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« Le cycle néolibéral touche à sa fin », entretien avec Jean-Michel Quatrepoint, par l’Arène nue

Thursday 23 March 2017 at 01:55

14-03-2017
 

Jean-Michel Quatrepoint est journaliste économique et essayiste. Il est notamment l’auteur de Le Choc des empires. Etats-Unis, Chine, Allemagne: qui dominera l’économie-monde ? (Le Débat, Gallimard, 2014) et de Alstom, scandale d’Etat – dernière liquidation de l’industrie française (Fayard, en septembre 2015). ll est membre du Comité Orwell présidé par Natacha Polony.

Dans une vidéo parue sur Xerfi canal, vous expliquez que nous sommes en train de changer de cycle et que le néolibéralisme a atteint ses limites. Qu’est-ce qui vous fait dire ça ? Est-ce l’élection de Trump aux États-Unis ? Le Brexit en Europe ?

Oui. Le néolibéralisme est entré dans un processus de reflux, après son apogée que je situe en 2007-2008, avec la grande crise : crise des subprimes aux États-Unis, puis crise des « dettes souveraines » et de l’euro, par ricochet, en Europe.

Ce cycle néolibéral avait commencé le 15 août 1971, avec l’abandon de la convertibilité du dollar en or, autrement dit avec la fin du système de Bretton Woods. Une fin décidée unilatéralement par Nixon alors que les Américains avaient besoin de créer beaucoup de monnaie pour financer tout à la fois la guerre du Vietnam et la guerre des étoiles. En 1971, on bascule donc dans un système de changes flexibles. Dans le même temps, l’école de Chicago [une école de pensée néolibérale dont la figure emblématique est Milton Friedman] entreprend un travail théorique visant à bâtir un corps de doctrine en rupture avec le keynésianisme. Cette école théorise le « trop d’État, trop de syndicats, trop de conglomérats et de monopoles ». Elle plaide pour la dérégulation et la casse du système pour le rendre plus dynamique.

Puis Reagan arrive au pouvoir aux États-Unis (Thatcher l’a précédé en Grande-Bretagne, de la même façon que le Brexit a précédé Trump de quelques mois) pour appliquer ce programme. Il est d’ailleurs amusant de rappeler qu’il se fait élire sur le slogan « Make America great again ». Car à la fin des années 70, l’Amérique est en proie au doute. On se situe juste après le Watergate, l’impeachment de Nixon, la défaite au Vietnam, la prise d’otage à l’ambassade d’Iran. Par ailleurs, c’est l’époque où se posent les premiers problèmes de désindustrialisation. Les États-Unis se heurtent à l’ambition japonaise, tout comme ils se heurtent aujourd’hui à l’offensive chinoise. Pendant la première moitié de la décennie 80, ils organisent donc la contre-offensive. L’affaire se solde par les accords monétaires du Plaza de septembre 1985. Le Japon est mis à genoux et obligé de réévaluer sa monnaie de 100 % en un an. Au passage, l’Allemagne doit réévaluer elle aussi.

Vous voulez dire en somme que le début de la présidence Reagan correspondait à l’entrée dans un cycle, comme celui dans la présidence Trump signale qu’on est en train d’en sortir ?

Oui. Avec des différences mais avec des similitudes également. A l’époque – c’est une différence -Reagan commence par casser les monopoles : dans les télécoms, dans le transport aérien, etc. Puis il dérégule, libéralise progressivement les mouvements de capitaux. Enfin, il se tourne vers les Européens et leur demande de procéder de même, au nom de la réciprocité. Mais par ailleurs – ça, ce sont plutôt des similitudes – Reagan donne un coup de pouce fiscal aux entreprises d’une part, et entreprend de gros travaux d’infrastructure d’autre part. Sur ce, au début des années 90, le communisme s’effondre.

C’est une nouvelle étape du cycle…

Tout à fait. Une étape décisive. On considère que le système américain a gagné, puisqu’il est le seul à subsister. Il a gagné parce qu’il a produit plus de richesses en Occident et les a mieux redistribuées que le communisme. Puisqu’il a gagné on va donc appliquer ses règles – libre échange, privatisations, dérégulation, démocratie à l’occidentale –  aux quatre coins du monde. Et l’on se met à théoriser la globalisation.

Politiquement, les États-Unis entrent dans l’ère Clinton. C’est un tournant. Alors que les Républicains étaient l’un sans être l’autre, pour la première fois arrivent aux commandes, avec les Démocrates, des gens qui sont à la fois très néolibéraux en économie et très « diversitaires » sur le plan culturel. Dès lors, on voit monter en puissance la glorification des minorités et la sacralisation des différences.

Au non d’une certaine idée de « l’ouverture » ?

Et au nom de l’idée que puisqu’on a gagné, c’est qu’on a le meilleur modèle. Qu’il n’y a pas de prospérité possible sans l’application de ce modèle. C’est ce que les Américains vont tenter d’expliquer aux Chinois et aux Russes.

Concernant les Russes, on envisage avant tout d’en faire des fournisseurs de matières premières. Mais d’abord on les punit en démantelant l’édifice dont ils sont le pivot. La Russie passe à 140 millions alors que l’URSS en comptait 300 millions. Et Brzezinski – l’auteur très écouté du « Grand échiquier » et qui a longuement plaidé pour une séparation irrémédiable de la Russie et de l’Ukraine – voulait aller plus loin encore.

Quant à la Chine, elle est perçue comme un eldorado où les multinationales américaines vont pouvoir massivement délocaliser, dans l’espoir de s’emparer à terme du marché chinois. Les États-Unis envisagent d’installer toute l’industrie en Chine et de se spécialiser sur la finance, les services, la Défense, l’entertainment (Hollywood, les produits culturels…). Il est également prévu que l’on compense le déficit commercial ainsi généré grâce aux excédents  sur les services les revenus des brevets, des capitaux, et les  achats de dette américaine par les pays qui accumulent les excédents commerciaux. Lawrence Summers (économiste et secrétaire au Trésor de Bill Clinton en 1999-2001) a d’ailleurs théorisé la chose en expliquant qu’il fallait délocaliser toute l’industrie polluante dans les pays émergents, et ne conserver sur le sol américain que les activités « nobles » et de conception.

Mais aujourd’hui, on change de cap…

A vrai dire, c’est Obama qui aurait dû opérer ce virage. Il a été élu précisément pour cela. Lors de la primaire démocrate, il avait été choisi contre Clinton, à la surprise générale. Sachant que les Clinton incarnent à eux deux tout le processus de déréglementation économique (suppression du Glass Stiegel act qui séparait les banques de dépôt et celles d’investissement, par exemple), le vote Obama représentait déjà une tentative de sortir de ce piège.

Le problème c’est qu’Obama a énormément déçu. Il voulait agir, pourtant. Mais il a capitulé devant tous les lobbies et le  bilan de son Obamacare est très mitigé. En revanche il a sauvé General Motors et mené à bien une révolution énergétique qui a permis au pays de devenir autosuffisant dans le but de diminuer le déficit de la balance commerciale. Ça, ce n’est pas rien.

Revenons sur Trump. Que peut-il faire à présent ?

Trump a une obsession, c’est le déficit de la balance des comptes courants. Et il a raison. Lorsqu’on regarde les chiffres de ce déficit, on s’aperçoit que rien n’a changé sous Obama. Les avantages tirés de la politique énergétique volontariste sont effacés. L’an dernier, le déficit commercial s’est élevé à 750 milliards de dollars. Certes, avec 250 milliards de bénéfices sur les services et la finance, le déficit des comptes courants n’est « que » de 500 milliards. Mais cela fait dix ans que ça dure ! C’est colossal ! Car bien sûr, tout cela se traduit par de l’endettement. Sous Obama, la dette publique a doublé. Elle est passé de 10 000 à 20 000 milliards de dollars. Quant à la dette privée, celle des entreprises et des ménages, elle repart actuellement à la hausse. L’épargne est négative aux États-Unis.

Ce que Trump veut, c’est combler ces déficits colossaux. Il s’est donc fixé pour objectif de récupérer de l’industrie manufacturière et de la matière fiscale. C’est aussi la raison pour laquelle il s’est empressé de cibler les pays ayant des excédents sur l’Amérique. Ces pays sont la Chine, l’Allemagne, le Mexique et le Japon. Le tout dernier est une pièce maîtresse du dispositif géostratégique américain dans le Pacifique, donc il est relativement épargné. Mais les trois autres sont pilonnés par l’administration Trump.

D’où l’idée invraisemblable du mur à la frontière mexicaine, par exemple ?

Oui, cette annonce est très symbolique. Mon hypothèse est que Trump a fait le choix, parce que c’est dans son tempérament et parce qu’il a constaté l’échec d’Obama, de « casser la baraque », y compris en se montrant très provocateur. Il part du principe qu’avec l’establishment, la manière douce est inopérante. Donc il y va au chalumeau. Par exemple, il brutalise les journalistes et se passe des médias : il twitte. Et c’est loin d’être sans effet ! Regardez les grandes entreprises. Ce qui compte, pour elles, c’est évidemment leur valeur boursière. Et si le Président fait un tweet expliquant que Ford est un mauvais Américain parce qu’il veut délocaliser 1000 emplois, immédiatement, l’action chute en bourse.

La contrepartie c’est que Trump s’est constitué un pool d’ennemis irréductibles qui feront tout pour se débarrasser de lui. Parmi ceux-ci figurent les agences de renseignement, qui sont nombreuses et emploient plus de 800 000 personnes. Depuis le 11 septembre 2001, elles ont pris une importance considérable et constituent un véritable État dans l’État. Parmi les ennemis de Trump figure également l’administration, tout aussi jalouse de ses prérogatives qu’elle peut l’être en France. Vient ensuite l’establishment médiatique, qu’il n’a pas flatté dans le sens du poil, c’est le moins que l’on puisse dire. Autres ennemis enfin, les « GAFA » (les géants du Web : Google, Apple, Facebook, Amazon). Ils fascinaient Obama, qui leur a tout passé, n’a rien su réguler, n’est jamais parvenu à leur faire rapatrier les profits accumulés à l’étranger. Trump, lui, les a ignorés. Il a gagné l’élection en faisant sciemment l’impasse sur les côte Est et Ouest, et en ne faisant quasiment campagne que dans les dix swing states. Dans ces swing states, il a par ailleurs utilisé pour sa campagne un logiciel fabriqué par une entreprise appartenant à Peter Thiel, le seul magnat de la Silicon  Valley à l’avoir soutenu et aujourd’hui son conseiller technologique. Cet outil permet un ciblage marketing extrêmement fin qui a permis aux organisateurs de la campagne d’identifier les électeurs qui, dans les États concernés, étaient capables de faire pencher la balance en faveur du candidat. C’est sur ceux-ci qu’on a fait porter l’effort maximal.

Mais Trump a été élu dans des conditions improbables, à l’arrachée. S’il n’a en plus que des ennemis, avec qui peut-il gouverner  ?

Avec la moitié des Américains tout de même, c’est-à-dire avec ceux qui l’ont élu ! Trump a également de son côté une bonne partie des syndicats, notamment ceux du transport routier, du secteur pétrolier, du BTP. Forcément, avec 1 300 milliards d’investissements annoncés dans les infrastructures…

Il a aussi quelques banquiers… et c’est paradoxal. Vouloir acter la fin du cycle néolibéral en s’entourant d’anciens de chez Goldman Sachs… on a le droit d’être dubitatif ? 

On a le droit. Mais je pense surtout que Trump a compris qu’on ne pouvait pas avoir trop d’ennemis en même temps. Donc il ménage Wall Street. Il n’y a qu’à voir la bourse américaine, qui était supposée souffrir et qui bat en réalité record sur record. En plus, c’est habile. Parce que les GAFA, qui sont souvent surcotées en bourse, ont davantage besoin de Wall Street que l’inverse. Si l’on se fâche avec les unes, il est important de ménager l’autre.

Une partie du patronat, enfin, soutient Trump. Certains patrons ont bien compris qu’un changement de cycle était déjà amorcé. Le principal signe en est que le commerce mondial progresse désormais moins vite que le PIB mondial… alors même que celui-ci augmente moins vite. Depuis deux ou trois ans, les grandes entreprises, sans aller jusqu’à relocaliser, commencent à réorganiser leur chaîne de valeur. Les investissements ont déjà commencé à être réorientés avant l’accession de Trump à la présidence. La difficulté à ce stade, c’est que ces choses-là ne s’opèrent pas en un claquement de doigts. Une décision d’investissement relocalisé peut demander des années d’étude et de travail. A noter également : les créations d’usine relocalisées aux États-Unis poussent très loin la robotisation, et ne créent pas forcément tant d’emplois que cela. C’est d’ailleurs là le vrai sujet du nouveau cycle économique qui s’ouvre, et pas seulement aux États-Unis : où crée-t-on de l’emploi ?

Le problème est d’autant plus saillant que personne n’a vraiment anticipé le changement de cycle. Tout le monde – jusqu’à Pascal Lamy – est d’accord pour dire que la globalisation a été trop loin. Et qu’il faut instaurer des régulations et des freins. Quelles régulations toutefois ? Et quels freins ?….

Sommes-nous entrés dans une phase de démondialisation ?

Tout à fait. Ou de reterritorialisation, même si ses modalités restent à définir. La notion de « frontière » est en cours de réhabilitation…..

Et l’Europe dans tout ça ? Trump n’a de cesse de vilipender les gros pays créanciers, c’est-à-dire la Chine et l’Allemagne. Quelles conséquences cela peut-il avoir sur l’Allemagne, donc sur l’Europe ?

N’allons pas trop vite. Le principal problème pour lui est la Chine, non l’Allemagne. Les États-Unis restent très dépendants de Pékin. Et même si Trump a été très offensif au début en appelant la Présidente de Taïwan – c’était peut-être une gaffe d’ailleurs – il a tout de même fait une fleur substantielle aux Chinois en renonçant au TTP (le traité de libre-échange trans-Pacifique) qui était explicitement dirigé contre eux.

Vient ensuite la question de la mer de Chine. Les Chinois considèrent que c’est leur mer intérieure et que les Américains n’ont rien à y faire. Inversement, les Américains refusent depuis toujours l’idée qu’une puissance du Pacifique possède une flotte capable de venir frôler leurs côtes. A vrai dire, ils se considèrent comme une île et pour eux – comme pour les Anglais autrefois – le contrôle des mers est essentiel. Dès lors, lorsque les Chinois affichent, comme c’est le cas, une volonté de constituer une flotte de guerre avec des porte-avions, il s’agit pour les États-Unis d’un casus belli. En somme, il y a sans doute, entre les deux puissances, un compromis à négocier. Il pourrait consister à laisser intégralement la main aux Chinois en mer de Chine, et à leur demander, en contrepartie, un strict respect de la doctrine Monroe (« l’Amérique aux Américains ») énoncée au début du XIX° siècle mais toujours prégnante.

Est-ce que ce « donnant-donnant » pourrait valoir aussi avec les Russes ? 

La Russie, pour les Américains, n’est pas un enjeu de même ampleur que la Chine. La Russie est une vraie puissance militaire. C’est d’ailleurs là une brillante réussite de Poutine, qui a redonné de la fierté à son pays en utilisant l’armée et avec peu de moyens. En revanche, sur le plan économique, la Russie n’existe pas. Son PIB c’est celui de l’Espagne, guère plus. Elle est poursuivie par cette malédiction des pays pétroliers qui vivent de la rente et ne parviennent pas à accéder au stade suivant du développement économique.

Donc au bout du compte, si Trump veut normaliser les relations entre les États-Unis et la Russie, c’est parce qu’il n’y a pas spécialement de danger de ce côté-là…

Non, la Russie n’est en aucune façon un créancier des États-Unis. De plus, les Américains n’ont aucun intérêt à ce que se forme une alliance trop étroite entre la Russie et la Chine.

Et pour en revenir à l’Allemagne ?

Que veut l’Allemagne ?… C’est une question à laquelle je serais bien en peine de répondre à ce stade. Attendons déjà de voir si le prochain chancelier sera Merkel ou Schulz. Le SPD, en effet, est traditionnellement bien plus pro-russe que la CDU. Il suffit de se rappeler l’époque Schröder, et la manière dont l’axe Paris-Berlin-Moscou s’est opposé à Bush au moment où il lançait sa guerre en Irak.

Peut-on recréer cet axe ? Pour moi, le véritable enjeu de l’Europe est celui-ci. Soit l’Allemagne joue le jeu de « l’Europe européenne », pour reprendre une expression gaullienne, et normalise à cette fin sa relation avec Moscou. Soit elle demeure atlantiste et refuse d’envisager la dimension stratégique de son rapport au monde. Elle restera alors le pays exclusivement mercantiliste qu’elle est actuellement, soucieuse uniquement de se tailler la part du lion dans le commerce mondial en usant et abusant à cette fin d’une monnaie qui l’arrange, l’euro. Mais il n’est pas certain que la construction européenne puisse survivre longtemps à la seconde option.

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Source: http://www.les-crises.fr/le-cycle-neoliberal-touche-a-sa-fin-entretien-avec-jean-michel-quatrepoint/


Le patrimoine des candidats à la présidentielle

Wednesday 22 March 2017 at 23:52

Ayant regardé (d’un premier œil) les déclarations de la HATVP, je retrouve les mêmes interrogations que j’avais eues quand j’avais étudié les déclarations de patrimoine des ministres : les élus ont souvent étonnamment peu de placements financiers, de liquidités, donc d’argent utilisable en cas de besoin. Ce qui est étonnant vu les revenus d’un député par exemple :

Voici une première synthèse des patrimoines des élus :

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Voici quelques remarques :

Voici quelques points “intéressants” des déclarations. Pour Marine Le Pen :

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On note bien un total de liquidités personnelles étonnement faible (en dehors des sommes qu’elle a dû emprunter pour la présidentielle, évidemment).

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Les liquidités sont bien faibles, vu qu’elle a dû faire un crédit à la conso il y a 2 ans de 15 000 €…

Pour Fillon, on note une multitude de petits comptes, pour un total assez limité après 35 ans de députation !

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Marianne l’a aussi relevé.

Il a aussi 2 montres de prix, qui lui ont été offertes :

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On retrouve ses fameux prêts, de son ami milliardaire et de sa fille (le pôvre homme) :

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Il estime son grand château à 750 000 €, ce qui semble très peu de prime abord. Mais c’est sans doute assez juste, car il est en fait dans un coin totalement perdu à 45 km du Mans, et qu’il coûte très cher en entretien et salaires (5 000 à 8 000 par mois) – c’est lui qui ruine en partie Fillon en fait.

Nicolas Dupont-Aignant a le patrimoine le plus important, mais il a pourtant des liquidités très faibles – sans doute à cause de la Présidentielle :

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Ce qui est dommage quand on a acheté il y a 2 ans une statue à 25 000 € …  🙂

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Je suis en tout cas preneur de vos remarques… 🙂

Source: http://www.les-crises.fr/le-patrimoine-des-candidats-a-la-presidentielle/


Ça s’arrange un peu pour le patrimoine de Macron…

Wednesday 22 March 2017 at 21:01

Suite à la publication du patrimoine de Macron au 1er janvier 2017, on est un peu rassuré, grâce à ses plantureux droits d’auteur de son livre (merci aux acheteurs) :

Il a donc touché 75 000 € de droits d’auteur fin 2016 et 275 000 € en janvier 2017…

On note aussi qu’il n’a toujours pas remboursé ses 250 000 € d’emprunts pour les travaux au Touquet (alors qu’il n’a plus de revenus fixe, c’est dommage d’avoir tout claqué), et qu’il n’a même pas pris la peine de renégocier ses crédits pour profiter des faibles taux d’intérêt (ce type est incroyable…).

En revanche, pas de réponse apportée à nos multiples questions…

 

Source: http://www.les-crises.fr/ca-sarrange-un-peu-pour-le-patrimoine-de-macron/


Quand Adrien Sénécat poursuit sa diffamation, pour blanchir Fabius de son “bon boulot”

Wednesday 22 March 2017 at 06:42

Incroyable.

Stupéfiant.

Alors que qu’Adrien Sénécat, des Décodeurs, a publié un article hallucinant jeudi concernant ce blog, inventant entre autres des articles prétendument supprimés alors qu’ils n’ont jamais existé, et inventant des “explications non données” de ma part, voilà qu’il remet ça de nouveau aujourd’hui, alors que ledit article (comme le Décodex) continue à raconter n’importe quoi, et qu’aucune correction n’a été faite. Le type se permettant de faire la leçon encore aujourd’hui à des sites qui ne corrigent pas leurs erreurs :

(Sénécat est ironique ici, évidemment)

Et donc je suis obligé de parler, sinon la calomnie se répand, et ils (dont Adrien Sénécat) se croiront permis de recommencer.

I. L’amalgame

On note, comme on a vu dans le billet précédent, que Marine le Pen a encore droit à sa publicité dans cet article.

Vous aurez noté l’évident amalgame fait par Adrien Sénécat entre ce blog et des sites d’extrême-droite, qui utiliseraient donc tous “LA même présentation” des déclarations (aucune ambiguïté possible : celle des Syriens ayant attaqué Fabius reprend bien, dans le Figaro, l’attribution directe des propos à Fabius : “Le chef de la diplomatie avait ainsi estimé, en août 2012, que “Bachar el-Assad ne mériterait pas d’être sur terre” et, en décembre 2012, que”le Front al-Nosra fait du bon boulot”, alors même que cette organisation djihadiste syrienne venait d’être classée terroriste par les États-Unis.“).

II. Précisions

Et l’article du Monde se poursuit :

Mon article sur ce sujet est très tardif, de fin 2015, des années après que ces accusations se sont répandues, et il a peu buzzé. Il n’y a aucune raison de parler de moi dans ce billet du Monde.

Dans mon billet, de façon très claire, tellement claire que cela apparaît dans la citation même de M. Adrien Sénécat, on voit bien que j’indique que Fabius rapporte les propos des Arabes de la conférence, et que je ne les lui attribue pas directement, contrairement aux autres sites ! :

III. Hallucinant

Admirez comment le Chien chihuahua de Garde Adrien Sénécat agit pour essayer de blanchir Fabius :

Rappelons bien d’où on part : le classement comme organisation terroriste du Front al-Nosra en tant que pseudonyme d’al-Qaïda en Irak par les USA le 11/12/2012 !

Et donc les personnes que Fabius reconnaît comme “seules représentantes du peuple syrien” et les pays arabes lui disent que al-Qaïda a eu une action “efficace et utile” – alors qu’ils ont effectué 600 attaques dont 40 suicides !

Mais c’est là le scandale : Fabius aurait simplement parlé de “bon boulot”, on pourrait facilement lui reconnaître le bénéfice du doute. On en conclurait que, une fois de plus, il est incompétent, et ne connaissait pas son dossier. Mais là, c’est bien plus grave ! Là, ce sont nos alliés syriens et leurs alliés des autres arabes qui le disent – et eux n’ont aucun bénéfice du doute ! Ils trouvent qu’al-Qaïda fait du “bon boulot”

Ainsi, les journalistes sont animés de la claire volonté de défendre mordicus Fabius. Alors qu’il est indéfendable, c’est comme s’il avait dit “Nos alliés arabes disent que Daech fait du bon boulot” : il y a des phrases inacceptables concernant al-Qaïda, inacceptables dans la bouche d’un ministre. Car il y a bien eu les mots “bon boulot”, accolés à un groupe dont il savait que les États-Unis venaient de le classer comme terroriste ! C’est surréaliste… Et bien plus grave qu’une simple phrase qui aurait été jetée en l’air…

Et Adrien Sénécat conclut :

Mais il est aussi trompeur de blanchir ainsi une personne comme Fabius qui a eu un tel comportement, avec les conséquences qu’on a vues…

Tout de suite les grands mots…

On rappellera d’ailleurs les références d’Adrien Sénécat pour intervenir sur la géopolitique :

(Billet édité)

IV. D’autres intoxicateurs

Je vous mets également cette vidéo d’autres “fact-checkers de papier” tous fiers d’intoxiquer la population en raison de leur méconnaissance du dossier syrien, tout fiers d’être des chiots de garde. Ici Maxime Darquier du “Bureau de vérif'” sur France 5 en octobre 2016 :

À archiver…

V. Messages personnels

5-1/ Pour Adrien Sénécat

Je vous remercie de cette nouvelle illustration de votre malveillance à mon égard.

Elle me servira pour le procès que je vous intente pour diffamation, montrant le clair harcèlement dont je suis l’objet.

J’espère que vous tenez vos directions juridique (cet article allant évidemment également être poursuivi) et comptable (pour le provisionnement des sommes) bien informées.

Mais étant bonne poire, je tenais à vous aider – vu que je vois que vous manquez clairement de compétences sur des outils élémentaires pour votre activité :

Outils dont vous aviez apparemment clairement besoin pour espionner le fin fond des archives de mon blog.

J’espère donc que votre formation est à présent terminée, et que l’équipe est opérationnelle :

Je vous donne dans tous les cas cette petite vidéo de fin de formation – faites-en bon usage :

5-2 / Pour les lecteurs

Je me demandais tout d’abord si l’un d’entre vous aurait un plan avec un professionnel des archives vidéos (abonné à INA MediaPro par exemple) ? Me contacter svp, c’est important.

Ensuite, eh bien je suis désolé de devoir vous solliciter de nouveau sur Twitter, mais j’ai vraiment besoin de vous.

Pour protester POLIMENT (c’est fondamental) sur ce harcèlement, qui me gêne pour l’activité normale du blog. Par exemple en envoyant un (ou plusieurs) tweets de soutien à :

@lemondefr  @JeroFeno @pvgberge 

en indiquant :

Je soutiens la demande du blog Les-Crises pour que les “Décodeurs” cessent de le diffamer et de le harceler !

et en mettant par exemple cette photo :

Si besoin, l’image : http://www.les-crises.fr/wp-content/uploads/2017/03/decodeurs-42-1.jpg

C’est vraiment important, je compte sur vous merci !

Source: http://www.les-crises.fr/quand-adrien-senecat-poursuit-sa-diffamation-pour-blanchir-fabius-de-son-bon-boulot/


Création d’une Fake news : quand les “Décodeurs” manipulent le fact-checking d’un graphique de Marine Le Pen

Wednesday 22 March 2017 at 03:40

Hier, les Décodeurs se sont encore essayés à l’économie, et aux graphiques, je vous conseille donc cet article “hilarant” sur la forme, mais dramatique sur le fond : Les manipulations graphiques de Marine Le Pen sur l’euro.

I. Les manipulations graphiques de Marine Le Pen des “Décodeurs” sur l’euro

Ils font encore au passage de la pub pour Marine Le Pen (“There is No Such Thing as Bad Publicity”, enfin pour le FN c’est apparemment vrai…), et m’obligent à écrire ce genre d’article…

Alors qu’ont-ils encore raconté ?

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Euh, oui, pour étudier l’impact sur les productions industrielles du passage à l’euro, une bonne manière est en effet de prendre une base 100 en 2001, je ne sais pas trop faire autrement pour une juste représentation – on pourrait le faire commencer 2 ans plus tôt. Le graphique montré est très connu, et éloquent… (EDIT : graphique réalisé par le FN apparemment…)

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Alors là les biquets, on va voir, mais ce n’est sûrement pas en changeant l’année de la base 100 que vous allez arriver à un résultat différent sur l’impact de l’euro… #Mathématiques #Charlots ?

Ça donne quoi ? :
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Ah ben oui, forcément, en vrai, on constate que le changement de date ne change évidemment pas la conclusion – c’est mathématiquement normal…

On voit bien que la production industrielle de la France et de l’Italie sont frappées de plein fouet en 2000, au bénéfice de l’Allemagne ; l’Espagne résiste mieux, mais principalement car l’économie est alors sous injection de dette en raison de la bulle immobilière. Après, il ne faut évidemment pas tout attribuer à l’euro par simplisme  (il y a une crise économique à ce moment-là, puis d’autres facteurs), mais on sait qu’il joue un rôle important.

Enfin, ce n’est vrai que pour les gens honnêtes et/ou compétents. Pas quand on cherche à créer une Fake News pour montrer mordicus que Marine Le Pen est une manipulatrice, et que l’euro a été un bienfait pour la production industrielle dans le sud de l’Europe…

Je ne commente pas plus, je crois que c’est clair ?

Même les libéraux l’ont vu et en rigolent encore…

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Voilà… #Charlots !

[NB. : j’avoue c’est très drôle quand on a un profil matheux. Si ce n’est pas votre cas, disons que c’est exactement la même chose que si les Décodeurs vous disaient : “Marine Le Pen ment en disant qu’il pleuvait au rez-de-chaussée de votre immeuble. Il suffit en effet d’aller regarder dehors par la fenêtre du 4e étage de l’immeuble, et on verra que la météo n’est pas la même…]

Attendez, il y a mieux, ils ont l’explication, car ce sont des spécialistes en tout… :

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Aaaaaaaaaah, nos problèmes, c’est juste la “crise financière américaine partie des États-Unis”, qui a pris le bateau, et 5 jours après, elle est arrivée en Europe !

Je suis bête…

Moi qui pensais qu’il y avait un impact de l’euro sur les problèmes financiers justement – du genre les incroyables déséquilibres commerciaux qu’il a permis, qui ont fini par déséquilibrer des systèmes bancaires encore nationaux, l’endettement à outrance qu’il a permis, la féroce guerre de compétitivité par les salaires qu’il a engagée, de même que la bulle immobilière espagnole ou les bulles grecques, etc. J’aurais décidément dû demander aux Décodeurs avant d’écrire mon livre Les faits sont têtus

Mais enfin, comprenons bien que l’euro a aussi un rôle dans la gravité de la crise de 2008…

Et pour finir les Décodeurs mettent deux graphiques identiques, avec 2 années différentes :

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Incroyable cassure au début du siècle, vous voyez !

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Ben pareil – c’est exactement la même chose, mais en moins simple à voir…

On voit à quel point l’euro a bénéficié à l’Allemagne – d’où l’impact sur la France, mais aussi sur des pays hors zone euro, comme le Royaume-Uni – ou aussi les États-Unis, d’où les tensions actuelles Trumpo-Merkeliennes…

Bref, les pauvres n’ont pas l’air de voir qu’ils se ridiculisent encore plus…

Et ils boiront le calice jusqu’à la lie. Parce que regardez bien : pour leur démonstration, ils ont dû aller chercher 2 sources différentes : la Fed américaine pour la base 1999, puis l’OCDE pour la base 2010. Mais on voit, forcément que si la tendance est proche, on n’a pas exactement les mêmes données – ce qui est assez normal en pratique.

MAIS cela montre une chose assez terrible : c’est que les Décodeurs n’ont absolument pas compris qu’il suffisait de (et qu’ils auraient dû) prendre une seule source, et de simplement multiplier courbe par courbe par le rapport entre les années 1999 et 2010 pour changer d’année de base – c’est homothétique un changement d’année de base ! C’est juste une règle de trois… Bref, ils ne maîtrisent pas des mathématiques élémentaires.

Et on comprend mieux ce nouveau naufrage…

Bon, allez, un petit bonus pour finir. Normalement, les 3 courbes sont censées se couper au même endroit, hein… 😉

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On dira “salarié du Monde” plutôt… Je comprends qu’il ait préféré rester anonyme.

II. Des petits soucis réguliers avec les chiffres…

Rappelons ce qu’est un décile en mathématiques :  chacune des 9 valeurs qui divisent un jeu de données, triées selon une relation d’ordre, en 10 parts égales, de sorte que chaque partie représente 1/10 de l’échantillon de population. Ce sont donc 9 valeurs, qui déterminent donc 10 intervalles.

1/ 25 juillet 2012

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2/ 19 septembre 2014

Les Décodeurs s’essayent aux statistiques  avec pas mal d’erreurs dans la première version :

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La version finale corrigée

Fantastique dialogue :

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Oui !

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Oui ! Mais la personne parlait du 10e intervalle…

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Ah, euh, Non là…

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Euh, non… C’est le 9e intervalle inter-décile là…

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3/ 16 octobre 2014

Comme un mois plus tard ils y reviennent avec une application, on se dit que c’est compris

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eh bien non, ils font la même erreur…

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Du grand Laurent…

4/ 22 avril 2013

Samuel Laurent tweete sur un article de La Tribune, avec une forte information :

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Mais pas de bol, il n’a pas vérifié les montants qui se calculent dans le lien qu’il donne :

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Le seuil de 0,5 % est donc à environ 3000 € par mois. Et donc… :

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À suivre….

Source: http://www.les-crises.fr/encore-du-grand-decodeurs-sur-leconomie/


[MERCI !] Comportement “explicite” des journalistes face à Macron

Wednesday 22 March 2017 at 01:02

Fantastique illustration hier du “journalisme” sur Explicite – la nouvelle chaîne Facebook lancée par… des anciens de i-Télé, qui s’étaient courageusement battus contre les pressions de Bolloré.

Ils recevaient Macron hier, et ils ont fait un appel à questions sur Twitter :

Ouahou, MES questions ?!

Et ça tombe bien, des questions, j’en avais !  🙂

Je les ai donc posées :

Vous notez que plusieurs questions ne sont pas liées à son patrimoine.

Je vous ai alors demandé de vous mobiliser, afin de retweeter toutes ces questions sur le hashtag créé pour l’occasion #EnFace et sur Facebook.

Et là, vous avez été bons. Vous avez été TRÈS bons ! Le moins qu’on puisse dire est que ces 9 questions ont été très très présentes en permanence sur le fil, comme vous pouvez le voir (je le présente sur trois colonnes, en rouge, ce sont nos questions) :

Et ici la totalité de 18h11 à 18h25 :

Du coup, les journalistes pouvaient difficilement les louper, vu qu’ils avaient le nez dessus, heum :

Bref, ça s’est vu, bravo ! 

Comment ont réagi les journalistes alors ? L’interview :

(Source de la vidéo si non lisible)

Vous notez que, “hélas” nos questions n’ont pas été posées… Rôôôôôô

(pourtant je crois qu’on parle de nous à 37’47, non ? 🙂 )

(le passage sur sa fierté d’avoir des banques françaises qui le financent – tu m’étonnes – comparé au FN est stupéfiant, personne ne relève !!!)

Mais attention, ils ont été fiers de tweeter :

J’ai rajouté le tweet d’un lecteur du blog

J’adore la photo, on sent bien que ça a chauffé pour Macron… Comme d’habitude d’ailleurs.

Ces journalistes sont amusants : ils lancent un nouveau média et cherchent des investisseurs, pour faire la même chose qu’à la télé donc – bon courage (après, un milliardaire passera peut-être par là – je leur souhaite, ils ont l’air sympas et se sont bien battus…).

Mais cela montre une nouvelle fois ce que je dis : la propriété du capital importe peu – ça joue pour 10 % du problème. Ce n’est pas rien – on a vu le n’importe quoi auquel peut arriver un Bolloré -, et c’est évidemment à casser. Mais c’est le plus simple ça.

Mais on voit aussi que, quand vous en libérez les journalistes, pas grand-chose ne change. Car le problème est le comportement “naturel” des journalistes : mimétisme, entre-soi, faible pluralisme de pensée, aucun contrôle du respect des principes déontologiques, faible esprit critique et recul sur soi. Après je ne sais pas si c’est un problème du type de personnes ayant la vocation, de recrutement dans les écoles de journalisme, de formation, de conditions d’exercice, etc.

En tout cas, merci à vous, chers lecteurs !

Et sincèrement, bravo aux journalistes de #EnMarche,  et  qui m’ont aidé pour cette belle leçon sur les médias :

Bon allez, c’est pour riiiiiire 🙂

Source: http://www.les-crises.fr/merci-comportement-explicite-des-journalistes-face-a-macron/


Revue de presse internationale du 21/03/2017

Tuesday 21 March 2017 at 23:37

La revue de presse internationale a vraiment besoin de vous pour paraître régulièrement et étendre le champ des sites couverts. Merci à nos très rares contributeurs !

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-internationale-du-21032017/


URGENT : Aidez-moi à poser des questions à Macron à 18h00 !

Tuesday 21 March 2017 at 17:18

Bonjour

Je viens de voir que Macron fera un Facebook Live à 18h00.

Aidez-moi à lui poser quelques questions sur Twitter et Facebook svp.

[Terminé merci ! Bilan demain 🙂 ] Voilà la première :

Source: http://www.les-crises.fr/urgent-aidez-moi-a-poser-des-question-a-macron-a-18h00/


[La No News d’Historia] Oui, la CIA a financé la construction européenne…

Tuesday 21 March 2017 at 02:15

Un bel exemple de “l’Histoire sous influence”…

I. Asselineau parle de l’UE au 20 heures….

Écoutez bien ce que dit le journaliste (“Ils ont été payés par la CIA ?” – comme si tout le monde n’agissait que pour de l’argent…) et ce que dit Asselineau a dit le 13 mars :

Je me contente de regarder ça, je n’ai pas fouillé ce que François Asselineau avait dit sur son site – ce n’est pas le sujet à ce stade.

II. Historia communique en retour…

Non, Robert Schuman et Jean Monnet n’étaient pas des agents de la CIA !

Source : Historia.fr, 15 mars 2017

Dimanche soir, sur TF1 au JT de 20h, le journaliste Gilles Bouleau a interrogé François Asselineau, candidat de l’UPR à l’élection présidentielle sur les accusations portées par celui-ci contre ces deux pères fondateurs de l’Europe, reprises sur le site internet de ce parti politique.

Le représentant de l’Union Populaire Républicaine, candidat souverainiste partisan de la sortie de la France de l’Europe, affirme que Robert Schuman et Jean Monnet étaient des agents de la CIA et, pour conforter ses dires, montre à l’antenne un numéro d’Historia daté de mars 2003, n°675.

L’article invoqué porte sur le financement de la construction européenne par la CIA entre 1949 et 1959, en pleine guerre froide, pour contrer l’influence soviétique et le subventionnement du PCF par l’URSS. Mais comme le précise l’historien Eric Roussel, auteur d’une biographie de Jean Monnet éditée chez Fayard, dans un entretien en encadré : « Monnet détestait toute forme de compromissions. (…) Il y a bien eu un soutien financier au Comité d’action pour les Etats-Unis d’Europe par la Fondation Ford, (…) mais cette aide n’avait rien de fastueux. La meilleure preuve, précise-t-il, c’est que le Comité d’action n’a cessé de tirer le diable par la queue. » Il s’agit d’une aide sans contrepartie, car Jean Monnet, insiste-t-il, « a toujours agi en pleine indépendance, politique ou autre. »

L’article indique très clairement que Monnet, en fin connaisseur du monde anglo-saxon n’a en aucun cas accepté à titre personnel les dollars de la CIA. « Compte tenu de sa prudence de Sioux, l’aide américaine à son courant européaniste devra emprunter d’autres voies. En 1956, il se voit ainsi proposer l’équivalent de 150 000 euros par la Fondation Ford. Une offre qu’il décline, préférant que cet argent soit versé au professeur Henri Rieben, un économiste et universitaire suisse pro-européen(…) (Celui-ci) utilisera ces fonds en toute transparence financière pour créer un Centre de recherches européen. »

Laisser entendre que Schuman – qui n’est d’ailleurs pas mentionné dans l’article – et Monnet étaient personnellement stipendiés par la CIA, c’est défigurer la lettre et l’esprit  de cet article pour alimenter les thèses anti-européennes et anti-américaines de son parti. 

La rédaction d’Historia

Un passage de l’article en question : l’argent n’est pas le problème

III… puis agit

Historia a demandé à l’UPR de retirer de son site la reproduction de son article que le parti avait réalisée :

En effet, “pas de bol” :

IV. L’objet du délit : l’article de Rémi Kauffer de 2003

Mais il y avait quoi dans cet article ?

En fait, on peut le lire en archive ici. Je vous encourage à le faire, à en garder une copie et à le diffuser.

Source : Historia, Rémi Kauffer, 01/03/2003

Moments d’Histoire soumis le 01/03/2003 par Rémi Kauffer * dans Mensuel n°675 à la page 42

La CIA finance la Construction européenne

De 1949 à  1959, en pleine guerre froide, les Américains, par l’intermédiaire de leurs services secrets et du Comité pour l’Europe unie, versent l’équivalent de 50 millions de dollars actuels à  tous les mouvements pro-européens, parmi lesquels ceux du Britannique Winston Churchill ou du Français Henri Frenay. Leur but, contenir la poussée soviétique…

A 82 ans, Henri Frenay, le pionnier de la Résistance intérieure, fondateur du mouvement Combat, arbore une forme intellectuelle éblouissante malgré sa surdité de l’oreille droite et sa récente opération de l’estomac. Pourtant, il n’a plus que trois mois à  vivre. En ces jours de mai 1988, il me parle de l’Europe dans son appartement de Boulogne-sur-Seine. De cette Europe fédérale dont il a rêvé en vain entre 1948-1954. De la dette aussi que, en cas de succès, le Vieux Continent aurait contracté envers les Américains, ceux notamment du ” Comité “. Et d’insister une fois, deux fois, dix, tandis que moi, je m’interroge : pourquoi diable ce mystérieux ” Comité ” revient-il à une telle fréquence dans nos conversations ? Pourquoi ? Mais parce que Frenay me confie, avec il est vrai d’infinies précautions de langage, son ultime secret : l’aide financière occulte de la CIA via l’American Committee for United Europe – le Comité – à l’Union européenne des fédéralistes dont il a été le président. Pour reconstituer cette filière inédite, il me faudra une quinzaine d’années. Un jeu qui en valait la chandelle puisqu’il me permet d’ouvrir, pour les lecteurs d’Historia, la porte d’un des compartiments les plus secrets de la guerre froide…

[…]

Comme Jean Monnet, président de la Ceca, Frenay caresse, en cette année 1952, l’idée d’une armée européenne, pas décisif vers l’Europe politique selon lui. L’ACUE approuve chaudement. Prévue par le traité de Londres de mars 1952, cette Communauté européenne de défense comprendrait – c’est le point le plus épineux -, des contingents allemands. Reste à faire ratifier le traité par les parlements nationaux. Frenay s’engage avec enthousiasme dans ce nouveau combat. Pour se heurter, une fois encore, à de Gaulle, qui refuse la CED au nom de la souveraineté nationale et, déjà , du projet ultrasecret de force atomique française, ainsi qu’aux communistes, hostiles par principe à tout ce qui contrarie Moscou. D’après les éléments recueillis par Robert Belot – dont la biographie du chef de Combat devrait sortir ce printemps au Seuil -, Frenay demandera même à l’ACUE de financer l’édition d’une brochure réfutant… les thèses gaullistes sur la CED.

Staline meurt en mars 1953. L’année suivante, Cord Meyer Jr, un proche de la famille Kennedy, remplace Braden à la téte de la Division des organisations internationales de la CIA. Mais 1954 verra surtout cet échec cuisant des européanistes : l’enterrement définitif de la CED. Découragé, Frenay abandonne alors la présidence de l’Union européenne des fédéralistes. A partir d’octobre 1955, les ” amis américains ” reportent donc leurs espoirs sur un nouveau venu, le Comité d’action pour les Etats-Unis d’Europe de Jean Monnet. Lié à Donovan et surtout à l’ambassadeur américain à Paris, David Bruce, un proche de Franck Wisner, Monnet est trop fin connaisseur du monde anglo-saxon pour accepter directement les dollars de la CIA. Compte tenu de sa prudence de Sioux, l’aide américaine à son courant européaniste devra emprunter d’autres voies. En 1956, Monnet se voit ainsi proposer l’équivalent de 150 000 euros par la Fondation Ford. Une offre qu’il décline, préférant que cet argent soit versé au professeur Henri Rieben, un économiste et universitaire suisse pro-européen qui vient d’être nommé chargé de mission aux Hautes Etudes commerciales de Lausanne. Rieben utilisera ces fonds en toute transparence financière pour créer un Centre de recherches européen.

En 1958, le retour du général de Gaulle, radicalement hostile aux thèses fédéralistes, annihile les derniers espoirs de l’UEF et de ses amis américains. Dissolution de l’ACUE dès mai 1960 puis cessation des financements occultes par la CIA s’ensuivent. En douze ans, la Compagnie aura quand même versé aux européanistes de toutes tendances l’équivalent de 50 millions d’euros sans être jamais prise la main dans le sac ! Mais pourra-t-on préserver longtemps le grand secret ?

La première alerte éclate dès 1962. Trop précise sur les financements américains, une thèse universitaire sur les mouvements européanistes doit être ” enterrée ” d’urgence en Angleterre. Ce remarquable travail est l’œuvre du fils d’un camarade de résistance de Frenay, Georges Rebattet, créateur en avril 1943 du Service national maquis. Georges Rebattet, le successeur en 1952 de Joseph Retinger comme secrétaire général d’un Mouvement européen dont il a d’ailleurs assaini pour une bonne part le financement.

Deuxième secousse au milieu des années 60. L’étau de la presse américaine (le New York Times et la revue gauchiste Ramparts ) se resserre sur une des filiales du “trust” Braden-Meyer, le Congrès pour la liberté de la culture où¹ se côtoyaient des intellectuels antitotalitaires européens de haute volée – Denis de Rougemont, Manhès Sperber, Franz Borkenau, Ignazio Silone, Arthur Koestler ou, par éclipses, Malraux et Raymond Aron. Financé par la CIA au travers de la Fondation Fairfield, le Congrès édite en français l’une de ses revues les plus prestigieuses, Preuves. Jouant la transparence, Braden jette alors son pavé dans la mare. “Je suis fier que la CIA soit immorale”, déclare-t-il en 1967 au journal britannique Saturday Evening Post, auquel il confie des révélations sensationnelles sur le financement occulte par la CIA du Congrès pour la liberté et sur le rôle d’Irving Brown dans les milieux syndicaux. Silence radio, en revanche, sur le soutien aux mouvements européanistes, le secret des secrets…

Ultime rebondissement à partir de juin 1970, quand le conservateur anglais pro-européen Edward Heath arrive à Downing Street. A sa demande, l’Information Research Department lance une vaste campagne pour populariser sous le manteau l’européanisme dans les médias et les milieux politiques britanniques. En 1973, l’Angleterre fait son entrée dans le Marché commun ; le 5 juin 1975, 67,2 % des électeurs britanniques ratifient la décision par référendum. Dans ce renversement de tendance en faveur de l’Europe, un homme s’est jeté à corps perdu : nul autre que le chef de la station de la CIA de Londres, Cord Meyer Jr. Ce bon vieux Cord qui remplaçait vingt ans plus tôt son copain Braden à la téte de la Division des organisations internationales de la Compagnie.

Source : HistoriaRémi Kauffer, 01/03/2003

V. Et qu’en pensait de Gaulle ?

Voici ce que de Gaulle disait de Jean Monnet – qui avait été son ministre – et de “l’Europe de Monnet” à son confident Alain Peyreffitte (Source : C’était de Gaulle, Tomes 1 et 2)

Sinon, ceci reste assez d’actualité, non ? 🙂

Bonus sans rapport :

De plus, Constantin Melnik, conseiller du Premier ministre Michel Debré pour la sécurité et le renseignement entre 1959 et 1962 témoigne : « Dulles estimait avoir sauvé l’Europe à travers les contacts avec les politiques. Et il me citait notamment le rôle de Schuman et Monnet. Oui, Schuman et Monnet avaient des liens avec la CIA. » Le Général en concevait de l’agacement : « De Gaulle voulait que les contacts avec la CIA soient concentrés au niveau des services et que les gens de la CIA cessent de voir directement Monnet et Schuman. » (Source : Atlantico, issu de Circus Politicus des journalistes Christophe Deloire et Christophe Dubois) azs

(N.B. : “voir la CIA” ne veut pas dire non plus en être le larbin, juste en être très proche…)

Pour les passionnés, qui parlent bien anglais, lire aussi : OSS, CIA and European unity : The American committee on United Europe, 1948-60 de Richard J. Aldrich

VI. Épilogue

Bien entendu que Monnet et Schuman (frappé d’indignité nationale à la Libération pour avoir voté les pleins pouvoir à Pétain, rappelons-le) n’étaient pas “payés par la CIA”, mais quel est ce délire mis en avant par le journaliste ? On voit l’idée classique : je pose une question avançant un truc débile sur quelqu’un, c’est évidemment faux, et zou, on passe à autre chose en l’ayant blanchi, sans chercher à comprendre plus avant. Encore une belle fabrication d’une No News. Quelle tristesse que ce manichéisme délirant qui empêche systématiquement de percevoir la complexité des situations…

Monnet et Schuman n’étaient pas des “larbins” ; ils avaient simplement des vues qui coïncidaient très souvent avec celles des Américains, de qui ils étaient très proches, et avec qui ils voulaient que l’Europe soit fortement alliée durant la guerre froide – quitte à aller parfois jusqu’à une forme de soumission. Mais les choses sont complexes : il n’y a pas que des patriotes purs et indépendants et des traitres payés par les Américains.

Toute la vision de Monnet est contenue dans cette anecdote racontée par Valéry Giscard d’Estaing, survenue à la fin de sa vie. En 1977, au palais de l’Elysée, Jean Monnet lui dit : « J’ai vu, à votre façon d’agir, que vous avez compris l’essentiel… Oui, j’ai vu que vous aviez compris que la France était désormais trop petite pour pouvoir résoudre seule ses problèmes. »

D’où sa vision du besoin de construire une Europe intégrée pour faire les “États-Unis d’Europe”, alliée avec les “États-Unis d’Amérique”, voire même de tout fusionner pour faire les “États-Unis TransAtlantiques” tant qu’on y est…

On peut combattre cette vision utopique voire délirante – ce qui est mon cas -, sans sombrer dans du n’importe quoi, et en la respectant. Monnet est illustratif d’une génération traumatisée par deux guerres mondiales, dont, à mon sens, la Construction européenne est l’utopie quasi-mystique qui rachètera les péchés des Guerres. Je trouve ça respectable. Complètement erroné et dangereux – c’est pourquoi je la combat -, mais respectable, c’est de la politique. Je dis ceci simplement car, n’ayant pas connu ces guerres, je me sens limité dans ma capacité à trop critiquer les visions politiques de ces personnes.

Et, en effet, Monnet était très proche des Américains et les a aidés à défendre leur vision. Qui est sans doute celle qu’auraient beaucoup d’Européens s’ils avaient dû envoyer leurs enfants 2 fois en 25 ans faire la guerre dans des conflits entre l’Alabama, le Mississippi et le Texas. Vu de très loin, je peux comprendre qu’on ait envie de regrouper tout le bouzin en un seul pays pour limiter les problèmes. Hélas cela se saurait si c’était possible…

Mais comme c’était aussi la vision de Monnet, alors oui “c’était leur homme”. On rappellera qu’il était l’envoyé de Roosevelt à Alger en 1943, où il combattit de Gaulle avant de le rallier et de devenir son ministre. Mais on rappellera aussi qu’il a énormément œuvré aux victoires des deux guerres mondiales ; jusqu’en 1945, il s’emploie à coordonner l’effort de guerre entre le Royaume-Uni et les États-Unis, et John Keynes a dit de lui “qu’il avait abrégé la guerre d’un an.” Lire cet édifiant petit récit de sa vie (un peu hagiographique) par exemple.

Bref, l’Histoire est complexe, comprenons-la (et donc carton rouge à Historia qui ferait mieux de diffuser gratuitement son important article de 2003 – c’est bon, il est amorti depuis 14 ans…) Il faut vraiment revoir le problème des Droits d’auteur dans ce genre de cas. Pour un tel magazine, aussi important, la protection ne devrait pas dépasser disons 10 ans. Traiter ça comme un roman, c’est délirant), ne sombrons pas dans le manichéisme ou le simplisme (on voit qu’on n’arrive déjà pas à comprendre l’Histoire qui se passe sous nos yeux, cf. Ukraine ou Syrie), et surtout ne l’instrumentalisons pas à des fins politiques…

Source: http://www.les-crises.fr/special-historia-oui-la-cia-a-finance-la-construction-europeenne/


Ne cherchez pas : c’est la faute à Poutine ! Par Jean-François Kahn

Tuesday 21 March 2017 at 02:05

Source : Marianne, Jean-François Kahn, 14/03/2017

Aujourd’hui, les médias de gauche expliquent tout ou presque par l’action subversive des agents du poutinisme international.

En matière de « chef d’orchestre clandestin » – celui qui tire toutes les ficelles, dont l’activité occulte et subreptice permet d’expliquer tout ce qui cloche – nous avons eu droit à la CIA, au KGB, à la franc-maçonnerie, à la synarchie, à l’Internationale juive ou sioniste, au judéo-bolchevisme, à l’Opus Dei, à la haute finance internationale…

Maintenant, nous avons Poutine. Poutine qui les remplace tous.

Ce n’est plus l’œil de Moscou, c’est la main de Moscou dans toutes les culottes de tous les zouaves.

La défaite d’Hilary Clinton ? Ce ne sont pas ses insuffisances, c’est Poutine ! Les causes du score attendu de Marine Le Pen à l’élection présidentielle, ce ne sont pas les sentiments cumulés de relégation et de dévalorisation sociales, c’est Poutine ! La cause principale du Brexit et de la dislocation de l’Europe, c’est encore lui, Poutine ! Ce n’est pas Ubu roi, c’est Jupiter tsar.

Hier, les médias de droite expliquaient tout par l’action subversive des agents du communisme international. Aujourd’hui, les médias de gauche (entre deux dénonciations du « complotisme », ce qui est un comble) expliquent tout ou presque par l’action subversive des agents du poutinisme international.

Dans les deux cas, cela permit et permet de ne pas se poser des questions dérangeantes. En particulier celles de ses propres responsabilités. C’est même fait pour ça.

Donc Le Monde et Libération par exemple, et autres médias, nous gavent d’enquêtes sur l’influence gigantesque, considérable et pernicieuse que joueraient, dans notre pays, deux médias russophiles : Russia Today et Sputnik, dont les capacités d’intoxication du bon peuple seraient absolument terrifiantes. L’équivalent à eux deux du Komintern et de Wall Street. Qu’en est-il ?

Pourquoi cet improbable semi-succès ?

La Russie de Poutine a effectivement décidé, comme naguère les Etats-Unis avec La voix de l’Amérique et Radio Europe Libre, d’investir dans une communication d’influence qui ne recule devant aucun procédé propagandiste. Ces deux médias sont effectivement à la solde du pouvoir russe, donc de la politique poutinesque. Ils ne rechignent effectivement pas à recourir aux méthodes les plus classiques de la désinformation et de l’intoxication. Sans jouer (et de loin) un rôle aussi déterminant que celui que leurs contempteurs quelque peu obsessionnels leur prêtent, ils ont effectivement atteints un niveau de diffusion – et donc d’influence – tout à fait surprenant, voire préoccupant. Et les politiciens français pro-russes, en majorité de droite ou d’extrême droite, mais pas seulement, bénéficient, effectivement, de leur active sollicitude.

Mais alors une question se pose : pourquoi cet improbable semi-succès ?

Vous croyez qu’ils se la poseront ? Evidemment pas. La réponse leur serait insupportable. Car oui, ces médias désinforment au profit d’un pouvoir semi-autocratique. Mais si, concernant par exemple la tragédie syrienne, la désinformation inverse n’avait pas battu tous les records ; si la passion militante ne s’était pas substituée à toute analyse objective ; si le déni du réel n’avait pas contribué à ce fatal auto-aveuglement ; si la propagande ne s’était pas trop souvent substituée à l’information objective ; si la couverture de toute actualité concernant la Russie n’avait pas atteint un tel degré d’unilatéralisme ridiculement caricatural ; si certaines erreurs commises, telle l’approbation enthousiaste de l’intervention en Libye, avaient été reconnues et analysées ; si les rubriques « débats » n’avaient pas consisté à touiller sans cesse les mêmes soupes dans les mêmes pots (mais très intelligemment, bien sûr) ou, au mieux, summum du pluralisme, à confronter deux tendances distinctes de l’extrême gauche, croyez-vous alors que ces petits et marginaux organes de communication auraient bénéficié ne fût-ce que d’un quart de leur impact ?

Voilà un débat qu’il serait intéressant d’ouvrir. Mais ces gens ne débattent qu’entre eux. Ce qui ne nous empêcherait pas de les soutenir de toutes nos forces si on portait la moindre atteinte à leur liberté et à leur indépendance.

Source : Marianne, Jean-François Kahn, 14/03/2017

Source: http://www.les-crises.fr/ne-cherchez-pas-cest-la-faute-a-poutine-par-jean-francois-kahn/