reflets.info

Ce site n'est pas le site officiel.
C'est un blog automatisé qui réplique les articles automatiquement

Si tu peux envoyer des hommes sur la lune avec 4Ko de RAM, tout est possible…

Tuesday 17 December 2013 at 12:52

L’informatique est une science étonnante. Devenue « technologie », elle offre des possibilités incroyables. Nous en voyons les effets directs aujourd’hui avec les révélations des écoutes de la NSA fournies gracieusement par Snowden : écouter l’intégralité de la population planétaire (ou presque), voilà un plan que tous les maîtres du monde en puissance rêvaient de pouvoir mener à bien. C’est chose faite, paraît-il, grâce à l’informatique.

Et il y a encore d’autre possibilité inouïes offertes par les capacités de « computing » que les « zordinateurs » pourraient opérer dans le futur selon les ténors de la Sillicon Valley fondus de BIC, comme uploader le cerveau de quelqu’un dans un disque dur, ou créer un paradis binaire dans lequel les morts pourraient continuer à évoluer.

Whaaaou. Trop cool.

Mais ce que peu de gens connaissent au sujet de l’informatique et touche à son histoire, son évolution au cours du temps, c’est son origine, ses étapes, ses limites. Avec ce type d’informations, on comprend mieux que tout n’est pas aussi limpide que ce qu’on veut bien nous montrer ou nous démontrer. Et c’est là que c’est amusant. Alors comme nous sommes justement ICI pour nous amuser, embarquons un instant dans la machine à remonter le temps…

Une femme crée le premier programme informatique !

Naaaaaaan ! C’est pas possible ! Et si. Alors qu’il y a 90% d’hommes dans le domaine informatique, la première personne au monde à avoir créé un programme est une femme ! Pas possible ! Dingue ! Oui, au XIXème siècle en plus. Ada Lovelace. Sur une machine analytique qui pouvait « procédurer ». Et pour ça, la fille qui bosse avec Babage sur sa machine, invente la notion d’algorithme et pond le premier prog’. Etonnant. Mais vrai.

Dans ses notes, on trouve le premier algorithme publié, destiné à être exécuté par une machine, ce qui fait considérer Ada Lovelace comme une programmeuse, voire « le premier programmeur du monde ». Elle a également entrevu et décrit certaines possibilités offertes par les calculateurs universels, allant bien au-delà du calcul numérique et de ce qu’imaginaient Babbage et ses contemporains.

Source : Wikipédia

Mais tout ça est encore théorique, le véritable zordinateur n’est pas encore né. Mais pas loin.

Des machines à carte perforées : ah ouais ?

Pour les plus âgés du club Reflets©, la carte perforée n’est pas seulement une antiquité du XIXème siècle, et pour preuve, l’auteur de ces lignes en a vu fonctionner dans des abattoirs en 1979, sur les ordinateurs des dits abattoirs. Un rectangle en carton avec des trous carrés dedans. Et une bécane qui la mange, la carte perforée, et qui crache des résultats sur une imprimante à aiguille qui fait crrrrr crrrr crrrrr. Oui, absolument. Mais cette carte perforée a été inventée en France, pour des métiers à tisser mécaniques Jacquard, à Lyon…au XIXème siècle (la machine de Babage s’en sert d’ailleurs). L’ancêtre des ordinateurs binaires est donc un métier à tisser. Ca marchait tellement bien qu’IBM pique la technologie au début du XXème et s’en servira pour plein de choses très utiles (pour certains), comme vendre un système à cartes perforées permettant de ficher les juifs français pendant l’occupation. Avec un numéro unique de…sécurité sociale que le gouvernement de Vichy tenait absolument à mettre en place. C’est fort l’informatique. Plus fort que pas mal de choses. Venons-en à la suite, parce que si les ordinateurs lisent des cartes perforées, on ne parle pas encore d’ordinateur jusqu’àu milieu des années 30. Ce sont surtout des machines mécaniques, avec un traitement binaire, mais pas plus.

Des lampes et des transistors

La seconde guerre mondiale va accélérer un peu les choses, et les premiers ordinateurs vont être construits par l’armée américaine pour calculer des trajectoires  de gros machins qui explosent. Des dizaines d’opérateurs(trices) avec des cables qu’on fiche pour faire des 0 et des 1, le tout avec des lampes qui s’allument et s’éteignent : pas très sexy ni très performant. Il faut dire que la rétention de l’information, soit le 0, soit le 1 passe par ces fameuses lampes. Ca chauffe les lampes, c’est lent, ça ne retient pas grand chose comme information. Bref, le transistor est inventé, un peu avant 1950, au sein du laboratoire Bell. Là, c’est mieux, ça conserve plus l’info, c’est plus petit, c’est le début de l’informatique moderne. Mais vraiment un tout petit peu. Semi-conducteurs, premiers pas dans les langages dans les années 50, premiers circuits imprimés dans les années 60, sur de la bakélite. Ces fameuses années 60 où l’on rêve d’un futur de science-fiction… Mais où l’on a toujours pas d’OS digne de ce nom, ni de multitâche, ni de communication entre ordinateurs :

Les premiers systèmes d’exploitation datent des années 1960. Avec la deuxième génération d’ordinateurs, la gestion des périphériques s’alourdit. Il devint impossible pour un programmeur de concevoir à la fois les logiciels d’application et les logiciels de gestion de la machine. Une distinction s’établit donc entre les applications (programmes de l’utilisateur) et les programmes système (logiciel de gestion des ressources de la machine). Dans une première étape, les logiciels système sont composés de programmes de gestion des entrées-sorties. (…) Dès les années 1970, les systèmes ont permis aux utilisateurs d’accéder aux machines à distance : par l’intermédiaire de terminaux reliés à ces machines par des liaisons téléphoniques, l’utilisateur éloigné pouvait soumettre des lots de travaux ou encore utiliser le temps partagé. (source Wikipedia)

Attention le rêve technologique commence

Comme le présente si bien cet extrait de Wikipedia à propos de l’histoire de l’informatique :

Jusqu’aux années 1980, les ordinateurs recevaient les programmes et les données sur des cartes, des rubans perforés ou des bandes magnétiques. Ils renvoyaient leurs résultats quand ils étaient terminés ou retournaient des messages d’erreur énigmatiques. Il n’y avait pas de possibilité d’interaction pendant l’exécution. Dans cette période, l’informatique s’est surtout développée pour calculer des fonctions en référence à une théorie du calcul ou pour la gestion des entreprises. La question des entrées-sorties est alors vue comme une question secondaire. Le temps compte en tant que durée des processus de calcul, pas comme temps réel. La question de l’interaction s’est d’abord posée dans le contrôle des processus industriels pour lequel le temps compte comme l’instant de la décision. Dans les années 1980 sont apparus de nouveaux types de machines informatiques avec disque dur, écran et clavier. Elles ont d’abord fonctionné en mode « ligne de commande », purement textuel et asynchrone. C’est de cette époque que datent les premiers langages interprétés comme Lisp et Basic. Au lieu d’écrire un programme, l’usager tape une commande qui est exécutée. Il garde le contrôle du processus de calcul et peut tenir compte des résultats précédents pour enchaîner.

Et oui, ça reste un peu light en 1969, puisque les premières bribes du premiers système d’exploitation, Unix, débute en 1973, avec le langage C, sur des grosses bécanes dans une cave de la sécu américaine, tout ça programmé par deux barbus sous lsd. L’informatique, en 1969, c’est donc encore un truc assez lourdingue et assez primaire : les capacités de traitement sont plutôt faibles, et demandent, quand on veut calculer du lourd, des machines qui remplissent un ou deux salons modernes. Mais on peut faire des merveilles, avec peu, surtout aux Etats-Unis. C’est ainsi que la NASA envoie des hommes sur la lune avec des ordinateurs embarqués dans l’espace : trop fort !

En 2009, lors de la célébration des 40 ans cet exploit mondial qui a démontré la suprématie américaine sur son ennemi soviétique, on ne tarit pas d’éloges sur les exploits informatiques d’Appolo 11 : imaginez quand même que deux  ordinateurs embarqués vont assister les astronautes dans leur alunissage ! Sans microprocesseur (le brevet date de 71, déposé par Intel, grâce à un Français d’origine vietnamienne).

Whooooo : trop balèze, matez-moi ça :

461354-un-compagnon-obligatoire-pour-la-conquete-de-l-espace

 

Un exploit technologie ces ordis embarqués de 1969, comme le souligne le journaldunet en 2009 :

Calculer des trajectoires, des distances, des vitesses, actionner des commandes ; l’ordinateur s’impose dans la course à la lune entre les russes et les américains comme une nécessité dès les années 60. Pour la mission Apollo 11, qui le 20 juillet 1969 allait réaliser l’exploit de permettre à un être humain de fouler le sol lunaire, ce sont deux ordinateurs qui sont embarqués, identiques, un sur le module lunaire, un autre sur le module de commande resté en rotation satellitaire autour de la lune.

Chaque ordinateur pèse 32 kilos. Leur puissance CPU est de 1 MHz, pour une RAM s’élevant à 4Ko et une ROM à 36Ko. Une puissance qui ne laissait pas la place à du code superflu, chaque ligne correspondant à une fonction précise.

Mais l’ordinateur a eu un problème pendant la phase d’alunissage. Il a en effet du rebooter et Neil Armstrong a été dans l’obligation d’alunir de manière manuelle dans les derniers instants de la manœuvre, l’appareil se posant finalement à plus de 6 kilomètres de la cible initiale.

Certes, malgré l’exploit technique pour l’époque, et l’interface rudimentaire de la machine, comme l’explique le journaliste, tout ça était quand même très futuriste pour l’époque :

461348-une-interface-rudimentaireOn comprend mieux la difficulté des astronautes avec leur gros gants, dans leur boite de conserve en aluminium (2,5 cm d’épaisseur l’alu) qui tapent sur la calculette pour permettre à la bécane avec 4096 octets de mémoire vive de gérer le soft dans la ROM de 36 Ko qui calcule la trajectoire pour poser l’engin.  On n’en saura pas plus sur la partie réseau de l’affaire puisque les premiers protocoles informatique réseaux sont à peine créés (TCP-IP est défini en 1973 et les premiers ordinateurs qui communiquent entre eux, le font cette même année 1969), mais la NASA a bien le droit d’avoir ses petits secrets. 4096 octets quand même ! Pour écrire un nombre compris entre 0 et 255 dans une adresse IP, par exemple, on bouffe déjà un octet. Genre le chiffre 131, ça fait 10000011. Et hop, un octet de bouffé. Mais à l’époque on optimisait le code, pas comme maintenant.

L’ordinateur de bord, appelé couramment AGC (Apollo Guidance Computer), a étéconçu par un laboratoire du MIT (Massachusetts Institute of Technology) et construit par les entreprises Raytheon et AC Delco. Pour le manipuler, les astronautes disposent d’une interface, appelée DSKY, soit DiSplay/KeYboard.

Chose très surprenante pour l’époque, mais qui demeure toujours un exploit technique 40 ans plus tard, l’AGC avait été conçu pour être multitâche. Il utilisait en effet un système d’exploitation nommé EXEC, qui permettait d’exécuter 8 taches en même temps.

Les commandes étaient entrées dans l’ordinateur par un système de combinaison verbe-nom de manière chiffrée. Il est assez frappant quand on écoute les bandes sonores de l’alunissage d’entendre les astronautes faire référence à ces commandes informatiques lors de leurs communications avec le centre spatial de Houston.

Ils sont forts ces Américains quand même. Très forts.

Mais pourquoi toute cette histoire ?

Pour (dé)montrer plusieurs choses. La première est qu’en 2009, lorsque plein de petits complotistes assez minables tentent de faire chanter la NASA en lui demandant de montrer des preuves du matériel lunaire laissé sur l’astre mort, les vidéos originales d’Armstrong, et bien, la NASA ne se défile pas. Alors qu’elle a des problèmes, parce que toutes les archives originales ont été perdues, et c’est ballot, mais c’est comme ça. Elle donne donc, la NASA, des photos prises par une sonde qui montrent les traces américaines toujours en place sur l’astre lunaire :

lune1Donc, là, franchement, le premier qui vient dire que ce n’est pas clairement établi, il se fout de la gueule du monde, hein ! Et tout ça a été réalisé avec 4 Ko de RAM et 36 Ko de ROM (Pas 32 Ko, mais 36).

Ce qui est donc important à retenir de cette histoire de l’informatique, et des performances américaines grâce à cet outil fantastique qu’est l’informatique, comme envoyer des hommes sur la lune avec 4Ko de mémoire vive, c’est que tout est possible, et que le plus important n’est pas ce que peut réaliser l’Amérique avec cette technologie, mais ce qu’on la voit réaliser. Comme par exemple surveiller les faits et gestes d’un continent. De rapatrier des pétatoctets de données privées à travers les routeurs de service de pays comme la France, sans qu’aucun ingénieur n’y voit que du feu, et qu’aucun problème de trafic ne survienne. Et cet exploit technologique de surveillance globale est prouvé : tout le monde a vu les slides Power Point d’Edward Snowden, y’a donc pas de doute. Parce qu’il est vrai que démontrer cet exploit technologique que sont Prism et compagnies ne mérite pas mieux que des Slide bigarrés, n’est-ce pas ? Comme les preuves des traces des Américains sur la Lune ?

En conclusion : le système panoptique a-t-il besoin de preuves ?

Non, et c’est justement là son principe. Ce qu’il faut pour créer une société panoptique, c’est faire croire, laisser entendre aux personnes qu’elles sont sous surveillance. Pour qu’elles s’auto-censurent. Qu’elles soient leurs propres gardiens de prison. Si vous voyez des caméras de partout, elles peuvent être éteintes. Vous ne pouvez pas le savoir. Mais ce qui est important c’est que vous acceptiez qu’elles puissent être allumées, qu’elles vous observent. Si vous voulez qu’une population planétaire qui commence à s’énerver sur un réseau lui aussi planétaire, n’ose plus contester grand chose, vous lui signifiez qu’elle n’est plus libre sur ce réseau. Que vous avez les moyens de la contrôler, de la surveiller. Que vous savez tout sur elle. Qu’elle est piégée. Que vos moyens sont colossaux. Que vous êtes les plus forts. Et que personne n’ose vous contester ce phénomène. Après tout, vous avez été capable d’envoyer des hommes sur la Lune avec 4Ko de RAM alors que personne n’a réussi à réitérer l’exploit 44 ans après, avec des ordinateurs 10 millions de fois pus performants…

Share and Enjoy

flattr this!

Source: http://reflets.info/si-tu-peux-envoyer-des-hommes-sur-la-lune-avec-4ko-de-ram-tout-est-possible/


#Sotchi : l’appel de #RSF

Saturday 14 December 2013 at 23:45

sochi2014Reflets relaie la mise en garde de Reporters Sans Frontières sur les prochains jeux olympiques d’hiver de Sotchi qui se tiendront en février prochain.

Les journalistes qui couvriront cet événement seront aux première loges pour assister à la mise en place d’un Internet tout pourri dont ils seront victimes, d’une manière ou d’une autre, sans même s’en apercevoir.

Amis journalistes, sortez couverts, et tournez vous vers RSF pour vous informer et vous équiper avant votre voyage.

Chers amis,

Les prochains Jeux olympiques d’hiver, qui se dérouleront à Sotchi en février 2014, verront le déploiement de « l’un des systèmes d’espionnage les plus intrusifs et systématiques de l’histoire des Jeux », a révélé début octobre The Guardian.

D’après des documents recueillis par une équipe de journalistes russes, le Service fédéral de sécurité, le FSB, « prévoit de faire en sorte qu’aucune communication, de la part des concurrents comme des spectateurs, n’échappe à la surveillance ». La surveillance de masse n’est donc pas une discipline réservée à la NSA.

Qu’ils soient militants des droits de l’Homme, professionnels des médias, sportifs ou spectateurs, tous ceux qui se rendront à Sotchi communiqueront à ciel ouvert, au risque de mettre en danger leurs données et leurs contacts et, plus grave encore, leurs sources s’ils viennent pour enquêter.

En Russie, comme aux Etats-Unis ou en France, Reporters sans frontières se bat contre la surveillance et forme journalistes et blogueurs aux moyens de s’en prémunir.

Les équipes de Reporters sans frontières savent comment contourner la surveillance. Nous avons, par exemple, mis en place une série de formations dédiée à l’apprentissage technique de différentes méthodes de protection.

Votre don protège l’information et les journalistes qui la transmettent. Vous aussi, engagez-vous contre la surveillance. Faites un don à Reporters sans frontières.

https://donate.rsf.org/

Merci,

Christophe Deloire
Secrétaire général

Share and Enjoy

flattr this!

Source: http://reflets.info/sotchi-lappel-de-rsf/


Il n’y a plus de crise, mais un problème de compétitivité

Wednesday 11 December 2013 at 13:11

Nous sommes en 2013. Cinq longues années après l’embrasement financier venu d’outre-atlantique. Les banques au bord de l’écroulement se sont vues « refinanciariser » par les Etats, et donc, par les finances publiques : elles vont bien, (les banques, pas les finances publiques) merci à elles. Ces mêmes Etats ont injecté de l’euro à ne plus savoir qu’en faire pour pallier la tempête qui soufflait. Dans la finance et le CAC 40 surtout, l’injection. Au passage, ils vont bien (la finance et le CAC, pas l’euro), eux aussi, merci encore à eux.

Mais les machines à cash de ces mêmes banques se sont ralenties, les marchés publics se sont vus réduits à peau de chagrin, comme les différentes aides publiques. L’austérité a été mise en place partout en Europe, comme en France, contre l’avis des populations, avec même, pour ce dernier pays, un candidat à la présidence qui fustigeait la dite austérité avant de la mettre en place une fois élu.

Francois Hollande, Socialist Party candidate for the 2012 French presidential election waves at the end of a political rally in Le Bourget near Paris

Plus vraiment de croissance, ou si peu. Normal. Logique : il suffit d’aller lire les différents rapports d’instituts économiques (depuis au moins 3 ans) pour savoir que ce serrage de vis budgétaire généralisé était suicidaire. Suicidaire pour l’économie réelle, celle qui permet aux gens d’avoir un travail et de gagner leur vie. Pas pour l’autre, celle qui échange quotidiennement 5 fois le volume d’or existant sur terre.

Même le FMI s’est pris à douter et a dû avouer s’être trompé sur les effets bénéfiques de l’austérité, c’est dire. L’affolement politique de 2008, suivi de la mise en cause des pratiques délétères quasi mafieuses des grandes banques, fonds de pension et autres organisation spéculatives, la problématique des paradis fiscaux qui aspirent les recettes des Etats et les plongent dans une dette artificielle, les destructions sociales doublées de bénéfices gigantesques par les grandes entreprises ; tout ça a été oublié en 2013. Au profit d’un unique facteur (résiduel) de « crise » , la compétitivité !

Génie politique

Il faut un certain génie pour arriver à retourner avec autant d’habileté un problème : le libéralisme débridé, qui a pour but de privatiser tous les pans de la vie en société et de voir l’Etat réduit à une portion congrue, ce libéralisme débridé a trouvé le moyen— après pourtant avoir été accusé de tuer l’économie par ses abus— d’accuser à son tour les victimes de ses propres délits d’être la cause des problèmes économiques. Ce n’est donc plus la financiarisation de l’économie qui est en cause, ni les pratiques ultra spéculatives, mais les salariés qui coûtent trop cher ! Extraordinaire retournement : les voleurs de poule se retrouvent gardiens de poulailler… Salauds de salariés qui plombent les entreprises hexagonales !

competitivite

C’est donc un mot qui est dans toutes les bouches des « décideurs politiques », un mot qui serait en réalité le centre de tous nos maux : la compétitivité. Plus clairement : ce n’est plus la déconnexion des cotations en bourse qui atteignent des sommets, alors que la croissance est autour de zéro, qui pose problème. Ce n’est plus le robinet des prêts fermés par les mêmes banques sauvées par les populations contre leur gré (aux populations) qui freine l’économie. Ce n’est plus, non plus, le retour aux mêmes pratiques des plans sociaux d’entreprises bénéficiaires et de rémunération des actionnaires qui détériore le système social et économique. Ni la désindustrialisation forcenée menée à grands coups de délocalisations.  Non, non. Ce qui pose problème c’est la compétitivité. Mais oui, mais oui… Enfin, ça se discute. Explications.

Fourberie approximative

Le principe de la répétition est connu : vous assénez — chaque jour que le marché fait — que le problème français est celui de la compétitivité des entreprises. De partout, en toute circonstance. Que vous soyez un politique, un économiste, un éditorialiste, un patron des patrons, ou un lobbyiste de groupe industriel, le maître mot est : compétitivité. Seulement ça. Uniquement ça. Tout va aller très bien si on permet aux entreprises françaises d’être C-O-M-P-E-T-I-T-I-V-E-S ! Faut vous le dire comment ? TINA : THERE IS NO ALTERNATIVE !

thatcher

Soit on rend nos entreprises compétitives, soit on crève. C’est comme ça, c’est la mondialisation de l’économie, la concurrence effroyable des méchants asiatiques, des émergents, et il faut s’adapter. En plus, on est le pays qui a le plus de cotisations, pardon, de CHARGES sur les salaires. Donc, vous comprenez bien, ma brave dame, que bon, le reste, là, vos histoires de marchés financiers véreux, de banques qui trichent et fabriquent des produits financiers complexes, d’évasions et de paradis fiscaux, de retraites-chapeau, de plans sociaux de boites qui engrangent des bénéfices gros comme le PIB d’un Etat africain avec des CA équivalents au Portugal, d’un système financier en haute fréquence de type ponzi, c’est pas vraiment le moment, hein.

Parce que chaque intervenant va vous le dire : il y a une reprise ! Oui, une reprise ! La crise est derrière nous, la reprise économique est là, mais on ne la saisit pas, parce qu’on n’est pas…mais oui, vous le savez, allez, un effort : on n’est pas compétitifs ! Voilà.

Un salarié français (qui a payé avec ses impôts de 15%, plus toutes les taxes autour, le renflouement des banques et la politique d’austérité qui permet aux firmes géantes de toujours payer moins de 8% d’impôts, comme pour les grands patrons et autres fortunes françaises), ça coûte cher. Trop cher. Alors qu’un Chinois, un Vietnamien, voire un Bulgare, un Roumain ou même un Allemand, ben ça coûte moins cher. Et c’est plus compétitif. Et là, si demain on arrêtait d’avoir à payer les salariés français avec des cotisations charges sociales pareilles, et bien les profits des entreprises iraient mieux. On n’aurait encore moins de qualité de soin dans les hôpitaux, c’est vrai, il manquerait un peu de cash pour faire tourner les services publics, bon, ok. Parce que les « charges », ça sert un peu à financer la collectivité, un tout petit peu. Mais ce ne serait pas grave, on pourrait tout simplement les privatiser ces services publics (plein de feignants qui en rament pas une, c’est bien connu). Comme les autoroutes, que les Français ont payé durant des décennies, et qui désormais leur ont été volées ont été vendues pour que des entreprises leur fassent payer le prix fort tout en virant un maximum d’employés. Ça, c’est compétitif. Mais regardons de plus près la fameuse compétitivité, en comparaison avec des pays voisins, par exemple.

En Allemagne, ça dump socialement compétitionne fort (mais ailleurs aussi)

Ah, l’Allemagne ! Sa fête de la bière, ses expatriés français qui viennent faire des commentaires élogieux sur leurs salaires d’informaticiens bien meilleurs qu’ici ! Formidable, l’Allemagne. Et surtout : compétitive. Le petit problème des 7 millions de salariés pauvres en mini-jobs à 400€, pour cause de salaire minimum inexistant a déjà été abordé sur Reflets. On pourrait parler aussi des 25% d’Allemands qui n’ont pas de vrai emploi, ni de vrai salaire. Mais les cotisations charges ? Comment sont-elles, les charges, en Allemagne ? Et bien, elles ne sont pas toujours moins importantes qu’en France. Alors ça, c’est un coup dur quand même. Ils sont plus compétitifs, mais ils n’ont pas tout le temps moins de charges ? Ben oui. Tout dépend des secteurs, mais ça se vaut souvent entre France et Allemagne niveau « charges ». Petit exemple (source : eurostat) :

cout-salaires-fr-all

Alors, admettons qu’ils sont plus compétitifs en Allemagne que chez nous. Ils peuvent un peu moins « charger » certains salaires, surtout les hauts en réalité. Et d’autres non, comme les salariés avec un salaire de 1500€ ou moins. Il y a même 13,2 points d’écarts en « faveur » des charges françaises pour les salariés au Smic comparées aux allemandes. Mais comment font-ils alors ? Cela mériterait un article entier, mais chacun aura compris que ce n’est pas le coût des charges sur le  travail dans lequel réside la fameuse compétitivité allemande.

La question est surtout : qu’ont-ils en retour, les Allemands ? Pas les entreprises allemandes, qui elles vont très bien (encore merci pour elles), mais la population dans son ensemble ? Et bien, ils commencent à avoir un système public tout pourri. Ça marche de moins en moins bien. Le rail déconne, les routes aussi, comme les crèches, et pas mal d’autres services publics qui commencent à manquer carrément de moyens. C’est très ballot ça : plein de cash qui rentre dans des entreprises super compétitives et un pays qui commence à ne plus pouvoir s’occuper de ses vieux, et se voit obligé d’importer des tombereaux de travailleurs immigrés parce que les Allemandes ne veulent plus faire qu’un enfant virgule cinq ou six. Faut dire que niveau « aide à la famille » et structures pour les petits allemands, c’est un peu cheap chez les super-compétitifs d’outre-rhin.. Sachant que la fameuse compétitivité- dumping social généralisée de l’Allemagne ne va pas durer longtemps, selon de nombreux observateurs, qui craignent que socialement ça coince un peu sous quelques années.

Et puis nos concurrents asiatiques ont fortement l’intention de nous bouffer tout cru, en ayant opéré les transferts de technologies nécessaires pour arrêter de nous acheter ce qu’ils vont bientôt nous vendre. Sans oublier que nous avons désindustrialisé la France à la vitesse grand V, particulièrement ces 10 dernières années. En montant des usines en Asie, pour être plus compétitifs, ah, ah ! La vie est décidément cruelle dans le joyeux monde libéral mondialisé…

La crise, c’est fini , hein !

Récapitulons donc : un seul pays en Europe, l’Allemagne, n’est pas trop par terre d’un point de vue macro-économique, mais son taux de chômage est totalement fabriqué, avec une part de population énorme dans une précarité et une pauvreté digne des pays émergents. Ce même pays a baissé sa dette et ses déficits publics en arrêtant d’investir correctement dans ses infrastructures, ce qui est un signe très inquiétant pour son avenir. Le reste des pays européens rame avec un chômage dramatique, une économie atone dans un contexte international toujours aussi pourri : spéculation à tous les étages, blanchiment et évasion fiscale dans les paradis fiscaux, banques frileuses qui n’ont rien changé de leurs pratiques et investissements publics quasi nuls des Etats qui continuent à pratiquer l’austérité. Cette photographie très simplifiée (mais réelle) de la situation économique, financière et sociale française, démontre quand même une chose : la « crise », en réalité, est plus que jamais là, elle est peut-être même parvenue au stade tant redouté de « systémique », et comme ceux qui l’ont déclenchée sont les mêmes qui viennent nous donner les solutions et sont aux commandes, il y a fort à parier que nous serons compétitifs dans quelques années : comme les Allemands, ou les Hongrois. Quelqu’un a quelque chose contre les Hongrois ? Leur président est un facho qui ne respecte pas la liberté de la presse ? Et alors ? En attendant, son pays, lui, va bien. Et ses entreprises sont compétitives. Et ça, c’est essentiel. Et puis n’oublions pas nos amis américains qui vont bien mieux niveau économie en injectant quand même 85 milliards d’US € tous les mois depuis pas mal de temps.

Avec tout ça, vous comprenez bien que l’unique problème de l’économie française c’est la COMPETITIVITE.

Faut leur dire comment ?

Share and Enjoy

flattr this!

Source: http://reflets.info/il-ny-a-plus-de-crise-mais-un-probleme-de-competitivite/


Le saviez-vous ? Le Bitcoin va disparaître…

Tuesday 10 December 2013 at 23:29

bitcoin

C’est toujours un peu triste d’annoncer la fin de quelque chose d’intéressant et d’utile. Mais le monde est ce qu’il est. En attendant que les citoyens décident de le changer, il restera ainsi. Le Bitcoin est une monnaie « virtuelle ». De l’argent liquide électronique pour être un peu plus précis. Qu’on le veuille ou non, il y là création de monnaie par d’autres que les banques centrales. Parmi les prérogatives desdites banques centrales, il y a la création de monnaie, bien entendu, mais aussi, le contrôle de la masse monétaire en circulation. Dans les deux cas, le Bitcoin est un grain de sable dans les rouages. Il est dès lors assez logique de déduire que lorsque les banques centrales siffleront la fin de la récré, le Bitcoin deviendra du jour au lendemain « inconvertible ». En d’autres termes, ceux qui en détiendront n’auront que leurs yeux pour pleurer. Au mieux, ils pourront continuer à jouer à la marchande entre eux en décidant que leur monnaie est valable pour leurs échanges. Mais elle sera inconvertible dans d’autres monnaies traditionnelles.

Les découvreurs permanents de nouveautés sur le Net, ils sont nombreux, pensent que le Bitcoin est une première.

Raté.

Pour ceux qui s’en souviennent, Digicash avait déjà reproduit le concept d’argent liquide sur le réseau. C’était une variante du Bitcoin. Les autorités ont dit stop très tôt. Digicash n’a pas décollé.

Un expert vient par ailleurs de montrer la puissance de son pouvoir de réflexion dans l’une de ces réunions où l’auto-congratulation prend le pas sur la pensée :

 

bitcoin-kawazaki

Goldman Sachs se contrefout du Bitcoin. Les banques centrales, moins.

Tentons de jouer au marabout qui lit l’avenir…

Dans un avenir plus ou moins proche, les banques centrales vont estimer que la masse monétaire représentée par le Bitcoin (aujourd’hui environ 8,5milliards d’euros) est trop importante et fausse leur mesure de la masse monétaire ou son contrôle. Elles décideront alors de manière concertée que le Bitcoin ne vaut plus rien. Et toutes les institutions financières seront contraintes de ne plus convertir cette devise.

Deux inconnues dans cette équation. La date et le volume (le montant) qui fera tiquer les banques centrales. En d’autres termes, plus le Bitcoin a une valeur élevée, plus le risque est grand qu’il ne vaille plus rien.

Notez également, c’est notre côté conspirationniste, que les banques ne tiquent que moyennement sur l’usage de l’argent « liquide » « réel », c’est à dire anonyme, en ce sens que si fraude, il y a,  elles se sucrent au passage. Avec le Bitcoin, moins. Et ça, les banques n’aiment pas trop. Encore un mauvais point pour la monnaie du Net.

Share and Enjoy

flattr this!

Source: http://reflets.info/le-saviez-vous-le-bitcoin-va-disparaitre/


Quand Gattaz, président du Medef, craint de voir le chômage baisser…

Tuesday 10 December 2013 at 09:56

MàJ : [Billet humeur-humour #lulz -> attention, ceci est un billet court type news, brève, satirique, basé sur une erreur d'un interlocuteur pratiquant la langue de bois, un "puissant" qui commet à la radio une erreur de type "lapsus" (utiliser un mot pour un autre qui peut laisser penser que la pensée de son auteur est autre que ce qu'il énonce). Les ? indiquent aux lecteurs que ce n'est pas tranché, tout comme l'utilisation des conditionnels qui soulignent l'aspect de possibilité de la pensée de Gattaz.]

Comme il est amusant de surprendre un grand patron, qui plus est lorsqu’il est patron des patrons, livrer en direct le fond de sa pensée ! De voir aussi les journalistes autour de lui boire ses paroles au point de ne rien relever de ce que l’on pourrait appeler un superbe lapsus révélateur ? Il n’en reste pas moins que cette archive sonore issue du 7/9 de France Inter du 10 décembre 2013 méritera d’être repassée en boucle dans quelques années pour bien comprendre ce qu’il se passe en réalité aujourd’hui.

Gataz

Ce n’est peut être pas la « compétitivité » des entreprises qui nous enfonce dans une grande précarité sociale, mais plutôt des grands patrons qui craignent de voir le chômage baisser. Parce qu’avec un chômage très haut, on peut faire passer tous les moins disant sociaux de la terre. Et faire trimer des hordes de gens apeurés de ne plus avoir de job. Si le chômage baissait, ils seraient peut-être bien en position moins forte tous ces grands patrons qui manquent de compétitivité, non ?

 

On dit merci qui ?

<script type="text/javascript"> jQuery(document).ready(function($) { $('#wp_mep_1').mediaelementplayer({ m:1 ,features: ['playpause','current','progress','duration','volume','tracks','fullscreen'] ,audioWidth:400,audioHeight:30 }); });

L’émission interactive de France Inter avec Pierre Gattaz dans son intégralité : http://www.franceinter.fr/emission-interactiv-avec-pierre-gattaz

 

Share and Enjoy

flattr this!

Source: http://reflets.info/quand-gattaz-president-du-medef-craint-de-voir-le-chomage-baisser/


cat-packet-inspectorCe week-end, sur son blog dédié à la sécurité, Google a publié une note qui n’a pas manqué d’attirer l’attention de toute la communauté de la sécurité informatique hexagonale. Dans son billet, Google explique qu’un faux certificat x509 a été signé par l’administration française, dépendante de l’ANSSI (l’autorité de certification O=IGC/A). Le raccourcis a été vite fait par certains : « l‘ANSSI aurait lancé une attaque par MITM contre les services Google » (NDLR : dans le but d’intercepter des données…). Google affirme avoir découvert ce qu’il considère plus ou moins explicitement comme une attaque sur ses services et avoir bloqué ce certificat en le révoquant dans une mise à jour de son navigateur Chrome.

« This incident represents a serious breach and demonstrates why Certificate Transparency, which we developed in 2011 and have been advocating for since, is so critical. »

Alors on respire un grand coup…

Loin d’alimenter la polémique sur l’ANSSI, nous allons porter un autre regard, car l’examen des faits prouve qu’on est quand même assez loin d’Aurora. Le communiqué laconique de l’ANSSI n’a pas franchement suffit à calmer les esprits, les gens de l’ANSSI ne sont pas des personnes de discours, on ne les blâmera certainement pas pour ça. Mais avant de crier au loup, il faut commencer par s’interroger sur les prérogatives de l’ANSSI. L’ANSSI, c’est les « gentils », pas les barbouzes. L’agence a pour mission de préserver les intérêts français sur le terrain de la sécurité informatique. Si la Loi de Programmation Militaire 2013 prévoit une extension de ses pouvoirs, outre le fait que c’est un peu tôt pour qu’elle se mette à l’interception administrative de grande envergure, l’ANSSI reste aujourd’hui concentrée sur la défense des systèmes d’information : sécurisation des réseaux des administrations et des organismes d’importance vitale de la Nation (administrations ou sociétés privées)… et non sur l’interception massive des communications des citoyens français, ni même dans l’espionnage des sociétés américaines… ça c’est plutôt le genre de choses que ferait la DGSE si ceci était jugé nécessaire. L’ANSSI n’a, à notre connaissance, aucune prérogative liée à l’intelligence économique extérieure qui justifierait une attaque par Man In The Middle sur SSL/TLS explicitement dirigée contre Google ou toute autre société.

Le doigt que tout le monde regarde

Le certificat en question aurait, selon l’ANSSI, été généré pour inspecter le trafic, sur le réseau privé de la DG Trésor rattachée à Bercy, en toute connaissance des utilisateurs de ce réseau, peu de chances donc que Bercy n’ait pas été informé ou que le ministère ait laissé jouer la DG Trésor avec les certificats x509 du MINEFI toute seule. Toute déclaration contraire de Bercy serait assez surprenante.

Ce dispositif, déployé sur un réseau privé sensible, vise à prévenir des fuites d’informations, des fuites qui ont déjà eu lieu, par deux fois, ces 4 dernières années et dans des proportions jugées très inquiétantes.

Bercy utilise des appliances NetAsq (obligation légale, NetAsq étant une société française), et c’est probablement le matériel auquel l’ANSSI fait allusion quand elle déclare à Google

 « the intermediate CA certificate was used in a commercial device »

Ces appliances servent, entre autres, à sécuriser les communications entre Bercy et les différents services économiques à l’étranger qui lui sont rattachés.

La réalité est donc tout de suite moins fantasmagorique, peut-être un peu plus drôle aussi. Cette histoire sent à plein nez la boulette humaine qui révèle surtout quelque chose de très inquiétant de la part de notre big brother américain préféré… Google.

Les administrateurs de la DG Trésor (localisé à Bruxelles, dans les bureaux d’Ubifrance) voulaient faire du Man In The Middle sur ces boitiers NetAsq pour décoder les flux HTTPS et filtrer les sites indésirables tels que Gmail et d’autres car non contrôlés, parmi lesquels Yahoo ou encore Hotmail. Le but était fort probablement de bloquer les webmails pour éviter que des malwares infiltrent le réseau de Bercy comme cela a pu arriver plusieurs fois par le passé et également permettre à l’antivirus intégré du NetAsq de vérifier les flux autorisés. Ce dispositif trouve donc une légitimité et on croit volontiers l’ANSSI quand elle répond à Google que ceci n’a pas été fait dans le dos des utilisateurs de ce réseau privé.

En pleine loi de programmation militaire qui vient réformer les interceptions administratives, l’affaire a naturellement fait couler pas mal de pixels. Evidemment, comme c’est souvent le cas, on a tout de suite tendance à regarder le doigt qui pointe la lune. Et la lune, sur ce coup, ce n’est pas l’ANSSI, ce n’est pas la DG Trésor ou Bercy, mais bien Google.

On peut tout à fait légitimement se poser des questions sur l’influence croissante de  l’ANSSI sur les ministères : question à double tranchant car il est indéniable que l’ANSSI apporte beaucoup en matière de sécurité, un rôle qui lui sied parfaitement si toutefois elle s’y cantonne… L’insistance de l’ANSSI à pousser l’article 13 de la Loi de Programmation Militaire est lui plus inquiétant, on peut redouter des dérapages. Mais sur cette affaire, il n’y a pas de dérapage à proprement parler, juste une « boulette » bien humaine, et elle n’émane pas de l’ANSSI, mais de la DG Trésor et de Bercy qui était parfaitement au courant.

Mais comme nous vous l’expliquions, cette « boulette » a le mérite de mettre en lumière quelque chose de beaucoup… beaucoup plus inquiétant.

La Lune… que personne ne regarde

La véritable question à se poser, c’est bien comment Google a t-il pu se rendre compte de cet incident. Le navigateur des utilisateurs remonte t-il des informations sur les certificats qu’il rencontre à Google sans que ces derniers n’en sachent rien ? La question mérite d’être posée car ce n’est certainement pas avec les explications du billet de Google que l’on peut avoir un début de réponse sur la question.

Mais il y a encore bien plus préoccupant : comme nous l’expliquions plus haut, le réseau de la DG Tresor est sous haute surveillance. En aucun cas, Chrome, le navigateur de Google n’y est utilisé… en AUCUN CAS. Il n’y a pas de possibilité de l’utiliser, un dispositif y veille. Ce seul élément devrait éveiller l’attention de l’ANSSI et n’aura probablement pas manqué de le faire. Impossible donc pour Google d’arguer que cette détection a été rendue possible par son implémentation du Public Key Pinning dans Chrome (à partir de la version 13). La réponse est donc fort probablement ailleurs.

Toujours est-il que nous n’en saurons surement pas beaucoup plus. L’ANSSI dit plancher sur de nouvelles procédures pour que l’incident ne se reproduise pas. Elle ira probablement tirer quelques oreilles à Bercy aka « onsavépa », et surtout à la DG Trésor où on a visiblement pris quelques libertés avec les procédures.

Une autre partie de ses investigations devraient se porter sur Google, qui en sait décidément un peu trop sur les dessous de la princesse.

Share and Enjoy

flattr this!

Source: http://reflets.info/mitm-de-google-par-l-anssi-la-theorie-du-doigt-qui-pointait-la-lune/


assises2 Quelqu’un a croisé quelqu’un qui a eu le courage de poser ses fesses sur les sièges du Théâtre des Variétés, le mardi 3 décembre? Désolé, moi j’avais piscine. Ce jour-là, pourtant, il y avait du beau monde pour un programme alléchant: les 6èmes « Assises du Numérique », organisé par le CNN, le Conseil national machinchose créé par l’ancien président pour amuser la galerie. J’ai vainement essayé de trouver des dépêches, des papiers ou des billets sur ce truc. Même Zdnet, « partenaire de l’évènement », a publié une bafouille la veille, mais rien de concret depuis. Excusez-les, ils doivent encore être en train de lustrer les rotatives. Faut être patient.

Pourtant, elles étaient placées sous de bonnes étoiles, ces Assises. Ou alors faudrait-il dire Grande messe, car le tout était « sous le haut patronage » de plein de monde vachement important… Le Président Hollande himself, Neelie Kroes, Archevêque européenne à la « Stratégie Digitale », Fioraso, archiprêtre du centre Minatec de Grenoble et accessoirement sous-ministre à la Recherche, mais aussi Montebourg, pasteur en chef du Made in France et d’autres ecclésiastiques bien en cour. Ne manquait que Fleur Pellerin, la sacristin chargée de l’économie numérique, qui devait être prise à faire ses ablutions.

assises1Sans avoir assisté aux ébats, quelques tables rondes méritaient le détour. Par exemple, celle titrée «Fiscalité Numérique, comment favoriser l’innovation ?»

Le 30 octobre, le Canard Enchaîné nous apprenait que de vaillants députés tentaient de faire sauter quelques verrous sur l’optimisation fiscale, qui permet à de grands groupes d’échapper à une grande part de l’impôt qu’ils devraient payer grâce à de savants montages au sein même de l’Union européenne. Le quotidien Les Échos, un peu plus tard à la mi-novembre, confirmait que la prochaine loi de finances serait intraitable avec ces margoulins. Selon la mission d’information sur l’optimisation fiscale des entreprises, publié en juillet par le député PS Pierre-Alain Muet, « les cinq grandes entreprises mondiales du numérique (Google, Amazon, Facebook, Microsoft et Apple), qui feraient au total 8 milliards d’euros de chiffre d’affaires en France, y payent 37 millions d’euros d’impôt sur les sociétés au lieu de 800 millions ».

C’est bien beau, mais les lobbys restent tapis dans l’ombre. Le débat sur la fiscalité aux Assises annonçait la couleur:

Le numérique français ne se développe pas à la vitesse de celui de ses concurrents européens et mondiaux. Selon certaines analyses, la fiscalité actuelle en est partiellement responsable ! [sic] Sur un marché par nature mondialisé où la concurrence fiscale régie le bas de bilan de nos entreprises, quelles sont les propositions qui permettraient de remédier à la situation de relative faiblesse concurrentielle de la France dont certains s’évertuent à le crier à tort ou à raison ?

La personne qui animait ce débat, c’est un certain Guillaume Buffet. Un « net-entrepreneur » qui préside « Renaissance numérique ». Ce machin se présente comme « think tank » pour la galerie, mais c’est un vulgaire groupe de pression à l’ancienne. Lobby qui compte Google, Yahoo, Microsoft ou Viadeo (un des concurrents français du géant Facebook) dans son club des fans. Bref, la loi de finances 2014 n’est pas encore prête à faire vaciller les géants du Net dans leurs petites acrobaties fiscales.

assises3

Ce même symposium, pourtant préparé en pleine affaire Snowden, prévoyait aussi de réhabiliter les « Big Data », surnom donnée aux métadonnées collectées à tout-va par les charognards de la vie privée pour fourguer aux internautes des pubs chirurgicales — et pour servir d’os à ronger aux services répressifs comme on l’apprend tous les jours. L’atelier est intitulé, sans rire, « Big Data is Beautiful ! » Le tout orchestré par Medhi Benchoufi, présenté comme un mathématicien et co-fondateur d’un autre think-tank converti à la même religion en « ique », le Club Jade. La chose est ainsi présentée:

Les quantités de données générées chaque jour sont colossales. Dépassent parfois notre propre imaginaire. Des quantités qui constituent un trésor pour l’analyse de phénomènes complexes, l’opinion, le marketing, le life science, le croisement de calculs scientifiques… (…) Big Data où comment retirer « l’essence » du monde de données qui nous entourent : deviendra t’il le nouveau carburant de l’industrie du 21ème siècle ! »

Aucune allusion aux effets collatéraux de ce big marché — l’espionnage à grande échelle de ces même « grosses données » par les services de renseignement. Pourtant, comme intervenants à cette table ronde, il y avait du lourd:

  • Un grand cabinet d’avocats — non, pas des avocats spécialisés en droit public ou constitutionnel, mais des avocats d’affaires, dont une belle brochette spécialisés à défendre les petites et grosses boites du secteur;
  • Marielle GalloMarielle Gallo, députée européenne [ci-contre], taxée de « Spécialiste du Numérique » dans le programme, mais plutôt connue pour prêter le flanc au même lobby des Big Data, notamment lors des débats autour du nouveau règlement sur la protection des données; salué en ce sens par la Quadrature du Net, et auréolé d’un magnifique Prix Orwell en juin dernier;
  • Et enfin, dans le rôle de l’alibi « citoyen », le lubrificateur en chef de cette foire aux données intimes sacrifiées sur l’autel du big business, un représentant de la CNIL, rebaptisée Commission de notification des irrégularités liberticides, qui s’est dotée en 2011 d’un truc genre « think tank » dédié à la Prospective et à l’innovation pour mieux nous faire avaler la pilule (cf le chapitre 9 du bouquin « Attentifs ensemble » paru à La Découverte).

Au passage, rappelons que le laboratoire à idées cité plus haut, Renaissance numérique, milite — pardon, « s’interroge » — contre le « droit à l’oubli », qui obligerait les marchands d’identités à effacer toute trace d’une personne qui en ferait la demande.

Et, dernière pantalonnade, Renaissance numérique, tout comme le vaisseau amiral de la confrérie, l’ASIC (Association des services internet communautaires — c’est à dire Google, Facebook, Microsoft, Ebay, Dailymotion/Orange…), se répand en communiqués rageurs pour critiquer la prochaine loi de programmation militaire, qui prévoit de légaliser le chapardage systématique des métadonnées. (Ici la fausse pudeur de RN, et là la bafouille démago de l’ASIC). J’attends avec impatience les comptes-rendus détaillés de ces « Assises » pour apaiser mes craintes.

Share and Enjoy

flattr this!

Source: http://reflets.info/restez-assis-lobby-big-data/


berurier_noir_porcherie
En voilà un exercice difficile… Reflets aime Arrêt sur Images. Nous relayons souvent leurs articles. Nous pensons qu’ils font un travail salutaire de critique du secteur de la presse. Un exercice auquel nous nous livrons également de temps en temps. Alors, dire que Arrêt sur Images a fait un truc pas très sympa, c’est compliqué.

Mais nécessaire. Pourquoi ? Parce que relier de près ou de loin Reflets ou l’un de ses contributeurs  à Alain Soral ou Fdesouche, c’est à peu près le pire qui puisse nous arriver.

Les idées d’Alain Soral et de Fdesouche sont à plusieurs milliards d’années lumières de celles de l’équipe de Reflets.

Fabrice Epelboin a participé à l’émission 14:42 d’@si, PCInpact et Jean-Marc Manach. Tous des amis de Reflets

Dans cette émission, Jean-Marc pose une question à Fabrice Epelboin sur un « appel d’offres » de l’Union Européenne pour la mise en place d’une « troll patrol » visant à contrecarrer les eurosceptiques sur le Net. Fabrice, comme toute personne interrogée dans une émission ou un reportage de télévision a dû résumer en quelques minutes un sujet qui mérite des heures d’explications. Il y a donc dans la question de Jean-Marc et dans la réponse de Fabrice une approximation. Il n’y a pas d’appel d’offres de l’Union Européenne. Mais des dépenses pour contrecarrer les eurosceptiques. Cette approximation a chagriné @si et Reflets s’en est expliqué ce matin avec Daniel Schneidermann au téléphone.

Les explications de Daniel Schneidermann sont légitimes. Notre amertume à être assimilés (dans la première version de l’article au moins) aux fascistes, l’est aussi.

On peut comprendre qu’@si qui critique parfois l’approximation de la presse veuille faire son auto-critique si cela est nécessaire. En revanche, que la critique ne porte que sur Fabrice, avec un article relativement long qui lui est dédié, c’est peut-être un peu trop. Ce qui fait mal, c’est l’amalgame que le lecteur de l’article initial (il a été modifié depuis) ne manque pas de faire entre complotistes, eurosceptiques, extrême droite (Alain Soral  et Fdesouche), Fabrice Epelboin et Reflets.

Pour être précis, citons quelques passages de l’article d’@si :

On a cherché à en savoir plus. Epelboin s’appuie notamment sur un article du Telegraph de février 2013. Problème : en lisant l’article, il n’est pas question d’un appel d’offres mais de documents confidentiels qui indiqueraient qu’une partie du budget de communication du parlement européen pourrait être consacrée à des « outils de suivi de l’opinion publique ». En clair, de la simple veille sur les réseaux sociaux pour repérer les sujets qui montent et ensuite orienter la communication du parlement européen. Une communication officielle qui passe notamment sur les réseaux sociaux. Mais de quelle manière ? Tout est une question de sémantique. Dans l’article du Telegraph, l’eurosceptique Paul Nuttall, leader d’un parti pour un Royaume Uni libre et indépendant, assure que des fonctionnaires de l’UE pourraient être incités, voire payés, pour répliquer aux eurosceptiques sur les réseaux sociaux. De manière cachée ? Avec de faux comptes twitter ? Ce n’est pas précisé.

Bien que reposant sur des documents confidentiels et les accusations, non vérifiées, d’un eurosceptique britannique, l’article du Telegraph …

L’article du Telegraph, journal qu’@si relaye très souvent sous la plume de Gilles Klein, précise en introduction : « The Daily Telegraph has seen confidential spending proposals and internal documents planning an unprecedented propaganda blitz ahead of and during European elections in June 2014. » Un journal qui a pignon sur rue outre-Manche indique qu’il a vu des documents (ils existent donc, sauf à croire que le journaliste ment) qui prévoient des dépenses pour une campagne agressive d’ici les élections de juin 2014. La majeure partie de l’article porte sur ce qui est décrit dans ces documents et une petite partie de l’article porte sur l’avis d’un eurosceptique sur les mêmes documents. La tournure de phrase de Sébastien Rochat (qui a visiblement écrit l’article d’@si) est pernicieuse. Elle laisse entendre que tout cela pourrait n’être qu’élucubrations. Les documents seraient « confidentiels » et donc on n’aurait aucune preuve de leur existence. Par ailleurs, les accusations d’un eurosceptique non vérifiées risquent bien d’être fausses.

… a franchi la Manche et a notamment été repris par le site d’extrême-droite Fdesouche.com, par Egalité et réconciliation d’Alain Soral, 

Et par qui est repris cet article douteux du Telegraph ? Par l’extrême droite. L’une des pires que l’on puisse trouver sur le Net. Ce n’est pas glorieux. Belle source, monsieur Epelboin… Bravo! (c’est tout du moins ce que le lecteur non curieux pensera).

Une source britannique, rappelons-le,  qu’@si cite souvent.

ou encore par 20Minutes, l’Express(.be) ou enfin Russia Today. Une interview vidéo de Paul Nutall circule également sur le web.

Ces sources ont été ajoutées par la suite, le premier jet de l’article faisant même quelques allusions à du complotisme.

« C’est de la communication sur les réseaux sociaux », finit par reconnaître Epelboin, tout en se déclarant gêné qu’une « telle communication vienne influencer des électeurs ». Encore faut-il le prouver.

La dernière phrase de la chute est également intéressante en ce sens qu’elle sous-entend -par extension- l’idée que tout ce qu’à raconté Fabrice « reste à prouver ». Ce sont les téléspectateurs / lecteurs d’@si qui le « prouvent » le mieux dans le forum lié à cette émission. Il est étrange de voir l’argent des contribuables dépensés à faire la chasse aux trolls ou aux euro-sceptiques. Si une telle équipe est envisagée par l’UE c’est probablement plus pour « influencer » les électeurs (« planning an unprecedented propaganda blitz ahead of and during European elections in June 2014.« ), que pour réfléchir aux textes les plus pertinents pour améliorer le quotidien des Grecs, des Portugais, des Espagnols, des Chypriotes, etc.

Cet article, qui ressort comme une petite pique à l’encontre de Fabrice Epelboin de la part de Sébastien Rochat alors qu’il devait être un rectificatif d’une approximation de Jean-Marc Manach et de Fabrice, semble qui plus est, se révéler être un « pure fail » comme on dit par chez nous. Piqué au vif, Fabrice a retrouvé la trace d’un marché pour un logiciel de veille de l’opinion sur le continent EU.

Voici la description de l’usage qu’en ferait l’UE :

- diffuser des messages-clé et en mesurer la dispersion,
- identifier les influenceurs,
- comprendre les préoccupation des citoyens en analysant les conversations portant sur l’UE,
- améliorer la communication en prenant relais sur les influenceurs,
- évaluer le « sentiment » des conversations portant sur l’UE,
- rester en alerte sur les communication des influenceur importants et stratégiques,
- identifier ce qui a trait à l’agenda de l’UE,
- focuser sur les messages important, mesurer le succès de leur diffusion ou les raison de leur échec,
- détecter les phénomène viraux liés aux sujets relatifs à la CE.
La « promesse produit » est assez lolesque :
- Don’t focus just on technology but on how results will lead to concrete actions.
- Find the way to combine all types of media that may impact or reflect the opinions of your target audience.
C’est très aspirationnel, comme on dit dans la com

 

[En] European Com Summit 2012 Conference from Spotter

Pour l’écriture de ce papier, j’ai choisi d’être accompagné par deux types de musique. Fairouz pour la douceur de sa voix (ne pas s’emporter en rédigeant) … (lire la suite plus bas) …


… et les Bérus parce que tout de même, ce sont ceux qui parlent le mieux des fachos auxquels nous avons été -par mégarde et/ou par procédé trollesque bien éprouvé- assimilés par Sébastien Rochat. Je voudrais citer un petit bout de la chanson Porcherie remaniée à l’occasion du concert d’adieu de Bérurier Noir à l’Olympia en 1989 (à partir de 3:33). C’est notre petit salut à toi à l’adresse d’Alain Soral et de Fdesouche…

 

 

Allez, levez les doigts, levez les doigts, tous les doigts.

Alors on vous fait confiance.

Plus jamais de 20%, plus jamais, nous serons toujours contre.

C’est ça le mouvement de la jeunesse, le mouvement de la jeunesse.

Alors à toutes les manifestation nazies, soyez là, soyez présents et empêchez-les.

Car nous sommes noirs, nous sommes blancs, nous sommes jaunes.

Et ensemble nous sommes de la DY-NA-MYTE.

La jeunesse emmerde le Front National

 

Share and Enjoy

flattr this!

Source: http://reflets.info/precision-reflets-ne-relaye-aucune-idee-vehiculee-par-alain-soral-ou-fdesouche/


Wikileaks, Snowden, transparence et journalisme…

Thursday 5 December 2013 at 11:18

nsa1024

A l’occasion de la sortie en salle d’un film controversé sur l’épopée Wikileaks, France-Info propose un sujet sur Wikileaks, Snowden, les lanceurs d’alerte et les journalistes. Les premiers ayant révolutionné le travail des derniers. Il ressort du sujet de France-Info que l’implication des journalistes dans le processus de révélation de documents confidentiels par Wikileaks ou Edward Snowden est une bonne chose. Elle permet de trier, analyser, mettre en perspective les informations. Est-ce vraiment le cas ?

Les journalistes opèrent un tri. Bien entendu, toute liste d’informations peut être classée en fonction de l’importance de chacune d’entre elles. Ce tri n’est pourtant pas anodin. Les citoyens d’un pays peuvent se sentir plus concernés par un sujet qui les touche que par un sujet qui implique un pays lointain. Les journalistes choisiront donc de mettre en valeur les informations dont ils estiment qu’elles intéresseront le plus leurs lecteurs. C’est la loi de proximité appliquée aux lanceurs d’alerte. Cette loi de proximité consiste généralement à mettre en « Une » l’opération de la prostate de François Hollande, et les 1000 morts en Inde en brève, au bas de la colonne de droite d’une page impaire. Cuisine interne… Qu’on le veuille ou non, cette démarche journalistique consiste à penser à la place du lecteur. Ceci va t’intéresser et cela, non. Je t’impose une lecture en fonction de ce que je crois important pour toi, ami lecteur. Les choix éditoriaux sont, comme leur nom l’indique, des choix. Avec les conséquences associées à tout choix.

Dans le cas qui nous intéresse, les choix ne se limitent pas aux informations qui seront mises en valeur. Il s’agit aussi de « censure » déguisée. Pour toutes sortes de bonnes et/ou mauvaises raisons, les journalistes qui ont eu à traiter des informations de Wikileaks, des OffshoreLeaks (tiens, c’est fini ces révélations qui devaient porter un coup fatal à la Finance ?), des révélations d’Edward Snowden, ont omis de publier des parties importantes dans des présentations powerpoint, des détails techniques, certaines parties ont été masquées…

On comprend aisément que le lanceur d’alertes demande aux journalistes avec qui il travaille de ne pas révéler certaines parties pour se protéger ou protéger une source. C’est un peu plus dur à comprendre lorsque c’est le journaliste qui décide de le faire de son propre chef. Or, en ce qui concerne les documents d’Edward Snowden, chaque journal a, à plusieurs reprises, censuré certains passages. Pour les mêmes documents, les passages épurés sont différents. Il s’agit donc d’une décision interne et pas d’une demande d’Edward Snowden.

TechCat h4z more SkillZ th4n you, journos…

Les sujets évoqués par Wikileaks, les OffshoreLeaks ou Edward Snowden sont généralement très pointus. Finance internationale, Technologies Internet complexes, écoutes, ces sujets demandent des connaissances techniques pointues. Les journalistes qui mettent en perspective ces informations seraient-ils les mieux placés ?

lolcat-techcat

Bien entendu, Jean-Michel Aphatie est tout à fait légitime sur ces sujets, tout comme Christophe Barbier. Ces deux journalistes font pâlir Wikipedia et l’Encyclopædia Universalis. Mais les autres ? Internet a démontré depuis des lustres que certains particuliers avaient des connaissances sur certains sujets, bien plus larges que celles des journalistes spécialisés. Prenons un exemple… Préférez-vous une analyse technique d’un journaliste sur les écoutes de la NSA ou celle de ce blog ?

Préférez-vous un site permettant de fouiner dans une masse complète de données révélées par un sonneur d’alerte ou des articles épars, contenant des bouts de documents dans un journal ? On aurait pu imaginer qu’Edward Snowden (ou Wikileaks en son temps) définisse avec les journaux « partenaires » les documents publiables et ceux qui ne le sont pas. Ensuite, ces documents auraient été mis en ligne. Après seulement, les articles les mettant en perspective auraient été publiés au fil des mois.

Enfin, mieux vaut un gros crowdsourcing que quelques personnes pour analyser un document, cela aussi, Internet l’a démontré depuis longtemps.

Mais c’est moins bon pour le buzz.

Share and Enjoy

flattr this!

Source: http://reflets.info/wikileaks-snowden-transparence-et-journalisme/


tatouage-thor

Nous avons eu les psy, venus demander à l’état de légiférer en se mêlant de l’éducation donnée à nos enfants. Puis, les institutions religieuses et même d’état (les maires) réclamant à l’état de ne pas autoriser les mariages homosexuels. Mais aussi les pharmacies, venues pleurer pour qu’on leur octroie la distribution de e-cigarettes.

Maintenant nous avons les dermatologues, venus pleurer dans les jupons de l’état sous couvert de l’ANSM, pour nous dire que « le métier de tatoueur n’existe pas » dixit le Pr Nicolas Kluger dermatologue à l’Hôpital universitaire d’Helsinki, et que les encres utilisées sont nocives.

Vous avez dû l’entendre depuis quelques temps déjà, cette nouvelle qui gronde depuis mars dernier : l’utilisation d’encres de couleurs servant dans les tatouages sera interdite en France ? What ?! Et bien, c’est officiel depuis le 27 novembre.

Le Syndicat National des Artistes Tatoueurs, avec en tête Tin-Tin, a été entendu le 27 novembre dernier par le député Olivier Véran. En effet, le SNAT proteste contre cet arrêté qui interdit les encres colorées dans les tatouages et n’a réussi à obtenir qu’une prolongation de remise de peine au 1er janvier 2014, mais le SNAT espère bien faire annuler cet arrêté.

Que l’on remette bien les choses en place. La plupart des tatoueurs se fournissent auprès du Chemical-Technological Laboratory, un laboratoire allemand certifié et accrédité au niveau européen notamment pour les produits de tatouage. Accrédité au niveau européen oui, mais pas en France, puisque la France ne reconnait pas cette accréditation. Si les tatoueurs ne se fournissent pas auprès de ce laboratoire, ils se fournissent la plupart du temps sur le territoire, et ce pour des raisons de sécurité. En cas de problème avec les encres, le tatoueur se retournera vers son fournisseur d’encres.

Là où le bat blesse, c’est qu’aujourd’hui cet arrêté interdit bon nombre d’éléments chimiques entrant dans la composition des encres de tatouages, car l’ANSM n’est pas en mesure aujourd’hui de déterminer le degrés de toxicité ou même et pire encore, de savoir lesquels peuvent provoquer des allergies. Aussi, ils en arrivent à la conclusion que ne seront autorisées que quelques couleurs comme le noir, le blanc, le violet, le vert. On ne parlera pas du rouge source d’allergies, et du bleu contenant du cobalt, lui aussi allergène. Comprenons, tout de même que ces composés chimiques se trouvent déjà dans certains aliments. Pour exemple, le Bisphénol A, interdit dans les tétines et biberons, est lui, présent dans le téflon de vos poêles.

 

ws-i319_a

De plus, le Pr Nicolas Kluger, souligne, que beaucoup de personnes tatouées regrettent et/ou ont des ennuis d’allergies, et qu’il faut par la suite les enlever au laser.

Oh là là là. Une rentrée d’argent non remboursée par la sécurité sociale et qui rentre directe dans ma poche en plus… ? Zut, je dois pouvoir trouver une solution. Oh mais attendez les amis, et si on interdisait les encres de tatouages. Laissons leur le noir et le blanc. De toutes façons « Ce que les gens ne savent pas, c’est que le métier de « tatoueur » n’existe pas, ils ont un statut de travailleurs indépendants, et doivent bien sûr avoir du talent en dessin. »

WTF ?!…Il n’est pas indépendant lui ?

Nous avions déjà eu droit à la polémique concernant le maquillage permanent. Les dermatologues étaient déjà montés au créneau, en interdisant aux instituts de beauté de tatouer les femmes. Les tatoueurs, eux, ont un peu plus de conscience professionnelle, n’en déplaise à ce cher professeur sur l’utilisation du mot professionnel, ils refusent de tatouer le visage.

Il faut bien comprendre que les allergies aux encres de tatouages sont très rares. D’ailleurs, et pour une fois même les dermatologues le reconnaissent, à commencer par le Pr Kluger : « Il y a toujours des risques de petites infections locales ou bactériennes, mais elles sont très peu fréquentes. Le plus souvent, on observe des réactions « allergiques », notamment à une couleur spécifique, mais on ne sait pas s’il s’agit réellement d’une allergie. Chez les personnes tatouées, parfois très longtemps après, le dessin se met à gonfler et la peau gratte sur une seule couleur. »

Il était donc plus simple pour le gouvernement de partir d’une liste de produits interdits en cosmétique et de l’étendre aux encres de tatouages, une fois de plus le législateur préfère sacrifier un peu de nos libertés en refusant la complexité du sujet sur lequel il légifère. Et oui, si ces produits sont toxiques en application, imaginez en injection… Oui mais voilà, cet argument n’a jamais été prouvé scientifiquement. Aussi l’ANSM mène actuellement une étude. Mais ce sera long ; plus de 10 ans… et coûteuse qui plus est. Avec 10 à 15 % de le population tatouée, on se demande quand même comment ça se fait que ce « problème sanitaire » ne soit pas remonté plus vite.

Certaines personnes bien intentionnées, nous proposent de nous tourner vers des encres aux pigments naturels, 100 % bio, rien que du naturel. Oui…mais. En effet, ces encres peuvent être utilisées, leur souci, c’est qu’elles ne sont pas permanentes et qu’au bout de 3 mois il faudrait déjà retourner chez le tatoueur pour refaire son tatouage. Quand on connaît le nombre d’heures passées sur une table, et le prix que ça coûte, la perspective du « bio » devient moyennement séduisante. Ou alors on se fera tatouer au henné. Oh wait ! l’utilisation du henné aussi à été encadrée par les dermatologues…

Finalement, n’aurait-il pas été plus simple, de demander aux fabricants de justifier de leurs produits plutôt que d’interdire aux tatoueurs l’utilisation des encres ? Après tout, les tatoueurs ne sont pas des inconscients, ils savent aussi faire la part des choses et surtout concernant la qualité et la provenance de leurs produits. Aujourd’hui nous pénalisons la profession des tatoueurs, au lieu de nous en prendre au véritable problème, les produits utilisés rentrant dans la composition des encres, responsabilité des fabricants.

Le risque, comme le soulignent beaucoup de tatoueurs eux-mêmes, c’est que ces professionnels du tatouage, vont retomber dans la clandestinité et que pour le coup, nous retomberons dans des dérives sanitaires qui avaient enfin pu être éradiquées. Quand on parle de clandestinité, entendez qu’ils n’auront plus d’enseigne et officieront à domicile, dans des conditions d’hygiène non adéquates. Les professionnels ayant plus de courage, s’exporteront en dehors du territoire. Pire encore que la condition des professionnels, des tatoueurs du dimanche, des escrocs, referont surface, avec des encres achetées en Chine, où pour le coup, et là il y a des études le prouvant, gavés aux métaux lourds.

La vraie question à se poser aujourd’hui, c’est que veulent les dermatologues ? Ne serait-ce pas une manière bien déguisée de tenter de récupérer le marché du tatouage en promulguant un nouvel arrêté pour obtenir le monopole de la fabrication des pigments de couleurs destinés aux tatouages ?

Share and Enjoy

flattr this!

Source: http://reflets.info/tatouage-reglementation-sanitaire-et-lobbying-des-dermatologues/