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Proposition de Stages étudiants : Histoire, Rédaction, Propagande, Sociologie, Pétrole, Cholestérol…

Saturday 28 January 2017 at 00:01

L’association Diacrisis propose de nouveau cette année plusieurs offres de stage pour le blog.

Les sujets possibles sont nombreux ; le choix final des sujets dépendra en fait des profils retenus.

L’idée est donc de proposer des stages de 2 à 6 mois, dans les domaines suivants :

Les profils pourront donc être variés, mais de bon niveau, et disons Bac+3 à +4 dans une université, école de commerce, école d’ingénieur, EHESS, Normale Sup’, Sciences-Po, etc.

Autonomie, forte motivation, curiosité, capacité de recherche, bonne orthographe bienvenues…

Si vous êtes en province, télétravail possible.

Rémunération au tarif mensuel légal des stages étudiants (merci encore au passage à tous les donateurs qui rendent ceci possible…).

Il convient d’être étudiant pour pouvoir signer une convention de stage.

Vous pouvez nous contacter ici en nous indiquant vos profils et souhaits de sujets.

Source: http://www.les-crises.fr/proposition-de-stages-etudiants-histoire-propagande-sociologie-informatique-petrole/


La pollution de l’air en Europe I (+ les morts du charbon)

Friday 27 January 2017 at 03:00

 

1/ La pollution de l’air en Europe

Je rappelle cette étude européenne qui estime le nombre de morts prématurées par an en Europe : 550 000 morts prématurées par an, 6 000 000 d’années de vie perdues… (Source)

pollution air

morts

annees-perdues

On constate donc 50 000 décès prématurés annuels en France, qui représentent 600 000 années de vie perdues en France.

Ce qui donne en synthèse :

morts-pollution-air

Observons la distribution de la pollution.

2/ Carte de la pollution de l’air en Europe

On dispose dans ce rapport annuel de la concentration en polluants en Europe. Ici les PM10 :

pm-10-ue

Les PM2,5 :

pm-2-5-ue

Le Dioxyde d’azote NO2 :

no2-ue

L’Ozone :

ozone-ue

Voici la carte du nombre moyen de mois de vies perdus par la pollution atmosphérique en 2000 :

perte-ev-1

et l’objectif 2020 de la Commission européenne :

perte-ev-2

pollution air particules

3/ Cartes

Voici quelques cartes assez parlantes…

PM10

Valeur moyenne en 2010 :

pollution air particules

et en 2013 :

pollution air particules

36e plus haute valeur de l’année (niveau au 9e décile donc) :

en 2010 :

pollution air particules

et en 2013 :

pollution air particules

On note le fort effet des Alpes qui piègent la pollution du nord de l’Italie. Ici la probabilité de dépasser la valeur limite :

pollution air particules

PM2,5

Valeur moyenne en 2010 :

pollution air particules

et en 2013 :

pollution air particules

Ici la situation en ville :

pollution air particules

Et enfin, une intéressante analyse sur la distributions des populations en fonction de leur exposition aux particules fines :

pollution air particules

On note que seuls 5 % des Français sont exposé à un air respectant le seuil de l’OMS… Très peu connaissent une pollution élevée, contrairement à la Pologne par exemple, dont le cas est vraiment inquiétant.

Voici pour finir la carte pour l’ozone :

pollution air particules

4/ La mortalité du charbon en Europe

Pour terminer cette partie, faisons un zoom sur la mortalité causée par le charbon en Europe, telle que rapportée par Le Monde en juillet 2016, suite à une étude du WWF :

pollution-02

“Les pays dont les centrales ont le plus de répercussions néfastes pour leurs voisins sont la Pologne avec 4 690 morts prématurées au-delà de ses frontières ; l’Allemagne, 2 490 ; la Roumanie, 1 660 ; la Bulgarie, 1 390 et le Royaume-Uni, 1 350. […] 

Trente centrales, rebaptisées « les 30 toxiques », ont été identifiées comme les plus meurtrières d’Europe par les ONG, dont neuf au Royaume-Uni, six en Allemagne, cinq en Pologne ou encore cinq en Roumanie. Elles sont responsables de la moitié des morts prématurées en Europe.”

Ainsi, le charbon cause de nombreux morts en Europe, entre régions d’un même pays, et entre pays différents : 1 400 morts par an en France environ, dont 500 à cause d’émissions allemandes et 350 britanniques…

Mais s’il est important de traiter ce problème, il faut aussi le relativiser : on en parle que de 5 % des morts de la pollution de l’air, il ne faut donc faire aucune fixette là-dessus…

Voici les impacts réciproques :

pollution-07

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Le charbon en Pologne entraîne environ 4 500 morts chez ses voisins et l’Allemagne 2 500.

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Environ 1 400 Français sont tués tous les ans par les émissions du charbon en provenance des pays voisins.

pollution air particules

Voici une synthèse :

pollution-03

Ce qui donne en résumé :

morts-centrales

Notre pays a donc un impact plus limité sur ses voisins, car nous avons peu de centrales au charbon. C’est bien entendu un des avantages du nucléaire – mais il ne s’agit nullement de faire du pro-nucléaire bête, il est évident que si Fessenheim a un souci, nous allons polluer l’Europe, et les déchets nucléaires accumulés posent évidemment de gros soucis…

De même, il ne s’agit pas d’accabler l’Allemagne ou la Pologne (tout le monde émet plus ou moins), mais simplement de prendre conscience d’un grave problème de santé publique. Il ne s’agit pas de toujours vouloir incriminer les autres ou s’exonérer des conséquences de ses actes, mais de voir qu’il faut tenter de trouver des solutions au niveau européen. En particulier en fermant les 30 centrales au charbon les plus polluantes qui expliquent donc la moitié de ces morts :

pollution-08

pollution-10

Comme le dit le président du WWF :

pollution-20

Et ceci vaut aussi pour les émissions de gaz à effet de serre :

pollution-09

L’Allemagne émet donc deux fois plus de CO2 que la France, l’Italie ou le Royaume-Uni.

 

En conclusion, on voit donc qu’il existe de multiples origines à la grave pollution atmosphérique qui représente désormais après le tabac et l’alcool la 3e cause de mortalité en France :

pollution-17

Cette lutte contre la pollution de l’air passe donc par une sensibilisation à tous les axes d’amélioration : parc diesel ancien, volume de circulation, agriculture, centrales à charbon (dont il ne faut donc ni exagérer ni minorer les conséquences)…

En conclusion, et une fois n’est pas coutume, on félicitera la Commission européenne qui a entamé des poursuites contre les pays ne prenant pas de fermes mesures pour respecter la réglementation, comme la Pologne mais aussi… la France.

Source: http://www.les-crises.fr/la-pollution-de-l-air-en-europe-charbon/


Revue de presse du 27/01/2017

Friday 27 January 2017 at 01:50

Dans cette revue nous verrons que le congrès étatsunien n’a rien à rendre à Trump, Gadrey et Gave proposent un bilan des années Hollande, et pour passer le tout, vous prendrez bien une petite bière, vraiment ?! Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-27012017/


L’analyse du FBI sur le piratage russe confond la Suisse et le Swaziland par RTS

Friday 27 January 2017 at 01:35

Tellement drôle…

Pas trop vu sans les grands medias…

Source : RTS, 09-01-2016

Les adresses indiquées comme situées au Swaziland sont en réalité suisses. [RTS]

Les adresses indiquées comme situées au Swaziland sont en réalité suisses. [RTS]

Le rapport américain sur les piratages attribués à la Russie confond la Suisse avec le Swaziland. Il ressort du document que trois serveurs utilisés par les hackers étaient hébergés en Suisse, et pas dans le pays africain.

Annexée au rapport publié lundi dernier, les renseignements américains ont fourni une liste de 875 adresses IP qui auraient servi à mener des cyberattaques. Parmi elles, trois sont indiquées comme provenant du Swaziland.

Problème: le site spécialisé danois Version2 a analysé ces données et a découvert que les trois adresses menaient en réalité en Suisse. Une recherche effectuée à l’aide d’un service qui permet de trouver des informations sur une adresse internet (Whois, ndlr), renvoie effectivement à des serveurs helvétiques.

Serveurs infectés

En remontant ces adresses IP, la RTS a constaté qu’elles menaient à des sites internet signalés comme infectés par des logiciels malveillants utilisés par le groupe de hackers Fancy Bears, soupçonné par les autorités américaines d’être lié au pouvoir russe.

Version2 signale également des confusions entre des adresses danoises et allemandes. Selon un expert informatique cité par le site danois, dans les deux cas il s’agirait probablement d’une confusion, une fois entre les noms des pays en anglais (Switzerland / Swaziland), l’autre à cause de domaines similaires (.dk pour le Danemark, .de pour l’Allemagne).

Ces inexactitudes viennent s’ajouter aux critiques qui ont accompagné la publication de ce rapport, considéré par de nombreux spécialistes comme peu précis et n’apportant pas les preuves concrètes de l’implication du gouvernement russe.

Source : RTS, 09-01-2016

Source: http://www.les-crises.fr/lanalyse-du-fbi-sur-le-piratage-russe-confond-la-suisse-et-le-swaziland-par-rts/


La pollution de l’air dans le monde

Thursday 26 January 2017 at 09:20

Nous allons nous intéresser aujourd’hui à la pollution de l’air dans le monde.

Voici une carte de la pollution aux PM2,5 (Source) :

pollution air particules

pollution air particules

On voit que les zones polluées sont les zones désertiques (à cause du sable) puis l’Inde et la Chine (nature + industrie).

pollution air particules

pollution air particules

Cela apparaît bien sur ce graphique :

concentration-pm-regions-monde-3

Voici le liste des pays les plus et moins pollués aux particules fines PM2,5 (Source):

concentration-pm-pays-monde

Voici de même les villes les plus polluées au monde en PM10 (norme OMS : 20 µg/m3) :

concentration-pm-regions-monde-1

et les villes les plus polluées au monde en PM2,5 (norme OMS : 10 µg/m3) :

concentration-pm-regions-monde-2

Plus de 80% des gens vivant dans des zones urbaines où la pollution atmosphérique est surveillée sont exposés à des niveaux de qualité de l’air ne respectant pas les limites fixées par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Si toutes les régions du monde sont touchées, les habitants des villes à revenu faible sont ceux qui en subissent le plus les conséquences.

D’après la dernière base de données sur la qualité de l’air en milieu urbain, 98% des villes de plus de 100 000 habitants dans les pays à revenu faible ou intermédiaire ne respectent pas les lignes directrices de l’OMS relatives à la qualité de l’air. Néanmoins, dans les pays à revenu élevé, ce pourcentage tombe à 56%.

Entre 2008 et 2013, les niveaux mondiaux de pollution atmosphérique en milieu urbain ont augmenté de 8% malgré les améliorations enregistrées dans certaines régions.

Voici les proportions d’habitants des villes qui ont vu leur exposition augmenter ou diminuer sur la période :

concentration-pm-regions-monde-4

Voici également la situation de grandes villes en Occident :

concentration-pm-villes-monde-2

concentration-pm-villes-monde

On note que le niveau est nettement plus faible aux États-Unis – en raison de l’espace du territoire et du fait que la population est souvent concentrée en façade maritime.

C’est cependant à relativiser, voici la situation des mégalopoles de plus de 14 millions d’habitants (+ Paris) :

concentration-pm-villes-monde-3

Cela s’observe au niveau des normes réglementaires :

normes-pollution-particules

On constate que les normes européennes de particules fines sont très élevées – et clairement déconnectées des avancées scientifiques depuis 15 ans. Les normes OMS de 2005 vont d’ailleurs probablement bientôt baisser (Source OMS 2013 – les normes OMS de 2005 en français sont ici et . Mise à jour 2016 ici) :

oms-pm

Terminons enfin par quelques mots sur la Chine, qui connaît de plus en plus d’épisodes de pollution aux particules. Celui de décembre 2016 a approché les 600 µg, des dizaines de fois plus que la norme journalière de l’OMS :

pollution air particules

Cette pollution fait donc des ravages dans ce pays :
pollution air particules

pollution air particules

pollution air particules

pollution air particules

pollution air particules

pollution air particules

On soulignera aussi qu’une petite partie de cette pollution en Chien correspond à une exportation de la nôtre, puisque l’industrie chinoise fabrique des produits pour notre usage…

 

Terminons par une visualisation du transport mondial du carbone suie :

Ce carbone suie contribue grandement au réchauffement climatique. Il absorbe le rayonnement solaire incident et réfléchi, chauffant ainsi l’atmosphère. Des études récentes suggèrent que le carbone noir pourrait représenter jusqu’à 25 % du réchauffement climatique observé à ce jour…

pollution air particules

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Nuages de carbone suie (Source : NASA)

Source: http://www.les-crises.fr/la-pollution-de-lair-dans-le-monde/


Jean-François Kahn : pourquoi cet étrange silence médiatique depuis la chute d’Alep ?

Thursday 26 January 2017 at 01:15

Source : Le Figaro, Jean-François Kahn, 20-01-2017

FIGAROVOX/TRIBUNE – Fin 2016, le régime syrien s’emparait de l’Est d’Alep, contrôlé depuis 2012 par les rebelles, pour certains djihadistes. Jean-François Kahn craint une forme d’autocensure alors que c’est en affrontant la réalité qu’on mettra en échec les campagnes de désinformation.


Jean-François Kahn est un journaliste et écrivain français, historien de formation. En 1984, il crée L’Événement du Jeudi puis, en 1997, l’hebdomadaire d’information Marianne dont il est le directeur jusqu’en 2007.


Depuis trois semaines j’attends.

Quoi ?

Que les envoyés spéciaux se précipitent à Alep et répondent enfin à ces questions: qui étaient exactement les rebelles qui contrôlaient l’Est de la ville, démocrates? Islamistes modérés? Islamistes radicaux? Que s’est-il vraiment passé sous leur domination et pendant les destructrices reconquêtes, comment réagit la population, y a-t-il eu des exécutions de civils et qui s’en est rendu coupable (ou le plus coupable)?

Pour l’instant, j’attends toujours. Les médias et sites d’information poutinesques ou pro-Assad multiplient les témoignages, ou pseudo témoignages, à sens unique et triés sur le volet qui confortent, évidemment, leur vision des choses. Mais, en face, rien. A une information unilatérale et biaisée, répondrait-on par une autocensure? Ici, voilà ce que je veux entendre et, là, voilà ce que je ne veux pas entendre. Désinformation passive contre désinformation active.

La question – et tous les citoyens aspirant à une information pluraliste et honnête pourraient s’en emparer – est celle-ci: même au profit d’une cause juste toute désinformation, active ou passive, est-elle licite?

Il était juste de soutenir la résistance afghane à l’invasion soviétique: pour autant, fallait-il, comme on l’a fait, occulter le fait qu’une fraction des moudjahidins véhiculait une idéologie bien pire encore que celle que représentait le pouvoir en place à Kaboul?

Il était juste d’être critique avec le régime algérien, dont la hiérarchie militaire tirait toutes les ficelles: pour autant, fallait-il répéter en boucle, comme certains le firent, que ce n’étaient pas les terroristes islamistes, préfiguration de Daech, qui tuaient et massacraient, mais leurs adversaires qui se massacraient eux-mêmes?

Il était juste de soutenir l’aspiration du peuple kosovar à l’autodétermination et même à l’indépendance, et donc de dénoncer la répression dont il avait été victime: pour autant, fallait-il reprendre et authentifier sans recul toutes les informations concernant les épouvantables horreurs serbes dont on sait, aujourd’hui, qu’elles furent en partie concoctées par une officine mise en place par Tony Blair et son «spin doctor»?

Il était juste de diaboliser le tyran Saddam Hussein: pour autant, fallait-il soutenir qu’il était prêt à déverser sur Londres une pluie de missiles de destruction massive dont son pays regorgeait?

Il est juste de stigmatiser l’implacable tyrannie exercée en Syrie par le clan Assad: pour autant, faut-il affirmer, comme l’a fait un grand quotidien, que 80 % des victimes de la guerre civile ont été le fait des troupes pro-régime (20 % correspondant, en fait, à l’équivalent des pertes subies par l’armée syrienne et ses alliés), ce qui signifie donc que les rebelles n’ont tué, en cinq ans, aucun civil?

C’est en affrontant la réalité qu’on mettra en échec les campagnes de désinformations, pas en opposant une désinformation pour le bien à une désinformation pour le mal.

Vous avez dit post-vérité ?

Source : Le Figaro, Jean-François Kahn, 20-01-2017

Source: http://www.les-crises.fr/jean-francois-kahn-pourquoi-cet-etrange-silence-mediatique-depuis-la-chute-dalep/


Etats-Unis : à quoi ressembleront les “Trumponomics” ? Par Romaric Godin

Thursday 26 January 2017 at 00:55

Source : La Tribune, Romaric Godin, 20/01/2017

Quelle politique économique pour le nouveau président Trump ? (Crédits : Reuters)

La politique économique revendiquée par le nouveau président des Etats-Unis, Donald Trump, ne peut se concevoir qu’autour de trois piliers complémentaires, à savoir le protectionnisme, les baisses d’impôts et la dérégulation financière, avec un seul but : rétablir la puissance étasunienne.

L’impensable est donc devenu réalité. L’arrivée du fantasque et clownesque magnat de la construction Donald Trump aux commandes de la première puissance mondiale, est, depuis ce 20 janvier, la nouvelle donne avec laquelle le monde devra compter. L’homme a certes été élu 45e président des Etats-Unis avec plus de 3 millions de voix de moins que son adversaire, il est certes le président le moins populaire en début de mandat de ces dernières années, mais Donald Trump ne doute pas de sa légitimité, du reste légalement acquise, et entend donc appliquer son programme, y compris sur le plan économique. C’est ce qu’il a montré sans ambiguïté au cours de la phase de transition.

Quelle sera la politique économique du nouveau président ? A quoi ressembleront les « Trumponomics » sur lesquels les marchés financiers et quelques grands capitaines d’industrie du monde entier (à commencer par Bernard Arnault, l’homme le plus riche de France, qui est venu faire acte d’allégeance à la Trump Tower de New York) comptent tant ? Beaucoup ne retiennent que le retour d’un agenda protectionniste et le risque de guerre commerciale. Il est vrai que Donald Trump s’est beaucoup agité sur le sujet ces dernières semaines, faisant pression sur General Motors, Toyota, Ford et, plus récemment, BMW, pour inciter ces firmes à relocaliser leur production aux Etats-Unis.

Refonder la « grandeur américaine »

Mais résumer les « Trumponomics » à un simple « repli sur soi » serait un peu court. Au milieu des déclarations contradictoires, Donald Trump a affiché une seule ligne de conduite claire, qui se résume par son slogan de campagne, sur lequel le nouveau président a achevé son discours d’investiture : « rendre l’Amérique à nouveau grande » (« Make America Great Again »). C’est indéniablement un Nationaliste qui entend imposer au reste du monde l’intérêt de son pays. Mais n’est-ce pas le cas de la plupart des présidents des Etats-Unis ? La spécificité de Donald Trump, c’est que son nationalisme s’appuie sur une logique économique. Comme l’ont prouvé ses déclarations sur l’Europe et l’Allemagne, l’intérêt économique des Etats-Unis prime désormais sur toute autre considération. Le monde est perçu comme un lieu de prédation et la grandeur « américaine » consistera à donner aux Etats-Unis les moyens de s’imposer dans cette « jungle » économique. La puissance militaire peut, de ce point de vue, être utile, mais elle ne prime pas, car son usage est coûteux et peu rentable. C’est ce qui explique les critiques sévères du nouveau président à la stratégie militaire des deux George Bush.

Pour refonder la puissance des Etats-Unis, Donald Trump préfèrera donc la « vieille méthode », celle de la puissance financière pure, celle qu’a privilégiée le pays au début du 20e siècle lorsque les capitaux étasuniens assuraient la « grandeur de l’Amérique ». Ceci est, du reste, plus conforme à sa personnalité de « manager » donnant des leçons dans les émissions de télé-réalité. Plus que jamais, la référence du nouveau président sera bien les Républicains de la vieille manière, ceux des années 1920, que l’on appelle « isolationnistes », mais qui en réalité, bâtissaient un ordre mondial dominé par les Etats-Unis et fondé sur la puissance des capitaux étasuniens. Deux présidents du Conseil français, Raymond Poincaré en 1924, puis Edouard Herriot en 1926, en ont fait l’amère expérience…

Donald Trump prend, d’une certaine façon, acte de l’affaiblissement de la stratégie classique des Etats-Unis, celle qui fonde sa puissance sur son action extérieure. Les échecs des interventions au Moyen-Orient, l’émergence de la puissance concurrente de la Chine, l’action de la Russie malgré le renforcement de l’OTAN en Europe centrale imposent de changer de cap. Pour les Républicains « trumpistes », la puissance militaire n’est rien sans fondement financier. Il faut donc refonder cette base, en priorité. C’est ce qui les distingue de Ronald Reagan qui avait donné sa priorité à la puissance militaire, au prix même de l’indépendance financière du pays.

Redresser le déficit courant des Etats-Unis

La traduction de la « grandeur américaine » passera donc alors par le rétablissement d’un excédent courant, autrement dit par la reconstitution d’une capacité de projection des capitaux étasuniens. Tant que les Etats-Unis affichent des besoins de capitaux étrangers, ils ne peuvent évidemment jouer pleinement de leur puissance et sont dépendants de l’extérieur, et notamment de leur principal rival géopolitique, la Chine.

Pendant des décennies, la puissance étasunienne s’est basée sur l’abondance des capitaux générés par l’économie des Etats-Unis. C’est cette abondance qui a permis aux Etats-Unis de financer l’effort de guerre de l’Entente entre 1914 et 1918, c’est elle qui lui a permis de dessiner le nouvel ordre mondial des années 1920, c’est elle encore qui a permis le plan Marshall et la mise en place de l’abondance économique des années 1950 et 1960 et, qui, finalement, a permis de tenir en échec l’URSS. Jusqu’au début des années 1980, la balance des comptes courants américains étaient ainsi proche de l’équilibre. La puissance économique du pays lui permettait de projeter ses capitaux à l’étranger sans s’affaiblir, bien au contraire, puisque, globalement, son épargne permettait de financer son économie. C’est clairement l’âge d’or auquel aspire Donald Trump.

Tout a changé dans les années 1980 et surtout dans les années 1990. Depuis le deuxième trimestre 1991, les Etats-Unis accusent un déficit courant qui a atteint jusqu’à 6 % du PIB en 2005 et qui est actuellement à 1,9 % du PIB. Depuis près de trente ans, pour fonctionner, l’économie des Etats-Unis doit donc emprunter des capitaux, notamment en Chine. Pour Donald Trump, et il l’a confirmé dans son discours d’investiture, ce phénomène est le produit de la désindustrialisation des Etats-Unis et il y voit le sentiment d’un transfert de richesse vers l’étranger.

Naturellement, l’ambition de Donald Trump est donc de renverser cette situation. Pour cela, les Etats-Unis vont devoir réduire leur déficit commercial et générer davantage d’épargne pour financer son économie et l’étranger. Ce n’est donc pas un hasard si Donald Trump s’est attaqué ouvertement avant son investiture à deux pays, la Chine et l’Allemagne, qui sont parmi les plus excédentaires du monde. Et s’il a visé nommément à plusieurs reprises le déficit commercial avec la Chine comme sa première priorité. Pour réduire leur déficit courant, les Etats-Unis vont logiquement devoir le transférer aux pays actuellement excédentaires. Peu importe donc que l’Allemagne soit l’alliée traditionnelle des Etats-Unis en Europe : elle est, pour Donald Trump, de par son excédent courant monstrueux de près de 9 % du PIB, un ennemi désigné de la « grandeur américaine ».

Les baisses d’impôts, élément central du système Trump

Dans ce cadre, le protectionnisme de Donald Trump vise évidemment à réduire le déficit commercial des Etats-Unis qui, en 2016, a atteint 666 milliards de dollars. Pour réduire le déficit avec l’Allemagne et la Chine, la nouvelle administration peut donc envisager des taxations massives sur les importations en provenance de ce pays. Mais, comme on l’a vu lors de ces dernières semaines, l’essentiel n’est pas ici : ce que vise la nouvelle administration, c’est bien plutôt les relocalisations des capacités de production. En ramenant les usines sur le sol américain, Donald Trump ne fait pas que rapatrier des emplois, il créé les conditions de ce rééquilibrage de la balance courante en réduisant la dépendance vis-à-vis de l’extérieur. Et pour cela, les taxes aux frontières ont, certes, une fonction, mais qui n’est pas centrale : les baisses d’impôts jouent un rôle nettement plus important. C’est, du reste, ce qu’a reconnu General Motors lorsque la firme a annoncé investir sur le sol américain et non plus mexicain. Les relocalisations à la Trump s’exerceront donc par la stratégie de la carotte des baisses d’impôts et du bâton des droits de douane. Et il n’est pas certain que le second soit déterminant, au-delà des effets de manche du nouveau président. Là encore, on est clairement dans la logique des Républicains des années 1920 : lorsque ces derniers sont revenus au pouvoir en 1921, ils ont relevé les droits de douane et abaissé les impôts.

Les baisses d’impôts sont donc finalement un aspect aussi central que le protectionnisme renforcé dans les « Trumponomics ».  Elles permettent non seulement de dégager des capitaux, mais aussi de les aimanter aux Etats-Unis. L’ambition de la nouvelle administration n’est pas, alors, avec cette politique, comme on l’entend souvent, de conduire à des gains de pouvoir d’achat et à davantage de consommation. Il s’agit bien davantage de créer les conditions d’un excès d’épargne et de favoriser l’investissement local. Le plan Trump n’est pas un plan centré sur les revenus moyens et faibles, ceux qui consomment le plus, c’est un plan centré sur les entreprises et les revenus les plus aisés. C’est aussi la logique de la destruction de l’Obamacare : il ne s’agit pas de protéger la capacité de consommation des ménages les plus faibles, mais la capacité d’épargne des ménages les plus aisés et pour cela, il faut pouvoir réduire les dépenses sociales.

Troisième pierre angulaire : la finance dérégulée

Reste que cette politique n’est rien sans un troisième élément : la finance dérégulée. En faisant sauter les digues élevées après la crise, l’administration Trump espère donner un avantage comparatif, dans un contexte de régulation, au secteur financier américain et, ainsi, attirer les capitaux des ménages, grossis par les baisses d’impôts, par la promesse de rendements à nouveau mirifique. Ces capitaux, au lieu, comme aujourd’hui, de repartir vers les pays émergents, resteraient cette fois aux Etats-Unis, dans son économie dopée par les baisses d’impôts et protégée par les droits de douanes ainsi que dans ses marchés financiers dopés par la dérégulation et ses promesses de rendements mirifiques. C’est bien sur cette dernière promesse que les marchés ont bondi depuis l’élection de novembre dernier. La dérégulation financière unilatérale est donc la pierre angulaire du système Trump : c’est par elle que viendra la croissance qui attirera et maintiendra les capitaux aux Etats-Unis.

La nécessité de maintenir le déficit public sous contrôle

Dans un tel contexte, la nouvelle administration ne peut réellement se permettre de creuser massivement les déficits, c’est-à-dire de continuer à dépendre de l’étranger, tant que la capacité d’épargne des Etats-Unis ne s’est pas reconstituée et la croissance ne s’est pas renforcée. Or, le déficit public des Etats-Unis est encore à environ 3,2 % du PIB.  Ceci suppose sans doute un plan de baisse d’impôts moins ambitieux que celui qu’a annoncé Donald Trump, autrement dit sans doute encore moins redistributif que prévu, et un plan de relance qui ne saurait être de 1.000 milliards de dollars comme annoncé très évasivement pendant la campagne. La majorité républicaine donnera, de toute façon, la priorité aux baisses de taxes, notamment sur les entreprises. Mais l’on ne doit pas exclure – et la rapidité de la destruction prévue de l’Obamacare semble le confirmer que tout acte de dépense ou de baisse d’impôt soit accompagnée de franches baisses de dépenses publiques.

Le dollar fort

Dès lors, les « Trumponomics » sont naturellement un terreau favorable à un dollar fort. Certes, Washington ne peut se permettre une appréciation de sa monnaie trop élevée afin de ne pas favoriser les importations et pénaliser les exportations. Mais un dollar fort est une conséquence logique de la politique de Donald Trump, c’est aussi un moyen de maintenir aux Etats-Unis l’épargne et les investissements. Avec une monnaie forte et des taux élevés, nul ne souhaitera faire sortir ses capitaux des Etats-Unis. Aussi la politique de resserrement de la Fed n’est-elle pas nécessairement hostile à la politique Trump. De ce point de vue, la nouvelle administration pourrait donc préférer à une baisse du dollar une politique protectionniste de sanctions ciblées sur les pays qui disposent de monnaies jugées « sous-évaluées » comme la Chine et l’Allemagne.

Ambition difficile à tenir

L’ambition de la nouvelle administration est donc considérable : il s’agit d’inverser un modèle économique mis en place depuis plus de trente ans. Mais contrairement à ce qu’on entend souvent, cette ambition a sa logique, elle n’est pas « incohérente ». Il ne s’agit certainement pas de mettre fin à la révolution néolibérale des années 1980, mais il s’agit de la refonder au bénéfice de la puissance des Etats-Unis. Une telle politique pourrait bien néanmoins encore aggraver les déséquilibres actuels de l’économie américaine. L’économie mondiale n’est pas celle d’il y a un siècle : on ne reconstitue pas une capacité productive aussi simplement que le suppose Donald Trump et la capacité d’action de la finance étasunienne des années 1920 est d’abord le fruit de l’extraordinaire développement du pays après la Guerre de Sécession (1861-1865).

Des risques considérables

En revanche, l’insistance sur les baisses d’impôts et la finance dérégulée risque de priver encore davantage l’économie réelle d’investissements et d’accroître encore les inégalités (une étude récente vient de prouver l’impact des réformes fiscales de Donald Reagan dans ce creusement). Deux éléments qui viendront peser sur la croissance future des Etats-Unis. Enfin, on sait où mène la dérégulation financière et la domination étasunienne par l’usage des capitaux. Ces politiques ont conduit aux deux pires crises financières de ces cent dernières années : la crise de 1929 et celle de 2007. Donald Trump joue clairement avec le feu, non pas tant par l’usage d’un protectionnisme que seul l’Europe avait réellement oublié et qui prend corps dans un contexte de ralentissement du commerce mondial, mais par l’utilisation de recettes d’apprentis sorciers qui, à coup sûr, conduisent à des désastres pour l’économie mondiale.

Source : La Tribune, Romaric Godin, 20/01/2017

Source: http://www.les-crises.fr/etats-unis-a-quoi-ressembleront-les-trumponomics-par-romaric-godin/


Grande-Bretagne : les principaux médias contre Jeremy Corbyn, par Thierry Labica

Thursday 26 January 2017 at 00:36

Source : ACRIMED, Thierry Labica, 11-01-2017

Nous publions ci-dessous, avec l’autorisation de son auteur et sous forme de « tribune » [1], un large extrait de l’article (« Détruire l’ennemi (I) : les conservateurs et les forces médiatiques ») publié sur Contretemps web [2].

Thierry Labica revient dans cet extrait (sous le titre « Médias et distorsions milliardaires ») sur la formidable offensive médiatique qui a pris pour cible Jeremy Corbyn depuis son accession à la tête du Labour Party.

La question du rôle des principaux médias peut être une affaire délicate. Dénoncer les médias, n’est-ce pas une facilité un peu trop pratiquée pour rester tout à fait honorable ? N’y a-t-il pas, dans « la faute aux médias » l’articulation classique des imaginaires de la conspiration ? La réponse étant non, au moins en l’occurrence, on prendra la liberté d’ajourner la discussion de ce beau sujet. On doit pouvoir se contenter de deux ou trois remarques préliminaires.

Une concentration massive

Premièrement, la dénonciation « des médias » a d’une part une base objective pour elle : comme le rappelait la citation de la rédactrice du site d’information indépendant, The Canary [3], leur concentration capitaliste les a constitués, de fait, comme autant de complexes stratégiques puissants et notoirement en mesure de façonner le climat de la vie politique britannique, en l’occurrence.

Le groupe de Rupert Murdoch News International mérite en particulier d’être traité comme une force politique à part entière, force dont la pénétration, l’influence et disons-le, l’emprise, sur le champ politique britannique sont apparus au grand jour lors du scandale de 2011 [4], exposant une collusion d’échelle orgiaque au plus haut niveau de l’État, entre un Premier ministre conservateur et un supercapitaliste de « l’info ». Sans même en arriver à un tel degré de promiscuité, il est notoire, par exemple, que l’arrivée de Blair au pouvoir en 1997 fut aussi le produit d’une alliance stratégique inédite entre le dirigeant néo-travailliste et le groupe Murdoch qui mit son tabloïd phare de droite, The Sun, au service de sa campagne [5]

Plus généralement, il devrait suffire de rappeler qu’en ce qui concerne le Royaume-Uni, deux groupes – News Corp UK et le Daily Mail group (propriété de Lord Rothmere) – détiennent à eux seuls 60% de la presse nationale. Si l’on élargit le périmètre de l’élite de cette industrie, six entreprises se partagent 80% de la presse locale, soit, « plus de quatre fois l’ensemble des titres des cinquante-six éditeurs restants, et quatre-vingt-cinq pourcent des revenus dégagés » [6] Nul besoin, donc, de supputer des conspirations (qui certes existent bel et bien par ailleurs) ; à un diner de grands fauves, les convives n’ont pas besoin de conciliabules préalables pour s’offusquer en chœur de la présence inopinée d’un menu végétarien à la carte.

L’expérience passée

Mais outre cette situation de concentration massive, les pratiques et les déséquilibres qu’elle induit, il y a l’expérience passée. Toute personne ayant gardé le souvenir de l’année 1984-85 en Grande-Bretagne, sera tentée de faire le parallèle entre le traitement de la gauche travailliste dans les médias nationaux britanniques et celui de la grande grève des mineurs d’il y a maintenant trente ans.

Ce sujet a été amplement couvert depuis et les mensonges et les manipulations aux proportions industrielles de l’époque ont été dénoncés, voire, ont fait l’objet d’excuses publiques, notamment envers le dirigeant du syndicat national des mineurs de l’époque, Arthur Scargil [7]. Mais on peut aussi penser à la campagne de dénigrement systématique de la gauche travailliste lors de la campagne pour les législatives de 1987, et au cours de laquelle Tony Benn, Ken Livingstone et quelques autres devinrent les figures de proue d’une « loony left » (genre de « dingauche ») à la fois extrémiste, dangereuse et risible.

Le dénigrement anti-Corbyn

Aujourd’hui, le dénigrement anti-Corbyn, la production de récits de toutes natures à son désavantage, la surreprésentation des positions politiques qui lui sont hostiles, la faible place laissée à son expression et à l’exposé de ses orientations, ont été recensées et étudiées par divers chercheurs de la London School of Economics, et de la Coalition pour la réforme des médias (MRC), en lien avec des chercheurs de Birkbeck college de l’Université de Londres.

Les premiers ont entre autres observé que, dans les principaux titres de presse nationale, 74% du contenu informationnel relatif à Corbyn, soit ne rendait pas du tout compte du point de vue et des idées de Corbyn, soit n’en proposait que des versions déformées (« distorted ») [8]. La seconde enquête, qui s’est davantage intéressée à la télévision, fait notamment apparaître la chose suivante :

Le temps d’antenne accordé aux critiques de Corbyn était deux fois supérieur à celui accordé à ses soutiens ; un appui largement disproportionné donné aux questions soulevées par les critiques de Corbyn dans les bulletins d’information de début de journée de la BBC et de ITV, disproportion particulièrement manifeste dans l’énoncé des titres. L’observation a également relevé une tendance prononcée chez les présentateurs des journaux du soir de la BBC à avoir recours à des termes péjoratifs dans leurs descriptions de Jeremy Corbyn et de ses soutiens [9].

Cette campagne médiatique a conduit jusqu’à l’ex-président du BBC Trust, Michael Lyons, à estimer que des « attaques assez extraordinaires avaient été lancées contre le dirigeant élu du parti travailliste. Assez extraordinaires, je dois le dire. Je peux comprendre que l’on s’inquiète de ce que certains des principaux responsables éditoriaux pourraient avoir perdu leur impartialité dans cette affaire. Je ne fais que reprendre des inquiétudes déjà exprimées par d’autres » [10].

Le tableau du travail médiatique effectué depuis plus d’un an serait trop long à brosser ici. On peut se contenter d’en indiquer certains des épisodes les plus saillants (outre l’inertie générale des usages partisans, et au bout du compte, souvent erronés des sondages, ou des entreprises de démoralisation préélectorales). Parmi les nombreux exemples à disposition, il y eu, au cours de l’été 2015, la construction d’un « antisémitisme » du dirigeant de gauche dans une tentative de disqualification par association [11].

De « L’affaire du train »…

On peut également évoquer « l’affaire du train » (« traingate ») qui occupa nombre de commentateurs pendant plus d’une semaine à la fin du mois d’août 2016 et qui fut l’occasion d’une attaque sévère d’un aspect central de l’image publique de Corbyn. Suite à un enregistrement dans lequel Corbyn, sans place assise dans un train de l’entreprise Virgin, dénonçait la situation du transport ferroviaire, on tenta de démontrer qu’il s’agissait en vérité d’une mise en scène délibérée visant à soutenir l’argument en faveur de la renationalisation de l’industrie ferroviaire. Virgin divulgua les enregistrements de vidéosurveillance à bord du train pour prouver qu’il restait des places assises, et par la même occasion, que la réputation d’honnête homme du dirigeant travailliste était une imposture. Corbyn reçut alors le soutien des témoignages de passagers confirmant sa version de l’histoire et le fait que les places apparemment libres sur les images de vidéosurveillance étaient déjà réservées.

Cette histoire ne serait pas si misérablement anecdotique si, bien entendu, elle ne faisait pas entendre l’affrontement larvé entre un dirigeant politique d’opposition en faveur de la re-nationalisation des services ferroviaires et un grand bénéficiaire de leur privatisation, le souriant Richard Branson (figure emblématique parmi quelques autres du capitalisme new age, sympa, artiste, émanation type des belles années du New labour).

L’illégalité de la diffusion publique des images de vidéosurveillance, leur caractère non probant, les témoignages de passagers, entre autres, ont été de peu de poids face à l’accumulation d’images et de commentaires permettant de faire passer Jeremy Corbyn à la fois pour un menteur et un manipulateur, autrement dit, permettant d’attaquer une rectitude que nombre d’adversaires veulent bien encore lui reconnaitre. Il s’agit aussi de le faire apparaitre comme un homme ordinaire (« a bloke »), lisant son journal assis par terre à l’entrée d’une voiture de train.

Cette reconstruction de l’ordinarité de Corbyn en « monsieur tout le monde » plutôt désemparé ne vise évidemment pas à faire de ce dernier un personnage politique d’envergure nationale à même « d’incarner » une certaine idée du peuple (catégorie banlieusard longue-distance, en l’occurrence). Cet homme ordinaire-là est impropre à la consommation politique parce que fondamentalement dépourvu de l’aura de dignité cérémonielle attendue des personnalités appelées à accéder aux plus hautes fonctions de l’État.

Un article du Daily Mirror, journal traditionnellement pro-travailliste, offrit une illustration particulièrement choisie des mobilisations hostiles de ce « récit ». Dans « Le coup de com de Jeremy Corbyn dans l’affaire du train prouve sa bêtise terminale ainsi que celle de son équipe », la polémiste Carole Malone, collaboratrice de longue date du journal, exploite sans réserve l’occasion d’une démystification radicale assistée des images fournies par Virgin : Corbyn n’est pas l’homme de la « politique propre » et de la « parole sans détour » qu’il prétend être. C’est un menteur, un fabricateur de bas étages, « au stade terminal de la bêtise » (« terminally stupid ») [12].

Ce commentaire, pour une bonne part, relève du simple registre de la surenchère au service du « buzz », mode exhibitionniste fragile dont dépend la survie de nombre de plumitifs. Mais comme nombre d’autres, il faut encore lui reconnaitre un intérêt en ce qu’il prolonge et enrichit, en quelque sorte, l’outrage causé par un Corbyn refusant de chanter « que Dieu sauve notre gracieuse reine » lors d’une commémoration officielle de la première guerre mondiale qui eut lieu immédiatement après son élection de septembre 2015. On pouvait y dénicher ce Corbyn républicain jugé gravement compromis avec les républicains indépendantistes irlandais du Sinn Fein.

On en vient aussi à supputer que l’hostilité anti-Corbyn prolonge une histoire lointaine des hystéries anti-anabaptistes des 16e et 17e siècles et dont l’un des « mérites » était de réconcilier bien des ennemis jurés, pour un temps au moins. On pourrait encore lire, à partir de ces mêmes ondes longues de l’histoire culturelle et politique la figure d’un Corbyn « hypocrite », c’est-à-dire, d’un Corbyn puritain au rigorisme faux, prétendant défendre le travailleur tout en profitant grassement des largesses de l’État.

Sur ce registre, le Mail online a expliqué à ses lecteurs et lectrices que « Corbyn avait coûté trois millions de livres sterling aux contribuables jusqu’ici » [13], démenti qui se voulait accablant de la réputation d’un parlementaire dont les notes de frais se sont élevées à huit livres et 95 pence pour l’achat d’une cartouche d’imprimante.

… aux autres « affaires »

Deux autres « affaires », au moins, sont venues contribuer au bruit dont il faut absolument entourer Corbyn et les forces qui le portent. Elles sont l’une et l’autre à l’articulation directe du travail de sape médiatique et de l’offensive du travaillisme institutionnel, notamment par le biais de journaux nationaux hostiles, voire, très hostiles, tels que le Guardian et le Daily Mirror.

La première de ces affaires fut ce qu’il faut se résigner à appeler le « scandale de la brique ». Suite au résultat du référendum sur l’UE, et à la démission en masse de membres du cabinet fantôme [14], une figure parlementaire travailliste, Angela Eagle, se lança dans la campagne pour l’éviction de Corbyn. L’ex-responsable des entreprises, de l’innovation et des qualifications de la première équipe d’opposition constituée par Corbyn, Angela Eagle, proposait de reconstruire l’unité et la crédibilité électorale (« electability », toujours) de la direction du parti et par là même, du parti tout entier.

Elle fut néanmoins vite rejointe et contestée dans ce rôle par un autre candidat pour l’unité et la crédibilité électorale du parti, à savoir, Owen Smith. Ce dernier présentait l’avantage au moins apparent de ne pas avoir participé à un quelconque gouvernement travailliste des années 2000 et s’était contenté d’occuper le poste de secrétaire d’État chargé du Pays de Galles dans cabinet fantôme d’Ed Miliband avant la défaite aux législatives de mai 2015. Outre le fait qu’Angela Eagle pouvait d’emblée apparaitre comme incarnation même de ce que l’élection interne avait rejeté quelques mois auparavant, sa campagne à peine lancée tourna vite à l’humiliation.

Lors de la première conférence de presse, lorsque les journalistes furent invité-es à adresser leurs questions, on s’aperçut après quelques secondes de flottement embarrassé que les uns et les autres étaient déjà partis. Par la suite, les premières interviews politiques furent assez catastrophiques dès lors que celle qui se proposait de remplacer Corbyn s’avérait incapable de répondre à des questions aussi prévisibles que : « Avec quelles orientations de Jeremy Corbyn être vous en désaccord ? », ou bien : « Le programme nucléaire-militaire (Trident) mis à part, quelles sont vos autres différences [avec Corbyn] ? » [15]. Il apparut ensuite que les membres du parti travailliste de sa propre circonscription s’étaient majoritairement prononcé-es en faveur de Corbyn.

Puis vint la brique : fin juillet 2015, un très grand nombre de titres de presse nationaux et leur site correspondant annonçaient qu’une brique avait été lancée à travers les vitres de la permanence parlementaire d’Angela Eagle. Comme pour « l’affaire du train » par la suite, la présentation des « faits » fut vite corrigée, de manière assez peu audible, cependant : la vitre n’était pas celle de la permanence mais d’une cage d’escalier située de l’autre côté du bâtiment abritant la dite permanence. Mais les bienfaits de la brique rendirent les faits de la brique très secondaires : l’agression intempestive, anonyme et lâche, documentait la vérité de ce qu’étaient vraiment les soutiens de Corbyn : des individus violents, préférant « l’intimidation » à tout échange civilisé, animés par des motifs « sinistres », avaient réussi à s’emparer de la direction du parti et s’employaient maintenant à le dévoyer par les méthodes malhonnêtes et brutales, typiques, et si prévisibles de la « gauche dure » trotskiste.

Là encore, en dépit de sa douceur apparente et de ses slogans en faveur d’une crédibilité retrouvée de la parole publique, Corbyn était bien l’homme aux projets dangereux qui avance masqué, portée par la racaille (« the rabble »), ou alors, l’homme faible, dépassé par des forces qu’il ne maitrise pas, et donc incapable de diriger. Dans tous les cas, la brique permit de faire glisser l’actualité médiatique de la direction travailliste dans la rubrique des faits divers criminels.

Dans les jours qui suivirent, on rapporta bruyamment la plainte adressée au président de la chambre des communes, John Bercow, par une autre démissionnaire du cabinet fantôme, Seema Malhotra (Secrétaire en chef du Trésor). Ce fut l’affaire de la clé.

L’ex-ministre fantôme disait avoir constaté que des assistantes parlementaires de John Mcdonnell et de Jeremy Corbyn avaient à deux reprises tenté de s’introduire dans son bureau. On parla de possible « violation », « d’entrée illégale », et « d’entrée par effraction ». En outre, lors de la deuxième tentative, l’une de ces personnes aurait eu une attitude « agressive et intimidante ». John Bercow fit savoir par écrit qu’il n’y avait eu, en l’occurrence, aucune atteinte au privilège parlementaire de l’ex-membre du cabinet fantôme et à ses assistants [16].

Les accusations portées par Seema Malhotra pouvaient en outre paraitre d’autant moins convaincantes que celle-ci était censée avoir quitté ses fonctions depuis plusieurs semaines, d’où la supposition que les locaux étaient vacants. Malhotra finit par faire ses excuses aux personnes d’abord incriminées, exprimant ses « regrets pour la souffrance » occasionnée par ses accusations.

En suivant immédiatement l’affaire de la brique, ce deuxième fait divers, aussi dépourvu d’intérêt que le premier (qui reposait sur une présentation inventive des faits), permit cependant d’affiner le récit en train d’être construit. Dans le cas présent, il y avait maintenant des raisons de penser que McDonnell et Corbyn avaient eux-mêmes recours à des méthodes peu honorables, voire, franchement malhonnêtes, vis-à-vis de leurs propres collaborateurs au sein de l’équipe d’opposition parlementaire.

Et quel crédit fallait-il alors accorder aux invitations au calme et au respect mutuel au sein du parti, lancées dans les jours précédents, lorsqu’il s’avérait que ces invitations venaient de dirigeants qui se rendaient eux-mêmes responsables de l’espionnage, voire de l’agression et de l’intimidation de leurs propres collègues ? Ne reconnaissait-on pas là ces penchants totalitaires, cet atavisme moscovite, qui sont la disposition chronique des adeptes du socialisme ?

Ces « affaires » permirent d’entretenir le bruit médiatique dont il restait urgent d’entourer la nouvelle direction du Labour, afin d’en rendre le plus possible inaudibles les propositions politiques, les projets, priorités et programmes. Il semblait alors plus aisé et peut-être même crédible, dans ces circonstances, de faire grief aux dirigeants d’être incapables de faire entendre leurs propositions. Et bien entendu, il était d’autant plus urgent que l’opinion publique en général, et l’électorat travailliste en particulier, prennent enfin conscience de cette incapacité à communiquer, mais aussi de ce vandalisme et de cet esprit de manipulation de la « gauche dure ».

Au moment même où s’engageait une nouvelle campagne pour l’élection de la direction du parti, n’était-il pas urgent de faire connaître ces vérités afin que les électeurs et électrices travaillistes se déterminent enfin en connaissance de cause ?
Thierry Labica

Source : ACRIMED, Thierry Labica, 11-01-2017

Source: http://www.les-crises.fr/grande-bretagne-les-principaux-medias-contre-jeremy-corbyn-par-thierry-labica/


Écorama : l’avenir de nos retraites

Wednesday 25 January 2017 at 01:45

Dans son dernier rapport, le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) s’alarme de la dégradation du ratio actifs-inactifs qui pourrait compromettre le financement des retraites dans les décennies à venir. Comment en est-on arrivé là ? Quelles générations risquent-elles d’être sacrifiées ? Repousser encore l’âge du départ à la retraite est-il une solution ? Le point de vue d’Olivier Berruyer du site les-crises.fr. Ecorama du 24 janvier présenté par Vincent Touraine, sur Boursorama.com. (Lien source)

Source: http://www.les-crises.fr/ecorama-lavenir-de-nos-retraites/


Les graves effets des particules sur la santé

Wednesday 25 January 2017 at 01:35

 

 

L’impact sur la santé

AirParif nous montre ici les filtres de collecte de particules PM10 présents dans les appareils de mesure de la qualité de l’air, dans le centre de Paris, lors du pic de décembre 2016. Plus le filtre est foncé, plus il est chargé en particules fines :

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Filtre de mesure de la pollution aux particules après 24 heures de filtrage durant le pic de pollution du 7/12/2016 à Paris

On imagine ce qu’il se trouve dans nos poumons – vu qu’environ 15 000 litres d’air transitent chaque jour par nos voies respiratoires.

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1952 : Londres a testé pour vous…

Le grand smog de Londres (en anglais, The Great Smog, mot-valise formé à partir des mots anglais smoke [fumée] et fog [brouillard] – ou Big Smoke : « la grande fumée ») de décembre 1952 est le smog particulièrement dense qui recouvrit Londres durant la période allant du vendredi 5 au mardi 9 décembre 1952, considéré comme la pire pollution atmosphérique de toute l’histoire du Royaume-Uni.

La froide météo qui précéda et accompagna le smog eut pour effet que les Londoniens brûlèrent plus de charbon que de coutume pour lutter contre le froid, charbon de qualité médiocre durant l’après-guerre.

Il y avait également de nombreuses centrales électriques alimentées au charbon qui contribuaient à augmenter le niveau de pollution.

À tout ceci s’ajoutaient la pollution et la fumée produites par l’échappement des voitures — tout particulièrement celles qui venaient des autobus fonctionnant au diesel, qui venaient de remplacer le système de tramways récemment mis à la ferraille — ainsi que par d’autres sources industrielles.

Le jeudi 4 décembre 1952, un anticyclone s’installa sur la ville de Londres sans un souffle de vent, provoquant une inversion de température, avec de l’air très froid pris au piège sous un « couvercle » d’air chaud. Le brouillard résultant, mêlé à la fumée des cheminées, aux particules (par exemple celles émises par l’échappement des voitures) et à d’autres produits polluants (en particulier le dioxyde de soufre), se traduisit par l’apparition d’un smog persistant, qui recouvrit la capitale d’une épaisse couverture, dont la couleur jaune-noire (provoquée par la présence de particules de suie riches en goudron) lui valut son nom de « soupe de pois ». L’absence de vent empêcha qu’il se disperse et permit une concentration d’agents polluants sans précédent, d’autant que, juste avant cette épisode, des vents d’est avaient amené sur Londres de la pollution du continent.

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Le dioxyde de soufre émis par la combustion du charbon a joué un rôle clé dans l’origine du smog ; sa concentration était 7 fois supérieure à celle de l’année précédente à la même époque. Des travaux de 2016 indiquent que ce seraient les dioxydes de soufre et d’azote qui se seraient mêlés à des vapeurs d’eau, formant ainsi des particules d’acides sulfuriques et nitriques, qui auraient provoqué une intoxication massive ; il s’agirait donc d’une brume acide de grande envergure, concluent les scientifiques.

Bien que Londres ait été habituée aux brouillards épais, celui-ci était plus épais et dura plus longtemps qu’aucun autre avant lui : la visibilité était réduite à quelques mètres, et le smog dura du vendredi 5 au mardi 9 décembre.

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Dans les semaines qui suivirent, les statistiques élaborées par les services médicaux firent apparaître que le brouillard avait rendu 100 000 personnes malades, et tué 4 000 londoniens. La plupart des victimes étaient très jeunes, âgées, ou avaient des problèmes respiratoires préexistants. Dans la plupart des cas, la mort était provoquée par une infection des voies respiratoires due à une hypoxie ainsi qu’à l’obstruction mécanique du passage de l’air par le pus provenant de l’infection des poumons causée par le smog.

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Cependant, des recherches plus récentes ont montré que le nombre de morts liées au smog était largement sous-estimé : il serait nettement plus élevé, de l’ordre de 12 000 morts (source). Environ 8 000 décès d’origine cardiaque ou respiratoire se produisirent en effet dans les mois suivants et furent attribués au smog.

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Le pire est que ce bilan semble n’être pas encore clos : selon une étude de la Columbia University, son effet s’est fait sentir bien après chez les enfants alors âgés de 0 à 1 an (20 % d’asthme en plus dans l’enfance), et ce jusqu’à nos jours, soit plus de 60 ans plus tard (10 % asthmatiques en plus dans cette tranche d’âge). Ce qui confirme l’impact, observé lors d’autres études, d’une exposition précoce à la pollution de l’air, alors que les poumons se développent, sur le risque ultérieur d’asthme.

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La mortalité dramatique provoquée par le smog donna un élan important au mouvement moderne en faveur de l’environnement, et amena à repenser les phénomènes de pollution atmosphérique, car le smog avait fait la démonstration de son potentiel mortifère. Il constitua une impulsion majeure à l’adoption des lois de 1956 et 1968 sur la qualité de l’air au Royaume-Uni, qui restreignirent l’utilisation de combustibles polluant par l’industrie et proscrivant la fumée noire. Cela déclencha un mouvement planétaire, les États-Unis adoptant leur loi sur l’air en 1963

Cependant, si le mix de pollution observé lors du grand smog n’est plus le même sévissant actuellement dans les grandes villes occidentales, où le Dioxyde de soufre a très fortement diminué, il frappe encore les grandes métropoles asiatiques, notamment Pékin.

Les effets sur la santé

Les effets des aérosols sur la santé ont fait l’objet de nombreuses études et il est aujourd’hui admis que les particules jouent un rôle important dans les effets sanitaires engendrés par la pollution atmosphérique. Comme nous l’avons vu, la pollution de l’air tue des centaines de milliers d’européens tous les ans.

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Les principaux effets mis en évidence sont des troubles respiratoires mais aussi cardiologiques qui peuvent survenir à court terme (dans les quelques jours à quelques semaines suivant l’exposition) ou bien à long terme (suite à une exposition chronique sur plusieurs années). Les particules atmosphériques peuvent déclencher des réactions inflammatoires, une amplification des réactions allergiques, des maladies respiratoires obstructives chroniques (asthme, bronchiolites, rhino-pharyngites, excès de toux, hypersécrétion bronchique, des irritations oculaires…), un stress oxydant, mais aussi un remodelage irréversible des tissus pulmonaires et une modulation de l’expression des gênes pouvant conduire à l’apparition de cancers – les matières particulaires dans leur ensemble sont désormais classées cancérogènes pour l’homme. On constate à la fois une aggravation des affections respiratoires et une augmentation de l’incidence de ces maladies. Par ailleurs, les particules peuvent engendrer des effets néfastes sur le système cardiovasculaire. Ces différents effets peuvent se traduire notamment en termes de consultations médicales, d’hospitalisations ou de décès anticipés.

À ce jour, il n’a pas été mis en évidence de seuil en-dessous duquel les particules seraient inoffensives. En revanche, les concentrations accrues de particules augmentent les risques d’effets délétères (symptômes, hospitalisations, décès…). Les autres facteurs déterminants dans les effets sur la santé sont la taille, la morphologie et la composition chimique.

Les études expérimentales ont mis en évidence que les particules se déposent différemment dans les poumons en fonction de leur taille. Récemment, il a été démontré que les plus petites nanoparticules s’arrêtent pour la plupart aux niveaux supérieurs, tout comme les particules grossières.

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Cette figure correspond à la situation moyenne chez des personnes en bonne santé. Les dépôts sont beaucoup plus importants chez les personnes souffrant d’asthme ou de bronchite chronique.

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Les particules fines “plus grandes” sont capables de se répartir dans l’ensemble des voies respiratoires jusqu’aux alvéoles (en particulier les particules de type diesel) par lesquelles s’effectuent les échanges gazeux entre l’air et le sang, et persistent longtemps dans l’organisme, car elles résistent en partie aux processus d’élimination (mucus dans les bronches, macrophages dans les alvéoles). De plus, les très petites particules peuvent être en nombre très important, et elles offrent de ce fait une surface de contact plus importante que les grosses.

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Une particule de suie issue du diesel (par agrégation)

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(Notez qu’un globule rouge fait environ 7 µm – comme une grosse PM10…)

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À gauche : poumon de fumeur ; à droite, poumon d’un habitant non-fumeur de Sydney

Voici un comparatif éloquent entre un poumon d’un habitant d’une ville saine (Vancouver) et des habitants de la très polluée Mexico :

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En résumé, la plupart des particules qui font :

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Néanmoins la taille n’est pas le seul facteur, la morphologie des particules joue également un grand rôle. Par exemple, les particules d’amiante peuvent avoir une longueur de plusieurs microns, mais leur morphologie en forme de fibre leur permet de pénétrer très profondément dans les alvéoles pulmonaires.

 

Les particules peuvent ainsi passer des voies respiratoires au reste du corps : certaines nanoparticules qui se déposent sur la muqueuse nasale peuvent passer dans le nerf olfactif et de là au cerveau. C’est le cas par exemple du virus de la poliomyélite et des particules métalliques d’une dizaine de nanomètres. Comme on l’a vu, les nanoparticules peuvent aussi passer dans le sang au niveau des alvéoles pulmonaires. Dans certains cas, ce sont les composés chimiques présents dans la particule qui pénètrent après avoir été dissous et pas la particule elle-même.

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Passage de particules vers le cerveau

La nocivité des particules dépend de leur taille et de leur composition chimique. Pour une composition chimique donnée, l’inflammation pulmonaire déclenchée par l’inhalation de particules est fonction de la surface des particules et pas de leur volume. La nocivité des particules dépend aussi de leur composition chimique. Elles peuvent être constituées de nombreuses espèces chimiques (métaux lourds, dioxines, Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques …), dont certaines sont toxiques voire cancérigènes. La fraction carbonée (noir de carbone et composés organiques) est probablement la plus nocive mais les données actuelles ne permettent pas de faire un lien avec des composés spécifiques. Les spécialistes soupçonnent aussi les métaux présents dans les particules, mais il y a trop peu d’études pour conclure.

On connaît mal les mécanismes d’élimination des particules qui se déposent dans les poumons. En première approximation, on considère que :

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Macrophage

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Macrophages avec du carbone inhalé (en noir)

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Par ailleurs, le système qui élimine les particules dans les poumons devient inefficace si la concentration de particules est excessive (il est surchargé). On constate alors que des particules habituellement sans effet sur la santé déclenchent une inflammation pulmonaire chronique.

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Impacts des particules

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Schéma de diffusion des particules dans le corps

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Schéma de diffusion de nanoparticules (NP) dans le corps vers le cerveau, le coeur, le foie et les reins

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Voici la réponse à une exposition à du talc dans le poumon, le foie et les reins :

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Je renvoie les passionnés à cette étude par exemple.

 

Concluons sur le fait que le lien avec la mortalité est désormais très bien établi :

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Ainsi, dans cette étude, 10 µg de particules en plus, c’est environ 2 % de mortalité en plus. Cependant, une étude de l’American Cancer Society de 2002 parle de 4 % de mortalité en plus tous les 10 µg de PM2,5 (lié à +6 % de causes cardiovasculaires en plus, et +8 % de cancers du poumon ; Source)

 

De même pour les effets moins graves :

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Bref, il y a encore beaucoup à faire pour sauver de nombreuses vies :

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Source: http://www.les-crises.fr/les-graves-effets-des-particules-sur-la-sante/