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#PJLRenseignement : déjà-vu, leçons de l’Histoire et aruspicine

Thursday 19 March 2015 at 00:48

Piacenza_BronzeleberIl y a comme une impression de déjà-vu qui se fait jour avec le projet de loi sur le renseignement que le gouvernement français concocte. Pour une bonne raison : cela s’est déjà produit. Très récemment même.

On pourrait croire que les leçons de l’Histoire auraient été tirée par les politiques. Ils ont vu les Etats-Unis appeler à l’union nationale après les attentats de septembre 2001. Ils ont vu les lois liberticides se mettre en place, comme le Patriot Act. Ils ont vu les effets d’un discours guerrier évoquant une supposée lutte des civilisations. Ils ont vu la légalisation de la torture. Ils ont vu l’effet des coups portés à la séparation des pouvoirs, à la mise au rebut des concepts qui fondent la Justice en Démocratie. Ils ont vu Guantanamo, les prisons secrètes de la CIA, les vols fantômes de la même CIA, les enlèvements… Ils ont ont pu lire des centaines de travaux et d’études sur les effets pervers et les conséquences dramatiques des décisions de l’Administration Bush. Et pourtant… La France s’enfonce toujours plus dans cette voie dont l’issue est connue. D’autres morts, d’autres combats, un cercle meurtrier sans fin. Un état de guerre permanent.

Jouons les aruspices… En dépit de toutes ces évidences, en dépit de tous les cris des défenseurs des Droits de l’Homme, des journalistes, des experts en tous genres, dont ceux de Reflets qui creusent ce sujet depuis des années, oui, en dépit de tout cela, nous allons assister dans un avenir proche à un vote quasi-unanime des parlementaires français, en faveur de ce projet de loi.

rt-oupasCar le contexte est à peu de choses près le même que celui qui présidait aux Etats-Unis après le 11 septembre. On est forcément pour ou contre les barbus terroristes. En dehors du clan du Bien ou du clan du Mal, pas d’alternative. On est pour la censure ou contre. Il n’y a pas d’alternative à la censure des sites djihadistes (ou pas) par l’exécutif sans contrôle d’un juge. On est pour donner des moyens quasiment illimités sans véritable contrôle démocratique aux services de renseignement ou… on est pour les barbus terroristes.

Le Front National et les barbus terroristes sont de très pratiques excuses pour faire voter n’importe quoi. Ainsi que pour ceux qui auront voté toutes ces lois injustifiables. A la veille d’élections, avec un FN en hausse dans les sondages, au moment où sont perpétrés des actes terroristes en Tunisie, toutes les conditions sont réunies pour que la quasi-totalité des parlementaires qui tiennent à garder leur poste votent pour ces textes.

Source: http://reflets.info/pjlrenseignement-deja-vu-lecons-de-lhistoire-et-aruspicine/


Censure et surveillance administrative : l’essence de la tyrannie

Wednesday 18 March 2015 at 21:22

cool

La tyrannie est toujours multiforme, et l’histoire ancienne ou plus récente est là pour nous le démontrer. Les récentes révélations du Figaro analysées par Reflets, si elles se révèlent exactes, sont un signal excessivement inquiétant de l’état du système politique et social dans lequel nous sommes désormais entrés. Pour bien comprendre ce que signifierait la mise en place des « boites noires » internet placées chez les FAI — que la majorité socialiste aimerait généraliser pour surveiller des présumés terroristes,  un retour en arrière dans l’histoire des régimes autoritaires, policiers, système totalitaires ou sociétés dictatoriales est nécessaire. Non pas pour faire un amalgame, mais pour bien établir l’impossibilité quasi historique, pour les responsables politiques français, de mettre en place ces outils. Ni plus, ni moins.

La Stasi ?

En Allemagne de l’Est (RDA), s’est constitué au sortir de la seconde guerre mondiale, un Ministère de la sécurité d’Etat. Cette police politique aux ordres de Moscou était un immense service de renseignement ayant pour mission principale la traque des opposants politiques du régime. Les dossiers de la Stasi sont vite devenus immenses : chaque citoyen de la RDA pouvait être un opposant en puissance. Il est très intéressant de regarder comment un service de renseignements, d’espionnage, de contre-espionnage peut devenir tentaculaire et se mettre à ficher chaque individu d’une société, par mesure de précaution, puis par nécessité administrative.

Stasi

C’est là que les propositions socialistes actuelles, de surveillance administratives sont excessivement proches des structures de renseignements soviétiques ou de la défunte RDA. Ces propositions se basent sur la crainte d’un ennemi potentiel, menaçant l’existence même de l’Etat, et donnent à une administration, totalement opaque par définition, les moyens de tyranniser l’ensemble de la population. Que ce soit avec le mot terroriste, djihadiste, dissident, opposant ou ennemi de la révolution, si l’Etat décide d’imposer une surveillance sans contrôle judiciaire, de ses propres administrés, la tyrannie est obligatoirement présente. Par essence.

Les dictatures sud américaines ?

Le Chili, l’Argentine, le Brésil ont connu des dictatures militaires, longues et douloureuses au cours des années 60 à 90. La répression des contestataires y était sanglante, et toujours appuyée par des structures de renseignement hypertrophiées. Une dictature craint de se voir mise en cause, qu’un soulèvement populaire ne vienne contester son pouvoir, elle est donc toujours dans l’obligation de réprimer, et pour ce faire, de surveiller. Le principe d’anticipation des mouvements « révolutionnaires » requiert de l’information, beaucoup d’information.

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La censure, en Amérique latine, a été massivement pratiquée dans ces dictatures, pour empêcher l’éducation des masses populaires, particulièrement envers les thèses marxistes ou communistes puisque les systèmes dictatoriaux mis en place étaient soutenus par les Etats-Unis et demandaient avant toute chose une soumission du peuple aux thèses des « Chicago Boys ». Les inventeurs du libéralisme économique — thèses promues par Milton Friedman, prix Nobel d’économie et grand ami-conseiller des dictateurs de cette région, étaient accueillis à bras ouverts par ces dictatures « anti-communistes ».

La République française : compatible ?

Il serait possible de parler de Cuba, de la Tunisie de Ben Ali, de l’Union soviétique, de la Syrie, de la Libye, de toutes les nations dont les systèmes politiques ont été ou sont encore des régimes tyranniques : tous ces régimes surveillent leur population, tous censurent l’information. Tous ces régimes utilisent ces méthodes, parce que tous ces régimes sont naturellement aux abois, et ont l’obligation, par essence de se protéger de la sorte. Comment peut-on entendre, à la suite d’une action violente de 3 individus armés ayant causé 17 morts, qu’un pays comme la France utilise les mêmes méthodes que les régimes tyranniques ? Les dirigeants de ce pays, la France, seraient-ils eux aussi aux abois ? La Constitution française peut-elle autoriser la mise en place d’une administration du renseignement ayant toute latitude pour espionner en toute discrétion, sans contrôle judiciaire ou parlementaire  réel n’importe quel citoyen ? La censure administrative de sites internet est-elle envisageable dans un pays qui — il y a encore deux mois — se vantait d’être le premier défenseurs de la liberté d’expression ?

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Cette censure est exactement la même que celle qu’opérait le « dictateur Ben Ali » (qui n’en était pas un pour les responsables politiques quelques heures encore avant sa fuite du pays) : comment la France peut-elle s’exonérer du passage par un juge et opérer ainsi ?

En réalité, la comparaison avec la Stasi devient tout à fait possible. Et c’est là que débute la tyrannie. Quoi qu’en pensent les politiques aux abois jouant un jeu très dangereux, qui se retournera contre eux s’ils ne s’en rendent pas compte à temps. Rien ne peut justifier la censure et la surveillance administrative. A moins de déclarer l’état d’urgence, et de rayer d’un coup de crayon la Constitution.

En serions-nous là ?

Source: http://reflets.info/censure-et-surveillance-administrative-lessence-de-la-tyrannie/


Une boite noire pour nous surveiller tous, mais une boite noire de gauche…

Wednesday 18 March 2015 at 13:33

©IAN LANGSDON/EPA/MAXPPP

©IAN LANGSDON/EPA/MAXPPP

Le rêve de Mouammar Kadhafi, celui de Bachar el-Assad, est en train de se matérialiser en France. Ce que Reflets dénonce depuis des années comme un vrai cauchemar, se met en place. Cerise sur le gâteau, c’est un gouvernement de gauche qui lui donne vie. Historiquement, ce qui différencie la gauche de la droite, c’est une valeur : l’humanisme. Déjà bien déglinguée, la voilà enterrée définitivement. Le Parti socialiste ne se remettra jamais de cette décision. Car en voulant installer des « boites noires » chez les fournisseurs d’accès afin de surveiller la population, comme le raconte le Figaro aujourd’hui, il pose les germes d’un scandale monumental. Comment ce gouvernement expliquera-t-il sa démarche si par exemple, un jour, on découvrait que la société ayant développé le cœur de ces boites noires est mise en examen pour complicité de torture en Syrie ou en Libye ?

Car comme Reflets l’indiquait dans ses articles hier, il est hautement improbable que les projets de surveillance des terroristes en puissance (jusque-là présumés innocents) hors de tout contrôle démocratique, par le fait du prince, puissent reposer sur autre chose que du deep packet inspection. Nous avons des entreprises leader dans ce domaine, Qosmos, Amesys (Advanced [Middle East] Systems) , EADS, pour ne citer que les plus connues. Les services de renseignement, au travers de l’Etat français, depuis Nicolas Sarkozy, ont tissé des liens extrêmement étroits avec ces sociétés, au point même d’y injecter de l’argent au travers du Fonds stratégique d’investissement (devenu BPIFrance). Il est temps, visiblement de collecter les dividendes. Assiste-t-on à la concrétisation du projet Kairos de Qosmos, ce contrat avec la DGSE ? Quoi qu’il en soit, le gouvernement Valls de François Hollande vient de franchir le Rubicon.

Selon le Figaro,

« Ces mesures permettront de détecter les suspects le plus en amont possible, et de les surveiller ensuite «de manière totale et systématique», confirme une source gouvernementale.

La détection se fera en lien avec les opérateurs télécoms et les fournisseurs de services, appelés par la loi à collaborer. «Les terroristes ont des comportements de grande discrétion sur le Web, mais il existe des marqueurs signifiants», précise-t-on au ministère de l’Intérieur ». […]

« Afin de détecter ces comportements suspects, le gouvernement envisage de faire installer, sur les équipements réseau des intermédiaires techniques, l’équivalent d’une «boîte noire», a-t-il précisé mardi. Elle contiendra des algorithmes, chargés d’extirper des possibles suspects dans la masse des données qui transitent chaque jour sur Internet. Ces codes informatiques seront visés par la nouvelle Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR), l’autorité administrative indépendante créée pour contrôler les écoutes.

Les enquêteurs chercheront à avoir une détection la plus fine possible. «Si on voit que cela donne des dizaines de milliers de résultats, on changera les algorithmes», affirme-t-on de même source. »

Toute personne ayant deux ou trois notions techniques peut traduire immédiatement ce jargon bauerien de mage criminologue : « on va mettre en place des outils de DPI permettant de filtrer, classifier et analyser les flux Internet chez les FAI. Des alertes permettront de détecter les personnes intéressées par le djihadisme, les bombes, les armes, etc ». Le souci c’est que ces filtres feront remonter des utilisateurs intéressés par … le djihadisme, comme les chercheurs, les universitaires, les journalistes. Mais aussi ceux qui sont férus de chimie ou les amateurs d’armes de collection. Comment faire le tri et éviter des procédures parfaitement abusives ? Les algorithmes… Ces programmes « intelligents » mais codés par des humains, avec les germes des erreurs humaines codées en dur. Ils feront le tri. Ayez confiance.

Non, justement. Nous n’avons pas confiance. Nous sommes même de plus en plus méfiants, de plus en plus ulcérés par les décisions de ce gouvernement. Le piétinement permanent des libertés individuelles, l’instauration d’une suspicion généralisée, le fait de décréter que tout citoyen est un terroriste en puissance, ce ne sont pas nos valeurs. Non, François Hollande, non Manuel Valls, nous ne sommes ni la Syrie, ni la Libye, ni l’Arabie saoudite, ni le Qatar, ni les Emirats arabes unis… Les Français ne veulent pas de votre DPI généralisé. Remettez les enquêteurs des services de renseignement sur le terrain. Rangez vos precogs votre DPI qui servira à Marine Le Pen, que vous voyez déjà au pouvoir en 2017, pour pourchasser ses opposants politiques, dont vous. Et oui, avec vos outils, elle pourra, simplement en modifiant les « paterns », comme vous dites (sans comprendre ce dont vous parlez), connaître vos plus inavouables secrets et … vous détruire.

Source: http://reflets.info/une-boite-noire-pour-nous-surveiller-tous-mais-une-boite-noire-de-gauche/


La boite noire gouvernementale chez les FAI

Wednesday 18 March 2015 at 12:35

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Le GLINT, une boite noire traqueuse de barbus terroristes idéale pour les FAI, développé par la France pour la Libye de Kadhafi

Ils sont devenus fous. Aujourd’hui le Figaro évoque un projet gouvernemental de « boite noire » chez les fournisseurs d’accès.
Sans même parler de solution technique, on sent tout de suite que nous sommes en train de franchir la ligne rouge. Détection comportementale sur le Net : il s’agit toujours de faire la traque aux cyberbarbus, c’est pour notre bien. Et comment on les détecte les comportements ? C’est assez simple, comme le disait le député Myard « il suffit de mettre de gros ordinateurs, les chinois l’ont bien fait » . Ces gros ordinateurs vont probablement opérer sur plusieurs niveaux. Tout commencera par des sondes capables de détecter sur les millions de connexions les connexions « suspectes »…peut être par dictionnaire, ou par des règles bien plus précises, on n’en sait rien, c’est ça le concept de la boite noire, vous n’en saurez rien et un comité Théodule assurera « sa bonne utilisation ». Une fois suspectées, on pourra s’attaquer au layer 7, un peu trop gourmand pour du systématique sur l’ensemble de la population… ces connexions seront interceptées, dans l’intégralité de leur flux. Pas un clic n’échappera à la « boite noire », l’intelligence des machines au service de la misère démocratique, vous en avez rèvé ? la voilà… La détection comportementale implique que nous sommes 66 millions de suspects. Et ce n’est pas comme si des projets de recherche européens n’existaient pas.

Faible consolation, Internet en France est bâti sur un enchevêtrement chaotique de réseaux qui limitera sans doute les belles idées du gouvernement. Mais l’article du Figaro n’en reste pas moins effrayant. «Les terroristes ont des comportements de grande discrétion sur le Web, mais il existe des marqueurs signifiants» précise la source. Puis ces marqueurs seront utilisés pour déclencher une surveillance «de manière totale et systématique» confie t-elle. Oui, c’est bien de ça qu’on vous parle depuis des années maintenant sur Reflets. C’est vraiment trop injuste, ces belles boites noires que nous avons fabriqué pour Kadhafi, Bachar et d’autres malades mentaux qui éprouvent le besoin de placer sous surveillance toute leur population, pourquoi nous n’aurions pas le droit de les utiliser nous ?

Le plus pathétique, c’est que c’est typiquement le genre de mesure qui passera sur décret, pas devant le Parlement, dès fois que certains parlementaires poseraient trop de questions sur un projet en cours depuis des années, dans lequel le fond stratégique d’investissement a allègrement placé des billes depuis des années, et qui ne demande qu’à être activé ?

Une boite noire chez les FAI… et pourquoi pas un gros bouton rouge chez les électeurs pour faire sauter un gouvernement ?

Source: http://reflets.info/la-boite-noire-gouvernementale-chez-les-fai/


Censure administrative du Net… pour parfaire le décor

Wednesday 18 March 2015 at 00:11

omwf31Il y a maintenant bientôt 5 ans, on pressentait déjà un mauvais coup se tramer dans l’ombre de l’ARJEL, l’autorité de régulation des jeux en ligne, qui s’était vue octroyer sur décret la première forme de censure d’état. Assez « finement », dans la plus pure tradition républicaine, ce décret était passé sous les radars, publié un 30 décembre, entre deux réveillons, pendant que les geeks geekaient comme tous les ans chez les copains du CCC.

Voilà maintenant 4 ans que des sites de jeu en ligne n’ayant pas obtenu de licence se voient « bloqués » et que ceci n’émeut pas grand monde, d’ailleurs, toute la presse semble l’avoir totalement oublié, en dehors quelques médias spécialisés. Aujourd’hui, changement de casting, ce n’est pas une « Autorité Indépendante » qui fait ses petites listes noires à transmettre aux fournisseurs d’accès pour blocage, c’est le gouvernement lui même, le ministère de l’intérieur. Les critères permettant d’affirmer que tel ou tel site est un site « terroriste » ne sont pas connus, probablement un savant mélange de doigt mouillé, de Google Translate à l’arrache, et d’arbitraire. Oui quand on se passe d’un juge, on est bien dans l’arbitraire.

Appliquer des mesures de blocage et de déréférencement que l’on applique depuis 4 ans pour des sites de jeu en ligne contre des sites web qui font l’apologie du terrorisme… quelle idée révolutionnaire.

On ne va pas critiquer plus avant l’efficacité des mesures de blocage, on sait que ça ne fonctionne pas, voici un petit dessin que NextInpact avait à l’époque publié qui nous le rappelle.

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… mais là n’est pas le problème, et oui il faut s’en indigner, même avec 4 ans de retard.

Dans cette lente et léthargique entreprise de civilisation destruction du Net, tous les gouvernements qui se sont succédés se sont accordés sur la question de la censure administrative et de la surveillance, en conchiant au passage le principe de séparation des pouvoirs. Nul doute que si un Front National accède un jour au pouvoir, il sera bien content de trouver tous les jouets « légaux » que l’on aura préalablement mis à sa disposition. Plus besoin de s’embarrasser d’un juge, une simple incantation de type :

« site web, je te level up officiellement site terroriste »

… et paff le tour est joué, pas besoin de rendre de comptes à qui que ce soit.

Et nous pourrions aller bien plus loin. Imaginons maintenant que pour s’assurer que la censure qui ne peut pas fonctionner fonctionne, le législateur émette l’idée novatrice d’installer sur tous les ordinateurs un « contre-logiciel » qui vous permettrait, en cas de fichage « accidentel » de votre adresse IP dans le listing des terroristes présumé… puisqu’on vous dit que c’est de la prévention
Oh wait ! … Ça ne vous rappelle rien ? Remettons nous au travail.

Des lois parfois d’aspect un peu anodines, qui font régulièrement consensus à propos Internet, c’est devenu une tradition. Sarkozy les a pensé, Valls leur trouve aujourd’hui une utilité : une DADVSI, une LOPPSI, une HADOPI, une ARJEL et paff un blocage blocage DNS des barbus terroristes et l’extension de mesures d’exceptions à l’ensemble de la population, des mesures d’exception qui deviennent loi après loi, sur Internet, la norme.

Attention, ce qui est sur Internet finit toujours, un jour où l’autre par en sortir. Si nous voulons conserver une République qui fonctionne, ses grands principes comme celui de la séparation des pouvoirs, ne doivent pas être remis en cause à la seule évocation du mot Internet… Une République, ça peut vite se dissoudre en une ou deux cyber mesures d’exception, suivi d’un malentendu électoral.

Source: http://reflets.info/censure-administrative-du-net-pour-parfaire-le-decor/


Deuxième mutation de la démocratie en vue

Tuesday 17 March 2015 at 18:26

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L’horreur des attentats de 2001 aux Etats-Unis avait déclenché un mouvement de balancier très perturbant (pour une minorité de personnes). Les Américains mauvais patriotes et suspects de toutes sortes de choses qui ne validaient pas les décisions de l’Administration Bush se retrouvaient au coeur de problèmes assez conséquents. Les étrangers qui refusaient les dérives de George Bush étaient classés dans le camps du Mal, probablement suspects de soutenir Al-Qaïda. Pourtant, la légalisation de la torture (article de 2006), entre autres exemples, permettait de comprendre que la Démocratie avait muté aux Etats-Unis. La mise en place de fichiers aberrants comme TALON prouvaient que très vite, l’Administration décidait de surveiller toute la population. Si l’infrastructure qu’Edward Snowden a révélée n’était pas encore en place, on pouvait déjà compter sur les « citoyens impliqués » pour dénoncer tout et n’importe quoi à n’importe qui afin que tout soit consigné. En quoi la Démocratie mutait-elle ? Elle commençait à utiliser très ouvertement les armes de ses ennemis pour combattre ces derniers. Si l’on peut comprendre qu’une démocratie veuille se défendre contre ceux qui veulent la renverser, souvent au profit de groupes voulant instaurer des systèmes bien plus coercitifs, on ne peut que déplorer l’usage pour ce faire, de méthodes anti-démocratiques. Cette voie n’a qu’une issue. La transformation de la Démocratie en autre chose. Quelque chose de proche de ce qu’elle n’est pas. Un Etat policier, une dictature ? La présentation en conseil des ministres demain d’un énième projet de loi visant à lutter contre le terrorisme est la concrétisation dans les textes de la deuxième mutation de la Démocratie.

Il faudra sans doute attendre quelques jours pour avoir accès au texte définitif, mais le projet de loi sur le renseignement dont les grandes lignes sont dévoilées par le Figaro laisse entrevoir un avenir bien sombre pour la démocratie.

Après le fichage des enfants dès trois ans par Nicolas Sarkozy, le projet de tests ADN pour le regroupement familial par le même, le projet de suppression des juges d’instruction par… toujours le même, mais aussi après le texte autorisant la censure sans contrôle d’un juge et en toute opacité, de sites faisant la promotion du terrorisme (qu’est-ce que le terrorisme, qui l’est, qu’est-ce qu’en faire la promotion, autant de débats démocratiques éclipsés), ce nouveau texte va officialiser la fin du secret des correspondances.

Recueil immédiat…

Selon l’article du Figaro :

« Dans son article 3, le texte permet aux enquêteurs d’obtenir un «recueil immédiat, sur les réseaux des opérateurs» des données de connexion des suspects. De même, il veut contraindre les intermédiaires à «détecter, par un traitement automatique, une succession suspecte de données de connexion». Les fournisseurs d’accès à Internet, mais aussi aux plates-formes comme Google, Facebook, Apple ou Twitter, pourraient devoir déceler eux-mêmes des comportements suspects, en fonction d’instructions qu’ils auront reçues, et transmettre ces résultats aux enquêteurs. […]

Le projet de loi renseignement aborde aussi sur les obligations à la charge des opérateurs et des plates-formes «en matière de déchiffrement des données». Plus que jamais, la France veut disposer des clés permettant de lire des conversations interceptées« 

Comment un opérateur peut-il détecter une succession de connections suspectes ? Chez Reflets, on a bien une idée, mais le conseiller com’ de Fleur Pellerin va encore nous traiter de troll. Le Deep Packet Inspection, cette technologie qui a poussé les gouvernements de droite comme de gauche à soutenir financièrement et commercialement les entreprises françaises pionnières en ce domaine, est une solution optimale.

Qu’est-ce qu’une connexion suspecte ? Est-ce que le fait de contourner la censure du gouvernement (l’exécutif omnipotent en ce cas) par des moyens aussi simples que The Internet Archive, est une connexion suspecte ? Comment l’opérateur peut-il savoir qu’un de ses abonnés se connecte (et charge) un contenu « suspect » sans inspecter en profondeur ce qui circule sur son réseau ? Ceci signerait la fin du droit à la vie privée et du secret des correspondances. De même que l’obtention des clefs de chiffrement auprès des géants du Net. Dans une Démocratie, c’est à la justice de prouver que vous êtes coupable d’un crime ou d’un délit. Il n’est pas tolérable qu’une Démocratie présuppose, comme le faisait Nicolas Sarkozy et comme le fait actuellement le gouvernement Valls de François Hollande, que chaque citoyen est un délinquant en puissance, raison pour laquelle tous ses échanges, ses lectures, doivent être archivées, scrutées, … au cas où.

Cette deuxième mutation, déjà bien entamée, mais qui est actuellement en train de se concrétiser dans les textes est un vrai danger. Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas lorsqu’il sera trop tard. Ou lorsqu’un gouvernement composé de personnes aux idées anti-démocratiques trouveront tous ces outils à leur disposition.

Argent, philosophie…

C’est l’histoire d’un mec, Kenneth McVay, il constate -il y a très longtemps- sur Internet la présence de textes révisionnistes et antisémites. Au lieu de demander à grands cris à son gouvernement de les censurer, il décide de publier. Publier tout ce qu’il peut sur Internet pour contrer la propagande des révisionnistes et autres antisémites. Histoire à la fois de permettre aux gens de trouver des textes fiables donnant une opinion contraire à celle qu’il juge à raison nauséabonde, mais aussi de la noyer.

Pour qui est l’heureux détenteur d’au moins deux neurones, cette démarche semble un tantinet plus logique que celle qui consiste à censurer (sans efficacité), à surveiller et à classer comme terroriste potentiel toute personne consultant des textes à la gloire des tarés de Daesh.

En outre, en ces temps de disette budgétaire, il semble incongru de voir le gouvernement français dépenser de l’argent pour des mesures notoirement inefficaces…

Source: http://reflets.info/deuxieme-mutation-de-la-democratie-en-vue/


Putain de DNS menteurs

Tuesday 17 March 2015 at 17:08

touche-pas-a-mes-dnsDifficile de porter un regard sympathique sur la mise en place des mesures de blocage administratif des sites web « faisant l’apologie du terrorisme ». C’est même avec une certaine tristesse que les « vieux internautes » (et de plus jeunes qui ont compris à quoi sert le bouzin) observent ce qui est en train de se mettre en place dans notre pays. Se passant d’un juge, une autorité administrative (le ministère de l’intérieur) désigne une liste de sites web, qu’elle transmet à certains fournisseurs d’accès, les plus gros, pour que ces derniers assurent leur blocage, redirigeant les requêtes des internautes sur l’une des pages les plus tristes du Net.

On pourrait s’en émouvoir pendant des lustres (désolé je ne m’en lasse pas), mais ce serait avoir la mémoire courte. Car bien avant les barbus terroristes, bien avant les pédocriminels, le blocage administratif par nom de domaine a été mis en place pour filtrer les sites de jeu en ligne. Souvenez vous, c’était notre petit cadeau du nouvel an du gouvernement, le décret n° 2011-2122 du 30 décembre 2011 relatif aux modalités d’arrêt de l’accès à une activité d’offre de paris ou de jeux d’argent et de hasard en ligne non autorisée.

Est-ce donc étonnant de voir cette mesure étendue à la chasse aux terroristes ? Oui et non.

Oui car sur un sujet aussi sérieux, on s’attendrait à une mesure technique un peu moins pieds nickelés qu’un blocage DNS, qui suffira certainement à arrêter les personnes qui n’ont pas envie de faire 3 clics et deux copier coller pour rendre inopérant ce blocage, qui ne lisent pas les news sur divers agrégateurs ou réseaux sociaux… bref au final, pas grand monde

Non car il s’agit d’un aveu d’impuissance face à un réseau qui n’a pas été conçu pour permettre la censure, et qui a même été conçu pour tout son contraire.

Mais tout va bien… ce qui serait inquiétant, vraiment inquiétant, ce serait que ce blocage soit efficace.

Ce blocage administratif de sites terroristes (attentions pixels explosifs inside) n’est qu’une nouvelle triste page d’une histoire maintes fois répétée bien avant Internet. Une technique vieille comme le monde qui consiste à planquer la poussière sous le tapis. Appliqué à Internet, ça revient à faire croire aux internautes qu’un site ou les idées qu’il véhicule n’existent pas.

Autant philosophiquement que techniquement, un blocage de ce type pose problème. Philosophiquement, c’est un échec, un genou à terre devant le terrorisme, l’administration française déploie sa « réponse » : des oeillères dont l’objectif est de dire que le site demandé n’existe pas, ou techniquement, qu’il existe bien mais que c’est interdit d’y aller (comprenez « désolé, on ne sait pas comment faire pour chopper les gugus qui l’opèrent, donc on a un peu mis en place un truc de goret pas franchement efficace pour vous empêcher d’y aller »)

Ce qui fait la richesse d’Internet et l’avènement qui en découle d’une société de l’information, c’est la définition même d’Internet : un réseau public, ouvert et neutre sur lequel la mamie du Cantal peut accéder aux mêmes informations avec son fournisseur d’accès Orange qu’un bonze tibétain à Lhassa avec son smartphone depuis son opérateur Lama Telecom. Si ces deux personnes veulent consulter une information sur un site, elles demandent à leur navigateur web de se rendre sur toto.com et le système de nom de domaines, tel un annuaire, va les orienter sur une suite de chiffres correspondant au bon serveur, celui qui héberge l’information demandée…
Et c’est là que ça devient très moche. Un DNS menteur est une sorte d’annuaire que l’on aurait falsifié pour que la machine qui répond à la requête ne soit pas la bonne, du moins qu’elle ne soit pas celle qui héberge l’information demandée. Dans le meilleur des cas, la machine qui répond affichera un message informant notre bonze ou notre mamie du Cantal que le site auquel il tente d’accéder est bloqué. Au pire, il servira une information tronquée ou dira carrément que le site n’existe pas.

L’autre point peu glorieux dans cette histoire, c’est que comme d’habitude, c’est aux fournisseurs d’accès Internet que l’on demande de jouer les douaniers… enfin il y a fournisseur d’accès et fournisseur d’accès dans la tête d’un gouvernement. Ainsi, si vous avez bien choisi votre fournisseur d’accès (c’est à dire si vous n’êtes pas chez Orange, Free, Bouygues ou SFR / Numéricabe), vous pouvez à ce jour allègrement aller visiter ces sites bloqués.

Consolez vous, dans tous les pays où ce genre de cyber incongruité a été mis en place, les listes « secrètes » de sites censurés ont fini sur Internet… et oh surprise, on y trouvait des sites qui n’avaient pas grand chose à voir avec la raison invoquée pour la mise en place du blocage…

Que des politiciens mentent, on en a l’habitude, on a appris à faire avec, par contre les DNS, ça va tout de suite être un peu plus gênant.

Source: http://reflets.info/putain-de-dns-menteurs/


Esprit Charlie, es-tu là ?

Monday 16 March 2015 at 20:56

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C’est important l’esprit du 11 janvier, l’esprit Charlie. On peut l’invoquer, comme Victor Hugo en son temps, invoquait des morts célèbres, avec ses potes autour d’un guéridon. Bon, aujourd’hui c’est plus moderne, on invoque l’esprit Charlie par Internet. Et comme bon nombre d’entre vous a dû le voir, un site de vilains islamistes, http://islamic-news.info a été censuré par notre bon gouvernement qui tient à nous protéger. De quoi ? Des vilaines choses qu’écrivaient ces gens très mal intentionnés sur islamic-news.info.

Logique : la liberté d’expression est brandie après les attentats contre Charlie Hebdo, le gouvernement établit que cette liberté est sacrée, et le premier truc qu’ils font, c’est… censurer un site de l’Internet.

main-rouge

Un peu comme comme quand pour « lutter contre les terroristes », le gouvernement français promeut la vente d’un outil de surveillance globale à un terroriste condamné comme tel en France et qui l’utilisera, bien entendu, pour pourchasser et arrêter des opposants politiques. Logique on vous dit…

Cette censure est opérée avec des faux DNS qui répondent à côté quand tu les interroges, un blocage administratif avec des fôtes, le tout tranquillement géré par les FAI. Cocasse. Il y a même des gens qui viennent établir en commentaires que c’est tout à fait normal, parce que quand même, ce sont des fous, houlala.

Ben oui, fermer administrativement, sans juge, un site Internet, est devenu normal en France. Le pays qui défend quoi déjà ? Allez, laissez tomber, achetez du pop-corn, détendez-vous, on est en 2015.

Pour autant, Internet ayant une grosse mémoire, le site est encore partiellement consultable ici . Petit exemple : http://web.archive.org/web/20140125122035/http://www.islamic-news.info/.

Sommes-nous coupables de quelque chose à Reflets en donnant ce lien vers Archive.org ?

Si 2015 est l’année de tous les possibles et du vrai « changement c’est maintenant« , il est possible que nous puissions être condamnés pour la publication de ce lien… Par un gouvernement qui se réclame de « gauche » ? On est toujours le terroriste d’un autre… D’ici à ce que Reflets soit considéré comme un site de terroristes… Il n’y a qu’un pas. La justice n’a-t-elle pas condamné un journaliste de Reflets pour piratage informatique alors qu’il avait téléchargé des documents librement consultables via Google et que le moteur de recherche avait indexés librement (pirate!) ?

A suivre.

Source: http://reflets.info/esprit-charlie-es-tu-la/


Comment s’émanciper dans un monde d’ingénieurs et de techniciens ?

Monday 16 March 2015 at 13:26

tv-connerie

Nos sociétés développées vont mal, politiquement, socialement, économiquement, culturellement. L’inquiétude ou le malaise — c’est selon — sont palpables parmi la population, qui ne sait plus vraiment où aller, ni comment. Certains voient dans ce grand doute national une opportunité de retour en arrière, proposant des politiques de fermeture sur soi, de re-création d’une société ancrée dans un modèle disparu, celui d’avant le premier crack pétrolier, le plus souvent. Le « c’était mieux avant » revient à la mode, et n’a pourtant aucun avenir : vouloir revenir à une époque révolue est une impasse historique. Faut-il pour autant faire l’économie d’une compréhension des rouages de notre époque, de ses limites et de ses opportunités, du pourquoi du malaise ? La totalité du problème n’est pas contenue dans ce modeste article, mais une partie y est peut être inscrite. A chacun de voir, de s’en emparer et en faire quelque chose. Ou pas.

Shop-civilisation technoïde ?

L’évolution des sociétés développées, industrielles, a été fulgurante particulièrement à partir du moment où le réseau de réseaux informatiques, l’Arpanet américain, s’est étendu à travers la planète pour être finalement ouvert aux populations et aux entreprises. En France, au tournant des années 90, le micro ordinateur personnel est encore peu répandu dans les foyers et seules quelques centaines de milliers de personnes utilisent ce qui est désormais appelé Internet. La promotion du réseau s’accentue à la fin de cette décennie, alliant à la démocratisation de la micro-informatique, l’évolution des technologies de transmission des données.

utopie-caddy

Courant des années 2000, les foyers s’équipent, les débits de technologie DSL augmentent, la fibre optique apparaît dans certains lieux privilégiés. De façon parallèle, les firmes américaines ont investi le réseau et « capturent » les internautes  dans des services addictifs nommés trivialement « 2.0 », en rapport avec l’ancien et vieil Internet 1.0, balisé de pur html, voire dépourvu d’hypertexte, si l’on remonte aux années antérieures aux 90’s. Le réseau devient une immense galerie marchande, une arène dite « sociale » où des régies publicitaires pillent les informations des utilisateurs pour mieux les cibler commercialement. Une forme de « Shop-civilisation technoïde » voit le jour à la fin des années 2000. Plus d’1 milliards d’utilisateurs de Facebook, presque autant pour Twitter, des Instagram, Snapchat, Cloud-truc.gogo, achetemoi.com, Tumblr et autres enseignes numériques clinquantes emplissent le cyberespace mondial.

Domination des « déculturés » du monde « digital » ?

La population, dans sa grande majorité, n’est pas équipée intellectuellement pour les TIC, hormis pour une utilisation basique des outils en question. La technologie numérique n’est quasiment pas enseignée à l’école, au collège ou au lycée, à l’exception de quelques filières, où l’enseignement de l’informatique y est désastreux. Ceux qui font la technologie sont les ingénieurs aidés des techniciens. Qui sont-ils ? Des individus souvent passionnés, issus de filières scientifiques ou techniques, et addicts aux technologies numériques, vendues par la suite comme « digitales » par les commerciaux du domaine. Ce nouveau monde où s’échangent la « Culture » au sens large (commerciale et de masse le plus souvent), les idées, le sens collectif, est donc géré par des techno-scientifiques ou assimilés, qui n’ont, la plupart du temps, aucune appétence ni compréhension pour ce qu’on nomme « la Culture », justement. C’est-à-dire les créations artistiques ou populaires de la civilisation qui nous accueille, passées et présentes. Ce n’est pas un reproche : les ingénieurs et techniciens les plus doués doivent passer beaucoup de temps dans leurs domaines techniques pour être performants, il est donc facile de comprendre qu’ils ne connaissent pas ou peu la littérature romanesque, par exemple. Ni le théâtre ou la peinture, les arts culinaires ou celui des jardins. Toutes ces choses qui ne servent à « rien de concret » et qui souvent, ne sont pas « numérisables ».

cerveau-informaticien

Le problème des ingénieurs et techniciens n’est pas ce qu’ils sont, mais le pouvoir qu’ils ont, et la domination qu’ils exercent. La société, dans son ensemble, est devenue une vaste machine à ingénierie. Une majorité d’activités est désormais traitée de façon purement technique : management par processus, gestion des activités, techniques d’optimisation, etc… La santé, par exemple, dans les hôpitaux est devenue une activité où l’on optimise à grands coups d’outils logiciels. L’humain, qu’ils soit soignant ou soigné, devient une ressource comme une autre, une donnée, traitée dans un ensemble de processus avec pour vocation finale, la maximisation des profits, ou tout du moins une profitabilité-rentabilité numéraire, accessible en un clic et démontrable avec quelques « slides » d’un logiciel de présentation. Les clés du vivre ensemble ont été données à des ingénieurs et des techniciens, et ceux qui ne l’étaient pas le sont devenus, en surface et en tant qu’opérateurs, tout du moins. La domination des techniciens-déculturés est réelle. Est-elle une partie du problème du trouble de société en cours ?

Emancipation phagocytée ?

Le terme d’émancipation n’est pas anodin, et directement relié à la progression et la démocratisation de l’informatique des réseaux dans nos vies. Quoi d’autre, de plus puissant, intéressant — pouvait être donné à l’humanité pour s’émanciper (politiquement, culturellement, socialement, économiquement)— que l’accès complet et horizontal au réseau des réseaux ? L’époque de la théorie sur le « Village global » renvoie directement à cette aspiration, d’une humanité interconnectée, se libérant de nombreuses limites, accédant à une nouvelle forme d’émancipation dans la connaissance mondiale, l’élévation des masses, etc. Las, le village est vite tombé, et ses promoteurs réduits à de doux rêveurs à la limite de l’indigence intellectuelle, et surtout… économique.

global-village

Internet n’est (presque) rien d’autre aujourd’hui, qu’un instrument de domination d’une élite technico-financière déculturée, sur des masses populaires techniquement fort incultes. La seule différence avec la télévision, outil propagandiste et déculturant par excellence, est qu’Internet mène bien plus vite à un sentiment de frustration. D’où la situation actuelle, d’une population à la fois accrochée aux machines mais les subissant au quotidien, certaine que ces outils géniaux l’« améliorent », mais totalement démunie face au nouveau monde qui en découle : froideur sociale engendrée par l’émergence et la ruée vers les réseaux sociaux, surabondance d’informations, sensation d’impuissance dans l’océan de possibilités numériques.

L’émancipation qu’Internet et les technologies numériques devaient nous apporter est pourtant encore présente, et pourrait reprendre cours. Les Indignados espagnols, le mouvement Occupy Wall Street ont démontré que l’émancipation populaire, politique, peut s’effectuer grâce aux TIC, même si ces mouvements se sont au final effondrés. Il reste que s’emparer des technologies est une nécessité. Ce que certains font, avec en tête, une reprise en main des gens, dans des lieux dédiés, avec des actions spécifiques. FAI associatifs, Hackerspaces, Tiers-lieux, ou FabLabs d’éducation populaire : la technologie peut être un bien commun, partagée entre techniciens et non-techniciens, avec comme projet central : remettre l’Humain au centre du jeu, mais pas en tant que processus. La seule réponse valable pour continuer cette émancipation — indispensable — est certainement, en partie, là. Dans l’action.

A chacun de s’en rendre compte et de sortir du Big Shop Technoïde. Pour continuer, concrètement, à faire et partager ce que l’on nomme « la Culture » et qui est l’essence même de la civilisation. A l’inverse d’une société totalitaire basée sur la domination technologique et économique d’une minorité sur le plus grand nombre ?

Source: http://reflets.info/comment-semanciper-dans-un-monde-dingenieurs-et-de-techniciens/


ALERTE : Libération pillé par Google !!! #Oupas

Thursday 12 March 2015 at 21:06

google-pille-libe

Le comique de répétition, ça marche toujours assez bien. Et le coup de « Google pille la presse« , c’est un classique. Reflets avait déjà abordé ce sujet plusieurs fois. La presse, voudrait à la fois que Google la référence au mieux, lui envoie des millions de visiteurs clics et n’utilise pas ses articles pour faire venir des visiteurs sur les sites des journaux et autres radios ou télévisions. Cornélien. Il faut bien des résumés des papiers pour donner envie aux lecteurs d’aller les lire sur les sites de la presse… Cette fois, c’est un journaliste de Libé qui semble avoir expliqué dans une conférence que son journal était régulièrement pillé par Google (cf. illustration ci-dessus). Vraiment ?

Ré-expliquons donc aux journalistes de Libé que si le site du journal se fait « piller » par Google, c’est simplement parce que leur rédaction en chef, ou leur direction générale (ou les deux) le veulent bien. Et même, Libé en redemande. Le site de Libération facilite les choses à Google en lui fournissant un « Sitemap », c’est à dire un fichier détaillé (XML) contenant toutes les adresses (URL) qui vont bien. Ce sitemap est même fourni pour Google News, l’agrégateur d’infos de Google.

libe-robotsJean Quatremer, qui semble avoir fait cette déclaration (nous n’étions pas à cette conférence), serait bien inspiré de regarder en détail le fichier « robots.txt » exposé ci-dessus.

Il permet aux petits robots de Google qui viennent indexer les sites de savoir s’ils ont le droit de le faire ou pas. En l’occurrence, Libé accepte d’être indexé par Google et favorise l’inclusion de ses pages dans Google News en fournissant son sitemap aux robots de Google.

C’est d’autant plus délibéré que, comme la plupart de la presse, Libé, qui sait très bien utiliser le fichier robots.txt, refuse l’indexation de ses contenus par certains « opérateurs » comme Youmag ou Melwater (qui fait principalement profession de la vente de revues de presse).

Peut-on raisonnablement dénoncer un pillage de la presse par Google tout en lui demandant expressément d’utiliser ses contenus pour gagner quelques clics, mais aussi en encaissant 649.000 euros de la part du Fonds Google pour la Presse ?

Ce n’est pas une question pour le prochain bac philo, c’est une question pour Jean Quatremer et pour Libération.

Source: http://reflets.info/alerte-liberation-pille-par-google-oupas/