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[Reprise] Le Crédit Agricole aurait-il un problème avec les lanceurs d’alerte ? Par Delphine Dechaux

Monday 20 October 2014 at 00:41

Le Crédit Agricole aurait-il un problème avec les lanceurs d’alerte ?

Par Delphine Dechaux


Le siège du Crédit Agricole à Montrouge. (Jacques Demarthon/AFP)

Elle s’appelle Ida de Chavagnac. Calme et élégante, cette analyste financière raconte son histoire. Elle assure avoir été licenciée du Crédit Agricole pour avoir donné l’alerte sur des pressions commerciales n’ayant pas leur place dans le contrôle des risques d’une banque. Si l’utilité des lanceurs d’alerte n’est plus à prouver depuis l’affaire Snowden, leur protection est loin d’être assurée en France. Témoignage.

Ida de Chavagnac travaillait dans l’équipe “des analystes des risques de crédit de contreparties” du Crédit Agricole. Ce métier au nom compliqué consiste à étudier sous toutes les coutures les “contreparties”, c’est à dire les sociétés financières (assureurs, banques, fonds) à qui la banque prête de l’argent. Ensuite, les analystes donnent à chaque “contrepartie” une note. Les rapports produits par ces moines bénédictins de la banque sont incompréhensibles pour les profanes mais essentiels : s’ils apprécient mal la solvabilité d’un gros emprunteur et que celui-ci fait faillite, le Crédit Agricole, première banque de détail française – un Français sur quatre y possède un compte- peut lui-même se trouver en péril.

Ce métier méconnu, Ida de Chavagnac l’a pratiqué pendant 22 ans, dont 15 chez CACIB, la banque d’investissement du Crédit Agricole. Sa carrière se déroulait sans encombres jusqu’en mars 2010. A cette date, un nouveau responsable prend la tête de son service. Très rapidement, elle constate que son supérieur n’a pas la même appréciation des risques que ses prédécesseurs. “Il n’hésitait pas à surévaluer la notation d’un client, et à me demander d’en faire de même, si cela pouvait favoriser les services commerciaux. Et il me demandait d’accorder systématiquement les limites de crédit demandées par nos clients”, dit-elle (cf document à la fin de cet article).

Dossiers retirés, bonus supprimé

Parfois, elle constate même que son chef passe la ligne rouge : “Je l’ai vu octroyer des limites de crédit à des établissements qui ne publiaient pas de comptes ou qui étaient soupçonnés de blanchiment d’argent dans nos réunions”, rapporte-t-elle.

C’est le début d’un bras de fer entre l’analyste et son supérieur : celui-ci exige qu’elle note de façon plus positive les clients de la banque. Elle s’y refuse, jugeant que son métier consiste à évaluer objectivement les risques, pas à développer le chiffre d’affaires de la banque. Ne parvenant pas à lui imposer ses vues, son supérieur lui retire peu à peu des dossiers.

Fin 2012, le conflit s’envenime. Le supérieur d’Ida de Chavagnac décide de la sanctionner : elle est privée de bonus, pour la première fois de sa carrière. Une punition justifiée par une appréciation très négative. La salariée est accusée “de ne pas favoriser suffisamment l’intérêt commercial de la banque”.

Quid de la nécessaire “muraille de Chine” ?

Le reproche a de quoi surprendre sous la plume d’un contrôleur des risques. Car l’intérêt commercial de la banque et l’appréciation des risques obéissent à des intérêts opposés: plus la note de crédit est faible, moins la banque gagne d’argent. A l’inverse, si les clients sont bien notés, la banque peut réaliser des marges importantes, ce qui l’incite à ouvrir les robinets du crédit. Dans une banque qui fonctionne correctement, les objectifs commerciaux doivent donc être séparés par une “muraille de Chine”.

Ida de Chavagnac considère la suppression de son bonus comme une mesure d’intimidation : on veut lui imposer une dérive commerciale qu’elle juge inacceptable. Elle décide alors de donner l’alerte. En octobre 2013, elle rencontre un premier manager, qui lui donne tort. Puis un deuxième, qui récuse à nouveau ses accusations. La direction des ressources humaines lance une enquête à laquelle elle refuse de participer. Pour elle, le Crédit Agricole s’écarte du sujet en plaçant le débat sur le terrain de la souffrance au travail. “Je ne voulais pas me plaindre de harcèlement et je n’avais rien de personnel contre mon chef. Je voulais simplement que la banque mette fin à ses manquements déontologiques”. En décembre 2013, l’enquête conclut à un non-lieu.

Licenciée pour faute après avoir alerté le DG

Le 6 janvier dernier, en désespoir de cause, Ida de Chavagnac s’adresse à un directeur général de la banque. La réponse tombe le 10 janvier 2014 : licenciement pour faute. Le motif invoqué par la banque est le suivant : la salariée est accusée “d’avoir proféré de graves accusations à l’encontre de son supérieur hiérarchique et de les avoir maintenues alors que l’enquête avait conclu que (celui-ci) n’était coupable d’aucun comportement répréhensible”.

“Jamais je n’aurais imaginé que cela irait si loin”, explique l’ancienne salariée, mère de quatre enfants. “J’ai agi uniquement dans le but de défendre les intérêts à long terme de la banque”. Ni harcelée ni militante, elle découvre qu’elle appartient à la race désintéressée et isolée des “lanceurs d’alerte”. Estimant que la banque n’a jamais cherché à vérifier le bienfondé de ses accusations, elle a lancé deux procédures. Devant le tribunal des prud’hommes, elle demande la nullité de son licenciement et sa réintégration dans la banque. Point important, elle refuse de demander des indemnités : elle ne veut être soupçonnée en aucune manière de chantage à l’égard de son employeur. Elle a également porté plainte contre le Crédit Agricole pour “corruption et tentative de corruption”.

Difficile de dénoncer des faits en France

“Ida de Chavagnac est l’exemple même de la collaboratrice qui a agi dans le respect de la loi et n’a pas été écoutée”, estime William Bourdon, son avocat. “Ce cas est emblématique du fait qu’en dépit des différentes lois votées en France depuis 2008 il reste très difficile de dénoncer des faits dans une entreprise et d’en attendre une réaction adéquate”, poursuit-il.

En France, Stéphanie Gibaud, la whistleblower qui a révélé l’évasion fiscale chez UBS, a été licenciée et se trouve toujours sans emploi. Au Royaume-Uni, les personnes exerçant des représailles à l’encontre d’un lanceur d’alerte encourent jusqu’à deux années de prison. Au Canada, une autorité indépendante a été créée pour permettre aux lanceurs d’alerte de se confier anonymement.

Contacté par Challenges, le Crédit Agricole a indiqué qu’il ne pouvait commenter un contentieux en cours.


Ce document illustre la dérive que l’analyste du Crédit Agricole a souhaité dénoncer. En janvier 2010, Ida de Chavagnac rédige une note sur l’assureur Axa. Le premier assureur français est l’une des très importantes « contreparties » de la banque. Son supérieur occulte tous les commentaires soulignant les risques qui pèsent sur Axa, pour les remplacer par des appréciations plus positives. Ida de Chavagnac écrit par exemple : “le groupe Axa, de par sa stratégie de croissance externe et sa politique d’investissement, est un groupe plus exposé que les deux autres grandes compagnies d’assurance à la crise”. Son supérieur barre et corrige ainsi: “Le groupe Axa est un groupe solide qui montre sa capacité à intégrer les acquisitions effectuées dans le cadre d’une stratégie volontariste de croissance externe”.

Source : Challenges, 4/10/2014


Pour rappel, un article sur Stéphanie Gibaud, citée dans l’article de Delphine Dechaux

Evasion fiscale : le courage de Stéphanie Gibaud, “La femme qui en savait trop”

Par Edwige Coupez.

Harcèlement, mise à l’écart, menace, brimades. Les mots sont faibles pour décrire l’enfer qu’a vécu Stéphanie Gibaud durant six ans. Spécialiste du marketing et de la communication, elle a travaillé à l’ambassade des États-Unis à Paris et au Racing Club de Lens avant de rejoindre UBS.

“Depuis dix jours, les choses ont évolué de telle manière que ça va finalement beaucoup mieux, déclare l’ex-collaboratrice de la filiale française de la banque suisse UBS sur France Info. Parce que ce bébé qu’est le livre m’aide à comprendre que j’avais raison. Il fallait que je mène ce combat parce que ça a été tellement violent qu’il fallait
expurger toute cette souffrance et toute cette histoire.”

Son livre La femme qui en savait vraiment trop est sorti le 6 février dernier aux éditions du Cherche-Midi. Stéphanie Gibaud raconte son histoire chez UBS France, où elle a occupé le poste responsable du marketing de 1999 à 2008. Son travail était essentiellement d’organiser de grands événements et d’inviter des clients potentiels et des clients de la banque.

“Ma supérieure hiérarchique me demande un jour de juin 2008, en débarquant comme une furie dans mon bureau, de détruire ce qu’il y a sur mon disque dur”

Elle tarde à découvrir ce qui se passe en coulisses. “Je l’ai découvert uniquement parce que l’affaire Birkenfeld a explosé aux Etats-Unis en 2007-2008. Au même moment, c’est comme un mille-feuille. Il se passe mille choses en même temps. Vous êtes perdu… Trop d’informations tuent l’information. On ne comprenait plus rien.”

“Au même moment, on recrute une supérieure hiérarchique avec qui ça ne se passe pas très bien. A ma grande surprise, elle me demande un jour de juin 2008, en débarquant comme une furie dans mon bureau, de détruire tout ce qu’il y a sur mon disque dur, suite à une perquisition à la banque. On n’avait jamais entendu parler de cette perquisition. Il n’y a pas eu de réunion officielle.”

“On m’a demandé de détruire toutes les listes des clients invités sur les événements”, poursuit Stéphanie Gibaud, “les noms et les prénoms des clients, ainsi que le nom de leurs chargés d’affaires. (…) En fait, les chargés d’affaires suisses étaient présents sur les événements que j’ai organisés pendant plus de huit ans et moi j’ignorais que c’était illégal…”

Source : France Info, 16/2/2014

Source: http://www.les-crises.fr/le-credit-agricole-aurait-il-un-probleme-avec-les-lanceurs-d-alerte/


[Vidéo] La Face Cachée du Chocolat

Sunday 19 October 2014 at 03:53

Le chocolat, un plaisir innocent ? Des ONG soupçonnent les producteurs de cacao d’exploiter des enfants dans leurs plantations. Parti enquêter au Mali et en Côte d’Ivoire, Miki Mistrati en ramène des preuves accablantes.

La moitié – soit 1,5 million de tonnes par an – de la production mondiale de chocolat est consommée par les Européens. Mais que savent-ils des conditions dans lesquelles le cacao est récolté ? Malgré les promesses de traçabilité des géants du chocolat, des rumeurs persistantes évoquent des trafics d’enfants exploités dans les plantations, au mépris des lois locales et internationales.

Pour en avoir le cœur net, le journaliste d’investigation Miki Mistrati est parti en Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, et au Mali. Des représentants de la filière jusqu’aux responsables ivoiriens haut placés, tous nient l’existence d’agissements illégaux. Pourtant, les images d’enfants filmés en caméra cachée, ainsi que le témoignage d’un membre d’Interpol qui s’est attaqué à ces trafics, confirment qu’il s’agit là d’un fléau de grande envergure.

Source: http://www.les-crises.fr/video-la-face-cachee-du-chocolat/


Charles Gave et Gael Giraud aux Experts sur BFM

Sunday 19 October 2014 at 01:31

Excellente émission du 13/10/2014…

Source: http://www.les-crises.fr/charles-gave-et-gael-giraud-aux-experts-sur-bfm/


Revue de presse internationale du 19/10/2014

Sunday 19 October 2014 at 00:01

La Chine va mal, les USA ne se portent pas très bien, l’UE n’est pas au mieux, le système bancaire non plus, l’usage d’Internet est de plus ne plus cerné (enfin certains tentent de le faire), par contre l’espionnage prospère. Côté positif, il y a quand même l’article de Penny Red, à lire en dernier du coup ;-) A part ça merci à nos contributeurs et bonne lecture !

Source: http://www.les-crises.fr/rdpi-19-10-2014/


[Reprise] Notes sur la “ligne rouge” des Russes, par Philippe Grasset

Saturday 18 October 2014 at 03:32

Je reprends un excellent papier de DeDefensa d’hier.

On peut être d’accord ou pas, mais il faut avouer que ça vole un peu plus haut que Le Monde ou Libération

Comme d’habitude, merci de traduire les passages en anglais en commentaire (et de vous corriger éventuellement entre vous en commentaire du coup si besoin). Je mettrai à jour.

17 octobre 2014 – Plusieurs éléments très concrets montrent que la diplomatie russe est entrée dans une nouvelle époque. Il n’y a plus de “relations privilégiées” avec les USA, selon l’idée de la Guerre froide que les deux grandes puissances nucléaires devaient coopérer pour assurer une certaine stabilité de leurs relations et, partant, des relations internationales, idée reprise en filigrane lors de l’épisode dit du reset des relations Russie-USA, au début de 2009.

La Russie avait averti à de multiples reprises depuis le commencement de la crise ukrainienne, à mesure de la mise en évidence du comportement des différents acteurs de la crise, qu’elle serait conduite à devoir envisager une nouvelle attitude, complètement différente du point de vue structurel, qui prendrait en compte l’hostilité agressive manifestée par les USA (et le bloc BAO) à son encontre, à mesure que se confirmait cette hostilité. Personne, au sein du bloc BAO, n’a entendu la Russie, pour la raison d’ailleurs assez simple que personne n’écoutait puisque tout le monde était (et reste) accaparé par la narrative qui décrit la situation pour le compte exclusif du bloc BAO. La Russie est un pays sérieux, qui ne parle pas pour ne rien dire et qui, en matière diplomatique, entend dire précisément et substantiellement ce qu’elle pense et ce qu’elle fait. En conséquence, la Russie est passée à l’acte.

La fin d’une époque

Il s’agit de la confirmation de ce qu’écrivait Fédor Loukianov le 2 octobre 2014 dans The Moscow Times (voir notre texte du 16 octobre 2014). Nous reprenons l’extrait cité de l’article de Loukianov, qui décrit parfaitement la fin d’une époque :

«Les évènements actuels peuvent peuvent être comparés à un ceux d’un autre point de rupture de l’histoire de la Russie, 1917 — le point où l’Empire Russe disparut pour toujours et où l’état qui lui succéda devint un paria international. Frappée par des sanctions qui fondamentalement avait changé son statut dans le monde, la Russie Soviétique plaçait ses espoirs dans la souveraineté absolue, ou la création d’une économie fermée et auto-suffisante. Je ne suggère en aucune façon que la Russie d’après l’affaire de Crimée soit analogue au pays qui est sorti des flammes de la révolution de 1917. Je dis qu’une fois que les autorités gouvernant un pays ont été déclarées indignes par les autorités étrangères, elles ne peuvent plus jamais réparer les dégâts causés dans leurs relations avec elles… [...]

»Après la fin de la Guerre Froide, le dialogue de la Russie avec l’Ouest pris comme un tout, mais particulièrement avec l’Europe, était basé sur l’hypothèse que la Russie allait finalement devenir une partie d’une “société occidentale” étendue, bien que les deux côtés aient eu des idées différentes sur la façon d’arriver à ce résultat et sur le rôle final qu’y aurait eu Moscou. Cependant ils retenaient l’idée d’un “partenariat stratégique”, une association demandant sinon de la confiance mutuelle sincère, au moins un silence commun sur les points persistants de suspicion. L’application des sanctions a mis fin à tout cela…

»Aujourd’hui, le système politique tout entier de la Russie est incarné par un seul homme. Les tentatives occidentales pour faire pression sur lui ont abouti à de très prévisibles mesures de représailles tant au niveau personnel qu’au niveau du gouvernement. Et à la différence des anciens présidents d’Irak et de Serbie, le Président Poutine a à sa disposition de très impressionnants outils économiques et politiques pour donner force à ses propres moyens de représailles dissuasives. En fait, les sanctions de l’Occident cherchent à évincer la personne même qui à elle seule détermine le cours de la politique russe. Pour Poutine, la question n’est pas seulement de gagner ou de perdre une position tactique dans un jeu. Est en jeu sa propre survie politique, et par extension, le futur paysage politique de la Russie. Avec de tels enjeux, comment attendre de lui des concessions importantes, surtout en sachant qu’il ne pourra jamais restaurer ses relations avec l’Ouest ? ...»

Trois événements décrivent la nouvelle époque

Nous distinguons trois éléments, trois événements apparus ces trois derniers jours qui fixent effectivement la nouvelle ligne de la Russie. Il y a désormais une “ligne rouge”, comme aiment à dire les “communicants” de Washington et du bloc BAO, entre la Russie et le bloc, mais plus spécifiquement entre la Russie et les USA. On a pu en distinguer le tracé ces trois derniers jours, au gré des trois événements en question.

Il est probable qu’avec l’Europe, la Russie peut travailler à chercher des arrangements moins stricts que cette “ligne rouge” qui concerne essentiellement les USA. Mais cela devra être payé, pour les Européens, par un éloignement des USA à mesure. Emettre cette restriction, c’est mettre en évidence le caractère extrêmement incertain de l’hypothèse. (Notre sentiment est sans aucun doute qu’il faudrait des bouleversements en Europe, au niveau des gouvernements des États-membres, pour s’orienter vers de telles conditions qui pourraient rétablir de bonnes relations avec la Russie, au prix d’une certaine distance mise avec les USA. Il s’agirait, par exemple, de changements radicaux de directions, comme l’arrivée de partis “eurosceptiques” à la tête des exécutifs.)

Nous détaillons ces trois événements intervenus dans la politique et la diplomate russes, dans l’ordre chronologique plus que selon un jugement de leur ordre d’importance. Il s’agit ici d’identifier les éléments constitutifs de la nouvelle ligne suivie par la Russie.

La colère de Medvedev

Le premier de ces événements est survenu le 15 octobre 2014, du fait du Premier ministre russe Medvedev lors d’une interview à la chaîne de télévision CNBC. Le choix du moyen de communication lui-même est marquant : CNBC est une chaîne US d’audience nationale. On en déduit évidemment que l’intervention de Medvedev a été faite pour avoir le maximum de retentissement.

Cette intervention est particulièrement dure, dite dans des termes particulièrement crus. Cela est d’autant plus remarquable que Medvedev est un homme jugé en général comme “libéral” dans le sens moderniste du terme, c’est-à-dire un modéré plutôt de la tendance occidentaliste de Moscou, autant qu’un homme calme et mesuré. Qu’importe, Medvedev ne mâche pas ses mots. Il affirme purement et simplement que le président Obama doit être “mentalement dérangé” pour avoir placé, dans son discours de l’ONU, parmi les “menaces contre l’humanité”, la Russie en deuxième position derrière le virus Ebola et avant ISIS/EI/Daesh… (Voir notre texte du 25 septembre 2014.) Cet extraordinaire classement qui relève du plus pur “esprit neocon” sinon d’une dialectique-guignol comme on en fabrique à Kiev, avec le sens des responsabilités à mesure, semble avoir été ressentie à Moscou comme une insupportable insulte faite à la Russie. La réaction de Medvedev est, elle aussi, à mesure.

Obama est-il dérangé (dans sa tête) ?

L’intervention de Medvedev, évidemment présentée sur le site de la CNBC le 14 octobre 2014, est présentée par Russia Today le 15 octobre 2014 dans ces termes :

«Le premier ministre russe a suggéré que les accusations de Barack Obama contre la Russie étaient dues à une aberration mentale. Il ajoute que cette rhétorique l’attriste : “Je suis vraiment choqué par le fait que le président Obama, alors qu’il parlait depuis le podium des Nations Unies et qu’il faisait la liste des menaces et des défis que l’Humanité doit affronter actuellement, ait pu placer Ebola en premier, la Fédération de Russie en second et l’Etat Islamique en troisième place seulement. Cela se passe de commentaire, c’est une sorte d’aberration de l’esprit”, a déclaré Dimitri Medvedev durant une interview avec la chaîne de télévision CNBC.

Cet homme politique, parmi les plus haut placés en Russie, a fait remarquer que son pays ne cherchait pas l’isolement, mais désirait au contraire une coopération mutuelle et profitable avec les nations étrangères. “Bien sûr, cela inclut nos partenaires des États-Unis, mais pour cela, il convient de calmer la situation” a dit Medvedev. Toutefois, le premier ministre a aussi indiqué que les sanctions occidentales avaient infligé des dommages considérables à la coopération entre la Russie et les États-Unis, et que sans annulation de cette politique il ne pouvait y avoir de retour à de bonnes relations de partenariat.»

Le danger de la confrontation suprême

Il y a ensuite l’avertissement discret mais bien réel de Poutine lui-même, qui constitue le deuxième événement de la tendance générale qu’on analyse ici. Le président russe a glissé en fin de sa longue interview au journal serbe Politika (à l’occasion de sa visite en Serbie) quelques mots qui constituent ce qui devrait sans aucun doute être considéré, – si l’on porte quelque attention à ce qui se dit, surtout dans le chef du président d’une puissance comme la Russie, – comme un avertissement sur les dangers d’une confrontation nucléaire au plus haut niveau, particulièrement pour les deux principales puissances nucléaires.

Là aussi, la chose est présentée dans des termes assez fermes puisqu’elle décrit le contexte d’une tentative de “faire chanter” la Russie. Il s’agit bien entendu des relations de la Russie et des USA, dans le cadre de la crise ukrainienne et des relations brutalement détériorées entre les deux puissances. A notre connaissance, c’est la première fois que Poutine évoque, en des termes aussi précis quoique très courtement et d’une façon implicite, la responsabilité marquant les relations entre les deux puissances nucléaires, et le risque suprême si cette responsabilité n’est pas assumée d’une façon satisfaisante, – nous allions écrire “d’une façon responsable“… (Le texte complet de l’interview est notamment publié parRussia Today le 16 octobre 2014.)

On ne fait pas chanter la Russie

Nous présentons ces quelques mots qui concluent l’interview dans le contexte général où ils sont dits, en réponse à la dernière question portant sur les relations de la Russie avec l’Ukraine et avec les USA (“Quel est le futur des relations entre la Russie et l’Ukraine ? Les Etats-Unis et la Russie pourront-ils rétablir un partenariat stratégique après tous ces événements, ou reconstruiront-ils leurs relations d’une manière différente ?”) et le passage que nous choisissons, qui termine l’interview, concerne effectivement et spécifiquement les relations entre la Russie et les USA… (Nous soulignons en gras le passage sur l’avertissement de Poutine).

“En ce qui concerne les liens entre Russie et US, notre but a toujours été de construire un partenariat ouvert avec les Etats-Unis. En réponse, cependant, nous constatons des réserves diverses et des tentatives d’intervention dans nos affaires domestiques. Tout ce qui est arrivé depuis le début de l’année est encore plus perturbant. Washington a soutenu activement les protestations de Maïdan, et lorsque les supôts de Kiev ont monté les unes contre l’autre des régions de l’Ukraine par un nationalisme enragé et plongé le pays dans la guerre civile, Washington a accusé la Russie d’avoir provoqué la crise”.

» Maintenant le Président Barack Obama dans son discours à l’Assemblée Générale de l’ONU a cité “l’agression russe en Europe” comme étant une des trois menaces majeures auxquelles l’humanité avait à faire face aujourd’hui, à côté du Virus mortel Ebola et de l’État Islamique. Avec les sanctions contre des secteurs entiers de notre économie, cette approche ne peut être appelée autrement qu’hostile. Les États-Unis sont allés aussi loin que de suspendre notre coopération dans l’exploration spatiale et l’énergie nucléaire. Ils ont aussi suspendu l’activité de la Commission Présidentielle Bilatérale Russie-États-Unis créé en 2009, qui comportait 21 groupes de travail consacrés, entre autres, au combat contre le terrorisme et le trafic de drogue.

»“En même temps, ceci n’est pas la première dégradation des relations entre nos pays. Nous espérons que nos partenaires réaliseront la futilité de tentatives de faire chanter la Russie et se rappelleront quelles conséquences la discorde entre des puissances nucléaires majeures pourrait apporter à la stabilité stratégique. Pour notre part, nous sommes prêts à développer une coopération constructive basée sur les principes d’égalité et le respect véritable des intérêts de l’autre.”

Le bloc BAO et son problème pathologique

Divers autres sujets ont été abordés dans cette interview, autour des thèmes de la crise ukrainienne et des relations avec le bloc BAO. Il a été question des sanctions, sur le fond général du jugement de Poutine qu’il est particulièrement difficile de comprendre pourquoi elles ont été décidées, en fonction de leur chronologie et des événements en Ukraine, et selon l’appréciation du même Poutine qu’il est complètement absurde de prétendre “isoler la Russie” comme il est dit en général pour commenter les sanctions, par divers personnels politiques du bloc BAO, dont notamment le POTUS washingtonien… Bref, à la question concernant l’“objectif ultime” des sanctions décidées par l’UE et les USA, Poutine répond que cette question «doit être posée à l’UE et aux USA, dont le raisonnement à cet égard est particulièrement difficile à comprendre…».

Quoique dit d’une façon moins tranchante, ce jugement renvoie, pour l’humeur et l’esprit, à ce qu’on a dit plus haut de l’intervention de Medvedev. Il montre d’une façon assez précise que la direction politique russe, avec toutes ses nuances, partage le même jugement sur le comportement du bloc BAO, en le situant au niveau quasi-pathologique d’un dérangement des capacités mentales.

D’une façon générale, l’“avertissement” de Poutine n’a pas été mis en exergue par les commentaires russes, suivant en cela la politique diplomatique russe qui est clairement de manifester avec discrétion une fermeté de fer concernant cette nouvelle ligne. Ainsi, RT, dans son commentaire sur l’interview de Poutine, titre sur l’observation où la tentative d’isoler la Russie est appréciée comme “un but illusoire et absurde”. La phrase sur la “stabilité stratégique”, elle, est citée dans l’avant-dernier paragraphe, sans commentaire particulier (RT, le 16 octobre 2014).

L’héroïsme milanais des FEMEN

D’une façon générale également, la réaction des médias du bloc BAO traite très accessoirement l’avertissement de Poutine, toujours selon cette attitude d’extrême légèreté et de complet mépris pour la position et les activités diplomatiques de la Russie. Ainsi, le Guardian, qui enterre le texte de l’interview dans un commentaire sur les relations de la Russie avec la Serbie, donnait la vedette dans ce domaine, le jour de la parution de l’interview, à ce qui semblait ainsi apparaître comme la grande nouvelle du jour : une manifestation de deux FEMEN à Milan, en marge de la conférence de l’ASEM où l’on reçoit les plus grands (de Poutine à Merkel, de Hollande à Porochenko). Les deux FEMEN avaient à l’esprit d’accueillir avec la vigueur qui convient “un tueur” couvert du “sang des Ukrainiens”. Elles étaient en mini-jupe rouge, sans rien au-dessus bien entendu puisqu’il s’agit d’être héroïque et de ne rien craindre de la violence et de l’injustice du monde ; à propos, le rouge entendait symboliser le fameux “sang des Ukrainiens” et “le tueur”, lui, n’est autre que le président russe. (Voir leGuardian du 16 octobre 2014.)

On observera avec intérêt avec quelle extraordinaire facilité les institutions les plus sérieuses et les plus professionnelles selon leur propre classement, – dito, le Guardian, – peuvent sombrer dans le ridicule et l’extrême futilité lorsque la passion idéologique et sociétale les emporte et leur dicte la narrative à suivre. Quant aux FEMEN, si besoin était la messe est dite, pour décrire ce petit groupe fastueusement financé par les habituelles sources de fric, Soros en tête, pour réduire la politique au degré du zéro absolu et conchier tout ce qui peut exister de structuré dans ce pauvre monde. Le Système fonctionne.

On notera tout de même que, sur l’internet, ZeroHedge.com a bien compris l’importance de l’intervention de Poutine (le16 octobre 2014). Tyler Durden interprète clairement la déclaration lorsqu’il titre : « Putin Warns Of “Nuclear Power Consequences” If Attempts To Blackmail Russia Don’t Stop». Le texte est très court et cite pour l’essentiel une dépêche de Bloomberg.News, qui présente également la phrase de Poutine comme un avertissement sérieux. Durden le termine par cette seule ligne de commentaire qui reprend l’idée : «Opportune timing with markets weak for some nuclear sabre rattling…»

Kerry tout sourire

Le troisième élément que nous voulons mettre en évidence ponctue la rencontre Lavrov-Kerry qui s’est faite le 16 octobre à Paris, dans une bonne atmosphère puisque le secrétaire d’État, abandonnant sa dialectique type-Nuland, s’est montré tout sourire avec son “ami Sergei” pour tenter d’obtenir la coopération des Russes dans la lutte contre ISIS/EI/Daesh. Il s’agissait donc de demander à la “deuxième menace contre l’humanité” d’aider les USA, qui règlent ce qui est bon et ce qui est mauvais pour l’humanité, à lutter cotre la “troisième menace contre l’humanité” dont on sait qu’elle a été constituée, formée, financée, armée, par les USA eux-mêmes avec les amis habituels (Arabie, Qatar & compagnie). Tout cela est très logique et plein du sens des responsabilités.

Après la rencontre, les deux ministres ont fait des déclarations séparées. Russia Today en rapporte la substance le 16 octobre 2014 au soir. Comme on le voit, Kerry ne manque pas de rappeler que les deux puissances, – USA et Russie, – “ont des responsabilités communes importantes”. Il était en effet très important et particulièrement sage, de la part des USA, de rappeler la chose à la face du monde entier et singulièrement à l’ami Sergei. Une pratique aussi constante et en aussi parfaite inconscience de l’inversion, au rythme des narrative, ne laisse guère le temps de reprendre son souffle…

«Néanmoins, Kerry a souligné mercredi l’importance de la coopération dans un large éventail de questions, y compris la lutte contre le terrorisme, en disant que« nous avons ensemble de grandes responsabilités. »« Dans nos discussions d’aujourd’hui, j’ai suggéré au ministre des Affaires étrangères Lavrov que nous intensifions la coopération d’intelligence à l’égard ISIL et d’autres questions de contre-terrorisme relatifs à cette région, et nous nous sommes entendus sur des solutions. Nous avons également convenu d’examiner si la Russie pourrait faire davantage pour soutenir les forces de sécurité irakiennes et FM a en effet reconnu leur volonté de les aider pour ce qui concerne les armes, l’armement … ils le font maintenant, et ils en ont déjà fourni certains, tout autant qu’ils prodiguent formation et conseils », a déclaré Kerry.

»Dans une déclaration distincte afin de résumer leur réunion, Lavrov a déclaré que “nous pouvons mieux coopérer ensemble” et en particulier dans les questions relatives à “la lutte contre le terrorisme, qui est devenue la principale menace pour l’ensemble du Moyen-Orient”. Cependant, la FM russe n’a pas précisé les modalités de cette coopération … »

Bras d’honneur de Lavrov

L’on fut assez prompt, après cette rencontre qui nous annonçait que les monstrueux et barbares tueurs russes étaient après tout extrêmement fréquentables et assez utiles, à conclure que les USA et la Russie, sur injonction souriante des premiers, avaient décidé d’échanger leurs renseignements sur ISIS/EI/Daesh. C’est-à-dire, traduisons, que les Russes acceptaient de fournir aux USA leurs renseignements à ce propos. Il n’en est rien, ont précisé les Russes, – mais vraiment rien du tout.

L’on revient au texte de RT, dont l’essentiel se trouve dans l’annonce du démenti, par le ministre russe des affaires étrangères, de toute coopération de la Russie avec les USA. La Russie explique ainsi que ce n’est pas de la mauvaise volonté, mais simplement la force des choses telles qu’elles sont … Fidèles à leur volonté de concevoir une politique extérieure selon les engagements, les structures et les principes, les Russes font observer par la bouche de Lavrov : 1) qu’il n’existe aucune résolution de l’ONU organisant une coalition contre ISIS/EI/Daesh, et donc aucun cadre légal international pouvant justifier cette coopération  ; et 2) qu’une structure existe entre les USA et la Russie, pour organiser la coopération opérationnelle contre le terrorisme, mais que les USA l’ont eux-mêmes, unilatéralement, mise en sommeil, comme part des sanctions et autres décidées à l’encontre de la Russie dans le cadre de la crise ukrainienne interprétée selon la narrative qui dicte la marche du monde à Washington… Donc, pas de coopération au niveau du transfert de renseignements.

“La Russie a réfuté les allégations médiatiques selon lesquelles Washington et Moscou étaient tombés d’accord sur un partage du renseignement sur les les terroristes de l’État islamique. Les comptes rendus des journaux faisaient suite aux conversations de ce mercredi entre le ministre russe des Affaires étrangères Serguei Lavrov et le secrétaire d’État US John Kerry.

À l’issue de l’échange de Paris, les deux parties ont tenu des conférences de presse séparées. Les comptes rendus suggéraient que les deux personnalités officielles étaient convenues du partage entre leurs deux pays du renseignement sur les militants de l’État islamique en Syrie et Iraq, et de la participation de la Russie à l’entraînement et au conseil des forces de sécurité irakiennes. Vendredi, le ministre des Affaires étrangères de Russie a fait une déclaration selon laquelle « ces propos émanaient du Secrétaire US John Kerry ». Lavrov a souligné que la Russie avait toujours combattu le terrorisme et porté assistance aux autres pays face à la menace terroriste, et continuerait d’apporter son aide à la Syrie, l’Iraq, et d’autres pays de la région pour renforcer leurs capacités de combat dans la guerre contre les extrémistes.

Néanmoins, le ministre ajoutait que la Russie « ne s’impliquerait dans aucune “coalition” instaurée en contournant le Conseil de Sécurité des Nations unies, et en violation du droit international ». L’attention de John Kerry était également attirée sur le fait que dans le cadre de la Commission présidentielle bilatérale entre Russie et USA, il y avait un groupe de travail chargé du contre-terrorisme dont la finalité était d’améliorer la communication et la coopération entre les deux gouvernements au sujet des menaces teroristes. Mais cet échange d’informations mutuellement bénéfique a été suspendu en 2014 par les USA, a rappelé le ministre.”

Avis de rupture

Il est manifeste que ce dernier élément est le plus significatif de ce tournant de la diplomatie russe, autant que de son tournant stratégique et de son tournant conceptuel. La réaction de Lavrov est une sorte de fin de non-recevoir, un avis de rupture non plus seulement dialectique, mais opérationnel. Il constitue une conclusion nette de la séquence qui dit que nous sommes passés d’une ère de coopération structurelle, et d’une certaine complaisance de la part des Russes, – il faut cela pour “coopérer” avec les USA, – à une ère de repli sur les intérêts nationaux avec une éventualité de coopération avec les USA mais selon les normes internationales et en jugeant sur pièces ce que vaut cette coopération.

Le plus original dans cet épisode, – cela n’étonnera personne, – c’est évidemment l’attitude des USA. Il est assuré que les échos de presse selon lesquels les Russes passeraient des renseignements aux USA sont venus d’“officiels” US, c’est-à-dire de la bureaucratie du département d’État. Cela signifie que le département d’État, comme l’administration entière, comme Washington, comme le Système dirons-nous pour faire bref, attendent sans le moindre doute que la Russie coopérera effectivement en fidèle “partenaire” des USA. Il n’est plus question d’Ukraine, d’“agression russe”, d’annexion expansionniste de la Crimée, de sanctions, de rien de tout cela. Tout redevient normal et a Russie tiendra le rôle auquel les USA veulent bien la convier. Il s’agit, à côté de l’affectivité qui triomphe dans la politique du bloc BAO, de l’inculpabilité et de l’indéfectabilité de la psychologie américaniste en mode-turbo, passés au tamis de la doctrine de l’exceptionnalisme… Effectivement, comment peut-on imaginer de refuser ce privilège extraordinaire de voir les USA vous offrir de “coopérer“ en leur passant les renseignements dont vous disposez ?

Hagel et la sagesse de l’OTAN

D’ailleurs, voici une confidence : au fond les USA s’en foutent puisqu’en réalité, seuls eux-mêmes les intéressent… Au même moment où Kerry entreprenait Lavrov et faisait dire par ses fidèles dans la presse-Système que les Russes allaient passer à la casserole du privilège de la coopération, le gentil Hagel, le secrétaire à la défense, l’homme dont on attendait qu’il mît un peu de sagesse et de mesure dans cet incommensurable bordel qu’est, notamment, la politique étrangère US, s’employait lui aussi à en mettre sa dose, de bordel, en agitant le spectre d’une agression russe contre les forces de l’OTAN. La chose n’est pas passée inaperçue du côté russe, et le gentil Hagel lui-même a été désigné à la vindicte de la nouvelle politique de sécurité nationale de la Russie… (Itar-Tass, le 16 octobre 2014)  :

«Russian presidential press-secretary Dmitry Peskov has dismissed US Defense Secretary Chuck Hagel’s rhetoric to the effect Russia was on NATO’s doorstep as unprofessional and alarmist. “We can only regret that rather emotional, alarmist and unprofessional statements are being made,” Peskov told TASS. “Surely, they by no means reflect the real state of affairs.” The realities can easily be seen if one takes NATO maps of 1991 and 2012, he said. “Then nobody will feel in the mood of making any statements, emotional or whatever,” he remarked.

»Speaking at the Association of the US Army’s annual conference on Wednesday Hagel called upon the military to be prepared “to deal with Russia” which, he argued, was “on NATO’s doorstep.” “The demands on the (US) Army will grow more diverse and complicated. Threats from terrorists and insurgents will remain with us for a long time, but we must also deal with a revisionist Russia – with its modern and capable army – on NATO’s doorstep,” he claimed.»

Le coup de la red line

Mais lorsque nous disons que nous sommes passés de l’ère de la coopération à “une ère de repli sur les intérêts nationaux avec une éventualité de coopération mais selon les normes internationales et en jugeant sur pièces ce que vaut cette coopération”, – est-ce bien sûr ? On peut accepter ce jugement si on le tient comme transitoire et intermédiaire. Il indique surtout la rupture des liens du “partenariat stratégique“ de facto entre la Russie et le bloc BAO, principalement les USA, mais il ne limite pas la positon russe à ce seul événement. D’ores et déjà, la Chine attend la Russie, et les pays du BRICS également … Ce “repli sur les intérêts nationaux” introduit en réalité, pour la Russie, une ouverture féconde et extrêmement rapide vers l’Est et le Sud, vers tout-ce-qui-n’est-pas-le-bloc-BAO, par conséquent un réaménagement de fond en comble des relations internationales.

Qui cela étonnera-t-il ? On devine depuis quelques temps que ce réaménagement est inévitable, au rythme de l’aggravation de la crise du bloc BAO, et des exigences et prétentions paradoxales qui accompagnent la chute de cette entité. On sait toutes ces choses et l’on se doute bien que l’on en reparlera plus qu’à leur tour. En attendant, le constat qu’il faut faire est que les Russes, qui sont des gens d’ordre et de rangement d’une part, qui entendent d’autre part gouverner leur propre destinée selon les principes fondamentaux des grandes structurations du monde et non selon les caprices de l’interprétation de communication des événements internes de Washington déclinés au rythme de l’exceptionnalisme US, les Russes donc ont tracé leur “red line” et ont signifié à leurs “partenaires” américanistes que, désormais, ils ne la franchiraient plus. Sans doute les “partenaires” américanistes ne se sont-ils aperçus de rien, ce qui n’a pas beaucoup d’importance puisqu’ils n’ont jamais vraiment tenu compte de la situation internationale et de l’avis et décisions des autres pour développer leur politique extérieure et leur politique de sécurité nationale.

Source : Philippe Grasset, DeDefensa (pensez à soutenir aussi ce site)

Source: http://www.les-crises.fr/reprise-notes-sur-la-ligne-rouge-des-russes-par-philippe-grasset/


[Poutine] Les tentatives de chantage à l’égard de la Russie sont insensées

Saturday 18 October 2014 at 01:48

Interview accordée par Vladimir Poutine au quotidien serbe Politika le 15/10/2014.

Pas pour boire ses propos, mais pour comprendre le point de vue russe, et exercer notre esprit critique et de réflexion…

1/ Vous vous rendez à Belgrade pour participer aux célébrations du 70e anniversaire de sa libération des occupants nazis. Dans quoi réside l’importance de telles commémorations à l’heure actuelle ?

Il y a 70 ans nos peuples ont écrasé ensemble l’idéologie criminelle misanthrope qui menaçait l’existence de la civilisation.

Malheureusement le « vaccin » contre le virus nazi développé lors du tribunal de Nuremberg est en train de perdre de son efficacité dans certains Etats européens. Les manifestations ouvertes de néo-nazisme devenues habituelles en Lettonie et dans d’autres pays baltes en constituent un exemple flagrant. En ce sens, une préoccupation particulière est suscitée par la situation en Ukraine où un coup d’Etat anticonstitutionnel a été perpétré en février dernier et dont les nationalistes et d’autres groupes radicaux ont été la force motrice.

Aujourd’hui il est de notre devoir commun de faire face à la héroïsation du nazisme. De résister avec fermeté aux tentatives de révision des résultats de la Seconde guerre mondiale. De lutter avec esprit de suite contre toute forme et manifestation du racisme, de la xénophobie, du nationalisme agressif et du chauvinisme.

2/ Qu’avons-nous réussi à atteindre au cours de ces 20 dernières années et quelles sont vos attentes eu égard à la dynamique de la coopération russo-serbe ?

Pour l’heure les relations russo-serbes connaissent un essor. En 2013 le chiffre d’affaires de nos échanges a augmenté de 15 % pour atteindre 1,97 milliard de dollars et au premier semestre 2014 il a augmenté de 16,5 % jusqu’à 1,2 milliard de dollars. Nous escomptons un taux de 2 milliards de dollars à la fin de l’année.

Le montant total des investissements russes en Serbie a surpassé 3 milliards de dollars. Le gros de cette somme a été investi dans la branche énergétique ayant une importance stratégique. La mise en oeuvre du projet South Stream doit rapporter à la Serbie plus de 2 milliards d’euros de nouveaux investissements et renforcer notablement sa sécurité énergétique.

3/ Beaucoup a été dit à propos des réductions possibles des fournitures du gaz russe vers l’Europe à cause de la dette ukrainienne. Quel est l’avenir du projet South Stream dont la réalisation intéresse la Serbie ?

En tout premier lieu je tiens à souligner que la Russie honore entièrement ses engagements relatifs aux fournitures de gaz aux consommateurs européens.

Depuis les années 2000 nous sommes parvenus avec nos partenaires européens à réaliser plusieurs projets importants, Nord Stream compris, qui permettent de minimiser les risques liés au transit et d’assurer un approvisionnement ininterrompu des pays européens en gaz. Ces derniers mois Gazprom augmente à des rythmes accélérés les reserves de gaz dans les dépôts souterrains européens. Ces mesures visent à empêcher des perturbations du transit et à assurer les meilleures conditions pour surmonter la période de consommation de pointe en hiver.

Il va de soi que nous tenons compte des risques liés aux phénomènes de crise en Ukraine. Nous nous sommes vus obligés d’arrêter les livraisons dans ce pays en juin dernier car les autorités de Kiev avaient refusé de payer pour le gaz déjà reçu. A la fin de l’été et au début de l’automne une série de consultations trilatérales intenses a eu lieu entre la Russie, l’UE et l’Ukraine portant sur les dénouements mutuellement acceptables concernant le remboursement de la dette ukrainienne pour le gaz, la reprise des livraisons à l’Ukraine et le transit stable des hydrocarbures vers l’Europe. Nous sommes prêts à poursuivre les négociations constructives sur ces thèmes.

Il est évident que le problème de transit par le territoire ukrainien persiste. Une des solutions évidentes réside dans la diversification des itinéraires d’acheminement des fournitures. A cet effet, nous espérons que la Commission européenne va enfin régler la question sur l’utilisation à pleine puissance du gazoduc OPAL.

En outre il est nécessaire de débloquer la situation avec South Stream. Nous sommes convaincus que ce projet apportera une contribution sensible à la sécurité énergétique complexe de l’Europe. Alors tous seront gagnants : aussi bien la Russie que les consommateurs européens, la Serbie comprise.

 

(Lire ici sur ce projet)

4/ Quel est, à votre avis, l’objectif des sanctions économiques de l’UE et des Etats-Unis contre la Russie ? Dans quelle mesure peuvent-elles nuire à la Russie ?

Nos partenaires doivent prendre nettement conscience que les tentatives pour exercer la pression sur la Russie par le biais des mesures restrictives illégitimes unilatérales ne rapprochent pas le règlement et ne font que compliquer le dialogue. De quelle volonté de désescalade en Ukraine peut-il être question si les décisions sur de nouveaux paquets de sanctions sont introduites quasi simultanément avec l’adoption des accords faisant avancer le processus de paix ? S’il s’agit de vouloir isoler notre pays, cet objectif est absolument absurde et illusoire. Il est clair que c’est impossible bien qu’un préjudice non négligeable puisse être bien sûr causé à la santé économique de l’Europe et du reste du monde.

Pour ce qui est de la durée d’action des mesures restrictives, cela dépend également des Etats-Unis et de l’Union européenne. Il est évident qu’une baisse de la confiance mutuelle ne peut pas ne pas exercer un impact négatif aussi bien sur le climat des affaires internationales dans leur ensemble que sur l’activité des sociétés américaines et européennes en Russiepour lesquelles il sera difficile de réparer le préjudice réputationnel.

6/ Comment voyez-vous l’avenir des relations russo-ukrainienns ? Un partenariat stratégique sera-t-il rétabli entre les Etats-Unis et la Russie ou bien dans l’avenir les relations seront organisées autrement ?

Pour la Russie les relations avec l’Ukraine ont toujours joué et continueront de jouer un rôle très important. Nos peuples sont indestructiblement liés avec les racines spirituelles, culturelles et civilisationnelles communes.

L’étape actuelle des relations russo-ukrainiennes a beau être compliquée, mais nous sommes intéressés dans une coopération progressive, égale en droits et mutuellement avantageuse avec les partenaires ukrainiens.

Une possibilité réelle apparaît aujourd’hui d’arrêter la confrontation armée qui est, de fait, une guerre civile. Il est nécessaire d’engager le plus vite possible un dialogue pan-ukrainien réel avec la participation des représentants de toutes les régions et de toutes les forces politiques. Cette approche a été fixée dans la déclaration de Genève du 17 avril. Ce dialogue national doit donner lieu à une discussion détaillée de l’organisation constitutionnelle et de l’avenir du pays dans lequel tous les citoyens de l’Ukraine sans exception puissent vivre confortablement et en sécurité.

En ce qui concerne les perspectives des liens russo-américains, nous avons toujours aspiré à avoir des relations de partenariat ouvertes avec les Etats-Unis.

Il ne reste qu’à déplorer ce qui se passe depuis le début de cette année. Washington a activement soutenu Maïdan et quand ses créatures à Kiev ont plongé le pays dans une guerre civile il s’est mis à accuser la Russie d’avoir provoqué la crise.

Maintenant le président Barack Obama du haut de la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU cite « l’agression russe en Europe » parmi trois principales menaces à l’humanité à côté de la fièvre mortelle Ebola et le groupe terroriste Etat islamique. Vu les restrictions imposées à des secteurs entiers de notre économie, il est difficile de qualifier cette approche autrement que d’hostile.

Les Etats-Unis sont allés jusqu’à faire des déclarations tapageuses sur la suspension de notre coopération dans l’exploration de l’espace et dans l’énergie atomique. Ils ont gelé l’activité de la commission présidentielle russo-américaine créée en 2009 et comprenant 21 groupes de travail qui s’occupaient, entre autres, de la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogue.

Nous espérons que les partenaires prendront conscience du caractère insensé des tentatives de chantage à l’égard de la Russie et qu’ils se souviendront de quoi la discorde entre les grandes puissances nucléaires est lourde pour la stabilité stratégique.

Pour notre part, nous sommes prêts à développer la coopération constructive basée sur les principes d’égalité en droits et de prise en considération réelle des intérêts réciproques.

Source : La Voix de la Russie

Source: http://www.les-crises.fr/poutine-les-tentatives-de-chantage-a-legard-de-la-russie-sont-insensees/


Revue de presse du 18/10/2014

Saturday 18 October 2014 at 00:16

Cette semaine, Sapir, les petits arrangements entre amis (“Démocratie”), les gesticulations côté pétrole/énergies, du mouvement sur l’internet, FMI et ACS/TISA main dans la main, les USA au top par Stiglitz… et un peu de radio sans oublier des livres.

Source: http://www.les-crises.fr/rdp-18-10-2014/


[Hallucinant] Comment le gouvernement s’apprête à baisser la mutuelle santé de 10 millions de salariés (+ ACTION)

Friday 17 October 2014 at 04:00

Allez, un mini-scoop, sur la faute politique de l’année voire du quinquennat, qui agite beaucoup le monde de la protection sociale mais n’a pas encore intéressé les grands médias…

Vous vous rappelez que nous avons longuement analysé sur ce site la folle loi soi-disant “anti-Amazon”(et anti-Fnac), qui, au prétexte d’aider le livre et les libraires, a augmenté cette été les prix des livres en ligne de + 5 %, augmentant le bénéfice d’Amazon d’au moins 15 %, sans qu’évidemment le passage d’un livre de 19 € à 20 € aide un seul libraire en France. Bref, un pur racket au bénéfice du vendeur en ligne. Merci au passage pour les 75 % de Français qui vivent loin d’une librairie… Exemple même d’une décision absurde : on aboutit au résultat exactement inverse au but recherché…

Eh bien là, la ministre de la santé fait très fort, avec, à mon sens, le pire projet que j’ai vu depuis 2012 : baisser fortement les complémentaires des salariés pour augmenter volontairement le reste à charge des Français malades !

I. Le problème

Comme vous le savez, il y a en France 2 mode d’exercice principaux des médecins, le Secteur 1 (où le médecin ne pratique pas de dépassement, et facture le prix fixé par la Sécu, alias le Tarif de responsabilité, soit 23 €) et ceux en Secteur 2 (où ils peuvent fixer le prix qu’il veulent, avec un dépassement d’honoraire, la Sécu ne remboursant que sur la base du tarif de responsabilité). Voici la répartition (toutes les sources viennent de la DREES) :

En 2013, dans les cabinets libéraux des praticiens de secteur 2, 15 % des dépassements sont dus aux omnipraticiens (= les généralistes) et 85 % aux médecins spécialistes. Parmi ces derniers, 3 spécialités concentrent à elles seules la moitié des dépassements : les chirurgiens, les gynécologues et les ophtalmologistes

On peut comprendre la présence de dépassements, car il est assez irréaliste de vouloir payer le même prix un médecin quel que soit sa zone géographique, sa spécialité, sa notoriété/compétence.

Le problème est qu’il y eu de plus en plus d’abus, avec une forte croissance des dépassements :

On note (à droite) que les dépassements ont augmenté de 3 % à 6 % par an depuis 2006.

Au final, les revenus des médecins ont fortement augmenté :

Tirés surtout par le haut de la distribution (les derniers point sont ceux des 10 % gagnant le plus) :

On trouve ici une étude complète sur les revenus de 2008 par spécialité :

(Q1 = limite de 25 % inférieurs ; Q2 = médiane = 50 % au dessus, 50 % en dessus ; Q3 : 25 % supérieurs ; D1 = 10 % inférieurs ; D9 : 10 % supérieurs)

Bref, face à ce problème, on se rend compte que, normalement, une bonne solution consisterait à demander à ce que la Sécu négocie avec les médecins un plafonnement intelligent des tarifs du Secteur 2, (notamment  en fonction du montant total des dépassements constatés l’année précédente, du lieu d’exercice du médecin, de sa spécialité, de ses titres ou de son autorité médicale…) pour éviter, sauf cas rares, des consultations à 120 €… Et en réfléchissant aussi à la revalorisation des tarifs de responsabilité, insuffisant dans certains endroits.

Bref, un sujet pas simple,  mais nullement insoluble – pour peu qu’il y ait un peu de courage politique.

Eh bien la Ministre de la Santé Marisol Touraine a choisi tout autre chose !

II. La vision de la Ministre

Fin 2013, la ministre indiquait au Quotidien du médecin qu’elle faisait « le pari de l’autorégulation » des médecins – ça a bien réussi, bravo à la vision libérale…

Elle a simplement poussé au projet usine-à-gaz de la dernière convention médicale : le Contrat d’Accès aux Soins, proposé librement aux médecins. Ce contrat demande aux médecins, moyennant quelques avantages, de ne plus augmenter leurs dépassements, et de rester en moyenne à des niveaux de dépassements inférieurs à 100 % (soit 46 € la consultation). Evidemment, ce contrat a fait un bide, seuls 30 % des médecins l’ayant signé – à peu près uniquement des médecins qui ne dépassaient pas 46 €…

Que faire alors ? La vision de la ministre est simple :

« Les complémentaires santé doivent s’engager dans une démarche de responsabilité. Vous avez des complémentaires plus généreuses que d’autres et les complémentaires trop généreuses finissent par entretenir des honoraires trop élevés. Je souhaite que nous arrivions à un cadre qui permette d’éviter cette course aux dépassements. » [Marisol Touraine, Radio Classique, 5 mars 2014]

C’est quand même TRÈS original de se dire que quand le patient sera peu remboursé, le médecin baissera gentiment ses tarifs – d’autant que beaucoup de patients sont déjà mal remboursés ! Et il a bonne conscience (et en partie à raison) en se disant que quand on peut payer 60 ou 80 € une coupe / brushing / teinture chez un CAP coiffure, on peut payer 100 € chez un cardiologue Bac + 12 qui vous sauve la vie…

C’est en effet vraiment méconnaître le fait économique élémentaire que la consommation de santé est la consommation désirée par excellence, sur laquelle le consommateur n’a aucune prise : si votre enfant va mal, vous paierez à peu près n’importe quel prix pour une consultation rapide d’un spécialiste compétent – quitte à vous endettez ou même voler… C’est ce qui justifie par essence d’avoir un système de soin socialisé et régulé, ainsi qu’une Sécurité sociale, les États-Unis montrant bien les abus d’un système trop concurrentiel.

Et en plus, c’est stupide, une étude de la DREES montrant bien ceci. Voici le financement des 20 Md€ des dépenses de médecine de ville :

Comme l’indique la DREES : « Le taux de prise en charge des dépassements d’honoraires de médecins par les Organismes Complémentaires est de 30 % en moyenne. Ainsi, sur 1,8 milliard de dépassements en médecine de ville, la part financée par les Organismes Complémentaires est de 560 millions tandis que celle des ménages s’élève à 1,3 milliard d’euros en 2013, ce qui représente 52 % du reste à charge des ménages sur les soins de médecine de ville. »

Bref, sur 100 € de dépassements, les mutuelles n’en remboursent que 30 €, ce qui montre bien que ce ne sont pas les niveaux de remboursement qui poussent à la hausse des tarifs !

En fait, ce chiffre est un peu biaisé, car une partie des Français est couverte par des mutuelles individuelles, qui remboursent généralement moins bien que les mutuelles d’entreprise.

Or, il se trouve que par l’Accord National Interprofessionnel du 11 janvier 2013, mal nommé   « pour un nouveau modèle économique et social au service de la compétitivité des entreprises et de la sécurisation de l’emploi et des parcours professionnels des salariés », n’avait qu’un seul point un peu positif pour les salariés qui est la généralisation de la complémentaire d’entreprise d’ici 2017 (l’entreprise en finançant la moitié).

François  Hollande avait même indiqué en 2012 sa volonté de “généraliser l’accès à une couverture complémentaire de qualité” garantissant un “large niveau de couverture“. (Source)

Ainsi, avec cette décision, sur les 100 € de dépassements, les mutuelles seraient probablement montées à 50 ou 60 € de remboursements – et il n’y aurait eu qu’à légiférer pour diminuer les gros abus des médecins, pour avoir une solvabilisation des ménages avec un accès aux soins facilité…

Mais l’ANI, transposé dans la loi, impose aussi aux entreprises de souscrire des contrats dits “responsables”, c’est à dire remplissant un certain nombre de critères assez simples (comme ne pas rembourser le 1€ de reste à charge, etc), définis par décret.

III. Le projet de la Ministre

Fin juin 2014, la ministre a présenté le projet de décret d’application du PLFSS 2014. Le dossier de presse indique :

« Réguler les dépassements d’honoraires :

Désormais, les contrats responsables ne pourront prendre en charge les dépassements d’honoraires qu’à hauteur de 125%, puis de 100% en 2017, si le médecin n’a pas signé le contrat d’accès aux soins (CAS) instauré par l’avenant n°8 à la convention médicale conclu en octobre 2012, pour lequel il s’engage à modérer ses tarifs. La prise en charge demeurera en revanche illimitée si le médecin a conclu un CAS. »

Et en effet, le projet de décret envoyé à l’Unocam en septembre 2014 indique 2 choses importantes :

« 2° Dès lors que le contrat, le bulletin d’adhésion ou le règlement propose cette garantie, des dépassements tarifaires des médecins n’ayant pas adhéré au contrat d’accès aux soins prévu par la convention nationale mentionnée à l’article L.162-5, dans la double limite de 100 % du tarif de responsabilité et du montant pris en charge pour les dépassements des médecins ayant adhéré au contrat d’accès aux soins minoré d’un montant égal à 20 % du tarif de responsabilité […]

« Cette garantie [d’optique] s’applique, s’agissant des lunettes, aux frais exposés pour l’acquisition d’un équipement composé de deux verres et d’une monture, par période de deux ans, sauf pour les mineurs ou en cas de renouvellement de l’équipement justifié par une évolution de la vue où il s’applique pour les frais exposés pour l’acquisition d’un équipement par période d’un an. »

Le projet de décret est là :

Projet de décret Contrats Responsables publié par les-crises

On se rend compte que le décret indique, en clair, que :

  1. le remboursement total (Sécurité sociale + complémentaire) d’un assuré allant voir un médecin spécialiste n’ayant pas signé de CAS (contrat d’accès aux soins) sera désormais limité à 46 €. Donc si vous voyez des médecins qui dépassent ce seuil et que vous êtes un salarié, remboursé au delà de celui-ci, eh bien très prochainement (comme votre médecin ne signera pas le CAS) votre mutuelle plafonnera votre remboursement (Sécurité sociale comprise) à 46 €, tout le reste sera pour votre pomme !
  2. cerise sur le gâteau, le remboursement des lunettes est limité pour les adultes sans changement de vue à une paire tous les 2 ans (tous les ans pour les enfants), mais ne tient pas compte des cas de casse. Si vous cassez vos lunettes dans les 2 ans suivant leur achat, ce sera aussi pour votre pomme à 100 % ! Idem si votre enfant casse les siennes dans l’année qui suit l’achat.

Sympa quoi… Et le plus drôle, c’est que ceci n’aura pas la moindre conséquence sur la Sécurité sociale et les déficits publics - vu qu’il s’agit d’un problème qui relève purement du secteur privé.

Si on discute parfois de la bonne limite entre la Sécu et les mutuelles, c’est ici une décision qui va diminuer les remboursements des mutuelles pour les transférer… aux ménages malades ! Bref, l’exact contraire de la protection sociale…

Alain Madelin en a rêvé (et encore…), Marisol Touraine va le faire !

Le cynisme n’a pas de limite : le dossier de presse de la ministre s’intitule : « GÉNÉRALISER L’ACCÈS A UNE COMPLÉMENTAIRE SANTÉ DE QUALITÉ » – ce qui est étonnant puisqu’il vise donc à diminuer la couverture de la majorité des salariés qui en avaient une de bonne qualité… 

IV. Conséquences

Ce projet va induire de grosses difficultés d’accès aux soins, suivant les régions et spécialités. Par exemple, en Ile-de -France,  près de 70 % des gynécologues ou des pédiatres dépassent les 46 €…

Il est clair que la forte augmentation à venir des restes à charge risque de pousser de nombreux Français démunis à renoncer à certains soins et consultations, ce qui constitue un réel risque sanitaire.

Par exemple, un couple avec 2 enfants dans une zone avec dépassements serait frappé par un reste à charge annuel de plusieurs centaines d’euros s’il souhaitait maintenir les soins de sa famille à l’identique – ce qu’il ne pourra évidemment pas financer. En effet, avec simplement 1 consultation de gynécologue à 90 € et 3 de pédiatre à 65 €, on aurait déjà plus de 100 € de nouveau reste à charge annuel avec ce projet.

Pour donner une volumétrie, en se basant sur les chiffres du Crédoc, ce sont environ :

Mais le rapporteur socialiste du PLFSS disait bien l’année dernière :

“Si nous avons fixé un plafond à 100 %, c’est que nous souhaitons décrocher du taux de 150 %, qui constitue le seuil de l’abus, à partir duquel des sanctions sont possibles. L’idée qu’un contrat responsable pourrait aller jusqu’à 150 % (57,5 €) heurte les parlementaires de la majorité” (Source)

et un autre (Bapt) :

“Si on considère que le médecin est conventionné,un dépassement d’honoraires d’au-delà de 50 % du tarif opposable (34,5 €) pourrait être non remboursable par les assurances complémentaires.” (Source)

Les socialistes, une certaine idée de la protection sociale…

V. Les alertes

Elles n’ont pas manqué :

Les Institutions de Prévoyance ont indiqué :

“Le Centre technique des institutions de prévoyance (CTip) s’inquiète d’une perte de pouvoir d’achat des salariés provoquée par les réformes en cours dans la protection sociale complémentaire.[...]

Jean-Louis Faure craint que les aspects «positifs» de la généralisation de la complémentaire santé soient «occultés par la fiscalisation de la part patronale des cotisations et l’instauration de plafonds de remboursement». Dire que les salariés bénéficient encore d’un avantage est une «escroquerie intellectuelle», car la prise en charge patronale d’une partie de la cotisation de complémentaire santé fait partie du salaire, a expliqué le délégué général du CTip. La suppression de l’exonération fiscale de l’abondement patronal aux contrats collectifs, prévue par la loi de finances pour 2014, pourrait coûter de 0,3 à 0,5 point de salaire en surcroît d’impôt sur le revenu, surtout aux cadres, estime le CTip. [...]

A cette charge fiscale s’ajoutera l’impact de la révision du cahier des charges des contrats responsables. Prévue par la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2014, elle doit faire l’objet d’un décret en Conseil d’Etat fixant des planchers et des plafonds de remboursement, en particulier pour les consultations de soins de ville et l’optique. « On est sur une approche exclusivement quantitative », a déploré le délégué général du CTip, qui doute de l’efficacité de ce dispositif pour réguler les tarifs de l’optique et les dépassements d’honoraires.”

Les Assureurs et Mutuelles d’Assurance ont indiqué :

“La France peut se prévaloir d’un des restes à charge les plus faibles parmi les pays développés (le second derrière les Pays-Bas). En d’autres termes, en France, les mécanismes de solidarité (prise en charge publique) et de mutualisation (remboursements par les organismes complémentaires) permettent de garantir un accès large à la santé.

Complémentaire, l’assurance santé n’en est pas moins devenue indispensable à une protection de qualité contre les conséquences financières des problèmes de santé.

Sur la base de ce constat, les pouvoirs publics ont souhaité généraliser la complémentaire santé, d’abord à tous les salariés, puis à l’ensemble de la population. Prolongeant cette volonté du Président de la République, une réforme du cahier des charges des contrats « responsables » (96% des contrats commercialisés) est en cours. Elle a pour objectif de limiter les remboursements proposés par les contrats complémentaires en optique et pour les consultations chez les généralistes ou les spécialistes.

Les membres du CORA ont relevé les risques attachés à ce projet. Leur crainte majeure : que ce plafonnement des remboursements par les organismes complémentaires n’incite pas les professionnels de santé à limiter leurs tarifs ou leurs honoraires et fasse augmenter le reste à charge des ménages. L’accès aux soins pour tous serait alors fragilisé par une réforme dont l’objectif est, au contraire, de lutter contre les dépassements pour limiter la part des dépenses de santé restant à la charge des Français, après les remboursements de l’assurance maladie et des complémentaires.”

Les courtiers des entreprises ont indiqué :

Mais à l’heure d’envoyer sa déclaration sur le revenu, les Français découvrent avec amertume que les effets secondaires de cette généralisation seront financièrement très douloureux, et créateurs d’une médecine à 2 vitesses.

La 1ere étape a été franchie avec un effet rétroactif au 1er janvier 2013 : la part patronale servant au financement du régime frais de santé est devenue fiscalisée.Une vraie punition pour les salariés et les partenaires sociaux qui avaient négocié des couvertures et des prises en charge de l’employeur. L’impact moyen a été évalué à une centaine d’euros d’impôt à payer en plus par an.

La 2eme étape se joue ces jours-ci au niveau gouvernemental à travers des décrets en cours de rédaction. Ces effets dévastateurs ne se feront sentir qu’après le 1er janvier 2015. A cette date, les complémentaires frais de santé se verraient contraintes d’appliquer des planchers minimum de garanties et des plafonds maximum de remboursement, créant ainsi un tunnel de soins dogmatique.

Résultat, les restes à charge des ménages augmenteront plus que significativement : Sur les bases d’une étude menée sur 1,1 million de personnes protégées, le plafonnement des dépassements des honoraires à 100 % BR entraînerait une hausse du reste à charge moyen très conséquente (x 2,9) avec de fortes disparités régionales et par spécialités (x 3,2 pour les spécialistes, et x 4,6 pour les neuropsychiatres). Pour l’optique, plus de 80 % des montures adultes sont vendues à un prix supérieur à celui prévu dans le projet de décret (100 €).

Ces mesures coercitives qui toucheraient aujourd’hui les honoraires et l’optique, et peut être demain le dentaire, ne rapporteront directement rien à la Sécurité sociale mais coûteront très cher aux assurés.Au-delà d’une atteinte étonnante et assez doctrinaire à la liberté de contractualiser, elle va obliger les employeurs et les partenaires sociaux ayant négocié par le passé une complémentaire santé de qualité, à en réduire drastiquement les garanties.

N.B. Vous noterez au passage un point dont je n’ai pas parlé. Si vous êtes un salarié protégé par une mutuelle d’entreprise,  les députés ont supprimé l’année dernière l’exonération fiscale sur les cotisations des employeurs. Résultat, vos impôts ont augmenté cette année de 50 à 200 € à cause de ceci (regardez, votre brut à déclarer aux impôts à nettement augmenté par rapport à l’année dernière, alors que, bizarrement, vous n’avez pas été augmenté de ce montant…)

P.S. : Rendons à César : merci à Eric Verhaeghe qui a signalé l’affaire sur son blog : Quand Marisol Touraine nuit gravement à la santé des femmes

P.P.S. : dernier point, pour les mauvais esprits, ce billet n’a pas pour but de “défendre les mutuelles”. En effet, leur interdire de rembourser des dépassements élevés (ce que veut Touraine) a pour elles exactement les mêmes effets qu’interdire simplement ces dépassements abusifs (dans le cadre d’une réforme globale) – ce qui est ma position… :)

VI. Action !

Comme certains me l’ont suggéré, voici quelques actions qui pourraient être efficaces. Si vous êtes choqués, vous pouvez vous plaindre à :

Arrivés à 500 mails, ils regarderont de plus près le sujet…

Diffusez aussi largement l’info…

Source: http://www.les-crises.fr/baisse-couverture-sante/


[C'est encore pire...] Svoboda : “Nous sommes nés pour détruire Moscou !”

Friday 17 October 2014 at 01:30

Radio Svoboda : back to the 1930′s ?

ATTENTION : la radio Svoboda ukrainienne n’a rien à voir avec le parti du même nom. C’est une radio (“Liberté”) qui est en fait Radio Free Europe, financée par le Congrès des États-Unis

Elle a fait un petit montage en rapport avec Hennadiy Kernes, le maire de Kharkiv, vu comme un anti-Maidan (sans être follement pro-russe non plus).

Petit détail, on lui a tiré une balle dans le dos en avril 2014, auquel il a survecu. Il est retourné dans sa ville fin juin.

Autre détail, il est juif – important pour saisir certains aspects de cette image d’anthologie :

Les évènements du 14 octobre

Je rappelle que le 15 octobre correspondait au 55e anniversaire de l’assassinat de Stepan Bandera par le KGB…

Jolie synthèse de Bertrand sur son site, que je repompe honteusement (en revoyant la traduction), pour compléter le billet d’hier

Irina Farion, Kiev, le 14.10.2014

Certains d’entre vous se souviennent certainement d’Irina Farion, député de la Rada [P1]  suprême ukrainienne, numéro trois du parti pas-nazi-selon-béhachelle « Svoboda » et surtout « directrice adjointe de la Commission du conseil sur l’éducation et la science. » Ses multiples déclarations enflammées, ses appels au meurtre ou son obsession particulière pour la dérussification des prénoms d’enfants ukrainiens dans les écoles ont fait d’elle une figure amusante et populaire, véritable passionaria des « patriotes ukrainiens » [l’expression ukrainienne commune pour « nazis »].

Je ne résiste pas au plaisir de vous offrir ici quelques-uns des extraits les plus croustillants de son désormais mémorable discours du 14 octobre dernier à Kiev, devant tout son fan-club réuni pour célébrer « l‘Armée insurrectionnelle d’Ukraine » (UPA) créée en 1942 par Stepan Bandera et qui combattit les Soviétiques (les Russes).

Selon Irina Farion, les Ukrainiens qui crient des slogans nationalistes « Gloire à l’Ukraine ! Gloire aux héros ! » sont les seuls Ukrainiens libres. [P2] Ceux qui ne crient pas ces slogans sont des esclaves.

« Des pharisiens et des hypocrites ont repris ces slogans dans leurs sales bouches, nous devons être prudents, nous devons être sans pitié envers eux. Nous ne devons croire en aucun cas un seul mot de ce qu’ils disent. […] Je prie la Sainte Vierge : bénis nos plumes et nos épées, car seuls les peuples qui ont la Sainte Parole vivent avec dignité dans ce monde[P3] . »  

“Dieu et l’Ukraine au-dessus de tout!” (Kramatorsk, le 14 octobre 2014)

De droite à gauche : l’ancien chef de l’UPA dont on parlait hier,
Stepan Bandera et Konovalets (le montage avec Adolf est un faux)

 

« Cette guerre [elle parle de la guerre avec la Russie] était tout à fait inévitable en termes historiques.

Désolée, je ne cite pas volontiers Hitler ici, mais il avait raison quand il disait que les guerres sont gagnées avant le déclenchement des hostilités.

Les guerres sont perdues d’avance quand les enseignants et les prêtres ont déjà perdu. Les enseignants et les prêtres ont été défaits en Crimée, à Lougansk et à Donetsk. Il n’y avait pas de livres ukrainiens, pas de mots ukrainiens, de musique ukrainienne, d’idées ukrainiennes. C’est pourquoi Poutine y règne [P4] aujourd’hui.

Tout dans notre vie dépend de la façon dont nous pensons, des objectifs que nous nous fixons et à quel point nous sommes ukrainiens dans nos âmes. Méfiez-vous de ceux qui portent désormais la ‘vichivanka [chemise nationale ukrainienne, très prisée chez les nationalistes], car ces chemises brodées cachent l’absence d’âme ukrainienne. »

vishivanka matelassée spéciale “hiver post-maidan”

« Nous nous battons non seulement sur le front extérieur contre l’agresseur Poutine, ce qui est absolument inévitable. Une seule issue s’offre à nous : détruire Moscou. C’est pourquoi nous vivons, c’est pourquoi nous sommes venus en ce monde : pour détruire Moscou, ce trou noir dans le système de sécurité européen. Même s’il en va, bien sûr, avant tout de notre sécurité.

Nos plus grands ennemis ne sont pas les Russes qui se tiennent à nos frontières. Nos plus grands ennemis vivent ici, chez nous. Ils portent des noms ukrainiens typiques qui se terminent en « -enko », en « -tchouk », en « -youk », en « -ouk », en «-ichine »  [P5] ou en « -iv ». Voilà les janissaires, les voleurs, les lèche-culs, les opportunistes, les corrompus [P6] ! Mon vœu est d’abord que, lors des prochaines élections, nos bulletins de vote les abattent [sic] tous, chacun de ces déchets. D’abord avec nos bulletins de vote. » Puis elle répète : « abattez-les bientôt ! »

Et Irina Farion d’accuser les infortunées personnes affublées de ces patronymes [P7] de tous les maux de l’Ukraine depuis 1917.

Parce que ces opportunistes ont fait échouer l’indépendance ukrainienne en 1917. Ils ont démilitarisé la société ukrainienne. Ils ont renoncé à une armée ukrainienne forte. Ils ont parlé de prétendue « démocratie ». Le brillant Kotchoubinsky a dit à une occasion : « La démocratie est un mot risible, un mot romantique drôle.[P8]

En fait, notre gouvernement doit avoir une forte et puissante conscience militariste. Et c’est notre devoir à nous, l’authentique noyau ukrainien, contrairement à ces répugnantes âmes démo[P9] -libérales de tout acabit. »

« [Je souhaite plus] de pouvoir pour nous, la confiance, la foi, l’offensive, l’amour de soi et la haine de l’ennemi ! Gloire à la nation ! » S’adressant aux néo-nazis ukrainiens, Farion leur dit : « Vous êtes le noyau autour duquel doit tourner l’État ukrainien »[P10]  « Vous devez être sans pitié envers l’ennemi… nous devons lutter sur de nombreux fronts… Dans l’esprit et les mains de chacun de nous, il doit y avoir la compréhension que seule la force militaire sera capable de vaincre cette horde étrangère et intérieure. Sommes-nous prêts pour cela ? » [P11] La foule lui répond : « Oui ! »

Farion déclare ensuite que : « Le plus terrible poison, c’est le libéralisme. C’est pourquoi nous devons les [les libéraux] rejeter lors des élections hors de notre Histoire ! »

La foule lui répond : « Mort aux ennemis ! »

[P1]Ou le Conseil suprême (voir l’allemand Rat = conseil, en russe soviet…) http://fr.wikipedia.org/wiki/Rada_(Ukraine)

 [P3]Ou « sont dignes de vivre » (lebenswert) apparemment selon le site allemand une citation de la poétesse ukrainienne Lina Kostenko.

 [P4]En allemand plus neutre « est » (Poutine y est aujourd’hui). Mais l’ukrainien à l’audio semble bien ajouter « bottes ».

 [P7]Quasiment tous les Ukrainiens ont des noms qui se terminent en –enko, -youk, -iv, etc. Elles visent les « faux » ukrainiens qui ont des dehors ukrainiens (nom de famille, chemise brodée) mais qui sont russes de cœur (esclaves pour elles).

Le discours d’Iryna en V.O. ukrainienne sous-titrée par Vincent Parlier

Les meilleurs moments festifs de la journée à Kiev

Source: http://www.les-crises.fr/svoboda-nes-pour-detruire-moscou/


Maïdan 2.0 ? Ca se passe comme ça au parlement à Kiev…

Thursday 16 October 2014 at 04:00

Une excellente vidéo de Vincent Parlier sur les évènements dans et devant le Parlement ukrainien le 14/10.

Les députés devaient voter le statut d’ancien combattant aux membres survivants de l’UPA – l’armée des partisans nationalistes ukrainiens durant la guerre -, c’est une forte revendication des nationalistes, Svoboda en tête.

Mais pas que, le Président s’y est mis aussi comme on l’a vu dans ce billet :

Bien évidemment, si ce n’est toujours pas fait plus de 70 ans après les faits, c’est qu’il y a une raison…

On ne va pas aller bien loin, tout est dans Wikipedia :

80 000 civils massacrés par les “héros” de l’UPA…

Cf. le billet [U3-6] L’UPA en action et les Massacres de la Volhynie

Et voici le commandant de l’UPA Roman Choukhevytch :

Roman Choukhevytch dans le bataillon Nachtigall de la Wehrmacht en 1941 (en bas 2e à gauche)

Roman Choukhevytch en habit de la Wehrmacht en 1941

Les militants de l”UPA ayant en grande partie accompagné la Wehrmacht en juin 1941 dans l’invasion de l’URSS, avant de prendre le maquis plus tard, surtout contre les Soviétiques.

Bref, des “héros”, mais principalement dans l’idéologie des fascistes ukrainiens…

Voici donc la vidéo d’avant hier. Problème : dans la Constitution ukrainienne, il y a encore un peu de Démocratie (absente chez nous en l’espèce). Pour ce genre de lois, il faut avoir l’accord de la moitié des députés inscrits – et non pas simplement de la moitié des députés présents. Ce qui donne ceci (une bonne partie de l’opposition ne se risquant pas à venir pour ce genre de vote) :

Vous reconnaissez le Président du Parlement, proche de Timochenko, qui a été Président par intérim de l’Ukraine pendant 3 mois.

On sent le grand démocrate, avec une certaine idée du rôle du Président du Parlement…

Bah oui, Poutine tremble de la réhabilitation de 150 nonagénaires fascistes… Je pense que c’est même sa préoccupation en ce moment – tout comme ces députés dans un pays ne guerre civile et ruine économique. Cela en dit long…

Devant le parlement, pendant ce temps (cela ne vous rappelle rien ?) :

Tiens quelques balles ont été tirées dans les vitres du Parlement – normal quoi…

P.S. bien entendu, vous en avez entendu parler sur TF1 ou France Culture ?

Source: http://www.les-crises.fr/maidan-2-0-ca-se-passe-comme-ca-au-parlement-a-kiev/