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[Vidéo] Au nom du père, du fils et du djihad

Sunday 23 October 2016 at 04:00

Excellent documentaire à voir en replay jusqu’à mardi…

Il montre toute la complexité de la situation syrienne, les crimes de toutes part (du gouvernement, des terroristes, des islamistes non terroristes…) qui font se demander quelles solutions il peut y avoir là-dedans – et donc qu’est-ce qu’on va faire là-dedans ?

Ce documentaire (de 110 min.) raconte l’itinéraire d’une famille franco-syrienne, les Ayachi. Bassam, le père, s’est installé en France à la fin des années 60. Cet homme érudit a épousé une Française, bientôt convertie, avec laquelle ils élèveront leurs enfants dans la religion. Quand la révolution éclate en Syrie, le fils aîné Abdelrahman, et, plus tard, son père Bassam partent sur la terre de leurs ancêtres faire le djihad contre Bachar el-Assad et Daech. En Syrie et en Belgique où vivent les autres membres de la famille, le réalisateur Stéphane Malterre filme durant trois ans le destin controversé des Ayachi, marqué par des événements tragiques.

Infrarouge – France 2 – 18/10/16

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Ce film raconte l’itinéraire d’une famille franco-syrienne, les Ayachi, dont le père et le fils ont quitté la France pour rejoindre la terre de leurs ancêtres et faire le  jihad contre Bachar el-Assad et Daech.

Bassam, le père s’est installé en France à la fin des années 60. Érudit, l’homme a épousé une française, bientôt convertie, avec laquelle ils élèveront leurs enfants dans la religion. Quand la révolution éclate en Syrie, le fils aîné, Abdel Rahmane, et plus tard son père, Bassam, partent sur la terre de leurs ancêtres faire le jihad contre Bachar el-Assad et Daech.

En Syrie et en Belgique où vivent les autres membres de la famille, le réalisateur Stéphane Malterre filme durant trois ans le destin controversé des Ayachi marqué par des évènements tragiques. Chronique d’une guerre meurtrière et d’une relation père-fils, ce documentaire brosse une incroyable saga entre Orient et Occident, reflet sidérant de l’actualité.

Aussi controversée soit-elle, la famille Ayachi reste fascinante. Fascinante car elle demeure debout en dépit de ses multiples contradictions, au gré des époques, des modes et de l’histoire. C’est l’aîné, Abdel Rahmane Ayachi, que le réalisateur Stéphane Malterre commence à filmer en Syrie, où ce Franco-Syrien est venu combattre le régime en place. À la mort de ce dernier, Stéphane Malterre se rend en Belgique et montre le reportage à la famille. À ce moment, il réalise que les Ayachi sont connus, très connus. Notamment par la figure du père, Bassam, appelé également Cheikh Bassam, qui a marqué les esprits partout où il est passé.

De l’insertion à la radicalisation

De la Syrie à… la Syrie, en passant par Aix-en-Provence, Djeddah, Molenbeek et Bari, Bassam Ayachi a essaimé ses discours religieux et/ou antigouvernementaux. Fuyant le régime d’Hafez el-Assad, Bassam s’exile en France et est ébloui par la révolution qui s’y déroule : mai 68. Une révolution non sanglante menée sans armes par un peuple qui défie le pouvoir en place. À Aix-en-Provence, où il poursuit ses études, il fait la connaissance de Pascale, étudiante également, qu’il épouse rapidement. Elle se convertit à sa demande. Plus tard, ils partent en pèlerinage à la Mecque, et la famille, qui s’est agrandie, s’installe plusieurs années à Djeddah, où Bassam Ayachi travaille pour une entreprise française. En parallèle, il prêche dans une mosquée des discours hostiles à la famille royale. En 1979, mêlé de près à un groupe de rebelles antimonarchistes qui prend en otage des centaines de pèlerins à la Mecque, Bassam est expulsé de l’Arabie saoudite après avoir purgé huit mois de prison. De retour à Aix-en-Provence, il prône le vivre-ensemble, l’insertion voire l’assimilation, et crée par la suite une mosquée, où il prêche des sermons «pas politiques mais historiques ou moraux».

Dans les années 90, la famille s’installe à Molenbeek, où vit une importante communauté musulmane. Bassam Ayachi prend la tête du CIB, le Centre islamique belge. Ses prêches changent de ton et versent dans le radicalisme. L’homme éveille la curiosité de la police. En témoigne son autre fils, Abdallah : «Mon père avait une image en France d’un imam cool, et quand on est allés en Belgique, c’était plus l’image d’un intégriste, et ça dérange le gouvernement.» Le CIB est suspecté d’être un terreau de jihadistes, d’autant que Bassam Ayachi a marié l’un des futurs assassins du commandant Massoud. «Avec l’assassinat de Massoud, c’est là qu’ont démarré les problèmes», révèle Abdallah. Son père est longtemps soupçonné d’être l’instigateur d’une filière de moudjahidines en lien avec des organisations terroristes. Mais la police ne trouve pas de preuves le mettant en cause, et le CIB sera fermé en 2010. Entre-temps, le fils aîné, Abdel Rahmane Ayachi, informaticien doué très demandé, bascule dans un radicalisme plus virulent que son père, ce qui lui vaudra procès et condamnations. Il part une première fois en Syrie dans les années 2000 et y retourne lors du printemps arabe en 2011, à la tête de l’une des coalitions salafistes, «Suqur as-Cham».

Quand l’élève dépasse le maître

Deux figures charismatiques se distinguent donc dans la famille Ayachi, le père et le fils. L’un a façonné l’autre, et le second a dépassé le premier. Si Bassam est suspecté d’être à la tête d’une filière islamiste, le fils, lui, prend les armes. Il se bat contre le régime de Bachar el-Assad pour instaurer un État islamique. Il ne craint pas une issue fatale, il la recherche même. Plus tard, sa mort en martyr parachève une vie sous le signe de la religion. Abdel Rahmane, le fils prodige, a ébloui le père. Ce qui pousse ce dernier à continuer la lutte. « Il m’a dépassé. Maintenant, c’est moi qui dois y aller. » Il est désormais juge dans un tribunal islamique dans les lieux mêmes où son fils a perdu la vie lors d’un assaut.

Au nom du père, du fils et du jihad retrace les vies hors normes de certains membres d’une famille, régies plus précisément par le salafisme, un mouvement religieux de l’islam sunnite. Le documentaire dévoile les contradictions de cette famille, oscillant entre douleur et fierté, libre arbitre et fatalisme. Abdel Rahmane déclare face caméra : « Je me sens aussi bien Français que Syrien. Je suis né et j’ai grandi en France. Je ne peux pas ne pas me sentir Français. » Il se bat néanmoins en Syrie pour un État islamique. Le père prône le vivre-ensemble en France, mais ses propos ont un ton bien plus radical en Belgique. Il a été suspecté, emprisonné mais est sorti blanchi. Le père continue la lutte de son fils, une lutte engagée également contre Daech dont il honnit l’état d’esprit. Stéphane Malterre pointe toutes ces contradictions et les retourne contre ses interlocuteurs qui, habilement, les éludent ou trouvent une réponse qui leur correspond.

Les images saisissantes du conflit syrien soulignent le courage du réalisateur, parfois en premières lignes, aux côtés des combattants. Il révèle ainsi les liens entre les différentes factions en place contre le régime syrien. Les images apocalyptiques ne présagent rien de bon quant à l’issue du conflit, d’autant plus que l’ombre de Daech plane à la fois sur ces combattants rebelles et sur le régime de Bachar el-Assad.

un film inédit écrit et réalisé par Stéphane Malterre

La case Infrarouge invite les téléspectateurs à réagir et commenter les documentaires en direct sur twitter via le hashtag #infrarouge (Source : France 2)

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Le remarquable documentaire “Au nom du père, du fils et du dihad” diffusé par France 2 est désormais disponible en replay. Nous avons demandé à son réalisateur Stéphane Malterre de commenter trois extraits, sur des aspects névralgiques et complexes qu’il soulève.
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Dans ce premier extrait, Abdelrahmane Ayachi, le fils, expose sa conception du jihad et rappelle certaines règles, comme l’interdiction de placer « une bombe au milieu d’un marché » qui entraînerait la mort de nombreux civils. Où se situait le curseur pour ce combattant armé franco-syrien, mort en 2013, entre jihad et terrorisme ?

Dès ma rencontre avec lui, je lui ai posé cette question en lui rappelant que le mot « djihad » en Occident est synonyme de « terrorisme ». A l’époque, on ne parlait pas encore de Daech, mais de Jabhat al-Nosra, groupe lié à al-Qaida en Syrie. Lui, en revanche, appartenait au groupe Suqur al-Sham, composé de Syriens nationalistes, à l’époque affilié à l’Armée syrienne libre. C’est très clair : Suqur al-Sham, qui combattait notamment aux côtés de brigades laïques, n’a jamais été estampillé « terroriste » par aucune organisation internationale, et c’est encore le cas aujourd’hui. Suqur al-Sham s’inscrit dans un mouvement populaire révolutionnaire, ce qui n’est pas le cas de Daech. Toutes ces nuances sont fondamentales, car elles diffférencient un groupe terroriste d’un groupe islamiste non-terroriste. Pour Abdelrahmane, le djihad était un combat contre le régime de Bachar El-Assad, et uniquement contre ce régime. Il n’avait rien à voir avec un quelconque combat contre l’Occident, et était totalement opposé à toute forme d’attentats en Europe. Citant au passage les conventions de Genève et le traitement des prisonniers de guerre, Abdelrahmane a rappelé quelques-unes de leurs règles : ils ne commettent pas d’attentat-suicide et ne tuent pas les prisonniers, ni d’innocents. Abdelrahmane Ayachi se battait certes au nom d’une idéologie fondamentaliste, mais en aucun cas au sein d’un groupe terroriste. J’ai pu lui poser toutes ces questions sans le moindre problème : il admettait la contradiction.

Dernier point pour ôter tout doute : cet homme s’est activement impliqué dans les recherches pour retrouver James Foley après son kidnapping par l’Etat islamique. Comme l’explique la journaliste australienne Tracey Shelton qui a travaillé au sein du pool mis en place par le GlobalPost (site américain d’actualité internationale auquel le journaliste freelance collaborait, NDLR) et le cabinet américain Kroll de détectives privés, Abdelrahmane Ayachi a accompagné et protégé les journalistes américains qui recherchaient leur confrère sur le terrain.
Depuis son retour en Syrie, Bassam Ayachi a été nommé juge dans un petit tribunal islamique. Il revendique une justice fondée sur la charia. Une fonction effrayante… Jusqu’où son pouvoir s’étend-il et quelle justice exerce-t-il ?

D’un point de vue occidental, le tribunal islamique, c’est « au secours » ! Effectivement, cela inquiète au plus haut point. Dans un pays où la vie humaine ne vaut pas cher et où tout le monde peut se faire rançonner, butter, ou kidnapper, pour un oui ou pour un non. Tout le monde est armé. C’est la jungle ! La violence qu’on peut ressentir en découvrant ce tribunal est le miroir de celle qui règne à l’extérieur. Il n’y a pas d’Etat en Syrie.

En cette période de guerre et d’anarchie, les groupes rebelles ont commencé à se tourner vers des cheikhs locaux, comme Bassam Ayachi. En tant que membre d’une famille descendant du Prophète, dont les ancêtres ont rendu la justice dans la région d’Idlib à l’époque ottomane, ce dernier a été nommé « chef de tribunal » dont l’autorité a été reconnue par une quinzaine de groupes armés locaux.

La question cruciale, c’est de savoir comment lui et ses compagnons appliquent la charia. Je lui pose mille questions : ordonnez-vous qu’on coupe la main des voleurs ? Etes-vous favorable à ce qu’on lapide une femme adultère ? Sa réponse est clairement négative. Dans les zones sous contrôle de la rebellion, les tribunaux islamiques n’appliquent pas la charia de façon stricte mais a minima. Contrairement aux tribunaux de Daech qui appliquent une justice expéditive très violente, dans la majorité de ces tribunaux, on n’applique pas les hududs (c’est-à-dire les peines légales prescrites par le Coran ou la Sunna). Autrement dit, on ne coupe pas les têtes, on ne lapide pas la femme adultère, on ne coupe pas la main du voleur… En revanche, si un crime a été commis, on exécute l’accusé. Bassam Ayachi a été confronté une fois à une telle situation, mais le coupable a vu sa sentence commuée en diyya, « le prix du sang » (compensation financière expiatoire que verse l’auteur d’un crime à la famille de sa victime, NDLR). Allez jeter un œil sur toutes ces questions dans le livre Syrie : Anatomie d’une guerre civile des chercheurs Adam Baczko, Gilles Dorronsoro et Arthur Quesnay (éditions CNRS, mai 2016, ndlr).

Dans cette scène, Bassam Ayachi recherche, avec ses hommes, la dépouille de son fils pour l’enterrer décemment. Qualité des images, esthétisation du paysage, père, sourire aux lèvres, qui saisit une motte de terre en guise de symbole : n’est-ce pas livrer une image romantique de ce vieil homme aux cheveux blancs ?

C’était un moment fort : nous étions sur un champ de bataille, là où est mort son fils. Je voulais qu’il y ait une certaine solennité dans cette séquence, sans tomber dans le pathos. La famille de Bassam Ayachi m’a dit qu’il était dévasté depuis la perte de son fils. Mais pour ce fondamentaliste, ayant toujours professé un certain nombre de valeurs, le djihad consistant à défendre sa terre est un devoir. Cela fait partie des fondamentaux pour un mulsuman ultra-orthodoxe comme lui. Devant la caméra, le père ne peut pas dire que « le prix à payer est trop lourd ». Il affirme : « Cela en valait la peine, mon fils est mort sur le chemin d’Allah en faisant son devoir. »  Tout parent normalement constitué ne dirait pas les choses ainsi. Cela peut choquer, mais ne me surprend pas car c’est dans la logique de ce qu’est Bassam Ayachi. A la fin de la séquence, son émotion est pourtant palpable, quand il me fait un petit clin d’œil en disant « Allez, on s’en va… ».

Quant aux paysages, c’est la réalité. Il n’y a aucune volonté d’esthétiser de ma part. La plupart des reportages sur la Syrie filment des combats urbains. Quand vous tournez à Alep ou dans Homs, vous êtes au milieu de débris. Là, nous sommes dans la région d’Idlib, une zone rurale. Les combattants sont des paysans, des éleveurs de poule, des cultivateurs de champs d’abricots. Il y a des couchers de soleil magnifiques sur les champs d’olivier. Cela ne ressemble pas à un paysage de guerre. Et pourtant, la ligne rouge est bel et bien au milieu des blés : on ne voit pas le danger, on ne le sent pas, mais au détour d’un champ, on peut se retrouver dans l’axe de tir d’un mortier de l’armée ou d’un sniper.

Source : Télérama, 20/10/2016

Source: http://www.les-crises.fr/video-au-nom-du-pere-du-fils-et-du-djihad/


Revue de presse du 22/10/2016

Sunday 23 October 2016 at 03:38

Ce dimanche notamment dans la revue, la banque (devinez laquelle !) qui “valait” un milliard, Stiglitz et Chomsky. Merci à nos contributeurs.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-22102016/


La Russie interprète les rodomontades états-uniennes comme un signe de guerre, par Ray McGovern

Sunday 23 October 2016 at 00:28

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À l’époque de l’administration Reagan, j’étais l’un des analystes de la CIA assigné à présenter aux fonctionnaires de la Maison Blanche le Rapport quotidien au Président, qui résume le point de vue de la CIA sur les questions pressantes du jour concernant la sécurité nationale. Si je devais faire encore ce travail – et en supposant que les analystes de la CIA puissent encore dire la vérité au pouvoir – je serais obligé d’annoncer des nouvelles alarmantes quant au potentiel d’un affrontement militaire entre les États-Unis et la Russie.

Nous, les analystes, étions responsables de collecter les avertissements venant de Moscou ou d’autres capitales clés que les médias américains ignoraient ou minimisaient souvent, comme les grands médias d’aujourd’hui ignorent l’escalade des avertissements de la Russie à propos de la Syrie.

Par exemple, le porte-parole de la défense russe, le Major Général Igor Konachenkov, a prévenu, le 6 octobre, que la Russie est prête à abattre des avions non identifiés – y compris les avions furtifs – sur la Syrie. C’est un avertissement qui, je pense, devrait être pris au sérieux.

Il est vrai que les experts divergent quant à savoir si les systèmes avancés de défense aérienne russes déjà en Syrie peuvent abattre les avions furtifs, mais ce serait une erreur de rejeter cet avertissement d’un revers de main. D’ailleurs, Konachenkov a ajouté que la défense aérienne russe «n’aura pas le temps d’identifier l’origine» de l’avion.

En d’autres termes, les avions états-uniens, qui patrouillent le ciel syrien sans l’approbation du gouvernement syrien, pourraient être vulnérables à une attaque, avec le gouvernement russe avertissant de façon préventive qu’un tel incident ne sera pas de la faute de Moscou.

En ce qui concerne les perspectives de relance de la négociation sur la Syrie, leur disparition n’a jamais été plus clairement énoncée que dans les remarques du ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans une longue interview avec Channel One Russian, ce dimanche. Il a terminé par un commentaire acéré : «La diplomatie a plusieurs alliés dans cette affaire [syrienne], les forces militaires de l’aérospatiale, de l’Armée et de la Marine russes.»

Lavrov reconnaît que le secrétaire d’État John Kerry a échoué dans ses efforts pour obtenir que les rebelles dit «modérés» soutenus par les américains se séparent de la filiale syrienne d’al-Qaïda. Avec cette condition clé du cessez-le-feu parti en fumée, Lavrov dit que la force militaire est le seul moyen de chasser les djihadistes de leur bastion dans l’est d’Alep et de rétablir le contrôle du gouvernement.

Le président Vladimir Poutine et ses conseillers semblent prêts à assumer le risque d’escalade dans l’espoir que toute confrontation armée reste limitée à la Syrie. Il semble qu’il y ait aussi un élément important de synchronisation dans le comportement actuel de la Russie, considérant qu’il vaut mieux prendre ce risque maintenant, car elle pense qu’elle risque de faire face à un président plus belliciste encore le 20 janvier.

De même, il semble qu’un nouveau sentiment de confiance règne au Kremlin, même si la «balance des forces», au niveau mondial et au Moyen-Orient, reste en faveur des États-Unis. La Russie a gagné un allié clé avec la Chine, et les médias chinois ont fait preuve de compréhension et même de sympathie pour le comportement de la Russie en Syrie.

Souvent négligé est le fait que la Chine a minimisé son insistance de longue date sur l’inviolabilité des frontières souveraines et a évité de critiquer l’annexion russe de la Crimée en 2014, suite à ce qui a été largement considéré comme un coup d’État soutenu par les Américains en Ukraine, quand le président élu, Viktor Ianoukovitch, a été renversé. Les Chinois n’adhèrent pas aux «changements de régime» – que ce soit à Kiev ou à Damas – et regardent de travers l’insistance des États-Unis à vouloir renverser le président Assad.

Plus important encore, la coopération militaire entre la Russie et la Chine n’a jamais été aussi proche. Si la Russie se trouve dans une escalade majeure des hostilités au Moyen-Orient et / ou en Europe, les problèmes peuvent ne pas s’arrêter là. Les États-Unis doivent s’attendre à de significatifs bruits de bottes chinois en mer de Chine méridionale.

Tous ces signes pointent vers des jours très dangereux, mais il y a eu peu de discussions intelligentes à propos de ces risques dans les grands médias américains ou même, apparemment, dans les salles du pouvoir à Washington. On dirait un somnambule marchant vers un abîme.

Ray McGovern

Article original publié dans Consortiumnews.

Source : LSF, 11-10-2016

Source: http://www.les-crises.fr/la-russie-interprete-les-rodomontades-etats-uniennes-comme-un-signe-de-guerre-par-ray-mcgovern/


Quand les hackers coupent Internet aux États-Unis – en rétorsion pour Assange ?

Saturday 22 October 2016 at 02:00

Comme on l’a vu, les États-Unis ont fait pression pour faire couper Internet à Julian Assange il y a 3 jours…

Hier, Wikileaks sortait cette information :

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Hier, des hackers se sont attaqués à un des grands annuaires d’Internet (Dyn DNS – lire ici pour les pros), coupant l’accès à de grands sites (dont Twitter et Amazon) pendant quelques heures aux États-Unis et en Europe :

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Cela aussi concerné Les-crises :

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Julian Assange a demandé aux hackers d’arrêter – insinuant clairement qu’il s’agirait d’une mesure de représailles (à prendre au conditionnel donc, mais le gars est très bien informé…) :

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Concluant :

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Si c’est vrai, c’est intéressant – et cela montre la très grande fragilité de nos sociétés, et on fera le lien avec les propos du chef d’État-major US fort justes sur ce point…

À suivre…

Source: http://www.les-crises.fr/quand-les-hackers-coupent-internet-aux-etats-unis-en-retortion-pour-assange/


Alep : trois batailles dans la bataille… par Richard Labévière

Saturday 22 October 2016 at 01:19

22Source : Proche & Moyen-Orient, Richard Labévière, 22-08-2016

La mère des batailles qui fait rage à Alep, et quel qu’en soit l’issue, n’annonce pas pour autant la fin de l’organisation Etat islamique (Dae’ch), ni des autres groupes terroristes de l’islam radical, mais plutôt un tournant majeur : celui de l’après-Dae’ch, à savoir de nouveaux théâtres de jihad. Une reconquête d’Alep par l’armée gouvernementale syrienne et ses alliés accélérera, sans doute, la reprise de Raqqa en Syrie, puis de Mossoul en Irak. Les quelques 30 000 mercenaires jihadistes étrangers ont déjà intégré ce scénario et préparé leur repli en bon ordre dans différents sanctuaires du Caucase, d’Afghanistan et du Nord-Ouest chinois. Ils continueront à utiliser le « hub » turco-méditerranéen pour menacer l’Europe et entretenir des complicités rhizomatiques en Asie, dans la Corne de l’Afrique et dans la bande sahélo-saharienne.

D’autres loups solitaires ou en meute s’inspireront de ce redéploiement pour frapper ici ou là, selon des modes opératoires variés. Leurs deux filiations idéologiques principales – wahhabisme et weltanschauung des Frères musulmans – continueront à inspirer leurs attentats. L’Arabie saoudite et d’autres pétromonarchies continueront à financer recrutement, formation et assurance-vie des familles de leurs « martyrs ». Initiée par les Etats-Unis dans les années 1980, cette politique d’« instabilité constructive » continuera, outre le Moyen-Orient, à cibler la Russie, la Chine et l’Europe… L’éradication « officielle » de Dae’ch changera tout pour que rien ne change…

Au-delà des percées et des replis de la rébellion syrienne, l’enjeu géopolitique le plus large de la bataille d’Alep met en confrontation deux cartographies incompatibles : celle d’un nouveau Sykes-Picot, autrement dit le « Grand-Moyen-Orient » de George W. Bush et Condoleezza Rice – que les deux administrations Obama ont recyclé avec quelques nuances – et celle d’une réaffirmation des Etats-nations arabo-persiques issus du démantèlement de l’empire ottoman.

La première cherche à démanteler les Etats-nations pour les fragmenter en micro-Etats (type Kosovo ou Soudan du Sud), voire pour les re-tribaliser en autant de petits émirats sunnites, chi’ites, druzes, kurdes, etc. selon la bonne vieille recette des imperium (de Rome à l’Hyper-puissance américaine). A l’image ce de qui a été fait en Irak et en Libye, Washington, ses satellites européens, les pétromonarchies du Golfe, Ankara et Tel-Aviv exigent toujours le départ de Bachar al-Assad pour démanteler la Syrie en deux émirats sunnites (Alep et Damas), un micro-Etat druze sur le Golan et un réduit alaouite dans les montagnes qui dominent Lattaquié et Tartous.

La deuxième refuse cette logique de fragmentation, estimant que des Etats nationaux souverains constituent les « monades » essentielles pour résister à l’instauration de cette cartographie d’une mondialisation d’inspiration anglo-saxonne néo-libérale. En effet, les prédateurs de Wall-Street, de la City et de Bruxelles cultivent la même sainte horreur de souverainetés nationales empêcheuses d’exploiter en rond… Moscou (dans une moindre mesure Pékin), Téhéran, Damas, le Hezbollah libanais et plusieurs organisations palestiniennes misent toujours sur la défense et l’affirmation du fait national afin de garantir un monde multipolaire, ultime riposte à la World-company que Washington veut imposer à toute la planète, sous prétexte de « droits de l’homme » et de liberté du commerce.

C’est la première bataille d’Alep : celle d’une armée nationale syrienne qui travaille à reconquérir la totalité de son territoire national contre les hordes de jihadistes, mercenaires serviles de la mondialisation anglo-saxone. Sur ce front, on voit converger Dae’ch et d’autres groupes terroristes dont Jabhat al-Nosra (Al-Qaïda en Syrie), remisant la fiction des « rebelles modérés, laïcs, sinon démocratiques » au rayon des illusions occidentales. A cet égard, Bouthaïna Chabaane, la conseillère de Bachar al-Assad a eu amplement raison d’affirmer dernièrement sur le plateau de la chaine de télévision libanaise Al-Mayadeen, que « la bataille d’Alep démasquait au grand jour les mensonges de la diplomatie occidentale ».

C’est la deuxième bataille d’Alep qui entérine la suprématie des groupes salafo-jihadistes sur les autres composantes de la rébellion syrienne (Armée syrienne libre et compagnies…). Sous-chef opérations de l’état-major des armées françaises, le général Didier Castres affirmait le 16 décembre 2015 devant la Commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat qu’il fallait en finir avec le « mythe des rebelles syriens modérés ». Loin de partager la même lucidité, les stratèges du Pentagone ont alors forcé la main des terroristes de Jabhat al-Nosra pour qu’ils annoncent, conférences de presse à l’appui, l’abandon de leur allégeance à Al-Qaïda. Ce tout de passe-passe de pure communication (l’ex-Nosras’appelle désormais Fatah al-Cham), qui n’a trompé personne, était surtout destiné à permettre au Congrès américain de voter de nouveaux crédits à une rébellion d’apparence désormais plus respectable.

Et pour faire bonne mesure, un général saoudien rendait dernièrement visite à ses homologues israéliens pour coordonner l’appui logistique aux « nouveaux jihadistes de la liberté ». De leur côté, les forces spéciales turques et européennes (françaises notamment) pouvaient poursuivre leurs livraisons de matériels aux autres groupes terroristes réunis au sein de Fatah al-Cham. Se répètent ainsi les mêmes erreurs commises au Kosovo, lorsque plusieurs services européens (dont le service-action de la DGSE) armaient de pied en cap l’UCK1 du criminel de guerre Hashim Thaci qui deviendra Premier ministre du Kosovo…

Sur le terrain, les groupes salafo-jihadistes mènent depuis plusieurs semaines des opérations dans les quartiers du sud-ouest d’Alep. Ils ont réussi à s’infiltrer dans la localité de Ramousseh sans pour autant prendre le contrôle de l’est de la ville, essuyant de lourdes pertes. A l’ouest, le Hezbollah libanais a engagé une force spéciale dite « bataillon Rezwan » dans la région d’al-Hamadaniyeh. Cette contre-offensive a été suivie d’un autre déploiement, celui de 2 000 combattants de Al-Nojaba d’Irak. Les forces de ce bataillon ont déjà participé à la libération de certaines localités du Rif d’Alep. Des sources syriennes affirment que la bataille intense que mènent les terroristes vise à libérer les officiers de liaison turcs et occidentaux dont des français pris au piège à l’est d’Alep.

Selon le journal libanais As-Safir, citant des sources militaires syriennes, les Turcs ont dépêché l’une de leurs meilleures unités lors de la deuxième vague de l’attaque pour briser le blocus d’Alep. Elle comptait dans ses rangs des forces du Hizb al-turkestani al-islami et des Ouïghours, jihadistes chinois. Ces derniers éléments ont formé le gros lot des kamikazes qui ont lancé une attaque simultanée en provenance de l’ouest, au moment où les blindés syriens opéraient leur percée.

Les kamikazes chinois Ouighour2 rattachés au Parti islamique du Turkestan jouent un rôle déterminant dans cette deuxième bataille. Ils ont été redéployés du nord de Hama vers le sud d’Alep. Ils se sont fait exploser par dizaines (près d’une soixantaine) durant les deux premiers jours de l’offensive aux portes des complexes militaires du quartier de Ramoussa. Jabhat al-Nosra a pris le relais. « Ce qui est assez paradoxal est de voir ces brigades ouighour, tchètchènes, ouzbèques, ainsi que les jihadistes saoudiens figurer aujourd’hui parmi ceux que la presse occidentale s’obstine à nommer « rebelles modérés », explique un officier français de renseignement ; « sans parler du chef du Conseil islamique d’Alep, le saoudien Abdallah Mohaycini qui s’est imposé comme l’un des leaders incontestés de ces « modérés » promettant 72 vierges aux jihadistes s’ils réussissaient à briser le siège. On le voit dans une vidéo en train de galvaniser les jihadistes en décrivant la sensualité des vierges du paradis… »

Un autre fait capital n’a pas non plus été relayé par la presse occidentale : de généreux bailleurs de fonds saoudiens (encore eux !) assurent de substantiels versements aux familles des kamikazes ouighours par l’intermédiaire de plusieurs banques installées au Koweït.

Mais c’est une troisième bataille, elle-aussi occultée par les grands médias mainstream, qui pourrait s’imposer comme l’enjeu crucial des affrontements d’Alep : celle qui opposent désormais les forces kurdes à l’armée syrienne. Jusqu’à récemment, les Kurdes de Syrie (du PYD, aile syrienne du PKK – Parti des travailleurs du Kurdistan principalement basé en Turquie) observaient une certaine neutralité vis-à-vis de Damas, escomptant un statut d’autonomie au sein de la Syrie historique. Misant non seulement sur les jihadistes d’ex-Nosra, Washington a décidé de jouer aussi la carte kurde afin de prendre à revers les avancées de l’armée syrienne en direction d’Alep.

Pour répondre aux opérations aériennes russes qui s’effectuent désormais aussi à partir de bases iraniennes, la chasse américaine est intervenue dans la région d’Hassaké (au nord-est de la Syrie) pour appuyer la progression des forces kurdes. Des agents de liaison américains ont été identifiés également dans le Kurdistan d’Iran aux côtés d’activistes du PJAK (l’aile iranienne du PKK) ayant mené plusieurs opérations contre des convois de ravitaillement destinés aux Pasdarans engagés aux côtés de l’armée syrienne. Washington a même annoncé vouloir instaurer une « no-flying zone » dans cette partie de la Syrie. Parallèlement, les services israéliens redoublent d’activité aux côtés des organisations du Kurdistan d’Irak, qui malgré des divergences passées avec les Kurdes de Syrie, leur offrent désormais la profondeur stratégique nécessaire à la consolidation d’un front autonome à l’est d’Alep.

Quelles nouvelles promesses les Etats-Unis ont-ils fait aux organisations kurdes d’Iran, d’Irak, de Syrie et de Turquie ? A n’en pas douter, estiment plusieurs officiers européens de renseignement en poste dans la région, ce nouveau soutien américain massif (appuis aériens, matériels, encadrement et renseignement) aux différentes factions kurdes vise trois objectifs : empêcher la reconquête d’Alep par l’armée syrienne ; contenir la dérive militaire turque post-coup d’Etat ; et enfin, ouvrir une nouvelle guerre asymétrique dans le Kurdistan iranien.

Et, concluent les mêmes sources, cette troisième bataille d’Alep pourrait être la plus décisive afin de permettre une nouvelle partition ethnico-confessionnelle de la Syrie qui ne pourra pas être assurée par les seuls jihadistes soit disant modérés, laïcs et démocratiques… Cette troisième bataille d’Alep, de tous contre tous, ne va certainement pas favoriser les négociations de Genève ni un proche retour à la paix.

Richard Labévière
22 août 2016

1 L’Armée de libération du Kosovo ou UÇK (en albanais Ushtria Çlirimtare e Kosovës) est une organisation paramilitaire qui a combattu pour l’indépendance du Kosovo à la fin des années 1990. Après la guerre du Kosovo remportée grâce à l’intervention de l’OTAN, et suite à la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies le mouvement est dissout et intégré au Corps de protection du Kosovo. Certains de ses membres jouent toujours un rôle de premier plan dans la politique kosovare. Le mouvement a fait l’objet de nombreuses accusations de crimes contre l’humanité pour, entre autres, des faits de trafic d’organes et d’épuration ethnique à l’encontre des populations serbes et roms.
2 Les Ouighours représentent, en effet, l’ethnie la plus nombreuse du Xinjiang, soit 46% de la population (13 millions) malgré une «hanisation» galopante depuis l’arrivée au pouvoir de Mao. Il existe par ailleurs une diaspora ouïgoure très active regroupée dans le Congrès mondial des Ouïghours dont le siège est à Munich, l’Allemagne ayant accueilli de nombreux réfugiés politiques ouïghours. Cette organisation est présidée par Rebiya Kadeer, militante des droits de l’homme libérée des prisons chinoises, qui vit aux États-Unis où existe une association américaine des Ouïghours: le Uyghur Human Rights Project, forme classique des ONG soutenues par la CIA et le département d’État américain . 

Source : Proche & Moyen-Orient, Richard Labévière, 22-08-2016

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Source: http://www.les-crises.fr/alep-trois-batailles-dans-la-bataille-par-richard-labeviere/


L’héritage d’Obama: une Amérique déboussolée, par Stéphane Trano

Saturday 22 October 2016 at 01:00

Source : Marianne, Stéphane Trano, 14-10-2016

Photo CNN

Photo CNN

En opérant une lecture terriblement réductrice de l’élection américaine 2016, l’immense majorité des médias – américains ou non – est passée à côté de sa signification profonde, car elle est trop inconfortable.  C’est, encore et toujours, une bataille entre les bien-pensants et les autres – les fameux « déplorables » – à laquelle on a assisté, ce qui rabaisse la démocratie au simple rang de lutte entre le bien et le mal, l’intelligence et la bêtise, la générosité et l’intolérance. Cela demande évidemment quelques explications.

Décalage historique

La plateforme politique adoptée par le parti républicain, pour cette élection, est l’une des plus « dures » jamais adoptée par les conservateurs. Rétrograde, elle est complètement déconnectée des réalités lorsqu’elle s’oppose à toute révision réglementaire de la vente et de l’usage des armes à feu ou lorsqu’elle raisonne, sur l’immigration, en termes de délinquance. Acide, elle s’accommode des positions les plus extrêmes contre l’avortement ou pour la peine de mort. Cynique, elle s’attaque à l’état fédéral pour ériger des hyper-pouvoirs locaux que rien n’arrête dans l’escalade vers des lois d’exception. Idiote, elle n’entend rien aux questions liées à l’environnement ou à l’éducation. Les Républicains, en somme, n’ont rien appris depuis leur défaite de 2008. Ils n’ont pas su effectuer la profonde mise à jour rendue nécessaire par l’élection de Barack Obama, où leur principale responsabilité était de s’adapter à une société nouvelle, un peu plus disposée à abandonner les vieilles antiennes propres à l’Amérique puritaine.

Condescendance

Cependant, le sinistre visage offert par les Républicains trouve ses limites dans la désignation de Donald Trump, le candidat le moins idéologique de tous lors des primaires. Parce qu’il n’a ni l’expérience d’une carrière politique, ni la culture nécessaire pour forger un corpus d’idées et encore, moins, le discours nécessaire à forger des concepts, l’homme d’affaires a très vite été identifié par une grande partie des électeurs mobilisés lors de ces primaires, comme un candidat antisystème et briseur de tabous. Si ces mêmes électeurs avaient voulu, en majorité, soutenir les positions les plus dures du parti républicain, il leur était facile d’identifier un autre champion, en la personne du sénateur texan Ted Cruz. Celui-là est le visage de l’extrême-droite américaine. Il en a les idées, les convictions et le langage.  Ils auraient pu, également, donner sa chance à Marco Rubio, le jeune sénateur de Floride, lui-aussi ultra-conservateur malgré les rondeurs apparentes de son discours. Ces choix étaient faciles, bien plus faciles que de désigner Trump, qui pense tout et son contraire sur une longue liste de sujets débattus dans cette élection. De cette situation, il faut tirer l’enseignement d’une profonde colère populaire, dans une société qui se sent étouffée par des discours écrasants de certitudes, condescendants et frustrants en termes de concrétisations.

L’héritage Obama

C’est là le second enseignement de cette campagne, où les grands médias n’ont eu de cesse de se lamenter du peu d’importance accordé par les électeurs de Trump à la « vérité » des faits. A trop confondre vérité et bienséance, on aboutit inévitablement au rejet par des gens qui ne manquent en général pas de bon sens, mais dont les frustrations, les peurs et les colères se heurtent en permanence à des discours perçus comme élitistes.

Il est difficile de « vendre » aux opposants d’Obama l’idée que ses deux mandats ont constitué une ère de progrès social et de rétablissement pour les Américains, lorsque ceux-ci s’achèvent sur une série d’échecs aux conséquences très lourdes : la violence liée aux armes à feu est la plus haute depuis le début des années 80 ; la santé mentale est le parent pauvre de tout le système de santé américain ; la surpopulation carcérale est phénoménale ; la consommation de drogues ultra-dangereuses est un fléau ; le prix du médicament est incontrôlable ; les infrastructures publiques tombent en poussière ; les coûts des crèches ou des études dépassent l’entendement ; la disparition des petits commerces sous l’impact des géants tels qu’Amazon désertifient les quartiers commerçants ; les postures américaines dans le monde arabe sont illisibles et dramatiques dans leurs conséquences. La réponse des Démocrates face à ces constats est toujours la même : ils en nient la plupart et pour ceux qu’ils ne peuvent nier, tout est de la faute des Républicains et de leur politique d’obstruction systématique au Congrès. Les mêmes n’expliquent pas, alors, comment l’Obamacare a pu être voté, comment Obama a t-il pu pratiquer sa politique du vide au Moyen-Orient durant si longtemps, comment il a pu relancer la guerre froide à travers son obsession antirusse et ignorer une grande partie du monde au profit de son tropisme asiatique. Dire aux onze à quinze millions de « Dreamers » – ces immigrants perdus dans la zone grise de la politique d’immigration américaine, qu’Obama a été à la hauteur de ses promesses les concernant, est simplement une imposture.

Echec médiatique

C’est précisément dans leur incapacité et dans leur répugnance à affronter ces questions parce qu’elles risquent de mettre en difficulté les forces du progrès », que les grands médias font le lit de la colère populaire. Le mur infranchissable des discours élitistes ruine toute velléité de débattre et ne laisse qu’une seule option à des électeurs qui n’ont plus confiance : rétorquer par un vote brutal, sans argumentaire, seulement destiné à démontrer que la raison de celui qui parle le mieux n’est pas toujours la plus forte, et que c’est bien cela, la démocratie. La démocratie, ce n’est pas un club fermé seulement accessible aux gens bien habillés et heureux. C’est un risque permanent et nécessaire. C’est le système de tous les risques, dans lequel la non-prise en compte des colères peut aboutir à de fortes secousses. La démocratie n’est pas la sérénité entre les hommes, c’est celle des institutions. Mais les élites la vivent comme leur citadelle assiégée.

Rendez-vous à la prochaine vague

Tout sonne faux dans l’élection présidentielle américaine parce que tout est juste : la méfiance manifestée à l’encontre d’Hillary Clinton est juste ; la société inquiète que Barack Obama laisse derrière lui est juste, car l’homme si soucieux de sa légende n’a rien du grand pacifiste que l’on veut voir en lui au-delà de toutes les évidences ; la candidature de Donald Trump est juste, car elle défie les lois de l’élite médiatique. Tout ce qui a été dit dans cette campagne, et que beaucoup réduisent au tempérament quelque peu dérangeant de Trump, sera rejeté, lors de l’élection probable d’Hillary Clinton, par des tonnerres d’applaudissements et des cris d’autocongratulation de nos meilleurs journalistes. Une fois de plus, ils auront manqué le principal : de vague en vague, d’orage en orage, la colère populaire se renforce. A la considérer comme l’expression de gens déplorables, au fil de chaque élection, ils pissent sur la démocratie dont ils ont fait leur jouet et sur les pauvres gens, sûrs d’eux-mêmes et arrogants.

Source : Marianne, Stéphane Trano, 14-10-2016

Source: http://www.les-crises.fr/lheritage-dobama-une-amerique-deboussolee-par-stephane-trano/


NON, Monsieur Poisson, l’AIPAC n’existe pas !

Friday 21 October 2016 at 19:00

En lien indirect avec l’affaire Zemmour…

Je n’ai aucune admiration pour certains propos de M. Poisson genre :

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sans même parler de ses appels du pied aux “Ménard and co”…

Mais bon, il dit des trucs intéressants aussi :

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Ne le connaissant guère, je ne décernerai donc à M. Poisson par ce billet aucun brevet de “non-antisémitisme”, ni aucun “soutien” particulier à M. Poisson, dont je combats beaucoup d’idées.

Je rappelle aussi que j’avais à l’époque condamné sans ambiguïté les propos antisémites de Dieudonné – comme pour tout propos antisémite. Je ne peux donc être suspecté de toute complaisance sur ce point (lire ce billet par exemple).

Mais, tout opposant politique à lui que je sois, il faut reconnaitre que la chasse à l’homme qu’il subit pour des propos relativement factuels est inquiétante, et de nombreuses personnes luttant contre l’antisémitisme devraient se lever pour condamner cette manipulation politique, car elle alimente, elle, pour le coup l’antisémitisme – et la haine de certains musulmans extrémistes envers la France (de nombreux musulmans français ayant pour mémoire été victimes du terrorisme).

Je ne parle même pas des dénonciations délirantes de “complotisme”, qui visent, de nouveaux, à museler la liberté d’expression, pour ne pas avoir à répondre au fond…

Cela démontre aussi à quel point nous sombrons de plus en plus dans les ténèbres de l’obscurantisme…

Le combat contre toutes les haines (y compris évidemment contre l’antisémitisme, et contre les inacceptables dénégations au droit à l’existence d’Israël) et la liberté d’expression continue…

mlk

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« Lobbies sionistes » : les propos de Poisson condamnés chez Les Républicains
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LE SCAN POLITIQUE – Jeudi 20 octobre, le candidat du Parti chrétien-démocrate a évoqué la proximité d’Hillary Clinton avec les «lobbies sionistes». Une déclaration condamnée chez Les Républicains.

Pourfendeur de «l’idéologie mai 68», de la «banalisation de l’avortement» et du mariage gay, Jean-Frédéric Poisson affiche depuis le début de sa campagne une porosité idéologique avec le Front National. Lui qui veut «en finir avec le cordon sanitaire autour du FN», était venu lors du débat du 13 octobre en compagnie de Karim Ouchikh, membre du Rassemblement Bleu Marine et partisan d’un rapprochement entre la droite et l’extrême droite. Le successeur de Christine Boutin tiendra aussi début décembre à Paris un meeting commun avec de nombreuses figures la «droite hors les murs». Il figurera donc aux côtés de Robert Ménard, Philippe de Villiers, Karim Ouchikh ou encore Christian Vanneste, comme l’explique France Info.

Une interview donnée à Nice Matin jeudi sème une nouvelle fois le trouble chez Les Républicains. Jean-Frédéric Poisson y affirme que « la proximité de (Hillary) Clinton avec les super-financiers de Wall Street et sa soumission aux lobbies sionistes sont dangereuses pour l’Europe et la France ».

Ces allégations sont vivement condamnées chez Les Républicains. Nathalie Kosciusko-Morizet, la candidate la plus éloignée sur le plan politique de Jean-Frédéric Poisson dans cette primaire a annoncé jeudi soir qu’elle saisirait ce vendredi «la Haute Autorité de la primaire». Elle dénonce des «thèses complotistes» et de «l’antisémitisme» dans ces propos.

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Pour une bonne impartialité, toujours appeler l’arbitre “Chère Anne” puis lui présenter ses amitiés…

Une saisine que Thierry Solère n’a pas attendue. Le patron de la primaire a indiqué sur BFMTV jeudi après-midi que la question serait à l’ordre du jour de la prochaine réunion de la commission d’organisation de la primaire de la droite qu’il préside le 26 octobre. «En tant que député de Boulogne/Boulogne-Billancourt, je condamne avec la plus grande force les propos de Jean-Frédéric Poisson», a expliqué le soutien de Bruno Le Maire. Selon l’élu francilien, cette expression «nourrit les thèses conspirationnistes et a un caractère insidieusement antisémite». Le député francilien estime que «dans notre pays, l’évocation du ‘lobby sioniste’ n’a pas la même signification qu’aux États-Unis».

Le candidat qu’il soutient, Bruno Le Maire, a profité de son passage sur le plateau de l’Émission Politique de France 2 jeudi soir pour condamner ces propos. «Il y a dans notre pays des actes antisémites qui vont jusqu’à l’assassinat et je ne comprends pas qu’on puisse tenir de tels propos. Je le condamne et ce sera aux électeurs de juger», a asséné le député de l’Eure.

Avant la droite, le Conseil repésentatif des institutions juives de France (Crif) avait aussi demandé «une condamnation ferme des propos» du successeur de Christine Boutin qui «se place en dehors du cadre de la primaire et s’installe aux côtés d’un Alain Soral ou d’un Dieudonné, dont il épouse les thèses», selon son président Francis Kalifat.

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Le CRIF accuse M. Poisson de “propos nauséabonds”

«De me traiter de la sorte, je ressens comme une injure, au fond», a répliqué Jean-Frédéric Poisson. Interrogé par France Info, Le candidat à l’investiture de la droite a regretté que ses propos «aient pu provoquer une sorte d’émotion au sein du Crif». «J’en suis désolé, parce que ce n’était évidemment pas mon intention, et je veux redire ici toute l’amitié que j’ai pour l’État d’Israël et pour le peuple juif dans son ensemble», a tenu à clarifier l’ancien maire de Rambouillet.

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Pour autant le candidat n’y voit «aucune espèce de thèse conspirationniste» car «il existe bien des groupes de pression sionistes qui agissent aux États-Unis» selon lui.

OB : Tout est dans le “selon lui”…

Source : Le Figaro, 21/10/2016

Il a d’ailleurs précisé pour les très malcomprenants :

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Ce qui est une évidence : Hillary est très liée à Wall Street qui l’a énormément financée, et, entre autres à l’AIPAC, sans qu’il y ait évidemment un lien entre les deux (propos que je condamnerais évidemment).

Et je précise que ces deux choix de Clinton n’ont rien de honteux, c’est même très public tout ça aux États-Unis (elle ne la joue pas “mon ennemi c’est la finance” au moins)… Après, cela relève du débat politique de critiquer ou non les conséquences de ces choix…

Et ce choix de non-équilibre entre les intérêts légitimes d’Israël, et ceux tout aussi légitimes des Palestiniens, entretient un climat de haine, qui participe à la propagande de recrutement des djihadistes, et c’est donc en effet dangereux… Et je ne vois pas pourquoi on ne peut pas dire ça en étant un ami d’Israël et des Palestiniens.

Je regrette en revanche pour ma part que Poisson n’ait pas évoqué dans cette phrase le lobby Saoudien, qui a aussi largement arrosé Clinton, ce qui nous met tout autant en danger… Et qui aurait équilibré sa phrase. Mais il en a parlé par ailleurs, il est vrai. De même pour le lobby CIA…

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Mais bon, quand l’honnêteté règne… :

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Et pourquoi pas le crucifier aussi du coup ?

Il a en tous as fermement répondu au CRIF : “La haine à l’égard du peuple juif m’est totalement étrangère” 

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On appréciera donc l’honnêteté de la présentation dans ce papier du Figaro :

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et ceci :

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Ou comment tu peux être exclu pour avoir tenu des propos ne tombant nullement sous le coup de la loi, et étant en gros, des faits + une opinion politique…

Mais c’est quoi l’AIPAC ?

Cela apprendra en tous cas à M. Poisson à citer Wikipedia !

Car l’AIPAC n’existe évidemment pas, ce sont des thèses complotisto-conspirationnistes !

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Pour les plus bouchés :

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(Sans montage, c’est là)

Plus sérieusement, je ne vois en quoi cela pose problème : l’AIPAC joue son rôle (après c’est aux élus de ne pas céder à tout…), et il a probablement une influence inférieure à celle du lobby wahhabite à Washington  comme on l’a vu… Mais il obtient néanmoins de sacrés résultats :

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Mais bon, règle n°1 : il n’y a jamais aucun souci avec Israël, pays au gouvernement sympathique qui respecte (presque…) toutes les lois internationales !

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Israël, ce pays, comme l’Ukraine, où l’extrême-droite est plus belle…

Mais bon, par chance, il n’y a aucun lobby de ce style en France qui influerait des dirigeants politiques, et aucun de ces derniers ne pourrait donc se sentir concerné, par effet miroir, par les accusations de M. Poisson…

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Apparemment, Poisson sentait l’Homme politique, il n’a pas été invité…

Bref :

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24/03 : Hillary Clinton devant l’AIPAC, par Pascal Boniface

Hillary Clinton s’est récemment rendue devant l’American Israel Public Affairs Commitee (AIPAC), le principal lobby pro-israélien aux États-Unis, très orienté à droite, pour y prononcer un discours qui a coulé comme du miel dans la bouche des auditeurs.

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Les relations entre Barak Obama et Netanyahou sont notoirement détestables même si cela n’a eu aucun impact sur l’ampleur de l’aide multiforme accordée par les États-Unis à Israël. Donald Trump, le probable adversaire d’Hillary Clinton, qui prône une politique étrangère plutôt isolationniste, s’était vu accusé de n’être pas suffisamment ferme dans son soutien à Israël avant de se reprendre et d’affirmer sa pleine solidarité et même son souhait de voir transférer l’ambassade américaine à Jérusalem. Hillary Clinton n’a pas voulu être en reste.

L’ancienne Secrétaire d’Etat américaine a voulu se présenter comme la plus déterminée à soutenir Israël et ce, de façon inconditionnelle. Son discours semble avoir été écrit par l’AIPAC lui-même et n’a en tous les cas comporté aucune remarque de nature à déplaire à ses hôtes. Hillary Clinton a d’ailleurs été chaleureusement interrompue par des applaudissements à 55 reprises.

Dans son discours, Hillary Clinton a célébré la nécessité d’établir entre Israël et les États-Unis une alliance plus forte que jamais au moment où les menaces s’accumulent sur Israël. Elle en a distingué trois : l’Iran, la montée des extrémismes dans un arc d’instabilité et les efforts internationaux pour délégitimer Israël.

Si elle a à juste titre déploré que les familles israéliennes vivent dans la peur du fait des attaques au couteau, elle ne semble pas être consciente que les familles palestiniennes peuvent également vivre dans la peur du fait des violences des extrémistes et des colons  israéliens ou des incursions militaires dans les territoires occupés. Elle a reproché aux leaders palestiniens d’inciter à la violence et de célébrer les terroristes comme des martyrs en donnant des récompenses à leurs familles.

Elle a proposé d’amplifier la coopération militaire américano-israélienne pourtant déjà largement développée et s’est prononcée en faveur du développement de  l’Iron Dome  (dôme de fer, système de défense anti-missile israélien). Elle souhaite établir un nouveau Memorandum of Understanding militaire de 10 ans entre Israël et son pays et que les États-Unis fournissent à Israël les armes les plus sophistiquées pour assurer sa défense.

Elle s’est par ailleurs engagée à inviter en tout premier lieu, si elle est élue présidente, le premier ministre israélien à la Maison-Blanche, se démarquant ainsi de Barack Obama.

Pour elle, le mouvement Boycott Désinvestissement Sanction (BDS) doit être combattu car il a pour objectif de diaboliser Israël.

Hillary Clinton a cependant rappelé son soutien à la solution des deux Etats même si, apparemment pour  elle, seule la partie palestinienne est responsable de sa non-réalisation. Elle n’a pas dit pas un mot sur le développement des colonies israéliennes ou sur la répression militaire qui frappe souvent de façon indéterminée la population civile palestinienne. Elle avait d’ailleurs soutenue le bombardement sur Gaza en 2014. Afin de rassurer ses interlocuteurs, elle s’est élevée contre toute tentative d’imposer une solution extérieure, y compris par la voie des Nations unies. Pourtant, chacun constate que laisser les deux protagonistes israéliens et palestiniens négocier seuls un éventuel accord ne conduit à rien du fait de l’inégalité du rapport de force et de l’absence claire de volonté du gouvernement israélien de droite et d’extrême droite actuel d’y parvenir.

Si Hillary Clinton est élue, les dirigeants israéliens ont donc la certitude de pouvoir mener en toute liberté leur politique actuelle qui peu à peu rend impossible la solution des deux Etats. Non seulement Hillary Clinton s’est engagée à n’exercer aucune pression sur eux mais, de surcroît,  d’empêcher les autres nations de le faire (cela étant, pays européens et arabes ne semblent pas vouloir être très actifs sur ce dossier, les pressions venant plus des opinions publiques). On voit mal, dès lors, ce qui pousserait les dirigeants israéliens à se montrer plus ouverts. C’est une véritable bombe à retardement sur le plan stratégique.

Source : Blog Mediapart, 24/03/2016

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Ci-dessous la transcription du discours d’Hillary Clinton, traduite par l’AFPS

Source : TIME, Ryan Teague Beckwith, 21 mars 2016

La candidate démocrate aux élections présidentielles, Hillary Clinton, s’est adressée lundi à l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC ou CAPEUI, Comité des Affaires Publiques des Etats-Unis et d’Israël, l’équivalent du CRIF en France) au sujet des relations entre les Etats-Unis et Israël.

Voici une transcription complète de ses propos.

CLINTON : Merci beaucoup.
(APPLAUDISSEMENTS)
C’est merveilleux d’être ici et de voir autant d’amis. J’ai pris la parole dans le passé à beaucoup de congrès de l’AIPAC, mais celui-ci doit être cependant un des plus importants, et il y a tant de jeunes ici, des milliers d’étudiants…
(APPLAUDISSEMENTS)
… de centaines de campus du pays. Je pense que nous devrions tous leur tendre la main pour leur présence ici et le début de leur engagement pour cette cause importante.
(APPLAUDISSEMENTS)
Vous maintiendrez la force des relations entre les Etats-Unis et Israël. Vous savez, comme Sénatrice de New York et Secrétaire d’Etat…
(APPLAUDISSEMENTS)
J’ai eu le privilège de travailler étroitement avec des membres de l’AIPAC pour renforcer et approfondir les liens des Etats-Unis avec Israël. Maintenant, il se peut que nous n’ayons pas toujours été d’accord sur chaque détail, mais nous avons toujours partagé un attachement indéfectible, inébranlable à notre alliance et à l’avenir d’Israël en tant que patrie sûre et démocratique pour le peuple juif.
(APPLAUDISSEMENTS)
CLINTON : Et votre soutien nous a aidé à développer la coopération en matière de sécurité et de renseignement, a permis de développer le système de missiles de défense du Dôme d’Acier, et de construire une coalition mondiale pour imposer les sanctions les plus dures de l’histoire à l’Iran et bien plus encore.
Depuis ma première visite en Israël il y a 35 ans, j’y suis retourné beaucoup de fois et je m’y suis fait beaucoup d’amis. J’ai travaillé, et appris d’eux, avec certains des grands dirigeants d’Israël— bien que je ne pense pas que Yitzhak Rabin ne m’ait jamais pardonné de l’avoir banni sur le balcon de la Maison Blanche quand il a voulu fumer.
(RIRES)
Maintenant je suis ici en tant que candidate à la présidence, et…
(APPLAUDISSEMENTS)
Je sais que vous tous comprenez ce qui en jeu dans cette élection. Notre prochain président entrera dans le Bureau Ovale en janvier prochain et affrontera immédiatement un monde à deux dangers auxquels nous devons répondre avec force et habileté, et des opportunités que nous devons saisir et sur lesquelles nous devons bâtir.
Le prochain président s’assoira à ce bureau et commencera à prendre des décisions qui affecteront à la fois les vies et les moyens d’existence de tous les Américains, et la sécurité de nos amis dans le monde. Donc nous devons le faire bien.
Comme membres de l’AIPAC, vous comprenez que tant que les turbulences au Moyen-Orient représentent un défi et une complexité énormes, s’en aller n’est pas une solution possible.
(APPLAUDISSEMENTS)
Les candidats à la présidence qui pensent que les Etats-Unis peuvent sous-traiter la sécurité du Moyen-Orient à des dictateurs, ou que l’Amérique n’a plus d’intérêts nationaux vitaux en jeu dans cette région se trompent dangereusement.
(APPLAUDISSEMENTS)
Ce serait une grave erreur pour les Etats Unis de renoncer à nos responsabilités, ou de céder à quelqu’un d’autre le rôle de leader en vue de la paix et de la sécurité mondiales.
(APPLAUDISSEMENTS)
Alors que nous sommes ici rassemblés, trois menaces changeantes — l’agression persistante de la part de l’Iran, une vague croissante d’extrémisme à travers une large zone d’instabilité, et l’effort croissant sur la scène mondiale pour saper la légitimité d’Israël — convergent pour rendre l’alliance entre les U.S.A. et Israël plus indispensable que jamais.
(APPLAUDISSEMENTS)
Nous devons combattre toutes ces tendances avec une coopération encore plus intense en matière de sécurité et de diplomatie. Les Etats-Unis et Israël doivent être plus proches que jamais, plus forts que jamais et plus décidés que jamais pour l’emporter contre nos ennemis communs et pour promouvoir nos valeurs communes.
(APPLAUDISSEMENTS)
CLINTON : Ceci est particulièrement à un moment où Israël fait face chez lui à de brutales attaques terroristes au couteau, à des tirs et à des attaques à la voiture. Les parents s’inquiètent du fait de laisser leurs enfants marcher dans la rue. Les familles vivent dans la peur. Il y a juste quelques semaines, un jeune Américain, ancien soldat et diplômé de West Point, du nom de Taylor Force a été assassiné par un terroriste palestinien près du Port de Jaffa. Ces attaques doivent cesser immédiatement…
(APPLAUDISSEMENTS)
Et les dirigeants palestiniens doivent cesser d’inciter à la violence, cesser d’honorer les terroristes comme des martyrs et cesser de payer des récompenses à leurs familles.
(APPLAUDISSEMENTS)
Parce que nous comprenons la menace à laquelle Israël fait face, nous savons que nous ne pouvons jamais tenir pour acquise la force de notre alliance ou la réussite de nos efforts. Aujourd’hui, les Américains et les Israéliens font face à des choix capitaux qui modèleront l’avenir des relations de nos deux nations. Le premier choix est celui-ci : sommes nous prêts à faire passer l’alliance entre les U.S.A. et Israël à un niveau supérieur ?
Cette relation a toujours été plus forte et plus profondes que les gros titres pouvaient amener à le croire. Notre travail commun pour mettre au point le Dôme d’Acier a sauvé beaucoup de vies israéliennes quand les roquettes du Hamas ont commencé à voler.
(APPLAUDISSEMENTS)
J’ai vu moi-même son efficacité en 2012 quand j’ai oeuvré avec le Premier Ministre Netanyahu à négocier un cessez-le-feu à Gaza. Et si j’ai assez de chance pour être élue présidente, les Etats-Unis réaffirmeront que nous avons un intérêt national fort et durable à la sécurité d’Israël.
(APPLAUDISSEMENTS)
Et nous ne permettrons jamais aux ennemis d’Israël de penser qu’un coin puisse être enfoncé entre nous.
(APPLAUDISSEMENTS)
Dans le cas où nous aurons des divergences, comme tous les amis le font, nous travaillerons à les résoudre rapidement et avec respect. Nous devons aussi préciser que les Etats-Unis ont un intérêt durable et un engagement à un Moyen Orient plus pacifique, plus stable, plus sûr. Et nous accentuerons nos efforts pour obtenir ce résultat.
(APPLAUDISSEMENTS)
En effet, à une époque de chaos et de conflit sans précédent dans la région, l’Amérique a besoin d’un Israël suffisamment fort pour dissuader ses ennemis et se défendre contre eux, suffisamment fort pour travailler avec nous pour relever les défis communs et suffisamment fort pour prendre des mesures audacieuses dans la recherche de la paix.
(APPLAUDISSEMENTS)
C’est pourquoi je pense que nous devons faire passer notre alliance à un niveau supérieur. J’espère qu’un nouveau protocole d’entente sur la défense sera conclu pour 10 ans aussitôt que possible pour répondre aux besoins d’Israël en matière de sécurité loin dans l’avenir.
(APPLAUDISSEMENTS)
CLINTON : Cela enverra aussi le message clair aux ennemis d’Israël que les Etats-Unis et Israël restent unis. C’est aussi pourquoi, en tant que présidente, je prendrai un engagement ferme pour garantir qu’Israël conserve son avantage militaire qualitatif.
(APPLAUDISSEMENTS)
Les Etats-Unis doivent fournir à Israël la technologie de défense la plus sophistiquée de façon qu’il puisse dissuader et arrêter toute menace. Cela comprend le renforcement des défenses israéliennes par missile avec de nouveaux systèmes comme les Arrow 3 et les David’s Sling (=Fronde de David) – deux générations de missiles financées et mises au point par Israël et les USA. Et nous devons travailler ensemble pour mettre au point une meilleure détection des tunnels, une technologie pour empêcher la contrebande d’armes, les enlèvements et les attaques terroristes.
(APPLAUDISSEMENTS)
Une des premières choses que je ferai une fois en fonction sera d’inviter le premier ministre israélien à me rendre visite à la Maison Blanche.
(APPLAUDISSEMENTS)
Et j’enverrai en Israël une délégation du Pentagone et le comité des chefs d’état-major pour des consultations à un stade précoce. Elargissons aussi notre collaboration au-delà de la sécurité. Ensemble, nous pouvons construire une culture de l’innovation encore plus dynamique qui resserre les liens entre la Silicon Valley et les sociétés et les entrepreneurs de technologie d’Israël.
(APPLAUDISSEMENTS)
Il y a beaucoup de choses que les Américains peuvent apprendre d’Israël, de la sécurité informatique à la sécurité énergétique et à la sécurité hydraulique et juste au niveau de personne à personne. Et il est particulièrement important de continuer d’encourager les partenariats entre les jeunes Américains et Israéliens qui ne peuvent pas toujours se souvenir de notre passé commun. Ils sont l’avenir de notre partenariat et nous devons faire plus pour favoriser cela.
Beaucoup des jeunes qui sont ici aujourd’hui sont aux premières lignes de la bataille pour s’opposer au mouvement inquiétant de boycott, de désinvestissement et de sanctions connu sous le nom de BDS.
(APPLAUDISSEMENTS)
Particulièrement à un moment où l’antisémitisme est en progrès de par le monde, spécialement en Europe, nous devons désavouer toutes les tentatives de calomnier, d’isoler et de mettre en danger Israël et le peuple juif.

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(APPLAUDISSEMENTS)
J’ai sonné l’alarme depuis un moment déjà. Comme je l’ai écrit l’année dernière dans une lettre aux dirigeants des principales organisations juives américaines, nous devons être unis dans notre riposte contre le BDS. Beaucoup de ses partisans ont diabolisé les scientifiques et les intellectuels israéliens, même étudiants.
A tous les étudiants qui peuvent être confrontés à ceci à l’université, j’espère que vous restez forts. Continuez à vous exprimer. Ne laissez personne vous réduire au silence, vous intimider ou essayer d’arrêter la discussion, particulièrement dans des lieux d’enseignement comme les facultés et les universités.
(APPLAUDISSEMENTS)
L’antisémitisme n’a pas sa place dans toute société civilisée, ni en Amérique, ni en Europe, ni où que ce soit.
(APPLAUDISSEMENTS)
Maintenant, tout ce travail de défense de la légitimité d’Israël, de l’élargissement des liens en matière de sécurité et d’économie, du passage de notre alliance à un niveau supérieur dépend de l’élection d’un président qui s’engage personnellement et profondément pour l’avenir d’Israël en tant qu’état sûr, démocratique et juif, et pour les responsabilités de l’Amérique en tant que puissance dirigeante mondiale.
Ce soir, vous entendrez des candidats aux visions très différentes du rôle dirigeant de l’Amérique dans la région et dans le monde. Vous aurez un aperçu d’une possible politique étrangère des U.S.A. qui insulterait nos alliés, qui ne les engagerait pas, et qui enhardirait nos adversaires, au lieu de les vaincre.
Pour la sécurité d’Israël et du monde, nous avons besoin que l’Amérique reste une puissance dirigeante mondiale respectée, attachée à défendre et à faire avancer l’ordre international.
(APPLAUDISSEMENTS)
Une Amérique capable de bloquer les tentatives pour isoler ou attaquer Israël. L’alternative est impensable.
(APPLAUDISSEMENTS)
Oui, nous avons besoin de mains fermes, pas d’un président qui dise le lundi qu’il est neutre, le mardi qu’il est pour Israël, et le mercredi qu’il est pour Dieu sait quoi, parce que tout est négociable.
(APPLAUDISSEMENTS) Eh bien, mes amis, la sécurité d’Israël est non-négociable.
(APPLAUDISSEMENTS)
Je suis restée assise dans des chambres d’hôpital israéliennes en tenant les mains d’hommes et de femmes dont les corps et les vies avaient été déchirées par des bombes terroristes. J’ai écouté des docteurs décrire un éclat laissé dans une jambe, un bras ou même une tête.
C’est pourquoi j’estime si fortement que l’Amérique ne peut jamais être neutre lorsqu’il s’agit de la sécurité ou de la survie d’Israël. Nous ne pouvons pas être neutres quand des roquettes pleuvent sur des quartiers résidentiels, quand des civils sont poignardés dans la rue, quand des auteurs d’attentats-suicides visent l’innocent. Certaines choses ne sont pas négociables.
(APPLAUDISSEMENTS)
Et toute personne qui ne comprend pas cela n’a pas sa place pour être notre président.
(APPLAUDISSEMENTS)
Le second choix auquel nous faisons face est de savoir si nous aurons la force et la détermination pour nous confronter aux adversaires qui nous menacent, en particulier l’Iran. Depuis de nombreuses années, nous nous sommes concentrés à juste titre sur le danger existentiel de l’acquisition par l’Iran de l’arme nucléaire. Malgré tout, celui-ci demeure un régime extrémiste qui menace d’anéantir Israël. C’est pourquoi j’ai conduit la diplomatie à imposer des sanctions écrasantes et à forcer l’Iran à s’asseoir à la table des négociations, et pourquoi j’ai finalement soutenu l’accord qui a jugulé son programme nucléaire.
(APPLAUDISSEMENTS)
Aujourd’hui l’uranium enrichi de l’Iran est tout sauf disparu, des milliers de centrifugeuses ont cessé de tourner, le délai d’explosion potentielle par l’Iran a augmenté et de nouvelles mesures vérification sont en place pour nous permettre d’empêcher et de détecter toute tricherie. Je pense vraiment que les Etats-Unis, Israël et le monde sont par conséquent plus en sécurité.
Cependant, comme je l’ai exposé lors d’un discours l’an dernier à la Brookings Institution (organisme de prospective), il ne suffit pas de faire confiance et de vérifier. Notre approche doit être de ne pas faire confiance et de vérifier.
(APPLAUDISSEMENTS)
Cet accord doit être assorti d’une application stricte, d’une surveillance intense, de conséquences claires pour toute violation et d’une stratégie plus large pour affronter l’agression de la part de l’Iran dans la région. Nous ne pouvons oublier que Téhéran marque de son empreinte presque chaque conflit au Moyen Orient, de la Syrie au Liban et au Yémen.
Le Corps des Gardes de la Révolution Iranienne et ses hommes de confiance essaient d’installer une position sur le Golan pour menacer Israël à partir de celle-ci, et ils continuent à financer les terroristes palestiniens. Au Liban, le Hezbollah accumule tout un arsenal de roquettes de plus en plus sophistiquées et d’artillerie qui pourrait bien être capable d’atteindre toute ville en Israël.
Ce soir, vous entendrez un tas de discours sur l’Iran de la part des autres candidats, mais il y a une grande différence entre parler de tenir Téhéran comme devant rendre des comptes et le faire réellement. Notre prochain président doit être capable de maintenir la cohésion de notre coalition mondiale et d’imposer des suites même pour les moindres violations de cet accord.
(APPLAUDISSEMENTS)
Nous devons en maintenir l’architecture juridique et diplomatique pour rétablir toutes les sanctions si nécessaire. Si je suis élue les dirigeants de l’Iran n’auront aucun doute que si nous voyons quelque indice qu’ils violent leur engagement de ne pas faire de recherche, mettre au point ou acquérir des armes nucléaires, les Etats-Unis agiront pour le faire cesser, et nous le ferons en utilisant la force si nécessaire.
(APPLAUDISSEMENTS)
Les provocations iraniennes, comme les récents essais de missiles balistiques, sont également inacceptables et devraient être suivies d’une riposte ferme et rapide y compris par davantage de sanctions.
(APPLAUDISSEMENTS)
Ces missiles ont été estampillés de mots disant, et je cite, “Israël doit être effacé des pages de l’histoire.” Nous savons qu’ils pourraient atteindre Israël ou toucher les dizaines de milliers de soldats américains stationnés au Moyen-Orient. Ceci est un grave danger qui exige une réaction sévère.
(APPLAUDISSEMENTS)
Les Etats-Unis doivent aussi continuer à renforcer les sanctions existantes et imposer comme il l’est nécessaire des sanctions supplémentaires à l’Iran et aux Gardes de la Révolution pour leur parrainage du terrorisme, leurs transferts d’armes illégaux, leurs violations des droits de l’homme et pour leurs autres conduites illicites comme les attaques informatiques. Nous devons continuer à exiger le retour sain et sauf de Robert Levinson et de tous les citoyens américains injustement détenus dans les prisons iraniennes.
(APPLAUDISSEMENTS)
Et nous devons travailler étroitement avec Israël et d’autres partenaires pour couper le flux d’argent et d’armes de l’Iran vers le Hezbollah. Si la Ligue Arabe peut désigner tout le Hezbollah comme une organisation terroriste, il est certainement temps pour nos amis en Europe et pour le reste de la communauté internationale de le faire aussi et de faire cela maintenant.
(APPLAUDISSEMENTS)
En même temps, l’Amérique doit toujours être aux côtés de ces voix à l’intérieur de l’Iran qui demandent davantage d’ouverture. Maintenant voyons, nous savons que le Guide suprême garde les rênes et que les tenants de la ligne dure ont l’intention de garder le contrôle du pouvoir. Mais les Iraniens eux-mêmes méritent un meilleur avenir, et qu’ils essaient de faire entendre leur voix. Ils doivent savoir que l’Amérique n’est pas leur ennemi, ils doivent savoir que nous soutiendrons leurs efforts pour apporter un changement positif à l’Iran.
(APPLAUDISSEMENTS)
Maintenant, bien sûr, Iran n’est pas la seule menace que nous affrontons, nous et Israël. Les Etats-Unis et Israël doivent aussi être unis contre la menace de la part de l’Etat Islamique d’Irak et de Syrie (DAECH) et d’autres djihadistes radicaux. Une filiale de DAECH dans le Sinaï intensifie semble-t-il ses tentatives pour faire des incursions à Gaza et pour être partenaire du Hamas. Samedi, un grand nombre d’Israéliens et d’autres étrangers ont été blessés ou tués à Istanbul dans un attentat qui pourrait être lié à DAECH. Deux des morts sont des binationaux israélo-américains.
Ceci est une menace qui ne connaît aucune frontière. C’est pourquoi j’ai présenté un projet pour porter le combat contre DAECH à partir des airs, sur le terrain avec des troupes locales et sur Internet où il recrute et inspire. Notre but ne peut être de contenir DAECH, nous devons vaincre DAECH.
(APPLAUDISSEMENTS)
Et voici un troisième choix. Continuerons-nous à travailler en vue d’une paix négociée ou perdrons-nous pour toujours le but de deux états pour deux peuples ? Malgré de nombreux échecs, je reste convaincue que la paix allant de pair avec la sécurité est possible et que c’est la seule manière de garantir la survie à long terme d’Israël en tant qu’état juif fort et démocratique.
(APPLAUDISSEMENTS)
Il peut être difficile d’imaginer un progrès dans ce climat actuel où beaucoup d’Israéliens doutent qu’il existe même un partenaire disposé et apte à faire la paix. Mais l’inaction ne peut pas être une option. Les Israéliens méritent une patrie sûre pour le peuple juif. Les Palestiniens doivent être capables de se gouverner dans leur propre état, dans la paix et la dignité. Et seul un accord négocié avec une solution à deux états peut survivre à ces résultats.
(APPLAUDISSEMENTS)
Si nous regardons le contexte régional plus large, des intérêts convergents entre Israël et les états-clés arabes pourraient permettre de faciliter des progrès sur la question israélo-palestinienne. Les Israéliens et les Palestiniens pourraient contribuer à une plus grande coopération entre Israël et les Arabes.
Je sais combien tout cela est difficile. Je me souviens ce qu’il a fallu juste pour réunir en 2010 le Premier Ministre Netanyahu et le Président Abbas pour les trois séances de conversations en tête-à-tête direct que j’ai présidées. Mais les Israéliens et les Palestiniens ne peuvent pas renoncer à tout espoir de paix. Cela ne fera que rendre ensuite les choses plus difficiles.
Nous avons tous besoin de chercher des occasions de créer les conditions du progrès, y compris en prenant des mesures positives qui puissent reconstruire la confiance — comme les réunions constructives récentes entre les ministres israélien et palestinien des finances ayant pour but de contribuer à soutenir l’économie palestinienne, ou la coopération sécuritaire quotidienne sur le terrain entre Israël et l’Autorité Palestinienne.
Mais dans le même temps, nous devons tous condamner les actions qui font reculer la cause de la paix. Le terrorisme ne doit jamais être encouragé ou célébré, et les enfants ne doivent pas dans les écoles être instruits à haïr. Cela empoisonne l’avenir.
(APPLAUDISSEMENTS)
Chacun doit faire sa part en évitant des actions préjudiciables, y compris en ce qui concerne les colonies. Actuellement, l’Amérique a un rôle important à jouer en soutenant les efforts de paix. Et si je suis présidente, je continuerais la poursuite des négociations directes. Et que je sois claire — dans ce cas je m’opposerais vigoureusement à toute tentative de parties extérieures d’ imposer une solution, y compris du Conseil de Sécurité de l’O.N.U.
(APPLAUDISSEMENTS)
Il y a un choix supplémentaire auquel nous devons faire face ensemble, et à certains égards, il peut être le plus important de tous. Resterons-nous fidèles, en tant qu’Américains et en tant qu’Israéliens, aux valeurs démocratiques communes qui ont toujours été au coeur de nos relations ? Nous sommes deux nations construites par des immigrants et des exilés cherchant à vivre et à adorer dans la liberté, des nations fondées sur des principes d’égalité, de tolérance et de pluralisme.
(APPLAUDISSEMENTS) Au mieux, Israël et l’Amérique sont tous deux vus comme une lumière destinée à éclairer les nations en raison de ces valeurs.
(APPLAUDISSEMENTS)
Ceci est le véritable fondement de notre alliance, et je pense que c’est pourquoi autant d’Américains ressentent un telle relation émotionnelle intense avec Israël. Je sais ce que je fais. Et c’est pourquoi nous ne pouvons pas être neutres au sujet d’Israël et de l’avenir d’Israël, parce que dans l’histoire d’Israël, nous voyons la nôtre, et l’histoire de tous les gens qui luttent pour la liberté et l’auto-détermination. Il y a tant d’exemples. Vous savez, nous regardons le défilé de la fierté à Tel Aviv, un des plus grands et des plus importants dans le monde.
(APPLAUDISSEMENTS)
Et nous nous émerveillons qu’un tel bastion de la liberté existe dans une région tellement affectée par l’intolérance. Nous voyons le débat animé, et même houleux dans Ia vie politique israélienne et nous nous sentons chez nous.
(RIRES)
Et, bien sûr certains se souviennent d’une femme, Golda Meir, dirigeant le gouvernement d’Israël il y a des décennies et s’étonnent que cela prenne si longtemps ici en Amérique.
(APPLAUDISSEMENTS)
Mais nous ne pouvons pas nous reposer sur ce qu’ont accompli les générations précédentes. Chaque génération doit renouveler nos valeurs. Et, oui, même combattre pour elles. Aujourd’hui, les Américains et les Israéliens affrontent des courants d’intolérance et d’extrémisme qui menacent les fondements de nos sociétés.
Bon, dans une démocratie, nous allons avoir des différences. Mais ce que les Américains entendent cette année pendant la campagne électorale est quelque chose d’entièrement différent : l’encouragement à la violence, une attitude timorée devant les tenants de la suprématie blanche, demandant que 12 millions d’immigrants soient rassemblés et déportés, exigeant que nous rejetions des réfugiés en raison de leur religion, et proposant qu’il soit interdit à tous les Musulmans d’entrer aux Etat-Unis. Bon, nous avons eu auparavant des pages noires dans notre histoire. Nous nous souvenons des près de 1.000 Juifs à bord du “Saint Louis” auxquelles l’entrée fut refusée en 1939 et qui furent renvoyés en Europe. Mais l’Amérique doit être meilleure que ceci. Et je pense qu’il est de notre responsabilité en tant que citoyens de parler ainsi.
(APPLAUDISSEMENTS)
Si vous voyez de l’intolérance, combattez-la. Si vous voyez de la violence, condamnez-la. Si vous voyez une brute, tenez-lui tête.
(APPLAUDISSEMENTS)
Mercredi soir (23 mars), les Juifs dans le monde célèbreront la Fête de Pourim (les hasards), et les enfants apprendront l’histoire d’Esther, qui refusa de se taire devant le mal. Ce n’était pas facile. Elle avait une bonne vie. Et en prenant la parole, elle a tout risqué.
Mais comme Mardochée lui a rappelé, nous avons tous l’obligation de faire notre part quand les dangers se rassemblent. Et ceux de nous qui ont du pouvoir ou de l’influence ont la responsabilité particulière de faire ce qui est juste. Ainsi qu’Elie Wiesel l’a dit en acceptant le Prix Nobel Nobel de la Paix, “La neutralité aide l’oppresseur, jamais la victime. Le silence encourage le tortionnaire, jamais le torturé.
Donc, mes amis, ne soyons jamais neutre ou silencieux devant le fanatisme.
Ensemble défendons nos valeurs communes qui ont déjà grandi l’Amérique et Israël.
(APPLAUDISSEMENTS)
Accomplissons le dur travail nécessaire pour continuer à construire notre amitié et pour la transmettre à la prochaine génération d’Américains et d’Israéliens de telle façon que les liens entre nos nations croissent encore plus profondément et plus solidement. Nous sommes plus forts ensemble, et si nous affrontons l’avenir côte à côte, je sais que pour à la fois Israël et l’Amérique, nos jours les meilleurs sont encore devant nous.
Merci beaucoup.
(APPLAUDISSEMENTS)

Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers

ca-zem

Source: https://www.les-crises.fr/non-monsieur-poisson-laipac-nexiste-pas/


Libre-échange Canada : l’UE lance un ultimatum à la Belgique ! (MAJ : La Wallonie a résisté !)

Friday 21 October 2016 at 16:45

C’est toujours très démocratique tout ça…

18/10 Libre-échange: l’UE lance un ultimatum à la Belgique

Source : Libération, AFP, 18-10-2016

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La Commission européenne a lancé mardi un ultimatum à la Belgique pour qu’elle donne vendredi son feu vert au Ceta, traité de libre échange avec le Canada, lors d’un sommet européen à Bruxelles.

«Il doit y avoir un accord vendredi lors du sommet européen (…) Nos amis canadiens ont besoin de savoir s’ils doivent réserver leurs billets ou pas» à la fin du mois, a déclaré aux journalistes la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, interrogée pour savoir si la date butoir était fixée au prochain sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE organisé jeudi et vendredi à Bruxelles.

Le ministre-président wallon, Paul Magnette, a cependant rejeté mardi soir l’échéance posée par la Commission, au nom du «respect des procédures démocratiques», a indiqué l’agence Belga. «Il reste trop de problèmes pour trouver un accord d’ici vendredi», a affirmé M. Magnette (PS).

Les 28 ministres européens du Commerce et l’exécutif européen se sont réunis mardi à Luxembourg pour tenter, en vain, de débloquer la situation après le rejet du Ceta par la Wallonie, région francophone du sud de la Belgique.

Vendredi, l’assemblée législative de la Wallonie (3,6 millions d’habitants), qui dispose de pouvoirs identiques à ceux d’un Parlement national, avait mis son veto au traité négocié pendant sept ans par Bruxelles et Ottawa.

Ce refus des francophones de Belgique, unique en son genre dans toute l’Union européenne, a déclenché depuis une intense activité diplomatique.

La signature du traité avec le Canada est prévue le 27 octobre, lors d’un sommet UE-Canada à Bruxelles, en présence du Premier ministre canadien, Justin Trudeau.

«Si nous ne parvenons pas à avoir d’accord, alors il n’y aura pas de sommet» le 27 octobre, a averti Mme Malmström.

«Les discussions avec la Belgique continuent pour trouver une solution», a affirmé le ministre slovaque de l’Economie, Peter Ziga, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE.

«J’aimerais encourager toutes les personnes impliquées à conclure ce dossier. Nous ne pouvons pas perdre de temps», a exhorté M. Ziga.

– La Wallonie ‘snobée’ –

Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, avocat du Ceta, a constaté qu’«il y a maintenant un accord de 27 Etats membres, on peut pratiquement dire de 27 et demi ou un peu plus, puisque pour la Belgique, le gouvernement fédéral et le gouvernement flamand ont décidé d’avancer et de permettre de procéder à la signature», à condition que la Wallonie revienne sur son refus.

«Aujourd’hui, la procédure va être de continuer le travail jusqu’au Conseil européen qui se tient jeudi et vendredi. Donc, on va continuer à répondre à toutes les questions posées (…) pour tenter de faire en sorte qu’on puisse passer de 27 ou 27 et demi à 28 Etats membres qui approuvent la signature du Ceta», a-t-il ajouté.

De son côté, Mme Malmström a mis en garde contre les conséquences désastreuses d’un rejet de l’accord avec le Canada.

«Si on n’arrive pas à un accord avec le Canada, je ne suis pas sûre que nous arriverons à un accord avec le Royaume Uni», a-t-elle prévenu.

Le Royaume-Uni a décidé le 23 juin, lors d’un référendum, de quitter l’UE. La Première ministre britannique, Theresa May, a annoncé qu’elle activerait avant la fin mars l’article 50 du Traité de Lisbonne qui lancera les négociations de divorce.

«Aucun pays n’est plus proche de l’UE que le Canada. Si l’Europe n’arrive pas à s’entendre avec le Canada, avec qui peut-elle le faire ?», s’est alarmé le ministre allemand de l’Economie, Sigmar Gabriel, à l’issue de la réunion.

Dans un entretien au quotidien belge L’Echo mardi, le président du Parti socialiste francophone belge et ancien Premier ministre Elio Di Rupo a accusé la Commission européenne «d’avoir snobé» la Wallonie. «La Commission européenne n’a jamais daigné lui répondre», a-t-il reproché.

En marge de la réunion de Luxembourg, une cinquantaine de militants de Greenpeace et d’Attac ont manifesté leur hostilité au Ceta, en brandissant des banderoles «Don’t trade away democracy» (Ne vendez pas la démocratie) et en escaladant, dans un froid glacial, la façade du bâtiment où s’entretenaient les ministres européens.

Source : Libération, AFP, 18-10-2016

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21/10 : Syrie, Ceta : les Vingt-huit en panne au sommet européen

OB : mais ils n’ont toujours pas cédé…

Convergence minimum face à Vladimir Poutine, accord introuvable avec le Canada, moyens limités devant la montée de l’immigration africaine: l’Union européenne s’est retrouvée cette nuit tout près de la panne, avec dans les rangs une tentation croissante du chacun pour soi à l’approche des épreuves électorales de 2017.

OB : Toujours ce rêve de dirigeants qui enfin ne défendraient plus du tout les intérêts de leur pays…

Correspondant à Bruxelles

La France, l’Allemagne et le Royaume Uni, horrifiés par des semaines de bombardements sur la ville assiégée d’Alep, ont saisi l’occasion d’un sommet à Vingt-Huit pour pousser vigoureusement à l’isolement politique de la Russie et du régime de Bachar Al-Assad. Mais les trois grands pays n’ont pas trouvé l’unanimité qu’ils attendaient: l’engagement de sanctions européennes contre Moscou a été repoussé.

C’est Mattéo Renzi qui a fait capoter leur ambition, peu après minuit. La perspective d’un référendum difficile le 4 décembre rend le président du conseil italien plutôt ombrageux. Les Européens «devraient faire tout ce qui est possible pour un accord de paix en Syrie mais il est difficile d’imaginer que ce résultat puisse être lié à nouvelles sanctions contre la Russie», a-t-il expliqué à l’issue d’un long diner à huis clos. La mention de «mesures restrictives» destinées à frapper des personnalités russes pour leur soutien au régime de Damas a finalement été retirée des conclusions officielles du sommet. L’unanimité des 28 était nécessaire pour les préparer.

Au lendemain d’un entretien tendu avec le président Poutine, François Hollande assure cependant que l’idée de sanctions reste sur la table. «Si elle continuait ses bombardements, la Russie s’exposerait à des réponses dont l’UE aurait à délibérer, dit le président. Mais nous n’en sommes pas là». Cette fermeté pourrait être rapidement mise à l’épreuve: le Kremlin a informé les Nations Unies que les bombardements sur Alep allaient cesser onze heures par jour, mais seulement jusqu’au début de la semaine prochaine.

L’Europe reste également en échec face à la détermination de la petite Wallonie de retarder, voire d’empêcher l’entrée en vigueur d’un pacte commercial avec le Canada, le Ceta. Présenté à Bruxelles et à Ottawa comme un modèle du genre, l’accord doit être signé dans six jours avec le premier ministre canadien Justin Trudeau. Paul Magnette, chef du gouvernement wallon, joue la montre pour l’empêcher. Investi d’un droit de veto par la constitution belge, il a rejeté jeudi soir les dernières concessions présentées par la commission Juncker.

Lire la suite sur lefigaro.fr

Lire aussi sur Le Monde :

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Avec des vrais morceaux de “lecteurs du Monde”

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mais ils sont minoritaires en commentaire :

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Le discours impressionnant de démocratie de ministre wallon Paul Magnette qui explique son refus de valider le CETA :

Admirez la propagande d’un chien de garde sur France info :

Appréciez le mot “raisonner”…

Rappel sur la “Démocratie” en France sur le CETA :

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EDIT : 21/10 17h30 : La Wallonie n’a pas cédé pour le moment !

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La vraie question, c’est comment diable 497 millions d’européens peuvent-ils être aussi mal défendus !

P.S. on apprend aussi que le Parlement de Catalogne a rejeté le CETA – mais sans pouvoir particulier

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Mais on parle de quoi au fait ?

Traité UE-Canada: les points qui fâchent

L’accord de libre-échange, encore suspendu au feu vert des Wallons, soulève de nombreuses question au sein de l’opinion publique. Le Figaro fait le point.

Après sept années de négociations, la finalisation de l’accord de libre-échange négocié entre le Canada et l’Union européenne (le Ceta) entre dans sa dernière ligne droite, non sans difficulté. Sa signature est en principe prévue pour le 27 octobre, lors d’un sommet à Bruxelles en présence du premier ministre canadien, Justin Trudeau. Mais le Parlement de la Wallonie, l’une des sept assemblées législatives de Belgique dont l’aval est indispensable à la ratification du traité, a adopté une résolution demandant à son ministre-président de ne pas autoriser la Belgique à signer l’accord avec le Canada. La Commission européenne tente actuellement de convaincre les Wallons de revenir sur leur décision.

Une bonne partie de l’opinion publique européenne y est également farouchement opposée tout comme elle dénonce les négociations entre les Américains et l’UE sur le TTIP. Pourtant, Bruxelles le répète à l’envi: l’UE n’a jamais conclu un accord aussi ambitieux.

Intensifier les échanges commerciaux entre l’UE et le Canada

Globalement, le Ceta a pour objectif d’intensifier les échanges commerciaux entre l’UE et le Canada. La Commission européenne estime qu’il devrait doper le commerce bilatéral des biens et services de 25 %.

Ce traité va plus loin que l’élimination de nombreux droits de douane qui devrait permettre aux entreprises européennes d’économiser 500 millions d’euros par an. Il prévoit en effet une coopération réglementaire afin de réduire les coûts administratifs pour les entreprises. Et ce, insiste-t-on à Bruxelles, sans toucher aux normes environnementales, sanitaires et sociales alors que certains dénoncent justement un détricotage.

L’ouverture des marchés agricoles est particulièrement sensible. En France, la Confédération paysanne craint, par exemple, une sévère mise en concurrence avec les agriculteurs canadiens. D’autres fustigent l’arrivée de la «malbouffe».

Autre sujet sensible, la protection des produits européens d’origine géographique spécifique. Bruxelles se félicite d’avoir obtenu du Canada la reconnaissance et la protection de 143 produits européens dont 42 français, comme, par exemple, le comté, le piment d’Espelette ou le jambon de Parme. Ces produits seront désormais protégés contre les usurpations. Pour les opposants au Ceta, ce n’est pas suffisant. Sauf qu’aucune protection spécifique n’existe aujourd’hui, rétorque une source européenne.

Arbitrage sur mesure

Le règlement des différends entre les entreprises et les États dans le cadre de cet accord est un autre point qui fâche. Ce mécanisme permet à une entreprise étrangère qui estime être discriminée par un État de l’attaquer devant une instance spécialisée.

Sur ce volet, Bruxelles crie victoire: le Canada a accepté la réforme européenne du système d’arbitrage privé (ISDS) traditionnellement utilisé dans les accords commerciaux et largement critiqué car favorisant les grandes entreprises au détriment de l’intérêt général. Le Ceta prévoit donc la mise sur pied d’un tribunal permanent composé de «quinze juges professionnels» nommés par les autorités européennes et canadiennes avec de «très hautes qualifications», insiste une source à la Commission. Mais pour ses détracteurs, «le système reste inchangé puisqu’il ne met pas fin aux conflits d’intérêts dans la mesure où les juges restent des acteurs privés», explique Lora Verheecke, de Corporate Europe Observatory, une ONG bruxelloise. Selon elle, les grandes entreprises continueront à remettre en question des lois d’intérêt public pour défendre leurs intérêts.

OB : NON MAIS SÉRIEUSEMENT, on en va pas autoriser le principe d’entreprises attaquant l’État pour des lois non discriminatoires, mais heurtant juste leurs intérêts ??? (genre indemniser Monsanto si on refuse les OGM)

Les partisans du traité se félicitent d’une avancée reconnue: le Canada a accepté, pour la première fois, d’ouvrir ses marchés publics aux entreprises européennes, mettant fin à un déséquilibre puisque l’UE avait déjà ouvert ses appels d’offres aux Canadiens.

OB : NON MAIS SÉRIEUSEMENT, c’est là qu’on apprend que des crétins ont accepté par le passé de mettre nos entreprises en concurrence sans aucune réciprocité ? Mais on peut en savoir plus sur ces traitres économiques ??

Source : Le Figaro, 21/10

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On Lira ou des critiques.

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Et ici on lira la propagande enchantée de l’UE.

Voici (après de longues recherches) le texte du CETA en français :

et ses annexes sans fin sont là (1 600 pages au total – en anglais ici)..

À suivre ce week-end – en combien de temps la courageuse Wallonie cédera-t-elle ?

P.S. : pour finir :

15/10 : La Démocratie ne va plus être dans nos moyens, par Michel Crinetz

Le dogme suprême des traités européens est la concurrence libre et non faussée, chez nous et avec le monde entier. Avec son corollaire financier, la libre circulation des capitaux, auxquels, pour mieux les attirer, il faut accorder tous les droits. Tous les droits sur nous et sur nos États.

La Commission, organe administratif hors sol, est viscéralement hostile aux souverainetés des États membres et de leurs citoyens. Englués dans leur servitude volontaire, nos gouvernants élus la laissent nous dépouiller progressivement de tous nos pouvoirs démocratiques.

Dans l’inversion typique de la novlangue orwellienne en usage, comme tout est fait dans l’intérêt des investisseurs, on déclare que tout est fait dans l’intérêt des citoyens, pardon, des consommateurs.

L’Union signe donc de nombreux traités de libre investissement avec toutes sortes de pays de tailles diverses, et, maintenant, avec le Canada (CETA).

Elle voudrait faire de même avec les États-Unis (TAFTA), mais ces derniers font des difficultés, ne voulant pas renoncer à leur protectionnisme. Du reste, une fois le CETA signé, ils n’auront plus besoin du TAFTA, et même M. Trump n’y verra que des avantages : tous les droits pour les Américains, aucun pour les Européens aux États-Unis. Du jamais vu !

En effet, CETA donnera tous les droits aux multinationales américaines en Europe, via leurs filiales canadiennes, et aucun aux multinationales européennes aux États-Unis, qui ne sont pas signataires de ce traité.

Le CETA sera adopté par nos gouvernants le 18 octobre. Le 27 octobre, les chefs d’État européens et du Canada signeront l’accord final, qui devrait être mis en œuvre (de manière d’abord provisoire) suite à un vote du Parlement européen début 2017, en attendant qu’il soit ratifié par l’ensemble des parlements nationaux des pays membre de l’Union européenne dans les années à venir, mais uniquement pour les aspects relatifs aux droits de propriété.

La Commission européenne publie un communiqué pour minimiser le plus grand danger de ces traités, les pouvoirs exorbitants accordés aux investisseurs sur les États, en expliquant que les « gouvernements peuvent changer leurs lois sans se demander si cela affecte un investissement ou de futurs bénéfices pour les investisseurs. L’affaire sera réglée par un tribunal objectif et toute compensation n’excèdera pas la perte subie par l’investisseur. »

C’est à peu près ça ; sauf pour les services financiers, où c’est pire, car eux, ils pourront contester les nouvelles réglementations. En clair, les gouvernements peuvent en droit « changer sans se demander », mais, en pratique, ils se demanderont à chaque fois combien ce changement risque de leur coûter ; et alors, pourront « librement » décider de renoncer à changer quoi que ce soit.

Il ne nous sera pas interdit de légiférer, mais à chaque fois il faudra dédommager les investisseurs américains de leurs bénéfices futurs, lesquels sont déjà comptabilisés dans leurs bilans et dans leurs bonus. Alors que l’obligatoire étude d’impact de 2011 avait donné un avis défavorable au principe même de ces arbitrages.

Un cigarettier américain fait des profits en vendant des cigarettes en Europe (via sa filiale canadienne). Vous pourrez augmenter la taxe sur les cigarettes en France pour lutter contre le tabagisme, mais alors il vendra moins de cigarettes (c’est bien le but) et fera moins de profits : il faudra lui rembourser la différence.

Un pétrolier américain a obtenu un permis de fracturation hydraulique en Pologne. Elle interdit la fracturation. Elle doit lui rembourser les profits futurs.

Un constructeur américain lance une gamme de Diesel. Vous taxez le Diesel ou limitez son usage. PAYEZ.

Un semencier américain vend des OGM en Europe. La France en interdit l’importation. Elle paie. De même pour une mesure sanitaire ou phytosanitaire (article 4.1) ; ou alors il faut vraiment démontrer, après de longues études, toujours contestables, toujours contestées, que le produit est nocif.

Pour les produits pharmaceutiques, l’article 4.5 renvoie à un « protocole de reconnaissance mutuelle de conformité » d’où il résulte qu’un médicament déclaré bon au Canada est automatiquement bon en Europe. Si vous l’interdisez, payez. PAYEZ, PAYEZ, PAYEZ.

Il y a extension des appels d’offres pour les marchés publics. Au-dessus d’un certain montant, l’État et les collectivités locales ne devront plus faire un appel d’offres seulement européen, mais un appel d’offres européen et canadien ; et donc, en pratique, étasunien ; mais la réciproque n’est pas vraie, les États-Unis n’étant pas partie à l’accord.

Et puis, la Commission ment par omission. Il y a quand même des décisions explicitement interdites, comme augmenter un droit de douane à l’importation, ou instaurer des restrictions à l’importation et à l’exportation. Pour notre petite agriculture paysanne, déjà moribonde, ce sera le coup de grâce asséné par le rouleau compresseur des grandes exploitations américaines, avec des règles sanitaires et phytosanitaires qui ignorent le principe de précaution (qu’il faudrait donc, en droit strict, retirer de notre Constitution).

Nous pourrons ainsi importer des quantités illimités de gaz de schiste et de pétrole bitumineux dont l’extraction apocalyptique va encore accélérer la destruction des forêts du Nord de l’Alberta. Le Québec a décidé un moratoire sur la fracturation hydraulique, mais Long Pine lui réclame 250 M€ par un arbitrage au titre du traité de libre investissement avec les États-Unis, qui sert ici de modèle. Pour les lecteurs écologistes, se reporter au chapitre 24 intitulé « Commerce et environnement », prière de bien respecter l’ordre des facteurs : le commerce passe avant l’environnement ; mais, c’est promis, on y fera attention…

Les dédommagements seront accordés par un tribunal arbitral international qui aura pour seule fonction de dédommager les investisseurs. Il aura tous pouvoirs pour considérer les jugements civils, pénaux ou administratifs des tribunaux français ou européens comme des « dénis de justice, illicites, abusifs, coercitifs, contraignants, injustes, inéquitables, arbitraires, discriminatoires » (article 8.10). Et, en effet, un jugement local, donc biaisé, qui ne ferait pas droit à la demande fondée d’un investisseur canadien n’est-il pas déjà en soi suspect d’être discriminatoire ? Il est même écrit que le tribunal n’a pas à prendre en compte le droit interne des parties (article 8.31). Un seul droit aura cours : celui du juste profit.

°°°

S’agissant des services financiers, les évolutions réglementaires ne se feront qu’après concertation avec les parties prenantes (pour une fois, les mots sont bien choisis). L’octroi d’agréments à des banques et autres institutions financières canadiennes devra se faire sur un pied d’égalité avec les institutions financières européennes. Cela vaut pour l’accès libre aux marchés financiers, y compris pour la fourniture transfrontières de services financiers. De même pour les Américains, via leurs filiales canadiennes, en Europe.

Si un produit ou un service financier nouveau est autorisé au Canada, sans avoir encore été examiné en Europe, il y est automatiquement autorisé (article 13.7.7, à part quelques exceptions limitativement énumérées), et ceci en application du droit canadien (article 13.14), puisque le droit européen n’existe pas encore : l’Europe est parfois un peu lente avec les nouveautés….

Quant aux dédommagements, il ne seront pas fixés par le tribunal arbitral standard, suspect d’amateurisme, mais par un « groupe spécial d’arbitrage » composé de personnes ayant des connaissances et de l’expérience dans le domaine financier ; bref, des professionnels de la profession… Outre le remboursement des dommages et intérêts, ce tribunal spécial se voit octroyer un véritable pouvoir réglementaire : selon l’article 13.20.5, il peut décider qu’une mesure prise par un État est incompatible avec le Traité ! Ce qui ouvre droit à des mesures de rétorsion pour l’État qui s’estime lésé… Et l’article 29.12 invite vivement l’État en faute à mettre sa réglementation en conformité avec la décision du groupe spécial d’arbitrage, et ce, dans un délai « raisonnable », délai qui  sera également fixé par ledit groupe spécial (article 29.13.2). En attendant, la partie requérante est en droit de recevoir une compensation (article 29.14.1).

Paris et Francfort se font concurrence pour attirer les multinationales financières installées à Londres qui voudraient déménager après le Brexit. Peine perdue. Les banques américaines et britanniques établiront leur siège « européen » à Toronto, avec une succursale à Montréal pour les francophones indécrottables, qui adoreront l’accent de la Belle Province.

Les filiales londoniennes des banques anglo-saxonnes auront perdu leur passeport européen ? La belle affaire ! Comment le leur refuser à Toronto ? Ce serait une discrimination contraire au traité.

°°°

La Commission exige la mise en œuvre immédiate de l’accord, provisoire, dit-elle, sans attendre toutes les approbations nécessaires.

Pour les parties douanières et réglementaires, il lui suffit d’une majorité qualifiée, qu’elle obtiendra.

Pour les arbitrages sur les dédommagements, qui touchent au « droit sacré de la propriété », il lui faut l’unanimité.
Arriverons-nous à l’empêcher, comme vient de le voter le Parlement wallon ? Les dirigeants concernés s’emploient déjà à inverser la décision wallone, ce que notre premier ministre vient aussi de demander lors de sa visite au Canada.

 Ou détournerons-nous le regard juste au moment opportun, comme vient de le faire le 5 octobre le groupe socialiste en « démissionnant » pour une seule journée cinq de ses députés de la commission des affaires européennes pour empêcher le blocage par le Parlement français de l’application provisoire du traité ?

Sinon, nous n’aurons bientôt plus les moyens de payer pour rester souverains, de payer pour rester une démocratie.

 Comme l’avait expliqué Mendès-France le 18 janvier 1957, il y a deux manières de supprimer la démocratie, c’est-à-dire les pouvoirs du peuple : la manière brusque du dictateur qui les confisque d’un coup, et la manière progressive et peu visible des technocrates qui les rognent petit à petit ; ce pourquoi il avait voté contre le Marché commun.

Le sort de la Grèce, ça vous dit ?

Pour l’éviter, manifestez et harcelez vos représentants élus pour qu’ils préservent ce qu’il reste de notre démocratie ! (Source)

Source: http://www.les-crises.fr/libre-echange-canada-lue-lance-un-ultimatum-a-la-belgique/


Ça ose tout : juger Poutine pour crimes de guerre… Par M.K. Bhadrakumar

Friday 21 October 2016 at 16:43

2015-03-19_14h09_03

Kerry parle comme un homme frustré et vaincu. Même pendant la guerre froide, les États-Unis n’ont jamais appelé à juger l’Union soviétique pour crimes de guerre

Les États-Unis ont appelé à traduire la Russie en justice pour avoir commis des crimes de guerre en Syrie. Le secrétaire d’État John Kerry a déclaré vendredi à Washington : «La Russie et le régime (syrien) doivent au monde plus qu’une explication […] Ce sont des actes qui demandent une enquête appropriée pour crimes de guerre. Et ceux qui les commettent devraient être tenus pour responsables […] Nous avons également besoin de maintenir la pression sur la Russie, par rapport à la mise en œuvre de l’accord de Minsk (sur l’Ukraine). Et nous […] rendons clair, publiquement, que si nous ne pouvons pas mettre en œuvre Minsk dans les prochains mois ou arriver à un plan clair pour savoir exactement comment cela va être mis en œuvre […] alors il sera absolument nécessaire d’imposer des sanctions (contre la Russie).»

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Assurément, la température négative des relations russo-américaines a encore plongé d’une dizaine de degrés centigrades. Même au plus fort de la guerre froide, lorsque l’ex-Union soviétique était un «empire du mal», Washington n’avait jamais demandé que les responsables du Kremlin soient jugés pour crimes de guerre.

Et l’Union soviétique non plus. Même après avoir tué des centaines de milliers de civils irakiens, libyens et afghans, et avoir détruit gratuitement ces pays pendant la dernière décennie, et bien que les États-Unis participent activement à la guerre au Yémen, Moscou n’a jamais exigé que George W. Bush ou Barack Obama – ou même Hillary Clinton – soient jugés comme criminels de guerre.

Qu’est-ce qui est arrivé à Kerry ? Il ressemble à un homme frustré qui a perdu son sang-froid. Il se rend compte que son homologue russe Sergueï Lavrov l’a berné, alors qu’il pensait être plus malin que lui.

Les États-Unis espéraient, en quelque sorte, préserver al-Nusra, affilié à al-Qaida, afin de mener le combat final pour un changement de régime en Syrie – sinon sous la présidence Obama, au moins sous l’égide du prochain président. En effet, Lavrov a vu le stratagème de Kerry – en fin de compte, Kerry, un homme politique intelligent avec une certaine expérience dans la diplomatie, ne faisait pas le poids face à Lavrov, un diplomate de carrière extrêmement expérimenté et intellectuel. Ainsi, Lavrov a joué avec le visage d’un jouer de poker et piégé ‘John’ dans un accord de paix que le Pentagone n’approuverait jamais, car il avait réellement pour but de faire de la pâtée avec al-Nusra.

D’un autre côté, Kerry se sent frustré que le président Barack Obama n’ait pas été disposé à une intervention militaire parallèle en Syrie, qui, pensait-il, aurait donné une autre allure, bien nécessaire, à son action diplomatique. Kerry appartient à la vieille école de courtiers du pouvoir à Washington, qui souscrivent à l’idée que les Marines ouvrent la voie aux diplomates – il était lui-même un Marine autrefois.

Mais Kerry n’a pas réalisé que le sol, sous les pieds américains, avait changé au Moyen-Orient. Les relations des États-Unis avec la Turquie, ainsi qu’avec l’Arabie saoudite, les deux puissances régionales principales qui ont alimenté le conflit syrien, sont aujourd’hui aigries au point que Washington joue solo dans le concert, bien que l’orchestre ne suive plus la mesure.

Ce qui m’intrigue, c’est pourquoi Kerry veut que les dirigeants russes et syriens soient jugés pour crimes de guerre. Pourquoi pas aussi le guide suprême Ali Khamenei, qui commande le Corps des Gardiens de la révolution islamique (IRGC) ? Mais là, Kerry ne peut pas prononcer ce mot de quatre lettres – Iran – parce que l’accord avec ce pays est censé être le meilleur héritage de la présidence Obama. Pourtant, s’il n’y avait pas eu l’IRGC, qui a sacrifié si lourdement son sang et son trésor, le gouvernement syrien n’aurait jamais pu prendre le dessus dans les combats.

Le troisième aspect fascinant de la remarque apocalyptique de Kerry est qu’il semble suggérer que les États-Unis ont toujours l’intention de gagner la guerre en Syrie. Après tout, c’est un trait constant de l’histoire, que le vainqueur envoie les vaincus au tribunal des crimes de guerre – que ce soit Slobodan Milosevic ou Saddam Hussein.

Pour le dire autrement, est-ce que Kerry pense que les États-Unis ont l’intention de vaincre la Russie dans une guerre ? Est-ce son pronostic que la Troisième Guerre mondiale est au coin de la rue ? Ne comprend-t-il pas que l’anéantissement total de son pays, dans une épreuve de force nucléaire avec la Russie, rendrait tout ce discours sur les crimes de guerre hors de propos ?

Kerry doit se sentir frustré que le Nobel soit allé au président colombien ! Quelle façon de terminer une carrière distinguée, dans la politique et la diplomatie, s’il n’y a pas de grande reconnaissance pour le bon travail accompli ! Kerry quitte la scène de la diplomatie internationale en homme aigri.

Il est peu probable que Lavrov réponde. Que peut-il dire, après tout ? Kerry est allé trop loin pour inverser le cours de l’histoire et le résultat était assez prévisible. Peu importe ses vaillants efforts, il ne pouvait pas effacer la réalité géopolitique que les États-Unis sont une puissance en déclin. Non seulement dans le Moyen-Orient, mais aussi en Asie-Pacifique.

Le spectacle d’une superpuissance qui s’éloigne dans un coucher de soleil n’est jamais une vue agréable. Ce fut le cas avec Rome, Byzance, l’Espagne, le Portugal, la France, la Grande-Bretagne. Regardez la dernière nouvelle en provenance de la mer de Chine méridionale.

M.K. Bhadrakumar

Article Original paru sur Indian Punchline

Source : LSF,  M.K. Bhadrakumar, 10/10/2016

mkh

Source: http://www.les-crises.fr/ca-ose-tout-juger-poutine-pour-crimes-de-guerre-par-m-k-bhadrakumar/


Jean-Marc Ayrault dans ses oeuvres…

Friday 21 October 2016 at 16:40

Je ne surligne pas toutes les bêtises et la propagande larmoyante, pour que ça reste lisible…

24 heures en  questions, Yves Calvi, LCI, 5 octobre 2016

Présentation : Jean-Marc Ayrault, Ministre des Affaires Etrangères, le chef de la diplomatie française face au chaos syrien. Un conflit qui a fait plus de 300 000 morts en 5 ans. Les efforts se poursuivent pour tenter de faire taire les armes à Alep, ville martyr où 250 000 civils vivent sous les bombes. Alliée du régime de Damas, la Russie s’est félicitée de la grande efficacité de ses raids aériens tout en affirmant œuvrer pour la paix : « Malheureusement depuis le début beaucoup ont cherché à saboter les efforts des Accords, y compris à l’intérieur de l’Administration américaine mais nous n’abandonnerons pas. Nous ferons en sorte de mettre en œuvre les décisions du Conseil de Sécurité de l’ONU (Sergueï Lavrov, Ministre russe des Affaires Etrangères.).

Les Occidentaux ont entamé un bras de fer avec la Russie sur le dossier syrien. Jean-Marc Ayrault critique le cynisme de Moscou : « Je dis aux Russes : le sort de cette ville est entre vos mains. Si vous vous obstinez, le drame d’Alep restera dans les mémoires comme une infamie. Vous en porterez la responsabilité ».

Le Ministre des Affaires Étrangères doit se rendre à Moscou demain et à Washington vendredi pour tenter d’adopter une résolution sur un cessez-le-feu à Alep. Mais la France a-t-elle les moyens d’infléchir la position russe ? 

 

Y.Calvi : Bonsoir Monsieur Jean-Marc Ayrault, merci beaucoup Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères d’être avec nous en direct sur LCI. Vous partez demain pour Moscou, vous serez vendredi à Washington. On vient une fois de plus de comprendre à quel point la situation était difficile. La France peut-elle changer la donne à Alep ? 

J-M.  Ayrault : Je vais à Moscou pour dire aux Russes : ces images que le monde entier voit aujourd’hui de bombardements, de morts, d’enfants, de femmes, de vieillards mais aussi d’humanitaires qui font leur travail –  je pense aussi à ces casques blancs –  des hôpitaux visés, des écoles détruites – ce n’est pas possible, cela ne peut pas continuer, c’est une catastrophe humanitaire. Le Secrétaire Général des Nations Unies Ban Ki Moon dit que ce sont des faits constitutifs de crimes de guerre. Donc je vais à Moscou, non, pas négocier…

Y.C. : Il parle même « d’abattoir ».

J-M.A. : Oui, les mots sont forts parce que la réalité est terrible. La réalité est tragique, donc la France est pleinement engagée, elle n’est pas seule mais elle est en première ligne. Elle est membre permanent du Conseil de Sécurité, elle agit en toute indépendance. Donc je vais à Moscou, non pas pour négocier le texte d’une résolution. Je vais à Moscou pour dire le point de vue de la France : cette situation est inacceptable, profondément honteuse et la France ne veut pas participer en fermant les yeux et en ne faisant rien. Donc je vais dire à Moscou et à mon homologue Lavrov la position de la France.

Y.C : On détruit notamment les hôpitaux, ce sont les dernières monstruosités qu’on a découvertes ces dernières vingt-quatre heures. On a des images absolument épouvantables et les Russes avec qui vous allez parler, vous l’avez entendu, se félicitent de « l’efficacité de leurs frappes ».

J-M. A : C’est du cynisme, c’est du cynisme, cela ne trompe personne. Vous savez la France a pris une initiative, lorsque j’ai quitté l’Assemblée des Nations Unies nous n’avions pas réussi à trouver un accord. J’ai participé à je ne sais combien de réunions, y compris au sein du Conseil de Sécurité. On ne va pas laisser tomber, on va continuer à se battre. Et on se bat. Là, il y a sur la table un projet de Résolution. Quel est l’objectif de ce projet de Résolution, si elle est adoptée et on travaille pour cela, avec les 15 membres du Conseil de Sécurité, les 5 permanents et les autres ? C’est un, l’arrêt des frappes sur Alep et sur la Syrie, l’arrêt des bombardements, l’acceptation de l’aide humanitaire parce qu’il y a des mois qu’elle n’arrive plus. Il y a des gens qui meurent de faim, qui n’ont pas de soins. Et aujourd’hui les convois ne peuvent pas passer parce qu’ils sont bombardés.

Et ensuite il faut reprendre le processus de paix. Il faut arrêter la voie de la guerre. Il y a deux objectifs dans notre démarche. Le premier objectif, c’est effectivement l’action humanitaire, humaine de solidarité, il faut arrêter ce massacre. Et de deux, le deuxième objectif. Il n’y a pas de solution à la crise syrienne qui dure depuis 5 ans qui a fait 300 000 morts avec 10 millions de personnes déplacées ou réfugiées, d’un point de vue militaire. Même si Bachar el Assad, gagnait, regagnait Alep, cela ne changerait rien. Vous savez quelles sont les conséquences ? Le renforcement des djihadistes, des terroristes, c’est eux qui gagnent des points et nous, nous sommes menacés. Les Syriens qui aujourd’hui sont sous les bombes sont menacés par cette tragédie mais nous, les Français, les Européens et même au-delà, nous sommes menacés par le terrorisme et donc il faut qu’on mène cette bataille aussi.

OB : Donc quand Assad bat les terroristes, ça renforce les terroristes, et c’est mauvais pour nous #CQFD…

Y.C : Jean-Marc Ayrault, tout ce que vous venez de nous dire est parfaitement clair et sur les buts de votre visite et sur le constat que vous faites de la situation. Le problème est :  que pouvez-vous avoir bien à dire à ces gens-là ? Quelle est la fiabilité ou quelle confiance peut-on avoir en Sergueï Lavrov. On se demande. Ils sont d’un cynisme absolu, c’est vous qui avez employé le terme.

OB : attention au chien de garde

JM. A : Oui, je l’ai employé. En même temps vous savez, il y a un débat partout, en France aussi, sur quelle attitude avoir vis-à-vis de la Russie. Il y a ceux qui disent « il faut couper les ponts avec la Russie » ; il y a ceux qui disent « il faut suivre Moscou ». Eh bien, notre option, c’est ni l’un ni l’autre. Par contre, je discute avec les Russes au nom de la France. Nous ne fermons pas la porte, le canal n’est pas fermé.

Est-ce-que vous pensez – parce que l’opinion publique internationale, la communauté internationale (depuis quelques jours les images passent en boucle) il y a toujours le risque d’une indifférence quand il se passe quelque chose de cette nature et là aujourd’hui, partout dans le monde, on voit les images, c’est une tragédie – est-ce que vous croyez que la Russie, qui est un grand pays , qui est une vieille civilisation, vous croyez qu’eux aussi peuvent être indifférents à ce message : « arrêtez ce massacre » ? Donc je vais à Moscou pour dire ça.

Y.C : C’est une forme de témoignage ou c’est une façon de prendre date avec les Russes pour leur dire « un jour vous aurez des comptes à rendre » ?

OB : Et Fabius et Hollande, c’est prévu qu’ils rendent des comptes ?

J.M. A : Tous ceux qui sont complices ont des comptes à rendre.

OB : oh, ben parfait alors, merci !

Vous avez employé les mots du Secrétaire Général de l’ONU, qui sont encore plus forts que ceux que j’avais cités. Et donc c’est sûr que, si on est complices de crimes de guerre, il y a un jour où il faudra en rendre compte et, y compris, sur le plan juridique. Ce n’est pas rien comme prise de responsabilité. Encore une fois, je pense qu’avec les Russes, il faut parler un langage de vérité, je ne cherche pas à leur plaire. Je leur dirai la position de la France. Et la position de la France je considère qu’elle est juste. Elle est peut-être difficile mais en tout cas nous nous battons et la bataille elle se mène au Conseil de Sécurité.

Y.C. : J’ai bien compris Jean-Marc Ayrault que vous comptez dire au Ministre des Affaires Étrangères russe « vous aurez des comptes à rendre un jour, peut-être même devant des tribunaux internationaux » ?

OB : Oh oui, ça va être drôle…

J-M. A. : Est-ce que vous pouvez prendre le risque de cette responsabilité morale ; d’abord morale, morale à l’égard de l’opinion publique internationale et à l’égard de votre peuple, de votre propre Histoire ?

OB : Ben oui, oser attaquez des djihadistes qu’on a nous même armés !!!

Je ne peux pas imaginer que la logique de la guerre totale soit la logique, comme de toute façon nous discutons ensemble, nous savons qu’il y a une menace terroriste, nous savons que cette menace terroriste c’est Daesh, nous savons que c’est AL Qaïda et qu’il y a des groupes terroristes aussi en Syrie, comme il y a en Irak, comme il y en a en Libye,

OB : Euh, pourquoi ils prospèrent en Irak et en Libye déjà ?

comme il y en a en Afrique. Donc tout ça c’est un combat commun que nous menons mais nous devons le mener jusqu’au bout. Et se demander si la logique de guerre, qui est aujourd’hui utilisée par le régime de Bachar el Assad, d’aller jusqu’au bout, c’est-à-dire de contrôler toute cette Syrie comme on dit « utile », en allant de Damas à Alep en passant par Homs et de l’attaquer là où il y a un port, serait facteur de paix ?

OB : eh oui, chasser tous les djihadistes, ce serait facteur de paix ?

Non ce n’est pas facteur de paix parce que cela encourage la radicalisation, cela encourage la haine, cela encourage encore plus le terrorisme alors que le terrorisme c’est notre premier ennemi.

OB : je préfère ne rient dire pour garder à ce blog sa tenue

Y.C. : Jean-Marc Ayrault, est-ce que vous faites le constat suivant qui est que, officiellement, nous étions engagés dans une bataille commune avec les Russes, et vous venez de le rappeler, contre le terrorisme et contre le djihadisme qui porte parfois le terrain guerrier sur le sol français…

J.M. : Oui, malheureusement…

Y.C. : On sait maintenant que les Russes, en fait, ont fait semblant de mener cette bataille pour conforter leur allié dans la région – et le monde entier peut le voir –  qui s’appelle Bachar El Assad. On sait donc qu’on s’est fait flouer ?

OB : QUI a détruit presque tous les camions citernes de Daech déjà, coupant ses revenus pétroliers ?

J-M.A. : C’est sans issue. Pour Bachar el Assad, ce serait une victoire à courte vue.

OB : Laisse Jean-Marc, je pense qu’il va la prendre quand même, nous laissant la défaite à longue vue…

Certes il est appuyé par les Russes et les Iraniens et le Hezbollah. Il faut rappeler que les Russes sont des belligérants. Nous nous ne sommes pas des belligérants, nous sommes engagés dans une coalition internationale contre Daesh, notamment avec les Etats-Unis.

OB : c’est à ça quand qu’on voit le triste niveau de nos dirigeants, et des crétins de journalistes qui ne relèvent même pas le fait que bombarder, c’est être un belligérant…

J’ai parlé de l’Irak et de Libye ici aussi. Nous ne sommes pas des belligérants, les Russes ont des troupes sur le terrain. Donc, c’est aussi une question de responsabilités. Les 10 millions de personnes déplacées, qui sont venues en France, en Allemagne surtout, ces personnes-là ne sont pas seules. Il y en a plusieurs millions en Turquie, en Jordanie, au Liban, donc juste à côté de la frontière syrienne, savez-vous à quoi ils aspirent ? Retourner dans leur pays. Et pour cela, il faut une reconstruction de la Syrie, et donc il faut un processus de paix. Et les Russes ont voté la Résolution pour un processus de paix mais ils ne respectent pas ce vote. Donc je rappellerai tout ça, c’est indispensable. Si les Russes sont sincères, alors il faut que ces massacres s’arrêtent et surtout que le processus de négociation politique reprenne à Genève, alors qu’aujourd’hui il est bloqué depuis des mois.

Y.C. : Le jour d’après votre rencontre avec Sergueï Lavrov, vous serez donc aux Etats-Unis. Et à Washington, aux Américains, qu’avez-vous à dire ?

J.M.A. : Les Américains sont nos alliés,

OB : meuh oui, c’est bien Jean-Marc…

dans la coalition contre Daesh, je l’ai rappelé mais ils sont aussi sur notre position. Maintenant, je pense qu’il y a aussi des questions à poser. Comment faire ? Que vont-ils faire ? On sait qu’on est en fin de présidence Obama, que c’est un mandat qui se termine. Donc ils peuvent être plus efficaces, plus engagés qu’ils ne le sont pour trouver la solution. La solution, c’est l’arrêt des bombardements, l’aide humanitaire et puis reprendre le processus de paix. Vous savez, si rien n’est fait tout le monde portera la responsabilité d’avoir laissé faire et ça n’est pas possible. La France continuera d’aller jusqu’au bout et prendra ses responsabilités.

Y.C. : La France parle avec les Grands. Est-elle capable de se faire entendre, Jean-Marc Ayrault ?

J-M. A. : Mais la France est respectée et entendue partout !

OB : meuuuuuuuuuuuuuuuh oui ! C’est pour ça que les Russes et les Américains ne nous ont pas invité le week-end dernier…

Vous savez, il y a 5 membres permanents aux Nations Unies. Il y a La France, la Grande Bretagne, les Etats-Unis, la Chine et la Russie. Je peux vous dire que notre voix pèse. Moi qui voyage beaucoup maintenant que je suis Ministre des Affaires Etrangères (je le faisais un peu quand j’étais Premier Ministre mais vous savez, on est plus sur les affaires intérieures), je vois que partout la France est respectée, attendue écoutée que ce soit dans les instances internationales, au Conseil de Sécurité mais aussi dans beaucoup d’autres endroits. Je suis allé aussi au Conseil des Droits de l’Homme.

ET puis regardez, lorsque la menace djihadiste arrivait sur Bamako, la capitale du Mali, c’était en 2013, j’étais présent au Conseil de Sécurité auprès du Président de la République François Hollande, il y a eu une décision de prise, c’est-à-dire d’arrêter, à la demande des autorités maliennes, d’arrêter cette avancée djihadiste qui allait contrôler tout le pays.

OB : avec les armes piquées en Libye vu qu’on l’a détruite…

Et aujourd’hui, si nous n’étions pas intervenus ce pays – un grand pays d’Afrique de l’ouest –  serait sous la coupe djihadiste et c’est toute la région qui serait islamisée. Qui a fait ça ? Qui a pris cette responsabilité, à la demande du gouvernement malien ? C’est la France, parce que nous en avions les moyens militaires et nous en avions les moyens politiques. Et nous l’avons fait, et je peux vous dire que c’est, et c’était une décision extrêmement courageuse.  Mais là notre engagement était clair et c’est ça qui fait que la France est aussi respectée et écoutée, y compris en Europe.

Je vous rappelle que maintenant la Grande Bretagne, qui s’est engagée il y a quelques années aux côtés de Américains dans la guerre en l’Irak avec les conséquences que l’on sait, a moins de capacités militaires et puis surtout ils ont décidé du Brexit. Quel est le seul membre permanent de l’Europe au Conseil de Sécurité aujourd’hui ? C’est la France.

OB : eh oui, depuis le Brexit, le Royaume-Uni est en Asie !

Pourtant nous ne sommes pas seuls, nous parlons avec nos partenaires, nous essayons de les convaincre, et de travailler avec eux.

Y.C. : Comment vous sentez-vous dans cet univers diplomatique – j’ai envie de vous dire – vous, à titre personnel ?

J-M.A. : Très bien, très à l’aise.

OB : purée, le niveau… Mais c’est vrai, je pense que ce sont les autres qui sont mal à l’aise quand il est là…

Y.C. : Est-ce que vous êtes à l’aise dans cet univers qui est très codé, très particulier et qui est aussi un monde de rapport de force où on dit des choses brutales avec des mots courtois normalement ?

J-M.A. : Oui, cela arrive, je le fais. Je le fais avec les Russes, avec les Américains – mais là, nous sommes alliés, nous ne sommes pas des ennemis, nous sommes des partenaires. Je le ferai avec les Chinois. Moi, je me sens à l’aise mais pour être à l’aise, il faut avoir les idées claires et il faut que la politique de la France soit claire. Et elle l’est, nous avons une vision, une stratégie, une conception du monde et nous partons dans cette démarche internationale avec nos valeurs, avec ce que nous sommes.

Vous voyez, par exemple, la lutte contre le terrorisme il faut la mener, cette lutte, sur le plan militaire mais aussi sur le plan intérieur avec la police, le renseignement mais aussi lutter contre la déradicalisation . Tout cela nous le faisons. Mais en même temps nous ne voulons pas céder sur ce que nous sommes. Nous ne devons pas céder sur notre mode de vie, sur notre conception de la société et nos valeurs de la France républicaine. Eh bien, cela c’est une vision claire. Elle est respectée partout dans le monde. Tout le monde sait que la France c’est la France et pas n’importe quel pays.

OB : Toute l’arrogance de l’Occident décadent est là..

Y.C. : Imaginez que Sergueï Lavrov dise : « C’est très bien mais est-ce qu’on ne pourrait pas trouver au bout du compte, parce qu’il faut bien qu’on avance sur ce dossier syrien et notamment sur la situation d’Alep, un compromis et pourquoi pas conforter Bachar El Assad pour écraser Daesh ?

Y.C. : Attendez, si le choix c’est entre Daesh et Bachar el Assad, il n’y a pas de choix.

OB : aussi incompétent que Fabius le gars, donc… Ben moi je choisis assez facilement – vu que Daech veut me tuer…

Le choix, il est à la fois de combattre Daesh et les groupes qui en sont proches et en Syrie il y a le groupe Al Nosrah qui a changé de nom qui s’appelle Fatah Al Cham mais qui fait partie de la famille d’Al Qaïda que nous combattons aussi

OB : bon, ok, un tout petit peu moins incompétent que Fabius donc…

et puis Bachar El Assad qui est le responsable de la destruction de son propre peuple

OB : t’as raison, ce ne sont pas les coupeurs de tête qui financent les djihadistes…

et cela fait 5 ans que cela dure. Vous croyez que le choix est entre les deux ? Le choix est contre les deux. Et le choix est aussi de trouver une solution et qui passe par la voix de la négociation après l’arrêt des bombardements, après l’arrêt du conflit, après l’accès humanitaire.

Et ensuite, à Genève, on discute. Mais de quoi discuter : de la future Syrie, c’est-à-dire d’une Syrie qui doit garder son unité qui ne doit pas être déstabilisée dans ses structures étatiques comme ça a été le cas en Irak, parce que c’est très important de conserver un Etat unitaire qui marche, qui doit marcher, qui puisse marcher.

OB : trop facile !

Et en même temps, il faut que cette future Syrie soit protectrice de ses minorités que ce soient les Kurdes, les Chrétiens et qu’elle intègre dans sa gouvernance pas seulement les Alaouites Chiites mais aussi les sunnites qui sont majoritaires dans ce pays et puis en même temps mettre en place des institutions : contrôle de l’armée, contrôle des services et des élections. C’est ça le processus de paix. Et qu’est-ce qui permettra aux réfugiés de revenir, ceux qui sont aux frontières en Turquie, en Jordanie, au Liban, des millions d’entre eux ? J’en ai rencontré, notamment au Liban, qui m’ont dit qu’ils n’aspirent qu’à une chose, c’est rentrer chez eux. Pour qu’ils rentrent chez eux, sinon ils viendront chez nous, il faut que la Syrie puisse se reconstruire.

Et elle se reconstruira, notamment avec l’aide de l’Union Européenne, si tous les préalables politiques que j’ai mentionnés sont mis en œuvre. C’est ça notre politique. Elle est très claire. Ce n’est pas de nous mettre dans un dilemme pour choisir entre Bachar El Assad et Daesh ! Nous sommes les ennemis de Daesh mais nous ne voyons pas l’avenir de la Syrie avec à sa tête un dictateur qui est rejeté. Je rappelle que 10 millions de réfugiés c’est quasiment la moitié des Syriens qui sont à l’extérieur de leur pays.

Y.C. : Vous êtes le Ministre d’un Président qui est en guerre sur plusieurs fronts. Est-ce que c’est une fierté ou est-ce que c’est un poids, Jean-Marc Ayrault ?

OB : violent ce “journaliste” quand même…

J-M.A. : C’est une épreuve d’être en guerre, ce n’est pas se faire plaisir parce que nous sommes contents d’être en guerre. Nous allons là où c’est nécessaire et avec les moyens qui sont les nôtres. Et toujours dans le respect du Droit international. Et avec un objectif qui n’est pas que militaire, qui est un objectif politique. Vous voyez, on a arrêté les djihadistes au Mali mais il est évident que ce qui s’est passé ensuite, c’est les négociations d’un accord de paix à Alger, les Accords d’Alger, qui vise à réformer, notamment au Nord Mali les structures administratives pour permettre une inclusion de tous. Et c’est un accord politique.

Y.C. : Nous avons certainement sauvé le pays des djihadistes à l’époque. Le pays va mal aujourd’hui ; il est en grande difficulté. On les a évoquées dans l’émission à l’instant.

J-M.A. : Je sais. J’ai rencontré le président Keïta l’autre jour à Paris. Cette semaine, je l’ai vu à New-York dans une réunion spécifique au Mali.

J-M.A. : La situation n’est pas réglée.

J-M.A. : Non, il ne faut pas regarder seulement ce qui s’est passé avant. Il faut regarder ce qui est à faire maintenant. Et ce qui est à faire maintenant, c’est aider le Mali, mais pas seulement le Mali, tous les pays de cette région, à la fois à se protéger, parce qu’ils sont menacés par le djihadisme de plusieurs origines, qui s’appelle aussi Boko Aram qui menace le Niger, le Nord Nigéria, toute la région du lac Tchad. Donc il faut à la fois aider ces pays à conquérir l’autonomie en matière de sécurité et de défense donc :  moyens, formation. Mais en même temps, il faut les aider à se développer parce que ce sont des pays pauvres et tous ces pays pauvres génèrent aussi de la frustration et sont des terreaux à djihadisme et à propagande. C’est cela qu’il faut faire. Il faut faire les deux.

Y.C. : Un dernier commentaire, qui concerne le Ministre des Affaires Etrangères. J’avais envie de vous dire : nous ne sommes vraiment pas aidés par les autres pays européens sur tous ces combats ? Notamment en Afrique ?

J-M.A. : Non, cela n’est pas vrai. Non, je ne suis pas d’accord avec vous.  Moi, je participe régulièrement aux réunions des Ministres des Affaires Etrangères depuis maintenant plusieurs mois et il est rare qu’il y ait une réunion où on ne parle pas de l’Afrique.

Y.C. : Qui se bat au Sahel ? Qui s’est battu au Mali ?

J-M. A. : Mais il n’y a pas que la guerre ! Il y a maintenant une opération de maintien de la paix des Nations Unies, la FISNUA au Mali, la MINUSCA en RCA, République Centrafricaine. Donc, il y a des troupes des Nations Unies qui ont remplacé la France, qui participent. Par exemple moi, j’ai fait un déplacement avec mon homologue allemand au Mali et au Niger. Et puis il y a l’aide au développement et je peux vous dire que l’Europe, la France prend sa part. On va même augmenter l’aide au développement dans le budget 2017. Mais l’Europe a un très gros budget pour l’aide au développement et pour agir aussi sur le plan humanitaire. Lundi je me suis entretenu avec Mme Mogherini, la Haute Représentante, nous avons parlé de l’aide humanitaire pour Alep. Vous voyez, il ne faut pas dire l’Europe… C’est un peu une espèce d’automatisme maintenant : tout va mal en Europe, l’Europe ne fait rien, Non ! On peut faire encore mieux, c’est vrai.

Y.C : On a besoin d’être aidé aussi ? Mais ça peut être d’autres façons ?

J-M.A. : Je vois. Vous avez raison sur un point. C’est vrai que la France a une défense. La Grande Bretagne aussi, même si elle s’est affaiblie, mais il faut faire plus ensemble au niveau de l’Europe. C’est l’une des priorités. Le post Brexit, c’est aussi que l’Europe se projette dans l’avenir pour se protéger. L’Europe doit se protéger à l’intérieur de ses frontières mais aussi être plus ambitieuse en matière de défense et c’est vrai que la France parfois pourrait se dire : « Si on avait un peu plus de soutien et de solidarité, ça pourrait aller mieux ».

OB : et je dirais même plus : “Ca va tellement mieux qui si c’était pire…”

[Y.C : Merci, Monsieur Jean-Marc Ayrault. J’ai bien compris que demain vous avez rendez-vous avec votre homologue russe (résumé des propos du Ministre)

(Derniers mots)

J-M.A. : Je lui parlerai franchement et sincèrement.]

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Source: http://www.les-crises.fr/jean-marc-ayrault-dans-ses-oeuvres/