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Revue de presse du 21/03/2015

Saturday 21 March 2015 at 05:29

Cette semaine dans la revue, de l’agitation dans le gaz, un point sur les traités de libre-échange, des lignes qui bougent dans des institutions internationales, comment la France fait des économies, et une intervention de Noam Chomsky. Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-21-03-2015/


[Misère du journalisme] Rumeurs autour de l’absence de Poutine – par Céline Lussato

Saturday 21 March 2015 at 01:00

Qu’est-ce qu’on rigole avec nos médias quand même !

Mais où est donc passé Vladimir Poutine ? (L’Obs)

Six jours sans nouvelle de Vladimir Poutine. Et les rumeurs vont bon train. La dernière apparition publique du président russe remonte au 5 mars. Ce jour-là, il accueillait le Premier ministre italien Matteo Renzi qui était venu chercher le soutien de Moscou dans le dossier libyen.

Vladimir Poutine, 62 ans, a ensuite reporté son voyage au Kazakhstan, ex-république soviétique d’Asie centrale. Il a aussi annulé la signature d’un accord sur le renforcement de la coopération avec l’Ossétie du Sud, une république séparatiste géorgienne, initialement prévue cette semaine. Depuis, la Russie s’interroge sur l’état de santé de son dirigeant.

“Les gens commencent à délirer”

“Il est tout à fait en bonne santé”, rétorque jeudi 12 mars le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, à la radio Echo de Moscou. Dmitri Peskov affirme, selon une expression courante en Russie, que la poignée de main de Vladimir Poutine lui permet de “casser la main” de son interlocuteur.

“Quand le soleil apparaît et que ça commence à sentir le printemps, les gens commencent à délirer”, fait valoir le porte-parole, cité par l’agence de presse Tass. Une référence directe à ceux qui font circuler les rumeurs sur des problèmes de santé présumés du président russe.

Ancien agent du KGB qui cultive toujours l’image d’un homme fort, Vladimir Poutine ne va pas non plus assister à une réunion annuelle des services secrets russes (FSB) “en raison d’un agenda très chargé”, continue d’expliquer le porte-parole du Kremlin, cité cette fois-ci par l’agence de presse Ria Novosti.

En tournée médiatique, Dmitri Peskov tient d’ailleurs à préciser que “toutes les rencontres n’étaient pas publiques”.

Le désir de ”se cacher dans un trou”

En 2012, la santé de Valdimir Poutine avait déjà été l’objet de spéculations en Russie après l’annulation de plusieurs voyages à l’étranger et lorsqu’il était apparu en public en boitant. Le Kremlin avait alors expliqué que le président souffrait d’une ancienne blessure sportive au dos.

La disparition soudaine de la scène publique du président “est inhabituelle”, estime pour sa part Gleb Pavlovski, un ancien conseiller politique de Vladimir Poutine au Kremlin, interrogé par Bloomberg. Selon le conseiller politique, cette disparition pourrait être liée à un désir de “se cacher dans un trou et regarder à partir de là qui fait quoi dans ces moments de crise”.

“Il est clair que Vladimir Poutine est de très mauvaise humeur depuis l’assassinat de Boris Nemtsov“, explique Gleb Pavlovsky. ”Et son humeur s’est aggravée à mesure que l’enquête se poursuit. Peut-être qu’il a appris quelque chose qui ne lui plaît pas du tout”.

Source : L’Obs, le 12 mars 2015.


Poutine, le retour. Ou dix jours de folles rumeurs.

Mais où était donc passé le président russe ? On ne le saura probablement jamais de façon certaine. Ce ne sont pourtant pas les hypothèses qui manquent !

Et puis SURTOUT, on n’en a rien à foutre ma pôvre fille…

Ca y est ! Vladimir Poutine est réapparu. Tel le messie, l’homme fort du Kremlin

C’est nouveau ces mots pour désigner un chef d’État… À quand “L’homme faible de la rue du Cirque” ?

était attendu lundi 16 mars à Saint-Pétersbourg pour une rencontre pourtant sans grand enjeu politique avec le président kirghiz. Mais après plus d’une semaine de disparition-mystère, tous les regards étaient portés vers le Palais Constantin où devait se dérouler la rencontre.

Ce n’est pas faute d’avoir essayé. Mais les services de communication du Kremlin ne sont jamais parvenus à dégonfler les rumeurs persistantes autour de “l’absence” de Vladimir Poutine. Photos et vidéo du président rencontrant une délégation de femmes à l’occasion du 8 mars, images officielles de l’homme fort du Kremlin conversant avec les gouverneurs de région (Carélie, Yamalo-Nenets…) les 10 et 11 marsRien n’a fait taire les rumeurs les plus folles !

C’est sur qu’avec des “journalistes” comme ça…

Et en fait, le service de com’ du Kremlin a donc informé la presse au jour le jour de ses activités… Il leur faut quoi de plus ?

Vladimir Poutine aurait été malade, il aurait été victime d’un coup d’Etat, il serait parti rejoindre sa maîtresse en Suisse à l’occasion de la naissance de son enfant… ”

Merci de relayer ces rumeurs, donc…

J’envisage de m’adresser aux personnes qui ont de l’argent pour qu’elles organisent un concours du meilleur canular journalistique”, avait ironisé le porte-parole du Kremlin après avoir consciencieusement nié toutes les hypothèses avancés ça et là.

Donc le Kremlin se fout de sa gueule, et elle, elle court ?

Revue de détails.

# Poutine était-il malade ?

Le président russe a toujours pris grand soin de son image de sportif : on ne compte plus les photos de Vladimir à la pêche au brochet torse nu dans une rivière, Vladimir judoka en kimono sur un tatami, Vladimir nageant dans un lac en Sibérie, Vladimir à cheval, à ski… Bref, tout le monde aura compris : avouer être malade paraît inconcevable à celui qui se targue, à 62 ans, d’avoir une santé de fer.

Ben ce qui doit être inconcevable, c’est surtout de l’avouer quand on ne l’est pas…

Grippe ? Mal de dos chronique ? Voire, maladie bien plus grave ? Les spéculations sont allées bon train sur les réseaux sociaux ou même les médias traditionnels, qui se sont “interrogés” sur la question.

Comme quoi, ce n’est pas trop à lui d’aller consulter – à l’évidence…

C’est l’annulation d’un voyage au Kazakhstan qui a attiré l’attention de tous sur cette question. Une source anonyme kazakhe

Oh purée, du très très lourd donc !!!!! Et puis des fois qu’il ait eu la grippe…

avait alors affirmé à Reuters que cette visite avait été reportée à l’initiative de Moscou en raison d’un problème de santé de Vladimir Poutine. Le secret traditionnellement bien gardé autour de la vie privée du président russe

Et sur ce thème, je crois que la France est donc très très bien placée pour donner des leçons…

Le Dr Claude Gubler avec son prestigieux patient, le président François Mitterrand, en 1994

– et la possibilité que cela soit tout simplement vrai – on fait le reste.

# Un coup d’Etat !

Dans un pays qui s’est petit à petit éloigné des standards démocratiques, la possibilité de voir un jour le président russe – au pouvoir par alternance président/Premier ministre depuis 15 ans – être renversé un jour ne semble plus saugrenue pour nombre d’observateurs.

D’observateurs proches de l’OTAN surtout, vu qu’ils s’y emploient….

C’est donc assez naturellement que l’absence médiatique du président russe a trouvé cette interprétation dans les médias. Jusqu’en Israël où le très sérieux quotidien “Haaretz”, citant un ancien ambassadeur en Russie Zvi Magen relaie cette rumeur. Ce dernier estime qu’une partie de l’armée ou de riches hommes d’affaires peuvent être à l’origine d’une telle action d’envergure, en raison des sanctions économiques qui les touchent au premier chef. “Je ne pense pas qu’il y ait de désaccords politiques autour de Vladimir Poutine. Seulement, ils veulent protéger leurs intérêts”, souligne l’ancien diplomate.

L’Américain “Forbes” a lui aussi évoqué cette possibilité d’un coup d’Etat, relevant des tensions entre le président, ses alliés du FSB et le président tchétchène Kadyrov après le meurtre de l’opposant Boris Nemtsov. Tout semble désormais possible au pays des Soviets !

Hein ? Des Soviets ?

Comme quoi, tout semble possible au pays du maréchal Pétain…

# La naissance de son enfant

Plus glamour, d’autres médias se sont fait écho de cette rumeur de disparition dans les pages carnet rose de leur publication. A l’instar du quotidien suisse “Bilk”, qui a “révélé” que Vladimir Poutine était tout bonnement à Lugano pour la naissance de sa fille ! Le président russe est soupçonné d’avoir une liaison avec la gymnaste Alina Kabayeva, de 30 ans sa cadette.

Du GRAND journalisme !

Or cette dernière aurait donné naissance à une petite fille dans une clinique privée de Lugano, réputée pour avoir abrité une autre naissance non moins célèbre : celle de l’enfant de la fille de l’ancien Premier ministre italien, grand ami de Vladimir Poutine, Silvio Berlusconi. La boucle est bouclée. Selon un autre quotidien italien, “Il Messaggero”, cette petite fille serait la troisième de la gymnaste et du président russe.

Que faisait donc Vladimir Poutine ces derniers jours et surtout pourquoi l’avoir caché ? On ne le saura probablement jamais. Lui a fait mine de s’en amuser :

Ce serait tellement ennuyeux sans les rumeurs”, a-t-il simplement commenté à Saint-Pétersbourg.

Le culte du secret est donc toujours bien ancré.

Sacrée chute – félicitation à la journaliste (de Voici ou de l’Obs, j’ai un doute) pour cette excellente démonstration de ce qu’est devenu le journaliste au XXIe siècle…

Source : Céline Lussato, L’Obs, le 16 mars 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/rumeurs-autour-de-labsence-de-poutine-celine-lussato/


L’Islande retire sa candidature à l’UE, incompréhension des médias…

Saturday 21 March 2015 at 00:01

L’Islande annonce le retrait de sa candidature à l’UE

media
L’Islande avait déposé sa candidature d’adhésion à l’Union européenne en 2009.

L’Islande a retiré sa candidature à l’adhésion à l’Union européenne. Si la décision pouvait être attendue, elle sera certainement reçue avec une certaine amertume par les dirigeants des institutions européennes.

Avec notre bureau de Bruxelles,

L’Islande avait déposé sa candidature à l’entrée dans l’Union européenne en 2009 après avoir vu son économie laminée par la crise. À l’époque, l’adhésion à l’Union européenne avait de quoi séduire les Islandais les plus désireux de ne plus se retrouver seuls face à une crise. Beaucoup d’entre eux avaient été sensibles à l’argument que l’euro avait servi de bouclier à l’UE qui, sans la monnaie unique, aurait subi encore plus fortement la crise.

Mais cette attirance pour l’Union a commencé à vaciller dès que l’économie islandaise a montré des signes de reprise. Les dirigeants européens avaient pourtant accueilli avec enthousiasme la candidature islandaise et les négociations avaient rapidement commencé avec ce pays aux structures aisément conciliables avec celles de l’UE, même si des questions restaient problématiques, comme celle des quotas de pêche. Mais en fin de compte, les négociations ont été suspendues il y a deux ans et le gouvernement islandais y a donc mis un terme formel ce jeudi.

C’est la première fois qu’un pays se retire à un stade aussi avancé du processus d’adhésion. Mais les Islandais ne sont pas les seuls à claquer la porte au nez des Européens : lors de référendums en 1972 et 1994, les Norvégiens avaient par deux fois rejeté l’adhésion à l’Union européenne.

Source : RFI, le 13 mars 2015.


L’Islande dit (officiellement) non à l’Union Européenne

Adieu UE. Hier, comme le raconte Courrier international, “le ministre des Affaires étrangères islandais, Gunnar Bragi Sveinsson, a remis une lettre à la présidence – actuellement lettone – de l’UE et à la Commission, pour les informer de la décision de l’exécutif de ne pas reprendre les négociations”. Ces dernières avaient débuté en 2009 sous un gouvernement de gauche alors en pleine crise économique qui a provoqué la faillite des banques islandaises et une chute libre de la monnaie. Fin 2010, en un temps record, les Etats membres de l’UE accèdent à cette demande et décident d’ouvrir des négociations. Cette adhésion ne devait être qu’une promenade de santé à en croire Le Monde aujourd’hui : “en théorie, l’Islande était promise à devenir le 29e membre de l’UE, après la Croatie, intégrée en 2013. Son dossier apparaissait comme plus simple, plus favorable, voire plus logique puisque le pays avait déjà intégré quelque 70 % de la législation européenne”.

C’était sans compter l’arrivée au pouvoir en 2013 d’une coalition entre le Parti des Indépendants (conservateur) et le Parti du progrès (centriste) qui avait annoncé la couleur pendant la campagne en se positionnant contre l’entrée dans l’Union européenne. D’ailleurs, l’an dernier, les deux partis s’étaient entendus sur une proposition de loi prévoyant de retirer la candidature du pays à l’UE comme le racontait à l’époque Le Monde. La fin des négociations est donc tout sauf une surprise.

Islande UE
Copie écran du site de Courrier international

La presse tente aujourd’hui d’expliquer ce renoncement mis à la fois sur le compte de désaccords UE / ’Islande sur les questions de pêche et d’agriculture – un dossier jamais abordé dans les négociations depuis 2013 – mais aussi en raison de l’embellie économique dans le pays désormais suffisamment solide pour se passer de l’UE. D’ailleurs, sur son site Internet, comme le signale l’AFP reprise par L’Express, le ministère des affaires étrangères assure que “les intérêts de l’Islande sont mieux servis en dehors de l’Union européenne”. A noter également l’analyse du Monde : “les difficultés d’une série de pays, dont la Grèce, ont fait réfléchir les Islandais. La perspective d’un abandon de l’euro par Athènes [… a] renforcé le camp eurosceptique. Une vague nationaliste a même déferlé sur le pays.”

Plus surprenant en revanche : ce choix a été pris sans tenir compte de l’avis des Islandais via un référendum comme s’y était engagée la coalition au pouvoir. Dans sa chronique du mois de février, Michel Sallé, économiste spécialiste de l’Islande, auteur de chroniques mensuelles sur le pays et invité de notre émission consacrée aux conséquences de la crise islandaise, y croit toujours et rappelle qu’il est “important que les gouvernants respectent leur promesse d’organiser un référendum, lui fût-il défavorable”. C’est raté.

> Des référendums en Islande ? Souvenez-vous : les Islandais ont rejeté par deux fois les référendums sur l’accord Icesave censé organiser le remboursement de plus de 3 milliards d’euros à la Grande-Bretagne et aux Pays-Bas.

Source : Anne-Sophie Jacques, pour @rrêt sur images, le 13 mars 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/lislande-retire-sa-candidature-a-lue-incomprehension-des-medias/


820 000 homicides en Russie en 25 ans…

Friday 20 March 2015 at 01:39

Pour compléter notre billet sur les journalistes tués en Russie (315 en 20 ans, dont 185 homicides dont 30 liés au métier et 20 de motif inconnu), voici une vision du gouffre dans lequel ce pays s’est enfoncé durant 15 ans :

On a donc compté environ 820 000 homicides dans le pays en 25 ans, dont environ 400 000 clairement surnuméraires par rapport à la période soviétique.

Il est donc piquant de voir nos commentaires effarouchés sur quelques homicides (certes parfaitement inacceptables, comme tout homicide), sans jamais les remettre en perspective avec les dérives localement (et voire nationalement) mafieuses de ce pays…

Source: http://www.les-crises.fr/820-000-homicides-en-russie-en-25-ans/


Rappel démographique sur la Russie

Friday 20 March 2015 at 01:00

3 petits graphiques pour remettre en perspective le gouffre démographique dans lequel est tombé la Russie pendant 20 ans :

Avec un zoom récent :

On constate don une nette amélioration depuis 2005.

Cependant, au final, ce trou démographique s’est traduit par une sous-population russe actuelle de :

Source: http://www.les-crises.fr/rappel-demographique-sur-la-russie/


[Taux 0,00 %] Tout va bien !

Thursday 19 March 2015 at 19:35

Voici la dernière émission d’OAT de la France (= bon du Trésor) – preuve que l’économie est saine et qu’il n’y à aucun problème, en particulier dans les banques…

Cela ne vous parle peut être as trop, mais je vous garantis que ça donne à un actuaire une réelle envie de pleurer…

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Arrêté du 13 mars 2015 relatif à la création d’obligations assimilables du Trésor 0,00 % 25 février 2018 en euros

Le ministre des finances et des comptes publics,
Vu l’article 49 de la loi n° 2014-1654 du 29 décembre 2014 portant loi de finances pour 2015 ;
Vu le décret n° 2014-1693 du 30 décembre 2014 relatif à l’émission des valeurs du Trésor, notamment son article 1er,
Arrête :

Article 1
Il est créé une ligne d’obligations assimilables du Trésor 0,00 % 25 février 2018 en euros.
Ces obligations ont une valeur nominale de 1 euro. Elles sont remboursées le 25 février 2018 à un prix égal au pair, soit 1 euro.
L’intérêt nominal est de 0,000 0 euro par obligation de 1 euro. Il est payable à terme échu le 25 février de chaque année et, pour la première fois, le 25 février 2016.
Article 2
Les titres cessent de porter intérêt à partir du jour où ils sont appelés au remboursement.
Article 3
Le paiement des intérêts et le remboursement de ces titres sont effectués sous la seule déduction des impôts que la loi met ou pourrait mettre obligatoirement à la charge des porteurs.
Article 4
L’Etat s’interdit de procéder pendant toute la durée de l’emprunt à l’amortissement par remboursement anticipé des obligations, mais se réserve le droit de procéder, sur le marché, à des rachats ou des échanges.
Article 5
Les versements prévus aux articles 1er et 2 sont effectués, selon le cas, par l’émetteur ou par l’intermédiaire gérant l’inscription en compte.
Article 6
Le présent arrêté sera publié au Journal officiel de la République française.

Fait le 13 mars 2015.
Pour le ministre et par délégation :
La directrice générale adjointe de l’Agence France Trésor

Source : Journal officiel

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Voici pour mémoire l’évolution des taux sur les bons du trésor :

Si les taux réels ont déjà été plus faibles, ce n’est pas le cas des taux nominaux…

Voici la courbe de taux actuelle sur les bons du trésor :

et son évolution :

On note bien à quel point “le futur” (différence entre une taux à 30 ans et un taux à court terme) a de moins en moins de valeur…

Source: http://www.les-crises.fr/taux-000-tout-va-bien/


Obama : L’Amérique sera la nation indispensable pour le reste de ce siècle…

Thursday 19 March 2015 at 04:46

Des années avant qu’il ne devienne une figure nationale, Barack Obama a prononcé un discours lors d’un rassemblement contre le projet d’invasion de l’Irak qui est devenu partie intégrante de sa campagne en tant qu’outsider des primaires de 2008. « Je ne m’oppose pas à toutes les guerres », a-t-il dit. « Ce à quoi je suis opposé, c’est à une guerre stupide. Ce à quoi je suis opposé, c’est à une guerre irréfléchie. » Mais la politique étrangère d’un président est dans la réalité bien plus complexe qu’un seul discours. Le monde est vaste, et la technologie moderne a fait de la guerre moins un choix binaire qu’un large éventail d’usages possibles de la force. Quand Obama a accordé un entretien à Vox fin janvier, nous ne lui avons pas posé de question concernant les crises actuelles mais nous l’avons interrogé sur les grandes idées qui déterminent sa vision des relations américaines avec le monde par-delà nos frontières.

Matthew Yglesias
C’est presque une question de fond, mais au fil des années, j’ai entendu un certain nombre de membres de votre équipe parler de votre sorte d’attitude en affaires étrangères comme d’une philosophie du « réalisme. » [1] Est-ce un terme que vous utiliseriez ?
[1] Le réalisme en politique étrangère est associé à la poursuite froide et insensible d’intérêts nationaux plutôt qu’à un accent mis sur les droits de l’homme ou le droit international. L’ampleur des engagements réalistes d’Obama est fréquemment débattue dans les cercles s’occupant de politique étrangère.

Barack Obama
Vous savez, traditionnellement, une grande partie de la politique étrangère américaine a été divisée en deux camps : le camp réaliste et le camp idéaliste. Et donc, si vous êtes un idéaliste, vous êtes comme Woodrow Wilson, et vous êtes là avec la Société des Nations à imaginer que tout le monde se tient la main en chantant « Kumbaya » et en imposant ces magnifiques règles que tout le monde respecte. Et si vous êtes un réaliste, alors vous soutenez des dictateurs qui se trouvent être vos amis, et vous concluez des marchés dans le seul but d’une recherche de l’intérêt propre étroitement défini de votre pays. Et je ne pense vraiment pas que cela décrive ce que devrait être une politique étrangère intelligente.

Je pense qu’il est réaliste pour nous de vouloir mettre en place, par la diplomatie, un système fondé sur des règles partout où nous le pouvons, en sachant que cela ne fonctionne pas toujours. Si nous avons des traités militaires en place, cela ne veut pas dire qu’il n’y ait personne qui fasse bande à part, comme la Corée du Nord qui essaie de suivre sa propre voie. Mais si vous pouvez créer ces normes, vous réduisez le nombre de problèmes et défis relatifs aux enjeux de sécurité et de défense. Et l’un des mérites de la politique étrangère américaine depuis l’après-seconde guerre mondiale c’est le bon travail réalisé à ce sujet. Il n’a pas été parfait, mais les Nations Unies, le FMI et toute une série de traités, de règles et de normes qui ont été établis ont réellement aidé à mettre le monde sur les voies d’une stabilité qui n’aurait pas existé autrement.

Mais je pense aussi que si nous avions seulement recours à cela sans avoir le point de vue réaliste qu’il existe des personnes méchantes qui essaient de nous nuire – et nous devons avoir la force armée la plus puissante au monde, et de temps à autre nous avons à tordre le bras à des pays qui ne voudraient pas faire ce que nous avons besoin qu’ils fassent, si ce n’était que nous disposons de divers moyens d’influence, économiques, diplomatiques ou, dans certains cas, militaires – si nous n’avions pas cette dose de réalisme, rien n’avancerait non plus. Ce qui me semble exact pour décrire ma politique étrangère, c’est la certitude que nous n’avons pas de solution militaire à tous les problèmes du 21e siècle. Il n’y a pas d’état semblable au nôtre qui veuille nous attaquer et nous provoquer. Celui qui s’en approche le plus, évidemment, c’est la Russie, avec son arsenal nucléaire, mais d’une manière générale ils ne peuvent pas se projeter partout dans le monde comme nous le pouvons. La Chine ne le peut pas non plus, Nous dépensons plus pour nos forces armées que les 10 pays suivants réunis. [2]

[2] Dépenses militaires comparées des USA et des autres pays


Source : Institut international pour les études stratégiques

Donc le plus grand défi auquel nous ayons à faire face dans l’immédiat est le désordre. Des états qui ont failli. Des menaces asymétriques de la part d’organisations terroristes. Et ce que j’ai essayé de faire, c’est de m’assurer qu’au cours des six dernières années, et, espérons-le les deux prochaines années, nous ayons plus d’outils à notre disposition pour régler les problèmes concrets que nous n’en avons aujourd’hui et que l’on puisse se projeter vers l’avenir, plutôt que de se reposer constamment sur les mêmes outils que lorsque nous nous occupions de l’Allemagne et du Japon pendant la seconde guerre mondiale.

Terminer deux guerres fut quelque chose d’important, non pas parce que j’avais une quelconque illusion que cela voulait dire que nous n’aurions plus à faire face à des menaces terroristes. [3] Cependant, cela signifie que le fait de ne pas avoir 180 000 hommes en Irak et en Afghanistan nous permet de déployer plus stratégiquement, avec une empreinte plus faible, des forces spéciales, des formateurs, des partenariats, ce qui nous autorise à accéder au vrai problème et nous donne la liberté d’envoyer une équipe afin de prévenir ébola. Cela nous permet de multiplier par deux nos investissements dans des choses comme la cyber-sécurité, d’étudier les nouvelles menaces et opportunités qui existent, et ceci, je pense, est le véritable défi des six à huit dernières années.
[3] Le personnel militaire américain présent en Afghanistan est toujours d’environ 10 000 conseillers et formateurs, et d’environ 3 000 soldats américains en Irak pour entraîner les soldats irakiens à se battre contre l’État Islamique.

Matthew Yglesias
Au Moyen-Orient, où nous sommes toujours très présents malgré le rappel de troupes d’Irak, l’administration Clinton avait une politique qui était appelée double-confinement (Dual Containment) de l’Irak et de l’Iran. L’administration Bush avait à l’idée la guerre préventive, le repli et la promotion de la démocratie. Sous votre administration, le pays est toujours très impliqué dans cette région, mais je ne pense pas que nous ayons une idée claire de l’objectif stratégique de cet engagement.

Barack Obama
C’est en partie dû à la nature de ce qui s’est passé au Moyen-Orient. Je suis arrivé avec quelques théories très précises de ce que seraient mes objectifs. Nous allions terminer la guerre en Irak. Nous allions empêcher l’Iran d’obtenir une arme nucléaire, en essayant la voie diplomatique dans un premier temps. Nous allions essayer de promouvoir le développement économique dans les pays musulmans afin de prendre en compte la poussée démographique qui entrait en jeu. Nous allions promouvoir des pourparlers de paix entre Israël et les Palestiniens. Nous avions donc toutes sortes de théories.

Et c’est alors que le printemps arabe est survenu. Je ne me souviens pas qu’aucun sage de Washington l’ait anticipé. Et ça a donc été ce grand bouleversement tumultueux, et nous avons dû nous adapter, alors même que cela arrivait en temps réel, à de grands changements au sein de ces sociétés. Mais si vous observez les objectifs simples que j’ai fixés : nous assurer que nous maintenons la pression sur les organisations terroristes de façon à limiter leur capacité à mener des attaques de grande ampleur contre l’occident. Accroître notre partenariat et notre coopération avec les pays pour gérer la menace terroriste. Continuer à empêcher l’Iran d’accéder à l’arme nucléaire. Et utiliser l’outil des sanctions pour voir si nous pouvons faire une avancée diplomatique de ce côté. Continuer à essayer d’améliorer la relation israélo-palestinienne, tout en aidant la région dans son ensemble à s’intégrer à l’économie mondiale de façon plus efficace pour que plus d’opportunités se présentent. Ces objectifs fondamentaux restent d’actualité.

Mais ce que les gens craignent à juste titre, c’est que les forces de chaos – le sectarisme, de la manière la plus tragique en Syrie, mais des éléments persistent aussi en Irak, l’incapacité des israéliens et des palestiniens à s’entendre, l’érosion continue des fonctions étatiques de base dans des endroits comme le Yémen, laissent d’avantage à craindre là-bas que sous l’ancien ordre. Nous traversons un moment difficile, mais nous le gérons de façon à assurer la sécurité des américains et à protéger nos intérêts. Et si nous pouvons faire des progrès dans le rétablissement d’un gouvernement irakien efficace, multi ethnique, et si nous sommes capables de faire avancer la diplomatie avec l’Iran, alors je pense que nous aurons la base d’une tendance vers une plus grande stabilité.

Mais cela va être un défi générationnel dans le monde musulman et le Moyen-Orient que non seulement les États-Unis, mais tout le monde devra relever. Et nous devrons avoir l’humilité de reconnaître que nous ne pouvons pas simplement envahir un pays dès que des troubles s’y déclenchent. Et que, dans une certaine mesure, les habitants de ces pays vont devoir, vous voyez, trouver leurs propres solutions. Nous pouvons les y aider, mais pas le faire à leur place.

Matthew Yglesias
Il me semble que sur ce point, les membres de votre administration semblent souvent bien conscients des limites de la puissance américaine, peut-être bien plus que ce qu’ils ont toujours exprimé sans gêne en public. Est-il difficile de dire, dans le système politique et médiatique, qu’il y a des choses que vous ne pouvez pas vraiment faire ?

Barack Obama
Eh bien, le leadership américain vient en partie de notre attitude positive. Nous sommes le pays le plus grand, le plus puissant sur terre. Comme je l’ai dit dans de précédents discours, quand des problèmes surgissent, on n’appelle pas Pékin ni Moscou. On nous appelle. Et nous assumons cette responsabilité. La question, je crois, est comment s’exerce ce leadership. Mon administration est très combative et internationaliste pour aborder, se charger des problèmes et essayer de les résoudre.

Là où la question des limites intervient, c’est lorsqu’il s’agit de déterminer les ressources nécessaires à la résolution efficace des problèmes. Ainsi en Irak, avec la montée de l’EI, si vous pensez que vous n’avez pas de contraintes, pas de limites, alors j’ai l’autorité en tant que commandant en chef d’envoyer 200 000 américains réoccuper l’Irak. Je pense que ce serait terrible pour le pays. Je ne pense pas que ce serait productif pour l’Irak. Ce que nous avons appris en Irak, c’est que l’on peut contenir ces questions ethniques tant que nous avons l’armée la plus puissante du monde sur place, mais dès que nous partons, ce qui finira par arriver, les problèmes resurgissent. [4] Donc ce que j’ai dit, c’est que les Irakiens doivent nous montrer qu’ils sont prêts à mettre en place un gouvernement efficace, que la majorité chiite est prête à tendre les bras aux kurdes et aux sunnites, et qu’ils sont crédibles dans leur volonté de se battre sur le terrain. Et s’ils font tout cela, alors nous pourrons aider et nous aurons une coalition de 60 états pour le faire. Donc si vous considérez cette stratégie, oui, elle a ses limites. Oui, c’est une mauvaise idée pour nous, après 13 ans de guerre, de réoccuper un pays. Mais cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas impliqués, que nous ne donnons pas l’exemple.

[4] Civils tués en Irak, avant et après le départ des États-Unis


Source : The Economist

Et donc, je pense que le vrai défi pour le pays, pas seulement pendant ma présidence mais aussi pendant les prochaines, est de reconnaître que conduire ne signifie pas toujours occuper. Il y a la tentation de penser qu’il y a une solution rapide à ces problèmes, mais il faut généralement y résister. Et reconnaître que le leadership américain signifie quand c’est possible influencer d’autres pays, d’autres ressources, quand nous sommes le partenaire privilégié parce que nous avons des capacités que les autres n’ont pas. Mais dans ce cas il y a un partage des efforts et un certain droit de propriété sur les résultats. Et beaucoup de ces problèmes ne se résolvent pas en un an, ni en deux ou trois.

Vous savez, la scission entre chiites et sunnites au Moyen-Orient est de celles qui ont traversé les siècles. [5] Nous avons l’occasion, je pense, de diminuer ces tensions et de faire s’élever des voix qui sont moins portées à exploiter ces divisions sectaires, mais, vous savez, nous n’allons pas éliminer ces trucs du jour au lendemain.
[5] Part de la population musulmane chiite, par pays


Source : Pew Research Center

La tendance à l’extrémisme au sein d’une petite partie de la jeunesse musulmane dans la région, c’est une tendance qui s’est accumulée au fil du temps, en partie à cause de problèmes démographiques et économiques plus larges dans la région, et en partie à cause d’une idéologie pervertie, hyper-rechargée grâce à internet. Elle est en train de gagner les cœurs et les esprits d’une large frange de la jeunesse. [6] C’est un projet pluriannuel.

[6] Le ministère des affaires étrangères d’Obama est allé jusqu’à lancer une initiative appelée « Think Again, Turn Away » [« Réfléchissez-y à deux fois, prenez vos distances »] qui utilise YouTube, Twitter et d’autres plateformes pour tenter de convaincre les jeunes que les groupes extrémistes sont mauvais.

En attendant, vous prenez les victoires où vous pouvez. Vous améliorez ce que vous pouvez plutôt que faire empirer la situation. Et ce n’est en aucun cas une concession à cette idée que l’Amérique se retire ou qu’on ne peut pas faire grand-chose. C’est juste une évaluation réaliste de la façon dont le monde fonctionne.

Matthew Yglesias
Vous sembliez résister à l’étiquette réaliste tout à l’heure, mais quand vous avez parlé de vos objectifs, vous avez semblé très préoccupé par le désordre et vous n’avez mentionné ni la démocratie ni les droits de l’homme. Et les pays partenaires que vous avez mentionnés, c’est des endroits comme l’Egypte où ils sont arrivés au pouvoir par un coup d’état militaire, l’Arabie Saoudite, avec des décapitations publiques, le Bahreïn où pendant le printemps arabe ils battaient des manifestants non violents et le réprimaient violemment. Êtes-vous préoccupé par la viabilité à plus ou moins long terme de ce genre de partenariats ?

Barack Obama
C’est un parfait exemple, Matt, de situation dans laquelle la division entre réalisme et idéalisme ne tient plus. Je pense que tout réaliste digne de ce nom dirait que chaque société qui ignore systématiquement les droits de l’homme et la dignité de ses citoyens va, à un moment donné, être instable et devenir un mauvais partenaire. Donc ce n’est pas seulement la bonne chose à faire, c’est aussi complètement dans notre intérêt de promouvoir des réformes dans l’ensemble du Moyen-Orient. Maintenant, le fait que nous devions prendre des décisions en temps réel concernant le choix de nos partenaires, à quel point ils sont en adéquation avec nos idéaux, si à certains moments nous devons passer sous silence une partie de nos critiques pour obtenir des résultats, et à d’autres moments nous avons l’occasion d’aller de l’avant – tout ceci n’efface pas l’importance de nous exprimer sur ces questions.

Comme je l’ai dit pendant le discours sur l’état de l’Union et comme je l’ai dit dans chaque discours que j’ai fait au Moyen-Orient ou n’importe où ailleurs dans le monde, ça signifie juste que nous devons faire plus d’une chose à la fois. Nous avons besoin d’une relation bilatérale forte avec la Chine pour atteindre certains objectifs internationaux, comme le changement climatique, qui sont d’une grande importance pour notre sécurité nationale et pour des milliards d’autres gens. Ça ne signifie pas que ce ne soit pas une bonne idée de notre part de parler de la censure et des prisonniers politiques en Chine. Nous devons faire les deux à la fois, et par moment elles passeront plus au premier plan qu’à d’autres. Et il en est de même au Moyen-Orient et ailleurs. Mais je crois fermement que particulièrement dans cette époque moderne d’internet, la capacité d’un gouvernement autoritaire à l’ancienne à se maintenir et prospérer ne peut que continuer à s’affaiblir. Ce modèle va continuer à s’effriter. Mon argument envers chaque partenaire que nous avons est que vous vous porteriez mieux si vous aviez une société civile forte, si vous aviez la légitimité démocratique, et si vous respectiez les droits de l’homme. C’est ainsi que vous attirerez les entreprises. C’est ainsi que vous aurez une main d’œuvre forte, c’est ainsi que finalement, vous aurez non seulement une économie mais aussi un système politique durables.

Mais lors de ces conversations, je vais aussi reconnaître que pour un pays qui, disons, n’a aucune expérience de la démocratie ou n’a pas de société civile fonctionnelle, ou bien où la plupart des factions organisées sont intolérantes, vous savez, des sectes religieuses, le progrès va se faire pas à pas plutôt que par un grand saut. Et je pense que le but de toute bonne politique étrangère est d’avoir une vision, des aspirations et des idéaux, mais aussi de reconnaître le monde tel qu’il est, où il est, et se représenter comment atteindre le point où les choses sont mieux qu’elles ne l’étaient auparavant. Ça ne signifie pas parfaites. Ça veut juste dire que c’est mieux. La trajectoire de cette planète dans l’ensemble va vers moins de violence, plus de tolérance, moins de luttes, moins de pauvreté. Je l’ai dit auparavant et je crois que certaines personnes à Washington ont fait « Oh, il ignore le chaos et tous ces trucs terribles qui sont en train de se passer ». Bien sûr que je ne l’ignore pas. Je m’en occupe tous les jours. Je m’en rends compte tous les matins. J’ai un gros livre plein de morts, de destructions, de dissensions et de chaos. C’est ce que je prends avec mon thé du matin.

Matthew Yglesias
Pensez-vous que les médias surestiment parfois le niveau de crainte que les gens devraient avoir concernant le terrorisme et ce genre de chaos, par opposition à un problème à plus long terme du changement climatique et de maladie épidémique ?

Barack Obama
Absolument. Et je ne blâme pas les médias pour ça. Quelle est la phrase célèbre sur les bulletins d’information locale ? Si le sang coule, le sujet sera porteur, n’est-ce pas ? Vous montrez des histoires de meurtre et des incendies parce que c’est cela que les gens regardent, et tout tourne autour de l’audimat. Et, vous le savez, les problèmes de terrorisme et le dysfonctionnement et le chaos, avec à côté des accidents d’avion ou autres, c’est l’équivalent quand il s’agit de couvrir les affaires internationales. Il n’y aura pas beaucoup d’intérêt pour un gros titre qui dirait que nous avons fait chuter la mortalité infantile de manière significative sur les 20 dernières années, ou que l’extrême pauvreté a été réduite radicalement, ou qu’il y a eu un progrès énorme avec un programme que nous avons établi quand j’ai pris mes fonctions pour aider les agriculteurs pauvres à améliorer leur productivité et leurs rendements. [7] Ce n’est pas une histoire sexy. Et le changement climatique en est une qui se passe à une échelle si large et dans un système si complexe que c’est une histoire difficile à raconter pour les médias au quotidien.

[7] L’initiative peu remarquée « Nourrir le Futur » a déjà atteint environ 7 millions de personnes, et présente aux fermiers des pays pauvres des technologies plus avancées et des pratiques de gestion pour accroître la production agricole.

Écoutez, le fait est que mon premier travail est de protéger le peuple américain. Il est complètement légitime que le peuple américain soit profondément inquiet quand une bande de fanatiques cruels et violents coupent des têtes ou fusillent au hasard des gens dans une épicerie à Paris. Nous consacrons d’énormes ressources à ça, et il est normal et approprié que nous soyons vigilants et déterminés dans notre approche, tout comme le maire d’une grande ville doit réduire le niveau de criminalité s’il veut que cette ville prospère. Mais nous devons aussi tenir compte de beaucoup d’autres problèmes, et nous devons nous assurer de bien calibrer notre approche pour que ce que nous faisons ne soit pas contre-productif. À mon sens, notre invasion de l’Irak était contre-productive par rapport à l’objectif de maintenir notre pays en sécurité.

En dépit de la trempe incroyable de nos troupes – et je suis en admiration devant eux chaque jour quand je travaille avec eux – vous savez, la stratégie qui a été élaborée à Washington n’a pas toujours été appropriée aux menaces réelles. Et il faut que nous prenions les bonnes mesures, et que nous les appliquions correctement pour traiter les prochaines menaces comme la cyber-sécurité et le changement climatique, ou différentes parties du monde où les opportunités sont immenses, mais qu’avant mon mandat nous avions négligées pendant un certain temps, la zone Asie-Pacifique est un excellent exemple. Ou notre propre arrière-cour, l’hémisphère occidental, où il y a eu de réels progrès en Amérique Latine et où nous avons eu l’occasion de renforcer nos relations. Mais il y a aussi de gros problèmes comme l’Amérique Centrale où, au prix d’un investissement relativement modeste, nous pourrions vraiment faire la différence et mieux assurer notre sécurité. [8]

[8] Pas sûr que cela soit directement pertinent pour « notre sécurité, » mais cela vaut la peine de noter les conditions terrifiantes rapportées par les ONG qui ont étudié les vies des américains centraux renvoyés chez eux par des responsables américains. Voici ce que l’administration fait maintenant en Amérique Centrale.

Matthew Yglesias
Alors il y a cette idée du pivotement vers l’Asie, et j’aimerais savoir ce que cela recouvre pour vous précisément ? [9] Un transfert de matériel militaire, un transfert de temps sur votre agenda au Conseil National de Sécurité ? Est-ce quelque chose que vous avez réellement réussi à accomplir ou est-ce que le Moyen-Orient continue en quelque sorte à nous accaparer ?
[9] L’origine de l’expression « pivotement vers l’Asie » est un peu floue, mais le concept stratégique qui consiste à s’intéresser plus aux rives du Pacifique et moins au Moyen-Orient date d’une série de discours et d’initiatives de l’automne 2011.

Barack Obama
Je pense que ça signifie tout cela à la fois. Regardez, l’Asie est la région qui a la croissance la plus rapide du monde, c’est la région la plus peuplée du monde et vous y avez le plus grand pays du monde, la Chine, qui a subi cette transformation incroyable, spectaculaire, au cours des dernières décennies. [10] Les bons résultats de l’Amérique, économiquement, du point vue de la sécurité, vont être lié à nos relations avec cette région. Donc nous avons dit, a) : nous devons nous assurer d’avoir une relation constructive avec la Chine, en gardant la tête froide pour s’assurer qu’ils ne profitent pas de nous, mais qui leur envoie aussi le message que nous pouvons créer une situation gagnant-gagnant par opposition à une concurrence pure qui pourrait être dangereuse. Et pour ce faire, vous la Chine, vous devez intensifier vos efforts pour nous aider à écrire ces règles globales qui en fait faciliteront votre ascension. Des choses comme des règles correctes de libre-échange, et des réglementations maritimes qui ne permettraient pas à de grands pays de martyriser des petits. Voilà pour un premier gros morceau.

[10] Croissance du PIB chinois


Source : Banque Mondiale

Un second gros morceau, c’est de s’assurer que nos alliés comme le Japon ou la Corée du Sud aient confiance en notre capacité à être toujours là, et que notre présence n’est pas de celles qui se délitent avec le temps, parce qu’ils ont un voisin vraiment gros en face. Ils veulent être sûrs que si l’Amérique est leur partenaire-clé, cette Amérique-là va rester à leurs côtés contre vents et marées. Ensuite, vous avez tous ces pays plus petits, ou ceux qui sont en train de se développer, et qui se font une place dans le Pacifique Sud, en Asie du Sud-est, et ce que l’on y constate, c’est un énorme appétit pour plus d’engagement avec l’Amérique. Ils veulent faire plus d’affaires avec nous. Ils veulent plus de coopération avec nous en matière de défense. Et ce que nous avons été en mesure de faire ces six derniers mois, c’est de construire systématiquement cet ensemble de relations et de renforcer les plateformes de commerce, de renforcer la coopération pour la sécurité – tout depuis la façon dont on gère des secours après un désastre, pour que si quelque chose comme ce qui s’est passé aux Philippines arrive dans d’autres pays, on puisse travailler plus activement. Nous apprenons à intégrer la résilience à notre façon de traiter de la déforestation. Dans tous ces domaines où nous avons investi énormément, il y a eu des récompenses significatives.

Matthew Yglesias
Vous avez mentionné les Philippines, et vous disiez précédemment qu’il y aurait potentiellement gros à gagner en fournissant de l’assistance en Amérique Centrale. Est-ce que cela a réellement du sens de consacrer tellement de l’aide américaine vers l’étranger à un pays comme Israël qui est tout à fait prospère, quand il y a d’autres démocraties alliées dans d’autres régions du monde qui semblent avoir plus besoin d’assistance ?

Barack Obama
En fait, notre relation avec Israël est unique à bien des égards. C’est notre allié le plus fort dans la région. Nos liens de peuple à peuple sont inégalés. Et, en partie à cause de l’histoire du monde, les vulnérabilités d’une population juive au beau milieu d’un environnement vraiment hostile nous créent une obligation particulière à les aider. Je pense que la question la plus intéressante est que si vous considérez notre aide vers l’étranger comme un outil dans notre trousse de sécurité nationale, plutôt que comme de la charité, et que vous combinez notre budget de défense avec notre budget diplomatique et notre budget d’aide à l’étranger, alors dans cette réunion se trouvent beaucoup plus de choses que seulement ce que nous devrions faire pour aider le Honduras et le Guatemala à mettre en place un système de justice pénale, des services de police efficaces, et un développement économique qui crée des emplois. [11]

[11] Répartition du budget fédéral des USA, 2014


Source : Bureau Gestion et Budget de la Maison-Blanche

Matthew Yglesias
Alors vous voulez dire qu’il serait opportun de réattribuer ces ressources ?

Barack Obama
Eh bien, et une part du défi ici est juste la sensibilisation du public. Régulièrement, quand des sondages demandent aux gens quelle proportion du budget des affaires étrangères est consacrée à l’aide étrangère, ils répondent, “25 pour cent”. Ils sont persuadés que tout cet argent durement gagné qu’ils versent en impôts va d’une façon ou d’une autre à d’autres gens. Et si nous pouvons dire, cette proportion varie entre 1 et 2 pour cent selon ce que vous prenez en compte. Et si nous devions faire des investissements stratégiques dans des pays qui sauraient vraiment utiliser notre aide, alors nous n’aurions pas à déployer nos militaires aussi souvent, et nous serions dans une meilleure position pour coopérer avec d’autres pays pour faire cesser l’extrémisme violent. Donc je pense que les gens pourraient être convaincus par cet argument, mais traditionnellement nous n’en parlons pas en ces termes. C’est une des choses que je voudrais faire sur les deux prochaines années : essayer d’effacer cette ligne très marquée entre nos efforts militaires dans la sécurité nationale et nos efforts diplomatiques et d’aide aux pays étrangers. Parce que dans l’environnement d’aujourd’hui, nous devons penser à tout cela en un morceau.

Matthew Yglesias
La transformation de la Chine et sa prospérité croissante sont probablement la plus grande histoire de l’époque que nous traversons. Et cela me semble provoquer chez les américains une grande anxiété. Je veux dire, on a eu nos propres soucis économiques, mais aussi d’un point de vue géopolitique, c’est un pays avec un système politique très différent, avec des valeurs très différentes. Est-ce que vous pensez que les gens devraient s’en inquiéter ?

Barack Obama
Non, il n’y a pas de quoi nous inquiéter. En fait, nous devrions accueillir favorablement l’ascension paisible de la Chine, notamment dans une perspective simplement éthique. Voir des centaines de millions de gens sortir de leur extrême pauvreté, pouvoir nourrir leurs enfants et avoir une maison convenable : c’est une bonne chose que nous devrions encourager. De plus, une Chine en désordre est un grand problème parce qu’il y a beaucoup de chinois dans le monde et s’ils ne réussissent pas bien et qu’ils sont instables, c’est très dangereux pour la région.

Là où les américains ont une raison légitime de se sentir concernés, c’est qu’en partie cette ascension a eu lieu sur le dos d’un système international dans lequel la Chine ne portait pas son propre poids, ou elle ne suivait pas le code de la route que nous suivions, et dans certains cas, nous tenions le mauvais côté du bâton. [12] Ceci fait partie du débat que nous avons en ce moment sur les clauses du Partenariat Transpacifique, l’accord commercial pour lequel, vous le savez, nous sommes en pourparlers. Beaucoup de gens observent les 20 dernières années et disent, « Pourquoi voudrions-nous encore un autre traité commercial qui n’a pas été bon pour les ouvriers américains ? Il a permis à des entreprises américaines de délocaliser des emplois vers cette Chine aux bas salaires, et ensuite de revendre la production à Walmart. Et, oui, nous avons eu des chaussures de tennis moins chères, mais nous avons aussi perdu tous nos emplois. »

[12] L’exemple le plus remarquable ici, c’est probablement cette vieille discussion à propos de la politique monétaire chinoise, qui, particulièrement dans les années 2000, semblait calculée pour saper des productions américaines en créant un yuan artificiellement bon marché par rapport au dollar.

Et mon argument est double. D’abord : précisément parce que le mal est déjà fait, la question que nous essayons de traiter maintenant c’est, pouvons-nous monter la barre plus haut sur la main-d’œuvre, sur les normes environnementales, etc. dans cette région, et écrire un ensemble de règles qui seraient plus justes, parce que pour le moment ce n’est pas juste. Si vous voulez améliorer cela, alors nous avons besoin d’un nouveau régime commercial. Nous ne pouvons pas simplement compter sur l’ancien, parce qu’il ne marche pas pour nous.

Mais la deuxième raison pour laquelle c’est important, c’est parce que les pays avec lesquels nous sommes en pourparlers sont les mêmes pays avec lesquels la Chine tente de négocier. Et si nous n’écrivons pas les règles là-bas, la Chine le fera. Et les implications géopolitiques de l’écriture des règles par Chine, pour le commerce ou le droit maritime ou n’importe quelle sorte d’activité commerciale, signifient presque inévitablement que nous serons hors jeu ou profondément désavantagés. Nos entreprises seront désavantagées, nos travailleurs seront désavantagés. Donc quand j’entends, quand je parle à des organisations de salariés, je dis que, en ce moment, nous sommes extrêmement désavantagés. Pourquoi voudrions-nous maintenir le statu quo ? Si nous pouvons organiser un nouvel accord commercial dans lequel un pays comme le Viêt-Nam reconnaîtrait pour la première fois des droits aux salariés et que ceux-ci soient exécutoires, ce sera une grosse affaire. Cela ne signifie pas que nous n’allons pas encore voir des différences de salaire entre eux et nous, mais pour la plupart ils vendent déjà ici. Et ce que nous avons l’occasion de faire est de préparer des tendances à long terme qui nous maintiendront dans la partie, à un endroit où nous devons être.

Matthew Yglesias
Pourquoi pensez-vous que vous n’avez pas pu en persuader vos amis dans le mouvement ouvrier ? Ils regardent vraisemblablement ces questions d’assez près. Ils connaissent l’intérêt de leurs membres.

Barack Obama
Eh bien, voyez-vous, l’histoire, le récit, l’expérience que les gens ont vue pendant les 20 dernières années, c’est une réelle expérience, ce n’est pas quelque chose que nous nions. C’est pourquoi lors du discours sur l’état de l’Union, j’ai été très clair. J’ai dit, vous voyez, tous les accords commerciaux ne sont pas à la hauteur des espérances. Et il y a de vrais écarts dans le régime commercial en cours, ce qui signifie que des quantités de Toyota sont vendues ici et presque aucune Ford ou Chrysler ne se vend au Japon. Mais ce que je leur dis c’est que si, en fait, la situation actuelle nous désavantage, pourquoi voudrions-nous la pérenniser ?

Parfois leur réponse va être, eh bien, ce que vous faites ce n’est pas assez, ce que nous devons faire c’est obtenir l’autorisation des syndicats au Viêt-Nam, ou nous avons besoin que le Japon ouvre complètement ses marchés et supprime toutes ses barrières, et nous en avons besoin immédiatement. Et je leur réponds, je ne peux pas obtenir cela pour vous. Mais ce que je peux faire, c’est améliorer la situation actuelle pour des ouvriers américains et pour les entreprises américaines qui essayent d’exporter là-bas. Je peux ouvrir plus de marchés que ce qu’il y a d’ouvert pour l’instant, pour que des fermiers américains puissent y vendre leurs marchandises. Et vous savez, mieux c’est mieux. Ce n’est pas la perfection.

Ces expériences survenues ces 20 dernières années ne s’oublient pas facilement et la charge de la preuve repose sur nous, alors nous devons être très clairs et transparents en termes de ce que nous essayons d’accomplir. C’est un défi similaire à celui que nous avons dans nos négociations avec l’Iran.

Et je conclurai peut-être sur ce point, parce que la question a un grand intérêt : les gens ont raison de se méfier de l’Iran. L’Iran a parrainé le terrorisme d’état. Il a fait constamment, aux niveaux les plus hauts, des déclarations anti-israéliennes déplorables. Il est répressif à l’égard de son propre peuple et il est clairement et sans conteste prouvé que dans le passé ils ont essayé de développer des programmes d’armement et qu’ils ont essayé de le dissimuler. [13] Donc c’est un fait. Et il est compréhensible que les gens se sentent concernés, tant ici que dans le monde.
[13] L’Iran appuie depuis longtemps un grand nombre de groupes radicaux de la région, notamment mais pas seulement le Hezbollah. Le gouvernement a brutalisé les manifestants pour la démocratie, et plusieurs dirigeants ont promis d’éliminer l’état d’Israël.

Mais ce que j’ai aussi dit c’est que l’accord que nous avons conclu, cet accord provisoire favorisé par un régime de sanctions sévères que l’on a mis en place, nous offre la meilleure occasion de résoudre le problème d’un Iran nucléarisé sans recourir à la puissance militaire. L’Iran négocie sérieusement pour la première fois, et ils ont fait jusqu’ici des concessions réelles dans les négociations. Nous avons pu geler le programme pour la première fois et, en fait, faire reculer certains éléments du programme, comme les réserves d’uranium ultra hautement enrichi. Et donc à nous donner deux à trois mois supplémentaires pour épuiser toutes les possibilités d’une résolution diplomatique alors que personne ne nie, y compris nos agences de renseignement, et le Mossad et d’autres, personne ne nie le fait que l’Iran en ce moment même s’en tient aux termes de notre accord, donc nous ne perdons pas de terrain. Ils ne sont pas en train de développer clandestinement une arme au moment où nous parlons. Donner deux ou trois mois pour se représenter ça, pour nous c’est pertinent.

Maintenant, même chose en ce qui concerne les échanges. Vous allez rencontrer des gens qui vont être sceptiques, et leur réflexe va être, et bien, accumulons plus de sanctions, écrasons-les un petit peu plus, et quel que soit l’accord que l’on conclut, ils vont essayer de tricher, et on ne peut pas leur faire confiance, et ça va être un mauvais accord – et on me le dit, tout ça. [14] Mais mon message c’est que nous devons essayer la proposition, et si, en fait, l’accord est conclu, alors ce sera un accord que chacun, partout dans le monde, pourra surveiller. Et chacun sera en mesure de déterminer, est-ce que cela empêche dans les faits l’Iran d’avoir l’arme nucléaire ? Si la réponse est oui, alors c’est un bon accord. Si la réponse est non, alors ce n’est pas un accord que j’ai intérêt à signer. Il peut y avoir quelques arguments techniques, en partie parce qu’il y en a qui ne seront satisfaits que lorsque le régime iranien sera remplacé. Ils n’aiment même pas l’idée que l’Iran puisse avoir quelque technologie nucléaire que ce soit ou un savoir-faire nucléaire.

[14] Obama fait référence à un projet de loi introduit au sénat par Robert Menendez (Démocrate – New-Jersey) et Mark Kirk (Républicain – Illinois) qui imposerait de nouvelles sanctions à l’Iran, violant la part des États-Unis de l’accord, et tuerait probablement les négociations.

Matthew Yglesias
Lors de votre première campagne, il y avait une discussion comme quoi vous pourriez tenir des négociations directes avec des pays comme celui-là.

Barack Obama
Eh bien, nous avons eu des négociations directes. C’est exactement ce que nous sommes en train de faire. Nous essayons actuellement la proposition, et la question alors, Matt, c’est si l’Iran peut ou pas dire oui à la communauté internationale qui a décidé que c’était une démarche juste, donnant à l’Iran la possibilité de réintégrer la communauté internationale en vérifiant qu’il n’y a pas volonté de se doter de l’arme nucléaire.

Mais c’est une autre illustration de la remarque générale que j’ai faite au début. Voici une bonne façon de résumer : nous ne pouvons pas garantir que les forces à l’intérieur de l’Iran acceptent ce qui devrait être vu comme un bon accord pour l’Iran. Nous ne pouvons pas garantir qu’ils prennent une décision rationnelle, pas plus que nous pouvons garantir que M. Poutine prenne des décisions rationnelles à propos de quelque chose comme l’Ukraine. Il faut nous prémunir militairement contre leurs efforts. À toute agression qu’ils peuvent manifester, nous devons répondre de manière ferme et énergique. Mais nous devons aussi voir si des choses comme la diplomatie, des choses comme les sanctions économiques, des choses comme la pression internationale et les normes internationales, feront en réalité une différence.

Nos succès arriveront de manière irrégulière, et parfois il y aura une avancée significative, parfois vous n’améliorerez que modestement les choses. Et parfois le coup que vous jouerez ne marchera pas, et il vous faudra un plan B et un plan C. Mais la trajectoire globale, l’objectif global, est un monde dans lequel l’Amérique continuera à mener, que nous pousserons dans la direction d’une plus grande sécurité, de plus de normes et de règles internationales, plus de droits de l’homme, plus de liberté d’expression, moins d’intolérance religieuse. Et ces efforts se cumulent avec le temps, et je suis persuadé qu’il y a pour nous un moyen de maintenir notre idéalisme, de garder la tête froide dans nos analyses, en nous confrontant aux dangers sans les exagérer. L’Amérique, j’en suis certain, sera la nation indispensable pour le reste de ce siècle tout comme elle l’était durant le précédent.

Source : Vox, le 23/01/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/obama-lamerique-sera-la-nation-indispensable-pour-le-reste-de-ce-siecle/


[Média] BFM Business, Les Experts – 16 mars

Thursday 19 March 2015 at 01:59

Nicolas Doze m’a invité à son émission sur BFM Business.

Avec Philippe Manière, président-fondateur de FootPrint Consultant et Henri Pigeat, directeur de la lettre Ilissos.

Voici la vidéo :

Partie 1 :

Partie 2 :

Bonus : un petit rappel historique :

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Quelques extraits de l’émission (comme BFM passe du temps à les découper, au moins qu’on les diffuse…):

“La loi santé est un enfumage inutile économiquement et politiquement”

“L’inflation pour financer la dette publique n’est pas pertinent”

:”Ce n’est pas notre génération qui va mettre en place des mécanismes de solidarité”

L’euphorie du Quantitative Easing, “de la drogue gratuite” avant la descente

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N’hésitez pas à réagir en direct par mail sur cette émission via ce lien – Nicolas Doze consulte bien les mails en direct, et est très demandeur ;) :

http://www.bfmtv.com/emission/les-experts/

(cliquez sur Lui écrire à droite)

Utilisez aussi Twitter : https://twitter.com/NicolasDOZE

Source: http://www.les-crises.fr/media-bfm-business-les-experts-16-mars/


“Moi, censuré par la France pour mes opinions politiques”

Thursday 19 March 2015 at 00:25

L’excellent site Numerama publie aujourd’hui la lettre ouverte du créateur d’Islamic-News.info, censuré par le gouvernement.

Ceci n’implique évidemment aucun soutien de fond aux propos du site, mais seulement à un principe de forme : la liberté d’expression (Charlie toutçatoutça) ne peut être limitée que par la loi, et seul un juge peut déterminer si la loi a été respectée ou non.

Cette affaire montre donc les problèmes soulevés par la loi de 2014, largement dénoncée à l’époque, en particulier sur ce site.

Depuis le début de semaine et l’annonce du blocage du site Islamic-News sur ordre du ministère de l’intérieur, Numerama s’interroge sur la réalité de l’accusation qui vaut au média d’être bloqué pour apologie du terrorisme. Même la presse la mieux informée ne fournit pas d’explication à ce qui pourrait bien être un abus de pouvoir portant atteinte à la liberté d’expression. Un sentiment renforcé par la longue lettre ouverte communiquée en exclusivité à Numerama par le créateur d’Islamic-News.info, et que nous avons choisie de publier telle qu’elle, sans en changer une virgule.

Quelle réponse donner au blocage administratif décidé par le gouvernement français ? Dois-je me lancer dans une diatribe stérile contre cet Etat qui se veut le défenseur de la liberté d’expression lorsqu’il s’agit d’insulter le christianisme et l’islam mais place les verrous lorsqu’il s’agit de s’opposer à sa politique extérieure ? Le choix a été vite fait : je laisse tomber un combat perdu d’avance tout en contestant fermement les accusations. Mais je n’abandonne pas pour autant mon esprit critique.

Pour que mon message soit le plus clair possible, je vais l’articuler en plusieurs points. D’abord lever le voile sur islamic-news.info, ensuite expliquer en quoi la censure est politique.

Le projet Islamic-News

Le site islamic-news.info a été fondé en mai 2013. Je l’ai créé quelques mois après ma sortie de l’université, mon diplôme de droit international public, diplomatique et consulaire en poche. Si j’utilise la première personne pour écrire, ce n’est pas pour rien. Islamic-News.info repose depuis le tout début sur une seule personne. J’ai écrit moi-même la totalité des articles, du premier jusqu’au dernier. Je suis donc le seul responsable et le seul à qui parler pour évoquer islamic-news.info. Aucun groupe, aucune organisation, aucun mouvement n’est derrière le site. Cette précision a toute son importance car elle démontre le mensonge de Bernard Cazeneuve.

En effet, dans un article de FranceTVinfo, Bernard Cazeneuse revenait sur les censures mises en place et déclarait :  « Les cinq premiers sites (dont Islamic-news.info – c’est moi qui cite) sont tous animés par des groupes répertoriés par les services de renseignement et font tous l’apologie du terrorisme. »

Et non monsieur Cazeneuve, aucun groupe n’animait le site islamic-news.info. Aucun groupe ni organisation proche de l’Etat islamique ou d’Al-Qaïda ne l’animait, ni ne le finançait. Le site était dirigé par un seul homme, qui vit en Europe et qui est inscrit légalement sur les registres d’OVH et qui paie avec son propre compte en banque le serveur qu’il loue auprès du numéro 1 français. Aucun cryptage de données n’est utilisé, aucune combine, absolument rien, tout est transparent car il n y a rien à cacher. Je n’avais besoin que de 50 euros par mois pour faire tourner le site et lui donner une allure professionnelle, avec un certain succès d’ailleurs. Des journalistes professionnels m’ont même contacté pour me proposer des articles. Un photojournaliste palestinien de Gaza m’avait offert ses services lors de l’offensive israélienne sur la bande de Gaza, durant l’été 2014. Le nouvel Observateur a cité l’un de mes articles comme source dans la rédaction de l’un de ses billets sur la Syrie. Wikipedia a indexé plusieurs de mes articles comme « références sérieuses ». Bref, pendant près de 2 années, il n y a avait rien à redire. Personne ne trouvait le moindre argument pour démontrer notre illégalité. En 2 ans, j’ai attiré près d’un million de visiteurs uniques. Aucun n’a jamais trouvé élément à contester.

La pertinence des accusations de l’Etat français :

1. Site qui provoque au terrorisme :

Dois-je rire ou pleurer ! Imaginez-vous deux secondes. Un site internet créé en Europe, hébergé en Europe, financé en utilisant mes coordonnées bancaires officielles, avec ma carte d’identité à disposition de l’hébergeur, bref un site totalement transparent qui inciterait ou provoquerait à des actes de terrorisme. Je ne suis pas spécialiste du droit français, mais je sais ce qu’est la provocation au terrorisme, même s’il est difficile de déterminer les limites juridiques du concept. L’incitation ou la provocation au terrorisme n’a aucun sens pour moi, aucun intérêt. Je suis convaincu que mille mots sont plus efficaces que tout acte de violence. C’est ma conviction personnelle. Je n’ai pas étudié 5 années dans l’une des meilleures universitaires européennes pour en sortir « radicalisé » et « assoiffé de sang ». La meilleure manière de prouver cela est de citer un article que j’ai écrit début 2014. J’avais vivement dénoncé les propos d’un combattant en Syrie qui encourageait à commettre des attentats en Europe. J’avais souligné le danger de ce genre de message et ses conséquences néfastes sur la population musulmane en Europe, qui n’a vraiment pas besoin de ça en ces moments. Et cet article je l’ai écrit par conviction personnelle. Bref, appeler les lecteurs à commettre des attentats est impensable, cela dépasse tout bon sens.

2. Le site fait l’apologie du terrorisme :

L’apologie du terrorisme c’est d’abord et avant tout la volonté de montrer « sous un jour favorable » des actes de terrorisme, de les présenter comme « légitimes », voire « nécessaires ». En résumé, c’est défendre les actes de terrorisme commis et se féliciter de leur survenance. Rien, absolument rien, dans ce que j’ai écrit ne fait passer les actes terroristes sous un jour favorable ni ne les légitime. Et puis de quels actes de terrorisme parle-t-on ? Je n’ai pas écrit un mot sur la tuerie de Charlie Hebdo, pas un mot sur les décapitations de l’Etat islamique, pas un mot sur le jordanien brûlé vivant, pas un mot sur les soldats alaouites et chiites massacrés. Bref, j’ai sciemment évité les sujets polémiques qui pourraient être mal interprétés.

En outre, et contrairement à ce qu’avance le ministre de l’intérieur, je n’ai jamais diffusé la moindre vidéo de l’Etat islamique sur mon site. Je ne suis pas idiot. Si je publiai leurs vidéos officielles, je me ferai complice de sa diffusion. Serais-je inconscient à ce point ? Je sais distinguer le légal de l’illégal et je sais où s’arrête la liberté d’expression.

J’aimerai également attirer votre attention sur l’un des articles les plus influents que j’ai écrit. J’avais abordé la question des jeunes européens qui s’engageaient en Syrie pour mener le djihad. J’avais fait un appel public pour qu’ils n’aillent pas se faire tuer pour rien en Syrie dans une guerre qu’ils ne comprennent pas. Mais je ne leur ai pas conseillé d’oublier la Syrie. Au contraire, je leur ai rappelé que 10 millions de réfugiés syriens crèvent de faim et qu’ils feraient mieux d’aider ces réfugiés en récoltant des dons, par exemple, car ce sont eux qui ont le plus besoin de leur aide et non pas les militants de l’Etat islamique. Je crois fermement que les jeunes européens n’ont pas à s’engager militairement en Syrie. Je l’ai écrit, non pas pour faire plaisir aux autorités, mais simplement parce que c’est ma conviction profonde.

Mais alors sur quoi le gouvernement français a-t-il fondé son blocage ? Je pense que la raison est politique. Ma position peut choquer à partir du moment où je vise davantage les opposants de l’Etat islamique plutôt que lui-même. Le fait que je ne critique pas ce groupe constitue pour certain un indice de soutien. Mais cela reste une supposition. D’abord parce que l’Etat islamique n’a certainement pas besoin de moi pour leur propagande. Qu’il se débrouille tout seul, je ne suis pas prêt à me sacrifier pour lui. Et puis je considère que le principal danger en Syrie et en Irak ce n’est pas cette organisation mais c’est l’ingérence iranienne chiite qui profite du chaos pour répandre son influence. Les dirigeants occidentaux sont complices de cette ingérence mais elle les arrange volontiers puisque les Iraniens sont les seuls à accepter d’envoyer des soldats affronter au sol les hommes de l’EI. Que l’on se comprenne bien. L’Etat islamique constitue une menace certaine pour l’occident mais, selon moi, elle n’est rien comparée à l’Iran. En ressort de mes articles une charge sévère contre les chiites iraniens, contre les Kurdes, mais également contre la coalition occidentale en Syrie et en Irak. Autrement dit, je suis davantage « anti » que « pro ». Pour l’Etat français, « les ennemis de mes amis sont mes ennemis », visiblement.

Le journaliste David Thompson m’accuse d’être favorable aux djihadistes qui combattent en Syrie et en Irak. En fait, ma position de départ est simple : je suis radicalement opposé à Bachar al-Assad. Et comme dit plus haut, je suis davantage « anti » que « pro ». Mon opposition viscérale anti-Bachar laisse entendre un soutien à ses opposants, ce qui n’est pas nécessairement vrai. Je m’attaque uniquement à Bachar, et non pas à ses opposants.

Je pense donc que j’ai payé mon engagement politique à la fois contre l’interventionnisme militaire arabo-occidental et chiite dans la région et contre les groupes armés soutenus par les acteurs précités. Ce qui a fait dire au Monde que je suis contre la « propagande chiito-occidentale ». Absolument, je me décris comme un opposant de la propagande chiito-occidentale et il me semble que cela est mon droit de l’être, quitte à ulcérer certains. Être contre cette propagande n’est pas illégal. C’est même la règle du jeu. Cela ne signifie pas non plus un anti-occidentalisme primaire. Les va-t’en guerre aux commandes des Etats occidentaux ne représentent pas l’occident dans sa globalité.

Je suis parfaitement conscients que mes articles ont pu déranger voire même choquer mais il y a une exagération dans ce blocage. Savez-vous qu’il existe des sites qui diffusent du contenu de l’Etat islamique et qui sont toujours libre d’accès en France ? On dira qu’ils sont maintenus ouverts pour les surveiller. Mais je pense que cela cache surtout une autre réalité : l’Etat français ne peut pas s’attaquer aux gros sites par un simple blocage administratif. Il sera pointé du doigt par tout le monde et sera attaqué en justice par les hébergeurs. Mais en revanche bloquer un petit site comme le mien, il l’a fait directement car il savait pertinemment que personne ne s’en rendra vraiment compte et que je n’aurai pas les moyens de leur tenir tête. De plus, personne ne s’indignera. Il a eu raison.

Comme dit en préambule, islamic-news.info c’est fini. Le mal est déjà fait. L’étiquette du « terrorisme » a été déposée et personne ne pourra l’enlever même pas la décision d’un juge. La page Facebook a été supprimée sans aucune raison. Mon compte Facebook personnel est vide, je n’ai jamais rien publié et pourtant il a été supprimé. J’ai fait un appel auprès de Facebook. J’attends leur réponse.

Pour finir, un aspect technique. Le site n’est pas supprimé. Le serveur est simplement down car je n’ai pas réglé à temps la facture. Aussi simple que cela.

Source : Numérama

Quand Le Monde explique pourquoi 5 sites sont bloqués

Ah, Le Monde, toute une histoire…

Le Monde constate que 5 sites ont été bloqués, mais n’a obtenu des explications que pour quatre d’entre eux. Le cinquième est-il censuré uniquement parce qu’il est un “média de contre-information anti-kurde”, selon les termes du quotidien ?

Doit-on considérer comme un fait acquis que les cinq sites internet dont le ministère de l’intérieur a ordonné le blocage sont effectivement des sites “dont le contenu provoque à des actes de terrorisme ou fait publiquement l’apologie d’actes de terrorisme“, comme l’affirme la page officielle vers laquelle sont redirigés leurs visiteurs ? En l’absence d’ordonnance publique ou de jugement sur lequel apparaîtraient les motifs de la décision, l’internaute en est réduit soit à faire confiance aux services de police sur la qualité de leur jugement, soit à vérifier par eux-mêmes en contournant le blocage. Soit à faire confiance aux médias qui tentent de comprendre pourquoi un site de presse est censuré sur ordre de la police française, fut-ce un média islamique engagé.

Par souci d’exercer le rôle de contre-pouvoir reconnu à la presse en démocratie, Numerama a tenté de comprendre pourquoi Islamic-News.info figurait parmi les sites censurés. Mais nous n’avons rien trouvé de probant sur la prétendue apologie d’actes de terrorisme, ni dans les archives publiques du site internet, ni sur la page Facebook censurée à son tour.

Hélas, et à notre grand étonnement, il semble que nous soyons à peu près les seuls à nous préoccuper d’une éventuelle censure abusive, qui confirmerait nos craintes sur les dérives du dispositif placé dans les mains de l’administration au mépris de la séparation des pouvoirs, et en l’absence de toute validation par le Conseil constitutionnel.

Ce mardi, Le Monde apporte des bribes d’explication sur le blocage des cinq sites internet (jihadmin.com, mujahida89.wordpress.com, is0lamnation.blogspot.fr, alhayatmedia.wordpress.com et islamic-news.info). Mais il le fait d’une bien étrange manière. Ainsi le quotidien rapporte que les cinq sites sont “deux portails d’audience nationale et internationale (qui) côtoient deux blogs amateurs, dont un déclaré inactif par son auteur depuis début mars, et un média de contre-information anti-kurde“. Ce dernier est bien Islamic-News.info. Mais à la question “que leur reproche le ministère de l’intérieur”, voici la réponse du Monde : “Essentiellement d’héberger du contenu djihadiste. L’un de ces sites publie la traduction d’un discours d’Abou Bakr Al-Baghdadi, le chef de l’Etat islamique. Deux autres sites permettent de télécharger le magazine d’Al-Qaida, Inspire. Le quatrième relaie des vidéos de propagande de l’EI“. Aucune explication n’est fournie sur le cinquième site censuré.

Il faut espérer que ce ne soit pas uniquement parce qu’il s’agit d’un “média de contre-information anti-kurde“, ce qui serait un cas flagrant de censure politique. Mais hélas, personne à notre connaissance n’a su pour le moment présenter la moindre preuve de ce que Islamic-News.info diffusait effectivement du contenu qui “provoque à des actes de terrorisme ou fait publiquement l’apologie d’actes de terrorisme”. 

Faut-il donc fermer les yeux et accepter cette accusation comme un fait établi ?

Voir l'image sur Twitter

Source : Numérama

Islamic-News perd aussi sa page Facebook. Mais pourquoi ?

Ayant été classé par le ministère de l’intérieur parmi une première liste de sites faisant l’apologie du terrorisme, Islamic-News.info a été bloqué par les FAI, sans décision de justice. Mais le média islamique a également perdu son hébergeur OVH, son compte Twitter et sa page Facebook. Sans qu’aucune preuve des accusations ne soit apportée. Un site polémique ? Oui. Choquant ? Probablement. Illégal ? C’est moins sûr.

Il aura donc suffi d’un ordre de la police française, sans passer par l’avis d’un juge indépendant, pour faire disparaître tous les moyens de communication en ligne du site Islamic-News.info, qui disait publier “l’essentiel de l’actualité dans le monde musulman“. Selon nos constatations, la page Facebook du site qui avait réuni plus de 40.000 “j’aime” a été supprimée mardi, alors qu’elle était toujours ouverte (mais inactive) après la décision du ministère de l’intérieur d’exiger le blocage du site d’information islamique, accusé de faire l’apologie d’actes de terrorisme ou de provoquer à des actes de terrorisme (une accusation grave que nous n’avons pas réussi à confirmer).

Auparavant, le compte Twitter et l’hébergement du site sur OVH avaient également été suspendus, les plateformes et intermédiaires techniques craignant certainement d’être accusés de complicité d’apologie du terrorisme s’ils continuaient à fournir à Islamic News les moyens de s’exprimer. Personne ne répond par ailleurs ce mardi à l’adresse e-mail hébergée par Outlook (donc Microsoft), peut-être à son tour désactivée.

Dans les publications que nous avons pu consulter sur la page Facebook d’Islamic News, encore visibles en cache au moment où nous écrivons ces lignes, aucun message ne fait explicitement l’apologie du terrorisme ou appelle les lecteurs à commettre des attentats.

Dans leurs commentaires des conflits arabes, les animateurs du site se montrent sans ambiguïté d’une grande véhémence contre ce qu’ils appellent les “terroristes kurdes” du YPG (Unités de Protection du peuple kurde), qui combattent les forces de l’Etat Islamique, et ils dénoncent “la barbarie de ces criminels racistes envers les civils arabes sunnites“. Le site affiche aussi ses positions pro-palestiniennes et s’en prend donc à Israël, qu’il appelle “l’entité sioniste”, reprenant ainsi une terminologie employée par l’Iran.

CENSURE LÉGALE OU ACTE DE GUERRE ?

Mais même s’il ne condamne pas leurs exactions, jamais dans ce que nous avons pu lire Islamic News n’appelle quiconque à tuer les forces opposées à l’Etat Islamique, et encore moins à abattre des civils. La frontière qui sépare l’opinion politique choquante mais légale, et l’apologie illicite du terrorisme, a-t-elle réellement été franchie par Islamic News ? A cet instant, à notre connaissance, rien ne nous permet de le confirmer.

Or si réellement Islamic News est accusé à tort et ne bénéficie pas de la protection d’un juge (procédure administrative oblige), nous serions là en présence d’une forme moderne de censure politique ordonnée par intérêt stratégique et patriote, et non d’une censure légitime fondée sur l’état de droit. C’est exactement ce que nous avions redouté en écoutant l’ouverture des débats parlementaires sur la loi anti-terrorisme de 2014, où les mots “nous sommes en guerre” avaient été répétés à l’envi pour justifier des mesures d’exception.

Il n’est pas de guerre sans propagande de guerre, où chaque camp défend sa conviction d’être dans celui du bien et de combattre le camp du mal. Il faut mobiliser ses troupes et faire accepter à son peuple les efforts de guerre. Les pertes de libertés en font partie“, avions-nous prévenu. “Il n’est pas non plus de propagande de guerre sans contre-propagande. Il faut répondre avec force à la propagande de l’adversaire. Or au 21ème siècle, cela consiste notamment à contrôler les réseaux sociaux que peut utiliser l’ennemi, et à bloquer l’accès aux sites web qui leur permettent de faire connaître non seulement leurs actes de guerre les plus atroces, mais aussi leurs motivations qui peuvent apporter des nuances que le manichéisme d’une guerre ne saurait tolérer.”

Source : Numérama

10 problèmes posés par la censure d’Islamic-News.info

En ordonnant la censure d’Islam-News.info sur simple décision administrative, le Gouvernement a donné raison à ceux qui craignaient que le dispositif introduit par la loi anti-terrorisme de 2014 soit utilisée abusivement.

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  1. Ce blocage, que nous voulons ciblé et limité au strict nécessaire“, avait promis Bernard Cazeneuve lors de l’ouverture des débats parlementaires le 15 septembre 2014. Mais est-ce vraiment “ciblé et strictement nécessaire” que de bloquer sans jugement contradictoire l’accès à un site internet de presse ainsi accusé de faire l’apologie du terrorisme, ce qu’il dément ? Nos quelques recherches dans le cache de Google ou sur la page Facebook du site n’ont pas permis de trouver de contenus mis en en ligne par Islamic-News qui appelleraient à commettre des actes terroristes ou se féliciteraient d’attentats commis ou projetés.
  2. Cela ne veut pas dire que des contenus illicites n’existent pas, mais la démocratie ne devrait pas imposer de faire confiance à la police sur la qualité de ses propres jugements. La démocratie impose la transparence. Chaque citoyen doit pouvoir vérifier le bien-fondé des décisions prises en son nom, or en l’espèce le blocage n’est pas motivé par la moindre décision publique. Il est affirmé sur la page de redirection que le contenu d’Islamic-News “provoque à des actes de terrorisme ou fait publiquement l’apologie d’actes de terrorisme“, mais sans que le moindre début de preuve soit apporté. Or l’internaute ne peut pas lui-même vérifier, sauf à contourner le blocage qui l’empêche de vérifier le bien-fondé de l’accusation.
  3. Lors des débats parlementaires, le ministre avait affirmé que les sites bloqués seraient des sites dont l’illégalité ne ferait aucun doute. Or l’illégalité de Islamic News ne semble pas être de la première des évidences. C’est bien pour cela que le rôle du juge est primordial, et que l’on craint que ce soit aussi pour cela que le juge est contourné. Garant des libertés, il aurait peut-être jugé que le site exerçait son droit à la liberté d’expression, fut-ce pour proférer des opinions choquantes qui déplaisent au Gouvernement, ou qui sont contraires à ses intérêts stratégiques.
  4. Pour justifier le recours aux ordres de police plutôt qu’à la justice, le Gouvernement avait argué de la nécessité d’aller vite pour contrer la propagande lorsqu’elle apparaissait sur Internet, sans subir la lenteur judiciaire. Mais Islamic News était en ligne depuis 2013. Où était l’urgence de faire fermer ce site en particulier, en se passant y compris d’une procédure de référé, accomplie en quelques jours à peine ?
  5. Rappelons que la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) estime que “l’essence de la démocratie tient à sa capacité à résoudre des problèmes par un débat ouvert” et que “des mesures radicales de nature préventive visant à supprimer la liberté de réunion et d’expression en dehors des cas d’incitation à la violence ou de rejet des principes démocratiques – aussi choquants et inacceptables que peuvent sembler certains points de vue ou termes utilisés aux yeux des autorités, et aussi illégitimes les exigences en question puissent-elles être – desservent la démocratie, voire, souvent, la mettent en péril“. Tout le problème est de savoir si Islamic News incitait effectivement à la violence, ce qui n’est pas publiquement démontré.
  6. Dans son étude d’impact, le Gouvernement justifiait la nécessité d’un blocage administratif par le fait que “la grande majorité des sites faisant l’apologie du terrorisme et provocant à une radicalisation, à l’instar des sites pédopornographiques, sont hébergés à l’étranger“. En l’espèce, Islamic-News était hébergé en France par OVH. L’hébergeur n’a pas été sollicité, faute pour Islamic-News d’avoir signalé publiquement dans des mentions légales qu’il était hébergé chez ce prestataire (ce qui pouvait néanmoins se vérifier très facilement, le ministère de l’intérieur ayant préféré ne pas diligenter la moindre enquête).
  7. Le recours gracieux ou le recours hiérarchique seront réputés rejetés en l’absence de réponse dans les deux mois. Il suffira donc que les services du ministère de l’intérieur gardent le silence pour conserver le blocage sans avoir à s’en expliquer. La seule possibilité pour le site en cause sera d’attendre l’expiration des deux mois pour introduire un recours au fond devant le tribunal administratif de Cergy-Pontoise, ou de tenter une procédure de référé-liberté.
  8. Le blocage administratif des sites d’apologie du terrorisme a été imposé dans la loi sans vérification par le Conseil constitutionnel, alors que l’examen de sa jurisprudence ne permet absolument pas de prédire son approbation. S’il a validé le blocage des sites d’images pédophiles sur ordre policier, c’est sur la base d’un constat objectif : la présence d’images pornographiques impliquant des enfants. L’apologie du terrorisme est en revanche un sujet beaucoup plus subjectif, qui impose certainement l’examen judiciaire.
  9. Sur le fond, le blocage du site est un signe de faiblesse de la part de la France, qui n’a pas suffisamment foi dans la force de conviction de ses propres arguments, et se sent obligée à la fois de payer Google pour faire connaître ses arguments, et de censurer les sites de ses adversaires. Or ce n’est certainement pas en démontrant ainsi sa faiblesse que l’on combat le mieux le terrorisme, qui puisera de la force dans cette censure.
  10. En redirigeant les internautes vers une page d’accueil sous son contrôle, le ministère de l’intérieur se donne les moyens de connaître les adresses IP de tous les internautes qui demandent à visiter ces sites, potentiellement au mépris de la liberté d’opinion. Nous attendons des précisions du Gouvernement sur la politique de conservation des données de connexion, et leur éventuelle exploitation.

Source : Numérama

“Nous sommes en guerre”, ou comment légitimer la censure de l’ennemi

Lundi soir lors de l’ouverture des débats sur le projet de loi de lutte contre le terrorisme, qui prévoit notamment la censure sur ordre de l’Etat des sites faisant l’apologie du terrorisme, les députés ont justifié la mesure par l’état de “guerre” dans laquelle la France serait plongée. Ou comment le blocage doit servir à la contre-propagande de guerre. 

Nous sommes en guerre“. Lors de la discussion générale à l’Assemblée Nationale sur le projet de loi de lutte contre le terrorisme présenté par Bernard Cazeneuve, l’expression est revenue lundi soir à de nombreuses reprises, pour justifier les mesures d’atteintes aux libertés prévues par le texte. Si la formule a surtout été prononcée par la droite de l’hémicycle, le gouvernement et la majorité ne l’ont pas contestée, loin s’en faut. Les débats doivent donc reprendre ce mardi soir, dans une inquiétante ambiance belliqueuse de renoncement à nos propres valeurs, signe ultime de la victoire du terrorisme qui, par la peur, parvient à faire reculer les libertés.

Monsieur le ministre, notre pays est en guerre“, entama ainsi le député UMP Eric Ciotti. “Notre pays est en guerre contre le terrorisme et contre l’expression qu’il revêt aujourd’hui : celle du fanatisme religieux et de l’extrémisme, celle qui arbore le visage de l’État islamique. (…) Face à cette situation de guerre, nous devons manifester notre unité“.

Pierre Lellouche (UMP) jugeait en effet la situation similaire à la première guerre mondiale. “Seule s’impose, comme ici même il y a un siècle, l’union sacrée de toute la représentation nationale, de tous les républicains, face à ce qu’il faut bien appeler une guerre. Cette guerre nous est imposée par une frange fanatique du monde musulman“. “Il nous faut prendre conscience que nous n’en sommes qu’au début de cette guerre“, a-t-il même ajouté.

On vient de nous déclarer la guerre. La France, unie autour de son président et de son gouvernement, unie autour de son assemblée, saura y répondre“, promettait à son tour Alain Tourret, député radical du Calvados.

Des formules similaires ont été prononcées par les députés UMP Guillaume Larrivé (“Un ennemi nous a déclaré la guerre. Cet ennemi, il faut le nommer, il faut le regarder pour ce qu’il est, il faut le combattre : c’est l’islamisme radical armé, le djihadisme, qui veut détruire, par la terreur la plus barbare, nos sociétés démocratiques“), Jacques Myard (“La réalité est simple et tragique, comme l’Histoire : nous sommes en guerre“), Thierry Mariani (“La France peut considérer qu’elle est en guerre contre le terrorisme“), ou encore Xavier Bertrand (“Nous sommes en guerre. Nous sommes en guerre contre le terrorisme, nous sommes en guerre contre le terrorisme djihadiste“).

“SAVOIR SUSPENDRE LES LIBERTES DEMOCRATIQUES”

Ainsi les choses sont claires. Il n’est pas de guerre sans propagande de guerre, où chaque camp défend sa conviction d’être dans celui du bien et de combattre le camp du mal. Il faut mobiliser ses troupes et faire accepter à son peuple les efforts de guerre. Les pertes de libertés en font partie.

Il n’est pas non plus de propagande de guerre sans contre-propagande. Il faut répondre avec force à la propagande de l’adversaire. Or au 21ème siècle, cela consiste notamment à contrôler les réseaux sociaux que peut utiliser l’ennemi, et à bloquer l’accès aux sites web qui leur permettent de faire connaître non seulement leurs actes de guerre les plus atroces, mais aussi leurs motivations qui peuvent apporter des nuances que le manichéisme d’une guerre ne saurait tolérer.

Alain Tourret l’expliquait très bien lundi soir, en convenant qu’il fallait “suspendre des libertés démocratiques” au nom de cette guerre contre les terroristes. “Je n’ai pas dit « supprimer », j’ai dit « suspendre » ! Nous avons su, dans notre histoire, suspendre à un moment donné les libertés démocratiques. Celles-ci, en effet, ne peuvent pas avoir le même contenu en temps de paix et en temps de guerre. Or la guerre nous a été déclarée.”

C’est aussi l’avis de Philippe Goujon (UMP). “Puisque la guerre a lieu aussi sur internet, la responsabilisation des hébergeurs de sites quant aux contenus publiés ainsi que la procédure de blocage prévue par ce projet de loi démontrent qu’internet ne saurait constituer une zone de non-droit (…) Ne laissons subsister aucune faille dans notre arsenal juridique pour gagner la guerre contre le terrorisme et la barbarie“.

C’est le député Alain Marsaud (UMP) qui laissa le plus éclater la franchise, dans un discours qui a gêné jusqu’à son propre camp. Il reprocha au ministre Bernard Cazeneuve d’avoir cherché à expliquer “que vous n’étiez pas en train de vous asseoir sur les libertés individuelles et les libertés publiques“, alors que “ce n’est pas là le procès que nous vous ferons, bien au contraire !“.

Vous m’invitez à m’asseoir sur les libertés pour faire en sorte que la sécurité soit assurée dans notre pays. Tant que ce gouvernement sera en situation de responsabilité et que je serai ministre de l’intérieur, ce ne sera jamais le cas“, lui répondit Bernard Cazeneuve. En ne convaincant que les quelques députés présents dans l’hémicycle.

Source : Numérama, 09/2014

Source: http://www.les-crises.fr/moi-censure-par-la-france-pour-mes-opinions-politiques/


Armez l’Ukraine et vous prenez le risque d’une autre « Chute du Faucon Noir », par Eugene Rumer

Wednesday 18 March 2015 at 00:48

[NdT : référence au livre de Mark Bowden sur l'échec de l'intervention militaire américaine en Somalie, duquel Ridley Scott a produit le film du même nom]

La logique est perverse, mais elle est assez simple à saisir. L’armée ukrainienne, mal équipée, ne peut pas à elle seule infliger suffisamment de dommages à l’insurrection séparatiste soutenue par les russes pour forcer cette dernière à accepter un cessez-le-feu effectif qui pourrait conduire à la négociation d’une trêve. Par conséquent, l’Amérique devrait aider en envoyant des armes défensives, et certaines armes létales aussi. Une fois que les cercueils commenceront à arriver à Moscou (selon cette théorie) le président Vladimir Poutine fera marche arrière, de crainte d’une réaction violente de la part du public déjà exaspéré par la montée de l’inflation.

Voici l’argumentaire présenté par un groupe d’anciens officiels américains de haut rang, et on rapporte qu’il est en train d’être discuté au sein de l’administration Obama. Il est néanmoins profondément erroné. Visant à aider un pays dévasté, cela pourrait au contraire prolonger l’agonie de l’Ukraine et la détourner de la tâche vitale qu’est la reconstruction. Il est hautement improbable que cela fasse dévier M. Poutine de sa course destructrice. Et cela rapprocherait les États-Unis d’une confrontation militaire directe avec la Russie.

Les russes soutiennent M. Poutine. Le Kremlin a mis la crise économique sur le compte des sanctions occidentales, et il rendra les occidentaux également responsables des pertes militaires. Aucun élément ne suggère que les russes ne croient pas à la version du Kremlin. Il y a peu de chances pour qu’ils abandonnent M. Poutine dans son combat contre l’occident.

Il y a également des raisons pratiques. Il est inutile d’envoyer des armes à des troupes qui ne sont pas formées à leur utilisation. Les États-Unis et leurs alliés enverront-ils des formateurs en Ukraine de l’Est ? S’ils le font, ils enverront des Américains dans une zone de guerre dans laquelle l’ennemi est la Russie. Il sera difficile de faire comme si les États-Unis n’étaient pas une des parties du conflit. Si on est réaliste, quelles sont les chances de s’assurer que seules les troupes ukrainiennes régulières, et non les milices privées, auront accès aux armes fournies par les Occidentaux ? Si un Occidental non-combattant mais en uniforme est capturé par les séparatistes, est-ce que les États-Unis essaieront de le secourir ? Dans « La Chute du Faucon Noir », Mark Bowden décrivait les périls liés à une opération de ce genre, dans le centre-ville de Mogadiscio. Imaginez ce qui pourrait se produire à 5 km de la frontière russe, dans une zone contrôlée par des militaires russes.

Pour finir, imaginez la réponse. Que faisons-nous si la Russie poursuit l’escalade dans ce conflit ? Ou si le Kremlin lance une cyber attaque contre une institution financière américaine, détruisant les données relatives aux titres de propriété des avoirs ? Est-ce que l’Amérique ferait alors un pas de plus vers la guerre ?

Ce n’est pas rendre service que de nourrir des espoirs irréalistes. Bien sûr, l’Ukraine est victime d’une agression. Mais, à moins de faire une campagne de l’ordre de celle menée dans les Balkans, dans les années 90 par les États-Unis et ses alliés – ce que personne ne recommande – aucun type d’assistance de l’Amérique ou de l’OTAN ne peut changer le fait  que la Russie a le dessus. En août, puis à nouveau en janvier, M. Poutine a choisi l’escalade plutôt que de laisser les séparatistes se faire battre. L’Ukraine aura besoin d’aide pour reconstruire son armée, et les États-Unis devraient la fournir. Mais cela prendra des années, et cela ne peut être réalisé au milieu d’une guerre contre un voisin supérieur en puissance.

Contrairement à cette proposition téméraire d’envoyer des armes à l’Ukraine, l’assistance économique occidentale à ce pays a, jusque là, été timide. Les États-Unis ont promis 3 milliards de dollars en garanties de prêts, soit une fraction des dizaines de milliards dont ce pays a besoin. C’est en partie parce que Washington soupçonne encore Kiev de corruption généralisée. L’armée fonctionnera-t-elle mieux que le gouvernement qu’elle sert ?

Aujourd’hui, l’Ukraine ne peut pas gagner ce conflit. Il doit être gelé. Il faudrait le dire aux dirigeants ukrainiens. Cela aggraverait encore la tragédie si des soldats étaient envoyés pour mener une bataille désespérée. Une Ukraine libre et indépendante, une défense solide de l’ordre européen et une réplique ferme à l’agression russe : ce sont des objectifs louables. Mais ils ne nous absolvent pas de la responsabilité de penser aux conséquences de nos actions. La proposition actuelle d’armer l’Ukraine ne répond pas à cette exigence.

Source : Eugene Rumer, Thomas Graham, pour le Eugene Rumer, Thomas Graham, the Financial Times, 03/02/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/armez-lukraine-et-vous-prenez-le-risque-dune-autre-chute-du-faucon-noir-par-eugene-rumer/