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L’ITU et le DPI : ça va être dur d’expliquer ça à ma grand-mère

Thursday 6 December 2012 at 19:23

La vulgarisation est un art difficile. Bien entendu, nombre de lecteurs de Reflets sont bien plus calés que nous sur le Deep Packet Inspection et comprendraient très bien, sans vulgarisation, ce que nous pourrions écrire. Mais dans le cas précis, c’est surtout à nos grand-mères, nos mères, M. et Mme Michu, nos enfants, qu’il faut expliquer ce qui suit. Parce que ce qui se décide aujourd’hui à  Dubaï est peut-être le début d’un système de surveillance globale à l’échelle de la planète.

Donc un peu de vulgarisation s’impose. Le DPI, nous vous en avons parlé en long, en large et en travers. Il s’agit d’une technologie permettant de voir ce qui passe dans les paquets IP qui circulent sur Internet. Pas seulement de voir que vous, Gérard Dupont, envoyez un mail à tata Flo, ça c’est déjà possible facilement, mais plutôt, de voir ce que vous avez écrit dans ce mail. Autre application amusante, lorsque vous vous connectez sur un site en tapant votre identifiant et votre mot de passe, le DPI permet de les récupérer (pour autant qu’ils ne soient pas cryptés ou qu’une technique de Man in the Middle ait été mise en place, comme en Syrie avec l’aide de machines BlueCoat). Mieux, avec des outils comme Eagle, développé par Amesys, vous pouvez retracer toute l’activité en ligne d’une personne et dresser un arbre de ses connaissances, de ses interactions avec d’autres personnes. Le rêve de tout dictateur. Et ce n’est pas pour rien que Eagle est vendu à des Etats policiers notoires ou à des dictateurs. Alors pourquoi revenir sur le DPI aujourd’hui ? Tout simplement parce que l’ITU (International Telecommunication Union), le bras armé de l’ONU en matière de standardisation a adopté un standard sur le DPI. Rassurez-vous, on ne sait rien (ou presque) de ce que l’IUT a décidé parce que ses décisions ne sont pas publiques. Populace des Internets, nous décidons pour vous et vous n’avez pas besoin de savoir quoi, parce que nous le faisons pour votre bien. Ceux qui savent ce qu’est un RFC, ce sur quoi s’est construit le Net apprécieront la méthode.

Comme nous ne sommes pas complètement manchots, chez Reflets, nous avons un peu creusé pour voir quelle direction prenait l’ITU. Quelques points nous ont sauté au visage. Le nouveau standard, joliment prénommé Y.2770 (voir les détails sur ZDNet en faisant clic-clic sur le lien ci-avant) est le fruit de longues recherches, discussions au sein du groupe SG13 qui planche, entre autres choses, sur la sécurité et le QoS au sein de l’ITU.

Les deux personnes qui gèrent les réflexions sur la QoS et la Sécurité pour le groupe SG13 (responsable du standard en question) sont Hui-Lan Lu, qui travaille chez Alcatel-Lucent (ainsi que dans d’autres groupes, le fameux Alcatel Shanghai Bell qui s’est illustré en Birmanie), et Haitham Chedyak, qui travaille en Syrie chez nos amis de STE.

 

Nous avons donc, pour plancher sur un standard de DPI , un salarié d’Alcatel dont on sait la perméabilité aux problématiques de Qosmos ou d’Amesys ainsi que des FAI qui voudraient l’implémenter, qui fabrique les gros routeurs de service pour les câbles sous-marins, dont celui qui a permis à la Libye de se connecter avec un débit plus que nécessaire à Internet, mais aussi un employé de STE, le point entrant et sortant de la belle démocratie Syrienne. Tout un programme. On sent que les utilisateurs et le droit à la confidentialité des échanges va être au centre des discussions.

Ah, non, pardon. Dans l’article pointé plus haut, l’auteur indique que le standard de l’ITU doit permettre une application du DPI même si les échanges sont cryptés. En même temps, bon courage. A moins, bien entendu de mettre de jolies autorités de certification aux bon endroits et qu’elles soient imposées aux utilisateurs. Pas sûr que les fournisseurs de contenus ou de services soient très contents, mais on verra.

Dans un autre document de l’ITU, on trouve une bonne définition des usages du DPI. Si le colonel Kadhafi était encore en vie, il aurait pu témoigner. Grâce à Amesys, il avait pu, par exemple, espionner des opposants et les arrêter avec plus de facilité. Si les membres de l’ITU faisaient leur travail consciencieusement, ils interrogeraient le roi du Maroc qui met en place son petit Eagle personnel avec l’aide d’Amesys et d’Alten. On peut encore l’interroger, il est toujours vivant, lui,  et le projet est en cours. Figurez-vous que cela permet de lutter contre « les contenus dangereux« , c’est à dire « le porno » qu’il faut « supprimer« .

 

Pour l’ITU le DPI, c’est ça :

The  Recommendation is targeted primarily at the service requirements, capability requirements and functional requirements of DPI  and performance requirements identifying and defining (if necessary) , standard interfaces to interconnect with other components, taking into account policy-based networks in both packet-based networks (e.g. IPv4/v6) and NGN environment. These requirements will of the Deep Packet Inspection (DPI), including:  (1) provide real-time service awareness,  and ,control and security by partial or entire packet scanning partial or the whole packet for service awareness and control based on static/dynamic  rules in packet-based networks and NGN environment.    

A l’ITU, il n’y a pas que les auteurs du désormais fameux Y.2770 qui planchent sur le DPI. Leurs camarades spécialisés dans les flux vidéo du SG16 ont aussi tenté une définition, tout en précisant qu’il faudrait sans doute s’aligner sur celle du SG13.

Et lorsqu’ils tentent d’observer un outil de DPI, ils trouvent… SNORT. Un bon vieux truc vaudou du monde libre.

ITU : Can I Haz a Pig PleAz ?

 

Ah, ben non. Voyez-vous, ces barbus du monde libre… ce n’est pas la culture de l’ITU :

Section IV.2 highlights that technically SNORT is a good candidate PSL for H.248.DPI. However an issue is the status of the organisation responsible for open source SNORT PSL. The « Snort Community » open source effort is not recognised as an SDO by the ITU-T. I.e. it would not be possible to reference the work via A.5. This presents problems with normatively referencing their work. The company behind this effort is SourceFire and they are not a member of the ITU-T. There may be copyright/patent issues associated with this organisation. These issues would need to worked through.

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Altair, Internet et la culture

Friday 30 November 2012 at 19:00

Il y a quelques mois de cela, nous vous parlions du think tank Altair. Ce dernier se proposait d’apporter des réponses aux questions qui animent depuis des années la vie numérique et culturelle dans l’hexagone, dans toute sa singularité. Réunissant des professionnels de la culture et d’Internet, des institutionnels, des associatifs, des acteurs de la société civile,, le Think Tank Altair a finalement accouché de propositions visant à réorienter de manière un peu plus pragmatique les discussions interminables qui débouchèrent sur des textes qui régissent aujourd’hui notre quotidien… comme HADOPI.

Altair livre donc aujourd’hui 7 propositions directement adressées à la commission Lescure. Il s’agit de propositions « offensives » visant à apporter des réponses à des problèmes bien réels, et plus précisément des problèmes que le législateur a toujours évacué, cédant à la simplicité, pour aboutir à des absurdités…

Nous vous proposons donc de découvrir ces propositions, voici le communiqué officiel :

Dans le cadre de son audition,
Altaïr think tank fait 7 propositions à la mission Lescure

30 novembre 2012

Dès sa création, Altaïr Think Tank a placé le numérique au coeur de ses réflexions sur la culture.
Pour lui, le numérique, notamment à travers Internet, est devenu incontournable et indispensable à tous.
Avant même les échéances électorales de 2012, Altaïr Think Tank est passé à l’acte, en organisant, au début de l’année, la première concertation Culture et Numérique qui a réuni pour la première fois durant deux journées de travail en commun une centaine d’acteurs et de personnalités issues de toutes les filières culturelles, des start-up, des représentants associatifs et des utilisateurs.

Cette concertation, élaborée via des méthodes innovantes issues des Barcamps a permis d’aboutir à 27 propositions pour un New Deal Culture et Numérique. Fort de cette expérience qui s’est poursuivie durant les six derniers mois autour d’une plateforme collaborative en ligne, Altaïr Think Tank a exprimé, à la mission Lescure, 7 propositions offensives et d’avant-garde pour qu’enfin l’alliance entre la Culture et le Numérique constitue un pôle de croissance dans les années à venir en France, et en Europe.

Proposition 1 : passer à une méthode de concertation innovante et trans-secteurs, seule manière d’élaborer des idées nouvelles à la mesure des enjeux de compétitivité internationale, de création et de revitalisation du lien social. Réintégrer dans la concertation l’ensemble des acteurs de l’écosystème y compris les associations d’utilisateurs et les internautes, seul moyen de donner force et légitimité à la concertation. Provoquer la création d’une Assemblée constituante Culture et Numérique qui appelle à une loi triennale révisable.

Proposition 2 : une régulation souple par une puissance publique réinvestie qui anime et arbitre le dialogue plutôt que de contraindre les acteurs. Un outil indispensable à créer : l’Agence Nationale du Numérique (ANN), un véritable « CNC » de la Culture et du Numérique.

Proposition 3 : l’expérimentation graduée, un « laboratoire » du numérique à ciel ouvert
L’ANN pourra lancer une série d’expérimentations d’envergure (internet à 5€, plate-forme publique, « cloud » culture, streaming durable,…) qui permettront, comme le font tous les innovateurs du numérique, de «tester pour trouver» en fondant ses décisions sur des données fiables et en investissant progressivement au fur et à mesure des succès.

Proposition 4 : l’accès à un service public minimum du Numérique à 5€ : un FAI public, socialement responsable, et qui permette à tout citoyen l’accès à l’information et à la diffusion du savoir au travers d’internet. Accélérer le déploiement du très haut débit en France tout en garantissant les libertés publiques numériques.

Proposition 5 : faciliter l’accès au contenu culturel par la création d’un « cloud » public : accompagner la distribution de contenu et la diffusion de la culture en France via une plate-forme publique pour valoriser de nouveaux talents et via un soutien aux plates-formes légales à travers une politique de labellisation. Reconnaissance du secteur non marchand.

Proposition 6 : financement et supports : financement croisé des acteurs publics, privés et des utilisateurs (business angels, crowd funding, fonds d’investissement publics). Contributions financières équitables des grands acteurs industriels du web avec des mécanismes de non-répercussion vers les utilisateurs.

Proposition 7 : l’éducation au numérique dans l’enseignement scolaire, associée à l’éducation artistique et culturelle et, en amont, dans la formation des enseignants et professeurs. Le système éducatif a un rôle majeur à jouer dans la lutte contre l’inégalité numérique.

Les querelles entre les industries créatives et le monde du numérique sont sans issue. Nous vivons une crise de civilisation dans laquelle la culture a un rôle central à jouer. Altaïr est convaincu que seule la convergence culture et numérique est à même de construire un avenir qui relève les défis du XXIème siècle.

Premier laboratoire d’idées français consacré à la culture et aux Médias, Altaïr est un think tank indépendant dont l’objectif est d’être une force de propositions d’intérêt général.

ContactAltaïrthinktank:0620348640 /www.altair-thinktank.com/contact@altair-thinktank.com 

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La Syrie ne ping plus

Friday 30 November 2012 at 12:12

Depuis maintenant 24 heures, la Syrie est totalement déconnectée d’Internet. L’alarmisme ne doit pas forcément être de mise. À l’heure actuelle, les spéculations sur la raison de cette coupure vont bon train. Le régime accuse « des terroristes qui auraient coupé un câble » alors que la presse internationale semble s’accorder sur la thèse d’une action du pouvoir syrien. Si le régime était bien derrière cette coupure, alors, nous aurions de très sérieuses raisons de redouter une offensive importante et meurtrière. Mais une troisième thèse est avancée, celle de la destruction des terminaisons téléphoniques et Internet qui assurent la connectivité de tout le pays via le Syrian Telecom Establishment (le FAI des FAI syriens).

Le réseau ultra centralisé syrien pourrait avoir été victime d’une destruction d’équipements suite à des combats proches de la zone de l’aéroport, zone dans laquelle ces équipements de la STE seraient justement localisés. Ces installations abritaient autant les terminaisons des lignes ADSL que les équipements  assurant la téléphonie filaire, une architecture « à l’iranienne » comme le souligne dans un tweet le professeur Kavé Salamatian 

Cette thèse nous semble parfaitement cohérente car outre le fait que l’aéroport a été fermé à toute circulation et qu’il semble bien que de violents combats s’y soient hier déroulés, nous pouvons également comparer aujourd’hui cette coupure spectaculaire avec celle que nous avions observée en Égypte. Le président Mubarak avait alors ordonné à tous les fournisseurs d’accès Internet de supprimer les routes BGP qui assurent la connectivité entre les différents systèmes autonomes et assurent ainsi leur connectivité au reste du monde.

La principale différence entre les blackouts syriens et Egyptiens que nous pouvons aujourd’hui observer, c’est que les infrastructures « vitales », comme les marchés boursiers et les banques avaient été épargnés pendant le blackout égyptien. Ce n’est pas le cas en Syrie où l’on constate par exemple que le Damascus Stocks Exchange est, lui aussi, down : http://www.dse.sy/

Suivre l’évolution de l’état du réseau syrien:

 

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Doha et Arte : Hummmmm comme c’est beau à voir tout ça…

Wednesday 28 November 2012 at 20:05

Ah, oui, c’est vraiment magnifique, splendide, superbe : du grand journalisme. Regardez cette vidéo, à partir de 11:39 (rien ne vous empêche de regarder le premier sujet, bien entendu), et faites-vous une idée. Ecoutez attentivement, observez les attitudes des débatteurs, des journalistes, de l’orientation, des images qui se glissent au milieu du sujet. Des temps de parole aussi. Un grand moment de télé. Vraiment. Mais tout ça mérite peut-être que le pauvre mathématicien, invité sur ce plateau, ait un droit de réponse un peu plus conséquent, parce que là, très franchement, c’est limite pour lui. Reflets va s’empresser de pallier la chose : Benoît Rittaud a le droit de s’exprimer, mais ailleurs que dans une mascarade politicienne, propagandiste et médiatique en diable. Ce qu’a été cette émission…

Bon visionnage…


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Extrême-droite et droite extrême

Wednesday 28 November 2012 at 18:52

Remettons-en une couche… Tous les commentateurs sont épuisés. Des jours que cela dure. Copé, Fillon, l’UMP qui n’en finit pas d’exploser… Et tous ceux qui ont une fibre républicaine de regretter l’arrivée à la tête du parti de droite de Copé, représentant supposé de la droite extrême alors que Fillon serait plutôt le représentant d’une droite sociale, de type gaulliste. Oui, mais non. François Fillon a été l’artisan d’une politique pendant cinq ans qui a montré son vrai visage. Nicolas Sarkozy ne se cachait pas, il se disait « décomplexé« . C’est dire s’il était en accord avec ses propres idées et celles de M. Buisson, ancien d’extrême droite, comme Alain Madelin, Patrick Devedjian, Claude Goasguen, Alain Robert, des ministres du gouvernement Fillon ou membres de l’UMP.

Le ministère de l’identité nationale, les tests ADN pour le regroupement familial, la circulaire anti-roms, on en passe, c’est une politique déployée et appliquée par François Fillon et qui n’a rien à envier à celle des pains au chocolat de Jean-François Copé.

Pour bien comprendre ce qu’il y a dans la tête de la droite d’aujourd’hui, qu’elle soit tendance Copé, tendance Fillon ou tendance Sarkozy, il suffit de suivre des comptes Twitter qui font peur.

Ça donne des trucs étrangement similaires, comme ceci :

Et cela :

Une pensée franchement émue et attristée pour tous les gens de droite qui ne se reconnaissent pas dans ces valeurs. Ils sont orphelins.

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Dis-donc Kitetoa, tu ne serais pas un peu mégalo, toussa, toussa ?

Wednesday 28 November 2012 at 18:51

Un lecteur m’a interpelé à propos du papier sur l’Express qui a vu le chasseur qui a vu l’ours qui a vu les Américains. Selon lui, à juste titre peut-être, de la lecture de l’article, je regretterais que des journalistes viennent « empiéter » sur ce que je considèrerais comme une sorte de pré carré (dans le cas précis, la cyberguerre). D’autres, y compris Emmanuel Paquette, co-auteur du dossier de l’Express s’insurgent : je serais persuadé d’avoir raison et d’être le seul à détenir LA vérité. Un peu mégalo, un peu imbu de sa suffisance, quoi…

Me voilà habillé pour l’hiver. Je voulais initialement poster un commentaire sous l’article visé, mais finalement j’écris ces quelques lignes de clarification ici, dans la rubrique « On s’en fout« .

Depuis 1997, je publie des tonnes d’articles sur ces sujets. La sécurité informatique (personnellement, je dirais plutôt l’insécurité informatique), la cyber guéguerre, etc. Mes articles sont librement reproductibles (ce que l’on appelle aujourd’hui CC). Le roman que j’ai écrit sur la cyber guéguerre, librement téléchageable, est même modifiable à loisir, c’est dire si je suis attaché à mes écrits…

J’ai toujours essayé de vulgariser, de partager le savoir, mon côté hackeur (de pizzas) sans doute.

C’est aussi très logique.

Si je pense pouvoir partager un savoir, c’est qu’il me vient de quelque part. Il me vient de ceux que je considère comme la crème des hackers, qui ont eu la patience et la gentillesse de partager leur propre savoir avec moi pendant des années.

Je leur dois d’avoir vu des choses que personne d’autre ne verra (non, je ne suis pas mégalo). Des choses qui défient l’imagination. De quoi générer des articles franchement alarmistes sur les risques informatiques. Ce que je n’ai jamais fait, je crois. Je leur dois de comprendre certaines choses techniques (dans des limites très étroites avouons-le, mais au delà de celles de certains journalistes). Ce savoir reçu et mon âge avancé (en temps Internet) m’apportent une vision assez panoramique et historique qui m’aident à relativiser certaines informations, à les replacer dans un contexte.

Ce qui m’a été donné, je me dois de le rendre, de le partager à nouveau, avec d’autres. C’est le sens de mes articles. C’est aussi ce qui m’a poussé à toujours répondre présent lorsque l’on m’interrogeait sur ces sujets. Que ce soit dans des conférences, dans des universités, dans des écoles de journalisme, ou lorsque des confrères journalistes me le demandaient. Je me souviens d’avoir montré sur mon écran les techniques utilisées pour les articles de la rubrique « Le monde fou, fou, fou des admins » de Kitetoa.com à un confrère de Libération en 2000. C’était, pour moi, normal et logique puisqu’il en avait fait la demande. Dès lors, rien ne l’empêchait d’utiliser ces techniques et de faire le même genre d’articles s’il le souhaitait.

Alors, que des journalistes se mettent à écrire sur ces sujets, cela me parait évidemment une bonne chose. Plus on est de fous, plus on rit et plus le public est averti de la réalité des choses. En revanche, que des journalistes, ou pas, écrivent des choses abracadabrantesques sur les sujets en question (mais c’est valable aussi pour les autres sujets que je connais un peu, comme l’économie ou la politique), cela m’énerve. Cela m’énerve pour leurs lecteurs qui sont trompés, cela m’énerve pour la presse qui se discrédite auprès de son public, cela m’attriste pour eux. Le sensationnalisme n’a jamais été ma tasse de thé.

Rien de plus.

 

 

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La Grèce est sauvée et l’europe avec !

Wednesday 28 November 2012 at 12:20

Si vous avez lu l’éditorial du Monde après la décision des ministres des finances européens, vous savez que la Grèce est sauvée, au prix d’un « bricolage intelligent« , et l’Europe avec elle. Si, si. On parle de désamour du public pour la presse, ce dont Reflets se désespère, mais il faut l’avouer, les journalistes, parfois, donnent l’impression de vivre dans une autre réalité. D’où peut-être cette déconnexion avec leur lectorat. Combien de sommets européens de la dernière chance depuis le début de la crise de la dette souveraine ? Combien d’engagements jamais tenus ? Trois ans de sauvetage de la Grèce qui ne l’est finalement jamais… Et pourtant, à chaque nouvelle annonce, il reste des commentateurs pour se féliciter d’accords de pure forme, totalement biaisés car aux antipodes des possibles et de la réalité macro-économique.

Il y avait pourtant un indice qui aurait dû mettre la puce à l’oreille à l’éditorialiste du Monde : Christine Lagarde s’est félicitéede cette décision qui, selon elle, permettra à la Grèce de se remettre « sur la voie d’une dette viable« . On en reparlera lors du prochain sommet de la dernière chance. Christine Laboulette Lagarde est spécialiste des déclarations improbables de ce type. C’est un indicateur inversé de la réalité macro-économique…

“I welcome the initiatives agreed today by the Eurogroup aimed at further supporting Greece’s economic reform program and making a substantial contribution to the sustainability of its debt. This builds on the significant efforts by the Greek government to carry forward its fiscal and structural reform agenda.

(…)

“Taken together, these measures will help to bring back Greece’s debt ratio to a sustainable path and facilitate a gradual return to market financing. The debt ratio is expected to decrease to 124 percent of GDP by 2020 through significant upfront debt reduction measures of 20 percent of GDP. In addition, I welcome the commitment by European partners to bring back Greece’s debt to substantially below 110 percent of GDP by 2022, conditional on full implementation of the program by Greece. This represents a major debt reduction for Greece relative to its current debt trajectory.

Pour ceux qui n’ont pas lu l’éditorial du Monde, le voici :

Du côté des économistes, on est nettement moins optimistes.

Grant Williams explique par exemple que la cata économique est en train de se propager aux pays qui constituent le coeur de l’Europe, notamment l’Allemagne, les Pays-Bas et… la France. Notre pays a par ailleurs enregistré un nouveau bond impressionnant du nombre de chômeurs en octobre.

En tenant compte des personnes exerçant une activité réduite (catégories B et C), le nombre de demandeurs d’emploi a progressé de 1,6%, soit 71.500 personnes de plus, pour atteindre 4.587.000 (+9,4% sur un an). Avec les départements d’Outre-mer, le nombre de demandeurs d’emploi en catégories A, B et C est de 4.870.800. Il s’agit d’un niveau inégalé et de la dix-huitième hausse mensuelle consécutive.

Mais revenons à Grant Williams :

The eurozone economy continued to deteriorate at an alarming pace in November, and is entrenched in the steepest downturn since mid-2009. Officially, the region saw only a very modest slide back into recession in the third quarter, with GDP falling by a mere 0.1%, but the PMI suggests that the downturn is set to gather pace significantly in the fourth quarter. The final three months of the year could see GDP fall by as much as 0.5%.

While it is reassuring to have seen signs of stabilisation in some survey indicators, the overall rate of decline remains severe and has spread to encompass Germany, suggesting the situation could deteriorate further in the coming months. With jobs being cut at the second-fastest rate since January 2010 and expectations for the year ahead in the services sector slumping to the lowest since March 2009, firms have clearly become increasingly anxious about the economic outlook and are seeking to control costs as much as possible. All this suggests that any swift return to growth is unlikely.

There isn’t much new here, this is the same dynamic I have been commenting on for well over a year now. In recent weeks it has become all too obvious that economic weakness has now got a firm grip on « the core » of the EZ with the downgrade of France and the acceleration of a downturn in the Netherlands. Germany too is slowly weakening as the PMI report shows.

So no surprises here, and we continue to travel along the path of expected outcomes.

Attempts at internal devaluation across Southern Europe are crushing aggregate demand in those countries, this is flowing back into the « core » via the tradeable sectors, lowering manufacturing production and output, which is in turn pulling down the service sectors of those countries. External surpluses require a counterparty external deficit, and, as I’ve explained many times before, when you’re all each other’s trade partners and are all trying the same trick, it simply becomes a race to the bottom.

(…)

The current political convulsions over Greece show the European leadership are once again losing their grasp on the situation with politically sanitised « kick the can » solutions up for offer while they hope for god-knows-what to occur to dig them out of the hole they’ve all dug themselves. Previously this type of failure would inevitably be met with another round of emergency action from the ECB, but with the OMT in place, Draghi looks to be at his limits.

That all being the case, 2013 is certainly looking extremely risky in terms of political and social stability in many nations because, as you can see from the data, this just ain’t getting any better.

D’après-vous, une analyse de ce genre, c’est un signe que les choses s’améliorent ? Que la Grèce est sortie d’affaire ?

Le dernier accord sur la Grèce permet de gagner encore un peu de temps. Tout le monde ferme les yeux sur la réalité des choses et personne ne verbalise la profondeur abyssale de la crise et l’horreur de la chaîne de Ponzi qui est mise en place. Car si cela est verbalisé, tout s’écroule. Tant que l’on ne définit pas la réalité, on peut continuer de croire qu’elle est autre. Pourtant l’issue est connue.

A force de créer du « faux argent », on court à l’explosion ultime.

Les pays s’endettent à des taux élevés auprès de leurs banques nationales qui pour leur part se financent auprès de la banque centrale européenne à des taux faibles. Et lorsque les banques sont en état de quasi faillite, les états les sauvent avec de l’argent public, de l’argent venu d’Europe et/ou du FMI. Personne ne voit ce qui cloche ? Même pas les journalistes du Monde ? Quelqu’un s’est demandé ce que le dernier haircut annoncé va représenter pour les comptes des banques grecques ? D’où viendra l’argent pour les re-re-re-re-sauver ? On en est qu’au troisième sauvetage de la Grèce, vivement le quatrième. Qui ne maquera pas d’arriver, comme l’indiquent les analystes de la Société Générale :

At this stage, we have yet to see the detailed numbers behind the new agreement, but are encouraged that the measures announced mark an additional step in the right direction. Our concern remains that this will not suffice to make Greek public finances sustainable and allow Greece to return to market financing in 2017. The potential for shortfalls on implementation of austerity and structural reform are one risk, but our real concern is economic growth. To date, weaker-than-expected growth outcomes explain a 37% of GDP debt overshoot. Consequently, while this plan should buy time up to the German election in the autumn of 2013, we expect additional measures to help Greek debt sustainability will be required beyond this date.

It was encouraging in this context to see the door left open at the press conference for further measures once Greece reaches a primary surplus. Also under review is the possibility to lower the Greek financing share of European structural funds. This latter measure could be a positive for growth in unlocking funds for different measures. In our opinion, something more substantial will be required, with official sector debt forgiveness a very real, but politically challenging, possibility.

Pendant que Le Monde se félicite, que Christine Laboulette Lagarde crie victoire, que les Européens se félicitent d’avoir sauvé la Grèce une nouvelle fois, la réalité est toute autre. Le Financial Times Deutscheland explique tranquillement, mais tout seul, que le vice-ministre allemand des finances, Thomas Steffen, conduit un groupe de réflexion sur la sortie de la Grèce de la zone euro.

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L’Express a vu le chasseur qui a vu l’ours qui a vu les Américains

Monday 26 November 2012 at 20:51

On pourrait la faire longue. Mais on essayera de la faire courte parce que réexpliquer en permanence, c’est lassant. On aurait pu réécrire avec moult détails que « la cyber guerre, ça fait des cyber-morts », ce qui n’est finalement pas très grave. On aurait pu expliquer que ceux qui vivent une vraie guerre avec son cortège de souffrance, de mort, de corps déchiquetés doivent se sentir insultés à chaque fois qu’ils voient ce terme imprimé dans un article de journal. On aurait pu revenir sur tous les cas d’espionnage, même entre alliés, pour démontrer que si la méthode change, le but reste le même et qu’en cela, Internet n’invente rien. On aurait pu reparler du chien pour expliquer techniquement qu’une IP n’est pas un être humain et qu’une attaque peut prendre des chemins inimaginables pour le commun des mortels, laissant une foultitude de fausses pistes ne pouvant être remontées, même par l’inspecteur Clouseau.

Mais à quoi bon. C’est déjà fait. En long, en large et en travers. Et même sur Reflets. Mieux, de ces histoires de cyberguerre, Kitetoa.com en avait fait un roman. C’était avant. Avant que toutes les signatures émérites qui écrivent sur ce sujet vous soient familières. C’était aussi le premier scénario de cyberguéguerre globale. Parce que parler de cyberguerre quand on voit un DDoS ou quelques APTs qui trainent, c’est un peu survendre son sujet.

Non… contentons-nous de dire que le sujet est devenu un marronnier pour la presse. Que de nombreux jeunes journalistes (ou moins jeunes d’ailleurs) se sont mis sur ce « créneau » parce qu’il est vendeur. Mais aussi parce que leurs rédacteurs en chef n’y comprennent que pouic. Ce qui est très utile pour se mettre en valeur.

Le piratage informatique, à moins d’être un hacker de haut vol, c’est du vaudou. Incompréhensible. Il y a même des gens qui pensent qu’afficher dans son navigateur le contenu d’un répertoire d’un serveur Web, c’est du piratage, c’est dire… Bref, le piratage informatique, ça fait des trucs de fou, mais on ne sait pas trop comment.

Le papier phare de l’Express qui évoque le piratage de l’intranet de l’Elysée est assez clair sur l’auteur du délit :

« Selon les informations recueillies par l’Express auprès de plusieurs sources, leurs conclusions fondées sur un faisceau de présomptions, convergent vers le plus vieil allié de la France :  les Etats-Unis. Le code malveillant utilisé affiche, en effet, les mêmes fonctionnalités qu’un vers informatique extrêmement puissant, baptisé Flame, identifié à la fin du mois de mai par une grande société russe d’antivirus, Kaspersky. [...] Selon la presse anglo-saxonne, le ver aurait été créé par une équipe américano-israélienne ».

Donc, résumons, des sources anonymes disent que le malware utilisé pour récolter les documents de l’Elysée ressemble à Flame. Flame est américain (ah?), donc les pirates sont les Etats-Unis.

CQFD.

Oui, mais non.

Le papier n’apporte aucune information technique sur le piratage. Impossible donc de se faire une idée de ce qui a vraiment eu lieu. En outre, sur Internet, personne ne sait que tu es un chien et du coup, une adresse IP aux Etats-Unis, même si elle est située sur un réseau gouvernemental, n’implique pas que l’auteur du piratage soit le propriétaire de la machine. La preuve, L’Express nous dit que des postes informatiques de l’Elysée peuvent être compromis. Donc, à l’inverse, un poste gouvernemental américain peut être compromis. Non ?

Un ver informatique qui cible certains conseillers de Sarkozy, ceux qui intéressent les pirates et qui ne se propage nulle part ailleurs, franchement… Seriously ? En tout cas, il paraît, mais on peut se tromper, que dans le milieu des anti-virus, on attend goguenard et avec impatience que les Français partagent le code du malware utilisé.

Ce qui saute aux yeux en revanche, c’est que les auteurs de l’article ne se sont pas interrogés très longtemps sur les raisons qui poussaient leurs sources à leur désigner les Etats-Unis comme auteurs de ce piratage. Dans le contexte actuel (publication du rapport Bockel, agitation médiatique de l’ANSII), il y a quand même quelques pistes de réflexion…

A ce stade, faisons appel à un hacker mythique. Space Rogue est un membre du groupe non moins mythique L0pht. Il sait de quoi il parle lorsqu’il évoque les « Les hackers et le battage médiatique, ou les super piratages qui n’ont jamais eu lieu« . Il avait témoigné en 1998 devant le Sénat américain sur les risques informatique alors que les réseaux se reliaient en masse à Internet. Mais il a surtout longtemps tenu les rênes du « Hacker News Network« . Ce media a passé des années à détricoter les articles de la presse sur le sujet du hacking, montrant à quel point les journalistes pouvaient se laisser impressionner par le vaudou. Un peu comme Attrition dans sa rubrique errata dont on ne peut que recommander la lecture aux journalistes de l’Express.

 

Dans sa conférence sur la hype qui préside à la rédaction d’articles truffés de FUD et d’approximations à propos du hack, il cite un nombre conséquent d’exemples.

On y trouve Kevin Mitnick, bien entendu. Selon la presse américaine, il aurait piraté le NORAD (North American Air Defense Command) et aurait pu « déclencher le lancement d’une ogive nucléaire en sifflant dans un combiné téléphonique« . Tout cela était faux. Un peu de bon sens de la part des journalistes qui ont rapporté cette affirmation aurait sans doute suffi à éviter la publication ce genre d’imbécillités. Ces imbécillités ne sont pas sans conséquences. Kevin Mitnick a été maintenu à l’isolement total pendant des mois, notamment pour cette raison.

Dans un passé lointain, j’ai aussi connu une personne charmante et pleine de talents. Le même genre d’imbécillités l’a conduit a passer deux mois à la Santé. La peur, le fantasme mène à des choses terribles.

En 1999, la presse s’enflamme, des pirates auraient pris le contrôle d’un satellite militaire britannique. Faux également.

En 2001, c’est Ben Laden qui utiliserait la stéganographie pour cacher, dans des images, des messages à l’attention de ses troupes. Encore raté

Au Brésil, les pirates auraient coupé l’électricité de plusieurs villes. In fine, l’agence chargée de la régulation des sociétés d’électricité a infligé une amende de 3,7 millions de dollars à l’une d’entre elles pour ne pas avoir entretenu correctement ses lignes et provoqué le blackout.

Au fil de la conférence Space Rogue égrène les exemples. Comme une pompe d’un fournisseur d’eau de l’Illinois qui aurait été détruite par des pirates ou une compagnie de trains dont les signaux lumineux auraient été manipulés par des pirates pendant deux jours. Pure invention.

Mais ce sont surtout les conseils en forme de conclusion de la conférence qui sont intéressants et qui devraient être lus et relus par les journalistes adeptes du vaudou informatique.

En même temps, c’est moins vendeur…

La cyberguerre, c’est Reflets

Le clou du spectacle autour de l’article de l’Express, c’est la chaîne de télévision D8 qui l’a offert. Les auteurs de l’article de l’Express sont interrogés par la chaîne et la voix off nous dit :

« les pirates récupèrent des notes et des plans stratégiques »

Ça fout la trouille, hein ?

Et qu’est-ce que le journal télévisé de D8 montre à l’écran pour illustrer cette belle phrase ?

Non… Ni des hackers chinois, ni des pirates américains… De logs de connexion à Reflets.

Tenez-vous le pour dit, la cyberguerre, ce sont des logs Apache de connexion à un journal en ligne. #Fear…

 Hype, hype, hype… Hourra

L’article de l’Express est un vrai condensé de voudouisation des journalistes. Rien ne nous permet, bien entendu de dire que tout est faux dans le papier phare du dossier de l’Express. Pour autant, tous les hackers contactés par Reflets sur ce sujet sont d’accord : ce papier est une blague. Rien ne permet de prouver, à la lecture de l’article que les Etats-Unis sont derrière l’attaque. Rien ne permet non plus de dire que l’attaque est hyper sophistiquée, ni qu’elle a pris cette forme, pleine d’incongruités.

Les auteurs de l’article savent-ils faire la différence entre Flame, BO2K ou NetBus ? On peut se le demander vu les fonctionnalités de Flame citées dans leur papier.

Un article de ZDNet parvient d’ailleurs aux mêmes conclusions.

Du côté officiel, cette fois, les sources contactées par Reflets sont sur la même longueur d’ondes. L’une d’entre elle se demande d’ailleurs qui veut communiquer sur ce sujet (pour qu’un tel article paraisse) et quel est le message qui est visé.

De deux choses l’une, soit les auteurs de l’article n’ont rien compris à ce que leurs sources (techniques, elles) leur ont raconté, soit ils se sont fait enfumer…

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Source: http://reflets.info/lexpress-a-vu-le-chasseur-qui-a-vu-lours-qui-a-vu-les-americains/


#Gaza : Les dessous de la trêve

Sunday 25 November 2012 at 11:50

Mercredi 21 novembre – 19 heures GMT.

Après 8 jours de bombardements intensifs, le Hamas et Israël réussissent à s’entendre sur un trêve des combats par missiles interposés.

Triste résultat des courses : 162 morts côté palestiniens et 5 morts côté israéliens, sans compter les innombrables blessés. Nous aurions aimé pouvoir vous affirmer que cette trêve est le résultat du constat des dirigeants que leurs actions entraînaient un trop grand nombre de victimes civiles. Malheureusement la logique nous incite à penser que ce n’est pas la cas.

Je vous invite à un petit tour d’horizon des raisons qui ont conduit à cette cessations des hostilités.

Suivez le guide …

Analyse de l’équation militaire

Les hostilités sont déclenchées le mercredi 14 novembre.

Dés le début de l’opération, l’armée israélienne applique une stratégie qu’elle partage avec ses parrains américains : la stratégie de « la première frappe ». Les renseignements militaires ont amassé des informations sur les caches de missiles stratégiques du Hamas. La première vague de bombardement devra renvoyer les capacités du Hamas à l’âge de la roquette Qassam.

Cette première frappe va-t-elle être un succès ? C’est ce que pensent les journalistes de Al-Akhbar. Quelques minutes après avoir assassiné le chef de la branche armée du Hamas (un exploit  étant donné le luxe de précautions dont celui-ci s’entourait), Israël frappe 20 sites de lancements des roquettes à longue portée en mesure de frapper Tel-Aviv ou Jérusalem.

L’armée israélienne crie victoire, et les militants du Hamas ne démentent pas. Les israéliens ont-ils pour autant réussis à atteindre leurs objectifs stratégiques ?

Retour en Juillet 2012.

Hassan Nasrallah, chef politique du Hezbollah va faire une apparition publique et va révéler certaines informations concernant le dernière guerre du Liban en 2006. Il affirme que la résistance libanaise a réussie à tromper le renseignement israélien. Pensant connaitre 80% des stocks balistiques du mouvement libanais, l’armée de l’air serait entrée en action. Mais les bombes de l’armée israélienne se seraient abattues sur des caches vides, discrètement déménagées par les militants … La première frappe israélienne aurait été un échec, entraînant avec elle l’aventure guerrière de Tsahal (l’armée israélienne) au Liban.

Revenons à l’opération « Pillars of defense« .

Le 15 novembre : deux missiles de type « Fajr », lancés depuis Gaza, frappent les environs de Tel-Aviv. Cette ville est visée pour la première fois depuis la guerre du Golfe.

Le 16 novembre, c’est Jérusalem qui est visée. Une nouvelle ligne rouge dans les guerres qui ont opposé Palestiniens et Israéliens.

Le 17, deux missiles « Fajr » tirés sur Tel-Aviv sont interceptés par le système « Iron Dome », et deux autres roquettes frappent les environs de Jérusalem.

Le 18, deux nouveaux missiles palestiniens visent Tel Aviv.

Le 20, Jérusalem est de nouveau visée mais les roquettes atterrissent en Cisjordanie.

Ces attaques ne feront pas de blessés ni de dégâts. Mais les militants palestiniens ont réussi à franchir des lignes rouge et à mettre deux des plus grandes villes israéliennes sous la pression des sirènes. Et les tirs de roquette de faible portée ne semblent pas se calmer.

 

‘They’re pipes, basically »(« Ce sont pratiquement des tuyaux »)
Commentaire d’un source sécuritaire israélienne commentant le fait que certaines roquettes soient déchargées de leur têtes explosives pour leur permettre d’aller plus loin.

 

Car si le lancement de missiles à plus longue portée semble demander une certaine logistique, les militants palestiniens sont passés maîtres dans l’art de tirer des roquettes à faible portée. Dans les premiers jours de l’offensive, les militants lancent ainsi plus de 500 roquettes par jour en moyenne vers les villes du Sud d’Israël. Comment lutter contre ces engins légers ? Les journalistes de al-Jazeera témoignent que chaque lancement de roquette attire dans les secondes qui suivent un bombardement de l’armée israélienne  Mais ces frappes réactives restent sans effets, les militants palestiniens utilisant des systèmes de mis à feu à distance. Hormis de nombreux assassinats ciblés, les pertes dans les rangs des combattants palestiniens semblent avoir été légères.

Quelques heures après son entrée en guerre et sa première frappe couronnée d’un succès apparent, Israël se retrouve-t-il sans cibles stratégiques d’importance ? Que penser du bombardement deux jours consécutifs d’un immeuble hébergeant la presse, censé abriter un « système de communication du Hamas » ? Ou du bombardement de bâtiments officiels de Gaza, vidés depuis bien longtemps de tout être humain ?

Que faire ?

 

Tir d’interception du système « Iron Dome »

 

Le nouveau système « Iron Dome » affiche des statistiques insolentes. Plus de 90% des roquettes menaçant de toucher des zones habitées sont interceptées, permettant ainsi à Netanyahu de ne pas payer le coût politique de sa guerre. Mais seule une invasion terrestre à grande échelle pourrait faire bouger le statu quo qui commence à s’établir entre les deux adversaires. Et cette invasion aurait un coût politique beaucoup plus lourd.

Netanyahu est-il un lecteur assidu de Clausewitz ?

La guerre, extension de la politique

Quand Clausewitz a affirmé que la guerre n’était que l’extension de la politique, voulait-il parler de petites querelles politiciennes ?

Dès le début de l’offensive, de nombreux analystes se sont interrogés sur l’éventualité de motifs politiques derrière le déclenchement de l’offensive par l’establishment israélien. Netanyahu avait en effet déclaré la tenue d’élections législatives anticipées début octobre, devant se intervenir en janvier 2013. Mais cette thèse a du plomb dans l’aile, la popularité de l’extrême droite étant déjà en forte en hausse avant le début de l’offensive.

Mais qu’en est-il des raisons politiques derrière la décision d’accepter un cessez le feu ? Le magazine Haaretz a effectué un sondage sur l’offensive de Gaza auprès du public israélien :

« Sondage Haaretz : Plus de 90% des juifs israéliens soutiennent la guerre de Gaza. Mais dans le même temps, seulement 30% du public soutient une invasion terrestre. »

En 2006, Ehud Olmert avait payé le prix de sa décision d’envoyer l’armée au Liban pour y détruire les capacités militaires du Hezbollah. Avec l’embourbement de l’armée israélienne, le soutien au gouvernement s’était très vite érodé. Quant à la dernière opération dans la bande de Gaza en 2008 (Opération « Cast Lead »), les résultats politiques de cette aventure guerrière avaient été plus que mitigés pour le gouvernement qui l’avait enclenchée.

Netanyahu a du évaluer le risque politique d’une invasion à Gaza. A-t-il décidé de récolter ses gains militaires et de se retirer avant que les choses ne deviennent plus risquées ?

Élargissons maintenant un peu notre champ de vision et tournons nous vers l’Amérique. En 2008, durant l’opération « Cast Lead », George Bush était aux commandes. L’Amérique avait mis tout son poids derrière la politique israélienne. Elle avait bloqué une tentative de résolution de l’ONU visant à imposer un cessez le feu. Prenant ses fonctions quelques mois plus tard, Obama avait alors eu l’occasion de présenter patte blanche sur ce sujet.

En 2012, les choses ont changés. Obama sort de sa campagne et il vient de prendre ses fonctions. Ses relations avec Netanyahu ne sont pas au beau fixe. Dans un mouvement un peu risqué, celui-ci s’est prononcé pour son opposant : Mitt Romney. Les Etats-Unis vont une fois de plus proclamer leur soutien sans failles à Israël. Mais ils vont aussi rapidement prendre contact avec le nouveau président Égyptien, et appuyer sa tentative de négociation d’une trêve. Celle-ci interviendra finalement avant un vote à l’ONU. Obama a-t-il voulu s’éviter un  veto dévastateur pour sa politique arabe ?

 

Au centre Hesham Qandil, premier ministre égyptien, à droite Ismaël Haniyeh, chef du gouvernement Hamas à Gaza.

Car le printemps Arabe est aussi passé par là.

Durant l’opération « Cast Lead » en 2008, Moubarak avait maintenu un blocus sévère de la bande de Gaza (empêchant même des médecins d’y pénétrer). En 2012, Gaza n’est plus isolée. L’Egypte ouvre ses hôpitaux aux blessés palestiniens. Le premier ministre égyptien visite l’enclave palestinienne dès le troisième jour de l’offensive, suivi de près par le ministre des affaires étrangères Tunisien. Puis c’est au tour d’une délégation de la Ligue Arabe …

Israël pouvait-il se permettre de poursuivre son offensive alors qu’une grande partie de la communauté internationale poussait à la trêve ?

Arrêtons-nous quelques secondes. Ou est passé notre cynisme légendaire ? La nouvelle légitimité des gouvernements égyptiens et tunisiens suffirait-elle à changer la face d’un conflit qui dure depuis presque 60 ans ? Nous pouvons faire mieux.

Creusons un peu plus pour lever un nouveau coin de voile sur les changements régionaux.

Le Hamas change d’orbite

Retour en 2011.

La révolution syrienne vit ses premiers instants. En avril, Abu Dhabi fait passer au régime de Bachar Al Assad un message en provenance des Américains. Ceux-ci proposent au régime syrien une assistance économique et une paix équitable avec Israël en échange d’une rupture du régime avec ses alliés régionaux : Iran et Hezbollah. Le régime refuse. La suite fait partie de l’histoire.

Mais qu’en est-il du Hamas ? Leur a-t-on aussi fait une proposition et ont-ils su ne pas la refuser ?

Au début de la crise syrienne, les leaders du Hamas se font d’abord discrets. Les bureaux à l’étranger du mouvement de résistance palestinien sont en effet à Damas depuis 1999.

En janvier 2012, des rumeurs sur un changement de la tête du bureau politique commencent à se faire entendre. Khaled Meshaal à la tête du mouvement depuis les années 1990 aurait choisi de ne plus se représenter. Des sources internes indiquent que ce choix pourrait être lié à la crise syrienne et à la question du déménagement les bureaux de Damas. Meshaal voyage beaucoup. Ses absences de Damas se font de plus en plus longues.

En février 2012, il annonce qu’il ne retournera pas à Damas avant que la situation sécuritaire soit stabilisée. Il conduira temporairement les affaires du Hamas depuis Doha au Qatar. Cette annonce est faite à la suite d’une nouvelle tentative de réunification palestinienne sous égide Qatarie. Ce nouvel accord signé à Doha avec le Fatah attire des critiques au sein du mouvement, et plus spécialement des dirigeants aux commandes dans la bande de Gaza. La direction politique semble chercher ses marques. Messhaal déclarera même qu’il est prêt à quitter son sponsor iranien si un autre soutien financier est trouvé. Il appellera les syriens à « avancer vers la démocratie et la réforme« .

Abbas et Mechaal à Doha en février 2012.

En avril 2012, la balance semble tourner en faveur de la confirmation de Meshaal à la tête du mouvement. Le résultat des votes des différentes branches du Hamas tendent à valider la stratégie du leader historique. Cette orientation provoque de nombreuses discussions en interne et certaines tensions apparaissent avec sa base et ses alliés historiques. Des leaders du Hezbollah et du Hamas montent alors au créneau assurant que les mouvements de résistance sont en bon termes et que la collaboration continue.

Mais la direction du Hamas en exil semble bel et bien changer d’orbite.

Meshaal toujours en fin de mandat, va entreprendre un déplacement au Caire. Il y sera rejoint par une délégation de la bande de Gaza menée par Ismaël Haniyeh. L’Egypte exerce une attraction de plus en plus forte sur les leaders du mouvement islamique. Depuis la chute de Hosni Moubarak, les frères musulmans, organisation mère du mouvement, sont au pouvoir. Les lignes idéologiques sont convergentes.

Les rencontres au Caire seront qualifiées de « Turning Point ». Meshaal  déclarera :

« Nous somme rentrés dans une nouvelle ère de relations entre la Palestine et l’Egypte, la grande soeur et le leader de la nation arabe »

Des rumeurs font état de déplacement des bureaux du Hamas au Caire. Puis Meshaal affirme qu’il ne se représentera pas à la tête du mouvement malgré de nombreuses pressions en interne et en provenance de divers pays arabes.

Ismaël Haniyeh et Mohammed Mursi

Le 2 octobre 2012, les services de sécurités syriens ferment les bureaux du Hamas à Damas, bureaux inoccupés depuis quelques mois. La télévision syrienne accusera Meshaal d’être « un ingrat et un traître« .

Durant l’offensive israélienne, Hassan Nasrallah, chef politique du Hezbollah, s’exprimera. Il dira sa confiance dans les capacités de la résistance à Gaza et appellera les pays arabes à augmenter le prix du pétrole pour faire pression sur les occidentaux. Il citera aussi un passage du Coran à propos de la générosité de dieu envers les gens reconnaissants. Le Hezbollah fera fuiter des informations dans la presse expliquant que les lignes d’approvisionnement du Hamas sont encore en activité. Des informations fraîchement grillés par les services israéliens mais étonnement précises étant donné leur sensibilité.

 Mursi, en grand gagnant ?

L’annonce du cessez le feu est faite du Caire en conférence de presse commune entre Hillary Clinton et le ministre égyptien des affaires étrangères Mohammed Kamel Amr. Clinton affirmera :

« C’est un moment critique pour la région. Le nouveau gouvernement d’Egypte assume son rôle de responsabilité et de leadership qui a longtemps fait de ce pays une pierre angulaire de la stabilité régionale et de la paix.« 

Obama appellera Mursi.  Il le remerciera « pour ses efforts pour atteindre un cessez le feu solide et pour son rôle de leader dans la négociation d’une proposition de cessez le feu.« . Le président israélien Shimon Peres qualifiera l’intervention du Mursi de « surprise agréable« . Meshaal fera l’éloge du rôle de l’Egypte disant qu’elle avait « traité avec la résistance avec une grande responsabilité et de la façon dont il fallait le faire« .

A gauche : Khaleed Meshaal, dirigeant politique du Hamas; Au centre : Muhammed Mursi, président égyptien.

Coïncidence ?

Le 20 novembre, veille de la déclaration du cessez le feu, le FMI et l’Égypte parviennent à un accord préliminaire concernant un méga-prêt destiné à revitaliser l’économie égyptienne. Le 23, quelques jours à peine après le cessez le feu, Morsi passera un décret et s’accordera des pouvoirs étendus : le président est désormais à l’abri des poursuites judiciaires, ses lois et décrets ne pourront plus êtres contestés, et l’assemblée constitutionnelle ne pourra plus être dissolue.

Une nouvelle étape dans la quête révolutionnaire pour faire disparaître l’ancien régime ? Ou l’émergence d’un nouveau pharaon ?

Et maintenant ?

C’est bien joli d’observer tous ces acteurs qui s’agitent derrière la scène, faisant des pieds et des mains pour tirer la couverture à eux.

Mais que va réellement impliquer ce cessez le feu pour la population de Gaza enfermée dans la plus grande prison à ciel ouvert du monde ? Et que va-t-il impliquer pour le conflit israélo-palestinien en général ?

Les termes de la trêve sont simples :

A l’heure où l’on observe un grand chamboulement dans les alliances et les politiques régionales, tous ces nouveaux acteurs vont-ils avoir la sagesse de donner une réelle chance à la paix ?

Car dans le fond, cette trêve ne résout rien. Le blocus qui étouffe la bande de Gaza demande à être levé. Qu’en sera-t-il de la réconciliation palestinienne mainte fois annoncée, sans cesse repoussée ? Qu’adviendra-t-il des négociations de paix entre Israël et le président de l’autorité palestinienne Mahmoud Abbas, négociations mise au frigo depuis trop longtemps ?

Israël saura-t-il un jour faire l’impasse sur sa politique guerrière pour s’engager dans la voie d’une paix durable et d’une région pacifiée ?

Quelques heures avant d’être assassiné par Israël et que l’escalade se déclenche, Ahmed Jabaari, chef de la branche armée du Hamas avait reçu une proposition de paix à long terme. Cette proposition venait de l’artisan des négociations de libération du soldat Gilat Shalit, l’activiste Gershon Baskin, et elle était soutenue par l’Égypte. Le Hamas cherchait cette trêve depuis longtemps. En témoigne cet article de Haaretz datant de 2009, et dans lequel les leaders du mouvement déclarent ne demander que l’ouverture de Gaza au monde :

« Nous voulons faire partie de la communauté internationale »

Israël a-t-il juste voulu montrer ses muscles une dernière fois, avant d’être contraint de désamorcer un scandale international qui durait depuis trop longtemps ? Lorsque Mahmoud Abbas a menacé de demander une amélioration du statut du représentant des palestiniens à l’ONU, les diplomates israéliens ont averti que le gouvernement pourrait « devenir fou« .

Était-ce de cela qu’il s’agissait ? Devenir fou ? Ou le laisser à penser …

Je vous laisse avec les images d’un des derniers bombardements israélien avant le déclenchement du cessez le feu. Il a touché le stade de Gaza. Ce stade avait été inauguré par Yasser Arafat. Il a été accusé d’avoir été utilisé comme pas de tir pour des roquettes.

Des grosses explosions, au milieu d’un stade, sous l’oeil des caméras.

Du marketing guerrier.

 

 

 

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Source: http://reflets.info/gaza-les-dessous-de-la-treve/


Fin de parti(e)s

Wednesday 21 November 2012 at 18:23

Dimanche dernier, le principal parti de droite a montré publiquement sa faiblesse a dégager une majorité structurée et cohérente en position de construire si ce n’est une alternance, ou du moins, une alternative.

Les observateurs n’ont pas manqué d’observer (c’est leur métier) que ce scrutin intervenait quatre ans, quasiment jour pour jour, après le congrès de Reims qui avait vu une majorité socialiste issue des urnes avec le même score (50,04 %), c’est à dire pas grand chose, lorsque l’on connait les conditions naturelles de vote dans certaines féodalités locales.

C’est donc probablement dans le secret de quelque bureau centralisé du parti que la décision a été prise d’en trancher, pour en finir une bonne fois, dans le sens de la majorité de… l’appareil.

Encore une fois, les médias étrangers se sont gaussés de notre fameuse exception française, à nous de chez nous, les citoyens en ont fait des blagues de bistrot et la république de guingois a repris son chemin en claudiquant des godillots.

On peut se féliciter du respect par la minorité de la règle majoritaire. On peut aussi s’interroger de cette démocratie de joueurs de dés, aux tripatouillages de fond de salle, aux manoeuvres incertaines, voir de bousculades musclées.

On peut seulement espérer que le peuple ne se lasse in fine de déléguer la responsabilité suprême à des camarillas d’opportunité ou même bientôt, pour faire moderne, à des agences de notation finalement en charge des grands enjeux de la nation.

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Source: http://reflets.info/fin-de-parties/