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Jean-Jacques Urvoas : Qosmos et Amesys ne sont pas prestataires des services français

Tuesday 25 November 2014 at 10:18

qosmamesys

Il y a parfois des petits bijoux dans les vidéos de l’Assemblée Nationale. C’est le cas de cette retransmission de la « table ronde sur les libertés et les activités de renseignement » du 13 novembre 2014. Sont présents Jean-Jacques Urvoas et Jean-Michel Delarue. Le premier est président de la commission des lois et  président de la Délégation parlementaire du renseignement. A ce titre, il est bien placé pour connaître des activités de renseignement et a travaillé au sein de la commission des lois sur la Loi de programmation militaire et sur celle renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme. Le second est Jean-Marie Delarue, président de la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité. Une phrase ressort particulièrement du discours de Jean-Jacques Urvoas. Elle n’est pas passée inaperçue chez Reflets qui a déjà relayé les déclarations de Jean-Jacques Urvoas ici et notamment…
Ce n’est pas une nouveauté pour nos lecteurs, Jean-Jacques Urvoas, est (suppositions) au choix, parfaitement au courant de l’étendue des écoutes opérées par la DGSE ou, pas du tout au courant car la DGSE n’informe pas les députés sur l’étendue de ses écoutes. Si la première supposition est la bonne, cela veut dire que Jean-Jacques Urvoas ment effrontément au cours de cette table ronde. Si la seconde supposition est juste, il devrait s’interroger sur son rôle de représentant du peuple et sur la manière dont il est traité par les services de renseignement. Cela donnerait également à réfléchir sur l’étonnant sens de l’impunité dont feraient preuve lesdits services en mentant à un député.

La question qui fait sourire Jean-Jacques Urvoas

Au cours de cette table ronde, Edwy Plenel, journaliste et président de Mediapart pose une question toute simple à Jean-Jacques Urvoas : « Que savez-vous des liens entre nos services et ces sociétés privées qui pour nous, pour le dire franchement, pour la société Qosmos, loin de ne pas être liée au monde du renseignement, sont des sous-traitants de nos services et permettent à nos services de faire, parfois, ce que officiellement ils ne font pas, à l’abri du statut privé de ces sociétés. Vous avez dit vous-même qu’elles allaient plus loin que ce que font nos services. Est-ce que vous pourriez ici, publiquement, nous dire que nos services n’ont aucun lien avec la société Qosmos ou avec la société Amesys ?« .

Cette question semble beaucoup amuser Jean-Jacques Urvoas…

uvroas-plenel

Et sa réponse est… Comment dire… Etonnante :

« Sur Qosmos, Amesys, heu… je…, je…, n’ai jamais rencontré depuis que je suis directeur, enfin président de la délégation parlementaire au renseignement, cette structure, je n’ai jamais entendu qu’elle soit un prestataire de qui que ce soit, en tout cas pas pour les organes qu’il m’arrive de fréquenter« .

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Bien entendu on peut s’interroger comme nous l’avons fait :

Mais au delà des interrogation,s il y a des faits qui permettent de mettre en doute l’affirmation du député.

La transparence de i2e, ancêtre d’Amesys

Pour Amesys, Mediapart et Jean-Marc Manach ont démontré l’implication de Ziad Takieddine qui ne faisait pas grand chose sans l’aval des gouvernements de droite, et notamment de celui de Nicolas Sarkozy (lire également ceci) dans le contrat Amesys avec la Libye. Mieux, i2e, l’ancêtre d’Amesys explique elle-même être le principal fournisseur du ministère français de la Défense en matière d’interceptions de communications et d’interceptions électroniques.

i2e-elint-comint

Quant à la vente à la Libye d’une infrastructure d’interception, i2e indique qu’elle ne se fera pas sans l’aval du ministère de la Défense…

i2e-export-libyeAmesys se recommandait par ailleurs de Nicolas Sarkozy pour appuyer son offre à Kadhafi.

Il est donc difficile d’imaginer que les services français n’aient aucune relation avec Amesys.

Pour ce qui est de Qosmos, Le Monde a écrit sans être poursuivi, que Qosmos travaillait pour la DGSE. Une business unit a été créée pour ce projet : Kairos. Cette collaboration de Qosmos avec les services français n’est pas inconnue des plus anciens lecteurs de Reflets qui l’avaient découverte lors de la publication, le 16 mars 2012, d’un enregistrement d’Eric Horlait, l’un des fondateurs de Qosmos, venu répondre aux questions des chercheurs du LIP6, le labo de recherche où est née la technologie de deep packet inspection.

En outre, selon des documents auxquels Reflets a eu accès, il existe bien un projet Kairos au sein de Qosmos et les développeurs de l’entreprise y sont régulièrement affectés.

Comme le soulignait Edwy Plenel au cours de cette table ronde, la France est un pays un peu spécial où les autorités sont particulièrement silencieux sur ces sujets. Quid de l’accord Lustre, par exemple, aux termes duquel la France livre des petaoctets de métadonnées à la NSA ? La question parlementaire sur ce sujet est restée sans réponse du gouvernement depuis le 26 novembre 2013.

Source: http://reflets.info/jean-jacques-uvroas-qosmos-et-amesys-ne-sont-pas-prestataires-des-services-francais/


Vidéo : Jacob Applebaum et Laura Poitras au Big Brother Symposium de Lisbonne

Monday 24 November 2014 at 19:41

jacob

Voici la vidéo de la discussion avec la salle après la projection de Citizen Four, le documentaire de Laura Poitras qui raconte la rencontre entre elle, puis Glenn Greenwald et Edward Snowden. Laura Poitras et Jacob Applebaum répondent aux questions des spectateurs.

Jacob Applebaum est un hacker impliqué dans le développement de Tor et il a aidé à sécuriser les échanges des journalistes avec Edward Snowden. Il est également journaliste et a publié plusieurs articles en relation avec les révélations d’Edward Snowden.

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Source: http://reflets.info/video-jacob-applebaum-et-laura-poitras-au-big-brother-symposium-de-lisbonne/


La cigarette électronique, les hackers chinois et ta mère

Monday 24 November 2014 at 19:11

China-HackÇa commence à faire beaucoup… depuis ce matin la presse française reprend un article du Guardian que la destruction des matériaux d’Edward Snowden semble avoir rendu paranoiaque. Les hackers chinois tenteraient de s’infiltrer dans les ports USB de vos machines en utilisant des cigarettes électroniques.

Ni une ni deux, les commerçants de e-clopes, vous indiquent qu’il est indispensable de se procurer des cigarettes électroniques « de marque », vous annonçant de grands nom du secteur… et surtout de Shenzhen, capitale mondiale de la cigarette électronique low cost (que l’on trouve à moins de 10$ en ligne et surtout à plus de 80 euros chez nous avec une marque d’un magasin bien français apposée dessus…).

On est en plein shitstorm que les uns et les autres tentent de récupérer dans une rare surenchère à la bêtise.

Capture d’écran 2014-11-24 à 18.03.10

On va donc se la faire en 2 temps et commencer par comprendre la menace actuelle, BadUSB, puis démonter les postulats visant à remplacer une ecigarette de merde par une autre ecigarette de merde, toujours chinoise, produite par des entreprises qui ne fabriquent pas les composants incriminés…  mais vendue plus chère grâce à un logo dessus… logo souvent effacé par les boutiques en France pour y apposer le leur.

BadUSB c’est quoi ?

Quand vous branchez un périphérique USB sur un ordinateur, vous avez surement remarqué que votre ordinateur était capable de reconnaitre la nature du périphérique, d’afficher son nom et de reconnaitre s’il s’agit d’une imprimante, d’une clé de stockage, ou de reconnaitre une cigarette électronique pour savoir qu’il ne va pas chercher à la monter pour écrire dessus mais se cantonner à lui envoyer le courant qu’elle demande pour se recharger ?

Si ceci est possible, c’est parce que chaque périphérique USB, pour faire ultra simple, contient un microcode qui dit à votre ordinateur « boujour je m’appelle comme ça, et je te demande de faire ça pour moi » : c’est à ce moment que votre système d’exploitation interprète l’instruction qui lui est envoyé et prend la décision de mener l’action demandée.

L’attaque consiste donc à reprogrammer le comportement d’un composant USB que tu vas brancher sur un ordinateur. En altérant le microcode qui cause à ton ordinateur, il est possible de faire passer un objet pour un autre. Certes, l’attaque n’est pas à la portée de tout le monde, mais le code rendu public montre qu’il est possible de le faire et que ceci peut avoir des conséquences désastreuses. Par exemple, combiné à une autre vulnérabilité critique dont on parle pas mal en ce moment (Shellshok) il devient possible de transformer une cigarette électronique en un outil d’attaque qui va injecter une commande exploitant cette vulnérabilité pour changer les variable d’environnement de l’interpréteur de commandes que l’on retrouve sur tous les systèmes unix (Gnu Linux/Unix représentent l’immense majorité des serveurs web mondiaux).

Les clés USB dédiées à l’infection d’ordinateurs, c’était déjà quelque chose de connu.

BadUSB va donc bien plus loin puisque la vulnérabilité affecte de très nombreux périphériques USB équipés d’un controleur… et devinez quoi ? Et bien des fabricants de contrôleurs USB… il n’y en a pas 150.

Les « vapoteuses » tinoises

Tout le monde n’est pas familier de l’industrie de la cigarette électronique, aussi peut être judicieux de rappeler quelques éléments : La Chine s’est tout de suite imposée comme le premier fabricant mondial de cigarettes électroniques. Une cigarette électronique, c’est une batterie avec un switch, un connecteur (dit connecteur 510) pour l’atomiseur qui sert aussi d’interface USB pour recharger la batterie, et de temps à autres, un variateur de tension… bref une « vapoteuse » comme décrite dans la presse, ça ressemble à ça :

Ceci n'est pas un malware

Ceci n’est pas un malware

Sauf que vous n’aurez pas manqué de noter que ce bidule ne ressemble pas franchement à une interface USB… évidemment… puisque ce n’est pas là qu’elle se situe. L’interface en question est en fait un adaptateur USB vers connexion 510… Notre nouveau vecteur d’attaque ressemble donc plutôt à ceci et coûte environ 1 euro :

Le malware incontrable pour 1 euro ? ... Fear !

Le malware incontrable pour 1 euro ? … Fear !

C’est donc dans ce chargeur que se situerait un contrôleur USB vulnérable… ouais, pourquoi pas.

Mais assez naivement, quand je prends un câble USB pour recharger mon téléphone, je me rends compte qu’il fonctionne aussi sur ma tablette… c’est quand même magique une connectique standard non ? Et devinez quoi ? Et bien ce chargeur à 1 euro fonctionne aussi bien sur une cigarette électronique à 4$ que sur une « cigarette électronique de marque » à 80 euros, et pour cause, ce sont les mêmes.

Que ce détail échappe à des vendeurs peu scrupuleux passe encore, mais pour le Guardian, on est quand même en droit de se demander ce qu’il s’est passé à la cafèt’ de la rédac’.

Attention, voici le scoop

AUCUN fabricant de cigarette électronique ne fabrique de contrôleur USB. En clair, que vous achetiez une Innokin à plus de 100 euros ou une bouze sur Fasttech à $4… vous encourrez le même risque, puisque ces composants sortent dans les deux cas des mêmes usines.

Vous voilà avertis : claquez directement la porte d’un vendeur qui met en avant une marque ou une autre en vous parlant de chargeur USB pour cigarette électronique, il est soit con, soit malhonnête… soit un peu des deux.

Et maintenant… le Press’Fail

Malgré tout le respect que l’on peut légitimement porter pour cette institution qu’est le Guardian, il faut bien avouer que « l’enquête » du média anglais est… comment le dire poliment…  à chier.

Et vous allez voir à quel point la presse est capable de préter crédit à post d’un anonyme sur Reddit au point d’oublier de faire une simple recherche pour trouver des éléments sur l’absence de concret de ce bruit qui circule depuis mars dernier… putain 9 mois de silence, un post anonyme sur Reddit et paff ça pisse du pixel.

Voici la genèse :

Dites les gars, le FUD, ok, pourquoi pas… mais :

  1. vous avez les élements sous le nez, à portée de clic pour vous rendre compte de visu du grossier de cette histoire
  2. aucune prise de recul et hop on véhicule un FUD à tête baissée en stigmatisant la cigarette électronique. Oui la menace existe bien, mais c’est pas pour ça qu’il faut raconter n’importe quoi non plus ni omettre de rappeler que cette menace ne se concentre pas sur la seule cigarette électronique. Elle cible tout aussi bien le ventilateur USB que le vibro USB de madame…
  3. clap clap aux lumières qui ont poussé ce FUD suite à un témoignage anonyme sur un réseau social n’apportant strictement aucun élément nouveau, ce 9 mois après la bataille…

Non, sérieux… bravo la presse… c’est à se demander si cette campagne n’est pas financée par une association professionnelle de buralistes.

PS : vu que ça fait 9 mois que je suis à la recherche d’un chargeur USB infecté, si vous voyez passer un vecteur d’attaque vaporeux avéré, n’hésitez pas à me le faire parvenir.

Source: http://reflets.info/la-cigarette-electronique-les-hackers-chinois-et-ta-mere/


Le gouvernement lance un os à ronger : les retraites chapeaux

Thursday 20 November 2014 at 12:24

os-a-ronger

Il y a quelques temps, la presse découvrait que les banques françaises avaient quasiment toute un pied dans les paradis fiscaux. Ce qui est écrit en toutes lettres sur leurs sites Web depuis des lustres, dans Wikipedia pour chaque page consacrée à une banque, bref, on découvrait que l’eau mouille. Mieux, avec les LuxLeaks, tout le monde feignait de s’étonner que le Luxembourg soit une énorme machine à laver ou à cacher de l’argent. Etonnant pour qui a lu les oeuvres complètes de Denis Robert… Voici qu’aujourd’hui, la presse, toujours, et les politiques (toujours aussi) découvrent que certains patrons se font verser des retraites complémentaires monumentales après avoir quitté leurs postes. Et de citer un exemple à 800.000 euros. En voilà une nouvelle découverte…

Le Monde qui a des archives et ne rechigne pas à les citer, rappelle que le problème desdites « retraites chapeaux » n’est absolument pas nouveau :

Pierre Moscovici, le précédent ministre des finances, avait préféré en 2013 ne pas légiférer sur ce sujet sensible et s’en remettre à l’autodiscipline que les syndicats patronaux, Afep et Medef, promettaient. De fait, un haut comité du gouvernement d’entreprise a été créé à cette occasion pour surveiller les bonnes pratiques et les moins bonnes. Présidé par Denis Ranque, le président du conseil d’administration d’Airbus, il a publié son premier rapport d’activité en octobre.

Il est utile de citer ce point. Mais il manque une information. Elle nous a été fournie il y a quelques mois par la la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). Les quelque 15,5 millions de retraités français vivaient avec une retraite représentant en moyenne 1.288 euros en 2012. De quoi se plaignent-ils ? Leur retraite avait augmenté de 2,6% sur un an.

Comme à son habitude, le personnel politique répond à une « polémique » en lançant un os à ronger à ceux qui pourraient être choqués par ces chiffres astronomiques. C’est à dire 15,5 millions de retraités vivant avec 1.200 euros en moyenne, soit sur douze mois, une retraite entonnoir (chacun son chapeau) d’environ 14.400 euros. Un peu loin il est vrai des centaines de milliers d’euros… Avec cet os (on va réguler ces retraites chapeaux), le personnel politique espère calmer la polémique. Avec un peu de chance et une nouvelle frasque de Nabilla au fond de sa cellule, cela pourrait fonctionner. Mais dans le fond, ni Emmanuel Macron ni le reste du gouvernement n’ont envie de modifier quoi que ce soit.

Comme le note Le Figaro, cette réforme d’Emmanuel Macron devrait rester dans les limbes ou avoir un effet très mesuré… On en reparlera dans un an ou deux, si vous le voulez bien :

Le Sénat a voté la semaine dernière une augmentation de la taxe sur les retraites-chapeau. Une mesure qui va dans ce sens et qui, pourtant, a été rejetée par le gouvernement par la voix du secrétaire d’État au Budget, Christian Eckert. «La priorité c’est de renvoyer à la responsabilité personnelle», estime Emmanuel Macron, jugeant qu’«aucune loi ne remplacera l’éthique des dirigeants»

En d’autres termes, le Sénat, constatant que les patrons se pressaient à un pas de sénateur pour s’autoréguler avait imaginé, grand fou qu’il est, qu’en taxant plus fortement les retraites chapeaux, les patrons seraient peut-être naturellement moins gourmands de ces petits plus façon Bahlsen.

Deux, ou trois dimensions ?

Une raie parfaitement plate qui vivrait dans un monde en deux dimensions ne peut concevoir une troisième dimension. De la même façon, un retraité qui vit avec 1200 euros par mois a du mal à entrevoir à quoi ressemble le monde d’Emmanuel Macron et de ses collègues du gouvernement. Ou encore celui dans lequel évolue Pierre Gattaz, le patron des patrons.

gattazPour Pierre Gattaz, inutile de légiférer sur quoi que ce soit touchant à l’encadrement des dirigeants d’entreprises, il lui semble qu’ils peuvent très bien s’autoréguler. En revanche, les méchants chômeurs tricheurs…

Quant à Emmanuel Macron qui va sans doute multiplier dans les jours à venir les déclarations sur les retraites chapeaux et les salaires indécents de certains dirigeants d’entreprises… Il n’a empoché que 2 millions d’euros bruts pour un an et quatre mois passés dans une banque. Soit, selon les calculs de l’Express, à peu près 1 million d’euros, une fois les charges sociales retirées.

L’inverse est vrai pour l’homme vivant dans trois dimensions. Il ne peut pas concevoir dans quel monde vit la raie parfaitement plate. En outre, si la raie peut avoir un éventuel intérêt à essayer d’imaginer les trois dimensions et à vouloir rejoindre le monde en trois dimensions, ceux qui vivent dans trois dimensions n’ont aucune envie de se priver de leur univers.  Emmanuel Macron ou Pierre Gattaz ont du mal à concevoir ou imaginer ce qu’est la vie d’une personne qui plafonne à 1200 euros par mois. Et ils ont une certitude : ils ne veulent absolument pas expérimenter cela.

De cette incompréhension mutuelle naîtront, au choix un statu quo ante, ou une étincelle.

Source: http://reflets.info/le-gouvernement-lance-un-os-a-ronger-les-retraites-chapeaux/


Video : Eben Moglen au Big Brother Symposium de Lisbonne

Wednesday 19 November 2014 at 15:59

Capture d’écran 2014-11-19 à 14.57.47Voici une vidéo de l »intervention (presque) complète d’Eben Moglen au Symposium international Fiction et Réalité: au-delà de Big Brother, où ont notamment été largement abordées la question des interceptions électroniques massives, à l’occasion du Festival du Film de Lisbonne / Estoril.

Eben Moglen nous offre un regard juridique et d’académicien américain sur la surveillance électronique.

Par avance veuillez nous excuser pour la qualité pas top. Vous pouvez aussi télécharger la vidéo au format avi (315Mo) ou au format MP4 (305Mo)

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Source: http://reflets.info/video-eben-moglen-au-big-brother-symposium-de-lisbonne/


#LEFFEST : A quoi sert la surveillance globale ?

Tuesday 18 November 2014 at 23:17

garzonConstater, révélations d’Edward Snowden à l’appui, que la planète entière a été mise sur écoute est une chose. Comprendre cette surveillance, l’analyser et théoriser les moyens de sortir de ce nouveau paradigme en est une autre. Le  symposium sur la surveillance organisé au cours du Lisbon & Estoril Film Festival a réussi à réunir en chair et en os ou via Internet une étonnante brochette de penseurs qui ont clairement avancé sur ces terrains.

Noam Chomsky a ouvert le bal en replaçant la surveillance dans une perspective historique. Remontant une bonne centaine d’année en arrière, il a rappelé que les Etats-Unis avaient théorisé les méthodes de collecte d’informations sur les populations lorsqu’ils avaient envahi les Philippines. Les moyens de l’époque étant moins sophistiqués et massifs, il s’agissait de savoir ce qui se trouvait dans les têtes des « leaders » dans la population. Ceux qui pouvaient mener à une remise en question du nouvel ordre établi. Ces techniques furent immédiatement réimportées aux Etats-Unis. Rien de neuf sous le soleil aujourd’hui, précise Noam Chomsky. Les Etats-Unis avaient par exemple déjà truffé de micros les bureaux des délégations étrangères lors de la création de l’ONU en 1947… Il était lui-même sur une liste de personnes considérées comme dangereuses pour le pouvoir sous Nixon…

Vote et tais-toi

Mais Noam Chomsky analyse également le contexte sociétal dans lequel s’inscrit cette surveillance. Pourquoi elle est mise en place. Selon lui, la tranche de la population au pouvoir estime être la seule suffisamment éclairée pour être apte à prendre des décisions. Le peuple, pour sa part doit resté cantonné à un rôle de spectateur. Il est bien entendu appelé à voter régulièrement pour élire des « responsables » mais… qu’ils soient d’un bord ou d’un autre, ces « responsables » sont tous issus de la même tranche de la population… Celle de ceux qui se pensent aptes à prendre des décisions.

Sur la surveillance en elle-même, Chomsky souligne que lorsque que des documents sur ce sujet -jusque-là- secrets, sont dévoilés, on se rend généralement compte qu’il ne s’agit pas de lutter contre les dangers communément énoncés, mais d’éviter que les populations se retournent contre les pouvoirs en place.

L’impact de cette surveillance massive est évidemment une autocensure des peuples, une plus grande difficulté à résister aux abus des pouvoirs en place.

Sur les moyens de résistance à cette intrusion dans la vie privée qui se présentent aux populations surveillées, Chomsky souligne que les révélations d’Edward Snowden, comme celles de Wikileaks ne produiront que les effets que nous voudrons bien déclencher. « C’est entre nos mains« , précise-t-il.

Tous ont évoqué pendant ces trois jours de réflexion la nécessaire déconstruction d’une réalité altérée et présentée comme une vérité inattaquable, comme un dogme par les pouvoirs en place. Il faut redéfinir la réalité avec les mots qui lui corresponde, sortir de la fabrication par les pouvoirs en place d’un monde qui n’existe pas. Il est même parfois tout à fait inverse à ce qui est présenté au public.

A titre d’exemple, Baltasar Garzon évoque les supposés crimes de Julian Assange qui lui valent d’être réfugié et enfermé dans l’ambassade d’équateur en Grande Bretagne depuis plus de deux ans sans être inculpé de quoi que ce soit, sans perspective de procès : avoir rendu publiques des informations avérées sur certains actes des Etats-Unis. Or, curieusement, précise-t-il, aucun de ces actes dont une bonne partie sont délictueux, des actes de corruption, d’assassinat, de menaces, n’ont donné lieu à des poursuites, ni aux Etats-Unis, ni dans aucun autre pays. En d’autres termes on présente le messager comme un criminel alors que tous les crimes évoqués par le messager sont « oubliés », le Justice ne s’en saisissant pas.

On fait quoi ?

Que faire pour agir, aura sans doute la question la plus récurrente dans le public lors de ces trois journées.

Certains brandissant leur incapacité technique comme un frein supposé à toute mise en place de mesures de protection contre les outils de surveillance globale implantés par les gouvernements.

citizen4

Ce à quoi Jacob Appelbaum apporte une réponse intéressante : la plupart d’entre nous, sommes de véritables illettrés en matière de biologie. Nous ne savons rien des rétro-virus, de leur mode de fonctionnement. En revanche, nous savons comment nous protéger pour les éviter. Il en va de même dans le domaine de la surveillance massive. Inutile de comprendre les aspects techniques complexes pour s’en protéger.

Internet, précise le hacker, permet à n’importe qui, quelle que soit sa condition de s’élever : plus de frontières, un accès total au savoir. C’est un complément fantastique du système éducatif. Celui-ci pouvant justement aider, être une passerelle, en développant la curiosité des enfants, en leur donnant accès à un Internet sans censure et surveillance.

La (mauvaise) raison d’Etat

La surveillance globale, comme la torture, également utilisée pour « lutter contre le terrorisme » sont toujours choisies en première intention par les Etats, rappelle par ailleurs Baltasar Garzon, qui a longtemps été au coeur de l’appareil d’Etat. Ce que font Wikileaks ou Edward Snowden, c’est rendre visible cette « mauvaise raison d’Etat », plus facile que les voies démocratiques et légales, qui protège non pas les citoyens, mais ceux qui détiennent le pouvoir.

L’ancien juge a évoqué sa propre mise sous surveillance lorsqu’il enquêtait sur l’État en Espagne : il recevait à son domicile les enregistrements de ses conversations.

Son implication dans la défense de Julian Assange a quant à elle eu un effet immédiat : José Miguel Insulza, alors responsable de la mission d’appui au processus de paix de l’Organisation des Etats Américains (OEA) lui a demandé d’abandonner son rôle dans le processus en Colombie, à la demande de Washington.

Son arrivée à Seattle a également été mouvementée, comme les passages à la douane de Jacob Appelbaum ou de Laura Poitras (lorsqu’ils résidaient encore aux Etats-Unis). Il a été retenu deux heures par deux agents qui détenaient un épais dossier sur son compte.

S’opposent donc des Etats devenus tout puissants et des populations finalement asservies après avoir été dépouillés de leurs Droits.

 

vignette-crownfundNote : cet article a été financé grâce aux dons des lecteurs de Reflets

Source: http://reflets.info/leffest-a-quoi-sert-la-surveillance-globale/


Histoire politique : tout dépend du point de vue (Fin)

Monday 17 November 2014 at 18:55

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— « Invocation priorité 1, Shiva »

L’espace autour de lui commençait à se pixeliser, il fallait qu’il aille vite. Une voix masculine emplit l’espace, douce, au timbre neutre.

— « Gardien Shiva, je vous écoute »

L’orateur déglutit et lança dans un souffle :

— « Rapport terrestre 32, estimation de la population globale »

— « 3 milliards 250 millions d’être humains répertoriés. »

— « Etat de l’énergie, bilan climatique, technologique »

— « Courant électrique local à 90% par énergies solaires, hydrauliques et éoliennes, climat : refroidissement global par variation cycle solaire en cours de réduction, technologie identique rapport 31. Réseaux informatiques locaux, transports inter-continentaux 0%, pollution à 0,3%… »

— « STOP ! »

La voix se coupa instantanément.

— « Mode H. Shiva, Que pouvez-vous me dire sur l’état des vaisseaux ? »

— « Ils ne sont pas opérationnels, l’énergie est problématique pour envisager un retour sur Terre, les coques sont toujours endommagées, nous avons des problèmes de minerai. Il faut toujours compter sur une découverte de minerai. »

— « Et l’état de nos corps ? »

— « Votre corps est sain à 98%, comme les 220 000 autres corps conservés. La cryogénisation est effective mais consomme toujours trop d’énergie. Nous limitons les accès au réseau des individus pour optimiser la cryogénisation. Nous n’avons toujours pas de solution effective à plus de 90% pour envisager le download vers vos corps. Nous travaillons à cette tâche. »

LOW ENERGY – LOW ENERGY – LOW ENERGY

-« Pouvez-vous m’indiquer la date à laquelle je pourrai de nouveau effectuer un accès ? »

- « Oui. Estimation à 27 000 000 de cycles. »

— « Les clones ? Leurs travaux ? »

— « Des difficultés techniques sont rencontrées avec la terraformation, mais leur évolution est correcte à 95% »

La salle devenait totalement chaotique, des morceaux de couleurs se mélangeaient pendant que des parties des murs croisaient celles du sol. L’orateur savait qu’il allait repartir dans les ténèbres. Le vide. Le rien. L’unité de stockage.

Il salua l’IA, tremblant intérieurement dans l’attente imminente du shutdown.

— « Merci agent Shiva. Bon travail, et à bientôt… lors de ma nouvelle séance. »

— « Vous êtes toujours le bienvenu Sergeï Brin. A bientôt, et don’t be evil. »

(Fin)

(Nouvelle écrite durant la semaine du 10 novembre 2014 pour Reflets, par Yovan Menkevick)

Source: http://reflets.info/histoire-politique-tout-depend-du-point-de-vue-fin/


Histoire politique : tout dépend du point de vue (3)

Sunday 16 November 2014 at 16:58

serres

— « Les écrans ont envahi toute la sphère humaine au XXIème siècle. C’étaient majoritairement ces écrans qui diffusaient de l’information, appelées télévisions, ou permettaient de se connecter à un réseau numérique mondial avec des machines appelées ordinateurs. Dans tous les cas, l’humanité, dès le début de la deuxième décennies du XXIème siècle, dans sa grand majorité ne pouvait plus se passer des écrans. Le grand changement dans la prise de conscience de la dictature vint avec la révélation de la  surveillance globale effectuée par le pays nommé USA. Une chose importante est à comprendre à ce point là. Personne ou presque dans les populations ne fit quoi que ce soit contre les agissements de la dictature mondiale. Il fut révélé que la plupart des Etats pratiquait cette surveillance à l’égard de leurs propres populations. Rien ne se passa. En réalité, les populations étaient en phase de test, sans le savoir. Le but était de vérifier qu’elles continueraient à accepter les agissements des puissances capitalistiques, les entreprises géantes planétaires — aidées des institutions mondiales appelées Fonds monétaire d’investissement, Organisation mondiale du commerce, Banque mondiale.

En l’espace de 15 ans, à partir de la révélation Snowden telle qu’elle fut nommée, les Etats perdirent toute leur puissance effective. Les multinationales détenaient via leurs différentes filiales, structures financières plus de puissance économique que les Etats les plus riches, ruinés par des politiques désastreuses basées sur la limitation de leurs investissements et tenus en laisse par des accords commerciaux multilatéraux. Je ne vais pas insister sur cette partie économique et politique complexe, mais sachez qu’en 2035, alors que le système politique de fédération mondiale, basée sur des traités d’échanges entièrement en faveur des multinationales fut mis en place,  la première IA apparut. Le premier vaisseau spatial habité était lui aussi prêt à partir coloniser Mars.« 

Les lumières de la salle avaient baissé peu à peu d’intensité. L’hologramme s’était modifié, des points rouges avaient remplacé les couleurs des continents, ils s’agrandissaient à la surface du globe tridimensionnel. L’orateur se racla la gorge et reprit son discours.

Sa vue fut encombrée quelques secondes par un message écrit en rouge qui se démultipliait dans l’espace, et que lui seul voyait.

LOW POWER -LOW POWER – LOW POWER.

Il aurait aimé prendre son temps, développer son sujet. Il ne le pourrait pas. Dans un souffle, il lança sa dernière tirade.

— « La logique humaine de cette époque était basée sur très peu de choses. Ce très peu de choses était diffusé sans cesse sur les écrans et obsédait l’humanité. La consommation en était le principal objet : il fallait, pour accomplir sa vie, s’offrir des objets, services, en permanence. L’individu ne comprenait pas qu’il puisse y avoir autre chose d’intéressant qu’augmenter son confort matériel, acquérir de nouveaux appareils, pouvoir posséder plus. L’idée d’enrichissement personnel, de profits, était centrale, comme celle de distraction, de divertissement. C’est pourquoi les pires guerres pouvaient être cautionnées par les populations possédant le plus, même si ce plus diminuait années après années.

La peur de manquer, de confort, de distraction, de consommation menait la majorité. Lorsque l’IA émergea des laboratoires d’une très grande firme, une guerre totale était en germe, causée par les problèmes de famine, de pollution et d’énergie. Les points rouges qui grossissent sont les morts de la guerre totale qui débuta. C’est grâce à l’IA que nous pûmes construire le premier vaisseau de la grande exode. Deux cent cinquante mille humains, choisis pour leurs qualités exceptionnelles partirent au moment même où l’humanité commençait à s’auto-détruire. Vous êtes les enfants de cet exode. Vous ne pouvez recommencer à produire les mêmes erreurs. La Terre, elle, ne peut plus rien. Elle est inhabitable. Je vous remercie de votre attention.« 

La lumière jaillit du plafond, l’hologramme disparut, les deux mille étudiants se levèrent, puis sortirent de la salle sans un bruit, lentement, par groupes de trois. Les rideaux de métal se relevèrent, offrant  le spectacle de désolation du sol martien, plus rouge que jamais. La terraformation n’était pas encore accomplie dans cette partie de la planète. L’orateur le savait. Il attendit que tous les étudiants soient sortis, puis il se dirigea vers l’arrière du pupitre. Il traversa le mur et pénétra dans une salle circulaire de métal meublée de 13 fauteuils en matière synthétique.

LOW POWER -LOW POWER – LOW POWER

L’orateur ferma les yeux. Il ne lui restait que quelques minutes.

Source: http://reflets.info/histoire-politique-tout-depend-du-point-de-vue-3/


La NSA peut-elle tirer du sens d’une surveillance globale planétaire et en temps réel ?

Saturday 15 November 2014 at 17:18

garzon

Le Lisbon & Estoril film festival 2014 accueille cette année un symposium sur la surveillance globale dans une ère post-révélations Snowden. Le débat du jour avec Baltasar Garzón (juge, avocat de Julian Assange), Jérémie Zimmermann (fondateur de la Quadrature du net) et Céline Curiol (écrivain) a été l’occasion d’explorer les mécanismes qui permettent aux Etats de dévier à ce point de leur rôle, c’est à dire le bien commun de ceux qui leur ont confié leur pouvoir, les citoyens. Et de verser du mauvais côté de la force, en dépensant des milliards de dollars pour surveiller et contrôler les mêmes citoyens. Les intervenants ont noté que ces infrastructures, plus puissantes, plus vastes, plus technologiques que par le passé, ne sont qu’une évolution de ce qui a toujours existé. Ce qui laisse penser que les Etats sont principalement effrayés par leurs citoyens, plutôt que par d’éventuels terroristes. Ces systèmes, comme l’a rappelé Noam Chomsky dans un entretien avec les organisateurs et diffusé au cours du du festival, visent à protéger les tenants du pouvoir contre ceux qui le leur ont délégué. Mais que faire du volume astronomique des données récoltées par la NSA ? Peut-on imaginer que, justement, parce que ce volume est monumental, la plupart des gens passent au travers des mailles du filet ?

En d’autres termes, peut-on souscrire à l’argument selon lequel le flot de données noie l’information, qu’il est impossible d’en tirer du sens, qui plus est en temps réel ?

Chacun à notre poste, journalistes, hackers, activistes, juristes, artistes, nous concentrons sur notre domaine d’expérience et en fonction des informations dont nous disposons, tentons d’analyser une réalité qui semble désormais dépasser la fiction. Mixons aujourd’hui des aspects techniques et financiers pour tenter d’imaginer ce que peut faire un pays comme les Etats-Unis avec les infrastructures mises en place et révélées par Edward Snowden.

Replongeons avant tout dans le High Frequency Trading, ces techniques du secteur financier dont Reflets a exposé à peu près toutes les méthodes. Le monde de la finance pense avoir trouvé, une fois encore, sa martingale. Le système qui lui permet de gagner à chaque coup. Des algorithmes extrêmement sophistiqués qui analysent des petaoctets de données provenant de sources multiples (fils de news, fils de données boursières, historiques sur des années des cours, etc.) et qui prennent des décisions d’achat ou de vente dans la micro-seconde. Cela ne vous rappelle rien ? Des milliards et des milliards d’informations, en vrac, qu’il faut analyser pour en faire ressortir l’essentiel, y trouver du sens, et prendre des décisions en temps réel, le tout sans même une intervention humaine…

Dans le secteur financier, les personnes qui programment ces algorithmes sont les mieux payées. De véritables ponts d’or leur sont offerts, afin, principalement, qu’ils ne partent pas à la concurrence. Mais aussi, bien entendu, parce que ces infrastructures permettent aux institutions financières de gagner de l’argent, de ne jamais en perdre.

Peut-on raisonnablement imaginer que les Etats-Unis et leur bras armé, la NSA aient investi des milliards de dollars dans une telle infrastructure, sans pouvoir tirer du sens des pétaoctets récoltés ?

Le chant des oiseaux

Certains s’étonnent des sources de données visées. Les applications de jeu comme Angry Birds, World of Warcraft, on en passe. Si les stratagèmes mis en place par des astrophysiciens, des mathématiciens, des statisticiens, et finalement, très peu de financiers, dans le secteur de la finance, peuvent parfois également sembler « étonnants », il est évident qu’ils ne sont pas mis en place par hasard. Mieux, ils ont un sens. Un but. Ce but, c’est de gagner de l’argent. Et devinez… Ça marche. Il en va probablement de même pour la NSA. Elle ne collecte sans doute pas des données qui peuvent sembler farfelues pour rien. Et en tout cas pas pour ne rien en faire d’utile.

Si les algorithmes de la finance parviennent à prendre des décisions en temps réel et qui génèrent des millions de dollars, ceux de la NSA doivent à n’en pas douter analyser les petaoctets de données et en tirer du sens. Peut-être même permettre de prendre des décisions sans intervention humaine en temps réel à mesure de les données circulent dans les tuyaux.

Et encore, nous n’abordons ici que l’aspect « software ». Sur le plan du matériel, il existe des entreprises pouvant fournir ce qui est nécessaire à de tels traitements… Nous avons déjà évoqué sur Reflets des noms qui ne vous disent probablement rien comme celui de Reservoir aux USA, ou de Kalray.. en France, deux spécialiste du MPPA.

Passons ici un message subliminal, issu de cette page :

Reservoir’s patent-pending pattern-matching technology – provides high volume, deep content inspection at line rates up to 100 gigabits per second. R-Scope can:

Perform deep content inspection at up to 100 Gbps bidirectional on a 1U appliance

Analyze hundreds of packets and flows in parallel

Match thousands of signatures concurrently

Support advanced network monitoring languages (Snort, regular expressions, and beyond)

Compile signatures to high-performance embedded code for efficiency

A quand des attaques de drones sur des terroristes supposés décidées par des algorithmes, en temps réel ? Si Ben Laden avait joué à Angry Birds, il serait probablement mort plus tôt…

 

vignette-crownfundNote : cet article a été financé grâce aux dons des lecteurs de Reflets

Source: http://reflets.info/la-nsa-peut-elle-tirer-du-sens-dune-surveillance-globale-planetaire-et-temps-reel/


Histoire politique : tout dépend du point de vue (2)

Tuesday 11 November 2014 at 20:03

Hollywood-CIA

— « Une dictature est un système politique totalitaire. Le terme dictature n’est peut-être pas le plus approprié pour caractériser les nations occidentales et leur organisation mondiale, l’ONU, mais je préfère l’utiliser par commodité, parce qu’il résume de façon pertinente le fonctionnement politique de cette époque. Le principe de la dictature est avant tout celui d’imposer une idéologie à la majorité. Une façon de voir le monde, de fonctionner en son sein, si vous voulez. Le principe de la dictature est qu’une poignée d’individus, quand ce n’est pas un seul, parfois, décide pour le reste. Dans le cas des nations occidentales, c’est une dictature économique, financière, militaire et bien entendu politique qui se mit en place, au sortir de la seconde guerre mondiale, au milieu du XXème siècle. Une poignée d’Etat l’a mise en place, à l’encontre, principalement, des Etats du sud de la planète. Gardez en tête qu’une dictature est avant tout un système qui organise la vie d’une nation ou de plusieurs, et dans lequel des moyens étatiques ou privés sont mis en œuvre de façon massive pour forcer, inciter, obliger, amener les populations à aller dans un sens. Que ce soit au niveau des valeurs morales, du fonctionnement social, économique, ou même existentiel. Ai-je répondu à votre question ? »

— « Oui, merci orateur »

La foule d’étudiants se leva, puis se rassit dans un même mouvement. Dehors, la tempête s’amplifiait jetant des pierres grosses comme le poing contre les volets de métal. Les systèmes de distorsion acoustique intelligents annulaient le bruit effroyable présent à l’extérieur. Dans la salle, tout était silencieux dans l’attente de la reprise de parole de l’orateur.

—  « Le XXème siècle, à partir du dénouement de la seconde guerre mondiale, n’a été qu’une longue succession d’interventions militaires, politiques, économiques pour assurer la domination des 20% sur le reste de l’humanité. Les guerres d’indépendance ont amené les nations de l’ONU à pratiquer la torture, les meurtres de masse, les bombardements, le soutien à des régimes policiers sanglants. Le pays le plus en pointe dans cette terrible imposition d’un ordre global fut celui nommé USA. Sa capacité économique était le levier principal pour parvenir à maintenir une domination sans partage, ou presque : il détenait la maitrise de la monnaie mondiale de référence ainsi que et les structures financières les plus puissantes qui ruinaient des pays et des peuples à volonté. Les multinationales de l’économie numériques étaient aussi les leurs lors du basculement dans le siècle de l’exode, le dernier »

L’orateur saisit un verre d’eau, le but lentement, le reposa sur son pupitre et embrassa l’assemblée d’un regard sombre. Sa voix, lorsqu’il reprit la parole, était un ton plus grave.

— « Ce que je vais vous dire maintenant n’est pas quelque chose qui me fait plaisir, puisque cela met en cause notre fonctionnement, sachant que dans l’absolu nous sommes issus de cette humanité. Mais il le faut. Le meilleur antidote à tout poison est le poison lui-même, l’ignorance est mère de toute violence, vous le savez bien »

La foule se leva et d’une seule voix parfaitement harmonieuse reprit la phrase de l’orateur :

— « Le meilleur antidote à tout poison est le poison lui-même, l’ignorance est mère de toute violence »

Les deux mille étudiants se rassirent d’un même mouvement parfaitement synchrone. L’orateur ne put réprimer un léger sourire, et poursuivit :

— « Le système idéologique, à partir de la dernière décennie du XXIème siècle devint unique avec la disparition d’un bloc politique intitulé Union Soviétique. Ce système, le communisme — dictatorial lui aussi — avait échoué à imposer son idéologie sur le reste. Ses dirigeants et sa population se rangèrent donc du côté de celui des USA et de ses alliés occidentaux, et donc du capitalisme. Cette idéologie capitaliste s’était modifiée en une vingtaine d’année sous la pression de quelques chefs d’Etats importants, aidés de grands capitaines de l’industrie et de la finance pour devenir un système libéral ou libéraliste. Certains le nommèrent même ultra-libéralisme ou néo-libréalisme à l’aube du XXIème siècle. Ce système libéral fut la clef de la domination totale des 20% des plus riches, le monde blanc occidental, sur le reste de l’humanité. Et ce que je vais vous révéler, ne va pas vous inciter à considérer l’humanité sous un angle favorable, puisque si ce système put se mettre en place aussi facilement, avec autant de force et fit autant de ravages, c’est qu’il n’était ni imposé, ni subi »

L’hologramme représentant le globe terrestre se mit à tourner et des traits lumineux de couleurs différentes se mirent à le parcourir. Une dizaine, puis une centaine, jusqu’à strier sa totalité. Les pays de couleurs différentes se mirent à clignoter, à pâlir pour certains, d’autres à devenir plus foncés.

— « Vous pouvez accéder au détail explicatif de cette animation via le holo-mind mis à votre disposition pour comprendre le détail des interactions complexes qui s’affichent en ce moment même. Comme vous le comprenez, ces interactions de flux fiananciers, transferts de richesse, de matières premières, échanges commerciaux, interventions militaires, augmentation, baisse ou stagnation du niveau de vie des populations, permettent de voir des changements majeurs s’opérer entre 1990 et 2025. Ces 35 années sont décisives puisqu’elle démontrent comment le continent nommé Afrique a été pillé, comment celui nommé Asie s’est enrichi de façon globale sans améliorer la condition de ses habitants, et comment le continent Amérique du sud, s’il a mieux résisté, n’a pas fortement progressé comme certains échanges pourraient le laisser envisager. Dans le même temps, les pays en bleu se sont renforcés. Toujours les mêmes : USA et ex-empires coloniaux »

Une voix, identique à celle de la première intervention, mais située ailleurs dans la salle, se fit entendre :

— « Cette domination des pays en bleu, ce sont les 20% des humains les plus riches, les blancs occidentaux, n’est-ce pas, orateur ? Mais pourquoi les populations noires, ou jaunes, ou marrons n’ont rien fait contre cela ? Elles étaient pourtant autonomes depuis la fin des colonies ? »

L’orateur avala sa salive et dirigea son regard vers l’espace d’où le système amplifiait la voix .

— « Oui, elles étaient autonomes, en théorie. Mais ce qui détermine la domination des 20% n’est pas la capacité des dominés à se défendre, mais celle des dominants à ne jamais douter de leur bonne foi. Et c’est cela que je vais tenter de vous expliquer. L’arme principale de cette domination n’était ni les menaces, ni les armées, ni la finance, en tant que telle. L’arme principale de ce système était un poison, et ce poison était… les écrans »

L’orateur tendit le bras vers son verre d’eau, but une gorgée et attendit. Personne ne bougeait. Dehors, la tempête commençait à faiblir. Les robots nettoyeurs allaient bientôt sortir.

 

(Fin du chapitre 2)

Source: http://reflets.info/histoire-politique-tout-depend-du-point-de-vue-2/