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Ces chiffres qui tuent l’idée d’une sortie de crise et préfigurent les prochaines

Wednesday 24 September 2014 at 18:41

BankruptSpedometer

Comme elle s’annonçait radieuse, l’année 2013… François Hollande l’affirmait haut et fort à Oslo le 10 décembre 2012 : «La crise de la zone euro, je l’ai déjà dit, elle est derrière nous. La Grèce, nous avons enfin apporté les fonds qu’elle attendait. L’Espagne, nous avons permis au secteur bancaire d’être renfloué. L’Italie, même s’il y a une incertitude politique, je suis sûr que les Italiens vont y répondre, comme il convient. Et donc tout ce que nous avons à faire ce n’est plus simplement de sortir de la crise de la zone euro: c’est fait». Ce que François Hollande sous-estimait alors, c’est la capacité du système financier mondial à créer, dès qu’une crise éclate, les fondations de la suivante. L’économie étant une balance à plateaux multiples qui ne s’équilibre jamais, il est aisé d’en faire ressortir un chiffre ou deux qui semblent positifs pour valider telle ou telle théorie. Même la plus farfelue, comme celle d’une sortie de crise. Ou, à l’inverse, celle d’une économie mondiale au bord du gouffre. Démonstration…

Les économistes et commentateurs plus ou moins avisés qui squattent les médias s’époumonent : « il faut de l’austérité » pour sortir de cette crise financière et de celle de la dette des Etats (Européens, mais pas uniquement). Pour autant, la dette des Etats-Unis atteint désormais 17.752 milliards, soit quelque 10.000 milliards de plus qu’il y a dix ans. Il est par ailleurs intéressant de noter que le volume de dollars « réels » en circulation dans le monde atteint à peine 1.200 milliards. Cette position est « tenable » tant que le dollar est considéré comme une valeur refuge. Or plusieurs signes tendent à démontrer que la monnaie américaine n’est plus ce qu’elle était. L’Europe, la Chine, la Russie, incitent à utiliser d’autres monnaies au détriment du dollar. Le gouvernement français appelle quant à lui à utiliser l’euro comme monnaie pour le commerce international en remplacement du dollar.

La dette globale des Etats-Unis, qui comprend l’Etat, les entreprises et les ménages a atteint quant à elle 59.398 milliards de dollars au premier trimestre 2014, selon la Réserve Fédérale. En 1990, ce montant était de 13.500 milliards.

La dette publique mondiale, tous Etats confondus, culminait quant à elle 100.000 milliards de dollars mi-2013, selon les chiffres de la Banque des Règlements Internationaux. Une paille. Ce volume a progressé de 30 milliards de dollars depuis le début de la crise financière en 2007.

Faudrait voir à ne pas trop… dérivés…

Si ces chiffres paraissent astronomiques, que penser de ceux-ci : le montant global de l’exposition des 25 premières banques américaines aux produits dérivés, atteignait 237.000 milliards de dollars fin 2013, selon le département du Trésor Américain. Détail, les actifs de ces 25 banques représentent un tout petit total de 9.400 milliards. Quatre banques sur les 25 détiennent 82% des contrats sur des dérivés (généralement de taux). Sainte Finance, priez pour qu’aucune calamité ne frappe les marchés des dérivés.

Qui a dit « too big to fail » ? Trop grosses pour faire faillite ne veut pas dire qu’elle sont en bonne santé. Dans l’esprit du monde financier et des gouvernements, il s’agit de banques que l’on doit sauver à tout prix. Si elles devaient faire faillite, elles entraîneraient tout le monde dans leur chute, par effet domino. Or, si quelques banques étaient, au début de la crise, « too big to fail », JPMorgan Chase, Bank of America, Citigroup, Wells Fargo, Goldman Sachs et Morgan Stanley ont grossi de… 37% depuis, selon Fortune.

Parole d’expert, la situation reste dangereuse et la possibilité d’une nouvelle crise grave ne doit pas être écartée : selon le dernier rapport annuel de la Banque des Règlements Internationaux, « La tentation de reporter l’ajustement peut s’avérer irrésistible, surtout quand tout semble aller bien et qu’un boom financier saupoudre tout d’une poussière magique de richesses illusoires […] La conséquence est un modèle de croissance qui repose trop sur la dette, à la fois publique et privée, qui au fil du temps sème les germes de sa propre disparition ». Le New York times traduit cet avertissement en des termes moins diplomatiques : « Le monde s’est saoulé avec de l’argent facile et a déjà oublié les leçons de ces dernières années »… L’un des patrons de la Banque Mondiale est quant à lui très direct : « c’est le moment de se préparer pour la prochaine crise ». S’il est au courant de quelque chose, il faudrait en parler aux hommes politiques…

Il faut dire que niveau croissance, la sortie de crise semble encore un peu loin, n’en déplaise à François Hollande. Le produit intérieur brut des Etats-Unis a enregistré une contraction de 2,9% sur un an au premier trimestre de l’année. Dans le même temps, le PIB de l’Union européenne a progressé de seulement 0,2% (les économistes tablaient sur le double). En France, le PIB est resté stable (0%) tandis qu’en Italie, il a reculé de 0,1%. En Grèce, le recul a atteint 2 ,5% et au Portugal, 0,7%.

Pour ce qui est de la finance « heureuse » et « amie », telle que définie aux Rencontres économiques d’Aix-en-Provence par Michel Sapin, qui viendrait « aider » les entreprises françaises à « se financer », il y a encore du travail. Selon la Banque centrale européenne, les crédits au secteur privé en Europe ont baissé de 2,5% sur un an en avril 2014.

Sur le front purement bancaire, en Bulgarie, on a assisté fin juin à « bank run », les clients faisant la queue dans la rue pour retirer leurs fonds. Le cauchemar des banquiers… Avant l’été, au Portugal, le Banco Espirito est en mauvaise posture. Son titre a perdu la moitié de sa valeur en trois semaines avant que sa cotation soit suspendue.

Sur le front des ménages, la situation n’est pas plus rose. En Grèce par exemple, le taux de chômage atteint 26.7 % et 56.8 % pour les jeunes. En Espagne, ce sont 54% des jeunes qui sont au chômage.

En France, quelque 10 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté contre 7 millions en 2004. Dans le même temps, la hausse annuelle des revenus des 0,01% des Français les plus riches a atteint 43 % à un minimum de 840.000 euros. « Les 10 % des Français les plus pauvres n’ont eux connu qu’une augmentation de revenu à la marge. En 2005, ils gagnaient au maximum 13 020 euros par an, en 2011, ils gagnent au maximum 13 070 euros, soit une hausse de 50 euros sur l’année », soulignait Mediapart dans un récent article. Le nombre de foyers bénéficiaires du RSA a quant a lui progressé de 7,9% en deux ans à 2,310 millions en mars 2014.

Qu’on se le dise, la crise est derrière nous. Ou devant. Qui sait ?

Source: http://reflets.info/ces-chiffres-qui-tuent-lidee-dune-sortie-de-crise-et-prefigurent-les-prochaines/


Loi pour le renforcement de la lutte contre le terrorisme : c’était bien la peine

Wednesday 24 September 2014 at 17:11

lolcat-virgins

C’était beau comme les prémices de 2017 avec Marine Le Pen au pouvoir, beau comme une suite de l’ère Sarkozy. Les députés, de gauche à droite unis (à de rares exceptions près) dans une même lutte, celle de la Nation contre la Guerre qui lui est faite. Ils ont voté quasiment comme un seul homme le fameux projet de loi de renforcement de la lutte contre le terrorisme. Tout ça pour, quelques jours après faire rire toute la population de Calais à… Racca avec le plus beau raté de l’histoire policière. Trois djihadistes présumés expulsés de Turquie, dont le beau-frère de Mohamed Merah, qui arrivent en France et ne sont accueillis par personne, alors que le ministère de l’Intérieur avait annoncé à la presse leur arrestation. Pas de bol, en plus de ces loupés, le système de contrôle des passeports était en panne.

Et oui, on veut retirer leurs passeports aux gens, mais le système de contrôle desdits passeports est, selon l’aveu même d’un responsable policier sur France-Info, régulièrement en panne.

Et dire que tous ces députés, tous ces ministres nous assènent depuis des jours que « la France est en guerre« , que « la sécurité nationale » est en jeu, qu’à situation exceptionnelle, il fallait des lois d’exception…. Décidément, la France n’a pas beaucoup évolué depuis l’époque de la Ligne Maginot…

Source: http://reflets.info/loi-pour-le-renfocement-de-la-lutte-contre-le-terrorisme-cetait-bien-la-peine/


Cryptome leak : Giganews et VyprVPN seraient opérés par le FBI

Monday 15 September 2014 at 19:31

fedsVu que la news semble totalement passer sous les radars de la presse spécialisée, et que nous avons ici maintes fois abordé le phénomène, nous allons revenir avec vous sur une fuite, publiée sur Cryptome, un édifiant témoignage d’un ancien insider de Giganews, le service Usenet le plus populaire. Il s’agit d’une véritable petite bombe puisque ce témoignage atteste, documents à l’appui, de la main mise des fédéraux américains sur ce provider qui compte des clients dans le monde entier, même si les gens qui connaissent un peu le milieu le soupçonnaient, sans jusque là en apporter la moindre la preuve.

Derrière certaines plates-formes de téléchargements illicites ou des services VPN vous promettant une sécurisation sans faille de vos données se cachent de véritables pots de miel. Des services de sécurisation des communications en ligne, bien en vue, recommandés unanimement par la presse spécialisée cachent en fait des points de collecte et d’extraction de données particulièrement stratégiques. Vous voulez sécuriser vos échanges ? N’ayez crainte, le FBI s’en occupe.

Data Foundry est un data center d’Austin, Texas, mitoyen du siège de Giganews. Ils font d’ailleurs plus que partager des locaux puisqu’ils partagent aussi leurs administrateurs systèmes et réseaux. Tout a commencé lorsque l’ancien employé a pris l’initiative de retirer du contenu pédo-criminels des serveurs de Giganews. Ce dernier s’est vu reprocher d’avoir interféré dans une enquête en cours par l’un des admins de Giganews / Data Foundry, Philip Molter, qui s’est empressé de restaurer les contenus supprimés… et hop, viré.

Puis, convoqué plus tard dans un obscur bureau du FBI, l’ancien employé de Gigagnews qui témoigne, évoque sa rencontre avec l’agent Scott Kibbey décrit comme étant au centre de toute l’opération Giganews, opérant sur les serveurs Usenet de Giganews, mais aussi de VyprVPN de Goldenfrog, intimement lié à Giganews. Et voici notre ancien employé, viré, puis réintégré sous une nouvelle identité fournie par le FBI.

Le témoignage relate ensuite les possibles collaborations avec des services d’autres pays. La Chine aurait par exemple eu accès aux données de connexion des utilisateurs de VyprVPN… un comble.

L’archive de 18,4mo de documents comprenant mails, badges et documents internes démontrant l’implication des fédéraux dans la surveillance active de Usenet par l’entremise de Giganews est téléchargeable ici.

Giganews serait donc, comme VyprVPN l’un des plus gros honeypot d’Internet. La position de leader de la vente de services sur Usenet de Giganews aurait largement profité aux fédéraux américains ainsi qu’à d’autres agences. Nul doute que d’autres fuites démontreront l’implication active de services dans des sociétés bien connues du marché de la « privacy » en ligne.

De mon côté j’avoue bondir régulièrement quand je vois des sites d’information spécialisés recommander certains de ces « gros » VPN, Korben si tu me lis ;)

D’une manière générale, ne vous fiez pas aux sites de comparatifs de VPN, il s’agit dans leur grande majorité de sites affiliés qui ne portent pas un grand intérêt pour la sécurité de vos communications. Les autres n’ont malheureusement pas toutes les données nécessaires à l’évaluation du risque à confier ses données à ces sociétés.

Usenet et les VPN ne sont pas un cas isolé, nous vous parlerons très probablement bientôt de cyberlockers, de plateformes de Direct Download, qui elles aussi fricotent plus ou moins directement avec des services de renseignement, quand ces dernières ne sont tout simplement pas opérées par ces mêmes services. Le tabou est brisé, et c’est une bonne chose. L’avertissement est lancé, si vous peerez avec Giganews, vous savez maintenant à quoi vous exposez vos utilisateurs.

Giganews :

peer giganews

Data Foundry :

Capture d’écran 2014-09-15 à 19.06.28

Source: http://reflets.info/cryptome-leak-giganews-et-vyprvpn-seraient-operes-par-le-fbi/


(Edito) Le monde ne va pas très bien : basculement de l’histoire ?

Sunday 14 September 2014 at 11:42

terre en feu

C’est une accélération sans précédent de la donne géopolitique mondiale qui vient de s’opérer en quelques mois, poussée en parallèle par de nouveaux événements économiques très alarmants. Tous les voyants sont au rouge, qu’ils soient militaires, politiques, sociaux ou économiques. Prenons cinq minutes pour réfléchir à « l’état du monde ».

Economie : la grande escroquerie ?

La croissance du PIB européen est nulle ou presque. Le chômage augmente, les protections sociales sont amputées, les salaires stagnent ou sont abaissés, la pauvreté augmente, les petites et moyennes entreprises ferment ou licencient, de nombreux gamins des écoles de pays de l’Union partent le ventre vide à l’école pendant que les dirigeants politiques du vieux continent continuent à discuter de la nécessité ou non de continuer les politiques d’austérité budgétaires liées au TSCG (le fameux traité que le « président normal Hollande » promettait de renégocier s’il s’emparait du trône républicain était élu ).

C’est donc un écroulement qui s’opère. Celui du modèle social (capitaliste). Pas celui du néo-libéralisme, qui pour sa part, se porte très bien : les marchés financiers sont tout feu-tout-flamme, le système bancaire s’est très bien redressé grâce à l’aide des Etats sommés de couper les vivres à leurs citoyens, l’argent sur les places financières n’a jamais été si bon marché. Les fonds vautours se jettent sur leurs proies avec délectation, les socio-démocrates d’Europe ont « enfin » compris (?) le TINA néo-libéral menant au dépeçage de ce qu’il reste du modèle social et de la vente massive des structures publiques aux multinationales…

casino

Il faut envisager quand même que les banques européennes peuvent emprunter à 0,05% auprès de la BCE depuis quelques jours : autant dire bénéficier de crédits gratuits. L’euro baisse, ce qui est normal, et cela devrait aider les exportateurs, enfin, pour ceux qui arrivent encore à exporter conséquemment. Mais où passe donc tout cet argent emprunté gratuitement par les banques ? Il reste dans les caisses des dites banques. Pour reconstruire leurs marges. Normal, les banques estiment que le risque est trop grand de prêter…et puis de l’argent gratuit, c’est toujours sympathique, surtout si on en joue une partie sur les marchés.

Aucun plan européen de relance de la croissance digne de ce nom à l’horizon, la fermeture des robinets des dépenses publiques est généralisée : la déflation s’est presque invitée dans la zone euro, et lorsqu’elle sera présente, c’est une spirale économique terrifiante qui débutera.

Bon nombre de décideurs politiques en sont conscients. Vont-ils brusquement réagir et contraindre Berlin dans le sens d’une relance d’urgence ? Justement, le plan de relance européen de 300 milliards d’euros est là, encore au stade de discussion, mais de toutes les manières, pour nombre d’observateurs, il ne sera pas suffisant. Se rappeler le plan de sauvetage des seules banques en 2009, qui atteignit alors 1400 milliards d’euros, entre les garanties d’Etats et le cash « prêté », de plus de 400 milliards.

L’assouplissement monétaire américain qui a tenu sous perfusion une bonne partie de la planète en inondant les marchés de dollars de la FED  arrive en fin de course avec la politique du « taping »…il ne reste pas grand chose pour empêcher le paquebot économique européen de couler, et à sa suite…?

Délires politico-militaires au Proche-orient (et ailleurs)

L’Etat islamique, (ou Daesh en arabe, ISIS en anglais) s’est invité dans le grand jeu stratégique (principalement gazier et pétrolier) proche oriental. Le plus étonnant reste la surprise (feinte ?) des médias et des responsables politiques face à ce raz-de-marée djihadiste pourtant connu depuis 2006, en encore plus particulièrement depuis la récupération du printemps syrien avorté — par les dits  groupes djihadistes, en 2011.

Djihadiste est un bien grand mot pour qualifier une bande de gangsters barbus aux pratiques dignes d’un autre âge, qui violent, pillent, torturent, assassinent, et tiennent des livres de comptabilité avec une grande habileté : 100 millions de dollars de pétrole rentrent dans les caisses de Daesh chaque mois selon les dernières estimations. Sans parler des fonds récupérés dans les établissements bancaires au fil de leur progression. Une grande partie de ce pétrole de contrebande transite par la Turquie : business is business, personne ne trouve rien à y redire.  Face à ces grand tarés sanguinaires du Daesh, Assad et ses sbires en deviennent presque sympathiques fréquentables  : c’est dire.

Daesh-nord-irak

Des mercenaires « djihadistes » de l’Etat islamique autoproclamé dans le nord irak, en juin dernier

Obama attaque donc par les airs, aidé de l’Arabie saoudite — qui a pourtant financé ces groupes depuis le début du « printemps syrien ». La monarchie pétrolière accueillera désormais l’armada américaine. Tout le monde semble parfaitement raccord. Même la France, grande amie de la monarchie du Qatar, principale aide, elle aussi, des groupes djihadistes de la région. La même France qui signe des contrats d’armement avec l’Arabie saoudite dans une real politik qui bat son plein, à la limite du clivage pathologique. Enfin, pas entièrement : l’Etat français a augmenté de 43% ses ventes d’armes en 2013. Il n’est pas difficile, au final, de comprendre la stratégie des affaires étrangères menée par Fabius. Plus on fait des démonstrations belliqueuses, plus on vend : quand les affaires vont bien, tout va bien.

En Ukraine, rien de nouveau. Un avion de ligne [bourré de scientifiques néerlandais] abattu par un missile d’origine russe, et personne ne bronche. La Crimée a basculé côté russe. L’est et le sud de l’Ukraine sont en pleine bataille de type old school avec plein de morts dans les deux camps et une population revenue 70 ans en arrière : aucun problème du côté de l’Union. Ah, si, quelques sanctions économiques européennes et américaines à l’encontre de la Russie. Mais qui finira le plus puni dans cette affaire ?

Quant à la bande de Gaza, bombardée pendant un mois et demi, elle compte ses morts et se demande ce qu’il peut bien encore arriver de pire. La Centrafrique continue de s’auto-massacrer allègrement (discrètement), le Mali est en sursis, la Libye part en quenouilles, la RDC et ses rebelles qui mutilent, violent, assassinent, n’intéresse toujours personne de bien intentionné… Les foyers de violence, de déstructuration des Etats sont si nombreux, qu’ils en donnent le tournis.

Un virus (très mortel) qui décime les Africains : a brave new world…

Ebola est une super saloperie une maladie, hyper angoissante. Si ce virus touchait l’occident, il est certain que des moyens colossaux seraient mis en œuvre pour l’éradiquer. Mais, sur le continent noir, on fait comme si l’épidémie n’était pas si importante que ça, avec des moyens étrangers très réduits, laissant les Etats concernés se débrouiller par eux mêmes, avec des moyens totalement ridicules. Tout en criant au loup via l’OMS, parce que faire peur, c’est quand même à la mode, et toujours une bonne manière de faire faire le dos rond aux citoyens ?

ebola-msf

Photo : MSF

L’aide apportée aux populations africaines est totalement sous-dimensionnée et ne correspond en aucune manière à la gravité de la situation. Certains en viennent à crier au complot, d’autres à un scandale unique dans l’histoire des épidémies : il n’en reste pas moins que les citoyens des pays concernés vivent une situation terrifiante, digne d’un film catastrophe, dans une quasi indifférence. Y-a-t-il un plan mondial pour sauver l’Afrique d’Ebola ? Non. Il faudra expliquer un jour pourquoi — si rien de plus n’est mis en œuvre au niveau international.

 Pays riche(s) en perte de puissance

Si la France n’est pas touchée par les horreurs de la guerre et des épidémies en cours dans plusieurs parties du globe, elle n’en reste pas moins un pays à la population très déprimée et en colère. Une sensation d’écroulement social, économique, politique, voire culturel, partagée par le plus grand nombre. Avec, au delà de la sensation, une partie grandissante de la population française qui souffre véritablement : les inégalités progressent, les problèmes de logement, d’accès au travail rémunéré, aux soins, s’accentuent.

valls-hollande

Face à cette situation, le couple exécutif Hollande-Valls entretient  un statu-quo terriblement destructeur, composé de reniements électoraux doublés d’un adoubement saisissant aux puissances de l’argent. Les deux compères ne cachent même plus leur adéquation au  modèle européen actuel de paupérisation des peuples, soumis au règne des méta-entreprises dont le chiffre d’affaire supérieur au PIB de certaines nations leur permet d’imposer leurs propres règles. Les masques sont véritablement tombés, la corruption des partis de gouvernement est désormais avérée, et elle n’est pas seulement financière, mais aussi— et surtout, idéologique. Un boulevard pourrait s’ouvrir au parti d’extrême droite dirigé par Marine Le Pen, à moins que…?

Redistribution des cartes

Le survol des grands événements de cette année, à l’échelle planétaire, s’ils sont replacés dans un contexte historique long, amène une réflexion sur une « redistribution des cartes » en cours. Les grandes nations, ex-empires coloniaux, ne sont plus en mesure d’assurer leur rôle de leaders mondiaux. Leurs économies s’effondrent lentement mais sûrement, la super-puissance américaine s’essouffle et démontre qu’elle n’est plus en mesure  de conserver son  statut d’antan. La Chine, l’Inde, la Russie ne craignent plus d’affirmer leurs progressions à tous les niveaux : technologique, économique, politique. La grande illusion d’un monde apaisé, ayant comme modèle la société occidentale, le respect des droits de l’homme s’est dissipée : les nations dominantes sont celles qui écrasent les autres dans une compétition économique sans règles, où le plus fort l’emporte.

mondialisation

Cette année a démontré le probable « grand basculement » en cours, vers un monde profondément multilatéral, chaotique, cynique et brutal. Un monde où les Etats anciennement garants de la paix, défenseurs des droits de l’homme, seront des nains à bout de souffle aux populations épuisées et désabusées, refermées sur elles-mêmes, face à des émergents à la progression sans faille. Le tout dominé par les seuls vraies super-puissances du XXIème siècle : les multinationales et les marchés financiers.

Source: http://reflets.info/edito-le-monde-ne-va-pas-tres-bien-basculement-de-lhistoire/


Internet, cet outil de terreur

Saturday 13 September 2014 at 13:28

Cyberpanpanculcul

Cyberpanpanculcul anti-terroriste

Cet été à l’assemblée nationale la commission des lois a adopté un amendement de l’article 323-1 de la loi Godfrain du 5 janvier 1988. La disposition, clairement étiquetée « Police et sécurité : dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme» consacre habilement Internet comme un outil de terreur. Le tout a bien évidemment été proposé en procédure accélérée pour prendre soin d’éviter tout débat. Une loi de police, ça ne se discute pas, c’est pour votre sécurité.
La justification de cet amendement que l’on passe dans le bundle « antiterroriste », c’est … « (…) chaque année des centaines de milliards d’euros de pertes pour les entreprises.»… avec des « centaines de milliards » de préjudice, on peut au bas mot parler de terrorisme économique. C’est amusant car les derniers DSI que j’ai rencontré n’avaient pas franchement l’air terrorisés. Si vous avez vous même croisé un DSI terrorisé, n’hésitez pas, demandez lui de nous écrire un petit mail à cette adresse jesuisvachementcyberterrorisé@reflets.info, nous avons plein de questions à lui poser.

Sur le contenu au final, c’est toujours la même chose. En théorie, tout ceci reste bien soumis à une intrusion. En théorie car le texte ne vient évidemment pas définir la notion d’intrusion dont l’évaluation technique est toujours laissée à la discrétion d’un juge.

Exemple :

« vous avez accédé à la page Facebook de monsieur toto qui assure que sa photo de vacances en tongs est privée même si elle est publiquement visible de tous, et comme il y a une authentification sur la page d’accueil de Facebook alors vous êtes coupable d’une intrusion terroriste et il vous en coûtera 375 000 euros d’amende ».

Petites subtilités cependant, la détention de données « supposées » issues d’un piratage (par exemple trouvée sur Pastebin ou sur une clé USB dans le métro), vous en coûtera elle aussi 375 000 euros d’amende… une peine pour tout et n’importe quoi au moins c’est simple à retenir pour tout le monde… Le copier coller.. c’est 375 000 aussi, l’envoi d’une URL par mail, c’est de la transmission terroriste… paff 375 000 euros. Bref si vous trouvez des données, surtout, ne dites RIEN.

Vous voulez signaler un trou de sécurité sur un .gouv.fr parce que ce dernier n’a pas les budgets nécessaires à sa mise à jour et pisse des données ? Alors pour vous c’est le jackpot… 500 000 euros ! Moralité… surtout on la ferme et on les laisse se démerder. Peu importe si ceci est déjà indexé par des moteurs spécialisés et visible de tous, car le simple fait de faire un ctrl+f pour chercher les occurrences de .gouv.fr dans cette liste est probablement un acte terroriste.

Dernier point, si vous êtes journaliste, vous êtes désormais assimilé terroriste, donc vous pouvez probablement vous asseoir 2 fois sur le secret de vos sources terroristes… Tout va bien.

Mais le problème n’est pas tant sur le fond que sur la forme, une forme qui renvoie irrémédiablement au fond. Pourquoi amender la loi Godfrain dans le cadre de dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme ?

C’est un travail de longue haleine, mais pour se doter de joujoux sympas, encore faut il avoir les outils légaux légitimant l’usage d’outils aujourd’hui interdits. En consacrant Internet comme un outil de terreur, l’exécutif fait un pas de plus vers la légitimation d’outils de surveillance plus massifs, descendant au plus bas de vos échanges. Si Internet est un outil de terreur, alors il convient de l’aborder avec des outils qui tiennent plus du filet dérivant que du casier à langouste.

Les mauvaises langues comme Reflets y voient un dangereux glissement visant à faire accepter dans l’esprit de tous que comme Internet est un outil terroriste, alors il est nécessaire de le placer sous surveillance, ce de la manière la plus large possible. La confidentialité des échanges ne pèse plus lourd quand la loi vous qualifie de terroriste.

Dormez tranquilles, il ne nous reste plus qu’à docilement attendre la criminalisation des outils de chiffrement des communications et d’anonymisation comme Tor.

Source: http://reflets.info/internet-cet-outil-de-terreur/


Bonne question : « Quel avenir pour la souveraineté française en SSI ? »

Friday 12 September 2014 at 17:57

Coq

Le 10 mars 2015 se tiendra à Paris la JSSI 2015 organisée par l’OSSIR. Le thème retenu pour cette année est  « Quel avenir pour la souveraineté française en SSI ?« . L’appel à communications est ouvert. Voilà un sujet passionnant en plein séisme Snowden. Reflets a abordé à plusieurs reprises la thématique stupide du « cloud souverain« . Penchons-nous cette fois, à l’invitation involontaire de l’OSSIR, sur le secteur de la sécurité informatique… Vous allez voir, ce n’est pas triste non plus.

Chaque pays accuse volontiers, à mots couverts ou pas, les fabricants étrangers d’insérer des backdoors dans les solutions de sécurité informatique, dans les routeurs, dans les serveurs. L’attaque contre les méchants chinois est particulièrement prisée ces temps-ci. Mais qu’en est-il de la France ? Les fournisseurs de sécurité informatique se livrent-ils à ce type d’actions ? Pour satisfaire des demandes de services de renseignement ? Difficile à dire. En revanche, il est plus simple de répondre à la question « vaut-il mieux faire appel à un prestataire labellisé made in France ? »

Soyons pragmatiques. Si l’on se place dans une optique paranoïaque face aux révélations des documents d’Edward Snowden, oui, il est préférable d’utiliser des matériels français pour échapper à la curiosité de la NSA. Mais est-ce le seul point à prendre en compte ? Et cela suffit-il ?

La réponse est malheureusement définitivement non.

Le secteur de la sécurité informatique est le plus souvent en France composé de petites et moyennes entreprises. Avec tout ce que cela implique.

Les dirigeants, parfois fondateurs de l’entreprise, prennent un peu trop à coeur la gestion de l’entreprise. Ils s’occupent de tout, y compris de ce qu’ils devraient laisser aux autres. Leur approche est le plus souvent mercantile au mauvais sens du terme. Ils privilégient les revenus plutôt que la technique. L’effort est mis sur l’aspect commercial et marketing au détriment des développeurs, souvent très mal considérés.

Les moyens d’une PME étant ce qu’ils sont, les réponses aux appels d’offres se font parfois sans tenir compte de déficiences des produits. Si l’on ne sait pas faire pour un point ou un autre, il suffit de faire plancher les développeurs dans l’urgence pour palier le manque. Or, un développeur qui doit coder dans l’urgence, ne met pas en haut de sa liste les soucis de sécurité. Paradoxal dans le secteur de la sécurité ? Pas tant que cela.

Très rapidement, ces PME ont besoin d’argent frais et les fonds d’investissement arrivent à la rescousse. Ils apportent dans leur besace des fonds, bien entendu, mais aussi des Monsieur Excel qui vont rogner les coûts, pousser à vendre tout et n’importe quoi, n’importe comment. Ils attendent un retour sur investissement.

Le produit peut alors évoluer au gré des besoins des clients sans cohérence, sans vision long terme. Résultat ? Des produits souvent pas finis, brouillons, avec des problèmes de sécurité, dont le développement est réalisé sur les fonds apportés par une vente ou une autre. Tout le monde a en mémoire le développement de l’Eagle d’Amesys ou du module d’interception « LI » de Qosmos, développés avec les recettes des marchés Libyens et Syriens. Il en va de même, mais avec des clients moins sulfureux, pour certains produits de sécurité. Un gros marché, avec des besoins spécifiques, génère de nouvelles fonctionnalités.

Magie vaudou.

Même si toutes les PME du secteur ne commercent pas avec Kadhafi ou Assad, certaines ne voient pas le mal à aller se promener du côté de Dubaï et à prendre langue avec l’Iran ou d’autres pays franchement fâchés avec le concept des Droits de l’Homme. Tant que ça rapporte…

Par ailleurs, le complexe du petit coq français face à des mastodontes américains, par exemple, peut pousser certaines entreprises de sécurité informatique à se rapprocher dangereusement de grosses sociétés étrangères (souvent américaines, donc) et à leur ouvrir en grand l’accès à leurs petits secrets de fabrication en contrepartie de ce qu’elles perçoivent comme une opportunité financière.  On retombe à ce moment précis sur la problématique du « souverain ». Que vaut alors un produit de sécurité informatique installé dans les grands établissements bancaires ou dans les ministères français si le code, en partie ou en totalité est entre les mains de société connues pour avoir des liens étroits avec la NSA ? Retour à la case départ…

 

Source: http://reflets.info/bonne-question-quel-avenir-pour-la-souverainete-francaise-en-ssi/


Reflets fait sa mue avec l’aide de ses lecteurs

Thursday 11 September 2014 at 14:06

rebuild

Après trois ans et demi d’existence, Reflets a décidé de changer. Changer dans la façon de fonctionner, de publier, d’échanger avec ses lecteurs et des moyens pour y parvenir.

Deux ou trois gus dans un garage qui montent un medium de presse Internet, sans aucuns moyens, et qui font un travail journalistique apprécié, avec des lecteurs qui suivent, c’est possible. La preuve : Reflets a trouvé sa place dans le PMI, (paysage médiatique internetesque), et nous vous en remercions. Sans votre soutien quotidien, nous aurions rangé les claviers. Il n’y a pas de publicité sur Reflets et pas d’autres actionnaires que les deux fondateurs. C’est un média indépendant. Les seuls à même de déterminer la fin ou l’évolution de Reflets, ce sont les lecteurs. En l’occurrence, vous.

Rentrer chez les pro, sans perdre son âme

Lors d’une conférence récente, Benjamin Bayart nous a dit « vous êtes des amateurs. Mais il ne tient qu’à vous de devenir pros« . C’est une critique constructive, et après une courte réflexion, c’est même un très gentil compliment.

Pour pouvoir changer, et parvenir à vous offrir de meilleures publications, plus fouillées, moins foutraques, faire le journalisme que nous aimons, encore mieux, celui que vous plébiscitez, sans devenir pour autant un média formaté, il y a plusieurs critères à remplir. Les deux premiers sont administratifs et ils sont déjà partiellement remplis : nous faisons partie du SPIIL (Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne), et il nous faut désormais obtenir un agrément auprès de la CPPAP (La Commission paritaire des publications et des agences de presse).

Il nous faut aussi plus de temps. Reflets est réalisé sur notre temps libre. Et cela se voit. Il n’y a pas, sur Reflets, de chemin de copie. En clair, pas de relecture croisée. Les quelques auteurs peuvent publier quand ils le souhaitent. Cela a l’avantage de la spontanéité, cela permet une forte réactivité, mais cela pose aussi des soucis. Dans un journal classique, et ça marche très bien depuis des siècles, il y a un chemin de la copie. En clair, la conférence de rédaction permet d’annoncer aux autres ses sujets. Les articles sont ensuite écrits et transmis à plusieurs personnes pour relecture (chef de service et/ou rédacteur en chef, correcteurs, secrétaires de rédaction). Nous n’avons ni les moyens ni l’envie de rigidifier notre processus de mise en ligne, mais le concept de la conférence de rédaction, et d’au moins une relecture par un autre membre de la rédaction, est un point incontournable.

Pour tout cela, il nous faut plus de moyens qu’actuellement.

./Rebuild.sh ModeleEconomique

Nous sommes attachés à nos idées fondatrices : pas de publicité, pas de paywall, pas d’investisseurs. Cela ne change pas.

Nous avions initialement décidé de faire un simple appel aux dons. Même si nous avons clairement trouvé notre « lectorat », qu’il nous est fidèle et qu’il s’investit par des dons épisodiques, notre côté « amateurs » fait que le budget ne sera jamais atteint pour devenir « pros ».

Nous avons déjà des ressources très limitées pour écrire et publier, il n’était donc pas question d’avoir une personne chargée du « marketing » de Reflets. Bilan…, nous n’alertons pas assez nos lecteurs sur la faiblesse des dons enregistrés. Le marketing n’est pas notre métier et nous n’avons pas de temps pour cela.

Le cercle vicieux est donc difficile à briser : pas assez de dons, donc pas assez de temps pour Reflets, donc pas moyen d’améliorer les contenus.

Pour autant, nous avons bien compris le message lors de l’appel aux dons pour le procès en cassation vers lequel nous nous dirigeons : vous êtes solidaires de votre journal.

Nous sommes donc aujourd’hui devant un gué que vous pouvez nous permettre de franchir : celui du financement de Reflets. Un journal qui publie au moins un article par jour, creuse des sujets en toute indépendance, enquête, critique, amène de la réflexion et provoque des débats.

Un journal entièrement financé par ses lecteurs, via des campagnes mensuelles de dons. Vous vous payez votre journal, vous vérifiez l’avancée des dons, vous échangez avec ses journalistes : là est l’indépendance de la presse, celle des origines. Le procédé sera celui de n’importe quel crowd funding : une campagne en début de mois, avec un montant à atteindre dans un temps court. Dès que le montant est atteint, les articles paraissent au rythme annoncé, jusqu’à une nouvelle campagne de dons, trente jours après. Nous avons délibérément choisi le budget le plus serré possible en tenant compte des charges sociales.

De l’autre côté du mur, une personne s’occupera du chemin de la copie évoqué plus haut, organisera les deux conférences de rédaction quotidiennes, rédigera des articles aux côtés des contributeurs habituels.

Par ailleurs, nous souhaitons mettre en place une revue de presse à laquelle vous pouvez vous abonner (colonne de droite des pages). Dans un premier temps, elle concernera les articles traitant des sujets liés à la sécurité informatique, de politique, d’économie…

Et bien entendu, comme c’est votre journal que nous tentons de mettre en place, n’hésitez pas à nous faire part de vos envies en nous écrivant à « redaction@reflets.info« .

Source: http://reflets.info/reflets-fait-sa-mue-avec-laide-de-ses-lecteurs/


Un homme comme les autres (7/7)

Wednesday 10 September 2014 at 20:04

Magritte-Golconde

Jardin du musée Saint Pierre: 15 heures

Martin Siderm était exactement dans la même position que la veille ainsi que le pigeon —que je reconnus à cause d’une tâche sombre qu’il avait autour de l’œil droit. Il me tendit la main, puis reprit les caresses qu’il prodiguait à l’oiseau. Il tourna la tête vers la mienne, souriant.

— “Alors, cette soirée, Monsieur Liderman ?”

Pris au dépourvu, je ne sus pas quoi lui répondre. Il continua.

— “Le jardin vous a plu ?”

J’avalai ma salive.

— “Oui, beaucoup. Mais vous ne m’avez pas facilité la tâche Monsieur Siderm…”

— “Le primordial n’est jamais aisé, le beau est difficile, le laid est rapide et simple à exécuter, vous le savez bien.”

J’opinai du chef dans un signe d’assentiment et me lançai de nouveau, comme la veille :

— “Nous continuons notre entretien ?”

— “ Vous vous doutez bien que non, Monsieur Liderman.”

— “Je m’en doutais un peu. Pour conclure, j’aimerais juste savoir une chose, quelque chose de personnel.”

— “Allez-y.”

— “Malgré toutes les constatations terribles que vous faites, vous avez bien trouvé une solution à votre échelle ? Où vivez-vous, si ce n’est pas indiscret ?”

— “C’est indiscret, mais je vais vous répondre. Je vis dans des montagnes. En Asie. Au Viêt-nam plus précisément. C’est un petit paradis chargé d’histoires, peuplé d’êtres humains tournés vers l’essentiel, un lieu où le lien sacré a été préservé.”

— “Merci de votre réponse.”

— “Ce n’est rien, mais je dois y aller. C’était un plaisir, Monsieur Liderman.”

Il me tendit encore une fois la main, sans se lever. Je lui la serrai et me levai le premier. J’étais triste de partir, sans bien savoir pourquoi. Je fis un dernier salut de la main et tournai les talons. J’avais à peine effectué quelques pas qu’une pensée surgit, pensée qui formulait une dernière question à Martin Siderm et m’obligea à me retourner. Le jardin était désert. Je restai de longues secondes immobiles, chancelant. Il n’y avait personne là où quelques instants auparavant se trouvait mon interlocuteur. Je m’avançai un peu et vis le chapeau. Il était posé sur le banc, pile à l’endroit où son propriétaire était assis. Le pigeon à l’œil tacheté picorait une miette de pain, juste à côté. Je pris le chapeau, m’en coiffai et partis.

Vous vous doutez bien que mon article ne fut jamais proposé à un quelconque journal ou éditeur.

Une semaine après mon entretien je quittai Paris pour le Viêt Nam. Je fus totalement séduit dès ma descente d’avion, et des années ans plus tard, j’y suis toujours. Je vis avec une femme merveilleuse et nous avons 6 enfants.

Ces montagnes sont un refuge pour le corps et l’esprit. J’ai toujours le chapeau de Martin Siderm posé sur un coin du bureau où j’écris. Pour la première fois depuis 20 ans, je retourne en France, demain. J’ai accepté de rencontrer un jeune journaliste qui veut faire son dernier article en forme d’entretien avec un penseur indépendant.

Je lui ai donné rendez-vous au jardin Saint-Pierre à Lyon. J’y serai à 15 heures précises, mon chapeau bien enfoncé sur le crâne.

(Nouvelle écrite au printemps 2004, publiée pour le magazine Reflets en septembre 2014. Yovan Menkevick : CC-BY-NC)

Source: http://reflets.info/un-homme-comme-les-autres-77/


Un politique, ça trompe énormément…

Wednesday 10 September 2014 at 11:45

 

Et oui, nos « élites politiques » sont…comment dire…assez tranquilles, sûrs d’eux, et face aux problèmes concrets des citoyens, et bien, on peut penser qu’ils s’en amusent. Ou bien, sont-ce juste des gens qui n’ont rien d’autre à faire que s’amuser ? Bref, à chacun de se faire une idée et interpréter l’attitude de la Ministre de la Justice, ce matin, dans le studio de France Inter lors d’une question d’un auditeur. Alors que tout est censé vaciller d’un point de vue politique, en ce moment même, en France…

Quand Christiane Taubira oublie qu’elle est… par franceinter

Source: http://reflets.info/un-politique-ca-trompe-enormement/


Canal plus, les gamers et le journalisme…

Wednesday 10 September 2014 at 10:30

canal-gamers

Une chronique , pas très documentée, dans une émission d’infotainment (Le grand journal) sur les gamers qui regardent des gamers jouer, a fait couler des tonnes d’encre. La chroniqueuse émettait des doutes sur l’intérêt de regarder des films de parties de jeux vidéo et s’étonnait de voir le nombre de personnes qui tuaient le temps de cette manière. Catastrophe ! Honte ! De quel droit critiquerait-on un phénomène de société de cette ampleur, une véritable « culture » ? Imbécile de chroniqueuse qui n’a pas mesuré la puissance buzzienne des gens qu’elle critiquait… Et ça n’a pas loupé. Pétition, interventions massives dans les forums et sur les réseaux sociaux, tribunes dans les journaux… Ni une ni deux, Antoine de Caunes s’excuse publiquement. Ouf, force reste aux gamers !

 


Twitch : les excuses du Grand Journal de Canal + par Gameblog

Oui mais non…

Premier point, ces excuses publiques sont un coin dans le journalisme et la liberté d’expression. Personne ne doute du fait que Le grand journal est tout sauf une émission de journalistes, mais tout de même… Accepter de faire des excuses pour une chronique, qui est par nature une prise de position, c’est accepter l’idée que toute personne froissée par un article de ce type recevra les excuses du medium dès la première plainte.

Combien de larmoyantes entreprises arriveront à faire faire des excuses sur la base de cette nouvelle jurisprudence ? Demain le collectif des écouteurs organisera une petite campagne de buzz (avec l’aide de Clai ?) pour demander à ce que Reflets s’excuse de ses articles sur Qosmos, Amesys ou BlueCoat ? Demain, les représentants de l’industrie pharmaceutiques demanderont des excuses publiques au moindre article qui s’attaque à ce lobby ? La frontière entre actionnaires et rédactions de médias est déjà très poreuse, si un simple buzz sur le Net permet d’obtenir ce types d’excuses, l’avenir de la presse est bien sombre.

Deuxième point, cette attaque fait étrangement écho à une campagne répugnante menée aux Etats-Unis ces derniers temps contre les femmes dans le milieu de l’industrie du jeu. Commentatrices, journalistes, développeuses, elles ont subi les attaques les plus abjectes de la part de courageux personnages bien cachés derrière leurs écrans. Menaces de mort, étalage de leur vie sexuelle, tout est bon pour s’attaquer à ces femmes. Courageux comme un warrior de  jeu de guerre.

Ça fout la trouille…

Source: http://reflets.info/canal-plus-les-gamers-et-le-journalisme/