les-crises.fr

Ce site n'est pas le site officiel.
C'est un blog automatisé qui réplique les articles automatiquement

Recommandez un (ou plusieurs) commentaires

Saturday 8 November 2014 at 18:55

Pour information, nous avons mis en place une petite option “vote positif” (“laïke” pour les Franglais) pour les commentaires – il faut cliquer sur le petit logo à chaque fois. Il n’y a pas de bouton “vote négatif” – mais vous pouvez alerter la modération si besoin.

N’hésitez ainsi pas à signaler les commentaires qui vous semblent les plus pertinents – nous verrons dans un second temps comment valoriser les plus aimés…

En effet, quand il y a 100 ou 200 commentaires, c’est un service offert que de pouvoir lire facilement les 5 les plus recommandés (tout le monde n’a pas 1 heure pour tout lire…)

On verra à l’usage si les avantages l’emportent sur les inconvénients, sinon, on les enlèvera…

P.S. votez une fois, ça fait “+1″ ; recliquez, et ça l’enlève (si vous avez cliqué par erreur ou changé d’avis)

Source: http://www.les-crises.fr/votez-pour-un-commentaire/


[Vidéo] La dérégulation financière est notre veau d’or, par Gael Giraud

Saturday 8 November 2014 at 15:23

Interview réalisée par Emmanuel Lévy pour Marianne

Nos banques ont-elles tiré toutes les leçons de la crise de 2008 ? D’ailleurs une banque juste, ça existe vraiment ? Pourquoi nos hauts fonctionnaires vont-ils “pantoufler” dans la finance ? Et réformer l’euro, est-ce seulement possible ? Gaël Giraud, jésuite et économiste, répond à toutes ces questions et livre ses pistes pour en finir avec la finance folle. Un entretien vidéo d’utilité publique.

Source : Marianne

Source: http://www.les-crises.fr/video-la-deregulation-financiere-est-notre-veau-dor-par-gael-giraud/


[Reprise] L’action « inacceptable » de Vladimir Poutine en Ukraine était prévisible et provoquée

Saturday 8 November 2014 at 02:00

Un billet du mois de septembre que j’avais sous le coude.

Intéressant, car c’est un grand journaliste anglais qui s’exprime dans un grand quotidien de gauche – essayez de trouver ça en France…

Les dirigeants de l’OTAN ne savent pas quoi faire avec M. Poutine et la guerre civile en Ukraine, et n’ont cessé de commettre des erreurs de lecture de cette crise depuis son début.

Comment pouvait-on imaginer que M. Poutine ou tous ces russophones de l’est de l’Ukraine et de la Crimée allaient voir d’un bon œil le fait que le pays qui a été le berceau de l’identité russe puisse devenir une partie du bloc de la puissance occidentale ?

Par Christopher Booker, 6 septembre 2014

C’est toujours révélateur lorsque des politiciens nous disent que quelque chose est « inacceptable ». Ce qu’ils veulent dire, c’est que même si l’on peut s’attendre à ce qu’ils fassent quelque chose, ils n’ont pas la moindre idée de ce qu’ils peuvent faire. C’est la raison pour laquelle, alors que les dirigeants occidentaux se réunissaient pour ce sommet de l’OTAN au Pays de Galles, plusieurs d’entre eux, dont David Cameron, nous ont dit que l’intervention du président Poutine en Ukraine était « inacceptable ».

Le vrai problème ici n’est pas simplement que nos dirigeants ne savent pas ce qu’ils peuvent faire au sujet de M. Poutine et de la terrible guerre civile en Ukraine, qui a déjà tué près de 3 000 personnes et que les Russes ont l’air d’être en train de remporter haut la main. C’est qu’eux-mêmes et beaucoup d’autres à l’Ouest n’ont pas su interpréter la crise depuis qu’elle a commencé au début de l’année.

On ne le répètera jamais assez : ce n’est pas le désir de M. Poutine de restaurer les frontières de l’URSS qui a déclenché la crise mais bien l’ambition ridiculement dévoyée qu’a eu l’Occident de voir l’Ukraine absorbée par l’Union Européenne et l’OTAN. M. Poutine et tous ces russophones de l’est de l’Ukraine et de la Crimée ne pouvaient pas apprécier de voir le pays qui a été le berceau de l’identité russe, devenir une partie du bloc de la puissance occidentale. La Russie serait encore plus mécontente de voir une alliance militaire créée au départ pour la contrer prendre le contrôle des seuls ports en eau chaude de sa marine.

Quand 96% des citoyens de Crimée ont voté démocratiquement en mars pour rejoindre la Russie, ce n’était pas parce que Poutine voulait « annexer » leur pays, comme les politiciens occidentaux nous le disent maintenant. C’était parce que les 82% d’entre eux qui parlent le russe comme langue principale voulaient rejoindre un pays dont la Crimée a fait partie pendant deux siècles.

Dans le même temps, le gouvernement ukrainien élu démocratiquement était renversé par des émeutiers dans les rues de Kiev, dont beaucoup étaient payés sur des fonds de Bruxelles pour crier « Europe ! Europe ! » devant la baronne Ashton, alors qu’elle les pressait de signer « l’accord d’association », qui était l’avant-dernière étape pour que l’Ukraine devienne un pays membre de l’Union Européenne.

C’est pourquoi l’UE, avec le soutien de l’Amérique, a été conduite par ses propres illusions vaniteuses dans le pétrin que nous voyons aujourd’hui. Les dirigeants de l’OTAN savent qu’ils ne peuvent pas faire grand chose d’utile. Pendant des mois ils ont parlé de ces « sanctions », tout en étant désagréablement conscients que l’UE dépendait de la Russie pour 30% du gaz dont elle a besoin pour continuer à faire fonctionner ses cuisinières et garder ses lumières allumées. Même lorsque le Président français Hollande exhortait David Cameron, il y a des mois, à fermer les portes de la City de Londres aux banquiers russes et aux oligarques – qui ont 27 milliards de livres sterling investis au Royaume-Uni – nous savions que la Grande-Bretagne avait 46 milliards de livres sterling investis en Russie.

Ainsi, nos dirigeants se sont assis autour de la table de cet épouvantable hôtel de béton du Pays de Galles, en jacassant à propos de toujours plus de sanctions. Ils ont envoyé leurs petits « groupes tactiques » tourner en rond en Pologne. Ils s’époumonent sur ce qui est « inacceptable » mais ils savent bien qu’ils n’oseront pas prendre le risque de faire s’écrouler la maison.

Au même moment, M. Poutine et les Russes du cœur industriel de l’Ukraine font exactement ce qui aurait pu être prédit, quand ils se battent pour établir un « Etat tampon » semi-autonome entre la Russie et l’Occident.

Nos dirigeants ont été pris en défaut, par une crise que toute personne intelligente aurait du voir venir, à partir du moment où ils se sont imprudemment et inutilement placés sur cette voie.

Source : The Telegraph, 6 septembre 2014

Source: http://www.les-crises.fr/l-action-inacceptable-de-vladimir-poutine/


[Reprise] Les combattants du bataillon d’Azov sont la meilleure arme de l’Ukraine mais aussi sa plus grande menace

Saturday 8 November 2014 at 02:00

Le désir de ses volontaires d’extrême droite d’« amener le combat à Kiev » est un danger pour la stabilité après le conflit

Shaun Walker à Marioupol

« Je n’ai rien contre les nationalistes russes ou la grande Russie », nous confie Dmitri pendant que nous fonçons au travers de la nuit obscure de Marioupol à bord d’un pickup, à l’arrière duquel se trouve une mitrailleuse. « Mais Poutine n’est même pas un Russe. Poutine est un Juif ».

Dmitri – nom d’emprunt selon son propre aveu – est originaire de l’est de l’Ukraine et membre du bataillon Azov, un groupe de volontaires très actif en première ligne dans la guerre que mène l’Ukraine contre les séparatistes pro-russes. L’Azov, l’une des nombreuses brigades de volontaires combattant aux côtés de l’armée ukrainienne dans l’est du pays, a acquis une réputation d’intrépidité au combat.

Mais l’inquiétude grandit au sujet de l’Azov et des autres bataillons de volontaires. Car même s’ils représentent les forces les plus puissantes et les plus fiables sur le champ de bataille contre les séparatistes, ils représentent aussi la menace la plus sérieuse contre le gouvernement ukrainien et peut-être même contre l’État lorsque le conflit se terminera à l’est. L’Azov est la source de préoccupations particulières en raison des penchants d’extrême droite, et même néo-nazis, de beaucoup de ses membres.

Dimitri prétend ne pas être nazi, mais ne tarit pas d’éloges sur Adolf Hitler en tant que chef militaire, et pense que l’holocauste ne s’est jamais produit. Tout le monde ne pense pas comme lui dans le bataillon Azov, mais après avoir discuté avec des douzaines de ces combattants, lors de nombreuses missions dans et autour de la ville portuaire stratégique de Marioupol au cours de la semaine passée, le Guardian a constaté que nombre d’entre eux ont des opinions politiques inquiétantes et que presque tous voulaient « porter la lutte à Kiev » une fois le conflit à l’est achevé.

Le symbole du bataillon évoque le « Wolfsangel » nazi, même si le bataillon prétend qu’il s’agit des lettres I et N entrecroisées pour symboliser l’« idée nationale ». Beaucoup de ses membres ont des liens avec des groupes néonazis, et même ceux qui sourient lorsqu’on les qualifie de néonazis sont peu convaincants dans leurs démentis.

« Bien sûr que non, tout cela est mensonger, c’est juste qu’il y a beaucoup de gens intéressés par la mythologie nordique », répond un combattant lorsqu’on lui demande s’il y a des nazis dans le bataillon. Lorsqu’on lui demande quelles sont ses idées politiques, il répond cependant « nationales socialistes ». Comme à propos de la swastika tatouée sur au moins un homme vu sur la base de Azov, « la swastika n’a rien à voir avec les nazis, c’est un ancien symbole du soleil », prétend-il.

Le bataillon a drainé des volontaires d’extrême droite étrangers, comme Mikael Skillt un suédois de 37 ans, formé comme tireur d’élite dans l’armée suédoise, qui se décrit comme un « nationaliste ethnique » et combat en première ligne du bataillon.

Malgré la présence de ces éléments, la propagande russe qui prétend que la « junte fasciste » de Kiev veut nettoyer l’est de l’Ukraine de tous les russophones est exagérée. Les Azov sont une minorité au sein des forces ukrainiennes, et même eux, aussi dérangeantes que soient leurs idées, ne sont pas anti-russes ; en fait la lingua franca utilisée par le bataillon est le russe, et c’est pour beaucoup leur première langue.

En fait, beaucoup de ce que disent les membres d’Azov sur les races et le nationalisme ressemble aux idées des plus radicaux parmi les nationalistes russes combattant du côté des séparatistes. Le bataillon a aussi un volontaire russe âgé de 30 ans et venant de Saint-Pétersbourg qui refuse de donner son nom. Il dit apprécier de nombreux commandants rebelles russes, surtout Igor Strelkov, un ancien agent du FSB qui a une passion pour les reconstitutions de batailles militaires et qui se voit lui-même comme un agent tsariste. Il veut « ressusciter la grande Russie », affirme le volontaire, mais Strelkov n’est qu’un « pion dans le jeu de Poutine », et il espère que la Russie aura dans quelque temps son propre « Maïdan nationaliste et violent ».

Une après-midi plus tôt dans la semaine, le Guardian progressait avec un groupe de combattants Azov apportant des caisses de munitions aux gardes-frontières ukrainiens. Pendant une attaque d’artillerie à l’extérieur de Marioupol les jours précédents, les gardes-frontières étaient venus en renfort des combattants Azov et les munitions étaient leur façon de les remercier. « Tout dans cette guerre est basé sur des relations personnelles, Kiev ne fait rien » explique le volontaire russe du bataillon Azov, alors que nous roulions à grande vitesse dans une Chevrolet banalisée en direction d’un barrage, le coffre plein de caisses de munitions et de lance-grenades, une des fenêtres détruites par un tir lors d’un combat récent.

« C’est comme cela que ça marche. Vous allez sur un point chaud, il vous trouvent courageux, vous échangez vos numéros de téléphone, et la prochaine fois vous pourrez demander de l’aide. Si vous avez besoin d’un tir d’artillerie, vous pouvez appeler un général et cela prendra trois heures, et entretemps vous serez mort. Ou vous pouvez appeler le capitaine ou le lieutenant qui commande le bataillon d’artillerie et ils vous aideront immédiatement. Nous sommes Azov et ils savent que si jamais ils avaient besoin de nous, nous serions là pour eux. » Concernant les commandants et les généraux à Kiev, que beaucoup dans l’Azov et dans d’autres bataillons de volontaires considèrent comme responsables des pertes terribles subies par l’armée ukrainienne au cours des dernières semaines, en particulier lors de la retraite malheureuse de Ilovaysk, il n’y avait que du mépris. « Les généraux comme ceux responsables d’Ilovaysk devraient être emprisonnés pour trahison », a déclaré Skillt. « Des têtes vont tomber, je pense qu’il y aura une lutte pour le pouvoir.»
Les forces armées ukrainiennes sont « une armée de lions menée par un mouton », dit Dimitri, et cette situation ne peut durer. Avec tant de jeunes gens revenant du front, armés, aguerris et en colère, il y a un risque pour que « couper des têtes » soit plus qu’une métaphore. D’après Dimitri, l’Ukraine a besoin qu’« un dictateur fort prenne le pouvoir, qui pourrait verser beaucoup de sang mais unira la nation ce faisant ».

Parmi les membres du bataillon Azov que le Guardian a interrogés, beaucoup partagent ce point de vue, très éloigné des idéaux européens et de démocratie qui guidaient les premières manifestations à Kiev. D’après le volontaire russe combattant avec le bataillon Azov, l’Ukraine a besoin « d’une junte qui restreindra les droits civiques pendant un moment, mais aidera à rétablir l’ordre et l’unité du pays ». Ce courant rigoriste est manifeste dans le bataillon. Boire y est strictement interdit. « Un jour où l’un des gars s’était saoulé, le commandant l’a frappé au visage et aux jambes jusqu’à ce qu’il ne puisse plus bouger; ensuite il a été viré », raconte fièrement l’un d’eux.

D’autres bataillons de volontaires ont été sous les feux de la rampe. Cette semaine, Amnesty International a demandé au gouvernement Ukrainien d’enquêter sur des violations des droits et de possibles exécutions commises par le Aïdar, un autre bataillon.

« L’échec de mettre fin aux abus et aux crimes de guerre suspectés des bataillons de volontaires risque de fortement aggraver les tensions dans l’est du pays et de décrédibiliser les intentions des nouvelles autorités ukrainiennes de faire respecter et de renforcer l’état de droit », affirme Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International à Kiev. Les combattants du bataillon ont déclaré au Guardian le mois dernier qu’ils s’attendaient à une « nouvelle révolution » en Ukraine qui amènerait au pouvoir un chef militaire plus résolu, en accord avec le sentiment de nombreux combattants Azov.

Malgré le désir de beaucoup parmi les Azov d’amener la violence à Kiev quand la guerre à l’est sera terminée, le bataillon reçoit des fonds et de l’assistance du gouverneur de la région de Donetsk, l’oligarque Serhiy Tarouta. Un des conseillers de Tarouta, Alex Kovjoun, a affirmé que les idées politiques de certains membres d’Azov ne posaient pas de problème, et niait que le symbole du bataillon ait des relents nazis.

« Leur point de vue ne regarde personne tant qu’ils respectent la loi », a déclaré Kovjoun en répondant par écrit à des questions. « Et le symbole n’est pas nazi, croyez moi, des membres de ma famille sont morts dans des camps de concentration, aussi ai-je le nez fin pour débusquer la merde nazie ».

Outre ses missions sur la ligne de front, le bataillon Azov fonctionne aussi comme « une sorte d’unité de police », a déclaré un commandant de section dont le nom de guerre est Kirt. Un passionné d’histoire médiévale qui participe à des reconstitutions de batailles Viking, ex-dirigeant d’une compagnie de voyage en Thaïlande, Kirt est revenu dans l’est de l’Ukraine pour rejoindre le bataillon Azov. Il a emmené le Guardian sur une ronde de nuit dans la banlieue de Marioupol et les villages autour de la ligne de front.

En partie chasseurs de séparatistes, en partie flics de rue sans règles pour les freiner, ils roulaient dans un convoi de trois véhicules, tous lourdement armés. À l’approche de minuit, nous avons parcouru les routes mal goudronnées de la banlieue de Marioupol, et nous sommes vite tombés sur une voiture garée sur le bas-côté que les hommes trouvaient suspecte.

Des combattants ont sauté des deux premières voitures et se sont précipités vers le véhicule, leurs pistolets pointés dessus. Un homme surpris est sorti du siège passager, puis une femme d’allure banale, vêtue d’une robe de cocktail, une cigarette à moitié consumée à la main, en a émergé en se recoiffant. Les combattants d’Azov se sont excusés, mais seulement après avoir exigé les papiers et fouillé la voiture minutieusement.

Comme nous nous approchions de la ligne de front, Kirt et les autres ont scruté l’horizon avec leurs jumelles, à la recherche de tireurs embusqués et de séparatistes. Plus tard, les combattants se ruèrent sur une jeep suspecte stationnée sur la plage, tout en scrutant la mer à la recherche d’un navire hostile; mais il s’avéra qu’encore une fois ils étaient tombés sur des personnes qui voulaient juste se distraire : un groupe de femmes qui buvaient du mousseux dans des tasses en plastique sur le front de mer.

Les Azov ont partiellement été intégrés à l’armée, et fonctionnent officiellement comme une unité de police spéciale. À l’issue du conflit, Azov et d’autres bataillons pourraient être intégrés soit à l’armée soit aux forces spéciales.

Certains d’entre eux, cependant, espèrent que l’Ukraine sera très différente dans un futur proche. Et bien qu’ils ne soient qu’une infime minorité dans l’ensemble de la population ukrainienne, ils sont fortement armés.
« C’est l’affaire de quelques mois avant que le président Petro Porochenko ne soit tué, et un dictateur arrivera alors au pouvoir », dit Dimitri.

« Que pourra faire la police? Ils n’ont rien pu faire contre les manifestants pacifiques du Maïdan ; ils ne pourront guère résister à des unités combattantes armées. »

Source : Shaun Walker, The Guardian, 10/09/2014. Traduction collective par les lecteurs du site www.les-crises.fr, librement reproductible en indiquant la source.


The Guardian, mercredi 10 septembre 2014

Un soldat du bataillon d’Azov posant près d’un véhicule blindé de transport de troupes à un point de contrôle de Marioupol le 4 septembre 2014. Photographe: Vassili Fedosenko/REUTERS

Source: http://www.les-crises.fr/les-combattants-du-bataillon-d-azov/


Revue de presse du 08/11/2014

Saturday 8 November 2014 at 00:01

Aujourd’hui, la Chine à l’intérieur, à l’import et à l’export, mais pas comme on pourrait le croire ; la crise économique sous différents angles ; des réflexions politiques sur la France ; et des robots parqués pour le moment dans la rubrique Reflexion. Merci à tous nos contributeurs.

Source: http://www.les-crises.fr/rdp-08-112014/


La Catalogne sur la pente de la désobéissance civile

Friday 7 November 2014 at 04:00

Petit point sur la crise catalane qui commence à devenir TRÈS inintéressante sur le plan des principes démocratiques en Europe…

La Catalogne sur la pente de la désobéissance civile, AFP, 5/11

Madrid (AFP) – Le leader nationaliste catalan Artur Mas a confirmé mercredi qu’il maintenait un vote sur l’indépendance de la région contesté par Madrid, une décision relevant de la désobéissance civile qui déclenche une crise politique sans précédent en Espagne depuis la mort de Franco.

“Nous sommes en train de défendre un droit naturel (…) Tous les peuples ont le droit de décider de leur avenir”, a déclaré le chef de l’exécutif catalan Artur Mas avant d’annoncer que le “processus de participation” serait maintenu.

Cette décision prise au nom de la “liberté d’expression”, intervient au lendemain d’un arrêt du tribunal constitutionnel suspendant justement ce vote, à la demande de Madrid.

Dans les faits, selon les spécialistes consultés par l’AFP, il s’agira alors de “désobéissance civile”. “Ouvrir les écoles (publiques) pour le vote et tout acte de fonctionnaires qui collaborera en ce sens” peut tomber sous le coup de la désobéissance civile, un délit pénal entrainant potentiellement une interdiction d’exercer. C’est très complexe et délicat”, explique Eduardo Virgala, enseignant en droit constitutionnel à l’université du Pays basque.

“Quel que soit le nom donné au vote: processus, fête publique ou sardane, il y a mise en place d’urnes et on pose une question sur un sujet qui n’est pas de la compétence” de la Catalogne, estime aussi l’universitaire Yolanda Gomez, également spécialiste en droit constitutionnel: “Il y a désobéissance à l’autorité de la part des personnes détenant des mandats publics”.

Artur Mas, leader du parti CiU (Convergencia i Unio, nationaliste conservateur) s’était engagé en décembre 2013 à organiser un référendum sur l’indépendance le 9 novembre.

La Catalogne, représentant environ 20% du PIB de l’Espagne et où vivent 7,5 des 47 millions d’Espagnols, jouit d’une large autonomie, lui permettant de gérer sa police ou encore son système éducatif et sanitaire. A partir de 2006 elle était même régie par un “Statut” (Estatut) lui reconnaissant, entre autres, le titre de Nation.

Mais en 2010 ce statut a été amendé par le tribunal constitutionnel. Le gouvernement dirigé par le Parti populaire (conservateur) à partir de 2012 a en outre commencé à rogner sur certains domaines dont Madrid ne se mêlait plus, comme l’enseignement de l’espagnol dans ses écoles.

Un contexte tendu, associé au mécontentement face à la crise et à la corruption galopante, a donné des ailes aux indépendantistes, qui, selon un sondage récent, seraient suivis par la moitié des Catalans.

D’où l’importance pour eux du référendum consultatif sur l’avenir de la région devenu “9-N”, comme un “Jour-J”.

Face à cet élan Madrid n’a rien cédé, se bornant à une application stricte de la Constitution ne permettant pas de telles consultations car l’ensemble des Espagnols doit pouvoir se prononcer.

Le gouvernement a donc saisi le tribunal constitutionnel qui a suspendu le référendum, le 29 septembre. M. Mas, poussé par ses alliés radicaux d’Esquerra Republicana de Catalunya (gauche indépendantiste), en tête dans les sondages et dont il a besoin pour rester au pouvoir, a alors décidé d’organiser un vote alternatif baptisé “processus participatif”.

Objet de moqueries de Madrid, il s’est avéré au fil des jours très semblable au premier. Il s’agit des mêmes questions: “Voulez-vous que la Catalogne devienne un Etat “? Et si oui, “Voulez-vous que cet Etat soit indépendant” ?”

Le vote, mis en place en grande partie par quelque 41.000 bénévoles, sans recensement initial ni commission électorale, est organisé avec l’aide et le financement de l’exécutif catalan et sera encadré par les Mossos d’Esquadra (la police catalane), autant d’éléments constitutifs d’une “désobéissance civile”.

Madrid a donc saisi une nouvelle fois la justice pour faire suspendre ce “processus”, entraînant un conflit sans précédent entre pouvoir central et région depuis la fin de la dictature de Franco (1939-1975).

Le président de la Catalogne, qui joue aussi son avenir, a pour sa part tout fait pour obtenir un maximum de participation, ouvrant le vote aux étrangers et aux jeunes de 16 ans mininum espérant ainsi que 5,4 des 7,5 millions de Catalans voteront.

Même s’il est juridiquement dans son droit, “le 10 novembre, le chef du gouvernement Mariano Rajoy aura encore un problème politique et de premier ordre”, analyse Eduardo Virgala, qui comme d’autres spécialistes considérait mercredi que seule “une solution politique” passant sans doute par une réforme de la Constitution de 1978, amendée deux fois, était envisageable.

Source : Nouvel Obs

Casse-tête juridique en Catalogne, Le Point, 5/11

Que se passera-t-il dimanche prochain en Catalogne ? Depuis 2013, les nationalistes au pouvoir régional ne parlent que de cela : le “9-N”, c’est-à-dire le 9 novembre 2014, jour tant annoncé du référendum d’autodétermination devant décider si, oui ou non, une majorité des 7,5 millions de Catalans est favorable à une sécession avec l’Espagne. En décembre 2013, une large majorité des députés du parlament (le parlement autonome catalan, à Barcelone) ont approuvé cette consultation ; dix mois plus tôt, ils avaient voté une sorte de “déclaration de souveraineté”, histoire de proclamer haut et fort que le “droit de décider du peuple catalan” est supérieur à toutes les lois espagnoles réunies. D’après de récents sondages, environ 70 % des Catalans soutiennent cette consultation, et entre 40 et 55 % se disent indépendantistes.

Sauf qu’aujourd’hui, à quelques jours du supposé grand jour, la situation est plus inextricable que jamais. À la différence de Londres vis-à-vis de l’Écosse (le “non” l’a emporté lors d’un référendum en septembre), Madrid voit rouge lorsque les nationalistes catalans évoquent la possibilité d’une consultation. L’argument est simple : la Constitution de 1978 ne reconnaît qu’une seule souveraineté, celle du “peuple espagnol” ; pour que les Catalans puissent se prononcer, l’accord préalable du Parlement national est donc indispensable. Et impensable.

Sur plainte du gouvernement du conservateur Mariano Rajoy, cet argument a été confirmé une première fois, le 29 septembre, par le Tribunal constitutionnel, le TC. Celui-ci vient de nouveau de “suspendre” cette consultation, considérant que, depuis des semaines, le nationaliste Artur Mas multiplie les déclarations en ce sens, inonde la page web de son exécutif d’appels à voter le 9-N et a demandé à environ 6 000 fonctionnaires catalans de veiller au bon déroulement de ce référendum qui ne veut pas dire son nom. Pour ne rien gâter, les juges du TC brandissent la menace de l’article 161.2 : si les Catalans en venaient malgré tout à sortir les urnes ce dimanche, Madrid pourrait d’autorité prendre les rênes de la région Catalogne. Rien de moins.

En face, il y aurait donc de quoi renoncer, abdiquer. Mais non : le porte-parole de l’exécutif catalan, Francesc Homs, a maintenu le défi – inédit – bien haut : “Tout est prêt pour le 9-N. Il aura lieu pour garantir la liberté d’expression. Nous allons poursuivre en justice le gouvernement de Madrid pour enfreindre les droits de nos citoyens.” Habiles, les nationalistes n’emploient pas le terme de “référendum” ou de “consultation”, ce qui pourrait leur valoir un châtiment judiciaire immédiat. Le leader Artur Mas préfère une litote : “processus participatif”. Selon lui, il aura bel et bien lieu ce dimanche, et ce, malgré les dénégations, les remontrances et les intimidations de Madrid. Le suspense reste entier sur un bras de fer sans merci.

Source : Le Point

“Le vote est une arme politique”, le Point, 06/11

INTERVIEW. Délégué de la Catalogne en France, Martí Anglada explique au Point.fr pourquoi son gouvernement ne reculera pas devant Madrid.

C’est la plus grave crise entre Madrid et Barcelone depuis la mort de Franco. En décidant de maintenir le vote populaire sur l’indépendance de la région prévu dimanche, le président de la Catalogne Artur Mas a outrepassé la décision du Tribunal constitutionnel suspendant le scrutin et s’est attiré les foudres du gouvernement espagnol. C’est la première fois que la population est ainsi sollicitée. Sans valeur juridique, ce scrutin pourrait néanmoins ouvrir la voie à un futur “vrai” référendum. Délégué de la Catalogne en France et en Suisse, Martí Anglada explique au Point.fr pourquoi son gouvernement ne reculera pas.

Le Point.fr : Que représente pour vous le scrutin de dimanche ?

Martí Anglada : C’est un moment historique. Nous n’avons jamais eu, en Catalogne, la possibilité d’organiser un vrai référendum à l’écossaise. En 2006, Madrid a accepté d’accorder davantage d’autonomie à la Catalogne (la région bénéficie du statut d’autonomie depuis 1979, NDLR), mais le Tribunal constitutionnel est revenu sur ce statut en 2010. L’attitude de Madrid a entraîné une grosse crise de confiance chez beaucoup de Catalans. Et le nombre d’indépendantistes a doublé.

Quelle est la principale pomme de la discorde avec Madrid ?

Au cours des trente dernières années, la Catalogne (qui représente 20 % du PIB de l’Espagne) a payé 24 % des impôts du pays. Or, nous n’avons reçu pendant cette même période que 9 % des investissements budgétaires de l’État. Ce n’est pas normal. Nous avons alors demandé un pacte bilatéral fiscal avec l’État, sur le modèle du Pays basque, mais Madrid a refusé. Ainsi, en septembre 2012, 1,5 million de Catalans ont manifesté pour quitter l’Espagne. Cela nous a conduits à convoquer des élections anticipées, où les partis favorables au référendum sont arrivés en tête.

Mais l’organisation d’un référendum n’est-elle pas illégale selon la Constitution espagnole ?

La Constitution comporte en effet un article stipulant que les décisions de souveraineté appartiennent exclusivement au peuple espagnol. Mais il existe un autre article selon lequel les compétences du gouvernement central peuvent être déléguées à une communauté autonome si le Parlement l’approuve. Il existe donc bel et bien une voie. Démonstration en a d’ailleurs été faite le 8 avril dernier, lorsque le Parlement a soumis à un vote la possibilité de convoquer un référendum en Catalogne.

Et qu’a décidé le Parlement espagnol ?

Le non l’a emporté à 80 %. Mais ce n’est pas le plus important. Le fait que les députés espagnols aient été amenés à trancher prouve bien qu’il existait une possibilité légale d’organiser ce référendum. La décision n’est donc pas juridique, mais politique.

Le vote de dimanche n’est-il pas en réalité un référendum qui ne porte pas son nom ?

Il ne s’agit effectivement pas d’un référendum à l’écossaise. Après le 8 avril, nous nous sommes dit que la seule chance de réaliser notre objectif était de mener une consultation du peuple catalan, sans que le résultat ait de valeur légale. C’est une arme politique, sans conséquence juridique. Or, le gouvernement espagnol a immédiatement saisi le Tribunal constitutionnel qui a invalidé cette consultation. Nous avons donc décidé d’organiser un “procès participatif”. Il s’agit d’une enquête, d’un grand sondage, sur la population.

Mais le Tribunal constitutionnel ne l’a-t-il pas une nouvelle fois jugé illégal ?

Il a interdit au gouvernement catalan d’y participer. Or, ce n’est pas l’exécutif qui a convoqué ce scrutin, mais la société civile, qui s’est massivement mobilisée. L’organisation de cette consultation, pardon, de cette enquête de dimanche, est assurée par des volontaires.

Comment le scrutin va-t-il concrètement se dérouler ?

La population va pouvoir voter dans plus de 1 240 points de vote, des mairies et des lycées. Deux questions seront inscrites sur le bulletin, avec pour chacune la possibilité de répondre “Oui” ou “Non”. La première : “Voulez-vous que la Catalogne devienne un État ?” Si la réponse est affirmative, on demandera alors : “Voulez-vous que cet État soit indépendant ?” Les résultats préliminaires tomberont dès lundi, mais le vote sera ouvert pendant 15 jours.

Le “oui” n’est-il pas assuré de l’emporter ?

D’après les sondages, le “oui” devrait recueillir la majorité des suffrages. Maintenant, il faudra distinguer le “oui-non”, c’est-à-dire la volonté d’établir un État fédéral ou confédéral, du “oui-oui”, qui signifie un État indépendant. Cette différence sera le principal enjeu du scrutin.

Et après ?

Si les résultats sont positifs, la seule chose démocratique et juridique que nous pourrons faire sera de convoquer des élections anticipées en Catalogne, avec un caractère plébiscitaire. Il s’agira d’un scrutin législatif, mais avec deux listes distinctes rassemblant les différents partis, selon un seul slogan : le “oui” ou le “non” au référendum sur l’indépendance de la région. Le président Artur Mas a déjà indiqué qu’il était prêt à convoquer ces élections si les autres partis étaient d’accord. Ce sera une façon d’organiser un référendum. Sans doute pas la meilleure.

Madrid ne pourra alors pas l’interdire ?

Ce n’est pas possible, ou alors l’Espagne deviendra la Russie de Poutine.

Que voulez-vous vraiment obtenir de Madrid ?

Si la liste du “oui” obtient plus de 50 % des suffrages lors de ces plébiscites, je pense que nous proclamerons notre indépendance. Si elle obtient moins de la majorité, alors il faudra trouver un nouveau statut pour notre région. En fonction de ces résultats, nous pourrons analyser si l’alternative est l’indépendance ou la négociation. Certainement pas le statu quo. Il faut respecter la singularité de la Catalogne. Nous devons trouver un point d’équilibre. Tout cela nous a déjà été accordé en 2006, avant que Madrid ne revienne dessus.

Mais un État catalan serait-il viable économiquement ?

[OB : Il est con ce journaliste : tout le monde sait qu'un État n'est viable économiquement qu'à partir de 800 millions d'habitants !!!! C'est même pour ça qu'on fait l'Eurôôôôpe !]

Les derniers rapports des agences de notation affirment que la Catalogne est déjà pleinement viable en tant qu’État. Nous comptons 7,5 millions d’habitants – soit plus que le Danemark -, nous possédons un PIB supérieur à la moyenne européenne, nous sommes des donateurs de l’Union européenne, alors que nous ne recevons rien. Il ne faut pas se tromper. Le problème de la viabilité se pose davantage pour une Espagne sans la Catalogne que l’inverse.

Justement, Madrid n’a aucun intérêt à se séparer de la Catalogne

Cela fait trente ans qu’ils ont l’occasion de doter la Catalogne de plus de subventions. Mais ils n’ont rien fait. Si tu penses qu’une région est la machine économique de ton État, alors, il ne faut pas l’étrangler. Or, pour des raisons politiques, le Parti populaire (conservateur) au pouvoir continue à privilégier d’autres régions, au détriment de la nôtre. En s’obstinant à tout nous refuser, Madrid est en train de sombrer dans l’impasse. À mesure que le gouvernement central rejette toutes nos demandes, le camp des indépendantistes augmente.

Source : Le Point

Le tribunal suprême rejette la requête de la Catalogne, L’Indépendant, 06/11

Le Tribunal suprême a rejeté l’appel interjeté par la Generalitat de Catalogne contre la décision du Conseil des Ministres espagnol de ne pas autoriser la consultation du 9 novembre.

Les Catalans avaient saisi le Tribunal Suprême pour dénoncer l’”atteinte au droit de participation, à la liberté d’expression et à la liberté d’opinion” par le gouvernement de Madrid.

Avec la décision du Tribunal Suprême ce sont les voies légales qui ont été épuisées pour maintenir ce processus de remplacement au référendum pour l’auto-détermination de la Catalaogne.

Source : L’indépendant

En Catalogne, un « vote » pour rien, Le Monde, 06/11

Editorial du Monde. Pourquoi au juste les Catalans vont-ils voter, dimanche 9 novembre ? La tentative de référendum promise par le chef de l’exécutif catalan, Artur Mas, a été bloquée par le Tribunal constitutionnel espagnol le 29 septembre. Le président catalan, qui avait promis de n’organiser de consultation que conforme à la loi, en a finalement décidé autrement. Sous la pression de la gauche indépendantiste, M. Mas a maintenu un projet de scrutin… que le Tribunal constitutionnel a à nouveau suspendu !

Alors, dimanche, ce ne sera pas un « référendum ». Les Catalans participeront à un « processus participatif », en répondant aux mêmes questions, prévues dans le projet de référendum initial : « Voulez-vous que la Catalogne devienne un Etat ? » En cas de oui : « Voulez-vous que cet Etat soit indépendant ? » C’est une idée bien discutable.

Le scrutin aura la couleur et la forme d’un référendum, mais ce sera surtout un scrutin contesté. Au risque de passer pour de la désobéissance civile…

[Je n'ai pas la fin, mais ce n'est pas utile à ce stade]

Source : Le Monde

OB : J’adore de plus en plus le Monde, ce journal est fascinant, c’est vraiment la voix du Système !!!!

On va vite voir si c’est “pour rien” que les Catalans voteront – ça ne marche pas toujours aussi bien qu’en 2005…

Laissez voter les Catalans (APPEL)1

Une majorité de catalans a exprimé à de nombreuses reprises et de ce de manières différentes, leur volonté d’exercer leur droit démocratique à voter leur avenir politique.

Cette forte demande de vote est le résultat de dissensions de longue date entre les gouvernements de la Catalogne et de l’Espagne au sujet du degré d’autonomie culturelle, politique et financière dont peuvent disposer les Catalans, malgré plusieurs tentatives pour arriver à une solution acceptable.

Comme nous l’avons vu au Québec et en Écosse, la meilleure manière de résoudre les conflits internes et légitimes est d’utiliser les outils de la démocratie. Empêcher les Catalans de voter semble contredire les principes qui inspirent les sociétés démocratiques.

C’est pourquoi nous appelons le gouvernement espagnol et ses institutions et leurs équivalents catalans à travailler ensemble afin de permettre aux citoyens de Catalogne de voter leur avenir politique et de négocier en toute bonne foi en se basant sur les résultats.

Source

[Historique] La (délirante) partie d’échecs catalane expliquée aux non-Catalans, Rue89, 1er octobre

« Volem votar ! » (Nous voulons voter !) Pour protester contre la suspension, lundi soir, du référendum en Catalogne, les indépendantistes ont manifesté par milliers mardi soir à Barcelone et dans d’autres villes.

Entre le gouvernement (la « Generalitat ») de Catalogne et Madrid s’engage une partie à haut risque sur l’échiquier juridico-politique. Il y aura des perdants, voire des drames si cette partie tourne mal.

Les règles du jeu


Un pochoir pro-indépendance

Les deux principaux joueurs s’appellent Artur Mas et Mariano Rajoy.

Le premier, de centre droit, issu de la fédération de partis Convergence & Union, est le président de la Generalitat de Catalogne, l’une des régions les plus riches d’Espagne. Le second est le premier ministre espagnol, chef du Parti populaire (PP, droite).

En surface, ils s’opposent frontalement sur la question de l’indépendance ; mais pour compliquer la donne, ils ont aussi des intérêts convergents. L’un et l’autre ont en effet intérêt à garder bien vivants les partis nationalistes en Catalogne :

Mas est de centre droit et défend l’indépendance de sa région de 7,5 millions d’habitants. Une fois indépendante, elle se situerait au septième rang européenen termes de richesse par habitant. Il prévoit depuis longtemps d’organiser un référendum et ce qui s’est passé en Ecosse, avec l’assentiment de Londres, l’encourage à tenir bon.

David Cameron ne croyait pas aux chances du « oui » en Ecosse (il a eu une suée, mais finalement, le scrutin lui a donné raison). Mariano Rajoy, lui, estime possible une victoire du « oui » (les sondages aussi). Un tel référendum, s’il était organisé, risquerait de conduire à un affaiblissement de l’économie espagnole, à la mort de la Constitution de 1978 et même, pour peu que les Basques ou d’autres emboîtent le pas des Catalans, à la fracturation du pays en divers morceaux. Explosif, donc.

Artur Mas pousse un décret


E2-E4 (Wikimedia Commons/CC)

En septembre, Artur Mas a fait voter au parlement régional (à 80%) une loi régionale autorisant la tenue de référendums.

Samedi, il avancé sa première pièce : lors d’une cérémonie au gouvernement régional, il a signé un décret prévoyant de consulter les électeurs catalans lors d’un référendum le 9 novembre.

Juridiquement, a argué Madrid, il ne peut y avoir de consultation de ce type qu’au niveau national. Ce à quoi Mas répond que rien, sur le plan du droit, ne pèse très lourd face à la « volonté d’un peuple ».

Il a pris son temps pour signer ce décret : le temps de s’assurer que les municipalités de Catalogne le suivaient et de laisser bouillonner un peu la ferveur indépendantiste. Mais il a laissé ouverte la discussion avec Madrid :

« Comme toutes les nations du monde, la Catalogne a le droit de décider de son avenir politique. Nous sommes ouverts aux négociations sur les conditions du référendum jusqu’au dernier moment. »

Son équipe a laissé planer l’idée que, en attendant l’ouverture de telles négociations, la date du référendum serait maintenue.

« Chicken » !


« Chicken » !

Pour préparer les coups suivants, Artur Mas a constitué une sorte de conseil de guerre, peuplé de hauts fonctionnaires et d’intellectuels, le Conseil consultatif pour la transition nationale.

Au Wall Street Journal, l’un des membres, le sociologue Salvador Cardus, a expliqué que la stratégie consistait désormais à préparer l’élection comme si de rien n’était, et à attendre que le gouvernement central commette « une grosse bêtise politique » :

« Il s’agit de savoir quel camp sera calme et gardera son sang-froid jusqu’au 9 novembre. »

La partie d’échecs devait dans l’esprit de nombreux indépendantistes tourner au « chicken game », le jeu de la poule mouillée qui se dispute à deux voitures fonçant vers une falaise (cf. « La Fureur de vivre »).

Madrid saisit le Tribunal constitutionnel

Mais jouer à un tel jeu avec Mariano Rajoy n’est pas une mince affaire. Ce dernier a la réputation d’être aussi coriace qu’un édredon : calme, il aime temporiser en évitant les « grosses bêtises politiques ». Il manie parfaitement l’inertie.

« Il pourrait faire sien l’adage d’Henri Queuille selon lequel il n’est pas de problème dont une absence de solution ne finisse par venir à bout », résume l’historien Benoît Pellistrandi, spécialiste de l’Espagne.

Rajoy s’est contenté lundi matin de saisir le Tribunal constitutionnel espagnol, en vue de faire annuler la loi sur laquelle s’appuie le décret pris par Mas.

Le Tribunal constitutionnel est composé de douze magistrats choisis par le parlement espagnol, dominé par le PP et le PSOE. Actuellement, ce sont plutôt des juges conservateurs qui le dominent, peu ouverts aux velléités indépendantistes catalanes. Il avait déjà partiellement annulé, en 2010, le nouveau statut de la Catalogne qui la reconnaissait comme une « nation ».

Avantage Madrid

Le Tribunal constitutionnel a accepté lundi soir de se saisir de l’affaire, ce qui implique la suspension du décret organisant le référendum. Une rapidité inhabituelle aux yeux de Artur Mas qui s’est fait ironique :

« Ils ont franchi le mur du son. Ils n’ont pas attendu un seul jour. »

Mais dans le jeu du « chicken », Mas a canné : mardi, la campagne référendaire a été suspendue.

Le président du gouvernement de Catalogne n’a pas osé jouer avec le feu :l’article 155 de la constitution espagnole autorise Madrid à suspendre l’autonomie d’une région qui ne respecterait pas ses obligations… Et personne n’a envie de prendre le risque de rejouer octobre 1934, avec une mobilisation de l’armée contre la Catalogne.

Mariano Rajoy a pris l’avantage, donc. Et les indépendantistes sont furieux. La gauche républicaine et catalane appelle le gouvernement catalan à désobéïr. La présidente du parlement catalan, Nuria de Gispet, a annoncé qu’elle allait faire appel contre la suspension du référendum décidée par le Tribunal constitutionnel.

La partie se déplace dans la rue

Des manifestations devraient se succéder. L’indépendance est une cause qui mobilise : des manifestations ont déjà réuni 1,5 million de personnes, dans une région qui en compte 7,5 millions.

Dès mardi soir, sous la pluie, des milliers de Catalans ont défilé pour que soit maintenu le vote du 9 novembre, sur le thème : « Ni la pluie, ni un tribunal ne nous arrêtera. » Des heurts ont eu lieu avec la police.

« NOUS VOULONS VOTER ! », MANIF À BARCELONE

Le Tribunal constitutionnel a cinq mois pour statuer. Les chances pour qu’il le fasse avant le 9 novembre sont quasi-nulles : il doit livrer une décision très argumentée, et il prendra son temps.

D’ici là, les indépendantistes les plus déterminés devraient donc s’organiser pour qu’une consultation « sauvage » ait lieu le 9 novembre dans de nombreuses municipalités, bravant le Tribunal constitutionnel.

En cas de « oui » massif, même si la carte de la Catalogne n’est pas entièrement couverte, ce vote renforcerait la revendication d’indépendance. Mais il n’aura pas la légimité suffisante pour déclencher un processus devant mener à celle-ci. Selon les sondages, seul un Catalan sur cinq est prêt à voter à un référendum qui n’aurait pas été autorisé par le Tribunal constitutionnel.

La partie de Chicken redémarre

Mercredi 1er octobre, le parlement catalan passe outre la décision du Tribunal constitutionnel et décide de la création d’une commission électorale pour le référendum d’autodétermination. Deux jours plus tard, Artur Mas publie un décret mettant en place la commission. La date du 9 novembre revient dans le paysage. La partie de « Chicken » redémarre.

Le gouvernement espagnol annonce qu’il saisir de nouveau le Tribunal constitutionnel contre la création de cette commission.

Quels coups suivants ?


Artur Mas condamné à « faire tapis »

Selon Benoît Pellistrandi, Artur Mas n’est pas dans la meilleure position. Il s’est mis dans une situation telle qu’il doit chaque fois « aller plus loin etfaire tapis, comme on dit au poker » :

« Son seul coup à jouer est maintenant de dissoudre le parlement catalan pour le transformer en vote plébiscitaire en faveur de l’indépendance. »

Il se heure à un problème de calendrier. Quand jouer ce coup ? Pour faire le plein de voix nationalistes, Artur Mas n’a pas intérêt à lier l’élection au parlement régional à d’autres scrutins. En mai auront lieu des élections municipales, en novembre des élections nationales. S’il veut éviter un télescopage, sa fenêtre de tir est étroite : « janvier ou février 2015 », suggère Benoît Pellistrandi.

Par ailleurs, il n’est pas du tout certain qu’Artur Mas réussira ce coup-là. Il est affaibli par le scandale touchant son prédécesseur, Jordi Pujol. Issu du même parti que lui, ce dernier a dirigé la Catalogne de 1980 à 2003 ; père du nationalisme catalan, il est soupçonné d’avoir touché des dizaines, voire des centaines de millions d’euros de pots de vin.


L’hebdomadaire Directa appelle à la désobéissance

Selon les sondages, en cas d’élections anticipées, ce sont certes des nationalistes qui l’emporteraient, mais plutôt ceux, plus radicaux, de laGauche républicaine de Catalogne. Pour réussir, Artur Mas doit négocier une coalition avec eux, évidemment AVANT de procéder à la dissolution.

De son côté, Mariano Rajoy continuera à faire l’édredon. Mais selon Pellistrandi :

« Cela fonctionne quand les enjeux ne sont pas considérables, pas quand ils le deviennent. Or, les Catalans aujourd’hui demandent quelle est leur place dans l’Espagne, et personne ne leur répond. »

Trois scénarios possibles

Ceux qui pourraient avoir la clé permettant de résoudre cet imbroglio, ce sont les socialistes, estime le chercheur. Ils proposent d’aller vers une Espagne fédérale, ce que refuse jusque-là la droite. Mais jusque là, le PSOE est le grand perdant de toute cette affaire.

Pellistrandi imagine trois scénarios pour l’élection nationale de novembre 2015 :

Le sac de nœuds, on le voit, est bien compact. Au point que si vous avez l’impression d’avoir compris la situation politique catalane, c’est sans doute que je l’ai mal expliquée.

Source : Rue89 

Source: http://www.les-crises.fr/la-catalogne-sur-la-pente-de-la-desobeissance-civile/


[U4-4] EuroMaïdan : Le dessous des cartes

Friday 7 November 2014 at 03:05

Suite du billet précédent sur l’Ukraine
Index de la série

4.4 Le dessous des cartes

Au-delà de ces faits « publics », d’autres faits sont venus éclairer les différentes « ingérences dans les affaires de l’Ukraine », et le dessous des cartes.

L’implication des Américains

Rien de bien nouveau sous le soleil. Dès 1997, Zbigniew Kazimierz Brzeziński, conseiller de Jimmy Carter de 1977 à 1981, d’origine polonaise, écrivait dans Le Grand Echiquier : « Sans l’Ukraine, la Russie cesse d’être un empire. », et citait le géographe du début du XXe siècle Halford John Mackinder :

« Qui contrôle l’Europe de l’Est contrôle l’Heartland [la Russie] ;

Qui contrôle l’Heartland contrôle l’Île Monde [L’Eurasie] ;

Qui contrôle l’Île Monde contrôle le Monde »

L’évènement le plus marquant aura été l’interception d’une conversation du 25 janvier 2014 entre l’ambassadeur américain en Ukraine Geoffrey Pyatt et Victoria Nuland, très probablement réalisée par la « NSA russe ». Ce morceau d’anthologie vaudra ainsi à Nuland le surnom de Mme « Fuck the UE » :

Victoria Nuland : Que pensez-vous ?

Geoffrey R. Pyatt : Je pense que nous sommes dans le jeu. La pièce Klitchko est évidemment l’électron le plus compliqué ici, en particulier le fait qu’on l’ait annoncé comme vice-Premier ministre. Vous avez vu mes notes sur la difficulté du mariage en ce moment, nous essayons d’obtenir une analyse très rapide pour savoir s’il fait partie de la future équipe. On aurait donc besoin de savoir rapidement où il se situe sur ces questions. Je pense que vous devriez avoir une conversation avec lui, et que c’est le prochain coup de téléphone que vous devriez passer, exactement comme celle que tu as eue avec Yats [Iatseniouk]. Tu as réussi à lui faire jouer le rôle qu’on veut dans ce scénario et c’est très satisfaisant tout autant que ses déclarations en retour.

Victoria Nuland : Bon. Je ne pense pas que « Klitsch » [surnom de Klitschko] devrait être dans le gouvernement. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire, je ne pense pas que ce soit une bonne idée.

Geoffrey R. Pyatt : Oui, je veux dire… je suppose… Pour ce qui est de sa non-participation au gouvernement, je serais d’avis de le laisser en dehors pour qu’il se consacre à ses obligations politiques et à ses projets. Je pense juste qu’en termes d’avancée du processus, nous voulons garder les démocrates modérés ensemble. Le problème sera avec Tyahnybok et ses gars. Et, vous savez, je suis sûr que cela fait partie du calcul de Ianoukovytch.

Victoria Nuland : Je pense Yats, c’est le gars adéquat. Il a de l’expérience économique et de l’expérience en tant que ministre. C’est le gars. Vous savez, ce dont il a besoin, c’est que Klitsch et Tyahnybok restent à l’extérieur. Il doit leur parler quatre fois par semaine. Vous savez, je pense juste que si Klitchko entre, il va devoir travailler au niveau de Iatseniouk : cela ne va tout simplement pas marcher…

Geoffrey R. Pyatt : Oui, je pense que c’est vrai. Ok, bon. Souhaitez-vous que nous organisions un appel avec lui comme étape suivante ?

Victoria Nuland : Ma conception de l’appel dont vous parlez, c’est que les trois grands participent à leur propre réunion et que Yats leur propose dans ce contexte. Vous le savez, une conversation « trois plus un » ou « trois plus deux » si vous participez. C’est ainsi que vous le comprenez ?

Geoffrey R. Pyatt : Non, je pense que c’est ce qu’il a proposé, mais connaissant leur dynamique interne lorsque Klitchko était aux commandes, il va prendre son temps avant de se manifester pour aller à une de leurs réunions et il doit déjà être en train de parler à ses gars. Donc je pense que si vous le joignez directement, cela aiderait à gérer ces trois personnalités. Cela vous donne également une chance d’d’influer rapidement sur tout cela et nous permettra d’être en arrière-plan avant qu’ils ne s’assoient et qu’il explique pourquoi il n’est pas d’accord.

Victoria Nuland : Ok. Bon. Je suis contente. Pourquoi ne le contacteriez-vous pas pour voir s’il veut discuter avant ou après ?

Geoffrey R. Pyatt : Ok, je vais le faire. Merci.

Victoria Nuland : Ok… encore une chose pour vous Geoff. Je ne me souviens pas si je vous ai dit ou si je n’en ai parlé qu’à Washington : quand j’ai parlé à Jeff Feltman [Sous-Secrétaire général des Nations Unies aux Affaires Politiques] ce matin, il avait un nouveau nom pour le type de l’ONU : Robert Serry. Je vous ai écrit à ce sujet ce matin.

Geoffrey R. Pyatt : Oui, j’ai vu cela.

Victoria Nuland : Ok. Il a obtenu aujourd’hui, à la fois de Serry et de Ban Ki-moon, que Serry vienne lundi ou mardi. Ce serait formidable, je pense, ça aiderait à souder ce projet d’avoir l’aide de l’ONU. Et, vous savez quoi ? Que l’Union européenne aille se faire foutre !

Geoffrey R. Pyatt : Exactement. Et je pense que nous devons faire quelque chose pour que ça colle ensemble, parce que vous pouvez être sûre que si ça ne commence pas à prendre de l’altitude, les Russes vont oeuvrer en coulisses pour essayer de le torpiller. Et encore une fois le fait que ce soit la place publique en ce moment, je suis encore à essayer de comprendre pourquoi Ianoukovytch a fait ça. En attendant, il y a en ce moment-même une réunion d’un courant du Parti des Régions et je suis sûr qu’il y a un débat très animé dans ce groupe à ce sujet Mais quoi qu’il en soit je pense qu’on peut retourner la situation si on agit vite. Alors laissez-moi travailler sur Klitschko… Je pense que nous devrions simplement chercher à trouver quelqu’un avec une personnalité internationale pour venir ici et aider à l’accouchement de notre projet. L’autre question concerne Ianoukovytch, mais nous en reparlerons demain, nous verrons comment les choses commencent à se mettre en place.

Victoria Nuland : Donc, sur ce point, Geoff, quand j’ai écrit la note, Sullivan [Jake, le conseiller de sécurité nationale du vice-président américain] est venu me voir directement pour me dire que nous aurions besoin de Biden [Joe Biden le vice-président] et j’ai répondu que ce serait génial de l’avoir demain pour que tout roule. Biden est d’accord.

Geoffrey R. Pyatt : Ok. Très bien, merci.

Cet enregistrement audio révèle donc comment Nuland a tenté, en coordination avec l’ambassadeur américain, d’imposer au gouvernement ukrainien les candidats de l’opposition de leur choix.

Dans sa conversation téléphonique avec l’ambassadeur américain, Nuland s’exprime au passage en termes très peu diplomatiques sur l’incapacité de l’Union européenne, pourtant une puissance alliée des Etats-Unis, à s’imposer, où elle lance le désormais fameux : “Fuck the EU” ! (que l’UE aille se faire foutre !).

On note au passage qu’elle appelle-t-elle les leaders de l’Euromaïdan : « Yats » et « Klitsch ». Utiliser un langage si familier suppose une évidente proximité et une indéniable connivence entre les membres du triumvirat et l’administration américaine…

Au passage les protagonistes expliquent comment Jeff Feltman, secrétaire-adjoint aux Nations unies, promeut les intérêts américains. En effet, Nuland informe également Pyatt qu’elle a évoqué son plan avec le sous-secrétaire des Nations-Unies pour les Affaires politiques Jeffrey Feltman, un ancien du département d’État américain, qui devait nommer un représentant de l’ONU pour promouvoir l’accord envisagé par elle. Le vice-président américain Joe Biden devait également être mobilisé pour promouvoir son choix.

L’intervention de Nuland a lieu peu après la proposition formulée le 25 janvier par le gouvernement ukrainien offrant des postes ministériels à Arseni Iatseniouk et Vitali Klitschko.

Nuland prétend que si l’on permettait à Klitschko de devenir vice-Premier ministre, comme le lui avait proposé le président ukrainien Ianoukovitch, les choses se passeraient mal avec Iatseniouk, son choix préféré comme chef du nouveau gouvernement.

N.B. dans le rôle de « l’espionneur espionné », les États-Unis ont alors accusé la Russie « d’espionnage » par le biais du porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney, pour qui le fait que la conversation ait été « diffusée sur Twitter par le gouvernement russe est significatif du rôle de la Russie ». Le département d’État a pour sa part été plus direct, estimant que les méthodes de la Russie étaient « tombées bien bas »…

Soulignons au passage que la réaction de l’Europe-Puissance a été à la hauteur de l’affront « Fuck the UE » :

“Source : lemonde.fr

Mission accomplie : je pense que Nulland, non sanctionnée, a compris que si elle recommençait, elle aurait droit à un second communiqué où on ne lui répondra pas…

Cette évidente implication américaine en Ukraine a été dénoncée le 6 février par le conseiller russe Sergueï Glaziev qui a déclaré que « les Américains ignorent le Mémorandum de Budapest de 1994 sur les Assurances de Sécurité, puisqu’ils dépensent (selon lui) 20 millions de dollars par semaine pour financer l’opposition et les rebelles, y compris pour les armer », accusant les Américains d’en entraîner certains dans les sous-sols de l’ambassade américaine.

Le financement de Maïdan

Un autre point est à souligner : les milliers d’activistes et de miliciens qui n’ont pas travaillé pendant 2 mois ne l’ont pas fait gratuitement… Et n’ont pas acheté avec leur argent les centaines de masques à gaz…

De même, ils n’ont pas trouvé par miracle en quelques heures fin novembre les centaines de drapeaux déployés… Comme l’indiquait dès le 25 novembre Grigori Trofimtchouk, vice-président du Centre de modélisation du développement stratégique :

« Il ne faut pas beaucoup de temps pour organiser des meetings politiques en Ukraine. A la différence de toute autre chose, là, il n’y a pas de problème. À en juger d’après la plus récente information dans les réseaux sociaux, la mobilisation d’une personne coûte 100 grivnas. »

Selon l’opposition, quelque 100 000 personnes participent aux actions de protestation, et trois fois moins d’après des données officielles. Les premières annonces sont parues sur Internet dès vendredi (22/11). Et c’est également vendredi que l’opposition a fixé la journée d’action pour le dimanche 24 novembre. Suivant la tradition ukrainienne, l’essentiel des participants est alors constitué de la couche de la société la plus démunie : agents de la sphère publique, étudiants et retraités. Mais ils sont peu nombreux.

Pour les experts du marché de publicité, la confection de drapeaux, le dessin des banderoles prend d’habitude deux semaines. Donc, soit tout ce matériel avait été commandé d’avance, soit les organisateurs ont dû payer beaucoup plus pour les avoir en urgence. Comme l’indiquait Sergueï Iakovlev dès le 24/11/2013 :

« Si l’action était programmée d’avance, le coût de l’action de protestation est deux fois moindre. Si on le faisait d’urgence c’était deux-trois fois plus cher. Les drapeaux, les banderoles et la livraison de la nourriture, cela représente 30 % de la facture. De telles actions de protestation engageant plusieurs milliers de personnes reviennent à environ 200 000 à 300 000 dollars. »

“Source : french.ruvr.ru

Il est apparu par la suite que, le danger augmentant, un certain nombre de manifestants ont été payés entre 200 et 300 grivnas par jour, soit entre 20 et 30 dollars par jour (soit l’équivalent en termes de pouvoir d’achat de 250 € par jour en France).

“Source : paulcraigroberts.org

Alors qui a payé pour le Coup d’État ?

De façon certaine : l’oligarque Petro Poroshenko (fortune : 1,3 milliards de dollars), puisqu’il l’a avoué lui-même sur CBS :

Clarissa Ward : D’où vient l’argent pour financer de ce mouvement de protestation?

Petro Porochenko : Il n’y a pas de sponsor de Maïdan, vous pouvez le croire.

Clarissa Ward : Donc, vous affirmez que vous n’avez pas donné d’argent à ce mouvement ?

Petro Porochenko : Non, ce n’est pas vrai. Mais je l’ai fait comme beaucoup d’autres personnes…

“Source : Cbsnews

Il a été très discret, mais quelques photos existent…

À Maïdan…

Avec Klitchko (et Tyahnybok)…

Toujours avec Klitchko…

Avec les Américains (Nuland, Pyatt, Kerry)

Reçu par les dirigeants à Londres et Paris…

Il avait déjà cofinancé la Révolution Orange de 2004, et est un (très) proche de Timochenko :

Et il est donc désormais le favori des Occidentaux pour la Présidentielle de mai 2014 :

Pour revenir au financement de Maïdan, il semble aussi que Fondation Konrad Adenauer, proche du CDU, le parti chrétien-démocrate d’Angela Merkel, ait joué un rôle important.

Un autre nom revient avec insistance, celui de l’oligarque Viktor Pintchouk. Comme nous l’avons vu précédemment, il s’agit de la deuxième fortune d’Ukraine. Marié à la fille de Léonid Kuchma, ancien président de l’Ukraine (1994-2005), il a fait fortune dans l’acier et a établi de solides relations avec le couple Clinton aux États-Unis. On a vu également qu’il finançait la fondation du nouveau Premier ministre ukrainien…

Dans une interview à notre quotidien de référence, il déclare le 23 février :

« Ce matin même, l’Union européenne aurait dû annoncer, en guise de premier pas, la suppression des visas pour nos citoyens ! […]

Les gens ont dépassé les politiciens. Au cours de ces trois mois, ils ont eu une vision, des valeurs en commun. Ce sont des héros. La révolution leur appartient. La société civile est passée loin devant le grand business et les politiciens, qui devront s’adapter.

["Quant aux menaces séparatistes, Viktor Pintchouk se montre optimiste" – un visionnaire !] Il n’existe pas une seule force en Ukraine souhaitant que le pays rétrécisse. Et particulièrement le grand business. En réalité, ce qui se passe accroît l’attractivité de l’Ukraine. Nos problèmes financiers n’existent qu’à court terme.

Nous pouvons devenir le pays le plus tendance du monde. Enfin, si on ne fiche pas tout en l’air et qu’on ne se retrouve pas encore dans l’impasse. »

“Source : lemonde.fr

À suivre dans le prochain billet

Source: http://www.les-crises.fr/u4-4-le-dessous-des-cartes/


[Et maintenant, les drones russes !] Ouvrons les yeux sur Antoine Arjakovsky

Thursday 6 November 2014 at 20:20

Ce type est énoooooooooooooorme.

Je rappelle qu’il est “directeur émérite de l’Institut d’Études Œcuméniques de Lviv.” et assez proche du clergé de Lviv, clergé dont les penchants svobodesques sont connus…

On a déjà pu juger de la solidité du bonhomme dans ce billet.

Extrait : “Aujourd’hui je considère avec beaucoup de tristesse que les hiérarques qui conduisent aux destinées de l’Eglise russe ne sont pas dignes de la mission de réconciliation universelle qui leur a été confiée par le Très Haut

Attention, billet 100 % “théorie du complot”.

Ouvrons les yeux sur la Russie de Vladimir Poutine, par Antoine Arjakovsky, Le Figaro, 6/11/2014

FIGAROVOX/OPINION – À la lueur de la crise ukrainienne, Antoine Arjakovsky détaille, à l’attention de l’Europe et des États-Unis, la vision stratégique de la Russie de Vladimir Poutine.


Antoine Arjakovsky est l’auteur de Russie-Ukraine: de la guerre à la paix? (Paris, Parole et Silence, 2014). Il a reçu pour ce livre le prix Grégoire Orlyk le 5 novembre au Sénat de la part de Hervé Maurey, président du groupe d’amitié France-Ukraine, et de Olga Sorin, présidente de la revue Perspectives Ukrainiennes. Nous publions ici son discours.


Jugez simplement qui il a décoré…

Ouvrons les yeux.

La Russie fait la guerre aujourd’hui non seulement à l’Ukraine mais aussi à l’Union européenne et aux Etats-Unis. Lors de son discours à Sotchi le 24 octobre le président russe a défendu son projet de rétablissement de l’Etat mythique de «Nouvelle Russie» sur les terres ukrainiennes. Mais il s’en est pris aussi violemment à ce qu’il appelle «la domination unilatérale» sur le monde des Etats-Unis. Le président russe augmente de 30% son budget militaire pour 2015 et rappelle à toute occasion que la Russie est une puissance nucléaire. En annexant la Crimée le 18 mars, Vladimir Poutine a bafoué le Mémorandum de Budapest de 1994 qui prévoyait la garantie de l’intégrité du territoire ukrainien.

(Ce qui ne signifie pas qu’une partie du territoire ukrainien n’a pas le droit de quitter ce doux pays qui brûle et bombarde les russophones…)

En reconnaissant les nouvelles «élections» du 2 novembre à Louhansk et Donetsk, en envahissant aujourd’hui le Donbass, il fait semblant d’ignorer la position de son ambassadeur en Ukraine Mihail Zourabov qui avait signé le 5 septembre l’accord de Minsk avec l’Ukraine et l’OSCE. Celui-ci prévoyait le 7 décembre des élections locales dans les zones occupées sous l’autorité de l’Etat ukrainien. La Russie fait également appel à des observateurs de l’extrême droite européenne, dont Jean-Luc Schaffhauser du Rassemblement bleu Marine, pour légitimer des «élections» qui violent pourtant les normes les plus élémentaires de la démocratie.

(Norme la plus élémentaire de la Démocratie = ne JAMAIS voter contre l’UE, les USA et le Système)

De plus, comme l’a reconnu devant les caméras Alexandre Zakhartchenko, le nouveau «président de la république de Donetsk», la Russie arme aujourd’hui en chars et en matériel lourd les leaders autoproclamés du Donbass en vue d’avancer des troupes mixtes en direction de la Crimée. Enfin, comme l’a révélé l’OTAN, depuis dix jours la Russie procède à de vastes manœuvres militaires dans toute l’Europe. Des bombardiers russes ont été interceptés au dessus du ciel britannique par la Royal Air Force.

Des sous-marins russes ont été signalés dans les eaux territoriales du Danemark et de la Suède.

(Signalés, mais hélas jamais vus…)

Des essais de tirs de missile longue distance ont été effectués par la Russie d’une portée de 6000 kilomètres en direction du Kamchatka.

On ne peut pas ne pas mentionner ici le survol au même moment des deux tiers des centrales nucléaires françaises par de mystérieux drones. Greenpeace a nié toute implication. Aucune explication n’a été donnée par les autorités françaises malgré le fait que les satellites français suivent précisément tout mouvement au dessus des sites stratégiques. On peut donc légitimement s’interroger sur une telle coïncidence.

(relisez bien ça)

Quoi qu’il en soit, les manœuvres militaires avérées de la Russie dans toute l’Europe ont comme but d’intimider les chancelleries occidentales à la veille d’une nouvelle violation du territoire ukrainien par la Russie.

(Ben oui, les 150 M de Russes contre les 500 Européens et 350 Américains, c’est joué d’avance….)

Face à une telle situation de «poker nucléaire» comment (re)construire la paix? Il s’agit en premier lieu de ne pas se laisser intimider par la Russie.

Les Russes pensent que s’ils parviennent à envahir Narva, une ville estonienne peuplée à 90% de russophones, et que l’OTAN hésite à réagir, alors ils auront gagné la guerre.

(relisez bien ça : la Russie rêve d’envahir un pays de l’OTAN)

Car ils auront réussi à instiller le doute au sein du bloc atlantique. Les élites russes n’ont toujours pas intégré la construction théologico-politique moderne de l’Etat-nation et espèrent que l’Occident ne se mobilisera pas pour des régions éloignées et russophones.

(Je pense que M. Arjakovsky a malheureusement loupé quelques leçons de laïcité – qu’il n’a évidemment jamais pu suivre à Lviv…)

C’est pourquoi le président Obama est venu à Tallinn le 3 septembre pour assurer les Estoniens du soutien indéfectible de l’OTAN en cas d’attaque russe. Mais il s’agit de bien comprendre que la bataille de la solidarité du bloc occidental est d’abord une bataille de valeurs. Et celle-ci se joue dès à présent en Ukraine.

Les Nations Unies doivent opposer au nihilisme juridique russe leur foi, ni moderniste ni traditionaliste, mais personnaliste en la puissance du droit. Ce droit repose en effet sur «la foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine» (Déclaration de 1948).

(c’est cette cécité qui est fascinante chez les néoconservateurs… Les principes élémentaires du “2 poids 1 mesure” n’arrivent jamais à titiller leurs neurones)

Forts de cette défense renouvelée de leur socle de valeurs les pays des Nations Unies doivent également aujourd’hui renforcer les sanctions contre l’Etat russe.

(OUIIIII, la guerre, la guerre !!!)

Il n’est pas envisageable que la Russie puisse bafouer les Accords de Minsk sans que l’Union européenne et les Etats Unis ne réagissent. De même qu’il n’est pas pensable dans un tel contexte de nouvelle guerre froide que la France puisse maintenir une équivoque sur une livraison éventuelle des Mistrals à la Russie.

La Russie a violé à plusieurs reprises le droit international, clef de voûte de la paix depuis 1945. Elle doit aujourd’hui en subir les conséquences.

(Et les USA, JAMAIS !!!!)

Il ne s’agit pas de punir le peuple russe. Il s’agit, par respect pour sa grande culture européenne, de lui ouvrir les yeux

(Appelez vite Caroline Fourest !!!!)

et de lui faire comprendre au plus vite les conséquences dramatiques de son aveuglement politique actuel.

(Énorme, là il dit carrément que les Russes ne comprennent rien et qu’on va leur expliquer la vie .eh oui, cons de Russes, que ne votez-vous pas pour un François Hollande !!!)

(Et  si on leur foutait plutôt la paix aux Russes, et qu’on s’occuper de nos affaires ?)

La Russie n’a pas fait le procès du communisme, une idéologie qui a été pourtant à l’origine de plusieurs dizaines de millions de morts au XXe siècle. Manipulée par des clans mafieux et des théologiens douteux cette idéologie a muté en national-communisme et en un nouvel impérialisme ‘eurasien’.

Mais OUIIIIIII, Poutine est communiste !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!  Satan, sors de ce corps !!!!

Le Kremlin réhabilite dans ses manuels d’histoire de 2014 des figures telles que Lénine, Dzerjinski ou Staline. Les politiques et les politologues français (et ils sont nombreux) doivent cesser toute complaisance à l’égard du Kremlin et rappeler aux Russes que ce cheminement actuel de la mémoire est suicidaire et dangereux pour le monde entier.

Enfin il faut se mettre à l’écoute des mentalités post-soviétiques qui dominent une bonne partie de l’espace russophone aujourd’hui. Non pas pour les accabler mais pour les comprendre et, dans la mesure du possible, pour compatir et soigner. Olena Stiajkina, professeur à l’université de Donetsk, l’ancienne Stalino, a écrit un article remarquable dans Ukrainska Pravda sur les 20% des habitants du Donbass qui se solidarisent aujourd’hui avec Poutine. «Ici il y a des dieux qui sont des guides: les miliciens, les procureurs, les juges. Certains dieux parviennent même à devenir président. Ils représentent le système de l’économie de l’appropriation. On ne peut s’approcher d’eux avec des questions de conscience ou de morale, cette autre façon de s’approprier l’espace. Les dieux peuvent être différents mais ils ne sont certainement pas bons. C’est comme dans la Grèce antique. Zeus n’y était pas considéré comme un dieu bon. Ici c’est pareil. Ils peuvent boire, être vulgaires, repoussants ou rusés, mais ce sont des dieux. Et il faut opérer des sacrifices pour eux, aller voter pour eux. Alors ils se mettent à sourire sur les affiches. Et alors sûrement la paix viendra et la chasse sera bonne. Mais si c’est l’inverse alors cela signifie qu’il faudra continuer à sacrifier.»

(Purée, si vous avez compris, surtout, ne prenez pas la route !)

C’est ce monde-là, bien loin des images romantiques de la Sainte Russie, à qui l’Occident doit aujourd’hui trouver les mots appropriés.

Source : Le Figaro

Je rappelle que ce type a été invité des dizaines de fois dans nos médias… Et qu’il continuera à l’être, évidemment.

Mais on comprend du coup Piotr Smolar :

Je crois que c’est clair – il n’a que tous les médias avec lui !

Ukraine: Gorbatchev défend Poutine, Le Figaro, 6/11/2014

Heureusement, le Figaro avait proposé ce même jour une intéressante brève sur Gorbatchev

Ukraine: Gorbatchev défend Poutine

Le dernier dirigeant de l’Union soviétique Mikhaïl Gorbatchev a annoncé qu’il défendrait la position de Vladimir Poutine dans la crise ukrainienne et dénoncerait “l’ingérence” américaine auprès d’Angela Merkel lors des commémorations de la chute du Mur de Berlin.

“Je prendrai fermement la défense de la Russie et la défense de son président Vladimir Poutine” lors du forum politique qui doit se tenir dimanche en marge de l’événement, a déclaré M. Gorbatchev à l’agence russe Interfax. “Je suis absolument convaincu que Poutine défend aujourd’hui mieux que quiconque les intérêts de la Russie. Il y a bien sûr dans sa politique de quoi attirer les critiques. Mais je ne souhaite pas le faire et je ne veux pas que quelqu’un d’autre le fasse“, a-t-il ajouté.

L’Allemagne célèbre dimanche les 25 ans de la chute du Mur de Berlin, pour lesquels est notamment prévue une cérémonie réunissant Angela Merkel, Mikhaïl Gorbatchev, le président du Parlement européen, Martin Schulz, et l’ancien leader du syndicat polonais Solidarnosc, Lech Walesa.

Cette rencontre intervient alors que la Russie et l’Occident sont confrontés à la plus grave crise dans leurs relations depuis la fin de la Guerre froide sur fond de conflit en Ukraine. “La Russie a créé (après la disparition de l’URSS) de nouvelles relations et de nouvelles structures de coopération. Et tout allait pour le mieux, mais cela ne plaisait pas à tout le monde aux Etats-Unis“, a poursuivi M. Gorbatchev.

“Les Etats-Unis ont d’autres plans, il leur faut un autre contexte, qui leur permette de s’ingérer partout. Que ce soit bon ou mauvais, cela ne les concerne pas. Ce qui leur importe, c’est qu’ils puissent s’en mêler“, a lancé le prix Nobel de la Paix. “Je suis fermement convaincu que le problème de l’Ukraine n’est qu’un prétexte utilisé par les Etats-Unis pour s’ingérer” dans les affaires d’autres pays, a-t-il conclu.

Les anciens conseillers de M. Gorbatchev ont récemment affiché leur déception face à ce qu’ils considèrent comme une “trahison” des Occidentaux, notamment en raison de la promesse non tenue de ne pas élargir l’Otan aux anciens pays du bloc de l’Est.

Source : Le Figaro

Source: http://www.les-crises.fr/et-maintenant-les-drones-russes-ouvrons-les-yeux-sur-antoine-arjakovsky/


[Média] BFM Business, Les Experts – 5 novembre

Thursday 6 November 2014 at 03:50

Nicolas Doze m’a invité à son émission sur BFM Business.

Avec Guillaume Dard, président de Montpensier Finance (et ancien PDG de la Banque du Louvre), et Christian Poyau, président directeur général de Micropole et président de la Fondation Croissance Responsable.

Voici la vidéo :

Partie 1 :

Partie 2 :

Alors n’ayant pas eu des interlocuteurs ayant envie de débattre sérieusement, mais des propagandistes (finissant d’ailleurs par “zavez qu’à créer une boite pour voir” – bah, moi au moins j’ai lu Henry Ford, qui a pas trop mal réussi dans le bizinesse), je précise que la folie furieuse de l’augmentation du temps travail (genre de 35 ç 39 heures – même si on est DEJA à 39/h par semaine en moyenne) se démonte ainsi, par 3 questions :

1/ Augmente-t-on les salaires ?

A : OUI ; ben alors il n’y a pas de sujet, on a déjà le droit de faire faire des heures sup, ou mieux, d’embaucher pour les boite un peu grandes

B : NON. Il n’y aura donc aucun pouvoir d’achat en plus dans le pays à court termes -> question 2

2/ L’entreprise disposant de main d’œuvre horaire moins chère baisse-t-elle ses prix ?

A : OUI ; donc tous les prix baissent, donc welcome to déflation, pire chose possible en régime capitaliste (les gens cessent d’acheter, préférant attendre).

B : NON ; on a donc un pur transfert de travail gratuit vers la marge des entreprises. L’arnaque du discours dans la vidéo est le “donc elles investiront plus” sachant que :

  1. une bonne part se contentera de verser plus de dividendes dans les grandes entreprises sous pression actionnariale
  2. pour les autres : pourquoi investir vu qu’il n’y a pas plus de demande en France (car pas de pouvoir d’achat en plus, le travail supplémentaire n’étant pas payé), ni à l’étranger (vu que les prix n’ont même pas baissé)

3/ La production augmente-elle ? 

A : NON. C’est l’hypothèse la plus probable. En France, pas de pouvoir d’achat en plus (donc sur 70 % de la production faite hors exportation). A l’étranger, si les prix baissent (2A), la baisse sera limitée à quelques % (le cout de la main d’œuvre ne représente pas 100 % du prix !), donc guère plus que les fluctuation de l’euro par exemple, donc pas de miracle à attendre. On a plus de bras pour produire autant, donc trop de bras, donc on aura des vagues importantes de licenciement, de telle sorte que le nombre d’heures travaillées reste environ constant. En l’espèce, probablement autour de 2 millions de chômeurs en plus, une paille.

B : OUI. C’est l’hypothèse défendue par les propagandistes, grâce à la magie “de l’investissement” rêvé, mais c’est indéniablement impossible à court terme (pas de pouvoir d’achat en plus, ni même souvent de besoin : on ne va pas acheter 10 % de fleurs en plus ou 10 % de tondeuses à gazon en plus, comme ça..), et on voit quand même mal comment une telle croissance de la demande serait générée à moyen long terme…

 

Bref, la hausse du temps de travail non payé, c’est juste plus de marges pour les entreprises et bien plus de chômage (donc plus d’impôts…).

Si ça ne se fait nulle part dans le monde, ce n’est pas à cause d’un complot gauchisto-maçonnique, c’est juste que c’est une énorme connerie !!!!

Et c’est pour cela que depuis 2 siècles, le temps de travail baisse – par le mécanisme que j’ai longuement détaillé dans Les faits sont têtus

Bref, erreur de base du chef d’entreprise qui pense qu’en appliquant ce qui lui semble logique dans sa boite à toutes les boites, tout ira mieux (genre baisser les salaires), alors que c’est le contraire : problème classique de la macroéconomie s’opposant à la microéconomie…

P.S. Lisez par exemple ici un petit cours d’économie de J.P. Simonnet sur ce sujet…

 

Bonus : un petit rappel historique

============================

Quelques extraits de l’émission (comme BFM passe du temps à les découper, au moins qu’on les diffuse…):

Les banques systémiques au bord de l’explosion nucléaire :

Contrôle bancaire : “Arrêtons de jouer à la roulette russe !” :

============================

N’hésitez pas à réagir en direct par mail sur cette émission via ce lien – Nicolas Doze consulte bien les mails en direct, et est très demandeur ;) :

http://www.bfmtv.com/emission/les-experts/

(cliquez sur Lui écrire à droite)

Utilisez aussi Twitter : https://twitter.com/NicolasDOZE

Source: http://www.les-crises.fr/bfm-05-11-2014/


[U4-3] EuroMaïdan : Le rôle des Américains et des Européens

Thursday 6 November 2014 at 01:07

Suite du billet précédent sur l’Ukraine
Index de la série 

4.3 Le rôle des Américains et des Européens 

Comme souvent, les Américains ne sont pas restés inactifs dans l’affaire ukrainienne, dont les ramifications sont profondes. 

Rappelons que le 9 février 1990, au moment de la réunification allemande, James Baker, le secrétaire d’Etat américain [de George Bush], avait assuré à Mikhaïl Gorbatchev, dans la salle Catherine II – haut lieu historique du Kremlin -, que l’alliance occidentale n’étendrait “pas d’un pouce” son influence vers l’Est si Moscou acceptait que l’Allemagne réunifiée entre dans l’Otan. Le lendemain, 10 février, Hans-Dietrich Genscher, le ministre des Affaires étrangères allemand, refit cette promesse à Edouard Chevardnadze, son homologue russe, comme l’a confirmé par la suite une note confidentielle du gouvernement allemand : « Nous sommes conscients que l’appartenance d’une Allemagne unie à l’Otan soulève des questions complexes. Mais une chose est sûre pour nous : l’Otan ne s’étendra pas à l’Est. » Gorbatchev se souvient lui aussi que l’Otan était convenu de « ne pas s’étendre d’un pouce en direction de l’Est. » Il a seulement commis une grave erreur : il a fait confiance à l’Occident et n’a pas fait mettre par écrit cette parole donnée. 

“Source : courrier international 

Depuis, presque tous les pays de l’Est ont intégré l’OTAN – ne manquait que l’Ukraine, pour menacer encore plus la Russie…

Pour revenir à l’Ukraine, entre alors en scène un personnage central : Victoria Nuland. Elle est également l’épouse du néo-conservateur Robert Kagan, instigateur du projet impérial pour un Nouveau siècle américain. Pour Kagan, l’UE est impuissante car sous l’emprise de Vénus, déesse de la paix, mais fort contente que les Etats-Unis fassent le sale boulot de Mars (dieu de la guerre).

Durant le mandat de George W. Bush, elle était la conseillère principale pour les affaires étrangères du vice-président Dick Cheney, puis ambassadrice des États-Unis à l’OTAN ; elle y avait exigé, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, l’application de l’article 5 de la Charte atlantique obligeant les États membres de l’OTAN à partir en guerre avec George Bush junior contre le terrorisme mondial. C’est aussi dans ce but qu’elle a plaidé auprès de Nicolas Sarkozy pour accélérer le retour de la France dans l’OTAN.

Durant le mandat de Barack Obama, elle a été nommée porte-parole du ministère des Affaires Étrangères (« Département d’État »), avant de devenir en mai 2013 la secrétaire d’État-adjoint américain pour les Affaires européennes et eurasiennes

Le 5 décembre, au cours d’un sommet de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à Kiev, Victoria Nuland a apporté son soutien aux manifestants partisans d’une intégration à l’Union Européenne ; elle a déclaré « Nous sommes avec le peuple ukrainien, qui voit son avenir dans l’Europe » et elle a appelé le « gouvernement ukrainien à écouter la voix de son peuple. », mettant en garde contre les risques de « chaos et de violences » dans le cas contraire. Elle s’exprimait devant des responsables ukrainiens et une trentaine de délégations étrangères, au sein desquelles se trouvait le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov… 

Pourtant, les sondages (fiables) montraient que les manifestants de Maïdan n’obtenaient pas 50 % de soutien dans le pays…

Avec de gros écarts entre les régions (de 13 % à 84 % de soutien !) – évidemment…

Le 11 décembre, elle se rendit place Maïdan accompagnée de Jaffrey Pyatt, l’ambassadeur américain en Ukraine. Sur place, elle offrit des gâteaux aux manifestants, dont beaucoup chantèrent « Dieu vous bénisse ». Elle tenta aussi de distribuer l’aumône aux policiers – ne se rendant apparemment pas compte que cela ne se fait pas trop d’accepter de la nourriture d’un ministre étranger…

Images stupéfiantes – on  imagine ce qu’auraient dit les Etats-Unis s’ils avaient vu débarquer un ministre russe à New-York pour donner des cookies aux protestataires d’Occupy Wall-Street – et encore, ceux-ci ne demandaient-ils pas le départ du Président contrairement à ceux de Kiev…

 

Ce n’est qu’après ce soutien qu’elle partit rencontrer le Président Yanoukovytch (tout en finesse…). Dans la soirée, Victoria Nuland a rencontré les 3 chefs de l’opposition – dont Oleh Tyahnybok le leader de Svoboda. Ils lui ont demandé de prendre des sanctions à l’encontre des responsables des violences policières contre les manifestants.

Saluons enfin la magnanimité de cette petite-fille d’immigrants de la Russie tsaristes, ayant fui aux États-Unis pour fuir les pogroms, qui discute joyeusement avec une brute vénérant des SS et des nationalistes meurtriers de masse durant la guerre… Mais la fin justifie les moyens : l’important est de soustraire l’Ukraine du giron russe.

Il y a eu alors un défilé en décembre à Kiev pour rencontrer les grands Démocrates de l’opposition…

Citons tout d’abord le sénateur Républicain John Mc Cain (candidat défait de la présidentielle américaine de 2008) venu accompagné du jeune sénateur Démocrate Chris Murphy – le visage de Tyahnybok vaut le détour…

Il a déclaré le 14 décembre 2013 : « Nous sommes ici pour soutenir votre juste cause, le droit souverain de l’Ukraine à choisir son propre destin librement et en toute indépendance. Et le destin que vous souhaitez se trouve en Europe ».

Mais aussi : « Nous voulons indiquer clairement à la Russie et à Vladimir Poutine que l’ingérence dans les affaires de l’Ukraine n’est pas acceptable pour les États-Unis. » Ce qui est osé…

Rappelons en effet que McCain est le président de l’International Republican Institute, et que celui-ci est une branche de la National Endowment for Democracy (NED), qui lui-même fait partie du Département d’État (lors du vote du budget des États-Unis, les parlementaires votent celui de la National Foundation for Democracy dans le cadre du budget du Département d’État et non pas de manière distincte…). En raison du co-financement des opérations par la CIA, le budget annuel des projets de ces structures atteint plusieurs centaines de millions de dollars.

McCain a agi dans l’ombre lors de beaucoup de « révolutions colorées » (qui se sont déroulées dans les pays de l’Est et surtout les ex-Républiques soviétiques durant les années 2000. Celles qui ont abouti à un changement du gouvernement en place ont touché la Serbie (2000), la Géorgie (2003), l’Ukraine (2004) et le Kirghizstan (2005)), comme le montre l’excellent documentaire de 2005 de Manon Loizeau.


“Source : ahmed bensaada

Dans un article exhaustif et très détaillé sur le rôle des États-Unis dans les  révolutions colorées, G. Sussman et S. Krader de la Portland State University mentionnent dans leur résumé : 

« Entre 2000 et 2005, les gouvernements alliés de la Russie en Serbie, en Géorgie, en Ukraine et au Kirghizistan ont été renversés par des révoltes sans effusion de sang. Bien que les médias occidentaux en général prétendent que ces soulèvements sont spontanés, indigènes et populaires (pouvoir du peuple), les « révolutions colorées » sont en fait le résultat d’une vaste planification. Les États-Unis, en particulier, et leurs alliés ont exercé sur les États postcommunistes un impressionnant assortiment de pressions et ont utilisé des financements et des technologies au service de l’aide à la démocratie » 

“Source : colorrevolutionsandgeopolitics.blogspot.fr

Une dissection des techniques utilisées lors de ces « révolutions » montre qu’elles ont toutes le même modus operandi. Plusieurs mouvements ont été mis en place pour conduire ces révoltes : OTPOR (« Résistance ») en Serbie, Kmara (« C’est assez! ») en Géorgie, Pora (« C’est l’heure ») en Ukraine et KelKel (« Renaissance ») au Kirghizistan. Le premier d’entre eux, OTPOR, est celui qui a causé la chute du régime serbe de Slobodan Miloševic. Après ce succès, il a aidé, conseillé et formé tous les autres mouvements par l’intermédiaire d’une officine spécialement conçue pour cette tâche, le Center for Applied Non Violent Action and Strategies (CANVAS) qui est domiciliée dans la capitale serbe. CANVAS forme des dissidents en herbe à travers le monde à  l’application de la résistance individuelle non violente, idéologie théorisée par le philosophe et politologue américain Gene Sharp dont l’ouvrage From Dictatorship to Democracy (De la dictature à la démocratie) a été à la base de toutes les révolutions colorées. Les logos de quelques révolutions colorées parlent d’eux-mêmes…

Voici également un comparatif de tracts trouvés en Égypte et en Ukraine :

Ils viennent de l’ONG serbe OTPOR (largement financée par Freedom House) qui avait largement contribué à la chute de Milosevic. D’ailleurs Freedom House est désormais présidé par l’ancien dirigeant de la CIA James Woosley. Ce dernier est un proche du Sénateur McCain, qui l’avait engagé comme conseiller lors de sa campagne présidentielle de 2008. 

Aussi bien CANVAS que les différents mouvements dissidents ont bénéficié de l’aide de nombreuses organisations américaines d’ « exportation » de la Démocratie comme l’United States Agency for International Development (USAID), la National Endowment for Democracy (NED), l’International Republican Institute (IRI), le National Democratic Institute for International Affairs (NDI), la Freedom House (FH), l’Albert Einstein Institution et l’Open Society Institute (OSI). Ces organismes sont financés par le budget américain ou par des capitaux privés américains. 

À titre d’exemple, la NED est donc financée par un budget voté par le Congrès et les fonds sont gérés par un conseil d’administration où sont représentés le Parti républicain, le Parti démocrate, la Chambre de commerce des États-Unis et le syndicat American Federation of Labor-Congress of Industrial Organization (AFL-CIO), alors que l’OSI fait partie de la Fondation Soros, du nom de son fondateur George Soros, le milliardaire américain, illustre spéculateur financier.

La relation entre le mouvement ukrainien « Pora » et ces organisations américaines est explicitée par Ian Traynor dans un remarquable article publié par The Guardian en novembre 2004, où il indique : 

« Officiellement, le gouvernement américain a dépensé, pendant une année, 41 millions de dollars pour l’organisation et le financement de l’opération qui a permis de se débarrasser de Miloševic […]. En Ukraine, le chiffre doit tourner autour de 14 millions de dollars »   “Source : the guardian 

On comprend alors aisément pourquoi le sénateur McCain s’est récemment précipité à Kiev pour soutenir les émeutiers ukrainiens. On comprend aussi pourquoi la Russie a durci le ton concernant les ONG étrangères présentes sur son sol et la raison qui a motivé l’expulsion de l’USAID de son territoire… 

John McCain est d’ailleurs en terrain connu à Kiev, car après la fin de la « Révolution orange » de 2004, il s’était déjà rendu en Ukraine (en février 2005) pour y rencontrer ses « poulains » qu’il avait largement financés.

Le sénateur américain s’est aussi rendu dans les pays arabes « printanisés » : Tunisie (21 février 2011), Égypte (27 février 2011), Libye (22 avril 2011) et Syrie (27 mai 2013). Lors des deux premiers voyages, les gouvernements étaient déjà tombés. Dans les deux derniers, la bataille faisait rage (elle le fait encore en Syrie).

Ce croisé de la démocratie n’a cependant, lui non plus, aucun problème avec Svoboda…

On retrouve le classique : « les fascistes, s’ils nous aiment bien, ce sont des gentils fascistes ! »

En plus de L’IRI, la NED est présente à Kiev. Ainsi, on peut lire dans « le Kiyv Post » – et d’autres journaux célèbres -, Madame Nadia Diuk qui écrit à partir de Kiev. Les titres de ses articles sont idylliques : « La révolution auto-organisée d’Ukraine », « Les visions du futur de l’Ukraine », etc. Déjà, en 2004, en pleine « révolution » orange, elle écrivait « En Ukraine, une liberté indigène » pour prouver que la « Révolution » était spontanée, ce qui a été contredit par les études occidentales publiées postérieurement. Et pour cause, puisque Mme Diuk est vice-présidente de la NED, chargée des programmes pour l’Europe, l’Eurasie, l’Afrique, l’Amérique latine et les Caraïbes.

“Source : Ned.org

Les rapports annuels de la NED montrent que, juste pour 2012, les montants octroyés à une soixantaine d’organismes ukrainiens s’élevaient à près de 3,4 millions de dollars. Dans ce rapport, il est indiqué que l’IRI de John McCain et le National Democratic Institute (NDI, le pendant Démocrate de l’IRI) de Madeleine Albright ont respectivement bénéficié de 380 000 et 345 000 $ pour leurs activités en Ukraine.  “Source : Ned.org 

Le second pays occidental largement impliqué dans l’Euromaïdan est l’Allemagne. Une dizaine de jours avant McCain, Guido Westerwelle, le chef de la diplomatie allemande, a pris un bain de foule au milieu des manifestants de la place Maïdan en compagnie de ses « protégés » Iatseniouk et Klitschko. Après s’être entretenus avec eux à huis clos, il déclara « Nous ne sommes pas ici pour soutenir un parti, mais nous soutenons les valeurs européennes. Et quand nous nous engageons pour ces valeurs européennes, il est naturellement agréable de savoir qu’une grande majorité des Ukrainiens partagent ces valeurs, veulent les partager et souhaitent suivre la voie qui mène à l’Europe ».

En parlant de « majorité », Westerwelle n’a certainement pas consulté les récents sondages qui montrent que seuls 37% de la population ukrainienne est favorable à une adhésion de leur pays à l’Union Européenne. D’ailleurs, les citoyens européens le sont-ils ? Pas si sûr. Par exemple, un très récent sondage montre que 65% des Français sont opposés à l’idée d’une aide financière apportée par la France et l’Union européenne à l’Ukraine et 67% sont contre une entrée de ce pays dans l’UE. 

D’autre part, la chancelière allemande a, comme son ministre, reçu Iatseniouk et Klitschko le 17 février 2014 à Berlin.

Le candidat sur lequel ont misé Merkel, le CDU et son think tank, la Fondation Konrad Adenauer, est Klitschko, comme nous l’avons vu. Néanmoins, le parti de Timochenko est aussi considéré comme un allié du PPE et du CDU ainsi que l’avait affirmé M. Martens lors d’un discours au Club de la Fondation Konrad Adenauer en 2011 : « Ioulia Timochenko est une amie de confiance et son parti est un membre important de notre famille politique ». Dans ce même discours, il avait déclaré que sa position était similaire à celle de McCain quant au soutien à Timochenko (pour sa libération lorsqu’elle était emprisonnée).

Il faut souligner que cette convergence de vue entre l’IRI et la Fondation Konrad Adenauer n’est ni fortuite, ni récente. En réalité, elle remonte à la création de la NED comme nous l’explique Philip Agee, l’ancien agent de la CIA qui avait quitté l’agence pour vivre à Cuba. Tout d’abord, il faut comprendre que la NED a été créée pour prendre en charge certaines tâches qui relevaient originalement de la CIA, en l’occurrence la gestion des programmes secrets de financement de la société civile étrangère. Après avoir consulté un vaste éventail d’organisations nationales et étrangères, les autorités américaines furent intéressées par les fondations des principaux partis de l’Allemagne de l’Ouest qui étaient financées par le gouvernement allemand : la Friedrich Ebert Stiftung des sociaux-démocrates et la Konrad Adenauer Stiftung des démocrates-chrétiens. Nous trouvons actuellement une structure analogue dans le paysage politique américain. L’IRI et le NDI, les deux satellites de la NED, sont respectivement reliés aux partis républicain et démocrate américains et, comme ses homologues allemands, sont financés par des fonds publics. Comme la CIA collaborait avec ces « Stiftungs » allemands pour financer des mouvements à travers le monde bien avant la création de la NED par le président Reagan en 1983, les relations sont restées solides jusqu’à nos jours.

Bien que plus discret que les deux précédents, le troisième pays fortement impliqué dans les événements ukrainiens est le Canada. Cet intérêt est probablement dû au fait que le Canada abrite la plus grande diaspora ukrainienne dans le monde après celle de la Russie. Plus de 1,2 millions de canadiens sont d’origine ukrainienne.

John Baird, le ministre des affaires étrangères canadien a rencontré le triumvirat ukrainien le 4 décembre 2013 à Kiev et, comme les autres, a effectué un « pèlerinage » à la place Maïdan. Le chef de la diplomatie canadienne est revenu à Kiev le 28 février 2014 pour y rencontrer les nouvelles autorités : le président Tourtchino et le Premier ministre Iatseniouk – ainsi que Ioulia Timochenko.

Questionné alors sur son soutien « inconditionnel » à l’Ukraine et ses conséquences sur les relations avec la Russie, il répondit : « Nous n’allons certainement pas nous excuser pour avoir soutenu le peuple ukrainien dans sa lutte pour la Liberté ».

Le défilé continue, avec Carl Bildt, le ministre des Affaires étrangères de Suède, dès le 5 décembre 2013, puis le 5 mars 2014.

Kiev a vu également le passage de l’inénarrable Catherine Ashton, vice-Présidente de la Commission Européenne :

« L’opposition démocratique » rencontra également Stefan Fuele, le Commissaire européen à l’Élargissement et à la Politique européenne de voisinage.

Vint également le 30 janvier Robert Serry, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU (un diplomate hollandais qui a été adjoint au Sous-Secrétaire général chargé de la gestion des crises et des opérations de l’OTAN…) :

Ainsi que le ministre des affaires de Pologne Radek Sikorski le 21 février :

Laurent Fabius vint également le même jour, et serra la main d’Oleh Tyahnybok – décidemment parfaitement fréquentable…

Ce qui a choqué beaucoup de personnes, surtout juste après l’épisode médiatique Dieudonné…

Et comme ces gens sont sympathique, il y a des retours à Kiev en février, comme Ashton :

D’ailleurs tout va bien puisque « La chancelière [allemande Angela Merkel] veut une nouvelle fois marteler que Mme Ashton [la chef de la diplomatie de l’UE] fait un excellent travail », a indiqué la porte-parole adjointe du gouvernement allemand, Christiane Wirtz.

Nuland est également revenue…

Ianoukovytch aurait plus dû se méfier de voir débarquer de nouveau l’Américaine…

D’autant que celle-ci avait vendu la mèche le 16 décembre 2013, lors d’une conférence donnée à Washington à la Fondation Amérique-Ukraine (sponsorisée par les pétroliers Chevron et Exon…), où elle déclara dans son discours : 

« Depuis l’indépendance de l’Ukraine en 1991, les États-Unis ont soutenu les Ukrainiens afin qu’ils développent des compétences et des institutions démocratiques, afin qu’ils promeuvent la participation citoyenne et la bonne gouvernance, qui sont des conditions préalables pour que l’Ukraine puisse réaliser ses aspirations européennes. 

Nous avons ainsi investi plus de 5 milliards de dollars pour aider l’Ukraine à atteindre ces objectifs – et d’autres – qui assureront à l’Ukraine sécurité, prospérité et démocratie. »

“Source : iipdigital 

Ainsi, comme le souligne fort justement Ahmed Bensaada dans son excellente analyse « Ukraine: autopsie d’un coup d’état » (à laquelle cette partie doit beaucoup…) : 

« Les positions et les réactions de tous ces politiciens laissent cependant perplexes. Certes, les vies perdues lors de ce sanglant conflit sont à déplorer, mais qu’auraient-ils fait si des manifestants violents, appartenant à des groupes extrémistes, avaient occupé le centre-ville de leur capitale, tué des membres des forces de l’ordre, kidnappé des dizaines de policiers, occupé des locaux officiels et troublé l’ordre public pendant des mois ? Et n’ont-ils pas une part de responsabilité dans l’augmentation du nombre de victimes en venant jeter de l’huile sur le feu du Maïdan ?

En France, par exemple, le ministre de l’Intérieur Manuel Valls s’est insurgé contre une récente manifestation de « Black Bloc » qui a fait six blessés parmi les policiers, le 22 février 2014. Voici ses commentaires : « Cette violence venant de cette ultra-gauche, de ces Black Bloc, qui sont originaires de notre pays mais aussi de pays étrangers est inadmissible et elle continuera à trouver une réponse particulièrement déterminée de la part de l’État ». Après avoir rendu hommage « au préfet de la Loire Atlantique, aux forces de l’ordre, policiers et gendarmes, qui avec beaucoup de sang froid et de professionnalisme ont contenu cette manifestation », il ajouta : « Personne ne peut accepter de telles exactions » [87].

Et les Ukrainiens, doivent-ils les accepter? Et comment aurait réagi la classe politique française et occidentale si ces « Black Bloc » avaient été financés, formés ou soutenus par des organismes et politiciens étrangers, Russes, Chinois ou Iraniens venus à Nantes pour les soutenir ?

Je vous laisse le soin d’y répondre. » “Source : ahmed bensaada

À suivre dans le prochain billet

Source: http://www.les-crises.fr/u4-3-le-role-des-americains-et-des-europeens/