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Le Safe Harbour prend l’eau – et après?

Thursday 8 October 2015 at 17:59

navirenaufrageLa justice européenne vient de rendre un arrêt qui ouvre une nouvelle brèche visiblement préoccupante pour le modèle économique des mastodontes du Big Data. La Cour de justice de l’UE, sise au Luxembourg (CJUE), vient en effet d’invalider un des piliers du libre échange de données personnelles entre les USA et l’Europe. C’est ce cadre juridique, appelé « Safe Harbour », qui a fait les frais de l’arrêt du 6 octobre [cf un résumé de la cour].

Cela fait 15 ans qu’il permet à des entreprises non européennes d’exploiter des données privées de citoyens européens, procédé devenu le cœur de métier des multinationales. En y regardant de plus près, ce « havre de paix » (« sphère de sécurité » selon la traduction de la cour), est presque aussi parlant que la maxime orwellienne « La liberté c’est l’esclavage ». Ce cadre juridique prétend que les législations des Etats signataires du Safe Harbour sont « adéquates » vis à vis des lois européennes de protection des données personnelles, réputées comme les plus exigeantes en la matière. L’arrêt de la cour du Luxembourg met en charpie cette « adéquation » supposée. Même si ça fait 15 ans que ça dure.

C’est un citoyen autrichien, Max Schrems, inquiet du sort que le géant Facebook réservait à ses données, suite aux révélations de Snowden, qui a porté plainte en Irlande, lieu où ses données étaient stockées avant d’être transférées aux USA, plainte qui est parvenue, au gré d’un parcours sinueux, jusqu’aux juges européens. Cela fait de nombreuses années que des doutes sérieux ont été émis sur le faiblesse de la protection d’un tel cadre juridique. Mais aucun gouvernement ne l’a dénoncé, puisque’il a été négocié, à la fin des années 90, par le Commission européenne (CE). C’est la CE qui se prend l’arrêt du 6 octobre en pleine poire:

À cet égard, la Cour rappelle que la Commission était tenue de constater que les États-Unis assurent effectivement, en raison de leur législation interne ou de leurs engagements internationaux, un niveau de protection des droits fondamentaux substantiellement équivalent à celui garanti au sein de l’Union (…). La Cour relève que la Commission n’a pas opéré un tel constat, mais qu’elle s’est bornée à examiner le régime de la sphère de sécurité. En outre, les exigences relatives à la sécurité nationale (…) l’emportent sur le régime de la sphère de sécurité, si bien que les entreprises américaines sont tenues d’écarter, sans limitation, les règles de protection prévues par ce régime, lorsqu’elles entrent en conflit avec de telles exigences. Le régime américain de la sphère de sécurité rend ainsi possible des ingérences, par les autorités publiques américaines, dans les droits fondamentaux des personnes, la décision de la Commission ne faisant état ni de l’existence, aux États-Unis, de règles destinées à limiter ces éventuelles ingérences ni de l’existence d’une protection juridique efficace contre ces ingérences.

La Cour de justice ne fait qu’enfoncer le clou. Elle a déjà envoyé un signal identique il y a dix-huit mois. En avril 2014, la même cour a invalidé une autre mesure clé de la police numérique : la conservation de toutes les données, de connexion et de trafic, qu’un individu laisse derrière lui sur les réseaux. Mesure destinée à pouvoir identifier n’importe qui n’importe quand, pour, bien sur, prévenir le terrorisme ou toute « infraction grave ». C’est la directive de 2006 sur le « rétention des données » qui s’est trouvée, dans un arrêt d’un 8 avril 2014, elle aussi invalidée (arrêt que Reflets.info avait analysé en profondeur à l’époque).

Ce nouvel acte juridique, salué comme il se doit par les ONG, ne doit tout de même pas nous faire rêver. Exactement comme dans le cas de la directive devenue illégale 8 ans après son entrée en vigueur, la condamnation du Safe Harbour n’entraîne aucune conséquence concrète pour le plaignant Max Schrems et ses centaines de millions de congénères. La Cour n’a aucune compétence pour exiger quoique ce soit en matière de pratiques commerciales et n’a pas non plus les moyens d’exiger de l’exécutif européen qu’il prennent immédiatement des mesures pour que l’invalidité du cadre attaqué protège mieux les utilisateurs. En matière juridique, une décision peut pourtant s’imposer au forceps si le « trouble manifeste » pour les personnes concernées – soit à peu près toute la population qui utilise un moyen de communication numérique – est avéré; ce que ne constate donc pas la CJUE. Exactement comme lorsque la directive « rétention des données » a été recalée : aucune donnée stockée abusivement n’a été détruite, et la Cour ne l’a d’ailleurs jamais demandé. Il n’aurait pas été scandaleux que le transfert des données de Facebook vers les USA soit purement et simplement suspendu de manière conservatoire. Rien de tout cela n’a même été envisagé.

Facebook, l’entreprise qui est censée avoir perdu cette bataille judiciaire, ne s’en cache pas : elle s’empresse de ne rien faire, à part juger « impératif que les gouvernements de l’UE et des États-Unis assurent qu’ils continuent de fournir des méthodes fiables pour des transferts légaux de données ». La brèche ouverte par cet arrêt de la CJUE apparait donc aussi efficace qu’un coup de canif dans la coque d’un cuirassé.

Source: https://reflets.info/le-safe-harbour-prend-leau-et-apres/


#EELV : avoir raison sur tout n’est pas politiquement payant (reportage #Tuppervert)

Thursday 8 October 2015 at 14:37

eelvslogan

La pratique de la politique en France — et potentiellement un peu partout ailleurs dans les grandes démocraties — est basée sur un concept simple à résumer : chaque parti politique fait une analyse des problèmes de sa société, une sorte d’inventaire, et procède ensuite à une liste de solutions, avec des priorités dans leur application. Puis chacun d’entre eux explique que si ces solutions étaient appliquées, elles règleraient les problèmes pointés, ou tout du moins, les amoindriraient. Problèmes dans une société : solutions politiques. Améliorer. Réduire les aspects négatifs. Progresser.

Etrangement, un parti politique un peu à part dans le panorama français n’arrive absolument pas à convaincre les électeurs : Europe Ecologie Les Verts. Pourquoi — alors que les problèmes écologiques sont centraux — le seul parti politique à les analyser, amener des solutions sur ce sujet qui touche tous les pans de la société, ne trouve-t-il quasiment aucun écho auprès des citoyens ?

Réunion Tuppervert : introduction

EELV n’est pas un parti comme les autres, et il n’est pas composé, en « région » tout du moins, de candidats classiques. Ce ne sont pas des « politiques », ce sont des gens militants, qui ne pratiquent pas la langue de bois. Cette soirée intitulée « Tuppervert » et organisée chez un membre d’une association en est la preuve.

Le concept est simple : des candidats EELV aux régionales proposent d’aller manger chez ceux qui veulent bien les recevoir pour discuter. L’hôte s’engage seulement à inviter des personnes pour ne pas se retrouver entre quatre yeux, et que le débat puisse exister. La réunion Tuppervert de mardi soir était composée du candidat tête de liste EELV, de la deuxième tête de liste des prochaines élections d’une région française, et deux autres membres d’EELV. Six citoyens non militants, non-élus, étaient présents.

Synthèse de la soirée, et un peu plus…

La définition de l’écologie (demandée par l’un des participants)  que la seconde tête de liste donne, fait mal au crâne, devient une sorte de longue litanie de problèmes : elle finit par avouer que « c’est compliqué » (de définir l’écologie, ndlr). Le candidat tête de liste est un maire-paysan, en (agriculture bio depuis plus de 30 ans). Les trois autres ne se définissent pas par leur métier ou leur poste. La discussion va bon train, autour de leur vision politique, de ce qu’ils veulent, de pourquoi ils se présentent, militent, etc…

Du côté du maire-paysan, les choses sont très claires : les problèmes et solutions qu’il souligne se situent essentiellement au niveau de l’agriculture, de l’alimentation, des modes de production agro-alimentaires. Pour lui, la société va mal parce que les filières courtes, anciennes, ont été abolies par les industriels : perte de qualité, problèmes de santé, coûts, emplois détruits, consommateurs piégés, etc…

Mais si le « dada » politique du maire-paysan écologiste est très parlant, concret (et parfaitement écologiste) celui des autres membres d’EELV l’est nettement moins, et est bien plus représentatif du « problème » que ce parti traîne avec lui.

Refuser les priorités et globaliser les problèmes : tout pour faire fuir

Le discours central — sincère — des écologistes présents à cette soirée (et que l’on retrouve en permanence à EELV) peut se résumer de la manière suivante : nous vivons dans un monde en totale déliquescence, qui se meurt, puisque la nature est pourrie par l’homme. Il faut donc changer de modèle pour empêcher le pire. Les activités humaines sont donc néfastes et vont précipiter la perte de l’humanité. Suivent des listes de problèmes : les pollutions et leurs conséquences, l’énergie nucléaire, l’agriculture intensive, les transports, la surconsommation, la malbouffe, la rareté énergétique…

Il est difficile de retenir tous les problèmes soulevés tellement ils sont nombreux, et chaque membre présent autour de la table de hocher la tête puisqu’il est (heureusement) difficile de trouver un individu qui verrait un côté positif à la pollution, à la dégradation de la santé ou à la dangerosité de l’énergie nucléaire…

Cette liste à la Prévert des problèmes à résoudre, donne le tournis. Il est donc demandé par un citoyen présent autour de la table si des priorités ne seraient pas utiles, pour tenter d’envisager une faisabilité concrète ? La réponse vient avec le prospectus national d’EELV et son slogan : « sauvons le climat ». Ce serait donc la priorité numéro 1 et l’objectif du parti écologiste français. Sauver le climat.

Peut-on sauver le climat d’une planète ? Les Français équipés au tout-nucléaire sont des acteurs de rejets de gaz à effet de serre infimes au niveau mondial, pourquoi donc les appeler à quelque chose qui n’est pas directement de leur ressort ? Au delà de l’absurdité de ce slogan très marketing (on ne sauve pas un climat (!) et puis si l’on réfléchit bien, les Français passeraient de 0,8% d’émissions actuelles planétaire de GES à 0,5%, que le climat n’en serait pas modifié positivement pour autant), pourquoi ne pas parler en priorité des problèmes directs, locaux, qui concernent les gens au quotidien ?

Qui est le communiquant qui a bien pu inventer ce slogan du climat qui ne vote pas ?

La disparition des abeilles, et autres insectes pollinisateurs n’est pas mise en avant, ainsi que l’accélération de la destruction de la biodiversité, ou de la pollution de l’air et l’explosion des cancers. La réponse des membres d’EELV, face à ce constat, est certainement l’essence même de la problématique de ce parti : « C’est vrai, mais tout est important, tout est lié, on en parle aussi, il faut s’attaquer à tous les problèmes, mais le problème principal de l’humanité qu’on met en avant qui relie tout, c’est le changement climatique« .

Dichotomie sincère et paradoxe sociétal

« Penser local, agir global » pourrait être le résumé de la pensée écologiste renvoyée par les membres d’EELV de cette soirée. A l’exception du maire-paysan, mais il a peu parlé… Ce « penser local, agir global » est une dichotomie étonnante puisque le slogan revendiqué de l’une des militantes est le slogan écologiste bien connu (et inverse) : « Penser global, agir local ».

EELV demande aux gens de voter pour eux afin que le parti se préoccupe d’enjeux planétaires, qui ne concernent pas de façon directe la vie quotidienne des citoyens. Sur leur bonne foi et sur une hypothèse cataclysmique, celle du changement climatique de plus de 2 degrés qui devrait survenir. Mais EELV, dans le même temps, explique aux gens que tous les autres problèmes sont aussi très importants et doivent être réglés. Dont celui de l’énergie, des transports, et de la responsabilité des citoyens, qui doivent « faire quelque chose pour abaisser leur pollution ». Le diesel est abordé : il faut que les gens arrêtent de rouler en diesel. Il faut arrêter les énergies fossiles.

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Ce paradoxe sociétal renvoyé par EELV est le suivant : expliquer aux gens qu’ils sont une partie du problème et que la société dans laquelle ils vivent doit changer, en leur faisant perdre de leur autonomie (économique ou de mouvement), en premier lieu, tout en expliquant qu’ils sont en train de mourir à petit feu à cause de choix politiques qui leur échappent, mais qu’ils devraient juste accepter de changer de mode de vie et de modèle de société en votant pour des équipes qui s’attellent avant tout à… sauver le climat d’une planète (sic), planète qui devrait devenir invivable dans 50 ans, parce que la température pourrait augmenter de plus de 2 degrés. Ouf.

Courir après plusieurs lièvres… c’est revenir bredouille

Que les membres d’EELV aient « raison sur tout » est certainement vrai. Il faut sortir du nucléaire. Il faut sortir des énergies fossiles, il faut empêcher la destruction de la biodiversité, il faut être sobre en énergie, il faut protéger la santé de tous, il faut arrêter le modèle de société d’hyperconsommation, de surproduction, il faut arrêter les filières longues agro-industrielles pour basculer dans les filières courtes et majoritairement agro-écologiques, changer de modèle de production agricole, de mode de travail.

Cette utopie de « tout changer », parce qu' »un autre monde est possible » ne peut pas survenir en courant tous les lièvres à la fois. Il n’est pas possible de convaincre des gens que ce nouveau monde est possible en s’attaquant à tous les pans de l’existence. Parce qu’il n’est pas possible de s’attaquer à tous les pans d’une société en même temps.

Ne serait-il pas plus pertinent « écologiquement parlant » d’aider financièrement les gens qui achètent et mettent en terre chez eux des plantes mellifères ou des haies champêtres ?

C’est pour quoi, pour les politiques — qui ne veulent pas changer grand chose, mais démontrer qu’ils sont conscients des problèmes d’environnement et d’écologie — la solution a été toute trouvée : « sauver le climat » (en organisant la COP21 entre autres) et tout miser sur une unique cause-facteur négatif environnemental/écologique : le CO2.

Il n’y a pas besoin de changer de modèle de société, pas besoin de commencer à faire de l’écologie si toute l’action politique à vocation écologique est centrée sur les seules énergies fossiles et le CO2 au premier rang. Ce qui se profile est un changement de modèle, mais avant tout de modèle énergétique et économique. La pollution des eaux, des terres, la destruction de la biodiversité ne seront pas stoppées dans un monde décarbonné, puisque toujours assis sur la croissance économique, les marchés financiers, et la productivité industrielle maximale.

La bataille de l’énergie sera gagnée, c’est certain, et celle de l’écologie ?

Si tous les grands partis politiques de gouvernement des pays industriels ont décidé de faire de la lutte contre les gaz à effet de serre leur priorité écologique depuis des années, ce n’est pas anodin. Les modèles économiques ont déjà basculé (pas changé fondamentalement, juste basculé) par ce biais, mais l’environnement n’est pas mieux protégé. Au contraire : les pollutions ne cessent de progresser, avec leurs lots de maladies et de destructions. La biodiversité s’écroule toujours dans un monde ultra-industriel, même s’il est en cours d’être décarbonné avec des énergies renouvelables installées en masse dans les grands pays émetteurs de CO2.

Pourquoi ne pas mettre en priorité comme action écologique centrale la protection des ressources naturelles, comme l’eau et la terre ? Commencer par expliquer aux citoyens que leur santé, leur bien-être est entièrement dépendant des modes de productions agricoles, industrielles, et que participer à faire changer ces modèle — en premier lieu — est indispensable ? S’attaquer à réduire les pollutions des terres et de l’eau est le seul moyen de préserver la biodiversité. La biodiversité n’est pas détruite par les GES dont le CO2 au premier chef. Les gens le savent.

Pourquoi EELV brandit-il « l’écologie financière » de lutte contre les émissions carbone, tout en appelant à modifier tous les autres aspects de la vie quotidienne, au lieu de proposer une lutte concrète, un changement possible, qui touche les gens de façon concrète, et dont les effets se ressentiront sur la santé de tous ?

Pourquoi le combat de l’écologie, qui est en réalité de protéger la biodiversité, de participer à « jardiner » la nature en la préservant plutôt qu’en la détruisant, est-il devenu une sorte de combat holistique contre les activités humaines dans leur ensemble, et l’émission de CO2 en particulier ?

Une politique écologique à recentrer ?

La réunion Tuppervert de mardi soir représente bien le problème actuel, mondial, de l’écologie politique. L’écologie politique n’a plus d’espace d’écoute populaire parce qu’elle parle de tout, sans parler de quelque chose en particulier. Qu’elle veut « changer la vie » des gens d’un pays, tout en voulant sauver l’humanité toute entière. Qu’elle veut faire disparaître des habitudes, des conforts chèrement acquis par les populations, pour le bien de tous, sans compensations ni même incitations particulières, sur la peur seulement d’un lendemain apocalyptique climatique. Les discussions autour des transports symbolisent bien ces contradictions.

EELV peut tout faire, le café chez vous, pédaler gratuitement pour votre électricité, promener votre chien : c’est une énergie nouvelle !

Le discours autour des véhicules diesel « qui doivent disparaître » est effarant. 70% des Français ont des diesel, 50% des foyers fiscaux sont trop faibles économiquement pour payer des impôts sur le revenu et il faudrait pourtant qu’ils changent leur véhicule et s’équipent de voitures neuves propres ?

Dans le même temps, à aucun moment de la discussion, le ferroutage n’a été abordé. Alors que l’on sait que la pollution diesel est massivement causée par les transports routiers de poids-lourds. Cette pollution n’est pas le fait principal des véhicules des particuliers, et c’est la qualité de l’air qui est en jeu avant tout, une pollution très concrète et directe, pas hypothétique dans un futur plus ou moins lointain. Cette volonté de ne plus pointer les choix (et solutions) politiques des transports par poids-lourds, pour parler avant tout des pollutions des particuliers-électeurs qui ne peuvent pas changer leur mode de transport, est étonnante.

EELV est un parti certainement composé de gens honnêtes et engagés, humanistes, et très conscients des problèmes écologiques, sociaux, qui touchent la société. Il semble par contre, que si les discours — faits de multi-objectifs — ainsi que la vocation politique concrète d ‘EELV, ne sont pas recentrés, il restera un parti d’altermondialistes-utopistes qui ont raison sur tout, mais avec très peu de citoyens qui veulent les voir arriver aux responsabilités.

A la fin de la soirée, les membres d’EELV sont repartis avec leurs véhicules diesel et véhicules essence.

Edit du 9/10 : « et véhicules essence ».

Le seul autour de la table à avoir accompli une transition énergétique complète en produisant intégralement son électricité au solaire dans une maison bioclimatique écologique, (et possesseur d’un véhicule hybride) … était l’auteur de ces lignes.

Ce n’est pas très sympathique de le dire, mais ça ne s’invente quand même pas.

Source: https://reflets.info/eelv-avoir-raison-sur-tout-nest-pas-politiquement-payant-reportage-tuppervert/


Snowden dévoile les schtroumpfs du GCHQ

Wednesday 7 October 2015 at 18:00

C’est une nouvelle annonce du plus célèbre lanceur d’alerte de tous les temps, Edward Snowden, qui a convié la BBC à venir discuter en Russie. La révélation est simple, elle concerne un programme offensif du GCHQ (les services d’écoutes britanniques) nommé « smurf » (schtroumpfs) qui permet de prendre le contrôle d’un smartphone en mode discrétion totale, à partir d’un sms chiffré sans notification à l’utilisateur et donc… invisible.

L’exploit est semble-t-il bien fait, très efficace, et les schtroumpfs embarqués dans votre « téléphone intelligent » peuvent s’en donner à cœur à joie. Olivier Iteanu, l’avocat spécialisé en droit numérique — contacté par téléphone — est très clair : c’est de la violation de propriété privé, de l’accès frauduleux, c’est interdit par la loi. Pour autant, le gouvernement britannique explique que « tout est sous contrôle, tout est fait dans les règles de l’art » — circulez, il n’y a rien à voir.

Nous vivons une époque très particulière.

 

 

Source: https://reflets.info/snowden-devoile-les-schtroumpfs-du-gchq/


Radio-France : garde à vous ?

Wednesday 7 October 2015 at 10:38

Radio-FrancePeut-être ne faut-il y voir aucun lien de cause à effet, mais la demande très étrange de la DRH de Radio France intervient peu après la nomination du nouveau responsable de ce service. Le 1er septembre, Mathieu Gallet a nommé Jean-Claude Luciani directeur délégué à la Stratégie sociale et aux Ressources humaines, membre du comité exécutif. Le parcours de ce monsieur est très intéressant.

« Jean-Claude Luciani, 57 ans, était, jusque-là, conseiller social au cabinet d’Emmanuel Macron, au ministère de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique. »

On pourrait donc imaginer qu’un conseiller social a la fibre…. sociale. Ceci dit, vue la fibre sociale d’Emmanuel Macron, le doute est permis.

Par ailleurs, Jean-Claude Luciani a une carrière « militaire » assez conséquente.

« Jean-Claude Luciani a débuté sa carrière en 1982 en tant qu’Officier de l’Armement à la Direction des Constructions Navales (DCN). Il intègre la Délégation Générale de l’Armement (DGA) en 1993 comme chef du bureau des Etudes économiques et du Commerce extérieur d’armement. « 

Après « Vos papiers ! », « garde à vous ? »

Source: https://reflets.info/radio-france-garde-a-vous/


Alerte : Daesh et les migrants pourraient envahir Radio France

Tuesday 6 October 2015 at 17:27

Abu-Bakr-al-Baghdadiv2Mais que se passe-t-il à Radio-France ? En fin de semaine dernière, plusieurs personnes reçoivent un coup de fil gêné de la part de membres de la DRH. Il faudrait qu’ils envoient une photocopie de leur carte d’identité. Plusieurs personnes contactées sont d’autant plus intriguées qu’elles ont déjà fourni leur carte d’identité il y a très longtemps. A force de discuter dans les couloirs de la maison ronde, les concernés se rendent compte que le seul point commun est leur nom de famille. Ces noms sont d’origine africaine ou nord-africaine. Certains sont français, travaillent à Radio France depuis 30 ans, d’autres sont nés à l’étranger mais sont devenus français. Les explications, quand la maison ronde veut bien en donner, sont variées. Une société extérieure va s’occuper d’un truc et a besoin des cartes d’identités. C’est nécessaire pour une mise à jour du système de paye… Plus exotique, « avec Daesh et les migrants, tout ce qui se passe en ce moment… ». Où l’on comprend que les réfugiés ne viennent pas profiter de nos royales allocations et autres protections sociales, mais plutôt pour devenir, qui journaliste, qui présentateur, qui monteur… Quant à Daesh, on se doutait bien qu’ils avaient besoin d’un média puissant comme Radio-France pour diffuser leur message mortifère.

Source: https://reflets.info/alerte-daesh-et-les-migrants-pourraient-envahir-radio-france/


Loi sur le renseignement : le storytelling et les faits

Tuesday 6 October 2015 at 17:07

nsa-obama-hollandeÇa  allait être super, cette Loi sur le renseignement. Que du bon. Enfin, on allait encadrer des pratiques a-légales. Enfin, on allait surveiller les surveillants avec une commission ad-hoc, bien dotée. Enfin, on allait prendre en compte la nécessaire protection de la vie privée. Jean-Jacques Urvoas nous l’avait promis. Manuel Valls, Bernard Cazeneuve aussi. Tous à l’unisson. Au Parlement, nos représentants votaient quasiment à l’unanimité ces nouvelles mesures. Et l’on pouvait désormais crier en coeur : « L’écoute massive, c’est la protection de la vie privée« . Si, si.

Dans le même temps, le gouvernement, pour une fois extrêmement bon communiquant, bâtissait un autre storytelling qui allait prospérer au delà de toutes les espérances dans la presse : il y aura des « boites noires » et « un algorithme ». Et pourtant… De boites noires, il n’y en aura pas. Pas de celles vaguement décrites par le gouvernement. Quant à « l’algorithme », il sera multiple. Lourdement multiple.

Que reste-t-il aujourd’hui de cette loi dans les faits ? Pas grand chose. Ce n’est pas une surprise, mais cela vaut le coup de prendre quelques minutes pour observer.

La CNCTR, tout d’abord, qui a été prévue pour surveiller les surveillants.

Un homme des services pour les surveiller

Son président Francis Delon était à la tête du secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale. C’est dire sa proximité avec les services de renseignement. Qui mieux que lui pour surveiller les services ? Il est heureux que le gouvernement ait choisi un homme du sérail plutôt qu’une personnalité reconnue pour son engagement dans le domaine de la protection de la vie privée, du droit à la confidentialité des échanges, des Droits de l’Homme… Cela aurait pu entraver le bon déroulement des opérations à venir. Francis Delon était secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale jusqu’en 2014. C’est bien pratique parce qu’à ce titre il a pu tisser des liens avec des hommes encore à la tête des services.

« Mon parcours professionnel offre toutes les garanties au regard des exigences d’indépendance et des règles de déontologie fixées
par la loi pour l’exercice des fonctions de président de la CNCTR. Je connais les services de renseignement pour m’être notamment
servi de leurs analyses dans les fonctions de secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale que j’ai occupées jusqu’en 2014, avant de regagner le Conseil d’Etat. Connaissance ne signifie cependant ni connivence ni complaisance« , a précisé Francis Delon dans ses réponses aux questions des parlementaires. On est priés de le croire sur parole pour ce qui est de la complaisance et de la connivence.

Comme le savent les lecteurs de Reflets depuis 2011, la France, ses gouvernements de droite comme de gauche, ses entreprises, ont joué un rôle très important dans la mise sur écoute de populations de pays entiers. Pour la très grande majorité, il s’agissait de dictatures pures et dures ou d’Etats policiers. Dans la mise en place de cette infrastructure et dans cette stratégie commerciale consistant à vendre à des gens peu recommandables, plusieurs entreprises ont joué un rôle. C’est le cas d’Amesys, de Qosmos, bien entendu, mais aussi une société moins connue : Sofrercom. Qui de plus évident qu’un dirigeant de Sofrecom pour tenir le rôle de personnalité qualifiée au sein de la CNCTR ? Patrick Puges, pourra observer de près « l’algorithme » ou « les boites noires » qu’il doit par ailleurs déjà bien connaître puisque Sofrecom les a mis en place en Syrie ou en Éthiopie.

Tout cela contribuera, on s’en doute à la bonne protection de la vie privée des Français sous le règne de la Loi sur le Renseignement. Sans « connivence ni complaisance« , on vous dit.

De la cryptographie pour votre protection, ou pas…

Après le bâton (la Loi sur le Renseignement), la (supposée) carotte. Pour vous montrer que l’on prend en compte les problématiques de surveillance, les dangers d’intrusion dans votre vie privée, on imagine une autre forme de storytelling. Celui-là n’est pas mal du tout. Il permet de ne pas laisser penser que l’on est insensible à la problématique posée par les révélations Snowden et de faire croire que l’on est favorable au chiffrement des échanges. Le gouvernement annonce donc que les gros fournisseurs d’accès à Internet vont devoir chiffrer les mails qui transitent par leurs serveurs. Si le geek verra immédiatement que le type de chiffrement est inefficace pour protéger ses échanges des yeux et des oreilles des services de renseignement, madame Michu, son mari, sa fille et son fils se disent que finalement, cet Etat est en faveur de la protection des correspondances privées. Mieux, il donne le ton et demande aux FAI de s’investir dans ce sens.

Chez Reflets, on aimerait bien connaître le nom de l’agence de com’ qui est derrière ce projet, parce qu’il est assez efficace, finalement. Le gouvernement fait nommer des responsables de la CNCTR qui sont tellement caricaturaux que l’on pourrait s’attendre à une levée de boucliers et pourtant… rien, le silence assourdissant nous étourdit. Il vote une série de lois liberticides à un point jamais atteint, y compris par la droite, et … Rien. Diablement efficace.

Source: https://reflets.info/loi-sur-le-renseignement-le-storytelling-et-les-faits/


La société française est-elle un grand parc d’attraction ?

Monday 5 October 2015 at 16:05

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Une forme de dérive médiatico-politique faite de polémiques absconses, de petites phrases, de scandales de personnes, de lynchages ou de mise en avant de personnalités et d’opinions souvent binaires est devenue prégnante en cette rentrée 2015. Des affirmations délirantes de Nadine Morano aux tribunes dichotomiques de Michel Onfray — en passant par les commentaires sur sondages les plus absurdes — la société semble rythmée par des « histoires » de cour de récréation, poussant à l’indignation ou au soutien. Comme si le monde qui nous entourait se réduisait à un grand parc d’attraction. Parfaitement bien huilé pour que les spectateurs en aient pour leur argent ?

Imaginons la France en parc d’attraction. Les gérants du parc seraient les politiques, et les intermittents du spectacle, les journalistes, intellectuels, chefs d’entreprises et autres personnalités médiatiques et économiques de poids. Les citoyens — n’ayant pas accès aux grands médias — seraient donc le public. La gérance serait tournante, avec vote du public pour renouveler ou non ceux qui gèrent le parc.

Que peut-on faire pour occuper le public, le distraire ? Puisque l’objectif d’un parc d’attraction est… la distraction, il faut bien occuper les esprits. Le principe est toujours le même : amuser, ou faire peur (le frisson),  pour au final, délasser, mais surtout pousser par ce biais à la consommation de produits dérivés, car les entrées pour les spectacles, animations seules ne suffisent pas à financer le parc.

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Pour y parvenir, avec un parc qui accueille un public de plus de 60 millions d’individus, l’outil le plus efficace, le moins cher, reste l’écran de télévision (un peu couplé aux récepteurs radio et à quelques bribes d’Internet). Les scènes de spectacle vivant sont trop onéreuses, tout comme les lieux de rencontres populaires, qui peuvent créer des espaces de remise en cause de la qualité du parc d’attraction — et par ricochet de ses gérants et animateurs. Laisser ces lieux à l’abandon, les financer de moins en moins, tenter de faire qu’ils ferment est donc un objectif important pour les gérants. Une fois ces éléments mis en place, reste la problématique du renouvellement des spectacles, de la captation d’attention du public, qui bien que très captif (partir de ce parc d’attraction pour un autre, reste possible, mais est onéreux et demande un certain nombre de critères qu’une faible fraction de la population réunit) peut mettre en cause les gérants, voire les intermittents.

Gouverner, c’est occuper (la foule)

Le parc d’attraction France est un vieux parc, avec de vieux gérants qui n’ont pas beaucoup d’idées neuves pour changer la programmation, les acteurs, les spectacles, ou même seulement prendre en compte la demande du public. C’est un problème, et le public n’est pas très content. Les spectacles récurents agacent ce public, qui aimerait bien aussi, pourquoi pas, parfois participer. Ou bien ne pas regarder un spectacle qu’il trouve affligeant, mais tellement conditionné à le faire, qu’il ne peut s’empêcher de le faire, tout en regrettant de se trouver comme… forcé de le faire. Il faut bien s’occuper, semble-t-il. Et quand on vit dans un grand parc d’attraction, que faire d’autre que regarder les spectacles une fois que l’on a acheté les produits dérivés et qu’on est allé contribuer — plus ou moins — au maintien en état du parc, que ce soit techniquement, administrativement, financièrement, etc ?

Les animateurs, intermittents du spectacle sont toujours très inquiets de connaître l’avis du public, et lorsqu’ils voient que la qualité ne satisfait plus, ils se sentent obligés d’inventer de nouveaux concepts, de nouvelles manières d’occuper la foule qui vient en masse les voir. C’est tout de même leur gagne-pain qui est en jeu. Il y eut la télé-réalité qui fut une étape importante dans la modernisation du spectacle : quelques membres du public deviennent eux-mêmes l’attraction et gagnent le droit d’être célèbres, de sortir de l’anonymat, qui par essence définit le public. Il y eut les rencontres entre les gérants et le public, avec débat : le gérant joue à se mettre en danger face au public qui est censé le mettre en cause, le piéger sur sa gestion. Et puis l’infotainment a pris le pas sur le reste. Un concept très intéressant, qui peut se renouveler quasiment à l’infini.

L’infotainment ou l’art de parler du sordide avec un nez de clown

Quand le parc d’attraction est déclaré en guerre, que ses gérants martèlent tous les jours qu’il va devoir fermer alors qu’une grand part du public perd de son confort, il est difficile de continuer avec des programmations soit trop légères (téléréalités), soit trop sérieuses (débats, actualité sinistres). C’est mauvais pour le moral du public, ou pire, cela peu être pris pour une provocation. Une solution a donc été récupérée d’un autre parc d’attraction (le grand parc américain), et elle s’appelle l’Infotainment.

Le principe est simple, efficace et ne fonctionne pas si mal que ça : parler du monde en rigolant, en n’effleurant que la surface des choses, en allant très vite et en faisant parler plein de gens différents qui s’esclaffent toutes les 30 secondes. Allier l’amusement, la distraction avec l’information, l’actualité est une méthode pour cliver le spectateur entre l’impression de s’informer, d’apprendre quelque chose, d’être tenu au courant, d’avoir une vraie valeur ajoutée dans ce qu’il consomme (l’info), et de s’amuser, se délasser, se distraire, de ne pas se « prendre la tête », d’être au spectacle (entertainment, le divertissement), ce pourquoi il paye, puisqu’il vit dans un grand parc d’attraction.

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Ce principe de spectacle est redoutable, mais il peut s’essouffler, s’il ne se renouvelle pas un tant soit peu. Viennent alors les déclinaisons possibles de cette animation : opposer des gens célèbres, déclarés compétents pour réfléchir sur un plateau, avec des paillettes, des animateurs à nez rouge, et faire qu’il en sorte un scandale. Les gens sont captivés par le décalage entre le sérieux des invités et le cirque dans lequel on les accueille, la violence des propos qu’on peut leur faire échanger et les blagues qui fusent autour. Le lendemain, tout le public ne parle plus que de ça, et peut même devenir acteur de l’histoire : ceux qui sont indignés par les propos, ceux qui soutiennent l’un des belligérants, ceux qui les renvoient dos-à-dos… Tout est affaire d’opinion, puisque la téléréalité mixée au débat, puis à l’infotainment, mène à un spectacle complet, presque total, où le public est juge et peut donner son avis, voire peut croire participer au spectacle via les réseaux sociaux.

Donner son avis sur tout, même sur la mort des gens

Quand un parc d’attraction à grande échelle en est arrivé à créer le spectacle total et permanent de sa propre décadence, de ses propres erreurs ou défauts, en laissant croire au public qu’il peut s’en mêler ou jouer avec les animations du parc, vient le moment un peu fatal du spectacle de la mort des autres. Tout comme à l’époque de l’Empire romain, il est organisé une arène dans laquelle sont jetés des êtres humains qui peuvent perdre la vie ou non. Le public en décidera en levant le pouce ou en le baissant. C’est aujourd’hui dans le parc d’attraction France, l’arène des demandeurs d’asile, les réfugiés des guerres de Libye, Irak, Syrie…

Le spectacle est donc simple : inviter des penseurs, des politiques, des analystes, journalistes, faire es sondages sur 1000 personnes à propos du sort des réfugiés et se demander en direct si l’on doit renvoyer crever dans leur pays ou bien en sauver quelques uns. Les chiffres, comme dans tout spectacle, sont importants : 1000, 10 000, 15 000, 20 000, 50 000 ? Le vote du public joue dans la balance, les invités argumentent dans le pour ou le contre : c’est passionnant. Vraiment. Surtout en buvant une bière industrielle de mauvaise qualité mais bien fraîche.

refugies

Les cohortes d’êtres humains dans le plus grand dénuement apparaissent à l’écran, aussi proches dans l’esprit du public que des images d’archives d’il y a 70 ans ou d’un film de fiction à petit budget. Pourquoi se priver de donner son avis sur le « oui » ou le « non » à propos d’aider ou non ces gens qui n’ont pas plus d’existence concrète que les personnages d’une série ? Sachant qu’il est possible de les faire disparaître en éteignant l’écran, et qu’ils ne sont que des figurants « rapportés » comme spectacle dans le parc d’attraction par les gérants, pour occuper la foule et lui faire baisser ou lever le pouce…Et puis avoir son avis, sur la vie ou la mort de femmes, d’enfants, d’hommes en déroute, ce n’est pas rien, ça fait jouer l’ego, on a son importance dans ce cas là. Et on peut montrer son attachement à son parc d’attraction, dans la qualité des programmes et du type de nouveau public que l’on veut accueillir ou non.

Pour autant, si ces réfugiés n’étaient pas une part d’un spectacle, mais considérés comme de vrais individus, avec la souffrance, la mort comme destinée tragique, les gérants ne chercheraient pas à savoir ce que pense le public. Ils agiraient dignement, de façon responsable et feraient tout pour que ces réfugiés soient accueillis, protégés.

Ce serait le cas…si nous n’étions pas dans un parc d’attraction.

Source: https://reflets.info/la-societe-francaise-est-elle-un-grand-parc-dattraction/


Les macarons du diable.

Friday 2 October 2015 at 19:15

OLYMPUS DIGITAL CAMERAPeut-être est-ce dû à la façon dont je choisis mes sources d’information: il semble que ces derniers temps le débat sur la publicité en ligne soit présent partout, et plus particulièrement concernant l’impact des bloqueurs de publicité sur l’économie numérique.

On pourrait penser que tout a déjà été dit sur ce sujet: « trop de publicité tue la publicité, qui va devoir survivre en devenant du contenu sponsorisé, parce qu’il faut bien payer les créateurs de contenu, et puis si vous n’aimez pas la pub vous n’avez qu’à ne pas nous lire ! » (l’ai-je bien résumé ?).

Il me semble que tous ces articles négligent un aspect pourtant fondamental (mais tu vas devoir te taper tout l’article pour le connaître).

There is no alternative

Tout se passe comme si, dans l’esprit des auteurs sinon celui du public, le seul modèle économique possible du numérique était celui de la publicité. Comme si c’était l’alpha et l’omega du Web, l’unique façon de financer le contenu, sauf à vouloir – horresco referens – faire payer l’utilisateur final.

C’est un peu court.

D’abord parce que – bien sûr – il existe bien d’autres façons de financer un service. De l’abonnement au don, en passant par le mécénat, l’associatif, la vente de produits dérivés… Si le logiciel libre nous a appris une chose, c’est qu’il n’y a pas toujours de rapport entre la liberté d’accès et la rentabilité d’un produit, et que l’imagination humaine en matière de financement n’était pas forcément soumise aux règles de l’économie du 19ème siècle.

Et puis parce que, malgré ce qu’affirmaient la très grande majorité des observateurs avant l’ouverture de Mediapart, par exemple, il existe encore un public prêt à payer pour un service sans publicité (même Youtube commence à s’en apercevoir).

Ensuite parce que – quoi qu’en disent certains (suivez mon Rogard) – la gratuité n’est pas forcément le mal.

 

Fando et Lis

Eh non: quand c’est gratuit, vous n’êtes pas toujours le produit. La phrase est jolie, et résume bien le fonctionnement actuel des plus grands acteurs du Web, mais ça n’en fait pas pour autant la vérité universelle que certains ont tout intérêt à nous vendre.

Oui (par exemple), un auteur peut décider de publier son livre en ligne, en souhaitant qu’il soit largement diffusé, et sans pour autant en espérer un retour commercial quelconque. Oui, n’en déplaise aux industriels de la distribution qui n’imaginent pas l’existence d’une création hors de leurs réseaux, il existe des milliers de blogs de très grande qualité dont les auteurs n’espèrent aucun retour, fut-ce en terme de simple notoriété (les plus connus sont d’ailleurs souvent publiés sous pseudonymat). Oui, il existe des services techniques qui fonctionnent par passion, militantisme ou simplement pour le plaisir de partager et d’offrir. Voyez Mailoo, voyez Framasoft, voyez Reflets, voyez Twister, voyez tous ceux qui n’attendent aucun retour, hormis les dons volontaires (et très occasionnels) de leurs utilisateurs.

Bien sûr, ceux qui choisissent d’agir ainsi, gratuitement, ont sans doute d’autres sources de revenus (tout comme d’ailleurs l’écrasante majorité des auteurs « commerciaux » que leurs oeuvres ne font pas vivre).

Évidemment, certains services finissent par disparaître, par manque de moyens, ou parce que la passion n’a qu’un temps (mais combien de site commerciaux, basés sur la publicité ou l’abonnement, ont disparu eux aussi au fil des ans ?).

Et bien entendu, il n’est pas question dans ces lignes de nier aux auteurs le droit de vouloir vivre de leur travail.

Tout au plus de relever que si tout travail devait relever du seul commerce, ce monde serait bien triste.

Et d’affirmer que l’Internet libre et non-marchand est toujours debout.

 

Un pacte avec le diable

Mais je m’égare.

Car enfin, a-t-on bien mesuré le danger que fait peser sur nos vies ce contrat Faustien de « publicité contre gratuité » ?

Déjà, il serait urgent de rappeler, toujours, que ce contrat est largement biaisé: la publicité n’est jamais gratuite.

Pas seulement en terme de vie privée (j’y reviendrai) mais même en termes simplement financiers: c’est toujours celui qui la reçoit qui la paie. Soit quand il achète les biens promus, soit quand il paie son abonnement à Internet. Et dans un écosystème mobile dans lequel « la data » est payée au prix fort, ce coût là est loin d’être négligeable: vous payez – cher – l’affichage d’une publicité agressive qui veut vous faire acheter plus cher les objets qu’elle affiche sans votre accord.

C’est la victoire ultime des spammeurs (qu’on accusait, déjà, d’abuser d’un service payé par l’utilisateur final plutôt que par l’annonceur).

Ensuite, et c’est là qu’est l’aspect fondamental dont je parlais au début (ok, j’ai dérivé, pardon): ce que cherchent les annonceurs, c’est la meilleure diffusion possible au meilleur coût.

Voyons le schéma théorique de la publicité en ligne:
flow
Ce schéma implique non seulement que l’annonceur passe par une agence (ça vaut mieux pour lui: il est mauvais communicant de toutes façons), mais que cette agence doit ensuite traiter soit avec des régies (qui elles-mêmes vont devoir négocier avec le plus grand nombre possible de diffuseurs), soit directement, pour les plus gros diffuseurs.

De facto, les plus gros sont favorisés, même dans ce simple schéma théorique: les agences préfèreront toujours choisir de passer leur annonce sur TF1 que sur Cherie25, sur Google que sur mon blog, sur Twitter que sur irc. Même si c’est plus cher: du moment que ça touche le maximum de monde, c’est toujours meilleur marché, et plus facile. D’autant que les plus gros disposent de d’avantage d’informations sur leurs utilisateurs, et donc permettent de mieux les cibler.

Et ce schéma là est d’autant plus théorique que les plus gros diffuseurs (disons les GAFAM, pour simplifier) ont rapidement mis en place leur propre régie publicitaire, et gèrent directement le reste de la chaîne de diffusion. Ce faisant, ils gagnent d’avantage d’argent, deviennent encore plus gros, donc disposent d’encore plus d’information privées, et attirent encore plus d’annonceurs. C’est un cercle vertueux (pour eux, s’entend: pour toi, lecteur, il est méchamment vicieux).

L’économie basée sur la publicité crée donc, de facto, la centralisation du Web.

À terme, et le mouvement est déjà bien engagé chez Facebook, l’utilisateur final ne sort plus du silo construit pour lui afficher le plus d’annonces possible, basées sur le maximum de données privées possible, et jusqu’à la vente finale du produit annoncé. Ce n’est plus ni Internet ni le Web, c’est juste une grande gallerie marchande bardée de caméras de surveillance précises au point de connaitre la taille de tes boobs (ou d’autre chose).

 

La centralisation c’est bon, mangez-en

Tu pourrais te dire, à ce stade, que les gouvernements vont réagir, réguler tout ça, limiter l’hypercentralisation, protéger les plus faibles pour leur garantir une petite part de la très théorique théorie du ruissellement. Sauf que, et c’est là qu’on rigole: les états ont eux aussi tout intérêt à voir cet énorme réseau acentralisé et – donc – incontrôlable devenir un gentil toutou hypercentralisé. D’abord ça permet, quand le besoin s’en fait sentir, de mieux censurer contrôler l’information du bon peuple, et ensuite, va savoir, de mieux le surveiller: c’est toujours plus facile de coller ses micros chez 5 ou 6 énormes opérateurs que dans une multitude de petits serveurs.

Et donc, en conclusion, on s’aperçoit que tout le modèle actuel de la publicité en ligne ne peut conduire qu’à la surveillance généralisée, la censure, et le tout-marchand. Il ne peut pas y avoir de « publicité acceptable« , de « charte de bonne conduite » et j’en passe dans les listes blanches vendues aux plus offrants: si le modèle économique est basé sur la diffusion de publicité, in fine, on retourne dans notre joli cercle.

Et là, ami lecteur, il est temps de se dire que non: les bloqueurs de publicité ne sont pas juste des gadgets bien pratiques pour lire un article sans être emmerdé par des mickeys clignotants et qui créent quelques soucis financiers à ton webzine favori.

Ce sont aussi (à leur corps défendant, je veux bien l’admettre), les armes de la résistance contre le meilleur des mondes. Quitte à changer de modèle.

Source: https://reflets.info/les-macarons-du-diable/


La vaste blague de la proposition de loi sur la surveillance internationale des communications

Thursday 1 October 2015 at 21:52

ecoutesIncorrigibles naïfs ou optimistes que nous sommes, citoyens ayant encore une once de foi dans le système démocratique, nous commentons, nous proposons des modifications, nous espérons que nos représentants sauront voir le mur vers lequel ils nous précipitent avec la proposition de loi sur la surveillance internationale des communications, qui fait suite à la non moins  méprisable loi sur le renseignement. Las, les débats montrent ce qui était une évidence : le gouvernement, comme les parlementaires ont une idée en tête et n’en démordront pas. Pas même un petit peu. Quel que soit le nombre d’articles enflammés (ou pas), quels que soient les arguments (même les meilleurs), quel que soit le volume de tweets, quelles que soient les déclarations avisées des associations, des avocats, des magistrats, des représentants des services de renseignement qui s’opposent à ces lois attentatoires aux libertés individuelles, les textes seront adoptés.

C’est assez classique, lorsqu’une personne moyennement équipée pour la réflexion – ou ayant un ego un peu trop important – se trompe, elle ne revient pas en arrière, quitte à foncer dans le mur en klaxonnant, le sourire aux lèvres. Dans le cas présent, on a bien entendu ce type de comportement qui se profile. Et dans la continuité. Car ce mouvement a été initié bien avant la présidence Hollande. Les lecteurs de Reflets le savent depuis 2011. Et notre théorie abracadabrantesque a été confirmée récemment dans cet article. Sous Nicolas Sarkozy, la France s’est dotée d’une infrastructure lui permettant d’écouter à peu près n’importe quoi et n’importe qui. Notre petite NSA à nous… Cette infrastructure est, selon nous, appuyée sur deux leviers principaux. Les câbles, qui sont souvent posés par Alcatel ou Orange, et ceux qui passent par la France. Mais aussi certains outils vendus avec la bénédiction de la France à toute une série de dictateurs ou d’Etats policiers. Des Eagle d’Amesys qui sont quasiment tous à un endroit ou atterrit un câble posé par Alcatel, par exemple. Il faudrait que les services de renseignement extérieurs soient franchement mauvais pour ne pas se ménager un accès distant à ces outils, afin – entre autres choses – de délocaliser les écoutes et sortir du cadre juridique français. Cette stratégie d’écoute massive a donné une nouvelle position à la France au sein de la grande bourse d’échange de données. A tel point que très étrangement, et sans que personne ne relève ce point intéressant, la Rand Corporation a récemment estimé que la France devrait être intégrée au sein des Five Eyes.

Finally, the time may have come to bring France into the exclusive intelligence-sharing club known as “the Five Eyes,” which includes long-standing U.S. allies Canada, the UK, Australia and New Zealand. The price of membership for France is high because Paris would be expected to give as well as to take. But in light of the strategic convergence between Paris and Washington, both Americans and the French would have much to gain.

Cette nouvelle position de la France qui doit ravir les présidents Sarkozy et Hollande ne devrait pas faire oublier sur quoi elle a été construite. Les Libyens et les Syriens qui sont venus à Paris témoigner des tortures auxquelles ils ont été soumis sur la base des écoutes pratiquées par des outils de surveillance « Made in France » (avec certitude pour Amesys et une présomption d’innocence pour Qosmos) peuvent en témoigner à nouveau. Si tant est que nos gouvernants sont devenus sourds.

En ce qui concerne les détails de notre nouvelle position face aux Américains, vous devriez relire cet article qui détaille l’importance de notre infrastructure pour la surveillance de l’Afrique aux yeux de Washington.

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Et bien regarder cette cartographie:

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Faire marche arrière est donc complexe. On continue, on accélère, même. On donne un vernis juridique à des pratiques très bien établies. Comment accepter l’idée que l’on fait fausse route après tant d’efforts, tant de compromissions ?

Ma cassette, ma cassette !

Il ne faudrait pas non plus sous-estimer le coût d’un frein à cette fuite en avant vers la catastrophe.

Cette infrastructure qui nous vaut les félicitations de la Rand Corporation ont un coût. Bien entendu, moindre que celui de l’infrastructure américaine, mais tout de même. Si les Eagle et autres sondes variées ont été vendue(s) à des dictateurs ou des Etats policiers, un petit plus pour la balance du commerce extérieur, les infrastructures installées en France ne sont pas gratuites. L’idée même que tous ces investissements aient été faits en vain, parce que l’on se dirait, tout d’un coup, que oui, finalement, mettre en place ce genre de chose est attentatoire aux libertés individuelles des Français, à leur droit à la confidentialité de leurs communications, est probablement vécue comme une abomination par bon nombre de gens, de la DGSE aux cabinets ministériels, en passant par l’Elysée ou Matignon.

Mon gâteau, mon gâteau !

Au delà de ces aspects, il ne faudrait pas négliger la théorie du gâteau au chocolat. Si vous placez un bon et beau gâteau au chocolat dans une pièce où se trouve un gourmand qui aime le chocolat, que vous le laissez seul en lui demandant de ne pas y toucher, il y a de très fortes chances pour qu’il le goûte, pour peu qu’il y soit confronté suffisamment longtemps. Une fois ce pas franchi (l’interdit), il en mangera plus. Goûter au renseignement, c’est pire qu’un gâteau au chocolat, pire qu’un macaron de Laurent Chemla… C’est dire. C’est terriblement addictif. Si Pablo Escobar était encore vivant, il aurait fait commerce de métadonnées et autres payloads. Addictif, on vous dit. Improbable donc, que François Hollande mette un terme aux pratiques établies dans ce domaine.

Rien que des menteries !

Depuis 2011, nous martelons que la France fait dans l’écoute massive (pas dans le systématique) en France et à l’étranger (en même temps, le massif conduit au systématique, dans quatre ans la France pourra se payer un cloud privatif Amazon).

GCCS-J - big

Depuis 2011, nous n’avons récolté que quelques quolibets de la part des politiques (nous serions des trolls). Mais aussi des #Spanous ou des « non la France ne fait pas cela« . Nous avions proposé à Jean-Jacques Urvoas de discuter posément de tout cela, mais deux ans après notre proposition, nous sommes toujours sans nouvelles du député. Nos articles sur Amesys ou Qosmos ont, à notre sens, largement invalidé ses positions.

Toujours au registre du massif, de l’écoute, de la surveillance, le patron de l’ANSSI aurait indiqué aux Assises de la sécurité que « on » aurait demandé à son institution de devenir un service de renseignement, ce que l’agence aurait refusé.

anssi----

<subliminal>Nous serions ravis de discuter de ce point avec Guillaume Poupard. Si quelqu’un nous lit à l’ANSSI : redaction@reflets.info.</subliminal>

 

Source: https://reflets.info/la-vaste-blague-de-la-proposition-de-loi-sur-la-surveillance-internationale-des-communications/


La Golf qui cache la forêt

Thursday 1 October 2015 at 02:41

okofaceAh ! « Le scandale Volkswagen » ! « L’affaire VW » ! Bientôt, le « VWGate » ! Enfin un nouveau buzz pour faire vibrer la presse éco, le feuilleton business qui va faire couler l’encre et la sueur… Et les autres constructeurs qui jouent les vierges effarouchées, n’osant pas trop enfoncer leur concurrent-mais-néanmoins-confrère, craignant sans doute que les patrouilles anti-fraude iront fouiller dans leurs propres recettes pour vendre leurs bagnoles bouffeurs de pétrole comme des machines roulant à l’eau claire.

Franchement, faut avouer que ce concert de trémolos plus ou moins improvisées ressemble beaucoup aux affaires de dopage qui ont frappé le cyclisme ou l’athlétisme dans le sport de haut niveau. C’est pas moi, c’est l’autre – mais bon, n’accablons pas les copains, ça pourrait nous retomber un jour sur le coin de la gueule.

Ça fait des décennies que les vendeurs de bagnoles nous font le coup de l’innovation qui tue, de la recherche-développement top-secrète pour sortir le « moteur propre » ultime – et ainsi perpétuer le règne de la voiture individuelle dans la société occidentale. A quelques mois de la fameuse conférence sur le climat (COP21) – corruption sémantique qui évite de nommer la raison du malaise, à savoir la course à l’énergie comme moteur fou du capitalisme –, il est certain que cette tricherie aux normes anti-pollution du n°1 mondial Wolkswagen tombe plutôt bien pour faire diversion et voler la vedette aux problèmes de fond qui ravagent la planète et les rapports sociaux des laissés pour compte de la croissance à tout prix.

VW triche sur ses émissions de gaz d’échappement? Mais les « innovations » des groupes PSA et Renault, vrai-faux concurrents dans l’arène des plus gros bouffeurs de carbone, ont tout misé sur les pots dits « catalytiques » qui ont permis d’imposer les saloperies de moteurs diesel dans toutes les catégories de véhicules. Tout comme les soi-disant « biocarburants » – de bien vicieux sous-produits agricoles qui ont enrichi un certain Xavier Beulin, boss de la FNSEA et roi de Sofiprotéol (rebaptisé « groupe Avril », ça fait plus printanier) – ont servi de cache-sexe à une industrie qui a transformé l’atmosphère en poison violent.

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Alors oui, le scandale VW n’est qu’un écran de fumée et de particules fines – sans doute alimenté par quelques concurrents aux dents acérées, façon guerre Airbus-Boeing – mais cela me permet d’en raconter une bien bonne dans le registre ancien combattant. Ça me rappelle mes premières années de journalisme, quand j’ai participé à un voyage de presse aux petits oignons, au début des années 90. VW France avait affrété des jets privés, au départ de l’aéroport du Bourget, pour offrir aux magaziniers de la presse une « visite » de l’usine de Wolfsburg, siège historique du groupe situé en Basse-Saxe (et non en ex-RDA! – cf commentaires), sans s’appesantir sur l’Histoire plus ancienne, à savoir l’amour du Fürher pour la « voiture du peuple » – comme la Fiat 500 mussolinienne, ou même la Ford T trente ans plus tôt, le petit-bolide-pas-cher-pour-populo conçu pour faire avaler aux prolétaires américains leur salaire de misère à trimer dix heures par jour sur des chaînes de montage singées par Chaplin dans Les temps modernes.

VWg2_oeko1Enfin, passons – nous allâmes donc, en rang serré, accompagnés par les soldats du service de presse de Volkswagen France, admirer le cœur industriel du groupe allemand, revigoré par l’unité est-ouest. Cette année-là (ce devait être 91, ou 92), la vedette des produits VW, c’était l’Öko Golf. Un « concept car » (qui ne fut pas commercialisée à l’époque), qui vantait pour la première fois à l’époque de « moteur hybride » (électrique-essence), avec de grosses batteries au plomb intégrées, et un bouton magique dans le tableau de bord (cf photo) pour passer instantanément du mode « pétrole » au mode « flower power ».

VWg2_oekoLa « Golf écolo » n’a donc pas fait long feu. C’était un « produit d’appel », specimen publicitaire d’un monde qui changeait, signe que la voiture pouvait être compatible avec le sustainable development – alors que les premières caisses aux moteurs hybrides ne seront réellement vendues en masse que vingt ans plus tard.

On parlait à l’époque de « zero emissions vehicles » (ZEVs), la Californie d’avant-Schwarzenneger venait de voter une loi pour que chaque constructeur, à l’horizon 2000, doive respecte un quota de ventes annuel de ZEVs, sinon dehors. Le tout-électrique était la vertu numéro une à moyen terme pour l’industrie automobile. Oubliant d’insister sur l’origine de cette énergie, qui provenait majoritairement soit du nucléaire – zéro émissions de carbone, kilotonnes de rejets radioactifs – soit des centrales à gaz, pétrole ou surtout charbon. En Allemagne, le charbon du peuple, c’est le lignite, une bien belle saloperie pour l’atmosphère (cause notamment des « pluies acides »). Ce même lignite – ironie de l’histoire automobile – qui est exploité à donf en Allemagne en ce moment même, suite à l' »abandon » partiel du programme nucléaire outre-Rhin. Témoin, la mégamine de Hambach, en Rhénanie, près de Cologne, une zone éventrée de 85 km2 qui permet aux centrales électriques de tourner à plein régime et de cracher leurs fumées grises aux saveurs cancérigènes.

En 1992, Nicolas Hayek, le fondateur des montres Swatch avait proposé à Volkswagen de se lancer réellement dans la voiture « zéro émission ». Une « Swatchmobile » au moteur électrique qui devait être fabriquée à partir de matériaux recyclés, du beau plastoc mais refondu et réutilisable. VW avait décliné l’offre de Hayek – trop tôt, pas assez bankable, sans doute. Un projet qui sera finalement fourgué à Mercedes pour créer la « Smart » (Swatch Mercedes Art), qui s’avérera – au grand dam de son inventeur – une voiture comme une autre, un peu plus riquiqui, et sans moteur électrique – la première Smart électrique sera sur le marché en… 2012! Et toujours pas la moindre trace de Smart au moteur hybride.

Dans ma petite collection de bibelots, on peut trouver un modèle réduit de cette Öko Golf de 1992, qui faisait partie du paquet cadeau remis à tous les journalistes méritanst qui avaient fait le voyage à Volksburg. Perfide, je l’ai placé à coté d’un autre modèle réduit, dont l’échelle est encore plus cruelle pour Volkswagen: vous reconnaîtrez la fameuse Trabant, moteur 2 temps, la « caisse à savon » en plastique qui faisait la fierté de la RDA, la petite voiture du peuple de la « République démocratique » – surtout réputée par son très haut niveau de pollution, sonore comme atmosphérique.

Comparaison cruelle, par les temps qui courent, pour le fabricant de la Golf.

trabigolf

Source: https://reflets.info/la-golf-qui-cache-la-foret/