiffre sur un ordinateur. Mais grâce à un algorithme mathématique complexe, il est possible de le rendre  inmultipliable sans recourir à une autorité centrale. Toute personne qui envoie un bitcoin le perd donc, comme pour n’importe quelle monnaie. Cela fonctionne tellement bien que des internautes ont commencé à avoir confiance dans le fait qu’il pouvait acheter des biens, des services, des euros ou des dollars avec des bitcoins. Le Bitcoin a donc acquis une valeur proportionnelle à cette confiance.

Comment fonctionne Bitcoin ?

Pour simplifier très grandement, chaque bitcoin est en fait la solution à un problème mathématique ultra-complexe. De par sa conception, nous savons qu’il existe un total de 21 millions de solutions différentes à ce problème mathématique. Mais les solutions les plus simples étant trouvées les premières, il devient de plus en plus difficile de trouver de nouvelles solutions. À ce jour, 11 millions de bitcoins sont en circulation, de nouveaux bitcoins apparaissent chaque jour chez les « mineurs », personnes équipées de matériel pour la recherche de solutions. Nous savons qu’il n’y aura jamais plus de 21 millions de bitcoins en circulation et chaque nouveau bitcoin est plus difficile à trouver que le précédent.

Un bitcoin est donc unique et rare. Mais il est divisible presqu’à l’infini, ce qui permet de ne pas limiter les échanges.

Le problème qui se pose ensuite est la double dépense. Comment s’assurer que lorsque je donne un bitcoin à quelqu’un, je n’en garde pas une copie. La solution est conceptuellement simple : le logiciel qui permet d’envoyer et de recevoir des bitcoins télécharge, en peer-to-peer, l’historique de tous les propriétaires successifs. Si je donne un bitcoin à Alice mais que j’essaie de le garder pour le dépenser une seconde fois chez Bob, Bob verra immédiatement, dans l’historique du bitcoin en question, qu’il a déjà été donné à Alice. Bob le refusera donc.

Il s’agit évidemment d’une simplification outrancière (et fausse par certains aspects) mais qui vous donne une idée de ce qu’est le bitcoin.

Comment obtenir des bitcoins ?

La première chose à faire c’est d’avoir un portefeuille pour recevoir des bitcoins. Vous pouvez soit vous créer un compte sur un service de portefeuille Bitcoin soit installer un client bitcoin sur votre ordinateur. Votre portefeuille peut générer des adresses de réception qui ressemble à 18Trqk3tKkF8vNoW6am5rx8K6wUSQAqo1q. 

Muni de cette adresse, vous pouvez échanger vos euros ou vos dollars contre des bitcoins. Cet échange peut se faire en direct avec une connaissance ou un ami. Ou bien, vous pouvez vous rendre sur un site d’échange de bitcoins. Le plus connu est sans conteste MtGox, par lequel transite la toute grande majorité des échanges bitcoins/dollars. Mais l’utiliser implique pas mal de contraintes de sécurité. Un échange plus simple d’accès est Bitstamp. Une fois votre compte créé là-bas, vous pouvez faire un versement en euros, qui sera converti en dollars. Avec ces dollars, vous pourrez acheter des bitcoins et vous les envoyer sur votre adresse.

Une autre manière bien plus intéressante est de fournir vos services ou vos biens contre paiement en bitcoins. Il vous suffit de générer une adresse par transaction et de la donner à votre client. Le client ne peut pas ajouter de commentaire avec son paiement, ce qui rend Bitcoin un peu complexe et contre-intuitif lors des transactions.

Comment payer en bitcoins ?

Dépenser les bitcoins est très simple. Si vous faites un achat sur un site acceptant les paiements en bitcoins, vous verrez tout simplement l’adresse de réception du vendeur. Dans votre client bitcoin (en ligne ou sur votre ordinateur), introduisez cette adresse et le montant. Voilà, c’est aussi simple que ça. À titre d’exercice, copiez/coller 18Trqk3tKkF8vNoW6am5rx8K6wUSQAqo1q et envoyez moi ce que vous voulez, par exemple 0,01 bitcoin. Voilà, vous venez de faire un paiement. Ce paiement est anonyme : je n’ai aucun moyen de savoir qui me l’a envoyé. Notons que cet anonymat n’est pas absolument garanti si les investigateurs disposent de moyens suffisants.

Cette facilité et cet anonymat sont une force mais également un danger pour les utilisateurs peu avertis. En effet, imaginons que votre fournisseur d’accès internet décide de remplacer automatiquement les adresses Bitcoin dans les sites que vous visitez par ses adresses à lui. En toutes bonne foi, vous allez envoyer un paiement à l’adresse qui s’affiche sur votre écran. Mais votre destinataire ne recevra rien. Il est donc important de garantir la validité d’une adresse de paiement et Bitcoin ne résout pas ce problème.

Comment garder ses bitcoins en sécurité ?

Si vous avez installé un client Bitcoin sur votre ordinateur, il est impératif de sauvegarder votre fichier wallet.dat et de bien vous souvenir de son mot de passe. Si vous perdez l’un ou l’autre, vos bitcoins sont perdus sans espoir. Vos économies sont donc à la merci d’un crash disque ou d’un vol de laptop si vous n’y prenez garde. D’un autre côté, votre fichier wallet.dat ne doit pas tomber en de mauvaises mains.

Quand aux services de portefeuille Bitcoin en ligne, ils sont la proie des pirates ou des arnaqueurs. J’avais ainsi décidé de ne pas mettre mes œufs dans le même panier en mettant des bitcoins sur TradeHill, qui a fait faillite en emportant tous les bitcoins, sur Bitcoin7, qui a disparu du jour au lendemain et sur Bitmarket, dont le propriétaire s’est fait voler les bitcoins. Une belle leçon…

Garder ses bitcoins en sécurité nécessite donc une attention et une expertise assez pointue.

L’avenir du Bitcoin

Malgré ses défauts, Bitcoin permet de s’affranchir du contrôle des banques et des états. Personne ne contrôle Bitcoin. C’est pourquoi certaines personnes font confiance au Bitcoin. Cette confiance se traduit par une montée des prix. Cette montée des prix est elle même entretenue par les spéculateurs : les personnes qui ne font pas spécialement confiance au Bitcoin mais qui espèrent que les prix vont monter et qui ne font qu’acheter pour revendre plus tard. La proportion entre les spéculateurs et ceux qui achètent des bitcoins pour les dépenser, que ce soit maintenant ou plus tard, est tout à fait inconnue.

Personne ne peut prédire l’avenir. Il est très important de garder à l’esprit que tout achat de bitcoins à titre d’investissement est à haut risque. On n’investit que ce qu’on peut se permettre de perdre totalement.

Dans un futur proche, Bitcoin pourrait résoudre ses problèmes et, en se simplifiant, devenir pour la monnaie ce que l’email est à la communication et finir par s’échanger à plus de 1000$ le bitcoin. De même, une faille dans l’algorithme mathématique pourrait être découverte et faire tomber à zéro la valeur du Bitcoin en quelques heures.

De mon côté, je vous ai déjà raconté comment je voyais l’avenir. À vous de faire confiance au Bitcoin… ou pas !

 

Photo par Zach Copley

 

flattr this!

Source: http://ploum.net/post/bitcoin-pour-les-nuls


Habetis Nuntium (le futur du journalisme)

Sunday 17 March 2013 at 14:14

J’ai à peine le temps de pousser la porte de mon bar favori que François, mon pote de vingt ans, m’attrape le coude.

— Hey Lio, tu as vu ? Habemus papam ! Il a choisi le nom de règne de Télesphore 2 ! On va enfin arrêter de me faire des blagues.
— Non, je n’ai pas vu. Mais je ne suis pas catholique et pas très intéressé par les choses religieuses. Habetis papam !
— Je ne suis pas moi-même très religieux mais c’est une nouvelle relativement importante dans mon entourage. Je l’ai vu passer plusieurs fois dans mon flux.
— Visiblement, ce n’est pas le cas pour les gens que je suis. D’ailleurs, je t’avoue que je me porte très bien sans le savoir.
— J’ai compris, je ne te partage pas l’article de blog qui analyse le personnage, continue-t-il avec un clin d’œil.

Nous rigolons doucement tandis que je demande à Jean-Paul de m’apporter un demi. La discussion s’engage sur nos vies respectives, sur nos espoirs et nos futurs. Après un instant, François revient sur le sujet.

— Ça me perturbe que tu ne sois pas au courant de l’élection du nouveau pape. Pour le dernier pape, ce fût un événement planétaire. Personne n’aurait pu l’ignorer.
— Pendant des millénaires, les hommes ont lutté contre la faim. Ils ne tendaient qu’à une chose: manger. Lorsque la nourriture devint abondante et disponible, on assistât à l’excès inverse : boulimie, uniformisation mondiale à travers les fast food. En réaction, on redécouvrit les joies de la culture locale, du potager dans son jardin.
— Je vois où tu veux en venir : c’est exactement pareil pour l’actualité. Au cours de l’histoire, l’information a toujours été rare, précieuse. Une fois devenue abondante, l’humain devint boulimique. Il fallait absolument connaître les derniers détails de cette guerre à l’autre bout de la planète, les résultats d’une compétition sportive ou avoir vu la vidéo d’une agression crapuleuse filmée par une caméra de surveillance.
— Le tout étant uniformisé par un petit nombre de médias ayant chacun une grande audience, décidant de ce qui devait être connu mondialement ou complètement ignoré du grand public. L’exemple type, c’est la télévision.

François pose son verre et semble chercher dans ses souvenirs.

— J’ai un peu perdu l’habitude de la télévision. J’étais petit. C’était comme des vidéos en streaming sauf que tu ne pouvais pas choisir quand tu les regardais. Si tu étais en retard de cinq minutes, tu ratais le début.
— C’est exactement cela, dis-je. Du coup, tu captais l’attention des gens, tu les forçais à te suivre et tu leur faisais avaler n’importe quoi.
— Dire que ça me faisait rêver. Je voulais être journaliste à la télévision.
— Encore un métier qui a disparu. Ou s’est radicalement transformé, c’est selon.
— Quand on y pense, il fallait une sacrée technologie pour réussir à diffuser en continu sans que les gens téléchargent directement le fichier vidéo, non ?

Je me rappelle que François est un littéraire. La technologie pour lui, c’est du chinois. Quoiqu’il parle assez bien cette langue, justement. J’essaie de le sortir du bourbeux terrain technique.

— Pourquoi on parle de télévision encore ?
— On comparait cela à la boulimie et au fast-food.
— Ah oui. Et bien moi, tu vois, j’ai repris goût à me nourrir d’aliments locaux, de prêter plus attention à mon potager.

Il rigole :
— Et alors ? Le pape ne fait pas partie de ton potager ?
— Oh, au moins autant qu’un Big Mac.

 

Photo par Whitecat sg

flattr this!

Source: http://ploum.net/post/habetis-nuntium-le-futur-du-journalisme


Feel free to tip free content

Thursday 14 March 2013 at 13:40

We have entered in an incredible world of free content. If it can be copied, you can find it for free on the Internet. It is as simple as that and it is awesome. We never dared to dream about such a world where every content, every knowledge was free, shareable with everybody. But it’s the world we are living in.

Nevertheless, on the individual scale, this evolution is understandably not accepted by the people who were used to sell content by purposedly confusing a given content and its physical medium. After a failed attempt to artificially make content impossible to copy, some tried to monetize their content through advertisements. The fundamental flaw in that model being that it would keep the money in the real big-blue-ceiling world. A world which, unlike the virtual world, is physically limited. The growing virtual world would become nothing but a huge billboard for the real world. Not realistic…

When you cannot block people to access stuff for free but want to make them pay anyway, you have only one solution left: morality.

Current calls to morality are incredibly negative: “Not paying is bad”, “If you don’t pay, content creators will die”, “If you don’t pay, you will get sued”, “Not paying is stealing”, …

It leads to a business model based on fear and guilt. A world where everyone has to pay the same price before consuming the content. Not to mention the inherent contradiction of wanting to see the content spreading while, at the same time, blocking some from accessing it.

But what if the call to morality was actually positive? “You don’t have to pay but it will be appreciated”. “If you pay, I will be able to create more content”. “If you can’t afford to pay for it, at least share it with your friends, spread it!”.

In that new virtual world, only those who liked the content would pay. And they would pay the amount they want. Does it seems unrealistic because most people would choose to not pay? But it already exists. A lot of waiter and waitress in the world actually earn a living from tips. Or street artists like Amanda Palmer in her early days. Those tips are optional and paid afterwards. The amount being proportional to the quality of the service or the pleasure we had. Why is it working? Because we are used to that system. Because we are positively compelled to give a tip. Because we can give what we find reasonable for our budget.

In order for this system to work in the virtual world, it should be incredibly easy to give a tip without even thinking about it. Yet, such a system already exists. It is called Flattr and I already gave you a presentation. The strength of Flattr is that you pay in advance a monthly tip. There’s no way to get over your budget as it is monthly fixed.

But this would be even more awesome it the tip could be automatized. We spend a lot of time liking picture on Instagram, video on Vimeo, favouriting tweets and listenning to song on Grooveshark. Guess what? Flattr dit it! Starting yesterday, those like/favourite/recommend actions will automatically give a Flattr to the authors (if you enable it, of course).

And this service is open to any content provider. Each time you would like something on your favourite platform, you would send a tip. 90% of that tip goes directly to the author, 5% goes to Flattr and 5% goes to Medium.

For sure, those tips might appear negligible in the first time. But, as a content creator, isn’t it compelling to earn money because people wanted to give you money? Not because they were deceived into buying the entrance ticket but because they actually enjoyed your content? Wouldn’t it send a positive signal to new generation of content creators?

Feel free to consume the content. Feel free to share it. Feel free to tip it.

Just feel free…

 

Disclaimer: I earn between 4€ and 110€ per month with Flattr. I’m not affiliated with Flattr in any way but I’m really excited by the philosophical implications of Flattr. That’s why I’m writing so much about it. I would of course welcome any similar service, especially if it could be decentralized. This post was first written on Medium. Picture by Parisa.

flattr this!

Source: http://ploum.net/post/feel-free-to-tip-free-content