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Le climat de la France au 21è siècle : actualisation des projections

Saturday 2 May 2015 at 03:00

Le volume 4 du rapport “Le climat de la France au 21è siècle” a été rendu public, le 6 septembre 2014. Ce document propose une « synthèse approfondie sur les scénarios de référence à considérer pour la mise en œuvre du plan national d’adaptation français au changement climatique ». Il a été établi dans le cadre de la mission confiée par le Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’énergie à Jean Jouzel, en juillet 2010.

Crédits photo : Serge Zastavkin_Fotolia

Le rapport « Le climat de la France au 21e siècle »

Cet ouvrage a pour but de présenter les changements climatiques futurs en France jusqu’en 2100.” Il vise à présenter les changements climatiques futurs à l’échelle de la France, simulés à partir de deux modèles climatiques régionaux mis en œuvre par le CNRM (Centre National de Recherches Météorologiques de Météo-France) et l’IPSL (Institut Pierre Simon Laplace) en collaboration avec l’INERIS (Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques).

Le Volume 4 du rapport « Scénarios régionalisés – Editions 2014 pour la métropole et les régions d’outre-mer »

Contrairement aux volumes précédents, ce rapport ne rassemble pas les indices de températures, précipitations et vent de manière exhaustive, car ces derniers sont mis à disposition sur le portail DRIAS. Suite au projet GICC DRIAS, ce portail met à disposition des utilisateurs, des projections climatiques régionalisées sous différentes formes que ce soit des données corrigées (avec les observations), des indices ou encore des représentations cartographiques. Le présent document est destiné à fournir un accompagnement à l’analyse et l’interprétation de ces données.

Une autre nouveauté importante est que les scénarios climatiques de référence ne sont plus fondés sur les scénarios d’émissions de gaz à effet de serre dits SRES (Special Report on Emissions Scenarios) comme dans les précédents rapports, mais sur les nouveaux scénarios RCP (Representative Concentration Pathway), en cohérence avec le 5e rapport d’évaluation du GIEC.

Une fine résolution horizontale est adoptée dans les simulations, nécessaire pour la régionalisation des projections, en lien avec les processus de petite échelle liés à l’orographie notamment. Pour la première fois, des projections climatiques à résolution aussi fine ont aussi été produites pour les régions d’outre-mer.

Ce rapport propose aussi une nouvelle représentation des incertitudes autour des projections climatiques des deux modèles climatiques régionaux. On s’attache ici à prendre en compte l’incertitude liée au choix des modèles via une analyse multi-modèle (voir la partie 2.3).

Les analyses sont présentées sous forme de séries temporelles, pour les saisons hivernale et estivale, en moyenne sur la France métropolitaine dans un premier temps, pour la température et les précipitations, associées à des tableaux récapitulant les valeurs d’incertitudes liées à la modélisation climatique. Nous présentons également des cartes d’indices d’extrêmes calculés à partir des données corrigées de température et de précipitations. Dans un second temps, nous nous penchons sur le changement climatique dans les régions d’outre-mer, en terme de température et précipitations moyennes, et nous nous appuyons sur l’expertise du GIEC pour analyser l’impact du changement climatique sur l’activité cyclonique.

Découvrir la version complète du rapport

Les principales conclusions du volume 4 sont les suivantes :

A l’horizon proche (2021-2050), le rapport montre (pour la métropole) :

A l’horizon plus lointain (2071-2100), le rapport indique :

Concernant les régions d’outre-mer :

Découvrir la version complète du rapport

Source : Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie, le 4 septembre 2014.

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Le climat de la France au XXIe siècle vol 5 publié par les-crises

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Volumes à télécharger :

Source: http://www.les-crises.fr/le-climat-de-la-france-au-21e-siecle-actualisation-des-projections/


L’UPR appelle les députés à “censurer” le gouvernement français au sujet de son aide à l’Ukraine (+ Le Pen)

Saturday 2 May 2015 at 01:12

Heureuse initiative de l’UPR que je reproduis

(pour les trolls groupies essayant de poster plusieurs fois par jour sur ce parti en commentaire sur ce blog, pour une fois vous pourrez donner libre court à votre prosélytisme dans les commentaires de ce billet…  :) )

Communiqué de presse

Pravy-Sektor-upr

L’UPR APPELLE TOUS LES DÉPUTÉS À DÉPOSER IMMÉDIATEMENT UNE MOTION DE CENSURE CONTRE LE GOUVERNEMENT FRANÇAIS QUI FINANCE – VIA SES VERSEMENTS À L’UE – LE GOUVERNEMENT UKRAINIEN QUI EMBAUCHE, ARME ET FINANCE LES MILICES NÉO-NAZIES.

Dmitriy Yarosh, 43 ans, chef de Pravy Sektor, groupe néo-nazi paramilitaire dont des membres combattent aux côtés de l’armée ukrainienne dans l’Est séparatiste pro-russe et ont commis d’innombrables exactions, a été nommé lundi 6 avril conseiller du chef de l’état-major de l’armée ukrainienne Viktor Moujenko (http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/04/06/ukraine-le-leader-ultranationaliste-dmytro-iaroch-nomme-au-ministere-de-la-defense_4610275_3214.html).

Selon le porte-parole de l’armée, Oleksii Mazepa, «Dmitriy Yarosh jouera le rôle de médiateur entre les bataillons de volontaires et l’état-major. Nous voulons être unis face à l’ennemi et notre objectif est la coopération et l’intégration des bataillons de volontaires au sein des forces armées. »

Un porte-parole de Dmitriy Yarosh a expliqué que sa milice paramilitaire néo-nazie Pravy Sektor resterait une structure « autonome » mais serait désormais « financée par le ministère de la défense » en précisant : « nos combattants seront désormais bien armés. Jusqu’à présent, c’était des volontaires qui nous fournissaient des équipements ».

L’UPR rappelle :

L’UPR rappelle également :

Pour l’ensemble de ces faits proprement ahurissants, l’Union Populaire Républicaine (UPR) appelle solennellement tous les députés français à déposer immédiatement une motion de censure du gouvernement français et de censurer le gouvernement de Manuel Valls.

L’UPR rendra publique la liste des députés qui lui auront répondu, ainsi que le contenu de leur réponse.

L’UPR rendra également publique la liste des députés qui auront gardé le silence face à notre demande et qui auront ainsi laissé faire cette forfaiture qui entraîne la France dans des alliances scandaleuses et dans le risque d’une escalade sans précédent vers un conflit avec la Russie,  2e puissance nucléaire mondiale.

Source : Union Populaire Républicaine, le 7 avril 2015.

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Les américains promeuvent leur marionnette « Marine Le Pen adoubée par les américains » lors du gala du magazine Time à New York

marine-le-pen-time-fnumps

Mme Le Pen s’était déjà rendue aux États-Unis en décembre 2011, dans le but de montrer patte blanche avant de se présenter à l’élection présidentielle de 2012.

Depuis lors, l’héritière de la SARL LE PEN a donné tous les gages de soumission à Washington. En particulier :

a)- le refus délibéré et constant du FN d’expliquer ce qui se cache derrière la construction européenne, qui en fut à l’origine et dans quels buts ;

b)- le refus non moins délibéré et constant de Mme Le Pen et du FN de proposer aux Français de sortir de l’UE et de l’euro, et d’expliquer en quoi consiste précisément l’article 50 du traité sur l’Union européenne (TUE) qui le permet ; (cf. https://www.upr.fr/dossiers-de-fond/fn-propose-pas-reellement-faire-sortir-france-lunion-europeenne-meme-leuro )

c)- le refus toujours délibéré et constant de Mme Le Pen et du FN de proposer aux Français de sortir de l’OTAN, et d’expliquer en quoi consiste précisément l’article 13 du traité de l’Atlantique nord qui le permet ;

d)- la focalisation permanente de Mme Le Pen et du FN sur la lutte contre le « terrorisme islamique » et sur l’islam, afin de satisfaire pleinement à la vision washingtonienne du « Choc des civilisations » ;

e)- de façon générale, la très grande discrétion – pour ne pas dire le silence complice – de Mme Le Pen et du FN sur le TAFTA et sur les dérives dictatoriales de la classe dirigeante des États-Unis dans tous les domaines.

Dans ces conditions, on comprend que Mme Le Pen soit promue de façon massive et éhontée, depuis son voyage de décembre 2011, par tous les grands médias français fidèles à la géopolitique euro-atlantiste. ( http://www.upr.fr/actualite/france/temps-de-parole-dans-les-medias-fn-surrepresentes-sur-les-chaines-dinformation-en-continu )

Et l’on n’est pas surpris de voir que l’héritière de la SARL LE PEN vient d’avoir droit à ce que le Figaro appelle « son festival de Cannes à elle » : le tapis rouge a été déroulé pour elle au fameux Lincoln Center, l’un des endroits les plus huppés du monde de la finance et des affaires new-yorkais, où se tenait le très chic « Gala annuel » de Time Magazine censé couronner « les cent personnalités les plus influentes du monde ». .

Pendant cinq minutes, selon Europe 1, Mme Le Pen a pris la pause devant les photographes américains, en robe de cocktail bleu pétrole, accompagnée de son compagnon Louis Aliot, le vice-président du FN, en smoking pour l’occasion.

[ source : http://www.lefigaro.fr/politique/2015/04/22/01002-20150422ARTFIG00015-marine-le-pen-adoubee-par-les-americains.php ]

CONCLUSION

Cette mise en scène hollywoodienne et l’adoubement anglo-saxon de la prétendue « nouvelle Jeanne d’Arc » est aussi risible que pathétique.

Tout cela n’étonnera aucun de nos lecteurs qui savent que le FN n’est qu’un leurre et que la pseudo « opposante » au Système en est en réalité la dernière roue de secours ( http://www.upr.fr/communiques-de-presse/gouvernement-aux-abois-fait-nouveau-promotion-du-fn )

Ce sketch avilissant fait penser à l’analyse percutante, et toujours d’actualité, que Charles de Gaulle faisait de la politique des dirigeants américains vis-à-vis des autres pays du monde :

« Roosevelt était un type qui voulait dominer l’univers et, bien entendu, décider du sort de la France. Alors, de Gaulle, ça l’embêtait ; il ne le trouvait pas assez souple. […] La politique de Roosevelt, c’était exactement celle qu’ont aujourd’hui les Américains dans le Sud-Est asiatique. Ils ne peuvent pas en imaginer d’autres. DES MARIONNETTES, C’EST ÇA QU’ILS VEULENT EN FACE D’EUX. »

[ Source : Charles de Gaulle, Salon doré, 17 juin 1964, cité par Alain Peyrefitte dans « C’était de Gaulle », Fayard, 1997, T.II, pages 52 et 54.]

De Gaulle avait tout compris. L’élite de la banque, des affaires et des médias américains vient de convoquer l’héritière de la SARL LE PEN au Gala new-yorkais de Time pour exhiber leur marionnette.

François Asselineau, 23 avril 2015 

Source: http://www.les-crises.fr/lupr-appelle-les-deputes-a-censurer-le-gouvernement-francais-au-sujet-de-son-aide-a-lukraine/


Un réchauffement climatique plus rapide que prévu après une pause de plusieurs années…

Friday 1 May 2015 at 02:20

Quelques enseignements du « hiatus » dans le réchauffement climatique

Pourquoi le réchauffement atmosphérique global a-t-il ralenti de 1998 à 2012 ? Cette question, discutée à l’issue de la publication du 5e rapport du GIEC, a été récemment revisitée par les chercheurs du Centre national de recherches météorologiques – Groupe d’étude de l’atmosphère météorologique (Météo-France/CNRS). Les résultats confirment que la variabilité naturelle du Pacifique tropical joue un rôle majeur dans le ralentissement du réchauffement, mais relancent également le débat sur l’existence d’autres contributions et sur la manière d’évaluer la sensibilité des modèles aux forçages anthropiques. Ils impliquent par ailleurs une prochaine ré-accélération du réchauffement global. Ces travaux ont été publiés en ligne sur le site de Geophysical Research Letters le 16 février 2015.

L’accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère provoque depuis la fin du 19e siècle un réchauffement global du système Terre, dont les mesures de température de l’air en surface restent l’un des indicateurs privilégiés au vu de la couverture spatio-temporelle et de la relative précision des instruments utilisés. Ces observations ont toutefois montré un net ralentissement du réchauffement global de 1998 à 2012 relativement à l’ensemble de la période 1951-2012Ce « hiatus » dans le réchauffement atmosphérique global peut paraître d’autant plus intriguant qu’il semble difficilement conciliable avec la plupart des simulations effectuées lors de la 5ème phase du projet d’intercomparaison des modèles de climat CMIP (qui a en partie servi de support à la rédaction du 5ème rapport du GIEC). Le ralentissement observé relève-t-il dès lors uniquement de la variabilité naturelle du climat ? Traduit-il aussi une mésestimation des forçages radiatifs anthropiques, voire une trop grande sensibilité des modèles à ces forçages ?

Les travaux les plus récents sur ce thème tendent à privilégier la première piste, en désignant plus particulièrement le Pacifique tropical et le régime des alizés. Ce bassin océanique est en effet le siège d’une forte variabilité naturelle qui se manifeste aux échelles interannuelle (phénomène ENSO, pour El Niño/Southern Oscillation) et multi-décennale (PDO pour Pacific Decadal Oscillation) et se traduit notamment par de fortes fluctuations des vents dominants. L’hypothèse avancée est la suivante : l’intensification récente des alizés aurait provoqué un transfert de chaleur de la surface vers la subsurface de l’océan Pacifique tropical, via le renforcement des courants océaniques.

Les chercheurs du CNRM-GAME se sont penchés sur la question en exploitant les simulations CMIP5 et en réalisant de nouvelles simulations visant à étudier plus spécifiquement le rôle du Pacifique tropical. Ces dernières ont été menées selon deux protocoles expérimentaux. Le premier consiste à piloter dans la simulation l’évolution des températures de surface de la mer de manière à la reproduire le plus fidèlement possible (y compris dans sa chronologie) et le second à piloter la dynamique de l’océan superficiel (via l’influence qu’ont sur elle les vents de surface) afin de privilégier le réalisme des échanges de chaleur entre l’atmosphère et l’océan.

Les résultats des travaux menés au CNRM-GAME montrent que:

- les études antérieures ont pu être biaisées par une surestimation de l’influence du Pacifique tropical sur la température du globe dans les modèles utilisés ;

- l’influence du Pacifique tropical sur le réchauffement simulé par un modèle donné dépend en partie du protocole expérimental utilisé.

Ils confirment toutefois l’importante contribution de la variabilité naturelle du Pacifique tropical au ralentissement récent du réchauffement global observé. Le réchauffement a dès lors vocation à s’accélérer au cours des prochaines décennies – à moins d’être entravé par un forçage externe, comme une éruption volcanique majeure.

Source : Météo France, le 25 février 2015.


Un réchauffement rapide après une pause climatique ?

Depuis 1998, les températures ont augmenté moins vite que ne le prévoyaient les modèles. Même si 2014 a été marquée par un record de chaleur, la tendance décennale au réchauffement a été moins importante dans les années 2000 que dans les années 1990. Selon des scientifiques du Met Office et de l’Université d’Exeter, ce hiatus, sans doute lié à la variabilité naturelle du climat, a environ 15% de chances de se prolonger encore 5 ans. Une brutale phase de réchauffement devrait ensuite mettre un terme à cette pause.

D’après les modèles climatiques, les températures sont censées augmenter de 0,2°C par décennie à cause du forçage des gaz à effet de serre. En raison de la variabilité naturelle du climat, ce réchauffement est plus ou moins marqué selon les décennies.

Une nouvelle étude publiée dans Nature Climate Change analyse les chances pour que la variabilité du climat contrarie ponctuellement la tendance de fond au réchauffement climatique. Il s’avère que la variabilité naturelle a potentiellement la capacité de contrarier le rythme du réchauffement en annulant tout ou partie de la hausse décennale moyenne de 0,2°C annoncée par les modèles.

Grâce à la puissance de calcul des modèles climatiques, les auteurs de l’étude ont pu déterminer que les périodes de hiatus climatiques d’une durée de 20 ans n’étaient susceptibles de se produire qu’une fois tous les 100 ans. Une fois qu’une pause est amorcée et qu’elle dure 15 ans, il y a ensuite 15% de chances pour qu’elle se poursuive encore 5 années supplémentaires.

L’autre résultat important de l’étude est que les périodes de pause dues à la variabilité naturelle sont associées à l’enfouissement de chaleur dans l’océan. Lorsque se phénomène s’inverse, le largage de chaleur conduit à une phase de réchauffement rapide. La tendance décennale peut alors atteindre un rythme de 0,40°C, deux fois celui prédit par les modèles.

Entre 1990 et 1999, les températures ont augmenté à un rythme de 0,25°C par décennie, selon les chiffres de la Nasa. Entre 2000 et 2009, ce rythme est retombé à 0,10°C par décennie et le réchauffement a même été quasiment nul entre 2003 et 2013. Si l’on considère que la variabilité naturelle du climat peut expliquer une baisse de 0,2°C des températures sur une dizaine d’années, cela signifie que la tendance moyenne au réchauffement (+0,2°C) peut être annihilée. Cela expliquerait pourquoi, depuis 1998, les températures onnt plafonné avec des conditions peu propices dans le Pacifique. Malgré cela, des records de chaleur ont quand même été battus en 2005, 2010 et 2014. Sans la variabilité naturelle, les records auraient été encore plus marqués.

L’oscillation décennale du Pacifique (PDO) figure parmi les principaux candidats pour expliquer la pause. Il s’agit d’une variation de la température de l’océan Pacifique dont le cycle se déroule sur 15 à 30 ans.  Dans sa phase positive, l’oscillation favorise les phénomènes El Niño, ce qui tend à réchauffer l’atmosphère.  Mais après une période marquée par le largage de chaleur par l’océan, une phase de refroidissement prend le relais, c’est la phase négative de la PDO.  Les conditions sont alors plus propices au phénomène La Niña.

Phase positive de l’Oscillation décennale du Pacifique (PDO). Source : UCAR

La PDO était dans une phase négative avant 1976, puis dans une phase positive entre 1976 et 1998, une période qui a coïncidé avec une forte élévation des températures atmosphériques. Ensuite, une nouvelle phase négative a débuté en 1999, coïncidant avec la pause dans le réchauffement de la planète.

Le rôle de la PDO semble confirmé par les résultats d’une étude publiée en janvier 2015 dans Nature Climate Change : les  océans ont continué à se réchauffer entre 2006 et 2013, à un moment où les températures de l’air plafonnaient. Le réchauffement a été observé jusqu’à 2000 mètres de profondeur, confirmant que l’océan avait probablement absorbé une grande partie de la chaleur excédentaire due aux gaz à effet de serre.

Entre la surface et 2000 mètres de profondeur, on a constaté depuis 2006 un réchauffement de 0,4 à 0,6 watts par mètre carré. Cette observation a pu être réalisée grâce au programme de développement des balises Argo qui enregistrent les températures dans les 2 premiers kilomètres.

Une autre cause a été récemment avancée pour expliquer le hiatus du réchauffement climatique : le fait que les agences météo ne prennent pas suffisamment en compte les températures de l’Arctique dans le calcul de la température moyenne de la planète. Or il s’avère que les années 2000 ont été marquées par une forte élévation des températures de l’Arctique. Si on ne les prend pas en compte, on fausse partiellement la mesure de la moyenne mondiale. C’est ce qu’on noté les scientifiques Cowtan et Way, qui ont proposé une nouvelle méthode pour mieux prendre en compte la situation au pôle nord. Leur calcul de température a permis d’établir que le rythme du réchauffement était plus important (+0,16°C par décennie entre 2000 et 2009) que celui trouvé par les autres agences, surtout la NOAA et le Met Office, qui ne prennent pas assez en compte le climat des hautes latitudes.

Quelles que soient les causes du hiatus climatiques, la tendance de long terme au réchauffement n’a pas été démentie par le ralentissement des années 2000. Si l’on prend en compte la période qui va des années 1970 à aujourd’hui, la tendance au réchauffement est conforme à ce que prévoient les modèles. L’étude parue dans Nature Climate Change montre en tous cas que le récent hiatus reste dans les limites des variations naturelles et que cette dynamique interne du climat ne peut pas être exclue comme une cause possible du moindre réchauffement climatique depuis 1998.

Source : Johan Lorck, pour global-climat, le 26 février 2015.


Confirmation du rôle du Pacifique dans les variations du climat

Les émissions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines favorisent l’élévation des températures sur le long terme. Mais le rythme de cette hausse varie sur des échelles de temps plus courtes en raison de causes naturelles. Parmi celles-ci, il y a les oscillations du Pacifique, de plus en plus suspectées d’être le principal facteur de modération du réchauffement ces 15 dernières années.

Océan Pacifique (Source : NASA)

Océan Pacifique (Source : NASA)

Entre 1990 et 1999, les températures ont augmenté à un rythme soutenu, de l’ordre de 0,25°C par décennie, si l’on prend comme référence les données de la Nasa. Mais entre 2000 et 2009, ce rythme s’est ralenti, retombant à 0,10°C par décennie, soit moins que les prévisions des modèles (0,20°C par tranche de dix ans).

Dans le même temps, la planète est toujours en déséquilibre radiatif : en raison des gaz à effet de serre, il y a davantage d’énergie qui entre dans le système terrestre qu’il n’en ressort. Les données satellitaires montrent même une accélération de cette accumulation d’énergie entre la période 1985-1999 et 2000-2012. Dès lors, comment expliquer que ce déséquilibre radiatif ne se traduise pas par un réchauffement ? Où cette chaleur est-elle partie ?

De nombreuses études ont tenté ces dernières années d’expliquer pourquoi la Terre s’était moins réchauffée que ne le prévoyaient les modèles depuis 1998. Michael Mann, climatologue à l’université de Pennsylvanie, assure que le réchauffement ne s’est pas arrêté : il a été atténué par des facteurs naturels… Mais temporairement. Sur la base d’une nouvelle étude publiée dans Science, il désigne le Pacifique comme principal responsable de la pause. Les modèles climatiques ne sont donc pas viciés, estime encore Michael Mann sur le site Realclimate.

Dans leur enquête sur les variations naturelles du climat, Michael Mann et ses collègues Byron Steinman et Sonya Miller se sont concentrés sur l’hémisphère Nord et le rôle joué par deux des principales oscillations de températures de surface de la mer connues : l’Oscillation Atlantique Multidécennale ou « AMO » et l’Oscillation décennale du Pacifique ou « PDO ». Les températures moyennes de l’hémisphère Nord sont censées résulter d’une combinaison de l’AMO et de la PDO.

Michael Mann et ses collègues ont utilisé une nouvelle méthode pour l’identification de ces oscillations, basée sur les simulations climatiques utilisées dans le plus récent rapport du GIEC. Grâce à ces simulations, il est possible d’estimer la composante des variations de température due à l’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre, aux éruptions volcaniques et aux changements observés dans l’activité solaire. Lorsque l’on retire l’influence de ces différents facteurs sur les températures, on peut observer quel est le véritable poids des oscillations que sont l’AMO et la PDO. Il doit donc être possible de déterminer leur influence respective en écartant tout autre facteur agissant sur le climat.

Les chercheurs ont constaté que l’état actuel des oscillations compensait une partie du réchauffement de l’hémisphère Nord. L’AMO semble avoir relativement peu joué sur les changements de température à grande échelle au cours des deux dernières décennies. Son amplitude a été faible, et elle est actuellement relativement plate. Dans le même temps, la PDO, a une tendance forte à la baisse. C’est donc la PDO (qui est liée à la prédominance des conditions froides de type La Niña dans le Pacifique tropical au cours de la dernière décennie) qui apparaît responsable du ralentissement de réchauffement.

La PDO était dans une phase négative avant 1976, puis dans une phase positive entre 1976 et 1998, une période qui a coïncidé avec une forte élévation des températures atmosphériques. Ensuite, une nouvelle phase négative a débuté en 1999, coïncidant avec la pause dans le réchauffement de la planète.

Il apparaît donc que le refroidissement naturel dans le Pacifique est le principal contributeur au ralentissement récent du réchauffement à grande échelle. Ce résultat confirme d’autres études récentes. Un article paru en février 2014 dans Nature Climate Change avait montré que les alizés exceptionnellement forts le long de l’équateur permettaient d’enfouir davantage de chaleur dans l’océan Pacifique tout en faisant remonter de l’eau froide à la surface plus à l’est. Il y a donc moins de chaleur disponible pour élever les températures de l’atmosphère, ce qui permet de compenser temporairement l’accumulation des gaz à effet de serre. Selon Matthew England, directeur de l’étude menée par l’université de New South Wales, les vents auraient eu un effet refroidissant de 0,1 à 0,2°C, un niveau permettant d’atténuer de 50% l’impact des gaz à effet de serre.

Une autre étude parue dans Nature Geoscience montre que ce processus est déjà arrivé, mais dans la direction opposée : des vents plus faibles ont permis d’accélérer le réchauffement au début du 20è siècle. Lorsque les vents ont commencé à se renforcer après 1940, le réchauffement a ensuite ralenti. Des scientifiques du Centre national pour la recherche atmosphérique (NCAR) et de l’Université d’Arizona, emmenés par Diane Thompson, ont utilisé une nouvelle méthode basée sur l’analyse chimique du corail afin de reconstituer la configuration des vents tropicaux du Pacifique entre 1894 et 1982. Entre 1910 et 1940, les températures mondiales se sont élevées de 0,4°C alors que le forçage dû aux gaz à effet de serre d’origine humaine n’était que de 0,3 W m−2. Depuis 1970, on a constaté un réchauffement de 0,75°C mais avec un forçage beaucoup plus important, de l’ordre de 1,5 W m−2. Les vents du Pacifique seraient le facteur clé expliquant l’effet moindre des gaz à effet de serre lors de certains périodes.

Des travaux conduits par Kevin Trenberth et John Fasullo, du Centre national pour la recherche atmosphérique (NCAR), montrent qu’il y a eu davantage d’enfouissement de chaleur dans le sous-sol de l’océan Pacifique au cours de ces 10 dernières années. Une autre étude réalisée par James Risbey démontre que les simulations des modèles qui suivent le plus fidèlement la séquence observée d’El Niño et La Niña durant la dernière décennie ont tendance à reproduire le ralentissement de réchauffement. James Risbey explique que sur le long terme les effets d’El Niño et La Niña s’annulent mais que ponctuellement ils peuvent expliquer des variations au niveau mondial. Certaines périodes, comme ces dernières années, ont été plus marquées par des événements de type La Niña qui tendent à refroidir la surface de l’océan Pacifique.

D’autres explications ont été récemment évoquées pour expliquer la pause des températures. Parmi celles-ci, il y a la sous-estimation du réchauffement réel qui a eu lieu en raison de lacunes dans les données d’observation. Les années 2000 ont été marquées par une forte élévation des températures de l’Arctique. Si on ne les prend pas en compte, on fausse partiellement la mesure de la moyenne mondiale. C’est ce qu’on noté les scientifiques Cowtan et Way, qui ont proposé une nouvelle méthode pour mieux prendre en compte la situation au pôle nord. Leur calcul de température a permis d’établir que le rythme du réchauffement était plus important (+0,16°C par décennie entre 2000 et 2009) que celui trouvé par les autres agences, surtout la NOAA et le Met Office, qui ne prennent pas assez en compte le climat des hautes latitudes.

Parmi les autres explications, on trouve aussi des facteurs naturels comme les petites éruptions volcaniques et la légère baisse de l’activité solaire qui ont eu une légère influence rafraîchissante sur le climat de la Terre.

Si le Pacifique est le principal facteur expliquant la pause des températures, les prochaines années pourraient être marquées par un rythme de réchauffement plus soutenu. Le Bureau australien de météorologie vient de délivrer son dernier pronostic pour les chances de voir émerger un phénomène El Niño en 2015 : elles sont de l’ordre de 50%. Quand des conditions de type El Niño règnent sur le Pacifique, on l’a vu, les conditions sont propices à l’élévation des températures. Selon une étude statistique publiée récemment, le largage de chaleur lié à des conditions El Niño dans le Pacifique peut conduire à une phase de réchauffement rapide. La tendance décennale peut alors atteindre un rythme de 0,40°C, deux fois celui prédit par les modèles.

Source : Johan Lorck, pour global-climat, le 3 mars 2015.


Steinman, Mann et Miller à propos des oscillations de température entre Atlantique/Pacifique et l’Hémisphère Nord


Pas de pause pour le réchauffement des profondeurs de l’océan

Les océans ont continué à se réchauffer entre 2006 et 2013, selon une étude publiée dans Nature Climate Change. Le réchauffement a été observé jusqu’à 2000 mètres de profondeur, confirmant que l’océan avait probablement absorbé une grande partie de la chaleur excédentaire due aux gaz à effet de serre.

Entre la surface et 2000 mètres de profondeur, on a constaté depuis 2006 un réchauffement de 0,4 à 0,6 watts par mètre carré. Cette observation a pu être réalisée grâce au programme de développement des balises Argo qui enregistrent les températures dans les 2 premiers kilomètres.

Grâce à la l’utilisation de modèles océaniques, des chercheurs emmenés par Sybren Drijfhout, de l’Université de Southampton, avaient montré en 2014 que la chaleur emmagasinée par les océans entre les années 1990 et 2000 avait augmenté d’environ 0,7 Wm-2, mais avec une marge d’incertitude plus importante que dans la nouvelle étude.

L’océan continue donc à emmagasiner de la chaleur à un rythme soutenu. 93% de l’énergie excédentaire reçue à la surface de la Terre en raison des gaz à effet de serre serait en effet absorbée par les mers du globe.

Contenu de chaleur dans les 2000 premiers mètres des océans (source : NOAA)

Contenu de chaleur dans les 2000 premiers mètres des océans (source : NOAA)

Les températures à la surface de la mer  ont quand à elles augmenté de 0,1°C par décennie depuis 1951 mais il n’y a pas eu de tendance significative au réchauffement sur la période 1998-2013, précise la nouvelle étude parue dans Nature Climate Change. La situation a cependant évolué en 2014 puisque cette année a été marquée par les températures de surface de la mer les plus élevées jamais enregistrées, si l’on en croit notamment les données du Met Office.

Avant le réchauffement de 2014, la pause dans  les températures de surface de la mer constatée entre 1998 et 2013 serait due à des conditions de type La Niña dans le Pacifique. Les périodes où prévalent des épisodes La Niña sont marquées par un renforcement des vents d’est dans le Pacifique qui tendent à enfouir davantage de chaleur dans l’océan que lors des épisodes El Niño.

Cependant, c’est la chaleur accumulée et non les températures de surface de le mer – où de l’atmosphère – qui reflètent le véritable déséquilibre radiatif de la Terre, rappellent les auteurs de l’étude. La grande variabilité des températures de surface de la mer montrent que c’est un piètre indicateur du réchauffement climatique. Car dans le même temps les satellites montrent que la Terre accumule davantage d’énergie qu’elle n’en émet, donc qu’elle est en déséquilibre radiatif. Si les températures de surface de la mer et de l’atmosphère augment lentement, on a désormais la confirmation que l’énergie excédentaire a en fait été enfouie dans les profondeurs de l’océan.

La chaleur a été emmagasinée aussi bien dans la couche supérieure de l’océan, entre 0 et 500 mètres, que dans les couches plus profondes, entre 500 et 2000 mètres. Plus intéressant encore : si les températures de surface de l’océan ont suivi l’évolution dans le Pacifique entre les phase El Niño et La Niña, la couche située entre 100 et 500 mètres a connu une évolution opposée. Entre 0 et 500 mètres, l’océan s’est réchauffé de 0,005°C par an sur la période 2006-2013. Entre 500 et 2000 mètres, un réchauffement de 0,002°C par an a été observé. Entre 67 et 98% de l’accumulation de chaleur s’est faite dans les océans extratropicaux de l’hémisphère sud, notamment dans le Pacifique et l’océan indien, et dans une moindre mesure dans l’Atlantique sud.

Source : Johan Lorck, pour global-climat, le 3 février 2015.

P.S. Comme on l’a répété plusieurs fois, la quasi-totalité des climatologues spécialisées (voir ce billet par exemple, avec 97 % d’accord) sont d’accord et nous demandent d’agir pour ne pas prendre le risque de bouleverser le climat.

Et comme le rappelle ici Jancovici, ou bien on croit un consensus scientifique (qui n’est jamais unanime à 100 %, ni une preuve absolue de vérité, le consensus pouvant toujours, un jour, à base de travaux sérieux, évoluer – mais pour 1 Galilée, il y a eu 1000 anti-Galilée expliquant après lui que la Terre était bien plate…) parce qu’on n’a pas d’autre choix, ou bien on perdra alors toute capacité d’aboutir à une certitude (certes relative et temporaire) permettant d’agir.

Autrement dit, si le grand public décide de suivre les opinions ultra-minoritaires, il ne pourra plus décider, car il y aura toujours plein d’opinions ultra-minoritaires et leurs contraires simultanément. Ces opinions, importantes, doivent rentrer dans une méthode scientifique, à savoir être publiées dans des revues à comité de lecture, et se battre pour démontrer leur justesse et convaincre leurs pairs, aboutissant éventuellement à une modification du consensus…

Bref, comme il y a un clair consensus (d’autant que, sachant que le CO2 est un important gaz à effet de serre, et qu’il y en a de plus en plus dans l’atmosphère et pas qu’un peu, le fait que ça se réchauffe est tout sauf surprenant…), je ferme les commentaires pour éviter le trollage…

97 % des climatologues spécialisés ne doutent donc pas du réchauffement…

L’étude source Duran 2009 est téléchargeable ici.

Elle se complète avec celle-ci Anderegg 2010. Une autre a été publiée en 2013 : Cook et al. : ”Entre 1991 et 2011, sur près de 4.000 articles (3.896 exactement) exprimant une opinion à ce sujet et écrits dans des revues scientifiques à comité de lecture par des chercheurs du même domaine (« évaluation par les pairs ») par plus de 10.000 scientifiques (10.188), 97,1% entérinent la thèse de l’origine humaine du changement climatique”.

Pour comprendre la stratégie classique à l’oeuvre ici (semer le doute pour paralyser la prise de décision) déjà utilisée sur le tabac ou la couche d’ozone, je vous renvoi sur ce billet indispensable :

[Livre exceptionnel] Les marchands de doute, de Naomi Oreskes et Erick Conway

Source: http://www.les-crises.fr/un-rechauffement-climatique-plus-rapide-que-prevu-apres-une-pause-de-plusieurs-annees/


Le changement climatique : points de repère, par Alain Grandjean

Friday 1 May 2015 at 01:10

Ce petit texte vise à donner les points de repère qui me semblent essentiels à tous ceux qui  s’interrogent de bonne foi sur l’origine des informations qui permettent de fonder un diagnostic solide sur le changement climatique et ses causes.  Merci à ceux qui repéreraient une erreur ou une omission significative, cette note n’ayant en aucun cas pour vocation d’être exhaustive mais juste de constituer un socle de départ. C’est ici sa deuxième version. Merci à François-Marie Bréon (chercheur au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement) pour ses remarques et suggestions relatives à la première version.

1) Un diagnostic qui repose sur des bases et des sources solides

La physique de l’effet de serre est bien connue depuis les travaux précurseurs de Joseph Fourier en 1824. Il s’agit principalement de l’application des lois régissant les transferts de chaleur par rayonnement. Le rôle de l’atmosphère  et de ses différents composants dans la température moyenne planétaire de surface n’est plus discutable. Sans son atmosphère notre planète connaîtrait une température  de surface de -19°C. au lieu de 15°C,  sa moyenne actuelle.

L’instrumentation qui permet d’analyser les phénomènes en jeu (température, niveau de la mer,..)  est de plus en plus fine et sophistiquée grâce notamment au recours aux satellites. Ses résultats sont de plus en plus convergents. Pour la température par exemple, les conclusions sur l’évidence de sa hausse depuis le milieu du XIX° siècle sont issues du recoupement des données compilées par quatre laboratoires de réputation mondiale[1] à partir de données de multiples agences (dont Météo France par exemple).

En ce qui concerne la  modélisation du climat nécessaire pour projeter son avenir en fonction de divers scénarios, elle progresse régulièrement tant du fait de progrès permanent dans la progression des processus, des mesures que des capacités de calculs qui permettent d’affiner  et d’enrichir les modèles[2]. Ainsi au niveau mondial, on dénombre une vingtaine de modèles globaux[3]. Même si, du fait de la complexité des phénomènes, les  résultats des simulations font apparaître des écarts d’un modèle à l’autre, notamment au niveau régional, les principales conclusions que nous développerons dans la suite (points 2, 3 et 4 suivants) s’avèrent très robustes et mènent au même constat global. Et les principaux arguments des « climato-sceptiques » ont reçu des  réponses documentées et convaincantes[4] sur lesquelles nous ne reviendrons pas dans cette note de synthèse.

Le GIEC[5] (groupement intergouvernemental d’experts sur le climat) réalise un travail de synthèse de très grande rigueur qui fait l’objet d’une publication environ tous les 5 ans depuis. (1990, 1995, 2001, 2007, 2013-2014). Le dernier a été rédigé par 831 experts[6] (les meilleurs spécialistes de leur discipline) qui ont bénéficié du travail de centaines de contributeurs et de milliers de relecteurs, issus de  plus de cent pays, et ont passé plusieurs dizaines de milliers d’études au crible. De tels moyens n’ont jamais été mis en œuvre dans l’histoire des sciences pour vérifier une hypothèse.

Les conclusions du GIEC sont partagées de manière quasi-consensuelle par les communautés scientifiques concernées[7]. Depuis 2001, de nombreuses académies des sciences nationales ont fait des déclarations (parfois conjointes) affirmant la cause anthropique du réchauffement global observé et demandant aux nations de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Plusieurs études analysant le contenu des articles scientifiques sur le climat montrent que la quasi-totalité des articles qui prennent position sur les causes du réchauffement climatique appuient le consensus scientifique selon lequel ce réchauffement est attribuable à l’activité humaine.

2) Le climat se réchauffe depuis 150 ans et les conséquences en sont visibles

Bien évidemment, à l’échelle de l’histoire de la planète (4,5 milliards d’années) le climat n’a cessé de changer sous l’influence de grands déterminants (irradiance solaire, variation de l’orbite terrestre, dérive des continents, volcanisme, émissions de méthane et d’oxygène par le vivant, capacité d’absorption des océans, etc.). Mais un  changement climatique récent,  peut s’observer depuis le milieu du siècle dernier, et il se caractérise par plusieurs éléments distincts et convergents.

Tout d’abord, la hausse de la température moyenne planétaire[8] est évaluée à 0,85°C [0,65 à 1,06] °C sur la période 1880-2012. Elle a été plus forte au milieu du siècle dernier et son rythme de croissance actuel est de l’ordre de 0,12 [0,08 à 0,14] °C par décennie sur la période 1951−2012. En outre, le rythme d’élévation du niveau moyen des mers[9], autre indicateur essentiel d’un réchauffement de la planète, se situe depuis le milieu du XIX° siècle, à un niveau supérieur au rythme moyen des deux derniers millénaires. Entre 1901 et 2010, le niveau moyen des mers à l’échelle du globe s’est élevé de 0,19 m [de 0,17 à 0,21 m].

On relève par ailleurs un faisceau de signaux qui sont la signature du réchauffement et qui en traduisent déjà les premières conséquences[10]. Les températures ont plus augmenté la nuit que le jour au-dessus des continents. Les épisodes de précipitations intenses et d’inondation ont augmenté dans l’hémisphère nord. On a observé un plus grand nombre de vagues de chaleur extrême et ces vagues touchent un plus grand nombre de régions. Sur les deux dernières décennies, temps très bref à l’échelle de l’histoire, la masse des calottes glaciaires a diminué, les glaciers de pratiquement toutes les régions du globe ont continué à reculer, et de  manière accélérée, les étendues de la banquise arctique et du manteau neigeux de printemps de l’hémisphère nord ont diminué. Le réchauffement des eaux de surface fait sortir les cyclones tropicaux de leur route habituelle. C’est le cas de l’ouragan Sandy de l’automne 2012, qui a touché la Nouvelle Angleterre.

3) Les causes de ce changement climatique sont bien identifiées : la principale est l’émission anthropique de gaz à effet de serre

Sur très longue période,  le climat obéit à de multiples paramètres. Mais, pour les dernières décennies, le réchauffement et sa structure spatiale s’expliquent principalement par  l’évolution de la composition de l’atmosphère et par l’augmentation des gaz à effet de serre d’origine anthropique; les autres facteurs sur cette période (volcanisme, émissions d’aérosols, cycle du soleil, variation climatique « naturelle », notamment oscillations ENSO[11], changement d’albedo[12] dû au changement d’affectation des sols), jouent un rôle de second ordre[13].

Les concentrations atmosphériques des principaux gaz à effet de serre que sont le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N2O) ont toutes augmenté depuis 1750 en raison des activités humaines[14], pour atteindre des niveaux sans précédent depuis au moins 800 000 ans. La concentration du dioxyde de carbone a augmenté de 40 % depuis l’époque préindustrielle. Cette augmentation s’explique en premier lieu par l’utilisation de combustibles fossiles et en second lieu par le bilan des émissions dues aux changements d’utilisation des sols (notamment déforestation pour laisser place  à l’agriculture) . L’océan a absorbé environ 30 % des émissions anthropiques de dioxyde de carbone, ce qui a entraîné une acidification de ses eaux[15].

4)  L’humanité a une influence considérable sur la planète

Que l’humanité puisse modifier le climat provoque généralement un mouvement d’incrédulité. Quelques éléments permettent néanmoins de comprendre que l’humanité est devenue une force « tectonique », qui peut faire jeu égal avec la nature.

L’énergie consommée par l’activité humaine est de l’ordre de 12 milliards de Tep[16]. Elle permet par exemple  de déplacer annuellement des quantités de matériaux de l’ordre de grandeur de ce que les volcans du monde entier expulsent (30 à 40 milliards de tonnes par an) lors de leurs éruptions[17].

L’empreinte de l’humanité sur l’ensemble des écosystèmes, sur les ressources naturelles est marquante  (eau, aridification et épuisement des sols, déforestation, destruction des ressources halieutiques, destruction de la biodiversité[18]). A nouveau ces impacts sont malheureusement indiscutables[19] et en eux-mêmes ils sont sources de grandes difficultés pour les plus pauvres qui seront aggravées par le changement climatique.

5) Dans un scénario de prolongation des tendances actuelles, le changement climatique aura des conséquences lourdes

Le réchauffement climatique dépend principalement des concentrations de GES, accrues par les émissions  qui sont actuellement croissantes. Si nous poursuivons cette croissance, les modèles climatiques montrent  que la hausse des températures moyennes sera comprise entre +3,7°C et +4,8°C, à horizon 2100 (et sa progression continuera après)[20].  Or nous savons que l’écart de températures entre une période glaciaire et une période interglaciaire – comme celle que nous vivons depuis environ 12 000 ans – est de 5°C environ. La hausse potentielle de la température est donc considérable ; un changement d’ère climatique se réaliserait en un siècle (contre des millénaires naturellement). Les impacts de ces changements sont l’objet d’études approfondies. On sait déjà qu’ils sont tragiques  pour les pays du sud (accroissement de l’aridité et de la désertification dans les zones déjà sèches, bouleversement des moyens d’existence (approvisionnement alimentaire et en eau potable, risque d’effondrement des écosystèmes marins) des zones côtières, insécurité alimentaire, migrations climatiques…). Dans les pays développés, elles seront lourdes aussi (un été sur deux en 2050 en moyenne  sera caniculaire comme 2003 en Europe de l’ouest avec des risques de mortalité et de morbidité, particulièrement pour les populations urbaines) ; elles  nécessiteront d’entreprendre de très gros travaux d’adaptation, notamment pour les résidences, installations  industrielles et infrastructures situées auprès des mers et océans.

Ces impacts viennent se surajouter aux sources actuelles d’injustice et de dureté de la vie que connaissent des milliards d’êtres humains.

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[1]NASA GISS, NOAA NCDC, HadCRUT4, Cowtan& Way.L’évaluation de la température mondiale planétaire suppose de disposer de nombreux capteurs bien placés, mais aussi de retraiter les informations fournies. C’est un travail scientifique délicat. Voir http://www.realclimate.org/index.php/archives/2014/01/global-temperature-2013/#more-16736.

[2] Ces modèles intègrent  la circulation de l’air dans l’atmosphère, et les transports d’eau qui y sont associés,la circulation océanique et les interactions entre l’océan et l’atmosphère,la formation et la fonte de la glace de mer les nuages, les échanges de carbone entre l’atmosphère et la planète, et certaines rétroactions du réchauffement sur les émissions « naturelles » de gaz à effet de serre, et notamment le comportement de la végétation.

[3] Voir par exemple http://www.universcience.fr/climobs/rubrique/mecanismes_modeles-climatique/

[4] Voir par exemple le site http://www.realclimate.org une des  références dans la communauté scientifique qui travaille sur les questions climatiques

[5] Créé en 1988 par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) et le Programme pour l’Environnement des Nations Unies (PNUE), il rassemble des membres de tous les pays appartenant à l’Organisation des Nations Unies. Voirhttp://www.ipcc.ch/

[6] Voir http://www.developpement-durable.gouv.fr/Les-auteurs.html

[7] http://fr.wikipedia.org/wiki/Positionnement_de_la_communaut%C3%A9_scientifique_envers_le_r%C3%A9chauffement_climatique

[8] Depuis 1000 ans, la température moyenne n’a varié que de quelques dixièmes de degré par siècle.

[9] Dû au réchauffement de l’eau, qui la dilate et à la fonte des glaciers et des banquises

[10] Voir par exemple http://www.universcience.fr/climobs/2012/12/19/effets-deja-visibles-du-rechauffement/

[11] ENSO est un acronyme composé à partir des termes El Niño et Southern Oscillation (oscillation australe). C’est un phénomène climatique et océanographique reliant le phénomène El Niño et l’oscillation australe de la pression atmosphérique.

[12] L’albedo est le pouvoir réfléchissant d’une surface qui verra selon le type de couverture : les glaces ont une albedo élevée au contraire de l’océan ou d’une forêt. L’albedo de la planète (égale à 0,30) diminue avec le réchauffement climatique, ce qui tend à l’accroître.

[13] Le forçage radiatif anthropique total (qui mesure l’impact de certains facteurs affectant le climat sur l’équilibre énergétique du système couplé Terre/atmosphère) en 2011 par rapport à 1750 est de 2,29 [1,13 à 3,33] W m-2 . Le forçage radiatif dû aux changements de concentration de ces gaz est de 2,83 [2,26 à 3,40] Wm-2 .

[14] En 2011, les concentrations respectives de ces gaz à effet de serre étaient de 391 ppm, 1803 ppb et 324 ppb, et dépassaient les niveaux préindustriels d’environ 40 %, 150 % et 20 %.

[15] L’acidification de l’océan est quantifiée par la diminution du pH. Le pH de l’eau de mer a diminué de 0,1 depuis le début de l’ère industrielle, soit une augmentation de 26 % de la concentration en ions hydrogène. Les conséquences de cette acidification sur les écosystèmes marins sont graves en elles-mêmes.

[16] Tonnes équivalent pétrole. Cette consommation a cru depuis 1900 de manière exponentielle (2,9% par an, soit une multiplication par 17)). Elle représente aujourd’hui 1,7 Tep ou 20 MWh par personne, avec des écarts considérables entre les pays.

[17] Voir par exemple http://www.planetoscope.com/environnement/sols

[18] Voir par exemple http://www.millenniumassessment.org/fr/Reports.html ou http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosbiodiv/?pid=decouv_chapA_p2_f1

[19] Voir par exemple Anthony D.Barnosky et al. Approaching a state shift in Earth’s biosphere, Nature 486,52–58 (07 June 2012)

[20] Voir http://www.ipcc.ch/

Source : Alain Grandjean, le 5 janvier 2015.

P.S. Comme on l’a répété plusieurs fois, la quasi-totalité des climatologues spécialisées (voir ce billet par exemple, avec 97 % d’accord) sont d’accord et nous demandent d’agir pour ne pas prendre le risque de bouleverser le climat.

Et comme le rappelle ici Jancovici, ou bien on croit un consensus scientifique (qui n’est jamais unanime à 100 %, ni une preuve absolue de vérité, le consensus pouvant toujours, un jour, à base de travaux sérieux, évoluer – mais pour 1 Galilée, il y a eu 1000 anti-Galilée expliquant après lui que la Terre était bien plate…) parce qu’on n’a pas d’autre choix, ou bien on perdra alors toute capacité d’aboutir à une certitude (certes relative et temporaire) permettant d’agir.

Autrement dit, si le grand public décide de suivre les opinions ultra-minoritaires, il ne pourra plus décider, car il y aura toujours plein d’opinions ultra-minoritaires et leurs contraires simultanément. Ces opinions, importantes, doivent rentrer dans une méthode scientifique, à savoir être publiées dans des revues à comité de lecture, et se battre pour démontrer leur justesse et convaincre leurs pairs, aboutissant éventuellement à une modification du consensus…

Bref, comme il y a un clair consensus (d’autant que, sachant que le CO2 est un important gaz à effet de serre, et qu’il y en a de plus en plus dans l’atmosphère et pas qu’un peu, le fait que ça se réchauffe est tout sauf surprenant…), je ferme les commentaires pour éviter le trollage…

97 % des climatologues spécialisés ne doutent donc pas du réchauffement…

L’étude source Duran 2009 est téléchargeable ici.

Elle se complète avec celle-ci Anderegg 2010. Une autre a été publiée en 2013 : Cook et al. : ”Entre 1991 et 2011, sur près de 4.000 articles (3.896 exactement) exprimant une opinion à ce sujet et écrits dans des revues scientifiques à comité de lecture par des chercheurs du même domaine (« évaluation par les pairs ») par plus de 10.000 scientifiques (10.188), 97,1% entérinent la thèse de l’origine humaine du changement climatique”.

Pour comprendre la stratégie classique à l’oeuvre ici (semer le doute pour paralyser la prise de décision) déjà utilisée sur le tabac ou la couche d’ozone, je vous renvoi sur ce billet indispensable :

[Livre exceptionnel] Les marchands de doute, de Naomi Oreskes et Erick Conway

Source: http://www.les-crises.fr/le-changement-climatique-points-de-repere-par-alain-grandjean/


Exemples de problèmes climatiques actuels…

Friday 1 May 2015 at 01:05

Les glaces de l’Arctique au plus bas cet hiver

Cette année, l’extension hivernale des glaces de l’Arctique est la plus faible jamais relevée depuis le début des mesures en 1979. C’est donc à un niveau nettement inférieur à la moyenne que va s’amorcer la fonte printanière.

La saison d’extension de la glace de mer est apparemment terminée, selon les experts du Centre américain de données sur la neige et la glace (NSIDC). Mais ce pic d’extension des glaces de l’Arctique est bien bas avant le début de la période de fonte qui doit culminer en septembre.  Il est même à un niveau record depuis le début des mesures satellites.

Selon le dernier bulletin du NSIDC émis le 19 mars, la surface est donc moins étendue de 1,10 million de km2 par rapport à la moyenne de 15,64 millions km2 mesurée de 1981 à 2010. La superficie de la banquise a atteint 14,54 millions de km2 le 25 février, ce qui devrait être le maximum pour l’année. C’est 130 000 km2 de moins que le précédent record établi en 2011. Avec 14,91 millions de km², mars 2014 avait connu la 5è plus faible extension pour une fin de saison hivernale.

Extension de la glace de mer en Arctique actualisée le 18 mars 2015 (Source : NSIDC). Saison 2014-15 en bleu, moyenne en gris foncé.

Extension de la glace de mer en Arctique actualisée le 18 mars 2015 (Source : NSIDC). Saison 2014-15 en bleu, moyenne en gris foncé.

Cette année, le maximum a été atteint quinze jours plus tôt que la moyenne, qui survient autour du 12 mars, précise le NSIDC. Mais la date du pic d’extension est très variable selon les années.

La formation de glace de mer arctique semble être terminée, même si une progression dans certaines régions n’est pas exclue. Il est possible que la banquise continue à s’étendre au cours des deux ou trois prochaines semaines. En tous cas, une nouvelle extension ne devrait pas permettre de dépasser la superficie atteinte le 25 février.

Ces dernières décennies, l’Arctique est la région du globe où le réchauffement climatique s’est fait le plus sentir, élevant les températures à un rythme deux à trois fois plus rapide que sur le reste de la planète. En conséquence, la glace de mer de l’océan arctique s’est réduite de 30% par rapport au début des relevés satellites en 1979.

L’Arctique affiche habituellement sa plus grande extension en mars et sa superficie la plus réduite en septembre. Dans les deux cas, la tendance est à la baisse. Mais c’est le niveau minimum constaté à la fin de l’été qui est le plus surveillé. C’est pour cette période là que le déclin de la glace de mer a été le plus impressionnant depuis le début des relevés en 1979. Le record de la plus faible extension au terme de la saison estivale a été établi en 2012. Il n’a pas battu cette année mais le NSIDC a quand même annoncé que le 6è plus bas niveau avait été atteint le 15 septembre 2014 avec 5,07 millions de km2.

Les causes du record cette année

La circulation atmosphérique explique en partie le faible niveau d’extension de la glace de mer observé cette année. En raison des circonvolutions des vents de haute altitude, la chaleur a pu faire une incursion en Arctique côté Pacifique, ce qui a limité l’extension de la glace dans les mers de Bering et d’Okhotsk. C’est cette configuration qui a aussi favorisé des conditions chaudes dans l’ouest des Etats-Unis et la sécheresse en Californie. Début mars, le côté atlantique a également connu des températures plus élevées que la normale, jusqu’à +8°C dans la région de la mer de Barents, située à l’est du Groenland.

Pourquoi le niveau d’extension de la glace de mer est important

Une des raisons pour lesquelles la diminution de la glace de mer est préoccupante, c’est que cette surface est très réfléchissante alors que l’océan liquide est très absorbant. Alors, quand la zone de couverture de la glace de mer est réduite, les rayons du soleil sont moins réfléchis vers l’espace. Cela signifie une plus grande absorption du rayonnement solaire par la Terre et un réchauffement climatique qui s’ajoute à celui des gaz à effet de serre. Ainsi, le réchauffement de l’Arctique est deux fois plus rapide que celui du reste du globe.

Le réchauffement de l’Arctique favoriserait certains phénomènes climatiques extrêmes en Amérique du Nord, en Europe et en Asie, selon certains scientifiques. Jennifer Francis, de l’Université de Rutgers, est l’un des principaux défenseurs de cette thèse liant l’affaiblissement de la circulation atmosphérique aux hivers extrêmes. Normalement, la différence de température entre l’Arctique et les moyennes latitudes est telle que des vents de haute altitude extrêmement puissants, les jet streams, séparent la masse d’air polaire de celle du reste de l’hémisphère nord. Mais la différence de température s’amoindrit à la faveur du fort réchauffement de l’Arctique et les vents latéraux jouent moins leur rôle de barrière. Les jet streams sont moins rapides quand l’écart de température entre les deux masses d’air se réduit et tendent alors à onduler. De l’air polaire peut ainsi faire des incursions au sud tandis que de l’air chaud peut s’engouffrer dans le nord. C’est ce que l’on a vu ces hivers deniers dans l’est de l’Amérique du Nord.

Jin-Ho Yoon, du Pacific Northwest National Laboratory, a proposé dans la revue Nature Communications un mécanisme légèrement différent pour expliquer le lien entre la fonte de la glace de mer et les vagues de froid en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. Selon lui, la fonte de la glace de mer favorise un fort réchauffement local et cette chaleur se propage ensuite aux plus hautes couches de l’atmosphère, ce qui affaiblit les vents de haute altitude.

Une étude récente publiée le 12 mars 2015 dans la revue Science montre que le réchauffement de l’Arctique risque surtout de conduire à des été caniculaires. Selon Dim Coumou, du Potsdam Institute for Climate Impact Research, l’augmentation des températures des  hautes latitudes peut aussi induire des vagues de chaleur plus au sud en favorisant les situations de blocage atmosphérique. En cause, la réduction de l’activité des tempêtes en été, elle-même liée à une modification de la circulation atmosphérique.

Les glaces de mer progressent en Antarctique

La glace de mer autour de l’Antarctique a atteint le 22 septembre 2014 un niveau d’extension record, selon le National Snow and Ice Data Center (NSIDC) américain. Le 22 septembre 2014, la glace de mer autour de l’Antarctique a atteint 20.11 millions de km2. Le précédent record datait de 2013 et cela fait maintenant plusieurs années que la glace de mer tend à progresser dans l’hémisphère sud.

Cette évolution peut surprendre dans un contexte de réchauffement de la planète mais il pourrait bien s’agir d’une des manifestations des changements climatiques en cours. Le NSIDC avance plusieurs explications pour comprendre le phénomène.

La force des vents est l’une des causes possibles. De forts vents du sud ont soufflé sur la mer de Weddell au cours du mois de septembre 2014. Les vents sont aussi renforcés par l’oscillation de l’Antarctique. Le vortex polaire s’est en effet intensifié depuis une trentaine d’années. Dans la phase positive de l’oscillation de l’Antarctique, les vents d’ouest se renforcent, favorisant l’empilement et l’épaississement de la glace. Les endroits où la glace a été balayée laissent alors à découvert l’océan dans des zones où il peut à nouveau geler en surface, selon une étude dirigée par Jinlun Zhang, chercheur à l’université de Washington. La destruction de la couche d’ozone est soupçonnée être liée au phénomène. En refroidissant la stratosphère, la perte d’ozone favorise les forts vents d’ouest et donc la constitution de glace de mer.

L’autre cause évoquée est la fonte des glaciers qui libère une eau douce plus susceptible de geler. L’eau de fonte est en effet plus douce que l’eau de mer.

Au total (Arctique + Antarctique), la glace de mer est de moins en moins étendue

L’extension de la glace de mer autour de l’Antarctique ne compense pas les pertes de l’Arctique, selon une nouvelle étude de la NASA. Dans l’ensemble, la planète a perdu de la glace de mer à un rythme annuel moyen de 35 000 km² depuis 1979.

Même si la banquise antarctique a atteint un nouveau maximum record en septembre 2014, la baisse se poursuit au niveau mondial si l’on additionne les niveaux atteints dans les deux régions polaires. C’est la conclusion de l’étude de Claire Parkinson, chercheur au Goddard Space Flight Center de la NASA. La diminution de la banquise arctique dépasse de loin les augmentations de la banquise antarctique. La cause est sans nul doute le réchauffement accéléré de l’Arctique, dont le rythme est deux fois plus élevé que pour le reste de la planète. Lors de la première partie de l’année 2010, notamment, les températures ont été de 4°C supérieures à celles de la moyenne 1968-1996, selon la NOAA (météo américaine).

Source : Johan Lorck, pour global-climat, le 21 mars 2015.


Graphique extension de la banquise arctique

Extension de la banquise arctique en millions de km2 de janvier à mai en moyenne sur 1981-2010 (courbe grise), en 2012 (en tirets verts) et 2015 (en bleu) © NSIDC

Source : Météo France, le 9 avril 2015.


Record de chaleur pulvérisé en Californie au 1er trimestre 2015

L’année 2014 avait déjà été la plus chaude depuis le début des relevés météo en Californie mais ce début d’année (janvier-mars) est marqué par une anomalie positive encore plus importante, selon l’agence américaine NOAA. L’Etat est en même temps touché par une sécheresse exceptionnelle et l’approvisionnement en eau est menacé, le manteau neigeux des montagnes californiennes ayant quasiment disparu.

Les hivers se suivent et se ressemblent aux Etats-Unis, avec un ouest chaud et un est glacial. C’est ce que l’on appelle le « dipôle » : des hautes pressions prévalent au nord-est de l’océan Pacifique tandis qu’une dépression permet à l’air arctique de s’engouffrer de l’autre côté du pays. Conséquence, les tempêtes hivernales bloquées par les hautes pressions sont déplacées bien au nord de la Californie, qui ne reçoit plus de pluies. L’Etat traverse ainsi une sécheresse depuis 4 ans, peut-être la pire des 1200 dernières années, selon une récente étude. Il y a déjà eu des périodes de précipitations déficitaires mais c’est surtout la conjonction avec des températures aussi élevées qui rend cette sécheresse exceptionnelle.

Moyenne des températures pour la période janvier-mars en Californie (Source : NOAA)

Moyenne des températures pour la période janvier-mars en Californie (Source : NOAA)

Si l’air froid venu de l’Arctique a plongé dans l’est des Etats-Unis cet hiver, les températures les plus extrêmes ont été enregistrées dans l’ouest. Le climat est donc très contrasté dans le pays. Sur janvier-mars, New York et le Vermont ont connu des anomalies négatives record avec respectivement -3,8°C et -3,6°C. La Californie, de son côté, a enregistré sur la période janvier-mars un record de chaleur assez stupéfiant avec une anomalie positive de +4,2°C. On trouve de tel écarts à la moyenne dans tous les Etats de l’ouest américain : +4,3°C dans l’Idaho et l’Oregon et même +4,5°C dans le Nevada !

Il aura ainsi fait en moyenne 11,7°C sur les trois premiers mois de 2015 en Californie. Le précédent record avait été établi en 2014 avec 10,7°C sur janvier-mars. Sur l’ensemble du pays, les températures sont de +1,1°C par rapport à la moyenne malgré la vague de froid dans l’est.

La marque du changement climatique ?

Reste maintenant à déterminer si cette configuration est liée au changement climatique. Dans une étude parue en septembre 2014, deux chercheurs de l’université de Stanford, Noah Diffenbaugh et Daniel Swain, affirmaient que la persistance et l’intensité du système de haute pression étaient inégalées depuis 1947, date des premières données disponibles sur la circulation atmosphérique. Des simulations climatiques ont été menées afin de déterminer comment pouvait évoluer le climat avec et sans accroissement de la quantité de gaz à effet de serre. Le résultat est que les systèmes de haute pression comme celui de 2013-2014 ont trois fois plus de chances de se produire sous le climat actuel que sous celui d’avant la révolution industrielle.

Simon Wang, un chercheur de l’université de Utah State, a également découvert un possible lien entre le réchauffement climatique et les phénomènes comme la sécheresse en Californie, couplée à des vagues de froid dans l’est des Etats-Unis. Dans Geophysical Research Letters, l’étude de Simon Wang décrivait en mai 2014 un véritable jeu de dominos climatique favorisant l’existence de deux pôles, l’un formé par des hautes pressions dans l’ouest des Etats-Unis, l’autre formé par des basses pressions au niveau des Grands Lacs, dans l’est du pays. A l’origine de cette configuration, le réchauffement de l’ouest du Pacific tropical qui aurait perturbé la circulation atmosphérique de haute altitude jusqu’au nord-est du Pacifique, favorisant un système de haute pression dans cette région.

Une théorie concurrente – ou complémentaire – impute la perturbation de la haute atmosphère au réchauffement de l’Arctique, susceptible également de conduire à des situations de blocage météo avec des canicules, des sécheresses ou des vague de froid. Cette idée est défendue par Jennifer Francis, spécialiste du climat à la Rutgers University.

Avec l’arrivée annoncée d’un épisode El Nino, la Californie pouvait espérer des pluies mais finalement le phénomène a tardé à se manifester. S’il a été officiellement annoncé il y a quelques semaines, il est d’intensité modérée et n’a pas permis d’améliorer la situation. Près  de la moitié de la Californie est encore dans un état de « sécheresse exceptionnelle », le niveau le plus sévère.

En raison de la sécheresse, le gouverneur de l’Etat, Jerry Brown, a annoncé pour la première fois des restrictions d’eau, une décision inédite qui conduit les villes à abaisser leur consommation de 25%. Il n’y a quasiment plus de neige dans les montagnes de la Sierra Nevada, principal pourvoyeur en eau de la Californie. Les derniers relevés montrent que le déficit en couverture neigeuse a atteint un niveau record : seulement 5% de la moyenne. Le précédent record était de 25%. A Philips, la neige a même totalement disparu, un phénomène qui ne s’était jamais produit depuis 1941, date des premières mesures.

Source : Johan Lorck, pour global-climat, le 11 avril 2015.


GRAND FORMAT. Sécheresse aux USA : 18 alarmantes photos avant/après

Face à une sécheresse historique, la Californie a annoncé, le 1er avril, des mesures d’urgence pour réduire de 25% la consommation d’eau. L’heure est grave : aucune trace de neige n’a été constatée à 2.000 mètres dans les montagnes de la Sierra Nevada. Une première en 75 ans.

La pénurie n’est pas nouvelle. Depuis plusieurs années, elle frappe l’ouest des Etats-Unis, et l’été dernier, nous avions publié ce diaporama d’images comparant la situation au fil du temps sur plusieurs sites de la région. Alors que la situation ne fait qu’empirer, nous vous le reproposons.

Enterprise Bridge, lac Oroville, Californie, juillet 2011

Enterprise Bridge, lac Oroville, Californie, juillet 2011
L’Enterprise Bridge passe au-dessus du lac Oroville, près du port de plaisance Bidwell, le 11 juillet 2011. Le plan d’eau, qui apparaît bien rempli, est le second plus grand réservoir de Californie. (Paul Hames/California Department of Water Resources via Getty Images)

Enterprise Bridge, lac Oroville, Californie, août 2014

Enterprise Bridge, lac Oroville, Californie, août 2014
Trois ans plus tard, le 19 août 2014, le même lieu est presque à sec. La sécheresse dans l’ouest américain menace l’approvisionnement en eau dans cette région où vivent 40 millions de personnes, indique une étude parue fin juillet dans la revue “Geophysical Research Letters”. (Justin Sullivan/Getty Images/AFP)

Port Bidwell, lac Oroville, Californie, juillet 2011

Port Bidwell, lac Oroville, Californie, juillet 2011
Haut niveau d’eau au port de plaisance Bidwell, au lac Oroville, le 20 juillet 2011, en Californie. (Paul Hames/California Department of Water Resources via Getty Images)

Port Bidwell, lac Oroville, Californie, août 2014

Port Bidwell, lac Oroville, Californie, août 2014
Au même endroit, le 19 août 2014, soit trois ans plus tard, des terres naguère immergées ont surgi, réduisant considérablement la taille de la marina. (Justin Sullivan/Getty Images/AFP)

Port Bidwell, lac Oroville, Californie, juillet 2011

Port Bidwell, lac Oroville, Californie, juillet 2011
Plein niveau d’eau au port de plaisance Bidwell, sur le lac Oroville, le 20 juillet 2011. (Paul Hames/California Department of Water Resources via Getty Images)

Port Bidwell, lac Oroville, Californie, août 2014

Port Bidwell, lac Oroville, Californie, août 2014
Trois ans plus tard, le même site photographié le 19 août 2014. Grâce au système GPS, des scientifiques ont constaté que la sécheresse dans l’ouest des Etats-Unis entraîne une élévation du sol due aux pertes souterraines, a rapporté l’AFP le 22 août. (Justin Sullivan/Getty Images/AFP)

Green Bridge, lac Oroville, Californie, juillet 2011

Green Bridge, lac Oroville, Californie, juillet 2011
Le Green Bridge, sur le lac Oroville, près du port de plaisance Bidwell, le 20 juillet 2011. (Paul Hames/California Department of Water Resources via Getty Images)

Green Bridge, lac Oroville, Californie, août 2014

Green Bridge, lac Oroville, Californie, août 2014
Le niveau de l’eau est bien plus bas trois ans plus tard, le 19 août 2014. Au 26 août, le lac Oroville n’était rempli qu’à 31% de sa capacité de 4,3 kilomètres cubes, contre 47% en moyenne à cette époque de l’année. (Justin Sullivan/Getty Images/AFP)

Green Bridge, lac Oroville, Californie, juillet 2011

Green Bridge, lac Oroville, Californie, juillet 2011
Vue resserrée du Green Bridge datant du 20 juillet 2011. (Paul Hames/California Department of Water Resources via Getty Images)

Green Bridge, lac Oroville, Californie, juillet 2014

Green Bridge, lac Oroville, Californie, juillet 2014
Trois ans plus tard, le même Green Bridge sur un lac Oroville bien plus bas, le 19 juillet 2014. En janvier, le gouverneur de Californie a décrété l’état d’urgence en raison de la sécheresse, peut-être la plus grave depuis un siècle. Récoltes perdues, risques accrus de feux de forêt font partie du lot de calamités qu’une telle pénurie d’eau est susceptible de provoquer. (Justin Sullivan/Getty Images/AFP)

Lac Folsom, Californie, juillet 2011

Lac Folsom, Californie, juillet 2011
Autre réservoir californien, le lac Folsom est ici vu à plein niveau, retenu par le barrage de Folsom, le 20 juillet 2011. (Paul Hames/California Department of Water Resources via Getty Images)

Lac Folsom, Californie, août 2014

Lac Folsom, Californie, août 2014
Voici où en est la situation à Folsom trois ans plus tard, le 19 août 2014. Au 26 août, le réservoir n’était rempli qu’à 39% de sa capacité établie à 1,2 kilomètre cube, contre 62% en moyenne à cette date de l’année. (Justin Sullivan/Getty Images/AFP)

Marina du lac Mead, Nevada, juillet 2007

Marina du lac Mead, Nevada, juillet 2007
Direction le lac Mead, réservoir de 36 kilomètres cubes qui alimente Las Vegas. Ici, des bateaux amarrés dans la marina de sa zone de loisirs, le 26 juillet 2007. (Ethan Miller/Getty Images)

Marina du lac Mead, Nevada, juillet 2014

Marina du lac Mead, Nevada, juillet 2014
Le 17 juillet 2014, la marina a tout bonnement disparu et il n’y a guère plus de trace du lac à cet endroit. En fait, le port de plaisance a été déplacé dès 2008 en raison des faibles niveaux d’eau. (Ethan Miller/Getty Images/AFP)

Marina du lac Mead, Nevada, juillet 2007

Marina du lac Mead, Nevada, juillet 2007
Des bateaux amarrés dans le port de plaisance du lac Mead, dans le Nevada, le 25 juillet 2007. (Ethan Miller/Getty Images)

Marina du lac Mead, Nevada, juillet 2014

Marina du lac Mead, Nevada, juillet 2014
Le 17 juillet 2014, seuls deux locaux sanitaires sur des pontons flottants abandonnés rappellent qu’une marina existait naguère en ces lieux désormais asséchés. (Ethan Miller/Getty Images/AFP)

La Californie vue de l’espace en janvier 2013

La Californie vue de l'espace en janvier 2013
Depuis l’espace également, la comparaison est saisissante. Ici, la Californie verdoyante sur une image satellitaire de la Nasa datant du 18 janvier 2013. (Nasa)

La Californie vue de l’espace en janvier 2014

La Californie vue de l'espace en janvier 2014
Du marron à la place du vert, quasiment pas de neige sur la Sierra Nevada : la Californie a triste mine, le 18 janvier 2014, un an jour pour jour après le précédent cliché. Cliquez ici pour lire (en anglais) l’article que l’agence américaine consacre au phénomène. (Nasa)

Source : L’Obs, le 4 avril 2015.

P.S. Comme on l’a répété plusieurs fois, la quasi-totalité des climatologues spécialisées (voir ce billet par exemple, avec 97 % d’accord) sont d’accord et nous demandent d’agir pour ne pas prendre le risque de bouleverser le climat.

Et comme le rappelle ici Jancovici, ou bien on croit un consensus scientifique (qui n’est jamais unanime à 100 %, ni une preuve absolue de vérité, le consensus pouvant toujours, un jour, à base de travaux sérieux, évoluer – mais pour 1 Galilée, il y a eu 1000 anti-Galilée expliquant après lui que la Terre était bien plate…) parce qu’on n’a pas d’autre choix, ou bien on perdra alors toute capacité d’aboutir à une certitude (certes relative et temporaire) permettant d’agir.

Autrement dit, si le grand public décide de suivre les opinions ultra-minoritaires, il ne pourra plus décider, car il y aura toujours plein d’opinions ultra-minoritaires et leurs contraires simultanément. Ces opinions, importantes, doivent rentrer dans une méthode scientifique, à savoir être publiées dans des revues à comité de lecture, et se battre pour démontrer leur justesse et convaincre leurs pairs, aboutissant éventuellement à une modification du consensus…

Bref, comme il y a un clair consensus (d’autant que, sachant que le CO2 est un important gaz à effet de serre, et qu’il y en a de plus en plus dans l’atmosphère et pas qu’un peu, le fait que ça se réchauffe est tout sauf surprenant…), je ferme les commentaires pour éviter le trollage…

97 % des climatologues spécialisés ne doutent donc pas du réchauffement…

L’étude source Duran 2009 est téléchargeable ici.

Elle se complète avec celle-ci Anderegg 2010. Une autre a été publiée en 2013 : Cook et al. : ”Entre 1991 et 2011, sur près de 4.000 articles (3.896 exactement) exprimant une opinion à ce sujet et écrits dans des revues scientifiques à comité de lecture par des chercheurs du même domaine (« évaluation par les pairs ») par plus de 10.000 scientifiques (10.188), 97,1% entérinent la thèse de l’origine humaine du changement climatique”.

Pour comprendre la stratégie classique à l’oeuvre ici (semer le doute pour paralyser la prise de décision) déjà utilisée sur le tabac ou la couche d’ozone, je vous renvoi sur ce billet indispensable :

[Livre exceptionnel] Les marchands de doute, de Naomi Oreskes et Erick Conway

P.S. Comme on l’a répété plusieurs fois, la quasi-totalité des climatologues spécialisées (voir ce billet par exemple, avec 97 % d’accord) sont d’accord et nous demandent d’agir pour ne pas prendre le risque de bouleverser le climat.

Et comme le rappelle ici Jancovici, ou bien on croit un consensus scientifique (qui n’est jamais unanime à 100 %, ni une preuve absolue de vérité, le consensus pouvant toujours, un jour, à base de travaux sérieux, évoluer – mais pour 1 Galilée, il y a eu 1000 anti-Galilée expliquant après lui que la Terre était bien plate…) parce qu’on n’a pas d’autre choix, ou bien on perdra alors toute capacité d’aboutir à une certitude (certes relative et temporaire) permettant d’agir.

Autrement dit, si le grand public décide de suivre les opinions ultra-minoritaires, il ne pourra plus décider, car il y aura toujours plein d’opinions ultra-minoritaires et leurs contraires simultanément. Ces opinions, importantes, doivent rentrer dans une méthode scientifique, à savoir être publiées dans des revues à comité de lecture, et se battre pour démontrer leur justesse et convaincre leurs pairs, aboutissant éventuellement à une modification du consensus…

Bref, comme il y a un clair consensus (d’autant que, sachant que le CO2 est un important gaz à effet de serre, et qu’il y en a de plus en plus dans l’atmosphère et pas qu’un peu, le fait que ça se réchauffe est tout sauf surprenant…), je ferme les commentaires pour éviter le trollage…

97 % des climatologues spécialisés ne doutent donc pas du réchauffement…

L’étude source Duran 2009 est téléchargeable ici.

Elle se complète avec celle-ci Anderegg 2010. Une autre a été publiée en 2013 : Cook et al. : ”Entre 1991 et 2011, sur près de 4.000 articles (3.896 exactement) exprimant une opinion à ce sujet et écrits dans des revues scientifiques à comité de lecture par des chercheurs du même domaine (« évaluation par les pairs ») par plus de 10.000 scientifiques (10.188), 97,1% entérinent la thèse de l’origine humaine du changement climatique”.

Pour comprendre la stratégie classique à l’oeuvre ici (semer le doute pour paralyser la prise de décision) déjà utilisée sur le tabac ou la couche d’ozone, je vous renvoi sur ce billet indispensable :

[Livre exceptionnel] Les marchands de doute, de Naomi Oreskes et Erick Conway

Source: http://www.les-crises.fr/exemples-de-problemes-climatiques-actuels/


Grèce : Comment Alexis Tsipras tente de contourner les blocages des créanciers

Friday 1 May 2015 at 00:01

Comme d’habitude, belle analyse de Romaric Godin…

Les négociations vont se rouvrir. Sans Yanis Varoufakis.

Les négociations vont se rouvrir. Sans Yanis Varoufakis.

Une nouvelle phase de négociations s’ouvre jeudi 30 avril à Bruxelles. Alexis Tsipras tente de contourner le blocage des créanciers, mais ces derniers jouent la politique du pire. La date du 12 mai semble la prochaine date butoir.

Encore une fois, Alexis Tsipras, le premier ministre hellénique a effectué un mouvement tactique plutôt réussi. En remaniant l’équipe de négociations avec les créanciers, et éloignant Yanis Varoufakis de ces discussions, il a ôté à la partie adverse un de ses arguments pour bloquer les discussions. Jusqu’ici, les ministres de l’Eurogroupe se plaignait des manières du ministre. Jeudi à Riga, ils ont prétendu qu’il était superficiel et qu’il faisait perdre du temps aux négociations ? Fort bien, Alexis Tsipras leur sacrifie l’homme. Mais ne bouge pas sur le fond. Les membres de l’Eurogroupe n’auront plus à parler à Yanis Varoufakis, mais la partie grecque n’entend pas revenir sur son refus des mesures austéritaires : Athènes n’accepte toujours ni réforme du marché du travail, ni privatisations irréfléchies, ni réforme du système de retraites.

Ôter l’excuse Varoufakis

Sauf que, désormais, les créanciers de la Grèce n’ont plus guère « l’excuse Varoufakis » pour bloquer les discussions. Lors de l’ouverture de nouvelles discussions demain jeudi 30 avril à Bruxelles, il va leur falloir faire face à leur responsabilité et assumer leur refus du compromis et, partant, le blocage provoqué de l’économie grecque. Autrement dit, contrairement à ce que les médias du monde entier ont prétendu depuis deux jours, la « mise à l’écart » de Yanis Varoufakis (relative, car rappelons qu’il demeure ministre des Finances) n’est qu’une « concession » apparente. Elle ôte en réalité des mains des créanciers un moyen de « gagner du temps. » « Nous allons désormais pouvoir réellement apprécier si le blocage était lié à des questions de personnes ou à des questions de forme », indique une source gouvernementale grecque à La Tribune.

Montrer la « volonté de réformes »

Parallèlement donc au remaniement de l’équipe de négociation, Alexis Tsipras a lancé une nouvelle offensive. Une « loi multiple » est en effet en préparation et sera soumise très rapidement au parlement. Cette loi reprend l’essentiel des mesures présentes dans la dernière « liste de réformes » présentée à l’Eurogroupe. Là encore, c’est un mouvement tactique qui ôte un argument de poids aux créanciers : celui de la procrastination grecque, de l’incapacité du gouvernement à agir, etc. Le vote de cette loi, mais aussi la progression des recettes fiscales à partir de la fin février, viennent clairement contrecarrer cette posture des Européens qui l’utilisent pour affirmer qu’Athènes « sape la confiance. » Mais encore une fois, le gouvernement grec ne cède pas sur l’essentiel. Bref, ce sera du Varoufakis, sans Varoufakis. Le mouvement est assez subtil pour prendre les créanciers à leur propre jeu.

Le détail des réformes

Le détail de cette loi est, selon la même source, encore l’objet d’arbitrage au sein des ministères helléniques, mais l’essentiel a été présenté dans le quotidien Proto Thema de ce mercredi 29 avril. De quoi s’agit-il concrètement ? D’abord, de l’amélioration des collectes de TVA. Proto Thema affirme que l’usage de la carte de paiement sera obligatoire dans les îles touristiques, à partir de 50 ou 70 euros. Mais il semble qu’il pourrait y avoir un plan plus global, moins fragmenté, pour généraliser et sécuriser l’usage des paiements électroniques. La mesure pourrait donc être suspendue pour mettre en place un programme plus vaste. Parmi les autres mesures prévues par la « loi multiple », on notera aussi une augmentation de la « taxe de luxe » et l’établissement d’une taxe sur les publicités télévisées, et, sans doute, sur les publicités en ligne. L’adjudication des fréquences télévisuelles, jamais achevée officiellement depuis la fin des années 1980, devrait aussi améliorer les revenus de l’Etat.

Améliorer les recettes de l’État

Ce qui est intéressant dans ce projet de loi, c’est qu’il insiste beaucoup sur la capacité de l’État à améliorer les rentrées fiscales. Ainsi, il est prévu de modifier le code pénal pour prévoir non seulement des amendes en cas de non paiement des impôts, mais aussi des sanctions pénales. D’autre part, ce projet prévoit la mise en place d’une procédure de paiement obligatoire par saisie sur le compte bancaire des amendes et des factures. Le Secrétariat général aux recettes publiques sera désormais indépendant. Enfin, un système de loterie sur les reçus de paiement sera mis en place. Ce système qui vise à diminuer les paiements non déclarés a déjà été mis en place avec succès dans d’autres pays, notamment à Taïwan, en Roumanie ou à Malte.

Une nouvelle concession athénienne ?

Le dernier point est la possibilité de maintenir l’impôt sur la propriété l’Enfia. Pour le moment, ce projet ne sera pas compris dans le projet de loi, et selon Proto Thema, le maintien de cette taxe, créée à la demande de la troïka et que Syriza avait promis de supprimer, serait une « dernière carte » pour faire céder les créanciers. Il faut cependant se méfier de ces informations de presse sur les « concessions » du gouvernement grec. Lundi, Bild Zeitung affirmait que le gouvernement renoncerait à relever le salaire minimum à son niveau d’avant-crise. Mardi, c’était le quotidien hellénique conservateur Kathimeriniqui annonçait l’introduction possible d’un taux de TVA unique de 18 % qui relèverait ainsi le prix des produits de première nécessité. Il semble que toutes ces informations soient le fruit d’une surinterprétation qui permet de créer une « atmosphère de défaite » autour du gouvernement. On le voit, chacun use des armes comme il le peut.

Selon une source hellénique proche des négociations, le relèvement du salaire minimum n’a jamais été abandonné. Dès février, avant même la moindre pression des créanciers, le nouveau gouvernement avait abandonné l’idée d’un relèvement complet immédiat de 683 euros mensuels sur douze mois à 751 euros. L’idée d’une augmentation progressive a été privilégiée et des discussions portent sur le rythme de ce relèvement. Il n’est pas question d’abandonner ce relèvement progressif, mais l’information de Bild met naturellement la pression dans ces discussions.

La stratégie des créanciers : la politique du pire

Ces « informations » lèvent, du reste, le voile sur les difficultés des négociations et leur vraie nature. « Ces prétendues concessions sont des sortes de pièges qui traduisent le fait que, plus on avance dans les négociations, plus les demandes des créanciers sont larges», souligne une source grecque proche du gouvernement. Il semble que les Européens tentent d’imposer non pas un accord sur des points ponctuels comme le prévoyait l’accord du 20 février, mais un accord « global », reprenant en quelque sorte les termes de la « 5ème revue » qui avait débuté dans le cadre du mémorandum de 2012. Reste qu’il y a aussi une forme d’action désespérée dans cette démarche. Les créanciers jouent donc la politique du pire. Ou plus exactement, devant la résistance hellénique, les créanciers tentent de pousser au maximum leur avantage avant de céder à la veille de la « rupture. » « Ils essaient de prendre tout ce qu’ils peuvent en attendant, mais nous allons voir jusqu’où ils sont prêts à aller », souligne la même source.

La menace du 12 mai

Le mouvement tactique d’Alexis Tsipras vise donc à tenter de désamorcer cette politique en leur ôtant des raisons de bloquer. Mais la pression s’exerce aussi via le calendrier. La date du 12 mai, lorsque la Grèce devra rembourser plus de 700 millions d’euros, devient à nouveau décisive. « Nous sommes incapables de dire si nous disposerons ou non de cet argent à cette date, mais il est certain que ce sera très difficile », dit-on à Athènes. Devant cette incertitude, Athènes table toujours sur le recul des Européens devant le risque « d’accident. » Et du côté européen, on doit penser que les Grecs ont la même crainte. C’est ce que suppose les déclarations de Pierre Moscovici et de Jeroen Dijsselbloem sur le mode du « temps presse. »

Vers un accord a minima ?

Le vice premier ministre grec, Yannis Dragasakis a demandé mardi un « accord sur le minimum » pour obtenir au moins un ballon d’oxygène de la BCE sur l’ELA. D’autres demandent un accord partiel pour libérer une partie des 7,2 milliards d’euros qui demeurent dans l’argent « disponible » pour la Grèce. Rappelons que cette idée du « minimum » était déjà celle du 20 février. Ce serait une nouvelle fois un report à plus tard du règlement du problème, une porte de sortie provisoire. Mais rappelons que l’essentiel du blocage n’est pas financier ou économique, il est politique. Et que, de ce fait, toute solution semble une défaite à l’une ou l’autre partie. Ce qui rend aujourd’hui la conclusion d’un accord très difficile politiquement, pour les deux parties. C’est dire si l’optimisme de façade du gouvernement grec sur un possible accord dans les jours à venir ne doit pas être pris au pied de la lettre.

Source : Romaric Godin, pour La Tribune, le 29 avril 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/grece-comment-alexis-tsipras-tente-de-contourner-les-blocages-des-creanciers/


2014, année la plus chaude jamais enregistrée

Thursday 30 April 2015 at 00:02

2014 : année la plus chaude à l’échelle mondiale depuis 1880

Selon les données de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), 2014 a été l’année la plus chaude à l’échelle du globe depuis le début des relevés en 1880. Moyennée sur toute la surface de la planète, terres et océans compris, la température annuelle a dépassé de 0,69 °C la moyenne de référence calculée sur le 20e siècle, qui s’élève à 13,9 °C. Les analyses réalisées par la NASA (National Aeronautics and Space Administration) confirment ce diagnostic : d’après les deux agences américaines, 2014 est ainsi l’année la plus chaude jamais enregistrée sut Terre, devant 2010 et 2005.

Depuis 1976, 2014 est la 38e année consécutive à présenter une anomalie positive de température moyenne à l’échelle planétaire. À l’exception de 1998, les 10 années les plus chaudes dans le monde depuis 1880 ont toutes été enregistrées depuis le XXIe siècle.

Graphe d anomalie de température globale

Anomalie (en °C) de la température annuelle à la surface du globe (normale 1901-2000)
(En noir, anomalie globale; en marron, anomalie sur les continents; en bleu, anomalie sur les océans)

Le constat est le même si on considère les seules surfaces océaniques, à l’exclusion des continents. En 2014, la température annuelle globale de surface des océans a dépassé la moyenne de référence de 0,57 °C, faisant de cette année l’année la plus chaude du point de vue océanique depuis 1880.

Au-dessus des surfaces continentales, l’anomalie de température, toujours positive, s’élève à 1°C par rapport à la moyenne du XXe siècle. 2014 se classe ainsi  au 4e rang des années les plus chaudes sur les continents.

Source : Météo France, le 19 janvier 2015.


Climat : 2014, année la plus chaude jamais enregistrée

La rivière Jacarei, dans l'Etat brésilien de Sao Paulo, le 19 novembre 2014 (c) Afp

La rivière Jacarei, dans l’Etat brésilien de Sao Paulo, le 19 novembre 2014 (c) Afp

Genève (AFP) – L’année 2014 aura bien été la plus chaude jamais enregistrée sur la terre, une tendance qui se poursuit, a confirmé lundi l’Organisation météorologique mondiale (OMM), une institution spécialisée des Nations Unies dont le siège est à Genève.

La température moyenne de l’air l’an dernier à la surface du globe a ainsi dépassé de 0,57 degré Celsius la moyenne calculée pour la période de référence 1961-1990, qui est de 14,00 degrés, dépassant les pics de 2010 (0,55 degré au-dessus) et 2005 (0,54 degré), selon l’OMM.

“Notre siècle compte 14 des 15 années les plus chaudes. Nous tablons sur une poursuite du réchauffement mondial, car la croissance des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère et l’augmentation de l’enthalpie des océans nous vouent à un avenir plus chaud”, a indiqué son secrétaire général, Michel Jarraud.

“La tendance globale au réchauffement est plus importante que le classement de telle ou telle année”, a-t-il ajouté, précisant qu’il “ressort de l’analyse des jeux de données que 2014 est, en regard des valeurs nominales, l’année la plus chaude jamais observée, bien qu’il y ait très peu de différence entre les trois années les plus chaudes”.

L’organisation météorologique a calculé qu’environ 93% de la chaleur piégée dans l’atmosphère par les gaz à effet de serre provenant de l’exploitation des combustibles fossiles et autres activités humaines est stockée dans les océans.

Ces derniers jouent donc un rôle primordial en termes de régulation thermique du système climatique mondial. “La température moyenne à la surface des océans a atteint de nouveaux records en 2014″, a prévenu l’OMM.

Toutefois, l’organisme rappelle que ce pic de chaleur en 2014 s’est produit en l’absence d’un véritable épisode El Niño, un phénomène qui réchauffe le climat survenant lorsque des températures de surface de la mer plus élevées que la normale dans l’est du Pacifique tropical interagissent avec les systèmes de pression atmosphériques.

Selon M. Jarraud, les phénomènes de vagues de chaleur records associées à des pluies torrentielles et des inondations de grande ampleur dans certains pays, tandis que d’autres ont souffert de la sécheresse, s’inscrivent dans la logique d’un climat en évolution.

“Il est plus que jamais nécessaire de disposer de services météorologiques et climatologiques fiables pour renforcer la résilience des populations et aider pays et collectivités à s’adapter à un climat qui évolue rapidement et qui, dans de nombreuses régions, devient moins bienfaisant”, a-t-il déclaré.

L’OMM a publié son analyse des températures mondiales dans la perspective des négociations annuelles sur le changement climatique, qui auront lieu à Genève du 9 au 14 février. Ces pourparlers aideront les parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques à adopter un accord à Paris, en décembre prochain.

Source : Sciences et Avenir, le 2 février 2015.


Vous pouvez accéder au rapport complet de l’Organisation Météorologique Mondiale ICI.

P.S. Comme on l’a répété plusieurs fois, la quasi-totalité des climatologues spécialisées (voir ce billet par exemple, avec 97 % d’accord) sont d’accord et nous demandent d’agir pour ne pas prendre le risque de bouleverser le climat.

Et comme le rappelle ici Jancovici, ou bien on croit un consensus scientifique (qui n’est jamais unanime à 100 %, ni une preuve absolue de vérité, le consensus pouvant toujours, un jour, à base de travaux sérieux, évoluer – mais pour 1 Galilée, il y a eu 1000 anti-Galilée expliquant après lui que la Terre était bien plate…) parce qu’on n’a pas d’autre choix, ou bien on perdra alors toute capacité d’aboutir à une certitude (certes relative et temporaire) permettant d’agir.

Autrement dit, si le grand public décide de suivre les opinions ultra-minoritaires, il ne pourra plus décider, car il y aura toujours plein d’opinions ultra-minoritaires et leurs contraires simultanément. Ces opinions, importantes, doivent rentrer dans une méthode scientifique, à savoir être publiées dans des revues à comité de lecture, et se battre pour démontrer leur justesse et convaincre leurs pairs, aboutissant éventuellement à une modification du consensus…

Bref, comme il y a un clair consensus (d’autant que, sachant que le CO2 est un important gaz à effet de serre, et qu’il y en a de plus en plus dans l’atmosphère et pas qu’un peu, le fait que ça se réchauffe est tout sauf surprenant…), je ferme les commentaires pour éviter le trollage…

97 % des climatologues spécialisés ne doutent donc pas du réchauffement…

L’étude source Duran 2009 est téléchargeable ici.

Elle se complète avec celle-ci Anderegg 2010. Une autre a été publiée en 2013 : Cook et al. 2013 : ”Entre 1991 et 2011, sur près de 4.000 articles (3.896 exactement) exprimant une opinion à ce sujet et écrits dans des revues scientifiques à comité de lecture par des chercheurs du même domaine (« évaluation par les pairs ») par plus de 10.000 scientifiques (10.188), 97,1% entérinent la thèse de l’origine humaine du changement climatique”.

Pour comprendre la stratégie classique à l’oeuvre ici (semer le doute pour paralyser la prise de décision) déjà utilisée sur le tabac ou la couche d’ozone, je vous renvoi sur ce billet indispensable :

[Livre exceptionnel] Les marchands de doute, de Naomi Oreskes et Erick Conway

Source: http://www.les-crises.fr/2014-annee-la-plus-chaude-jamais-enregistree/


2014 : année record pour les températures ?

Thursday 30 April 2015 at 00:01

2014 : année la plus chaude en France depuis 1900 ?

L’année 2014 est en passe de devenir l’année la plus chaude jamais observée en France métropolitaine depuis le début du XXe siècle.

Depuis le début de l’année, les températures ont été remarquablement chaudes sur le pays. Elles ont été nettement supérieures aux normales sur la plupart des mois de l’année, exceptions faites de mai et juillet qui ont connu des valeurs proches des normales et d’août qui a été particulièrement frais.

La température moyenne annuelle en 2014 sur la France devrait dépasser de plus de 1,2 °C la normale (période de référence 1981-2010), positionnant vraisemblablement l’année 2014 au premier rang des années les plus chaudes depuis 1900, devant 2011 (+ 1.1 °C au-dessus de la normale) et 2003 (+ 1.0 °C).

Évolution des températures moyennes quotidiennes en France en 2014

Indicateur quotidien de température moyenne – Zone climatique : France – du 1er janvier au 15 décembre 2014

Lire le bilan provisoire complet 2014 établi le 16 décembre.

Vers une année record

Il faudrait une dernière quinzaine de décembre 2014 particulièrement froide avec des températures largement inférieures à la normale pour qu’il en soit autrement. À  ce stade, selon les dernières prévisions, ce scénario serait exclu.

Les températures exceptionnelles relevées en 2014 s’inscrivent dans la tendance observée au cours des dernières décennies : les quinze années les plus chaudes observées à ce jour en France depuis le début du XXe siècle l’ont toutes été au cours des vingt-cinq dernières années.

Écart à la moyenne annuelle de référence 1981-2010 de l

Ecart à la moyenne annuelle de référence 1981 – 2010 de l’indicateur de température moyenne
Zone climatique : France – 1900 à 2013

Un constat similaire à l’échelle européenne

Le diagnostic établi en France rejoint celui établi à l’échelle du continent par le service météorologique néerlandais, sous l’égide de l’Organisation météorologique mondiale (OMM).  Les estimations montrent que 2014 pourrait devenir l’année la plus chaude jamais observée en Europe, devant 2007.

À l’échelle continentale, les températures exceptionnelles relevées cette année s’inscrivent là encore dans la tendance observée au cours de la dernière décennie : exception faite de 1989, les dix années les plus chaudes observées à ce jour en Europe depuis le début du XXe siècle sont toutes postérieures à 2000.

Anomalie de température moyenne entre janvier et novembre en Europe depuis 1950

Anomalies de températures moyennes sur la période janvier-novembre, par rapport à la normale calculée sur la période 1981-2010. En bleu, les années froides, en rouge les années chaudes. © KNMI

Une tendance globale

D’après l’OMM, l’année 2014 pourrait également devenir l’une des plus chaudes, si ce n’est la plus chaude, jamais observée, à l’échelle du globe. Dans un communiqué de presse publié le 3, l’organisation indiquait en effet que la température moyenne de l’air à la surface du globe avait dépassé de près de 0,6 °C la moyenne de référence (normale 1961-1990) sur la période de janvier à octobre 2014. 2014 pourrait devenir l’année la plus chaude jamais enregistrée, devant 2010, 2005 et 1998. (lire notre actualité sur le sujet).

Les dernières projections réalisées par la NOAA à l’échelle planétaire vont dans le même sens : elles montrent que 2014 pourrait devenir l’année la plus chaude de la période 1880 à nos jours, devant 2010.

Source : Météo France, le 17 décembre 2015.


2014 : année record pour les températures en France et en Europe

La température moyenne annuelle en 2014 sur la France a dépassé de 1,2 °C la normale*. 2014 devient ainsi l’année la plus chaude depuis 1900, devant 2011 (+ 1.1 °C) et 2003 (+ 1.0 °C). L’année écoulée est également une année record chez nos voisins européens comme la Grande-Bretagne, la Belgique, l’Espagne et l’Allemagne où la température moyenne annuelle a dépassé la normale* de 1.4 °C.
Les températures exceptionnelles relevées en 2014 s’inscrivent dans la tendance observée au cours des dernières décennies : les quinze années les plus chaudes observées à ce jour en France depuis le début du XXe siècle l’ont toutes été au cours des vingt-cinq dernières années.

Les 15 années les plus chaudes en France depuis 1900

Un nombre de jours de gel particulièrement faible en 2014

L’année a été très douce sur l’ensemble des régions, sans période de fortes chaleurs mais avec un nombre de jours de gel très inférieur à la normale*. Dans certaines stations, il n’avait jamais gelé aussi peu depuis le début des relevés. Le thermomètre n’est ainsi descendu en dessous de 0°C que 2 jours à Paris (normale : 25 j de gel par an), 3 jours à Brest (normale : 16 j), 5 jours à Marignane (normale : 25 j), 12 jours à Lyon (normale : 50 j), 17 jours à Tarbes (normale : 41 j), 27 jours à Clermont-Ferrand (normale : 64 j) et 29 jours à Strasbourg (normale : 66 j).

* moyenne de référence 1981-2010

Source : Météo France, le 2 janvier 2015.

P.S. Comme on l’a répété plusieurs fois, la quasi-totalité des climatologues spécialisées (voir ce billet par exemple, avec 97 % d’accord) sont d’accord et nous demandent d’agir pour ne pas prendre le risque de bouleverser le climat.

Et comme le rappelle ici Jancovici, ou bien on croit un consensus scientifique (qui n’est jamais unanime à 100 %, ni une preuve absolue de vérité, le consensus pouvant toujours, un jour, à base de travaux sérieux, évoluer – mais pour 1 Galilée, il y a eu 1000 anti-Galilée expliquant après lui que la Terre était bien plate…) parce qu’on n’a pas d’autre choix, ou bien on perdra alors toute capacité d’aboutir à une certitude (certes relative et temporaire) permettant d’agir.

Autrement dit, si le grand public décide de suivre les opinions ultra-minoritaires, il ne pourra plus décider, car il y aura toujours plein d’opinions ultra-minoritaires et leurs contraires simultanément. Ces opinions, importantes, doivent rentrer dans une méthode scientifique, à savoir être publiées dans des revues à comité de lecture, et se battre pour démontrer leur justesse et convaincre leurs pairs, aboutissant éventuellement à une modification du consensus…

Bref, comme il y a un clair consensus (d’autant que, sachant que le CO2 est un important gaz à effet de serre, et qu’il y en a de plus en plus dans l’atmosphère et pas qu’un peu, le fait que ça se réchauffe est tout sauf surprenant…), je ferme les commentaires pour éviter le trollage…

97 % des climatologues spécialisés ne doutent donc pas du réchauffement…

L’étude source Duran 2009 est téléchargeable ici.

Elle se complète avec celle-ci Anderegg 2010. Une autre a été publiée en 2013 : Cook et al. : ”Entre 1991 et 2011, sur près de 4.000 articles (3.896 exactement) exprimant une opinion à ce sujet et écrits dans des revues scientifiques à comité de lecture par des chercheurs du même domaine (« évaluation par les pairs ») par plus de 10.000 scientifiques (10.188), 97,1% entérinent la thèse de l’origine humaine du changement climatique”.

Pour comprendre la stratégie classique à l’oeuvre ici (semer le doute pour paralyser la prise de décision) déjà utilisée sur le tabac ou la couche d’ozone, je vous renvoi sur ce billet indispensable :

[Livre exceptionnel] Les marchands de doute, de Naomi Oreskes et Erick Conway

Source: http://www.les-crises.fr/2014-annee-record-pour-les-temperatures/


Pour Les Echos, la Grèce plie. Mais jusqu’où ?

Wednesday 29 April 2015 at 05:00

Grèce : Yánis Varoufákis semble prêt à lâcher du lest face à l’Eurogroupe

Lors réunion l'Eurogroupe vendredi, ministre Finances grec, Yánis Varoufákis, s'est retrouvé seul face ministres inquiets agacés, unanimement demandé d'accélérer travaux présenter liste réformes.

Lors de la réunion de l’Eurogroupe vendredi, le ministre des Finances grec, Yánis Varoufákis, s’est retrouvé seul face à des ministres inquiets et agacés, qui lui ont unanimement demandé d’accélérer les travaux pour présenter la liste de réformes. - Photo Nicholas Kamm/AFP

Le ministre grec des Finances isolé face à ses homologues. La Grèce menace de tenir un référendum si on la pousse trop dans ses retranchements.
Plus le temps passe, plus la Grèce est à court de liquidités, plus elle approche du défaut de paiement et moins sa position de négociation est forte. Le ministre des Finances grec, Yánis Varoufákis, en a fait l’amère expérience lors de la réunion de l’Eurogroupe vendredi. Il s’est retrouvé seul face à des ministres inquiets, agacés et fatigués, qui lui ont unanimement demandé d’accélérer les travaux pour présenter la liste de réformes exigées par l’accord de l’Eurogroupe conclu le 20 février.

C’est sûr que si on s’imagine qu’on va trouver UN pays solidaire pour aider la Grèce qui lui doit de l’argent – vive l’Europe !

Une réunion pleine d’acrimonie, les ministres des Finances européens exprimant leur frustration en face d’un ministre toujours jugé trop professoral et condescendant.

Ah j’ai cru que c’était parce que la Grèce ne pouvait pas payer – si c’est juste à cause du sourire du gars, ça va alors…

In fine, le ministre des Finances français, Michel Sapin, a évoqué une réunion « utile », puisque tous ont demandé, une nouvelle fois, au gouvernement grec d’accélérer les travaux. A l’inverse, l’équipe de Yánis Varoufákis a évoqué une réunion « inutile », où les ministres font des remontrances sans intérêt au lieu d’aller au fond des dossiers.

Désormais la donne est claire : il reste au plus tard jusqu’au 30 juin, date d’échéance de l’aide européenne pour trouver un accord. A Riga, Jeroen Dijsselbloem a rejeté d’accorder des prêts partiels en échange d’un début de programme de réformes. Il a répété la nécessité d’obtenir un programme de réformes global.« Il faut faire l’addition des mesures pour comprendre quel est l’équilibre sur les finances publiques grecques, sur l’excédent primaire budgétaire et c’est ce que nous attendons toujours », a expliqué Michel Sapin.

Des garanties adéquates

Isolé, Yánis Varoufákis a rencontré, samedi, le président de la BCE, Mario Draghi, celui de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, et le commissaire aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, pour faire le point. Pour l’heure, la BCE a, infailliblement, soutenu Athènes, grâce à son aide d’urgence (ELA – Emergency liquidity assistance) au système bancaire grec. Mais pour continuer, les banques grecques doivent être solvables et apporter des garanties adéquates. Or, si les retraits des dépôts bancaires se poursuivent et si les taux d’intérêts des obligations grecques s’envolent, réduisant d’autant la valeur des obligations grecques apportées en garantie à la BCE, la banque centrale aurait du mal à maintenir son aide. Pour autant, personne n’admet préparer de plan B. Pour la Grèce, instaurer un contrôle des capitaux, à la veille de la saison touristique, serait une catastrophe.

Aussi Yánis Varoufákis a reconnu qu’il n’y avait pas d’autres issues que d’accélérer les négociations. « L’accord viendra au plus vite car nous n’avons d’autres options », a-t-il admis.

Sérieusement, il m’épate le type ! Quel négociateur quand même… “La négo est dure, mais je n’ai pas d’autre option que d’obtenir un accord”, c’est sûr qu’il est en position de force… [Mode ironie là]

La Grèce va, donc, reprendre les sujets des retraites – elle reconnaît, à présent, la nécessité d’une réforme -, de la TVA, des privatisations. Il faudra trouver une issue sur les saisies immobilières. Un sujet difficile, pour aboutir à l’équilibre entre la protection des plus démunis et la nécessaire épuration des comptes pour faire redémarrer le crédit. Le prochain Eurogroupe est prévu le 11 mai à Bruxelles. Il reste beaucoup de travail avant un accord, et la Grèce menace de tenir un référendum si on la pousse trop dans ses retranchements. Toutefois, comme l’a déclaré Yánis Varoufákis , ni la zone euro, ni la Grèce « n’ont le droit de ne pas trouver un accord ».

Les Grecs ont voté pour des changements, mais comme le montre un sondage publié par « To Vima », ce week-end, 72 % veulent un accord entre Athènes et ses créanciers, et une minorité prône le refus de tout compromis. 80 % d’entre eux disent vouloir rester dans l’Union européenne et 74 % dans l’Otan. L’accord viendra.

Ils sont vraiment lobotomisés par les médias sur l’euro les pauvres grecs, comme les autres européens…

Source : Anne Bauer, pour Les Echos, le 27 avril 2015.


Grèce : Athènes remanie son équipe de négociation avec ses créanciers

Critiqué isolé, ministre l'Economie grec, Yabis Varoufakis, sauve apparences perd main négociations créancier d'Athènes

Critiqué et isolé, le ministre de l’Economie grec, Yanis Varoufakis, sauve les apparences mais perd un peu la main dans les négociations avec les créancier d’Athènes - AFP – Paul J Richards

Officiellement le ministre de l’Economie, Yanis Varoufakis, continue de superviser l’équipe de négociateurs grecs. Mais la coordination de leur travail et l’élaboration du programme de croissance destiné à servir de base à un accord sont confiés à d’autres.

Si l’on dit toujours qu’on ne change pas une équipe qui gagne, de toute évidence le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, a pris la mesure des critiques qui, en fin de semaine dernière, se sont abattues son ministre des Finances, Yanis Varoufakis à la suite de la réunion de l’Eurogroupe.

Yanis Varoufakis, dont le style et le discours peu conventionnels déplaisent à certains de ses pairs, est en effet une nouvelle fois apparu isolé lors de cette réunion avec ses homologues de la zone euro en Lettonie, dont il est revenu les mains vides. L’Eurogroupe a ainsi averti le gouvernement grec qu’il n’obtiendrait le déblocage d’une nouvelle tranche d’aide financière qu’en échange d’un plan de réformes économiques complet et détaillé, et que le délai pour y parvenir était de plus en plus court.

La coordination des négociateurs échappe à Varoufakis

Conséquence directe de cette situation, les apparences sont sauves pour Yanis Varoufakis qui garde le soutien d’Alexis Tsipras et conserve le rôle de superviseur de l’équipe des négociateurs. Mais la coordination de leur travail a été confiée à Euclide Tsakalatos, ministre délégué aux Affaires économiques internationales au sein du ministère des Affaires étrangères.

Une décision qui donne à penser que ce professeur d’économie diplômé de l’université d’Oxford, né en 1960, exercera un rôle accru dans les discussions directes avec les représentants des créanciers de la Grèce (Union européenne et Fonds monétaire international).

Un proche du vice-Premier ministre élaborera le programme de croissance

Autre choix renforçant cette impression de mise sous surveillance de Yanis Varoufakis, son secrétaire général Nikos Theocharakis, qui dirigeait les discussions au niveau technique avec le “groupe de Bruxelles”, va désormais s’attacher à élaborer un programme de croissance économique destiné à servir de base à un accord avec les créanciers en juin.

George Chouliarakis, considéré comme un proche de l’influent vice-Premier ministre Yannis Dragasakis, va prendre la responsabilité des discussions avec le groupe de Bruxelles.

Enfin, une nouvelle équipe a aussi été constituée pour collaborer avec les représentants de l’UE et du FMI chargés de la collecte des informations à Athènes sur la situation de la Grèce.

L’ensemble de ce remaniement a été salué par les Bourses européennes , qui se sont retournées à la hausse après cette annonce.

Source : Les Echos, le 27 avril 2015.


Grèce : les taux d’emprunt plongent, la Bourse s’envole

Le taux grecs 3 ans détendent 300 points base l’espoir d’avancées négociations

Le taux grecs à 3 ans se détendent de 300 points de base dans l’espoir d’avancées dans les négociations - Shutterstock

Le remaniement de l’équipe chargée des négociations de la Grèce avec ses créanciers soulage les marchés. Les Bourses européennes ont rebondi.

« Ils sont unanimes dans leur haine contre moi et leur haine me fait plaisir ». Ce tweet envoyé dimanche par Yanis Varoufakis, le ministre des Finances grec -, qui fait référence au discours de Roosevelt de 1936 en faveur du New Deal – a trouvé un sombre écho ce lundi. La perspective d’un amoindrissement du rôle du ministre « super star » dans les négociations avec les créanciers d’Athènes a en effet réjoui la communauté financière.

La Bourse de Paris au plus haut depuis 2008

Le rendement des emprunts grecs à 3 ans a fondu de pas moins de 400 points de base, passant de plus de 26 % à 22,3 %. La Bourse d’Athènes a aussi bien réagi, gagnant 4,37% en clôture. Et l’espoir d’ une sortie de l’impasse pour la Grèce a eu des répercussions sur le reste de la zone euro. Les taux des pays de la « périphérie » (Portugal, Espagne, Italie) se sont détendus et les places boursières européennes ont retrouvé des couleurs. La Bourse de Paris a même terminé au plus haut depuis janvier 2008, avec un gain de 1,3 % à 5.268,91 points.

Alexis Tsipras, le Premier ministre grec, a manifestement pris la mesure des critiques exprimées à l’encontre de son ministre des Finances lors de l’Eurogroupe qui s’est tenu à Riga en fin de semaine passée. Yanis Varoufakis est rentré les mains vides et les partenaires européens ont manifesté une impatience accrue à l’égard d’Athènes. D’où l’annonce d’un remaniement de l’équipe en charge des négociations ce lundi  : le ministre grec dont la renommée est sans égal n’est pas totalement écarté, mais il jouera un rôle de second plan. Ce qui, du point de vue des investisseurs, améliore les chances de trouver une solution, alors que la Grèce court derrière les liquidités et risque prochainement l’accident de paiement.

Forte contagion en cas de « Grexit »

Selon la banque Goldman Sachs, un scénario de « Grexit » (sortie de la Grèce de la zone euro, suite à un accident de paiement et un échec total des négociations avec les créanciers) serait bien un « événement systémique » pour les marchés financiers. S’il se réalisait – ce n’est pas le scénario central de Goldman Sachs – l’écart des taux italien ou espagnol avec ceux de l’Allemagne pourrait atteindre 350 à 400 points de base avant qu’un pare-feu soit mis en place. Comme la plupart des spécialistes, Goldman Sachs estime que la Banque centrale européenne (BCE) serait obligée d’intervenir pour calmer la contagion, de même que le Mécanisme européen de supervision (MES).

Les analystes rappellent cependant que les investisseurs privés sont peu exposés à la dette grecque  : ils détiennent 36 milliards d’euros d’obligations (concentrées dans les mains d’une poignée d’investisseurs).

Source : Les Echos, le 27 avril 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/pour-les-echos-la-grece-plie-mais-jusquou/


Actu’Ukraine 29/04

Wednesday 29 April 2015 at 02:39

Merci à toutes celles et à tous ceux qui ont participé à cette actu’Ukraine !

Actu’Ukraine du 20 au 26 avril 2015

Focus de la semaine : Fragments de la société ukrainienne

• Funérailles de Oles Buzina et lettre de sa femme. Oles Buzina a été enterré dimanche 19 avril (newcoldwar via russia-insider, youtube, rt, youtube). Sa femme, Natalia Buzina, a écrit une lettre ouverte (buzina.org, traduction anglaise fortruss). La fiche d’Oles Buzina sur le site de dénonciation  “Mirotvorets” (c’est à dire “celui qui apporte la paix”) (psb4ukr.org) n’est plus accessible, mais existe toujours en archive web (web.archive.org).

Hello.  My name is Natalia. I am the wife of Oles Buzina. I know that on such  occasions the wives are assigned a different title. Mournful, gloomy,  depressing only in the combination of letters. But I don’t accept it.  The power of the spirit of Oles is tremendous. It is not limited by the  confines of the flesh, or three-dimensional space. Oles was in that  storm that came from nowhere after the shots. And then wept for us,  poor, with the rain and snow on the day of the funeral. He always had a  way with the elements.

Yes,  I know that I will never bring him green tea with honey to bed. And  instead of “Thank you!” he will not murm: “Scratch my back.” We will  never walk at night to the pond to listen to the frog chorus and admire a  Gogol night. And he will not say: “Nowhere there are such frogs as in  Ukraine!”

I  know for sure: you who committed this crime, have never been as happy  as Oles. And hardly loved anyone in your life. Perhaps you even have  children, wives and gray-haired mothers. But you’re lying to them! You  don’t love them! And they will never pray for you when you need it.

And  Oles loved everyone. “Ukrops” and “colorados”, Ukrainians and Russians,  Jews and Tatars. He wanted to reconcile all of us in our common home -  Ukraine. And never left his land when trouble came: “I can’t leave my  khokhlyats (Ukrainians). They are confused. I must help them.”

Thank you, dear, for your response. Oles lives in each of your messages.

And  for those who want to capitalize on this, I say: please, respect his  name and honor! Don’t gossip about him out of greed! Don’t tear him into  pieces for yourself! He can not answer you anymore! But he has a  Supreme Protector.

Natalia Buzina

 

Les livres d’Oles Buzina sont retirés de vente en Ukraine pour les raisons politiques youtubekorrespondent.net). Mais pour compenser la manque de nourriture spirituelle aux ukrainiens on leur propose ceci :

• Propagande contre propagande. Les Crises a sorti un billet récemment sur une chanson ukrainienne de 2008 à la gloire des “combattants pour la liberté” (lire “les membres de la division SS Galicie et autres ultra nationalistes”) (les-crises.fr) C’est assez lyrique, Tout en sacrifice, devoir, patrie (youtube). Bref, classique ! Côté Donbass, une vidéo est sortie récemment dans un autre registre : bombardements, morts civils, flaques de sang… et encore, par rapport à ce qui était disponible sur internet l’été dernier, c’est super soft (sputniknews) La vidéo originale est sous-titrée en anglais et taggée 18+  (youtube). Une version sous-titrée française existe également, floutée et écourtée de 12 secondes (youtube) et une autre complète (youtube).

Ukraine : Йшла Дивізія (2008)

Donbass : Добро с ракетами / Good rockets (2015)

 

• Histoire de boxeur ukrainien : Alexander Usik. Le 18 avril a eu lieu à Kiev un match de boxe assez surréaliste dans le contexte du pays. Un boxeur ukrainien, Alexander Usik, champion olympique à Londres catégorie poids lourd, était opposé à un boxeur russe, Andrey Knyasev ! A la vue du match (youtube) , le russe ne s’est pas vraiment battu et a patiemment attendu de prendre suffisamment de coups pour être déclaré KO technique (kyivpost). Donc, pas de victoire ukrainienne flamboyante mais un bon gros défouloir populaire assez symbolique de ce qui se passe dans la guerre civile : le Donbass prend des coups mais est toujours debout. Cette histoire est de deux autres façons symbolique de la complexité ukrainienne. Tout d’abord Usik est originaire de Crimée et a déclaré ne “jamais vouloir échanger sa nationalité ukrainienne contre la nationalité russe” (champion.com.ua) et donc est une sorte de symbole du nationalisme ukrainien. Et ensuite parce que Usik est marié à une russe ! Celle-ci s’exprime sur la chaine Tsargrad pour dire, selon elle, pourquoi les tensions entre pays ne doivent pas avoir de retentissements au sein des cercles familiaux (youtube), ce qui, vu le gabarit du monsieur est plutôt souhaitable dans son cas…

 

 

• Autocensure “recommandée” et menaces de mort à peine voilées. Avertissement (ou plutôt menaces) d’un haut responsables du SBU contre les “ukrainophobes”. Le chef du principal département d’enquête du SBU, Vassili Vovk, a averti, à la suite des récents assassinats en Ukraine (Kalachnikov et Buzina), les “Ukrainophobes” de se taire “dans l’intérêt de leur propre sécurité”. “J’estime que dans la situation actuelle, il ne doit pas y avoir de gens qui s’expriment contre l’Ukraine ou “l’ukrainitude” (oukraïnstvo)“  a-t-il déclaré lors de l’émission “Liberté de parole” sur la chaîne ICTV. Il a souligné qu’il s’exprimait au titre de sa fonction officielle. Donc ce sont des conseils/menaces officielles (émission du 20 avril : svoboda.ictv.ua ou du 14 avril :  svoboda.ictv.ua , sputniknews).

Interrogé sur la question de savoir  s’il existe une définition “scientifique” ou juridique d’un “Ukrainophobe”, il a répondu : “non, mais nous comprenons de quoi il est question”. Vzgliad rappelle que Vovk avait déclaré auparavant qu’il n’existe pas d’organisations radicales en Ukraine (vzgliad).

Le 21 avril, Vzgliad publie une nouvelle synthèse concernant les “conseils” de Vovk. Les Membres du Groupe d’opposition à la Rada ont aussi reçu des messages de menaces signés par l’organisation “OuPA” qui avait déjà revendiqué les assassinats de Kalachnikov et Bouzina (russia-insider). Vzgliad déplore que tous ces événements ne conduisent pas l’Europe à revoir sa position vis à vis de Kiev (vzgliad).

 

• Tensions sociales avec arrières pensées politiques et  économiques. Le 22 avril, rassemblement de 5000 mineurs à Kiev, devant l’administration présidentielle, puis sur la célèbre rue Krechtchatyk  (rtsputniknews) Le nombre de policiers est impressionnant (youtube). Ils revendiquent le paiement de retards de salaire et demandent la démission du ministre de l’énergie et de l’industrie charbonnière. Ils protestent également contre la fermeture de trois mines en Ukraine et l’achat du charbon à l’étranger (en Russie ledevoir.com et en Afrique du Sud news.pn). Le premier ministre Yatseniouk n’a pas voulu les recevoir… Cependant, pour “éteindre l’incendie” (ce sont les propres mots de Yatseniouk),  il a ordonné le versement aux mineurs de 100 millions de hryvnias (korrespondent.net, dnr-news.com) En ce moment, la grève des mineurs concerne 15 mines des oblasts de Donetsk, Lougansk, Lvov et Volyn.

La genèse de cette manifestation est intéressante. Tout d’abord, le Symbole des mineurs est fort. Par le passé, ceux-ci ont participé activement à la révolution Orange. Ensuite elle est organisée par le KVPU qui est le syndicat le plus puissant en Ukraine, mais avec 268 000 adhérents seulement. Il a à sa tête Mykhaïlo Volynets qui a été député du parti de Timochenko (interfax). Il dirige aussi The Independent Trade Union of Coal Miners of Ukraine (NPFU). Enfin, les mineurs qui ont manifesté sont tous des employés de DTEK, qui produit un quart de l’électricité du pays, grâce à ses centrales thermiques alimentées par le charbon qui est extrait par ces mineurs. Le patron de  DTEK n’est autre que l’oligarque Rinat Akhmetov. Il sort de l’ombre pour défendre son groupe qui a été déficitaire en 2014 pour la première fois de son existence (news.pn). Il n’a jamais exprimé un grand soutien au gouvernent de Porochenko. On peut penser qu’il se désintéresse de la politique actuelle, ou même qu’il serait légèrement pro-Donbass, ayant beaucoup de liens avec cette région, et donnant de la nourriture aux habitants des zones touchées par la guerre. En mai 2014, il avait été accusé d’avoir tenté de renverser le gouvernement et d’évasion de fiscale. A l’été 2014, il avait appelé à un règlement pacifique du conflit. Les activistes d’AutoMaidan et du Secteur Droit ont riposté aux mineurs (news.pn, interfax.com.ua). Juste après la manifestation, le jeune député proche de Vitali Klitschko, Egor Firsov, a accusé Akhmetov de “financer le terrorisme et le séparatisme”. Il a annoncé qu’une procédure judiciaire serait ouverte contre lui. L’attachée de presse d’Akhmetov, Elena Dovjenko, a répondu que c’était de la calomnie. Elle a rappelé qu’Akhmetov a déjà été interrogé par le procureur général le 22 janvier 2015, et qu’aucune plainte pour activité illégale n’avait été retenue (tass.ru).

 

• Guerre des oligarques, seconde manche. La manifestation du 22 avril a dû être un signal d’alerte pour le pouvoir parce que Porochenko lui même promet de “punir les oligarques qui utilisent des manifestions pour faire pression sur l’état  et qui mettent leurs intérêts économiques avant le bien-être du pays”  (kyivpost). Suite à cette manifestation donc, une offensive visant Akhmetov (et d’autres oligarques en même temps) se déploie logiquement à l’heure actuelle (kyivpost). Le media Vesti consacre un long article sur les “révélations” de Nayyem (un journaliste ukrainien en vogue/député) concernant Akhmetov (vesti-ukr.com). Le SBU fait une enquête sur la manifestation en reprenant ceraines révelations de Nayyem (vzgliad). Le parlement suggère de nationaliser la chaine de supermarché “Brusnichka” appartenant à Akhmetov (dnr-news.com). Le SBU, encore lui, enquête directement sur Akhmetov, Kolomoïski et Pinchuk sur les privatisations de 2004 pour un montant de 50 milliards USD (dnr-news.com). De plus, Akhmetov vient d’être mis en examen pour “financement du terrorisme et du séparatisme” (ru.tsn.ua) et a déjà été convoqué par le Parquet général d’Ukraine pour interrogatoire. Son service de presse  a réagi au quart de tour et a publié un démenti, démenti repro par le média ridus (ridus.ru à 14 h 11) ainsi que par l’agence Interfax (interfax.ru) :  “En référence à l’information qui a été donnée par le député du peuple Egor Firsov sur la première chaîne dans l’émission SchusterLIVE le 24 avril 2015 , selon lequel une information judiciaire avait été ouverte par le Parquet général à l’encontre de Rinat Akhmetov pour des faits de financement du terrorisme et de séparatisme, nous estimons qu’il est indispensable de déclarer ceci: l’information diffusée par Egor Firsov ne

• Fait divers révélateur de l’ambiance de peur en Ukraine. Le Directeur d’une agence d’enquêtes sociologiques ukrainiennes, Evgueni Kopatko, s’est enfui en Crimée (vzgliad) de crainte des poursuites dont il pourrait être l’objet après avoir publié des enquêtes faisant état d’une baisse de la popularité du Bloc Petro Porochenko (parti du président wikipedia) et du Front populaire (parti du premier ministre wikipedia). Ce qui est intéressant est qu’il ait décidé de s’enfuir sans attendre le moindre signe et surtout qu’il ait choisi la Crimée, donc la Russie, plutôt que les “amis” voisins de l’Ukraine, Pologne et Roumanie.

• Drame de la pauvreté. Une femme d’Odessa étouffe sa fille nouveau-né parce qu’elle n’a pas de quoi acheter de la nourriture ou des couches et que personne ne peut lui prêter de l’argent (novorossia.today)

• Locaux de stockage des bataillons de volontaires. L’Ukraine a aussi un plan “Vigipirate” ou plutôt “Orsec”, mais il est officieux. Le bataillon “Azov” possède ainsi un local en plein Kiev, local dans lequel est entreposée de “l’aide” humanitaire ou militaire, nul ne le sait. Comme à Kharkov en novembre 2014 et plus récemment à Odessa, des locaux appartenant à des partis, groupuscules ou associations pro-Kiev ont sauté ou brûlé, les volontaires d’Azov prennent leurs précautions en interdisant de se garer aux alentours, et pour éviter toute résistance, il y a des gugusses armés qui “convainquent” les automobilistes d’aller voir ailleurs…

 

• Donetsk, 21 avril 2015 : scènes de rue  (youtube).

 

• Marioupol, 21 avril 2015 : interview d’habitants (Sous-titres anglais facebook)

 

• Indice de séparatisme. Coordinateur du groupe “résistance de l’information”, pro kiev,  Dmitry Tymchuk, député du Front Populaire à la Rada, fait paraitre depuis le 1 avril sur sa page Facebook (facebook) et son site (sprotyv.info via maidantranslations.com, colonelcassad),  une carte de l’évaluation de la “menace terroriste/séparatiste” en Ukraine.

Les deux régions, hors zone ATO, les plus chaudes sont Kharkov et Odessa. Des stratégies différentes sont mises en oeuvre dans ces villes. A Kharkov, les rassemblement publics seront tout simplement interdits du premier au 9 mai (unian.info). A Odessa, la  date fatidique du 2 mai approchant, le Parquet général d’Ukraine a inculpé 22 personnes pour avoir organisé des troubles à Odessa le 2 Mai 2014 et en arrête 11 d’entre elles  (rbc.ua). L’article ne dit pas si les inculpés/arrêtés sont des nationalistes ukrainiens (ce qui voudrait dire que le pouvoir cherche à calmer les esprits) ou des pro séparatistes (ce qui voudrait dire que le pouvoir cherche à décapiter d’éventuels mouvements de protestations). Morceau choisi du texte d’accompagnement de la carte : “The mass detention of terrorist groups at the beginning of April has had a positive impact on the situation in Odesa, acting as a powerful “psychological” deterrent for anti-Ukrainian forces.” (maidantranslations.com). “Mass Detention” (“emprisonnement de masse” en français) ça interpelle …

 

• Interview de Nataliya Vitrenko (wikipedia) sur la guerre au Donbass et la loi relative à la l’établissement de la loi martiale (voir actu’Ukraine, samedi 4 avril 2015) (youtube)

 

 

Lundi 20 avril 2015

• L’Origine du nationalisme Ukrainien (interview de Xavier Moreau) (youtube)

 

• Article de synthèse sur la violence politique en Ukraine (newcoldwar.org)

• Sergey Lavrov note que Kiev empêche la formation des groupes de discussion prévus par les accords de Minsk. L’ukraine pose de nouvelles exigences qui sont d’y faire entrer des ONG et des experts internationaux, afin d’y avoir plus de pouvoir (tass.ru).

• Fuites sur des documents internes des bataillons de volontaires. DNR News sort le trombinoscope des chefs du bataillon Tornado (dnr-news.com) et la liste complète de ses membres (cassad.net)  et Colonel Cassad sort des photos du même bataillon (colonelcassad), ce qui déclenche aussitôt une enquète officielle pour trouver la fuite (dnr-news.com, youtube.com).

• Merci, patron !  (youtube) Porochenko a remercié les USA pour l’envoi de soldats ( il est à noter qu’on ne parle plus “d’instructeurs.”) ainsi que pour la promesse de prêter à l’Ukraine 1 milliard de dollars en 2015 – le pauvre Yatseniouk va encore pleurnicher qu’il doit les rembourser en plus du reste (ben oui, c’est ça l’idée !) – (ukrinform.ua, president.gov.ua page en anglais sur le site du service de presse de la présidence ukrainienne)

• Lénine, reviens ! Il se passe des choses bizarres en Ukraine. Ces derniers temps, Lénine et d’autres personnages ont été à plusieurs reprises jetés à bas de leur piédestal, mais à Zaporojia, qui se trouve, sauf erreur, en territoire contrôlé par les Forces Armées Ukrainiennes (FAU), il est remonté sur le sien (youtube).

 

• Il est gonflé, Porochenko! Le voici qui accuse les forces des Républiques de Donetsk et Lougansk de bloquer les convois humanitaires envoyés par l’Ukraine et certains pays étrangers au Donbass…A part un seul convoi allemand il y a plusieurs mois, deux convois finlandais dont un a été bloqué par les autorités de Kiev  (sputniknews) quelques petits envois par divers pays européens – dont deux tonnes par une association française – on n’a guère entendu parler de convois humanitaires hormis ceux de la Russie (25 déjà, plus de 2.000 tonnes en tout). Il y a eu également ceux d’Akhmetov, mais ceux-ci ont été stoppés et filtrés à deux reprises par des bataillons de volontaires.

La première fois, en décembre 2014, le 19 (ridus.ru).  Une chaîne télévisée  ukrainienne avait alors diffusé un sujet sur l’illégalité totale des bataillons de volontaires qui n’ont pas laissé passer un convoi humanitaire (youtube).

La seconde fois, les hommes des bataillons Dniepr-1, Donbass et Sitcheslav ont a nouveau stoppé un convoi d’aide humanitaire pour les habitants du Donbass, envoyé par le fonds humanitaire de Rinat Akhmetov dans l’oblast de Donetsk (unn.com.ua). Cela faisait évidemment partie de la guerre entre les oligarques, “Dniepr-1″ étant un bataillon de Kolomoïski (ru.tsn.ua).

Il avait été également fait état d’un convoi d’aide humanitaire polonais à destination du Donbass, mais sans plus.

 

• La Pologne se réveille (enfin). La loi ukrainienne de glorification des “combattants pour l’indépendance” de l’UPA qui de facto exonère ces nationalistes ukrainiens de leurs crimes durant la seconde guerre mondiale (environ 1 million de morts dont 100 000 polonais) a eu comme effet de réveiller la Pologne. Dans son hystérie anti-russe et sa défiance de l’Allemagne, la Pologne avait oublié qu’en Ukraine se sont les enfants spirituels des tueurs de Volhynie qui sont au pouvoir (les-crises.fr). D’où des prises de conscience et de position diverses en Pologne. Le Président polonais, Bronisław Komorowski condamne le vote de cette loi et arrête tout “dialogue historique” avec l’Ukraine (sputniknews). Version UNIAN : Le président polonais déclare que la reconnaissance par la Rada de l’activité de l’OUN OuPA comme composante de la lutte pour l’indépendance pourrait “compliquer le dialogue historique entre  Kiev et  Varsovie” (unian.net). Le général à la retraire Waldemar Skrzypczak, ex chef des forces terrestres polonaises et vice ministre de la défense, retire “tout ce qu’il a dit sur l’Ukraine” suite au vote de cette loi. Son oncle est mort crucifié nu à la porte d’une grange de la main de “combattants pour l’indépendance” (fortruss). Un candidat mineur à l’élection présidentielle et actuellement député au parlement européen, Yanouch Korvine-Mikke, déclare que les snipers de Maidan ont été formés en Pologne, que la participation de la Pologne aux événements du Maidan est un “fait bien établi” et que c’est les USA qui cherchent la déstabilisation,  non la Russie  (lenta.ru, sputniknews). Analyse de De Defensa (dedefensa.org).

 

• Porochenko rend visite aux soldats américains. Grand moment de communication totalement raté de Porochenko dans un joli uniforme noir, très SS fashion, discutant le bout de gras avec des soldats américains et ukrainiens (enfin juste deux de chaque) qui a priori n’en ont rien à battre (youtube, russia-insider) .  Album photo de la 173eme brigade US en Ukraine (flickr) et article officiel de l’armée US (army.mil).

 

 

photo officielle de Porochenko au milieu des soldats

 

Et deux vidéo d’entrainement des troupes ukrainiennes (youtube et unian.info). Enfin juste ce que on a envie de nous montrer… Petit détail cocasse. C’est un soldat US qui apprend à des soldats ukrainiens à utiliser une arme russe…

 

Mardi 21 avril 2015

• Histoire de boxeur ukrainien : Vitali Klitschko. Après son éditorial du 19 avril dans Wall Street Journal intitulé “Welcome back to Kiev!”  (wsj.com), Vitali Klitschko, ancien boxeur et maire de Kiev, se fait basher en règle dans Russia Insider (russia-insider).

• La vieille obsession ukrainienne du Canada :  Un énorme stock de livres de propagande ultra nationaliste découvert à Lougansk. Ce stock de 30 000 livres sur les nationalistes ukrainiens date de plus de 20 ans et a été découvert à l’université de Lougansk. Les livres sont originaires du Canada, preuve que la volonté de la diapora ukrainienne au Canada de promouvoir les idéaux ultra nationalistes date grosso modo de l’indépendance du pays en 1991 (dnr-news.com, youtube). L’info est à rapprocher d’un article quasi unique dans la presse canadienne qui est paru dans un média québécois et dont Russia Insider se fait l’écho (lapresse.ca via newcoldwar.org via russia-insider). Intitulé “L’obsession ukrainienne”, il pose clairement la question “Qu’est-ce au juste que le Canada a à faire au coeur de l’Europe, dans un  conflit où il n’a aucun intérêt national – conflit qui, si les choses  sont menées à la hussarde, pourrait embraser le Vieux Continent ?”. L’élément principal de réponse est encore et toujours le poids électoral et financier des lobbies ukrainiens canadiens qui justifie, aux yeux des politiques canadiens, de les fermer justement sur la conséquence de leurs décisions relatives à la crise ukrainienne. Voir également la fin de la vidéo de Xavier Moreau sur le nationaliste ukrainien (Lundi 20 avril).

Et certains au Canada veulent aller plus loin encore qu’envoyer des soldats  sous l’effet d’une fièvre guerrière dopée au lobbyisme ukrainien. Ainsi L’ex ministre des Affaires intergouvernementales et actuel leader de la majorité au parlement canadien, Peter Van Loan (wikipedia, wikipedia) répond à une question sur la fourniture d’armes létales : `We will not insist on acting in concert with NATO, we are quite prepared to go it alone, we are prepared to go farther.” (newpathway.ca). Autres moments clé de l’interview : “That’s why Canada is so indispensable to the world.” et “As you know from history, the capacity of the Russian people for suffering hardship is greater than for any other people in Europe, perhaps even greater than that of Ukrainians. The sanctions have an impact, but we should not be naive about the capacity to endure them.” Sans grande surprise, Van Loan figure dans a liste des personnalités interdites de séjour en Russie dans le cadre de la crise ukrainienne, depuis le 24 mars 2014.

• Ambiance de purge.  Le Parquet a proposé de lever l’immunité d’Igor Mossiïtchouk (parti radical) (lb.ua) et Loutsenko, le Président du Groupe du Bloc Petro Porochenko (parti du président) à la Rada, a annoncé la prochaine levée d’immunité de 7 députés. Il a indiqué que les noms seraient annoncés par le procureur Viktor Chokine (lb.ua).

 

• Ambiance de purge, suite. Le Ministère de l’Intérieur a effectué des persquisitions chez les responsables du Ministère de la Justice en charge des opérations de lustration (gordonua.com).

 

• Méthodes américaines de guerre “psychologique”. L’état major ukrainien prépare “une offensive contre les coeurs” dans la zone ATO, en suivant l’exemple américain de pression psychologique sur la population par la propagande et les sabotages

Une opération “hearts and minds” en Ukraine, en quelque sorte. Un projet de loi  pour la création d’un “Corps de l’Ukraine pour l’exécution des tâches des opérations spéciales, des renseignements et des opérations psychologiques” serait déjà prêt (vzgliad, peremogi, politnavigator.net, youtube). Il s’agit en clair de créer des equivalents des Delta américains ou des SAS anglais.  Par ailleurs les attachés militaires américains ont visité la zone ATO (vzgliad).

Mercredi 22 avril 2015

• La majorité des Européens ne croient pas leurs médias en ce qui concerne l’Ukraine…  Sondage réalisé par le groupe d’information multimédia Sputnik conjointement avec la société britannique ICM Research sur un échantillon de 1000 personnes par pays en France, Royaume-uni, Allemagne et Grèce (sputniknews, rt via russia-insider).

 

 • Lutte contre la corruption : Devant la Rada suprême a été déposé un projet de loi (Проект Закону про внесення змін до деяких законодавчих актів України з питань очищення влади – Projet de loi portant modification de certains actes législatifs de l’Ukraine sur la puissance de nettoyage) proposant d’ouvrir une procédure judiciaire pour sabotage de l’application de la loi sur le “nettoyage du pouvoir” (loi sur la “lustration”). C’est Egor Soboiev, président de la commission parlementaire de lutte contre la corruption, qui en a fait l’annonce sur sa page Facebook. “L’épuration du pouvoir ne sera pas seulement poursuivie – nous devons l’étendre au Président, aux parlementaires et aux conseils locaux. On a déposé un projet qui fait à tous les candidats à cette charge l’obligation faire savoir électeurs s’ils (s’il) est capable d’expliquer (son) leur patrimoine, s’il(s) étai(en)t fonctionnaire(s) de haut rang à l’époque de chapardage de Yanoukovitch et s’il  a des liens avec le KGB/FSB”  a écrit Soboliev.(rbc.ua, page du projet rada.gov.ua, projet de loi rada.gov.ua, note explicative rada.gov.ua).

Ce projet de loi est visiblement une réponse à un ordre signé par Porochenko, ordre qui exempte d’épuration Mikhail Koval, ex-ministre de la défense et premier vice-secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense d’Ukraine (unian.net).

• Praviy Sektor ne respecte rien ni personne. Dans la ville de Kryvyï Rih (ou Krivoï Rog), une ville de l’oblast de Dnipropetrovsk, ont eu lieu les obsèques d’un soldat des Forces ukrainiennes tué au combat. Il s’en est fallu de peu que la cérémonie ne dégénère en bagarre général à cause de la visite rendue au soldat mort par l’organisation extrêmiste “Praviy Sektor”. Des individus encagoulés ont essayé d’empêcher le maire d’entrer dans le cimetière,  puis ce groupe de radicaux est entré en conflit avec les proches du soldat tué et d’autres habitants pacifiques. Pourquoi? Parce que Praviy Sektor a de vieux comptes à régler avec le maire de Krivoï Rog. Les radicaux le considèrent comme l’un des plus ardents partisans de l’ex-président d’Ukraine, Viktor Yanoukovitch, qu’ils rendent coupable de “complicité avec le séparatisme” et de la mort de ce soldat au Donbass. (novorosinform.org).

• Mirotvorets : Site de dénonciation sponsorisé par l’OTAN en Ukraine. Enquête du site Russia Insider “What’s Behind the “Peacekeeper” Killings in Ukraine? [Updates]‘”  (russia-insider).

 • Mirotvorets : Site de dénonciation sponsorisé par l’OTAN en Ukraine : l’opération “Clé Anglaise”.   Cette opération clef anglaise (Razvodnoy Kluch), réelle ou imaginaire (difficile de savoir), est assez éclairante sur l’état d’esprit de ceux qui sont derrière ce site (psb4ukr.org). Il s’agirait en fait d’un ukraïno-britannique, au dire de Mirotvorets un stagiaire au MI5 ou MI6, surnommé Sophocle qui aurait mis en place cette opération sans aucun ordre pour aider l’Ukraine. Le principe est le suivant : Créer un compte bidon sur les réseaux sociaux et infiltrer les pro-russes en insultant copieusement le régime de Kiev, Après avoir infiltré les réseaux pro-russes / novorusses, organiser une collecte de fond via Paypal pour soutenir le Donbass, Environ 300K$ auraient été ainsi collectés… et transférés en quasi-totalité à l’armée Ukrainienne… laissant 3500$ pour les novorusses. Sophocle aurait aussi profité pour établir le listing des donateurs et l’aurait transmis au SBU…  Il aurait également organisé une rencontre avec quelqu’un qui avait un colis à transmettre aux novorusses (un viseur).

• Mirotvorets : Site de dénonciation sponsorisé par l’OTAN en Ukraine (Suite encore).  Le conseiller du ministre de l’intérieur, député A. Geraschenko (le créateur/parrain du fameux site “Mirotvorets” )  accuse sur sa page de facebook (facebook) A. Sharij, journaliste d’opposition, de financement du terrorisme, sans aucune preuve. Sharij (youtube).  Geraschenko a promis  de retrouver ceux qui mettront les “likes” à Sharij par leur adresse IP, ce qui a immédiatement  provoqué la création des nombreux “photocrapauds” (photos détournées satiriques) (vesti-ukr.com). La raison de cette crise d’hystérie est l’intervention de A. Sharij à la chaîne russe Rossia 24 concernant le site “Mirotvorets” : il dénonce l’arbitraire absolu des autorités ukrainiennes qui continuent à encourager ce site (youtube).  Une chaîne de TV ukrainienne a voulu organiser le 23 avril un débat entre Sharij et Geraschenko, mais ce dernier s’est récusé au dernier moment (g-lenta.ru, dnr-news). Dans une des ses vidéos, Sharij a “suggéré” (sans les afficher directement pour rester dans la légalité)  les donnés personnelles des administrateurs de ce site en les insultant copieusement.  Sharij est officiellement réfugié politique en Lituanie, mais on le voit un peu partout en Europe : France, Pays-bas, Italie, Grèce, Lituanie, Estonie… et il évidemment dans le “purgatoire” (la liste noire des gens à abbattre) du site Mirotvorets… Aux dernières nouvelles, la Lituanie pourrait lui retirer le droit d’asile pour ses prises de position politiques (segodnya.ua).

Sa video du 16 avril sur les assassinats de Kalachnivov et Buzina (sous-titrée français) (youtube)

video du 21 avril suite aux accusations de Gueraschenko (youtuberusvesna.su)

Gueraschenko est un officiel ukrainien. Il fait partie du ministère de l’intérieur en tant que conseiller du ministre de l’intérieur (twitter twitter, Facebook facebook). Il fait une sorte de fixation sur Sharij et lui a conseillé, par tweet interposé de “courir” (dnr-news) !

 

 

Sharij c’est déjà plus compliqué… A la base, il est ingénieur, et a fait ses études dans une école militaire de Kiev spécialisée dans les renseignements militaires. Son passé jusqu’en 2005 est assez flou, l’intéressé n’aime pas trop en parler, et visiblement, il avait de gros problèmes de jeu (ce qu’il reconnaît). Une fille qui tombe éperdument amoureuse de lui le sort du jeu, et il se lance dans une affaire de vente de matériel électronique… mais sa passion, c’est l’écriture.

Sa petite amie, lui suggère d’écrire dans des magazines féminins, ce qu’il fait à partir de 2005. Bon an mal an, il prend du grade, et finit par devenir journaliste d’investigation. Il a levé pas mal de scandales en Ukraine, sur la pédophilie, cruauté envers les animaux, drogues… mais sa dernière grande enquête lui vaut sa fuite. Nous sommes en 2011, sous Yanukovich donc, durant ses enquêtes il trouve des liens entre le grand banditisme et certains officiels du ministère de l’intérieur et apporte des preuves d’implications dans des meurtres. En juillet 2011, l’équipe de Sharii se fait tirer dessus en pleine rue, mais l’intéressé refuse de porter plainte. La police lance une enquête sur Sharii, lançant même des fouilles d’appartements de nuit, prétextant que l’attentat était un faux organisé par Sharii lui-même.

un mandat d’arrêt est lancé contre Sharii le 7 février 2012 pour deux faits – le premier ; avoir blessé un gérant de MacDonalds avec des balles en caoutchouc suite à des insultes et une bagarre, le second pour faux témoignage concernant l’attentat contre lui – l’obligeant à demander l’asile politique à la Lituanie, qu’il obtient.

Sharii se définit comme un patriote de l’Ukraine… ni pro-russe, ni pro-Kiev, juste Ukrainien… et russophone (la plupart de ses interventions se font en russe) qui veut que sont pays soit indépendant de la Russie comme de l’occident. Il a bien évidemment suivi l’évolution du Maïdan – ne serait-ce que pour savoir s’il pourrait rentrer dans son pays – mais il est devenu rapidement un chasseur de “fakes”, et ses pages Twitter/FB/VK/YoutubeSite Web sont de plus en plus populaires (je dois avouer qu’il est vraiment bon).

Bien qu’exilé politique du gouvernement Yanukovich, il est évident qu’il n’est pas très apprécié des autorités Post-Maïdan.

Une rumeur comme quoi son statut de réfugié serait en cours de révocation, avec extradition vers l’Ukraine a actuellement cours. Le porte parole du ministère de l’intérieur Lituanien aurait confirmé une enquête sur le cas Shariy allant dans ce sens.

Le contexte Shariy n’est donc pas simple. Il est très suivi, surtout par les médias russes, ce qui fait dire à ses détracteurs qu’il travaillerait pour le Kremlin. Des questions se posent sur ses revenus. En fait ses gains viendraient de son business de consultant en communication, ce qui lui permet de voyager en Europe au volant de sa fameuse Porsche Boxter (là déjà, je le trouve moins bon).Divorcé de sa première femme depuis 2012, il est fiancé à la journaliste Olga Bondarenko depuis 2013 (je ne sais pas si cette info est utile… à part peut-être qu’il a au moins un soutien parmi les journalistes ukrainiens).

 

• Mirotvorets : Site de dénonciation sponsorisé par l’OTAN en Ukraine : Suite et Fin (pour l’instant) . Le site ukrainien “Mirotvorets”, qui collabore très activement avec les organismes des Forces armées ukrainiennes et publie dans ses pages des données et informations sur des personnes soupçonnées de “séparatisme”, a cessé ses activités sous la forme actuelle, a écrit le 24 avril, sur Twitter, le chef du projet. Il a annoncé qu’il allait s’expliquer en détails plus tard. (ridus.ru, dnr-news.com). La home page du site est verrouillée (psb4ukr.org), mais les pages sont encore accessibles via leur adresse complète comme celle de l’opération “clé anglaise” (psb4ukr.org).

Ce site s’est fait remarquer (peut être trop)  par l’incitation à la haine, la divulgations de données personnelles de personnes critiques envers le régime de Kiev et l’incitation  au meurtre. C’est dans ses pages que se trouvaient publiées les coordonnées personnelles du journaliste Oles Bouzina et de l’ex-député Oleg Kalachnikov, ainsi que des notes concernant leur “liquidation”.

 

 

• Sharij, Gueraschenko et Mirotvorets. Article de synthèse de Lenta (lenta.ru)

• L’UE ouvre une enquête sur Gazprom pour entrave à la concurrence. Coincidence, cela arrive alors que Gazprom discute avec la Grèce… (les-crises.fr, lemonde.fr, nytimes.com, politico.eu, europa.eu, ec.europa.eu, nytimes.com). L’initiative est jugée absurde par les Russes (sputniknews, russia-insider).

• Bonnet blanc et blanc bonnet ? Youlia Timochenko est devenue coordonnatrice de la coalition à la place d’Oleg Liashko (ru.tsn.ua). Une haute autorité morale en remplace une autre (ru.tsn.ua)… Le conseil de la coalition a examiné la candidature de Timochenko, mais celle-ci “n’est pas prête à assumer cette fonction”, avait déclaré Anna Gopko, députée du groupe “Autodéfense” (112.ua). Malgré tout elle a été choisie…

• Porochenko en visite officielle à Paris.  Entre interview (itele.fr) et conférence de presse conjointe avec Hollande (rfi.fr, lefigaro.fr, french.xinhuanet) Il a trouvé le temps de rencontrer la diaspora ukrainienne (112.ua, youtube) et l’a appelée à “protéger l’idéal de liberté de l’Ukraine”… L’article de 112.ua mentionne la rencontre avec Hollande, mais il est intéressant de constater qu’il ne parle pas de BHL. Porochenko aurait-il pris la mesure de la détestation de beaucoup de Français pour notre clown maléfique ? Sinon rien de nouveau, “on est les gentils, les méchants c’est eux…” 

 

 

• Grande interview du ministre russe des affaires étrangères, Sergei Lavrov, par les radios russes. (video en russe youtube, verbatim russe mid.ru, video doublée français youtube et fil français sputniknews)

A partir de 42.28, Lavrov reprend la théorie de Friedman, à savoir que les USA ne veulent pas d’un partenariat Allemagne-Russie (vzgliad) (extrait le plus intéressant youtube, vidéo complète thechicagocouncil.org, Verbatim partiel olivierdemeulenaere, analyse de Regnum regnum.ru).

 

• Contact Kerry Lavrov. Le media Ridus évoque une conversation téléphonique entre John Kerry et Sergei Lavrov (ridus.ru à 22 h. 37). Lavrov y  souligne que “l’arrivée sur le terrain d’entraînement de Yavoriv près de  Lviv de militaires de la  173e brigade aéroportée des États-Unis et  l’information de l’apparition dans les rangs des troupes ukrainiennes de mercenaires de la société «Academi» sont la preuve de la violation par Kiev de ses obligations concernant le retrait de toutes les forces, matériel militaire et  mercenaires étrangers du territoire de l’Ukraine” (toujours le même point 10 des accords de Minsk 2). Cette présence de mercenaires de l’armée privée Academi, ex XE Services ex blackWater a été faite par la république de Donetsk le 21 avril (youtube, colonelcassad) serait donc reprise officiellement par la Russie.

 

L’Express, lui, relate le côté américain de cette conversation (apparemment) en disant que Kerry accuse la Russie de ne pas appliquer correctement le cessez-le-feu parce qu’elle envoit des convois d’aide humanitaire au Donbass (lepoint.fr) !

Pas vraiment la même longueur d’ondes ! Et pour tout arrangé, Nuland déclare que “la Russie et les Etats Unis travaillent énergiquement pour la sortie de crise dans les relations bilatérales” (vzgliad). A priori c’est pas super lisible leur stratégie de sortie de crise …

• Merci, les USA pour la guerre ! Manifestation devant l’ambassade des Etats-Unis à Kiev : 200 personnes se sont rassemblées devant l’ambassade pour protester contre l’ingérence de Washington  dans les affaires de l’Ukraine (youtube) selon des sources non confirmées, il y a eu quelques arrestations (youtube).  Merci, les USA pour la pauvreté, nos petits enfants vont payer les crédits par leurs vies ! (youtube) Ce n’était pas la première action devant l’ambassade. Le 1er avril, 2000 ukrainiens beuglaient avec les pancartes ” Nous ne sommes pas du bétail” et ont jeté la bouse vers la résidence de M. Pyatt.

Silence dans les média ukrainiens, bien sur !

• Enorme 1984 ! Mgr Philarète, le patriarche de l’Eglise orthodoxe ukrainienne, non reconnue, (celui qui déclare que tuer des novorusses n’est pas un péché) a décoré à titre posthume un volontaire géorgien qui combattait du côté de Kiev, George Djannelidze, surnommé “Satan” (vzgliad, latestnewsresource.com). Et l’OTAN le reçoit officiellement à son QG où Philarète demande à l’organisation d’éviter la troisième guerre mondiale (mfa.gov.ua, nato.int) ! Donc, un haut dignitaire d’une religion chrétienne rend les honneurs à un homme qui porte le nom du diable et se rend au coeur de l’organisation qui est responsable des tensions en Europe pour lui demander d’éviter la troisième guerre mondiale en défendant l’Ukraine contre la Russie. Donc en exacerbant encore plus les tensions…

 

Jeudi 23 avril 2015

• Intéressant article de “Die Zeit” sur les bataillons de volontaires.  Dans un article publié le 22 avril en fin d’après-midi (zeit.de) le journal allemand “Die Zeit” s’intéresse aux bataillons de volontaires ukrainiens. Le titre: “Kontrollieren – aber nur ein bisschen” ( “Contrôler, mais seulement un tout petit peu”) laisse subodorer soit l’impuissance du pouvoir de Kiev, soit sa bienveillance face à ces bataillons.  Puis vient “Les groupes de volontaires ont sauvé l’Ukraine. Maintenant, ils sont devenus un danger pour le pays. Le gouvernement veut les intégrer, mais doit pas se les aliéner.” On passera évidemment sur ce “ont sauvé l’Ukraine”, expression de la propagande occidentale qui désigne la Russie comme l’agresseur. Une fois cet endroit passé (ouverture de parapluie, peut-être, par la direction du journal ?), on découvre les raisons du problème devant lequel se trouve le gouvernement de Kiev.

Officiellement, le pouvoir a incorporé tous les bataillons de volontaires dans les rangs soit des forces armées ukrainiennes, soit de la garde nationale Le général Stepan Poltorak l’a annoncé. Mais, écrit “Die Zeit”, la réalité est tout autre que cette façade bien proprette. Quelques jours après le retrait (10 avril 2015) des groupes de Praviy Sektor de la zone des combats, deux incidents ont démenti l’optimisme de Poltorak.  Dans cette zone, le village de Shirokino, non loin de Marioupol, doit être démilitarisé. C’est une décision prise en commun par le gouvernement ukrainien et l’OSCE, qui doit surveiller le cessez-le-feu. Le but de cette démilitarisation étant de protéger les habitants (enfin ça, c’est surtout l’avis de l’OSCE – on sit à quel point le gouvernement se soucie du bien-être des Ukrainiens, même ceux de l’ouest!). Mais quand cette proposition a été faite aux séparatistes, il y a eu aussitôt une forte résistance de la part des volontaires ukrainiens qui se livrent des escarmouches avec l’adversaire. Ainsi, le bataillon “Azov” a refusé tout net de quitter Shirokino. Alexander Tourtchinov a déclaré que la démilitarisation de Shirokino n’implique pas le retrait de l’armée ukrainienne (youtube). Cette ville est stratégique en raison de sa colline qui permet d’observer Mariupol. Semen Sementchenko, député et aussi ancien commandant du bataillon de volontaires “Donbass” a dit qu’il était ridicule d’attendre des séparatistes qu’ils respectent un tel accord. En temps normal, on pourrait affirmer qu’il se trompe lourdement, car depuis août 2014, les séparatistes ont souvent agi avec une grande honnêteté en comparaison de leurs adversaires ukrainiens. Des preuves ? Avoir laissé rentrer chez eux 450 soldats ukrainiens coincés dans le premier “chaudron”, en juillet-août 2014 (évidemment avec un marché à la clef: ” votre liberté en échange de tout votre matériel”). Ou bien avoir autorisé à deux reprises la relève et le ravitaillement des combattants ukrainiens bloqués dans l’aéroport de Donetsk (youtube) et le 12 décembre 2014, à

l’aéroport de Donetsk,  en accordant un couloir humanitaire aux soldats ukrainiens (ridus.ru, youtube). La relève a eu lieu sous le contrôle de l’OSCE.  A la suite de cela, des soldats de la 93ème brigade ukrainienne avaient fait une pétition afin de faire limoger leur commandant “Koupol”, pour avoir serré la main de “Motorola”, le commandant du bataillon de volontaires de DNR qui leur avait autorisé cette relève. Cela donne la mesure du fanatisme qui peut sévir même au sein des unités de l’armée ukrainienne. Mais la géniale invention de Tourchinov, cette “démilitarisation” sans retrait de l’armée ukrainienne, il est certain que  les séparatistes ne vont pas y souscrire, en raison de l’importance de cette position stratégique.

Le second danger dont parle “Die Zeit”, c’est la “notoriété” (négative, évidemment) de certains de ces bataillons: “Azov” avec ses nazis (corroborés par la présence d’une rune nazie sur le blason de l’unité wikimedia) et “Aïdar” dont les membres se sont très souvent illustrés par des pillages, des violences voire des meurtres sur civils et autres joyeusetés – surtout quand on est en permission et bien imbibé-.Comportements qui risquent évidemment de jeter le discrédit sur l’ensemble des Forces armées ukrainiennes.  Le gouvernement n’a pas les coudées franches pour museler ces unités de volontaires car d’une part, beaucoup en Ukraine les glorifient, d’autre part ils jouent désormais un rôle important dans la politique (plusieurs commandants ou anciens commandants sont aussi députés à la Rada: Semenchenko et Belizki par exemple), et enfin les oligarques ont aussi une influence sur eux. Pour le gouvernement, utiliser la force contre eux pourrait lui revenir violemment en pleine face. Sans oublier que des radicaux comme Liashko ont déjà essayé de jouer sur ce problème. Pour eux, ne pas tenir compte de l’avis des volontaires (et de leurs chefs) s’apparente à de la trahison.

 

• Pas de marine pour Poutine, mais des hélicos pour Poro. On en apprend de belles, sur Interfax.com.ua (interfax.com.ua), en ce jeudi !

Ainsi que le communique le service de presse du groupe “Ukroboronproma”, des spécialistes de la compagnie d’état “Ukrinmash” ont signé avec la compagnie française Thales Communication & Security SAS un contrat portant sur la fourniture  aux Forces armées d’Ukraine de moyens tactiques de liaison radio. L’entreprise a aussi conclu un protocole avec la compagnie Airbus Helicopters SAS pour la fourniture d’hélicoptères monomoteurs H125 (unian.net). C’était donc ça, la vraie raison de la visite à Paris de Petro Porochenko ! Nous qui pensions qu’il venait surtout rendre visite à son compagnon d’armes BHL… Personne n’a donc prévenu le président ukrainien que la France ne respecte pas ses engagements ? Poutine en a pourtant fait les frais (pour l’instant). En fait, c’est surtout le contribuable français qui déguste, en l’occurrence : tickets de parking des rafiots à Saint-Nazaire (5 millions d’euros par mois ! sputniknews), quelques milliards à rembourser, deux barcasses sur les bras, invendables parce qu’aux spécifications russes… à moins bien sûr de parler le russe et de l’équiper de matériel russe…

• Et des hélicos aussi (plein) pour la Pologne. “La Tribune”explique les diverses tractations entre Thalès, Airbus et la Pologne sur un gros contrat d’hélicoptères remporté par Airbus (  latribune.fr). Des mauvaises langues sous-entendent que ce contrat est une compensation étatusienne pour le manque à gagner des Mistrals qui a priori seront remboursés à la Russie (lemonde.fr, foxnews, bigstory.ap.org, kyivpost.com, themoscowtimes.com, navyrecognition.com, sputniknews).

Pour rappel, en septembre dernier, un contrat avait été passé avec SAGEM pour équiper les hélicoptères ukrainiens ( http://tass.ru/en/world/756932 ).

 

• Simple précaution, ou bien ça va saigner? Toujours est-il que les militaires ukrainiens ont conseillé aux habitants de  Louganskoïé (55 km au nord-est de Donetsk) de quitter la ville pour les festivités de mai (“Jour de la Victoire” le 9 mai), en raison d’une éventuelle aggravation de la situation (unian.net).

• Brave, brave ambassadeur US à Kiev ! Nous avions été habitués aux réponses stupides de Psaki, aux mensonges de Marie Harf (elles se ressemblent physiquement, en plus !), maintenant nous avons l’ambassadeur US à Kiev, Geoffrey Pyatt. Il vient de s’illustrer aujourd’hui  en twittant une énormité. Il fait apparaître une photo de système BUK  et proclame: “Depuis août 2014, c’est la plus importante concentration de systèmes BON dans l’est de l’Ukraine.” Or, la photo qu’il publie n’est pas une preuve, ni même un “fake”, car il s’agit tout bonnement d’une photo prise sur le salon d’armements MAKC 2013 tenu fin août 2013 à Moscou ! On peut la trouver parmi les photos du magazine Mikle1 ( mikle1.livejournal.com). Cette information est reprise par un média ukrainien (unian.info) et railler par les russes (rt, sputniknews) avec même de la moquerie… ainsi, le général-major Igor Konashenkov, porte-parole du ministère de la défense de la Fédération de Russie, a indiqué que le ministère ne s’étonnera pas si dans les prochains jours les américains apportent une preuve irréfutable de la présence de porte-avions russes à Luhansk, ou de la pénétration illégale d’un sous-marin nucléaire d’attaque russe dans l’étang du centre-ville de Donetsk (ria novosti). Mais revenons à Pyatt. Ne voit-il même pas que le temps, sur la photo, n’est assurément pas celui d’Ukraine à la mi-avril ? Pourquoi un type qui devrait être, logiquement, intelligent et instruit (le minimum, pour un diplomate), ne voit-il pas qu’un système de missiles BUK en batterie sur un terrain d’opérations (et même de guerre, comme c’est le cas en Ukraine) ne peut pas être tout propret comme sur la photo, ni agrémenté d’un joli drapeau tout propre sur un piédestal bien blanc, avec des panneaux explicatifs devant ? Un poste de tir, quand il est en alerte, c’est sale, encombré de caisses, de débris de toutes sortes. Ne faut-il pas être bizarrement fait, dans la tête, pour accepter de cautionner des inepties pareilles ? Monsieur l’ambassadeur, s’il y a un naïf ici, c’est bien vous ! Son fil twitter pour ceux que cela intéresse (twitter).

 

 

• Décidement, le magazine ELLE n’a pas de chance avec l’Ukraine. L’Ukraine n’a pas du tout apprécié la couverture du ELLE ukrainien (numéro de mai 2015 n°167) avec une robe aux couleurs du ruban de St Georges, symbole de la victoire contre le nazisme en Russie, interdit en Ukraine et symbole des forces novorusses (sputniknews, msk.kp.ru, kyivpost.com) et cet événement de premier plan est repris en France (leparisien.fr, huffingtonpost.fr, lejournalinternational.fr)  Jusqu’à avoir les honneurs de De Defensa conjointement aux relations ukraino polonaises (dedefensa.org) ! Au final, ELLE s’est incliné et a changé sa couverture (lenta.ru, elle.ua, vk.com).

l’ancienne couv ukrainienne de mai reprise d’une couv d’avril UK

la nouvelle couv ukrainienne

 

• Recrutement de nervis pro ukrainiens pour le 9 mai (novorossia.su). Les recruteurs, opérant depuis un site d’offre d’emploi, proposent minimum 3500 hrivnyas (144 euros) à chaque participant, pour des “actions patriotiques”.

Les participants doivent être des hommes de 18 à 40 ans. Si c’était pour avoir de la foule dans une manif pacifiste, ils prendraient aussi les femmes. Il faut être prêt à quitter Kiev pour un jour ou deux. Enfin, l’organisateur précise à quelqu’un qui lui a dit être intéressé, qu’il s’agira d’aider la police à s’opposer aux “éléments séparatistes”, particulièrement à Kharkov, Odessa et Marioupol, mais aussi Dnepropetrovsk et Zaporozhie. Il sera distribué des costumes militaires historiques des nationalistes (Oupa, etc), et des “éléments de défense”. Les blessés recevront 1500 de plus et les frais médicaux, tout est prévu. Certains participants auront des tasers et autres armes non létales (le taser n’a jamais tué qu’une centaine de personnes il me semble). Cette joyeuse célébration de l’Ukraïnité se fera sous la responsabilité du ministère de l’intérieur et du ministère de la propagande.

 

 

Vendredi 24 avril 2015

• Programme de collaboration Ukraine-OTAN pour 2015. Porochenko vient de ratifier le programme national de collaboration Ukraine-OTAN pour 2015, communique le service de presse gouvernemental (president.gov.ua). Il s’agit de l’”oukaze” N° 238/2015 signé le 23 avril 2015. Il est précisé, dans le texte, que cette décision a été prise dans le but de garantir la réalisation des tâches prioritaires pour l’élargissement du partenariat stratégique avec l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord. Il s’agit apparemment d’un programme de mise à niveau des institutions ukrainiennes dans leur globalité pour permettre à terme une “évaluation” par l’OTAN dans le cadre de la procédure d’adhésion à l’OTAN.

• Et toc! Les Russes sont des “taiseux”, ils ne parlent pas souvent, mais bien: L’état-major général russe vient d’accuser les USA d’être les initiateurs de tous les conflits actuels qui secouent le monde (tass.ru). “Соединенные Штаты являются единоличным инициатором всех современных военных конфликтов. Об этом заявил в пятницу начальник главного оперативного управления российского Генштаба Андрей Картаполов. По его словам, вместе с союзниками США больше 50 раз применяли военную силу за последние десять лет.” ” Les Etats-Unis apparaissent comme étant l’unique initiateur de tous les conflits contemporains. “  C’est ce qu’a déclaré vendredi le chef du service opérationnel principal de l’Etat-major russe, Andreï Karatolov. Selon lui, les USA et leurs alliés ont utilisé la force militaire plus de 50 fois lors des dernières dix années.

• Un joyeux anniversaire a été souhaité à Natalia Yaresko, ministre des finances, pour ses 50 ans, par tout le parlement, ce qui est exceptionnel. Le président de la Rada, Valdimir Groisman, a déclaré que la cause en était sa “beauté”. Selon la tradition, cet anniversaire aurait dû lui être souhaité par le premier ministre, Arseni Iatseniouk, mais il a refusé de le faire. Il faut savoir qu’elle est préssentie pour lui succéder. Elle est américaine, fille d’immigrants ukrainiens, installés dans l’Illinois. Elle a travaillé au Département d’État des États-Unis, puis en Ukraine de 1992 à 2000. En 2006, elle a créé le fonds d’investissement Horizon Capital qui a des participations importantes dans l’agro-alimentaire ukrainien (Agro-Soyuz, les jus de fruits Vitmark, le plus gros poducteur de vins Inkerman) ainsi que la pharmacie (Biopharma) et la banque (Tinkoff). Petro Porochenko lui a accordé la nationalité ukrainienne en 2014. Elle est aussi soutenue par Andriy Sadovy, le populaire maire de Lviv, chef du parti Samopomich (rusvesna.su).

 

Samedi 25 avril 2015

• Récompenses pour bons et loyaux services. En une semaine, presque 700 biens fonciers ont été distribués à des participants à l’OAT ( “Opération Anti Terroriste”, comme Kiev désigne les opérations militaires menèes contre les Républiques populaires de Lougansk et Donetsk) ou aux familles de soldats de la répression tués au Donbass, rapporte UNN (unn.com.ua). Cela représente au total 715,85 hectares. Ces attributions ont eu lieu dans les oblasts de Transcarpatie (133), Kirovograd (132), Lvov (57), Khmelnitsky (53), Poltava (47), Ternopol (42), Volina (39), Nikolaïevsk (33), Zhitomir (29). Question: à qui ont-ils été pris ?

• Interview de Zakharchenko dans “Der Spiegel”.  Dans un article daté de vendredi 24 avril, l’hebdomadaire allemand “Der Spiegel” (spiegel.de) rapporte les paroles d’Alexandre Zakharchenko, le leader de la RPD (République de Donetsk). Spiegel  écrit qu’après avoir retiré les armes lourdes de la ligne de front, conformément aux accords de Minsk (rappelons au passage combien les Ukrainiens ont traîné des pieds et triché un maximum pour garder ces armes le plus près possible du front), les séparatistes ont dû en ramener sur leurs anciennes positions pour pouvoir contrer les tirs ukrainiens, surtout dans les secteurs de l’aéroport de Donetsk, d’Avdeevka et de Marioupol. Trois secteurs dans lesquels les combats n’ont pratiquement jamais cessé. L’article précise – citant les paroles de Zakharchenko – que le but des séparatistes est de contrôler l’intégralité des oblasts de Lougansk et de Donetsk. Zakharchenko a déclaré qu’il souhaiterait que cela se fasse par des voies politiques et pacifiques. Mais il regrette que Kiev n’ait “en aucun point respecté les accords de Minsk”.

Le “Spiegel” est allemand, et à ce titre, il a toujours suivi la ligne occidentale en ce qui concerne l’Ukraine. Mais ont constate qu’il sait aussi donner la parole au côté adverse. Une chose que nous, en France, ne connaissons pas – ou plus-. Et l’on constate aussi qu’il parle encore de l’Ukraine, quand nos médias à nous sont passés à autre chose maintenant qu’ils ne peuvent plus continuer à casser du sucre sur le dos de Poutine parce qu’on s’entretue moins fort là-bas et qu’il faut faire comme si la prestation de Hollande et Merkel avait porté ses fruits.

• A propos des combats. Ce matin, à Shirokino, le bataillon ukrainien “Donbass” a eu plusieurs blessés. De même, à Novomaievka, les séparatistes déclarent avoir subi des tirs de “Grad”, et déplorent la mort d’un des leurs. Les séparatistes accusent les Ukrainiens d’avoir violé 50 fois le cessez-le-feu dans les dernières 24 heures (ridus.ru à 11 h 30).

• Rencontre Hollande Poutine. Entre un sommet extraordinaire du Conseil Européen le 23 (elysee.fr) et une visite en Azerbaïdjan le 25 (elysee.fr). Hollande était à Erevan (Arménie) pour le centenaire du génocide arménien (elysee.fr). Il y a rencontré Poutine. La teneur de leur discussion n’est pas sur le site de l’Elysée, mais on la retrouve sur le site du Kremlin (http://en.kremlin.ru/events/president/news/49337 ). Le traitement dans la presse française (leparisien.fr) et dans la presse russe (ria novosti).

la photo que vous ne verrez pas sur le site de l’Elysée

la vidéo que vous ne verrez pas sur le site de l’Elysée (désolé, pas d’export disponible) (http://ria.ru/world/20150424/1060694336.html )

Poutine a l’air super intéressé par ce que dit Hollande…

et le texte des déclarations (en anglais) (kremlin.ru)

 Current matters in bilateral relations, cooperation between Russia and the European Union, and implementation  of the Minsk Agreements on Ukraine were the subjects of discussion.

* * *

President of Russia Vladimir Putin: Mr President, we are here to commemorate a sorrowful moment, but it makes me happy that we have this chance to meet on the sidelines of these events and discuss our bilateral relations and the development of Russia’s ties with the European Union in general.

Sadly, our relations are not in the best state. Trade has decreased, including with France, and this can only be to our regret. I believe that we should look for ways to restore our relations and I think that we all have an interest in seeing this happen.

Of course,  we will discuss too the implementation of the Minsk Agreements  concerning the situation in southeast of Ukraine. I know that you did  a lot to help bring about these agreements, and continue to give this  matter your close personal attention.

President of France Francois Hollande (retranslated): Mr President, despite the tragic circumstances that have brought us together, I am also very pleased to have this chance to meet with you and discuss our relations.

We will of course discuss relations between Russia and the European Union, which, you are right to say, have worsened of late. This is a result of the Ukraine crisis.

I think  that we have shown that we are not willing to resign ourselves to this situation, neither with regards  to the Ukraine crisis, nor with regards to Russia’s relations with  the European Union and France in particular.

Of course, to find the best way out of this situation, we need to make progress in implementing the Minsk Agreements. We both sought these agreements, worked on them, and are doing all we can to see them implemented in practice. I think we will discuss now this work’s continuation through the working groups.

We  have several other issues that we could discuss, given that both Russia and France have an important part  to play in a number of complicated international issues such as Syria,  Iran, Iraq and Libya. We are all working on these issues and so it is important to have this  meeting here in Yerevan.

 

• Petit clin d’oeil: En ce moment se déroulent à Moscou les répétitions en vue de la grande parade du 9 mai , empreinte d’une signification particulière du fait du 70ème anniversaire de la victoire sur les Nazis. Les chasseurs russes formeront dans les airs le chiffre “70″ : loveopium.ru . Pour ceux qui voudraient voir toutes les photos, la page de Loveopium est ici, avec traduction automatique disponible: loveopium.ru . Du côté des “rampants”, cela se trouve ici: loveopium.ru

• Inversion  de rôles…En Ukraine, un civil, Yatseniouk, a rêvé de construire quelque chose de militaire et s’est lancé dans l’aventure il y a plusieurs mois déjà :c’est  le “mur” de fortification de la frontière russo-ukrainienne. De l’autre côté, en Russie, ce sont les militaires qui construisent  de l’infrastructure civile. Cela se passe entre Zhuravka (oblast de Voronezh)  et Millerovo (oblast de Rostov-sur-le-Don). Cette nouvelle a été annoncée le 25 avril par le vice-ministre de la défense de Russie, le général d’armée Dmitri Boulgakov. La section Zhuravka-Millerovo , qui s’étend sur 18 kilomètres, permettra aux trains se dirigeant vers le sud de la Russie de contourner complètement l’Ukraine. La ligne existante longe très précisément la frontière et traverse un saillant ukrainien. Il est évident qu’avec la situation actuelle, cette liaison ferroviaire importante n’est plus utilisable, d’où la tâche assignée depuis aujourd’hui aux éléments du génie militaire de Russie (fraza.ua).

• Toujours et encore la haute qualité du journalisme occidental: Aujourd’hui, le média Ridus rapporte les paroles d’Alexandre Zakharchenko qui s’insurge contre la manière dont les médias occidentaux ont déformé une déclaration qu’il a faite à propos des armes lourdes (voir samedi 25 avril : Interview de Zakharchenko dans “Der Spiegel”) (ridus.ru à 18 h 30): “Comment a-t-il pu être possible de tirer de mes paroles la conclusion que nous avions déjà ramené nos armes lourdes ? Honnêtement, je ne comprends pas. Je le déclare à nouveau, de manière officielle : nous avons totalement enlevé nos armes lourdes, et ceci est attesté par l’OSCE, nous n’ouvrons pas le feu sur les positions des FAU, et nous ne nous laissons pas “avoir” par les provocations incessantes de Kiev.”

Dimanche 26  avril 2015

• Il se passe quelque chose autour du bataillon de volontaires Azov.  La semaine dernière, le 15 avril, Colonel Cassad avait fait paraître la nouvelle structure détaillée du bataillon (cassad.net) en même temps qu’une autre page sur la structure de la garde nationale ukrainienne, parue le 14 avril (colonelcassad). Durant la semaine, le bataillon Donbass aurait remplacé Azov sur les positions à Shirokino, le point chaud du sud du Front. Des officiers ukrainiens auraient contacté les novorusses pour qu’ils ouvrent le feu sur des positions tenues par Azov (fortruss, youtube). Cette nouvelle a été commentée hier par les novorusses, qui estiment qu’il s’agit d’une provocation ukrainienne pour les pousser à violer le cessez-le-feu. Réaction rapportée par Vesti (vesti.ru) et reprise par Ridus (ridus.ru à 17 h. 42) : “Venant des FAU par le biais de canaux de communications ouverts,des officiers novorusses ont reçu la demande de tirer sur le bataillon “Azov”. ” Se fondant sur l’impossibilité de contrôler la provenance de cette demande, le porte-parole du ministère de la défense de la RPD a déclaré que “le camp ukrainien provoque les séparatistes pour les pousser à violer le cessez-le-feu”.” Bassourine a également affirmé que les séparatistes n’écoutent pas ce genre d’appels. Un char ukrainien aurait par ailleurs écrasé une voiture avec des soldats d’Azov à l’intérieur (dnr-news.com, youtube) et une vidéo montrant une exécution barbare (crucifié et brûlé vif) d’une personne par des membres d’Azov circule (fortruss). Que cette dernière vidéo soit authentique ou  non est malheureusement secondaire. Le fait que l’on puisse imaginer un tel supplice à notre époque en Europe (en l’infligeant à quelqu’un ou en l’attribuant à certains)  en dit long sur l’immensité qui sépare à présent la frange ultranationaliste des ukrainiens d’une part et les novorusses (et sans doute une bonne partie de la population ukrainienne) de l’autre. Il est difficile de penser, même avec tout l’optimisme du monde, que tout ceci puisse finir autrement que dans le sang.

• On nous cache tout, on nous dit rien…..Le média Radio Free Europe a eu accès à une note datant du 2 avril 2015, envoyée par Frank-Walter Steinmeier, le minsitre allemand des Affaires Etrangères à Jean-Claude Juncker. Dans cette note, il affirme qu’il faut absolument revenir à un dialogue à trois (EC, Ukraine et Russie). “без участия России практически невозможно добиться экономической стабильности на Украине”, и рекомендует выработать “прагматичный, политический подход без предварительных условий”. ” Sans participation de la Russie, il sera pratiquement impossible d’atteindre une stabilité économique en Ukraine”, écrit-il, et il recommande aussi “de travailler à une approche pragmatique et politique, sans conditions préliminaires“. Reste à savoir si, de la part de Steinmeier – et de sa patronne, Merkel – il s’agit d’une lucidité salutaire quoique un peu tardive (d’autres avaient dit la même chose bien avant, ne serait-ce que De Gaulle), ou bien si ce sont seulement des intérêts égoïstes qui les ont dictées à Steinmeier. Mais ce qui est important – et éminemment regrettable -, c’est que nos principaux médias n’en font pas état. Comme toujours. Info reprise par Sputnik News ce dimanche (sputniknews).

 

• Bisbilles ukraino européennes autour du sommet UE Ukraine de lundi 27 avril à Kiev.  Une info très intéressante à suivre venant d’un article très court de UNIAN, donc on ne peut plus officiel (unian.info). Titre : “L’Allemagne et la France tentent de bloquer la déclaration commune du sommet conjoint UE-Ukraine” (France, Germany to reportedly try to block joint statement at Ukraine-EU summit in Kyiv). L’article précise, en citant une source “européenne”, que la France et l’Allemagne tentent d’apporter des amendements au projet de déclaration commune du Sommet prévu lundi à Kiev (consilium.europa.eu). Ces amendements affaibliraient totalement son contenu, a ajouté la source. Le Coreper (Comité des représentants permanents des pays de l’UE) tiendra une réunion extraordinaire dimanche afin de chercher un compromis.

La Communauté européenne discutera demain et les jours suivants de la possibilité de décider d’envoyer dans l’est de l’Ukraine une “mission pacificatrice de l’UE”. Le président de la Commission européenne, Donald Tusk, en a parlé lors d’une interview exclusive accordée à l’agence “Ukrinform” et à la première chaîne de la télévision nationale ukrainienne. “На сегодняшний день, откровенно говоря, я не вижу энтузиазма в Европе, когда речь идет о специальной миротворческой миссии в Украине. Но настроения могут измениться“, “сказал он.Политик отметил, что имплементация минских договоренностей является политическим приоритетом для Европы. “A l’heure actuelle, pour parler franchement, je ne constate aucun enthousiasme en Europe quand on parle d’envoyer une mission d’interposition en Ukraine. Mais cette ambiance peut changera-t-il déclaré. Le politicien a souligné que la finalisation des accords de Minsk est LA priorité politique pour l’Europe. (focus.ua, ukrinform.ua) Tusk a également exclu toute participation européenne aux opérations militaires (focus.ua, sputniknews). Si même lui le dit, c’est que, vraiment, il n’y a personne pour y aller (les Polonais ont été clairement refroidis par la loi sur l’UPA) et c’est alors une bonne nouvelle…

Un expert français à propos du sommet de lundi: “ce sera une pure formalité”. Tel est l’avis d’un expert français, rapporté par un média ukrainien (ru.golos.ua). Selon cet expert, il sera surtout une réunion de travail et ne devrait pas faire avancer les choses vers une intégration rapide de l’Ukraine dans l’UE.

Les séparatistes sont de petits taquins!  Peut-être vous souvenez vous d’Alexandre Zakharchenko, après la prise définitive de l’aéroport de Donetsk par les forces de la RPD, pliant le drapeau ukrainien devant les caméras et s’adressant au président:« Ce drapeau, c’est celui de la position des combattants de l’aéroport de Donetsk. Nous l’avons pris, il se trouve chez moi. “Cher Petr Porochenko, si vous êtes le commandant en chef – venez ici récupérer ce drapeau. Je vous le donnerai – a dit le chef de la RPD à l’adresse du président ” (youtube). Aujourd’hui, c’est “Motorola”, l’un des commandants les plus célèbres de Novorussie ( lui – avec son bataillon “Sparta”- et son compère Guivi – commandant du bataillon “Somali” – ont tenu la dragée haute pendant des mois aux forces ukrainiennes qui occupaient l’aéroport, et les ont finalement vaincues) qui vise encore plus haut et s’adresse directement à Obama, en le félicitant à l’occasion du 70ème anniversaire de la Victoire (youtube).

 

• Demain, en Ukraine, on commémorera  la tragédie de Tschernobyl, qui s’est produite le 26 avril 1986. (ilich.in.ua)

Source: http://www.les-crises.fr/actuukraine-2904/