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Eric Zemmour, odieuse audience, par Jérôme Lefilliâtre

Friday 30 September 2016 at 00:10

Très intéressant article de Jérôme Lefilliâtre !

Source : Jérôme Lefilliâtre, pour Libération, le 21 septembre 2016.

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La fachosphère, notamment le site Fdesouche, relaie les vidéos des interventions d’Eric Zemmour, ici sur RTL.

L’inviter ou pas ? Gourou de l’ultradroite au discours toujours plus nauséabond mais à forte portée médiatique, le pamphlétaire condamné par deux fois pour provocation à la haine n’en a pas moins micro ouvert.

Le Zemmour nouveau est arrivé et, cette année, il a plus que jamais un goût de moisi. En promo pour son nouveau livre, Un quinquennat pour rien (Albin Michel), sorti au début du mois, le journaliste grandi au Figaro où il tient toujours une chronique fait le tour des plateaux télé : on l’a vu dans C à vous sur France 5, à la matinale de LCI, chez Bourdin sur BFM TV ou chez Ardisson sur C8. Le bouquin n’est pourtant qu’un recueil de ses chroniques sur RTL, agrémenté d’une préface inédite intitulée «la France face au défi de l’islam». C’est sur ce texte de moins de quarante pages mais d’une extrême violence contre la religion musulmane qu’il est questionné.

Et un constat s’impose : Eric Zemmour, l’un des gourous intellectuels de la fachosphère (la plupart de ses interventions sont relayées par le site Fdesouche) bien que membre actif des médias institutionnels, s’est encore radicalisé. «Les soldats du jihad sont considérés par tous les musulmans, qu’ils le disent ou qu’ils ne le disent pas, comme des bons musulmans», lâche-t-il le 6 septembre sur France 5. Ou comment repeindre tous les musulmans, sans exception, en admirateurs des terroristes. Dans la même émission, l’homme, très en verve, estime aussi «qu’en donnant des prénoms musulmans [à leurs enfants, les musulmans] refusent de s’approprier l’histoire de France» : interrogée à ce propos, l’ex-ministre de la Justice Rachida Dati l’a invité à se faire «soigner». Zemmour prône par ailleurs une «dictature au sens romain du terme» contre «le gouvernement des juges», lesquels «ne respectent plus la volonté du peuple au nom de l’Etat de droit».

Après cette apparition tonitruante, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) reçoit plus de 700 signalements de téléspectateurs et décide d’instruire un dossier. Chroniqueur dans C à Vous, le journaliste Patrick Cohen, dont on peut voir sur la vidéo de l’interview le visage se décomposer peu à peu, affirme qu’il y a eu un «vrai effet de surprise sur le plateau». « On a essuyé les plâtres de façon imprévue. C’était effarant. Ce qu’il dit est très violent, très essentialisant pour les musulmans. Je n’avais pas imaginé qu’il avait franchi un cran», raconte celui qui confesse ne pas avoir lu «ligne à ligne» avant l’émission la préface d’Un quinquennat pour rien.

Tu m’étonnes, le type n’a été condamné que 2 fois pour incitation à la haine…

«Caricature de lui-même»

Dans chacune de ses interventions, Zemmour, déjà condamné deux fois pour provocation à la haine, ressert les mêmes idées nauséabondes, les mêmes formules stigmatisantes, la même morgue vitupérante. Son discours plein de contre-vérités atteint une telle agressivité qu’un vieux débat s’en trouve relancé : faut-il continuer à lui donner la parole ? «Cette question me gêne car elle présuppose que les téléspectateurs sont des imbéciles, qu’ils sont incapables de faire la part des choses et que diffuser des propos inacceptables revient à les faire rentrer dans la tête des gens», tempère Patrick Cohen. Le matinalier de France Inter ajoute toutefois qu’il n’invitera pas Zemmour sur l’antenne du service public, pour trois raisons : «Un, on n’est pas loin de discours pouvant tomber sous le coup de la loi. Deux, son livre n’est pas une œuvre originale si on met de côté les quelques pages de la préface. Trois, il y a suffisamment d’intellectuels dans le paysage pour ne pas aller chercher quelqu’un qui a été journaliste mais qui est devenu un acteur politique sans en avoir la légitimité électorale.»

OB : On rappellera tout de même que Patrick Cohen n’a pas toujours pensé que les téléspectateurs “n’étaient pas des imbéciles”, étant donné qu’il ne fallait pas inviter des “cerveaux malades” sur une chaîne du service public…

Son confrère de BFM TV et RMC Jean-Jacques Bourdin, qui a reçu Zemmour le 16 septembre, n’a pas le même avis. «Il faut l’inviter pour montrer sa dérive, il faut le laisser déblatérer. Pendant l’interview, j’ai beaucoup insisté sur l’histoire des prénoms car ça révèle l’absurdité de son discours, ça le ridiculise. C’est un homme du passé, tombé dans l’excès, qui se caricature lui-même pour exister. Il ne convainc plus que les plus convaincus, et encore. Les retours d’auditeurs ont été moins nombreux qu’auparavant.

Tu m’étonnes, c’est juste que l’arabophobie s’est répandue !

Mais ce n’est pas en mettant ses propos sous le sable qu’on les combat.» Qualifié le 9 septembre sur RTL de «collabo» et de «complice des futurs talibans de la France» par Zemmour, l’éditorialiste Nicolas Domenach, qui débat avec lui le vendredi matin sur la première radio de France, partage ce point de vue : «L’interdire d’antenne serait lui rendre service, faire de lui un martyr. C’est ce qui s’est passé quand iTélé a arrêté “Ça se dispute” [où les deux hommes ont débattu jusqu’en décembre 2014, ndlr]. Je crois que le plus efficace n’est pas de le faire taire mais de répliquer. Il se nuit à lui-même. L’extravagance de ses attaques le disqualifie. Il est croisé, chargé de bouter l’islam hors de France. Et quand il se présente comme détenant la vérité sur cette religion c’est à pleurer de rire.»

On a connu ces gens moins tendres avec d’autres “polémistes”…

Mais bon, ce n’est pas facile pour tous ces gens de se rendre compte que leur “ami de quinze ans” est une sorte de gros raciste…

«Hypocrisie totale»

La question de la présence médiatique de Zemmour, d’abord propulsé sur le devant de la scène par un Laurent Ruquier qui a depuis exprimé ses regrets, se pose avec plus d’acuité encore à ses deux employeurs audiovisuels actuels, Paris Première et RTL, qui lui offrent une visibilité énorme. Du côté de la chaîne payante du groupe M6, où Zemmour et Naulleau reviendra le 12 octobre pour une sixième saison, on assume. «Nous le maintenons à l’antenne car c’est une émission où plusieurs personnes, dont l’invité, lui portent la contradiction», explique le directeur général, Jonathan Curiel. Même chose à RTL, où il tient chronique seul le mardi et le jeudi à 8 h 17, en plus du débat avec Domenach le vendredi : «Nous sommes très attachés à la liberté d’expression, dans la limite de la légalité. Or Eric Zemmour n’a jamais été condamné pour des propos tenus sur RTL. Ses idées intéressent une partie de la population.»

En interne, la place de Zemmour, soutenu mordicus par le PDG Christopher Baldelli, est vivement contestée. Ses outrances ont été évoquées mercredi lors d’une réunion entre la direction et la société des journalistes. «Quand ce monsieur a mis les pieds dans la maison [en 2010], nous avons essayé de lutter parce qu’il ne correspond pas aux valeurs de la radio, relate un taulier de RTL. Mais en haut lieu, on ne veut rien savoir. Dans la rédaction, il y a à la fois un ras-le-bol, une lassitude et un sentiment d’impuissance.» Sans langue de bois, Bourdin, ex-grande voix de RTL, résume l’évidence : «Il y a une hypocrisie totale. Zemmour fait de l’audience et comme les dirigeants de RTL se couchent devant l’audience, ils le gardent. Ils n’ont aucune indépendance d’esprit.» A ce petit jeu du bruit médiatique qui se nourrit lui-même, l’auteur d’Un quinquennat pour rien, en tête de la plupart des classements de vente, ne risque pas de disparaître des ondes et des écrans. D’après son attachée de presse, les libraires commandent chaque jour 5 000 exemplaires du livre.


Zemmour dans le texte

«En islam, il n’y a pas de musulmans modérés. […] Il y a simplement des gens qui appliquent à la lettre et d’autres qui n’appliquent pas à la lettre . […] Ceux que vous appelez bons musulmans, l’islam les appelle mauvais musulmans.» Le 6 septembre, dans C à vous (France 5).

«La France est envahie, colonisée et maintenant combattue. […] On sera très heureux dans la soumission à l’islam, magnifiquement heureux. On sera tous frères, sauf ceux qui ne seront pas musulmans.»Le 9 septembre dans On n’est pas forcément d’accord (RTL).

«Marine Le Pen a toujours été de gauche. Elle est complètement endoctrinée par Florian Philippot, qui est une espèce de cheval de Troie chevènementiste.»Le 12 septembre dans LCI matin (LCI).

«Le peuple armé […] c’est aussi le peuple qui s’approprie sa liberté. […] Le comportement des Corses est admirable. Les Corses, eux, ne cèdent pas devant la pression islamique.» Le 16 septembre, dans Bourdin direct (RMC et BFM TV).

Source : Jérôme Lefilliâtre, pour Libération, le 21 septembre 2016.


Dans le château cher à Pagnol, Eric Zemmour voit l’avenir et Chantal Goya ne fait que passer

Source : Stéphanie Harounyan, pour Libération, le 23 septembre 2016.

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Eric Zemmour, le 22 septembre 2016 à Marseille

Jeudi soir, le polémiste d’extrême droite organisait une soirée débat au château de la Buzine, pour la promotion de son dernier livre. Il y a rencontré ses fans et… la chanteuse.

La foule impatiente piétine le parvis du château de la Buzine. Perdue dans les hauteurs de l’est marseillais, l’édifice cher à Pagnol – le fameux «château de sa mère», c’est ici– accueille ce jeudi soir Eric Zemmour. Mais c’est Chantal Goya et Jean-Jacques Debout qui surgissent d’un taxi devant le portail de l’établissement ! «Un hasard absolu», balbutie, affolé, leur accompagnateur. De passage à Marseille, Goya a voulu visiter la Buzine où elle projette de donner un concert l’an prochain. «Mais que font tous ces gens ici ?» questionne la fée, un peu perdue. Ah, c’est une belle histoire, Chantal !

Si les quelque 300 personnes réunies au château sont si heureuses, c’est que leur preux polémiste sans peur et sans reproche vient donner une conférence sur son dernier ouvrage, Un quinquennat pour rien. Douze euros l’entrée pour accéder à leur vœu le plus cher, qui a bien failli ne jamais se réaliser : la semaine dernière, de vils socialistes locaux avaient appelé à l’annulation de la rencontre, arguant qu’inviter Zemmour dans un établissement public – certes géré par une structure privée – n’était pas du meilleur goût. Ce dernier a pu compter sur le soutien zélé du chevalier Franck Allisio, élu régional FN, qui avait rétorqué via une pétition numérique «pour défendre sa liberté d’expression». Affolée par tant de tapage, Dame Valérie Fédèle, la directrice de l’établissement, retiendra aussi cet argument pour maintenir l’événement, malgré les menaces téléphoniques et les risques de débordement.

Il n’a pas peur de le dire : il peut voir l’avenir

 

«Les Corses, ils font ! Nous devrions prendre exemple sur eux»

Lire la suite sur Libération

 

Source: http://www.les-crises.fr/eric-zemmour-odieuse-audience/


Apple : la France ne demandera pas sa part des 13 milliards d’arriérés d’impôt, par Pierric Marissal

Friday 30 September 2016 at 00:05

Source : L’Humanité, Pierric Marissal, 12/09/2016

Michel Sapin AFP

Michel Sapin
AFP

Si plusieurs pays européens ont annoncé leur intention de demander à Apple de leur rembourser une partie des 13 milliards d’euros d’impôt qu’Apple a escamotés en Irlande, Michel Sapin lui a déclaré que non, la France ne réclamerait rien…

“Il est inacceptable qu’alors que nos concitoyens ont dû faire face à d’importantes hausses d’impôts depuis 2012, très supérieures à la petite baisse annoncée pour 2017, le ministre exonère Apple et d’autres multinationales d’une imposition plus conséquente et ne fasse pas tout ce qui est possible pour qu’elles contribuent à la hauteur des gigantesques profits qu’elles engrangent en vendant leurs produits dans nos pays”, s’est insurgé la sénatrice de Paris Marie-Noëlle Lienemann dans un communiqué.

“La commission européenne a été claire”, poursuit-elle: “Si un pays s’estime lésé d’avoir vu le produit de ventes réalisées sur son territoire partir en Irlande pour fuir l’impôt, il pourrait lui aussi réclamer sa part réduisant mécaniquement le montant dû à Dublin. Ce que font l’Espagne et l’Autriche, la France doit aussi le faire”.

La somme due à Dublin , même si deux appels, l’un du gouvernement irlandais, l’autre d’Apple, sont en cours. Cette somme représente les ‘”avantages fiscaux indus” (Apple ne paye que 0,05 % d’impôt sur les sociétés en Irlande…) estimés par la Commission européenne. Celle-ci avait précisé que l’Irlande n’était pas le seul Etat concerné par ce remboursement. Si un pays s’estimait lésé d’avoir vu pendant des années le produit de ventes réalisées sur son territoire partir en Irlande pour échapper à l’impôt, il pourrait lui aussi réclamer sa part. “Si ce que la Commission européenne dit est légal, vous pouvez être sûr que moi, en tant que ministre des Finances je vais le réclamer”, a donc déclaré le ministre autrichien des Finances Hans Joerg Schelling, lors d’une réunion des ministres européens des Finances à Bratislava. Selon une source gouvernementale espagnole, Madrid compte également demander le remboursement.

Mais le ministre français des Finances, Michel Sapin estime lui que la France juge la décision de la Commission européenne légitime mais qu’il ne réclamera aucune somme…
Marie-Noëlle Lienemann a demandé l’audition du ministre par la commission des Finances du Sénat “afin qu’il expose les raisons pour lesquelles le gouvernement renonce à cette recette substantielle”. “Il en va de l’exemple et de la lutte contre l’évasion et l’optimisation fiscale”, souligne-t-elle.

Pierric Marissal

Journaliste, spécialiste des nouvelles technologies

Source : L’Humanité, Pierric Marissal, 12/09/2016

Source: http://www.les-crises.fr/apple-la-france-ne-demandera-pas-sa-part-des-13-milliards-darrieres-dimpot-par-pierric-marissal/


Petits rappels sur les commentaires

Thursday 29 September 2016 at 15:12

Je prends la plume pour un rappel sur les commentaires.

Des dizaines de milliers de lecteurs viennent ici tous les jours consulter des articles souvent à contre-courant.

J’ai fait le choix à la création de ce site d’accorder la possibilité de laisser des commentaires après les articles.

C’est une décision lourde, car elle pose des problèmes potentiels juridiques et d’image, et oblige donc à une lourde modération (surtout vu la fréquentation de ce site).

Je remercie donc chaleureusement les nombreux bénévoles qui permettent chaque jour que ce service gratuit soit possible.

Je me félicite tous les jours de ce choix initial, car l’idée est bien d’élargir encore plus les réflexions par des informations, analyses ou avis pertinents.

Merci donc aussi à tous ceux qui enrichissent ce blog quotidiennement par leurs commentaires.

 

Vous noterez aussi que moins de 1 % des lecteurs commentent. Certes, une part plus importante lit les commentaires – mais presque personne n’a le temps de lire 150 commentaires, d’où le besoin de cadrage…

Je rappelle aussi que les avis contraires à la vision d’un article (ou tout simplement au mien) sont les bienvenus – du moment qu’ils sont argumentés, respectueux et polis.

 

Ces derniers jours, des dérives – prévisibles – sont apparues.

Je rappelle donc clairement que l’espace des commentaires n’est pas un forum de “libre expression” ou je ne sais quel “défouloir”.  C’est un espace d’apport à la communauté des lecteurs pré-constituée, à laquelle le commentateur peut avoir accès. Mais pour cela, il doit rédiger des commentaires que la rédaction jugera pertinents – eh oui…

Il n’existe en effet AUCUN DROIT à laisser des commentaires sur ce blog gratuit. Cela se mérite – et des centaines de personnes aux avis totalement divergents prouvent chaque semaine que c’est parfaitement possible. 🙂

Là encore, certains confondent la liberté d’expression avec un pseudo-droit de diffusion, où on veut et quand on veut. Je me battrai pour que vous ayez le droit d’exprimer vos opinions – par exemple en ouvrant VOTRE blog -, mais je n’ai pas la moindre obligation de les diffuser moi-même à tous les lecteurs ici, surtout si elles ne tiennent même pas la route d’un débat argumenté (ou que ce débat à DÉJÀ eu lieu précédemment, ce qui arrive souvent, on ne peut traiter sans arrêt les mêmes sujets)…

Pour tous ceux qui crient à la “censure d’opinion”, un peu de bonne foi et de lecture des milliers de commentaires critiquant mes visions (par exemple ici de façon caricaturale) leur permettrait de comprendre qu’il s’agit simplement d’une “censure de hors-sujet”, d’une “censure de politesse”, d’une “censure de caquetage” voire même parfois d’une “censure de propos de bistrot”.

Plus précisément, je vous rappelle ici la Charte des commentaires, et le fait que seront donc supprimables des commentaires en dehors du sujet direct évoqué par le billet, les propos non étayés, les propos abordant des sujets déjà discutés longuement en commentaire par le passé, le prosélytisme politique, les propos racistes ou haineux ou méprisants, les dialogues entre commentateurs, les informations et raisonnements lourdement erronés (nous n’avons pas les moyens de tout expliquer à tout le monde – désolé, on n’est pas un service public, on manque de bras 🙂 ). Dernière catégorie, heureusement réduite : l’erreur de modération manuelle, et la mise en spam automatique, qui arrivent parfois ; nous en sommes désolés, mais nous n’avons généralement pas le temps de rectifier : c’est un désagrément d’un service gratuit.

En conclusion, la rédaction décide, comme pour tout “courrier des lecteurs” (qu’on essaye de rendre ici très conséquent, vous notez) ; évidemment, c’est parfois imparfait et subjectif, eh bien alors, si cela insupporte certains, qu’ils ouvrent leur propre blog, cela enrichira le débat… 😉

Enfin, il faut que certaines personnes tenaces aient bien à l’esprit que, souvent (mais pas toujours comme on a vu), une modération d’un commentaire est un véritable carton jaune, certaines limites ayant pu être dépassées. Dans ce cas particuliers, si en retour, ils viennent insulter l’arbitre qu’est la modération (a fortiori avec le courage de l’anonyme), il est clair qu’ils entreront dans la catégorie carton rouge, avec bannissement – les bénévoles ayant alors mieux à faire qu’à passer du temps à analyser leurs propos…

 

Bref, nous sommes collectivement tous garants de la qualité et de la bonne tenue de ce site. Et les plus de 200 000 commentaires parus en constituent un élément fondamental.

Donc, encore merci à tous… Et bon courage pour les 200 000 prochains commentaires. 🙂

P.S. 1/ j’ai du coup demandé à la modération de renforcer les suppressions de commentaires apportant peu de choses, afin d’en diminuer le nombre, qui dépasse les capacités de lecture d’un visiteur moyen  2/ comme avec le temps le confort devient pour trop de personnes la norme, les commentaire sur ce billet seront fermés 24 heures, afin de bien apprécier ensuite la valeur de la possibilité de réagir…

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Source: http://www.les-crises.fr/petits-rappels-sur-les-commentaires/


L’ex-commissaire européenne à la concurrence prise la main dans le pot de confiture

Thursday 29 September 2016 at 09:40

L’ex-commissaire européenne à la Concurrence était directrice d’une société offshore

Source : Le Point, le 22 septembre 2016.

La presse néerlandaise a révélé que Neelie Kroes dirigeait une société établie aux Bahamas pendant la durée de son mandat européen.

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Un nouveau « Bahamas Leaks ». L’ancienne commissaire européenne à la Concurrence Neelie Kroes a été directrice d’une société aux Bahamas durant son mandat, contrairement aux règles européennes, a révélé mercredi la presse néerlandaise. D’après les documents en possession du quotidien Süddeutsche Zeitung et du Consortium international des journalistes d’investigation ICIJ, Neelie Kroes a été directrice de Mint Holdings Ltd, une entreprise offshore établie aux Bahamas, « du 4 juillet 2000 au 1er octobre 2009 », ont indiqué les quotidiens néerlandais De Trouw et Het Financieele Dagblad.

Or, les commissaires européens doivent, au début de leur mandat, renoncer à toutes leurs fonctions de direction et notifier toutes celles, rémunérées ou non, des dix années précédentes dans un registre public. L’ex-ministre néerlandaise des Transports, qui dit s’être désinscrite depuis 2002, assure avoir quitté Mint Holdings au début de son premier mandat comme commissaire européenne en 2004 et évoque une faute administrative en 2009, ont rapporté les médias néerlandais.

Un directeur non exécutif

L’ancienne commissaire « était, selon ses propres dires, un directeur non exécutif et aurait donné des conseils stratégiques à Mint Holdings qui voulait racheter des parts du géant américain de l’énergie Enron pour 6 milliards de dollars », précisent les quotidiens. « Ce rachat a échoué à l’été 2000. » « Parce que Mint Holdings n’a jamais été opérationnelle, selon elle, elle n’a jamais fait état de sa fonction de direction », ajoutent De Trouw et Het Financieele Dagblad, qui publient plusieurs documents dont la source n’a pu être confirmée. Neelie Kroes « reconnaît qu’elle est formellement en infraction avec le code de conduite des commissaires européens », a-t-elle réagi auprès des deux quotidiens néerlandais.

Son avocat a informé le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Cette docteur en économie assure en prendre l’entière responsabilité et accepter les conséquences, d’après les journaux. Quelque 1,3 million de documents d’entreprises aux Bahamas en possession de Süddeutsche Zeitung et de l’ICIJ ont été révélés sous le nom de « BahamaLeaks », selon De Trouw et Het Financieele Dagblad.


Bahamas Leaks : Neelie Kroes bientôt poursuivie ?

Source : Le Point.

L’ex-commissaire Neelie Kroes, accusée d’avoir dirigé une société offshore durant son mandat, pourrait être poursuivie. Le seul précédent : Édith Cresson.

Au cas où, Neelie Kroes a d’ores et déjà fait appel à un avocat. Et l’ancienne commissaire à la concurrence (2004-2009) et ex-vice présidente (2009-2014) de la Commission Barroso a peut-être raison de se préparer au pire… Aujourd’hui consultante pour la firme Uber, elle pourrait bientôt avoir à s’expliquer devant la Cour de justice de l’Union européenne, à la suite des révélations du Consortium international de journalisme d’investigation sur son rôle d’administratrice d’une société offshore aux Bahamas de 2000 à 2009, soit au cours de son mandat de commissaire à la concurrence. À moins que la commission Juncker, qui croule sous les scandales de son prédécesseur, n’en décide autrement.

Demande de clarifications

Dans une lettre envoyée dans la matinée de jeudi, Jean-Claude Juncker a demandé à l’ancienne commissaire « des clarifications » sur son rôle dans la compagnie et ce qu’elle savait exactement de ces fonctions. Une attitude similaire à celle prise en septembre concernant le président de la commission Barroso. À quelques différences près, toutefois : si le prédécesseur de Juncker n’a informé l’ex-Premier ministre luxembourgeois qu’une fois sa prise de poste rendue publique, Neelie Kroes a eu la délicatesse d’en informer la Commission par mail vendredi dernier. Elle y indique qu’elle n’a pas mentionné l’existence de « ce formulaire » lors de sa déclaration d’intérêt en tant que commissaire à la concurrence en 2004. Pendant six jours, pourtant, la Commission n’a pas réagi à ce mail. « Elle n’en a pris conscience que tardivement », le jour même des révélations, affirme une source européenne qui évoque une « énorme erreur ». Six jours, c’est néanmoins nettement plus rapide que lors de l’affaire Barroso, où il avait fallu deux mois au président Juncker pour saisir le comité d’éthique européen.

Jusqu’où ira la Commission ?

Cette fois-ci, la Commission semble bien vouloir aller plus loin. C’est en tout cas ce qu’on laisse entendre dans les couloirs. Le cas Kroes est en effet jugé plus grave que celui de l’ancien président de la Commission, José Manuel Barroso, la suspicion portant sur un conflit d’intérêts au cours de son mandat. La Commission reste dans l’attente de nouvelles informations données par Neelie Kroes. À 75 ans, l’ancienne commissaire, déjà attaquée par les eurodéputés lors de sa prise de fonction en 2004 pour ses multiples casquettes d’administratrice au sein de sociétés privés – plus de quarante à l’époque – se défend d’avoir été administratrice de la société offshore jusqu’en 2009. Il y a eu une « erreur administrative », a indiqué son avocat au Consortium de journalistes. La société, créée pour racheter les actifs du géant américain de l’énergie Enron Cop, a échoué en 2000 puis a fait faillite. « Elle pensait qu’elle n’était plus administratrice dès le moment où cette société n’était plus nécessaire », a justifié son avocat. Des affirmations qu’elle devra répéter aussi à Juncker.

Mais plusieurs questions se posent. Qui mènera l’enquête ? Les réponses restent vagues. Une chose est sûre : la Direction générale de la concurrence, menée par la Suédoise Magrete Vestager, déjà au cœur de toutes les attentions pour s’être attaquée aux géants économiques américains dont Apple et Google, pourrait l’être encore davantage. Qui dit en effet que l’ancienne commissaire néerlandaise n’a pas usé de sa fonction pour avantager tels ou tels clients lors de son mandat dans la très puissante DG ? Le fils de Badr-El-Din, un autre administrateur de la société, soutient déjà sur son blog avoir fait un stage dans le cabinet de la commissaire, en 2007.

Le précédent Édith Cresson

Lire la suite : Le Point.


« Bahamas Leaks » : la trahison morale des élites

Source : Le Monde / Idées, le 22 septembre 2016.

Editorial du « Monde ». L’affaire est consternante. L’ancienne commissaire européenne à la concurrence Neelie Kroes a été membre du conseil de direction d’une société offshore aux Bahamas jusqu’en 2009, alors qu’elle était en poste à la Commission européenne, entre 2004 et 2014. C’est ce que révèlent les documents confidentiels auxquels Le Monde a eu accès. La Néerlandaise, après avoir nié l’affaire, l’a reconnue.

Cette structure, Mint Holdings Limited, a été mise en place en 2000 avec des investisseurs des Emirats arabes unis pour racheter des actifs d’Enron, géant américain de l’énergie aujourd’hui disparu. Mme Kroes, 75 ans, explique aujourd’hui que cette société n’a jamais été opérationnelle, qu’elle n’a reçu aucun avantage financier et ajoute qu’une « erreur administrative a été commise » : sa présence en tant que directrice sur le registre de la société aurait dû être supprimée en 2002.

On aimerait la croire. Mais comment expliquer qu’elle ait « oublié », lorsqu’elle est devenue commissaire, de mentionner, dans sa déclaration d’intérêts, comme l’exige la règle européenne, cette activité qui remontait à moins de dix ans. Mme Kroes, franchement, on n’oublie pas qu’on a voulu racheter Enron ! Dès lors, c’est toute sa crédibilité qui s’effondre. Sur la prétendue non-activité de cette « coquille » dont on peut être sûr qu’elle était opaque, beaucoup moins qu’elle était vide. Sur son impartialité lorsqu’elle était commissaire à la concurrence et avait un œil sur le secteur de l’énergie…

Une attirance maladive pour l’argent

Lire la suite : Le Monde / Idées, le 22 septembre 2016.

Source: http://www.les-crises.fr/lex-commissaire-europeenne-a-la-concurrence-prise-la-main-dans-le-pot-de-confiture/


Le Département d’État s’obstine aveuglément à pousser à la guerre contre la Syrie, par James Carden

Thursday 29 September 2016 at 00:55

Article du mois de juin – comme quoi les choses s’accélèrent…

Source : The Nation, le 21/06/2016

La représentante Tulsi Gabbard, vétérane de la guerre en Irak, explique à The Nation pourquoi l’intervention américaine ne fera qu’empirer la crise humanitaire en Syrie.

By James Carden | 21 juin 2016

Un homme porte un enfant après des frappes aériennes sur Alep, Syrie, le 28 avril 2016. (Validated UGC via AP video)

Un homme porte un enfant après des frappes aériennes sur Alep, Syrie, le 28 avril 2016. (Validated UGC via AP video)

De tous les mythes qui circulent à Washington lors de ces dernières années Obama et qui passent pour de la sagesse populaire, celui qui est le plus tenace est sans doute celui de l’« inaction » d’Obama dans l’affaire syrienne.

D’après Robert S. Ford, ancien ambassadeur des États-Unis en Syrie (de 2010 à 2014) et désormais membre important à l’Institut du Moyen Orient, l’administration Obama a continué une politique de « non-ingérence » au sujet de la Syrie, prétendant que le président et d’autres hauts responsables de l’administration ont été « réticents à l’idée d’avoir recours à tous les moyens à disposition pour faire pression » sur le gouvernement syrien. Et la semaine dernière, le New York Times révélait qu’au Département d’État, 51 responsables de niveau intermédiaire avaient rédigé un « billet de désaccord » adressé à leur Secrétaire d’État John Kerry, conseillant vivement aux États-Unis de réaliser « des frappes militaires contre le gouvernement de Bachar el-Assad. » Le Times a remarqué plus tard que les dissidents en complet à rayures du ministère des Affaires Étrangères « s’irritent depuis longtemps du refus de la Maison-Blanche de se laisser entraîner dans un conflit en Syrie. »

Pourtant, loin de « refuser de se laisser entraîner dans un conflit en Syrie, » l’administration Obama a, depuis 2013, activement financé et entraîné les rebelles syriens prétendument « modérés », qui sont, en fait, des extrémistes salafistes liés à al-Qaïda. Des opérations de la CIA et du Pentagone parallèles à celles de l’administration ont favorisé la déstabilisation de la région, et donc la crise des réfugiés. En outre, en s’en prenant au gouvernement souverain de Bachar el-Assad, elles ont contribué à renforcer la position stratégique de l’EI.

Pire encore, les alliés des Américains ont travaillé main dans la main avec les sunnites radicaux, adversaires du gouvernement laïc de Bachar el-Assad. Même Ford a publiquement avoué en janvier 2015 : « Pendant longtemps, nous avons regardé de l’autre côté quand al-Nosra et les groupes armés au sol, dont nous aidons une partie, se sont alliés pour effectuer des opérations militaires contre le régime. »

Effectivement, dès 2015 il était de plus en plus difficile de soutenir la fiction d’une opposition « modérée ». Selon le journaliste Gareth Porter, « Les États-Unis misent secrètement et indirectement sur le succès militaire de la branche syrienne d’al-Qaïda, et comme on avait besoin d’une feuille de vigne politique, il fallait soutenir qu’existait toujours une opposition armée “modérée”. »

C’est la représentante de Hawaï, Tulsi Gabbard, qui mène les actions visant à l’arrêt d’une guerre illégale et stérile pour un changement de régime en Syrie. L’année dernière, cette jeune femme, qui a servi deux fois dans les rangs de l’armée en Irak, a déposé un projet de loi qui devrait supprimer les fonds pour ce qu’elle appelle « la guerre de l’administration pour un changement de régime en Syrie. »

En attendant le vote de ce projet au Congrès, Tulsi Gabbard a déposé, la semaine dernière, un amendement à la Loi de finances de la Défense destiné à bloquer les fonds du programme pour « la formation et l’équipement syriens ». Même si l’amendement a recueilli le soutien de 135 représentants, y compris de conservateurs convaincus comme le représentant de la Caroline du Sud, Trey Gowdy, et celui du Michigan, Justin Amash, et de démocrates de premier plan comme le candidat du Maryland au Sénat, Chris Van Hollen, il n’a cependant pas été voté. Et le rejet de cet amendement s’est trouvé coïncider avec la publication par le Département d’État de la note de désaccord qui appelle à des frappes militaires contre la Syrie.

Si on les examine conjointement, ces événements sont troublants. En effet, comme le fait remarquer, à juste titre, Tulsi Gabbard, si la guerre pour le changement de régime réussissait à renverser Assad, ce seraient l’EI et al-Qaïda qui viendraient combler le vide. C’est cette perspective, qui serait une catastrophe stratégique, tactique et morale, que la politique américaine devrait chercher à éviter. Loin d’atténuer la crise humanitaire et celle des réfugiés, l’action militaire des États-Unis les aggraverait. Et pourtant, l’administration, via le programme de la CIA « Train and Equip » (Formation et équipement), persiste à se plier à la volonté de nos plus odieux alliés que sont la Turquie, l’Arabie saoudite ou encore le Qatar, en insistant pour qu’Assad quitte la scène.

Dans un discours, ce week-end, au Sommet du peuple à Chicago, Tulsi Gabbard a attaqué directement les 51 « dissidents » du Département d’État. Selon elle, « trop de gens n’ont pas tiré les leçons du passé, ils n’ont rien appris de l’Irak et du renversement de Saddam Hussein, ils n’ont rien appris du chaos qui a résulté du renversement de Kadhafi en Libye. »

Lundi, elle a déclaré à The Nation : « Intensifier la guerre pour renverser Assad va encore empirer la situation. Cela va causer davantage de souffrance et de chaos, cela va tellement renforcer l’EI et al-Qaïda qu’ils vont finir sans doute par être capables de s’emparer de la Syrie tout entière. » Cette éventualité serait, selon Tulsi Gabbard, un désastre, « qui verrait un génocide des minorités religieuses, des laïques, des athées et de tous ceux qui refusent d’accepter la théologie extrémiste du wahhabisme. La crise des réfugiés va empirer de façon exponentielle et elle pourrait conduire à une confrontation directe avec la Russie. »

Pourtant, les diplomates dissidents insistent sur le fait qu’ils ne préconisent pas de s’engager sur une « pente glissante » qui déboucherait sur une confrontation avec la Russie, mais avancent que doit simplement être mise en place « la menace crédible » d’une réponse militaire ciblée des États-Unis aux violations des droits de l’homme faites par le régime. Toutefois, selon un responsable du Pentagone qui a parlé à notre journal : « Qu’arriverait-il si un missile sol-air abattait un avion de combat des États-Unis au-dessus de la Syrie ? Les missiles russes S-400 pourraient être utilisés pour éliminer les missiles de croisière américains, et aurait-on encore vraiment affaire à une guerre par procuration ? Et que pourrions-nous faire pour contrer cela ? Essayer d’anéantir les sites de S-400 russes ? Ça m’a tout l’air d’une pente glissante. »

Selon ce responsable, officier dans l’armée depuis 20 ans, qui a effectué de nombreuses missions dans les ambassades américaines du monde entier, la note de désaccord « semble être le fait de carriéristes qui se sont beaucoup démenés pour atteindre un but néfaste, le renversement d’Assad, tout en refusant d’accepter que la priorité s’est déplacée et qu’il s’agit maintenant de vaincre l’EI et que, pour ce faire, peut-être faudra-t-il permettre à Assad de reprendre la situation en main. »

En fin de compte, la politique que soutient la note de désaccord mènerait les États-Unis sur le chemin de la guerre contre la Syrie et presque certainement à une guerre contre la Russie. Pendant ce temps, on a besoin plus que jamais d’initiatives sérieuses, comme celles de la représentante Tulsi Gabbard, pour forcer l’administration à concentrer ses efforts sur la lutte contre l’EI et la conclusion de la guerre civile syrienne.

Source : The Nation, le 21/06/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/le-departement-detat-sobstine-aveuglement-a-pousser-a-la-guerre-contre-la-syrie-par-james-carden/


1er débat Clinton / Trump

Wednesday 28 September 2016 at 00:55

Le 1er débat Clinton / Trump a donc eu lieu hier. Je vous le propose :

Bien entendu, les médias avaient bien préparé le terrain (avec une grande précision comme on le voit) – on n’est jamais trop prudent :

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La quasi-totalité des média a donc considéré hier matin que Clinton avait gagné haut la main :

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(quand je pense qu’un type a fait des études pour en arriver à écrire de tels titres…)

clinton trump

clinton trump

clinton trump

clinton trump

clinton trump

Libé a été plus mesuré :

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Je vous conseille quand même ce grand moment de délire du Monde – un grand moment de probité et de mesure journalistique (je me demande si du coup le salaire de la direction du Monde rentre dans les dépenses de campagne de Clinton ?) :

clinton trump

clinton trump

clinton trump

Vous avez noté d’ailleurs le niveau de délire de certaines personnes, qui en France hurlent presque “Vive Clinton !!!!” (je reste bine plus mesuré, on aura un mauvais président américain dans tous les cas… et en plus, en effet, je ne vote pas !)

Le niveau d’hystérisation du traitement de la plupart des sujets fait vraiment peine à voir… Aura-t-on un jour quelques médias mesurés, évitant de prendre parti outrageusement, expliquant la complexité des situations comme si nous n’étions pas neuneus ?

Hillary a du coup fait ses choux gras sur un sondage CNN :

clinton trump

Pourtant, les votes en ligne des sites d’information sont moins catégoriques – attention, ils ne sont pas représentatifs, bien entendu, car le lectorat peut-être orienté, mais ça devient intéressant quand le média n’est pas trop coloré et que les votants sont très nombreux… À prendre avec beaucoup de recul…

clinton trump

410 000 votants quand même…

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435 000…

clinton trump

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220 000…

clinton trump

clinton trump

clinton trump

Même Slate…

clinton trump

Sans surprise là…

clinton trump

clinton trump

clinton trump

clinton trump

clinton trump

clinton trump

clinton trump

Bref, à vous de vous faire votre propre opinion… 🙂

Source: http://www.les-crises.fr/1er-debat-clinton-trump/


Jérôme Kerviel : sa peine abaissée de 99.8% !

Wednesday 28 September 2016 at 00:30

Jérôme Kerviel condamné à verser un million d’euros à la Société Générale… Tout comprendre à cette décision

Source : 20 Minutes, le 23 septembre 2016.

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Jérôme Kerviel quitte la cour d’appel de Versailles (Yvelines) avec son avocat David Koubbi, le 23 septembre 2016. – Martin BUREAU / AFP

La cour d’appel de Versailles (Yvelines) a estimé ce vendredi que l’ancien trader n’était que «partiellement responsable» du préjudice subi par la banque…

C’est une histoire de chiffres depuis plus de huit ans. Et de gros sous. La cour d’appel de Versailles (Yvelines) a condamné, ce vendredi au civil, Jérôme Kerviel à verser un million d’euros de dommages et intérêts à la Société Générale pour le préjudice qu’elle a subi en 2008. La banque en avait demandé 4.900 fois plus, c’est-à-dire 4,9 milliards d’euros. 20 Minutes analyse cette décision.

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Que signifie la décision de la cour d’appel de Versailles ?

Sommée de réexaminer l’affaire sur le plan civil, la cour d’appel de Versailles a finalement estimé que Jérôme Kerviel n’était que « partiellement responsable » de toute l’affaire qui porte son nom depuis 2008. C’est-à-dire que selon elle, il y a un autre responsable. Et il suffit de lire l’arrêt pour comprendre qu’il s’agit de la Société Générale elle-même.

« L’organisation défaillante [de la Société Générale] et l’accumulation de manquements en matière de sécurité et de surveillance des risques, qui préexistait aux faits, (…) a permis la commission des délits et retardé leur détection (…) et a eu un rôle causal essentiel dans la survenance et le développement du préjudice. » Autrement dit, la banque a eu des manquements qui ont entraîné l’affaire Kerviel.

Pourquoi Kerviel doit tout de même verser un million d’euros et en quoi c’est embêtant ?

Si la Société Générale n’avait pas eu des « manquements », l’affaire Kerviel n’aurait jamais pu exister. Mais le trader, définitivement condamné au pénal, est tout de même « partiellement responsable ». La cour a donc estimé qu’il devait verser un million d’euros à la banque.
C’est embêtant pour lui. Autant la banque n’aurait jamais pu lui réclamer 4,9 milliards d’euros, autant cette somme d’un million d’euros apparaît recouvrable. Jean Veil, l’avocat de la Société Générale, a d’ailleurs annoncé que la décision était « exécutable ». Sans emploi à l’heure actuelle, l’ancien trader a touché un peu d’argent du livre qu’il a écrit, du film que Christophe Barratier a tiré de son histoire et de la décision des prud’hommes du début d’année.

Pourquoi la banque demandait 4,9 milliards d’euros ?

Depuis le premier jour de l’affaire, la Société Générale a toujours annoncé qu’elle avait subi des pertes de 4,9 milliards d’euros en raison des agissements de Jérôme Kerviel. Selon la défense du trader, cette estimation ne repose sur aucune « expertise indépendante ». En juin, lors de l’audience devant la cour d’appel de Versailles, elle avait, à nouveau, réclamé cette expertise. Mais la cour, ce vendredi, n’a pas accédé à sa requête.

Comment ont réagi les différentes parties ?

A la sortie de l’audience, Jean Veil a parlé d’une décision « satisfaisante » et « exécutable ». « Je dois encore lire l’arrêt en détail. Mais à première vue, cela me paraît être une décision satisfaisante ».

David Koubbi, l’avocat de Kerviel, a lui sorti sa calculette. « Un million d’euros représente 0,02 % de 4,9 milliards. Donc, la banque est responsable à 99,98 % et Jérôme Kerviel à 0,02 %. Nous allons nous servir de la décision pour continuer le combat devant la cour de révision. »

L’Etat peut-il espérer récupérer 2,197 milliards d’euros dans cette affaire ?

C’est l’autre enjeu de l’affaire. « Victime » depuis 2008, la Société Générale a bénéficié d’une ristourne fiscale de 2,197 milliards d’euros pour compenser les « pertes exceptionnelles » dues à l’affaire Kerviel. Mais si la banque est en partie responsable, l’Etat pourrait être en droit de réclamer le remboursement de cette ristourne fiscale.

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Christian Eckert, le secrétaire d’Etat au Budget, a déjà fait savoir que l’Etat pourrait entamer des démarches pour faire valoir ses droits. Jérôme Kerviel est prêt à l’aider. « Aujourd’hui, Jérôme Kerviel est le plus gros pourvoyeur d’argent public, a réagi David Koubbi, son avocat. Nous nous tenons à la disposition des services de Bercy pour qu’ils récupèrent cette somme. »

Interrogée avant l’audience, une source proche de la banque nous confiait qu’il n’en était « absolument pas question » !


Affaire Kerviel : la justice ramène de 4,9 milliards à 1 million d’euros les dommages-intérêts

Source : L’Obs, le 23 septembre 2016.

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La cour d’appel de Versailles a condamné ce vendredi 23 septembre Jérôme Kerviel à verser un million d’euros de dommages et intérêts à la Société Générale, contre 4,9 milliards lors d’un premier jugement qui avait été cassé en 2014.

Le président de la cour a dit que la juridiction l’avait “déclaré partiellement responsable du préjudice causé à la Société Générale”.
La cour n’a pas suivi les conclusions de l’avocat général qui avait recommandé, le 17 juin dernier, de rejeter intégralement la demande de compensation de la banque, mettant en avant ses défauts de contrôle dans cette affaire.

Cette décision de la cour “est tout à fait satisfaisante”, s’est félicité l’avocat de la banque Jean Veil. A l’inverse, Jérôme Kerviel a promis de continuer “le combat” pour être blanchi.

La décision de la cour d’appel de Versailles “me donne l’énergie pour continuer” ce “combat” car “j’estime encore ne rien devoir à la Société Générale”, a aussitôt réagi l’ex-trader, assailli par les journalistes. “La cour a dégraissé de 99,98% la somme” due par Jérôme Kerviel, a ajouté son avocat David Koubbi.

Jérôme Kerviel, 39 ans, a toujours affirmé que la Société Générale ne pouvait ignorer qu’il prenait des positions non couvertes qui se sont soldées par une perte de 4,9 milliards d’euros.

Mais la banque, condamnée en 2008 par la commission bancaire à une amende de 4 millions d’euros pour des “carences graves” dans son système de contrôle interne, assure que ce sont les agissements frauduleux de son ancien trader qui ont “mis en échec” ses systèmes de contrôle.

En mars 2014, la Cour de cassation a confirmé la condamnation pénale de Jérôme Kerviel, mais renvoyé l’affaire devant la cour d’appel de Versailles en ce qui concerne les dommages et intérêts qui lui sont imputables.

Quelles conséquences en matière fiscale ?

La décision de ce vendredi, susceptible d’un pourvoi en cassation, fait planer un doute quant aux conséquences pour la banque en matière fiscale. L’Etat pourrait en effet demander le remboursement de la déduction fiscale de 2,2 milliards d’euros dont a bénéficié la banque, en raison de l’affaire Kerviel.

Interrogé sur cette possibilité, l’avocat de la banque, Jean Veil, a déclaré : “Je ne pense pas qu’il puisse le faire compte tenu de la rédaction de l’arrêt et compte tenu de ce qu’est la jurisprudence en la matière.”

“Il faudrait une faute volontaire, une faute excessive et ça n’est pas ce qui est écrit dans l’arrêt de la cour d’appel de Versailles d’aujourd’hui”, a-t-il poursuivi.

“Par conséquent, sur ce plan-là, il n’y a à mon avis aucune inquiétude et aucune incidence de cette décision sur la capacité du ministère des Finances de revenir sur l’application normale de ce qu’est la loi fiscale.”

Mais Bercy a annoncé cet après-midi que la situation fiscale de la Société Générale allait être réexaminée. Le ministre de l’Economie et des Finances, Michel Sapin, et le secrétaire d’Etat au Budget, Christian Eckert, “ont demandé à l’administration fiscale d’examiner les conséquences de cet arrêt sur la situation fiscale de la Société générale concernant les résultats de l’exercice de l’année 2008 et de préserver intégralement les intérêts de l’État”, indique Bercy dans un communiqué.

Source: http://www.les-crises.fr/jerome-kerviel-sa-peine-abaissee-de-99-8/


Miscellanées du Mercredi (Delamarche, Béchade, ScienceEtonnante, DataGueule)

Wednesday 28 September 2016 at 00:01

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute de Delamarche : “Aujourd’hui la banque centrale ne fait rien et n’a jamais rien fait”

II. Philippe Béchade

La minute de Béchade : “Si on gère à long terme, on vend tout parce que ça va dans le mur”

Philippe Béchade VS Bernard Aybran (1/2): La FED aura-t-elle les mêmes effets que la BoJ sur les marchés ? – 21/09

Philippe Béchade VS Bernard Aybran (2/2): Dans un contexte où les banques centrales dirigent les marchés, quelle stratégie d’allocation faut-il adopter ? – 21/09

Les indés de la finance: L’action de Twitter s’envole en Bourse – 23/09

III. ScienceEtonnante

Adam et Eve ont-ils existé ? — Science étonnante #29

IV. DataGueule

Samsung : trois étoiles et des poussières #DATAGUEULE 17


Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-du-mercredi-delamarche-bechade-scienceetonnante-datagueule-3/


[2014] Noam Chomsky : Pourquoi les Américains en savent-ils autant sur le sport et si peu sur les affaires internationales ?

Monday 26 September 2016 at 23:10

Source : Alternet, le 15/09/2014

De la façon dont le système est construit, il n’y a pratiquement aucun moyen pour les gens d’influencer le monde réel.

Par Noam Chomsky, le 15 septembre 2014

Le texte suivant est extrait d’un grand classique, The Chomsky Reader, qui offre un point de vue unique sur la grande question : “Comment pouvons-nous, en tant que population, avoir autant de connaissances sur les subtilités de diverses équipes de sport, tout en restant immensément ignorants sur nos engagements à l’étranger ?

Vous avez écrit sur la façon dont les idéologues professionnels et les mandarins cachaient la réalité. Et vous avez parlé — parfois vous le nommiez le “bon sens cartésien” — du bon sens dont le peuple est capable. En effet, vous mettez clairement en avant ce “bon sens” quand vous révélez les aspects idéologiques des débats, en particulier dans les sciences humaines contemporaines. Que voulez-vous dire par “bon sens” ? Qu’est-ce que cela signifie pour notre société ? Par exemple, vous avez écrit que dans une société concurrentielle et fragmentée, il est très difficile pour les gens d’être conscients de leurs intérêts. Si vous ne pouvez pas participer au système politique de façon concrète, si vous êtes réduit au rôle de spectateur passif, quel est alors le niveau de votre savoir ? Comment le bon sens peut-il émerger dans un tel contexte ?

CHOMSKY : Laissez-moi vous donner un exemple. Quand je conduis, j’allume parfois la radio et je remarque régulièrement que je tombe sur des débats sportifs. Ce sont des conversations téléphoniques. Des gens appellent et ont une discussion longue et complexe, et il est clair qu’il y a là un degré assez élevé de réflexion et d’analyse. Les gens savent tellement de choses. Ils connaissent tout un tas de détails compliqués et se lancent dans des discussions élaborées pour savoir si le coach a pris la bonne décision la veille, etc. Ce sont des gens ordinaires, pas des professionnels, qui appliquent toute leur intelligence et leurs compétences analytiques dans ces domaines, tout en accumulant pas mal de connaissances et, autant que je sache, de compréhension. D’un autre côté, quand j’entends les gens parler, par exemple, de questions internationales ou de problèmes intérieurs, on atteint un niveau de superficialité incroyable.

Cette réaction est peut être due en partie à mes propres domaines d’intérêts, mais, au fond, je pense que c’est exact. Et je crois que cette concentration sur des sujets comme le sport a un certain sens. De la façon dont le système est construit, il n’y a pratiquement aucun moyen pour les gens, sans un certain niveau d’organisation qui irait bien au-delà de ce qui existe actuellement, d’influencer le monde réel. Ils pourraient tout aussi bien vivre dans un monde imaginaire, et c’est d’ailleurs ce qu’ils font. Je suis certain qu’ils utilisent leur bon sens et leurs compétences intellectuelles, mais dans un domaine n’ayant aucune signification, et qui prospère justement parce qu’il n’a aucune signification, et qu’il est une diversion par rapport aux problèmes plus sérieux sur lesquels on n’a aucune influence ni effet puisqu’il se trouve que le pouvoir réside ailleurs.

Maintenant, je pense que les mêmes compétences intellectuelles, les mêmes capacités de compréhension, d’accumulation de preuves, d’obtention d’informations, de réflexions profondes sur des problèmes pourraient être utilisées — et seraient utilisées — dans un système de gouvernance différent qui impliquerait la participation populaire dans les prises de décisions importantes et dans des domaines qui importent vraiment pour la vie humaine.

Certaines questions sont complexes. Il y a des domaines qui nécessitent des connaissances spécifiques. Je ne propose pas une certaine forme d’anti-intellectualisme. Mais mon point de vue est que de nombreuses choses peuvent être comprises sans avoir des connaissances spécifiques ou d’une grande portée. En fait, même une connaissance spécialisée dans ces domaines n’est pas hors de portée des gens qui ont envie de s’y intéresser. […]

Pensez-vous que les gens se sentent inhibés par leur manque de compétences ?

CHOMSKY : Il existe également des experts en football, mais ces gens ne se réfèrent pas à eux. Les gens qui appellent parlent avec une totale assurance. Ils ne se préoccupent pas d’être en désaccord avec l’entraîneur ou un quelconque expert local. Ils ont leur propre avis et ils arrivent à avoir un débat intelligent. Je pense que c’est un phénomène intéressant. Maintenant, je ne pense pas que les problèmes internationaux et locaux soient plus compliqués. Et ce qui passe pour un discours sérieux et intellectuel sur ces sujets ne reflète pas un niveau de compréhension ou de connaissances plus important.

On retrouve des cas semblables dans certaines cultures dites primitives. On remarque très souvent que certains systèmes intellectuels ont été construits avec une considérable complexité, avec des spécialistes qui connaissent tout du sujet et d’autres qui ne comprennent pas tout, etc. Par exemple, les systèmes fondés sur le droit du sang sont élaborés avec une énorme complexité. De nombreux anthropologues ont essayé de montrer que ceci peut avoir une fonction utile dans cette société. Mais cette fonction peut très bien être simplement intellectuelle. Un peu comme les mathématiques. Ce sont des domaines où l’on peut utiliser notre intelligence pour créer des systèmes complexes et alambiqués, et élaborer leurs propriétés de la même façon que l’on fait des mathématiques. Ils n’ont pas les mathématiques et les technologies ; ils ont d’autres systèmes fondés sur une culture riche et complexe. Je ne veux pas pousser l’analogie plus loin, mais il se peut que quelque chose de semblable se produise ici.

Le pompiste qui veut faire marcher sa tête ne va pas perdre son temps sur des problèmes internationaux, puisque cela ne sert à rien ; il ne peut rien y faire de toute façon, il pourrait apprendre des choses désagréables, et même avoir des problèmes. Donc mieux vaut qu’il le fasse avec quelque chose d’amusant, et d’inoffensif — le football, le basketball, des choses comme ça. Mais des compétences sont utilisées ici, ainsi que de la réflexion, et de l’intelligence. Une des fonctions que remplit le sport, dans notre société et ailleurs, est d’offrir quelque chose qui détourne l’attention des gens des choses importantes, afin que les gens au pouvoir puissent les faire sans intervention extérieure.

Je demandais tout à l’heure pourquoi les gens sont-ils intimidés par l’aura des experts. Peut-on changer cela ? Est-ce que les experts et des intellectuels auraient peur que les gens appliquent leur intelligence du sport à leurs propres domaines de compétence dans les affaires étrangères, les sciences sociales et ainsi de suite ?

CHOMSKY : Je pense que c’est plutôt banal. Ces domaines d’interrogations qui concernent les problèmes humains immédiats ne sont pas particulièrement profonds ou inaccessibles à quiconque prend la peine de se pencher sur la question, même sans formation spéciale. Les commentaires sur les affaires publiques dans la presse grand public sont souvent peu profonds et mal informés. Tous ceux qui écrivent sur ces sujets et les commentent savent très bien comment s’en tirer dans la mesure où l’on ne s’éloigne pas de la doctrine acquise. Je suis certain que quasi tout le monde exploite cet avantage. Je suis conscient que je le fais moi-même. Quand je parle des crimes nazis ou des atrocités soviétiques, par exemple, je sais que je ne serai pas appelé à en apporter la preuve, par contre une caution scientifique détaillée est nécessaire si je m’aventure à critiquer les pratiques d’un des saints-États : les États-Unis eux-mêmes, ou Israël, depuis qu’il a été consacré par l’intelligentsia après sa victoire de 1967. Cette liberté par rapport à la nécessité de preuves ou même d’une rationalité est très commode, tel que le découvrira rapidement n’importe quel lecteur informé des journaux d’opinion, ou même de la plupart des publications scientifiques. Cela rend la vie facile, et permet d’émettre une grosse quantité de non-sens ou de biais ignorants sans conséquence, et même de purement et simplement diffamer. Les preuves ne sont pas nécessaires, les arguments à côté de la plaque. L’accusation classique contre les dissidents américains ou mêmes les libéraux [de gauche, NdT] — j’ai cité plusieurs cas imprimés par le passé et en ai ramassé beaucoup d’autres — est qu’ils prétendent que les États-Unis sont la source du mal dans le monde ou d’autres idioties du même ordre ; Il y a donc une convention que ces accusations sont complètement légitimes lorsque la personne visée est quelqu’un qui ne marche pas dans le rang comme les autres, et donc ces accusations sont émises sans même un soupçon de preuve. L’adhésion aux lignes du parti confère le droit d’agir de manières qui seraient considérées comme scandaleuses de la part de n’importe quel détracteur des dogmes établis. Une trop grande prise de conscience du public pourrait le mener à réclamer de meilleures normes de rigueur intellectuelle, ce qui sauverait certainement beaucoup de forêts de la destruction, et ferait dégringoler de nombreuses réputations.

Le droit de mentir au service du pouvoir est maintenu avec une vigueur considérable et passionnée. Cela devient évident dès lors que quiconque prend la peine de démontrer que les accusations contre un ennemi officiel sont inexactes ou, parfois, de pures inventions. La réaction immédiate des serviteurs du pouvoir est que la personne fait l’apologie des vrais crimes des ennemis officiels. Le cas du Cambodge est un exemple frappant. Que les Khmers Rouges aient été coupables d’épouvantables atrocités n’était remis en question par personne, mis à part quelques sectes Maoïstes marginales. Il est aussi vrai, et facilement prouvable, que la propagande occidentale s’est servie de ces crimes avec délectation, les exploitant pour produire une justification rétrospective des atrocités de l’Occident, et puisque les normes de rigueur intellectuelle sont inexistantes pour une cause aussi noble, ils ont aussi produit un dossier de fausses preuves et de tromperies qui sont remarquables. La démonstration de ce fait, et c’est un fait, provoqua un énorme tollé, suivi d’encore plus de nouveaux et fascinants mensonges, tel que Edward Herman et moi, parmi tant d’autres, avons documentés. L’idée maîtresse ici est que contester le droit de mentir au service de l’État est un crime innommable. Similairement, n’importe quelle personne qui met en exergue que certaines des accusations contre Cuba, le Nicaragua, le Vietnam ou un autre ennemi officiel sont douteuses ou fausses sera immédiatement dépeinte comme faisant l’apologie de vrais ou présumés crimes, une technique très utile pour s’assurer que les normes intellectuelles ne soient pas applicables aux serviteurs du pouvoir et qu’il n’y aura pas d’entrave à leurs loyaux service rendus au pouvoir. Le détracteur a généralement peu d’accès au média, et les conséquences personnelles pour le détracteur sont suffisamment dérangeantes pour en dissuader beaucoup de suivre son chemin, particulièrement parce que certains journaux, le New Republic, par exemple, se vautrent au niveau le plus bas de la malhonnêteté et de la couardise, en refusant régulièrement de permettre ne serait-ce qu’un droit de réponse aux diffamations qu’il publie. Donc le droit sacré de mentir n’est pas prêt d’être remis en cause puisqu’il n’y a pas de menaces sérieuses à l’horizon. Mais les choses pourraient changer si des secteurs incertains et instables du public étaient admis dans l’arène du débat et de la discussion.

L’aura de présumée expertise fournit aussi une façon pour le système d’endoctrinement de proposer ses services au pouvoir tout en maintenant une image d’indifférence et d’objectivité. Les médias, par exemple, peuvent se tourner vers les universitaires et les experts pour fournir la perspective qui est requise par les cercles du pouvoir, et le système universitaire est suffisamment obéissant au pouvoir externe de façon à ce que les experts soient généralement disponibles pour prêter le prestige que confère leur carrière à l’étroit éventail d’opinions permises. Mais lorsque cette méthode dérape — tel qu’en ce moment sur le cas de l’Amérique latine, par exemple, ou dans la discipline émergente de la terrorologie — une nouvelle catégorie de soi-disant experts peut être établie, apportant les opinions ratifiées que les médias ne peuvent pas exprimer directement sans perdre leurs prétentions d’objectivité qui légitiment leur fonction d’émetteur de propagande. J’ai relevé de nombreux exemples, tout comme l’ont fait d’autres.

La structure semblable à une guilde des professions qui œuvrent dans le champ des affaires publiques aide aussi à préserver la pureté de la doctrine. En fait, elle est gardée avec beaucoup de soin. Mon expérience personnelle est peut-être pertinente. Tel que je l’ai mentionné plus tôt, je n’ai généralement pas de légitimité académique dans aucun domaine, et mon propre travail a été plutôt éparpillé. Il y a plusieurs années, j’ai œuvré dans le domaine des linguistiques mathématiques et la théorie des automates, et occasionnellement j’ai donné des conférences dans des colloques de mathématique ou d’ingénierie. Personne n’aurait rêvé de mettre en doute ma légitimité de parler de ces sujets, qui était nulle, comme tout le monde le savait ; cela aurait été risible. Les participants étaient plus préoccupés par ce que j’avais à dire, et non pas de mon droit d’en parler. Mais lorsque je parle, disons, de relations internationales, il est souvent demandé que je présente mes références, de prouver ma légitimité qui m’autorise à rentrer dans cette auguste arène, aux États-Unis du moins, ailleurs ce n’est pas le cas. C’est une généralisation raisonnable, je crois, que plus une discipline a du contenu intellectuel, moins elle doit se protéger du fait d’être examinée, par le moyen d’une structure de corporation. Les conséquences en lien avec votre question sont assez évidentes.

Vous avez dit que la plupart des intellectuels finissent par embrouiller la réalité. Comprennent-ils la réalité qu’ils obscurcissent ? Comprennent-ils le processus social qu’ils mystifient ?

CHOMSKY : La plupart des gens ne sont pas des menteurs. Ils ne peuvent tolérer trop de dissonance cognitive. Je ne veux pas non plus nier qu’il y ait des menteurs effrontés, simplement des propagandistes éhontés. Vous pouvez les trouver dans le journalisme tout comme dans les professions académiques. Mais je ne crois pas que ce soit la norme. La norme est l’obéissance, l’adoption d’une attitude dépourvue de sens critique, menant sur le chemin facile de l’aveuglement volontaire. Je pense qu’il y a aussi un processus sélectif dans les professions académiques et dans le journalisme. C’est à dire que les gens qui sont indépendants d’esprit et à qui on ne peut demander d’obéir, ne font généralement pas carrière. Ils sont souvent éjectés en cours de route. […]

Tiré de The Chomsky Reader, tel que publié sur le site de Noam Chomsky. (Serpents Tail Publishing, 1988)

Source : Alternet, le 15/09/2014

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

U.S. linguist and philosopher Noam Chomsky pauses while addressing the audience at the National Autonomous University's Educational Investigation Institute (UNAM) in Mexico City September 21, 2009. REUTERS/Jorge Dan (MEXICO POLITICS) - RTR284R6

Source: http://www.les-crises.fr/pourquoi-les-americains-en-savent-ils-autant-sur-le-sport/


Ahmed, Français

Monday 26 September 2016 at 02:56

Un témoignage en passant…

C’est pour des personnes comme lui que je parle autant de Zemmour (ça va durer encore quelques jours finalement, mais vous aurez aussi des billets sur d’autres thèmes… 🙂 )

Depuis le 7 janvier 2015, on me demande mon avis. Si je peux expliquer. Si j’avais vu cela venir. On me demande de me « désolidariser ». On m’exhorte à condamner, comme pour supprimer un éventuel doute. Avec des millions d’autres, mon prénom, mon teint ont fait de moi, aux yeux de bien trop de mes concitoyens, une personne en lien avec les terroristes. Moi qui connais la France depuis mon premier jour. Moi qui ne suis allé que six ou sept fois dans ce pays auquel on me renvoie inconsciemment quotidiennement, et duquel je suis sensé être un représentant. À moi, et à tant d’autres, on demande perpétuellement d’apporter la preuve d’un attachement réel pour la France.

Les salles de spectacles, les terrasses, et les stades sont à nouveau pleins. Mais plus qu’une terreur collective, c’est une terreur intime qui monte, nous poussant à douter de l’autre et à commettre la plus grande des erreurs : celle de classer nos concitoyens, de se demander lesquels sont plus français, et lesquels le sont moins. En triant nos citoyens, nous sommes en train de rompre avec ce qui accompagnait initialement notre idéal de Liberté, d’Égalité et de Fraternité : l’unité de la République.

Car ceux qui défendaient hier avec tant de force cette République lorsqu’elle était mise à mal, se taisent aujourd’hui. Les journalistes, les représentants du peuple, les associations, les intellectuels, et d’autres, jusqu’à récemment encore, rassuraient tous les membres de la communauté nationale sur leur appartenance à celle-ci. Où sont-ils passés, alors que les Français – tous les Français – ont plus que jamais besoin d’eux ? Ils n’ont pas déserté. Non, ils ont dérivé : et pire, ils disent désormais : « ce n’est pas moi qui dérive, c’est le phare qui s’éloigne… ».

Je repense ici au Président Chirac qui, en 2005, au moment d’un autre État d’urgence, proclamait :

« L’adhésion à la loi et aux valeurs de la République passe nécessairement par la justice, la fraternité, la générosité. C’est ce qui fait que l’on appartient à une communauté nationale. C’est dans les mots et les regards, avec le cœur et dans les faits, que se marque le respect auquel chacun a droit. Et je veux dire aux enfants des quartiers difficiles, quelles que soient leurs origines, qu’ils sont tous les filles et les fils de la République. 

Nous ne construirons rien de durable sans le respect. Nous ne construirons rien de durable si nous laissons monter, d’où qu’ils viennent, le racisme, l’intolérance, l’injure, l’outrage. Nous ne construirons rien de durable sans combattre ce poison pour la société que sont les discriminations. Nous ne construirons rien de durable si nous ne reconnaissons pas et n’assumons pas la diversité de la société française. Elle est inscrite dans notre Histoire. C’est une richesse et c’est une force. » [Jacques Chirac, 14/11/2005]

De plus en plus rares sont les voix qui défendent notre cohésion nationale et rappellent que vouloir séparer les Français n’est pas acceptable, qu’être musulman n’est pas un crime, que ceux qui tuent n’ont pas plus à voir avec l’Islam que le Ku Klux Klan avec la chrétienté. Pire, ces rares voix qui veulent maintenir notre unité nationale, qui dénoncent simplement les claires dérives idéologiques et les propos outranciers, sont désormais insultés de de « traîtres », de « lâches », de « collabo ».

Les premières victimes sont et resteront ceux morts, ceux aux corps et aux âmes meurtris par les actes terroristes : nous nous devons de leur faire honneur en bravant notre terreur intime, en luttant contre une scission de notre communauté nationale. Car voilà l’objectif central des terroristes, qui ne s’en sont jamais cachés. Ainsi, nous nous devons de rester, plus que jamais, soudés. Car oui, la menace extrémiste existe bel et bien. Oui, il y a un sérieux problème de fondamentalisme à combattre. Vous ne trouverez aucun angélisme de ma part – nous sommes tous la cible des terroristes. Reste qu’en identifiant mal l’ennemi, on lui confère un grand pouvoir : celui d’être tout le monde, et donc personne.

Je perçois un malaise immense. Je vois mon frère, cadre supérieur en informatique, changer de prénom sur son CV pour augmenter ses réponses favorables.  Je vois des personnes bienveillantes gênées à l’idée d’utiliser le mot « arabe », ne sachant plus s’il a une valeur péjorative ou non. Je vois des amis qui se font contrôler trop souvent pour un visage pas assez clair ou une voiture trop belle pour leur teint. Je vois emmener un enfant de 8 ans au commissariat pour « apologie de terrorisme ». Je vois exclue de l’école une fille pour une jupe trop longue. Je vois qu’on tente de mener un débat aussi stérile qu’immonde sur « l’identité nationale ». Je vois des agressions de femmes voilées. Je vois des policiers forcer une femme à se dévêtir sous peine de devoir quitter la plage. Je vois des hebdomadaires associer à l’Islam des idées si négatives que leurs questions deviennent des affirmations frôlant l’insulte. Bref, je vois et je sens cette grave dérive qui fait de moi – comme de tant d’autres – un français qui l’est un peu moins que les autres…

Les inacceptables propos entendus et, bien pire encore, l’absence totale de condamnations fermes de journalistes, patrons de médias, politiciens, ne peuvent que gravement interpeller. Aujourd’hui, il est possible d’affirmer qu’être français c’est être blanc, c’est être catholique, c’est avoir un prénom chrétien, le tout sans être disqualifié ou discrédité. Au contraire, ce qui était hier encore une tache indélébile sur son parcours est devenu un fait d’arme médiatique ou politique. Malgré le 11 septembre 2001, malgré le 21 avril 2002, jamais je n’aurais pu penser voir un jour la banalisation de l’ignominie dans ce pays où tant de gens ont été persécutés, déportés, assassinés parce qu’ils pensaient ou croyaient différemment, parce qu’ils s’appelaient Salomon ou Rachel, parce qu’ils ne criaient pas avec les loups, parce qu’ils rêvaient une France indivisible.

Et dans cette course à qui sera le plus français, nous perdrons tous : car être Français n’est pas une matière dont on dispose en plus ou moins grand volume. Être Français, c’est une qualité, pas une quantité. C’est un sentiment, pas un bien. C’est une valeur, pas un prix. Et déjà, je vois les yeux rougis de tant Français – car ils le sont ! – qui se sentent insultés, blessés, rejetés. J’entends des discours pour lesquels, j’en suis sûr, nous aurons honte ensemble dans quelques temps. J’ai mal, désormais, pour tous ceux qui, dans les rangs de l’Armée, de la Police n’ont pas un « prénom chrétien », alors qu’ils mettent leurs vies quotidiennement en danger pour défendre des citoyens qui doutent de leur identité. Je pleure pour les morts et leurs familles qui, à Paris ou à Nice, entendent que certaines victimes ne sont peut-être pas complètement françaises, finalement. C’est une France qui s’avilit. C’est une tragédie. C’est une honte qui, comme l’Histoire l’a montré tant de fois, en appellera malheureusement d’autres.

Nous faisons ainsi totalement le jeu  de nos ennemis,  matraqués que nous sommes par des médias en plein naufrage. Certains ont même passé tellement de temps à combattre l’extrême-droite qu’ils en ont oublié de combattre ses idées, idées dont ils sont parfois même devenus malgré eux le porte-voix. Comment ne pas être atterrés en entendant des journalistes demander « Qu’est-ce qu’on fait des Musulmans ? » dans ce pays où on s’est demandé « Que faire des juifs ? » il y a trois quarts de siècle ? Comment ne pas être estomaqués à la question « Comment faire ? Bombarder, nettoyer, tuer ? » ? Comment ne pas frémir lorsque certains crient « il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d’islamophobe » ? Devons-nous leur rappeler qu’une critique raisonnable et argumentée de l’islamisme et des extrémismes en général sera toujours audible, soutenue dans son droit de manière quasi-unanime ? Que ceux qui utilisent un tel alibi pour légitimer la diffusion de leur rejet de l’Islam et des musulmans – racisme policé –  utilisent les mêmes arguments que ceux qui répandaient hier leur antisémitisme ? Que penserions-nous d’un individu qui proclamerait qu’il ne faut pas avoir peur d’être taxé de judéophobie ? C’est cette mentalité qui a clairement contribué à abattre les murs porteurs de la résistance à la xénophobie, bête immonde qui est en train de se réveiller progressivement sous nos yeux.  Réveillons-nous !

Mais attention : toutes ces questions, toutes ces réflexions nous font hélas oublier qu’ils y a des mots qui blessent, qu’il y a des êtres humains qui souffrent de ces dérives. Alors moi, en attendant, que dois-je dire à ma mère, née en Algérie ? De partir ? Pour un pays qu’elle n’a connu que quelques années et qui la considère – ironie de l’histoire – comme une Française ? De quitter sa ville, ses collègues, son jardin ? Tout ça parce qu’une poignée de terroristes se sont habillés du drapeau de ses convictions pour mieux les bafouer en assassinant des innocents ? À elle qui vit paisiblement depuis toujours, que dois-je lui dire ? Qu’elle doit apprendre à être traitée comme une citoyenne de seconde zone après 40 ans  de présence, parce que certains voient en elle un mauvais souvenir, voire une menace ? Que dois-je lui dire quand, à la radio, on lui dit « qu’il n’y a pas de différence entre islam et islamisme » alors qu’en Algérie, les islamistes on fait un carnage durant dix ans sans que personne ne lève le petit doigt ? Dois-je lui dire qu’elle serait islamiste sans le savoir ? Que dois-je lui dire quand, devant la télé où on présente sa religion comme belliqueuse, elle répète « Mais ça, ce n’est pas l’Islam ! » ? Dois-je lui dire qu’elle ne doit pas pleurer avec le reste de la France lorsque le temps s’arrête un 7 janvier, un 13 novembre ou un 14 juillet ?  Je ne sais plus. Et cela me fait mal. Très mal.

Ahmed

P.S. À ceux qui se demanderont, si je suis musulman, catholique, athée ou autres, je leur réponds que cela n’a aucune importance : je suis Français.

Artcile écrit pour le site www.les-crises.fr, librement reproductible en intégralité (en citant la source ou pas, comme bon vous semble… 🙂 ).

je-suis-francais

 

Source: http://www.les-crises.fr/ahmed-francais/