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Notre pourvoi en cassation est rejeté

Friday 22 May 2015 at 02:24

justiceLe Parisien ayant publié un papier aujourd’hui, nous allons vous donner un peu dans l’urgence une partie de notre point de vue sur le rejet du pourvoi en cassation de Bluetouff et donc, de Reflets et de tous les internautes français (n’en déplaise au système judiciaire).

Nous reviendrons sur cette décision dans d’autres articles. Celui-ci devrait vous aider à comprendre le contexte dans lequel nous nous situons et qui va, à notre avis, plus loin que le simple téléchargement de fichiers publics, sur un site public, placé sur un réseau public, archivés par un moteur de recherche américain et rédigés par des chercheurs payés par nos impôts, pour alerter sur des risques sanitaires qui concernent tout le monde.

Bref rappel des faits.

Au cours d’une recherche Google n’ayant rien à voir avec l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), le moteur de recherche à renvoyé une série de réponses (des liens vers des documents) placés sur un serveur de l’ANSES. Bluetouff les a téléchargés. Il se sert alors de quelques bouts de documents pour rédiger un article sur Reflets. Oui, nous sommes un journal en ligne généraliste qui traite de tous les sujets, y compris de risques sanitaires. Nous sommes d’ailleurs suffisamment généralistes pour que l’Etat français, au travers de la Commission paritaire des publications et agences de presse, nous reconnaisse la qualité d’organe de presse d’information politique et citoyenne (IPC). Nous avons un numéro de commission paritaire en ce sens : 0317 Y 92654.

L’ANSES porte plainte à la lecture de l’article, estimant que ces fichiers n’ont pu être téléchargés que par piratage. L’organisme étant un Opérateur d’importance vitale (OIV), la DGSI est chargée de l’enquête. Pour cerner un tel terroriste, agissant sous pseudonyme, qui plus est, il fallait bien les services de renseignement. Bluetouff sera donc gratifié de 30 heures de garde à vue, son matériel informatique saisi, on en passe. Toutes sortes de choses évidemment éminemment nécessaires. Vous comprendrez un peu plus loin pourquoi. Le destin du monde était en cause, pas moins.

L’ANSES réalise cependant assez vite, surprise…, que si des documents sont archivés par Google, c’est un peu parce que leur accès est public. Du coup, l’agence ne se constitue pas partie civile. En d’autres termes, elle abandonne le combat avant même qu’il ne commence. Le ridicule ne tue plus, mais on n’est jamais trop prudent.

partie-civile

Pour autant, le pénal suivant son cours, comme on dit du côté des juristes, Bluetouff est jugé. En première instance, les juges faisant preuve de lucidité, le relaxent.

Armés de logique et d’un sens commun dont les suivants semblent manquer, les juges de première instance expliquent à propos de l’accès frauduleux supposé :

acces-frauduleuxacces-frauduleux-2Pour le reste, un supposé vol de données publiques, stockées sur un serveur public, lui-même placé sur un réseau public et qui ont été archivés par un moteur de recherche, les juges ont également une analyse très logique :

vol-de-donnees

Paf.

Une affaire qui n’en est pas une et qui n’aurait jamais du mobiliser autant de ressources publiques est finie.

Pensions-nous…

D’autant que les juges suivaient ainsi une jurisprudence établie par votre serviteur. Jurisprudence voulue à l’époque par le parquet de Paris (au point de publier un communiqué de presse).

Mais c’était sans compter sur le parquet de Paris qui voyait, lui, matière à poursuivre Bluetouff. Il faisait appel et contredisait ainsi les choix établis quelques années plus tôt par… le même parquet.

En Appel, Bluetouff était condamné. 3000 euros d’amende et sa condamnation faisait l’objet d’une inscription sur son casier judiciaire.

Incertitude juridique gravée dans le marbre

Reprenant le flambeau du parquet de l’époque Tati/Kitetoa, Bluetouff et Reflets décidaient, avec votre soutien financier, chers lecteurs, de former un pourvoi en cassation. Nous estimions en effet que cette décision créait une incertitude juridique pour tous les internautes, en plus, évidemment, de s’attaquer violemment à la liberté d’informer des médias.

Le pourvoi a été rejeté hier. Désormais, cher internaute, choisis avec soin les liens sur lesquels tu cliques lors d’une recherche sur un moteur comme Google. Car si dans la tête de l’admin responsable de la page que tu consultes, celle-ci est considérée comme confidentielle, et même en l’absence de protection de cette page, par exemple via un identifiant et un mot de passe, tu risques une condamnation. Te voilà pirate informatique.

Pourquoi l’implication de la DGSI était-elle nécessaire ? Mais voyons, parce que Bluetouff avait mis en péril l’avenir de l’humanité bien sûr. Le président du tribunal en appel ne lui a-t-il pas demandé si, « en téléchargeant tous ces documents, vous n’aviez pas peur de tuer toute la planète » ? Pour ce qui est des faits, il faut se reporter aux mots de l’avocate générale, Laurence Vichnievsky : « comme tout le monde dans la salle, je n’ai pas compris le quart de ce qui a été dit aujourd’hui, mes enfants auraient mieux compris que moi, mais il faut condamner M. Laurelli« . C’est rassurant.

Passons.

Nous laisserons à des juristes le soin de vous apporter sous peu, dans nos colonnes, une analyse plus juridique de la décision de la cour de cassation.

Une étrange conversation

Dans ce contexte, franchement surréaliste de l’appel, nous avons quand même fini par nous poser quelques questions.

Pourquoi cet acharnement du parquet à poursuivre Bluetouff ? D’autant que de son propre aveu, le parquet n’avait pas vraiment compris ce qui s’était passé et que la principale victime reconnaissait ne pas avoir à rechercher le culpabilité de Bluetouff.

Ces interrogations se faisaient plus pressantes après l’audience, mais avaient commencé avant. En effet, deux semaines plus tôt, une commissaire de police discutant avec une représentante d’un autre parquet que le parquet de Paris, évoquaient la prochaine condamnation de Bluetouff. Comme si elles connaissaient déjà le résultat du procès.

En outre, nous ne perdions pas de vue le fait que Reflets a été le premier journal à évoquer les contrats d’Amesys en Libye et de Qosmos en Syrie. Or le parquet de Paris a pesé de tout son poids, probablement à la demande de l’exécutif, pour freiner tout développement judiciaire de l’affaire Amesys. De là à imaginer que quelqu’un souhaitait nous faire payer nos révélations, il y a un pas que nous ne franchirons pas. Mais en tout cas, nous partions avec, disons, un désavantage.

Laurence Vichnievsky, qui a mené la charge contre Bluetouff pour le compte du parquet, en appel, n’est pas une inconnue. Nommée avocat général au Parquet le 23 août 2007, elle a un passé médiatique de juge d’instruction dans le domaine de la corruption qui plaide pour elle. Elle a travaillé avec Eva Joly qu’elle rejoindra plus tard à EELV. Sa nomination comme avocat général avait visiblement créé une polémique, dans la mesure ou le Conseil supérieur de la magistrature y était opposé et que la chancellerie était passée outre cet avis.

Le 14 juillet 2009, elle recevait la légion d’honneur (Chevalier) en raison de son parcours professionnel. Nicolas Sarkozy qui la décore a alors des mots intéressants que Le Monde rapportait à l’époque :

« C’est que Mme Vichnievsky l’assume sans détours : oui, elle a noué une relation amicale avec le président de la République. « On s’est connus en 1997, il n’était que maire de Neuilly-sur-Seine, explique-t-elle. On s’est fréquentés, on se tutoyait. Je me sens libre de mes opinions, les gens de gauche me jugent à droite, et inversement. Je ne l’ai plus vu à partir de 2004. » Il lui a remis la Légion d’honneur, le 21 octobre. Avec une phrase bien sentie à son endroit : « Je préfère ceux qui s’engagent à découvert, plutôt que ceux qui se cachent derrière leur fonction », a déclaré M. Sarkozy.
L’avocate générale était émue, forcément. « Je n’imaginais pas refuser cette médaille, dit-elle, c’est la reconnaissance de mon parcours.

Nicolas Sarkozy et sa garde rapprochée ont joué un rôle central dans le contrat entre Amesys et la Libye pour la vente d’un Eagle permettant de surveiller toute la population de ce pays. Jusqu’ici, la justice n’a pas jugé intéressant de s’intéresser à ce volet de l’AmesysGate.

En mars 2010, Laurence Vichnievsky quitte les aspects pénaux du parquet de Paris pour se concentrer sur les affaires civiles. Elle se lance en effet en politique aux côtés d’Eva Joly, avec qui elle a travaillé comme juge d’instruction. Elle est étiquetée EELV (ça ne durera pas) et ne peut plus, par exemple, s’occuper de l’affaire Erika.

En septembre 2011, elle entame son retrait de EELV.

En mars 2012, le parquet de Paris commence à s’opposer à tout développement lié à la plainte de la FIDH contre Amesys. Voici le déroulé des actions du parquet, citées par la FIDH :

L’ouverture de l’information judiciaire s’est cependant heurtée à un obstacle de taille : l’opposition farouche du Parquet de Paris, qui a rendu un réquisitoire s’opposant à l’ouverture de l’information judiciaire et qui a ensuite fait appel de l’ordonnance de la juge d’instruction qui avait décidé de ne pas suivre les arguments du Parquet et d’ouvrir une information judiciaire (voir infra – Les grandes étapes de la procédure judiciaire). Cet appel a finalement été rejeté par la Chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Paris, qui a, dans une décision rendue le 15 janvier 2013, confirmé l’ouverture de l’information judiciaire.

Le 26 mars 2012 :
Le Parquet prend un réquisitoire de non informer et subsidiairement d’irrecevabilité de la plainte avec constitution de partie civile, aux motifs « qu’il paraît difficile de considérer que la vente de matériel puisse être constitutive d’actes de complicité de faits criminels commis avec lesdits matériels par les acquéreurs ; qu’il s’agit moins d’établir des faits ou d’apprécier l’intention des vendeurs avec ces matériels d’écoute que d’apprécier la possibilité de l’existence d’une infraction pénale en lien avec les faits reprochés. Attendu que cette possibilité même d’un lien entre les faits et l’existence de l’infraction fait défaut ; qu’en effet vendre à un État des matériels ne saurait être en soi un élément constitutif de l’infraction ».

29 mai 2012
Le Parquet fait appel de l’ordonnance d’ouverture de l’instruction.

10 juillet 2012
Le Parquet général de la Cour d’appel de Paris prend des réquisitions demandant que l’ordonnance du 23 mai 2012 disant y avoir lieu à informer soit infirmée, et contestant l’intérêt à agir de la FIDH et de la LDH dans cette affaire.

Peine perdue, donc, une information judiciaire est finalement ouverte contre Amesys, soupçonnée de complicité de torture, par le pôle génocides et crimes contre l’humanité du tribunal de Paris. Depuis, l’affaire piétine. Ce dont s’est émue la FIDH il y a quelques temps. Selon nos informations, il ne serait pas impossible que l’entreprise échappe à une condamnation. Ce qui serait intéressant car cela tendrait à démontrer qu’il est juridiquement moins dangereux de vendre un système d’écoute global à l’échelle d’un pays, à un dictateur sanguinaire, que de télécharger des fichiers PDF trouvés via Gogleuh, le petit nom du moteur de recherche, selon les juges de la cour d’Appel.

Le président de la chambre qui a rejeté le pourvoi formé par Bluetouff, Didier Guérin, a également rejeté il y a peu le pourvoi des époux Tibéri dans l’affaire des faux électeurs. Kudos. En revanche, représentant de la cour de cassation à la cour de justice de la république (CJR), il s’est rangé à l’idée que Christine Lagarde ne méritait pas d’être mise en examen pour son rôle dans l’arbitrage Tapie/Crédit Lyonnais. Mediapart a publié un article passionnant sur cette décision.

Au lendemain des deux jours d’audition de Christine Lagarde par les magistrats de la Cour de justice de la République (CJR), les langues se délient et les raisons pour lesquelles la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) n’a pas été mise en examen pour « complicité de faux » et « complicité de détournement de fonds publics », mais placée sous statut de témoin assisté, apparaissent plus clairement.
(…)
selon de très bonnes sources, la déclaration du ministre des finances Pierre Moscovici, en défense de la patronne du FMI, a lourdement pesé sur la réflexion des magistrats, qui n’ont pas osé prendre une décision de mise en examen pouvant avoir des répercussions planétaires et, éventuellement, entraîner une éviction de Christine Lagarde de ses fonctions à la tête de l’institution financière.
(…)
En quelque sorte, la sortie inopinée de Pierre Moscovici, à quelques heures du début des auditions, a été interprétée par les magistrats comme un rappel à l’ordre solennel ; et les magistrats n’ont donc pas finalement osé défier l’exécutif.

Gogleuh nous apprend enfin que Laurence Vichnievsky et Didier Guérin ont participé à un colloque en 2001 à Palerme sur le thème « La confiscation des biens illicites« . Le milieu judiciaire est un tout petit monde. Comme d’autres.

Notons que les PDF de l’ANSES ont été confisqués… Une manie ?

Et maintenant ?

Nous évaluons avec notre conseil les possibilités et l’opportunité de porter cette affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme. Quant à notre liberté et notre volonté d’informer nos lecteurs… Elles restent entières. Elles sont même, en ce qui me concerne, renforcée par ces décisions des cours d’appel et de cassation. Mon petit doigt me souffle dans l’oreillette (si, si…) que nous n’avons pas fini de parler d’Amesys et de Qosmos, de risques sanitaires, de politique, et de bien d’autres choses.

 

Source: https://reflets.info/notre-pourvoi-en-cassation-est-rejete/


Cybereugénisme : on était donc à Horizon un mois… environ

Thursday 21 May 2015 at 23:29

pedobear-madame-irmaIl y a un mois, nous vous parlions d’analyse prédictive de la criminalité. Hasard du calendrier ou pas, c’est aujourd’hui, que la Gendarmerie Nationale a commencé à communiquer sur son logiciel prédictif. L’information distillée par la presse est évidemment incomplète, un peu édulcorée, puisqu’elle fait l’impasse totale sur l’essentiel, le nerf de la guerre… les données. C’est d’ailleurs fort surprenant qu’avec ce genre de titre sensationnaliste (attention ce lien peut nuire à vos synapses), personne ne semble se poser les questions que nous nous posons :

Question 1 : Comment on va alimenter cette « arme secrète » pour la rendre efficace ?

Réponse : TOUT ce qui nous tombe sous la main, les fichiers qui n’ont officiellement jamais existé aussi ! Plus y’en a plus mon algo est intelligent.

Question 2 : Que fait-on des données une fois traitées ?

Réponse : On les redonne à manger à nos algos.

Nous vous expliquions que le seul moyen de rendre une intelligence artificielle intelligente, c’était de lui donner à manger un maximum de données. Etrangement la presse n’en fait pas état, pas plus qu’elle ne fait état de la provenance et de la nature des données que les algorithmes de Morpho (Safran) devront traiter pour jouer la madame Irma de la criminalité.

Ces données, c’est nous qui les donnons, sur les réseaux sociaux (Twitter et Facebook au premier plan), il y a également des données de sources ouvertes assez classiques… puis les données d’intérêt criminel en possession de la Gendarmerie que l’on croisera à la sauce Big Data. Et on obtient quoi avec tout ça ? En plus d’un nouveau fichier des gens honnêtes (les relations des relations), on obtient par exemple un fichier d’interactions probables avec des gens peut être moins honnêtes qui transforment une honnête personne en personne potentiellement malhonnête avec une marge d’erreur potentielle de 5% (oui ça fait beaucoup de potentialités mais on parle de données statistiques, même si la Gendarmerie annonce aujourd’hui une marge d’erreur entre 5 et 7%). Cerise sur le gâteau, pour que notre intelligence artificielle soit encore plus intelligente (les algorithmes probabilistes sont comme le pinard, ils se bonifient avec le temps), la rétention de données à durée indéterminée est de mise. La CNIL va A.D.O.R.E.R… mais non, c’est une boutade !

Ce qu’il y a de bien dans ce joli projet, c’est qu’il ressemble pas mal à ce qu’on connait aujourd’hui comme modèles dans le marketing prédictif, on sait que ça fonctionne, et comme pour le marketing, le produit, c’est vous, ou plutôt vos données… mais c’est « pour notre bien à tous ».

Le logiciel d’analyse politique prédictive de Reflets,  Da Hubble Vison Powah®, vous révèle la prochaine étape : un nouveau comité Théodule qui veillera à ce que les données traitées soient « anonymisées », que rien ne sera stocké et patati et patata… encore un nouveau jouet dont nos partenaires commerciaux vont raffoler, car vous vous doutez bien qu’un jouet comme ça, c’est probablement refourgable à quelques fous furieux.

Source: https://reflets.info/cybereugenisme-on-etait-donc-a-horizon-un-mois-environ/


11 janvier 2015, et après ? – Altair Think Tank

Thursday 21 May 2015 at 10:55

Altair Think TankAltaïr think tank culture medias est un laboratoire d’idées et d’actions de terrain, lance son chantier prioritaire « 11 janvier 2015, et après ? » dont l’objectif est d’apporter aux citoyens des réponses éducatives et pédagogiques aux évènements de janvier 2015.

Altaïr think tank organise une série de rencontres et de débats au cours des mois à venir dont la première aura lieu les jeudi et vendredi 16 et 17 juillet 2015 à l’université ouverte d’Altaïr think tank, au Festival OFF d’Avignon.

Pour mener cette réflexion et apporter des solutions durables, Altaïr think tank fait appel aux acteurs de la société civile notamment aux historiens, chercheurs, théologiens, artistes et écrivains pour réfléchir et partager leurs connaissances et leurs idées sur ce sujet.

Vous pouvez vous inscrire et découvrir l’ensemble du projet ainsi que les actions à venir sur le nouveau site internet du think tank.

Altaïr think tank donne également rendez-vous dès à présent à tous ceux qui voudront poursuivre cette réflexion à sa réunion de rentrée à Paris le jeudi 24 septembre 2015.

Source: https://reflets.info/11janvier-2015-et-apres-altair-think-tank/


Radio Reflets #8 : et si vous nous aidiez ?

Tuesday 19 May 2015 at 21:07

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L’idée de faire une émission à partir d’un thème choisi par les lecteurs de Reflets a cheminé, et nous nous lançons. Economie ? Politique ? Technologie ? Philosophie ? Sociologie ? Actualité ? Laissez-nous ici-même vos idées d’émissions, envoyez des mails sur redaction@reflets.info avec un thème dans l’objet : nous choisirons celui qui semble rassembler le plus de suffrages. Et puis si ça ne nous plaît vraiment pas, on fera autrement, parce que le gonzo clodo-journalisme, c’est… comme ça. Voilà. Mais vos idées risquent de nous plaire. Sinon, on ne continuerait pas. Si ?

L’équipe de Radio Reflets

 

 

Source: https://reflets.info/radio-reflets-8-et-si-vous-nous-aidiez/


Grexit, Brexit, fausse reprise et bulle à 100 000 milliards

Thursday 14 May 2015 at 23:50

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La bulle obligataire, si elle éclate, risque de faire mal…

Alors que la sortie de l’Union européenne du Royaume-Uni (par référendum) — et celle forcée de l’euro de la Grèce — commencent à cheminer dans les esprits, des annonces sur un début de reprise économique en Europe s’enchaînent dans les médias. La situation serait « moins pire », et la croissance serait « bientôt au rendez-vous » — pleine de promesses d’emplois, de baisse de la dette, de déficit à moins de 3 % : en gros, rien que du bonheur. Les ténors de l’économie orthodoxe défilent sur les plateaux, derrière les micros, pour venir, qui, souligner le très bon exemple britannique, qui, l’Espagne en plein redressement, qui, le Portugal ou l’Irlande qui « iraient nettement mieux ».  Même les Etats-Unis. Vraiment ? Par quel miracle et avec quels ingrédients est donc faite cette fameuse « reprise » qui devrait nous mener au contraire, à la catastrophe ?

USA : la croissance dégringole, mais c’est sans importance…

Ce premier trimestre est piteux pour l’économie américaine : leur croissance s’est de nouveau écroulée. Le quotidien Le Monde en fait le constat :

« Entre janvier et mars, le Produit intérieur brut (PIB) a enregistré une croissance quasi-nulle de 0,2 %, selon la première estimation publiée mercredi 29 avril par le département du commerce. »
Les raisons, selon l’éditorialiste du Monde sont variées, entre l’hiver très froid, la hausse du dollar, et même… la grève des  dockers ! Mais ces baisses de premier trimestre sont fréquentes depuis plusieurs années, et les ténors ne semblent pas soucieux de ce phénomène, tout en évitant de trop parler du problème global de l’endettement privé américain. 1160 milliards de dollars pour les seuls prêts étudiants. Une dette de l’État fédéral américain de 10 025 milliards de dollars [soit environ 72 % du PIB] en 2008 qui a atteint la somme extraordinaire de 18 300 milliards de dollars fin 2014, soit aux alentours de 110% du PIB. Un compteur temps réel de ce gouffre financier permet de mieux mesurer l’ampleur du phénomène.
Chaque seconde la dette publique américaine augmente de plus de 47 200 euros, soit de plus de 4 milliards de dollars chaque jour et de 1 489 795 918 367 chaque année. Une dette publique US hors de contrôle.
 Mais l’économie américaine n’a pas de problème avec l’endettement, puisqu’elle ne survit que par lui. Les 6 ans de QE (Quantitative easing, Assouplissement monétaire) ont permis d’injecter des liquidités en masse dans le système bancaire et financier US. Résultat : spéculation sur des marchés étrangers, sur des monnaies, et nouveaux produits financier pourris, avec une relance par le crédit à la consommation qui ne se nomme pas, mais est bien là. L’Amérique triomphante a jeté des tonnes de billets verts sur les foules et s’enorgueillit d’une reprise économique en trompe-l’œil, dont les bases sont loin d’être solides. Tout au contraire. Bulle, vous avez dit bulle ? Oui, mais tout le monde s’en moque. On verra bien…

Ailleurs aussi…

QE à tous les étages chez nos voisins du Royaume (britannique) de sa majesté, le tout poussé par des réduction budgétaires drastiques, une suppression ou diminution des aides sociales qui ont eu pour effet une explosion de la pauvreté. La dette ne baisse pas, le déficit non plus, les Britanniques sont de plus en plus pauvres, mais la City continue, elle, à bien se porter. Les indicateurs de bonne santé économique ne sont pas du tout bons (productivité, industrialisation), et le taux de chômage de 5,5% est une illusion fabriquée par plus d’un million de jobs à 0 heure, et autres inactifs cachés, une population la plus endettée par habitant de l’OCDE. Les prix de l’immobilier ont explosé, la bulle immobilière est à son paroxysme, tout le monde attend son éclatement…

…même et surtout sur les marchés obligataires

Dans la zone euro, la décision a été prise il y a quelques mois de sauver le bateau de la même manière : assouplissement monétaire de plus de 1200 milliards d’euros en un an et demi. 60 milliards par mois, plus précisément. Les effets du QE de la BCE ne sont pas terribles : les taux directeurs devraient encore baisser, ils montent. Mais ils étaient déjà quasiment à 0%. Les investissements ne repartent pas. Les banques gardent le cash de leurs obligations d’Etat rachetées par la BCE, le replacent, spéculent avec, mais ne prêtent pas. A quoi bon ? La machine est grippée, c’est une certitude acquise. Une bulle obligataire mondiale est désormais en place, des USA, au Japon, en passant désormais par l’Europe. Il y a trop d’argent et on ne sait vraiment pas quoi en faire chez les banquiers… Rien ne fonctionne normalement, tout fluctue,  et avec 70% de Trading haute fréquence sur les marchés financiers américains et plus de 40% en Europe, les bots sont aux commandes d’une grosse partie de la finance internationale.

Les sorties (peu probables) de l’euro et la réalité du système en panne

Ce qui semble établi, au delà des analyses sur des frémissements ou des reprises de l’économie de telle ou telle zone, c’est que plus personne n’est en mesure de comprendre le fonctionnement global de l’économie post-crise financière. Ces analyses sont bonnes pour des observateurs de la chose économique du XXème siècle, aujourd’hui, elles ne tiennent plus la route. La croissance ne signifie plus grand chose quand elle est entièrement fabriquée par des injections de liquidités, comme un chômage artificiellement abaissée par des mesures de destruction de la protection des travailleurs. La Grèce est en chute libre, l’Espagne se remet à endetter ses classes moyennes, le Portugal revient au même niveau de pauvreté qu’au temps de la dictature, la France compte ses travailleurs pauvres, ses mal-logés, ses enfants dans des familles en dessous du seuil de pauvreté, et les 0,6% de croissance du trimestre seraient une bonne nouvelle ? Pour la cinquième économie mondiale qui vend des dizaines de milliards d’euros en avions de chasse Rafale ? Les salaires stagnent quand le coût de la vie augmente dans toute l’Europe. La Chine exporte chaque année un peu plus quand les balances commerciales des pays industrialisés s’écroulent (hors Allemagne par sa spécialisation). Une austérité synchronisée ne pouvait que freiner l’ensemble déjà bien mis à mal par le siphonnage bancaire opéré lors du grand sauvetage de 2009-2010. Les politiques d’aide aux entreprises dans un contexte de stagnation quasi généralisée dans une même zone d’échange ne servent à rien. Au final, personne ne semble s’en soucier chez les responsables politiques, puisque personne ne parle d’essayer autre chose.

Les sorties de l’euro lancées en l’air — le Brexit (sortie de l’Union européenne) ou Grexit (sortie de l’euro) — semblent en réalité un peu décalées aujourd’hui, puisqu’elles ne changeraient pas grand chose à l’affaire. Il suffit d’observer le Japon pour comprendre cet état de fait.

Un grand basculement était en cours depuis l’entrée de la Chine dans l’OMC au tournant de ce siècle, il s’est accéléré avec le « tsunami de la crise des subprimes ». La plus grande bulle financière mondiale de tous les temps est en train d’enfler de nouveau. C’est la bulle obligataire à 100 000 milliards de dollars qui était de 70.000 milliards en 2007. C’est avec son éclatement que tout se jouera. Sachant que les « crises » ont la fâcheuse tendance à se reproduire tous les 7 ans, que la dernière a eu lieu en 2008 et que nous sommes en 2015…

Tout ça risque d’être encore plus dramatique que la dernière fois.

Et partira d’Europe.

 

Source: https://reflets.info/grexit-brexit-fausse-reprise-et-bulle-a-100-000-milliards/


La justice des bots, c’est maintenant

Wednesday 13 May 2015 at 19:06

dontwnanaDepuis quelques jours, l’affaire Krach.in fait couler pas mal de pixels. Si vous avez loupé les épisodes précédents, un blogueur a été condamné à 750 euros d’amende. Son crime ? Avoir rédigé des articles liés à la sécurité informatique, des articles précis, argumentés, démonstratifs, la seule manière de faire comprendre un problème de sécurité afin de s’en prémunir… et c’était bien évidement sur la prévention des risques que ces articles étaient ciblés.

L’affaire aurait pu être « banale », car nous sommes effectivement quelques uns sur le Net à avoir constaté le zèle que certains tribunaux mettaient à condamner des gens sur la base d’éléments dont ils ne pipent pas le moindre mot, ni le moindre concept.

On a reproché à Krach.in notamment un article sur le cracking de clés WEP… ne rigolez pas, en 2015, se voir reprocher d’expliquer l’insécurité du WEP c’est complètement délirant. Pour ceux qui dormaient au fond, on rappellera juste que ce protocole de chiffrement sans fil offre une protection théorique de 64 ou 128 bits, mais que comme 24 bits passent en clair, il est possible de déduire la clé de cette « protection » de fait réduite à 40 ou 104 bits, et même d’accélérer cette opération en injectant du traffic pour récupérer un maximum de données intéressantes (dans notre cas, des vecteurs d’initialisation qui serviront à déduire la clé de chiffrement). Des outils assez simples et complets comme Aircrack-NG  mettent en oeuvre ce type d’attaques, des attaques dramatiquement classiques comme le démontrent les 15 millions de pages référencées par Gôgleuh qui traitent du sujet.

Plus sérieusement, comme Krach.in l’explique dans son récit détaillé, c’est surtout du côté des fournisseurs d’accès Internet qui livraient encore il y a peu de temps des box avec du WEP pré-configuré par défaut qu’il y a des claques qui se perdent.

Mais là où on touche le fond, c’est quand on lit le récit du blogueur et la manière dont la « plainte » est arrivée au parquet. Il s’agirait d’un robot (un bot) qui se balade sur les sites web à la recherche d’infractions supposées. Il n’en faut pas plus apparemment pour provoquer une perquisition au domicile du blogueur. Oui, vous avez bien lu, une intelligence artificielle se balade sur le réseau à la recherche d’infractions et hop, vu que ça cause WEP, ça mérite bien une petite descente. Si tu es blogueur et que tu parles de Tor, c’est peut être le GIGN qui te pend au nez. On se gratte la tête, on se pose un instant, et on se demande d’un coup si ce bot n’aurait pas un lointain lien de parenté avec un projet dont nous vous avons parlé ici et dont nous reparlerons le moment venu. Toujours est-il que selon les propos du blogueur qui relatent ceux des gendarmes :

« ils sont obligé de traiter cette, plainte car elle vient d’une sorte de bot qui scanne le WEB FR et selon les contenus lève des infractions »

Un bot à la con mobilise donc les effectifs de gendarmerie pour aller faire la chasse aux blogueurs alors que le contre-terrorisme croule sous le travail… bravo, ça c’est une gestion intelligente et efficace ! A quand le bot qui ira parcourir Google Street View à la recherche de personnes qui ne traversent pas dans les clous ? A quand le bot qui épluchera leur compte Facebook pour évaluer le pourcentage de chances que tata Françoise morde la ligne blanche sur la N21 le 14 décembre 2017, histoire qu’on lui envoie le RAID le 13 décembre ?

Une absurdité pouvant en cacher une autre …  et probablement soucieux de faire cesser la grave infraction qu’est d’expliquer pourquoi le WEP c’est de la merde (c’est vrai que ça ne fait « que » plus de 10 ans qu’on le sait), la gendarmerie lui demande de fermer son blog. « Monsieur vous démontrez trop bien un secret de polichinelle, mais nous sommes dans l’obligation de vous censurer intégralement« … Bienvenue en France en 2015 !

pedobearLe blogueur de Krach.in n’ayant pas les moyens d’aller au pénal (là encore on est probablement quelques uns à pouvoir vous expliquer que la justice accessible à tous est quand même vachement plus accessible quand on a quelques milliers d’euros en poche), il décide d’accepter une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC). Et aussi délirant que ceci puisse paraitre de plaider coupable d’informer un public, même restreint, des dangers d’utiliser un chiffrement sans fil connu et reconnu comme faible et vulnérable, Krach.in espérait la clémence d’un juge qui comprend à minima de quoi on parle… monumentale erreur. Le procureur, demande une amende et 1 an sursis, en usant, comme à chaque fois que ça cause d’Internet, de comparaisons très bien senties avec un point Pedobear® inside :

« Il comparait le fait que je montre des techniques de hacking au fait de conduire une voiture à 250km/h alors que c’est interdit, juste pour montrer que cette vitesse peut être atteinte… »

« Ensuite il a comparé ça avec des histoires de pédophilie »

Bilan : reconnu coupable (normal en CRPC), condamné à 750€ d’amende, blog fermé… Et un putain de bot un peu crétin qui saisit la justice pour des trucs d’une rare connerie pendant que nos effectifs de polices font la traque aux barbus qui ne sont pas adminsys.

Condamner Krach.in, ça revient à condamner l’Ange Bleu  pour pédophilie, c’est condamner la prévention, pas les criminels.

Source: https://reflets.info/la-justice-des-bots-cest-maintenant/


Meanwhile in Greece…

Tuesday 12 May 2015 at 22:04

grecePendant que tous les regards sont tournés, qui vers le Projet de loi sur le renseignement, qui vers les îles des Caraïbes, qui vers le Népal, le grexit re-pointe le bout de son nez. Même si la Grèce a annoncé avoir décidé de lancer la procédure de remboursement de 750 millions au FMI, il semble bien qu’elle ait choisi une voie un peu limite. Les sujets du grexit et du défaut refont surface. Certains banquiers le voient même arriver en mai ou juin. Ce qui serait très bon pour la reprise économique de l’Europe… Dans le même temps, nos amis d’Outre-Manche, les Britanniques, tout affairés qu’ils sont avec le royal baby, semblent très peu affectés par les projets de celui qu’ils viennent de reconduire au pouvoir et dont toute la classe politique française a salué la réélection : il prévoit d’organiser un référendum sur la sortie de son pays de l’Union. En cas de sortie de la Grande-Bretagne et de la Grèce, on peut imaginer que les conséquences seraient… Comment dire ? Imprévisibles ?

Source: https://reflets.info/meanwhile-in-greece/


Parlementaires : algorithmes à géométrie variable

Tuesday 12 May 2015 at 21:45

algoIl faut le lire pour le croire… Un article de Nicolas Rauline Journaliste au service High-tech & Médias des Echos (à lire en entier) nous apprend que les parlementaires souhaitent encadrer les algorithmes. Non, non, pas ceux du gouvernement (Projet de loi sur le renseignement) qui vont plonger dans nos vies privées, ceux des méchantes grosses entreprises qui règnent en maîtres sur le Web, comme Google, Netflix et consorts.

« Les pouvoirs publics vont-ils bientôt mettre le nez dans les algorithmes ? Devant l’importance croissante des formules mathématiques et de l’automatisation dans nos vies, certains le réclament, en tout cas. C’est le sens d’un amendement de la loi Macron, adopté par le Sénat il y a quelques jours. Déposé par plusieurs sénateurs de l’opposition, celui-ci impose notamment à Google de mieux informer les internautes sur les critères de son algorithme et lui interdit toute discrimination, sous peine de se voir infliger une amende allant jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial (soit environ 6,6 milliards de dollars). Les sénateurs se sont largement inspirés d’un rapport du Conseil d’Etat, rendu en septembre dernier, sur le numérique et les droits fondamentaux. L’une des propositions fortes de ce rapport était la création d’un droit des algorithmes, visant à réguler ces formules, omniprésentes dans les nouvelles technologies. »
Et l’on reste un peu plus perplexe encore en lisant les extraits du rapport du Conseil d’Etat :
« L’utilité des algorithmes pour optimiser le fonctionnement d’un certain nombre de services n’est pas discutable, reconnaissaient les magistrats dans le document. Ils présentent cependant trois sources de risques pour l’exercice des libertés : l’enfermement de l’internaute dans une « personnalisation » dont il n’est pas maître ; la confiance abusive dans les résultats d’algorithmes perçus comme objectifs et infaillibles ; de nouveaux problèmes d’équité du fait de l’exploitation toujours plus fine des données personnelles. »
Encore un effort et toutes les branches de ce qui constitue notre Etat se mettront d’accord.

Source: https://reflets.info/parlementaires-algorithmes-a-geometrie-variable/


Aujourd’hui, le totalitarisme doux, et demain ? #boitesnoires

Monday 11 May 2015 at 20:46

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— Bonjour on aimerait acheter ce poste de télévision Ultra HD de 4 mètres de large à 4500 € qu’est sur le stand là, vous faites des facilités ?

— Mais bien sûr chers messieurs-dames, suivez-moi donc dans ce bureau, je vais de ce pas vous donner notre carte hyper gold de crédit permanent à cumul de points, qui exceptionnellement, parce que vous êtes venus pile au bon moment, est GRATUITE !

— Whaaaa, c’est génial, hein chérie ? Et pour les papiers à remplir ?

— Rien à faire du tout, je vous fais ça en direct. Vous me dites combien vous gagnez, vos crédits en cours, et hop on rentre ça dans l’ordinateur, et c’est bon !

— On gagne… heu, toi t’es à mi-temps à IntermSupershop, et moi par contre j’suis à plein temps à Barto-Carto, et on gagne…heu… 1850, en gros…

— Oui, bon, on ne va pas embêter les gens de Crédit-conso-gogo avec des détails sur le mi-temps de madame, et puis leurs ordinateurs peuvent bloquer, donc, on met deux salaires de 1500, ça fait un 3000 € à deux, ça va ?

— Heu, oui…

— Les crédits en cours ?

— On a la maison, la voiture, et puis les cartes de…

— Je vous arrête. Vous le voulez ce poste, hein ?

— Oui, oui.

— Vos crédits, ça ne va pas aider. Donc, on peut mettre une petite traite de voiture, du 250€, c’est à peu près ça, non ?

— Heu…non, c’est un peu plus, on a une familiale avec les options, et puis…c’est plutôt cinq…

— Bon, on met 300€, ça va passer.

— …

— Alors, vous remplissez ça, vous signez, et je valide…on attend que ça réponde, attendez, attendez…voilà… c’est presque bon… oui… allez… OK !

— C’est quoi, ok ?

— C’est bon, vous êtes passés, vous avez la carte, l’écran est à vous, le premier paiement n’est que dans un mois, et bien entendu, vous pouvez tirer du liquide, payer avec votre carte, comme n’importe quelle carte de crédit, elle sera dans votre boite dans 3 jours ! Félicitations !

— Bon, ben, merci !

— Mais c’est moi. Amusez-vous bien, et au plaisir messieurs-dames !

Sondages, djihadistes barbus… et écrans plats

Une part non-négligeable de la population française ne voit pas de problème à laisser les services de renseignement surveiller le réseau Internet pour lutter contre le terrorisme. Demandé comme ça, effectivement, on peut comprendre que ceux qui utilisent leur accès internet de la même manière que leur abonnement à Canal+ ne voient pas où est le problème de traquer des vilains terroristes sur  Internet le réseau pédophile mondial avec lequel ils effectuent 90% de leurs actions quotidiennes. Traquer des terroristes forcément barbus — les mêmes qui ont massacré 17 personnes entre le 7 et le 9 janvier dernier, où est le problème ? Se met alors en place  un nouveau système de surveillance étatique partiellement automatisé des « communications électroniques » de la population, pour parler bien la France.

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Tout ça est hallucinant, pour qui a encore un cerveau en état de fonctionnement — c’est-à-dire qui n’absorbe pas 3h45 de bullshit télévisuelles par jour. Pas pour les autres qui boycottent la propagande, ou encore ceux qui tentent de se désintoxiquer, en venant lire Reflets, par exemple. Mais le fond de cette affaire est plus vaste qu’une simple loi qui installera des boites noires de surveillance administrative à base d’algorithmes secrets et nous priverait, au moins partiellement, de notre vie privée. La démocratie telle que nous la connaissons ne changera pas du tout. Le monde de « 1984 » ne surviendra pas. Tout ira pour le mieux, dans le « meilleur des mondes, » celui du… totalitarisme doux. Celui qui est déjà en place et qui croît années après années. Amélioré [pour la continuation du bien-être de la caste en place] par ces outils.

Le royaume républicain de la tyrannie normative

Le but de l’existence d’un consommateur citoyen Français standard, celui que l’on retrouve à peu près partout et correspond à 90% de la population, est assez simple à résumer. Il veut acheter. Dépenser. Consommer. Se gaver. S’il est fatigué, le Français veut se divertir, se vider la tête, et pour ça il se colle le plus souvent devant un écran, et regarde un monde fabriqué par des spécialistes du marketing. Cette norme est devenue tyrannique, puisque ne pas la suivre représente presque une forme de dissidence.

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La marge se situe désormais à la limite de ce fonctionnement basé sur l’absorption d’images débilitantes, l’échange égotique sur Facebook, et l’achat compulsif de gadgets à la pointe d’une modernité pensée dans des bureaux luxueux remplis de spécialistes en design et réflexes d’achat. Ce totalitarisme doux des esprits se développe dans un royaume maintenu par une bourgeoisie qui pilote l’ensemble grâce à l’appel désormais bien connu des urnes. Le royaume de la République française, avec ses ors, ne peut pas proposer autre chose que ce totalitarisme doux, basé sur une soumission à l’argent, à des valeurs largement abandonnées dans la réalité quotidienne citoyenne ou politique, mais revendiquées en permanence.

Boites noires : contrôle oligarchique préventif ?

Toute cette affaire de boites noires au sein du projet de loi renseignement est intéressante, surtout quand on regarde de plus près les objectifs de la loi. Loi, qui, rappelons-le, est avant tout là pour rendre légales des pratiques déjà en cours, mais totalement illégales. Ces objectifs touchent à peu près à tout : l’économie, la techno, la délinquance, les manifestations, c’est tout juste si on n’y trouve pas la protection de la recette de la tartiflette. Que le gouvernement veuille donner des garanties en expliquant que les boites noires ne surveilleront « que » les comportements supposément terroristes n’a aucun sens : personne ne pourra vérifier cet état de fait, et si des intérêts en jeu dans le cadre général de la loi peuvent être traités par ces algorithmes, il semble difficile de croire que le pouvoir en place pourra se retenir de les utiliser.

L’affaire des fadettes des journalistes du Monde est un exemple très parlant de ce type de dérives dont l’Etat a le secret. Le principe de la déstabilisation des institutions de la République inscrit dans la loi ne peut pas laisser penser que les boites noires ne serviraient pas à contrer toute velléité allant dans ce sens.

Sac-poney

On peut donc penser, sans trop délirer ou fantasmer — comme dirait Manuel — que ces outils excessivement puissants et modernes, vont pouvoir permettre d’autres choses que simplement surveiller des potentiels terroristes. L’idée de « prendre la température d’un pays » au delà de sondages plus ou moins bien réalisés, par le biais de « photographies » des comportements en réseau via les big data collectionnées par les boiboites, n’est pas à placer obligatoirement dans la théorie du complot. Savoir quels courants de contestations se créent, où et qui est en train de vouloir créer une alternative politique, s’opposer à des décisions gouvernementales est absolument vital pour un pouvoir politique. Enfin, s’il veut vraiment que le système tel qu’il est… perdure. Un système oligarchique dans notre cas. Des castes, formées d’une élite. Qui n’a aucun intérêt que les ors de la République disparaissent. Avec tous les privilèges tirés de la monarchie qui vont avec.

Au final, le bordel arrive (on the net), et c’est tant mieux

Oui, bon, allez, finissons cet article sur une note positive, parce que sinon la toile va finir encombrée d’alcooliques plus vraiment anonymes, et ce serait dommage. L’obligation de réagir, au moins techniquement à cette vaste fumisterie autoritaire et scandaleuse des boites noire est déjà entamée. Vous pouvez récupérer ce script sur https://boitenoirekiller.com/. Et comme le disent les ouaibemasters du site de « boites noires killer » :

Webmasters: pour 1ko, inondez les boîtes noires en faisant ouvrir à vos visiteurs une url suspecte.

<script src="//boitenoirekiller.com/js.js"></script>

<a href="https://boitenoirekiller.com">Je n'aime pas les boîtes noires.</a>

insérez ce code juste avant la balise </body>

Après, tout est dans nos mains, comme dirait l’autre. Y’a plus qu’à. Voire…pire…

 

 

Source: https://reflets.info/aujourdhui-le-totalitarisme-doux-et-demain-boitesnoires/


Question : Le #Maroc a-t-il acheté un #Eagle d’#Amesys ?

Saturday 9 May 2015 at 18:37

amesysSi l’on en croit 24hinfo, un journal marocain, le ministère de l’Intérieur de ce pays aurait porté plainte contre des personnes l’ayant accusé d’avoir acheté des outils de surveillance. Un rapport de Privacy International (organisateur par ailleurs des Big Brother Awards) accuse le Maroc d’avoir acquis des outils de piratage (Hacking Team et Amesys/Bull). Si l’information de 24hinfo est juste, le ministère de l’Intérieur va avoir du mal à expliquer ce qui va suivre.

Notez qu’à ce jour, Philippe Vannier, ancien patron d’Amesys, puis de Bull et d’Amesys, et enfin, aujourd’hui, responsable chez Atos, n’a jamais été inquiété pour la vente d’un Eagle à la Libye, au Qatar, à l’Arabie Saoudite, au Gabon, aux  Emirats arabes unis, on en passe. Pas plus que Stéphane Salies, désormais patron de Advanced Systems, l’entité qui a servi à mettre à l’abri à l’étranger l’activité Eagle de Bull/Amesys. Pas plus que les développeurs qui ont mis au point Eagle : Nicolas Deckmyn, Amadou Barry, Talai Diab, Lionel Flandin, Hugo Giguelay, Philippe Job, Fabien Lahoudère, Pierre Langlais, Vincent Le Ligeour, Emmanuel Peroumalnaik, Thomas Franciszkowski, Vincent Grimaldi et Renaud Roques, bien évidemment, dont le nom et le numéro de téléphone étaient affichés dans le centre d’écoute installé à Tripoli et découvert par Margaret Coker du Wall Street Journal. Pas plus que les gouvernements français. Non, pour eux, tout va bien. Ce qui n’est probablement pas le cas des opposants surveillés dans ces pays par les outils d’Amesys.

Mais revenons au Maroc et au rapport de Privacy International.

le rapport suspecte – « mais on ne dispose pas de preuve directe », tempère Hisham Almiraat – le Maroc d’avoir acheté le logiciel Popcorn à l’entreprise française Amesys (entre temps rebaptisée Advanced Midddle East Systems, soit A.M.E.Sys). Ce logiciel, « qui coûte tout de même 2 millions de dollars », précise Almiraat, inclut un système dit de DPI (Deep Packet Inspection) qui « permet l’interception en masse d’appels téléphoniques à l’échelle d’un pays, l’interception des métadonnées des emails (expéditeur, destinataire, objet, heure de l’email…) ».

Cette partie de l’article de Telquel.ma appelle quelques commentaires.

Les preuves directes de l’achat d’un #Eagle par le Maroc ont été apportées par Reflets qui a écrit à ce sujet à plusieurs reprises ainsi que par le Canard Enchaîné (via Reflets). Ni Reflets, ni le Canard n’ont été poursuivis par Bull, Amesys ou le Maroc. Ni par les gouvernements Français que nous avons mis en causes à de nombreuses reprises à ce sujet.

Le Eagle vendu au Maroc ne coûte pas 2 millions de dollars. Ce qui coûte 2 millions de dollars, et c’est ce que nous avons écrit sur Reflets et dans le Canard Enchaîné, ce sont les disques durs qui permettent de stocker les données recueillies par le Eagle. Ces disques durs IBM ont été achetés par Amesys à ServiWare, une filiale de Bull.

Puisque Privacy International semble manquer de preuves, nous allons (une fois n’est pas coutume, nous détestons publier des fac-similés des documents en notre possession) lui en fournir quelques unes.

Premier point, la page de garde de la facture ServiWare dans laquelle on voit le nom du projet, en haut à gauche : PopCorn.

serviware

Bien entendu, le nom « PopCorn » ne désigne pas en tant que tel le Maroc comme client. Pas plus que le numéro de client défini par Amesys (C4554500).

Il nous faut donc nous replier sur la désignation interne des contrats Amesys pour les Eagle. Ils commencent tous par « 3EAG » (pour EAGLE), et se poursuivent avec le nom du projet (POP pour PopCorn, QAT pour le Qatar, etc.)

Un récapitulatif des frais des développeurs envoyés sur le terrain nous donne une précision géographique pour 3EAGPOP, le contrat PopCorn.

frais-maroc

Cela commence à se préciser… Non ?

Maintenant, on peut aussi aller rechercher l’implication d’Alten, une SSII française dans la mise en place de ce Eagle puisque Amesys lui a acheté des prestations dans le cadre du projet PopCorn et dans le cadre du projet au Qatar.

Alten

Difficile, donc, pour le ministère de l’Intérieur marocain de nier que Amesys a installé un Eagle dans le pays…

Mais a ce stade de la réflexion, il n’est pas illogique de se pencher sur la complicité de l’Etat français dans cette opération, comme dans les autres contrats d’Amesys.

L’équipe rapprochée de Nicolas Sarkozy a grandement facilité le contrat Libyen qui a financé les développements d’Eagle. Il est fort probable que cela ait également été le cas dans les autres pays équipés par la suite. Mais il y a en France une forme de « continuité de l’Etat » qui vaut aussi pour les contrats d’armement et la vente d’outils de surveillance à l’échelle d’un pays, comme les produits Amesys/Bull.

Le premier chef de l’Etat reçu par François Hollande durant les 100 premiers jours de son quinquennat, n’est autre que le Roi du Maroc. Mais François Hollande ne s’est pas limité au fils de « Notre ami le roi », durant les 100 premiers jours de sa présidence, il avait en effet reçu le roi de Bahreïn (Najib Rajab appréciera), le premier ministre du Qatar, le fils du roi d’Arabie saoudite, le roi de Jordanie et le prince héritier d’Abu Dhabi. Tous pays connus pour leur souci du respect des Droits de l’Homme. Et pour leur goût prononcé pour les technologies de surveillance globale.

A chaque fois que nous avons interpellé un responsable politique français sur les ventes d’Eagle, nous nous sommes heurtés à un silence de plomb. Aziz Ridouan, conseiller communication de Fleur Pellerin (à l’époque) nous avait même traités de trolls. Aujourd’hui, Aziz Ridouan est chargé du numérique à Matignon dans l’équipe de communication du Premier ministre. Encore une continuité de l’Etat…

Source: https://reflets.info/question-le-maroc-a-t-il-achete-un-eagle-damesys/