les-crises.fr

Ce site n'est pas le site officiel.
C'est un blog automatisé qui réplique les articles automatiquement

Revue de presse du 27/02/2016

Saturday 27 February 2016 at 00:01

Merci à nos conributeurs pour la sélection de la semaine. Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-27022016/


[Pépite] Que l’Europe remette Poutine à sa place, par Guy Verhofstadt

Friday 26 February 2016 at 02:47

La PÉPITE du jour, dans le quotidien économique français.

Bien entendu, une telle charge coordonnée contre Poutine, venant de plusieurs endroits avec les mêmes éléments de langage (c’est pour cela que je les reprends ici) n’est pas anodine.

Source : Les Echos, Guy Verhofstadt, 23-02-2016

Morgestraich carnival parade, Basel, Switzerland - 15 Feb 2016

Pour Guy Verhofstadt, président du groupe ADLE au Parlement européen, Vladimir Poutine exacerbe les crises qui frappent l’Europe. L’heure est venue de contrer l’agressivité du président russe.

La stabilité de l’Europe est actuellement mise à l’épreuve au travers d’au moins six crises majeures : chaos régional principalement lié à la guerre en Syrie, risque de sortie britannique hors de l’UE , afflux de réfugiés d’une ampleur inédite depuis la Seconde Guerre mondiale, difficultés financières non résolues, expansionnisme russe, et retour du nationalisme dans la vie politique.

Or, c’est tout à fait sciemment que le président russe Vladimir Poutine vient exacerber au moins quatre de ces crises. Outre le comportement aventuriste dont il fait preuve en Ukraine, Poutine ne cesse d’instiller de l’obstructionnisme dans la politique européenne en soutenant les partis populistes et eurosceptiques, d’ attiser le conflit au Moyen-Orient via son intervention militaire en Syrie, et par voie de conséquence d’aggraver la crise des réfugiés. L’heure est venue pour l’UE d’ouvrir les yeux face à la menace que représente Poutine, et de commencer à contrer l’agression initiée par le président russe.

En effet, cette propagation du nationalisme à laquelle nous assistons aujourd’hui en Europe s’explique notamment par le fait que la Russie finance les partis politiques d’extrême droite, dont la montée en puissance empêche l’Europe d’élaborer une réponse collective à la crise des réfugiés. Au Royaume-Uni, cette formation pro-Poutine qu’est le Parti pour l’indépendance vient talonner de très près le Premier ministre David Cameron, ce qui conduit le gouvernement à refuser de prendre en charge sa juste part de réfugiés. De même, la Suède a pris la décision de fermer ses frontières, en réaction à des sondages de plus en plus favorables à l’extrême droite des Démocrates de Suède. Et ce malheureux constat s’observe sur tout le continent.

Ah pardon, je pensais que c’était juste que les citoyens n’avaient pas envie d’accueillir des immigrés…

Vladimir Poutine entrave le processus de paix

Dans le même temps, Poutine veille à saboter les efforts de la communauté internationale visant à négocier une solution politique au conflit syrien, principale cause de la crise des réfugiés. L’appui de la Russie aux interventions militaires du gouvernement syrien à Alep vient entraver le processus de paix, qui dépend d’une coopération entre acteurs mondiaux, puissances régionales et forces d’opposition modérées, que Poutine ne cesse de bombarder.

Qu’est ce que je rirais si ces crétins ne poussaient pas au conflit…

Amis jeunes, c’est à cause de gens comme ça que vous ne connaitrez pas la paix toute votre vie – observez bien.

Le 15 février, d’après les Nations Unies, au moins 50 personnes parmi lesquelles des femmes et des enfants auraient perdu la vie dans plusieurs frappes de missiles sur des écoles et des hôpitaux dans le nord de la Syrie. Le gouvernement français a qualifié à juste titre ces attaques de « crime de guerre ». La Russie a pour sa part nié toute implication, bien que des fragments de missiles de fabrication russe aient été retrouvés sur place. L’association humanitaire Médecins Sans Frontières a expliqué que seuls la Russie ou le gouvernement syrien pouvaient être derrière ces attaques.

Je n’ai pas le temps de vérifier, mais il faudra qu’on m’explique depuis quand un type bombardé au sol peut savoir qui l’a bombardé – j’aurais pensé que des AWACS ou satellites auraient pu fournir des informations fiables, mais je pense (et comme pour le MH17) qu’au XXIe siècle, on va finir par demander à tout le monde de mettre une webcam à sa fenêtre, les militaires n’ayant a priori jamais les moyens de savoir quoi que ce soit.

Par ailleurs, d’après le Comité international de la Croix-Rouge, les combats menés autour d’Alep aurait contraint au déplacement environ 50.000 personnes. Beaucoup de ces Syriens désespérés – ceux qui pour la plupart ne pouvaient pas financièrement se permettre de fuir jusqu’à présent – prendront la route de la Turquie et de l’Europe.

La Russie largue ses bombes aux endroits mêmes où Poutine affirme soutenir un cessez-le-feu. De toute évidence, la parole du président russe n’a aucune valeur, comme l’illustrent les antécédents du Kremlin en Ukraine.

À l’heure où l’attention des États-Unis se trouve captée par la campagne présidentielle , les dirigeants de l’Europe se retrouvent esseulés tandis que l’Ours russe ronge la porte du continent.

Pôvre petit chou qui n’a pu papa pour le protéger !

Ca, c’est de l’Europe puissance !

L’heure est venue de prendre des mesures immédiates.

Aux aaaaaaaaaaaaaaaarmes citoyens; formeeeeeeeeeez…

Des mesures fortes

Il s’agirait tout d’abord pour les gouvernements européens de mettre rapidement un terme à ce mécanisme par lequel la Russie finance un certain nombre de partis politiques en Europe, en sollicitant si nécessaire l’aide de la CIA pour déterminer la manière dont ces fonds sont transférés.

Celle là, c’est cadeau tant c’est énorme, ne me remerciez pas.

(au passage, je rappelle que l’histoire du FN, c’est le premier parti politique français à qui les banques françaises refusent de prêter de l’argent, et qui a emprunté de l’argent à une banque tchéco-russe. Comme le financement d’un parti par des personnes morales est interdit, c’est bien un prêt (à un taux élevé d’ailleurs) qui doit être remboursé. Le FN a demandé que la loi obligent les banques françaises à prêter aux partis français.)

Cet effort devra se poursuivre jusqu’à ce que ces pipelines qui approvisionnent les partis européens en argent russe soient coupés une bonne fois pour toutes.

Deuxièmement, l’UE doit se préparer à imposer de plus lourdes sanctions économiques à la Russie. La résolution 2254 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui fixe la feuille de route du processus de paix en Syrie, contraint l’ensemble des acteurs, y compris la Russie, à cesser toute frappe aveugle à l’encontre de civils. Si la Russie manque à cette obligation, ces sanctions devront être déclenchées.

Si c’est les occidentaux, aussi.

Troisièmement, il est nécessaire que l’UE œuvre aux côtés de la Turquie et d’autres acteurs régionaux

Non, je rêve, il n’a pas écrit ça ? Pas les parrains de Daech qui sont en train de bombarder la Syrie là ? On peut le tondre ?

Troisièmement, il est nécessaire que l’UE œuvre aux côtés de la Turquie et d’autres acteurs régionaux afin d’établir des zones de refuge au niveau de la frontière turco-syrienne, en direction desquelles se dirigent les populations déplacées d’Alep et d’ailleurs. Bien que cette démarche présente un certain risque, elle n’offre actuellement aucune alternative crédible.

Si, on arrête de soutenir les barbares, et on laisse le gouvernement syrien reprendre la ville en quelques jours – après on verra, mais les afflux de réfugiés cesseront.

Enfin, l’Europe doit cesser de faciliter la tâche de Poutine,

C’est vrai que je sentais l’UE un peu molle du genou là, avec toute cette russophilie ambiante…

et appliquer une approche collective face à l’afflux de réfugiés. Dans le cadre de cette réponse d’urgence, garde-côtes et police aux frontières européennes doivent être mis en place, avec pour mission d’aider la Grèce à gérer ses propres frontières, ainsi que de sauver des vies humaines et de traiter les nouvelles arrivées.

Dans le même temps, les fonds de l’UE doivent être utilisés afin d’améliorer les conditions de vie dans les camps de réfugiés en Turquie, en Jordanie et ailleurs, afin d’offrir aux résidents de ces camps un minimum d’espoir de satisfaction de leurs besoins essentiels. Et effectivement, les dirigeants européens doivent consentir à prendre en charge leur juste charge d’individus dans le besoin, en permettant aux réfugiés de demander asile dans l’UE directement à partir du pays dans lequel ils résident actuellement.

George Soros a eu raison d’affirmer récemment que le plus grave menace à long terme pour la stabilité de l’UE n’était autre que la Russie. Il est toutefois dans l’erreur lorsqu’il annonce un scénario dans lequel l’UE serait vouée à fléchir, pour finalement s’effondrer sous les poids des multiples crises auxquelles elle est confrontée. Il est temps que l’Europe s’affirme, qu’elle tire parti de sa puissance économique, et qu’elle en fasse bon usage afin de remettre Poutine à sa place.

bah, après tout, ces gens prenant sans cesse les USA comme modèle, il est clair que la guerre est au bout de chemin.

Cet article est publié en collaboration avec Project Syndicate 2016 – Que l’Europe remette Poutine à sa place

Guy Verhofstadt, président du groupe ADLE au Parlement européen et ancien Premier ministre belge

Source : Les Echos, Guy Verhofstadt, 23-02-2016

Source: http://www.les-crises.fr/que-leurope-remette-poutine-a-sa-place-par-guy-verhofstadt/


[Trump bashing] La primaire du Nevada entachée de fraudes

Friday 26 February 2016 at 01:47

On continue aujourd’hui à pointer les propagandes.

Aujourd’hui, les Médias du Système contre Donald Trump.

P.S. pour les plus jeunes lecteurs, on rappellera qu’un journaliste est censé être neutre et rendre fidèlement les informations, en en éclairant la complexité.

La primaire du Nevada entachée de fraudes

Source : Le Nouvel Obs, 24-02-2016

Plusieurs sources font état de pénurie de bulletins de vote et d’identités non vérifiées lors du caucus républicain de mardi dans le Nevada qui a vu Donald Trump triompher.

Notez le clair sous entendu : “Trump est un tricheur”.

Donald Trump salue ses supporters après un discours lors du caucus à l'hôtel et casino Treasure Island, le 23 février 2016 à Las Vegas, Nevada. (ETHAN MILLER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP).

Donald Trump salue ses supporters après un discours lors du caucus à l’hôtel et casino Treasure Island, le 23 février 2016 à Las Vegas, Nevada. (ETHAN MILLER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP).

Donald Trump a largement renforcé son avance. Le milliardaire a remporté mardi 23 février une large victoire dans le Nevada face à ses rivaux Marco Rubio et Ted Cruz, sa troisième d’affilée dans la course à la primaire des Républicains. Mais la soirée a été marquée par de nombreuses constatations de désorganisation, voire de fraude.

Plusieurs cas dans lesquels les électeurs n’ont pas eu à présenter de pièce d’identité ont été signalés sur différents sites. La désorganisation de l’élection a aussi engendré de longues files d’attente et une pénurie de bulletins de vote. En cause, il y aurait apparemment la très forte participation.

“Essayer d’attraper toutes les fraudes qui se passent ici serait comme essayer de boucher tous les trous du Titanic”, a expliqué Jeremy Hugues, membre de l’équipe de campagne de Marco Rubioà CNN. “Vous en réparez une et une autre surgit.” Dans son bureau de vote situé dans le comté de Clark, il raconte que les bénévoles laissaient les votants opérer sans vérifier leur papiers d’identité, leur permettant de voter plusieurs fois. Jeremy Hugues a dénoncé ces violations à Sue Lowden, l’ancienne présidente du parti républicain du Nevada qui se trouvait sur place. Elle s’est chargée de réprimander le responsable.

Des cas similaires ont été observés dans d’autres bureaux de vote. Selon la journaliste de Mashable Emily Cahn, les bénévoles auraient distribué des bulletins sans vérifier les papiers d’identité. “Un gars a voté Trump deux fois“, note-t-elle sur Twitter. “Un homme sur place dit ‘C’est un désastre'”, ajoute-t-elle.

Capture d’écran 2016-02-25 à 23.29.31

Capture d’écran 2016-02-25 à 23.30.01

Des tenues à l’effigie de Donald Trump

D’autres témoins ont aussi rapporté que les bénévoles du caucus, qui ne sont pas censés montrer leur préférence pour l’un des candidats, faisaient clairement campagne pour Donald Trump. Elaina Plott, journaliste pour “The National Review”, cite une source de l’équipe de Rubio, qui lui explique qu’un des bénévoles, vêtu d’un t-shirt à l’effigie de Trump, “intimide” les gens. “C’est le foutoir”, ajoute cette même source.

Ouaouch, c’est effrayant…  :)

Capture d’écran 2016-02-25 à 23.32.32

Un journaliste du “Guardian” indique également avoir remarqué deux personnes avec un t-shirt Donald Trump parmi les bénévoles chargés de collecter les votes.

Capture d’écran 2016-02-25 à 23.34.00

Eh ben, il ne recule devant rien ce Trump-de-sinistre-mémoire

Les caucus ne sont pas régis par la loi. Leurs règles sont définies par les organisations politiques locales, et non par le gouvernement. Mais ces règles-là semblent avoir (volontairement ?) été laissées floues auprès des bénévoles et militants.

En ce qui concerne la tenue des candidats par exemple, cette règle s’inscrit dans la tradition du précédent caucus, sans être réellement codifiée, explique le “Guardian”. Le GOP (Republican National Committee) a ainsi clarifié la situation dans la soirée sur Twitter : “Cela ne va pas à l’encontre des règles que les bénévoles portent des vêtements à l’effigie des candidats. Les bénévoles ont suivi une formation approfondie et font un excellent travail”.

Capture d’écran 2016-02-25 à 23.35.22

Le parti républicain botte en touche

Le parti républicain du Nevada a répondu à ces nombreux rapports de désorganisation dans un tweet : “Il n’y a eu aucun signalement d’irrégularités ou de violations du vote”.

Capture d’écran 2016-02-25 à 23.36.55

Un autre officiel du GOP a expliqué au journaliste Jon Ralston que le parti allait passer en revue les bulletins et vérifier les cas de signalement de doubles votes. “En terme de pénurie de bulletins de vote, nous étions préparés à la situation et des bulletins supplémentaires ont été amenés en quelques minutes”, a expliqué le représentant dans un communiqué relayé sur Twitter.

Capture d’écran 2016-02-25 à 23.38.14

La confusion dans le Nevada a encore été aggravée par l’arrivée impromptue de Donald Trump dans un bureau de vote du caucus. L’animateur Glenn Beck était en train de prononcer un discours de soutien à Ted Cruz, mais le favori des républicains l’a interrompu et lui a totalement volé la vedette.

A. S.

Source : Le Nouvel Obs, 24-02-2016

Bref, incroyable article qui fait donc les fonds de poubelle…


Primaire républicaine : une “convention négociée” pour faire barrage à Trump ?

Enfin là, c’est simple, le journaliste explique tranquillement que, bonne nouvelle, un parti essaie de magouiller pour éjecter le candidat préféré des électeurs…

Source : Le Nouvel Obs, Philippe Boulet-Gercourt, 25-02-2016

Donald Trump est favori, certes, mais vainqueur? Les Républicains pourraient arriver à la convention de juillet sans avoir choisi leur candidat. Ouvrant la voie à une “convention négociée”.

Donald Trump, le 19 février, en campagne à North Charleston (Caroline du Sud) (Matt Rourke/AP/SIPA)

Donald Trump, le 19 février, en campagne à North Charleston (Caroline du Sud) (Matt Rourke/AP/SIPA)

Le candidat des Républicains ne sera pas choisi mardi 1er mars, ce “Super Tuesday” qui verra 13 Etats élire leurs délégués à la convention du parti en juillet. Ces 13 Etats enverront 595 délégués à Cleveland, élus à la proportionnelle, alors qu’il en faudra 1.237 (la moitié du total plus un) pour être le candidat du parti en novembre.

Ce candidat n’émergera peut-être même pas le 15 mars, quand 6 autres Etats éliront 367 délégués. Ni même plus tard. Dans cette primaire folle, un scénario émerge, qui devient chaque jour de plus en plus vraisemblable: une convention négociée.

“chaque jour” ? Mais Trump est en tête presque partout…

102 tours de scrutin

De quoi s’agit-il? Très simple… sur le papier. Le 18 juillet, les 2.472 délégués républicains se retrouveront pour choisir le candidat républicain. Lors du premier tour de vote, ils seront obligés de se prononcer pour le candidat auquel leur nom est attaché. Par exemple, Donald Trump a gagné 14 délégués dans le Nevada, Marco Rubio 7, Ted Cruz 6, etc.

Mais si aucun candidat n’obtient une majorité absolue au premier tour, les délégués deviennent libres de voter pour qui ils veulent, y compris un candidat n’ayant pas concouru lors des primaires. On parle alors d’une “convention négociée” (en anglais, “brokered convention”), en référence à l’époque où quelques hommes puissants tenaient les rênes du parti et négociaient discrètement le choix du candidat dans des salles enfumées.

L’histoire américaine regorge de conventions de ce genre, avec parfois des douzaines de votes sur plusieurs jours. Le record a été atteint en 1924, quand le Démocrate John Davis a été choisi après… 102 tours de scrutin! Mais il est vrai que la dernière convention négociée remonte à plus de 60 ans, en 1952 chez les démocrates. Du coup, les sceptiques haussent les épaules quand, tous les quatre ans, les journalistes politiques se mettent à saliver à l’idée d’un tel suspense. Sauf que cette fois c’est différent. “Je ne sais pas combien de temps cela va durer. Qui le sait”, disait récemment Marco Rubio. “Le comptage des délégués a plus d’importance que jamais.”

Quatre facteurs militent en faveur d’une “brokered convention”.

1 Il y a plus de candidats

Première raison : le nombre de candidats toujours en lice. C’est une nouveauté. Maintenant que les vannes à dollars sont grandes ouvertes, à la suite d’une décision de la Cour suprême en 2010, les candidats ont les moyens financiers de continuer leur campagne jusque tard dans les primaires. La preuve par l’absurde est Ben Carson, qui n’a plus aucune chance mais continue de faire acte de candidature.

2 De nouvelles règles

Deuxième raison: pour 2016, le parti républicain a changé les règles d’attribution des délégués. Pour faire durer le suspense – s’ils avaient su! –, le parti a décidé d’attendre les primaires du 15 mars, soit deux semaines après Super Tuesday, pour attribuer tous les délégués d’un Etat au vainqueur (jusqu’à cette date, ils sont attribués à la proportionnelle).

Résultat: Trump a beau avoir remporté trois Etats, il n’a engrangé pour l’instant que 77 délégués, soit 6% du total nécessaire. Comme le remarque David Wasserman, du site “538”, “après le 1er mars, 52% des délégués républicains seront attribués sur la base du “winner-take-all” [tous les délégués vont au vainqueur], laissant ouverte la possibilité que l’avance de Trump soit rapidement effacée”.

3 Plus de débats

Troisième nouveauté: toujours dans un souci de pimenter la primaire – les malheureux! –, le parti a multiplié les débats cette année, donnant aux outsiders l’espoir d’améliorer leur fortune en cartonnant avec une réplique assassine.

4 Le parti ne veut pas de Trump

Quatrième facteur, enfin, peut-être le plus important: l’hostilité intense, palpable de presque tout l’appareil du parti à l’égard de Donald Trump, qui n’est pas prête de disparaître tant le programme de Trump (pour ne rien dire de ses manières de punk) est éloigné de l’évangile conservateur. Paul Ryan, l’homme fort du parti et du Congrès, est incompatible avec “le Donald”, et certains le verraient déjà bien en candidat de compromis, choisi en juillet par une convention négociée.

Paul Ryan, le 19 février 2016 (Greg Moore/AP/SIPA)

Paul Ryan, le 19 février 2016 (Greg Moore/AP/SIPA)

Par ailleurs, la perspective d’un parti fracturé jusqu’à la convention peut pousser un John Kasich à rester en lice dans le seul espoir de jouer les faiseurs de rois.

Combat de catch à 4

Il y a bien sûr mille raisons de croire que le parti échappera à une convention négociée, et les Républicains ont intérêt à croire que ce sera le cas: en l’absence de leaders incontestés, une telle convention se transformerait rapidement en combat de catch à 4 où les protagonistes cogneraient pour de vrai. On n’ose imaginer, par exemple, la réaction de Trump si les délégués lui piquaient sa victoire en désignant un Paul Ryan!

Avant d’en arriver là, bien des scénarios sont possibles: Trump peut continuer à écraser ses petits camarades, primaire après primaire, et finir par convaincre le parti qu’il est l’homme du moment. Ou bien ses concurrents peuvent trébucher sur l’obscure “règle n°40” de la convention, qui stipule que pour être nominé, un candidat doit avoir fini premier, pendant les primaires, dans au moins huit Etats.

Tout est possible, rien n’est certain. Pas même une victoire de Trump.

Philippe Boulet-Gercourt

Source : Le Nouvel Obs, Philippe Boulet-Gercourt, 25-02-2016

Source: http://www.les-crises.fr/trump-baching-la-primaire-du-nevada-entachee-de-fraudes/


La vision de Kissinger sur les relations américano-russes

Friday 26 February 2016 at 00:55

Source : The National Interest, le 04/02/2016

Henry_Kissinger_-_World_Economic_Forum_Annual_Meeting_Davos_2008_numb2

La Russie devrait être perçue comme un élément essentiel de tout nouvel équilibre global.

Henry A. Kissinger

Le 4 février 2016

Entre 2007 et 2009, Evgueni Primakov et moi-même avons présidé un groupe composé de ministres d’État à la retraite, de hauts fonctionnaires et de chefs militaires de Russie et des États-Unis, incluant certains d’entre vous présents aujourd’hui. Son objectif était d’atténuer les aspects antagonistes des relations États-Unis-Russie et d’étudier les opportunités d’approches coopératives.

En Amérique, il était décrit comme un “Track II group”, ce qui signifie qu’il était bipartite et encouragé par la Maison-Blanche à explorer mais non à négocier en son nom. Nous avions alterné des réunions dans chacun des pays. Le président Poutine a reçu le groupe à Moscou en 2007, et le président Medvedev en 2009. En 2008, le président George W. Bush a rassemblé une grande partie de son équipe pour la sécurité nationale dans la salle du Cabinet pour un dialogue avec nos invités.

Tous les participants avaient occupé des postes à responsabilité durant la Guerre Froide. Pendant les périodes de tension, ils avaient fait valoir l’intérêt national de leur pays comme ils le comprenaient. Mais ils avaient aussi appris par l’expérience des périls d’une technologie menaçant la vie civilisée et évoluant dans une direction qui, en période de crise, pourrait perturber toute activité humaine organisée. Des soulèvements surgissaient tout autour du globe, amplifiés en partie par différentes identités culturelles et la confrontation d’idéologies. Le but de l’initiative Track II était de surmonter les crises et d’explorer des principes communs à l’ordre mondial.

Evgueni Primakov était un partenaire indispensable dans cette initiative. Son esprit analytique aiguisé combiné à une large compréhension des tendances mondiales acquise au cours des années qu’il a passées à proximité et finalement au centre du pouvoir, et sa grande dévotion à son pays ont amélioré notre réflexion et aidé à la quête d’une vision commune. Nous n’étions pas toujours d’accord, mais nous nous respections toujours. Nous le regrettons tous et moi personnellement en tant que collègue et ami.

Je n’ai pas besoin de vous dire que nos relations aujourd’hui sont bien pires que ce qu’elles étaient il y a une décennie. En effet, elles sont certainement le pire de ce qu’elles ont été avant que ne se termine la guerre froide. La confiance mutuelle s’est dissipée de part et d’autre. La confrontation a remplacé la coopération. Je sais que ces derniers mois, Evgueni Primakov cherchait des moyens de surmonter cette inquiétante situation. Nous honorerions sa mémoire en faisant nôtre cette démarche.

A la fin de la guerre froide, les Russes et les Américains avaient une vision d’un partenariat stratégique modelé par leurs récentes expériences. Les Américains espéraient qu’une période de réduction des tensions conduirait à une coopération productive sur les enjeux planétaires. La fierté russe dans leur rôle de modernisation de leur société fut tempérée par leur malaise face à la transformation de leurs frontières et par la constatation des tâches monumentales à venir en termes de reconstruction et redéfinition. Des deux côtés, beaucoup comprenaient que les destins de la Russie et des États-Unis restaient étroitement entrelacés. Maintenir une stabilité stratégique et empêcher la prolifération des armes de destruction massive devenaient une nécessité grandissante, tout comme l’était la construction d’un système de sécurité pour l’Eurasie, spécialement le long des contours étirés de la Russie. De nouvelles perspectives s’ouvraient en matière de commerce et d’investissement ; la coopération en matière d’énergie était en haut de la liste.

Malheureusement, le rythme du bouleversement mondial a dépassé les capacités de la diplomatie. La décision d’Evgueni Primakov en tant que Premier ministre, durant un vol au-dessus de l’Atlantique en direction de Washington, d’ordonner à son avion de faire demi-tour et de retourner à Moscou pour protester contre le début des opérations de l’OTAN en Yougoslavie était symbolique. Les espoirs initiaux qu’une étroite coopération dans les premières phases de la campagne contre al-Qaïda et les Talibans en Afghanistan pourraient mener à un partenariat sur un éventail plus large de problèmes s’affaiblissaient dans le tourbillon des disputes sur la politique au Moyen-Orient, puis se sont effondrés avec les manœuvres militaires russes dans le Caucase en 2008 et en Ukraine en 2014. Les efforts les plus récents pour trouver un terrain d’entente sur le conflit en Syrie et pour réduire les tensions en Ukraine ont peu changé l’accroissement du sentiment d’éloignement.

Le récit prévalant dans chaque pays rejette la totalité du blâme sur l’autre, et dans chaque pays il y a une tendance à la diabolisation, si ce n’est de l’autre pays, du moins de ses dirigeants. Comme les problèmes de sécurité nationale dominent le dialogue, une partie de la méfiance et des suspicions provenant de la lutte acharnée durant la guerre froide a resurgi. Ces sentiments ont été exacerbés en Russie par la mémoire de la première décennie post-soviétique lorsque la Russie souffrait d’une vertigineuse crise politique et socio-économique, alors que les États-Unis bénéficiaient de leur plus longue période ininterrompue de développement économique. Tout cela causa des divergences politiques sur les Balkans, l’ancien territoire soviétique, le Moyen-Orient, l’expansion de l’OTAN, les ventes d’armes et de défense anti-missile au point de submerger les perspectives de coopération.

Peut-être plus important encore a été le fossé fondamental entre les conceptions historiques. Pour les États-Unis, la fin de la guerre froide représentait une justification de sa foi traditionnelle en une inévitable révolution démocratique. Ils visualisaient l’expansion d’un système international gouverné essentiellement par des règles juridiques. Mais l’expérience passée de la Russie est plus compliquée.

Pour un pays sur lequel avaient marché des armées étrangères depuis des siècles venant aussi bien de l’Est que de l’Ouest, la sécurité nécessitera toujours d’avoir une fondation géopolitique aussi bien que légale. Lorsque sa frontière de sécurité se déplace de 1 000 miles de l’Elbe vers Moscou, à l’est, la perception par la Russie de l’ordre mondial renfermera une inévitable composante stratégique. Le défi de notre époque est de fusionner deux points de vue – le juridique et le géopolitique – dans une conception cohérente.

De cette manière, paradoxalement, nous nous trouvons confrontés à nouveau à un problème essentiellement philosophique. Comment pour les États-Unis travailler avec la Russie, un pays qui ne partage pas l’ensemble de ses valeurs mais est une indispensable composante de l’ordre international ?

Comment pour la Russie mettre en pratique ses intérêts en matière de sécurité sans déclencher des alarmes dans sa périphérie et accumuler les adversaires. La Russie peut-elle gagner une place respectée dans les affaires mondiales avec lesquelles les États-Unis sont à l’aise ? Les États-Unis peuvent-ils poursuivre leurs valeurs sans être perçus comme menaçant de vouloir les imposer ? Je n’essaierai pas de proposer des réponses à toutes ces questions. Mon objectif est d’encourager une initiative pour les explorer.

Beaucoup de commentateurs, russes et américains, ont rejeté la possibilité que les É-U et la Russie collaborent à un nouvel ordre mondial. Selon eux, les États-Unis et la Russie sont entrés dans une nouvelle guerre froide.

Le danger aujourd’hui est moins le retour à une confrontation militaire que la consolidation dans les deux pays d’une prophétie en cours de réalisation. Les intérêts à long terme des deux pays appellent à un monde qui transforme les actuelles turbulences et fluctuations en un nouvel équilibre de plus en plus multipolaire et globalisé.

La nature de la tourmente est en soi sans précédent. Jusque récemment, les menaces internationales mondiales étaient identifiées grâce à l’accumulation de pouvoir par un État dominant. Aujourd’hui les menaces proviennent plus fréquemment de la désintégration de pouvoir étatique et du nombre grandissant de territoires non gouvernés. Cette propagation du vide de pouvoir ne peut être gérée par aucun État, peu importe sa puissance, sur une échelle exclusivement nationale. Cela requiert une coopération durable entre les États-Unis et la Russie, et d’autres grandes puissances. Par conséquent, les éléments de compétition, dans le cadre des conflits traditionnels du système interétatique, doivent être contenus afin que la compétition soit maintenue dans certaines limites et crée les conditions qui empêchent que cela ne se reproduise.

Il y a, comme nous le savons, de nombreux problèmes décisifs devant nous, l’Ukraine et la Syrie sont les plus immédiats. Durant ces dernières années, nos pays ont engagé des discussions épisodiques sur ces questions sans progrès notable. Ce n’est pas surprenant, car les discussions se sont déroulées en dehors du cadre d’un accord stratégique. Chacun de ces problèmes spécifiques est l’expression d’un autre problème stratégique plus large. L’Ukraine a besoin d’être incorporée à la structure de l’architecture internationale et européenne de sécurité de telle façon qu’elle serve de pont entre la Russie et l’Occident, plutôt que de poste avancé de chaque côté. Concernant la Syrie, il est clair que les factions locales et régionales ne peuvent trouver une solution par elles-mêmes. Des initiatives russo-américaines compatibles coordonnées avec d’autres grandes puissances pourraient créer un modèle de solutions pacifiques au Moyen-Orient et peut-être ailleurs.

Toute initiative pour améliorer les relations doit inclure un dialogue sur l’ordre mondial émergent. Quelles sont les tendances qui érodent l’ancien ordre et formatent le nouveau ? Quels défis les changements posent aux intérêts nationaux et russes et américains ? Quel rôle chaque pays veut-il jouer dans la mise en forme de cet ordre, et quelle position peut-il raisonnablement et finalement espérer occuper dans ce nouvel ordre ? Comment concilions-nous les conceptions très différentes de l’ordre mondial qui se sont développées en Russie et aux États-Unis – et chez d’autres grandes puissances – en fonction de l’expérience historique ? Le but devrait être de développer une conception stratégique des relations russo-américaines dans laquelle les points de discorde pourraient être gérés.

Dans les années 60 et 70, je percevais les relations internationales comme une relation essentiellement antagoniste entre les États-Unis et l’Union soviétique. Avec l’évolution de la technologie, une conception de stabilité stratégique que les deux pays pouvaient mettre en œuvre s’est développée, même lorsque leur rivalité continuait dans d’autres domaines. Le monde a considérablement changé depuis. En particulier, dans l’émergence de l’ordre multipolaire, la Russie devrait être perçue comme un élément essentiel de tout nouvel équilibre mondial, non en premier chef comme une menace pour les États-Unis.

J’ai passé la majeure partie des soixante-dix dernières années engagé d’une façon ou d’une autre dans les relations américano-russes. J’étais dans les centres de décision lorsque les niveaux d’alerte ont été relevés, et aux célébrations conjointes de succès diplomatiques. Nos pays et les peuples de par le monde ont besoin de perspectives qui soient plus dans la durée.

Je suis ici pour débattre de la possibilité d’un dialogue qui cherche à fusionner nos avenirs plutôt que de discourir sur nos désaccords. Cela requiert respect des deux côtés pour les valeurs vitales et de l’intérêt pour l’autre. Ces objectifs ne peuvent être atteints dans le temps qu’il reste à l’administration actuelle. Mais leur poursuite ne devrait pas pour autant être différée en raison de politiques intérieures américaines.

Cela résultera seulement d’une volonté commune de Washington et de Moscou, au sein de la Maison-Blanche et du Kremlin, de dépasser les griefs et le sentiment de persécution pour affronter les défis majeurs qui attendent nos deux pays dans les années à venir.
Henry A. Kissinger a servi en tant que conseiller en sécurité nationale et Secrétaire d’État sous les présidents Nixon et Ford. Ce discours a été prononcé à la Fondation Gorchakov de Moscou durant la conférence Primakov.

Image: Wikimedia Commons/World Economic Forum.

Source : The National Interest, le 04/02/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/la-vision-de-kissinger-sur-les-relations-americano-russes/


Poutine contre l’Europe, par George Soros

Thursday 25 February 2016 at 03:20

Bel exemple de propagande… Il est intéressant de voir ce que ces gens ont dans la tête.

Source : Project Syndicate, George Soros, 10-02-2016

MUNICH – Les dirigeants américains et européens font une grave erreur s’ils croient que Poutine est un allié potentiel dans la lutte contre l’Etat islamique (EI). Les faits le démentent. Poutine veut maintenant encourager la désintégration de l’UE et il considère que le meilleur moyen pour cela est d’inonder l’Europe sous un flot de réfugiés syriens.

Ils ont quand même extraordinaires. L’Occident a décidé de déstabiliser la Syrie pour virer Assad, mais c’est la faute de Poutine si les Syriens fuient maintenant…

Les avions russes ont bombardé la population civile du sud du pays pour contraindre les habitants à fuir vers la Jordanie et le Liban. Quelques 20 000 réfugiés syriens campent aujourd’hui dans le désert dans l’attente d’être admis en Jordanie. Un plus petit nombre attend d’entrer au Liban, mais les deux groupes grossissent de jour en jour.

La Russie a également lancé une attaque aérienne de grande envergure contre les civils au nord de la Syrie, ce qui a entraîné la fuite de 70 000 civils vers la Turquie. Cet épisode a été suivi d’une attaque au sol des forces de Bachar Al-Assad, le président syrien, contre Alep (une ville qui comptait 2 millions d’habitants), ce qui pourrait aussi conduire à des départs massifs.

Les réfugiés syriens ne s’arrêteront peut-être pas en Turquie. La chancelière Angela Merkel s’est rendue à Ankara le 9 février pour prendre des décisions d’urgence avec le gouvernement turc afin d’inciter ceux déjà sur place à prolonger leur présence en Turquie. Elle a proposé le transfert de 200 000 à 300 000 réfugiés par voie aérienne en Europe à condition que la Turquie les empêche de rejoindre la Grèce et les réadmette s’ils y réussissaient.

Le président russe est un habile tacticien, mais pas un très bon stratège. Son intervention est une erreur, car elle l’a entraîné dans un conflit avec le président turc Erdogan, contraire à la fois aux intérêts de leurs deux pays.

 Il n’y a aucune raison de croire que Poutine est intervenu en Syrie pour aggraver la crise des réfugiés en Europe. Mais quand il y a vu l’occasion de précipiter la désintégration de l’UE, il n’a pas hésité. Il a camouflé son objectif en parlant de coopération dans la lutte contre un ennemi commune, l’EI. Il a fait la même chose avec l’Ukraine : il a signé l’accord de Minsk, pour ensuite ne pas l’appliquer.

Il est difficile de comprendre pourquoi les dirigeants américains et européens font confiance à Poutine plutôt que de le juger sur ses actes. La seule explication est qu’ils cherchent à rassurer leur opinion publique en affichant un excès d’optimisme. Le fait est que la Russie de Poutine et l’UE sont engagé dans une course contre la montre : la question est de savoir qui va s’effondrer en premier.

Moi je sais, moi je sais, moi, je sais…  :)

Une grande partie de la dette étrangère russe arrivant à maturité en 2017, Poutine sera confronté au risque de faillite, mais on ne peut exclure des troubles politiques avant cette échéance.

La dette de 20 % du PIB ?

La popularité du président russe est encore élevée, mais elle repose sur un contrat social qui suppose que le gouvernement veille à la stabilité financière et assure une augmentation lente mais régulière du niveau de vie. Or le régime est appelé à échouer sur ces deux fronts en raison de la concomitance des sanctions occidentales et de la chute du prix du pétrole.

Le déficit budgétaire de la Russie s’élève à 7% de son PIB et le gouvernement doit le ramener à 3% afin d’éviter une inflation hors contrôle. La sécurité sociale russe est à cours d’argent et pour la sauver, son budget doit être fusionné avec celui consacré aux infrastructures publiques. Tout cela va porter atteinte au niveau de vie et déteindre sur l’opinion des électeurs avant les élections législatives qui auront lieu en automne.

Pour Poutine, le moyen le plus efficace d’éviter l’effondrement est de provoquer auparavant celui de l’UE.

Y-a-t-il un psychiatre parmi vous, amis lecteurs ?

Etant donné les difficultés dans laquelle cette dernière est engluée, elle ne pourra maintenir les sanctions imposées à la Russie après son incursion Ukraine. Sur le plan économique, Poutine sera gagnant s’il parvient à diviser l’Europe en exploitant les intérêts commerciaux et les liens qu’il a soigneusement entretenus avec les partis anti-européens.

Aujourd’hui l’UE est sur la voie de la désintégration. Depuis la crise financière de 2008 et les plans de secours ultérieurs en faveur de la Grèce, elle a appris à se débrouiller tant bien que mal pour passer d’une crise à l’autre sans trop de dommages. Mais elle est confrontée aujourd’hui à 5, voire 6 crises simultanément, ce qui est sans doute trop. Ainsi que Merkel l’a prévu, la crise des réfugiés peut faire éclater l’UE.

Quand un pays ou un ensemble de pays est confronté à un danger mortel, il est préférable pour ses dirigeants de faire face à la réalité, aussi dure soit-elle, plutôt que de l’ignorer. Une course à la survie oppose l’UE à la Russie de Poutine. L’EI constitue une menace tant pour l’une que pour l’autre, mais il ne faut pas la surestimer. Les actes des terroristes jihadistes, aussi terrifiants soient-ils, ne se comparent pas avec la menace russe.

L’EI (et Al Qaïda auparavant) ont identifié le talon d’Achille de la civilisation occidentale – la peur de la mort – et il a appris à l’exploiter. En réveillant l’islamophobie latente de l’Occident et en attisant la méfiance de l’opinion publique et des autorités à l’égard des musulmans, l’Etat islamique espère convaincre les jeunes musulmans qu’il n’y a aucune alternative au terrorisme. Une fois que l’on a compris cette stratégie, l’antidote est simple : ne pas se comporter comme l’ennemi le voudrait.

La menace émanant de la Russie de Poutine sera plus difficile à contrer. Et elle le sera d’autant plus si l’on n’en a pas conscience.

Et encore plus si elle n’existe pas, hein…

(non mais la Russie plus grave menace que Daech, il faut le faire…)

Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz

Source : Project Syndicate, George Soros, 10-02-2016

Source: http://www.les-crises.fr/poutine-contre-leurope-par-george-soros/


Pourquoi il ne faut pas négocier avec la Russie de Poutine par Nicolas Tenzer (Sciences Po)

Thursday 25 February 2016 at 02:00

Bel exemple de propragande (bis)

Source : Sud Ouest, Nicolas Tenzer, 17/02/2016

2276312_976_poutine-1600_1000x500
Vladimir Poutine aux Nations Unies à New York en septembre 2015 © AFP TIMOTHY A. CLARY

Géorgie, Ukraine, Syrie : négocier avec la Russie de Vladimir Poutine est stérile et risque de mettre en danger nos propres idéaux. Les explications de Nicolas Tenzer, professeur à Sciences Po

L’idée que la négociation est toujours possible fait partie des croyances diplomatiques communes. Certes, en principe, la négociation est toujours préférable à la guerre. Cette idée connaît toutefois de nombreuses exceptions, et la Russie de Vladimir Poutine en est une, particulièrement dramatique.

Depuis la crise géorgienne en 2008, l’agression russe contre l’Ukraine, qui a débuté en 2014, et le soutien sans faille au régime criminel de Bachar al-Assad, suivi par l’intervention directe en Syrie, les pays occidentaux n’ont cessé de prétendre négocier avec la Russie. Or, ces négociations n’ont abouti à rien, ou presque, et n’ont fait que conforter la puissance russe dans sa politique d’agression.

Cette erreur provient à la fois d’un oubli des principes de la négociation et d’une méconnaissance – ou d’une mise entre parenthèses volontaire – de la nature du régime russe qui explique sa stratégie. Elle met en cause la crédibilité des puissances censées défendre le droit international, la liberté et les droits fondamentaux.

Les illusions de la négociation

Les prétendues négociations avec la Russie se sont soldées par un marché de dupes. En 2008, après l’attaque contre la Géorgie, la négociation s’est soldée par l’annexion de fait de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie, sans contrepartie autre que la fin des hostilités : la Russie avait atteint ses buts de guerre. En 2015, les accords dits de Minsk 2 ont conduit, de facto, à geler la sphère d’influence russe à l’Est de l’Ukraine, limitant la souveraineté du gouvernement de Kiev. Certes, ils ont permis de diminuer l’intensité des combats et donc d’épargner des vies humaines dans un conflit qui avait déjà coûté plus de 9 000 vies.

Or, outre que le cessez-le-feu n’est pas entièrement respecté par les Russes, ces accords ne traitent pas de la Crimée, annexée illégalement par la Russie et où le nouveau gouvernement se livre à une politique d’épuration ethnique à l’encontre de la minorité tatare. De surcroît, Minsk 2 ne règle pas la situation de l’Ukraine et n’apporte aucune garantie de sécurité durable.

La situation en Syrie est plus tragique encore : outre que la Russie a, depuis 2011, toujours soutenu Assad, faisant obstacle, avec la Chine, à toute résolution du Conseil de sécurité des Nations unies qui aurait permis d’éviter le génocide, elle a à nouveau « sauvé » le gouvernement syrien en 2013, négociant une fin de l’utilisation de certaines armes chimiques contre une absence d’intervention occidentale. Les crimes d’Assad, depuis lors, se sont élevés à plus de 100 000 victimes.

À la suite de son intervention militaire en Syrie, la Russie a fait échouer les négociations de Genève en janvier 2016 et l’accord de cessez-le-feu obtenu à Munich le 12 février dernier confortera les avancées du régime soutenu par la Russie et l’Iran, ne mettra pas un terme aux bombardements indiscriminés sur les civils et les rebelles modérés et vise à prolonger un régime coupable de génocide.

Les règles de base de la bonne négociation

Ce rappel conduit à rappeler quelques règles. D’abord, on ne négocie pas avec celui qui dispose des moyens d’imposer sa paix faute de puissance en face résolue à intervenir. Ce n’est pas alors une négociation, mais une capitulation. Certes, le Munich de 2016 n’est pas celui de 1938, mais il met aux prises deux acteurs dont l’un est assuré de sa puissance, l’autre prêt à tout pour ne pas s’engager dans une guerre. Les États-Unis, à Genève comme à Munich, et depuis le début du conflit, ont voulu un accord à tout prix, ce qui est la première ligne de faiblesse.

En Géorgie déjà, nul n’était prêt à intervenir pour rétablir les frontières officielles. À Minsk, la France et l’Allemagne ont pris l’initiative de la négociation parce que ni les États-Unis, ni l’Europe n’étaient prêts à s’engager militairement pour protéger l’intégrité de l’Ukraine. Première règle donc : une négociation ne peut aboutir à un résultat équilibré lorsqu’une des parties ne montre pas de manière crédible qu’elle peut recourir à la force. La négociation est le résultat de rapports de forces et, au-delà de la puissance réelle, de la détermination à agir.

image-20160215-22593-awo6td
Vladimir Poutine et François Hollande, le 6 juin 2014, lors des commémorations du 70ème anniversaire du Débarquement. France Diplomatie/Flickr, CC BY-NC-SA

Ensuite, une négociation n’est valide que lorsque les deux parties ont intérêt à recourir à un compromis. Cela peut être le cas dans une guerre civile qui dure infiniment, si un médiateur a suffisamment de poids pour imposer un compromis. On peut l’imaginer pour un conflit entre deux États également de bonne foi – ce fut le cas, un bref moment, à Oslo, entre Israël et l’autorité palestinienne. Mais la Russie n’a jamais eu intérêt à un compromis.

Elle a toujours considéré ses avancées comme non négociables : l’« indépendance » des deux provinces géorgiennes, le « retour » de la Crimée à la Russie, le maintien d’Assad ou de ses fidèles au pouvoir. Les puissances occidentales ont utilisé le mantra diplomatique classique : « nous condamnons », « exprimons notre très vive préoccupation », « demandons instamment », « exigeons », et ont mis en place un appareil de sanctions – rien de suffisamment convaincant pour le Moscou.

Enfin, que signifie, du point de vue des exigences de la loi internationale, du droit de la guerre et des droits de l’Homme, une négociation qui entérinerait leur abandon ? C’est ce qui est arrivé en Géorgie, est en train de se passer en Ukraine et se démontre avec abjection en Syrie. Sur les territoires comme sur la protection des populations, il n’y a rien à négocier avec la Russie. Cela signifierait abandonner toute volonté de rétablir la loi et d’utiliser pour ce faire les instruments de la puissance. Si l’on continue ainsi, demain, d’autres pays seront menacés.

Moscou : un régime, une stratégie

Prétendre négocier avec Poutine serait se méprendre sur la nature de sa stratégie, pourtant de plus en plus explicite avec la publication, fin décembre, de sa stratégie de sécurité nationale. Celle-ci est liée à la nature de son régime et à son fonctionnement.

Premièrement, l’agression contre la liberté n’est pas que physique, mais aussi idéologique. Au nom de la spiritualité russe, Poutine pourfend les valeurs de liberté dans leur principe et il craint que les « révolutions de couleur » et toute avancée d’un pays, a fortiori voisin comme l’Ukraine, vers plus de démocratie n’ait un effet de contagion en Russie. Dans son pays, la répression contre les défenseurs de droit, de l’intimidation à l’assassinat, se renforce. Démanteler l’Europe, comme il en exprime le projet, finançant pour ce faire tous les partis ou groupes pouvant saper les valeurs européennes, est autant un projet idéologique que géopolitique.

En deuxième lieu, et il en use systématiquement dans sa communication internationale et lors de négociation, le régime vise à saper toute distinction entre le vrai et le faux, appliquant à la lettre la stratégie orwellienne déjà mise en œuvre en Union soviétique : il n’y a pas de soldats russes en Ukraine (démenti ensuite), la Russie ne bombarde pas les civils en Syrie, nous n’avons pas assassiné Litvinenko, etc. Elle refuse tout régime de la preuve, d’où son blocage de toute enquête internationale sur la destruction du vol MH17.

Enfin, ses outils de propagande visent à réécrire l’histoire afin de créer sinon un environnement plus favorable à la négociation, du moins à entretenir un doute. La Russie ne cible pas ainsi que les extrémistes, mais aussi les modérés. Voyons comment se diffuse le mythe de l’humiliation dont la Russie aurait été victime…

Est-il possible de négocier avec un partenaire qui utilise systématiquement le mensonge et la fausseté et dont toute l’entreprise consiste à dissimuler le réel ?

La légitimité du monde libre

Continuer prétendre négocier avec la Russie serait faire courir aux idéaux de liberté et à ceux qui la propagent un risque considérable. Si nous voulons aider les dissidents russes qui luttent contre l’oppression, nous n’avons pas le droit de renforcer le régime en lui cédant sur tout et en faisant mine de considérer que c’est un partenaire responsable. Pour la même raison, nous devons renforcer les sanctions, non pas les lever.

Ensuite, si nous entendons marquer un coup d’arrêt à l’expansion russe et à sa guerre idéologique, les négociations doivent s’arrêter et nous devons être résolus à nous engager dans une épreuve de force. Pour l’Europe et les États-Unis, c’est une question de crédibilité vis-à-vis de leurs alliés. C’est plus encore une question de légitimité pour le monde libre.

Enfin, arrêter les négociations c’est faire droit aux victimes et les respecter. En se prêtant à des simulacres de négociation, les États-Unis ont non seulement entériné le droit de massacrer des centaines de milliers de personnes, mais ils ont aussi barré tout espoir pour que cesse l’oppression. Les mascarades de Genève et de Munich sont indignes et insupportables pour les victimes des crimes de guerre du régime syrien et de la Russie.

Sans doute, à long terme, faut-il cultiver un espoir. L’intérêt bien compris tant de l’Europe que de la Russie n’est pas celui de la confrontation mais de la coopération. Avant 2000, cet espoir était réel. Mais pour qu’adviennent des dirigeants russes qui comprennent que la politique d’agression joue contre la Russie et font autant le malheur des peuples voisins que du leur, il faut une autre politique. Les négociations avec la Russie doivent s’arrêter aujourd’hui.The Conversation

Nicolas Tenzer, professeur associé International Public Affairs, Sciences Po

Source : Sud Ouest, Nicolas Tenzer, 17/02/2016

Nicolas Tenzer : Nicolas Tenzer est un haut fonctionnaire, écrivain et directeur de revue français. Il est actuellement directeur de la publication et de la rédaction de la revue Le Banquet et président fondateur du Centre d’étude et de réflexion pour l’action politique (CERAP)1. Il a présidé d’avril 2009 à janvier 2015 Initiative pour le développement de l’expertise française à l’international et en Europe (IDEFIE)2. Il en est aujourd’hui le président d’honneur. Il a été entre décembre 2010 et le 13 octobre 2015 membre du directoire de l’Institut Aspen France3, dont il a assuré successivement les fonctions de trésorier et de président.

Il est né en 1961, a fait ses études à l’École Normale Supérieure (1980-1982), à Sciences-Po (1980-1982) et à l’École Nationale d’Administration (1984-1986). Il est aussi titulaire d’une maîtrise d’histoire obtenue à l’Université de Nanterre4.

Il a été maître de conférences en philosophie politique à Sciences-Po (1986-2004) et y enseigne à nouveau depuis 2014, au sein de la Paris School of International Affairs5. Il est administrateur civil hors classe, ancien chef de service au Commissariat général du Plan (1994-2002), ancien membre du cabinet du ministre de l’Économie et des Finances (1987-1988), rapporteur à la Cour des comptes (1991-1993) et ancien responsable d’une mission interministérielle sur l’expertise internationale (2007-2008).

Il est chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’honneur et chevalier des Arts et Lettres.

Source : Wikipédia

Source: http://www.les-crises.fr/pourquoi-il-ne-faut-pas-negocier-avec-la-russie-de-poutine-par-nicolas-tenzer-sciences-po/


Comment Jeremy Corbyn a refondu le Parti Travailliste

Thursday 25 February 2016 at 01:30

Source : The Guardian, le 13/01/2016

Comme le démontre l’enquête du Guardian, les espoirs de refondation du Parti Travailliste par son leader Corbyn ont fait remonter les adhésions, le soutien est très important et le parti penche beaucoup plus nettement vers la gauche
3000
Jeremy Corbyn entouré de ses partisans lors de son arrivée à la conférence d’automne du Parti Travailliste à Brighton où il a prononcé son discours inaugural. Photograph: Ben Pruchnie/Getty Images

Les espoirs de Jeremy Corbyn de refonder le Parti Travailliste ont été confortés par un sondage détaillé auprès des adhérents de base du parti, interrogés par le Guardian. En effet, il montre que le leader reçoit un important soutien, qu’un basculement décisif vers la gauche est à l’œuvre et que les querelles entre les membres du parlement sont source de mécontentement.

Le Guardian a interviewé des secrétaires du Parti Travailliste, des présidents et d’autres détenteurs de postes à responsabilité dans plus de 100 des 632 circonscriptions d’Angleterre, d’Écosse et du Pays de Galles. À travers le pays, presque toutes les circonscriptions que nous avons contactées rapportent un doublement, voire un triplement ou un quadruplement des adhésions, et une résurrection des branches qui avaient été moribondes pendant des années et proches de la fermeture.

Les hausses spectaculaires enregistrées dans les villes et villages universitaires reflètent l’augmentation de l’intérêt parmi les jeunes, avec Bath qui remonte de 300 à 1 322 membres (911 membres encartés, 120 sympathisants affiliés et 291 sympathisants enregistrés) et Colchester, de 200-250 à presque 1000. Aucune de ces deux villes ne sont des bastions traditionnels du Parti Travailliste.

Les résultats de l’enquête sont corroborés par les chiffres nationaux du Parti Travailliste, transmis au Guardian en contradiction avec la tradition du parti, qui veut qu’il les garde secrets. L’adhésion a bondi de 201 293 en mai de l’année dernière, le jour précédant les élections, à 388 407 le 10 janvier.

Les chiffres d’adhésions au parti sont l’objet de controverses, avec l’ex-ministre de cabinet Peter Mandelson, un opposant à Corbyn, déclarant le mois dernier lors d’une réunion du Parti Travailliste à la Chambre des Lords que “30 000 anciens membres ont quitté le parti, de vrais membres, des dizaines de milliers”.

Mais les chiffres récemment publiés contredisent ses déclarations, démontrant un total de 13 860 départs depuis les élections générales, quelques-uns d’entre eux ayant démissionné alors que d’autres sont partis dans le cadre normal de la rotation des arrivées et des départs. L’augmentation des membres continue, avec un peu moins de 1 000 nouveaux arrivants depuis la veille de Noël.

3919
Jeremy Corbyn entouré de ses sympathisants arrivant pour connaître les résultats de l’élection du chef du Parti Travailliste à Londres. Photograph: Justin Tallis/AFP/Getty Images

L’enquête du Guardian, publiée après des mois de conflit interne au sein du parti des Parlementaires du Parti Travailliste (PLP) depuis la victoire de Corbyn, offre une opportunité pour que les voix des membres de base du parti se fassent entendre.

L’étude montre que :
-L’augmentation du nombre de membres est irrégulière à travers le pays. Contrairement aux fortes augmentations à Londres et ailleurs en Angleterre et au Pays de Galles, celles-ci ont été plus faibles en Écosse, ce qui est de mauvais augure pour les espoirs du parti lors des élections au parlement d’Écosse en mai.

-Les adhérents, malgré leur mécontentement face aux divisions publiques au sein du PLP, disent qu’ils ne rejettent pas les membres du Parlement. Mais certains reconnaissent que les propositions de modification des circonscriptions en 2018 pourraient conduire à un rejet de fait.

-Les adhérents qui avaient quitté le Parti Travailliste principalement pour protester contre la guerre en Irak en 2003 et qui reviennent ont un impact immédiat, en partie parce qu’ils sont familiers des règles de fonctionnement.

-Les nouveaux membres et ceux qui reviennent ont tendance à être majoritairement à l’aile gauche du parti. Il y a peu de cas de tentatives d’infiltration par des groupes d’extrême-gauche.

Les chiffres des membres du Parti Travailliste ont pendant longtemps été très variables. On a compté jusqu’à 407 000 membres quand Tony Blair est devenu Premier ministre en 1997, mais juste après la baisse a commencé au rythme de la désillusion grandissante au sein de l’aile gauche, puis ce fut la désertion massive lors de la guerre en Irak. En 2010, on comptait 185 000 membres.

L’analyse des derniers chiffres du Parti Travailliste montre deux sursauts l’an dernier, le premier répondant partiellement aux résultats des élections et à l’entrée de Corbyn dans la campagne pour l’investiture du parti, et le second se produisant quand il est devenu leader du parti.

Entre le 7 mai et le 11 septembre, 116 753 personnes ont rejoint le parti et 5 393 l’ont quitté dont 4 066 qui ont annulé le prélèvement de leur cotisation sans donner de motif et 1 327 qui ont démissionné. Entre le 12 septembre, date à laquelle Corbyn est devenu le chef et la veille de Noël, 87 158 personnes ont rejoint le parti et 8 567 l’ont quitté, dont 4 692 qui ont annulé le prélèvement de leur cotisation et 3 875 qui ont démissionné. (Le nombre des entrants et des sortants ne correspond pas exactement au nombre d’adhérents car le parti accorde un délai de six mois avant de supprimer l’adhésion.)

4500
“Corbyn-mania” : un selfie de Corbyn avec l’un de ses supporters lors de son arrivée à la conférence du Parti Travailliste à Brighton. Photograph: Luke Macgregor/Reuters

Le sondage du Guardian montre bien cela. Les responsables du parti dans les circonscriptions ont constaté trois sursauts l’an passé : le premier lors de la victoire des conservateurs en mai, la seconde lorsque Corbyn s’est engagé dans la course à l’investiture et une dernière quand il a gagné.

Dans les circonscriptions, on attribue cela principalement à un “effet Corbyn”. Garry Parvin, le secrétaire de la circonscription de High Peak déclare une augmentation de ses membres de 100 à 463 personnes, dont 259 qui sont arrivées après les élections de mai et 30 après septembre. “En majorité, oui, ils sont des soutiens de Corbyn,” a-t-il dit.

Lorsqu’on lui a demandé s’il était plus important de reconstruire le parti pour qu’il reflète les valeurs de gauche que de gagner en 2020 l’élection générale, Parvin a dit : “Franchement, oui. Il y a beaucoup de gens motivés par des raisons idéologiques qui pensent que nous perdrons de toute façon, alors nous pouvons aussi bien perdre sur le principe.”

Analysant ce point, Joanne Hepworth, secrétaire de la circonscription de Pontefract et Castleford dans le Yorkshire ouest, a déclaré : “Nous avons eu 360 nouveaux membres depuis l’élection. Nous en avons maintenant 610. Entre le 7 mai et le 12 août, nous avons eu 144 nouveaux membres. Le reste s’est inscrit depuis lors, surtout pendant la campagne pour la tête du parti.”

Ce point de vue n’est pas partagé par tous. Brynmor Hollywell, secrétaire du parti de la circonscription de Caerphilly, pays de Galles du sud, a déclaré : “Un grand nombre d’entre nous sont dérangés par Corbyn. C’est une personne formidable mais pas un premier ministre potentiel.”
Néanmoins dans l’ensemble le soutien de Corbyn par la base suggère qu’il gagnera éventuellement cette bataille avec le PLP, ou dans le cas d’une autre tentative de renversement.

Certaines circonscriptions se sont plaintes qu’aucun des nouveaux membres ne se soient présentés aux réunions, ou bien une seule fois, mais d’autres ont déclaré que les nouveaux membres étaient déjà engagés activement, et dans certaines circonscriptions on rapporte des dissensions entre les anciens membres habitués aux discussions encadrées et les nouveaux membres recherchant plus de piquant et de passion dans la politique.

3510
Corbyn salue après son discours inaugural le 12 septembre. Photograph: Stefan Wermuth/Reuters

Christina Watkins, secrétaire de circonscription pour Southampton et Romsey, indique : “Nous avons vu le retour d’un grand nombre d’anciens membres qui pensent que les réunions et les débats locaux devraient être menés de la même manière que dans les années 70 et 80. Plutôt que de se retrouver au pub ou d’aller boire un verre chez l’un ou l’autre, ils veulent se rassembler dans une salle municipale et s’appeler l’un l’autre ‘camarade’ et ‘Monsieur le Président'”.

“A un moment donné, il y aura conflit entre ces gens âgés et les plus jeunes : ceux qui voient cela comme un retour aux anciennes pratiques politiques et ceux qui le considèrent comme une nouvelle manière de faire de la politique.”

La création à la fin de l’année dernière du groupe Momentum (Mouvement), qui est ouvert aux membres du Parti Travailliste comme à ceux qui ne le sont pas, ne vise pas, selon les organisateurs, à disqualifier les membres du Parlement anti-Corbyn ou Blairistes mais à encadrer l’enthousiasme des jeunes.

Diana Paige, vice-présidente de la circonscription de Bath, explique : “Ils sont en majorité des supporters de Corbyn, certain d’entre eux d’enthousiastes supporters, qui ont adhéré spécifiquement pour lui. Ils étaient très bien préparés à travailler et ont amené leur expertise. Ils ont activement pris part aux tâches, sans se contenter de discuter. Beaucoup d’entre eux étaient partis durant les années Blair et la guerre d’Irak. Ce ne sont pas des personnes d’extrême-gauche. Ils ne ressemblent en rien aux radicaux des années 70 et 80.”

Le sondage montre peu d’intérêt au niveau des circonscriptions pour le non-renouvellement des candidatures des parlementaires siégeant déjà. Cependant les membres du parti reconnaissent que si le gouvernement met en place son plan de redécoupage des circonscriptions en 2018, réduisant le nombre de sièges à l’assemblée à 600, il y aura de fait des parlementaires qui ne pourront pas se représenter.

Questionné sur la possibilité de ne pas laisser certains parlementaires être candidat à leur propre succession, Damian Corfield, secrétaire du parti pour la circonscription de Dudley North constate : “Les gens en ont discuté, mais ce n’est pas une préoccupation majeure à la section locale.”

Des sections locales du parti ont rapporté la volonté des adhérents de pouvoir se prononcer sur des problématiques majeures, comme le vote par la Chambre des Communes le mois dernier concernant les bombardements en Syrie.

4260
Supporters fêtant l’élection de Corbyn peu après l’annonce de sa victoire aux primaires du Parti Travailliste. Photograph: Andy Hall for the Observer

Steve Wilson, le responsable de campagne d’Angela Smith, membre du Parlement pour les législatures de Penistone et de Stocksbridge dans le Sud Yorkshire – qui a voté en faveur des frappes aériennes – a déclaré : “Nous avons reçu quelques 14 emails/appels d’autres membres du Parlement critiquant fermement le vote d’Angela”.

David Plowman, le secrétaire de la circonscription du Sud Suffolk, a déclaré que le cas syrien était représentatif de l’impact des nouveaux membres. “Nous avons tenu un débat en ligne et 90% étaient contre les frappes aériennes, pour 10% de voix favorables. Avant l’arrivée des nouveaux membres, le ratio aurait été de 60% contre 40%. Il n’aurait pas été aussi tranché. Le peuple était fermement opposé aux frappes,” a dit Plowman.

Reportage et documentation par Jonathan Bucks, Charlie Brinkhurst-Cuff and Oliver Milne

Source : The Guardian, le 13/01/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/comment-jeremy-corbyn-a-refondu-le-parti-travailliste/


[Vidéo] Un oeil sur la planète – Syrie : le grand aveuglement

Wednesday 24 February 2016 at 03:45

Comme pour l’Ukraine avec le reportage de Paul Moreira, on retrouve l’accueil classique de tout reportage donnant un regard différent de celui du Pouvoir…

Source : Youtube, 18-02-2016

Source : Youtube, 18-02-2016

=========================================================

Syrie: quand “Un Oeil sur la planète” se fait le porte-voix de Damas

Source : L’Express, 21-02-2016

syrie-le-grand-aveuglement-france-2_5533171

Le reportage Syrie, le grand aveuglement, diffusé par France 2, le 18 février, se calquait presque mot pour mot sur le récit du conflit soutenu par le pouvoir de Damas. Sa diffusion sur le service public interroge notre tendance à faire des conflits internationaux les seuls miroirs de nos propres peurs et obsessions.

Bien sûr…

Et donc, il faudrait l’interdire..

L’émission Un oeil sur la planète diffusée ce jeudi 18 février sur France 2, vivement critiquée pour son parti-pris pro-régime syrien, est en réalité à l’image d’un certain débat public actuel, qui lit de nombreux conflits à l’étranger à travers un prisme tronqué, foncièrement islamophobe et occidentalo-centré.

La Syrie, depuis le début du soulèvement populaire en mars 2011, se trouve aux prises avec une double narration : D’une part, celle qui veut garder au centre les civils syriens et leurs aspirations à la paix, à la justice et à la liberté ; d’autre part, celle qui entend gommer ces derniers au profit d’une lecture “géopolitique” et régionale. Les uns veulent mettre en avant l’état des droits humains en Syrie et la volonté d’une grande partie des Syriens à s’affranchir du joug des Assad ; les autres tiennent surtout à rappeler qu’aucun conflit n’existe par lui-même, sans faire le jeu par ailleurs d’autres intérêts et d’autres enjeux géostratégiques. Pour tout commentateur avisé de la question syrienne, il y a donc à tenir ensemble cette double préoccupation : d’une part celle de la réalité des civils syriens, d’autre part celle des intérêts régionaux et internationaux qui interfèrent avec la révolte citoyenne syrienne et avec la répression à laquelle elle fait face.

Ce qui se passe en Syrie serait le fruit d’une “conspiration”

Le régime syrien a, depuis le début du conflit en 2011, su particulièrement bien surfer sur ce schisme narratif, et a tenu particulièrement à exploiter le second volet, dont il a très vite senti qu’il pouvait l’exonérer d’une large part de sa responsabilité dans les violences en cours. Ainsi, c’est en réalité notre propension à lire les conflits au Moyen-Orient comme étant le seul résultat des politiques occidentales d’une part et des mouvements islamistes d’autre part, que Bachar El Assad a particulièrement exploité. Un récit centré sur ces 2 éléments narratifs a donc pris place rapidement au sein de la propagande de Damas, et a pu trouver ici un large écho : ce qui se passe en Syrie serait le fruit d’une ” conspiration ” (dans une version plus “soft” d’une “opération de déstabilisation”) fomentée par l’Europe et les Etats-Unis en alliance ou en soutien aux filières de l’Islam radical dans la région.

Ce que ce récit gomme, efface, annihile est double. A la fois, il raye de la carte les citoyens syriens en tant que sujets politiques, soutenant la thèse qu’ils seraient réduits à n’être que les objets des “grandes puissances”, faisant peu de cas de leurs luttes et de leurs aspirations. Et dans le même temps, faisant mine de mettre le projecteur sur les “ingérences” et les “interventions étrangères” il dissimule le fait que les ingérences de loin les plus meurtrières sont celles qui sont venues soutenir le régime syrien dans son opération de répression. Ainsi, les interventions russe, iranienne, tout comme celle du Hezbollah sont à peine évoquées ou présentées comme “amies” et “inoffensives”, alors que ce sont elles qui ont fait le plus de victimes civiles. Tout se passe comme si les seules dérives des groupes opposés au régime en place, parmi lesquels se trouvent certains groupes islamistes ou djihadistes, suffisaient à soutenir la matrice de l’ensemble des événements syriens.

La répression en cours, l’une des plus violentes de notre époque, un détail

Ce jeudi soir, ce qui a été diffusé dans l’émission Un oeil sur la planète se calquait presque mot pour mot sur ce récit soutenu par le pouvoir de Damas. La répression du régime, les dizaines de milliers de Syriens morts sous la torture, les bombardements incessants des forces du pouvoir en place et de ses alliés russes, étaient absents du narratif du reportage. Tout comme la réalité des citoyens syriens aspirant à la liberté, leur combat, leurs espoirs, leur parole, tous ces éléments passant, pour France 2, pour des éléments de décor ou de second plan. Non seulement les faits présentés étaient partiels, mais pire encore, tout était présenté comme si la révolte syrienne était inexistante, comme si la répression en cours – l’une des plus violentes de notre époque – était un détail.

Si une telle émission, digne des chaines publiques syriennes ou russes, peut aujourd’hui être diffusée sans faire (trop) de scandale, nous avons à nous interroger sur ce qui dans le débat public permet un rapport aux faits aussi tronqué. Sur notre tendance presque obsessionnelle à faire des conflits internationaux les seuls miroirs de nos propres peurs et obsessions. Sur notre incapacité à entendre, comprendre et soutenir les mouvements sociaux extra-occidentaux, dès que nous n’en sommes pas nous-mêmes les initiateurs. Sur notre islamophobie galopante qui lit tout sous le prisme de notre peur de l’Islam des Musulmans. Sur notre occidentalo-centrisme borgne, incapable de lire des mouvements politiques qui nous sont étrangers, méconnaissant les réalités qui se trouvent en dehors de notre champ de vision – que souvent nos politiques ont pourtant contribué à aggraver. Sur notre propension à “croire” un régime et ses soutiens, tout en déniant aux citoyens syriens le plus simple droit d’expression et de contestation. Nous avons à nous interroger sur la manière dont une dictature répressive a pu faire de nous de tels “crédules”, tant sur le plan citoyen que politique, pendant qu’elle se rendait coupable de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

Tout conflit demande des nuances, de l’expertise, une vérification constante des faits, et également un curseur éthique, embrassant la question de la dignité et des droits humains. Ce que Un oeil sur la planète a diffusé ce jeudi était problématique à tous ces égards. Le devoir d’information du service public semble avoir été mis en péril par une entreprise de propagande et de déni. Sans préjuger de ce qui a conduit à une telle méprise, espérons que le tir soit prochainement corrigé. Et que la prise de conscience de l’ensemble des réalités syriennes ne soit pas trop tardive, tandis que ce drame politique et humanitaire n’en finit pas de se creuser…

Par Marie Peltier, historienne de formation, est chercheuse et chargée de projets interculturels à Bruxelles. Elle est l’auteur de plusieurs articles et études sur le rapport à la mémoire et l’importation des conflits internationaux dans le débat public, s’agissant notamment de la question du pacifisme et du conflit syrien.

Source : L’Express, 21-02-2016

damas

Source: http://www.les-crises.fr/video-un-oeil-sur-la-planete-syrie-le-grand-aveuglement/


Miscellanées du mercredi (Delamarche, Sapir, Béchade, Onfray)

Wednesday 24 February 2016 at 02:50

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche: “Avec Yellen, c’est comme être dans un A380 sans pilote” – 22/02

Olivier Delamarche VS Emmanuel Lechypre (1/2): Faut-il s’attendre à une récession aux États-Unis ? – 22/02

Olivier Delamarche VS Emmanuel Lechypre (2/2): Les banques centrales ont-elles encore la main sur l’économie mondiale ? – 22/02

II. Philippe Béchade

La minute de Philippe Béchade: “Le plein emploi aux USA est une fiction totale” – 17/02

Philippe Béchade VS Serge Négrier (1/2): La mutation de l’économie mondiale est-elle à l’origine de la volatilité des marchés ? – 17/02

Philippe Béchade VS Serge Négrier (2/2): Quelles stratégies les investisseurs doivent-ils adopter face à la volatilité des marchés ? – 17/02

III. Jacques Sapir

La minute de Jacques Sapir : “Sans la Grande-Bretagne, la France se retrouve à nu” – 23/02

Jacques Sapir VS Laurent Berrebi (1/2): La dépréciation du yuan est-elle favorable aux marchés financiers ? – 23/02

Jacques Sapir VS Laurent Berrebi (2/2): Quels facteurs pourraient impacter négativement sur la reprise en zone euro ? – 23/02

IV. Michel Onfray

V. Valls à France Inter

Un moment d’anthologie, idéal en cas de coup de blues…

(Merci à Marie :) )

Bonus :

bhl-2


Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

 

 

kak_hollande_valls_49-3_loi_travail

3270393972_1_2_GQqmzVOR

160218-code-travail-simplification-cambon

160222-RSA-benevolat-deligne

16-02-19Myriam El Khomri-hollande

16-02-23valls-macron-elkhomri

16-02-18-hollande-valls-lefoll

-43-7fec3

160221-reforme-orthographe-chomage-circonflexe-mutio

-45-be3ab

3270355368_1_2_B6fGzSwX

3270330824_1_2_2Z7i1X8Q

160218-sarkozy-promo-livre-deligne

043_Sarkozy

kak_print_lundi

arend_2016-02-17-0249

160218-brexit-cambon

021_Brexit

wr

3270385446_1_2_f5zFBWk3

3270506872_1_2_svnUDjYi

ob_2b9fdb_05

 

wr (1)

rio-zika

20160205225410

3270327146_1_2_oOmwhwQd

wr (2)

3270444362_1_2_ykdcXVmz

 

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-du-mercredi-delamarche-sapir-bechade-onfray/


Un Maïdan à Varsovie ? Par Konrad Stachnio

Tuesday 23 February 2016 at 03:15

Source : New Eastern Outlook, le 26/01/2016

Migrants wait to cross the Macedonian-Greek border near the town of Gevgelija on August 21, 2015. At least five migrants were slightly hurt August 21 when Macedonian police threw noise grenades to drive back refugees from the country's border with Greece, an AFP photographer at the scene said. More than 3,000 mostly Syrian refugees are stuck in no-man's land near the Greek village of Eidomeni after Macedonia August 20 declared a state of emergency and sent troops to help stem the flow of migrants attempting to cross the Balkan country to reach northern Europe. AFP PHOTO / ROBERT ATANASOVSKI

AFP PHOTO / ROBERT ATANASOVSKI

N’importe quel observateur des événements se déroulant actuellement en Pologne pourrait avoir l’impression que nous avons affaire à une violation sans précédent des droits de l’homme et à l’instauration d’un régime totalitaire par le gouvernement récemment désigné et mené par le parti Loi et Justice (PiS) ; celui-ci a décidé, malgré un populisme de résistance, d’instaurer quelque chose de l’ordre des politiques de Victor Orbán. L’idée que la Pologne s’enfonce dans le totalitarisme peut être vue dans la propagande distillée au public par les chaînes de télévision telles que CNN. Parallèlement à cela, une partie de la prétendue opposition, chassée du pouvoir lors de récentes élections démocratiques, appelle au lancement de protestations dans le style de Maïdan à Varsovie et essaie de contester le gouvernement élu démocratiquement. Il va sans dire que tout cela pourrait prêter à sourire ironiquement – à première vue, on dirait bien que les membres de l’establishment, évincés de la politique, des affaires et des médias, sortent de leurs voitures de luxe et descendent dans la rue pour appeler à un remake de Maïdan. Agir ainsi, bien évidemment sous la bannière de “la restauration de la démocratie”, peut être interprété comme une tentative de reprise de pouvoir de leur part. Ces appels à la création d’un Maïdan en Pologne et à l’intervention de l’Union européenne afin de “restaurer la démocratie” sont diffusés sur des ondes très porteuses en ce qui concerne l’Union européenne et l’Allemagne. Pour nous faire une meilleure idée de tous les sujets qui précèdent, je me suis entretenu avec Witold Gadowski, journaliste d’investigation primé et ancien directeur de TVP. [TVP Info est une chaîne de télévision d’information en continu polonaise, NdT]

Dans un de vos textes vous écrivez que ce gouvernement devrait se terminer en mai, qu’ils recherchaient le clone de Donald Tusk et avaient trouvé Ryszard Petru du parti Nowoczesna (Moderne) – un produit soigneusement sélectionné par quelques hommes de l’ombre. Que voulez-vous dire exactement ?

Si quelques mois avant les élections parlementaires, une force, ayant accès à des sommes énormes d’argent et à un énorme soutien médiatique, apparaît, alors deux explications s’offrent à nous : ou nous avons affaire à une sorte de génie qui aurait trouvé un moyen de générer instantanément une carrière politique en Pologne ou bien il y a soutien de la part de personnes en coulisses. Aujourd’hui en Pologne, nous devons faire face à une alliance entre les services spéciaux et les oligarques qui disposent de grandes ressources monétaires. Nous voyons l’arrivée soudaine d’un leader qui n’émerge pas de la communauté bancaire par pur hasard. Si nous acceptons les systèmes introduits lors des discussions historiques de la Table ronde, PiS est bien la force anti-système qui veut défendre les décisions prises autour de cette table ronde. Et maintenant, voilà une nouvelle force qui gagne en dynamisme, voilà un nouveau personnage qui jusque-là n’était pas impliqué au premier plan des batailles politiques. C’est pourquoi ce M. Ryszard du parti Moderne est, me semble-t-il, un personnage soigneusement sélectionné.

Néanmoins, ce prétendu mouvement pour la “protection de la démocratie” a d’une certaine façon unifié une partie du public. Comment cela peut-il arriver ?

Quand on analyse ce genre de phénomènes, il est important de se demander qui est le groupe qui impulse ces évènements. Par ailleurs, le nombre de personnes frustrées est toujours élevé, et elles sont prêtes à descendre dans la rue et disposées à défiler sous n’importe quelle bannière. Ces gens sont simplement mécontents. Une telle rébellion peut toutefois partir dans la bonne direction si le groupe capable d’insuffler l’élan nécessaire à cette dynamique est trouvé. La question ne dépend pas de tel ou tel leader mais d’un groupe qui devienne le dépositaire d’une influence de cette nature pour les 25 années à venir. Cet élément moteur opère sous grand stress, il suffirait d’effectuer des vérifications de ce qui est advenu ces huit dernières années et on mettrait en lumière de nombreuses pathologies et ces pathologies correspondent à de vraies personnes. Des gens qui ont beaucoup à craindre, d’où leur volonté à dépenser plein d’argent pour organiser des manifestations qui essaient de renverser le nouveau gouvernement. Aujourd’hui, on peut voir que ces tentatives pour changer l’humeur publique et faire descendre les gens dans la rue sont allées jusqu’à essayer de fomenter une espèce de chantage international contre les autorités polonaises. Ceci est exécuté, sans honte aucune, par les mêmes qui ont récemment perdu le pouvoir. Tout tourne autour du conflit entre les bénéficiaires du système actuel et ceux qui étaient déjà des citoyens de deuxième zone car sans connexions politiques importantes.

Ces gens-là ont une compréhension de la démocratie caricaturale – d’après eux, la démocratie c’est quand ils gouvernent et s’ils perdent des élections démocratiques, ils appellent l’aide étrangère pour qu’on vienne sauver leur carrière. Contre qui veulent-ils prendre des mesures ? Les Polonais qui ont choisi un gouvernement différent ? Dans ce cas, qui sont ces gens ? Si le gouvernement actuel a des ennemis parmi des gens tels que George Soros, je préfère être du côté de ceux qui se font attaquer. Ce gouvernement n’a été au pouvoir que pendant trente jours et n’a pas pu faire grand-chose. Il n’y a donc aucune raison d’élever une telle clameur en Europe et dans le monde. Ceux qui aujourd’hui s’écrient “démocratie sous menace” de quoi donc ont-ils vraiment peur ? Ils ont peur des conséquences des changements apportés par ce nouveau gouvernement.

Le gouvernement polonais a commencé à être dénigré dans les médias de façon dont seules, jusqu’à maintenant, la Russie et la Hongrie l’avaient été. L’ancien Premier ministre et chef des libéraux au Parlement européen, Guy Maurice Marie Louise Verhofstad, a dit que le gouvernement PiS est constitué de “nazis” et que Jaroslaw Kaczynski, au même titre que Poutine et Orbán, est en train de “détruire l’unité européenne et l’État de droit”. Il a aussi déclaré que “vu la détermination de Vladimir Poutine dans ses efforts à détruire l’unité européenne et l’État de droit, l’actuel gouvernement de Pologne fait le boulot à sa place”. George Soros, quant à lui, croit que le danger en Europe de l’Est prend la forme d’une vague de xénophobie. Dans un entretien avec le journal WirtschaftsWoche, il a mentionné que Jaroslaw Kaczynski, dont le parti a récemment gagné les élections en Pologne, avait qualifié les réfugiés de “mal incarné”. Est-ce que ces pressions internes et externes peuvent mener à une répétition de Maïdan et mener à un scénario de Kiev à Varsovie ?

Il est pénible d’écouter les leçons venant d’un représentant d’un pays qui a légalisé l’euthanasie pour les enfants, le représentant d’un pays incapable de se sortir seul des antagonismes qui vont grandissant entre Flamands et Wallons. Bizarrement, personne n’appelle à une intervention en Belgique où le Front flamand fait entendre plus fort que jamais des déclarations quasi fascistes. Je ne serais pas étonné non plus que Marc Dutroux nous donne bientôt des leçons sur la qualité de la démocratie en Pologne. Permettez-moi de vous rappeler que Marc Dutroux est la figure centrale d’un des plus grands scandales pédophiles au monde qui s’étend encore aujourd’hui à la classe politique belge dans son ensemble. Comme nous l’avons vu dans le cas du Maïdan ukrainien, l’implication de gros capitaux a sa part dans le déclenchement de certaines crises sociales. Si des montants énormes d’argent commencent à affluer de l’étranger sur la Pologne, cela peut effectivement conduire à des troubles sociaux.
C’est une question de maturité et de responsabilité de sa part si la société polonaise le permet ou pas.

A l’échelle européenne nous sommes un grand pays et nous pouvons utiliser les attributs que cette échelle nous confère dans nos façons de fonctionner. Nous devons toutefois le faire habilement. En premier lieu, nous ne pouvons entrer en conflit direct avec l’Union européenne parce que nous sommes encore trop faibles pour trouver une alternative à la façon de construire notre politique. Cependant il y a suffisamment de laisser-aller au sein de l’Union européenne pour régler quelques histoires. Tout d’abord, le gouvernement polonais devrait héberger des réfugiés pour la simple et bonne raison qu’on ne peut pas servir de bouc émissaire à l’Union européenne tout entière. Néanmoins cette proposition devrait être suivie de demandes spécifiques : les autorités polonaises décideraient de qui est accepté et qui ne l’est pas et la solution évidente est de ne prendre que des chrétiens. Nous acceptons des gens proches de nous de par la culture afin de ne pas créer de problèmes sociaux pouvant survenir de l’adoption d’un large groupe de réfugiés musulmans. Nous accepterons des réfugiés, mais selon nos conditions. Nous sommes chrétiens dans un pays catholique et nous entendons aider notre prochain parce ce que c’est ce qui nous est demandé, mais nous entendons venir en aide à ceux qui ne nous amènent pas de problèmes, et cela inclut ceux qui refusent de s’assimiler à notre société.

Je pense que ceux qui veulent voir des manifestations dans le style de Maïdan en Pologne sont confrontés au même dilemme que ceux ailleurs dans le monde qui passèrent d’une existence sous des régimes totalitaires à des conditions de vie démocratiques. Par exemple, en Espagne, les gens du général Franco ont dû apprendre à vivre dans un pays démocratique et, d’une façon ou d’une autre, ces processus d’adaptation s’y sont déroulés sans aucune violence. Puisse la métamorphose de l’Espagne être un exemple pour nous. Ces gens en question sont habitués à utiliser le totalitarisme à leur avantage et, de fait, ces vingt-cinq dernières années, la Pologne se trouvait sous un genre de totalitarisme doux parce que le politiquement correct était de règle et ceux qui s’y refusaient devenaient des citoyens de seconde zone, exilés aux confins de la société. Ainsi ces gens habitués aux tendances totalitaires ne peuvent que débiter des platitudes sur la démocratie et sur le besoin pressant pour Varsovie d’avoir son propre Maïdan.

Konrad Stachnio est un journaliste indépendant basé en Pologne ; il a été l’animateur de nombreux programmes de radio et télévision pour la version polonaise de “Prison Planet” [site web alternatif d’Alex Jones – http://tv.infowars.com, NdT] une exclusivité du magazine en ligne “New Eastern Outlook“.

Source : New Eastern Outlook, le 26/01/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/un-maidan-a-varsovie-par-konrad-stachnio/