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500 000 voitures piratables et contrôlables à distance, dès aujourd’hui !

Saturday 25 July 2015 at 01:03

Bah allez, en passant, j’ai trouvé éloquent cette nouvelle marche en avant du progrès… ;)

Publié par Guillaume Champeau, le Mercredi 22 Juillet 2015

Des chercheurs en sécurité informatique spécialisés dans l’automobile ont démontré qu’il était possible, dès aujourd’hui et sans effort, de prendre le contrôle de centaines de milliers de véhicules connectés à internet. Une situation aux conséquences potentielles gravissimes.

Avoir un bug ou une faille de sécurité en informatique est quelque chose de courant. C’est souvent gênant, énervant, frustrant, et parfois même dangereux pour la vie privée. Mais c’est rarement dangereux pour la vie tout court. Le développement des voitures connectées à internet et dont des éléments mécaniques sont contrôlés par des des composants électronique change toutefois la donne, comme l’avaient montré des soupçons de meurtre par piratage de voiture en 2013.

Imaginez en effet que vous rouliez tranquillement à 130 km/h sur l’autoroute et que d’un seul coup, les freins lâchent, parce que quelque part dans le monde, quelqu’un cliqué sur un bouton pour désactiver la pédale de frein. Ou que votre moteur s’arrête en pleine route, sans bas côté pour se mettre à l’abri d’un camion qui comprendrait trop tard que vous ne roulez plus. Ce n’est déjà plus de la science-fiction ou un problème de sécurité théorique.

C’est d’ores et déjà, au moment même où vous lisez ces lignes, le risque qu’encourent concrètement les propriétaires de véhicules Chrysler qui utilisent la plateforme UConnect, également utilisée par Fiat, Dodge, ou Jeep. Et c’est certainement un risque qui existe aussi avec de nombreux autres véhicules utilisant d’autres services qui permettent de connecter la voiture à internet pour recevoir des informations, des mises à jour, donner accès à des services en ligne, à un GPS, etc.

Les chercheurs en sécurité informatique Charlie Miller et Chris Valasek ont ainsi démontré auprès de Wired qu’ils avaient réussi à gagner l’accès à distance, par internet, à tous les véhicules Chrysler vendus depuis fin 2013 avec le système UConnect. Tout ce qu’il leur faut connaître est l’adresse IP du véhicule, qu’ils arrivent à obtenir au hasard de scans réalisés sur le réseau. Ils estiment que 471 000 véhicules seraient ainsi vulnérables. Une fois cet accès obtenu, les hackers envoient un firmware modifié au chipset du système de divertissement à bord, qui peut alors envoyer des commandes à travers le bus CAN de la voiture, reconnues par les divers composants de la voiture.

A distance, les hackers peuvent ainsi réaliser des actions anodines comme allumer la radio, augmenter le son, mettre en route la ventilation, klaxonner ou activer les essuis-glaces, mais aussi, ce qui est gravissime, couper le moteur, accélérer, freiner brutalement, ou même tourner le volant (pour l’instant uniquement lorsque la vitesse enclenchée est la marche arrière, qui permet d’activer le système de parking automatique) ou désactiver entièrement la pédale de frein. Ils peuvent aussi obtenir la géolocalisation précise d’un véhicule et suivre tout son parcours.

Les deux chercheurs ont prévu de révéler une partie du code source lors de la prochaine conférence Black Hat de Las Vegas, au mois d’août. Ils ne publieront pas les commandes vitales obtenues après plusieurs mois de reverse-engineering, mais donneront tout de même des clés et un logiciel permettant de s’amuser avec le tableau de bord. Le groupe Fiat Chrysler, pour sa part, a publié un patch à appliquer par clé USB.

Longtemps négligée, la sécurité informatique au coeur des véhicules est désormais prise au sérieux par les constructeurs, et même par des éditeurs anti-virus qui ouvrent des unités dédiées. Tesla, dont les voitures sont extrêmement dépendantes de l’électronique et qui sont connectées en permanence à internet, a également recruté une armée de hackers pour mettre à l’épreuve la sécurité de ses voitures.

Un seul bug critique exploitable à distance, et ce sont potentiellement des dizaines ou des centaines de milliers d’accidents mortels qu’un pirate pourrait déclencher en un clic depuis son fauteuil.
Source : http://www.numerama.com/magazine

Source: http://www.les-crises.fr/500-000-voitures-piratables-et-controlables-a-distance-des-aujourdhui/


Ce que pensent les pays pauvres d’Europe du cas grec…

Friday 24 July 2015 at 03:01

Reprise de quelques articles intéressants

La crise grecque: ce qu’en pensent les pays les plus pauvres d’Europe

Manifestation de pro-européens devant le Parlement à Athènes après que les citoyens ont rejeté les mesures d’austérité proposées par les créditeurs, le 9 juillet 2015.© Ayhan Mehmet / ANADOLU AGENCY

La Lettonie, l’Estonie ou encore la Bulgarie prônent la fermeté face à la Grèce. Ces pays d’Europe de l’Est, les plus pauvres de l’Union européenne, en ont assez de toute l’attention portée sur la crise grecque depuis plusieurs années.

«J’ai entendu dire que certains retraités grecs touchaient plus de 1000 euros par mois. C’est outrageant. Je refuse de payer leurs dettes s’ils gagnent des fortunes comparé à mon salaire», a déclaré à l’AFP Martina Lelovicova, une serveuse à Bratislava, la capitale slovaque. Dans une Europe plurielle, où les écarts économiques sont importants entre les pays de l’Est et les pays de l’Ouest, la crise grecque n’est pas vécue de la même façon. Dans ceux où les salaires sont beaucoup moins importants, elle agace même.

Des efforts nécessaires

La Slovaquie, la Lettonie, la Lituanie et l’Estonie font partie des pays partisans d’une ligne dure face à la Grèce. Ils clament depuis longtemps qu’ils sont trop pauvres pour payer les erreurs d’une Grèce plus riche. Ces pays ne transigent pas; ils l’exhortent à se soumettre aux mesures d’austérité et aux réformes prévues par le programme de sauvetage de 240 milliards d’euros proposé par ses créanciers. Cela s’explique par les difficultés qu’ils ont eues, eux, pour entrer dans la zone euro et y rester. La Lettonie, par exemple, avait subi la plus grave récession dans le monde lors de la crise en 2008-2009, voyant une baisse de 25% de son PIB.

La Bulgarie, qui négocie encore son entrée dans l’euro, s’insurge, écrit l’Obs. Ce pays de près de 7 millions d’habitants est le plus pauvre de l’Union européenne. Depuis 1990 et la chute du communisme, les Bulgares ont le sentiment de vivre dans une crise permanente, contrairement aux Grecs qui souffrent économiquement depuis cinq ans.

Le gouvernement bulgare reproche aux partenaires européens d’être trop souples avec la Grèce. Alors qu’eux, pour rejoindre l’euro, s’attachent à faire des efforts pour réduire le déficit public et la dette selon les critères de Maastricht. Toujours selon l’Obs, le Premier ministre bulgare, Boïko Borissov, s’indignait le 25 juin 2015 à Bruxelles: «Arrêtons de perdre du temps sur la Grèce, cela fait des années que cela dure. Et tout ce que j’entends est qu’ils veulent plus d’argent mais qu’ils rechignent à faire des réformes. Qu’ils fassent leurs réformes ou qu’ils en assument les conséquences !»

Un gouffre entre les différents salaires

Cette intransigeance trouve sa source dans la différence de salaires entre leurs pays et la Grèce; une donnée objective qui parle aux citoyens. Si la retraite en Grèce atteint 900 euros par mois; en Slovaquie, elle est environ de 380 euros. Ce pays d’Europe de l’Est a rejoint l’Union européenne en 2004 et est entré dans la zone euro en 2009. Cette année, avec près de 3% de croissance, il est le meilleur élève de l’Europe.

La Bulgarie, la Slovaquie, la Lettonie, la Lituanie et l’Estonie appliquent un salaire minimum inférieur à 500 euros. Celui de la Grèce, de 684 euros, fait partie de la moyenne des pays européens. Alors que les salaires minimums en France et en Allemagne se situent autour de 1400 euros. Les pays baltes ressentent alors une forme d’injustice et d’incompréhension. «Les Estoniens ne comprennent pas l’attitude des Grecs. Nous avons l’habitude  de faire des économies et de vivre sobrement», explique à l’AFP Merit Kopli, l’éditeur en chef du plus grand journal estonien.

Depuis cinq ans, l’Europe a le regard tourné vers la Grèce et ses problèmes de dettes, alors que les derniers arrivants dans la zone euro ont dû faire beaucoup de concessions pour y entrer. Mais, contrairement aux idées reçues, cela ne veut pas dire que la Grèce n’a pas fait d’efforts explique LeMonde.fr.

Les Grecs ont vécu la crise de plein fouet depuis 2010, le nombre de pauvres a crû de 30% entre 2008 et 2013. En cause, les mesures d’austérité qui ont suivi. Le gouvernement d’Aléxis Tsipras s’est récemment engagé à réformer le système de retraite et la fiscalité. Les efforts sont notables: la Grèce a soumis une nouvelle proposition à ses créanciers, vendredi 10 juillet. Les ultimes négociations pour maintenir la Grèce dans l’euro viennent de s’achever, un accord à l’unanimité a été voté. Mais si le risque de Grexit est derrière eux, le pays va devoir redoubler d’efforts pour se maintenir dans la zone euro et plonger un peu plus dans l’austérité.

Source : Amira Bouziri, pour Geopolitis/France TV Info, le 13 juillet 2015.


Grèce : l’exaspération des voisins bulgares

Le pays le plus pauvre de l’UE s’est érigé en porte-parole des Etats qui ne veulent pas faire de concessions à Athènes.

La Bulgarie pourfend une Grèce qui, selon elle, profite de l'argent de l'Europe sans accepter de faire les réformes attendues. (LOUISA GOULIAMAKI / AFP)

La Bulgarie pourfend une Grèce qui, selon elle, profite de l’argent de l’Europe sans accepter de faire les réformes attendues. (LOUISA GOULIAMAKI / AFP)

Déjà, tout au début de la crise grecque, en 2010, l’éditorialiste d’un grand quotidien bulgare se déchaînait : “Je ne m’inquiète pas pour les Grecs : ils continueront à recevoir de l’argent de l’Union européenne, à jouer au backgammon et à boire de l’ouzo à longueur de journée alors que nous [les Bulgares], on ira cueillir leurs olives et leurs oranges pour une bouchée de pain”.

Cinq ans plus tard, ce 25 juin 2015 à Bruxelles, le premier ministre bulgare, Boïko Borissov, du parti GERB (centre-droit), est à peine plus diplomate :

Arrêtons de perdre du temps sur la Grèce, cela fait des années que cela dure. Et tout ce que j’entends est qu’ils veulent plus d’argent mais qu’ils rechignent à faire des réformes. Qu’ils fassent leurs réformes ou qu’ils en assument les conséquences !”

Porte-parole des anti-concessions

Et le chef du gouvernement bulgare d’enfoncer le clou, citant les efforts de son pays pour réduire le déficit public et la dette selon les critères de Maastricht :

Nous aussi, nous voulons donner plus pour les salaires et les retraites. Qui ne le voudrait pas? Mais nous respectons la discipline financière”.

Le premier ministre bulgare s’est érigé en porte-parole des pays de l’UE qui ne veulent pas faire de concessions à Athènes parce que, dit-il, “les plus pauvres [comme les Bulgares] sont obligés de payer pour les plus riches [les Grecs]“.

Sofia applique, depuis une grave crise financière en 1996-97, un régime d’austérité draconien sous l’égide du Fonds monétaire international. Ce régime lui vaut d’arborer une des plus faibles dettes publiques de l’UE.

Certes il faut relativiser le coup de gueule de Boïko Borissov, qui règle aussi des comptes politiques. Le très conservateur premier ministre, qui affronte dans son pays les ex-communistes devenus “socialistes”, déteste les “gauchistes” de Syriza, la “coalition de la gauche radicale” au pouvoir à Athènes.

En Bulgarie, la situation politique et économique est le miroir inverse de la Grèce. Alors qu”à Athènes l’oligarchie est à droite, en Bulgarie, les communistes, devenus “socialistes”, se sont transformés en une “oligarchie rouge”, des capitalistes “de gauche” très puissants.

Le pays le plus pauvre de l’UE

Mais, toute considération politique mise à part, les opinions de Borissov reflètent assez bien l’état d’esprit de la population de Bulgarie (près de 7 millions d’habitants), le membre le plus pauvre de l’UE. En Bulgarie, le salaire minimum et la retraite moyenne sont de 180 euros.

En Grèce voisine, malgré l’austérité, la retraite moyenne est près de 600 euros et le salaire minimum (même réduit) à 580 euros. Beaucoup de Bulgares ont le sentiment de vivre en crise permanente depuis 25 ans, depuis la chute du communisme en 1990, et non pas depuis cinq ans comme les Grecs. Ils sont exaspérés par la “saga athénienne”.

Lili Gouneva, 47 ans, qui travaille à l’insertion des Roms à Sofia, en veut à Syriza mais aussi aux Européens :

Pour moi Syriza, ce sont des populistes d’extrême gauche hors pair qui promettent tout et n’importe quoi. En même temps, c’est un peu de la faute de l’Union européenne si Syriza est au pouvoir aujourd’hui : ce laisser-aller grec pendant ces quinze dernières années, sans aucune réaction sérieuse de la part d’aucune institution européenne, c’est quand même grandiose ! Alors que les nouveaux membres comme la Bulgarie et la Roumanie sont scrutés au microscope et que pour le plus léger faux mouvement ils se font taper sur les doigts. Les institutions européennes doivent être également sanctionnées pour avoir observer sans réagir le déroulement de la tragédie grecque.”

Lili avait prévu d’aller en vacances cet été en Grèce. Elle y a renoncé, comme beaucoup de ses amis : “Pas question d’y foutre les pieds tant que Syriza n’aura pas débarrassé le plancher !”, s’exclame-t-elle, en reconnaissant qu’elle est un peu “extrême”.

“Un syndrome balkanique”

Ancien dissident franco-bulgare, Alfred Foscolo, qui a passé de longues années en prison pour s’être opposé au totalitarisme communiste, garde toujours une froide capacité d’analyse et d’observation : “Les réactions des Bulgares vont de l’incompréhension de l’attitude, qualifiée de suicidaire, du gouvernement grec actuel à la satisfaction mauvaise de voir la déconfiture de l’arrogance hellène. Les Bulgares disent : ”Les Grecs récoltent ce qu’ils ont semé. Ils en ont bien profité pendant que nous ici, qui payons les dettes de la faillite communiste en silence, on a tendance à nous oublier.” Quant à Syriza, ce parti est souvent ouvertement qualifié de cryptocommuniste, de poutinophile, de cheval de Troie de Moscou destiné à ébranler l’Union Européenne. Tsipras et Vanoufakis sont indifféremment traités de “rouges”, de “démagogues” et de “bouffons”, qui n’ont accédé au pouvoir que parce que la Grèce n’a pas connu le communisme”.

Mais Alfred Foscolo nuance :

Cette quasi unanimité à accuser et moquer les Grecs est tempérée par une autocritique plus lucide qui croit reconnaitre dans la crise grecque un syndrome balkanique de corruption, de népotisme, de démagogie et d’irresponsabilité qui serait commun à tous les habitants de cette région. Et dont la Bulgarie post-communiste n’est pas immunisée”.

Moscou en embuscade

L’ancien prisonnier politique, qui s’est battu avec un petit groupe d’amis pendant des décennies contre le Parti communiste bulgare, devenu “socialiste” mais toujours très lié à Moscou, et la Dajarna Sigournost, la police politique bulgare (une quasi succursale du KGB) craint avant tout un coup tordu du Kremlin.

“Le syndrome bolchevique est très implanté dans la société grecque, qui, outre Syriza, a encore un parti communiste relativement influent. Sans tomber dans la théorie du complot, je ne serai pas surpris que les tentatives du Kremlin pour maintenir son influence dans les Balkans aient trouvé un écho en Grèce et un instrument en Syriza“.

Le parti de la gauche radicale grecque et son leader, Alexis Tsipras, entretiennent d’excellentes relations avec le régime russe. Alfred Foscolo s’inquiète: “une victoire du “Non” au referendum de dimanche porterait un sérieux coup à l’intégration européenne, un objectif recherché par Moscou”.

Source : Jean-Baptiste Naudet, pour L’Obs, le 4 juillet 2015.

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Au delà de l’intérêt politique des billets précédents, ce graphique m’a vraiment interpellé :

Quand même, on voit le délire concernant  une même zone monétaire ? Vous imaginez ça en France – les conséquences d’un SMIC à 400 € en Auvergne ?

Projet de cinglés ! (mais tout le monde n’y perd pas, si vous voyez ce que je veux dire…)

Source: http://www.les-crises.fr/ce-que-pensent-les-pays-pauvres-deurope-du-cas-grec/


Miscellanées du vendredi (Delamarche, Sapir)

Friday 24 July 2015 at 01:34

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche : Tsipras, un politique “sans testicules et sans cerveau” – 20/07

Olivier Delamarche VS Malik Haddouk (1/2): La situation économique en Grèce va-t-elle finir par s’améliorer ? – 20/07

Olivier Delamarche VS Malik Haddouk (2/2): “En macroéconomie, rien ne va ni en Europe ni en Asie” – 20/07

II. Jacques Sapir

Nicolas Doze: Les Experts – invité : Jacques Sapir (1/2) – 16/07

Nicolas Doze: Les Experts – invité : Jacques Sapir (2/2) – 16/07


Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

 

 

 

 

 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-du-vendredi-delamarche-sapir/


Actu’Ukraine 21/07/2015

Thursday 23 July 2015 at 00:19

 ACTU’UKRAINE DU 13 AU 19 JUILLET 2015

 

Merci à toutes celles et tous ceux qui ont participé à cette Actu’Ukraine !

 

PREMIER FOCUS DE LA SEMAINE : LES SUITES DE MUKACHEVO

• Retour sur la semaine dernière : Deux trois mots sur Mukachevo.  Cette ville a été hongroise durant quasi un millénaire, et s’appelait alors Munkács. Toute la région est le lieu d’une bataille féroce entre  Svobodas/Pravy Sektor, qui la considèrent comme pleinement ukrainienne, et les hongrois. Cette opposition a été la cause de tensions entre les mouvements d’extrême droite occidentaux et Svoboda parce que Svoboda se montre trop raciste envers les Hongrois qui sont pour ce parti des “sous-hommes”. Les incidents sont fréquents. Il sera intéressant de suivre la réaction hongroise à ces événements au-delà du renforcement de sa frontière avec la Transcarpathie, le 12 juillet (transkarpatia.net). En tout cas, la minorité hongroise ne se laisse pas intimider.  Le président de l’association ethnique hongroise de Transcarpathie déclare “Nous n’avons pas peur … Nous ne nous laisserons pas intimider, nous continuerons a demander plus de droits (langue hongroise, etc.) ” (alfahir.hu).

De plus, comme indiqué dans les commentaires de la semaine dernière, Mukachevo est aussi un centre important pour le gaz naturel, avec l’un des plus grands centres de transbordement de gaz liquéfié du pays, (merci à Louis Joseph pour le lien : voronkov-kirill.livejournal.com).

 

• Retour sur la semaine dernière : Samedi et dimanche 11-12 juillet. Praviy Sektor publie, le 11 juillet, une lettre au peuple ukrainien appelant a la mort des bandits et à l’arrestation des forces de sécurité qui ont ouvert le feu ainsi que de tous ceux qui ont donné l’ordre (banderivets.org.ua).

 

ЗВЕРНЕННЯ ДО УКРАЇНСЬКОГО НАРОДУ!
 
Сьогодні в Україні сталась надзвичайна подія, що може змінити хід історії. В місті Мукачево на Закарпатті сотні ошалілих від безкарності бандити ґвалтівника та наркоторговця регіонала Міхаіла Ланьо – на даний час депутата ВР України – спробували фізично знищити бійців “Правого сектора”. В цій силовій акції взяли активну участь і бандити в міліцейських погонах, що перебувають на утриманні одіозного кума головного ворога українців – Віктора Медведчука.
Після запеклого бою вбито двох бійців “Правого сектора”, поранено четверо (з них двоє – важко). Забравши вбитих та поранених, підрозділ з боєм вирвався з оточення бандитів та відійшов у гори.
На даний час по бойовій тривозі піднімають спецназ для знищення наших побратимів. Якщо це відбудеться – почнеться незворотній процес. Ми не дозволимо нікому відстрілювати наших побратимів.
Наші вимоги: негайний публічний арешт депутата Ланьо, що брав безпосередню участь у події, всіх бандитів і силовиків, що відкривали вогонь, та тих, хто віддавав наказ.
Увесь Військово-політичний рух “Правий сектор” піднято по бойовій тривозі.
Звертаємось до українців підтримати справедливість у цей не легкий час.
Звертаємось до побратимів по зброї стати для нас надійною опорою у боротьбі з бандитами.
Звертаємось до Збройних Сил України не брати участь у знищені тих, хто вчора з вами був у окопах.
Смерть бандитам!

 

 

Leviy Bereg publie, le 11 également, une déclaration du député Mikhaïl Lanio, mis en cause par Praviy Sektor, sur les événements de Mukachevo (lb.ua). Un site internet local, Mukachevo.net, pulbie des photos des voitures de police détruites lors des affrontements (mukachevo.net).

Enfin, Praviy Sektor accuse ceux qu’il a attaqués de “séparatisme”, crime suprême et sans appel en Ukraine. Peut-être une tentative de désamorcer la crise en mettant tout sur le dos de la minorité hongroise (korrespondent.net).

Le 12 juillet, le ministre de l’intérieur de la région d’Odessa, le Géorgien Giorgi Lortkipanidze, va au devant des militants de Praviy Sektor qui manifestent devant ses bureaux. Les militants exigent l’ouverture d’une enquête publique sur les événements de Mukachvo. Giorgi Lortkipanidze a assuré Prayiy Sektor qu’il appuie la demande de création de la commission d’enquête et ajoute qu’un événement similaire n’est pas possible dans la région d’Odessa (odessa-life.od.ua, youtube).

 

12 juillet 2015 : Керівник міліції Одеської області зустрівся з представниками громадських організацій     (youtube)

 

Enfin, TASS annonce que Praviy Sektor a mobilisé 10 000 hommes dans toute l’Ukraine (tass.ru via fortruss) !

 

 

• Les événements jour par jour : lundi 13 juillet. Le ton est donné dans la partie la plus ultra-nationaliste de l’Ukraine, la Galicie. A Lvov (wikipedia), des activistes remplacent les drapeaux de l’UE par ceux de Praviy Sektor (gordonua, fortruss, fortruss, fortruss).

 

Praviy Sektor organise des barrages sur l’axe routier Kiev Jitomir (gazeta.ua via coruption.net, youtube, youtube).

 

12 juillet 2015 : На Житомирській трасі з’явився блок-пост “Правого сектору”   (youtube)

 

12 juillet 2015 :  Ukraine: Right Sector set up checkpoints outside Kiev    (youtube)

 

La presse et les politiques s’échauffent. Vesti fait une synthèse des événements à Mukachevo pour ceux qui ont eu du mal à suivre ce weekend (vesti-ukr.com). A son tour, le média officiel Unian fait de même et analyse le sujet comme “un problème local à la dimension de toute l’Ukraine” (unian.net). Yatseniouk annonce qu’il va virer tous les douaniers de la région de Transcarpatie où se trouve Mukachevo (kmu.gov.ua, colonelcassad). Porochenko déclare qu’ “Aucune force politique ne doit et ne pourra avoir des forces armées. Aucune organisation politique n’a le droit de posséder des gangs de criminels” (korrespondent.net, rt.com). Et pour appuyer le propos, le même média publie la nouvelle qu’un enfant de 6 ans avait été utilisé comme bouclier humain par des Praviy Sektor pour couvrir leur fuite (korrespondent.net) ! Mieux encore, une interview vidéo de l’enfant est diffusée (mukachevo.net, youtube)…

 

13 juillet 2015 : “Він узяв мене за кофтинку і вийняв гранату”, – розповідь хлопчика про викрадення бійцями “ПС”   (youtube)

 

Cela sent le fabriqué pour faire vibrer la fibre émotionnelle. Difficile de croire que des militaires pros comme ceux qu’on a vu dans la fusillade ont eu besoin de ce genre de tactique, d’autant qu’ils n’ont toujours pas été arrêtés depuis. D’un autre côté, pour les Praviy Sektor, l’enfant est un “sous-enfant”…

Praviy Sektor ne tarde pas à répondre à Porochenko. Rien en revanche sur l’enfant. En résumé, Praviy Sektor “ne se sent pas concerné par la déclaration de Porochenko” (dialog.ua).

Deuxième campagne de presse contre Praviy Sektor : après l’enfant otage, les voitures volées. La police tchèque aurait reconnu, parmi les véhicules abandonnés par le commando de Praviy Sektor, des voitures volées dans leur pays (dw.com). Equation médiatique : voitures volées = criminels. Praviy Sektor répond en partie en déclarant que la voiture immatriculée en Pologne a été donnée par des sympathisants en Pologne (fortruss). Equation médiatique : voiture donnée par des sympathisants = mouvement politique légitime.

Côté Praviy Sektor, le 13 juillet est le deuxième jour des manifestations, notamment à Kiev (joinfo.ua). Yarosh réfute l’information comme quoi il aurait demandé a ses troupes de se retirer du Donbass. Il déclare de plus que les actions menées dans toutes les villes ukrainiennes sont “pacifiques” (tass.ru). Cependant, il est contredit par un adjoint au ministère de la défense de la république de Donetsk qui déclare que les Praviy Sektor ont quitté la zone ATO (dan-news.info). L’organisation OUN apporte son soutien à Praviy Sektor (banderivets.org.ua). Le même jour un bataillon de Praviy Sektor de 40 soldats quitte l’organisation pour rejoindre Azov. Raison invoquée ? Praviy Sektor est corrompu et n’a pas respecté la loi  (korrespondent.net, fortruss)…

 

 

Pour finir, deux articles de VzGliad sur le sujet.  Pour le journal, de criminel, le conflit à Moukachevo devient politique (vz.ru) et des changements dans le marché de la contrebande auraient provoqué le conflit à Moukachevo (vz.ru, unian.info).

 

• Les événements jour par jour : mardi 14 juillet. Après la Hongrie, la Slovaquie renforce sa frontière avec l’Ukraine (sputniknews). Quatre Praviy Sektor suspectés d’avoir participé aux événements de Mukachevo sont arrêtés. A Lvov, deux explosions ont lieu près de postes de police, à une heure d’intervalle. Les portes d’entrée de deux commissariats de police ont été piégées. Le bilan est de deux policiers blessés, dont une femme de 31 ans qui a perdu une jambe et un homme dans un état critique (fortruss, vesti-ukr.com, boursorama). Le ministère de l’intérieur pense que ces explosions sont liées au conflit à Mukachevo. Mais il ne faut pas oublier qu’il existe une tradition en Ukraine. Dès que quelque chose ne vas pas, on accuse la Russie ! Pour le maire de Lvov, Andriy Sadovyi la main de Moscou ne fait aucun doute (032.ua).

Une rumeur fait état de la levée de l’immunité diplomatique de Yarosh, le chef de Praviy Sektor (il est député), puis est démentie (dnr-news.com, pravda.com.ua).

The  explosions took place next two police precincts in Lvov on Tuesday. The  first took place around 9am local time, when the duty officer of the  Shevchenkovsk police precinct was opening its office located on  Plugovaya 8. Preliminary information indicate detonation was triggered  by a tripwire.
A 24-year-old police lieutenant was hospitalized  with multiple fragmentation wounds to the torso and head, his condition  is critical. Local MVD leadership went to the scene. The crime is being  thoroughly investigated. Subsequently a safety pin from a RGD-5 grenade  was found on the scene.
The second explosion occurred next to a  police office on Yuriya Lipy 45. The explosion injured a 31-year-old  precinct inspector of the Shevchenkovsk police section. She was  hospitalized. The site is under investigation.
Preliminary  information indicates that the criminals booby-trapped entrances to the  precincts. MVD has linked these incidents with the events in  Transcarpathia, “which were organized in order to destabilize the  country,” the announcement states.

 

Les deux côtés du conflit comptent leurs troupes. Côté gouvernement, plus de vingt bataillons de volontaires du ministère de l’intérieur se sont déclarés pour le soutien à leur ministre, Avakov. (e-news.su). Rappel  Ces derniers temps, les extrêmistes de l’organisation nationaliste Praviy Sektor ont appelé à plusieurs reprises au limogeage d’Avakov. La rupture définitive entre Praviy Sektor et Avakov a été consommée lors des événements sanglants qui se sont produits le 11 juillet à Moukatchevo. La fusillade avait fait au moins trois morts et 13 blessés. Voir aussi “Opposition entre Praviy Sektor et le gouvernement.” dans le premier focus de l’Actu’Ukraine de la semaine du 6 au 12 juillet (les-crises.fr).

La décision de prendre le parti de leur ministre a été annoncée par une déclaration commune qui a été rendue publique mardi à Kiev. Au bas du document, on trouve les signatures de réprésentants des bataillons  “Kievshina”, “Sainte Marie”, “Kiev-1″, “Kiev-2″, “Gorpoun”, “Kirovograd”, “les portes d’or”, “Nikolaïev”, “Kharkov”, “Kharkov-2″, “Vinnitsa”, “Skif”, “Tchernogov”, “Sitcheslav”, “Bolgrad”, “Slobozhanshina”, “Tyman” (= brouillard), “Artemovsk”, “Lvov” et “Storm”.

Les membres de ces unités ont affirmé qu’ils étaient prêts à exécuter les ordres uniquement du ministre de l’intérieur d’Ukraine, Arsen Avakov. Selon l’un de ceux qui étaient présents lors de l’action de signature des commandants, tous les 35 bataillons appartenant au ministère de l’intérieur étaient d’accord avec la déclaration, mais seuls 23 commandants d’unités ont été d’accord pour signer la déclaration.

Ils ont même déclaré qu’ils protestaient contre les tentatives de plusieurs politiciens d’envoyer Avakov à la retraite. Cette mesure n’est intéressante que pour les adversaires de l’Ukraine, ont déclaré les représentants des bataillons. Selon eux, ceux qui ont l’intention de limoger le ministre actuel de l’intérieur sont justement les réactionnaires qui ont eux-mêmes les mains sales et ne veulent pas que perdure la politique rude que mène le ministre.

Côté Praviy Sektor, le mouvement organise une manifestation conjointe de 5 bataillons à Kiev dont les deux poids lourds (Praviy Sektor et Azov), l’organisation “historique” des ultra-nationalistes ukrainiens (OUN) et deux bataillons en disgrâce : Aidar dont le chef a été arrêté pour activités mafieuses et Tornado dont le chef a été arrêté pour tortures, viols et exécutions sommaires (fortruss, sputniknews). Balle au centre avec un fait notable. Azov, historiquement proche d’Avakov et KolomoIski, choisit plutôt la proximité idéologique que l’allégeance financo-politique…

Le même jour, Praviy Sektor est accusé d’avoir piraté les comptes tweeter de l’administration présidentielle (sputniknews) après avoir été accusé d’avoir fait de même la veille avec celui du conseil de sécurité d’Ukraine (sputniknews).

A la Rada, des députés en viennent quasiment aux mains (ce qui n’est pas rare) lors d’un discours à charge contre Praviy Sektor (fortruss, youtube). Lors de la même journée, la Rada examine la proposition de Porochenko sur la suppression de l’immunité des députés et des juges ainsi que, en deuxième lecture, la loi sur les élections locales (unian.net). Praviy Sektor est toujours installé dans la rue devant l’administration présidentielle (unian.net, e-news.su).

 

14 juillet 2015 : РАЗБОРКИ… Депутаты Верховной рады ЕДВА НЕ ПОДРАЛИСЬ из-за Правого сектора   (youtube)

 

Avakov lâche du lest et parle à présent de “renégats” pour parler des Praviy Sekor ayant attaqué le complexe Antarès à Mukachevo (korrespondent.net). Il faut souligner que l’inquiètude gagne le gouvernement et la presse USA/UE/OTAN. Vesti se demande : “les radicaux vont-ils marcher sur Kiev ?” (vesti-ukr.com). Le général Vladimir Rouban (celui qui s’occupe de l’échange des prisonniers) craint que les désordres en Transcarpathie ne soient suivis de l’établissement d’une république populaire, comme dans l’Est (vz.ru). Et le Times qualifie Praviy Sektor d’ “organisation fasciste” : “Kiev forced to fight its own fascist militias”  (thetimes.co.uk via vesti-ukr.com).

Yarosh, lui,  explique pourquoi Praviy Sektor a besoin d’armes en dehors de la zone ATO (unian.net).

Alors que Victoria Nuland est attendue à Kiev, les poids lourds politiques choisissent leur camp. Depuis Washington où il se trouve actuellement pour un forum USA Ukraine, le premier ministre Yatseniouk défend Praviy Sektor :It wasn’t about the Right Sector.  This is about corruption and smuggling and arms on the street,”  Yatsenyuk said. “They supported smugglers and contraband, and everyone  will be brought to justice for the crimes that have been committed.” (fortruss). En Ukraine, Yulia Timochenko accuse à la TV ukrainienne “tous les organes de sécurité d’Ukraine sont partie prenante de la contrebande” (fortruss, youtube). Traduction : Avakov, le chef des “organes de sécurité d’Ukraine” est un corrompu et comme il soutient Porochenko, le président est de facto un corrompu : “That this incident is still ongoing after three days means that there  is no strong power in Ukraine. It is no secret to anyone in Ukrainian  politics (it’s only a secret for the Ukrainian people) that security structures are involved in all smuggling processes across all the borders of Ukraine. We can not rely on security  forces because they are participants of all smuggling processes.  Without authorities none of it can take place. To trust them this  investigation is impossible.”

 

14 juillet 2015 : Юлия Тимошенко обвинила милицию Мукачево в контрабанде Новости Украины Сегодня  (youtube)

• Les événements jour par jour : mercredi 15 juillet. Nuland est à Kiev. Porochenko essaye de contre-attaquer médiatiquement en déclarant qu’il va joindre ses efforts à ceux de l’UE pour combattre la contrebande (unian.info) et qu’il va donner des pouvoirs exceptionnels à la police (unian.info). Ceci dit, le pouvoir a réellement peur parce qu’il va chercher l’ultra dur gouverneur de l’oblast de Lougansk sous contrôle de Kiev, Hennadiy Moskal, l’homme qui coupe l’eau potable aux populations civiles et qui bloque toutes les routes menant à la LNR, pour lui donner le poste de gouverneur de la région de Transcarpathie (unian.info, kyivpost, unian.net, vz.ru)… Le ministre de l’intérieur, Avakov, nomme lui le colonel Sergei Knyazev, l’actuel chef de la police criminelle de Marioupol, à la tête du ministère de l’Intérieur de la région de Transcarpathie (rbc.ua, mvs.gov.ua).  Knyazev, comme Moskal, n’est pas n’importe qui. Dixit Avakov :“This is a man with combat experience, he now heads the criminal police in the front-line Donetsk region, in Mariupol.  Before – he worked in the Kiev region, all his life in the criminal investigation units”Et il y a urgence ! Dans la nuit du 14 au 15, les voitures du procureur régional de Transcarpathie sont incendiées (fortruss, youtube).

 

 

14 juillet 2015 : 15.07. В Ужгороді, на пр. Свободи згорів автомобіль прокурора.   (youtube)

 

De même, la LNR annonce qu’une partie des unités de l’armée ukrainienne et du commandement a quitté la région ATO pour Kiev afin de protéger le gouvernement (novorossia.today)… Un média polonais se demande si l’Ukraine ne va pas se “somaliser” ou éclater en morceaux (wiadomosci.wp.pl via fortruss).

 

De son côté, Praviy Sektor hausse le ton. Sputnik News rappelle à cette occasion des propos d’Artem Skoropadsky, l’attaché de presse de Praviy Sektor, qui déclarait, bien avant les événements de Mukachevo : “Dans le cas d’une nouvelle révolution, le président ukrainien  Porochenko et ses partisans ne pourront pas fuir le pays comme l’avait  fait le président précédent. Ils ne pourront attendre rien de plus  qu’une exécution une cave sombre qui serait menée par un groupe de  jeunes militaires ukrainiens ou par des membres de la Garde nationale” (sputniknews, sputniknews citant Voice of America). Petit exemple d’illustration que l’on peut trouver sur la page facebook de Praviy Sektor (facebook).

 

 Légende : “La bonne ‘lustration’, c’est ça !”

 

Pendant ce temps là, la chasse à l’homme lancée en Transcarpathie ne donne rien. Les Praviy Sekor se sont évanouis dans les montagnes et se dirigeraient vers la Pologne (fortruss, vz.ru).

La Hongrie se dit solidaire de la minorité hongroise de Transcarpathie (sputniknews). Le parti hongrois d’extrême-droite, Jobbik, exige des autorités hongroises qu’elles protègent les hongrois d’Ukraine (s-narodom.ru via fortruss). Pour Sputnik News, la situation en Transcarpathie peut contaminer les pays voisins (sputniknews). Dans ce contexte, des infos sortent sur les activités des services secrets hongrois en Transcarpathie et en Roumanie (fortruss). Le ministre de l’intelligence militaire hongrois déclare que la Hongrie réorganise ses services secrets depuis quelques années (budapestbeacon.com).

En Ukraine : “He cited the Russian-Ukrainian conflict as a primary example of radical changes to security in the region over the past year.  Hungary shares borders with a country engaged in an armed conflict.  According to Lázár, Hungarian spies have been active in Kiev, just like the spies of other regional neighbors, to ensure that political leaders are able to promote Hungary’s interests. He also stated that the government and the Information Office are convinced that the future of Hungarians living in the Transcarpathia (southwestern Ukraine) will be a serious issue in the coming decade, and that the Information Office is carrying out operations to protect Hungarian citizens in the Carpathian Basin. These operations are the first in twenty-five years in which the Hungarian government is openly undertaking activities in Ukraine in total opposition to the wishes of the Ukrainian government. Ukraine’s foreign ministry is doing what it can to stop Hungary’s spies and Hungarian diplomats from undertaking operations in Ukraine, Lázár said.”

Et en Roumanie : “He said Romania’s justice ministry has a clearly anti-Hungarian agenda in prosecuting ethnic Hungarians living in the country. This anti-Hungarian agenda, Lázár said, is even affecting the religious freedom of Hungarians.  He claims the Romanian government’s campaign against historically Hungarian churches in Romania is being carried out “behind a veil of transparency and justice”. “We know that the United States is actively taking part in Romania’s domestic politics. Currently, we can’t figure out whether [Romani’s anti-Hungarian] activities are the result of Romania’s collaboration with the United States, but we’re trying to understand what, if I’m allowed to put it this way, is even happening over there,” he said.”

 Synthèse de VzGliad sur les suites des événements de Moukachevo (vz.ru/).

 

• Les événements jour par jour : jeudi 16 juillet. Nuland est à Kiev. En Transcarpathie, les deux bords sont convaincus que Poutine est responsable (fortruss.) ! Valentyn Nalivaichenko, l’ex chef du SBU viré par Porochenko, balance ses dossiers sur la corruption générale du gouvernement et indique que les principaux partis politiques gèrent des flux de fonds secrets à partir de paradis fiscaux (russia-insider.com).

 

• Les événements jour par jour : vendredi 17 juillet. Nuland est encore à Kiev. Praviy Sektor semble plier vis à vis du gouvernement. Andrey Sharaskin, parlant pour Praviy Sektor, déclare sur la chaîne télé “112 Ukraine” : “The most important thing is that we need to first prove to the society that we are not seeking to start a civil war,  and God forbid, to continue armed resistance. We attract attention and  fight against evil, and are not trying to destabilize the situation in  the country. Therefore, the escalation of the conflict – and it is the official position – is not acceptable. We want to alleviate the tension,” (ria.ru via fortruss). Un ancien de Praviy Sektor, Borislav Bereza, pense que Yarosh a perdu le contrôle des branches régionales de Praviy Sektor, et spécialement de celle de Mukachevo (fortruss). Yarosh propose l’amnistie pour ses hommes de Mukachevo en échange de l’intégration de Praviy Sektor dans l’armée régulière (unian.info, unian.net). Pour VzGliad, cependant, Yarosh a commencé un conflit ouvert avec le pouvoir ukrainien (vz.ru).

Guennadi Moskal, le nouveau gouverneur de Transcarpathie, veut lutter contre la contrebande avec la coopération des pays voisins (Slovaquie, Hongrie, Pologne et Roumanie) (vz.ru). La Transcarpathie est présentée comme la “capitale de la contrebande en Ukraine” (fortruss) et comme de facto autonome par rapport à Kiev depuis 20 ans (fortruss).

Les opérations militaires en Transcarpathie se rapprochent de la frontière polonaise (fortruss) alors qu’apparemment, les fugitifs de Praviy Sektor n’auraient pas de moyen de communication (fortruss). Preuve que la situation est plus compliquée qu’une simple traque, des miliciens de Praviy Sektor et des policiers sont observés en train de collecter ensemble des droits de passage à un chekpoint (fortruss) !

Le député de Transcarpathie, Mikhaïl Lanio, mis en cause par Praviy Sektor,  essaye de quitter l’Ukraine pour partir en vacances en Italie avec sa famille mais a été retenu à la frontière (unian.net, gordonua).

 

 

• Les événements jour par jour : samedi 18 juillet.  Nuland n’est plus à Kiev.  Les opérations militaires en Transcarpathie continuent pour arrêter les Praviy Sektor impliqués dans l’attaque de Mukachevo. En réponse aux ouvertures de Yarosh, l’armée ukrainienne effectue un bombardement aérien sur les positions supposées des Praviy Sektor de Mukachevo puis lance un assaut héliporté (zak.depo.ua via fortruss) !

 

 

Porochenko fait licencier tous les responsables administratifs locaux de Transcarpathie (vesti-ukr.com). De son côté, Praviy Sektor annonce qu’il organisera un “vetche”, une assemblée populaire traditionnelle, mardi 21 juillet à Kiev sur la place de l’indépendance, le Maidan (lb.ua).

 

• Les événements jour par jour : dimanche 19 juillet.  Praviy Sektor se place en conflit ouvert avec le gouvernement et appelle l’armée régulière et la garde nationale à ne plus obéir aux ordres de Kiev (rt.com). Il demande de plus la démission de Porochenko (sputniknews). La ville de Lvov demande l’autonomie de la Galicie (slavyangrad.org). De nouveau, Budapest se préoccupe du sort de la communauté hongroise de Transcarpathie (150.000 personnes) (vesti-ukr.com). Les préparatifs de la Veche se déroulent, mais n’attirent pour l’instant que très peu de monde, ce qui fait dire à certains que la menace de Praviy Sektor s’éloigne (fortruss). Avakov, Moskal et Mustapha Nayyem seront responsables de la réforme des forces de l’intérieur en Transcarpathie (unian.net). En Transcarpathie, des maisons de leaders de la minorité hongroise sont mitraillées (fortruss).

 

 

• Tentative de synthèse des événements vu au travers du prisme ukrainien. En fait, tout peut se résumer en un rapport entre le Hetman et ses cosaques comme expliquer dans le commentaire de la traductrice de cet article ; “Mukachevo: Maidan Hawks, Maidan Doves, and the Prophets of a New Revolution” (rian.com.ua via fortruss) :

J.Hawk’s Comment: Vadzhra  is one of the most astute observers of Ukraine’s politics, and I think  that article just about hits the nail on the head. The “hetmans vs.  cossacks” aspect of Ukraine’s politics is likewise a problem of feudal  governance. In order to maintain the loyalty of the cossacks, the  hetmans must provide sources of spoils to the cossacks. If the hetman  can’t deliver, the cossacks will elect themselves a new hetman. The  cossacks, not the peasants.  The Right Sector and the volunteer  battalions are clearly aspiring to that role. Therefore, in a way,  Ukraine is the micro example of the problem the US is suffering from on a macro scale.  The loss of Crimea and the Donbass made that problem worse by depriving  Kiev hetmans of two very lucrative sources of cossacks’ spoils. There  are substitutes in the form of smuggling and other similar activities,  but the collapse of Ukraine’s legal economy can’t help but affect the  underground economy as well which means that what we might be observing  in Ukraine right now is an organized crime version of “musical chairs.” 
The  Right Sector made the bid for Transcarpathia smuggling for a reason,  and that reason was likely the drying up of revenue from other sources.  And as the sources of loot are shrinking, so does the number of loyal  cossacks that can be maintained. But the last thing a cossack would  accept was the relegation to the status of a peasant (in other words, a  member of the UAF…).

Cette analyse est renforcée par un autre article dans lequel Praviy Sektor justifie le pillage au nom de la la “lutte de libération” (fortruss).

 

 

DEUXIEME FOCUS DE LA SEMAINE : LA SEMAINE AMERICAINE

 

• Forum USA Ukraine à Washington DC. La rencontre est centrée avant tout sur les affaires et le commerce et non la politique, ce qui  n’empêche pas de marier les deux. Par exemple sur le sujet de la corruption. Le vice président Biden  affirme que la Russie est responsable de la corruption en Ukraine (vz.ru). D’un autre côté, Kyiv Post écrit que “les USA donnent sa dernier chance à l’Ukraine de s’attaquer à la corruption” (kyivpost). D’un troisième côté, Obama salue les réformes engagées en Ukraine et déclare que les sanctions anti-russes sont là pour durer (sputniknews).

 

 

Ceci dit, place aux affaires ! Le premier ministre Yatseniouk s’addresse à l’US Chamber of Commerce (kyivpost) et appelle les entreprises américaines à prendre une “large part dans le processus de privatisation des entreprises publiques ukrainiennes” (regnum.ru). La ministre des finances, Jaresko, plaide pour une réduction des royalties payées par l’Ukraine dans le domaine énergétique (kyivpost)

 

13 juillet 2015 :  U.S.-Ukraine Business Forum: Choices for Growth  (uschamber.com)

Cliquer sur l’image pour voir la video :


Yatseniouk donne une interview, à Associated Press (ap.org) et en profite entre deux “l’Ukraine défend la paix du monde” de prendre la défense de Praviy Sektor et remettre une couche sur la corruption en Ukraine. De plus, il se plaint que “la Grèce tire toute la couverture à elle aux dépens de l’Ukraine” (sputniknews)

 

14 juillet 2015 : Biden: Russia Wants Ukraine Economic Collapse (AP) (ap.org)

 

Résultats tangibles et affichés de ce forum, l’Ukraine signe un accord de libre-échange avec le Canada, le pays le plus pro-Kiev au monde (pm.gc.ca, lefigaro.fr/, 45enord.ca, ici.radio-canada.ca, russie.net, vigile.quebec, canoe.ca, kmu.gov.ua, kyivpost, radio-canada.ca) et un accord “ciel ouvert” avec les USA (kyivpost).

Plus f(l)ou, les USA envisagent d’entraîner des soldats ukrainiens (et non plus uniquement des membres de la garde nationale) dès l’automne 2015 (kyivpost, nouvelobs.com).

Autre retombée pratique. l’Ukraine attendrait pour l’automne des prêts pour un total de 1 milliard USD pour l’aider à payer la facture de gaz naturel pour la période froide (tass.ru via russia-insider.com). Le ministre de l’énergie et de l’industrie charbonnière, Volodymyr Demchyshyn, déclare ainsi le 16 juillet : “When we visited the United States, we held a series of meetings in  this regard with representatives of the US government, the International  Finance Corporation [IFC] and the World Bank. The decision to provide  financing to purchase natural gas for the heating season will be reached  in the nearest future… Ukraine expects to  receive $1 bln in total, the minister said. “$300 mln from the World  Bank, $300 mln from IFC, and the remaining amount from other donors… IFC is considering an option of extending a loan to a  trader, which will include everything into its asset list, will store  and sell [gas], for example to [Ukraine’s gas operator] Naftogaz.

 De passage à Londres, sur le chemin du retour, Yatseniouk accuse la Russie de mener une propagande à la Goebbels et appelle les pays occidentaux à lutter contre elle (vz.ru). Le même jour, le propriétaire du Kyiv Post, Mohammad Zahoor, demande à ce que le Royaume-Uni s’engage plus au côté de l’Ukraine : “British prime minister should show more commitment to Ukraine” (kyivpost)

 

• Le Nuland tour et  la constitution ukrainienne. Entre le 9 et le 16 juillet, Victoria Nuland, la chef du “Bureau of European and Eurasian Affairs” (state.gov) est en Europe pour visiter successivement la Suisse (le 9), la Croatie (le 10), la Bosnie herzégovine (le 11), le Monténégro, le Kosovo, la Macédoine, l’Albanie, la Serbie (entre le 11 et le 14) et enfin l’Ukraine (les 15 et 16) (state.gov.

Voici la liste des communiqués officiels du Bureau of European and Eurasian Affairs à ce sujet (http://www.state.gov/p/eur/244744.htm) :

 

9 juillet 2015 : Travel to Switzerland, Croatia, Bosnia and Herzegovina, Montenegro, Kosovo, Macedonia, Albania, Serbia, and Ukraine (state.gov)

On July 9, Assistant Secretary for European and Eurasian Affairs  Victoria Nuland met with Russian Deputy Foreign Minister Karasin in  Zurich, Switzerland to discuss the implementation by all parties of the  Minsk Agreements.
She then traveled to Dubrovnik, Croatia, to attend the 10th annual  Croatia Forum, where she delivered remarks on the western Balkans and  Transatlantic relations. Assistant Secretary Nuland also met with senior  Croatian government officials, as well as European leaders attending  the conference, on a range of regional and energy security issues.
Assistant Secretary Nuland traveled on July 11 to Srebrenica, Bosnia  and Herzegovina, where she joined the Presidential delegation to mark  the 20th anniversary of the Srebrenica genocide. While in Bosnia and  Herzegovina, she and the delegation also met with senior government  officials and political leaders to discuss bilateral and regional  issues.
During July 11–14, the Assistant Secretary traveled with an  interagency team to Podgorica, Montenegro; Pristina, Kosovo; Skopje,  Macedonia; Tirana, Albania; and Belgrade, Serbia, where they met with  the respective senior government officials, political leaders, and  members of civil society to discuss bilateral and regional issues,  including Euro-Atlantic and regional integration. In Kosovo and Serbia,  in particular, she discussed the Kosovo-Serbia Dialogue and progress on  implementation of the April 19, 2013 Brussels Agreement on normalization  of relations.
On July 15-16, in Kyiv, Ukraine, Assistant Secretary Nuland met with  senior Ukrainian government officials, political and business leaders  and civil society representatives to discuss a range of bilateral and  regional issues.

 

Durant cette semaine, dans la sphère de compétence de Victoria Nuland, plusieurs choses se passent.  Le 10 juillet, Nuland parle en Croatie de la Démocratie et la Liberté dans les Balkans. Pour me media Redpill Times cela n’augure rien de bon : “Victoria Nuland is in Croatia talking about democracy and freedom in the Balkans…expect some bad things to go down” (redpilltimes.com). 13 juillet, le premier ministre de Roumanie est mis en examen pour corruption (rt.com). Le même jour en Roumanie, un soldat américain ivre provoque un accident de la route, deux personnes sont blessées. Le soldat invoque son immunité en tant que soldat américain (les USA négocient systématiquement l’immunité pour leurs soldats lorsqu’ils sont stationnés en dehors des USA (pravda.ru). Le 13 toujours, les aspirants au poste de premier ministre moldave essayent d’obtenir le soutien de Nuland (regnum.ru). Nuland passe par l’Albanie (facebook). Consortium News publie un article de Robert Parry : “The Mess that Nuland Made” (consortiumnews.com). Le 14 juillet , la Bulgarie  envoit plus de 50 militaires pour participer aux manoeuvres de l’Ukraine et de l’OTAN près de Lvov (regnum.ru). The Nation publie à son tour un article critique sur le “parti de la guerre” dont Nuland fait partie :

“Is Russia Really ‘the Greatest Threat’ to US National Security ?   Ashton Carter, Victoria Nuland, and Gen. Joseph Dunford want us to think so “  (thenation.com). Les USA, via Nuland, soutiennent l’entrée de la Serbie dans l’UE (balkaninsight.com). Une info peut-être à relier au Nuland Tour,  Maros Sefcovic, le responsable de l’UE pour l’énergie est “inflexible” sur le fait que le gaz russe pour l’Europe doit continuer à passer par l’Ukraine arguant du fait que le réseau actuel de gazoducs est construit autour du transit ukrainien. Helas pour Sefcovic, la Russie a déjà indiqué qu’elle arrétait le transit par l’Ukraine en 2019 et l’Allemagne s’esst “arrangée” avec la Russie pour perreniser son approvisionnement par le doublement du gazoduc North Stream (russia-insider.com).

 

Le 15 juillet, les partis de Macédoine se mettent d’accord pour organiser de nouvelles élections avec le Maidan raté à Skopje (socialistsanddemocrats.eu). Le même jour, après l’octroi par le département d’état US du “prix des Droits de l’Homme” à l’activiste Azimjane Askarov, le Ministre des affaires étrangères du Kirghizstan accuse les Etats Unis de tenter de compromettre la paix inter-ethnique dans la république. Askarov est ouzbek. Il avait été impliqué dans les troubles de 2010 dans le sud du pays au cours desquels quelques 500 personnes avaient été tuées et 2000 blessées (vz.ru/). Le Kirghizstan est tellement mécontent qu’il envisage de dénoucer ses accords de coopération avec les USA datant de 1993 (sputniknews), ce qui est fait le 17 juillet (vz.ru). VzGliad s’étend sur les projets de département d’état US au Kirghizstan suite à l’octroi d’un prix des droits de l’homme américain à l’activiste du kirghizstan d’ethnie ouzbèque Azimjan Askarov (vz.ru). Incidemment, on apprend que des combattants de l’état islamique préparaient un attentat contre la base russe de Bishkek, au Kirghizstan (regnum.ru)…

Entre le 15 et le 17 juillet, Nuland est à Kiev.  L’idée est de faire avancer les accords de Minsk 2 dans leur volet politique, le volet militair lui étant globalement non appliqué (cessez-le-feu, retraits des armes lourdes, échange des prisonniers, sortie de toutes les troupes et armement étrangers d’Ukraine). La situation a plutôt empiré depuis le dernier point fait sur l’application des accords de Minsk 2 dans Actu’Ukraine (voir actu’Ukraine du 25 mars 2015 : les-crises.fr), par exemple sur les points 7 et 8.

 

Point 7 – Garantir  l’accès sécurisé, la fourniture, la conservation et la  distribution  d’aide humanitaire aux nécessiteux sur la base d’un mécanisme  international. Provide safe access, delivery, storage and distribution of humanitarian aid to the needy, based on an international mechanism.

L’Ukraine ne respecte pas ce point, seulement 15%  de l’aide humanitaire arrive aux populations du Donbass. Pour plus de  détails, voir l’analyse du rapport du UNOCHA, plus bas dans cette  Actu’Ukraine (lundi 16 mars – L’Ukraine prive les civils des zones contrôlées par les Novorusses de soins médicaux).

 

Point 8 – Détermination  des modalités du rétablissement total des liens  socio-économiques,  notamment les versements sociaux, comme le paiement des retraites et les  autres versements (encaissements et recettes,  paiement en temps  voulu  de toutes les factures communales,  rétablissement de l’imposition   dans le cadre du champ juridique de  l’Ukraine). À cette fin, l’Ukraine  rétablira la gestion en segment de son système bancaire dans les régions  touchées par le conflit, et il sera peut-être   crée un mécanisme  international pour faciliter ces versements. Define  the modalities of a full restoration of social and economic   connections, including social transfers, such as payments of pensions   and other payments (income and revenue, timely payment of communal   bills, restoration of tax payments within the framework of Ukrainian   legal field).  With this aim, Ukraine will restore management over the  segment of its  banking system in the districts affected by the  conflict, and possibly,  an international mechanism will be established  to ease such  transactions.

 

Pas de chance pour Nuland, cela commence mal. Juste avant son arrivée, la Rada avait vôté le 14 au sujet des élections (point 12 des accords de Minsk 2). Il n’y a pas eu de concertation entre kiev, Donetsk et Lougansk. Donetsk a fixé ses élections au 18 octobre 2015 (lapresse.ca, gaideclin.blogspot.fr), Lougansk au 1er novembre 2015 (unian.info) et Kiev fixe ses élections au 25 octobre 2015 et indique qu’elles n’auront pas lieu en Crimée et dans les Oblast de Donetsk et Lougansk (dnr-news.com)…

Ces élections, comme les précédentes, seront en partie financées par des aides du Canada (ctvnews.ca via russia-insider.com).

 

Point 12 – Sur  la base de la  loi ukrainienne « Sur le régime temporaire   d’autogestion locale dans  les zones actuellement contrôlées par les   républiques de Donetsk et de  Lougansk », les questions concernant les   élections locales seront  débattues avec les représentants des régions   particulières de Donetsk  et de Lougansk dans le cadre du Groupe de   contact tripartite. Les  élections seront conduites dans le respect des   standards de l’OSCE  correspondants et sous la surveillance du BIDDH  de  l’OSCE. Based on the Law of Ukraine “On temporary  Order of Local  Self-Governance in Particular Districts of Donetsk and  Luhansk Oblasts”,  questions related to local elections will be  discussed and agreed upon  with representatives of particular districts  of Donetsk and Luhansk  oblasts in the framework of the Trilateral  Contact Group. Elections will  be held in accordance with relevant OSCE  standards and monitored by  OSCE/ODIHR.

 

Nuland arrive tout de même à temps pour le vote de la modification de la constitution dans le sens du point 11 des accords de Minsk 2 (sputniknews) et pour “conseiller” Porochenko. Du coup le projet de loi 2217а “Projet de loi sur les amendements à la Constitution de l’Ukraine (concernant la décentralisation du pouvoir)” du 1er juillet 2015  (rada.gov.ua, texte loi 1/7/2015 : rada.gov.ua, notice explicative 1/7/2015 : rada.gov.ua) est modifié le 15 juillet 2015 (rada.gov.ua, texte loi révision 15/7/2015 : rada.gov.ua, notice explicative 15/7/2015 : rada.gov.ua), juste avant le vote…

Par rapport au projet de loi initial du 1er juillet, une ligne est ajoutée le 15 juillet destinée à être intégré dans le chapitre XV de la constitution appelé “dispositions transitoires” :

 

18. Особливості здійснення місцевого самоврядування в окремих районах Донецької і Луганської областей визначаються окремим законом.

18. Caractéristiques de l’administration locale dans certains domaines  de régions de Donetsk et de Lougansk définies par une loi distincte.

 

Le statut spécial des régions contrôlées par la DNR et la LNR fait l’objet d’une loi séparée votée en mars 2015  (rada.gov.ua). la grande différence est que par cette ligne, cette loi est intégrée dans la constitution dans le cadre plus large d’une loi de décentralisation du pouvoir (armenpress.am). Cela n’est qu’une ligne mais elle implique qu’une région d’Ukraine peut avoir un statut différent du reste du pays, même de manière “transitoire”. Cet ajout flirte avec la fédéralisation qui était la demande première des républiques de l’Est au printemps 2014, avant le début des opérations militaires. “Décentralisation et non fédéralisation” : Porochenko insiste sur le fait que l’Ukraine restera un état unitaire, même si il acte la “spécificité” des républiques de l’est dans la constitution (pravda.com.ua) : “In the project there is no hint on federalization.  Ukraine was if is the unitary state. And the draft constitution doesn’t  provide, and can’t provide any special status of Donbass, there it  simply isn’t present… Our  European partners and the USA are interested in a successful completion  of the constitutional process, however it is more our interest and our  right… Decentralization  isn’t present a place in such questions as defense, national security,  foreign policy, control of observance of constitutional rights and  freedoms of citizens” (news.pn). Quoi qu’il dise, le mot tabou de Fédéralisation est maintenant sur la table…

 

Ajout au chapitre 15 dans la loi de 2015 (rada.gov.ua, texte loi révision 15/7/2015 : rada.gov.ua, notice explicative 15/7/2015 : rada.gov.ua)

8) l’article XV “Dispositions transitoires” compléter les paragraphes 17 et 18 comme suit:
“17. Après l’entrée en vigueur de la loi de l’Ukraine« Sur les  amendements à la Constitution de l’Ukraine (concernant la  décentralisation du pouvoir) “:
1) à la suite des prochaines élections locales – les élections des  chefs de communautés, les membres des conseils communautaires, les  conseils de district et régionales organisées le dernier dimanche en  Octobre 2017.
L’autorité  de village, ville et les maires et les conseillers locaux élus lors des  prochaines élections en Octobre 2015 et les élections locales dans la  période d’Octobre 2015 to Octobre 2017, fin de la date de pouvoirs  d’entrée sous les chefs de communautés, des conseils communautaires, de  district et conseils régionaux élu lors des prochaines élections locales régulières en Octobre 2017.
2) Le Président de l’Ukraine sur la présentation au Cabinet des  Ministres de l’Ukraine nommer et de révoquer les chefs des  administrations locales aux préfets de destination appropriés;
3) temporairement jusqu’à la nomination du préfet pouvoirs visés au  paragraphe 1 de l’article 119 et le deuxième alinéa de l’article 144 de  la Constitution de l’Ukraine, porte le chef de l’administration locale  de l’Etat;
4)  Le Président de l’Ukraine jusqu’à l’élection lors des prochaines  élections locales régulières en Octobre 2017, le chefs des communautés,  les membres des conseils communautaires, les conseils de district et  régionaux exercent les pouvoirs en vertu de l’article 144 de la  Constitution de l’Ukraine concernant les actes adoptés dans le village  de conformité, les maires, village , ville, district et les conseils régionaux. Conçu avec le gouvernement intérimaire a autorisé directe et organiser  les activités des organes exécutifs du village, une ville ou conseil  municipal, le personnel de la direction de l’arrondissement respectif et  les conseils régionaux.
La Cour constitutionnelle de l’Ukraine à examiner d’urgence adresse  appropriée par le Président de l’Ukraine concernant les actes village,  ville et maires de ville, village, ville, district et les conseils  régionaux.
Si  la Cour constitutionnelle de la loi Ukraine village, le maire, village,  ville, district et les conseils régionaux de telle sorte que ne répond  pas à la Constitution de l’Ukraine, la Verkhovna Rada d’Ukraine par le  Président de l’Ukraine fin prématurément à l’autorité du village, le  règlement, maire de la ville, village, ville, quartier, conseil régional et de nommer des élections anticipées.
18. Caractéristiques de l’administration locale dans certains domaines  de régions de Donetsk et de Lougansk définies par une loi distincte “.

 

Chapitre XV de 1996 (mjp.univ-perp.fr, wikipedia.org)

Titre XV. Dispositions transitoires.   
1. Les lois et les règlements adoptés avant l’entrée en vigueur de la présente Constitution restent en vigueur dans la mesure où ils ne sont pas incompatibles avec la Constitution de l’Ukraine.
2. Après l’adoption de la présente Constitution, la Rada suprême exerce les pouvoirs définis par la présente Constitution. 
Les élections régulières à la Rada suprême auront lieu en mars 1998.
3. L’élection du président de l’Ukraine aura lieu le dernier dimanche d’octobre 1999.
4. Le président de l’Ukraine, pendant trois ans après l’entrée en vigueur de la présente Constitution a le droit de promulguer des décrets approuvés par le Conseil des ministres et signés par le premier ministre sur les questions économiques qui ne sont pas réglées par des lois, en présentant en même temps les projets de loi correspondants à la Rada suprême conformément à l’article 93 de la présente Constitution.
Un tel décret du président de l’Ukraine prend effet si dans les trente jours suivant la présentation du projet de loi (les jours de vacances parlementaires non compris), la Rada suprême n’a pas adopté la loi ou n’a pas rejeté le projet de loi à la majorité de sa composition constitutionnelle, et il reste en vigueur jusqu’à ce qu’une loi adoptée par la Rada suprême sur la question entre en vigueur.
5. Le Conseil des ministres est formé conformément à la présente Constitution dans un délai de trois mois après son entrée en vigueur.
6. La Cour constitutionnelle de l’Ukraine est formée conformément à la présente Constitution, dans un délai de trois mois après son entrée en vigueur. Avant la création de la Cour constitutionnelle, la Rada suprême interprète les lois.
7. Les chefs des services locaux de l’État ne peuvent acquérir le statut de chefs des services locaux de l’État conformément à l’article 118 de la présente Constitution et, après l’élection des présidents des différents conseils, ils résignent leurs fonctions devant les présidents de ces différents conseils.
8. Les conseils de villages, de quartiers, de villes, et les présidents de ces conseils, lors de l’entrée en vigueur de la présente Constitution, exercent les pouvoirs déterminés par la présente Constitution, jusqu’à l’élection des nouveaux membres de ces conseils en mars 1998. 
Les conseils de districts et de régions, élus avant l’entrée en vigueur de la présente Constitution, exercent les pouvoirs déterminés par la présente Constitution, jusqu’à la formation des nouveaux conseils conformément à la Constitution.
Les conseils de villes-districts et leurs présidents, lors de l’entrée en vigueur de la présente Constitution, exercent leurs pouvoirs conformément à la loi.
9. Le Parquet de l’État, conformément aux lois en vigueur, continue à veiller au respect et à l’application des lois et à procéder aux enquête préliminaires, jusqu’à l’entrée en vigueur des lois régissant le fonctionnement des organes publics chargés de veiller au respect des lois et jusqu’à la formation du système d’enquête pénale et à l’entrée en vigueur des lois régissant son fonctionnement.
10. Avant l’adoption des lois qui déterminent les caractéristiques du pouvoir exécutif dans les villes de Kiev et de Sébastopol, en conformité avec l’article 118 de la présente Constitution, le pouvoir exécutif dans ces villes est exercé par les administrations concernées.
11. L’alinéa premier de l’article 99 de la présente Constitution entrera en vigueur après l’introduction de la monnaie nationale, la hryvnia.
12. La cour suprême de l’Ukraine et la Cour supérieure d’arbitrage exercent leurs pouvoirs en vertu de la législation actuelle de l’Ukraine, jusqu’à la formation du système des tribunaux à compétence générale conformément à l’article 125 de la présente Constitution, mais ce délai ne doit pas dépasser cinq ans.
Les juges de tous les tribunaux en Ukraine, élus ou nommés avant la date d’entrée en vigueur de la présente Constitution, continuent à exercer leurs pouvoirs, en vertu de la législation en vigueur, jusqu’à la fin de la période pour laquelle ils ont été élus ou nommés. 
Les juges dont les fonctions ont pris fin à la date d’entrée en vigueur de la présente Constitution, continuent à exercer leurs pouvoirs pendant un an.
13. Pour une période de cinq ans après l’entrée en vigueur de la présente Constitution, la procédure actuelle est maintenue pour l’arrestation, l’emprisonnement et la détention des personnes soupçonnées d’avoir commis un crime, ainsi que pour la recherche et la perquisition du domicile ou d’autre biens d’un individu.
14. L’utilisation des bases militaires existant sur le territoire de l’Ukraine pour le stationnement temporaire de forces militaires étrangères est possible en vertu d’un bail, conformément à la procédure déterminée par les traités internationaux ratifiés par la Rada suprême de l’Ukraine.
Adoptée à la cinquième session de la Verkhovna Rada d’Ukraine, le 28 juin 1996.

 

Ce vote déchire le parlement ukrainien et la coalition au pouvoir. Cela implique une forme d’acceptation de la partition de facto du pays et est perçu par certains groupes en Ukraine comme une trahison du nationalisme ukrainien par le gouvernement et par d’autres comme un lâchage” des USA. Porochenko essaye de désamorcer la polémique en disant qu’“il n’y a pas une seule virgule sur Minsk 2 dans le projet” (rbth.co.uk). Le sujet est très sensible, au point que Nuland et l’ambassadeur des USA en Ukraine assistent physiquement aux débats et au vote au sein du parlement (rt.com)… Une pression internationale, venant des USA et également de l’UE que l’Ukraine vit mal (unian.info, pravda.com.ua, kyivpost.com, vz.ru). Certains pensent même que l’Ukraine a été géopolitiquement “sacrifiée” par les occidentaux pour obtenir un accord sur le nucléaire en Iran, ce que dément Nuland (lb.ua).

Nuland déclarait le 15, la veille du vote : My country is a country that is very decentralized, as you know. And  we believe that people at the community level know best what is right  for their people. That when government is close to citizens it is  strongest. This is the step that you will take with this package of  legislation tomorrow in a first reading. It will also bring Ukraine into compliance with its Minsk obligations  with regard to decentralization and special status. And that is very,  very important. At every stage since Minsk was negotiated in February,  Ukraine has worked hard to meet its obligations. And that has allowed  the United States — it has allowed countries in Europe — to continue  standing with Ukraine in insisting that all the parties to Minsk  implement their obligations.” (state.gov)

 

 

Point 11 – Conduite  d’une réforme constitutionnelle en Ukraine, avec entrée en  vigueur  d’ici fin  2015 de la nouvelle constitution, qui servira d’élément clé  de la décentralisation (avec prise en compte des  particularités des  zones  actuellement contrôlées par les républiques de  Donetsk et de  Lougansk, acceptée par les représentants de ces régions),  et également  adoption d’une législation permanente sur le statut spécial des régions  particulières de Donetsk et de Lougansk, avant la fin de  l’année 2015. Constitutional  reform in Ukraine, with a new constitution to come  into effect by the  end of 2015, the key element of which is  decentralisation (taking into  account peculiarities of particular  districts of Donetsk and Luhansk  oblasts, agreed with representatives of  these districts), and also  approval of permanent legislation on the  special status of particular  districts of Donetsk and Luhansk oblasts in  accordance with the  measures spelt out in the attached footnote,[note 1] by the end of 2015.

 

Plus de 288 députés ont voté pour et 58 députés contre le projet de loi de décentralisation/modification de la constitution (bluewin.ch, vesti-ukr.com). Suite au vote, des réglements de compte politiques se produisent. Le groupe parlementaire “Samopomochtch’” décide ainsi de retirer à Anna Gopko son poste de Présidente de la commission des Affaires étrangères parce qu’elle a été la seule député du groupe à voter en faveur des modifications constitutionnelles proposées par Porochenko. Elle a indiqué qu’un conseiller d’Angela Merkel l’avait convaincue de voter en faveur du projet (lb.ua, 112.ua, youtube).

Porochenko met les points sur les i officiellement à propos de l’attitude de certains partenaires de la coalition lors du vote sur  la réforme constitutionnelle à la Rada (unian.net) et a même vu “la main du Kremlin” lors des débats à la Rada (vesti-ukr.com). Porochenko espère que la Rada adoptera définitivement à l’automne les modifications de la constitution. Un échec pourrait conduire à l’éclatement de la coalition internationale soutenant l’Ukraine. Le projet est maintenant soumis à la Cour Constitutionnelle Ukrainienne (gordonua.com).

Qu’importe. Pour Nuland, ce vote montre que l’Ukraine respecte les accords de Minsk 2 et clôt le débat à ce sujet. Pour elle c’est “an answer to any questions on Ukraine’s compliance with the Minsk  agreements, whether these questions come from Donetsk and Lugansk, or  from Moscow.” (sputniknews, kyivpost.com). Les républiques ne sont pas d’accord (dnr-news.com, gordonua.com), la Russie n’est pas d’accord (sputniknews)… et une partie des ukrainiens également. Par exemple, le statut spécial accordé indirectement par ce vote à la DNR et LNR crée un mouvement de demande d’autonomie pour la région de Galicie (Ouest de l’Ukraine) avec une manifestation de plusieurs centaines de personnes à Lvov (fortruss, vzgliad.ru, novorossia.today).

 

 

15 juillet 2015 : Victoria Nuland – Kiev – Remarks to the Press (state.gov)

Good evening, everybody. It’s terrific to be  back in Ukraine. We’ll have a fuller opportunity to speak tomorrow after  I finish my consultations. I haven’t yet had a chance to sit with the  President and the Prime Minister. But I did want to make a brief  statement today, because I had the chance over the course of the day to  sit with Rada Speaker Groysman, to visit with all of the faction heads  of the governing coalition. And tomorrow morning I’ll have breakfast  with Yuriy Boyko of the opposition bloc faction. And I wanted to just  give you a sense of our message to them.
First, just to say — I am constantly impressed when I sit down with  members of the Rada about what a different Ukraine this is in terms of  the quality of democracy. You now have a parliament that truly  represents the people, debate is lively, the democratic process is  exciting, and the kinds of conversations we have with the  representatives of the Ukrainian people are really rich and really  impressive. Every single one of them is a patriot, and I am proud to  know them and grateful for the opportunity to see them.
I don’t have to tell you that tomorrow is yet another historic day in  the Rada. There have been a lot of historic days over the last eight  months as you work to pass the important legislation that is going to  change this country — that brings you true reform, true Europe, true  democratic standards. But tomorrow, the Rada will consider a full  package of reform legislation, which completes the prior actions  requested by the International Monetary Fund, and will — if approved —  unlock the next tranche of international support for Ukraine.
This is not simply about what the IMF has asked you to do. It’s not  even primarily about that. It’s about taking the kinds of steps that  will break the old oligarchic system that operated here and put you on  the path to true, democratic, open market governance; clean economy;  market standards; European standards. In passing this legislation  tomorrow, the Rada will also be protecting — continuing to protect —  Ukraine’s reputation as a strong, rules-based stakeholder in the  international community. And as we’ve seen recently in Europe, it’s  absolutely essential to maintain that trust — that you are prepared to  live by international standards. And Ukraine has done that consistently  since Maidan.
Tomorrow will also be the first reading — the first review — of a  broad package of constitutional amendments primarily focused on  decentralizing power to the local regions. This is a package of  amendments that has passed through the Venice Commission — the gold  standard of European review. It has met — it’s gotten the Venice  Commission’s seal of approval. And it will bring to your constitution  European standards of decentralized power. It will bring more  opportunity for all the regions of Ukraine to control their own future,  to have more power in budgeting, to take the kind of responsibility for  improving quality of life at the local level — the quality of democracy  at the local level — and to bring growth to the local economy.
My country is a country that is very decentralized, as you know. And  we believe that people at the community level know best what is right  for their people. That when government is close to citizens it is  strongest. This is the step that you will take with this package of  legislation tomorrow in a first reading.
It will also bring Ukraine into compliance with its Minsk obligations  with regard to decentralization and special status. And that is very,  very important. At every stage since Minsk was negotiated in February,  Ukraine has worked hard to meet its obligations. And that has allowed  the United States — it has allowed countries in Europe — to continue  standing with Ukraine in insisting that all the parties to Minsk  implement their obligations.
So I take this opportunity to now — as Ukraine takes its steps — to  again call on Russia and those that it supports in the Donbas to meet  their obligations.
And just before closing tonight — and again, we’ll have a chance to  visit tomorrow — I want to underscore what my President said when Prime  Minister Yatsenyuk was in the White House on Monday. The United States  stands with the people of Ukraine — stands with you in defense of your  sovereignty, your territorial integrity, your chosen path towards a  cleaner, more democratic, stronger, European future.
Thank you very much.

 

 16 juillet 2015 : Victoria Nuland – Kiev – Press Availability in Ukraine (state.gov)

Mr. Lalley: Good evening, everyone. Welcome to  the Ukraine Crisis Media Center. My name is Jonathan Lalley. I’m the  Embassy Spokesperson here at the U.S. Embassy in Kyiv, and I’m delighted  that you’re all here for a special on-the-record briefing this evening  with Assistant Secretary of State for European and Eurasian Affairs  Victoria Nuland. Assistant Secretary Nuland is making what is at least  her eleventh trip to Ukraine as Assistant Secretary. She’s someone who  needs no introduction, as a close friend of Ukraine, so I’ll turn it  over to her for opening remarks, and we’ll take three or four questions.  Over to you.
Assistant Secretary Nuland: Thanks, everybody. I am very sorry to  keep you waiting. I am delighted to be back in Kyiv to once again  reaffirm the United States’ unwavering support for Ukraine’s democratic  journey. I am struck once again on this trip by the resolve of the  Ukrainian people to change the future of this country into a modern,  democratic, European state.
I was honored to be here today when Ukraine and the Verkhovna Rada  took very important steps along this path, including passing on the  first reading the package of constitutional reform measures bringing  broad decentralization to the country, and bringing government closer to  citizens, and Ukraine closer to European norms, as approved by the  Venice Commission.
I’m also pleased to have seen the passage of a major package of  economic reforms, which were necessary to keep Ukraine in compliance  with IMF standards. This package also puts Ukraine that much closer to  unlocking the next tranche of economic support from the international  community.
I am grateful and I thank all of the leaders I was able to meet over  the last two days. We had the chance to see the leaders of all the major  parliamentary factions. We also saw Speaker Groysman and his team,  Prime Minister Yatsenyuk, Minister of Interior Avakov, NSDC Turchynov,  Mayor Klitschko of Kyiv, Foreign Minister Klimkin, Chief of Staff  Lozhkin, Ambassador Chaliy, NSA Yeliseyev, and business representatives.  Special OSCE Representative Sajdik and I met for the first time here in  Kyiv. And of course I had a very long and generous meeting with  President Poroshenko.
In every one of those conversations, we talked about the vital  importance of unity among the democratic forces — the reformist forces  — here in Ukraine, about the importance of sustaining economic reform  and rooting out corruption wherever it lives, and about implementing the  obligations that Ukraine undertook under the Minsk Agreements, so that  on the Ukrainian side there are no excuses. And on the other side, there  is a question of whether they will meet their obligations.
The decisions that were taken today at the Rada reinforce the  trajectory along all of these paths, and I am very pleased to be able to  go home and report so much progress here in Ukraine.
One last word — tomorrow, all of us will honor the memory of the 298  innocents from around the world who perished here when Malaysian  Airlines flight 17 was brutally shot down in eastern Ukraine. We stand  with Ukraine and those who lost citizens around the world in insisting  that there be justice for this heinous crime. And we are reminded by  that memory of the vital importance of the international community  standing with Ukraine to see peace here, to see security, and to  guarantee your territorial integrity.
I’m prepared to take some questions.
Mr. Lalley: We have time for three or four. The first question is from the Associated Press.
Question: (Inaudible.) Do you have any new details on the  investigation of this tragedy, and does the U.S. support an  international tribunal under the United Nations?
Assistant Secretary Nuland: Well, as you know, just a few days after  the tragic shoot down, my boss, Secretary Kerry, came out publicly  making clear that we believe that Malaysian Airlines 17 was shot down by  a missile from eastern Ukraine. I don’t have anything else to share  here. We are cooperating intensively with the Dutch who have the lead in  the investigation. We understand that they are making progress in that  investigation. But I won’t get ahead of them. There are discussions,  obviously, in New York and elsewhere, about the right venue for finding  international justice and ensuring those who are responsible are brought  to justice, but I don’t have anything new to announce today.
Mr. Lalley: Our next question is from Interfax.
Question: (In Ukrainian.)
Assistant Secretary Nuland: I have to say that I find the question  offensive. The United States is not in the business of trading one thing  for another in its international relations. The United States was  pleased that we were able — with our Allies, and with China, and with  the European Union — to cooperate with Russia in reaching this historic  agreement with Iran. But we don’t judge that Russia did this as a favor  to the United States or anybody else. It did it because its own  interests were served by ensuring that Iran does not get a nuclear  weapon.
At the same time, as you know, we continue to have very tough,  difficult conversations with Russia about Ukraine. My President had a  conversation with President Putin that included Ukraine not too long  ago. And we have made absolutely clear that we expect not only Ukraine,  but obviously Russia, to live up to its obligations under the Minsk  Agreement, including its obligations to ensure that there is a full  ceasefire, that there is a full exchange of hostages, that there is a  full withdrawal of all weapons and foreign forces, and that the border  is returned to Ukraine as agreed in Minsk. So among the things that we  now — I am now working on myself — is not just supporting Ukraine in its  preparations for Minsk Group meetings, but also trying to work with  Deputy Minister Karasin to ensure that the Russian side, too, meets its  obligations.
Mr. Lalley: Our next question comes from Novoye Vremya.
Question: (In Ukrainian.)
Assistant Secretary Nuland: First of all, for somebody who’s been  coming in and out of Ukraine for 25 years, it really was very exciting  to stand in the Verkhovna Rada today and see vibrant democracy in  action, and lots of different opinions, and a real debate — not like the  fake debates of old. I thought President Poroshenko spoke quite clearly  in the Rada — and persuasively — that in contrast to the accusation,  this actually protects Ukraine from federalization. This is  decentralization that provides the same rights of budgeting, of local  authority, of responsibility for your own affairs to every region of  Ukraine.
With regard to the single sentence about the need for the law that’s  already been passed by the Rada on special status — as you know, that’s a  direct quote from the Minsk Agreement, which was signed by Ukraine in  the hope of having peace and having the restoration of its territory in  eastern Ukraine. So the hope is, having fulfilled Ukraine’s obligation  under the Minsk Agreement to include this, this will now be answered by  responding steps by those responsible in Donetsk and Luhansk, and those  who support them in Moscow. So it puts you in the strongest possible  position to say your obligations are being met, what about the other  side.
Mr. Lalley: We have time for one more. Last question, Buzzfeed’s Max Seddon.
Assistant Secretary Nuland: Max! You’re far from home. (Laughter.)
Question: Following up on the question here. The Deputy Speaker of  the Rada, Oksana Syroyid, wrote on Facebook yesterday that the  constitutional changes that were passed were being forced on Ukraine  through unprecedented pressure from the West. And going by what a lot of  people in the Ukrainian political sphere have said recently, there  seems a lot more enthusiasm on the Western side — the U.S. and the EU —  to (inaudible) these things done from the Ukrainian political  establishment. What kind of pressure have you been putting — in your  conversations — on the Ukrainians to get this done, and what kind of  resistance have you been running up against?
Assistant Secretary Nuland: Well, first of all, 288 out of 300 plus  deputies voted for this, so it was a very strong mandate for — first and  foremost — decentralization of the country, which public opinion polls  show is second only to countering corruption in terms of what the people  of Ukraine are asking for — whether they live in Lviv or Donetsk. So  this was an important step to de-Sovietize, de-oligarchize the country —  to liberate Ukraine from the structures of the past and bring it closer  to Europe. Did we want to see Ukraine meet its obligations that it took  in Minsk by including this sentence as it agreed to do? Of course. But  the reason that we wanted to see that happen was so there would be no  excuses on the other side for renewed violence. No excuses to break the  agreement. That Ukraine is doing its job. Now it is up to the other side  to do its job. Thank you all very much.

 

Le 17 juillet, Nuland est interviewée durant l’émission vedette et fleuve (4h41 !) de la télé ukrainienne : Schuster Live (112.ua, state.gov, youtube). UNIAN retient de cette interview de Nuland qu’en le cas d’agravation de la situation dans le Donbass, les Etats Unis accroîtront la pression sur la Russie et sur les DNR/LNR (unian.net).

 

17 juillet 2015 : Victoria Nuland – Kiev – Interview With Savik Shuster (state.gov)

Question: Ambassador Nuland, the main topic in  Ukraine this week is not decentralization. You’ll be surprised: it’s the  U.S. – Ukrainian Business Forum, the Vice President’s speech. And most  Ukrainians – and I’m absolutely certain about it – would like to tell  the Prime Minister of Ukraine what the Vice President of the United  States has said – basically, “Shape up, Arseniy. Ukraine is running out  of chances.” What are the reasons you think that the fight against  corruption is really not giving any results?
Assistant Secretary Nuland: Well first, Savik, let me just say how  proud we were to host the U.S. – Ukraine Business Forum. It was an  opportunity for the United States to say to its own business community,  “We believe in Ukraine. It’s time to go invest in Ukraine. We’re  supporting Ukraine. It’s time for you to do that as well.” And we had  interest from more than 150 businesses. We’re talking about coming and  doing another one here in Ukraine later in the year. So this is part and  parcel of America’s support for your democratic reform future.
Look, fighting corruption is one of the hardest things that countries  have to do – particularly countries emerging from the kleptocratic  Soviet system. And frankly, this part of Ukraine’s journey was never  really done before. I don’t have to tell you this — that pretty much  every set of leaders since independence has, in one way or another,  either directly ripped off the people of Ukraine or allowed it to  happen. So there’s Soviet overhang here. There’s also a recent tradition  of this. And there are some outside your country who use corruption to  manipulate the system to make money themselves here. So it’s a hard  problem. It’s what we call a “wicked” problem. So it’s going to take a  lot of effort. You can’t expect it to happen overnight. But by the same  token, it has to be pursued to the end. So what Ukraine has done now is  set in place the legislative base to fight corruption. You’ve started to  change some of the personnel. You’ve started to create – with our help  and others – a cleaner military, a cleaner police system. But changing  the culture and really rooting out all those snakes and cutting off  their heads is going to take time. So we will stand with you as you do  it. But, like a bicycle, you’ve got to ride it and keep going so it  doesn’t fall over.
Question: But when you mention outside forces, people, whatever, you don’t only mean Russia, I suppose?
Assistant Secretary Nuland: We’re talking about this phenomenon all  over the area that I work on. I work on 50 countries of the  Euro-Atlantic region. We’re worried about it in the Balkans. We’re  worried about it in Central Europe. We’re worried about it in Eastern  Europe. Dirty money buys politicians, buys businesses, takes over the  sovereignty of the country, and manipulates politics. It can come from  outside forces. It can come from within. It has to be rooted out  regardless of where it comes from. But when a country is vulnerable to  this kind of thing, those who don’t wish you well from the outside, or  those who want to rip you off, can take advantage of this vulnerability  and make trouble and have influence that they shouldn’t have.
Question: But the United States Vice President pronounces, “Now you  have to put people in jail,” looking into the eyes of the Prime Minister  of Ukraine. So I wonder, what is it? Is it disappointment? Is it a  warning? Is it an incitement?
Assistant Secretary Nuland: No, as I said – fighting corruption has  to be pursued in stages. So you have put in place the legislative base.  You’ve started to clean the cadre. But now the justice system has to  work. So it’s not just a matter of presenting cases to the prosecutor.  The prosecutor has to complete some cases – whether it’s at the federal  level, whether it’s at the city level, whether it’s the local level – so  that the people of Ukraine have confidence that if they report a crime,  if they report that they’ve been ripped off, that those people are  going to pay, that there will be justice. And justice also creates a  deterrent. If you know you’re going to get away with it, you’re going to  keep doing it – but if you know you might go to jail, you’re going to  think twice.
Question: I think you, Ambassador Nuland, you yourself once said that  it would be good if a current President of the United States already  saw a Ukraine which is stabilized, which has started fighting  corruption, really, so that the next president who comes doesn’t have  the problem that he had.
Assistant Secretary Nuland: I’m not sure what part of something I said you may or may not be quoting.
Question: What I’m — I’m interested about the time framework. “You  have no time left,” said the Vice President of the United States. How  much time are we talking? Two months? Two years – as he said? When do  you want to see results of the fight against corruption?
Assistant Secretary Nuland: Again, this should be less about what we  want and far more about what the people of Ukraine are demanding.
Question: They are demanding. They’re strongly demanding.
Assistant Secretary Nuland: Exactly. The public opinion polls show  that the number one thing that the people of Ukraine want all across the  country – if there’s anything that unites this country from Lviv to  Donetsk – it’s the need to fight corruption. So this is also what Maidan  was about, in addition to wanting the path to Europe. So people elected  leaders, elected Rada deputies, elected President Poroshenko because  they want the system cleaned up. So the faster you deliver, the faster  Ukraine will change, the faster you’ll be able to attract investment,  and the stronger country you will have. So we want it to happen,  obviously, as fast as possible, but we are less impatient, I think, than  even the people of Ukraine.
Question: The people of Ukraine, I can tell you, are losing their patience. And you can feel it at every corner.
Assistant Secretary Nuland: Yes.
Question: And many people are demanding early elections, for  instance, already now. Because we see that the President and the Prime  Minister cannot –- sort of – find a common language and start pulling  the country out of a crisis. Do you see that as a possibility or do you  think it’s really dangerous in this period to have drastic political  changes?
Assistant Secretary Nuland: Well, Savik, we – as you know – strongly  believe that the reformist forces here have got to work together.  They’ve got to hang together. That’s what the people want to see. But  they also, together – because they have different responsibilities to  the people – have to make the system produce. They have to ensure that  justice is served, that only clean people work in the government, that  the government is for the people — not the people serving the  government, as was the way so often in the past. So we want to see unity  across the reformist coalition. We want to see that united front work  as quickly as possible on these very difficult economic and rule of law  reforms. But I would also say that there are no miracles. There’s no  overnight answer to the decades and decades of difficulty that you’re  now trying to clean up. So some patience, unfortunately, is going to be  required as you work through this. But one of the things that we’re  pleased to see here, including with this package of measures — economic  measures — passed today in the Rada is that Ukraine is taking the  necessary steps as quickly as it can. Because this stuff is painful. And  when you have a painful place, and you have a Band-Aid over it, for  example, and you have to change the bandage, it’s always worse if you  pull that bandage off slowly. It’s much better to pull it off as quickly  as you can, live through that pain, and then start to heal. And that’s  what we want for Ukraine.
Question: Ambassador, Ukraine is fulfilling its part of the Minsk  agreements – today’s vote in the parliament on the constitutional  changes concerning decentralization. And you’ve said that now the other  side has to show at least good will. And if they don’t – if they  continue what they’re doing up to now – shooting, killing?
Assistant Secretary Nuland: Well we’ve made absolutely clear that we  expect Minsk to be implemented. As you know, the sanctions that the  international community has put in place – that the U.S. and the EU have  in place – are there to change the policy of Russia, to encourage it to  fulfill its obligations. We’ve made clear that they will stay in place  until Minsk is fully implemented, including an end to the violence,  including a return of hostages, a return of the border. But we’ve also  made clear that if the violence increases, we’re prepared to put more  pressure on Russia. We are also, as you know, supporting Ukraine’s  security. The United States has contributed about $150 million dollars  so far to security assistance – to training. We’re training out in  Yavoriv. Our hope is that we can use this pressure – the increased  capability – to see Russia and those that they manage in Donetsk and  Luhansk, implement the obligations that they’ve made. It not, the costs  will go up.
Question: Economically and militarily?
Assistant Secretary Nuland: All of those are options, of course.
Question: The United States is quite concerned about what is  happening in Greece, and the European crisis surrounding it. At the same  time, the Prime Minister of Ukraine gave an interview to Financial  Times, where he said that basically, the European Union is behaving  irresponsibly giving all of that money to Greece. And basically it kills  all the incentives to do reforms in Ukraine. How do you – do you see  any parallel between Greece and Ukraine?
Assistant Secretary Nuland: Well I didn’t see that particular  interview, so I can’t speak to the precise quote. I think what you  should be very pleased about is that Ukraine has worked very hard over  the last year to work with the International Monetary Fund, to work with  the World Bank, to work with all of us in the international community  to agree on a roadmap of reforms that we can support, and to do it  quickly. And then to implement those reforms quickly so that we don’t  have the kind of grinding, difficult negotiations that the European  Union had to have with Greece. And by the same token, as you know,  Greece has been trying to recover for a long time now. You talk about  the pain that the Ukrainian people are feeling. The Greek people have  been under very difficult conditions for a long time. So here again, I  think that there are positive lessons for Ukraine, which are to keep the  pace of reform, stay in good, strong dialogue with us on what you are  doing – what is important to do legislatively, judicially – so that you  work through this period of painful reform as quickly as possible, you  stabilize, and then you get to growth – the kind of growth we hope our  business folks will be able to bring as they start to invest in Ukraine.
Question: Thank you very much, Ambassador Nuland.
Assistant Secretary Nuland: Thank you, Savik, for the opportunity.

 

 

17 juillet 2015 : Шустер LIVE. Выпуск от 17.07.2015 (Мукачево. Коррупция в прокуратуре. Тарифы)   (youtube)

 

Emission complète de Schuster Live de 4h41min47s…  Les sujets abordés : droits de force ou le droit de la force: Moukatchevo ? Le Bureau du Procureur général. Corrompus contre réformateurs : Qui va gagner ? Tarifs : Ils croient. Ou juste le prix de la justice ?

Le Début de l’interview de Nuland est à 3h31min50s

Invités de l’émission :

Ioulia Timochenko – député du peuple de l’Ukraine; leader du VO “Patrie”
Yegor Firsov – MP, «unité Petro Porochenko”; Membre du Comité de la Verkhovna Rada sur l’intégration européenne
Viktor Chumak – MP, le parti “Bloquer Porochenko”; Vice-président de la Verkhovna Rada Comité sur la prévention et la lutte contre la corruption
Oleg Berezyuk – MP, le président de la fraction de l’association «self-help»; Membre de la commission parlementaire sur l’État pour la construction, la politique régionale et de l’autonomie locale
Anton Gerashchenko – MP, “Front populaire”; Conseiller auprès du ministre des Affaires intérieures de l’Ukraine
Dmitry Dobrodomov – Le député du peuple de l’Ukraine; leader du parti “Mouvement public” contrôle populaire “; Verkhovna Rada Comité Secrétaire pour prévenir et combattre la corruption
Semen Semenchenko – MP, Association «Soi»; Premier vice-président de la Verkhovna Rada Comité de la sécurité nationale et de la défense
Vitaliy Kasko – Procureur général adjoint de l’Ukraine
Sergei Evtushok – MP, VO “Patrie”; Membre de la commission parlementaire sur les transports
Egor Sobolev – député, vice-président de “l’Association” Self-help », le président de la Verkhovna Rada Comité sur la prévention et la lutte contre la corruption
Vitaly Shabunin – Président du Centre pour la neutralisation de la corruption
Andrew Sharaskin – Représentant AQL “Secteur Right”
Valentin Nalyvaychenko – Président du Service de sécurité ukrainien (2006-2010, 2014-2015) (https://www.youtube.com/watch?v=ivg9c7grajE)
Svyatoslav Piskun – Procureur général de l’Ukraine (2002-2003, 2004-2005, 2007)
Yuri Tandem – un membre du Conseil public de l’UDF
Yuri Butusov – rédacteur en chef de la publication en ligne “Tsenzor.NET”; président du comité du personnel de MIA de l’Ukraine
Carl Voloh – comité de lustration de militant social
Andrew Evchenko – rédacteur en chef de “Krementchoug Telegraf”
Yuri Woodward – Directeur de l’Institut d’analyse et de prévision
Sviatoslav Oliynyk – vice-président de l’Administration Dnipropetrovsk Etat régional
Pavel Pavlov – bénévole

 

 

 TROISIÈME FOCUS DE LA SEMAINE : 14 JUILLET 2015 : ATTENTATS A DONETSK

Le 14 juillet 2015, un attentat a été commis à Donetsk contre une Range Rover que conduisait Elena Ivanovna Filippova, la secrétaire d’Alexandre Zakharchenko, le leader de la DNR. La jeune femme était au volant, l’explosif aurait été placé sous le siège du passager. Miraculeusement, la jeune femme est en vie, en état de choc mais non grièvement blessée. La DNR estime que c’est Zakharchenko lui-même qui était visé (62.ua, colonelcassad).

Des arrestations ont eu lieu suite à cet attentat dans les rangs du renseignement de la DNR. La Garde de la République a encerclé le bâtiment des services de renseignements et aurait arrêté 4 personnes dont 2 officiers. Un certain nombre de mandats d’arrêt auraient été émis contre des personnes de la direction militaire et sécuritaire de la DNR. Selon les premières informations rassemblées par Colonel Cassad, il ne s’agirait pas d’une opération ukrainienne mais de luttes de pouvoir à l’intérieur de la DNR, comme cela se passe en LNR (voir les assassinats du maire de Pervomaysk, Evgeny Ishchenko, et des commandants Batman et Mozgovoi) (colonelcassad, colonelcassad).

 

 

 

La proximité des élections dans la république de Donetsk, prévues pour le 18 octobre 2015, pourrait être la cause de cette violence (lapresse.ca, gaideclin.blogspot.fr). D’autant qu’un autre attentat a eu lieu le même jour, cette fois sur Yuri Sivokonenko, l’un des idéologues de la DNR et un des candidats à sa présidence. Il est actuellement à la tête de “Berkut”, le syndicat des vétérans de Donetsk. l’attaque a eu lieu à l’arme automatique en pleine rue, Sivokonenko a été blessé au bras et son assistant au cou (colonelcassad).

 

La situation reste très floue les jours suivants. Peu d’informations circulent pour ne pas déstabiliser la DNR qui est en guerre ne l’oublions pas (colonelcassad), ce qui laisse la place aux rumeurs (novorossia.today ou encore tass.ru).

 

 

QUATRIÈME FOCUS DE LA SEMAINE : LE DRAME DU VOL MH17 DE LA MALAYSIA AIRLINES, UN AN APRÈS

• Rapide synthèse sur les faits et l’année écoulée. Le sujet du MH 17 mérite un plus ample développement. L’actualité de la semaine étant très dense, nous n’avons pas pu faire un focus plus détaillé sur ce sujet. Voici l’essentiel en attendant mieux (youtube, youtube, rt.com). 

 

17 juillet 2015 : MH17: ‘No one deserves to die that way’ (RT Documentary)   (youtube)

 

18 juillet 2015 : Ukraine MH17 – “révélations” le retour ?   (youtube)

 

RT publie de son côté une chronologie des événements de l’année écoulée avec un bon nombre de photos et vidéos (rt.com).

 

 

Commémoration du crash. A Kiev, très petite manifestation de soutien et de recueillement de 20 députés de la Rada devant l’ambassade des Pays-Bas  (112.ua, unian.info).

 

 

La presse officielle ukrainienne, UNIAN et  Oukraïnskaya Pravda, commémore à sa façon le drame en (re)sortant une vidéo censée montrer des novorusses pillant les bagages et les cadavres des passagers (pravda.com.ua, unian.info). La source de cette vidéo est un média australien, news.com.au (news.com.au).

De son côté, le représentant de la DNR/RPD, Andreï Pourguine, rappelle qu’au moment du crash, les rebelles de la DNR/RPD ne contrôlaient pas le territoire où le Boeing est tombé : “Nous ne contrôlions pas ce secteur. C’était une enclave. Dire qu’un camp ou l’autre contrôlait une localité ou l’autre, ce n’est devenu possible que trois mois après le crash, et encore…” (interfax.ru).

Pendant ce temps, sur le lieu du drame a lieu une cérémonie (huffingtonpost.com, youtube).

 

17 juil. 2015 : Ukraine: Drone captures MH17 crash site memorial one year on   (youtube)

 

 

Un peu partout dans le monde, les gens se recueillent et se souviennent (rt.com, youtube, youtube).

 

17 juillet 2015 : Victims of MH17 crash remembered throughout the world a year on (youtube)

 

17 juillet 2015 : Netherlands: Memorial service held for MH17 victims  (youtube)

 

• Etat des trois enquêtes en cours. Trois enquêtes séparées sont menées : une sur les passagers, une sur le crash, et une sur le choix de la route suivie (government.nll question 82 des parlementaires néerlandais).

La liste définitive des victimes a été établie (malaysiaairlines.com). Il y avait 283 passagers (193 Néerlandais, 28 Malaisiens, 27 Australiens, 12 Indonésiens, 10 du Royaume Uni, 4 Allemands, 4 Belges, 3 Philippins, 1 Néo-Zélandais, 1 Canadien) et 15 membres d’équipage (tous Malaisiens). 269 passagers avaient un ticket de la Malaysian Airline, 11 de KLM-AirFrance, 2 de Quantas, et 1 de Garuda (government.nl question 29).

L’enquête sur le crash est confiée au bureau néerlandais, Onderzoeksraad, sous l’égide de l’ICAO (International Civil Aviation Organisation. Organisation de l’Aviation Civile Internationale) selon les procédures définies par l’annexe 13 de la convention dite de Chicago. Un rapport préliminaire sur le crash a été publié le 9 septembre 2014 en néerlandais (nu.nl) et en anglais (onderzoeksraad.nl). Le président d’Onderzoeksraad, Tjibbe Jousta, avait annoncé que le rapport final serait publié un an après le crash (youtube). Actuellement, en juillet 2015, l’enquête est effectivement terminée (onderzoeksraad.nl). Un brouillon (draft) du rapport final a été envoyé le 2 juin aux pays membres de la commission, Pays-Bas, Malaysie, Australie, Royaume Uni, Russie, et Ukraine (rferl.org), qui ont jusqu’au 1er août pour envoyer leurs commentaires. Le rapport final sera publié dans la première quinzaine du mois d’octobre 2015 (onderzoeksraad.nl).

Les conversations entre le poste de pilotage et la tour de contrôle de Dniepropetrovsk, ainsi que les données des radars ne seront pas publiées. Les autorités invoquent la confidentialité permise par le paragraphe 5.12 de l’annexe 13 (government.nl question 80) (ce paragraphe n’est pas consultable en ligne). D’autres informations importantes ne seront probablement pas publiées, suite à l’accord de non-divulgation révélé le 26 novembre 2014 (rtlnieuws.nl) et (government.nl question 78).

 

Preliminary report Crash involving Malaysia Airlines Boeing 777-200 flight MH17 (onderzoeksraad.nl)

Cliquer sur l’image pour voir le rapport :

 

• De prétendues fuites commencent avoir lieu. CNN (cnn.com) annonce avoir été en contact avec deux sources ayant lu le brouillon du rapport. Ces sources ne sont pas nommées explicitement, mais comme deux personnes sont interviewées, on peut supposer qu’il s’agit d’elles. Peter Goelz, ancien directeur du NTSB (National Transportation Safety Board, agence américaine chargée des enquêtes sur les accidents d’avions) exprime sa confiance dans le travail de l’équipe enquêtrice des Pays-Bas. L’avion, qui aurait volé à environ 30.000 pieds, aurait été abattu par un missile venant d’une zone occupée par les séparatistes. Il affirme aussi que la compagnie malaisienne n’aurait pas dû choisir cet itinéraire. Heather Conley, du Center for Strategic & Interational Studies (qui voulait relooker l’Europe), accuse Poutine de mentir en refusant la responsabilité du crash. Ces deux interviews sont étranges. Par exemple, le rapport n’est pas sensé discuter du choix de la route, pusique c’est une autre enquête qui étudie cette question. De plus, la décision fut prise lors d’une conversation avec les aiguilleurs du ciel de Dniepropetrosvk qui ont recommandé et autorisé cette route, comme l’a montré le rapport préliminaire. Ensuite, si l’avion a été abbatu d’un missile venant d’un territoire séparatiste, cela signifie que le missile ne vient pas du territoire russe, et qu’il faudrait démontrer que la Russie aurait envahi le territoire séparatiste, ce qui n’entre pas dans le domaine de compétences des enquêteurs des Pays-Bas.

L’agence de l’aviation russe a réagi au documentaire de CNN par la voix de son représentant Oleg Storchevoi (belfasttelegraph.co.uk). Lui aussi aurait vu le rapport, et aurait trouvé qu’il n’est pas fiable car il comporte plusieurs contradictions. Il pense que les intervenants de CNN veulent faire pression pour orienter la rédaction du rapport final.

 

 

CINQUIÈME FOCUS DE LA SEMAINE : LE MONDE MERVEILLEUX DE SAAKASHVILI

Les purges se poursuivent à Odessa. Saakachvili a supprimé six directions supplémentaires dans l’administration de l’oblast’ d’Odessa (soit 370 personnes) (lb.ua). Le consul général russe faisant fonction à Odessa est déclaré Persona Non Grata (vz.ru) sans que l’on sache vraiment si Saakashvili en est responsable (vz.ru). Enfin, la Vice-Procureur d’Odessa (et fille adoptive du Procureur général Chokine), Tatiana Gornostaieva, après les critiques de Saakachvili à son égard, est partie en congé maternité (vlasti.net). Sans oublier, en passant, un nouvel article sur l’hypothèse d’une base OTAN USA à Odessa (vz.ru).

Parallèlement, Saakashvili cherche à améliorer son image de marque.  A Odessa, il vient de faire ouvrir au public les plages qui étaient réservées aux membre du SBU et leurs familles, ainsi qu’aux garde-frontières. Quand on lit cela, on se croirait encore à l’ère soviétique, avec les hôtels, stations balnéaires de Crimée et des bords de la Mer Noire, du lac d’Issik-Kyl au Kirghizstan avec les “pansionat” (centres de vacances) réservés aux dignitaires du PC et aux membres de la “nomenklatura”. Un petit coup de démagogie de la part de Saakachvili, dont le bon peuple va pouvoir profiter (segodnya.ua).

Durant ce temps, la campagne de presse occidentale pro Saakashvili continue. Le 15 juillet, un article parait dans Foreign Policy : Misha’s Mission Impossible – The former Georgian president takes on Ukraine’s most corrupt region. He’s got his work cut out for him.” (foreignpolicy.com) et Saakashvili donne une interview à la BBC (youtube.com).

 

15 juillet 2015 :  HARDtalk   Mikheil Saakashvili Governor of Odessa Region, Ukraine Русские субтитры   (youtube)

 

Côté nomination, Saakashvili, en plus de recycler les anciens ministres géorgiens à Odessa, recueille à présent les anciens ministres ukrainiens. Ainsi l’ex ministre de l’écologie, Igor Chevtchenko, va rejoindre l’équipe de Saakachvil pour s’occuper notamment des projets d’investissements. UNIAN rappelle sobrement à la fin de l’article que le gouvernement avait demandé le 24 juin dernier le départ de Chevtchenko pour des actes qui auraient pu comporter des éléments de corruption et que la Rada avait approuvé son limogeage le 2 juillet (unian.net).

Cependant il fait encore plus fort ! Le 17 juillet, Saakashvili nomme une nouvelle adjointe jeune, brune et jolie. Cette fois c’est une russe qui sera chargée des affaires sociales (lecourrierderussie.com, rferl.org). Il s’agit de l’opposante russe de premier plan Maria Gaidar, fille d’un ancien premier ministre russe de Boris Eltsine, Egor Gaïdar, et co créatrice du mouvement de jeunesse politique Da ! avec Navalny. Saakachvili veut lui faire donner la nationalité ukrainienne (vz.ru). Sur sa page facebook, Saakashvili précise : “Maria a fait une demande au Président de l’Ukraine pour l’obtention de la nationalité ukrainienne… Maria,  avec notre équipe ukrainienne locale, Julia et Vladimir Marushevsky  Zhmak, dynamisera la région d’Odessa, et ensemble nous contrecarrerons les plans pour fomenter le séparatisme hostile dans la  région d’Odessa. Le but (de cette nomination) est un symbole fort du fait que les Russes qui s’opposent  activement à l’agression de M. Poutine ne sont pas les ennemis de la  réussite de l’Ukraine et l’Ukraine va conduire à des changements importants en Russie qui mettrons fin au régime de Poutine… ” (vzgliad.ru)

 

 

Le symbole ne vaut que pour flatter le nationalisme ukrainien. Dans une optique purement russe, c’est plutôt une catastrophe pour Maria Gaidar et l’opposition pro-occidentale. Dans son cas personnel, elle risque de perdre sa nationalité russe, ce qu’elle vivrait comme une tragédie (vzgliad.ru) et les subventions russes dont elle bénéficie. La responsable des droits de l’homme en Russie, Ella Pamfilova, a ainsi déclaré qu’elle allait proposer de supprimer l’allocation présidentielle au fonds de Maria Gaïdar “Sotsialny Zapros” (vzgliad.ru). Du point de vue de l’opposition russe, un lien existe à présent entre ce mouvement  et le régime de Kiev, ce qui plus que toxique en Russie.

De plus, Maria Gaidar est vraiment mal à l’aise dans cette galère. Elle doit donner des gages à l’Ukraine sans s’aliéner la Russie, ce qui est quasiment impossible. Le 18 juillet, elle fait un pas vers l’Ukraine en déclarant qu’elle est contre l’annexion de la Crimée (En octobre 2014 elle avait déclaré le contraire dans une interview au journal russe “Iod”) (lb.ua). Mais en même temps, elle refuse de répondre à la question d’une journaliste ukrainienne “avec qui l’Ukraine est-elle en guerre ?” (unian.info, gordonua.com, youtube.). Ceci n’empêche pas Saakashvil de déclarer que Maria Gaïdar sera “une bonne patriote ukrainienne” et que “cette nomination portera un coup à Poutine. Qu’une personne appartenant à une telle dynastie soit dans le camp de l’ennemi” (gordonua.com).

 

 

18 juillet 2015 : Заступник Саакашвілі Марія Гайдар не змогла відповісти на питання, з ким воює Україна  (youtube)

 

Des rumeurs circulent sur une possible entrée de Saakashvili au gouvernement, même si l’intéressé assure qu’il ne quittera pas le poste de gouverneur d’Odessa pour un poste plus élevé (gordonua.com). Le média Insider.ua repris par Gordon cite dans un article intitulé “L’invasion georgienne. Le front des procureurs” des sources dans les organes de sécurité annonçant que Saakachvili pourrait être nommé Premier MInistre à l’automne et que David Sakvaleridze pourrait être nommé procureur général à la place de Viktor Chokine (theinsider.ua repris par gordonua.com).

De fait, Saakashvili prend une stature de plus en plus nationale. Il se prononce par exemple en faveur de la légalisation des jeux en Ukraine, en partant du fait qu’il existe des casinos à Kiev et à Odessa, bien qu’ils soient interdits (lb.ua). Il s’oppose en direct à un lieutenant de Kolomoiski, Boris Filatov à Tchernigov. Saakachvilii était venu soutenir un candidat Tchernovietski pour ces élections partielles prévues le 26 juillet, suite à la nomination de l’actuel député au poste de gouverneur (gordonua.com, vzgliad.ru). Avakov annonce d’ailleurs qu’il va envoyer des renforts pour surveiller le bon déroulement de ces élections (gordonua.com).

Enfin, Saakashvili multiplie les annonces de menaces à son égard, mais sans preuves. Il assure ainsi sur sa page Facebook que Poutine l’a publiquement menacé de mort (vzgliad.ru). Il s’oppose en frontal à KolomoIski en affirmant lors d’un programme de la TV “1plus 1″  qu’il détient des preuves du fait que Kolomoïski est impliqué dans la contrebande du port d’Odessa.Saakachvili dit aussi que Kolomoïski avait proposé des pots de vin aux membres de son équipe quand il était président de la Georgie… et que Kolomoïski l’a menacé recemment (gordonua.com.

 

 

RETOUR SUR LA SEMAINE DERNIÈRE

• Nouvelles de la nouvelle police hollywood-like ukrainienne à l’oeuvre. Tout d’abord une vidéo tirée du channel Youtube “Патрульна поліція України” (Police de Patrouille Ukraine) (youtube), créée le 7 juillet,  et le site officiel de la nouvelle police (patrol.police.gov.ua). 618 285 vues, 5898 like et 325 don’t like pour la vidéo en question (youtube).

 

11 juillet 2015 : Поліцейські затримали водія Porsche Cayenne, який був у нетверезому стані  (La police a arrêté le conducteur Porsche Cayenne, qui était ivre) (youtube)

 

 

L’ inspiratrice de cette police, la géorgienne Eka Zguladze, se rend à Odessa en compagnie d’Anton Gerashchenko pour y rencontrer la future police de patrouille de la ville qui comptera 800 agent(e)s à terme (twitter.com, twitter.com, youtube).

 

 

13 juillet 2015 : Ека Згуладзе приїхала з робочим візитом до Одеси, де презентувала нову патрульну поліцію. (youtube)

 

Pour VzGliad, il est douteux que la nouvelle police, réformée sur le modèle georgien par Eka Zguladze et bénéficiant d’une aide financière US, réussisse. Pour le moment il s’agit surtout d’une opération de Public Relation.

La situation en Ukraine est différente de celle de la Géorgie. En Ukraine, les armes abondent en raison de l’ATO et beaucoup sont prêts à les utiliser. De surcroît, le gouvernement était à l’époque uni autour de Saakachvili.

Avakov pour sa part cherche surtout à s’assurer le contrôle sur cette nouvelle police. A Kiev, Odessa et Nikolaiev, d’anciens combattants de l’ATO ont été nommés à la tête de la police de patrouille (vz.ru).

Zguladze fait tout son possible pour ne pas occuper le poste de chef de la police que Porochenko voit pour elle (voir son interview vendredi à 112, reprise dans interfax.com.ua et mise en lien dans l’article de Vzgliad).

 

• Le 11 juillet 2015, la DNR commémore l’anniversaire des massacres de Vohlynie en 1943 (youtube transcript anglais : fortruss).

 

14 juillet 2015 : DPR commemorating the Volyn massacre of Poles at the hands of Ukrainian nationalists [ENG voice]  (youtube, source : youtube)

 

• Purges dans la Justice. Porochenko va s’occuper lui-même d’organiser les relations entre Chokine et Sakvaleridze (unian.net). Le Procureur général Viktor Chokine limoge les deux procureurs accusés d’avoir reçu des pots de vin (Chapakine et Korniets) (unian.net).  Porochenko déclare que plus de 20 procureurs sont concernés par des “faits brûlants” et que 3000 procureurs ont déjà été limogés (nb : le chiffre me semble énorme mais c’est ce qui est mentionné dans l’article) (unian.net).

 

• La mort d’un soldat un peu particulier. Le 12 juillet, le centre de presse du commandement opérationel ukrainien annonce la mort du  Colonel Yuri Tsisaruk, le chef du renseignement pour l’artillerie et les missiles (information relayée par dnr-news.com). Ce genre de soldat ne meurt généralement pas “par hasard” et son décès est peut-être à relier aux bombardements incessants des forces ukrainiennes sur Donetsk.

 

“July  12, 2015 during a combat mission in the area of so-called” ATO “lost  control intelligence chief of missile troops and artillery of the  Operative Command of the” West “Tsisaruk Colonel Yuri. He died for the  sake of the world, protecting the freedom and independence of  Motherland. Command and the entire staff of the Operational Command  “West” expresses its deepest condolences to the family on the death of  the hero of this patriot of Ukraine, fighting each other. It is up to  the end with honor and dignity has fulfilled his military duty. The  bright memory of him will always remain in our hearts . Glory to the  heroes. Heroes do not die! “

 

LUNDI 13 JUILLET 2015

• Procès à Odessa. On l’oublie mais la justice continue son cours dans l’affaire du massacre de la maison des syndicats en mai 2014 à Odessa. Lors du procès à Odessa de Serguei Khodiak, les activistes d’Euromaîdan ont exigé que les parents des victimes de la Maison des syndicats partent en Russie après les avoir insultés et humiliés (timer-odessa.net/ via vz.ru)…

 

• Nouvelle défection au Donbass sous contrôle de Kiev.  Le premier adjoint du département régional de la Justice de l’Oblast de Donetsk sous contrôle ukrainien démissionne et passe en DNR (sputniknews).

 

• Interview du commandant novoruse Givi. L’interview tourne autour des accrochages du 10 juillet et des tactiques de l’armée ukrainienne (fortruss, youtube).

 

12 juil. 2015 : Givi talks about skirmishes on July 10th and “skills” of Ukr. forces | Eng Subs  (youtube)

 

• Chronique de Brian Mefford.  “Ukraine Update 7/13: “Diamond Arm”, Dill & Cabinet Cracks” (brianmefford.net)

 

• Renforcement des monopoles en Ukraine.  Youri Tretentiev, chef du Service ukrainien de lutte contre les monopoles, révèle qu’en Ukraine 42% du marché est sous monopole ou aux mains d’oligarques, 11% se trouve en situation de monopole de facto, et le reste, soit 47 %, fonctionne selon les règles de la concurrence. Mais le pourcentage qui fonctionne selon ce dernier mode a baissé de 12 % en 10 ans, bien que le service anti-monopole examine chaque année plusieurs milliers de cas, 4000 cette année (epravda.com.ua).

 

• Signes de la faillite de l’Ukraine. 55 banques d’Ukraine sont en défaut de paiement (e-news.su). Le 14 juillet, les bons au trésor émis par l’Ukraine n’ont pas trouvé preneur (unian.info, dnr-news.com). De plus,  TASS relie des propos de Poutine insistant sur le fait que l’Ukraine devra rembourser les 3 milliards USD de dette internationale détenus par la Russie avec les fonds du FMI  (http://tass.ru/en/economy/808906), ceci s’inscrit dans le cadre d’une rencontre devant avoir lieu le 16 juillet au sujet de la dette globale du pays (wsj.com).

 

 

 

MARDI 14 JUILLET 2015

• Timochenko veut se caser.  Timochenko veut être nommée à la tête de la Cour des Comptes unian.net).

 

• Ruses et contre-ruses de la mobilisation ukrainienne. Les Ukrainiens déménagent pour échapper à la mobilisation (vesti-ukr.com). Lvov, afin d’améliorer la “chasse aux conscrits” a décidé d’utiliser la presse en publiant la liste des noms des fuyards (kp.ua).

 

• Un consul ukrainien viré pour un tee shirt poutinien. Le ministre des affaires étrangères ukrainien Klimkine a mis fin aux pouvoirs du consul honoraire d’Ukraine à Antalia après que celui ci soit apparu à un match de foot avec un T-shirt à l’effigie de Poutine (vz.ru).

 

• Corruption militaire. Selon le  conseiller militaire de Porochenko, Iouri Birioukov : “les officiers et les soldats volent l’aide fournie par les volontaires” (vzgliad.ru).

 

• Millénaire de la mort du grand prince de Kiev Vladimir. Vladimir de Kiev, dit Soleil Rouge, dit Vladimir 1er, dit Vladimir le Grand dit Valdamarr Sveinaldsson dit Saint Vladimir est un prince emblématique de la Rus de Kiev. Il a régné entre 980 et 1015 (wikipedia). Il fait partie de la dynastie d’origine viking des Riourikides (wikipedia). Il est le premier prince de la Rus de Kiev a se convertir au Christinanisme. Le centre de la mémoire d’Ukraine lui consacre une journée et une exposition (memory.gov.ua, memory.gov.ua)

MERCREDI 15 JUILLET

Possible extension de la guerre civile en Ukraine. Un média indépendant de langue allemande publie ce mercredi un article sur l’instabilité politique en Ukraine sous le Titre : “En Ukraine, ils vont bientôt tous se battre entre eux.” (contra-magazin.com) :

Pendant longtemps, les voix qui, dans les médias allemands, avertissaient de l’augmentation de l’instabilité politique en Ukraine étaient cataloguées comme “propagande russe”. Pendant que les troupes gouvernementales associeées à des troupes de mercenaires – composées pour une partie importante d’extrêmistes de droite – continuent à réduire les oblasts de Donetsk et de Lougansk à l’état de décombres et de cendres, cela commence à bouger aussi en Ukraine centrale et de l’ouest. Même la Süddeutsche Zeitung, d’ordinaire très pro-Kiev, ne peut plus ne pas en parler. Ce sont surtout des groupes nationalistes fortement représentés depuis des années en Ukkraine occidentale qui essaient de plus en plus d’y prendre le pouvoir politique et de couper l’herbe sous les pieds au pouvoir central de Kiev. Car la poursuite des actions militaires entre les troupes gouvernementales et les rebelles de l’est malgré toute la rhétorique de Porochenko, Yatseniouk & Co. et malgré les accords de Minsk, pour les extrêmistes, ce n’est pas suffisant. Ils veulent la guerre totale avec les “Moscovites”. …
Si les affrontements entre les paramilitaires et les forces fidèles au gouvernement devaient connaître une escalade à Kiev, il pourrait naître au Donbass aussi une situation confuse, dans laquelle tout le monde se battrait contre tout le monde. Mais c’est justement ce qui semble devenir une réalité à Kiev. Le gouvernement pro-européen de droite ne se trouve pas seulement confronté à une opposition de gauche, mais aussi à la droite extrêmiste qui, les mois derniers, pouvait encore compter sur un soutien de la part du gouvernement et des divers oligarques.
En tout cas, ce sont eux (Ndlr : les extrêmistes) qui, pour des raisons idéologiques, perpètrent le “meurtre fratricide” d’une façon bien plus motivée que les soldats des troupes gouvernementales, recrutées de force. Mais cette “motivation” pourrait maintenant fort bien se retourner contre le pouvoir central. La question qui se pose : que se passera-t-il alors? Au vu de la radicalisation croissante des gens en Ukraine, radicalisation imputable avant tout à la rhétorique politique et à la propagande haineuse déployée par les médias, une extension de la guerre civile à la partie du pays encore pacifique  serait tout-à-fait possible. Est-ce cela que les Etats-Unis et l’Union européenne voulaient en exerçant leur influence sur les événements d’Ukraine?”

 

• Synthèse officielle sur les dépenses d’armement de l’OTAN (nato.int)

 

22 juin 2015 : NATO PUBLISHES DEFENCE EXPENDITURES DATA FOR 2014 AND ESTIMATES FOR 2015 (nato.int)

Cliquer sur l’image pour voir le rapport :

 

DÉPENSES 2014 ET VARIATIONS PAR RAPPORT A 2013


DÉPENSES 2015 ET VARIATIONS PAR RAPPORT A 2014

 

• Petite aparté économique. Carte de la dédollarisation du monde montrant les accords actuels d’échanges bilatéraux internationaux libellés dans d’autres monnaies que le dollar (zerohedge)

 

 

• Vincent Parlier : “Union Européenne projet d’autodestruction de l’Europe” (youtube).

15 juillet 2015 : Union Européenne projet d’autodestruction de l’Europe (youtube)

 

• L’OTAN invite la Russie. L’OTAN invite la Russie à assiter comme observateur à ses plus importants exercices militaires depuis 10 ans (sputniknews).

 

• Petit différend russo géorgien. La Géorgie accuse les russes d’avoir déplacé la frontière entre la république d’Ossétie du Sud et la Géorgie de 2 km en territoire géorgien, ce qui placerait environ 1,5 km d’un pipeline stratégique en dehors du contrôle de la Géorgie (bignewsnetwork.com, agenda.ge).

 

 

• La Pologne a refusé de donner l’asile à une cinquantaine d’Ukrainiens de Marioupol d’origine polonaise (unian.net).

 

• Austérité et boycott dans la santé en Ukraine. L’Ukraine arrête de payer pour les traitements anti-cancer à l’étranger des enfants ukrainiens et boycott les vaccins russes (fortruss).

 

 

JEUDI 16 JUILLET 2015

• Kolomoisky engage une procédure judicaire contre l’Ukraine à Londres. Il s’agit encore de la bataille pour le contrôle de l’entreprise énergétique Ukrnafta qui avait déclenché le bras de fer entre Kolomoïski et Prorchenko en mars 2015 (dnr-news) : “All  the actions of the state, from the adoption of the law (to reduce the  quorum for AO – ON) to initiate a change of management at the meeting,  aimed at blatant violation of the shareholders’ agreement” Naftogaz “.   “Naftogaz” their actions began to implement its strategy to establish  control over “Ukrnafta” method contrary to the shareholders’ agreement. “

 

• Mobilisation-surprise ratée. A Zaporojié, des hommes en uniforme ont occupé le complexe sportif “Zaporojstal”, une salle fréquentée par plein de jeunes hommes costauds et en bonne santé, vraisemblablement dans le but de distribuer de force des convocations pour la mobilisation, mais le complexe étant pratiquement vide, personne n’en a reçu (e-news.su) !

 

 

Tournée d’inspection américaine en Ukraine. Au mois d’août, une délégation du Congrès américain va venir en Ukraine (pravda.com.ua).

 

• Le 32e convoi humanitaire russe arrive aujourd’hui en Ukraine avec plus de 100 véhicules (e-news.su)

 

• Les douanes US en Ukraine. Des responsables des douanes US sont invités à Kiev et à Odessa pour faire part de leur expérience (vesti-ukr.com) alors que l’Ukraine envisage de confier ses services douaniers à une firme britannique (regnum.ru).

 

• Annulation du concert de Emir Kusturica.  Le concert du 28 juillet à Kiev auquel devait participer Emir Kusturica est annulé en raison des demandes du SBU et du Ministère de l’Intérieur. En cause, les positions pro-russe de Kusturica (vesti-ukr.com, lb.ua). Kusturica donne le 18 juillet une interview à Regnum (regnum.ru).

 

• Sondage Ukraino Américain sur la perception de l’Ukraine en Europe. Sondage réalisé par le Institute of World Policy en collaboration avec USAID, UNITER et PACT  sur un total de 5594 personnes agées de 16 à 54 ans réparties sur les pays suivants : France, Espagne, Italie, Royaume-Uni, Allemagne et Pologne (iwp.org.ua). Le sondage est très orienté pro Kiev. Par exemple : “Despite Russia’s aggressive propaganda, association of Ukraine with fascism is virtually absent: only 0.41%”  ou14 % of respondents believe that Russia’s interests should be considered when addressing the issue of providing Ukraine with EU membership prospects”. Avec parfois des curiosités comme : “15% of the eucitizens believe that Ukraine defends the european values”.

 

What do the europeans think about Ukraine?   (iwp.org.ua)

Cliquer sur l’image pour voir le rapport :

 

 

• Interview de Vitaly Ignatiev, adjoint de la ministre des affaires étrangères de Transnistrie (russia-direct.org). Avec en prime le lien vers le site officiel du MAE de Transnistrie (http://mfa-pmr.org/en/).

 

 

VENDREDI 17 JUILLET 2015

• Petite parenthèse géopolitique : l’opposition militaire USA -Chine (visualcapitalist via zerohedge).

 


• Risque tangible d’aggravation des tensions en Ukraine. Le département d’état américain demande aux citoyens américains de ne pas se rendre en Crimée ni dans les oblasts de Donetsk et de Lougansk, et surtout pour ceux qui s’y trouvent de les quitter… (travel.state.gov) :The situation in Ukraine is unpredictable and could change quickly. U.S. citizens throughout Ukraine should avoid large crowds and be prepared to remain indoors should protests or demonstrations escalate. U.S. citizens should especially exercise extreme vigilance in public places in the regions of Odesa and Kharkiv due to a continuing increase in small scale terrorism incidents.” “La situation en Ukraine est imprévisible et pourrait changer rapidement. Il est conseillé aux citoyens américains se trouvant en Ukraine d’éviter les rassemblements de foule et d’être préparés à rester à l’intérieur si les manifestations  de protestation augmentent. Il faut que les citoyens américains fassent preuve d’une extrême vigilance dans les lieux publics d’Odessa et de Kharkov à cause de l’accroissement du nombre des actes de terrorisme à petite échelle.”

 

 

Au delà des USA,  le Canada (voyage.gc.ca), la France (diplomatie.gouv.fr), la Suisse (eda.admin.ch) ou encore la Belgique (diplomatie.belgium.be) déconseillent tous les mêmes régions, mais ne vont pas jusqu’à demander à leur ressortissants de les quitter…

 

 

• Le comique de répétition de Porochenko. Lors d’une interview à CNN, Porochenko a déclaré qu’il disposait (à nouveau) d’informations laissant prévoir une offensive russe contre l’Ukraine (cnn.com, regnum.ru/)…

 

17 juillet 2015 : Ukrainian Pres. on the war in the East, year after MH17   (iwp.org.ua)

Cliquer sur l’image pour voir la video :

 

 

SAMEDI 18 JUILLET 2015

• Petit exemple de propagande OTAN. Dans l’est de l’Ukraine et le long de la frontière, il y a plus de 50.000 combattants russes” titre Oukraïnskaia Pravda pravda.com.ua). En lisant l’article, on comprend vite qu’il s’agit d’un amalgame verbal, sachant que pour la propagande, le passage de “combattant pro-russe” (déjà un abus de langage en soi) à “combattant russe” est systématique et fréquent. D’autant plus qu’on s’aperçoit que le média ukrainien répète scrupuleusement des affirmations en direct de l’OTAN :  “По данным “Атлантического совета” , на территории Украины и вдоль ее границы количество российских военных растет. Сейчас она превысила 50 тыс. человек”, – проинформировал Галушко. (“Selon les données que possède le Conseil atlantique, sur le territoire de l’Ukraine et le long de sa frontière, le nombres des soldats russes augmente. Il a maintenant atteint le nombre de 50.000 hommes”, a déclaré Galouchko). Et aussi : “По его словам, Атлантический совет также сообщает о фактах увеличения количества российских военных на границах с государствами – членами ЕС и НАТО на востоке Европы”. (Selon ses propres mots, le Conseil atlantique communique des faits d’accroissement de la quantité des soldats russes aux frontières des pays membres de l’UE et de l’Otan dans l’est de l’Europe.).

 

• Article de Paul Craig Roberts : Greece’s Lesson For Russia. En résumé, la Russie ne peut pas avoir confiance en les pays occidentaux (zerohedge).

 

• Exemples d’Humour russe (fortruss).

 

“I’m really something!”
“I returned Crimea”
“Raised patriotism in Russia”
“Now I’m restoring manufacturing”
Putin: “You’ve served Russia well. You may go back to your family in Tashkent”
Obama: “I can do much more”
Putin: “I’ll miss this guy”

 

 A Nazi officer: 
“How does one greet an officer, Hans?”
“If he’s German, you raise one arm, if Russian, you raise two…”

 

• Le Vatican a initié le processus de béatification du métropolite controversé de l’église gréco-catholique ukrainienne Andreï Sheptitsky (1865-1944) (lb.ua).

 

 

DIMANCHE 19 JUILLET 2015

• Corruption (suite). La division principale d’enquêtes du ministère de l’intérieur a ouvert une procédure pénale pour détournement d’argent portant sur une somme de 60 millions de dollars lors de l’achat en mars 2011 par “Tchernomoreneftegaz” de remorqueurs pour le transport de tours de forage destinés à la production de pétrole et de gaz sur le plateau continental de la Mer Noire (pravda.com.ua).

 

• Bombardements à Donetsk.  Les bombardements au mortier au soir du 18 ont causé la mort d’une personne civile et ont touché un hôpital (pravda.com.ua, rt.com, fortruss). Le matin du même jour, les républiques de l’Est s’étaient dites prêtes à reculer les armes de calibre inférieur à 100 mm, dont les mortiers, des lignes de front (rt.com)…

 

 

• Délégation du Parlement Européen à Kiev. Une délégation du PE conduite par Elmar Brok, Président de la commission des Affaires étrangères et Andreï Plenkovic, Président de la Délégation du PE pour les relations avec l’Ukraine, se rendra à Kiev du 23 au 25 juillet pour une visite au cours de laquelle elle rencontrera Porochenko, Yatseniouk et Groitsman. Des rencontres sont aussi prévues avec la mission spéciale d’observation de l’OSCE et avec des organisations de la société civile (lb.ua).

Le quotidien Leviy Bereg rappelle que le Président du Parlement européen Martin Schulz  a conclu le 3 juillet dernier à Kiev avec le Président de la Rada Groisman un accord pour renforcer la coopération des deux institutions (lb.ua). Martin Schulz avait annoncé devant la Rada que le PE pourrait envoyer des observateurs pour les élections locales et régionales (lb.ua). Il avait été aussi annoncé le 3 juillet dernier que le PE enverrait à Kiev une mission présidée par son ancien Président du PE Pat Cox, lequel avait participé aux négociations concernant la libération de TImochenko, pour examiner les moyens d’améliorer le fonctionnement de la Rada (lb.ua).

 

• Les USA livre un nouveau lot de 100 Humvees à l’Ukraine (fortruss).

 

Source: http://www.les-crises.fr/actuukraine-21072015/


FMI : Même avec les mesures d’austérité, la Grèce aurait toujours une dette insoutenable

Thursday 23 July 2015 at 00:10

Des documents confidentiels montrent que les estimations de référence des créditeurs placent la dette à 118% du PIB en 2030, quand bien même toutes les réformes fiscales et budgétaires exigées par la troïka seraient ratifiées.

Le mot OXI (NON) est inscrit sur un mur face à l’Académie Grecque d’Athènes, Grèce. Photo : Simela Pantzartzi/EPA

La Grèce affronterait un niveau de dette insoutenable en 2030, même si elle accepte l’entière combinaison de réformes d’imposition et de dépenses qu’on lui soumet, selon des documents non publiés dressés par ses trois principaux créanciers.

Les documents, établis par ce qu’on appelle la troïka des prêteurs, valident l’argument grec de la nécessité d’un allègement substantiel de la dette pour parvenir à un rétablissement économique durable. Ils montrent que, même après quinze ans de forte croissance soutenue, le pays aurait toujours un niveau de dette que le Fonds Monétaire International juge insoutenable.

Les documents montrent que l’estimation de référence du FMI – l’issue la plus probable – est que la dette grecque représenterait toujours 118% de son PIB en 2030, même si elle acceptait l’ensemble des réformes fiscales et de dépenses exigées. C’est bien au-dessus des 110% que le FMI jugeait soutenables compte tenu du profil de la dette grecque, un niveau qui avait été fixé en 2012. Le niveau actuel de la dette grecque est de 175% et va probablement augmenter du fait de son récent retour en récession.

Les documents admettent que, selon le scénario de base, “des concessions significatives” sont nécessaires afin d’augmenter les chances de la Grèce de se débarrasser définitivement de ses tourments liés à la dette.

Même dans le meilleur des cas, qui implique une croissance de 4% par an pour les cinq prochaines années, le niveau de la dette redescendrait à à peine 124% en 2022. Le meilleur des cas inclut quinze milliards d’euros de produits de privatisations, soit cinq fois ce que prévoit le scénario le plus probable.

Mais dans tous les scénarios envisagés par la troïka (la Commission Européenne, la Banque Centrale Européenne et le FMI), qui supposent tous un troisième programme de renflouement, la Grèce n’a aucune chance d’atteindre l’objectif de faire passer sa dette “bien en dessous de 110% du PIB à l’horizon 2022″ fixé par les ministres des finances de l’Euro-groupe en novembre 2012.

Selon les propres mots des créanciers : “Il est clair que les retards dans la mise en place des politiques ainsi que les incertitudes des derniers mois ont rendu les objectifs de 2012 impossibles à atteindre quel que soit le scénario.”

Ces projections proviennent du rapport “Analyse préliminaire de la soutenabilité de la dette grecque”, l’un des six documents constituant l’ensemble incluant la proposition “définitive” envoyée à la Grèce par ses créanciers vendredi dernier.

Ceux-ci, que le Guardian a vus, ont été obtenus par le Süddeutsche Zeitung après qu’ils aient été envoyés à tous les députés  allemands, dans la perspective que le rapport aurait besoin d’être approuvé par le parlement du pays.

A Athènes, une femme passe devant un graffiti indiquant “NON” en allemand.

Le vote au Bundestag n’a jamais eu lieu alors que le premier ministre grec, Alexis Tsipras, refusait les plans et appelait à un référendum pour savoir s’il fallait accepter les exigences des créanciers.

Alors que l’analyse souligne que la Grèce a déjà bénéficié d’un certain nombre de mesures de réduction de la dette – les échéances ont été prolongées, les intérêts sont semblables à ceux de nations moins endettées et l’accord en 2012 a diminué la dette de 100 milliards d’euros – le document admet aussi que, sous le scénario de base, “des concessions importantes” en amélioreraient la soutenabilité.

Mais bien que les créanciers admettent que la Grèce ne peut pas se développer sans allègement de la dette, les documents ne fournissent aucun éclaircissement concernant ce à quoi un tel contrat pourrait ressembler, pas plus qu’ils ne fournissent de détails sur un troisième programme d’aide, faute d’assumer que celui-ci existe. Ils promettent seulement une analyse plus détaillée de la soutenabilité de la dette grecque en temps voulu.

Les documents mettent également en lumière le plan d’investissement de 35 milliards qui a été proposé à la Grèce la semaine dernière, comme il l’a été rappelé par plusieurs gouvernements, dont le gouvernement allemand.

Le deuxième des six documents, intitulé “Réformes pour mener à terme le programme actuel et au-delà”, montre que cette proposition était moins significative que ne le suggéraient le président de la commission européenne Jean-Claude Juncker et le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel. L’argent proposé n’est pas un investissement ad hoc mais est en réalité une subvention de l’Union Européenne régulièrement disponible pour tous les états membres. De plus, comme le Süddeutsche Zeitung le souligne, accéder à cette subvention nécessite dans le cas de la Grèce un cofinancement de 15%, ce qu’elle ne peut se permettre. Pour cette raison, la Grèce n’a pas dépensé la totalité des 38 milliards de subventions disponibles entre 2007 et 2013.

Un troisième document souligne les “besoins de financements et projet d’agenda de décaissement relié à l’accomplissement du cinquième rapport”, détaillant comment la Grèce aurait reçu quinze milliards d’euros pour faire face à ses obligations jusqu’à la fin novembre. L’argent aurait été versé en cinq tranches à compter de juin (dès que le parlement grec aurait entériné la proposition) pour couvrir les besoins financiers grecs. Cependant, 93% des fonds auraient directement servi à couvrir les coûts de la dette arrivant à maturité pour la durée de l’extension.

Les documents restants couvrent les détails des actions qui devaient être prises par la Grèce, en accord avec la Troïka. L’un de ces documents avait été publié par la Commission européenne au cours du week-end.

Le plan se fonde sur un objectif de surplus primaire de respectivement 1%, 2%, 3%, et 3,5% du PIB en 2015, 2016, 2017 et 2018 (les deux parties sont en accord sur les objectifs). Il s’appuie sur des modifications de TVA produisant un revenu supplémentaire de 1% du PIB et une réforme du système de retraites menant à une économie de 1% du PIB en 2016.

Concernant la TVA, la proposition suggère d’élargir le taux de base à 23%, et y inclurait la restauration. Il y aura un taux réduit de 13% s’appliquant à certains biens, notamment l’énergie, la nourriture de base, l’hôtellerie et l’eau (à l’exclusion des égouts).

Un taux super-réduit de 6% sur les produits pharmaceutiques, les livres et cinémas était prévu, de même qu’une hausse des taxes sur l’assurance, et l’élimination des exemptions fiscales de certaines îles. Les créditeurs voulaient initialement un système de TVA à deux taux.

Pour ce qui est des retraites, qui ont été le point le plus délicat des négociations, le plan exige des réformes afin de :

  • Créer de fortes mesures dissuasives contre les retraites anticipées, incluant des modifications aux pénalités de retraites anticipées
  • Adopter une législation telle que les retraits du fonds d’assurance sociale provoqueront une pénalité annuelle, concernant les personnes affectées par l’allongement de l’âge de départ à la retraite, équivalente à une majoration de 10% en plus des 6% actuels
  • S’assurer que tous les fonds de pensions supplémentaires sont seulement financés par des contributions propres
  • Éliminer progressivement la subvention de solidarité (EKAS) pour tous les retraités à fin décembre 2019. La suppression progressive, dont l’application devra recevoir l’accord des institutions, débutera immédiatement pour les 20% qui touchent le plus
  • Geler la pension contributive garantie en termes nominaux jusqu’à 2021
  • Ne verser qu’à l’âge statutaire en vigueur à partir du 30 juin 2015, soit 67 ans, les retraites contributives garanties sous conditions de ressources de base
  • Augmenter les contributions de santé les plus basses pour les pensionnés de 4% à 6% en moyenne et les étendre aux pensions de retraites complémentaires

Ce lundi, Juncker a souligné – à tort – que ces mesures ne constituaient pas une coupe des pensions. Cependant, les créanciers avaient raison de dire qu’ils avaient un compromis, et que les plans étaient encore souples. Ils ont également suggéré que la Grèce pourrait fournir des propositions alternatives du moment qu’elles seraient “suffisamment solides et quantifiables”.

Les propositions des créanciers suggèrent également que l’impôt sur les sociétés n’augmente que de 26% à 28%. La Grèce voulait que ce taux soit de 29%.

Source : The Guardian, le 30/06/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/fmi-meme-avec-les-mesures-dausterite-la-grece-aurait-toujours-une-dette-insoutenable/


La gauche et l’euro : liquider, reconstruire – par Frédéric Lordon

Wednesday 22 July 2015 at 00:35

1. L’euro interdit radicalement toute politique progressiste possible.

2. S’il en était encore besoin, le traitement criminel infligé à la Grèce en six mois de brutalisation (rebaptisée « négociation ») prouve que l’entreprise de « transformer l’euro », ou l’hypothèse d’un « autre euro possible », sont des chimères qui, par désillusions successives, ne mènent qu’à l’impasse et à la désespérance politiques.

3. Abandonner aux extrêmes droites (qui au demeurant n’en feront rien [1]…) toute perspective politique d’en finir avec l’euro et ses institutions est une faute politique qui condamne les gauches européennes à l’impuissance indéfinie.

4. Sauf à continuer de soupirer après ce qui n’arrivera pas — un « autre euro » et l’« Europe sociale » qui va avec — le réarmement des gauches européennes passe donc impérativement par l’imagination de l’après-euro.

L’avenir de la gauche se joue entre ces quatre propositions.

Les refus « internationalistes » de penser

A ceux qui, sincèrement de gauche, se sont refusés si longtemps à voir l’impasse de l’euro, pour entretenir l’illusion d’un improbable « rapport de force » qui permettrait d’en changer la configuration, à ceux à qui il aura fallu le calvaire grec pour (commencer à) mesurer la radicalité idéologique des institutions européennes, il faut dire qu’après que cette erreur aura assommé les Grecs de Syriza, elle assommera les Espagnols de Podemos, et puis que nous y passerons tous.

Depuis tant d’années, certains secteurs de la gauche, par un mélange d’internationalisme postural et de reddition sans combattre face aux menées récupératrices du Front national, ont refusé de voir ce qui était pourtant sous leurs yeux : un despotisme économique irréductible. Despotisme, puisqu’on ne peut nommer autrement une entreprise aussi résolue de négation de la souveraineté démocratique, et ceci, d’ailleurs, indépendamment de toute considération d’échelle territoriale : soustraire la politique économique à la délibération parlementaire ordinaire pour en inscrire les orientations fondamentales dans un texte constitutionnel, en l’occurrence celui des traités, est un acte d’une telle portée qu’on s’est toujours demandé comment il pouvait se trouver des personnes pour qualifier l’Europe de « démocratique » sans aussitôt sombrer dans le ridicule. Irréductible, car c’est un despotisme sous influence, l’influence d’un pays qui joue ce qu’il se représente comme ses intérêts vitaux dans un agencement institutionnel entièrement fait à sa mesure : l’Allemagne.

On ne compte plus les intellectuels qui, sous l’emprise de leurs terreurs nocturnes, ont fini par renoncer à penser quoi que ce soit qui aille au cœur de la situation européenne, et se retrouvent au comble du dénuement face à l’extrême, mais trop prévisible, violence faite à la Grèce. Il fallait vraiment avoir perdu toute colonne vertébrale pour s’interdire de penser à ce point, de peur d’avoir l’air de penser comme le Front national, et (surtout) sans être capable de penser ce qu’il y avait à penser autrement que le Front national : penser la souveraineté en général, penser les conditions de possibilité de son redéploiement international, penser l’idiosyncrasie allemande et ses inévitables effets dans toute construction monétaire européenne.

On se demande encore en quelles interdictions ces gens-là ont pu s’enfermer pour en arriver à oublier que la souveraineté, dans son concept, c’est-à-dire comme « décider en commun », n’est pas autre chose que la démocratie même, qu’il y faut un peu plus que quelques bons sentiments universalistes pour constituer un peuple de peuples [2], ou que questionner le rapport de la société allemande à la chose monétaire n’est pas plus germanophobe que questionner le rapport de la société américaine aux armes à feu n’est américanophobe. Et plus généralement pour en arriver à un degré de cécité volontaire tel qu’il aura rendu impossible toute analyse des données réelles des compatibilités — ou des incompatibilités — qui déterminent la viabilité d’une construction monétaire et politique commune.

Il aura fallu en particulier atteindre ce niveau de brutalisation d’un pays par un autre, sans précédent en temps de paix, pour qu’enfin la question de l’Allemagne commence à échapper aux censures qui ont jusqu’ici prononcé leurs interdictions enveloppées de vertu. On reconnaît l’indigence d’une pensée à son incapacité à traiter aucun problème autrement que dans des coordonnées morales. Mais la manie de passer toute question au filtre d’une interrogation préalable de vertu est le plus sûr moyen de passer à côté de ce qu’il y a à comprendre, de toute saisie positive du réel, indépendamment de tout jugement, qui viendra à son heure. On peut, par exemple, s’interroger sur les mécanismes sociaux et les héritages historiques qui soutiennent la passion américaine pour les armes sans avoir fait connaître son opinion sur la question, ni lui soumettre entièrement l’analyse. Faute d’avoir envisagé de penser le rapport tout à fait singulier de l’Allemagne à la monnaie autrement que sous le crible débile de la germanophobie ou de la germanophilie, le refus de penser se retrouve logiquement percuté par la violence d’un fait, et reconduit à son incapacité de comprendre.

Encore un pilote enfermé dans le cockpit

Au moins les dénégations du pharisaïsme sont-elles maintenant devenues intenables, quitte d’ailleurs à se donner des formulations néo-éclairées d’une naïveté touchante : l’Allemagne est « le nouveau problème de l’Europe », écrit ainsi François Bonnet [3]. Le nouveau problème… C’est juste le problème constitutionnel de la monnaie unique, et il est consigné depuis 1991 dans le texte des traités. Un pays, l’Allemagne, a imposé ses obsessions monétaires à tous les autres. Tous les pays vivent avec les obsessions de leur roman national, c’est bien leur droit, en tout cas à court et même moyen terme il n’y a rien à y faire. C’est qu’un pays exige d’autres qu’ils vivent sous ses propres manies, quand ces manies-là ne sont pas les leurs, qui est le commencement des problèmes. Contrairement à ceux qui ne peuvent pas penser l’hégémonie allemande sans des images de Panzer ou de casque à pointe, il faut redire que l’Allemagne dans cette affaire n’a jamais poursuivi de projet positif de domination, et que ses comportements n’ont jamais été gouvernés que par la peur panique de souffrir, dans le partage communautaire, l’altération de principes qui lui sont plus chers que tout [4]. Or il ne faut pas s’y tromper : une angoisse collective, surtout quand elle est de cette intensité, ne détermine pas moins à la violence que les menées conquérantes de l’hégémonie positive. Peut-être même au contraire. C’est qu’il y a dans les projets hégémoniques un reliquat de rationalité auquel les paniques monétaires allemandes sont devenues totalement étrangères.

En témoigne la brutalité aveugle avec laquelle l’Allemagne a décidé de châtier la Grèce, mais plus encore son inaccessibilité à toute argumentation rationnelle. Quand la presse française, collée au cul de Sapin et de Moscovici, se contente pour tout récit des négociations de leur version, avec le consciencieux d’un bureau de propagande d’Etat et le label de la « presse libre » [5]), faisant à peu de choses près passer les négociateurs grecs pour des clodos égarés, des paysans du Danube ignorants des usages et des codes — pensez donc, ils n’ont même pas de cravate —, bref incapables de se tenir dans la bonne société européenne, et avec lesquels il est tout simplement impossible de discuter, Varoufakis [6] et Tsakalotos [7] ont, eux, découvert, stupéfaits, un club de l’eurozone semblable à un hôpital de jour, une réunion de grands autistes à qui il est impossible de faire entendre la moindre argumentation économique, et dont la psychorigidité terminale ne connaît plus que la conformité aux règles, fussent-elles de la dernière absurdité, et le continent entier dût-il en périr.

Que désormais la majorité des économistes, ceux du FMI en tête, et Prix Nobel compris, n’hésitent plus à hurler au fou en découvrant les dernières trouvailles de l’Eurogroupe — rajouter une dose massive de ce qui a déjà méthodiquement détruit l’économie grecque —, n’est plus d’aucun effet. On peut déjà dire, à la louche, mais sans grand risque de se tromper de beaucoup, qu’en étant certain de précipiter la Grèce dans une récession carabinée pour 2015, le « plan » supposément fait pour réduire le ratio de dette lui fera passer les 200 % de PIB, ainsi que le taux de chômage les 30 %, à horizon d’un an ou deux. Mais peu importe, l’essentiel est de les passer dans les règles. À ce moment, vient immanquablement à l’esprit l’image du cinglé enfermé dans le cockpit de l’Airbus, toutes manettes bloquées en mode descente (l’avion était un modèle européen, et le pilote allemand, on ne le fait pas exprès, c’est comme ça) ; le monde entier tambourine au-dehors (« ouvre cette putain de porte ! ») — mais comme on sait la conséquence annoncée n’était pas de nature à entamer la détermination de l’intéressé.

Comme toute métaphore, celle-ci a sa limite : l’Allemagne n’a pas le projet de pulvériser l’union monétaire. Elle est juste obsédée par l’idée de continuer à y maintenir les principes qui lui ont réussi quand elle était seule, dont elle a fait une identité nationale de substitution, et dont rien au monde ne pourra la détacher — et certainement pas le renvoi d’un peuple entier, ou de plusieurs, au dernier degré de la misère. Qu’une frange de gauche radicale en Allemagne se déclare scandalisée et se lève contre son propre gouvernement, d’ailleurs en une démonstration de ce qu’est vraiment l’internationalisme — ne pas endosser aveuglément les faits et gestes de son pays parce que c’est son pays —, demeure un fait minoritaire et n’ôte rien à la massivité du consensus social — et non politique —, transpartisan, dont la croyance monétaire allemande se soutient : pour autant qu’on puisse lui accorder quelque confiance, un sondage publié par Stern indique que la position d’Angela Merkel à l’Eurogroupe du 12 juillet est approuvé par 77 % des Verts, et 53 % des sympathisants de Die Linke — 53 % de Die Linke…

François Hollande, le « grand frère de Tsipras » ?

Mais le vrai mystère européen n’est pas en Allemagne — à laquelle, finalement, on ne saurait reprocher de vouloir vivre la monnaie selon l’idée qu’elle s’en fait, et d’après les traumas de son histoire. Il est dans d’autres pays, la France tout particulièrement, qui se sont appropriés la manie allemande hors de tout contexte propre, alors que rien dans leur histoire ne les vouait à épouser une telle particularité — alors que tout les vouait plutôt à ne pas l’épouser —, et sur un mode proprement idéologique, jusqu’à finir par y voir une forme désirable de rationalité économique — évidemment une « rationalité » assez spéciale, puisqu’elle est étrangère à toute discussion rationnelle —, un peu à la manière d’athées qui, non contents de s’être convertis au dogme de l’Immaculée conception, entreprendraient de s’y tenir par ce qu’ils croiraient être une décision de la raison. A ce stade, et l’on y verra un indice du degré de dinguerie de la chose, on ne peut même plus dire qu’il s’agit simplement de la « rationalité » du capital : le capital n’est pas fou au point de désirer la strangulation définitive, à laquelle lui-même ne peut pas survivre — et les forces capitalistes américaines, par exemple, assistent, interloquées, à l’autodestruction européenne. Mais ces considérations n’entrent pas dans la haute pensée des élites françaises, qui cultivent l’aveuglement des convertis de fraîche date à titre transpartisan, comme l’Allemagne la croyance de première main.

On reconnaît en effet le fin fond de la bêtise à ce que, non contente de se donner libre cours, elle se vante de ses propres accomplissements. François Hollande, précocement parti dans la chasse aux gogos, est désormais occupé à faire croire qu’il est de gauche, ou plutôt à faire oublier à quel point il est de droite. Aussi, avec un art du pointillisme qui fait plutôt penser à la peinture au rouleau, le voilà qui pense se refaire la cerise « à gauche » en « venant au secours de Tsipras ». Il n’en faut pas plus pour que l’éditorialisme de service, spécialement celui qui s’est donné pour vocation de ne jamais rien faire qui puisse contrarier la droite complexée en situation électorale, fait bruyamment chorus : « Hollande est devenu une sorte de grand frère européen de Tsipras », s’extasie Libération [8]…

S’il y avait la moindre lueur de vitalité dans le regard de Hollande, on pourrait à la rigueur le songer en Caïn comme grand frère tabasseur. Mais même pas : il n’y a rien d’autre à y voir que la combinaison de l’abrutissement idéologique le plus compact et de l’opportunisme électoral le plus crasse — non sans se souvenir qu’il n’y a de manœuvres opportunistes réussies que s’il y a des relais d’opinion suffisamment veules pour les proclamer réussies. Dans le cas présent cependant, les chefferies rédactionnelles n’ont pas fini de mouiller la chemise : c’est qu’il va falloir de l’imagination à la hauteur du lyrisme pour faire avaler comme épopée de gauche d’avoir si bien « aidé » Tsipras à se raccrocher à la corde du pendu. Quand se feront connaître les splendides résultats de l’équarrissage économique auquel Hollande, en grand frère, aura conduit Tsipras par la main, il nous sera donné une nouvelle occasion, plus fiable peut-être, d’évaluer la teneur réelle de « gauche » de cette forme toute particulière de la sollicitude social-démocrate.

Syriza (Tsipras), Podemos (Iglesias) : prendre ses pertes dès maintenant

Et ailleurs en Europe, du côté de la vraie gauche ? Les traders emportés dans une glissade de marché connaissent bien l’obstacle principal à la décision rationnelle, il est psychologique : la répugnance à « prendre ses pertes » (dans le langage de la finance, « prendre ses pertes » signifie accepter que ses actifs ne retrouveront pas leur valeur perdue, et consentir à les vendre à perte, sachant que toute attente supplémentaire les verra se déprécier davantage encore), et l’entêtement à vouloir se refaire. Après Syriza, ou disons plus justement après le Syriza de Tsipras, et avant Podemos, les gauches européennes en sont là.

Le souvenir est encore frais de l’« accueil » qu’avait reçu en janvier, en pleine montée électorale de Syriza, c’est-à-dire à un moment où l’emballement des espoirs ne veut plus connaître aucune contrariété, l’anticipation d’une rude alternative — la « table » [9] — dont on suggérait d’ailleurs que le terme le moins avantageux — « passer dessous » — était aussi le plus probable. De ce point de vue, on aimerait assez connaître l’avis que portent rétrospectivement certains sur leurs propres puissantes analyses, on pense en particulier à Michel Husson qui à l’époque n’avait pas manqué de critiquer « le syllogisme de la défaite », « l’absence totale de sens stratégique », « l’ânerie stratégique majeure de la sortie de l’euro », avec des arguments qui, en effet, nous font voir aujourd’hui que la stratégie est bien son affaire. En réalité, il faut voir tout son texte [10] comme un symptôme car, là où sur les autres sujets de ses interventions, le travail de Michel Husson est indispensable et d’une grande qualité, les questions de l’euro et de la souveraineté ont l’effet de lui mettre, mais comme à tant d’autres, l’entendement en erreur système, avec tout le compteur intellectuel qui disjoncte : l’analyse de l’idiosyncrasie allemande n’est qu’« essentialisation », la sortie de l’euro du « nationalisme », et tous les pont-aux-ânes de l’internationalisme-réflexe y passent les uns après les autres [11].

Podemos, le prochain prisonnier de la « croyance de l’euro »

On laissera à d’autres le soin de se prononcer sur les convolutions de l’esprit d’Alexis Tsipras, dont les divers mouvements, spécialement celui du référendum, ont parfois pu donner à espérer [12] que, réticent à la sortie de l’euro, il pouvait cependant être capable de briser ses propres limites, après avoir achevé de parcourir, comme par acquit de conscience, toutes les (im)possibilités de la « négociation ». Mais non.

On reconnaît la servitude volontaire, ou comme dirait Bourdieu la violence symbolique, à ceci que les dominés épousent fondamentalement la croyance des dominants, même si c’est la croyance constitutive d’un ordre qui les voue à la domination, parfois à l’écrasement.

Tsipras aura donc été incapable de s’extraire de la « croyance de l’euro », à laquelle, l’expérience maintenant le prouve irréfutablement, il aura été disposé à tout sacrifier : la souveraineté de son pays, l’état de son économie, et peut-être bien, à titre plus personnel, sa grandeur politique. Car la chose est désormais écrite, quelle que soit la suite des événements : il y a des places dans l’histoire politique auxquelles on ne peut plus prétendre après avoir à ce point renié les engagements qui ont porté tout un peuple — c’est qu’on voit mal derrière quelles indulgences on pourrait accommoder d’avoir consenti à un memorandum plus catastrophique que le précédent quand on a fait serment de rompre avec les memoranda, et pire encore de ne plus hésiter à aller chercher loin à droite des majorités de rechange pour le faire voter. Il est donc avéré que Tsipras était mentalement prisonnier de l’euro, et l’on sait désormais où conduit ce type d’enfermement volontaire. Disons les choses tout de suite, quitte à ce que ce soit avec rudesse : le Podemos d’Iglesias le rejoindra dans la même cellule.

Il y aurait beaucoup à dire sur Podemos, sur ses prémisses — justes — d’une perte d’efficacité du langage « classique », on pourrait même dire d’une certaine phraséologie de gauche, mais aussi sur les conclusions qu’il en tire, et qui le conduisent malheureusement, non pas à chercher les voies d’une nouvelle adresse, mais, le bébé filant avec l’eau du bain, à l’évacuation même de la catégorie de gauche, pour ne rien dire de celle de classe, si bien que ce qui devait n’être que (souhaitable) rectification de forme aboutit à une inquiétante déperdition de substance : ne plus vouloir parler, fût-ce dans des termes renouvelés, du capital parce que ça fait old school, pour livrer une vision du monde à base de « la caste contre le peuple », aller jusqu’à revendiquer la péremption de la catégorie de gauche, sont des partis pris fondamentaux, en l’occurrence tout à fait explicites, qu’il y a lieu de regarder avec quelques appréhensions, pour ne pas dire une légitime suspicion — dont se fait déjà l’écho, par exemple, la New Left Reviewquand elle interroge Iglesias [13].

On ne s’étendra pas non plus (il le faudrait pourtant) sur la mutation radicale de Podemos en parti pour le coup lui des plus classiques, et de son personnage principal en un leader charismatique qui, classique, ne l’est pas moins, au prix d’une trahison manifeste de l’esprit du mouvement des places, dont Podemos est pourtant issu — et qu’on n’aille pas faire porter à la présente analyse l’excès polémique typiquement gauchiste de la « trahison » : c’est Jorge Lago, membre de la direction de Podemos, qui assume lui-même le terme avec une déconcertante tranquillité d’âme [14].

Très logiquement, le réarmement de Podemos en machine électorale entièrement tendue vers la conquête du pouvoir est voué à l’abandon en cours de route de quelques principes et de quelques espérances… On en est presque à se demander s’il faudra mettre au compte de ses prévisibles « délestages » une déception (de plus) sur l’euro et l’Europe, déception qui en réalité n’a presque pas lieu d’être. Car au moins les choses sont claires dès le départ, elles feront même la différence, si c’est possible, entre Syriza et Podemos : là où Tsipras doit indiscutablement être crédité de s’être battu, Iglesias n’essaiera même pas. Il ne s’agit pas là d’anticipation mais de simple lecture : « Nous n’aimons pas la façon dont l’euro s’est construit, ni comment ont été mis en place les accords de Maastricht, mais nous pensons que l’euro est actuellement incontournable. Il faut certes améliorer la façon dont est gérée la monnaie unique, et nous pensons qu’il devrait y avoir à ce sujet un contrôle démocratique, mais nous ne sommes pas partisans de la sortie de l’euro pour notre pays. (…) Même si nous n’aimons pas la façon dont fonctionne la BCE, nous assumons d’être dans la zone euro » [15]. Comme toujours dans un propos politique, il y a le creux et il y a le plein. Le creux : nous n’aimons pas les choses comme elles sont, et d’ailleurs nous disons qu’il faut les changer ! Le plein : nous assumons d’être dans l’euro et nous pensons qu’il est incontournable. C’est-à-dire que ce qui précède n’est pas sérieux, car la réalité est que nous ne changerons rien. On ne devrait donc pas être davantage étonné qu’Iglesias « n’aime pas l’accord (de l’Eurogroupe), mais que c’était soit l’accord, soit la sortie de l’euro » [16].

On peut sans doute compter encore sur quelques bonnes volontés alter-européistes pour reprendre à leur compte l’argument répété en boucle par Podemos — qui en réalité n’en a pas d’autre : à 2 % de PIB européen, la Grèce n’avait pas sa chance, à 14 % l’Espagne a la masse pour tout faire basculer. Mais, supposé qu’on puisse lui prêter vraiment le projet de faire basculer quoi que ce soit, Iglesias ne fera rien basculer du tout. Ou plutôt il ferait basculer tout autre chose que ce qu’il croit. C’est bien en ce point d’ailleurs que se tient l’erreur presque « logique » des croyants de « l’autre euro possible ». Car s’il s’avérait que se crée effectivement un mouvement consistant de plusieurs pays rendant plausible une révision significative des principes de l’euro… c’est l’Allemagne, sans doute accompagnée de quelques satellites, qui prendrait le large. Si bien qu’au moment même où il serait sur le point d’être changé… l’euro serait détruit ! Il n’y aura pas d’« autre euro » dans son périmètre actuel — avec l’Allemagne —, car tout autre euro possible sera inadmissible pour elle, et se fera sans elle.

Ce n’est pas nous qui devons compter sur Podemos, c’est Podemos qui doit compter sur nous !

Aucun risque : Podemos ne veut rien de tout ça. On verra bien comment il s’arrange de ses propres contradictions : en finir avec l’austérité sans changer l’euro de l’austérité est une performance logique dont on peine toujours autant à discerner les voies, une de celles auxquelles les gauches européennes s’abonnent avec une désarmante compulsion de répétition. En tout cas, on ne pourra pas dire qu’on ne savait pas. Comment tout ça se terminera, la chose n’est que trop claire, elle est comme déjà écrite. Il ne faudra pas venir pleurer une fois de plus sur les normalisations douloureuses et les espérances (encore) déçues.

Voilà donc le drame actuel des gauches européennes. Du fin fond de la déveine où elles se trouvent, Syriza et Podemos leur ont été de puissantes raisons d’espérer, l’aliment d’un désir de croire à un possible renouveau au travers du continent — et comment ne pas le comprendre, avouons-le : comment ne pas avoir soi-même éprouvé la tentation de se laisser gagner par ce sentiment. Les stratégies politiques « de l’espoir », cependant, font fausse route quand elles prennent le parti de tout accorder à leurs affects et plus rien à la raison analytique si elle risque de venir les contredire. Malheureusement, et si douloureuse la chose soit-elle parfois, on gagne rarement à ne pas regarder les situations en face. Une vraie stratégie politique, reconnaissable à ce qu’elle fait aussi bien la part de la lucidité que celle de l’espoir, devrait tenir et l’indiscutable énergie politique que, pour toutes leurs failles, ces mouvements ont fait naître, et la claire conscience des impasses où ils s’engagent, et ce faisant nous engagent, lorsqu’ils refusent à ce point de poser la question de l’euro — dont il ne faut pas se lasser de répéter qu’elle est le verrou radical de notre temps.

S’il doit être autre chose qu’un nouveau motif de dépression, le naufrage de Tsipras doit être intellectuellement rentabilisé, et nous aider, pour enfin faire mouvement, à passer une bonne fois la paille de fer. C’est-à-dire, en l’occurrence, à d’ores et déjà « passer dans les comptes » les pertes Podemos telles qu’on peut raisonnablement les anticiper. Sauf si… Sauf si, au lieu de compter sur la défectuosité Podemos pour réanimer (défectueusement) les gauches européennes, on compte plutôt sur les gauches européennes pour réorienter Podemos — et pourquoi pas Syriza s’il en reste quelque chose (ce qu’on espère le plus au monde, faut-il le dire). Cette réorientation, où la gauche en Europe engage son sort en la possibilité d’échapper enfin à l’inanité, se joue entièrement sur la ligne de la rupture avec l’euro et ses institutions, une fois intégré — il est vraiment temps… – qu’un autre euro n’est pas possible.

Lucidité pour tout le monde

Il est bien certain que la désynchronisation des conjonctures politiques voue le plus probablement cette rupture à prendre les formes du retour à des monnaies nationales — dont trois décennies de fordisme (comme d’ailleurs la situation présente des quelque 180 nations qui n’ont pas l’immense bonheur d’appartenir à l’eurozone) devraient normalement convaincre tout esprit ayant résisté à la croyance européiste qu’elles ne sont pas la guerre.

La lucidité valant pour tout le monde, il serait irresponsable de présenter la sortie de l’euro comme l’entrée immédiate dans la lumière. Quand il s’agit de la Grèce, on peut, on doit même, dire les choses plus carrément encore : la (les ?) première année de cette sortie serait très éprouvante. C’est qu’après cinq années d’austérité ayant méthodiquement détruit la base économique du pays, sans même parler des effets de dislocation produits par la criminelle asphyxie monétaire pilotée par la BCE ces dernières semaines, n’importe laquelle des options de politique économique disponibles est vouée à commencer par d’immenses difficultés — et certaines de ces options, celles de la Troïka, à y demeurer. Tragique ironie du diktat du 12 juillet : là où la sortie de l’euro se serait immanquablement vu opposer son « échec » au bout de cinq mois (ou même cinq semaines…) — les politiques néolibérales, elles, ont le droit de durer cinq ans, ou même trois décennies sans qu’on n’en tire jamais le bilan —, là où, donc, la sortie de l’euro aurait été aussitôt agonie, c’est la politique d’austérité continuée qui portera la responsabilité du surplus de désastre que l’économie grecque va connaître immanquablement — et ça n’est que justice : c’est bien cette politique-là qui a fait un corps mort de l’économie d’un pays tout entier.

On répète ad nauseam que le peuple grec ne veut pas quitter l’euro et que, dans ces conditions, Tsipras a joué la seule carte qui était à sa disposition. Mais ceci est irrecevable. L’opinion grecque a déjà commencé à se déplacer sur cette question, et comme l’a fait justement remarquer Stathis Kouvelakis [17], le vrai sens du « non » au référendum du 5 juillet incluait évidemment l’acceptation d’une rupture avec l’eurozone : les partisans du « non » se sont entendu matraquer pendant une semaine que leur vote était synonyme de Grexit, et il est peu douteux que bon nombre d’entre eux aient persisté dans leur intention de vote en y incorporant pleinement cette possibilité, donc en l’assumant comme telle.

Il y a aussi, et surtout, que la politique est un corps-à-corps avec l’opinion. C’est entendre l’opinion et aussi lui parler. Parler à l’opinion, contre ses réticences premières, pour y faire « prendre » l’idée de la sortie de l’euro, de ses difficultés et bien sûr de ses perspectives, c’est ce que Tsipras, en cela cohérent avec lui-même — il n’y croyait pas et ne le voulait pas —, n’a (donc) jamais essayé de faire. Y compris lorsque la force propulsive du « non » lui en apportait la possibilité. Or il était bien des choses à dire pour entraîner l’opinion grecque là où elle commençait d’elle-même à se rendre. Les métaphores valent ce qu’elles valent et il faut se méfier de certaines qui sont parfois scabreuses, mais sans pousser trop loin l’analogie de la domination par les « tanks » et de la domination par les « banks » [18], il est une idée à laquelle l’opinion grecque, au point où elle en est arrivée, pourrait être sensible : de même qu’en cas d’occupation étrangère, les luttes de libération acceptent bien le supplément de destruction qui vient de se battre sur son sol, et qu’elles l’acceptent car il y va de la reconquête de la liberté, de même le surplus de difficulté qui accompagnerait immanquablement la sortie de l’euro est, dans l’impasse présente, le tribut de la reconstruction politique.

Lexit !

Or c’est peu dire qu’il y a à reconquérir et à reconstruire — par la gauche. La souveraineté, non comme talisman, mais comme condition de possibilité de toute politique progressiste — car répétons-le : la sortie de l’euro n’est jamais qu’une condition nécessaire, et certainement pas suffisante. On peut sortir de l’euro de bien des manières, et par bien des côtés — qui ne se valent pas du tout. Dans une sorte de syndrome d’autoréalisation inconsciente, la gauche européiste semble mettre tous ses efforts à ne laisser ouvert que le côté de la droite extrême, comme pour mieux se donner raison à elle-même et mieux pouvoir dire ensuite que la sortie de l’euro, « c’est le nationalisme ». Si c’est ça, ça n’est pas exactement un service qu’elle se rend, ni à tous ceux qui remettent leurs espoirs en elle. La vérité, c’est que depuis qu’elle a décidé de camper obstinément sur la ligne de l’« autre euro », elle ne rend plus service à grand monde. Comme les pouvoirs de l’analyse sont faibles — il n’y a pas de force intrinsèque des idées vraies, disait Bourdieu —, et que la lucidité du réalisme n’est pas le fort de cette gauche, il aura fallu en arriver aux extrémités du spectacle en vraie grandeur, celui d’une illusion fracassée, d’une impossibilité radicale désormais établie, du rôle spécifique qu’y joue un Etat-membre, enfin de tout un peuple sacrifié, il aura fallu en arriver à ces extrémités, donc, pour que quelques vacillements commencent à se faire connaître. Mais que de temps perdu…

Comme il n’est jamais très utile de pleurer sur le lait renversé, il vaut mieux oublier le temps perdu et songer plutôt à faire quelque chose du temps à venir. Même si elle ne le sait pas encore, la construction européenne est morte. On ne peut pas survivre à une telle infamie. Le destin de l’Union européenne est maintenant celui des entreprises devenues haïssables : elle n’est plus qu’en attente de son renversement. Faudra-t-il patienter de nouveau jusqu’à la ruine complète pour que la gauche européiste s’interroge sérieusement sur l’obstination qui l’aura conduite à se lier à une erreur historique de ce format, même sous la clause « alter » dont il est maintenant établi qu’elle n’altérera plus rien ? Ça n’est pas une autre version du même qu’il s’agit de penser, c’est de « l’autre » tout court, et pour de bon. Voilà à quoi devrait servir le temps à venir des gauches européennes : à lever enfin l’hypothèque de l’euro, à penser de concert ce qu’elles s’aideront mutuellement à faire : les unes soutiendront telle autre à qui sa conjoncture permettra de se mettre en marche indépendamment, et celle-ci les aidera en retour à accélérer leurs propres évolutions — solidarités concrètes dans un mouvement d’ensemble nécessairement mal synchronisé, mais où les effets d’entraînement par émulation jouent réellement, à l’inverse des grandes coordinations fantasmatiques de l’internationalisme abstrait.

Voilà ce qu’est un internationalisme bien compris, c’est-à-dire qui ne soit pas totalement confit en postures ni oublieux du réel, un internationalisme qui pourrait même, si l’on veut, trouver son compte dans le retour aux monnaies nationales, comme base d’un nouveau départ vers la reconstruction d’une monnaie, non plus unique, mais commune [19], un internationalisme auquel il faudrait quand même expliquer que, sauf à avoir complètement succombé à l’économicisme, il pourrait lui venir à l’idée de trouver ses réalisations ailleurs que dans l’ordre de la monnaie, fût-elle européenne…

Plaidant depuis sa situation à lui, celle d’un citoyen du Royaume-Uni, où l’on est confronté plus carrément à la question de l’appartenance non à l’eurozone mais à l’Union européenne elle-même, Owen Jones, dans un article du Guardian [20], lance une idée qui pourrait bien avoir un certain avenir : l’idée du Lexit (Left-Exit). Ça n’est plus tel ou tel pays qu’il faut faire sortir de l’euro : c’est la gauche elle-même.

Notes

[1] Voir sur ce sujet « Les tâches aveugles de l’“autre euro possible” », 1er juin 2015.

[2] Voir à ce sujet « Un peuple européen est-il possible ? », Le Monde diplomatique, avril 2015.

[3] François Bonnet, « L’Allemagne, le nouveau problème de l’Europe », Mediapart, 12 juillet 2015.

[4] Lire « De la domination allemande (ce qu’elle est, et ce qu’elle n’est pas) », 18 juin 2013.

[5] À cet égard il faut considérer comme un sommet de ce journalisme embedded le récit fait par Jean Quatremer de l’accord du 21 février, « Grèce vs. Eurozone : histoire secrète d’un bras de fer », Libération, 10 mars 2015.

[6] Yanis Varoufakis, « Our battle to save Greece », New Statesman, 13 juillet 2015.

[7] Voir le témoignage de Stathis Kouvelakis, « Greece, the struggle continues », entretien avec Sebastian Budgen, Jacobin, 14 juillet 2015. Lire aussi son texte, « Sortie de l’euro, une occasion historique » dans Le Monde diplomatique de juillet 2015, en kiosques.

[8] Grégoire Biseau, « François Hollande en coach politique », Libération, 10 juillet 2015.

[9] « L’alternative de Syriza : passer sous la table ou la renverser », 19 janvier 2015.

[10] Michel Husson, « Lordon, ou le syllogisme de la défaite », Alencontre, 21 janvier 2015.

[11] Comme il n’est pas possible ici de se défaire exhaustivement toutes les contrevérités ou de toutes les caricatures qui peuvent être dites sur ce sujet, je me contente de renvoyer au texte « Leçon de Grèce à l’usage d’un internationalisme imaginaire (et en vue d’un internationalisme réel) », 6 avril 2015.

[12] Moi y compris. Lire « L’euro, ou la haine de la démocratie », 29 juin 2015.

[13] Pablo Iglesias, « Spain on Edge », entretien, New Left Review, n° 93, mai-juin 2015. De cet entretien, Le Monde diplomatique a tiré un texte, publié dans le numéro de juillet 2015, en kiosques, « Podemos, “notre stratégie” ».

[14] Jorge Lago, « Après Syriza, jusqu’où ira Podemos ? », « Contre-courant », Mediapart, 1er juillet 2015.

[15] L’Obs, entretien avec Aude Lancelin, 17 juin 2015.

[16] Cité par Ludovic Lamant, « En Espagne, Podemos s’adapte à l’onde de choc grecque », Mediapart, 17 juillet 2015.

[17] Stathis Kouvelakis, art.cit.

[18] Une demi-plaisanterie qui fait fureur en Grèce en ce moment et qu’on a même vu Varoufakis reprendre à son compte : « On the Eurosummit statement on Greece, first thought », blog de Yanis Varoufakis, 14 juillet 2015.

[19] Voir La Malfaçon. Monnaie européenne et souveraineté démocratique, Les Liens qui Libèrent, 2014, chapitre 7, ou bien « Pour une monnaie commune sans l’Allemagne (ou avec, mais pas à la francfortoise) », 25 mai 2013.

[20] Owen Jones, « The Left must put Britain’s EU withdrawal on the agenda », The Guardian, 14 juillet 2015.

Source : Frédéric Lordon, pour la Pompe à Phynances, blog du Monde Diplomatique, le 18 juillet 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/la-gauche-et-leuro-liquider-reconstruire-par-frederic-lordon/


[Livre pour cet été] La CIA et la torture

Tuesday 21 July 2015 at 01:05

Je vous recommande aujourd’hui vivement cet incroyable livre paru en janvier aux éditions Les Arènes, traduction du rapport sénatorial sur les méthodes de torture de la CIA.

Je remercie l’éditeur qui m’a autorisé à reproduire ici la fantastique introduction.

Le rapport de la Commission sénatoriale américaine sur les méthodes de détention et d’interrogatoire de la CIA

Préface de John R. MacArthur et Scott Horton

Après les attentats du 11 septembre, l’administration Bush déclare une guerre totale au terrorisme, « par tous les moyens ». Au coeur du dispositif : la CIA. L’Agence s’arroge des pouvoirs inconnus jusque-là, même au plus fort de la Guerre froide.

S’estimant au-dessus de tout contrôle, elle capture, séquestre et torture des suspects, au nom de la recherche d’informations. En 2009, le Sénat américain décide d’enquêter sur ses méthodes.

Après des mois de lutte d’influence, le rapport a enfin été déclassifié et rendu public en décembre 2014. Le voici. Il renferme le pire et le meilleur des États-Unis. Le pire : la torture et les criminels de bureau ; le meilleur : les moyens d’enquêtes dévolus aux parlementaires et la publication de ce rapport.

C’est la première fois que la pratique de la torture d’État est racontée et analysée avec une telle précision. Conclusion implacable : la torture est aussi délétère qu’inefficace. Les auteurs de la préface, John R. MacArthur, directeur de la revue Harper’s, et Scott Horton, avocat, journaliste et spécialiste des droits de l’homme, ont été les premiers à s’opposer à la croisade de George W. Bush en Irak et à la manipulation de l’opinion dans la « guerre contre le terrorisme ». Ils nous aident à comprendre la dérive sécuritaire américaine.

Ce rapport est un avertissement pour les démocraties victimes du terrorisme.

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Maxime Berrée, Laurent Bury, Carole Coen, Alexandra Forterre de Monicault, Dominique Haas

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L’introduction :

La CIA et la torture publié par les-crises

(Lien vers le rapport en anglais)

Source: http://www.les-crises.fr/la-cia-et-la-torture/


Hollande pour un “gouvernement et un Parlement de la zone euro”

Monday 20 July 2015 at 01:32

Tiens, qu’a-t-on lu ce we dans la presse ?


#ZoneEuro François Hollande plaide pour un gouvernement de la zone euro avec un “budget spécifique” et un “Parlement”

La France est prête à participer “à une organisation renforcée” de la zone euro et à constituer “avec les pays qui en décideront, une avant-garde”, affirme le président français dans une tribune publiée par “Le Journal du Dimanche”.

“J’ai proposé de reprendre l’idée de Jacques Delors du gouvernement de la zone euro et d’y ajouter un budget spécifique ainsi qu’un Parlement pour en assurer le contrôle démocratique“, ajoute le chef de l’Etat. (L’Obs, 19/07/2015)

C’est pas beau ça ?

Un parlement de la zone euro pour faire “démocratique”, alors que, bien évidemment, comme il n’y a pas de “peuple de la zone euro”, c’ets parfaitement anti-démocratique, puisque cela privera les Français de décider de leur propre avenir…

En tous cas, ces gens là, ils sont vraiment démocrates, respectant la volonté populaire :

En lisant les commentaires d’un billet précédent, il m’est venu cette image : vous ne trouvez-pas qu’il y a dans ses discours focialistes un vrai rappel de leurs discours des années 1950 défendant l’Algérie Française (“c’est un département !” ; bon, ok les Algériens sont archi-sous-représentés” ; mais un jour, on pourra la traiter comme un autre département français ; mais nous on est démocrates ; mais bon, là on appuie la torture, etc)

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Encore plus fort :

Sapin invente la roue carrée!, par Bruno Bertez

Sapin : la France favorable à un allègement de la dette grecque, pas à une réduction

Sapin invente la roue carrée, il veut alléger la dette grecque sans la réduire.

Ah les subtilités politiciennes. Comment alléger une dette sans la réduire, si le poids d’une dette se mesure par le ratio Dette/PIB? Il n’y a qu’un moyen , souffler dans le PIB, le faire croître, le gonfler. Or la dévaluation/déflation interne du PIB de la Grèce imposée par le nouveau plan de sauvetage va coûter au minimum 1 à 2% du PIB!

Donc il y a une astuce … de vocabulaire; destinée à ceux qui ne connaissent rien et ne comprennent rien à la chose financière. La valeur et donc la poids d’une dette est actuarielle, c’est à dire qu’elle dépend du facteur temps. On peut jouer sur la valeur d’une dette en modifiant son échéancier; si on étale, si on repousse les échéances, alors on réduit le poids, la valeur de la dette c’est à dire qu’on l’ampute, on en annule une partie.. Mais chut il ne faut pas le dire car sinon les citoyens comprendraient comment marche la finance et on ne veut surtout pas faire progresser leur intelligence. La démocratie a ses limites.

Proposez à Sapin de payer vos impots et arguez que le gouvernement n’ y perdra rien, vous verrez ce qu’il vous répondra.

Hélas pour Sapin , les Allemands sont moins idiots et il y a des intellectuels et journalistes pour leur expliquer qu’alléger une dette c’est la réduire concrètement et que c’est faire … un transfert fiscal, ce dont les parlementaires Allemands ne veulent pas .

La France est favorable à l’allègement de la dette grecque préconisé par le Fonds monétaire international (FMI), a indiqué vendredi le ministre des Finances, Michel Sapin, tout en excluant toute annulation de dette.

« Il faut alléger le poids de la dette […] faire en sorte que le poids de la dette soit moins pesant les premières années », a déclaré Michel Sapin sur Europe 1. Le dirigeant a notamment appuyé la proposition de la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, consistant à allonger les échéances de la dette grecque, étendre la période de grâce et réduire les intérêts.

« On ne peut pas simplement demander des efforts aux Grecs sans apporter par ailleurs des éléments qui vont leur faciliter la vie », a-t-il ajouté.

De telles mesures n’impliquent pas pour autant une réduction du montant de la dette grecque et des pertes pour les créanciers, selon le ministre. « Supprimer de la dette, ça c’était quelque chose que nous ne pouvions pas accepter. Il faut que nous puissions retrouver notre argent », a déclaré Michel Sapin.  (Source ; Bruno Bertez, 17 juillet 2015)

==> Là, on a encore un concentré du focialisme :

1/ on veut priver les Français du choix de leur politique économique

2/ au prétexte du l’Europe, le peuple, la démocratie, la paix Touçatouça

3/ MAIS il est HORS DE QUESTION que tout ceci nous coute 1 € d’impôt en plus !

===> Pour les focialistes, la solidarité jusqu’à 0 €n, c’est avec plaisir, mais au delà, c’est non, désolé…

Non seulement, ils ont un projet délirant, mais en plus, ils ne sont même pas foutus de commencer à y mettre le début des moyens nécessaires… Ils vivent dans leur propre narrative intellectuelle, déconnectée de la réalité…

Quels grands hommes…

Source: http://www.les-crises.fr/hollande-pour-un-gouvernement-et-un-parlement-de-la-zone-euro/


Le choquant Rapport AIG de 2008 sur les véritables motifs derrière la « crise perpétuelle » de l’Europe et la mort de la Grèce

Monday 20 July 2015 at 00:30

Source : Zerohedge, Tyler Durden sur 15/07/2015 17:52 -0400 – Traduction Librement Adaptée © Didier ARNAUD le 16/07/2015

Source : http://www.zerohedge.com/news/2015-07-15/shocking-2008-aig-report-laying-out-motives-behind-europes-perpetual-crisis-and-deat

“Hier, Richard Koo de Nomura a présenté l’une des meilleures évaluations de la situation en Grèce, quand il a déclaré que le « FMI commence lentement à comprendre l’économie grecque », ce qui explique son revirement stratégique, à propos de celle qui exige désormais des réductions de sa dette bien plus importantes que ce que l’Europe, et l’Allemagne tout particulièrement, sont prêts à concéder.

Koo note en outre que « la raison qui explique le plongeon du PIB de la Grèce provient de ce que la consolidation budgétaire a été réalisée en plein bilan de récession, résultant d’une spirale déflationniste destructive qui a complètement dévasté la vie des Grecs ordinaires. Alors même que la nation peut donner l’impression de faire des progrès si nous prenons en considération les données en pourcentage du PIB, les données brutes nous montrent à contrario une économie en plein effondrement. Cette différence de points de vue augmente encore davantage le fossé qui sépare les créanciers européens qui estimaient que  tout allait pour le mieux, et le citoyen grec, qui a souffert d’un grave déclin de son niveau de vie. Et cet important écart de perceptions n’a peut-être été nulle part aussi évident qu’à travers les résultats du référendum national du 5 Juillet ».

L’observation de cette destruction économique grecque est absolument exacte, et ce n’est pas une surprise pour nos lecteurs : Elle a constitué notre étude de cas non seulement pour la Grèce, mais également pour le reste des pays périphériques de l’Europe qui souffrent eux aussi d’une détérioration continue de leur niveau de vie, en raison de l’absence d’un rééquilibrage externe (Merci la monnaie commune) laissant la dévaluation interne (les salaires qui plongent, la déflation, l’effondrement économique) comme seule possibilité de pouvoir rester compétitif dans la zone €uro. Mais là où notre opinion diffère de celle de Koo, c’est bien au sujet des véritables «motifs» qui seraient derrière la réticence des créanciers à interpréter honnêtement la situation sur le terrain en Grèce.

Oui, il est tout à fait exact que ce sont les mêmes créanciers qui étaient les prochains bénéficiaires de quelque 90% des différentiels du produit de la dette financée pour entrer en Grèce (pas plus de 11% des € 220 milliards du sauvetage grec n’aurait vraiment bénéficié à la population globale), et qu’en conséquence, ils peuvent avoir eu l’impression que les Grecs ordinaires appréciaient aussi beaucoup les miettes de leur plan de sauvetage.

Ce ne fut pas vraiment le cas, comme les événements du 5 Juillet l’ont démontré.

Mais alors que l’ancien économiste de la FEDva sûrement attribuer cet «oubli» à de la simple négligence ou, au mieux, à de la bêtise, même si l’ensemble d’une nation de 11 millions d’habitants souffre comme jamais dans l’histoire en raison de ce qui est, au mieux, une expérience ratée, il pourrait y avoir une mystérieuse vérité beaucoup moins avouable derrière tous ces événements en Grèce au cours de ces 5 dernières années, en particulier compte tenu de la sinistre insistance de l’Allemagne pour refuser toute annulation des dettes grecques, malgré ce qui est maintenant devenu un fait admis que, sans une décote (haircut) majeur de sa dette,la Grèce n’est tout simplement pas viable.

Faisons connaissance avec Bernard Connolly.

Bernard est un économiste britannique dont la montée en puissance a commencé quand il a travaillé pendant de nombreuses années à la CommissionEuropéenneà Bruxelles, où il était Chef de l’unité responsable du Système monétaire européen et des politiques monétaires. En d’autres termes, si quelqu’un connaît particulièrement bien ce vers quoi l’ascension de l’€uro conduirait, c’est l’un des mieux placé.

Nous disons «éventuel», parce qu’il a été licencié par la Commission en 1995. Le catalyseur peut bien avoir été son livre « Le Cœur Pourri de l’Europe: la sale guerre pour l’argent de l’Europe, un traitement négatif du mécanisme de change européen », qui a fait que les €urocrates ne l’ont pas vraiment pris à la légère.

Cependant, Bernard est beaucoup plus intéressant, non pas pour ses livres, ni pour son emploi à Bruxelles, mais plutôt à cause de l’endroit où il est allé ensuite et ce qu’il y faisait.

Après que sa relation ait pris fin avec l’Europe, Bernard est entré à la Banque AIG, à la branche financière de l’infâme AIG basée à Paris, dont l’effondrement en même temps que celui de Lehman, a été le principal catalyseur de la grande crise financière. Bernard n’a cependant pas été dans le front office (salle des marchés) et n’a pas négocié de CDS, mais il en était le stratège mondial. Voici comment l’euroscepticisme a bien prospéré pour aboutir à un rapport le 30 mai 2008, juste quelques mois avant que les GSEs (NdT : Entreprises Financières d’État) et Lehman ne fassent faillite, et qu’AIG ne soit renfloué.

Le rapport a été intitulé « Europe – pilotée ou Poussée », et il aurait mieux valu qu’il devienne une lecture incontournable pour tout Grec (et Européen) il y a environ 7 ans puisque, non seulement il explique précisément pourquoi la Grèce est maintenant sur le point d’une véritable capitulation souveraine, et de l’effondrement total, mais en plus il présente TOUT ce qui pourrait constituer les véritables motifs derrière la crise perpétuelle de l’Europe et pourquoi il apparaît presque comme si les principaux pays européens n’exigent que des hommes malades en Europe, parce quela Grèce en est tout simplement le premier de la liste, demeurer et maintenir l’Europe dans un état d’agitation perpétuelle.

Et puisque ce rapport est tout aussi pertinent aujourd’hui qu’il l’était il y a 7 ans, nous exposons à nouveau certains de ses points clés.

Du 30 mai 2008

    La crise économique mondiale et la crise de l’UEM

-       La crise mondiale est le résultat d’une mauvaise allocation inter temporelle (Greenspan, UEM).

-       En effet, elle a constitué un jeu de Ponzi.mondial

-       En Europe, cela a été renforcé par le mythe que les « comptes courants ne comptent pas dans une union monétaire » : l’UEM est la plus grosse de toutes les bulles de crédit.

-       Le traité affirme que le gouvernement devrait avoir le même statut de crédit que des emprunteurs du secteur privé.

-       L’union monétaire signifie une plus grande instabilité économique.

-       Ces deux facteurs devraient présager d’une cote de crédit aggravée au sein de l’UEM, mais les spreads (ndt : écarts des taux) des obligations d’État ont effectivement diminué dans l’UEM et les agences de notation ont de ce fait sur noté les gouvernements

    Au moment où la bulle éclate …

-       L’éclatement d’une bulle de crédit dans le monde se traduit par l’effondrement de la demande intérieure dans les pays déficitaires (par exemple, aux États-Unis, en Grande-Bretagne, dans les Balkans, dans les états Baltes – et dans plusieurs pays de la zone €uro)

-       Aux États-Unis, et dans une certaine mesure en Grande-Bretagne, la demande intérieure est soutenue par des baisses de taux et, en plus, aux États-Unis, par une relance budgétaire

-       Parmi les pays affectés de la zone €uro, ce n’est pas le cas

-       En l’absence de soutien de la demande intérieure, les pays touchés sont contraints à une amélioration de leurs exportations nettes par une meilleure compétitivité

-       Aux États-Unis et en Grande-Bretagne, cela se passe à travers la dépréciation de la monnaie – dans la zone €uro, ce n’est pas possible.

[ZH: C’est maintenant le cas, mais pour la Grèce, c’est beaucoup trop tard, plus que tout « soutien » incrémentiel qui fait que la bulle de la dette européenne grossit de plus en plus, ainsi que nous l'avons récemment montré]

Et les mouvements implicites des taux de change réels deviennent considérables …

-       Obstfeld et Rogoff ont vu un besoin pour peut-être un véritable mouvement de 65% du taux de change pour les États-Unis si l’ajustement du compte courant se produisait brusquement (par exemple, après un effondrement de l’immobilier).

-       L’effet est linéaire dans la taille du déficit du compte courant par rapport à la taille du secteur des biens échangés, de sorte que pour les quatre grands pays déficitaires de la zone €uro nous obtenons les mouvements nécessaires du taux de change réel de la manière suivante :

Grèce: 94%

Espagne: 55%

Portugal 36%

Italie: 9%

France 15%

-       … Ce qui signifie d’énormes écarts d’inflation nécessaires entre les blocs au sein de la zone €uro

-       Sila BCEtente d’éviter la dépression dans le bloc en déficit (c.-à-d., qu’elle maintient son taux inflation à, disons, 3 %) et que les pays en déficit en tant que bloc (équivalent à environ 2/3 du PIB de la zone €uro) peuvent améliorer leur compétitivité de, disons, 30 %, sur une période de cinq ans, alors cela impliquerait une dépréciation de l’€uro de 50 % et (1/3 de relais dans le Bloc allemand IPC) une hausse de 17 % (près de 3½ % par an) du niveau de prix du Bloc allemand, amenant l’inflation du Bloc allemand aux environs de 6½ % pendant cinq ans.

La BCEne l’a pas fait. Elle a plutôt choisit ce qui suit, qui est aussi l’explication du chômage des jeunes dans la périphérie aux alentours de 50 %

-       Si, à la place,la BCEavait essayé de maintenir l’inflation à 2% dans la zone €uro (et sans aucun changement dans l’€uro), tous les changements de compétitivité seraient venus du Bloc latin en déflation – ce qui aurait presque certainement déclenché une horrible dépression, un chaos financier, la multiplication des défauts, la détresse sociale et une possible instabilité politique.

-       Mais cela signifierait une importante déflation de la zone €uro, et qui aussi, frapperait la cible de la zone €uro en déclenchant obligatoirement une sévère dépréciation de l’€uro et une augmentation notable de l’inflation du Bloc allemand.

-       Ce sont tous les calculs du premier tour – ils ne tiennent pas compte des spirales salaires-prix des économies en surchauffe dans le Bloc allemand.

Et on en arrive au moment où tout arrive à domicile en Grèce :

Les choses sont encore pires pour les pays individuels

-       -Sila BCEdécide d’éviter la dépression, la déflation et le défaut dans le pays le plus faible (la Grèce), la dépréciation nécessaire de l’€uro serait énorme et l’inflation du Bloc allemand serait bien dans à deux chiffres pendant plusieurs années.

-       Si les pays faibles ont, à titre individuel, peu d’influence politique, il sera particulièrement difficile pour eux d’obtenir un renflouement dela BCE grâce à des taux d’intérêt bas et à un €uro faible.

-       Mais s’il n’y a aucun sauvetage dela BCE, les économies vulnérables devront faire face à la catastrophe.

Ce n’est pas seulement la manière dont tout cela s’est joué, mais cela a aussi conduit – comme nous avons pu le voir – la Grèce, qui avait clairement « peu d’influence politique » – à tout perdre, et elle est maintenant sur le point d’abdiquer sa souveraineté à une oligarchie de bureaucrates politiques non élus et aux intérêts industriels allemands (souvenez-vous: les exportations allemandes représentent 40% du PIB et un €uro faible est de loin, et même de très loin, beaucoup plus favorable qu’un Deutschmark fort).

Et en plus, rétrospectivement, l’estimation ci-dessus et les événements actuels sont aussi confirmés par la déclaration cryptique de Wolfgang Schäuble au Welt am Sontag dans cette interview de 2011 :

-       Schäuble : « Nous avons décidé d’en arriver à une union politique via une union économique et monétaire Nous avions l’espoir – et nous l’avons encore aujourd’hui – que l’€uro pourrait progressivement amener une union politique, mais nous n’en sommes pas encore là, et voilà l’une des raisons pour lesquelles les marchés restent méfiants. »

-       Welt am Sontag : «Alors, est-ce que les marchés vont nous forcer maintenant à une union politique ? »

-       Schäuble : «La plupart des États membres ne sont pas encore tout à fait prêts à accepter les contraintes nécessaires pour leur souveraineté nationale. Mais croyez-moi, le problème peut être résolu. »

Et, merci la Grèce, nous sommes maintenant sur le point de voir précisément comment.

Donc, il y a une autre issue ? La réponse est oui – et c’est justement la base l’énorme pari sur la « théorie des jeux » de Varoufakis au cours des 6 derniers mois, un pari qui reposait en totalité sur « qui a le plus d’effet de levier », comme nous l’expliquions en Janvier. Cependant, merci à l’arrivée du QE juste au bon moment, qui a permis àla BCE de fixer et de contrôler les prix du marché (marché qui n’espérait que la réduction des résultats indésirables et plus simplement le frontrun d’une banque centrale) d’actions et d’obligations, dans le processus d’écrasement de tout effet de levier grec.

-       Les déficits courants peuvent être soldés sans une réduction correspondante du déficit du commerce si les transferts courants sont assez puissants.

-       Le traité interdit bien une prise de contrôle de la dette publique d’un pays, mais ne prohibe pas les transferts supplémentaires pour soutenir les dépenses privées.

-      La BCEest en effet déjà en train d’aider certains systèmes bancaires en acceptant des garanties de plus en plus risquées (mais notez que ceci peut constituer une aide aux banques allemandes, néerlandaises / belges ainsi que, par exemple, aux banques espagnoles – notez le désaccord public entre Mersch et Weber).

-       Mais les chiffres résultant d’un plan de sauvetage financier complet seraient énormes: l’élimination des déficits courants au sein de la zone €uro par les renflouements fiscaux obligerait les pays excédentaires (le Bloc allemand) à effectuer des paiements équivalents à 16% des recettes totales de leur gouvernement (7% de leur PIB).

Hé oui, Varoufakis avait raison, et il aura bien raison au final : le coût d’un Grexit se serait révélé beaucoup trop grand à l’avenir. Cependant, il n’avait pas anticipé que l’Europe disposait d’une toute aussi puissante parade : le blocage des dépôts grecs indéfiniment dès maintenant.

La Grèce s’est soumise.

Ce qui nous amène à la dernière question: Qu’est-ce que veut l’Europe ?

Voici la réponse de Connolly :

Pour se servir des enjeux mondiaux en tant qu’excuses pour étendre ses pouvoirs :

-       Questions environnementales : accroître le contrôle sur les pays membres – idée avancée de la gouvernance mondiale

-       Terrorisme : utiliser l’excuse pour un plus grand contrôle de la police et des problèmes judiciaires – accroître l’étendue de la surveillance

-       Crise financière mondiale : tuer deux oiseaux (marché libre et économie Anglo-saxonne) avec une seule pierre (Organisme de Régulation à l’échelle Européenne – les tentatives de la gouvernance financière mondiale)

-       UEM : créer une crise pour forcer l’introduction du « gouvernement économique européen »

Et nous y voilà : en quatre points simples, énoncés dans une ancienne présentation d’il y a 7 ans, une prédiction qui est sur le point d’être prouvée sans contestation. Parce qu’une fois la Grècesoumise, la prochaine sera l’Italie, l’Espagne, le Portugal, et ainsi de suite, jusqu’à ce que le Gouvernement Économique Européen, également connu en tant qu’ «Empire Européen», soit contrôlé par une poignée de joueurs européens « nordiques » avec les banquiers qui les soutiennent financièrement, pour transformer sa simple vision en réalité.”

Source : Zero HedgeRapport AIG

AIG Bernard Connolly Europe (2008) publié par les-crises

Source: http://www.les-crises.fr/le-choquant-rapport-aig-de-2008/


[Vidéo] L’exploitation de la Zambie

Sunday 19 July 2015 at 04:14

On m’a signalé cet excellent documentaire, lauréat du prix Albert Londres Audiovisuel en 2012…

Zambie, à qui profite le cuivre ?

Film documentaire d’Audrey Gallet et Alice Odiot, 2011. « Ce pays devrait être très riche. C’est l’un des plus pauvres du monde… » ou comment la Zambie est dépossédée de ses richesses par les multinationales. Lorsque la Zambie accède à l’indépendance, en 1964, ses dirigeants nationalisent les mines. Le commerce du cuivre permet de financer son développement. Écoles et hôpitaux publics sont construits dans ce pays qui devient l’un des plus prospères d’Afrique. Dix ans plus tard, son PIB se rapproche de celui du Portugal, jusqu’à ce que les cours du cuivre s’effondrent, après le premier choc pétrolier. Pour compenser la baisse des revenus qui en résulte, le FMI et la banque mondiale conseillent à la Zambie d’emprunter. Mais au début des années 80, la réserve fédérale américaine hausse brutalement ses taux d’intérêt. La charge de la dette devient alors insupportable pour la Zambie. Le pays n’obtient de nouveaux crédits qu’en cédant au dictat du FMI qui l’oblige à privatiser ses sociétés d’états. Les services publics sont démantelés et les mines bradées en l’an 2000. Quelques années plus tard, le cours du cuivre est multiplié par 5. Mais les multinationales se sont déjà emparées de toutes les richesses dans le cadre d’accords secrets qui les exonèrent des taxes et de toute responsabilité sociale et environnementale.

Au pillage généralisé des ressources, s’ajoutent les drames humains, comme dans la ville de Mufulira, théâtre du documentaire, où la plus grande fonderie d’Afrique s’élève sur la mine de Mopani. Mopani appartient à une société écran basée dans les Iles vierges britanniques, qui sert de paravent à la multinationale suisse Glencore, leader mondial du commerce des matières premières et fondée par le « patron voyou » Marc Rich, partenaire privilégié de l’Afrique du Sud au temps de l’apartheid ou de l’Iran de Khomeiny mais également organisateur en 2003 de la faillite frauduleuse de la fonderie Métaleurop en France, dont la responsabilité dans la pollution au plomb de la région fut découverte par la suite. Glencore, basée dans le canton Suisse de Zoug, est une championne de l’évasion fiscale avec ses 80 filiales réparties dans le monde entier. Pourtant, en 2005 la BEI, la banque publique de l’Europe, qui gère le fond européen pour le développement, lui accorde un prêt de 48 millions d’euros pour la mine de Mopani ! Le prétexte est la modernisation de la fonderie, la réduction des émissions de dioxyde de soufre et le maintien dans l’emploi des populations locales, mais il s’agit surtout de sécuriser l’approvisionnement en matière première pour l’Europe, face à la concurrence chinoise ou indienne. Pourtant, dans les années qui suivent, le dioxyde de souffre qui s’échappe de la mine de Mopani en quantité 72 fois supérieure aux normes admises (le « centa » comme l’appellent les habitants), continue de ronger les poumons des habitants de Mufulira. En 2008, 800 personnes sont intoxiquées après avoir bu l’eau du robinet. Pas de chance pour eux, les soins de santé étant désormais payants, les dispensaires locaux n’ont que du paracétamol à leur offrir. Le fleuve kafué, qui est la principal réserve d’eau du pays et qui irrigue sa plus grande réserve naturelle avant de se jeter dans le Zambèze est lui aussi menacé par la pollution.

Car le procédé d’exploitation mis en œuvre par des ingénieurs kazakhs ou ukrainiens employés par Glencore, consiste à injecter de l’acide sulfurique dans le gisement pour collecter les métaux. Outre les pollutions qu’il génère, ce procédé permet de se débarrasser de la pauvre main-d’œuvre de Mufulira. 3000 mineurs sont ainsi licenciés en 2009, qui hantent désormais la ville sous la surveillance des vigiles de la société. Pourtant la résistance s’organise. La député européenne Eva Joly demande des comptes à la BEI, Les victimes tentent de faire entendre leurs voix, les ONG portent plainte contre Glencore pour pollution et évasion fiscale, puisqu’il apparait que 700 millions de dollars ont été dissimulés dans les livres de comptes de Mopani.

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Ici, article de RFI de 2015, pour les dernières informations sur ce pays… (je vous recommande de regarder la vidéo avant de lire ce texte)

Source: http://www.les-crises.fr/video-lexploitation-de-la-zambie/