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Aidez-nous à financer le pourvoi en Cassation de Bluetouff et Reflets.info

Monday 24 February 2014 at 16:54

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Un répertoire de l’extranet de l’ANSES était public, puisque accessible via une requête google.

Bluetouff y a téléchargé des documents, et le site Reflets.info a publié un article sur les nano-argent basé sur un document « Powerpoint « de l’agence de la santé et du médicament. L’ANSES a porté plainte pour piratage de son extranet suite à la publication.

Bluetouff a bénéficié d’un non-lieu en première instance, l’ANSES a abandonné ses poursuites.

Le ministère public a cependant décidé de continuer et a fait appel. C’est lors de cet appel que Bluetouff s’est vu condamné à 3000 € d’amende pour maintien irrégulier dans le système de traitement automatisé de données.

Il faut que Bluetouff puisse se pourvoir en cassation afin de casser cette condamnation qui va à l’encontre de toute logique : tous les documents que vous pourriez télécharger grâce à une requête effectuée par un moteur de recherche pourrait vous transformer en pirate si cette décision restait en l’état.

Le droit à l’information est aussi en cause, puisque ces documents touchaient à la santé publique et donnaient une information que chaque citoyen a le droit de connaître.

Le pourvoi aura un coût d’au moins 10 000 € : à vous de jouer, puisqu’ensemble nous pouvons démontrer au ministère public qu’Internet ne peut pas être un moyen de censure et de pression sur les citoyens et les journalistes, que le « piratage » n’est pas un concept qui se réinvente selon le bon vouloir de certains magistrats !

Initialement, nous souhaitions mettre en place un projet Kiss Kiss Bank Bank. Pas de chance, notre projet n’est pas « créatif« . Nous pensions au contraire travailler à la création d’une jurisprudence évitant une incertitude juridique appliquée à tous les internautes. Mais comme nous ne pouvons pas forcer Kiss Kiss Bank à penser comme nous, nous allons tenter de mener ce projet avec notre propre infrastructure.

Vous pouvez faire un don :

Si vous faites un don pour le pourvoi, merci de nous l’indiquer en accolant le mot « pourvoi » à votre don afin que nous puissions tenir le compte du volume des dons plus facilement.

Au delà de votre soutien financier, nous avons aussi besoin de médiatisation. Vous êtes journaliste ? Ecrivez un article. Vous êtes un internaute ? Faites du bruit, diffusez cette URL autant que vous le pouvez, jusqu’au nouveau procès. Ne vous arrêtez pas. Vous êtes un chat ? Prenez-vous en photo dans une position ridicule et envoyez-nous votre photo.

Etat actuel des dons :

100%

 

En échange de votre aide, nous avions prévu dans notre projet Kiss Kiss Bank Bank, une série de cadeaux/contreparties. Nous les reproduisons ici :

Pour 5 € et plus

Contribution de base pour aider à payer le pourvoi en cassation de Bluetouff. Il faudrait 2000 contributeurs à ce tarif de base pour y arriver. Merci à vous !

Pour 10 € et plus

Là, vous faites un peu plus d’effort, et l’équipe de Reflets comme les défenseurs d’Internet vous en sont gré :-). Avec 1000 contributeurs comme ça, on va en cassation ! Merci encore !

Pour 50 € et plus

Bon, ben là, respect : vous êtes prêt à mettre la main à la poche, on envoie un tee-shirt dédicacé par Bluetouff himself ! 200 bienfaiteurs comme vous suffisent pour aller en cass’. Gros merci.

Pour 1 000 € et plus

Whaaaaaoooooooooo ! Là, soit vous êtes célèbre, rentier, fou, ou à la solde de la CIA, mais en tout cas, vous en voulez à mort à la justice française ! 10 comme vous, et hop, ça part en cass… Un bisou de Bluetouff et de Kitetoa, sur la joue, en public avec un photographe. Le tout publié de partout sur le réseau. Pas chouette ça ?

Pour 10 000 € et plus

Là, c’est louche, mais on prend : vous payez tout seul le pourvoi… Hum, hum…heu…on envoie…un mug reflets ? Ouais, un mug :-) Et un courrier personnalisé, écrit avec l’encre d’une pieuvre vivante, signé de toute l’équipe. On peut pas mieux : mais franchement, vous êtes limite bienfaiteur de l’humanité !
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L’équipe de Reflets.info 

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Source: http://reflets.info/aidez-nous-a-financer-le-pourvoir-en-cassation-de-bluetouff-et-reflets-info/


Après la cyber utopie, le cyber cauchemar ?

Sunday 23 February 2014 at 20:16

Les analyses à propos du réseau informatique mondial sur les 20 dernières années ne manquent pas, et nombreuses sont celles qui en ont fait l’apologie : le réseau devait nous sauver, ou presque. Une nouvelle ère s’ouvrait, faite d’accès universel à la connaissance, aux savoirs, à l’échange, au partage, à la gratuité. Ceux connectés dans les années 90 connaissent le concept de « village global » promu par les codeurs libertaires, opposé aux « autoroutes de l’information », sorte de cheval de Troie capitaliste dont Microsoft était l’emblème. Village global, autoroutes de l’information : au final, ces concepts un peu creux reflétaient surtout différents espoirs placés dans cet outil génial qu’est Internet. En 2014, que sont devenues les cyber-utopies, et surtout : avons-nous basculé dans un cyber-cauchemar ?

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De l’Antiquité du net à la révolution industrielle des géants du réseau

Reflets est un magazine un peu particulier par plein d’aspects. Pour résumer, il est l’évolution à travers le temps de passionnés du réseau qui vivent depuis longtemps au sein du réseau et ont une vision particulière du réseau (et du monde en général), vision qu’ils défendent. Cette précision est importante pour tenter d’entrevoir et comprendre la situation actuelle dans laquelle se trouvent le journal Reflets et ses membres vis-à-vis des concepts importants que sont : l’information, le journalisme, le blogging ou encore la réflexion écrite. Le réseau change, de nouveaux outils s’y implantent, ainsi que de nouveaux comportements, de nouveaux types de communications, de modes d’échanges.

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Reflets n’est pas un journal classique, avec une ligne éditoriale établie, un rédacteur en chef et des journalistes qui cherchent à écrire des sujets pour se faire payer : c’est un lieu où ceux qui publient font ce qu’ils veulent : informer, enquêter, pousser des coups de gueule, triturer des notions, réfléchir, provoquer, analyser, etc… Cette liberté est directement liée à la cyber-utopie que cet article tente d’évoquer. Ici, sur Reflets, la liberté est de mise, comme à l’époque où les grandes entreprises verticales du net n’existaient pas. Quand l’internaute naviguait à vue, dans un océan de pixels et de bits, ne sachant jamais ce qu’il allait trouver, qui il allait rencontrer, ou ce à quoi il allait être confronté. Une sorte de cyber-Antiquité, un temps mythique où l’aventure en ligne était une réalité.

Après une forme de moyen-âge survenue dans les années 90, une renaissance (?) s’opère dans les années 2000 avec l’émergence de cette notion étrange du web 2.0 —qui voudrait que l’on puisse alors (enfin) fournir du contenu en tant qu’internaute — comme si ce n’était pas possible auparavant (!)—, nous voici arrivés à l’époque de la « révolution industrielle » du réseau. Et quand l’industrie prend le gouvernail, les utopies sont souvent battues en brèche.

Démocratie totalitaire ?

Très tôt des penseurs du net ont cherché à comprendre ce qu’il était réellement en train de se passer, au delà des poncifs vendus à longueur de page web par les cyber-béats de la révolution numérique. « Utopie.net: la réalité Internet après le rêve » (de Pascal Lapointe), est l’un de ces ouvrages, publié en 2002.  Extrait choisi :

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Ce que l’auteur souligne est très éclairant avec des lunettes de 2014, soit 12 ans après : la confusion règne à un niveau rarement égalé, et quant à la démocratie, chacun peut s’accorder à dire qu’elle est plus que vacillante. La loi de programmation militaire, votée en décembre dernier dans la plus grande discrétion, avec son article 20, instaure par exemple une nouvelle forme de fonctionnement démocratique que l’on pourrait qualifier de totalitaire. La démocratie totalitaire est un concept vicieux, puisqu’en surface les citoyens ne peuvent accuser les dirigeants en place pour lesquels ils ont voté, de les bâillonner. La liberté d’expression est garantie, la justice indépendante, mais en coulisse, tous les outils des régimes totalitaires sont en place—et les citoyens le savent parfaitement. Ce que l’auteur d’ »Utopie.net: la réalité Internet après le rêve » analyse, est donc ce retournement d’un outil extraordinaire, le réseau des réseaux, pouvant émanciper les individus, mais menant au final à une nouvelle forme d’asservissement :

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Cette idée de l’écrasement de la pensée par l’impossibilité de trier les informations trop nombreuses, en flux continu, surpassant les capacités humaines peut-elle mener à une sorte de sidération ? Avec un risque majeur : la paralysie. Est-ce cette paralysie qui est déjà active ?

Contrer le cyber cauchemar

Les mouvements de contestation sont nombreux en France de quelconque bord qu’ils soient, avec les revendications les plus hétéroclites. Tous utilisent le réseau. Plus particulièrement les réaux sociaux, qui  leur permettent de diffuser très rapidement, de façon virale, tout type d’informations, allant de la dénonciation de lois scélérates à des rumeurs les plus absurdes. La société est fragmentée, le réseau est devenu un champ de captation de données personnelles incroyable que les citoyens cèdent dans un aveuglement abasourdissant : Facebook est le système de fichage le plus performant que la DCRI n’ait jamais rêvé, Google (et d’autres que lui), bras armé des gouvernements, scanne la vie numérique du plus grand nombre. Ces constats effectués, il reste pourtant des des voies pour sortir du cyber-cauchemar ayant remplacé la cyber-utopie.

LQDN

Ces voies passent par l’action marquée des collectifs de cyber-technophiles (terme plus précis et moins connoté que celui de geeks ou hackers) ayant pour objectifs, comme ce fut le cas il y a plus de 15 ans— l’accès à la connaissance, l’échange, le partage, la liberté individuelle et le progrès social. Tous ces objectifs ne devraient pas se perdre dans la basse politique, activée de toute part par ceux qui n’ont aucun amour du réseau, mais seulement intérêt à le soumettre à leur propre désir de pouvoir. LQDN en est l’un de ces collectifs, il faut les soutenir encore plus, les mettre plus en avant, et créer d’autres collectifs, comme celui (d’août 2013) de Laurent Chemla, avec son projet de messagerie sécurisée

L’utopie peut être réactivée, ce n’est qu’une volonté de ceux qui la défendent, contre ceux qui poussent au cyber-cauchemar. Avec un élément à conserver à l’esprit : on ne peut pas vouloir quelque chose et agir à l’inverse. La responsabilité est collective, et si la marchandisation du réseau est telle, écrase tout, c’est qu’une majorité la plébiscite. A nous, acteurs de la cyber-utopie, de permettre à ceux qui n’ont pas connu l’âge mythique d’Internet, de les convaincre qu’ils peuvent participer à stopper le cauchemar. Et pourquoi pas, retrouver le souffle des origines ?

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Source: http://reflets.info/apres-la-cyber-utopie-le-cyber-cauchemar/


Faites les taire (bis repetita)

Friday 21 February 2014 at 12:19

blues-brothers

On pourrait ne demander qu’une chose. Qu’ils se taisent. Sans chercher plus loin. Sans se demander pourquoi.

Le simple fait que leurs discours ne soient qu’une litanie d’inepties, qu’une succession de contre-vérités, nous pousse à demander le silence. Mais il y a pourtant autre chose. Un fait qui devrait nous inciter doublement à leur imposer le silence. Par leurs reniements permanents, leur inversion du sens, leurs mensonges, les politiques poussent une partie de la population au fond de la fosse à purin. Et la fosse à purin, c’est excessivement dangereux. Pas uniquement pour ceux qui s’y plongent volontairement. C’est dangereux pour tout le monde.

Depuis le milieu des années 80, les « commentateurs » soulignent combien tous les politiques situés à gauche du Front National poussent les électeurs dans les bras du parti extrémiste. Ce n’est pas une nouveauté. Il y aura toujours des troupes de mono-neuronaux pour penser que le salut passe par le … salut nazi, les cheveux rasés et une bonne dose de racisme.

Ce qui est peut-être nouveau ces temps-ci, c’est la multiplication des gens qui, déçus par les politiques, finissent par se laisser bercer par ce genre très particulier de sirènes. Celles-ci prenant toutes sortes d’apparences. De Dieudonné à Soral en passant par Marine Le Pen, Civitas ou la Manif pour tous.

Il faudrait être sourd et aveugle pour ne pas entendre ou voir la radicalisation d’une grosse partie de la population. La banalisation du poison est en marche. Le discours de Nicolas Sarkozy qui voulait que les Français soient enfin « décomplexés » n’y est pas étranger. Mais les renoncements et les contre-vérités de François Hollande et son équipe ne sont pas anodins.

S’ils se taisaient, tous, peut-être verrions-nous moins de personnes se rallier aux extrémistes ? Au moins peut-on essayer de se raccrocher à  cet espoir ?

Prendre la parole pour dénoncer les fameux renoncements, les contre-vérités, les mensonges, l’inversion du sens est une action à double tranchant et les commentaires sous les articles de Reflets lorsque nous le faisons en sont l’illustration : nous risquons d’encourager certaines personnes à penser : « tous pourris, soutenons le FN qui n’a jamais été aux affaires, donnons leur leur chance de montrer s’ils sont vraiment différents« .  Un résultat inverse à celui qui est recherché.

Et pourtant… Il y a d’autres Voies.

 

desperado

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Source: http://reflets.info/faites-les-taire-bis-repetita/


Faites les taire !

Thursday 20 February 2014 at 12:18

moscovici

Jusqu’à quand ? Jusqu’à quand tolérerons-nous ces déclarations ridicules qui sont une insulte à l’intelligence des peuples ? Jusqu’à quand ? Des exemples ? Ils manqueront de pertinence tant ils sont nombreux, une déferlante sans fin… Le nuage de Tchernobyl qui s’arrête aux frontières françaises, le patron du Medef qui demande que l’on arrête de stresser les patrons alors que dans le même temps on annonce plus de 3 millions de Français à la limite du burn-out… Fleur Pellerin qui veut bâtir une « start-up république » quand on aurait surtout besoin d’une République pour remplacer l’oligarchie en place. Les politiques de gauche et de droite qui se contrefoutent que la France vende des armes numériques aux dictateurs. C’est sans fin, on vous dit.

Il y a aussi le souhait de la chancelière allemande Angela Merkel d’imposer un système permettant aux Européens d’éviter la surveillance de la NSA. Mais faites les taire !

Plus la connerie est grosse mieux c’est ? C’est un concours de leurs communicants ? Sur le mode « celle-là, elle est énorme, tu n’arrivera pas à en faire dire une plus grosse à ton politique » ?

Alors voilà, quelqu’un a suggéré (sans doute) à Angela Merkel que l’opinion publique serait sensible à ce qu’elle s’investisse dans l’affaire Snowden/NSA. Qu’elle prenne position un peu plus clairement. Du coup, elle nous annonce maladroitement l’idée d’une mise en place d’un Internet européen qui véhiculerait les mails et quelques autres données des européens sans passer par les Etats-Unis. La belle histoire que voilà…

Pour réussir une telle prouesse, il faudrait agir sur plusieurs leviers. Une mission impossible :

Angela… Tais-toi, s’il te plaît. Et puisque tu as le numéro de téléphone de tes amis politiques européens, appelle-les et demande leur de se taire aussi. Tant qu »on y est, si les dirigeants politiques pouvaient demander à leurs ministres de se taire également… Et ainsi de suite. Le silence est d’or.

insurrection

La Yegros (El Bendito) a accompagné musicalement l’écriture de ce billet.

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Source: http://reflets.info/faites-les-taire/


Les trackers statistiques ont été supprimés des pages « sensibles » de sites gouvernementaux

Friday 14 February 2014 at 17:29

supercrapuleReflets est un média maintenu par 4 gus dans garage qui ne font pas que télécharger des documents publics publiquement accessibles sur des questions de santé publique, émis par un organisme public… pour en rendre compte au public (et se faire condamner). Reflets alerte aussi régulièrement les pouvoirs publics ou la presse « traditionnelle », sur des questions en rapport avec les usages (bons ou moins bons) d’Internet.

Nous avions, il y a quelques jours, relevé la présence de codes de tracking statistiques qui nous apparaissaient, sur certains sites de l’administration, particulièrement déplacés, car ces derniers, touchant à l’intime, n’apportaient aucune garantie en terme de protection de la vie privée et de visibilité sur les données collectées, comme sur d’éventuels traitements ultérieurs.

Et il semblerait que notre alerte ait payé puisque le Ministère de la Santé, dont il faut saluer les équipes techniques et décisionnelles pour leur promptitude, a finalement fait supprimer de son site les marqueurs analytics sur les pages « sensibles ». C’est par exemple le cas sur la page dédiée à l’IVG du ministère, ainsi que sur celles d’autres sites web.

Salutations au Ministère de la part d’un cybercriminel dont il a (encore) été victime et qui s’est probablement maintenu frauduleusement dans le code source de certaines pages HTML pour vous le signaler.

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Source: http://reflets.info/les-trackers-statistiques-ont-ete-supprimes-des-pages-sensibles-de-sites-gouvernementaux/


Avec des « si », on mettrait Kitetoa et Bluetouff dans des bouteilles !

Wednesday 12 February 2014 at 23:19

v-justiceLa condamnation est tombée, la décision de se pourvoir en cassation aussi. Les commentaires vont généralement dans le sens de l’équipe de Reflets. En d’autres termes, la plupart des gens pensent que cette décision est ridicule sur un plan technique, qu’elle met en situation d’insécurité juridique tous les utilisateurs du Net et qu’enfin, en droit, c’est un peu capillotractée. Mais… Et c’était attendu, certains estiment que Bluetouff devait être condamné. J’ai également connu ces « enquêtes » emplies de juridisme à 2 cents d’euro il y a quelques années.

Voici donc quelques précisions. Je vais mettre des « si » un peu partout parce que les « si », c’est très utile pour parvenir à démontrer quelque chose de juste, ou pas. Et inversement.

Si Bluetouff avait voulu masquer son IP et pirater jusqu’au trognon l’extranet de l’ANSES, il aurait pu le faire.

Il ne l’a pas fait.

Personnellement, j’y vois la confirmation de l’absence de toute volonté délictueuse. Voyez-vous, Bluetouff, comme moi et quelques amis qui restent anonymes, nous avons quelques notions qui nous permettent de réaliser ce qui semble complexe sur le Net : ne pas laisser de trace qui puisse être remontée par les services de police (Eric Freyssinet me dirait sans doute que je me trompe, mais ça se discute). Surtout s’il s’agit d’une opération unique.

Je m’explique…

Lancer toute une série d’attaques, avec le même surnom que l’on médiatise (équipe LulzSec par exemple) rend pratiquement nulle la possibilité qu’aucune erreur ne soit commise, à un moment ou à un autre. Si vous êtes un apprenti nakeur à ailette jaune et que vous utilisez des outils inappropriés, un proxy va vous lâcher, un fournisseur de VPN va vous dénoncer sur requête judiciaire (logique), etc. Si vous êtes un hacker chevronné, une box piratée va vous trahir à un moment ou un autre si vous l’utilisez plus d’une fois.

Ne pas revendiquer un piratage, ne pas le médiatiser, ne pas laisser de traces de votre piratage, ne pas laisser de logs ici où là (sur les machines qui vous ont permis d’atteindre la machine piratée), est une façon de réussir à passer entre les mailles du filet, même si c’est compliqué.

A l’inverse, moi, à une certaine époque, ou Bluetouff aujourd’hui avec l’ANSES, nous médiatisons ce que nous faisons. Nous signons même nos articles avec des pseudonymes complètement éventés. Une simple recherche Gogleuh sur nos pseudos renvoie nos noms réels.

Si Bluetouff ou moi-même il y a quelques années avions voulu tirer un bénéfice de nos trouvailles, nous aurions pu vendre des tombereaux de données personnelles, des fichiers confidentiels d’entreprises qui traînaient dans des serveurs Web publics, que sais-je…

Cela n’a jamais été le cas et la plupart du temps, les données trouvées par hasard ont fini dans les cyber-poubelles de nos ordinateurs.

J’ai déjà évoqué dans un commentaire d’un précédent article que la présence d’une méthode d’identification sur un serveur Web ne préjugeait pas de l’aspect totalement « privé », ou pas, de l’ensemble des contenus du serveur. Il est parfaitement possible de définir des zones de « confidentialité » sur un serveur qui contiendrait aussi des fichiers publics. C’est un peu le travail de l’administrateur de la machine…

Je vous donne un exemple:

[DISCLAIMER : si vous cliquez, vous risquez de vous retrouver dans la situation de Bluetouff]

Ceci est un intranet demandant une identification.

Ceci est le même intranet qui donne accès via Gogleuh à des données personnelles sur ses utilisateurs.

Reprenons : pas de volonté de se cacher, ce qui démontre une totale absence de volonté délictueuse. Accès à des documents publics sur un serveur public placé sur un réseau public.

Publication sur Twitter d’un appel à des scientifiques ou des journalistes spécialisés pour aider à comprendre les documents (médiatisation), publication d’articles sur les sujets évoqués dans les documents… Et on en arrive forcément au sujet qui fâche…

En fait l’ANSES ou le ministère public ne sont pas venus nous chercher sur le vrai sujet : nous avons fait un travail journalistique. La réponse judiciaire est ailleurs. Elle porte sur un supposé piratage. C’est un choix d’un angle juridique.

Ceci devrait alerter nos confrères.

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Source: http://reflets.info/avec-des-si-on-mettrait-kitetoa-et-bluetouff-dans-des-bouteilles/


La théorie de la cause unique ? (2/2)

Monday 10 February 2014 at 12:45

2011 a été une année clef, un moment de l’histoire important. Une leçon a été alors donnée aux occidentaux : par les Tunisiens, puis les Egyptiens. Des peuples, au sens large du terme, puisque ce n’était pas seulement une élite qui menait la fronde, ont décidé de sortir dans la rue pour virer leurs dirigeants. Ce qu’ils ont réussi à faire, au prix du sang, alors que tout portait à croire que cela ne surviendrait pas : la France, par le biais de Michèle Alliot Marie, dans le cas tunisien, proposait son aide aux forces de répression de Ben Ali, fin 2010, en pleine révolution, sans aucun complexe.

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Dans le même temps, ce printemps là, des centaines de milliers d’Espagnols occupaient des places et marquaient leur désaccord avec le principe de la démocratie élective, entièrement à la solde des puissance financières. Aux Etats-Unis, à l’automne, de la même manière qu’en Espagne, des centaines de milliers d’américains occupaient les lieux symboliques du pouvoir financier et inventait le concept des 99%. Le mouvement Occupy était né…et allait mourir quelques mois plus tard, comme celui des Indignados espagnols.  Si l’espoir généré par le printemps arabe a été énorme au Nord, il y a aujourd’hui une réalité peu glorieuse qu’il faut bien observer : les pouvoirs politiques occidentaux ont réussi à étouffer toute velléité de changement dans le fonctionnement du monde blanc, riche et dominant. Malgré un début de révolution pacifique (presque) mondiale des peuples des sociétés les plus riches.

Les 99% : encore une cause unique ?

Le mouvement des #Occupywallstreet a théorisé le mal des sociétés par la captation des richesses, et par ricochet, du pouvoir d’une partie de l’humanité, très réduite, sur le reste. Cette partie de l’humanité est celle qui organise et maitrise la finance internationale. 1% de l’humanité tient entre ses mains la quasi totalité des richesses, du pouvoir politique, et décide pour les 99% restants. « We are thé 99% » résume cette situation, où 99% de la population trime pour enrichir les 1% qui récoltent les bénéfices colossaux engendrés. L’injustice planétaire est très bien résumée dans ce slogan, et celui qui l’a inventé est un anthropologue, féru d’économie, David Graeber. Son dernier bouquin, publié à l’automne dernier « Dette, 5000 ans d’histoire », est un bijou pour qui veut comprendre le fonctionnement des sociétés. Ayant rencontré David pour une interview, il m’a semblé intéressant de parler quelques instants de cette discussion.

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David est un type franchement facile à aborder, très souriant. Pas une once de prétention dans les réponses aux question complexes que son bouquin amène, et après l’interview, aux questions plus personnelles que j’ai pu lui poser, à propos d’Occupy. Comment ce mouvement a-t-il pu s’arrêter aussi vite, alors qu’il prenait des proportions incongrues, pleines d’espoir ? La réponse est triviale, mais sans appel : « ils nous ont écrasés par la force, la répression a été très violente, sans possibilité de résister ». David explique que « des sénateurs ont été contactés, les revendications du mouvement portées au plus haut niveau », et pourtant « ils [les politiques] n’ont pas voulu entendre, ont préféré se protéger. » C’est de mémoire, ce que m’a dit David Graeber. Avec une grimace évocatrice. Comme un constat terrible, sans appel. Alors qu’Occupy est un mouvement qui établit des constats très percutants, justes, dans la foulée de celui des Indignados : une oligarchie financière et politique tient la planète et impose son mode de fonctionnement. C’est une forme de cause unique du problème actuel, mais il est relié à des facteurs si nombreux et historiques, que justement, il ne peut pas être résumé, au final, en une cause simple et finie.

 Acceptation et refus des foules

Les populations occidentales on accompagné ce mouvement de libéralisation de l’économie, de dérégulation financière et de globalisation des échanges. Une majeure partie des électeurs a reconduit aux plus hautes fonctions les Thatcher, Reagan, Mitterrand, Kohl, qui sont les grands acteurs du basculement vers le système capitaliste néo-libéral qui domine la planète. Très certainement, nombreux sont ceux qui ont crû aux bienfaits d’un tel système, et qui le regrettent aujourd’hui. Comment accepter les super-rendements des entreprises géantes transnationales quand des millions de salariés sont maintenus à peine au dessus du seuil de pauvreté ou  licenciés en masse, alors que leur entreprise génèrent des bénéfices colossaux, que l’accès aux soins est de plus en plus difficile chaque année pour une part toujours plus importante des populations ? Cet état de fait est difficile à modifier puisque les politiques de tous bords continuent à cautionner ce phénomène, voire le renforcent, alors qu’ils se disent horrifiés par ses effets, comme François Hollande, élu en partie grâce au combat qu’il promettait d’effectuer contre « la finance, cet ennemi sans visage… »

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Dans le même temps, les populations voient un nombre d’interdictions, de mesures de contrôles, de lois visant à réguler leurs comportements, leur modes de vie, de plus en plus imposant se mettre en place…par ceux qu’ils ont élus : comme si ceux-ci voulaient se protéger de leurs propres citoyens ? Les effets de cet ensemble, que sont la domination de la finance toute puissante, des politiques protégeant et accompagnant cette domination, et des politiques pointant la population comme le principal ennemi, sont désormais visibles. La colère, l’indignation, le refus, l’emballement, prédominent parce qu’un système, ultra sophistiqué, composé d’une galaxie de composants humains, économiques, législatifs, organisationnels, politiques est arrivé à un moment où il dévore ses proies, écrase les dominés de manière trop importante, sans presque aucune résistance.

Où et qui est est l’ennemi ?

Il n’y a pas d’hommes lézards, d’Illuminatis ou de Juifs banquiers complotistes à l’échelle planétaire. Non. Mais par contre il y a des gens qui détiennent un pouvoir énorme, grâce à l’argent qu’un système (politique et économique) totalement débridé leur a permis d’obtenir, et qui procèdent de manière toujours plus injuste pour continuer à conserver ce pouvoir. Ils sont quelques centaines de milliers. Voire quelques millions, puisque le club des millionnaires s’agrandit. En gardant à l’esprit que pour s’y maintenir, dans ce club, il faut que ses membres continuent d’appuyer dans le même sens, toujours plus injuste…ce qu’ils font, et plutôt bien.

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Anonymes pour la plupart, ces hyper-riches, les 1%, ne sont pas combattus. Et certainement pas « combattables » frontalement par la population puisqu’ils n’ont pas vraiment de visages, et ne font en fait que profiter d’une permission : celle de pratiquer l’évasion fiscale, optimiser des profits au delà de la descende, échapper un maximum à l’impôt, écraser légalement tous ceux qui voudraient les ralentir, piller tout ce qui peut l’être, faire passer le maximum de lois allant dans leur sens, organiser au maximum l’environnement humain afin que le « troupeau », les citoyens-clients, soient pieds et poings liés à ce qui les enrichit, eux, les hyper-riches.

Ce qui n’a pas marché

Le printemps arabe a montré ses limites. Bien que les méthodes des populations ont été une source d’inspiration pour les mouvement des Indignés et des Occupy, les situations ne peuvent être comparées. En Tunisie ou en Egypte, la révolution populaire était une insurrection contre un homme et son régime despotique. L’Egypte a pour l’heure échoué a inventer un nouveau système politique plus juste et équilibré. Les Tunisiens, après deux ans de galère causée par le prosélytisme des conservateurs musulmans, commence peut-être à voir un début de lumière grâce à une constitution plus moderne que la française. Pour autant, le système politique, économique, n’a pas changé et n’a pas visiblement vocation à être profondément modifié. Les révolutionnaires, qu’ils soient ceux du printemps arabe, des Indignés ou d’Occupy n’ont pas su proposer « autre chose ». On ne fait pas la révolution sans vouloir imposer un nouveau système, c’est en substance ce que tous les historiens ou politologues établissent.

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Vient maintenant la question du malaise ressenti par les populations les plus éduquées et les plus riches de la planète, qui est réel. Pas seulement en France. Dans de nombreux pays, la grogne est encore plus grande qu’au moment du mouvements des 99%, et pourtant ce message, cet appel à changer le fonctionnement inique des sociétés n’est plus porté. Pire, il a été remplacé par un autre, et cet autre message est un message clivant, stigmatisant. Il est celui des mouvements nationalistes européens qui brulent des villages roms, font la chasse aux immigrés dans les centres-ville, pointent les musulmans ou les juifs du doigt, demandent un pouvoir autoritaire, la fin  de toute union entre les peuples, appellent au repli.

Les responsables politiques français ne sont pas vraiment inquiets de ce basculement revendicatif, bien au contraire. Avec les 99%, c’était une union « transpolitique » qui se dessinait, un véritable tsunami populaire revendiquant des droits, obligeant à une nouvelle forme de démocratie. Et dans celle-ci, même si elle n’était pas vraiment définie, pas vraiment théorisée, ces responsables savaient qu’ils n’avaient plus leur place…

…ce qui pourrait marcher ?

Alors quoi de mieux qu’éclairer un peu fortement les ténors d’une parole clivante, stigmatisante ? Entre Noël et le jour de l’an, par exemple ? En poussant le bouchon jusqu’à interdire par avance un spectacle, et donc, en bafouant la liberté d’expression, au lieu de laisser la justice œuvrer ? Bien pratique, puisque le bouffon-bafoué ami de l’extrême droite ne manquera pas d’en rajouter des couches, de cracher ses provocations au delà de la décence, mais surtout : il drainera des foules qui le défendront, et d’autres qui ne supporteront pas ses saillies stigmatisantes. Ainsi, les cochons se retrouveront bien gardées. Machiavel a tout inventé, il suffit d’appliquer. Si en plus, on est prêt politiquement à créer quelques lois ou réformes qui hérisseront le poil d’une partie de la population religieuse et/ou conservatrice contre le reste, le clivage est encore plus important.

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Homos Vs musulmans et catholiques, Laïcité Vs islam, Bouffon Vs liberté d’expression, Ministère de l’inférieur l’intérieur Vs libertaires, etc…

Dans le grand bordel ambiant et clivant, qui donc passera pour un sauveur de la République au final ? Hum ? Et puis arrêter de penser la complexité de la réalité, pour bondir défendre ou l’un ou l’autre, n’est-ce pas bien pratique, et bien plus confortable ? Plutôt que lancer un grand mouvement transpolitique, une version 2.0 hybride d’Occupy-Indignados, demandant fermement un nouveau système politique, de nouvelles règles économiques qui remettent les 1% à une place de partenaires— et non de bourreaux— c’est un peu plus difficile. Ca demande des efforts, de la sueur, et surtout, en premier lieu : sortir du mode de pensée binaire. Tout en refusant de suivre des personnalités ou des idées marquées par le sceau de la hargne et du mépris, même cachées sous des habits humoristiques. Ce qui n’est pas gagné, c’est vrai. Mais on peut toujours garder espoir.

La théorie de la cause unique ? (1/2)

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Source: http://reflets.info/la-theorie-de-la-cause-unique-22/


La théorie de la cause unique ? (1/2)

Friday 7 February 2014 at 21:44

Est-ce une nouvelle religion, un phénomène psychologique inexpliqué ou un effet de bord de la vie numérique ? Le mode de pensée binaire, puisqu’il s’agit de cela, est en cours d’envahir toute la sphère de réflexion collective. A chaque problème une solution, mais à chaque problème une cause…unique, ou presque. Bien entendu, la volonté d’expliquer des phénomènes inquiétants ou causant de grosses difficultés, est naturelle, très humaine.

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Mais qui dirige donc le monde, bordel de merde ?

Rester dans l’inexpliqué, entre deux rives, alors que tout se déchaine autour de soi est assez insupportable. Trouver une raison, une cause aux problèmes est donc une démarche humaine logique. Longtemps, les dieux ont été là pour permettre cette explication : capricieux et propices à mettre les être humains dans des situations impossibles, il suffisait, lorsque rien n’allait correctement, de les accuser. Le Dieu unique des monothéismes n’a pas changé grand chose à cette façon d’expliquer le monde puisqu’il a inventé le diable ou les djinns, bref des entités maléfiques censés causer des troubles à l’humanité, la défier, l’obliger à se dépasser. Au XXIème siècle, la techno-science a remplacé la plupart du temps la religion, pour en devenir une, en un certain sens. Mais le fonctionnement par principe de cause unique n’a pas beaucoup varié.

La simplification : vertu pédagogique ?

Dans un monde complexe, hyper complexe, fait de causes et d’effets pléthoriques, en perpétuel changement, avec des inventions humaines toujours plus nombreuses et surprenantes, l’esprit humain en vient à se noyer dans un océan d’informations et d’intrications de phénomènes les plus divers. Internet n’est pas étranger à cet effet de noyade intellectuelle, pour le moins sidérant. Un prochain article traitera de cette problématique d’Internet et de la sidération par trop plein d’informations. Toujours est-il que les scientifiques et experts de tous poils n’ont jamais été autant plébiscités, comme les pythies grecques de l’Antiquité, pour venir éclairer toute cette complexité.

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Attention les enfants, ceci n’est pas un épisode de Star Wars !

Economie, politique, problèmes sociaux, santé, environnement, climat, tout y passe. Notons que les possibilités de séduction des foules pour certains personnages à la faculté oratoire développée sont vastes dans une époque pareille. Conférences, spectacles, meetings, ouvrages, articles, tout est bon pour venir expliquer aux masses le pourquoi du bordel ambiant, pour faire simple. Si l’on analyse les discours de ces spécialistes ou experts auto-proclamés des problèmes modernes, il ressort pour la plupart d’entre eux, malgré de grandes circonvolutions intellectuelles qui voudraient exprimer une complexité de raisonnement, une simplification extrême des dites causes modernes de la difficulté du monde.

…ou outil politique ?

Sur les modifications du climat, d’éminents scientifiques ânonnent la cause unique de l’émission de Co2 par les activités humaines et en viennent à menacer tous ceux qui oseraient chercher une explication multi-factorielle et complexe à l’étude du climat planétaire différente de la leur. Sur le cancer, l’augmentation de la  pauvreté, les guerres, il est fréquent de retrouver des causes uniques, simples, faciles à assimiler et répéter autour de soi. L’ennemi unique est toujours un bon système de pensée pour arriver à soulager l’esprit qui n’arrive pas relier toutes les causes et effets en cours autour de lui.

Confusion

Ainsi, pour certains, l’ennemi est le capitalisme, pour d’autres c’est le socialisme et le trop plein d’Etat, ou bien encore un ordre secret millénaire, des hommes lézards venus de l’espace, les Francs-maçons, les Juifs, l’islamisme radical, ou tout ça en même temps…mais des concepts qui font un « tout » plutôt simple à assimiler. Après tout, une secte millénaire aidée d’hommes-lézards venus de l’espace peut très bien avoir comploté avec un ordre judéo-maçonnique capitaliste qui se cache sous les traits de politiciens socialistes qui créent un nouvel ordre mondial d’Etats tout puissants qui esclavagisent les populations avec l’appui des islamistes radicaux, utilisés pour déstabiliser l’ensemble ?

Tout ça est en fait très sérieux

La vision du monde (post-moderne) que les citoyens tentent d’avoir est très fragmentaire, parce que mouvante et travaillée par de nombreux groupe d’intérêts qui cherchent à engager dans leur sens, le plus grand nombre. A force de manipulations éventées, de tentatives d’influences plus ou moins réussies (de la part de ceux qui en ont les moyens), les populations en viennent à ne plus accorder leur confiance aux élites censées les guider, ou tout du moins les éclairer et améliorer leur sort.

L’explication unique devient alors vraiment importante, nécessaire, sinon, c’est la sensation d’être le dindon de la farce qui supplante tout. Une forme d’écrasement sous le poids de forces terribles, exogènes et anthropique qui au final empêchent l’individu d’exercer son libre-arbitre. C’est ainsi qu’en ce moment, des groupes plus ou moins importants de personnes en France manifestent et cherchent à s’opposer à mal unique qui rongerait le pays. Ils sont différents, n’ont pas tous le même ennemi, mais ont en commun cette simplification des causes. Avec des responsables en ligne de mire. Oui, sauf que la responsabilité, les causes ne sont pas si simples…

(Re)lire Nietszche #oupas

La lecture d’ouvrages du célèbre philosophe fou allemand a tendance à causer plusieurs réactions assez étranges. Parfois c’est exaltant, lumineux, parfois tout devient sombre, incompréhensible, déprimant. Ce penseur n’en reste pas moins un génie, unique dans son genre, qui a su porter très loin la capacité humaine à conceptualiser l’existence et la réalité relative du monde. Lire Nietszche, c’est nager dans la complexité. Ce qui procure à la fois humilité, apaisement et rage, envie de taper sur tout ce qui bouge ou aller se rouler dans l’herbe sous un orage en éclatant de rire. Bref : s’il y a des choses qui aujourd’hui nous guettent, elles sont potentiellement inscrites au fond d’un ouvrage du célèbre penseur qui s’est figé et n’a plus jamais écrit ou parlé après avoir vu un homme qui maltraitait un cheval à Turin.

nietzsche

Facebook est-il un outil nihiliste ?

Parler de Nietszche ne change pas la situation de désarroi désormais établi d’une grande part de la population française, c’est certain. Pour autant, ne pas tenter de remettre un peu de sens dans cette époque, est ennuyeux. Parce qu’il y a du sens, autant dans les emportements de la « manif pour tous », des « bonnets rouges », des « dieudonnistes », du « Printemps français » et autres soraliens, chouardiens, frontistes. Laisser dire n’importe quoi de la part de ceux qui mènent ces groupes, ou qui les soutiennent, si l’on estime leur message réducteur, insultant, dangereux, menant à la violence, n’est pas non plus possible. Mais dans un deuxième temps, ne pas faire savoir que tout cet emballement contestataire est le fruit d’une complexité vaste—mais exprimable—est dommage.

Le fruit d’un processus long et…collectif

Ce n’est pas avec cet unique article que toutes les causes des énervements populaires actuels seront développées. Par contre, sortir de la cause unique (ou presque) des problèmes déclarée par ces groupes, pour aborder la réalité objective des problèmes auxquels nous sommes confrontés, peut être effleuré. Des tentatives ont été faites ici même, sur Reflets, pour comprendre, par exemple, les origines de la crise financière, crise de la dette, crise économique : rien n’est simple, de nombreux facteurs se sont accumulés pour mener des sociétés telle que la nôtre, là où elle en est. Travail difficile, non exhaustif, tentative de chercher à réfléchir sur le monde qui nous entoure : il n’y a pas de volonté de tout résoudre ici, c’est impossible. Mais chercher des pistes, oui.

le-dictateur

Ah ben oui, comme ça c’est plus simple !

Si l’on parles des responsabilités vis-à-vis de l’état de la société, de l’économie, de la société en général, il est assez fréquent de pointer les responsables politiques. Oui, mais : qu’avons-nous fait si ce n’est leur donner notre accord pour qu’ils s’occupent des affaires du monde ? Les citoyens des démocraties occidentales s’empoignent depuis longtemps pour la défense d’un camp contre un autre : gauche contre droite, libéralisme vs socialisme… etc… Et arrive un moment où toute cette belle horlogerie s’écroule : les masques tombent, il n’y a rien derrière ces camps, aucune approche du monde, pas de projet de société, mais seulement des perroquets en costume-cravate ou tailleur, qui récitent les mêmes couplets avec une conviction que l’Actor-studio ne renierait pas. Pour appliquer toujours la même politique, rester aux commandes et faire payer à la population des choix toujours plus destructeurs pour elle.  Et si la population s’en rend compte, le fait savoir, il y a là un moment assez particulier.

C’est ce moment qui est en train de survenir. En sachant que les révolutions arabes, la tunisienne en particulier, ont donné un espoir assez fou en Europe et aux Etats-Unis de pouvoir faire changer le système en place, pour l’amener à moins d’injustice : les indignés espagnols, puis les occupy wall street ont été ce début d’étincelle vite étouffée. Les 99% et les 1% : encore une cause unique ? Cela reste à analyser. Ce que tentera de faire l’article suivant.

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Source: http://reflets.info/la-theorie-de-la-cause-unique-12/


Aidez-nous a façonner une nouvelle star !

Friday 7 February 2014 at 11:57

lolcat-star« Allo ? Tu sais quoi, je suis dans un congrès de juristes sur les nouvelles technos et devine quoi, on parle de toi ! Si, si, la jurisprudence Tati/KItetoa ! T’est une star ».

Ce coup de fil, je l’ai reçu des dizaines de fois.

Et pour tout vous dire, je me serais bien passé d’être une star de ce genre. Deux ans de bataille judiciaire, une condamnation pour piratage informatique, quelques cheveux blancs, des centaines d’heures passées à préparer sa défense… Bien entendu, j’ai gagné in fine. Bien entendu, la jurisprudence Tati/Kitetoa est une bonne chose pour les internautes. Bien entendu, cela valait le coup. Mais à quel prix ? A l’époque, la solidarité des internautes était un peu moins développée et c’est quasiment seul, avec mon avocat, Olivier Iteanu, que j’ai préparé ma défense.

Dans l’ombre, le Parquet de Paris travaillait pour ma relaxe. Un magistrat curieux et éclairé ne voulait pas d’une jurisprudence qui créerait une incertitude juridique pour tous les internautes. Dans son esprit, il était impossible qu’un internaute puisse être condamné sur la base du RFC6996 (bis).

Cette problématique du RFC6996 (bis) tenait tellement à coeur du Parquet que celui-ci avait même, chose particulièrement rare, émis un communiqué de presse.

Le changement, c’est maintenant, le Parquet de Paris a décidé, dans l’affaire ANSES/Ministère public versus Bluetouff de suivre une démarche radicalement inverse pour des faits similaires.

Toute la communauté Internet crie au scandale, toute la communauté demande à Bluetouff d’aller en cassation pour éviter une jurisprudence stupide et dangereuse. Allez, Bluetouff, vas-y. On te suit !

Pour avoir été dans la même situation, je sais combien il est difficile de ne pas prendre ce combat à bras le corps, il y a comme une sorte de responsabilité à devoir mener cette lutte contre l’irrationnel. Nous savons qu’en termes technique il n’y a pas eu de piratage et qu’une telle condamnation est inique.

Mais nous savons aussi que Bluetouff et Reflets partent pour un combat long et épuisant.

Cette fois, il y a effectivement des gens pour nous soutenir. Dans la presse, dans le monde judiciaire, des particuliers qui veulent bien nous aider financièrement pour le pourvoi en cassation (c’est cher).

Mais ceux qui passeront des heures et des heures à préparer la défense… C’est nous…

Alors oui, nous allons y aller. Ne sommes-nous pas des rainbow hats ? Nous allons y aller pour tenter d’éviter une jurisprudence stupide. Pour essayer de sécuriser juridiquement l’utilisation de Gogleuh. Pour aider à façonner un Internet qui nous ressemble, où il n’y a ni lojins, ni Gogleuh, où l’on peut suivre un lien Google sans risque d’être condamné sur la base du RFC6996 (bis).

Mais nous allons vous demander de l’aide. Financière et médiatique. Il nous faut financer le pourvoi et surtout, il nous (vous) faut faire de la pédagogie. Expliquer les dangers du RFC6996 (bis).

Vous êtes prêts ?

On y va.

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Source: http://reflets.info/aidez-nous-a-faconner-une-nouvelle-star/


L’étrange confrontation entre le Droit et la Technique

Friday 7 February 2014 at 11:52

justice

En matière de « piratage » informatique, la Justice se base sur une loi qui date de 1988. Internet tel que nous le connaissons aujourd’hui n’existait pas. Lors des procès sur ces sujets, on assiste régulièrement à une sorte de confrontation entre le Droit et la technique qui ont du mal à s’entendre. L’affaire ANSES/Ministère public contre Bluetouff illustre à nouveau ce décalage. Ce fut le cas pour l’affaire Tati versus Kitetoa ou Tegam versus Guillermito. Ou encore Ministère public versus Larsen.

Lors du procès en appel de Bluetouff, la représentante du ministère public a ouvert son réquisitoire par une phrase qui laisse perplexe : « La moitié des termes que j’ai entendus aujourd’hui, je ne les ai même pas compris ». Bien entendu, on peut se demander comment une magistrate peut demander la condamnation d’une personne lorsqu’elle n’a pas compris ce qu’il a fait. Mais passons. Essayons justement de lui expliquer ce qui s’est passé. N’est-ce pas le rôle des journalistes que de vulgariser pour donner à comprendre, y compris à un magistrat hermétique ?

Au commencement, était un réseau pensé par des hippies qui bien que mandatés par l’armée américaine, avaient les cheveux longs et les idées larges. Ce réseau, ils l’avaient imaginé peuplé de machines polies répondant aux questions qu’on leur pose.

Par exemple, il est possible de demander à une machine connectée au réseau, si elle est configurée pour répondre, quand elle a été démarrée pour la dernière fois, qui est son administrateur, où elle est située, géographiquement, physiquement, etc.

Lorsque le Web a été inventé, il a justement été prévu que les serveurs allaient répondre à des demandes d’internautes. Ces réponses ont été codifiées.

- Bonjour serveur, je suis Magistrate hermétique, je voudrais afficher dans mon navigateur ta page d’accueil.

- Pas de souci Magistrate hermétique, je peux le faire, mon administrateur, pas con, a prévu que je devais servir la page d’accueil sur demande, à tout le monde. Je te l’envoie et je note dans mes logs que je te l’ai servie ainsi que le code 200 (« OK ») pour spécifier que la page existait, qu’il était normal de te l’afficher et surtout, que je l’ai fait. Comme ça mon administrateur verra que j’ai bien fait mon boulot.

- Ah, merci. Je vois effectivement la page s’afficher dans mon navigateur. Dis, tant qu’on y est, je clique sur ce lien là en bas, ça a l’air pas mal.

- Je viens de recevoir ta demande, mais je ne peux pas servir cette page. Elle a été effacée de mes entrailles. Je note dans mes logs que j’ai émis un 404 (« Not found ») à telle heure pour l’utilisatrice Magistrate Hermétique. En fait je rigole, je ne t’appelle pas Magistrate hermétique dans mes logs parce que je ne te connais pas. Pour moi tu es juste une adresse IP, un utilisateur anonyme.

- Attention serveur. Ne va pas m’accuser de faire partie du groupe de pirates Anonymous, je suis une honnête magistrate moi !

- Ce n’est pas ce que je voulais dire chère Magistrate hermétique. Je voulais t’expliquer que certaines pages, dans mes entrailles sont réservées à des utilisateurs que je connais. J’en détiens la liste. Et pour chaque utilisateur ou chaque groupe d’utilisateurs, j’ai une liste de fichiers que je peux servir ou pas.

- Oui, et bien justement, je voudrais bien que tu me file la page « Le Droit à l’épreuve de la technique ».

- Ah. Non, celle-ci est réservée au groupe d’utilisateurs « Magistrats éveillés ». Je note dans mes logs que tu as demandé la page « Le Droit à l’épreuve de la technique » mais que je n’ai pas pu te la servir  parce que tu n’as pas les autorisations nécessaires. Hop, un code 401 (« Unauthorized »).

- Haha, si tu crois que ça va m’arrêter ! Mon fils, qui s’y connaît un peu mieux que moi en Intertubes, m’a donné quelques méthodes….

- Excuses-moi chère Magistrate hermétique, mais je viens de noter dans mes logs que j’ai fait face à un 405 (« Method Not Allowed ») sur  une requête de Magistrate hermétique.

- Dis donc, à bien y regarder, tes histoires techniques, c’est presque autant codifié que le Droit…

- Ce à quoi je me vois contraint, parce que je suis un serveur un peu facétieux, un 418 (« I’m a teapot »). Hahaha. Hum… Je m’égare…

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En d’autres termes, un serveur ne peut pas renvoyer une page ou un document si l’administrateur dudit serveur a décidé qu’il était « privé ». Corollaire, si un utilisateur non référencé accède à un document sur un serveur Web public, accessible via le réseau public Internet ou son sous-réseau le World Wide Web, il est impossible, techniquement, de dire qu’il a piraté quoi que ce soit.

Pour qu’il y ait « piratage », il faut que l’utilisateur lambda ait utilisé une méthode de piratage, visant à contourner des méthodes de sécurisation rendant l’accès au document impossible.

Exemple : un document est protégé et il faut fournir un identifiant (lojin) et un mot de passe. Ne disposant ni de l’un ni de l’autre, ne trouvant rien sur Gogleuh, je fournis au serveur le lojin et le mot de passe d’un utilisateur référencé à qui je l’ai piqué parce que cet imbécile avait tout noté sur un post-it affiché au coin droit de son écran d’ordinateur (le couillon…).

Dans l’affaire ANSES/Ministère public versus Bluetouff, le serveur de l’ANSES n’a jamais noté autre chose que des codes « 200″ dans ses logs. Si même le serveur dit que tout ça est « OK », on se demande, d’un point de vue technique, comment il est possible de condamner Bluetouff…

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Source: http://reflets.info/letrange-confrontation-entre-le-droit-et-la-technique/