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Le dilemme de l’éditeur

Wednesday 6 March 2013 at 16:17

This text in English

Je suis un éditeur de livres. Devrais-je dire « J’étais un éditeur » ? Ou « Je suis encore un éditeur ? ». En fait, je ne suis plus certain d’avoir encore un travail. Tout ce que je sais c’est que je suis au prise avec « Le dilemme de l’éditeur ». Dois-je m’en réjouir ? Ou, au contraire, être désespéré ? Aucune idée…
En 2016, les ventes de magazines électroniques dépassèrent pour la première fois les ventes papier. Une évolution rendue possible grâce à l’existence de liseuses numériques bon marché, étanches et en couleurs. Sans même parler de l’arrivée des écrans mixtes, combinant amoled et e-ink sur les smartphones et les tablettes.

Néanmoins, les ebooks étaient toujours aussi chers que leurs équivalents papier, encourageant de ce fait le téléchargement illégal. Ou encourageant l’achat de la version papier auprès des utilisateurs ayant toujours le besoin irrationnel de « posséder un objet ».

Tout cela, c’était avant l’apparition de ReadR. Dès sa première année, la startup fût encensée par la presse spécialisée et appelée « le Spotify pour ebooks ». Le business model était simple : vous achetiez un abonnement mensuel et vous pouviez lire autant de livres que vous le souhaitiez. Leur slogan ? « Lire sans contrainte ».

Vous avez probablement déjà utilisé ReadR et vous en connaissez les avantages : une bibliothèque virtuelle synchronisée vers tous vos terminaux. Vous commencez à lire un livre sur votre liseuse à la maison, vous le continuez sur votre smartphone dans la file au supermarché avant de le terminer sur l’écran de l’ordinateur du bureau pendant votre pause déjeuner. Oui, vous pouvez même télécharger une version sans DRM de chacun des livres que vous avez lu.

L’expérience est parfaite. Mais le meilleur reste à venir : vous pouvez ajouter vos propres ebooks sur votre compte ReadR, par exemple ceux achetés sur une autre plateforme. Vous pouvez ensuite les partager avec vos amis. Vous venez de terminer un roman ? Voici automatiquement une liste des livres du même auteur recommandés par vos amis. ReadR fait disparaître les limitations du monde réel. Lire sans contrainte.

La possibilité d’envoyer ses propres ebooks combinée avec les recommandations fut immédiatement perçue comme un appel au piratage. Heureusement, l’industrie du livre décida de ne pas reproduire les erreurs de l’industrie du disque et, au contraire, de marcher dans le sens du progrès.

Après de longues négociations, la plupart des éditeurs, y compris ma propre société, accepta de publier l’entièreté de son catalogue sur ReadR. Chaque livre recevrait une certaine somme à chaque fois qu’il serait lu. Mais, au lieu d’une somme fixée, il fût décidé de s’inspirer de Flattr, une société suédoise permettant les micro-dons.

ReadR offre donc maintenant quatre types d’abonnements : le gratuit, qui vous donne accès au contenu gratuit y compris l’entièreté du Projet Gutenberg, le mini, à 2€ par mois, le normal à 5€ par mois et le premium à 10€ par mois. En fait, 10€ est une somme minimale pour avoir accès au premium mais vous pouvez très bien décider de verser plus.

Chaque livre que vous ouvrez au cours du mois récolte un point ReadR. Si vous avez fait une recommandation pour ce livre, il reçoit un second point ReadR pour ce mois. À la fin du mois, votre abonnement est divisé par le nombre de points que vous avez donné. Si, en janvier, vous avez ouvert trois livres et recommandé un des trois, cela fait un total de quatre points ReadR. Avec l’abonnement mini, chaque point vaut donc 50 centimes. Le livre recommandé recevra 1€ (50 centimes pour la lecture plus 50 centimes pour la recommandation). Nonante pourcent de cette somme va directement à l’auteur.

Secrètement, les auteurs espèrent donc que vous commencerez un livre à la fin du mois et mettrez cinq semaines à le lire, histoire de recevoir trois points ReadR de trois mois différents. Certains commencent même à publier les chapitres séparément.

L’industrie du livre accepta cet accord à une condition : chaque auteur pourrait choisir de ne publier son livre qu’à partir d’un niveau d’abonnement pré-défini. On calcula qu’un lecteur lisant en moyenne deux livres par mois, il serait rentable de n’avoir que des lecteurs abonnés à 5€ ou à 10€ par mois. On réserverait les courtes nouvelles ou les textes à caractère promotionnel pour les abonnés gratuits ou mini.

Tout le monde était enchanté par l’accord. Il nous semblait que, contrairement au disque, le livre avait réalisé une transition en douceur du papier vers le virtuel. Nous avons fait la fête toute la nuit, le futur nous souriait et les auteurs étaient enchantés. L’alcool aidant, on s’est lâché sur le dos de ces crétins de l’industrie musicale.

Ce que je n’avais pas réalisé c’est qu’une nouvelle génération d’auteurs avait fait son apparition durant les dix dernières années. Des auteurs qui vivaient dans la virtualité pure bien avant nous : les blogueurs, les journalistes, les auteurs amateurs. La plupart d’entre eux n’ayant jamais publié un « vrai » livre papier, nous ne les considérions pas comme de « vrais » auteurs. C’était juste quelques amateurs sans talent et nous n’y prêtions pas attention. Néanmoins, ils écrivaient et avaient une audience grandissante.

Ils se ruèrent sur ReadR dès le début, sans prendre la peine de négocier quoi que ce soit. Ils publiaient de tout : depuis des courts articles jusqu’à des romans de centaines de pages. Les journalistes publiaient leurs enquêtes en direct. Grâce aux recommandations et aux réseaux sociaux, ils attiraient des lecteurs sans avoir rencontré un seul éditeur ou un seul rédacteur en chef de magazine.

Ils diffusaient leur contenu aux lecteurs sans avoir besoin de nous ! Ils étaient payés sans notre intermédiaire.

Mais au fond, qui est un écrivain ? Qui est un journaliste ? Qui est un blogueur ? Qui est un adolescent écrivant sur Internet ? Pourquoi se poser la question ? Lisons sans contraintes…

Lire sans contrainte !

C’est à ce moment que j’ai réellement compris le slogan de ReadR.

Le concept même du « livre » est en train de changer et nous sommes les témoins de ces expériences mêlant la vidéo, l’écriture, les images, les sons. Le manuscrit papier du livre à publier qui est à côté de mon clavier me fait de plus en plus penser à un grimoire antique. Je me sens moi-même obsolète, racorni comme une vieille page jaunie.

Deux ans après le lancement de ReadR, l’industrie du livre ne souriait plus. La panique commençait à se faire sentir. Certains des best-sellers des dernières années ne se vendent pas bien du tout sur ReadR. Il y a tellement d’alternatives que chacun lit ce qui lui plaît, suivant plus les recommandations de ses amis que la publicité. Nous devons radicalement repenser notre infrastructure marketing afin que les gens lisent ce que nous voulons qu’ils lisent.

Nous pensions que les abonnements ReadR nous garantissaient un revenu. Les gens ne pourraient pas lire nos livres sans payer. Mais au lieu de payer ou de pirater, ils décidèrent tout simplement de lire autre chose.

Fallait-il publier gratuitement sur ReadR dans l’espoir d’avoir le plus de recommandations et donc de lecteurs (y compris les abonnés premium) ou se réserver uniquement aux abonnés ?

La réponse est évidente : il est toujours préférable de publier gratuitement. C’est le meilleur moyen d’attirer des lecteurs premium. Mais si chaque auteur décide de faire pareil, pourquoi acheter un abonnement ? Quel serait l’incitant ? Nous avons appelé cette question « Le dilemme de l’éditeur » et j’en ai de sérieuses migraines.

Au fond, peut-être aurait-il été préférable de suivre les traces de l’industrie du disque : corrompre des politiciens, faire du lobbying, attaquer en justice et faire le maximum d’argent pendant quelques années même si cela devait être fait au prix d’une corruption morale. Ou alors faire comme la presse et mendier auprès de Google.

Mais je me dis qu’il doit y avoir une autre solution. Je me souviens d’avoir entendu un conversation ce matin dans la rue. Une jeune femme disait « C’est marrant… » à sa petite amie. Quelque chose comme « C’est marrant, j’ai un abonnement premium sur ReadR et je ne lis que des livre du catalogue gratuit. Mais je m’en fiche, je suis même plutôt contente de contribuer quelques euros aux auteurs que j’aime et qui partagent gratuitement leur talent. » Oui, c’était quelque chose dans ce genre là…

Il faut que j’y réfléchisse. Il doit bien y avoir une solution pour lire sans contraintes. Lire sans contrainte…

 

This text in English.

Photo par Kevin Raybon.

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Source: http://ploum.net/post/le-dilemme-de-lediteur


Tiens, salut tonton !

Tuesday 5 March 2013 at 20:37

Il y a quelques années, alors que je rattrapais mon inculture cinématographique en regardant la trilogie de La 7ème compagnie, voilà que, dans le troisième épisode, un individu entre entre dans la chapelle où se sont réfugiés les héros.

— Tiens, salut tonton !

Il faut dire que mon tonton Francis est coutumier de ce genre de surprises. Acteur de théâtre, il a néamoins une floppée de petits (et moins petits) rôles au cinéma à son actif, comme l’atteste sa filmographie. Il m’avait déjà fait le coup dans Les anges gardiens, lors de la scène d’ouverture du Jaguar ou dans les secrets professionnels du docteur Apfelglück où son « Bonjour docteur » est resté dans les annales. Je regarde un film sans me douter de rien et puis « Tiens, salut tonton ! »

À chaque enterrement ou à chaque fête de famille, il en profite pour m’enseigner sa science pour faire le guignol. En une après-midi il m’a appris à jongler avec des quilles, avec un certain succès. Il a tenté de m’expliquer l’accordéon, avec moins de succès.

francis

Mon tonton Francis, en train de me donner une leçon de « Je fais le con dans une fête de famille ».

Appliquant les leçons, je mets en pratique lors du décès de mon tonton Éli, grand amateur de jeu de mot foireux devant l’éternel. Mon tonton Francis apprécie la performance, lui qui partage avec Éli et moi cette dévorante passion de la science-fiction et du jeu de mot foireux. Nous passons l’après-midi ensemble et je découvre une nouvelle facette de la personnalité de cet artiste aux multiples talents, celle qui l’a fait participer à l’aventure de la revue Planète dont la collection complète encombre mon grenier.

Et comme à chaque fois qu’on se voit, il me promet de m’envoyer le texte de son one-man-show. Je lui promet de lui envoyer mes nouvelles de Science-Fiction. Et puis on se quitte : « Salut tonton ! »

Ce vendredi, tonton Francis, tu sacrifieras à la mode chère à toutes les grandes stars parisiennes, à savoir te faire ensevelir dans un petit carré de terre au Père-Lachaise.

Ce n’est pas l’envie qui me manque de venir faire une dernière fois le guignol devant toi, de te réclamer ce one-man-show tant promis et de balancer quelques jeux de mots foireux. Mais je laisserai faire ceux qui te connaissaient mieux. Je me contenterai d’un petit signe de la main en murmurant :

— Tiens, salut tonton !

 

 

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Source: http://ploum.net/post/tiens-salut-tonton


Le blogueur venu de Demain (seconde partie)

Tuesday 5 March 2013 at 11:49

Lire la première partie de cet interview

Face à Max, le célèbre blogueur qui est en train de m’entraîner doucement sur le terrain de la politique, je tente de me ressaisir. Innocemment, je l’interroge :

Pourquoi les élections européennes ?

Car lors de ces élections, le Parti Pirate a fait pas mal parler de lui dans tous les pays.

Depuis des années, le Parti Pirate était confronté à un paradoxe : il prétendait défendre la liberté, la citoyenneté, la décentralisation mais se devait d’avoir un chef, un président ou un organisme central qui déterminait à quoi allait être dépensé l’argent du parti ou qui punissait un pirate qui avait un comportement « non-pirate ». Tel groupe pirate local est-il vraiment pirate ? Selon quelle définition ? Doit-on leur envoyer de l’argent pour leur projet d’affiche ? Et tel membre doit-il être exclu ?

La solution qu’ils ont trouvé est tout simplement géniale : ils ont fait évoluer le crowdfunding à l’échelle non plus du projet mais de l’entité.

Peux-tu donner un exemple ?

Oui, sur la plate-forme du Parti Pirate, n’importe qui, je dis bien n’importe qui peut proposer un projet en lien avec le parti pirate : imprimer des affiches, organiser un happening, créer un site web sur une problématique, organiser une assemblée générale.

Pour chaque projet, le budget était fixé et, comme n’importe quelle plateforme de crowdfunding, n’importe qui pouvait soutenir le projet de son choix. Et si une personne se prétendant pirate avait une mauvaise réputation, la communauté se contentait de ne pas soutenir ses projets.

Ce n’est pourtant pas très différent de Kickstarter ou de Kisskissbankbank.

Il y a une différence de taille: en dehors des projets, il existe également sur ce site des « organisations », typiquement le Parti Pirate de France, le Parti Pirate de Belgique, etc.

Si on le souhaite, on peut soutenir l’organisation plutôt qu’un projet particulier. J’aime les pirates, je veux leur envoyer de l’argent mais je souhaite qu’ils l’utilisent à leur guise. D’ailleurs, le Parti Pirate n’a plus d’argent sur son compte en banque. Tout l’argent des dotations publiques ou des versements d’élus est immédiatement envoyé sur la plateforme de crowdfunding.

Il n’en reste pas moins qu’il faut décider comment utiliser cet argent.

C’est ici que réside l’éclat de génie : tout est automatique. Quand on donne de l’argent à un projet, on peut décider de l’importance que ce projet à pour nous. Les projets les plus prioritaires sont automatiquement financés par la caisse jusqu’à épuisement de celle-ci.

Admettons que je fasse un projet d’imprimer des affiches pour ma ville et que j’aie besoin de 50 bitcoins. J’ai récolté 2 bitcoins mais comme le projet est voté comme prioritaire par les 20 donateurs, il se voit compléter de 48 btc par le compte de l’organisation.

Une fois les affiches imprimées et le projet terminé, j’introduis la facture finale dans la plateforme, qui est d 52 btc car j’avais oublié de prévoir de la colle. Le compte de l’organisation complète et envoie la somme sur mon compte en banque vu que c’est moi qui vais payer la facture de l’imprimeur. En même temps, les affiches ont un tel succès que la moitié de la ville décide de donner au projet a postiori ou via Flattr. Le surplus est alors automatiquement versé au compte de l’organisation. En effet, le projet étant clôturé, il ne peut rien faire de ce surplus.

Tout cela est donc entièrement transparent et consultable par tout un chacun jusqu’à la moindre facture. Des graphiques sont automatiquement générés. Il n’y a plus aucune autorité centrale qui détermine qui paie quoi.

Il y a donc des imprimeurs qui acceptent les bitcoins ?

C’est un exemple. Comme il s’agit de ma monnaie principale, j’ai tendance à penser en bitcoins. Je sais que c’est loin d’être la norme.

D’ailleurs, j’ai installé l’extension BitSpend dans mon Firefox: elle me permet de payer en bitcoins sur la toute grande majorité des sites d’e-commerce même si eux n’acceptent pas encore Bitcoin. C’est tout à fait transparent pour moi.

Le problème de cette solution c’est qu’il n’est pas possible d’épargner, par exemple en vue d’élections prochaines. Tout l’argent de l’organisation est immédiatement reversé aux projets actuels.

La solution est simple : il suffit de créer un projet « Épargne en vue des prochaines élections » avec un objectif précis. Cela encourage d’ailleurs les gens a contribuer à ce fond. Et si personne ne considère ce projet comme prioritaire et bien tant pis. C’est aussi cela la démocratie.

Et les cotisations du parti ?

Ils les ont tout simplement supprimées. À chaque section locale de sélectionner ses candidats pour chaque élection. Certains se plantent, ont des candidats loufoques. Mais d’autres réussissent et partagent leur expérience. Il n’y a plus de véritable parti, plus de structure pyramidale mais un réseau de groupuscules locaux. Il n’est plus possible de dire « Je suis un membre du parti pirate ». Un prétendu pirate fait des déclarations racistes ? Il perd tout simplement son crédit et aura du mal à devenir candidat ou à obtenir la confiance des autres pour lancer des projets. On est dans la do-ocracy, pas dans la discussion.

Fait amusant : à l’époque, le Parti Pirate était fort critiqué pour son nom. On leur disait à tout bout de champs de changer, d’enlever le terme « Pirate », qui avait une connotation négative.

Ils ont accepté de modifier leur nom mais c’est le mot « Parti » qu’ils ont supprimé. Avec un brin de populisme, certains ont d’ailleurs déclaré « Dans votre vie quotidienne, souffrez-vous le plus à cause de la piraterie ou de la particratie ? ».

C’est depuis qu’on dit « Pirates » et non plus « Parti Pirate ». Un beau pieds de nez face à la déliquescence du concept de parti.

Mais on s’éloigne de ton parcours là, non ?

Pas vraiment car, comme beaucoup de blogueur, j’ai suivi de très près l’ascension des pirates. Je n’ai jamais été membre ni candidat, souhaitant rester indépendant, mais je ne cache pas avoir voté pour eux aux dernières élections.

Ce crowdfunding politique m’a servi de modèle. S’ils peuvent le faire pour la politique, pourquoi ne pourrais-je pas le faire pour moi, pour ma vie ?

Raconte nous comment cela se met en place, pratiquement.

En utilisant une plateforme de crowdfunding similaire, j’ai décidé de faire pareil. Un projet mensuel pour mon loyer, un projet pour un voyage à la Silicon Valley, un projet pour l’hébergement de mon blog et puis un projet « dépenses diverses ».

Il faut préciser que, contrairement au Parti Pirate, je ne suis pas une organisation « ouverte ». Dans une organisation « fermée », seuls les membres de l’organisation ont la possibilité de donner une priorité à un projet. Comme je suis le seul membre, je garde le contrôle sur ma vie.

Un exemple simple est mon loyer : j’ai un projet récurrent de payer le loyer. C’est un projet prioritaire. J’ai indiqué directement en récipient le compte en banque de mon propriétaire. Du coup, je n’ai rien à faire. Si un lecteur veut contribuer à mon loyer du mois, il peut. Mais c’est rare. En règle générale, mon loyer est intégralement rempli par l’argent issu de l’organisation, à savoir moi.

Lorsque j’ai été à la conférence I/O à San Francisco, j’avais préparé tout un budget. Comme je retransmettais en direct, cela intéressait très fort mes lecteurs. Ils ont donc contribué énormément. Mon essai en voiture partagée entièrement automatique a fait un buzz et a reçu beaucoup de Flattrs. Comme Flattr est intégré à ma plateforme de crowdfunding, ces flattrs spécifiques sont immédiatement ajoutés au budget du projet.

Au final, lorsque j’ai mis toutes mes factures dans la plateforme, y compris les moindres restaurants, je me suis rendu compte que j’avais été économe. Le projet a donc fait un bénéfice qui est venu s’ajouter au capital de mon organisation.

Tout cela est donc transparent ?

Oui, ma vie est très transparente. Il faut cependant signaler que je fais de la consultance pour certaines entreprises. Je crée ces projets comme les autres sur la plateforme de crowdfunding mais ils sont invisibles au public.

Quand un de mes clients a découvert ça, il a réalisé qu’il pouvait s’associer avec un autre de mes clients pour me financer un projet spécifique en simplifiant grandement la comptabilité et le contrat.

Ces projets sont donc entièrement bénéficiaires. Notons que, en conséquence, le budget de mon « organisation » est également privé. Comme l’est mon projet « épargne pour la pension ». Être transparent ne signifie pas pour autant ne plus avoir de vie privée.

La plateforme de crowdfunding me sert à la fois d’outil de budget, de facturation et de comptabilité. Sans compter les projets impliquant plusieurs personnes auxquels je participe.

Tu n’as donc plus de compte en banque ?

Si car il y a encore des magasins où l’on doit encore payer avec une carte de banque plutôt qu’en scannant un QR code avec ses lunettes. Et deux trois broutilles comme les impôts. Mais ce n’est qu’une très petite somme d’argent qui transite par ce compte. C’est un accessoire. Un peu comme un lecteur CD sur un vieil ordinateur : il est là mais on ne l’utilise plus jamais. Mon épargne est entièrement en bitcoins, sur différents services. J’ai également un peu d’argent sur mon Google Wallet.

D’ailleurs, je ne paie mes impôts que sur la somme qui entre sur mon compte en banque traditionnel. Tout le reste est dans un flou juridique absolu. J’ai déjà usé trois comptables avant d’abandonner. Je ne me cache pas, je ne cherche pas à frauder mais ce n’est pas à moi de résoudre les problèmes de l’administration. Si je suis un jour condamné, ça me donnera d’ailleurs de la matière à beaucoup d’articles.

Mais c’est une bonne idée : supprimer complètement le compte en banque. Ça ferait une série de billets intéressants pour mon blog. J’achète déjà, en bitcoins, des cartes VISA prépayées. Peut-être qu’elles me permettraient de retirer du liquide à un distributeur ?

Mais, par exemple, ton loyer est bien versé sur un compte en banque qui n’est pas le tien. Tu ne payes donc pas d’impôt dessus.

Tiens, c’est juste. Je vais tenter de convaincre mon propriétaire d’accepter les bitcoins.

En résumé, peut-on dire que tu vis essentiellement de dons ?

Cela a été le cas car, effectivement, le crowdfunding ne concernait que le don, pas l’investissement. Or, depuis peu, la plateforme que j’utilise gère les contrats, que j’utilise pour mes missions de consultance et vient d’intégrer une nouvelle fonctionnalité : l’achat de parts. Un créateur de projet peut vendre des parts de son projet. Si le projet est rentable, l’investisseur recevra automatiquement une partie du bénéfice. Il est également possible d’acheter des parts d’une organisation chapeautant plusieurs projets.

Tout cela est fait automatiquement sans la nécessité de la moindre comptabilité. Si vous avez des actions en bourse, mon conseil est de vendre tout. Je ne suis pas sûr que le concept même de bourse tienne encore longtemps. D’ailleurs, pensez-vous vraiment que les entreprises et les start-ups de bon-papa vont pouvoir lutter contre la simplicité d’une « organisation » sur une plateforme de crowdfunding ?

Mais tout cela n’est possible que sur la plateforme de crowdfunding que tu utilises. En existe-t-il d’autres ?

Il y en a de plus en plus et j’ai été enchanté d’apprendre qu’il allait bientôt être possible de contribuer à un projet sur une plateforme donnée en utilisant un compte sur une autre. En fait, les plateformes communiquent entre elles en utilisant Ripple, qui est un système décentralisé de transfert de dettes basé sur la confiance.

Étant donné ma présence sur le web, pas mal de personnes me font confiance sur Ripple. Je réfléchis à leur emprunter de l’argent de cette manière pour acheter un terrain et me faire imprimer une maison, histoire de me poser un peu.

Honnêtement, je ne suis pas sûr que nos banques traditionnelles feront de vieux os.

Merci Max, un mot pour la fin ?

Lorsqu’une nouvelle technologie apparait, on a tendance à surestimer l’impact à court terme. Les smartglasses, les bitcoins, le crowdfunding. Tout le monde s’extasiait, faisait des prévisions farfelues. Et, deux ou trois ans plus tard, on s’est rendu compte que le monde n’avait, au fond, pas vraiment changé.

Par contre, nous avons une énorme tendance à sous estimer l’impact à long terme de ces mêmes technologies. Vous souvenez-vous qu’il y a 15 ans, personne n’avait de smartphone et que la 3G n’existait pas ? Tout cela produira un changement profond que je pressens sans avoir la prétention de le comprendre. Et qui n’est pas seulement sous-estimé mais radicalement ignoré par les puissants : les hommes riches et les politiciens.

Peut-être est-ce dans leur intérêt de ne pas comprendre ce changement. Qu’importe, moi j’ai décidé de ne pas attendre.

Machinalement, je fais signe au serveur. Il m’apporte un ticket avec un QR code. Tout en le regardant, je murmure « accepter paiement, copie dans notes de frais ». Max se lève et me lance un joyeux « Merci pour le verre et à la prochaine ! » avant de s’éloigner en rabattant ses lunettes sur son nez.

Un peu abasourdi, je reste sans voix. Je venais rencontrer un blogueur, discuter de l’audience sur le web, de la manière de se faire connaître. J’en ressors estomaqué. Ce que je pensais être de la science-fiction est pour lui déjà du passé. Il ne vit plus dans la même société que moi, plus dans le même pays. La preuve, il n’en utilise pas la monnaie, il n’y travaille pas, il n’y paie pas ses impôts. Max est d’ailleurs, il vient de Demain.

Cul-sec, je termine mon Mojito. Je crois que je tiens un titre accrocheur pour ce papier !

 

Photo par Mark Fischer

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Source: http://ploum.net/post/le-blogueur-venu-de-demain-seconde-partie


Le blogueur venu de Demain (première partie)

Sunday 3 March 2013 at 21:57

Le soleil de fin d’après-midi brille sur le bord de mer de cette charmante station balnéaire méditerranéenne. Alors que j’arrive en vue du bar où nous avons convenu de nous rencontrer, je le reconnais immédiatement, assis en terrasse en train de siroter un cocktail. Si j’ai déjà vu des photos de lui, j’ai été en grande partie aidé par son uniforme de blogueur typique: un t-shirt faisant référence à un jeu vidéo du siècle passé, un jeans usé et des tongs. Il n’a pas de sac mais je devine un téléphone dans sa poche. Son air concentré, ses lunettes sur le nez, les deux bracelets claviers à chaque poignets et les imperceptibles mouvement de ses doigts tapotant la table m’indiquent qu’il est en train d’écrire un billet.

Alors que je m’approche, il sourit et m’invite à prendre un siège. Dans ce geste de politesse devenu courant, il remonte ses lunettes sur le sommet de son crâne, indiquant par là qu’il se consacre tout entier à notre conversation. Ce faisant, je l’entends murmurer « draft ». Je ne m’étais pas trompé, il était bien en train de rédiger un article.

Je touche ostensiblement mes lunettes de l’index droit pour lui signaler que je suis en train de filmer. Comme je n’ai utilisé qu’un seul doigt, il comprend qu’il n’y a pas de retransmission en direct et qu’à priori la vidéo sera essentiellement pour mon usage personnel. Il acquiesce d’un sourire.

Bonjour Max. Heureux de te rencontrer. Tu es ici en vacances ?

Des vacances ? (il rit) Et bien c’est un concept que je ne comprends plus très bien. Je suis en vacances perpétuelles mais je travaille 365 jours par an. Je suppose que que le mot « vacances » ne s’applique plus vraiment à moi.

Peux-tu te présenter pour nos lecteurs ? Quel est ton parcours ?

Dans une vie antérieure, j’étais un ingénieur en informatique, un programmeur. Je sais que ça me fait paraître pour un dinosaure auprès des plus jeunes mais je faisais du J2EE dans une banque. J’ai aussi travaillé un peu comme journaliste. Il y a quinze ans, j’ai démarré un blog, « Le blog de Max », car c’était la mode parmi les geeks. Certains le voyaient comme le futur du journalisme mais, personnellement, je n’avais pas d’objectifs particuliers. J’ai créé un blog, c’est tout.

Ce blog a commencé à avoir du succès et à attirer des lecteurs. Grâce à la publicité, j’ai pu rentabiliser le coût de mon hébergement puis, petit à petit, me créer un véritable salaire. J’ai quitté mon travail et je me suis lancé comme blogueur professionnel.

Tu considérais sans doute cela comme une réussite. Cela t’a-t-il rendu heureux ?

Au début, j’étais très fier, bien entendu. Mais j’ai réalisé que j’étais forcé de mettre mon blog à jour de plus en plus fréquemment. La compétition était très dure et il y avait une véritable course à l’audience. Auparavant, je ne m’inquiétais pas trop du nombre de visiteurs. Étant devenu un professionnel, je n’avais plus le choix. Ce que j’avais dans mon frigo à la fin du mois était directement proportionnel au nombre de lecteurs.

J’ai alors commencé à écrire des articles peu intéressants mais qui faisaient du chiffre : des potins de stars, du sensationnalisme, ce genre de choses.

J’ai aussi reçu des contrats pour parler de certains produits. Bien que ce soit de l’argent facile, j’ai découvert que je perdais mon indépendance. Ce n’était plus une passion mais un travail comme un autre. Je bâclais un post, je le postais sur Reddit et je demandais à mes followers sur Twitter de voter pour le billet. Puis, je modérais les commentaires sans vraiment les lire.

Parfois, je recevais des offres pour écrire un billet sur un produit où il était explicitement stipulé que je ne pouvais pas informer mes lecteurs du caractère commercial.

Comment as-tu répondu à ces offres ?

Je pense que chaque homme à un prix. Si on m’avait offert un million, j’aurais accepté sans hésiter. Mon prix est donc inférieur à un million mais, heureusement, les offres ne l’ont jamais atteint. Par ailleurs, ma crédibilité auprès des lecteurs s’essoufflait et ce genre de choses ne pouvaient que me faire du tort.

De manière amusante, c’est lorsque mon audience a été la plus grande que j’ai compris qu’il y avait un problème.

Que veux-tu dire ?

Beaucoup de gens se basent sur la valeur absolue. Mon audience était impressionnante et ne faisait que croître. J’aurais pu m’en contenter.

Mais, personnellement, je me fiais à d’autres indicateurs et à mon instinct. Mes plus fidèles lecteurs ne réagissaient plus dans les commentaires dont le niveau ortographique tendait vers le bas. Si on liait mes articles dans les forums génériques, ce n’était plus le cas sur les sites spécialisés où les communautés à la pointe. Bref, j’étais en train de devenir grand-public.

Est-ce un tort ? N’est-ce pas une bonne chose d’élargir son audience ?

Pour moi, c’était un très mauvais signe. Lorsqu’on est respecté par une communauté précise, on a un capital de réputation. Vis-à-vis du grand public, ce capital est nul. Les gens partageaient mes articles par habitude, parce que mon nom était relativement connu. Mais, en quelques semaines, je pouvais tomber dans l’oubli total, un peu comme ces stars de télé-réalité.

J’étais lu mais je n’étais plus respecté par personne. Personne ne disait plus: « Si Max en parle, c’est que c’est bien ». J’ai donc décidé de reconquérir cette confiance, de me recréer un public.

Quelle a été ta stratégie ?

Tout d’abord, du jour au lendemain, j’ai complètement supprimé la pub. J’ai également encourager mes lecteurs à réfléchir au sens profond de la publicité et à installer AdBlock.

Financièrement, je n’avais pas trop d’idée. J’acceptais les dons par Paypal mais c’est un lecteur qui m’a parlé de Flattr. C’est également à cette époque que j’ai découvert le bitcoin, qui était bien moins connu qu’aujourd’hui.

Et tu t’y es retrouvé financièrement ?

Non. Les premiers mois ont été durs. J’avais prévu le coup et mis de côté pour tenir un an. J’ai cependant été heureusement surpris de Flattr: un bon billet pouvait me rapporter 150-200€. Le plus surprenant étant qu’un bon billet peut continuer à rapporter durant plusieurs mois.

C’est un incitant génial : au lieu d’essayer de faire de l’audience, j’essayais d’écrire des billets que mes lecteurs auraient envie de Flattrer. Quand un billet que je trouvais bon se retrouvait presque sans Flattrs, je me posais des questions. Bref, j’ai énormément appris, je pense que j’ai fait beaucoup de progrès.

Paypal et bitcoins étaient eux anecdotiques. Faire un don régulier est trop ennuyeux avec ces systèmes.

Histoire de survivre, je retirais mes gains Flattr principalement en bitcoins et j’achetais autant que je pouvais en ligne en utilisant cette monnaie. Cela me permettait de ne pas payer d’impôts. C’est une forme de fraude mais Bitcoin n’étant pas reconnu comme une monnaie, cela n’est pas illégal: pour le législateur, je n’ai tout simplement jamais gagné d’argent. De plus, rien ne transite par un compte en France et n’est donc pas soumis aux lois françaises.

De toutes façons, si je dois me soumettre à des lois, pourquoi ici plutôt qu’ailleurs ? L’année passée, j’ai passé plus de jours à l’étranger qu’en France.

Au final, quelle était ta situation ?

Selon les mois, je faisais entre 500€ et 2000€ sur Flattr. Cela parait beaucoup mais n’oublions pas que j’étais taxé sur ce qui arrivait sur mon compte en banque. Et que vivre à Paris avec ce qui restait n’était pas envisageable. Je grignotais sur mes réserves.

J’ai découvert que c’était une réelle limitation lorsque le parlement a commencé à discuter d’interdire les smartglasses pour éviter que les gens soient filmés sans le savoir. À l’époque, il ne s’agissait que des Google glasses mais j’ai senti qu’une fois encore on exploitait la peur des gens pour bloquer l’innovation et tenter de se voiler la face.

J’ai écrit un billet à charge, qui a eu beaucoup de succès, et je suis devenu de facto le porte parole des « pro-lunettes ». J’ai voulu lancer un site dédié sur le sujet avec pétition en ligne, vidéos explicatives, etc. Et je me suis rendu compte que je n’avais pas le budget.

Pour la première fois de ma carrière de blogueur, je ne pouvais pas lancer un projet que j’avais en tête pour faute de budget. Pourtant, le graphiste était un ami, je connaissais ceux qui faisaient les vidéos : j’avais juste besoin d’une centaine de bitcoins. Investissement que j’étais d’ailleurs presque sûr de récupérer en dons et en vente de t-shirt par après. Mais je ne pouvais pas lancer le projet.

Pourtant, je me souviens de cette campagne. Quelle a été ta solution ?

C’est à ce moment là que j’ai découvert le crowdfunding. Popularisé par Kickstarter et Kisskissbankbank, le principe est fort simple : on lance un projet avec le montant dont on a besoin. Les gens donnent selon leur choix. Si l’argent n’est par récolté au bout d’un temps déterminé, le projet est annulé et les donateurs récupèrent leur argent.

Il s’agit donc en quelques sortes d’une donation a priori. Facile et sans risque. Les donateurs peuvent même donner dans la monnaie de leur choix qui est automatiquement convertie si nécessaire.

Cette expérience m’a complètement ouvert les yeux sur les possibilités du crowdfunding.

Quel parti en as-tu tiré ?

Aucun dans l’immédiat. En effet, le crowdfunding s’adressait à des projets concrets d’une certaine ampleur qui nécessitait une préparation. Je me voyais mal créer un projet pour chaque billet que je pensais écrire sur mon blog.

L’idée est juste resté dans un coin de mon cerveau jusqu’aux élections européennes.
Le serveur nous interrompt un instant pour apporter ma commande. Je reste une seconde interloqué. Cet interview est en train de prendre une tournure que je n’avais pas soupçonnée. Pourquoi parler d’élections ? Quel est le rapport entre la politique et le financement d’un blog ? Où Max est-il en train de m’emmener ?

Suite et fin dans la seconde partie

Photo par Elisa Pictures

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Source: http://ploum.net/post/le-blogueur-venu-de-demain-premiere-partie


Ripple, making Bitcoin easier (or obsolete)

Tuesday 26 February 2013 at 15:31

Who needs borders and local regulations when you have internet? The answer to this question is why I like Bitcoin so much. It is a trully decentralized currency.

But Bitcoin has some major issues, something which was covered by Rick Falkvinge on his blog.

The first problem that hits any Bitcoin user is usability. Using Bitcoin is complicated and cumbersome. You can’t send a simple payment with a comment to someone without asking him first to create a dedicated Bitcoin address. You have to care about making a secure backup of your wallet. This makes things nearly impossible to use for a huge percentage of the population.

The second problem is trust: how do you know that the Bitcoin address is valid and was not replaced through a man-in-the-middle attack? How do you know that you will well receive the goods or the service? Sure, many escrow services appeared but they make a Bitcoin transaction even more cumbersome.

The third problem is the power of the exchanges. The whole Bitcoin economy runs with only a handful of Bitcoin exchange services, MtGox being the bigger. This de-facto centralisation is a big weakness for Bitcoin. MtGox has the power to control the price. If MtGox has any problem, the whole value plummets.

Last but not least, people have to trust bitcoins. Except when Internet Archives offers its employees to receive a Bitcoin salary, most services accepting bitcoins are in fact converting them immediately to dollars/euros. It means that Bitcoin is seen as a transport, not a currency.

I even drafted a proposed solution as a Bitcoin-banking decentralized protocol. Recently a quite old project called Ripple surfaced and brought the idea to a whole new level: what if every one of us was a bank and we decide who we trust and at what level.

Remember when you go on a trip with a bunch of friends. Everybody pays for some stuff and, at the end, you try to equilibrate the balance. It was a nightmare until you discovered Tricount. Well, Ripple is basically a decentralised Tricount at the scale of the internet. We are 7 billions friends on the same trip. We pay for each other, we owe some people money and that’s it.

The beauty of it is that it solves all Bitcoin’s hurdles as long as there are enough people in the network. It is easy, decentralized. It will also make money exchanges completely obsoletes. It has the potential to create a true P2P economy.

Now, it is only a proof of concept. Firstly, if the client is opensource, the server is not (yet). And that’s a problem because there’s no competition to ripple.com at the moment. It means it is hugely centralised.

Also, you still have to exchange weird addresses like rKXFsg5EuG4BzLxdTBFXJq2a6iNfyx1hRX (this is my actual Ripple address). In order to become popular, Ripple should allow you to directly connect with your Facebook/G+/Twitter friends so you can trust them or send them money. After creating the Ripple wallet, the process is still very mysterious.

Ripple also raises a few questions. Is its own internal money (XRP) making Bitcoin obsolete? Or is Bitcoin going to stay? And what about the Dollar or the Euro? At least, an interesting experiment to follow.

 

Picture by Lee Haywood

 

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Source: http://ploum.net/post/ripple-making-bitcoin-easier-or-obsolete


Why you are probably not at inbox 0 (but should be)

Friday 22 February 2013 at 14:20

When I explain the tips I use to stay at inbox 0, a common reaction is to pretend to do the same with unread emails, read emails being “archived”.

Given how the human brain works, this is unfortunately not true.

Firstly, we don’t deal with individual items as we are with groups. Meet 3 persons? Those are Alice, Bob and Charles. Meet 15 persons? Those are a group. Or a lot of people. Same applies for your inbox: if there are hundreds of emails in your inbox, your brain doesn’t care about the read/unread status. It just consider it as “a lot of emails”.

The natural consequence is that you will have the tendency to not react to a new email. You have no reward for dealing with an email: 100 or 101 doesn’t change anything. Worst: dealing with an email looks useless and pointless. It will not change anything. While, if your inbox is empty, you will have a natural tendency to act as quickly as possible. Seeing your inbox empty is a relief, a reward in itself.

The second point is that the more time you are given to do a task, the harder the task will look. If I tell you that you have one hour to write an essay about a subject, you will rush and do it. If I give you six months, you will first procrastinate then do some research then realize that you have only one month left to do what is supposed to be a six months work. This will make you feel that the task is really hard. An email sitting in your inbox is doing exactly that: reminding you that you have a task that started the day you received an email. The longer the email stays in your inbox, the harder the task will unconsciously look, the more you will tend to procrastinate.

Of course, that doesn’t mean it’s impossible to be very efficient without an inbox 0. It is just a lot harder and requires more energy.

Now, maybe it’s time to ask the opposite question: why are you not at inbox 0? Why is that given email still in your inbox?

1. Because you need to reply to that email

In that case, don’t hesitate to go for the quick reply. A fast and quick reply is often better than a deep reply, one month later. If your reply really needs an in-depth investigation, it’s not a simple reply any more, it’s a task in itself and should be in your todo-list. Once replied, archive the mail immediately.

Try to answer as soon as you are reading the mail. But this does not mean you have to check your email every five minutes. Disable notifications and choose when to read your emails.

2. Because you need to do something about this email

Then take your todo-list and write that something. A todo should always start with a verb. It’s an action. The problem with an email is that, very often, you don’t know exactly what to do. You know you have something to do but you procrastinate because the next action is not clear.

Sit down, write the action you have to take regarding this email then archive the email.

A good todo-list will not bother you with every possible task every day but only give you what you can achieve, avoiding the constant exposition leading to procrastination.

3. Because the information in the email might be useful

If it is an information you need for another task, copy that information in your todo list, your agenda or where it belongs. Then archive the email.

If you don’t need the information immediately, archive the email. Your archive is not a trash, you can find the information you need at any time there.

4. Because you are not sure about what to do

Sometimes, you have to take decision. Such emails are often related to an invitation: I should reply but I still don’t know if I’m going. Action is simple: take your decision, put the event in your calendar.

If you are really unsure, put it in your calendar anyway and tell the sender that you have the event in your agenda but are not 100% sure to attend. Then archive the mail.

If the decision is really hard, just make it a task in your todo list: “make a decision about X”. Don’t let a related email clutter your inbox.

5. Because you are not sure if you should keep this email or not

Archive it. As I told you, forget the trash, archive everything.

6. Because you are not sure in which folder you should put this mail

Don’t do folders. Don’t. Archive. That’s exactly the main reason to avoid folders.

7. Because your inbox is your todo-list

While this is not impossible, it requires a lot more energy. It also makes your todo list completely weird: in most case, an email is not a task. It is related to a task, which is something completely different. Worst: an email called “weekly report” could contain multiple tasks and the title say nothing about them.

Maybe it’s time to hunt for a good todo-list. But, surely, your inbox is the worst possible solution.

Conclusion

When a mail stays for more than a few days in your inbox, you have to be conscious about the fact and not accept it with any excuse like “I’m already efficient enough”. You would never leave all your letters from the past years in your front-yard mailbox. Same applies for your inbox.

Having an inbox filled is not a fatality. You can, today, claims control over your inbox simply by realising why a mail sometimes rots in your inbox and by taking some proactive measures.

You would be surprised how email can still be very efficient and easy.

 

Picture by John Morgan

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Source: http://ploum.net/post/why-you-are-not-at-inbox-0


Le problème avec l’argent

Tuesday 19 February 2013 at 18:01

Si tout le monde rêve d’avoir de l’argent, force est de constater que le mot a pris une connotation très péjorative dans notre société. Est-il pire insulte que « riche » alors que « pauvre » porte la compassion ?

Pourtant, l’argent est un outil particulièrement utile. C’est une manière très efficace de rétribuer ou de récompenser quelqu’un pour un travail, un service ou n’importe quelle autre occasion. Lorsque notre mamy-gâteau nous donnait une pièce en nous disant « Va t’acheter des bonbons », elle exploitait au mieux le concept d’argent : nous pouvions en effet décider d’acheter des bonbons, un jouet ou économiser pour un nouveau vélo. Bref, nous étions libres.

À ce titre, l’argent est extrêmement libérateur. C’est également un merveilleux incitant si on estime que quelqu’un est rémunéré à hauteur de son talent. Un artiste va essayer de faire une très belle œuvre, un travailleur va faire de son mieux si il a des envies qui nécessitent de l’argent. Au contraire, une personne peut décider de travailler moins. C’est pour cette raison que je soutiens particulièrement des solutions comme Flattr : elles permettent d’offrir de l’argent à ceux dont nous apprécions le contenu.

Ici, la moitié de mes lecteurs bondiront sur leur chaise en me traitant d’ultra-capitaliste et m’enverront des photos d’enfants qui meurent de faim avec des mouches collées sur les yeux pour me prouver combien je suis ignoble, combien l’argent pervertit tout.

Mais le problème, ce n’est pas l’argent : c’est le fait que la manière la plus simple de gagner de l’argent est… d’avoir de l’argent.

Tant que l’argent est un incitant à produire quelque chose d’utile à la société, il est bénéfique. Aujourd’hui, il n’est malheureusement plus possible de devenir réellement riche par son travail. Toutes les grosses fortunes se basent sur la spéculation, la bourse et tous ces outils financiers qui permettent de gagner beaucoup d’argent sans avoir la moindre utilité vis-à-vis de la société.

Le capitalisme s’est toujours réfugié sous la notion de « risque » pris par les investisseurs. Le bénéfice serait donc une récompense sur la prise de risque. Le fait qu’une prise de risque puisse être rémunérée est sujet à discussion. Mais prenons-le comme acquis.

Si je participe, avec mille personnes, à une loterie dont le premier prix est la cagnotte globale, ma chance de gagner est de une sur mille et mon gain est de mille fois ma mise. On constate donc que mon gain est directement proportionnel à mon risque, ce qui semble intuitivement juste et se pratique dans les casinos ou sur les champs de courses.

Mais si la cagnotte est augmentée via l’argent issu du travail d’autres personnes, si plusieurs tickets sont marqués gagnants à un certain degré, mon gain augmente et mon risque diminue. Mieux : grâce à des algorithmes très puissants et très rapides, je peux déterminer quels sont les tickets les plus gagnants et les acheter/revendre en une fraction de seconde. À ce stade, mon risque devient virtuellement nul pour peu que j’aie assez d’argent pour spéculer dans plusieurs loteries à la fois.

Plus on a d’argent, plus il est facile d’en gagner sans rien faire d’utile.

L’expression « faire travailler son argent » signifie, en réalité, faire travailler ceux qui remplissent la cagnotte pour laquelle je me suis contenté d’acheter un ticket.

Ce simple constat augure d’une crise très profonde au sein de la société. Les riches ne peuvent que devenir plus riches. C’est mécanique, inéluctable dès qu’ils passent le stade où ils sont en mesure de payer des financiers compétents pour s’occuper de leur patrimoine.

Réfléchissons une seconde : qu’ont fait pour nous ces investisseurs, ces traders, ces financiers, ces géants bancaires ? En quoi nous sont-ils utiles ? Trouvons-nous normal qu’ils gagnent des milliers de fois plus que tout les services qui nous sont utiles ou agréables au quotidien ?

Mais même à court terme, l’effet financier est délétère. En effet, les acheteurs du ticket de loterie certifié gagnant exige toujours plus de cagnotte, toujours plus de gain. Cette vision à très court terme empêche toute stratégie, tout développement correct. À tel point que des entreprises géantes, comme Dell, annoncent se retirer de la bourse.

L’idée commence à faire son chemin : la bourse est un instrument devenu tout à fait nuisible qu’il faut supprimer.

Cela vous semble absurde ? Impossible ? Exagéré ? C’était également le cas pour les brevets il y a quelques années. Pourtant, les esprits changent.

L’argent est un magnifique outil pour récompenser ceux qui nous sont utiles et qui nous font plaisir. Tentons tout simplement de leur faire parvenir directement cet argent, sous forme de Flattr, de bitcoins, de dons, de paiements directs tout en évitant autant que possible la nuée de sangsues qui n’ont rien fait pour nous si ce n’est acheter un ticket le loterie…

 

Photo par Hernan Seoane

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Source: http://ploum.net/post/le-probleme-avec-largent


The Publisher’s Dilemma

Wednesday 13 February 2013 at 02:30

Ce texte en français

I’m a book publisher. Maybe I should say “I was”. Or “I’m still”. I’m not even sure what my job is. Nor do I know if I still have a job. I’m currently struggling with the “Publisher’s dilemma”. Should I be happy? Am I lucky or desperate? I have no idea…

In 2016, for the first time, there was more electronic magazines sold in the USA than prints. An evolution due to the offer of very cheap and waterproof ebook readers featuring coloured screens. Not to mention the advent of e-ink/amoled combined screens on phones and tablets.

Nevertheless, ebooks were still nearly as expensive as their paperback counterparts, encouraging users to illegally download when they could. Or to buy the paper version to get that superannuated feeling of “owning a thing”.

That was until ReadR appeared. During its first year, the startup was acclaimed and Wired called it “The Spotify for ebooks”. The model was simple: you could buy a subscription per month and read as many books as you want. Their slogan: “Read and Enjoy”.

You’ve probably used ReadR and you know the advantages: your virtual bookshelf is synchronized across all your devices. You can start reading a book on your big e-reader at home, continue it on your phone while in line at the supermarket then finish on your computer’s screen at work during your lunch break. Yes, you can even download a DRM free version of each ebook you’ve read.

The experience is seamless. Best of all : you can add your own ebooks to your ReadR account and share them with your ReadR friends or the whole ReadR community. You’ve just finished a book? Here’s a list of your friend’s recommendations, a list of books from the same authors, etc. ReadR abolishes the limitations of the physical world. Read and enjoy!

The upload feature combined with the recommendation system was immediately perceived as an open gate to massive piracy. Hopefully, the writing industry decided to not follow the steps of its musical counterpart and, instead, to embrace the progress.

After lengthy negotiations, most book publishers, including my company, agreed to publish their entire catalog on ReadR. Each book would receive some money each time it was read. But, instead of a fixed sum, the model was inspired by Flattr, a Swedish micro-donation company.

ReadR now offers four subscription models: the free one, where you can read free content including the complete Project Gutenberg catalog, the mini membership, at 2€/month, the regular, at 5€/month and the premium, at 10€/month. In fact, the 10€/month is a minimal price as you can choose to give as much as you want.

Each book you’ve opened during a given month is awarded a ReadR point for that month. If you recommended a book, to a single friend or to the community, that book receive a second point for that month.

At the end of the month, your monthly subscription is divided by the number of points you’ve awarded. If, in January, you’ve read three books and recommended the last one, that’s a total of four ReadR points. With a mini membership, each point is then valued at 50 cents and the last book receives 1€ (one reading point plus one recommendation point). Ninety percent of that sum goes directly to the author. Yes, authors all secretly hope that you start a book on the last day of the month and read it during five more weeks. They even publish separate chapters for that reason.

The book industry settled on that deal with one major condition: each author could choose to have his book only available for a given membership level. It was foreseen that people, on the average, don’t read more than two books a month. Thus, being read by people paying 5€ or 10€ a month was seen as a good deal. Short stories and small novels were made available for the mini members.

Everybody was happy with the deal and it looked like the books industry mastered the transition from the paper to the virtual. I remember partying all night after the formal agreement. The future was bright and our authors were happy. We laughed at those crooks from the musical industry.

But I didn’t realized that, for the last ten years, there was a growing cast of writers already used to the pure virtuality: bloggers, journalists, hobbyists authors. Most of them never published a dead tree paper book. For that reason, we never considered them as “true authors”. It was only a bunch of talentless amateurs. They nevertheless wrote and gained an audience. They immediately started to publish on ReadR, from short articles to full fledged novels. Journalists published their investigations. Through recommendations on social networks, all of them managed to get readers without having met a single book or a magazine publisher.

They were broadcasting their writing to readers without our help!

Who is a book author? Who is a journalist? Who is a blogger? Who is a teenager writing on the internet? Why would you even ask such a question? Read and enjoy!

Read and enjoy!

That’s when I really understood ReadR’s motto.

The whole concept of “book” is moving as we witness some experiments mixing movies, writing, still pictures, sounds. The soon to be published printed book I have next to my keyboard looks like an ancient manuscript. I feel obsolete myself, like an old yellowed page.

Two years after the launch of ReadR, the whole writing industry is entering into panic mode. Some best-sellers of the last decade didn’t managed to sell well on ReadR. There are many alternatives and everybody reads what he wants to read, thanks to recommendations of friends and acquaintances. We have to build a new marketing infrastructure from scratch in order to get people to read what we want them to read.

We envisioned the ReadR membership levels as a kind of guaranteed revenue. People would not read our books without paying. But what happened is that, instead of pirating, they decided to read something else.

This raised the question: publish for free on ReadR, to get recommendations and get as many readers as possible (including those with a highest membership) or only allow readers from the regular or premium membership?

The answer is simple: the free version is always better. The more visibility, the more chances you have to get premium readers. But if every author publish for free, why would anyone buy a membership? This is called the “Publisher’s dilemma” and is currently giving me a serious headache.

Maybe we should have followed the musical industry’s route: buying politicians, lobbying, suing and making as much money as possible for a few decades, even at the cost of perverting the morality. Or, like newspapers, begging at Google.

But there should be a way. There must be a way. I remember hearing a conversation today, in the street. The woman was saying “It’s funny…” to her girlfriend. Something like “It’s funny, I have a premium membership on ReadR and I only read books from the free catalog. But I don’t care. In fact, I’m happy to give a few bucks to the authors that share their writings.” Yes, it was something like that.

I have to think more about it. There must be a way. Read and enjoy! Read and enjoy!

 

Ce texte en français

This post is part of the Letters from the Future collection. Picture by Kevin Raybon.

 

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Source: http://ploum.net/post/publishers-dilemma


Où Flattrer après le spectacle ?

Monday 11 February 2013 at 12:09

Vous êtes incroyablement nombreux à relever mon défi de tester le web payant avec Flattr. Mais je reçois beaucoup de remarques me disant que, à part mon blog, il n’y a pas grand chose à Flattrer.

Allez, je vous donne un coup de main parce qu’il est vrai que certains se font discrets…

Activisme numérique

On ne présente plus Framasotf, promoteur acharné du logiciel et de la culture libre. Malgré mon lobbying intensif, il n’est toujours pas possible de Flattrer les articles individuels sur le Framablog. Mais Framasoft est bel et bien sur Flattr.

Notons aussi la présence de La Quadrature Du Net et de son pendant belge, la NURPA. Enfin, une telle liste ne peut passer à côté de l’Electronic Frontier Foundation.

Et pour les non geeks ?

Il n’y a pas que le numérique dans la vie. Envie de prendre des vacances loin de votre clavier ? Abonnez votre Flattr à Greenpeace, WWF ou Amnesty International. Il faut savoir que ces organisations ne paient pas les 10% Flattr. Votre argent leur est donc dédié à 100%.

Projets en ligne

Si vous vous intéressez au monde du logiciel libre, alors peut-être suivez-vous le Planet Libre. Pourquoi ne pas le Flattrer ? Si, comme moi, vous dévorez les livres électroniques du domaine public, alors ne ratez pas le Project Gutenberg. Et si vous appréciez les tentatives de concurrencer Google, vous êtes peut-être un utilisateur de DuckDuckGo ou d’OpenStreetMap.

Journalisme et actualité

Même si le bouton n’est plus intégré à chaque article, vous pouvez toujours Flattrer Numérama. Mais, tant qu’à faire, pourquoi ne pas soutenir une presse indépendante et sans publicité ? Au hasard, je propose Reflets ou, plus étonnant, le Monde Diplomatique.

Question : Je mets Damien Van Achter dans les blogs ou dans le journalisme ?

Blogs

Bon, il y a évidemment ce blog mais il est loin d’être le seul. Les poids lourds Korben et JCFrog sont sur Flattr, Sebsauvage et, depuis peu, Le Hollandais volantRick Falkvinge, fondateur du premier Parti Pirate et Paul Da Silva, pirate français, sont également sur Flattr. D’une manière générale, n’hésitez pas à insister auprès de votre blogueur favori pour qu’il ouvre un compte. Astuce : Flattrez son compte Twitter (à droite de la page) avant même qu’il ne soit sur Flattr.

Si vous êtes blogueur vous-même, mettez votre bouton Flattr de manière visible sur chaque article et dans votre flux RSS. Je salue d’ailleurs l’arrivée de Souquez les artimuses, qui a décidé de s’ouvrir aux Flattrs.

Certains blogueurs, comme Alias, publient chaque mois un rapport d’activités Flattr. L’occasion de découvrir du contenu.

Logiciels

Si vous êtes un utilisateur de logiciels libres, il y a de grandes chances que certains de vos favoris acceptent les dons Flattr. Getting Things GNOME, bien entendu, mais également Gimp ou Adblock. Pendant quelques temps, Raphaël Hertzog recommandait une sélection de logiciels libres à Flattrer. N’oubliez pas que n’importe quel projet GitHub est Flattrable !

N’oublions pas les jeux ! Étant un peu old school, j’aime bien Battle for Wesnoth et FreeCiv. Mais il y a également des tubes, comme Minecraft.

Vous pouvez également soutenir l’Open Source Initiative ou la Free Software Foundation Europe.

Lectures

Personnellement, je suis un grand fan de TheOatmeal mais la liste des web comics sur Flattr est impressionnante. Si on n’y trouve pas XKCD, les Geekscottes y sont !

Je vous ai offert quelques courtes nouvelles Flattrables mais force est de constater que l’écriture est encore un domaine peu exploré par Flattr. Je rêve d’un lecteur d’ebook avec un catalogue ouvert où l’on pourrait se recommander des textes et Flattrer immédiatement à la fin de la lecture.

Musique

Si on trouve quelques musiciens sur Flattr et si tout SoundCloud est Flattrable, il y en a peu que j’écoute régulièrement. J’ai donc activé le Flattrage automatique sur Grooveshark en espérant inciter les artistes à la création d’un compte Flattr.

Conclusion

Voilà, j’espère qu’avec cette liste, vous ne pourrez plus me dire qu’il n’y a rien à Flattrer. Bien entendu, elle est loin d’être exhaustive et j’ai certainement raté des tas de contenus pertinents. N’hésitez pas à le dire et à partager ce que vous Flattrez !

N’oubliez pas : chaque Flattr est un encouragement et, après le premier Flattr du mois, ne vous coûte rien. Dans le doute, Flattrez ! Et si vous n’êtes pas encore convaincu par Flattr, je vous renvoie vers Et si vous testiez le web payant et Donnez-moi la liberté de vous payer.

 

Photo par Chris Potter

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Source: http://ploum.net/post/ou-flattrer-apres-le-spectacle


Le petit Nicolas prend l’avion

Friday 8 February 2013 at 13:08

petit_nicolas

Clotaire venait d’être envoyé au piquet, ce qui arrive à chaque fois que la maîtresse l’interroge sur les fleuves et les affluents, quand le directeur est entré dans la classe avec un monsieur à l’air très important :
— Debout ! a dit la maîtresse.
— Assis ! a dit le directeur.
Le directeur nous a regardé avec le même air que Geoffroy quand il vient à l’école avec un nouveau jouet. Il faut dire que Geoffroy a un papa très riche et qu’il vient souvent à l’école avec des nouveaux jouets.
— Mes enfants, a dit le directeur en mettant sa main sur sa poitrine, afin de promouvoir le goût de l’échange et de la culture, le Conseil Départemental pour la Coordination Provinciale a décidé cette année de financer un voyage à l’étranger pour certaines classes de nos écoles. Votre classe a été choisie. C’est un grand honneur qui échoit sur vous et notre école. J’espère que vous saurez vous en montrer dignes et aurez à cœur de remercier Monsieur le sous-conseiller au secrétaire régional.
— Sous-secrétaire au conseiller, a dit le monsieur.
— Le voyage s’effectuera en avion et nous demandons à vos parents de vous conduire à l’aéroport pour la date prévue. Votre maîtresse et le bou… Monsieur Dubon seront vos accompagnateurs.

Ça, c’était une nouvelle terrible parce que moi, plus tard, je veux faire aviateur alors les avions j’aime beaucoup même si je n’en ai jamais pris. D’ailleurs, le seul qui en a déjà pris c’est Geoffroy, même que l’avion a failli s’écraser, que le pilote était très malade, qu’il a confié les commandes à Geoffroy qui sauvé la vie de tas de passagers et qu’ils l’ont drôlement félicité. Mais il faut dire que Geoffroy est très menteur et moi je pense que tout ça, c’est des blagues.

Le jour du départ, on s’est retrouvé à l’aéroport avec nos papas et nos mamans. Les mamans avaient toutes des poussières dans l’œil et nos papas nous caressaient les cheveux en faisant « hé hé ». Le bouillon, ce n’est pas son vrai nom mais un jour je vous expliquerai pourquoi on l’appelle comme ça, est arrivé avec un grand chapeau comme les explorateurs dans les films, des chaussures de randonnée et des tas de sacs. Il avait l’air un peu nerveux le bouillon, il a serré les mains des papas et des mamans et il a dit:
— Ne vous inquiétez pas, tout va très bien se passer, pas d’inquiétude, ne nous énervons pas.

La maîtresse nous a compté pendant qu’on mettait notre valise sur un tapis roulant où une dame leur mettait un autocollant. Elle nous a dit de dire au revoir à nos papas et à nos mamans et de partir par le couloir qui passe devant un policier derrière une vitre.

Et puis Clotaire est arrivé avec son papa. Le papa de Clotaire était tout essoufflé et se plaignait qu’on lui avait dit que le rendez-vous était au terminal Est, qu’il attendait là-bas et que tout cela était très mal organisé.

Finalement, on a tous passé le policier derrière la vitre et on est arrivé devant une machine toute noire avec un second tapis roulant. On met notre sac sur le tapis roulant, il disparaît dans la machine, on passe dans une porte et si on sonne, bing, on retire un vêtement qu’on met dans la machine. On en retire jusqu’au moment où on ne sonne plus. Très chouette.

Si on a sonné, un monsieur très grand et très fort vous fait le même regard que la maîtresse quand on a un peu trop fait les guignols et puis il ouvre votre sac et vous fouille, comme dans les films de gangsters.
— Tu crois qu’il donne des retenues si on sonne ? j’ai dit à Joachim.
— En tout cas, il n’a pas l’air de rigoler, a dit Maixent.
Clotaire nous a dit qu’il préférait ne pas prendre de risque alors il s’est mis tout nu et a mis tout ses vêtements dans la machine. Le monsieur a eu l’air étonné mais Clotaire n’a pas sonné et il était très fier. Il a dit à Agnan, qui était derrière, que si il ne voulait pas de retenue, il avait intérêt à faire la même chose.

Agnan, il a eu l’air d’hésiter mais le coup de la retenue ça lui a fait plutôt peur. Il faut dire qu’il n’a pas l’habitude Agnan. Alors il a dit que bon d’accord et il est passé tout nu derrière Clotaire. Mais comme il avait oublié ses lunettes, ça n’a pas manqué: il a sonné.

Alors là, ça a été terrible. Agnan s’est mis à se rouler tout nu dans l’aéroport, en hurlant qu’il ne voulait pas de retenue, que personne ne l’aimait, qu’il était terriblement malheureux.

La maîtresse, qui était passée toute habillée à une autre machine, est arrivée à ce moment là. Elle a ouvert les yeux tous ronds et plusieurs fois la bouche sans qu’aucun son ne sorte. Il faut avouer que Agnan, quand il veut, il peut crier drôlement fort et que c’était un drôle de spectacle de le voir se rouler par terre tout nu au milieu des autres voyageurs.

— Agnan, veuillez cesser immédiatement ce cirque et vous rhabiller, a crié la maîtresse !

Agnan a été tellement surpris que la maîtresse le gronde qu’il s’est arrêté et à commencer à se rhabiller en faisant « Mou mou mou » tout doucement.

Pendant ce temps là, le monsieur derrière le tapis roulant avait ouvert le sac d’Alceste et en avait sorti une bouteille de limonade.
— Désolé mon petit, a dit le monsieur, mais je ne peux pas te laisser passer avec ça.
— Ben c’est ma bouteille de limonade, a répondu Alceste.
— Cela pourrait être un dangereux explosif, a fait le monsieur en jetant la bouteille dans la poubelle.
— Si c’est un dangereux explosif, à votre place, je la jetterais pas dans la poubelle, a dit Alceste. Mais tant que je peux emporter mes croissants et ma tartine à la confiture.
Le monsieur il n’a rien dit, il a regardé ses mains pleines de beurre et a commencé à les essuyer sur son pantalon pendant qu’Alceste reprenait son sac.

Ensuite, on est passé dans un endroit où il y avait plein de magasins mais la maîtresse a dit de ne pas traîner et d’aller directement à la porte d’embarquement. Geoffroy a dit que son papa disait la même chose à sa maman quand ils partaient en avion. Alors on a obéi même que le bouillon n’a du retourner que deux fois, la première pour Eudes et Joachim qui s’amusaient à faire pshit avec les parfums en démonstration et la seconde pour Alceste qui était resté devant la vitrine du magasin de pralines.

On est arrivé dans un énorme couloir dont on ne voyait pas le bout avec des tas de tapis roulants. Et vous ne devinerez jamais quoi : sur ceux là, on pouvait marcher !

— À celui qui ira le plus loin possible dans le couloir, a crié Maixent.

Nous nous sommes tous mis à courir sur les tapis roulants. J’ai un peu cogné un monsieur qui regardait son téléphone avant de faire tomber la valise d’une dame. C’était un drôle de chahut, c’était chouette, on s’amusait bien. Et puis j’ai vu arriver le bouillon qui était tout rouge. Il agitait les bras et les narines dans tous les sens, il n’avait pas l’air content, le bouillon.

— Petits voyous, vous finirez au bagne ! Disparaître au moment de l’embarquement ! Regardez-moi dans les yeux !

Il nous a fait mettre en rang et nous sommes montés dans l’avion. C’était tout étroit et une gentille dame a regardé nos tickets en souriant et en nous disant que c’était par là. Ça m’a un peu surpris parce qu’il n’y avait qu’une direction possible de toute façon.

Nous nous sommes assis sur nos fauteuils avec des ceintures de sécurité. J’ai été un peu déçu de ne pas avoir du enfiler un parachute.
— Avec tout ça, on ne saura pas qui a gagné, a dit Eudes.
— On n’a qu’à dire match nul, a répondu Maixent.

Mais moi, je pense que Joachim a gagné. Je l’ai vu entrer dans un mince couloir vers un avion, tout au bout de notre couloir, juste avant que la porte de l’avion se ferme. Il faudra demander à la maîtresse si c’est loin Nouméa, qu’elle puisse aller le chercher après notre atterrissage.

 

Si vous avez aimé ce pastiche de l’œuvre de Sempé et Gosciny, vous aimerez sans doute également Le petit Nicolas et le piratage.

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Source: http://ploum.net/post/le-petit-nicolas-prend-lavion


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