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Revue de presse internationale du 15/06/2014

Sunday 15 June 2014 at 01:25

La revue de presse internationale avec une mention particulière aux rubriques “Société” (pour l’expérience suédoise et la mise en garde venue d’Angleterre) et Libertés (avec une curieuse évolution de cette idée dans différents pays…).

Source: http://www.les-crises.fr/rdpi-15-062014/


[Entraide avocat] Désinformation Média : demande de suppression vidéo et verbatim

Saturday 14 June 2014 at 19:40

Bonjour

suite au billet sur la conférence sur la désinformation, j’ai reçu un mail venant apparemment d’une des intervenantes – Nadia Bouria et m’indiquant qu’elle n’a jamais donné l’autorisation à quiconque de diffuser ses propos sur la toile, en violation de ses droits. Et me demande de retirer la vidéo et la transcription de celle-ci.

J’enlèverai les vidéos dès que j’aurais confirmation de l’identité de Mme Bouria, mais en attendant, un avocat pourrait-il me dire ce qu’il en est du droit de propriété intellectuelle sur la retranscription des propos publics, comme ceux-ci ?

Merci d’avance

Olivier Berruyer

Source: http://www.les-crises.fr/entraide-avocat-desinformation-media-demande-de-suppression-video-et-verbatim/


[Vidéo IMPORTANTE] La désinformation dans les médias

Saturday 14 June 2014 at 03:51

Un excellent débat en Belgique sur les médias !!! Reprenez-le, téléchargez-le (pour qu’il ne disparaisse pas…) et diffusez-le !

MICHEL COLLON : « J’ai eu la chance de participer la semaine dernière à un débat assez extraordinaire. Avec un vieil ami Bernard Hennebert, dont j’apprécie depuis longtemps le travail pour la démocratisation et l’accès de tous à la culture. Mais aussi, et c’était nouveau, et même exceptionnel, avec une journaliste qui a travaillé 19 ans à RTL-TVI (équivalent belge de TF1).

Avec un courage et une franchise remarquables, Nadia Bouria a témoigné sur base de son vécu (à partir de 29′) : comment fonctionne la désinformation, quelles sont les cibles, journalistes sans formation, infos non vérifiées, bâclage des sources, info-marchandise : » Le but n’est pas de vous informer, mais de faire de l’argent ». Elle a aussi parlé des « relations quasi-incestueuses » entre le monde politique et les médias dans les reportages de guerre.

J’ai été particulièrement ému d’entendre ce témoignage courageux. Nous nous rejoignons très fort, il me semble, Nadia qui a travaillé dans le système, et moi qui travaille hors de ce système pour développer une info indépendante. Même diagnostic en général : c’est un système dont la plupart des journalistes ne sont même pas conscients. Mais un système qui fait grand tort aux citoyens.

Mon exposé (à partir de 47’15″) rebondit sur cette analyse exceptionelle de Nadia Bouria, en recherchant les causes des médiamensonge sur les guerres et du refus de tout débat et autocritique (exemples récents : Ukraine, Syrie dans la presse occidentale), et fait appel à… Albert Einstein pour expliquer le système médiatique et politique.

Dans le dialogue qui a suivi, nous avons répondu à une jeune étudiante (le débat était organisé par une école de communication bruxelloise) demandant s’il était encore possible d’être journaliste, nous avons tous deux répondu que c’était un métier magnifique, mais à condition de pouvoir l’exercer de façon vraiment indépendante, et que là était le problème…

L’ensemble de la vidéo n’est pas bref, c’est un fait, mais les questions du public s’avèrent fort intéressantes. Les réponses aussi, je crois, enfin à vous de voir… » (Source : AgoraVox)

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Nadia BOURIA : Formatrice, Juriste et Journaliste (ex-RTL-TVI)

Michel COLLON : Journaliste, essayiste et fondateur du collectif indépendant Investig’Action.

Bernard HENNEBERT : Journaliste et écrivain. Fondateur et coordinateur de l’Association des téléspectateurs Actifs (A.T.A.).

Olivier MUKUNA : journaliste travaillant sur la question de la liberté d’expression et celle du métissage au travers du prisme médiatique francophone, et co-fondateur du site d’informations FDC

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Voici le débat. Il y a différentes présentations vidéos (complète ou en extraits, en fonction de votre temps) :

La version longue des exposés :

(Edit : enlevée à la demande de Mme Bouria, comme la transcription)

Téléchargez absolument la vidéo ici, des fois qu’elle disparaisse… (click droit + “enregistrer la cible sous”)

Les extraits :

, L’extrait de Michel Collon :

Les questions :

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Michel Collon – Bonsoir, merci.

J’ai suivi avec beaucoup d’intérêt les interventions précédentes et j’ai découvert vraiment avec beaucoup d’intérêt le diagnostic courageux qui vient d’être fait sur la manière dont on est informé. A savoir qu’on n’est pas informé, on est en fait vendu, il n’y pas d’information, il y a une marchandise. Et je partage très largement le diagnostic qui a été fait et je crois donc qu’il faut essayer de l’approfondir sur certains points et de voir surtout ce qu’on peut faire à partir de ce diagnostic-là.
J’aurais une nuance en entendant que les différences en RTL, RTB et Le Soir proviennent du public visé et du niveau plus ou moins élevé des études. Oui ça joue sur le style de l’information mais quand j’analyse, ce qui est le cœur de mon travail depuis une vingtaine d’années, comment les médias nous informent sur les guerres, je dois constater qu’il n’y a pas de différence. Il y a une différence dans le style, dans la présentation mais sur le fond ils disent tous la même chose. On est soi-disant dans une presse pluraliste et les mêmes médias-mensonges sont repris à chaque guerre par tous les médias, qu’ils soient populaires ou intellos. Il n’est pas possible, depuis vingt-cinq ans que je suis ça en Belgique ou en France, avec les médias traditionnels d’apprendre la vérité sur n’importe quelle guerre qui est menée par les Etats-Unis ou la France, c’est chaque fois un festival de médias-mensonges.

Pour prendre la dernière, on nous a dit dans tous les médias que Bachar el-Assad avait massacré son peuple avec des armes chimiques. Des médias comme Investig’Action et quelques autres dans le monde ont dit dès le début ‘’Bachar n’est pas un Ange mais ça ne tient pas debout’’, tous les indices sur le terrain montrent qu’en fait c’est des terroristes de l’opposition qui l’ont fait. Et en tout cas, ce genre de choses il faut être prudent et au contraire de toute la presse traditionnelle qui a conclu ‘’c’est Bachar, il faut intervenir, il faut lui faire la guerre, il faut le renverser’’, on appelait à des enquêtes sérieuses. On vient d’avoir la semaine dernière un des plus réputés journaliste des Etats-Unis, Seymour Hersh, qui, se basant sur des confidences de militaires et de hauts responsables des affaires étrangères des Etats-Unis ont dit ‘’oui, c’est pas Bachar qui a utilisé les armes chimiques, ce sont ce qu’on appelle les rebelles ou les terroristes’’. Est-ce qu’il va y avoir une autocritique quelque part ? Est-ce qu’il va y avoir un débat ‘’On vous a dit ça mais c’est faux. Pourquoi est-ce qu’on s’est trompé ? Pourquoi est-ce qu’on a refusé d’inviter les gens qui disaient le contraire ? Pourquoi est-ce qu’on n’a pas traité le public en adulte en lui disant : c’est compliqué, il faudrait une enquête, soyons prudents.’’ Et si ça se passait seulement une fois pour une guerre OK mais en réalité, et c’est ça qui est frustrant dans le job que je fais depuis vingt ans, c’est chaque fois les mêmes procédés médias-mensonges, ça se voit comme le nez au milieu de la figure et chaque fois ces journalistes expérimentés qui nous disent ‘’nous, on est des pros, on est objectif, on a des exigences déontologiques’’ retombent dans le même panneau à chaque fois. Donc la question c’est : comment c’est possible ?

Sur l’Ukraine souvenez-vous, Le soir ici (Michel Collon montrant une édition du quotidien) ‘’Le bain de sang. Les rues de Kiev étaient à feu et à sang, les forces de l’ordre ont tiré à balles réelles sur les manifestants, au moins soixante mort.’’ Le lendemain ‘’il faut intervenir, il faut intervenir militairement en Ukraine. ‘’ A ce moment-là nous avons dit, sur base d’autres sources locales, ‘’c’est pas évident, il faut une enquête’’ et toujours la question dans ce genre de cas ‘’à qui profite le crime ?’’. Et maintenant, ce qu’on a appris par une conversation qui a été captée entre Ashton, la ministre des affaires étrangères de l’Europe, et un commissaire européen qui lui a dit ‘’vous savez ceux qui ont tiré là sur la foule, c’est pas les forces du président qui a été renversé, c’est au contraire les rebelles, parmi lesquels des groupes d’extrême droite, soutenus par les Etats-Unis’’ et a dit ‘’on va avoir un problème’’ et Ashton fait semblant qu’elle est sourde et qu’elle n’a rien entendu. Sur internet cette chose-là a circulé, dans les médias non. Finalement maintenant on apprend qu’avec une enquête d’un jour ou deux, on pouvait voir qu’en fait on a tiré et sur les manifestants et sur les forces de l’ordre, que ce sont les mêmes balles et que c’est d’un endroit qui était tenu par l’opposition.

Et ça c’est un scénario qu’on a déjà vu en 2002 quand il y a un coup d’état militaire de la CIA contre Chavez au Venezuela. Il y a une manif des opposants à Chavez, il y a une manif de Chavez qui défend le palais présidentiel et à un moment donné, du sixième étage des immeubles, on tire sur les deux manifs qui elles ne peuvent pas être en contact puisqu’il y a des immeubles entre les deux manifs, donc on voit bien que c’est une troisième force. Et quand le coup d’état échoue, les snipers sont exfiltrés et se retrouvent comme par hasard aux Etats-Unis. Donc c’est un scénario qu’on a déjà vu et vous croyez que tous ces grands médias, tellement arrogants, vont être prudents et dire ‘’soyons prudents, faisons une enquête’’ ? Non, directement c’est : ‘’l’Ukraine, il faut renverser Ianoukovytch’’. Et je pourrais multiplier les exemples sur la Lybie, le coup des armes chimiques on l’avait déjà fait à propos de l’Irak et toutes les atrocités qu’on nous a sorties sur l’Irak, je pourrais parler du Mali, de la Côte d’Ivoire, du Honduras, de l’Afghanistan… Chaque fois des erreurs qui vont toujours dans le même sens, toujours : ‘’Nous les médias occidentaux nous sommes avec les gentils, nous sommes les gentils, tout ce que nous faisons c’est bien, nous n’avons que des intérêts nobles : la démocratie, la lutte contre le terrorisme, ramener la paix etc… Les autres c’est toujours les mauvais, ils sont toujours des dictateurs, méchants etc…ils emploient toujours des mauvaises armes, ils font toujours des atrocités, ils n’ont aucune morale…’’,western, les gentils et les méchants. Et ça vous avez dans Le Soir, dans Le Monde, dans Libé donc les intellos aussi on les apprend pour des idiots, il ne faut pas croire.

Donc la question c’est : est-ce que tout ça obéit à une logique ou est-ce que c’est du hasard ?

Je pense que quand vous êtes, excusez-moi, le président des Etats-Unis ou le gouvernement français ou quelque chose comme ça et que vous décidez d’attaquer un pays qui ne vous a rien fait, qui ne vous menace pas, mais dans lequel il y a du pétrole, des matières premières ou un intérêt stratégique, vous ne pouvez pas évidemment dire au public et à la télé ‘’on va faire la guerre pour le pétrole, pour le fric etc…’’, ça se dit pas, c’est obscène, vous n’auriez pas de soutien. Donc vous êtes obligés de raconter des histoires et ces histoires, elles obéissent toujours à la même logique, ce que j’ai appelé les cinq principes de la propagande de guerre – et je crois que quand on a une réflexion sur les médias comme ce soir, il faut toujours partir de là – :

Un : On va toujours cacher les intérêts économiques, toujours cacher le fait que ce sont des guerres pour le fric. Qu’on me montre un seul exemple de guerre menée par les Etats-Unis ou l’Europe depuis vingt-cinq ans et même plus qui n’ait pas été motivé par le fric, un seul. Mais toujours on vous donne de merveilleux objectifs, très nobles. Ça devrait quand même faire un peu réfléchir, l’Europe, cette Europe qui donne des leçons au monde entier sur ce que c’est que la démocratie. Mais le plus grand tas de cadavres dans l’histoire il a été créé où ? En Europe ! Par des européens ! Avec des puissances d’argent derrière ! Donc un peu de modestie à mon avis, un petit peu moins d’ethnocentrisme et d’arrogance ferait du bien.

Un : Cacher les intérêts économiques.

Deux : Cacher l’Histoire. C’est-à-dire que dans toutes ces régions au Moyen-Orient, Afrique, Amérique Latine vous avez des problèmes légués par l’histoire mais qui ne tombent pas du ciel. Je veux dire que vous avez des conflits entre des populations, entre des religions, entre des ethnies etc…et ce qui est important c’est que, toujours, ces conflits ont été créés ou exacerbés par les puissances coloniales en vertu du classique ‘’diviser pour régner’’. Si on veut profiter des richesses d’un pays sans les payer, il faut évidemment empêcher les gens qui sont volés, pillés, exploités, il faut les empêcher de résister. Pour les empêcher de résister il y a la manière militaire évidemment mais c’est pas si simple et la meilleure manière c’est de les diviser entre eux et de faire en sorte qu’ils se tapent les uns sur les autres. Ça vous retrouvez dans tous les conflits dont je viens de parler, le rôle du colonialisme ou néocolonialisme derrière ce diviser pour régner.

Troisième principe de la propagande de guerre : il faut absolument diaboliser l’adversaire. Puisqu’on ne fait pas la guerre pour le fric, on fait la guerre contre un méchant. Donc le méchant doit être très méchant et il faut le prouver avec, surtout maintenant à l’ère moderne, des images. C’a toujours été ce que je raconte là, il ne faut pas croire que c’est depuis vingt ou vingt-cinq ans. On va sortir sur Investig’Action une vidéo sur les raisons de la guerre 1914-1918 et la propagande qu’il y a eu autour, c’est exactement la même chose. Mais là maintenant, cela s’est vraiment raffiné, évidemment avec les images, avec la manipulation des images et avec les procédés de manipulation qui sont permis dans l’audiovisuel. Donc il faut diaboliser l’adversaire, le présenter comme un monstre, sortir des images qui font pleurer dans les chaumières à l’heure des repas en disant ‘’ah oui, il faut faire quelque chose, c’est vraiment un monstre’’ ou ‘’c’est vraiment un danger donc nos gouvernements font bien d’agir contre ce dictateur dangereux’’.

Quatrième principe de la propagande de guerre : il faut inverser l’agresseur et l’agressé, il faut toujours dire qu’on vient pour protéger la victime. Dans tous les cas c’est faux, prenez le cas Israël-Palestine par exemple. On va vous dire, regardez les titres du Soir ou de tout le reste ‘’Israël fait des représailles, Israël se défend, Israël riposte’’, c’est incroyable. Israël a chassé les palestiniens de leur pays, de leurs maisons, de leurs champs il y a soixante ans, les palestiniens ne l’acceptent pas, ils luttent par différentes manières, et c’est à eux d’en décider, de temps en temps il y a une roquette qui tombe, OK. C’est rien comparé à ce qu’Israël a fait, n’empêche que dans les médias c’est ‘’Israël se défend’’, inverser la victime et l’agresseur. Et on peut multiplier les exemples là-dessus.

Le cinquième principe de la propagande de guerre c’est : monopoliser, c’est-à-dire empêcher le débat. C’est-à-dire qu’il ne faut pas que les gens se rendent compte que s’il y a une guerre, il y a deux points de vue au moins, qu’il y a deux intérêts et que pour se faire un jugement il faudrait avoir l’avis des deux parties. Si vous allez au tribunal et que je le juge doit juger entre A et B…qu’est-ce que vous diriez plutôt d’un juge qui dirait à un des camps ‘’je vous écoute’’ et à l’autre ‘’fermez la’’ ? Et dans les médias c’est comme ça. Avec tout ce que je viens de raconter, vous comprenez pourquoi je ne vais jamais passer au journal télévisé ni de RTL ni de la RTBF ni pourquoi Le Soir me boycotte consciencieusement depuis une vingtaine d’années en refusant systématiquement tous les débats. Dans ce journal un certain Jean-Paul Martos, par exemple, m’a traité de Goebbels, donc le ministre de la propagande d’Hitler, sur des choses où c’est lui qui mentait, et je peux le prouver, à propos de la Syrie et Boudot-Allos 12 :10, même genre. Donc on est diabolisé, exclu des médias et c’est très important. Il faut absolument que le média, puisque comme on vient de le dire, il est là pas pour informer mais pour vendre un truc, donc il faut défendre sa crédibilité et donc il faut absolument qu’il n’y ait qu’une seule version et pas de contestation possible. Je rejoins ce qui a été dit sur l’importance de la publicité et le métier qui est fait là. Ç’a été exprimé par l’ancien patron de TF1, Patrick Le Lay, dans une phrase mémorable mais qu’il faut toujours se rappeler, il disait à ses journalistes : ’’au fond, notre métier consiste à vendre du temps de cerveau disponible à Coca-Cola.’’ C’est-à-dire qu’on ne vend pas une info au spectateur, on vend le spectateur à une multinationale qui en plus vend de la merde. Et on ne va donc pas dire évidemment dans le journal télévisé qui précède la pub de Coca, que Coca en réalité finance des escadrons de la mort qui assassinent les paysans colombiens pour rafler leur terre. Ça c’est évidemment une info qui ne peut pas passer pour les raisons qu’on comprend.

Et donc cinq principes de la propagande de guerre :
- Cacher les intérêts économiques
- Cacher l’Histoire
- Diaboliser
- Inverser agresseur et agressé
- Monopoliser, empêcher le débat
-
A partir de là se pose la question : pourquoi ça se passe comme ça ?

Et le sondage m’est très intéressant et je pense que, non seulement dans le débat de ce soir mais après, il faut creuser ce sondage parce qu’il dit des choses importantes. J’en ai noté une ou deux : 50% de gens désinformés et 17% de gens qui ne savent pas. D’un côté c’est terrible et de l’autre côté c’est magnifique. Ça veut dire qu’il y a une prise de conscience que l’info c’est pas évident, que l’image ça peut mentir et que le journaliste n’est pas Dieu et qu’il faut tout vérifier. Je veux dire le succès de Test-Achats, c’est que maintenant on vérifie tout ce qu’on nous donne à manger ou à consommer et ça devrait être fait beaucoup plus avec une éducation systématique à l’école. Et bien Test-Médias, c’est tout aussi nécessaire et salutaire parce que sans info, il n’y a pas de véritable démocratie.
Le sondage dit que l’info n’est pas objective parce qu’elle est influencée par les politiques. Maintenant je ne sais pas comment la question a été posée mais je crois qu’il faut aller plus loin en disant l’info est influencée par l’argent. L’info est influencée d’une part parce que les tous grands médias, pensez aux empires de Lagardère, de Bouygues, de Dassault en France, pensez à Berlusconi, pensez à Bertelsmann en Allemagne, à Murdoch dans le monde anglo-saxon, les tous grands médias sont aux mains d’une catégorie sociale bien particulière, c’est des milliardaires et vous croyez qu’ils vont vous informer sur les guerres ou sur la question ‘’pourquoi il y a des riches, pourquoi il y a des pauvres ?’’ et ‘’que font les gouvernements ?’’, c’est évidemment pas leur intérêt. D’autant plus que dans ces capitaux, dans ces actionnaires des médias, il y a des multinationales, tout le gratin des multinationales. Dans un excellent livre de Geoffrey Geuens, Tous pouvoirs confondus, qui analyse les liens entre état, capital et médias, il analyse les actionnaires, il analyse les membres des conseils d’administration et il nous montre que les médias sont complètement en interpénétration incestueuse, il faut le dire, avec ceux sur lesquels ils sont sensés travailler, le pouvoir du business, le pouvoir de l’argent. Donc je crois qu’il faut aller plus loin encore sur cette question que ne le dit le sondage mais c’est une excellente base, cela montre que les gens se méfient et c’est magnifique. Pourquoi on ferait confiance à quelqu’un qui vous vend de la nourriture empoisonnée ? Et pourquoi on ferait confiance à quelqu’un qui vous vend une info empoisonnée ?

Et donc si on analyse la question – je ne sais pas combien de temps il me reste ?

Evan Giguet – Il vous reste cinq minutes Michel.

Michel Collon – Merci.  Si on analyse pourquoi on est comme ça désinformé et le diagnostic vient d’être fait. Il a été fait aussi à sa manière par Noam Chomsky et Edward Herman dans ce livre remarquable qui s’appelle Manufacturing consent, la fabrication du consentement. Et ils disaient là, il y a vingt-cinq ans, les médias n’ont pas pour fonction de vous informer mais de vous faire approuver ce que les gouvernements ont décidé de faire. Et derrière les gouvernements c’est l’argent parce qu’il y a une chose que les politiques, on est en période électorale, il y a une chose où ils disent vrai, quand ils vous disent : ‘’mais nous on n’a pas le choix, on doit de toute façon faire ce qui est décidé par l’Union Européenne’’ mais l’Union Européenne c’est quoi ? C’est la table ronde des industriels, c’est-à-dire le gratin des grandes multinationales européennes qui écrivent les projets de loi, et récemment il y a une étude qui a été faite qui a montré que c’était du copier-coller. Les lois que l’Union Européenne fait et qu’elle oblige les pays à adopter, c’est du copier-coller de toutes les résolutions et propositions qui ont été faites par les multinationales rassemblées.

Ce système-là a été analysé par un scientifique et, vous allez être surpris, il a été analysé ce système par Albert Einstein qui, en 1949, écrit un article très intéressant où il analyse le système capitaliste et où il explique les liens justement entre le pouvoir économique, le pouvoir politique et le pouvoir médiatique. Premièrement il dit : ‘’Le capital privé tend à se concentrer en peu de mains à cause de la compétition entre les capitalistes et à cause du développement technologique et de la division croissante du travail. Tout cela encourage la formation de grandes unités de production.’’ Donc le capital est concentré dans des mains de moins en moins nombreuses avec de plus en plus de pouvoir. ‘’Et le résultat, c’est que la formidable puissance de cette oligarchie capitaliste ne peut être réfrénée, même par une société qui a une organisation politique démocratique. C’est vrai parce que les membres du corps législatif, donc du parlement, sont choisis par des partis politiques largement financés ou autrement influencés par les capitalistes privés.’’ Voilà donc le lien économie et politique ‘’De plus’’, ajoute Einstein ‘’dans les conditions actuelles, les capitalistes contrôlent inévitablement d’une manière directe ou indirecte les principales sources d’information presse, radio, éducation.’’ Et sa conclusion est pessimiste mais réaliste : ‘’Il est ainsi extrêmement difficile pour le citoyen et dans la plupart des cas tout à fait impossible d’arriver à des conclusions objectives et de faire un usage intelligent de ses droits politiques.’’

Alors cela peut sembler tout à fait désespérant mais je pense justement, et ce sera ma conclusion, qu’en réalité l’information c’est à nous à la faire, l’information c’est une bataille. Et si on comprend que dans cette bataille de l’information il y a des intérêts opposés et que les intérêts des riches et des pauvres, au sens très large, ne sont pas les mêmes, ils sont en contradiction, si on comprend comme disait Victor Hugo que ‘’c’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches’’, si on réfléchit pourquoi 85 personnes aujourd’hui dans le monde possèdent autant que 3,5 milliards de gens, 85 personnes possèdent autant que 3,5 milliards de gens, et ce fossé est en train de s’aggraver, et dans les pages roses ou dans les tribunes économiques à la télé, on nous dit que ‘’c’est normal, c’est un système naturel, c’est comme ça, on va essayer de le corriger un petit peu’’, depuis vingt ans on voit bien que les corrections c’est vraiment appeler au paradis et on nous présente ça comme normal.

Et bien non, ce n’est pas normal et il y a justement tout une diabolisation de ceux qui veulent échapper à ce système, de ceux qui comme Hugo Chavez, Evo Morales ou Correa essayent de présenter une alternative, c’est-à-dire une économie pas au service du 1% mais au service du 99%, il y a donc une diabolisation, cette diabolisation c’est la continuation de la guerre, parce qu’il y a la guerre chaude, il y a la guerre froide, il y a la guerre non déclarée. Et donc toutes les guerres étant justement la question de savoir : est-ce que les riches vont garder leur contrôle sur les ressources de la planète, sur le travail des gens, sur l’avenir des gens, est-ce que les riches vont continuer à nous imposer un système absurde qui économiquement ne tourne pas ? La question de la liberté d’information elle porte sur ça et je pense, mais on aura dans la discussion de le développer peut-être plus, je pense que par rapport à ça, si on est conscient de cette bataille de l’information, il faut absolument décider si nous voulons mettre fin à ces guerres qui sont injustes et qui ne sont pas pour les objectifs qu’on nous dit, si nous voulons mettre fin à cet écart riches-pauvres absolument insensé et dégoutant, nous devons prendre la bataille de l’information en main.

Nous-mêmes, nous sommes tous des journalistes.

Je vous remercie.

Source: http://www.les-crises.fr/la-desinformation-dans-les-medias/


Revue de presse du 14/06/2014

Saturday 14 June 2014 at 01:00

Source: http://www.les-crises.fr/rdp-14-06-2014/


[Surprise] Passage sur BFM lundi matin (+ entraide)

Saturday 14 June 2014 at 00:30

Pour mémoire, je passe aux Experts sur BFM Business lundi prochain à 9h00.

Mais écoutez (et réagissez via le site et le compte twitter de Nicolas Doze) également Intégrale Bourse à 11h00, il y aura une petite surprise :)

Olivier Berruyer

P.S. ENBTRAIDE : Sans aucun rapport, mais j’aurais bien besoin de quelqu’un pour reprendre la préparation du billet mensuel sur la météo. Si vous êtes un peu agile sur le web, prêts à donner 2 heures par mois (et même avec une toute petite connaissance de WordPress), merci de me contacter.

Source: http://www.les-crises.fr/bfm-lundi-marin/


[Le grotesque continue] La Russie envahit l’Ukraine avec 3 chars rouillés ! (ou pas…)

Friday 13 June 2014 at 16:15

Par chance, le ridicule ne tue pas…

donc on parle de…. ta-taaaaaa : 3 chars ! Et de l’époque soviétque ! (avant ou après la guerre mondiale d’ailleurs ?)

Chars qu’on a simplement vus “dans l’Est de l’Ukraine” :

Du délire, mais c’est pas grave pour l’OTAN :

“Je suis préoccupé par les informations selon lesquelles des bandes armées pro-russes sont en train d’acheter des armes lourdes à la Russie, et notamment des chars russes”, a déclaré Anders Fogh Rasmussen dans un communiqué. “Nous avons eu des informations selon lesquelles les chars russes et d’autres véhicules blindés pouvaient avoir franchi la frontière (pour entrer) dans l’est de l’Ukraine. Si ces informations sont confirmées, cela marquerait une grave escalade de la crise”, a-t-il ajouté.

Un lecteur du blog (que je remercie), spécialiste du sujet, partage avec nous sa vision (si d’autres pros veulent réagir en commentaire…) :

“Je ne doute pas que l’on va voir de nombreux articles sur le fait que des chars russes ont passé la frontière. On prétendra même que les chars sont des T-72, des T-80, T-90 ou que sais-je.

Or les trois chars rebelles en question qui se baladent aux environs de Thorez (oui, oui, nommée après Maurice…) sont des T-64BV avec des kit réactifs Kontakt-1.

Ça se reconnait notamment à la taille des roues (petites et espacées sur les T-64 et les T-80, produits en Ukraine, grosses et rapprochées sur les T-72 et T-90, produits en Russie) mais aussi à la position des exhausteurs et à l’inclinaison de la tourelle mais ça c’est plus difficile à voir pour l’œil non-exercé.

Il est aussi important de noter que tous les T-64 ont été retiré du service russe depuis des années et ont soit été détruits soit sont gentiment en train de rouiller dans les forets à l’Est de l’Oural (et donc absolument improbable que les Russes aient réussi à en ramener discrètement aux rebelles à des milliers de kilomètres de là)…

Ces trois chars en question proviennent soit d’une défection supplémentaire de l’armée ukrainienne, soit de la base d’Artemovsk (Lughansk, pôle d’entretien de blindés), la base étaient bien défendue mais il se peut qu’elle soit tombée lors des opérations de nettoyage de la région que les rebelles mènent.

Aussi on prétendra surement que ce sont des T-72 et que seule l’armée russe en est équipé. Ce qui est faux, les listings ukrainiens varient selon les sources mais l’armée ukrainienne est supposé en avoir un petit millier en réserve, dont certains sont en cours de sortie de sommeil à Lviv.

Supposé car l’Ukraine est un grand fournisseur de tank au marché noir (souvenez vous de ce cargo rempli de chars pris par les pirates somaliens il y a quelques années de cela. Officiellement pour le Kenya mais en vrai pour la rébellion du Sud Soudan. D’où pensez qu’ils venaient?) et le T-72 soviétique char de seconde ligne à la production ”simplifié” est le meilleur de ce marché car les pièces sont facilement disponibles.

Bref, on voit simplement ici de la ferraille soviétique trentenaire très probablement locale comme quasiment tout ce qui a été amené comme preuve de ”l’implication” de la Russie…”

Source: http://www.les-crises.fr/grotesque-russie-3-chars/


Les Juifs d’Europe orientale

Friday 13 June 2014 at 03:44

Suite du billet précédent sur l’Histoire des Juifs.

Index de la série

Rappels

Comme nous l’avons vu, après le partage de la Pologne à la fin du XVIIIe siècle, Catherine II crée dans l’ouest de l’Empire russe une « Zone de Résidence », où les Juifs sont cantonnés de 1791 à 1917, avec interdiction de vivre dans des communautés agricoles ou dans de grandes villes comme Kiev, Sébastopol ou Yalta ; ils sont forcés de s’installer dans de petites villes provinciales, où la vie est difficile et pénible en raison de la grande pauvreté. Point positif, cette concentration a permis de faciliter l’éducation des enfants – qui sont cependant soumis à de sévères quotas dans l’enseignement.

L’objet de l’étude (très simplifiée) que nous réalisons de l’histoire juive vise en fait à bien comprendre comment, à force de persécutions, on était arrivé à une énorme concentration des Juifs dans le centre et l’Est de l’Europe :

Les premiers pogroms russes

Dans la Russie tsariste, les Juifs ont donc interdiction d’acquérir des terres, d’intégrer la fonction publique ou d’atteindre un grade d’officier dans l’armée. L’immense majorité est donc cantonnée aux métiers traditionnels du commerce, des services, de l’artisanat et de l’industrie. Pour le petit peuple orthodoxe, le Juif est donc vu comme « l’Autre », qui ne travaille pas la terre mais se livre à l’usure et au commerce – ce qui est souvent assimilé à la « spéculation » ou à « l’accaparement », surtout en période de crise ou de pénurie. Plus fondamentalement, l’antijudaïsme populaire est nourri par la croyance que le peuple juif était « celui qui avait crucifié le Christ ». À intervalles réguliers, cet antijudaïsme, habilement instrumentalisé par les autorités, remontait à la surface.

L’assassinat du tsar Alexandre II entraîna une première vague de manifestations anti-juives appelées « pogroms » (« attaque » ou « émeute » en russe), sur une période allant de 1881 à 1884.

L’assassinat du tsar Alexandre II entraîna une première vague de manifestations anti-juives appelées « pogroms »

Alors que sur le groupe de 15 assassins, 1 seul était juif, les Juifs sont rendus responsables de cet assassinat. La politique du gouvernement russe au sujet des Juifs tient dans ce programme : « Un tiers des Juifs sera converti, un tiers émigrera, un tiers périra ». Lors des événements de 1881, la centaine de pogroms était
principalement limités à la Russie, mais les pogroms se poursuivirent de façon intensive jusqu’en 1884. La passivité, voire la complicité des forces de l’ordre permit aux instincts de la populace de se déchaîner tout particulièrement à l’occasion des grandes fêtes religieuses (pogroms de Pâques de 1882, 1883 et 1884). Si les atteintes aux biens furent considérables (des dizaines de milliers de magasins pillés), le nombre de victimes ne dépassa pas quelques centaines.

Comme le souligne l’historien Léon Poliakov, il existait une grande différence entre l’antisémitisme qui sévissait en Europe occidentale et celui d’Europe orientale. Alors qu’il s’étayait surtout sur des bases de nature théologique en Allemagne, l’antisémitisme s’enracinait principalement en Pologne sur des questions sociales – la différence venant du nombre. Avant même les persécutions et les expulsions, le nombre de Juifs en Allemagne (et a fortiori en France, Espagne ou Italie) était relativement modeste (se comptant en milliers) ; les Juifs y jouaient le rôle de bouc émissaire sans être réellement en position de concurrence économique. En revanche, en Pologne, Ukraine, Russie occidentale, leur nombre était considérable (se comptant en centaine de milliers puis millions) ; leurs voisins s’estimaient ainsi parfois pénalisés par cette situation, ce qui pouvait décuplait la rancœur, et donc la haine future.

Carte des pogroms russes

Pogrom Hep Hep 1819

Pogrom à Bialystok

L’émigration et le retour des pogroms

Ces évènements constituent un tournant dans l’histoire des Juifs de Pologne et à travers le monde, car ces persécutions entraînèrent une très importante vague d’immigration juive aux États-Unis (principalement) et dans l’Europe de l’Ouest.

L’émigration a été renforcée par l’expulsion des Juifs de Moscou en 1890, par la deuxième vague de pogroms de 1903-1906. L’évènement déclencheur est le meurtre en avril 1903 d’un garçonnet – aussitôt transformé en « meurtre rituel » – près de Kichinev. Quelques jours plus tard, la foule, à l’occasion de la fête de Pâques, attaque, trois jours durant les Juifs, les forces de l’ordre restant passives. Les pogroms s’amplifient en 1904 et 1905, dans le sillage de la défaite russe dans la guerre russo-japonaise et la révolution avortée de 1905. Les pires d’entre eux se déroulèrent sur le territoire polonais où la majorité des Juifs russes vivaient, en particulier le pogrom de Bialystok en 1906 durant lequel plus de 100 Juifs furent massacrés et de nombreux autres blessés. Les deux seuls derniers mois de 1905, on recense 650 pogroms, 3 000 victimes, 15 000 blessés.

Pogrom de Kishinev en 1903

Pogrom de Dnipropetrovsk en 1905

Pendant la Première Guerre mondiale, la Zone perd son emprise rigide sur la population juive quand une grande quantité de Juifs s’enfuient vers l’intérieur de la Russie pour échapper à l’invasion des troupes allemandes. 1,5 millions de Juifs ont été déplacés de force en 1915, parfois par convois ferroviaires dédiés, car ils étaient pour l’armée des espions ou des traîtres potentiels, puisqu’ils parlaient yiddish, une langue « proche de l’allemand ». Ces expulsions préventives furent prétextes à une troisième vague de pogroms, les pillages étant cette fois plutôt le fait de la troupe, qui acquit alors un sentiment d’impunité quand il s’agissait de « casser du juif ». Ils étaient attaqués dans des villages où plus aucune autorité n’était capable d’assurer l’ordre, au prétexte que, se livrant au commerce, ils spéculaient sur les pénuries. En réalité, l’occasion était trop belle de se livrer impunément aux pillages, viols et massacres.

La révolution bolchevique de février 1917 mit fin aux discriminations légales dont souffraient les Juifs. Le 20 mars 1917, la Zone est abolie – une grande partie de la Zone deviendra plus tard une part de la Pologne. Le gouvernement provisoire ouvrit aux juifs l’accès aux postes à responsabilité, et des milliers de Juifs apparurent donc sur le devant de la nouvelle scène politique. La guerre civile de 1918-1920 conduit à une troisième vague de pogroms et à des exactions militaires de grande ampleur.

Les années 1918-1921 des guerres civiles russes constituent la quatrième vague de pogroms de l’histoire de la Russie moderne, mais le contexte dans lequel ils ont été commis, leur ampleur sans précédent et leurs modalités les distinguent radicalement des précédents. Peu étudiés, ils constituent pourtant les plus grands massacres de Juifs avant le génocide ; plus de 2 000 bourgades et petites villes furent touchées en Ukraine, Biélorussie et Russie, faisant au moins 100 000 tués, 200 000 blessés, des dizaines de milliers de femmes violées, 300 000 orphelins, plus de 500 000 réfugiés – dans une communauté de 5 millions de personnes…

80 % des 2 000 pogroms de ces années ont concerné l’Ukraine occidentale et 15 % la Biélorussie. Assez rapidement se forme la « conjonction fatale » entre Juifs et bolchéviques ; pour l’opinion publique, seuls les Juifs ont tiré profit de la révolution, tous les autres n’en ont retiré que du malheur. L’intensité du sentiment « Le pouvoir soviétique, ça pourrait encore aller s’il n’y avait pas des youpins partout » est telle que la police politique soviétique propose de remplacer d’urgence en Ukraine tous les communistes juifs ayant des responsabilités par des communistes russes, à défaut d’Ukrainiens…

Les pogroms perpétrés par l’Armée blanche en 1919 constituent pour beaucoup d’historiens un phénomène radicalement nouveau, fondé sur un antisémitisme doctrinal exacerbé, devenu « le point focal d’une vision du monde », faisant par cet aspect du mouvement blanc un mouvement « proto-nazi ». Comme on le constate sur cette affiche de propagande de l’Armée blanche contre Trotski (« Paix et liberté en Russie soviétique »).

Propagande de l’armée russe blanche contre Trotski

Affiche de propagande allemande en ukrainien contre les Juifs de 1942

En effet, dans la guerre à mort contre le bolchévisme, la profonde méfiance vis-à-vis des juifs, déjà enseignée dans les académies militaires avant 1914 se transforma chez de nombreux officiers blancs en un antisémitisme d’autant plus virulent qu’il était appelé à expliquer l’inexplicable : comment la Russie en était arrivée là où elle était, déchirée, affaiblie, vaincue, en proie au chaos, livrée à « une bande d’athées assassins et de juifs ». Les prisonniers de guerre juifs étaient systématiquement exécutés par les Blancs ou les cosaques.

Les pogroms menés par les Russes blancs ont été les plus organisés, les plus efficaces, les plus motivés idéologiquement, menés comme des opérations militaires. Par exemple, à Fastov, du 23 au 25 septembre 1919, la brigade cosaque du colonel Belogortsev massacra 1 300 à 1 500 juifs sur une population de 10 000 habitants. Cependant, l’antisémitisme n’a jamais été une doctrine officielle du mouvement blanc ; ils devinrent une « habitude », un « réflexe », une « évidence » aussi limpide que l’égalité « juif=bolchévique ».

Ainsi, les commandants ukrainiens de l’Armée de la République populaire ukrainienne Nikifor Grigoriev ravagea par exemple Tcherkassy en 1919 (700 morts) et Nicolas Palienko Jitomir la même année. Celui-ci avait déclaré en arrivant que l’Ukraine était encerclée de tous côtés par des ennemis – les Juifs, les Polonais, les Russes, les bolcheviks, les Roumains, les représentants de l’Entente –, que le bolchevisme était « le fait des youpins », que « les youpins ne s’en tireraient pas indemnes », qu’il avait la mission de rétablir l’ordre à Jitomir, de punir la ville, et que cette punition serait terrible… En 1939, Palienko rejoignit l’OUN et fut nommé major du bataillon « Nachtigall » jusqu’en 1942. En 1943, il s’engagea dans la Division SS Galicie, sous la bannière de laquelle il mourut en 1944.

pogrom de tcherkassy en 1919

pogrom de tcherkassy en 1919

pogrom de Jitomir en 1919

Un hopital apres un pogrom en Ukraine , 1920

Soulignons aussi que les Juifs furent aussi victimes des Ukrainiens – à Proskourof, le commandant Semosenko donna l’ordre « d’exterminer les youpins, l’ennemi le plus perfide et le plus dangereux du peuple ukrainien » ; 1 500 Juifs y furent massacrés à l’arme blanche, soit 20 % de la population. Par groupes de 3 ou 4, les cosaques perquisitionnaient chaque maison, torturaient leurs victimes jusqu’à qu’elles leur donnent tous leurs biens précieux, puis tuaient tous les membres de la famille, contraignant certains à mettre le feu à leur maison et à périr dans les flammes – ce qui constituait donc une véritable « Aktion de type nazi ».

Ils furent aussi victimes des Polonais et même, dans une moindre mesure, de troupes de l’Armée Rouge – bref, tous les protagonistes se sont retournés vers eux.

Comme on le voit, un seuil qualitatif a été franchi, passant de pogroms limités commis en temps de paix par des voisins enhardis par la passivité des autorités, à des massacres massifs et systématiquement mis en œuvre par des unités armées, convaincues de la nécessité et de la légitimité d’exterminer, sur une base ethnique, des populations civiles considérées comme ennemies. C’est pourquoi ces pogroms constituent pour beaucoup d’historiens le « chaînon manquant » qui relie l’antijudaïsme « traditionnel » des pogroms à la Shoah. D’autant que les milieux antisémites russes blancs émigrés en Allemagne y ont été particulièrement influents ; citons notamment la forte influence qu’a eu l’officier Blanc Fedor Vinberg (qui a traduit en allemand Les Protocoles des sages de Sion) sur l’idéologue nazi Alfred Rosenberg. L’historien Richard Pipes estime pour sa part que « la rationalité de l’extermination des juifs par les nazis leur a été apportée par les milieux de droite russes avec leur théorie qui liait les juifs au communisme. »

Après la guerre, les pogroms ne cessèrent jamais vraiment. Ainsi, en Pologne, encore entre 1935 et 1937, 79 Juifs furent tués et 500 blessés dans des incidents anti-Juifs.

Pogroms en Ukraine

À son apogée, la Zone a atteint en 1914 une population juive supérieure à 5 millions, ce qui représente à cette époque la plus grande concentration de Juifs au monde, avec près de 50 % de la population juive mondiale. Et ce malgré l’émigration de 1,5 millions de Juifs entre 1861 et 1914.

Au final, à la fin des années 1920, près de 2 millions de Juifs ont quitté la zone de résidence pour les États-Unis ; en France, la population juive passe de 60 000 en 1882 à 120 000 en 1914. On considère que les pogroms sont un des facteurs déterminants de l’émergence du sionisme.

La Seconde guerre mondiale et la Shoah

En 1930, les 15 millions de juifs se répartissent principalement en : 4 millions aux États-Unis, 3 à 3,5 en Pologne, 2,6 en URSS et 850 000 en Roumanie.

On connait la suite durant la guerre…

a

En 1945, 90 % des 3,3 M de Juifs polonais ont été exterminés, et 32 % des 3,1 millions de Juifs russes.

Nombre de victimes et Taux de décès durant la Shoah

La même classé en fonction du nombre de victimes :

La naissance d’Israël

Au lendemain de cette tragédie, l’État d’Israël voit le jour le 14 mai 1948.

Très vite, un flot d’immigration soutient sa croissance démographique.

Entre 1948 et 2012, il y a ainsi eu plus de 3 millions d’immigrés, dont 1,2 million en provenance de l’ex-URSS, 0,6 de l’Europe, 0,5 de l’Afrique, 0,5 de l’Asie et 0,2 des Amériques.

L’immigration en provenance des pays arabes (1948-1975)

L’immigration en provenance d’Europe (1945-1970)

Quelques statistiques…

En 2012, soixante-cinq ans après la fin de la guerre, les conséquences démographiques sont encore sensibles : quand la population mondiale a quadruplé, la population juive mondiale n’atteint pas le niveau qu’elle avait en 1940. Au lieu de 60 % de la population juive mondiale, 10 % seulement vivent en Europe (1,3 million) où la communauté la plus importante est celle de France.

Population juive mondiale

Population juive mondiale

Population juive mondiale

Répartition de la population juive mondiale

Proportion de la population juive

Nous ferons le lien avec l’Ukraine dans le prochain billet

Source: http://www.les-crises.fr/les-juifs-d-europe-orientale/


[Histoire] Les dispersions du peuple Juif

Thursday 12 June 2014 at 03:55

Ce billet de rappel historique vise à retracer synthétiquement la bien dramatique histoire du peuple Juif (remplie de persécutions et d’exils) jusqu’à la fin du XIXe siècle…

Vous verrez bientôt le lien avec l’Ukraine…

L’Antiquité

Le Royaume de David (-1300 à -586)

Les tribus (de retour d’Égypte ?) investissent progressivement le pays des Cananéens (XIIIe-XIe siècles).

3 souverains se succèdent selon la Bible : Saül (1030-1010), David (1010-970) qui prend Jérusalem pour capitale et Salomon (970-931) qui fait construire le premier temple (en -964).

Le premier temple de Jérusalem (-964 à -586)

En -931, un schisme se produit : Roboam, le fils de Salomon, refuse violemment une baisse des impôts. Les tribus du Nord font sécession, reconnaissent Jéroboam comme roi et gardent le nom de royaume d’Israël, centré sur Samarie. Roboam devient roi des tribus du Sud, constituant le royaume de Juda avec Jérusalem pour capitale ; ce royaume est beaucoup moins riche et moins peuplé que celui du Nord.

En -722, le royaume du Nord s’effondre : Samarie est détruite par le roi d’Assyrie, entrainant la déportation et la dilution des tribus. Beaucoup d’habitants se réfugient au sud dont la capitale Jérusalem connaît alors un développement important.

En -597, Nabuchodonosor II, souverain de Chaldée, lance une expédition punitive sur son protectorat du Royaume de Juda qui tentait de s’émanciper en se rapprochant de l’Égypte. Jérusalem se rend, et Nabuchodonosor déporte le jeune roi Joachin à Babylone, ainsi que toute l’élite de Jérusalem (noblesse et artisans, environ 10 000 personnes). Sédécias, le frère de Joachim, est installé sur le trône de Juda par le pouvoir babylonien, en raison de son caractère docile.

Cependant, après dix ans de règne, Sédécias décide de secouer le joug babylonien en concluant une nouvelle alliance avec le pharaon égyptien. Mais dès que Nabuchodonosor se met en campagne pour châtier les révoltés, ceux-ci se soumettent laissant seul Sedecias, le roi de Juda.

Après un siège de dix-huit mois, Nabuchodonosor prend la ville en -586. La cité est rasée et les trésors du Temple sont emportés à Babylone, avec une partie de la population. Une majorité du peuple juif, spécialement les plus riches, se trouve ainsi à Babylone. Le monothéisme juif s’y renforcera.

Jérusalem incendiée (parchemin du Moyen Âge)

La captivité de Juda

En -539, Cyrus, roi de Perse, vainqueur des Chaldéens, autorise le retour des exilés.

“36:17 Alors l’Éternel fit monter contre eux le roi des Chaldéens, et tua par l’épée leurs jeunes gens dans la maison de leur sanctuaire; il n’épargna ni le jeune homme, ni la jeune fille, ni le vieillard, ni l’homme aux cheveux blancs, il livra tout entre ses mains. [...] 36:19 Ils brûlèrent la maison de Dieu, ils démolirent les murailles de Jérusalem, ils livrèrent au feu tous ses palais et détruisirent tous les objets précieux. 36:20 Nabuchodonosor emmena captifs à Babylone ceux qui échappèrent à l’épée; et ils lui furent assujettis, à lui et à ses fils, jusqu’à la domination du royaume de Perse.” [Ancien testament, 2 chroniques, 36, 17-21]

L’empire romain (-586 à +70)

Le Second Temple de Jérusalem est reconstruit à Jérusalem en 516 av. J.-C sous Zorobabel.

Le deuxième temple de Jérusalem (-516 à +70)

Au IVe siècle, les Perses sont battus par Alexandre, qui conquiert la Palestine en -332. Elle est ensuite dominée aux IIIe et IIe siècle par les Ptolémée ; des colonies juives s’installent dans les villes côtières de Méditerranée orientale et tout particulièrement à Alexandrie.

Ainsi, dans l’Antiquité, le judaïsme a connu 3 grands centres : la Judée et Babylone, puis, à la période hellénistique, Alexandrie.

Au cours du IIe siècle, des colonies juives s’implantent dans tous les centres majeurs de l’empire romain, y compris à Rome.

En -63, Pompée s’empare de Jérusalem. Ceci entraîne l’envoi en esclavage de nombreux prisonniers à Rome : c’est l’élément fondateur de la Première Diaspora (“dispersion”) en Occident.

Hérode Ier le Grand procède à de gigantesques travaux d’aménagement, bâtissant « à la romaine » une immense esplanade: la colline d’origine est ceinturée d’un énorme mur de soutènement, la surface intérieure entièrement nivelée puis comblée avec du remblai. La construction commence en 19 av. J.-C. et dure environ 7 ans – 100 000 hommes furent employés.

L’extension du deuxième temple par Hérode

Vers +30 , Philon d’Alexandrie avance le chiffre de 1 000 000 de Juifs habitant en Égypte, soit un huitième de la population.

En +66, des troubles éclatent en Judée, contre la tutelle de Rome. En 70, après plusieurs mois de siège, Titus prend Jérusalem. La ville est rasée, et son Temple est incendié ; les Juifs sont, en masse, vendus comme esclaves. La destruction du Second Temple marque la fin de l’État hébreu à l’époque ancienne, et transfère de facto l’autorité religieuse des grands-prêtres du Temple aux rabbins.

La destruction du Temple en 70 ap. J.C.

Ces troubles marquent ainsi le début de la grande dispersion des Juifs à travers le monde – la Deuxième Diaspora.

Les Juifs se révoltent à nouveau vainement sous Trajan (vers 110) puis pendant le règne d’Hadrien en 133, sous la direction de Bar Kokhba.

En 135, l’empereur Hadrien, venu à Jérusalem en 130, décide de créer une cité païenne sur le site. Les Juifs se révoltent et la répression est encore pire qu’en 66 : de nouvelles déportations de Juifs, réduits en esclavage, s’ajoutent aux massacres.

En 212, les Juifs, comme les autres groupes, deviennent citoyens de l’Empire

Le Moyen Age

La situation de la diaspora juive dans l’empire romain se détériore fortement lorsque le christianisme devient religion d’État (IVe siècle) – l’intolérance y étant grande. La situation n’est guère meilleure à Byzance sous Justinien (VIe siècle).

La domination musulmane améliore au contraire la condition des Juifs tant à Alexandrie qu’en Afrique du Nord ou en Espagne. Babylone – où a été composée la version la plus importante du Talmud – reste le grand centre des Académies juives jusqu’au milieu du IXe siècle.

L’Espagne, avec l’Académie de Cordoue (950), prend ensuite le relais, devenant alors le centre juif le plus prospère de la Méditerranée aux Xe-XIe siècles – citons aussi Tolède ou Grenade. La situation se dégrade sous les Almonades, vers 1150 ; le Portugal accueille alors les Juifs.

Aux XIe-XIIe siècles dans un climat marqué par les croisades et la reconquête (Tolède est reprise en 1085) se développe un anti-judaïsme qui aboutit à des massacres en Europe occidentale. Le concile de Latran (1245) donne une base juridique à ce rejet et les Juifs sont désormais tenus de porter un signe distinctif (la rouelle, disque de couleur jaune ou rouge, symbolisant les 30 deniers de Judas).

Juif portant la rouelle

En 1290, le roi d’Angleterre expulse ses Juifs et confisque leurs biens. Ils trouvent refuge en France du Nord et en Allemagne.

Entre 1132 et 1321, les Juifs du royaume de France sont expulsés et rappelés quatre fois… L’expulsion de 1394 est la dernière et reste en vigueur dans nombre de provinces de France jusqu’à la Révolution.

Il n’y avait pas de limitations professionnelles aux activités économiques des Juifs à Rome, à Byzance ou dans les pays musulmans. Mais celles-ci apparaissent dans l’Occident médiéval. Les Juifs ne pouvaient ainsi pas posséder de terres ni devenir membres d’une guilde de marchands ou d’artisans chrétiens. Un certain nombre, quand ils le pourront, se feront donc prêteurs.

Aux XIIIe-XIVe siècles, les Juifs souffrent également de persécutions dans le monde musulman, de l’Egypte à l’Espagne.

Les Sépharades

En 1492, les Juifs sont expulsés d’Espagne, au moment de la prise de Grenade, marquant la fin de la reconquête catholique de l’Espagne.

Une partie de cette communauté – dite Sépharade (issus d’Espagne, parlant le judéo-espagnol) – passe par le Portugal pour finalement aboutir en Europe du Nord (Pays-Bas), mais la plupart se réfugient dans les pays méditerranéens : Afrique du Nord (particulièrement au Maroc), Tunisie, Avignon, Italie (Rome), Egypte, Grèce (Salonique), Constantinople.

Nombre d’entre eux sont bien accueillis dans un empire ottoman en expansion. Le XVIe siècle est un siècle particulièrement faste pour les Juifs de l’empire ottoman, obtenant d’emblée d’importantes situations dans la vie économique. Le déclin au XVIIe de la prospérité commerciale de l’empire ottoman entraine celle des Juifs.

Les Juifs sous les Ottomans et sous la domination musulmane en général sont exclus, comme les autres minorités religieuses, de certaines fonctions (comme celle des armes) et occupent un statut inférieur à celui des musulmans. Ils sont tenus de porter un turban jaune. Mais leur autonomie religieuse est respectée, et ils peuvent occuper de hautes fonctions.

La ville de Salonique devient une ville où les Juifs jouent un rôle considérable ; Au XVIIe siècle, les sépharades de Constantinople et Salonique sont un des jalons du commerce international entre la Méditerranée, Amsterdam et l’Orient.

Enfin, de nombreux Juifs expulsés gagnent également les Pays-Bas, où le statut des Juifs est relativement libéral en dépit de limitations économiques (interdiction du commerce de détail) et sociales. Le plus illustre des Juifs de Hollande est Spinoza (1632-1677). C’est depuis Amsterdam que de nombreux Juifs gagnent la Nouvelle-Amsterdam (1654) qui devient rapidement New-York.

A partir du XVIIe siècle, les Juifs d’Angleterre ne souffrent plus de restrictions dans leurs activités ni d’obligations particulières en matière de résidence ni de vêtement – ce qui développe la communauté anglaise.

Le grand évènement du XVIIIe siècle est la Révolution française qui accorde aux Juifs l’égalité politique et la citoyenneté pleine et entière (1791). Il faudra attendre près d’un siècle pour que l’égalité soit accordée dans la plupart des pays européens (Pays-Bas 1797, Royaume-Uni 1858, Autriche-Hongrie 1867, Italie 1870, Allemagne 1871, Suisse 1874…)

Les Ashkénazes

À partir du XIVe siècle, les Juifs de langue et d’origine germaniques, persécutés par les chrétiens d’Europe occidentale se déplacent vers l’Europe centrale : bohême, Moravie, Lituanie et Pologne – cette dernière étant au cœur du judaïsme ashkénaze. En effet, dès les années 1300, les Juifs jouissaient en Pologne d’une situation particulièrement favorable et de larges prérogatives. Au XVIIe siècle, c’est dans cette « grande Pologne » à son apogée, de Dantzig à l’Ouest de l’Ukraine actuelle, qu’ils bénéficiaient du meilleur statut au monde. La plupart venant d’Allemagne, le yiddish s’impose comme langue des Ashkénazes (Allemands).

Cependant, les massacres perpétrés par les Cosaques à partir de 1650 entrainent un reflux de l’Europe centrale vers l’Europe de l’Ouest, l’Angleterre et l’Amérique. Si le XVIIe siècle est en Europe celui des Sépharades, le XVIIIe siècle voit alors la montée des Ashkénazes, qui vont dominer le siècle suivant.

La situation est différente en Europe orientale. La Russie interdisait aux Juifs de pénétrer dans l’empire à l’est de Kiev. Mais avec le dépeçage et l’annexion d’une grande partie de la Pologne en 1795, la Russie hérite de la communauté juive la plus importante du monde à l’époque. La Russie cantonna obligatoirement les Juifs dans une « zone de résidence » allant de la Baltique à la Mer noire, comprenant la Pologne, les Lituanie, l’Ukraine, la Biélorussie et la Crimée.

Sous les tsars, et particulièrement sous Nicolas Ier, après 1825, la situation des Juifs de Russie est très mauvaise. Ce tsar ordonne que les enfants juifs mâles soient soustraits à leur famille à l’âge de douze ans, et passent une période de formation jusqu’à dix-huit ans avant d’être envoyés au service militaire.

La situation s’améliore avec le tsar Alexandre II (1855-1881) qui supprime la conscription des enfants juifs à partir de douze ans, et ramène le service militaire, pour l’ensemble des sujets, de 25 ans à 6 ans.

Mais c’est alors que commencera la période noire des pogroms…

À suivre dans le prochain billet…

Épilogue

La population juive mondiale a flucté ainsi :

Cette bien triste histoire du peuple juif aboutit ainsi en 1900 à une très forte concentration en Europe orientale – qui débouchera sur bien des malheurs…

Source: http://www.les-crises.fr/les-dispersions-du-peuple-juif/


240 000 vues pour le billet sur les coupes de l’interview de Poutine par TF1 !

Thursday 12 June 2014 at 00:50

Un bref billet pour vous remercier de votre fidélité.

Le billet sur le caviardage de l’interview de Poutine a atteint l’incroyable total de 240 000 vues – près d’un quart de million !

Ce qui, avec 30 000 000 de foyers en France, n’est pas très loin d’1 foyer sur 100… C’est assez incroyable…

Enfin, en tous cas, MERCI encore à tous – pour venir sur ce blog, relayer ses informations ou le soutenir financièrement !  :)

Source: http://www.les-crises.fr/vues-billet-poutine/


[Cables Wikileaks] Porochenko vu par les Américains (2006-2010)

Wednesday 11 June 2014 at 02:36

Pour en savoir plus sur Porochenko, découvrons comment les Américains parlaient de lui, grâce aux formidables câbles diplomatique révélés par Wikileaks.

Vous pouvez d’ailleurs vous même effectuer des recherches grâce à l’outil dédié à la recherche, en choisissant Ukraine comme origine.

GRAND CONCOURS : Si vous trouvez des choses intéressantes dans les 1 139 câbles, postez-les en commentaire ! (sur NATO, FTA, European Union, etc.) (lien direct + traduction du passage)

Les extraits en anglais sont dans ce billet Archive.

16/02/2006

Porochenko semble travailler dur pour faire échouer la  coalition Ianoukovytch et Iouchtchenko selon Hryshchenko car une telle coalition entrainerait l’éjection de l’oligarque déchu (ndt: c’est-à-dire Porochenko ).

24/03/2006

Timochenko évitait de critiquer directement le président Iouchtchenko , en disant qu’il était au-dessus de l’élection parlementaire et pas en charge des affaires. Au lieu de cela,  c’était le bloc corrompu « Notre Ukraine » avec  des gens commee Porochenko, Bezsmertny, Martynenko et d’autres qui n’avaient pas bien servi le président et étaient responsables de l’éclatement de la coalition orange .

30/03/2006

La direction du parti de PUOU (ndt : Notre ukraine (OU)) est actuellement dominée par les mêmes oligarques impopulaires de la révolution orange – Porochenko , Zhvaniya, Tretiakov, Tchervonenko – que Iouchtchenko a été obligé d’abandonner et de renvoyer dans le remaniement du gouvernement de Septembre 2005, mais qui forment encore l’arrière boutique de Iouchtchenko ”

28/04/2006

Tandis que le chef sortant de faction OU (Our Ukraine) au Parlement Martynenko était le chef officiel de OU à Kiev, l’insider dans Notre Ukraine Petro Porochenko en a été le leader informel. OU, le Parti des Régions, et le blob Tchernovetski avait formellement seulement 46 sièges au Parlement, mais ils ont acheté la loyauté des autres. Les membres du conseil Patrie avaient fait l’objet d’intenses pressions pour changer de parti, selon Mme Tymochenko ; on leur a offert 100 000 $ (la carotte) et ils ont été menacés d’une d’activité dans la municipalité (le bâton). Secouant la tête, elle a dit que OU a fait une grosse erreur en livrant Kiev aux mains du parti des régions.

N.B. Porochenko est qualifié à de multiples reprises d’insider à l’intérieur de Notre Ukraine – ce qui signifie “homme à l’intérieur”, et donc que, probablement il renseigne les Américains

26 mai 2006

La nouvelle équipe Orange aurait en vedette Ioulia Timochenko comme Premier ministre et son rival, Petro Porochenko, serait le nouveau Présdient du Parlement. Porochenko a été entaché par des allégations crédibles de corruption, mais exerce une influence importante dans le parti Notre Ukraine ; c’était le prix à payer pour (le ralliement de) Porochenko.

11/12/2008

En tant qu’institution, la BNU (banque centrale ukrainienne) a une « mentalité soviétique » envers ses fonctions économiques fondamentales, et sa pensée est “très différente” des autres banques centrales. Pazarbasioglu a rappelé cela en l’illustrant par les méthodes de contrôles de la politique monétaire de la banque centrale d’ukraine (NBU). Stelmakh a assimilé toute augmentation potentielle des taux d’intérêt à des taux d’inflation plus élevés, alors que l’Ukraine se débat avec la chute de son PIB et son déficit du compte courant.

Pazarbasioglu et Horvath ont réitéré des accusations de conflits d’intérêts au conseil de la Banque nationale d’Ukraine, où les influences des milieux d’affaires et politiques s’infiltrent dans la politique de décision de la banque centrale. Le chef du conseil de la BNU, Petro Porochenko, a été désigné comme une incarnation particulière de rôle délétère du Conseil.

12/05/2009

L’ancien ministre des Finances Viktor Pynzenyk, qui a démissionné plus tôt cette année, a dit à Lipton que le plan de recapitalisation n’a pas été mis en œuvre assez rapidement. Au cours d’une conversation au dîner offert par l’ambassadeur et animé par lui et auquel a également assisté l’homme d’affaires Viktor Pinchuk, Petro Porochenko de la BNU, le représentant d’Alfa Bank Roman Shpek, le président de Raiffeisen Aval Volodymyr Lavrenchuk, et l’ancien ministre des Finances Oleh Mytiukov, Pynzenyk a demandé si les procédures de liquidation avaient effectivement été mises en place. Trop de hauts fonctionnaires du GOU (gouvernement de l’Ukraine) n’ont toujours pas compris le concept de recapitalisation et de résolution bancaire, a-t-il dit. En outre, la Banque nationale n’avait pas de talent qualifié pour gérer le programme de résolution et de recapitalisation, a dit Pynzenyk, exhortant les États-Unis de fournir des experts pour la banque centrale.

Porochenko, Président du Conseil de Surveillance de la BNU a également déclaré que le plan de recapitalisation devait être mis en œuvre plus rapidement, et de manière plus transparente. Les représentants de plusieurs banques étrangères ont fait écho séparément de ce point de vue.

9/10/2009

Le Parlement a approuvé le candidat du président Iouchtchenko, Petro Porochenko, comme nouveau ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine le 9 Octobre.

UNE CARRIERE QUI MELANGE AFFAIRES ET POLITIQUE

Porochenko est l’un des plus riches hommes d’affaires de l’Ukraine. Les estimations varient, mais beaucoup le considèrent milliardaire en dollars. Porochenko contrôle Ukrprominvest, qui a des intérêts dans la fabrication d’autobus, les chantiers navals, les banques et les médias. Il possède également Roshen, la plus grande société de confiserie d’Ukraine, qui a des usines en Ukraine et en Russie. Porochenko a été membre du Parlement de 1998 à 2005 dans différents partis politiques et a été président du Conseil de sécurité nationale et de la défense en 2005. Depuis 2007, il a servi comme président du Conseil de surveillance de la Banque nationale. [...]

Le député Nestor Shufrych du Parti des régions a critiqué le bloc du Premier ministre Tymochenko pour son soutien à la candidature de Porochenko. Il a déclaré que la seule raison de Tymochenko pour le soutien de la nomination de Porochenko était d’avoir accès à ses médias et à ses ressources financières, y compris la station de télévision populaire Canal 5, pour la prochaine élection présidentielle. [...]

Le vice-Premier ministre Nemyria, commentant à la visite de sous-secrétaire adjoint à la Défense Wallander le 8 octobre a noté que la richesse de Porochenko – il l’appelait « milliardaire « – risquait de générer des conflits d’intérêts potentiels.

21/10/2009

Le 13 Octobre, le président Iouchtchenko a réitéré son espoir que l’Ukraine puisse conclure un accord d’association (AA) avec l’Union européenne (UE) en décembre 2009, à temps pour le Sommet UE-Ukraine. En reconnaissant les difficultés de la conclusion d’un accord de libre-échange (ALE) avec l’UE dans ce court laps de temps, le président Iouchtchenko a en outre déclaré que les négociations de l’ALE UE-Ukraine devraient être achevées quelques mois plus tard. Cependant, la position politique de longue date de l’UE est que l’ALE est une partie intégrante de l’accord d’association et une condition préalable à l’accord d’association.

Note : cette dernière phrase est vraiment très importante : l’UE ne veut pas d’association politique sans libre-échange ! Or un accord de libre échange UE-Ukraine a forcément des conséquences importantes sur la Russie.


30/10/2009

Iouchtchenko n’a pas répété ses commentaires. Le Vice ministre des affaires étrangères, Yeliseyev, a confirmé bien entendu que l’ALE était une partie intégrante de l’accord d’association. Il a ajouté que les négociations de l’ALE, et donc l’accord d’association, prendraient une “longue période” avant de pouvoir se conclure. Yeliseyev dit qu’il avait expliqué cela à nouveau à Porochenko et que Porochenko était d’accord sur l’approche que la qualité d’un accord, et non le timing de la signature, était primordiale. Yaremenko suppose que la dernière proposition de Iouchtchenko de découpler ALE de l’AA provient du fait qu’il est convaincu de la destinée de l’Ukraine dans l’Europe, et qu’il ne pouvait pas se résoudre à accepter que l’accord d’association ne soit pas signé pendant son mandat. Yaramenko a ajouté que Iouchtchenko est parfois dans son “propre monde”.

10/11/2009

Oliynyk nous a dit que sa principale tâche dans sa nouvelle mission est d’accroître le rythme de l’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN. L’Ukraine prévoit d’envoyer FM (Ministre des affaires étrangères) Porochenko et vice-FM Yeliseyev à la Conférence ministérielle de décembre.

10/11/2009

Oliynyk est une bouffée d’air frais après son prédécesseur. Cependant, sa capacité à poursuivre un programme actif avec l’OTAN sera entravée par les restrictions fiscales de l’Ukraine, et par la probabilité que le président ukrainien élu au début de 2010 lèvera le pied ou même inversera la politique du pays visant à demander l’adhésion à l’OTAN. Oliynyk semblait rassuré et coopératif vis-à-vis de notre démarche. Nous verrons si cela porte sur le sous-FM Yeliseyev, qui a tendance à ressasser que l’Ukraine est dans un vide stratégique (entre OTAN et Russie). La réunion ministérielle sera également une introduction pour le nouveau ministre des affaires étrangères Porochenko.

13/11/2009

Makeyenko dit que des « milliards » avaient été injectés (par l’Etat) dans des projets personnels qui ont bénéficié aux députés de la RADA proches de Tymochenko, y compris les commandes à l’usine de bus Bogdan du ministre des Affaires étrangères Petro Porochenko et des avantages fiscaux aux entreprises favorisées par le député de Patrie (parti de Tymochenko) Valeriy Sushkevych. Le projet de loi de finance reflète un « système pyramidal ».

18/12/2009

La banque russe VTB Bank a acheté en 2006 une participation de 98 % dans la Banque Mriya basée à Kiev, alors détenue par le ministre actuel des Affaires étrangères de l’Ukraine : Porochenko.

14/01/2010

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Porochenko, a déclaré que la signature d’un accord d’association avec l’UE en 2010 était l’un des 2 objectifs prioritaires de politique étrangère de l’Ukraine. Dans le même temps, les critiques difficiles de l’UE au sujet des réformes de l’Ukraine a volé la vedette lors du Sommet UE-Ukraine du 4 décembre. Les négociateurs du gouvernement ukrainien soutiennent que l’Ukraine et l’UE devront démontrer la détermination à résoudre les différences qui subsistent et à renforcer la crédibilité des aspirations européennes de l’Ukraine.

17/02/2010

Le ministre des Affaires étrangères Porochenko a rejoint le camp du président élu Ianoukovitch et s’éloigne de Timochenko lors d’une réunion du 12 Février avec l’Ambassadeur. Porochenko a critiqué le refus de Timochenko de concéder l’élection et son dénigrement du travail des observateurs électoraux internationaux. Cela a endommagé l’image de l’Ukraine. Porochenko a appelé à une présence d’une délégation de hauts responsables des États-Unis lors de l’inauguration de Viktor Ianoukovitch. Il a dit que Ianoukovitch avait prévu de faire son premier voyage en tant que président à Bruxelles pour jouer contre son stéréotype pro-russe. L’appel du président Obama de félicitations a fait une impression positive majeure sur Ianoukovitch.

Porochenko a déclaré que M. Ianoukovitch avait accepté sa suggestion visant à ce que M. Ianoukovitch joue contre sa nature et fasse sa première visite à l’étranger à Bruxelles. Ianoukovitch devrait préciser que, lui aussi, cherche à obtenir un accord d’association avec l’UE, y compris un accord de libre-échange et une perspective d’adhésion claire. Ianoukovitch devrai également souligner l’importance de la libéralisation du régime des visas avec l’Europe. Pour le garder sur la bonne voie, M. Ianoukovitch a besoin de ” messages encourageants ” de l’Europe, a déclaré Porochenko. La lettre de Sarkozy de félicitations est dans cet ordre des choses.

Ianoukovitch ne veut pas parler maintenant d’une adhésion à l’OTAN, mais est ouvert à l’amélioration de la coopération de l’Ukraine avec l’OTAN, a déclaré Porochenko. Il a exhorté les États-Unis de ne pas trop prendre au pied de la lettre les discours de M. Ianoukovitch favorables à la proposition de Medvedev pour une nouvelle architecture de sécurité. Ianoukovitch sera ouvert à des échanges et débats avec la Russie, mais cela ne signifie pas que Ianoukovitch favorisera cette évolution de l’architecture. L’adhésion à l’OTAN demeure une aspiration, bien que lointaine, a insisté Porochenko.

23/02/2010

Les messages possibles dans le cas d’une réunion avec FM Porochenko : Espérons que l’Ukraine puisse rapidement signer l’accord d’association et de libre-échange avec l’UE en 2010. Cela est la clé pour dynamiser les réformes.

Source: http://www.les-crises.fr/porochenko-vu-par-les-americains/