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Accord sur le nucléaire iranien : faites ce que je dis, pas ce que je fais

Tuesday 28 July 2015 at 13:37

usa-aieaC’est une évidence : moins il y aura de pays détenant la bombe nucléaire, mieux le monde se portera. Si l’accord entre l’Iran et le reste du monde sur son développement nucléaire peut enrayer son accès à la bombe, tant mieux. Ceci dit, il est intéressant de voir comment les Etats-Unis se conforment aux enquêtes de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIAIE). Un vieux document (août 2005) de l’armée américaine tombé entre les mains de Reflets, va nous y aider.

L’accord sur le nucléaire iranien a été salué par Barack Obama et la presse s’en est fait l’écho :

Barack Obama s’est félicité de cette entente « historique » avec l’Iran qui, si elle aboutit à un accord final d’ici le 30 juin, « l’empêchera d’obtenir l’arme nucléaire ». « L’Iran a donné son accord pour un régime de transparence et les inspections les plus approfondies jamais négociées dans l’histoire des programmes nucléaires », a poursuivi le président américain. Répondant par avance à ses détracteurs, Barack Obama a assuré que l’Iran serait « plus inspecté que n’importe quel autre pays dans le monde« . « Si l’Iran triche, le monde le saura », a-t-il lancé.

Quand il parle de régime de transparence avec les inspections les plus approfondies jamais négociées, il sait visiblement de quoi il parle. Son pays a signé un accord du même type en 1977, entré en vigueur en 1980.

National Security Exclusion

Mais les Etats-Unis ont une vision personnelle de la transparence à appliquer lorsque l’AIEA vient inspecter le pays. Un projet d’instruction du ministère de la Défense détaille un aspect de l’accord passé avec l’AIEA permettant d’éviter que les visites de l’agence portent sur certain nombre de lieux. En clair, pas question pour les inspecteurs de s’approcher, même de loin, de :

« Applying the NSE under the U.S.-IAEA Additional Protocol (AP): The Department of Defense shall apply the NSE to exclude IAEA access under reference (c) to all DoD-owned or -leased spaces, structures, facilities, installations, or land as well as all DoD-funded programs, activities, or information associated with military, national security, or homeland defense, including: operations and training; intelligence; materiel production, maintenance, and supply; research, development, test and evaluation; and infrastructure and personnel. The Department of Defense shall also apply the NSE to exclude any other government- or contractor-owned or operated activity, location, or information from U.S. declaration requirements and IAEA complementary access where their proximity to, or association with, a DoD equity could result in IAEA access to that defense equity.« 

Le NSE correspond au « National Security Exclusion », un droit unilatéral des Etats-Unis à exclure un accès de l’AIEA aux activités ayant un importance pour la sécurité nationale, à des lieux ou des informations associés à ces activités. Grosso-modo, n’importe quoi, au bon vouloir des autorités américaines.

Comme l’évoque d’ailleurs l’accord, les Etats-Unis peuvent très bien transporter du matériel nucléaire sur un site exclu du champ des visites :

« However, other provisions required adaptation in light of fundamental differences between the terms of the U.S. offer and the obligations of non-nuclear weapon states party to the NPT. These differences reflect several facts: 1) The U.S. offer excludes activities of direct national security significance and does not contain any limitations on use of nuclear material by the United States. (Therefore, the agreement provides that at any time the United States can remove a facility from the list of those eligible for safeguards should the facility become associated with activities of direct national security significance, and the United States can transfer nuclear material from eligible facilities to any location including non-eligible facilities.) 2) The United States has sole authority to decide which U.S. facilities are eligible for safeguards, and the IAEA has sole authority to decide which eligible facilities will be selected for safeguards (although the IAEA is obliged to take into account the requirement that the U.S. Government avoid discriminatory treatment between U.S. commercial firms similarly situated). 3) The United States had made separate commitments to provide to the IAEA, for safeguards purposes, information on imports and exports of nuclear material.« 

La transparence, c’est super, mais il ne faudrait pas abuser.

L’autre blague contenue dans l’accord passé avec l’Iran se trouve en page 142 du document. Sans être aussi explicite que cela, le texte contenu dans cette page évoque une coopération des pays occidentaux, Etats-Unis en tête bien entendu, avec l’Iran pour sécuriser ses lieux liés au nucléaire. En d’autres termes, après avoir très probablement saboté des centrifugeuses avec Stuxnet, les Etats-Unis vont former les Iraniens à la protection des mêmes centrifugeuses. Un détail qui n’a pas échappé aux opposants viscéraux à tout accord avec l’Iran aux Etats-Unis. Pourtant, la blague est drôle et pour un peu on pourrait la qualifier de blague de Geek. C’est dire…

Source: https://reflets.info/accord-sur-le-nucleaire-iranien-faites-ce-que-je-dis-pas-ce-que-je-fais/


Wassenaar, la pseudo dualité des armes électroniques et l’hypocrisie internationale

Friday 24 July 2015 at 14:39

cyberwarDans la masse de données fuitées suite au piratage de la société italienne Hacking Team, un petit document, d’apparence assez anodin, devrait nous fournir une base de réflexion sur l’immense hypocrisie qui entoure l’exportation d’armes électroniques, considérées en droit international comme des technologies « duales ».

Ce document est une simple lettre à destination des douanes, spécifiant que le produit exporté par Hacking Team, une arme électronique offensive, est faite dans les règles de l’art, conformément aux traités internationaux en vigueur et aux règlements européens. Le produit vendu est son système d’intrusion, le pays, c’est le Kazakhstan.

Document de Hacking Team pour l'exportation d'un Remote Control System au Kazakhstan

Document de Hacking Team pour l’exportation d’un Remote Control System au Kazakhstan

Beaucoup de textes qui au final ne posent aucune restriction, aucune sanction, à l’exportation de ce type de matériels et de logiciels.

Pour une entreprise d’un pays signataire des arrangements de Wassenaar, il suffit donc de mentionner dans sa déclaration que la marchandise ne va pas atterrir en Iran ou en Corée du Nord… enfin ça c’est en théorie.

Signalons au passage qu’exporter des technologie de surveillance du Net en Corée du Nord est en soi une absurdité, attendu que les nords coréens n’accèdent pas à Internet mais à un réseau ultra centralisé où la surveillance a été intégrée « by design », le Kwangmyong.

En pratique, l’entreprise qui exporte cette technologie ira assez naturellement livrer ses outils à un « intégrateur » d’un pays non signataire des arrangements de Wassenaar sur le contrôle des exportations d’armes conventionnelles et de biens et technologies à double usage et dégagé de toute règlementation contraignante ou traité international. Cet intégrateur pourra, lui, commercer avec qui lui chante.

Illustrons nos propos par une petite fiction partielle

Le Hezbollah iranien découvre une solution d’Amesys au Liban, une solution financée par les Emirats arabes unis pour lutter contre Daesh. Cet outil permettant de surveiller les communications à l’échelle d’une nation lui plait bien. Il s’adresse donc à un intégrateur libanais (et ça tombe bien parce que niveau bancaire, le Liban, c’est un peu la Suisse du Moyen-Orient), qui passe commande à un consortium d’entreprises réunissant une entreprise qui se voit attribuée la partie logicielle, et une autre la partie matérielle du marché. Ces deux entreprises expédient leur commande à l’intégrateur libanais qui le livre au client final iranien.

C’est aussi simple que ça ?

Oui c’est aussi simple que ça, puisque même si les logiciels et le matériel sont traçables par les fabricants et éditeurs (ne serait-ce que pour les mises à jour), aucun texte, aucun traité n’exige de ces entreprise de fournir les moyens de les tracer à des organismes de contrôle.

Mais devinez quoi ?

Eh bien, il n’existe pas non plus d’organisme de contrôle.

En d’autres termes, Wassenaar ou pas, la vente d’armes électroniques, c’est toujours la fête du slip et ce n’est pas prêt de s’arrêter.

Pire, ces ventes d’armes électroniques se font dans leur immense majorité avec la bénédiction des gouvernements. Et quand une entreprise se fait prendre la main dans le pot de confiture, comme Amesys, l’État du pays concerné organise soigneusement sa fuite pour qu’elle poursuive son activité, de préférence dans un pays non signataire d’un traité international portant sur l’exportation de ces armes numériques.

Pas de contrôle, pas de sanction, des états qui organisent eux-mêmes la fuite des entreprises qui se font prendre pour pérenniser leur business malsain, ce marché très porteur est l’un des plus singuliers de notre temps, assez proche du monde bancaire et financier pour bénéficier de circuits complexes, assez nouveau et technique pour bénéficier d’une indifférence généralisée de l’opinion publique et d’un splendide je-m’en-foutisme de la majorité de la classe politique.

Infiltrer, extraire, surveiller pour réprimer

Ces 4 mots sont la finalité exacte des outils commercialisés par Hacking Team. Pourtant, nul texte ne les définit comme des armes. Très pudiquement, on les qualifie de technologies à usage dual. Mais en quoi les solutions d’Hacking Team sont « duales », en quoi un Eagle (maintenant Cerebro), d’Amesys est « dual »…

Dualité des cibles, mais pas des outils

Qu’il s’agisse d’outils de surveillance et d’interception des communications pour un usage massif ou d’outils d’intrusion ciblée sur un individu ou un groupe d’individus, ces outils sont des armes, elles ne le deviennent pas en fonction de qui ira les manipuler.
Les contrats sont souvent très clairs, on trouve régulièrement une ligne « outils de guerre électronique ».

FIche adhérent d'Amesys au GICAT (Groupement des industries de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres)

FIche adhérent d’Amesys au GICAT (Groupement des industries de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres)

Un « outil pour faire la guerre », électronique ou pas, c’est le mot pudique qui désigne une arme, ou une arme par destination, une arme cible des individus ou un groupe d’individus, et magie du cyber, on peut aussi cibler toute une population. Il n’est pas question ici d’un simple champ lexical, nous parlons bien d’armes, utilisables dans le cas d’une guerre, une guerre dont il est dramatiquement simple de dissimuler les cibles aux yeux de l’opinion internationale.

Source: https://reflets.info/wassenaar-la-pseudo-dualite-des-armes-electroniques-et-lhypocrisie-internationale/


Presse, lecteurs, on n’est pas sortis de l’auberge…

Friday 24 July 2015 at 00:01

menaces-presseUn récent sondage commandé par Reporters sans frontières montre que, selon les lecteurs, le principal danger pour la presse, c’est… Le terrorisme. Non, pas les industriels qui la mènent dans le mur, pas les pressions des grandes entreprises qui retirent leurs budgets pub au moindre article jugé désobligeant. Non, la principale menace, selon les lecteurs, ce sont les attaques terroristes. On n’est pas sortis de l’auberge…

Source: https://reflets.info/presse-lecteurs-on-nest-pas-sortis-de-lauberge/


Emanuele Levi a un fort attrait pour les armes numériques

Tuesday 21 July 2015 at 18:35

reseauEmanueleLevi

Source : Societe.com

L’histoire est désormais connue, la France a montré un intérêt disons, certain, pour les produits de Hacking Team. Ce qui est assez logique, dans une simple optique de veille. La privatisation de la guerre numérique a ceci de particulier, que les Etats sont obligés de se tenir informés des armes produites. S’il est aisé d’avoir une idée de ce que font les sociétés établies dans son propre pays, il faut aller à la rencontre de celles qui ne le sont pas, comme si l’on était un simple prospect. Seul réconfort, la France n’a visiblement pas concrétisé, selon ce que laissent transpirer le documents dévoilés. Elle s’est illustrée dans le soutien à Amesys ou à Qosmos pour la vente d’armes numériques à des dictateurs, mais n’en a pas acheté au mercenaire Hacking Team qui vendait à presque tout le monde pourvu que le deal soit juteux. L’honneur est sauf ?

Reste tout de même une zone d’ombre. Si tout le monde a identifié les interlocuteurs au Ministère de l’Intérieur, au Groupement Interministériel de Contrôle, à la Gendarmerie, à la DGSI, à la DGSE, on en passe…, Emanuele Levi reste une énigme en tant qu’intermédiaire. Comment cet investisseur italien a-t-il noué des contacts avec le ministère de l’intérieur, la DGSI, la DGSE, le GIC ? Sa présence dans le capital d’une société française est peut-être un début d’explication…

Début avril, soutenues par Emanuele Levi, un ancien de Lazard Investment Banking reconverti dans le capital risque (360 Capital Partners), les équipes de Hacking Team rencontrent des représentants du ministère de l’Intérieur. Outre le capital risqueur, un fonctionnaire, Tancrede Lecluse, et deux autres personnes qui ne donnent ni leurs noms, ni leurs cartes de visites sont réunies autour de la table (probablement la DGSI). Visiblement, les interlocuteurs, en plein débat lié au projet de Loi sur le Renseignement, ont très bien réagi ce qui ressemble à la possibilité de s’introduire subrepticement chez un fournisseur d’accès à Internet pour y espionner directement des utilisateurs. Les questions juridiques ont également fusé. La défense a-t-elle déjà contesté les « preuves » récoltées ? Les mails internes de la société Haking Team font l’éloge Emanuele Levi lors de cette réunion.

Read My Lips ! I’m not an investor

Sur Twitter, ce dernier s’est défendu d’avoir jamais eu une quelconque relation avec Hackin Team. « Read my lips.. », comme disait un président américain…

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Pourtant, il est actionnaire de l’entreprise à hauteur de 4%, selon un mail du patron.

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Cette participation lui a été offerte en contrepartie de ses conseils financiers. Soit une valeur d’environ 110.000 euros à l’époque. Ce dont on retrouve d’ailleurs trace dans un très vieil article en italien.

article-italien

Comment investit-on aussi bien dans « Le Slip Français » que dans une société qui fait commerce des armes numériques ? L’homme est éclectique. En tout cas, il est vent debout contre tout ce qui pourrait ennuyer les créateurs des start-up. Membre fondateur de l’association France Digitale qui regroupe toutes sortes de start-up et de sociétés du secteur numérique, il était aussi actif dans le mouvement des Geonpi, qui luttaient contre un projet de taxation lors des ventes de start-up.

Visiblement, Hacking Team n’est pas le seul vendeur d’armes numériques qui intéressaient Emanuele Levi. Il était aussi représenté au sein du conseil d’administration de feu Vupen, ce que laisse entendre David Vincenzetti, le patron de Hacking Team dans le mail cité supra. Et ce que confirment les bilans de Vupen.

vupen-ca-emanueleCette fois, il représente le fonds d’investissement 360 Capital Partners. Pour être précis, sa version luxembourgeoise. C’est plus discret.

Vupen a depuis, quitté la France où elle entretenait de très bonnes relations avec les différents services de renseignement.

Bye-bye FrenchTech…

C’est par un tweet rageur que Chaouki Bekrar avait annoncé le 31 mai 2015 la vente en cours de son entreprise Vupen : « On dirait que le logo de Vupen va changer dans un avenir proche et il y a des chances que nous disions un gros allez vous faire foutre et au revoir à la #FrenchTech ».  Vupen n’est pas tout à fait une société comme les autres. Spécialisée dans la recherche de bugs sur les logiciels et dans la fabrication d’ « armes » numérique, elle ne vendait ses trouvailles, disait-elle, qu’à des gouvernements de pays membres de l’OTAN et en priorité au gouvernement français… ou, c’est arrivé, à la NSA… Son patron est quant à lui un personnage pour le moins controversé.  Grande gueule au cœur d’un secteur feutré, celui de la sécurité informatique, il a commencé sa carrière par un passage au tribunal pour mise à disposition de failles informatiques. Son credo aujourd’hui ? Pourquoi rendre publique une faille informatique si l’on peut la vendre au plus offrant ?

Alors que la plupart des hackers rendent publiques les failles qu’ils découvrent afin que chacun puisse se protéger, Vupen, comme d’autres, fait commerce de ses trouvailles. L’entreprise avait refusé de fournir à Google une faille sur son navigateur, préférant la mettre aux enchères.

Vupen « suscite un intérêt majeur pour de grands groupes, notamment américains, et même si nous avons des liens forts avec la patrie nous étudierons toutes les opportunités qui se présentent à nous qu’elles soient françaises ou étrangères », expliquait Chaouki Bekrar à l’époque. Etrangement, le savoir-faire de Vupen n’a visiblement pas intéressé outre-mesure les grandes entreprises françaises du secteur : « Les grand groupes français de défense sont des couilles molles et ne sont malheureusement pas assez ambitieux et visionnaires pour se rendre compte de la valeur stratégique de certaines startups françaises comme VUPEN, ils préfèrent donc se focaliser sur des marchés et technologies du passé en ignorant totalement les enjeux futurs de la cyber-sécurité, une bien mauvaise nouvelle pour le tissu économique français mais une très bonne nouvelle pour les groupes de défense outre-Atlantique », précisait-il.

De fait, aucun groupe français n’a souhaité relever le défi. La société a été dissoute en France et s’est « expatriée ».  A Singapour selon les échanges de mail de Hacking Team, aux Etats-Unis selon d’autres sources. Mystère.

En dépit d’un profil adulé par tous les chantres français de la cyber-guerre, la société de Chaouki Bekrar n’a visiblement pas trouvé preneur parmi les « couilles molles » françaises.

Au sein de Hacking Team, la question d’un rachat de Vupen a été posée. Le patron de la société italienne, interroge par mail Emanuele Levi, actionnaire des deux entreprises, sur le prix demandé par Chaouki Bekrar.

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Quant à ceux qui vantaient l ‘ « éthique et un sens de la Patrie irréprochables » de Vupen dans Les Echos, qui louaient Chaouki Bekrar dans Le Monde, en le présentant comme « un vrai chef d’entreprise, et un patriote, qui travaille au service de son pays », la réalité s’impose à eux : le patriote éthique reste sur sa ligne… le deal appartient au plus offrant…

Le concept même de guerre offensive au cœur des réseaux informatiques pose problème. Comment s’assurer qu’une arme numérique ne vous reviendra pas sur le coin de la figure comme un boomerang ? C’est le cas de n’importe que virus, évidemment. Mais aussi d’outils plus sophistiqués comme Stuxnet, qui avait visé les centrales d’enrichissement iraniennes. Et quand un fournisseur des services de renseignements de son pays, par la magie du marché, passe entre les mains d’un autre pays, comment savoir si tous les petits arrangements ne vont pas être utilisés contre ceux qui ont tant œuvré au développement de l’entreprise ? La migration fantôme des armes numériques est possible lorsqu’un vendeur comme Hacking Team n’est pas regardant sur ses clients, souvent avec l’appui même du pays dans lequel il est localisé, mais aussi lorsque par le grand jeu du capitalisme, quand une société est rachetée et émigre.

 

Source: https://reflets.info/emanuele-levi-a-un-fort-attrait-pour-les-armes-numeriques/


Quand Twitter suspend le compte d’un des journalistes de Reflets

Tuesday 21 July 2015 at 00:31

Capture d’écran 2015-07-20 à 20.33.22Drôle de surprise cette après midi lorsque je tente de me connecter à mon compte @_kitetoa_ sur Twitter : celui-ci a été bloqué. Le processus pour débloquer le compte, selon Twitter, est de se connecter via le Web, de donner son numéro de téléphone et de supprimer les tweets qui ont été signalés. Pourquoi pas… Problème, l’envoi de mon numéro de portable à Twitter doit générer un SMS qui me donnera un numéro permettant de passer à l’étape suivante : supprimer les tweets mis en cause. Or, même en entrant mon numéro de téléphone 10 fois, le SMS n’arrive pas.

Et le support de Twitter tourne en boucle, il me faut entrer mon numéro de téléphone…

Capture d’écran 2015-07-20 à 15.19.09

Toutefois, les choses se précisent. Je peux aller consulter la page expliquant pourquoi mon compte est bloqué.

A force d’interpeller les salariés de Twitter France, mon compte finit par être débloqué. C’était une erreur. Désolés…

Capture d’écran 2015-07-20 à 21.33.32

Reste à comprendre qui a signalé quoi pour que le compte soit ainsi bloqué sans que l’on me demande la moindre explication sur mes tweets.

Il me faut donc faire des conjectures…

VC ou Troll multi-condamné ?

Je cherche dans mes tweets récents des choses qui puissent vaguement s’apparenter à la « publication d’informations confidentielles ou privées appartenant à quelqu’un d’autre ».

Deux options. La première concerne Emanuele Levi, l’étrange Venture Capitalist qui détient 4% du capital de Hacking Team. La seconde concerne Jean-Paul Ney.

Capture d’écran 2015-07-20 à 22.08.44Vu la récente rafale de demande de blocage de comptes par Jean-Paul Ney et ses avatars (voir ici), je penche pour la deuxième option. D’autant que le pénible avait déjà tenté une action de ce genre en mandatant une avocate pour me faire perdre la propriété de mon nom de domaine (suivre le lien pour le détail de cette histoire) : kitetoa.com.

A ce stade, quelques explications s’imposent pour la bonne compréhension de la suite de l’article.

Jean-Paul Ney est une personne un peu dérangée, selon les psychiatres qui l’ont examiné pendant l’une de ses nombreuses garde à vues :

d24-2

Visiblement suffisamment dérangée pour me menacer de mort, moi et ma famille de manière réitérée parce qu’un article que j’avais publié sur Transfert.net lui avait déplu.

Gentil, j’avais prévenu : je vais porter plainte, il appartient à Jean-Paul Ney de cesser ses menaces. Rien n’y faisait. La justice est lente, mais implacable. Jean-Paul Ney était condamné une première fois pour menaces de mort. Condamnation ferme et définitive, comme on dit dans le jargon juridique. Mais cela ne lui a pas suffi. Il s’est ensuite essayé à la diffamation. Deuxième avertissement, j’explique publiquement que je vais porter plainte. Même scénario, Jean-Paul Ney est condamné, cette fois pour diffamation à mon encontre. Condamnation ferme et définitive également.

Jean-Paul Ney est un troll. Il a pourri tellement de monde et s’est laissé aller à tant d’extravagances via son compte Twitter, qu’il s’est attiré une sorte de « fan-club ». La #TeamJipoune dans laquelle sont immédiatement incorporés ceux qui sont « bloqués » par Jean-Paul Ney (il ne supporte aucune contradiction et interdit à tous ceux qui le contredisent de lire ses tweets).

Tu t’es vu quand la presse parle de toi ?

Par ailleurs, il y a quelques jours, la presse a parlé de Jean-Paul Ney à l’occasion de la publication d’un rapport de Malek Bouthih. Il avait auditionné Jean-Paul Ney. Désormais connu pour ses délires sur Usenet, la presse ne l’a pas raté.

Pour mieux comprendre la perception que la presse a de ce grandissime journaliste, vous pouvez lire, entre autres, les articles de l’Express, de Buzzfeed, du Monde, du Point, du Parisien, de FranceTVInfo… On en passe. Ce n’est pas la première fois que la presse s’intéresse à ce personnage. L’Humanité a dressé un portrait de lui ici. Télérama un autre ici. Il y a de nombreuses années, Le Point avait déjà dressé un portrait de Jean-Paul Ney, il était alors mis en examen pour « appropriation d’un secret de défense nationale ». Cette mise en examen a été relayée plusieurs fois sur Internet, mais personne n’a jamais su s’il avait été condamné pour ces faits. Nous y reviendrons.

Voilà pour le contexte.

Passons aux tweets (probablement) incriminés maintenant.

Twitter se refuse à me dire quels tweets sont mis en cause, ni qui a demandé le blocage de mon compte. Mais si la théorie Jean-Paul Ney est la bonne, on peut imaginer que celui-ci a voulu faire disparaître un tweet dans lequel je fourniassait un document issu de l’un des procès qui m’ont opposé à lui.

 

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Pourquoi publier ce document ?

Parce que depuis toujours, Jean-Paul Ney explique qu’il n’a jamais été condamné, que tout ce qui est sur mon site est une accumulation de faux, et qu’enfin, tout cela est hébergé sur un site à l’étranger par un anonyme, ce qui l’empêcherait de pouvoir agir en justice.

Premier point, vu le nombre de condamnations fermes et définitives qu’il me doit (deux), il sait très bien qui je suis et que Kitetoa est un pseudonyme pour « Antoine Champagne », le propriétaire de  Kitetoa.com. Deuxième point, même si mon site est hébergé à l’étranger, je répond devant les tribunaux des plaintes déposées contre « Kitetoa ».

Il me semble donc logique, lorsque Jean-Paul Ney dit ne jamais avoir été condamné, d’apporter des preuves tangibles de ses condamnations.

Ce que je vais donc refaire ici.

1) Jean-Paul Ney a été condamné en mars 2004 de manière ferme et définitive pour menaces de mort réitérées à mon encontre.

2) Jean-Paul Ney a été condamné en février 2008 de manière ferme et définitive pour diffamation à mon encontre.

Le dossier d’instruction de ma première affaire a été publié dans son intégralité ici.

Et un dossier d’instruction, c’est intéressant parce que cela contient des informations sur les éventuelles précédentes condamnations de la personne mise en cause. De ces dossiers d’instruction, je peux fournir les documents de Justice démontrant que :

3) Jean-Paul Ney a été condamné en novembre 2000 pour vol avec violence.

4) Jean-Paul Ney a été condamné en juillet 2006 pour vol et appropriation d’un secret de défense nationale.

Capture d’écran 2015-07-13 à 01.11.33Les services de police et de gendarmerie le connaissent fort bien et s’en expliquent :

Capture d’écran 2015-07-13 à 01.10.46

Maintenant, comme je l’ai déjà dit à plusieurs reprises, si Jean-Paul Ney est si persuadé que tous ces documents sont des faux, que je suis un menteur invétéré, anonyme, caché à l’étranger, membre d’une secte qui le persécute, comme il le répète si souvent, je l’encourage à intenter un procès en diffamation à mon encontre, à me poursuivre pour avoir créé de faux documents de justice. Ce sera plus courageux que de tenter de me faire perdre mon nom de domaine par une procédure idiote, ou de faire bloquer mon compte par Twitter. J’irai m’expliquer devant un juge avec des pièces tamponnées par le Tribunal de Nanterre. En outre, comme à chaque fois qu’il a tenté s’attaquer à moi, je dis clairement que cela ne restera pas impuni. A bon entendeur.

Source: https://reflets.info/quand-twitter-suspend-le-compte-dun-des-journalistes-de-reflets/


la Grèce, sa dette, l’histoire, ta mère et l’euro

Monday 20 July 2015 at 17:40

colonelsIl n’y a pas loin de 60 millions de spécialistes de l’économie grecque en France. Comme il y a le même nombre d’arbitres de foot ou d’experts en politique environnementale, et wathever comme dirait l’autre.

Malgré tout, chers lecteurs de Reflets, la Grèce et son histoire économique méritent de prendre le temps d’aller plus loin que les opinions souvent péremptoires qui fusent ici ou là, de la TV à Twitter en passant par les radios.

Ce qui semble important dans la problématique économique grecque n’est pas seulement d’observer la dette actuelle à 175% qui se serait surtout creusée violemment depuis l’imposition des politiques d’austérité en 2010 — bien que, chacun ou presque, ait son avis sur cette réalité : « C’est à cause des politiques imposées par la Troïka, mais non, c’est les gouvernements successifs qui gèrent mal le pays, de toute façon, les Grecs ils payent pas d’impôts donc c’est normal, leur économie est pourrie, ils devraient pas être dans l’euro, c’est Goldman Sachs quand ils sont rentrés dans l’euro, c’est l’Allemagne, c’est les banques, l’Eglise, les armateurs, ils exportent pas assez, ils savent rien faire, c’est la Moussaka, les feuilles de vigne, les JO, ta mère-Merkel ou l’euro. » Non, se contenter d’ânonner sur la dette depuis 2008, ou 2010 ne sert à rien. Et si l’on remontait le temps pour comprendre vraiment quand et comment, l’économie grecque s’est modifiée, jusqu’à devenir une machine capitaliste infernale qui ne peut pas -en réalité — se maintenir dans le « marché européen » avec les règles qui s’y exercent ?  Parce que la Grèce, ça n’est pas simplement une toute petite économie qui ne représente que 2% du PIB de l’UE et une population renvoyée dans le quart-monde par des politiques d’austérité. Non, la Grèce ça eut marché. Il n’y a pas si longtemps que ça. Et ça n’a pas toujours été le dernier de la classe de la dette publique. Et surtout, la Grèce, sa dette, ta mère et l’euro ce n’est pas un truc qui date de 6, 7, 15 ou 20 ans. Non, c’est plus filou. Mais alors, que s’est-il passé ?

De la fin des Colonels

Une chose à savoir, qui n’est pas sans importance, est que ce pays était écrasé sous les bottes de militaires putschistes alors que plusieurs rédacteurs de Reflets étaient déjà nés. Ce repère temporel est là pour signifier que la dictature des Colonels n’est pas si vieille. Tout comme les rédacteurs de Reflets. Torture, arrestations arbitraires, écrasement des opposants, contrôle des médias : la dictature des Colonels n’a jamais été condamnée par les « partenaires » actuels européens, la France en tête. Si la dictature débute en 1967, elle ne s’arrête pas grâce à l’aide de gouvernements voisins férus de droits de l’homme, mais simplement parce que la population grecque se soulève et dégage la junte militaire au pouvoir. Nous sommes en 1974. Nixon a décidé de suspendre la convertibilité du dollar en or trois ans auparavant, puis déclaré la fin de taux de change fixes pour passer aux taux flottants en 1973. Cette affaire vous a été racontée, elle est centrale pour une bonne compréhension globale des problèmes de « guerre des monnaies » et de financiarisation de l’économie.

Quels sont les atouts économiques de la Grèce à cette époque là — disons, de la chute des Colonels au début des années 80 ? Le pays a-t-il déjà un problème de dette ? Les Grecs sont-ils très pauvres ? Comment et pourquoi cette économie va glisser vers autre chose ? Vous n’aurez pas toutes les réponses dans cet article, mais au moins une partie, puisque c’est sur la dette qu’ils se concentre.

…du début de l’Europe et de l’explosion de la dette publique grecque

En 1980, la Grèce est un pays avant tout touristique et agricole. Sa dette publique est très faible : autour de 20%. Pour se faire une idée, à cette époque, la France a une dette publique de… 20% elle aussi. Ce qui frappe dans l’évolution de la dette publique grecque est son accroissement à partir de 1981 et particulièrement jusqu’en 1993. 1981 : c’est à ce moment que la Grèce entre dans la Communauté européenne.

dette-grece-evolution

+70% de dette publique en 12 ans, pas mal, non ? Regardons de plus près de quoi a été fait cette véritable « explosion d’endettement public » pour mieux comprendre comment, par la suite, une vaste opération de maquillage et d’arnaque à tous les étages a pu se monter. Parce que certaines accélérations sont vraiment nécessaires à observer. Comme celles de 1998 à 1993. Ce graphique est étrange, il part de 1970, et exprime en milliards d’euros à prix constants le montant de la dette publique grecque :

volume-dette-grece

Constat sans appel : 2,2 milliards d’euros de dette en 1970 et… 317,2 milliards en 2014.

Mais toute cette affaire n’est pas si simple et comporte de nombreuses illusions dont on ne parle pas assez. Puisqu’une dette publique n’est pas constituée seulement de l’accumulation de la somme qu’on emprunte, comparée au PIB du pays. Il y a d’autres facteurs, dont un est très important, voire central pour la Grèce, c’est celui des taux d’intérêts. Un facteur relié à celui de la croissance (du PIB).

Un gribouillage pour se faire une idée :

comparaison-dette-pib

A gauche, l’échelle représente la dette en % du PIB, à droite, les montants en milliards d’euros de 2005. Bien, bien. Et que voit-on ? Ce qui était dit plus haut, que le le ratio dette/PIB évolue très doucement entre 1970 et 1980 (de 17% à 20%) puis qu’il s’envole de 1981 à 1993 : de 20%… à 91%. Ensuite, il ne bouge pas beaucoup, de 91% à 103% entre 1993 et 2007, puis méga-envolée de 103% en 2007 à 175% en 2014.

Ok. Mais pour ceux qui suivent encore, regardez bien la courbe de la dette en euros et la courbe du PIB durant les années 80, puis 90 et même ensuite dans les années 2000 : elles ne décrochent pas. Le PIB augmente, pas moins que la dette, voire dans les 80’s il augmente plus que les montants empruntés, qui eux, restent constants. Diantre. Mais que se passe-t-il alors ?

Si tu empruntes, je m’intéresse…

Un graphique parlant pour comprendre comment des taux d’intérêts très élevés font gonfler une dette publique, bien plus que son économie ne peut le supporter :

calcul-interets-deficits

Sachant que les déficits de l’Etat grec sont connus, qu’ils sont causés par un problème d’insuffisance de recettes, il n’empêche que les seuls intérêts pèsent à eux seuls sur cette période 1980-2007, 53,5 points de PIB, alors que les déficits, eux n’en représentent qu’à peine un peu plus de la moitié : 28,8 points de PIB.

La réalité est donc triviale : la Grèce « ne dépense pas trop », comparée à sa croissance du PIB depuis 30 ans, ce pays emprunte « seulement » à des taux délirants. Les petits malins qui travaillent sur ces problème de dettes illégitimes ont fait un graphique qui résume bien ce qu’aurait pu être la situation en 2007, entre les taux d’intérêts que payait la Grèce depuis 1980, les taux de référence sur cette période, et la différence que cela leur a coûté :

taux-grec-taux-reference

C’est assez costaud, disons-le, puisqu’au final la dette publique grecque aurait dû être à 68,3% au lieu de 103,1% en 2007 si ce pays avait eu des taux d’intérêts normaux.  Soit 34,8 points de PIB qui auraient pu ne pas être perdus. Hum. Ça fait des milliards ça. Que les Grecs auraient pu éviter d’emprunter aux généreux prêteurs qui les harcèlent pour privatiser tout leur pays, augmenter la TVA et baisser les retraites ?

simulation-taux-grece

La simulation ci-dessus est donc très parlante. Ce qui nous amène à dire qu’en réalité, l’économie grecque d’un point de vue de sa dette publique aurait été équivalente à celle de la France en 2007, dette qui était cette année là, de …64,2%.

De nombreuses questions suivent, au delà de la dette, bien entendu. Sur les capacités économiques de la Grèce avant son entrée dans la Communauté européenne (et après), sur la possibilité ou non de rentrer dans l’euro avec une dette publique à 103%, et d’autres amusements qui pourraient démontrer qu’en réalité, la Grèce (ou disons, les Grecs) est surtout le dindon d’un grosse farce venue de pays plus au Nord. Parce que quand les taux d’intérêts de la Grèce flambaient, d’autres en profitaient pour économiser des sommes colossales sur leur propre achat de dettes. Avec des taux… d’un niveau si bas que… Mais ceci sera traité ultérieurement.

Merci au site CADTM (Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde) grâce à qui cet article a pu se faire.

Source: https://reflets.info/la-grece-sa-dette-lhistoire-ta-mere-et-leuro/


Enterrer la poubelle nucléaire

Monday 20 July 2015 at 17:00

DSC00038Les petites manips du gros lobby nucléaire ont la vie dure. Dans la loi Macron (« croissance, activité et égalité des chances économiques »), adoptée à coup de 49-3 le 10 juillet, un amendement de dernière minute a été adopté. Porté par le sénateur de Lorraine Gérard Longuet, qu’on ne présente plus, et finalement accepté par le gouvernement, cet amendement donne le feu vert législatif qui manquait au projet d’enfouissement des déchets nucléaires les plus nocifs que les pouvoirs publics cherchent à imposer dans la petite commune de Bure, dans la Meuse.

L’amendement Longuet, devenu l’article 201 de la loi Macron, est censé transformer l’actuel « laboratoire » de Bure, géré par l’Andra (l’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs), en centre de stockage opérationnel qui devrait donc accueillir, dans des galeries souterraines à 500 m de profondeur, des colis de déchets à haute activité et à vie longue (HAVL). Ce sont les résidus les plus radiotoxiques que l’industrie nucléaire recrache continuellement de ses centrales (les barres d’uranium usées), comme ceux issus du retraitement de l’usine de la Hague ou du nucléaire militaire.

Le lobby de l’atome ne pouvait plus attendre. Une loi de 2006 donnait en effet 10 ans à la filière (EDF et Areva en tête) pour trouver une « solution durable » (sic) à la question de ces déchets les plus pourris. La transformation du labo de Bure (appelé Cigéo pour « centre industriel de stockage géologique) en poubelle radioactive devait donc absolument être réglé avant l’an prochain, et le calendrier parlementaire ne le permettait pas. L’amendement Longuet met l’accent sur la question de la « réversibilité » de ce « stockage en couche géologique profonde ». Histoire de rassurer le bon peuple qui pourrait s’inquiéter de voir ces tonnes de poison enterrées ad vitam eternam. L’objectif de ce coup de force parlementaire est de lancer une « phase pilote » pour l’enfouissement des déchets, « sans demander l’avis des parlementaires comme prévu initialement », accusent les associations regroupées au sein de la coordination Bure Stop. Car la loi précédente exigeait, justement, qu’une autre loi en bonne et due forme soit discutée sur cet aspect crucial. Ce tout de passe-passe permet à l’Andra de se lancer dans une « phase pilote » sans débat, et ce n’est qu’au bout de cette phase que le stockage en sous-sol devrait être validé par la loi. Paroles, paroles… Qui peut croire qu’après des milliards d’investissement le seul site disponible en France pour servir de poubelle radioactive soit un jour abandonné?

Le minable amendement Longuet — un bien beau « cavalier », comme on dit en jargon politicard – sera peut-être censuré par le Conseil constitutionnel, saisi par les députés LR le 15 juillet. Mais rien n’est moins sûr: leur saisine n’évoque pas une seconde cet aspect de la loi Macron. Et les écolos, qui sont sorti de leur léthargie pour l’occasion, n’ont pas signé la saisine et se sont contenté d’une « lettre ouverte » pour afficher leur courroux à Valls et Macron. Le ministre de l’économie a prouvé son sens inné de la couardise, puisque devant les parlementaires, le 10 juin, il s’est prononcé contre l’amendement Longuet, car cette question « sensible », disait-il, méritait un « temps de débat approprié » afin de pouvoir « cerner tous les enjeux ». Dommage, cette fois ci c’était filmé.

En vérité, ce passage en force se prépare depuis belle lurette. Bure Stop a suivi à la trace (cf document PDF) les tentatives parlementaires des élus du coin (Meuse et Haute-Marne), PS et UMP confondus, pour faire passer la pilule de l’enfouissement. Depuis décembre 2013, pas moins de 12 amendements, tous identiques à quelques détails près, ont été déposé en séance, d’abord lors des débats de la loi Royal sur la transition énergétique, et ensuite, dès novembre 2014, dans la loi Macron. A chaque fois, le gouvernement a botté en touche en laissant croire que la pureté du « débat démocratique » devait passer avant les intérêts économiques.

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Tout semble pourtant écrit sur une partition bien rodée de l’acceptabilité sociale. Dès le milieu des années 90, la question du stockage en sous-sol des déchets HAVL avait été réglée par une série de manips sournoises mais infaillibles. Il était d’abord prévu dans la loi de trouver 3 sites en France dont le sous-sol géologique aurait pu un jour servir de cimetière nucléaire. Hasard? Ce fut au gouvernement socialo-verts de Jospin de dénicher ces coins de la France profonde. Finalement, en 1999, seul le village de Bure se voyait attribué l’insigne honneur d’accueillir un « laboratoire » de l’Andra. Les deux autres sites ne seront finalement jamais désignés.

La manip consiste aussi et surtout à parler alors de « laboratoire scientifique », de convoquer la science et la recherche, plutôt que de parler de stockage. Tout le discours de l’Andra, depuis 15 ans, joue sur ce flou juridique. Comme l’explique le documentaire autoproduit « Poubelle la vie », réalisé par un collectif d’opposants éclairés (voir plus bas), avant même que le décret sur la création de ce labo ne soit signé en 1999, l’argent public commençait déjà à pleuvoir sur les deux départements impactés : 5 MF par an et par territoire. Le décret signé – par une certaine Dominique Voynet –, la manne passait à 10 MF par an et après 2002 elle était multiplié par 13: 20 millions d’euros par an. Nous en sommes aujourd’hui à 30 M€ par an (toujours pour chacun des 2 départements), et avant même que la loi Macron ne passe, les élus négociaient une rallonge pour passer à 40 M€ par an. Cette manne alimente un Groupement d’intérêt public (GIP) qui arrose à tout va, collectivités, entreprises ou même particuliers, pour tout et n’importe quoi. Pourquoi se gêner?

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La Meuse est une région sinistrée démographiquement et économiquement. A Bure la densité de population est d’environ 6 habitants au km2, et la préfecture, Bar-le-Duc, ne compte que 15000 habitants [et non 55000 comme écrit par erreur] – plutôt pratique pour limiter la présence de hordes de résistants antinucléaires. Depuis que l’Andra est présent dans la zone, tout a été fait pour habituer les populations à la présence presque naturelle de l’industrie nucléaire. EDF et Areva y ont érigé leurs archives dans deux bâtiments à l’architecture épurée pour mieux faire partie du paysage. Le CEA y a ouvert un centre de recherche pour fabriquer du biocarburant à partir de cellulose de bois – histoire de trouver un débouché écolo aux forêts de la région qui sont déjà dévastées par un chantier qui n’est dont officiellement pas encore lancé! EDF a également implanté non loin du labo un centre de maintenance pour pièces de centrales nucléaires. Et Areva a investi la ville de Void-Vacon pour en faire une plateforme ferroviaire géante pour ses convois de déchets nucléaires. Sans parler des filières universitaires qui se sont créé à Bar-de-Duc et à Saint-Dizier (Haute Marne) dédiées aux « métiers du nucléaire ». En pour enrober le tout de verdure symbolique, la région se recouvre de panneaux solaires et d’éoliennes géantes.

burestop_cvTout est fait pour investir les lieux – et les esprits – de l’irrésistible présence de l’industrie de l’atome. Tout ça pour qu’un jour, le « débat démocratique » décide que, finalement, la poubelle de Bure ne soit jamais construite?

Derrière toute cette mascarade, les rares opposants encore en activité se sentent à nouveau méprisés suite au coup de force de la loi Macron. Qu’à cela ne tienne. Du 1er au 10 août, un campement autogéré s’organise non loin du laboratoire pour évoquer ces questions, et bien d’autres. A quelques mois de la grande conférence climatique, la COP 21, qui aura lieu cette année en France (au Bourget, début décembre 2015), le lobby nucléaire ne manquera pas de se « vendre » à nouveau comme une énergie « propre » sous prétexte qu’elle ne participe pas autant que les énergies fossiles au réchauffement climatique. Ce n’est pas une raison pour s’en contenter.

PS – Pour en savoir plus: la dernière brochure de Bure Stop parue fin 2014.

Photos: rassemblement devant le labo de l’Andra, 7 juin 2015.

poubelle la vie from andra dégage on Vimeo.

Un film de Bure AutoMedia sur la lutte contre l’enfouissement des déchets nucléaire, l’avenir et les enjeux du monstre projet CIGEO imposé par les technocrates psychopathes de L’ANDRA et EDF.
C’est aussi un constat d’urgence, un appel à mobilisation & à renforcer cette lutte de résistance internationale et inévitablement décisive pour les générations a venir.

Pour plus d’information:
vmc@riseup.net
http://vmc.camp/
http://nocigeo.noblogs.org/
https://antitht.noblogs.org/
burestop.free.fr

Source: https://reflets.info/enterrer-la-poubelle-nucleaire/


Journal britannique cherche « anecdotes croustillantes » sur Daesh

Thursday 16 July 2015 at 17:48

UK« Pouvez vous m’écrire un article sur la montée de l’Etat Islamique avec des anecdotes de personnes vivant sous leur coupe, les techniques de tortures qu’ils utilisent, des anecdotes de personnes qui ont eu leur main coupée, qui ont été violées, qui ont eu leur maison brûlée ou un proche décapité.« 

C’est le mail incroyable reçu par un confrère de la part d’un journal anglais alors qu’il était en reportage en Libye. Oui, Daesh est présent dans le pays, notamment dans la région de Syrte ; oui il y a eu des exécutions filmées. Nul doute que des personnes souffrent de cette organisation terroriste. Mais là c’est le niveau zéro du journalisme à sensation. Quand il lui a répondu que formulé comme ça, le sujet n’allait pas être possible, il a répondu : « Mais il y a bien Daesh en Libye… » Fin de l’échange. Il aurait rêvé de pouvoir lui écrire le seul mot qui conviennent : « FUCK ! »

Source: https://reflets.info/journal-britannique-cherche-anecdotes-croustillantes-sur-daesh/


When Hacking Team thought The Intercept published « conjectures »

Thursday 16 July 2015 at 17:30

TI_Launch_02-article-headerTime is on our side… It is always interesting to look at what the marketing bullshit generator has generated in the past when a leak appears. On Oct. 30 of 2014, The Intercept published a story about Hacking Team. Hacking Team was not very happy and as always, would generate the same kind of marketing bullshit : « we don’t disclose who we sell to, but we have a strong customer policy and we can shut down any customer who would misuse our tools ».

The Intercept stated that Hacking Team had probably sold the Remote control System to Ethiopia, Kazakhstan, Saudi Arabia, Mexico or Oman, countries which may have a very personal view of what Human Rights respect should be.

Hacking Team sent a letter to The Intercept which was published by the newspaper at that time. Even if the infamous Eric Rabe thought The Intercept would not dare publishing the corporate « truth » .

Capture d’écran 2015-07-16 à 16.40.42

This letter is now part of the 400 Go leak in a mail sent by David Vincenzetti (HT’s CEO) to other members of the team.

Some parts of this letter look « funny » today :

Despite the headline, the “secret manuals” do not show that anything at all was “sold to despots” worldwide or elsewhere.  That remains the conjecture of the authors.

Let’s have a look at the Intercepts’ conjectures.

Ethiopia, Kazakhstan, Saudi Arabia, Mexico or Oman are all listed as clients :

clients-hacking-team

Ethiopia is listed here as a client :

ethiopiaYou can read here (in french) our two papers about Ethiopia and the Citizen Lab report. These two papers will also enlighten the readers about how Hacking Team used to « shut down » clients who would use the tools against political opponents or journalists.

There is a huge difference between the corporate marketing speech and the reality. This we already knew… We just needed time to prove it.

Source: https://reflets.info/when-hacking-team-thought-the-intercept-published-conjectures/


Terres de Gandhaäl (8) – Livre 1 : « Fondations »

Thursday 16 July 2015 at 13:07

La salle en forme de croix, aux imposantes dalles de pierres constellées de reflets gris-bleutés était une merveille d’architecture et de décoration. Des guirlandes de lierre chargées de fleurs aux pétales coniques d’un blanc virginal s’entrecroisaient au plafond, toile végétale arachnéenne surplombant la foule bavarde et joyeuse. Appuyés contre les murs, ou bien aux détours d’une colonne de marbre bleu, des statues de quartz grandeur nature aux corps d’animaux forestiers et aux visages humains semblaient contempler les convives, un sourire malicieux aux coins des lèvres. Chaque branche de la croix que formait la pièce était occupée par des amuseurs aux costumes bariolés; jongleurs, mimes, équilibristes, acrobates et même un cracheur de feu, effectuant mille prouesses au rythme de la musique entraînante que jouaient une troupe de sept musiciens placée au centre de la salle.

Une centaine de personnes, hommes, femmes, enfants, dansaient, mangeaient, buvaient, riaient dans une joyeuse anarchie. De grandes tables de bois avaient été disposées un peu partout contre les murs, chargées de fruits, de carafes de vins aux couleurs chatoyantes, de mets aux senteurs épicées. Méliades et Sylphide s’empressaient de servir chaque convive qui en faisait la demande, glissant d’une table à une autre dans une danse légère et gracieuse. Les deux guerriers, à peine arrivés et pénétrés par l’ambiance festive du lieu furent immédiatement interpellés par les membres composant l’assemblée, chacun voulant savoir d’où ils venaient, ce qu’ils venaient faire à trois sources, ce qu’il se passait ailleurs…
Doldiën paraissait amusé de la situation embarrassante dans laquelle se trouvait les deux hommes; il s’était écarté et parlait avec quelqu’un dont seule l’ombre était visible, dissimulé par un pilier ornemental. Mortesse couvrait par instants la musique de son rire imposant lorsqu’une question innocente ou naïve lui était adressée. Mais le navigateur tout en répondant et blaguant ne pouvait s’empêcher de suivre du regard la silhouette élancée de Méliades. Ses yeux étaient brillants, une flamme de désir incontrôlable embrasait son corps et son âme. La jeune femme lui avait souri alors qu’elle servait du vin au petit cercle de personnes les entourant, et le grand gaillard avait été troublé au point qu’il n’avait pu continuer de parler, bafouillant une réponse incompréhensible à l’auditoire pendu à ses lèvres.

Seghuenor, lui, paraissait songeur. Quelque chose d’imperceptible le déroutait, il y avait en lui des sensation diffuses qu’il ne pouvait chasser. Une impression d’irréel s’était inscrite dans son esprit et son regard n’était pas celui qu’il pouvait avoir en temps normal. La fête était pour lui comme un songe, une illusion dans laquelle il aurait été plongé et qui pourrait disparaître à tout moment. Bien que s’évertuant à faire l’effort de s’intéresser à la fête, le guerrier ne parvenait pas à se détacher de ce sentiment étrange et perturbant. Les vêtements des convives l’avaient surpris de prime abord par leurs couleurs vives, presque criardes. Les tissus n’étaient pas de ceux qu’il connaissait, les chevelures des femmes étaient brillantes et scintillaient sous les rayons colorés des cascades de lumière filtrées par la toile de lierre, et le seigneur de Shaleenmar se sentait peu à peu envahi par un malaise fait d’incompréhension et d’inquiétude. Il se décida à quitter le petit groupe avec lequel il conversait et chercha Jalïn Doldiën du regard. Le maître de trois sources conversait toujours avec l’ombre dissimulée derrière le pilier.

Seghuenor s’avança d’un pas décidé, contourna son hôte et resta pétrifié à la vue de son interlocuteur. Un chat ! Ce fut la dernière image qu’il garda de la scène. un chat se tenant comme l’aurait fait un homme, vêtu de pantalons, une fine épée à la ceinture et parlant nonchalamment au maître de trois sources. La fête se dissipait peu à peu comme un tableau dont la peinture se serait liquéfiée sous l’effet d’une main maniant l’éponge. Les clameurs s’estompèrent. Une brume grise envahit l’espace, et Seghuenor sentit tout son corps changer de consistance, puis la fatigue survint comme après un effort intense. Le seigneur de Shaleenmär perdit connaissance en quelques secondes, luttant en vain contre une force inconnue.

* *
*

La voix était une litanie monocorde. Elle revenait avec une insistance péremptoire, secouait la conscience de Seghuenor et finit par l’amener à ouvrir les yeux, puis à reprendre totalement ses esprits.

— Tu te réveilles, tu es rentré chez toi, tu te réveilles, tu es rentré chez toi, doucement, tu te réveilles, tu es rentré chez toi…
Ses yeux s’entrouvirent, ses narines frémirent, il se redressa, et dévisagea l’homme dont la voix l’avait sorti de l’inconscience. La peau noire, les cheveux ras et crépus, cette machoire large et ce sourire si familier : Dinän! Son ami d’enfance, grand voyageur, conseiller secret. Le sage Dinän, l’érudit le plus célèbre de la cité des mille marchés ! Cela ne pouvait signifier qu’une seule chose : il était de retour à Shaleenmär !

Source: https://reflets.info/terres-de-gandhaal-8-livre-1-fondations/