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Entretien de Donald Trump pour le Washington Post [1/2]

Sunday 14 August 2016 at 02:45

Intéressante interview fleuve d’avril 2016 de Trump, que nous avons synthétisée pour vous.

Source : Bob Woodward et Robert Costa, Washington Post, le 2 avril 2016.

trump

Trump vers la candidature à la présidentielle

BOB WOODWARD : Ma première vraie question est : où commence l’histoire de votre décision de vous porter candidat à la présidence ?

DONALD TRUMP : Où commence l’histoire ? […] Je pense que le début était au sommet de l’escalator de la Trump Tower le 16 juin. […] Il y avait tellement de caméras. Tellement qu’elles s’empilaient. L’atrium de la Trump Tower, qui est un très grand bâtiment, était rempli. Cela était vraiment comme les Academy Awards [équivalent des Césars français, NdT].

[…]

DT : […] Je dirais franchement que c’était au début de l’année passée, autour de janvier. Et cela s’est fait en plusieurs fois. Une pendant que j’étais très occupé à faire des affaires. J’y ai sérieusement pensé une fois […]. J’ai fait un discours vers la fin des années 80 dans le New Hampshire mais c’était vraiment un discours qui était… ce n’était pas un discours politique. Mais parce qu’il s’est trouvé être dans le New Hampshire…

[…]

DT : […] La vraie ouverture était la période de Romney, ou sa fin. Cette dernière remonte à quatre ans. Je l’ai vraiment prise en considération. Depuis, je n’y ai plus pensé sérieusement car j’étais occupé à monter mon entreprise et ça marchait bien. Puis je suis monté au New Hampshire et y ai fait un discours. C’est à cause de ça que nous parlons du New Hampshire comme si c’était le départ de la course de Trump. Depuis, beaucoup de gens ont dit que Trump va entrer dans la course. Je n’ai jamais été intéressé. Je pourrais résumer cela en disant que j’y ai vaguement songé, en plus de l’autre fois, quand Romney était dans la course. J’ai bien pensé que Romney était un mauvais candidat. J’ai pensé que – selon moi Obama pouvait être assez facilement défait et même très facilement. Vous savez que nous avions un président qui, disons, s’en sortait assez mal, pour rester poli. J’y ai vraiment réfléchi. Ce ne fut pas très facile car j’avais de grands travaux en cours que je voulais absolument achever. Mes enfants étaient plus jeunes et quatre ans de différence, ça compte. J’avais en plus un contrat signé pour monter “The Apprentice” [émission de téléréalité dans laquelle il a été le premier animateur, NdT] avec NBC. Ce qui ne semble franchement pas beaucoup quand vous parlez de “présidence”, mais avec un spectacle hebdomadaire de deux heures à un moment de grande écoute sur un grand réseau…

[…]

BW : Alors, quand avez-vous dit à quelqu’un de votre famille ou de votre entourage : “J’ai décidé de me lancer.” Autrement dit, j’ai eu le déclic.

DT : En fait, j’en parlais à ma famille tout le temps. Don est l’un de mes fils, et il fait un très bon boulot. Il est très investi dans ce boulot… Don et ma famille, j’en parlais beaucoup de ce sujet. Je disais, “Je n’arrive pas à croire qu’ils sont en train de le faire.” Et autre chose arrivait. Une grande partie du building de la Bank of America située à San Francisco et le 1290 Avenue of the Americas [autre nom de la Sixième Avenue à New York, NdT] m’appartient. Je l’ai pris à la Chine. Je veux dire qu’il appartenait à des Chinois. C’était un gros truc. C’était une guerre, c’était vraiment une guerre.


Le rapport de Trump avec les médias

BW : Vous diriez que le problème vient de la presse, de la couverture médiatique ?

DT : Non, mais je pense… Je dis ça : ma couverture médiatique n’est pas honnête. Elle ne l’est vraiment pas. Je ne dis pas ça comme quelqu’un qui aurait un genre de complexe. Je veux dire que je dis des choses qui sont ensuite rapportées complètement différemment de ce que j’ai dit. Et je vois tout ça – en toute honnêteté, la direction éditoriale du Washington Post. Ça m’a tué. Quand j’ai quitté, la pièce, je croyais que tout allait bien.

[Vers le milieu de l’interview]

DT : J’adorerais continuer ça. Je passe vraiment un bon moment. Je vais probablement finir par maudire cette journée. Je vais me dire, comment ils ont pu dire des trucs pareils sur moi ? Mais vraiment, j’adore ça…

BW : Je comprends ça. Et vous savez, ce sont des questions si sérieuses, et vous y répondez avec – vous êtes clair et direct. J’apprécie beaucoup.

[Plus tard]

DT : Les médias me traitent de manière injuste, et très incorrecte. […] Eh bien, je crois qu’ils s’intéressent plus à faire des coups. J’ai fait une chose l’autre jour avec – sur CNN – avec Anderson Cooper. Je ne sais pas si vous avez vu les audiences. […] Elles sont sorties – je viens de les avoir. Elles ont crevé le plafond. Là. La mienne a crevé le plafond, je veux dire : mon heure a crevé le plafond. Maintenant, il y a du bon et du mauvais. Le mauvais est qu’ils veulent trop me suivre, et ils écrivent des choses qu’ils ne devraient peut-être pas. Mais ces courbes étaient phénoménales. Gagnant de la soirée, battu tout le monde, etc., etc. Mon segment, pas les autres. Les autres segments ont bien fonctionné, mais mon segment a été une des meilleures audiences depuis longtemps et a battu tout le monde sur le câble – battu tout le monde à la télévision ce soir-là. Vous jetterez un œil. Il y a du bon et il y a du mauvais. Le mauvais est qu’ils ne veulent rien faire d’autre que me couvrir. Ils écrivent des histoires qui sont – qui n’ont même pas de sens. Je dis juste, j’aimerais être traité de manière vraie et juste par les médias.

BW : Pourquoi, alors ? Est-ce de l’idéologie, de l’esprit partisan, de la paresse ? C’est quoi ?

DT : Eh bien, il peut y avoir de la paresse. Aujourd’hui, ils veulent des clics. Dans le temps, ils voulaient de l’audience, ou ils voulaient vendre des journaux. Aujourd’hui, ils voient si quelqu’un clique. Alors ils écrivent une histoire sur moi et ils ont des clics de partout. Ils font une histoire sur quelqu’un d’autre, ça ne compte pas. C’est tout ce que je peux dire. J’aimerais être traité équitablement par les médias. Si j’étais traité équitablement par les médias, je crois que vous verriez une grande différence dans l’alliance et la construction de cette alliance et sur un tas de choses. Mais ceci dit, je ne suis pas prêt pour construire une alliance. Autre chose. Je vous ai dit ça. Nous recevons des appels de tellement de monde à qui vous parlez, vous leur parlez, et ils disent oh on n’aime pas Trump, nous devons arrêter Trump. Ils m’appellent. Ils vous parlent et ils m’appellent. Parce qu’ils pensent que je vais gagner.

[A la fin de l’interview]

DT : Je vous demande juste de me traiter équitablement. Traitez-moi équitablement… En fait, la vérité est que c’était très intéressant. Personne ne m’avait posé ces questions.


Trump, la présidence et les valeurs

BW : Sans noms […] de vice-présidents, quels seraient le rôle et les responsabilités de votre vice-président, si vous étiez élu, si vous gagniez l’investiture ?

DT : Eh bien, son rôle numéro un est d’être un grand président si quelque chose arrivait. Ok ? Ca a toujours été le rôle numéro un pour un vice-président… Après, je vais vous dire franchement, il doit être quelqu’un qui peut vous aider à être élu. Et troisièmement, quelqu’un qui vous aide avec le Sénat et la Chambre. Donc ça doit être une personne politique. En d’autres termes, je n’ai pas besoin d’un autre grand homme d’affaires comme moi et – je n’ai pas besoin de ça. […] Quelqu’un qui peut entrer dans le Sénat et qui a été ami avec ces gens depuis 25 ans. Et avec qui les choses avancent. Alors à 95%, je me vois choisir une personne politique, en opposition à quelqu’un de l’extérieur. […] Ce serait le vice-président – je voudrais avoir quelqu’un… Par exemple, quelqu’un comme Ben Carson. Quand Ben Carson est venu vers moi – pas forcément vice-président – mais quand il a appelé, il a appelé, il a dit “Ce que vous faites est fantastique. C’est un mouvement. Et vous le voyez.” Quand j’annonce que je vais aller à Tampa trois jours avant, et que, trois jours après, nous y sommes, il y a 25 000 personnes dans le stade des équipes de sport professionnelles…

[…]

RC : Alors, pour rester dans le thème de la présidence pour une seconde, je ne pense pas que tant de gens que ça sachent à quel point vous valorisez la discrétion et la loyauté dans vos affaires. […] Une chose que je me suis toujours demandée, allez-vous faire signer une clause de non divulgation aux employés du gouvernement fédéral ?

DT : Je crois qu’ils devraient. Vous savez, quand quelqu’un – je vois ça tout le temps… Je ne sais pas, il pourrait y avoir une loi disant que vous ne pouvez pas faire ça. Mais quand les gens sont choisis par un homme pour entrer au gouvernement à haut niveau, et qu’ils quittent le gouvernement et écrivent un livre sur un homme et disent des tas de choses qui étaient très personnelles et privées, je n’aime pas ça. Je veux dire, je vais être honnête. Les gens diraient “Oh, c’est terrible, vous le privez de sa liberté d’expression.” Bon… Je dirais… J’ai des accords de non divulgation, c’est pour ça que vous ne lisez pas que…

[…]

RC : Mais c’est très différent quand vous êtes au gouvernement fédéral.

DT : C’est différent. Je suis d’accord. C’est différent. […] Je vais vous dire, il faudra que j’y réfléchisse. Il faudra que j’y réfléchisse. C’est une affaire différente, conduire une entreprise privée où je paie les gens très chers, et ils sortent et…

BW : Les contribuables paient le personnel du gouvernement fédéral.

DT : Bien sûr. Bien sûr. Et il peut arriver qu’ils ne fassent pas du très bon travail, et alors vous les renvoyez et ils finissent par écrire un livre sur vous. Alors c’est différent. Je dirais que dans un gouvernement fédéral c’est différent. Alors c’est quelque chose à quoi il faut que je réfléchisse. Mais vous savez, je le fais dès maintenant. J’ai des milliers et des milliers d’employés, des milliers, et chacun d’eux a signé un accord, un… j’appelle ça une confidentialité.

BW : Disons que vous soyez élu président. Est-ce qu’un seul mandat de quatre ans suffirait ?

DT : Je dirais ceci : j’ai vu des gens faire des déclarations pour le Sénat et pour d’autres positions […]. Je voudrais dire que chaque fois que j’ai vu quelqu’un faire cette déclaration, et ensuite se sentir bien, croyant faire un excellent travail, et être candidat, ils perdent à cause de cette déclaration. Alors je ne veux jamais dire que quatre ans… Je ne voudrais jamais me limiter à quatre ans. Je crois que je peux faire un immense travail en quatre ans. Une de vos questions, j’ai remarqué, est “Qu’est-ce que je ferais au cours des 90 premiers jours de mon mandat ?” – nous en parlerons après. […] Mais, je crois que je peux faire un splendide travail. Voici ce que je pense : si je fais un excellent travail et si je me sens bien, je dirais que je repartirais pour quatre ans de plus. Parce que là encore, je ne veux pas m’imposer ce fardeau. Si je fais du bon travail, je devrais avoir le droit de le faire. Je dis ça uniquement parce que vous savez, Bob, j’ai vu tellement de gens le dire. Même pour des fonctions locales. S’ils décident d’y aller, ils perdent toujours parce qu’ils font cette déclaration. Alors je ne veux pas dire ça. Mais je crois que je pourrais faire un travail fantastique en quatre ans.

[…]

DT : Le but, pour moi, est de redonner sa grandeur à notre pays. […] Pour moi, le but, c’est quand je dirai, félicitations tout le monde, mon travail est fini. Nous rendrons notre pays financièrement fort de nouveau. Il y a une femme qui est venue vers moi. Une femme fantastique. J’ai dit ça une ou deux fois pendant le discours. Elle a dit “M. Trump, je vous aime. Vous êtes incroyable. Je vote pour vous à 100%, mais pourriez-vous arrêter de dire que vous allez rendre à nouveau notre pays riche ?” J’ai répondu, “Je vois ce que vous voulez dire – ça ne sonne pas bien. Mais sans redevenir riches, nous ne pouvons pas redevenir grands.” Je vais rendre ce pays riche de nouveau. […] Nous ne pouvons pas protéger le monde entier. Regardez notre budget militaire, il est énorme comparé à n’importe quel autre pays. Mais qu’est-ce qu’on fait ? Nous nous occupons des besoins militaires de tous ces autres pays. Ces pays sont bien plus riches que nous. Nous ne sommes pas un pays riche. Nous sommes une nation débitrice. Nous devons nous débarrasser de – j’ai parlé d’une bulle. Nous devons nous débarrasser des 19 000 milliards de dollars de dettes.

BW : Ça prendra combien de temps ?

DT : Eh bien, je dirais sur une période de huit ans. Et je vais vous dire pourquoi. […] Je renégocie tous nos accords, Bob. Les grands accords commerciaux qu’on est en train de mener si mal. Avec la Chine, 505 milliards de dollars de transactions cette année. Nous perdons avec tout le monde. Beaucoup de ces accords – des tas de gens disent, comment les politiciens peuvent-ils être aussi stupides ? Ce n’est pas qu’ils soient stupides. C’est qu’ils sont contrôlés par des lobbyistes et des intérêts particuliers qui veulent que ces accords soient faits.

[…]

DT : Une chose rapide que je vais faire, beaucoup de gens disent, oh, les juges… Pour moi, les juges – parce qu’il va y en avoir beaucoup dans les quatre prochaines années. Nous en avons déjà un qui était inattendu à Scalia. Alors les juges vont être importants. Vous allez avoir soit des juges super libéraux, ou vous allez avoir des juges conservateurs. Tellement important. Ils ne me connaissent pas assez bien. Bon, quel genre de juges ? Je vais faire une chose. C’était mon idée, et je crois que c’était une bonne idée. J’ai parlé au sénateur Sessions et à d’autres personnes, et je reçois des noms. Les fédéralistes. De très bonnes personnes. La Fondation Héritage. Je reçois des noms, et je vais proposer une liste de 10 noms, 10 ou 12 noms, comme juges. Je vais annoncer que ce sera les juges que je vais nommer, sans ordre particulier. Et je vais le garantir. Je vais le dire aux gens. Parce que les gens s’inquiètent que, oh, par exemple, peut-être qu’il va nommer les mauvaises personnes. Des gens comme – ma sœur est à la cour d’appel. Très intelligente. Elle est une personne très intelligente, très hautement respectée. Très intelligente.

Source: http://www.les-crises.fr/entretien-de-donald-trump-pour-le-washington-post-12/


Snowden et les fournisseurs d’accès très critiques envers de nouvelles lois antiterroristes en Russie

Sunday 14 August 2016 at 01:46

Pour bien rappeler que tout n’est pas rose en Russie, comme ailleurs…

Source : Le Monde, 07.07.2016

 Le lanceur d’alerte Edward Snowden participe à des conférences dans le monde entier via webcam depuis la Russie où il a trouvé refuge. Il a participé à un festival au Danemark le 28 juin dernier. MATHIAS LOEVGREEN BOJESEN / AFP

Le lanceur d’alerte Edward Snowden participe à des conférences dans le monde entier via webcam depuis la Russie où il a trouvé refuge. Il a participé à un festival au Danemark le 28 juin dernier. MATHIAS LOEVGREEN BOJESEN / AFP

 

Le président russe, Vladimir Poutine, a signé jeudi 7 juillet plusieurs lois antiterroristes votées il y a quelques semaines par le Parlement. L’une d’entre elles intensifie notamment la surveillance des communications. Elle obligera notamment les réseaux sociaux et les fournisseurs d’accès à Internet à conserver pendant six mois toutes les données de leurs utilisateurs, y compris leurs contenus (messages, appels téléphoniques…). Les services de sécurité du pays pourront demander à y accéder.

Edward Snowden, l’ancien agent du renseignement américain réfugié en Russie, qui avait révélé l’existence des programmes de surveillance de masse de la NSA, a vivement critiqué l’entrée en vigueur de ces mesures, qu’il avait déjà critiquées lors de leur adoption par les députés.

La promulgation de ce qu’il surnomme la loi « Big Brother » est selon M. Snowden « un jour noir pour la Russie ». L’homme à l’origine du scandale des écoutes de la NSA, souvent accusé de compromission avec M. Poutine, a dit ne pas avoir peur de subir des représailles lorsqu’il se montre critique vis-à-vis du Kremlin.

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Les opérateurs russes menacés

La mise en place de ces mesures aura également un coût majeur pour les opérateurs techniques de l’Internet russe, eux aussi remontés contre le texte. L’opérateur téléphonique Megafon estime que la mise en œuvre de la loi lui coûtera 200 milliards de roubles (2,8 milliards d’euros), soit quatre fois son bénéfice annuel.

« Ce texte va tuer financièrement l’industrie des télécoms » en Russie, a dit Sergueï Soldatenkov, le PDG du fournisseur d’accès, dans un entretien au journal Kommersant. Vladimir Poutine a d’ores et déjà demandé à son gouvernement de veillerà ce que la loi n’ait pas de conséquences « indésirables ».

Source : Le Monde, 07.07.2016

Source: http://www.les-crises.fr/snowden-et-les-fournisseurs-dacces-tres-critiques-envers-de-nouvelles-lois-antiterroristes-en-russie/


À Chartres, deux ans de prison ferme pour consultation de sites terroristes (et l’État de droit selon Sarko)

Saturday 13 August 2016 at 03:15

Condamné à deux ans fermes pour avoir consulté des sites Internet – intéressant…

Bien que blasé, ils m’étonneront toujours…

Source : Le Monde, 09.08.2016

La consultation de sites faisant l’apologie du terrorisme est puni par la loi depuis quelques mois seulement. Lundi 8 août, un homme a été condamné à deux ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Chartres pour avoir consulté, de façon répétée, des sites incitant à commettre des actes terroristes.

Repéré par les services de renseignement, cet homme de 31 ans a été interpellé en fin de semaine dernière à Chartres puis jugé en comparution immédiate. Sa peine est deux fois plus lourde que celle requise par le parquet et correspond à la peine maximale encourue. Il a été immédiatement incarcéré.

Selon L’Echo républicain, l’homme consultait de plus en plus souvent ce type de sites, ainsi que des vidéos de décapitation. Il aurait aussi effectué des recherches en ligne pour trouver des armes. Sur son profil Facebook, il avait laissé entendre qu’il comptait s’en prendre à la tour Montparnasse à Paris et avait recherché des plans de l’édifice. Il a assuré, face aux juges, qu’il n’agissait que « par curiosité », relate le quotidien.

Mesure controversée

La loi de réforme pénale, adoptée le 25 mai dernier, prévoit de punir « de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende » le fait de « consulter habituellement » des sites internet qui incitent « directement » à commettre des « actes de terrorisme » ou qui, par des « images ou représentations montrant » des « atteintes volontaires à la vie », en font « l’apologie ». Ne sont pas concernés les journalistes, les chercheurs ou les enquêteurs qui travailleraient sur ces contenus.

Cette mesure, très controversée, était discutée depuis des années. Le gouvernement de Nicolas Sarkozy avait tenté, en vain, d’insérer cette disposition dans le droit français en 2012. Le Conseil d’Etat avait alors jugé que cette mesure conduirait à menacer de prison des individus qui « [n’auraient] commis ou tenté de commettre aucun acte pouvant laisser présumer qu’[ils auraient] cédé à cette incitation ou [seraient] susceptibles d’y céder ». Il avait estimé à l’époque qu’elle rentrait en contradiction avec la Constitution française et les textes européens.

Source : Le Monde, 09.08.2016

Réaction des lecteurs du “Quotidien de référence” :

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Droit du sol, Etat de droit : Sarkozy toujours plus à droite

Source : Le Nouvel Obs, 11-08-2016

FRANCE-POLITICS-OPPOSITION

L’ancien président de la République a accordé une longue interview à “Valeurs Actuelles”.

Cela devient une habitude. Nicolas Sarkozy, le patron des Républicains, a une nouvelle fois choisi le très droitier hebdomadaire “Valeurs Actuelles” pour rompre sa retraite médiatique estivale.

“Je sens la République suffoquer”, affirme l’ancien président dans cette interview, qui s’est déroulée sur son lieu de vacances au Cap Nègre (Var), dans la propriété familiale de son épouse Carla Bruni-Sarkozy. Ce qu’il faut retenir de ce nouveau coup de barre à droite :

Un droit du sol “pas automatique”

Revoilà le droit du sol, vieux serpent de mer du discours de Nicolas Sarkozy en campagne. Cette fois, le candidat – officieux –  à la primaire de la droite et du centre, plaide pour une “modification assez substantielle” de ce droit qui garantit la nationalité française à chaque enfant né sur le sol français, à condition d’y avoir vécu au moins cinq ans depuis l’âge de 11 ans. Un argument qu’il avait déjà fait valoir en juin 2015, en affirmant que la remise en cause de ce droit était une “question [qui] incontestablement peut se poser.”

“Je veux qu’on le garde, mais pas de manière automatique”, précise-t-il dans “Valeurs Actuelles”

Il évoque pour ce faire une “présomption de nationalité, permettant de ne pas attribuer la nationalité à quelqu’un qui aurait un casier judiciaire à sa majorité, ou dont on pourrait prouver que ses parents étaient en situation irrégulière au moment de la naissance”.

Nicolas Sarkozy est pourtant loin d’avoir toujours défendu cette position de façon aussi catégorique , comme le rappelle “Le Monde“. En 2003, alors aux commandes du ministère de l’Intérieur, il s’était lancé dans un long plaidoyer en faveur du droit du sol face à Jean-Marie Le Pen : “le droit du sang, c’est une bêtise”, avait-il lancé au président du Front national, lors d’un débat qui pour beaucoup avait marqué une étape importante dans sa course à l’Elysée :

“Le droit du sang ne peut pas être suffisant. Il faut le droit du sol, parce qu’il y a toujours quelqu’un qui a une idée folle dans la tête, parce qu’on a toujours un sang qui n’est pas suffisamment pur […] Le droit du sol fait partie de nos traditions, M. Le Pen.”

Il y a tout juste un an, dans son livre “La France pour la vie”, il affirmait également :

“Je suis réservé sur l’opportunité de la remise en cause […] du droit du sol. Un enfant né en France est Français.”

Terrorisme, Etat de droit…

Comme le souligne “Valeurs Actuelles”, “il ne sera pas question de centrisme”, pour Nicolas Sarkozy dans sa dernière ligne droite vers 2017.

A propos de de la menace terroriste, l’ex-président prône la fermeté et continue sur sa lancée très martiale, engagée après l’assassinat de Jacques Hamel à Saint-Etienne-du Rouvray le 26 juillet. “Nous devons être impitoyables”, avait-il lancé.

La guerre nous a été déclarée. La guerre. La France doit être impitoyable, elle doit faire changer la peur de côté. Elle ne doit pas se perdre dans des débats abscons. […] La guerre devra être menée par la République, partout, tout le temps, avec une détermination totale“, assure-t-il dans “Valeurs Actuelles”

OB : La guerre, on n’en a jamais une part de responsabilité, c’est un principe de base de la propagande de guerre justement. Daech dit d’ailleurs la même chose (“on se défend contre les bombardements des Croisés.”)

En creux, Nicolas Sarkozy reprend également à son compte la petite musique lancée par le député LR David Douillet, qui accuse le gouvernement de ne pas en faire assez contre le terrorisme et de s’abriter “systématiquement derrière cette sacro-sainte Constitution”. Nicolas Sarkozy va jusqu’à déclarer que l’Etat de droit ne serait pas un principe intangible :

“L’Etat de droit, par exemple, n’a rien à voir avec les tables de la Loi de Moïse, gravées sur le mont Sinaï. Qu’y a-t-il de plus évolutif que le droit ?”, déclare Nicolas Sarkozy.

OB : moi, perso, j’y suis attaché, hein… On vit une belle époque…

Nicolas Sarkozy affirme également qu”il y a une guerre extérieure et une guerre intérieure”. “Pour gagner la guerre extérieure, il faudra se réconcilier avec les Russes, et convaincre nos partenaires arabes d’envoyer des troupes au sol, car une guerre ne se gagne pas seulement à 10.000 mètres d’altitude. Sur le front intérieur, enfin, il faut une reprise en main. Il doit y avoir une réponse politique qui dépasse l’indispensable riposte pénale et les mesures de sécurité à mettre en place”.

“En vingt mois, il y a eu 237 Français assassinés. Ils le sont parce que les barbares qui nous attaquent croient que nous sommes faibles. Voilà la vérité. Et donc ils se déchaînent. Cette situation est insupportable”, dit-il.

Et Nicolas Sarkozy a déjà trouvé son mantra : “la République ne reculera plus sur rien”.

“Cela implique d’interdire les expressions communautaires dans les entreprises, le voile à l’université comme dans l’entreprise et les menus de substitution dans les cantines scolaires.

Toujours pas candidat officiel à la primaire de la droite et du centre – mais déjà locataire d’un QG de campagne dans le très chic VIIe arrondissement parisien -, l’ex-président se contente d’affirmer que “ce qui compte, ce n’est pas tant l’annonce de la candidature, c’est ce qu’il y aura dedans, c’est le comment, c’est le contenu”. A ce sujet, Nicolas Sarkozy vit ses deux dernières semaines en tant que président des Républicains, un poste dont il devra démissionner au plus tard le 25 août pour pouvoir – enfin – rentrer officiellement dans la course à la primaire. Au moins, le ton est donné.

L.B. avec AFP

Source : Le Monde, 09.08.2016

Source: http://www.les-crises.fr/a-chartres-deux-ans-de-prison-ferme-pour-consultation-de-sites-terroristes-et-letat-de-droit-selon-sarko/


[Vidéos] Johnny chasseur de migrants – #JeNeSuisPasJohnny

Saturday 13 August 2016 at 02:10

Source : Youtube19/06/2016

Découvrez les exploits de Johnny Hunter chasseur de migrants, personnage de fiction incarnant la violence des politiques migratoires européennes actuelles.

Une série au second degré créée par Médecins Sans Frontières….

 EP1 Chasse à l’homme

 

EP2 Un mur contre la barbarie 

EP3 L’Ennemi Intérieur 

EP4 Touché Coulé 

EP5 Au Peigne Fin 

EP6 Régulation de Trafic 

Source : Youtube19/06/2016

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Source: http://www.les-crises.fr/videos-johnny-chasseur-de-migrants-jenesuispasjohnny/


Syrie : La guerre qui sévit depuis 2011 a fait plus de 290 000 morts

Saturday 13 August 2016 at 01:35

Effroyable bilan…

Source : Ouest-France,  

De fin mai au 31 juillet, 14 711 enfants ont été tués selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). | AFP

De fin mai au 31 juillet, 14 711 enfants ont été tués selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). | AFP

La guerre en Syrie a fait plus de 290 000 morts depuis son déclenchement en mars 2011, a indiqué lundi l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), en faisant état de plus de 10000 personnes tuées ces deux derniers mois.

Un précédent bilan fourni le 26 mai par l’OSDH, une organisation basée en Grande-Bretagne mais qui dispose d’un large réseau de sources militaires, civiles et médicales à travers la Syrie, faisait état de plus de 282 283 morts dans ce conflit dévastateur qui perdure.

De fin mai au 31 juillet, le nombre de morts a atteint 292 817 dont 84 472 civils parmi lesquels 14 711 enfants, a affirmé l’ONG dans son nouveau bilan.

Selon le même bilan, 50 548 combattants rebelles et combattants des Forces démocratiques syriennes, une alliance arabo-kurde ont été tués, ainsi que 49 547 jihadistes dont des étrangers.

Les forces du régime ont perdu 104 656 hommes dont 57 909 soldats.

OB : Notez le peu de cas qui est fait en général dans les médias par la mort de plus de 100 000 soldats et volontaires, généralement jeunes de 18 à 30 ans, tués ne partie par des armes fournies par les États-Unis et la France aux “modérés”…

Parmi les personnes tuées, 3 594 n’ont pas été identifiées, selon l’OSDH

Source : Ouest-France,  

syrie-bilan

Source: http://www.les-crises.fr/syrie-la-guerre-qui-sevit-depuis-2011-a-fait-plus-de-290-000-morts/


Tic… Tac… Tic… Tac…, par Noam Chomsky

Friday 12 August 2016 at 01:58

Source : TomDispatch.com, le 12/06/2016

Posté par Noam Chomsky, le 12 juin 2016

Cela faisait trois mois qu’il n’avait pas mis les pieds à son bureau lorsqu’il se rendit à Prague, capitale de la République Tchèque, et fit une allocution sur le dilemme nucléaire mondial. Ses déclarations semblaient venir de militants antinucléaires, pas du président des États-Unis. En appelant à utiliser de nouvelles formes d’énergie, Barack Obama a parlé avec une rare éloquence des dangers d’une planète où les armes nucléaires se sont répandues à tel point que leur utilisation va s’avérer « inévitable ». Il a plaidé pour un « monde sans armes nucléaires » et a même affirmé : « En tant que puissance nucléaire, en tant que seule puissance nucléaire à avoir utilisé l’arme nucléaire, les États-Unis ont la responsabilité morale d’agir. » Il a même promis de prendre « des décisions concrètes » pour commencer à construire un tel monde sans de telles armes.

Sept ans plus tard, il est temps de faire le bilan de notre soi-disant premier président abolitionniste. L’arsenal nucléaire américain – 4 571 ogives (quoique bien moins que les 19 000 de 1991 lors de l’implosion du l’Union Soviétique) – reste assez puissant pour détruire plusieurs planètes de la taille de la Terre. Selon la Fédération des Scientifiques Américains, les derniers chiffres du Pentagone sur cet arsenal indiquent que « l’administration Obama a réduit les réserves moins que n’importe quel autre depuis la fin de la guerre froide, et que le nombre d’ogives démantelées en 2015 était le plus faible depuis l’arrivée au pouvoir du président Obama. » Pour mettre cela en perspective, Obama a fait significativement moins que George W. Bush en matière de réduction de l’arsenal.

Dans le même temps, notre président abolitionniste s’occupe actuellement de la modernisation du même arsenal, un projet en cours depuis trois décennies, dont le coût est estimé à au moins 1000 milliard de dollars – sans compter, bien sûr, les habituels surcoûts impromptus. Dans l’opération, de nouveaux systèmes d’armement seront produits, la première bombe atomique dite « intelligente » (c’est à dire plus précise et plus destructrice), et Dieu sait quoi d’autre.

Un seul succès antinucléaire peut lui être attribué, son accord avec l’Iran s’assurant que ce pays ne produise pas une telle bombe. Un bilan aussi dérisoire venant d’un président qui semblait sur la voie de l’abolitionnisme nous éclaire sur la réalité du dilemme nucléaire et l’emprise que la sécurité nationale a sur sa pensée (et probablement sur celle de n’importe quel futur président).

Il est effrayant que, sur notre planète, l’humanité continue d’encourager deux forces apocalyptiques, dont chacune – l’une immédiate (menace nucléaire) et l’autre sur la durée (réchauffement climatique) – pourrait mutiler voire détruire l’humanité telle que nous la connaissons. Cela devrait tous nous faire réfléchir. C’est ce dont nous parle Noam Chomsky dans cet essai extrait de son remarquable nouveau livre Who Rules the World? (« Qui dirige le monde ? »). Tom

L’horloge de la fin du monde (Doomsday Clock)

Armes nucléaires, changement climatique, et les perspectives de survie

Par Noam Chomsky

[Cet essai est extrait du dernier livre de Noam Chomsky, Who Rules the World? (Metropolitan Books)]

En janvier 2015, le bulletin des scientifiques atomistes a avancé sa célèbre horloge de la fin du monde à minuit moins trois minutes, un niveau de menace qui n’avait pas été atteint depuis 30 ans. Le communiqué du bulletin explique le choix d’avancer l’horloge par deux menaces majeures pour notre survie : les armes nucléaires et le changement climatique non contrôlé. L’appel accuse les dirigeants mondiaux, qui « ont échoué à agir à la vitesse requise pour protéger les citoyens d’une catastrophe potentielle, » mettant en danger chaque personne sur Terre en échouant à accomplir leur plus important devoir : assurer et préserver la santé et la vitalité de la civilisation humaine.

Depuis lors, il y a de bonnes raisons de penser que nous sommes encore plus proches de la fin du monde.

Fin 2015, les dirigeants mondiaux se sont réunis à Paris pour résoudre le grave problème du « changement climatique incontrôlé. » Pas un jour ne se passe sans nouvelles preuves de la gravité de la crise. Pour prendre un exemple presque au hasard, peu de temps avant l’ouverture de la conférence de Paris, le Jet Propulsion Laboratory de la NASA a publié une étude surprenante et alarmante de deux scientifiques qui ont étudié la glace de l’Arctique. L’étude a montré que l’énorme glacier du Groenland, Zachariae Isstrom, « est passé d’une position glaciaire stable en 2012 à une phase de recul accéléré, » par un développement inattendu et de mauvais augure. Le glacier « contient suffisamment d’eau pour élever le niveau global de la mer de plus de 18 pouces (46 centimètres) s’il venait à fondre complètement. Il a maintenant entamé un régime de fonte rapide, perdant 5 milliards de tonnes de masse chaque année. Toute cette glace se désagrège dans l’océan Atlantique Nord. »

Cependant il y a peu d’espoir que les dirigeants du monde à Paris « agissent avec la vitesse ou à l’échelle requise pour protéger les citoyens de la catastrophe potentielle. » Et même si, par miracle, ils l’avaient fait, cela aurait été d’une portée limitée, pour des raisons qui seraient profondément troublantes.

Lorsque l’accord a été approuvé à Paris, le ministre français des affaires étrangères Laurent Fabius, qui a accueilli les débats, a annoncé qu’il était « juridiquement contraignant ». Cela peut nous permettre d’espérer, mais de nombreux obstacles doivent retenir toute notre attention.

Si l’on considère l’ensemble de la couverture médiatique de la conférence de Paris, peut-être les commentaires les plus importants sont ceux-ci, enfouis à la fin d’une longue analyse du New York Times : « Traditionnellement, les négociateurs se sont efforcés de rédiger un traité juridiquement contraignant qui requière des gouvernements des pays participants à la conférence que la ratification ait une valeur. Dans le cas présent, il n’y a aucun moyen de l’obtenir, à cause des États-Unis. Un tel traité serait mort-né en arrivant à Capitol Hill sans les deux tiers des voix de majorité requis au Sénat contrôlé par les Républicains. Ainsi, les objectifs volontaires prennent la place des objectifs contraignants et obligatoires. » Et les plans volontaires sont une garantie d’échec.

« A cause des États-Unis. » Plus précisément, à cause du Parti républicain, qui maintenant est en train de devenir un réel danger pour une survie humaine décente.

Les conclusions sont soulignées dans un autre article du Times sur l’accord de Paris. A la fin d’un long texte louant la réalisation, l’article note que le système créé à la conférence « dépend en grande partie des points de vue des futurs leaders mondiaux qui appliqueront ces politiques. Aux États-Unis, chaque candidat républicain à la présidence de 2016 a publiquement remis en question ou refusé d’admettre le changement climatique, et s’est opposé aux politiques de M. Obama à ce sujet. Au Sénat, Mitch McConnell, leader républicain, qui a mené la charge contre le programme de M. Obama concernant le changement climatique, a déclaré : “Avant que ses partenaires internationaux ne sabrent le champagne, ils feraient mieux de se rappeler que c’est un objectif inatteignable, basé sur un plan énergétique probablement illégal, que la moitié des États l’ont attaqué en justice pour l’arrêter, et dont le Congrès a déjà voté le rejet.” »

Les deux partis se sont déplacés vers la droite pendant la période néolibérale de la génération précédente. Les démocrates mainstream sont maintenant à peu près ce que l’on appelait « les républicains modérés ». Pendant ce temps, le Parti républicain a largement dérivé hors du spectre, devenant ce que le respecté analyste politique conservateur Thomas Mann et Norman Ornstein appellent une « insurrection radicale » qui a pratiquement abandonné la politique parlementaire normale. Avec la dérive droitière, le dévouement du Parti républicain à la richesse et aux privilèges est devenu si extrême que ses politiques réelles pourraient ne pas attirer les électeurs, il a donc dû chercher une nouvelle base populaire, mobilisée pour d’autres motifs : les chrétiens évangéliques qui attendent la seconde venue, nativistes qui craignent qu’« ils » mènent notre pays loin de nous, racistes impénitents, les gens avec de vrais griefs qui confondent gravement leurs causes, et d’autres comme eux qui sont des proies faciles pour les démagogues et peuvent facilement se transformer en insurrection radicale.

Au cours des dernières années, l’establishment républicain a réussi à ignorer les voix de la base qu’il avait mobilisée. Mais plus maintenant. À la fin 2015, l’establishment exprimait la consternation et un désespoir considérable pour son incapacité à le faire, alors que la base républicaine et ses choix sont hors de contrôle.

Les élus républicains et prétendants à la prochaine élection présidentielle ont exprimé un mépris clair pour les délibérations de Paris, refusant même de participer à la procédure. Les trois candidats qui menaient dans les sondages du moment – Donald Trump, Ted Cruz et Ben Carson – ont adopté la position de la base largement évangélique : les humains n’ont pas d’impact sur le réchauffement climatique, si tant est que le réchauffement existe.

Les autres candidats rejettent l’action du gouvernement face à la question. Immédiatement après le discours d’Obama à Paris, promettant que les États-Unis seraient à l’avant-garde de la recherche d’une action mondiale, un vote du Congrès dominé par les Républicains a sabordé les dernières règles de l’Agence de Protection de l’Environnement destinées à réduire les émissions de carbone. Comme la presse l’a rapporté, ce fut « un message provocant adressé à plus de 100 dirigeants du monde, soulignant que le président américain n’a pas le plein soutien de son gouvernement sur la politique climatique » – un euphémisme, en quelque sorte. Pendant ce temps, Lamar Smith, chef républicain de la commission de la Chambre sur la science, l’espace et la technologie, a renforcé son djihad contre les scientifiques du gouvernement qui osent dénoncer les faits.

Le message est clair. Les citoyens américains sont confrontés à une énorme responsabilité chez eux.

Sur ce même sujet, le New York Times souligne que « les deux tiers des Américains sont favorables à ce que les États-Unis adoptent un accord international contraignant pour freiner la croissance des émissions de gaz à effet de serre. » Et trois Américains sur cinq considèrent le climat comme plus important que l’économie. Mais ce n’est pas le problème. L’opinion publique est ignorée. Ce fait, une fois de plus, envoie un message fort aux Américains. Il leur incombe de corriger les dysfonctions du système politique, dans lequel l’opinion populaire est une donnée marginale. La disparité entre l’opinion publique et la politique, dans ce cas, a des conséquences importantes pour le sort du monde.

Nous ne devons pas, bien sûr, nous lamenter sur un « âge d’or » révolu. Néanmoins, en examinant simplement l’évolution actuelle, on y voit des changements importants. L’affaiblissement du fonctionnement de la démocratie est l’une des conséquences de l’agression néolibérale sur la population mondiale de la dernière génération. Et cela ne se produit pas seulement aux États-Unis ; en Europe l’impact est peut-être pire.

Le cygne noir que nous ne verrons jamais

Passons maintenant à l’autre (et traditionnelle) préoccupation des scientifiques atomiques qui ajustent l’horloge de la fin du monde : les armes nucléaires. La menace actuelle de la guerre nucléaire justifie amplement leur décision de janvier 2015 d’avancer l’horloge de deux minutes vers minuit. Ce qui est arrivé depuis révèle encore plus clairement la menace croissante, une question qui suscite une préoccupation insuffisante, à mon avis.

La dernière fois que l’horloge de la fin du monde a atteint trois minutes avant minuit c’était en 1983, au moment des exercices Able Archer de l’administration Reagan ; ces exercices d’attaques simulées sur l’Union Soviétique ont servi à tester leurs systèmes de défense. Des archives russes publiées récemment révèlent que les Russes étaient profondément préoccupés par les opérations et se préparaient à répliquer, ce qui aurait signifié, tout simplement : La Fin.

Nous en avons appris plus sur ces exercices irréfléchis et inconscients qui ont conduit le monde à deux doigts de la catastrophe, de la part de militaires américains et de l’analyste américain du renseignement Melvin Goodman, qui était chef de la division de la CIA et analyste principal au Bureau des affaires soviétiques de l’époque. « En plus de l’exercice de mobilisation Able Archer qui a alarmé le Kremlin, écrit Goodman, l’administration Reagan a autorisé des exercices militaires inhabituellement agressifs près de la frontière soviétique qui, dans certains cas, ont violé la souveraineté territoriale soviétique. Les mesures risquées du Pentagone comprenaient l’envoi de bombardiers stratégiques américains sur le pôle Nord pour tester les radars soviétiques, et des exercices navals de temps de guerre où les navires américains ont été plus proches de l’URSS que jamais. Ainsi que des opérations secrètes de simulation d’attaques navales surprises sur des cibles soviétiques. »

Nous savons maintenant que le monde a été sauvé de la destruction nucléaire probable dans ces jours effrayants par la décision d’un officier russe, Stanislav Petrov, de ne pas transmettre aux autorités supérieures le rapport des systèmes de détection automatisés prévenant que l’URSS subissait une attaque de missiles. Par conséquent, Petrov prend sa place aux côtés du commandant de sous-marin russe Vasili Arkhipov, qui, à un moment dangereux de la crise des missiles cubains de 1962, a refusé d’autoriser le lancement de torpilles nucléaires lorsque des sous-marins ont été attaqués par les destroyers américains qui maintenaient le blocus maritime.

D’autres exemples révélés récemment viennent enrichir le dossier déjà effrayant. L’expert de la sécurité nucléaire Bruce Blair déclare que « le moment où les Etats-Unis ont été le plus proche de voir le Président décider par inadvertance d’un lancement stratégique a eu lieu en 1979, quand le système d’alerte précoce NORAD (North American Aerospace Defense Command) a détecté une attaque soviétique de grande ampleur. Le conseiller de sécurité nationale Zbigniew Brzezinski a été appelé deux fois dans la nuit pour lui annoncer que les États-Unis étaient attaqués. Il a aussitôt décroché le téléphone pour convaincre le président Carter qu’une réponse à grande échelle était nécessaire et devait être immédiate, quand un troisième appel l’a informé que c’était une fausse alerte. »

Cet exemple nouvellement révélé évoque un incident critique de 1995, lorsque la trajectoire d’une fusée américano-norvégienne transportant du matériel scientifique ressemblait à la trajectoire d’un missile nucléaire. Ce qui a provoqué l’inquiétude russe qui a atteint rapidement le président Boris Eltsine, qui est en charge de décider de lancer une frappe nucléaire.

Blair ajoute d’autres exemples tirés de sa propre expérience. Dans un cas, pendant la guerre du Moyen-Orient en 1967, « un équipage d’avion porteur de charge nucléaire a reçu un ordre d’attaque réelle au lieu d’un exercice de formation et d’entrainement nucléaire. » Quelques années plus tard, au début des années 1970, le Strategic Air Command de Omaha a « réémis un ordre d’exercice de lancement comme un ordre de lancement réel. » Dans les deux cas, les contrôles de code avaient échoué ; une intervention humaine a empêché le lancement. « Vous avez là un exemple de la dérive, » ajoute Blair. « Il n’était tout simplement pas rare que ce genre de SNAFU se produise. » [SNAFU : « Situation Normal: All Fucked Up », acronyme ironique indiquant que la situation est mauvaise, mais que c’est la situation normale, NdT]

Blair a fait ces commentaires en réaction au rapport du pilote John Bordne qui a été récemment blanchi par l’US Air Force. Bordne servait sur la base militaire américaine à Okinawa en octobre 1962, au moment de la crise des missiles de Cuba et au moment de graves tensions en Asie. Le système d’alerte nucléaire des États-Unis avait été augmenté à DEFCON 2, un niveau inférieur à DEFCON 1, niveau auquel des missiles nucléaires peuvent être lancés immédiatement. Au sommet de la crise, le 28 octobre, un équipage de missiles a reçu l’autorisation de lancer ses missiles nucléaires par erreur. Ils ont décidé de ne pas le faire, évitant probablement la guerre nucléaire. Ils rejoignent ainsi Petrov et Arkhipov dans le panthéon des hommes qui ont décidé de désobéir au protocole et ainsi sauvé le monde.

Comme Blair l’a observé, ces incidents ne sont pas rares. L’étude récente d’un expert a révélé des dizaines de fausses alertes chaque année au cours de la période examinée, de 1977 à 1983 ; l’étude a relevé un nombre de cas variant de 43 à 255 par an. L’auteur de l’étude, Seth Baum, résume avec les mots appropriés : « La guerre nucléaire est le cygne noir que personne ne voit jamais, sauf en ce bref instant où il nous tue. Nous retardons la suppression de cette menace à nos risques et périls. Il est grand temps de le faire, tant que nous sommes encore en vie. »

Ces études, comme celles reprises dans le livre d’Eric Schlosser, Command and Control, se bornent principalement aux systèmes américains. Les systèmes russes en revanche sont bien plus sources d’erreurs. Sans oublier les autres systèmes, notamment pakistanais.

« Une guerre n’est plus inimaginable »

Parfois, la menace n’est pas un accident, mais de l’aventurisme, comme dans le cas d’Able Archer. Le cas le plus extrême est celui des Missiles Cubains de 1962, quand la menace d’un désastre était bien trop réelle. La façon dont cela a été géré en est choquante ; de même que la manière dont cela a été interprété par la suite.

Avec ce triste record en tête, il est utile d’observer les débats stratégiques et leur préparation. Un cas qui fait froid dans le dos est celui de l’étude du STRATCOM (United States Strategic Command) “Eléments essentiels de la dissuasion post-Guerre Froide” (« Essentials of Post-Cold War Deterrence »), sous Clinton en 1995. L’étude appelle à conserver le droit de la « première frappe » [en stratégie militaire, une première frappe désigne une attaque surprise préventive avec un grand nombre d’armes, NdT], même contre les pays ne possédant pas l’arme nucléaire. L’étude explique que les armes nucléaires sont constamment utilisées, dans le sens où elles « assombrissent chaque crise ou conflit. » Elle incite également à renvoyer l’image d’un pays au caractère vindicatif et irrationnel, afin d’intimider le monde.

La doctrine actuelle est analysée dans l’éditorial du journal International Security, un des journaux de référence dans le monde de la doctrine stratégique. Les auteurs expliquent que les États-Unis sont engagés dans une primauté stratégique – c’est-à-dire éviter les représailles. C’est la logique de la « nouvelle triade » d’Obama (renforcer les sous-marins et les missiles au sol ainsi que les forces de bombardement), en plus de missiles de défense pour contrer des représailles. Le problème levé par les auteurs est que la demande américaine pour une primauté stratégique pourrait mener la Chine à réagir en abandonnant sa politique consistant à ne pas lancer de première frappe et en étendant les limites de sa dissuasion. Les auteurs pensent que cela n’arrivera pas, mais les perspectives restent incertaines. Clairement, cette doctrine augmente les dangers dans une région conflictuelle et à risque.

C’est également vrai pour l’OTAN et son expansion vers l’est en violation avec les promesses verbales faites à Mikhaïl Gorbatchev alors que l’URSS s’écroulait et qu’il donna son accord pour permettre à l’Allemagne, une fois unifiée, d’intégrer l’OTAN – concession assez remarquable quand on repense à l’histoire du XXe siècle. L’expansion vers l’Allemagne de l’Est s’est faite dans un premier temps. Dans les années qui ont suivi, l’OTAN s’est étendue jusqu’aux frontières russes ; il y a maintenant des raisons de craindre que cela puisse aller jusqu’à une inclusion de l’Ukraine, cœur géostratégique de la Russie. On imagine très bien comment les États-Unis réagiraient si le pacte de Varsovie existait encore, si une grande partie de l’Amérique latine l’avait rejoint, et si maintenant, le Mexique et le Canada étaient candidats également.

Mis à part cela, la Russie comprend comme la Chine (et les stratèges américains, d’ailleurs) que les systèmes américains de défense antimissile près des frontières de la Russie sont, en effet, des armes de première frappe, visant à établir la primauté stratégique – l’immunité contre les représailles. Peut-être que leur mission est tout à fait impossible, comme certains spécialistes le soutiennent. Mais on ne peut être sûr de rien. Et les réactions militaires de la Russie sont interprétées naturellement par l’OTAN comme une menace pour l’Occident.

Un éminent chercheur britannique spécialiste de l’Ukraine présente ce qu’il appelle un « paradoxe géographique fatidique » : que l’OTAN « n’existe que pour gérer les risques créés par son existence. »

Les menaces sont maintenant bien réelles. Heureusement, l’abattage d’un avion russe par un F-16 turc en novembre 2015 n’a pas mené à un incident international, mais il aurait pu, particulièrement au vu des circonstances. L’avion était en mission de bombardement en Syrie. Il est passé pendant à peine 17 secondes au-dessus d’une frange du territoire turc qui forme une saillie dans la Syrie, et se dirigeait de manière évidente vers la Syrie, où il s’est abîmé. L’abattre apparaît comme ayant été un acte inutilement imprudent et provocateur, et un acte suivi de conséquences.

En réaction, la Russie a annoncé que ses bombardiers seraient dorénavant accompagnés par des avions de chasse et qu’elle déploierait des systèmes sophistiqués de missiles anti-aériens en Syrie. La Russie a également ordonné à son croiseur lance-missiles Moskva, avec son système de défense aérienne longue portée, de se rapprocher de la côte afin qu’il puisse être « prêt à détruire n’importe quelle cible aérienne portant un potentiel danger contre sa flotte aérienne, » a annoncé le ministre Sergei Shoigu. Tout cela jette les bases de confrontations qui pourraient être létales.

Les tensions sont également constantes aux frontières entre la Russie et l’OTAN, incluant les manœuvres militaires des deux côtés. Peu après que l’horloge de la fin du monde ait été, de manière inquiétante, rapprochée de minuit, la presse nationale déclara que « des véhicules de combat militaire américains ont paradé mercredi à travers une ville estonienne qui jouxte la Russie, un acte symbolique qui souligne les enjeux pour les deux côtés au milieu des pires tensions entre l’Occident et la Russie depuis la guerre froide. » Peu avant, un avion de guerre russe est passé à quelques secondes d’une collision avec un avion de ligne civil danois. Les deux côtés pratiquent une mobilisation rapide et un redéploiement des forces vers la frontière Russie-OTAN, et « tous deux pensent qu’une guerre n’est plus impensable. »

Perspectives de survie

S’il en est ainsi, les deux côtés sont au-delà de l’imbécillité, car une guerre pourrait bien tout détruire. Il est reconnu depuis des dizaines d’années qu’une première frappe d’une puissance majeure pourrait détruire l’attaquant, même sans représailles, simplement des effets d’un hiver nucléaire.

Mais c’est le monde d’aujourd’hui. Et pas seulement celui d’aujourd’hui – mais celui dans lequel nous vivons depuis 70 ans. Le raisonnement de toutes les parties est incroyable. Comme nous l’avons vu, la sécurité pour les populations n’est, typiquement, pas le premier souci des politiciens. Cela est vrai depuis les premiers jours de l’âge nucléaire, quand dans les centres de formation politique il n’y avait aucun effort – apparemment même aucune pensée exprimée – pour éliminer la sérieuse menace potentielle pour les États-Unis, ce qui aurait pu être possible. Et ainsi le même problème continue de persister, comme le montrent les exemples que nous venons de citer.

C’est le monde dans lequel nous avons vécu et vivons encore aujourd’hui. Les armes nucléaires posent un danger constant de destruction instantanée, mais au moins nous savons comment réduire la menace, et même comment l’éliminer ; une obligation qui engageait les puissances nucléaires qui ont signé le traité de non-prolifération, et dont ils n’ont pas tenu compte. La menace du réchauffement climatique n’est pas immédiate, bien qu’elle soit pressante à long terme et pourrait empirer soudainement. Notre capacité à la gérer reste à préciser, mais il n’y a aucun doute que plus le délai sera long, plus extrême sera le désastre.

Les perspectives d’une survie décente à long terme ne sont pas élevées à moins qu’il n’y ait un changement significatif dans la trajectoire. Une grande partie de la responsabilité est entre nos mains – les opportunités également.

Noam Chomsky est professeur émérite dans le département de linguistique et de philosophie au Massachussetts Institute of Technology (MIT). Dans son œuvre de réinformation [Allusion au site TomDispatch.com, qui se définit comme antidote aux médias mainstream, NdT], on trouve parmi ses récents livres Hegemony or Survival (« Hégémonie ou Survie ») et Failed States (« Des États ratés »). Cet essai est tiré de son nouveau livre, Who Rules the World? (« Qui dirige le monde ? », Metropolitan Books, the American Empire Project). Son site est www.chomsky.info.

Copyright 2016 Valeria Galvao Wasserman-Chomsky

Source : TomDispatch.com, le 12/06/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Doomsdays

Source: http://www.les-crises.fr/tic-tac-tic-tac-par-noam-chomsky/


Europe : quand Joseph Stiglitz sert les populistes, par Eric Le Boucher

Friday 12 August 2016 at 01:30

Quand tu es progressiste, et que tu te fais quasiment traiter de “réactionnaire” par le chien de garde de l’Opinion…

Source : L’Opinion, Eric Le Boucher, 07/08/2016

« Désolant qu’un idéaliste de gauche comme le professeur Stiglitz en arrive [dans son dernier livre] à livrer des justifications inespérées pour des forces nationalistes les plus étroitement réactionnaires »

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Au centre de la cible populiste, il y a toujours l’Europe. L’Europe, c’est-à-dire l’idée que les peuples puissent s’entendre avec des peuples très différents, qu’ils puissent faire route ensemble malgré les guerres passées, les origines, les cultures et les religions dissemblables. L’Europe surpassement des nationalismes est la construction qu’il faut démolir. Si l’Europe marche, fini le populisme ! Si le populisme l’emporte, finie de l’Europe ! La bataille est une lutte à mort.

C’est dire combien il est désolant de voir les Américains attaquer l’Europe. Et en particulier de lire un Joseph Stiglitz faire de l’euro le responsable de tous nos malheurs (*). Le Prix Nobel d’économie est radical : l’euro qui devait rapprocher les Européens aboutit, après dix-sept ans d’existence, « à relancer les conflits, à nourrir de nouvelles crises, à provoquer des colères et des haines ».

Le neuf n’est pas dans l’argumentation déjà entendu mille fois. L’euro est une « tragique erreur » parce qu’on ne fait pas une monnaie commune sans union politique. Les Etats-Unis avaient servi de modèle : l’économie à grande échelle avec une monnaie unique, imitons-les, disaient les concepteurs européens. Mais ils n’ont pas mis en place les conditions politiques pour que l’euro marche. Et à cette construction bancale, s’est ajoutée une « fausse » politique économique, l’austérité, imposée par l’Allemagne. Du coup, l’euro qui devait, au départ, provoquer une convergence des pays membres, conduit à son contraire, la divergence, sur laquelle poussent les nouveaux reproches.

Pour Joseph Stiglitz, l’Europe n’est pas une belle idée d’entente mais une méchante colonisation du Sud par le Nord, des pays débiteurs par les pays créditeurs

Intérêts allemands. Ce qui est neuf chez Joseph Stiglitz en revanche, c’est de le voir rejoindre les thèses complotistes des populistes. Si l’Allemagne impose l’austérité, ce n’est pas par fausse conception intellectuelle, c’est par pur intérêt. Et de nous narrer l’exemple les normes sur le lait de brebis imposées par la Commission européenne aux éleveurs grecs, à savoir que le label « lait frais » devait ne pas dater de plus de quatre jours. Ces normes « étaient dictées par les producteurs laitiers allemands et danois » qui voulaient s’emparer du consommateur grec. La loi de Bruxelles n’a pour objet en vérité que d’ouvrir les marchés aux industriels nord-européens.

De même, le refinancement d’Athènes n’aurait pas été accordé pour que le pays puisse survivre et rester dans l’euro mais principalement pour éviter des pertes vertigineuses aux banques germaniques et françaises. Autrement dit, l’Europe n’est pas une belle idée d’entente mais une méchante colonisation du Sud par le Nord, des pays débiteurs par les pays créditeurs. L’Europe n’est pas un projet humaniste, c’est une nouvelle version de la politique de la canonnière.

Le désolant est de voir un économiste de gauche, très influent, rejoindre les populistes dans leur déni que les europhiles puissent agir par belle âme. La belle âme n’existe pas, l’humanisme n’est que le paravent d’intérêts très bas, affirment les populistes. La critique radicale de l’Europe ne doit plus se sentir retenue par une sorte de mauvaise conscience d’être « in-humaniste ». Non l’Europe n’est qu’une construction au service des gros industriels allemands. La descente en flamme est permise.

Désolant qu’un idéaliste de gauche comme le professeur Stiglitz en arrive à livrer des justifications inespérées pour les forces nationalistes les plus étroitement réactionnaires. Pourquoi cette accusation radicale de l’euro qui aboutit à un tel changement de rive ? Le livre de Stiglitz est révélateur de l’impasse intellectuelle de l’extrême gauche. Car le professeur ne pousse pas sa logique, il ne va pas jusqu’à l’abandon de l’euro. Il conserve l’euro et admet donc que, contrairement à ce qu’il laisse comprendre, la monnaie n’est pas la cause fondamentale de la faiblesse économique européenne. Joseph Stiglitz dit, comme les europhiles, que le coupable n’est pas l’euro mais son incomplétude.

Compromis politique. Et il les rejoint entièrement par la suite. Pour que l’euro marche, le professeur d’économie ne demande rien d’économiquement révolutionnaire : une union bancaire, une politique monétaire accommodante qui cesse de s’obnubiler de l’inflation, la fin de l’austérité et une politique fiscale de lutte contre les inégalités. Liste dont l’essentiel est déjà en cours et le reste, comme la fiscalité, relève plus de la situation américaine qu’européenne. Alors que manque-t-il ? Le compromis politique justement. L’idéalisme économiste a butté il y a dix-sept ans sur le manque politique, il y butte toujours. La cible de l’attaque stiglitzienne ne devrait pas être l’enfant euro mal engendré mais ses parents inconséquents.

Il revient au Prix Nobel de trouver le bon compromis ricardo-keynésien d’aujourd’hui, un entre-deux franco-allemand qui réunirait les deux pays et leur permette enfin d’avancer

Le professeur serait d’un bien plus grand secours pour l’Europe s’il portait là ses influentes flèches. Oui l’euro est menacé de démantèlement mais pas à cause de son objet, à cause des gouvernements incapables d’avancer vers ce qui est nécessaire et connu depuis le départ. Comme le dit Jean-Louis Bourlanges (l’Opinion du 29 décembre 2015), qui a été député européen pendant dix-huit ans, « ceux qui dirigent l’Union depuis 1995 sont des eurotièdes, aussi incapables de faire marche arrière que d’aller de l’avant, de dire oui que de dire non à la Turquie, de sortir de l’euro que de bâtir une politique économique commune, de donner les moyens nécessaires à l’Europe de Schengen que de rétablir les contrôles aux frontières nationales ».

Déclin européen. Joseph Stiglitz rend l’Allemagne responsable du déclin européen par égoïsme de ses seuls intérêts. On aurait préféré que le professeur réponde à la question posée par les Allemands : Comment se fait-il que la politique monétaire laxiste au niveau mondial et le maintien de déficits budgétaires considérables dans beaucoup de pays n’ont toujours pas permis une sortie de crise complète ? L’argent facile n’est-il pas devenu trop facile et pervers ? Il revient au Prix Nobel de trouver le bon compromis ricardo-keynésien d’aujourd’hui, un entre-deux franco-allemand qui réunirait les deux pays et leur permette enfin d’avancer. Hélas, comme poursuit Jean-Louis Bourlanges : « L’Allemagne s’enferme, sous la houlette de sa Cour constitutionnelle, dans un souverainisme tranquille qui la condamne au statu quo. Quant à la France, elle s’est disqualifiée en profondeur en refusant de faire de vraies réformes et en ne tenant aucun de ses engagements. »

Le bon livre sur l’euro serait celui qui donne le chemin de sortie économico-politique plutôt que de renforcer les critiques populistes.

OB : Comme a dit Todd : Vous avez soutenu l’euro comme de sagouins depuis 20 ans, maintenant ne nous demandez pas comment le faire marcher (c’est impossible…), démerdez-vous !

The euro : How a Common Currency Threatens the Future of Europe, par Joseph Stiglitz. Editions W.W.Norton &Cie

Source : L’Opinion, Eric Le Boucher, 07/08/2016

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Source: http://www.les-crises.fr/europe-quand-joseph-stiglitz-sert-les-populistes-par-eric-le-boucher/


Syrie : pourquoi Poutine va détruire Alep, par Michel Colomès

Friday 12 August 2016 at 01:10

Toujours les mêmes propagandes orientées, approximations, déformations, mensonges, ça devient lassant…

Peut-être faudrait-il simplement interdire les “informations” internationales, on s’en porterait mieux…

Syrie : pourquoi Poutine va détruire Alep, par Michel Colomès

Source : Le Point, Michel Colomès, 06-08-2016

La seconde ville du pays, carrefour commercial et culturel, riche de 2 000 ans d’histoire, meurt sous les bombardements. Dans le silence gêné de l’Occident.

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Alep est assiégée depuis quatre ans par l’armée d’Assad. Sans résultat. Mais le prochain changement de président aux États-Unis pousse les Syriens et leurs alliés russes à en finir. Sans tenir compte des 300 000 civils, dont 90 000 enfants, qui, dans des conditions effroyables de famine, d’épidémies et surtout de bombardements quasi incessants, avaient jusqu’ici réussi à tenir bon.

Depuis le 17 juillet, le dernier point de passage qui reliait les survivants à la Turquie et par lequel passaient de rares convois d’approvisionnement a été pris par les soldats d’Assad. Les agences humanitaires ont fait le calcul : avec les maigres stocks accumulés, il reste à peine de quoi nourrir – mal et pour quelques jours – 150 000 personnes. Dans Alep assiégée, ils sont le double.

Rouleau compresseur

Les Nations unies ont demandé une trêve pour l’évacuation des civils. Les Syriens et les Russes ont répondu qu’ils étaient prêts à mettre sur pied des corridors humanitaires et même à assurer la vie sauve à ceux des combattants rebelles qui les emprunteraient. Le problème est qu’une promesse identique avait été faite avant la prise d’Homs par les forces gouvernementales. À l’arrivée, il manquait 160 personnes à l’appel.

C’est la raison pour laquelle depuis quatre jours, les rebelles, qui tiennent seulement les quartiers est de la ville, là où se sont regroupés une majorité de civils, ont lancé une offensive désespérée pour rompre le blocus. Avec quelques succès. Comme ce tunnel creusé sous les premières lignes des soldats de l’armée régulière qu’ils ont bourré de dynamite et fait exploser.

Mais le rouleau compresseur russe fait en sorte que l’étau ne se desserre pas et que l’armée d’Assad continue à asphyxier la ville déjà réduite à un champ de ruines, elle dont le souk et les jardins étaient classés au patrimoine de l’Unesco. Elle dont la population fourmillait de lettrés, de médecins de renom. Elle, tragique paradoxe, que l’on qualifiait il n’y a pas si longtemps de capitale gastronomique de la Syrie.

Impuissance

Et que fait la cavalerie américaine devant ce désastre annoncé ? Rien. Que dit l’Europe à M. Poutine, elle si prompte à demander des comptes à certains gouvernants pour leurs manquements aux droits de l’homme ? Rien.

Il faut dire que grâce à la perpétuelle valse-hésitation de Barack Obama avec la Syrie, comme avec l’Irak, nous avons fait en sorte que tous les opposants modérés à Assad disparaissent dans les oubliettes de la rébellion. Eux et ceux des combattants armés qui tentaient de les suivre. Résultat, ils ont été remplacés par des djihadistes, souvent liés à Al-Qaïda. Comme ce Front al-Nosra, rebaptisé récemment par son chef, Abou Mohamed Al Jolani, « Front pour la conquête de la Syrie ».  On ne peut être plus clair : il s’agit pour lui de profiter des revers de Daech pour s’implanter en Syrie et profiter de la chute éventuelle d’Assad pour créer un autre État islamique. Une menace géographiquement plus proche encore d’Israël et de l’Europe.

En pleine période de psychose terroriste, en Europe comme aux États-Unis, il est dès lors très délicat – même si la France s’y risque – de trier le bon grain de l’ivraie, d’aider les modérés – s’il en reste – et de combattre ceux qui rêvent d’une Syrie sous la férule de la charia. Voilà pourquoi Vladimir Poutine va continuer à avoir les mains libres pour s’emparer d’Alep, conforter Bachar el-Assad et asseoir un peu plus l’influence russe au Moyen-Orient. C’est sur cette humiliation sans précédent que Barack Obama terminera sa présidence.

Source : Le Point, Michel Colomès, 06-08-2016

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Source: http://www.les-crises.fr/syrie-pourquoi-poutine-va-detruire-alep-par-michel-colomes/


[Entraide] Traducteurs en Arabe SVP, Passionnés d’Histoire, Vincennes, Saisies, Orthographe, Pdf Acrobat, Saisies, Libyens

Thursday 11 August 2016 at 13:20

Bonjour – d’importants appels à l’entraide aujourd’hui

Langue Arabe – IMPORTANT

Nous cherchons des traducteurs maitrisant bien l’arabe et le français…

Passionnés d’Histoire

Nous cherchons des volontaires qui ont du temps cet été et/ou l’année prochaine aider à lire des livres et des sites Internet pour en retirer des informations intéressantes, sur différents sujets en lien avec l’Histoire récente (pas de rédaction à faire, juste de la sélection de choses intéressantes). Capacité à croiser les sources, volonté de chercher honnêtement la vérité bienvenues… 🙂

Saisies

Dans le même ordre d’idées, nous cherchons des volontaires qui ont du temps (retraités bienvenus !) pour saisir sous Word (ou autre) des notes manuscrites sur des pépites dans de fantastiques documents historiques, à la rentrée. Formidable projet de longue haleine, mais qui sera partagé entre plusieurs personnes…

Photos à Vincennes

Nous cherchons des volontaires qui ont du temps aller prendre quelques photos en bibliothèque au Service historique de la Défense à Vincennes, à partir du 22 aout (très rapide)

Orthographe

Nous cherchons un volontaire maitrisant parfaitement l’orthographe pour signaler les coquilles sur le blog (assez tôt le matin si possible)…

Pdf

Nous cherchons une personne pour un travail de traitement de fichiers pdf (à fusionner). Rien de compliqué, mais il faut un peu de temps… Si vous possédez Acrobat, c’est un plus (mais on peu faire sans)

Libyens

Nous cherchons à discuter avec des Libyens sur l’époque Kadhafi…

=> Contact

Contactez-nous ici en indiquant en objet le sujet sur lequel vous vous proposez…

Merci d’avance ! 🙂

Source: http://www.les-crises.fr/entraide-traducteurs-en-arabe-svp-passionnes-dhistoire-vincennes-saisies-orthographe-pdf-acrobat-saisies-libyens/


MH-17 : Deux ans de propagande antirusse, par Robert Parry

Thursday 11 August 2016 at 01:29

Source : Consortiumnews.com, le 17/07/2016

Le 17 juillet 2016

Exclusif : Il y a deux ans, un avion de la Malaysia Airlines, le vol 17, a été abattu alors qu’il survolait l’est de l’Ukraine. Cette destruction en vol a fait 298 morts et a contribué à renforcer une campagne de propagande destinée à susciter une nouvelle guerre froide avec la Russie, écrit Robert Parry.

Par Robert Parry

Nous approchons du second anniversaire de l’abominable destruction en vol de l’avion de la Malaysia Airlines, est-il donc surprenant que le New York Times ait envie de célébrer l’occasion en utilisant une fois de plus cette tragédie pour matraquer sa propagande ? Il cherche, en effet, ainsi à favoriser les desseins des néoconservateurs qui veulent provoquer une nouvelle guerre froide avec la Russie, coûteuse et des plus dangereuses.

Samedi encore, ce journal a fait la preuve de son mépris pour les pratiques journalistiques normales en reprenant une assertion non corroborée selon laquelle les Russes auraient falsifié des images satellites, qui montraient des systèmes de missiles antiaériens ukrainiens dans l’est de l’Ukraine avant que l’avion de ligne ne soit abattu le 17 juillet 2014.

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Une photo du missile BUK que l’ambassadeur américain en Ukraine, Geoffrey Pyatt, a publiée sur Twitter. Il voulait, de cette façon, exprimer son soutien à l’accusation selon laquelle la Russie avait installé des missiles BUK dans l’est de l’Ukraine. Toutefois cette image est, apparemment, une photo de l’Associated Press prise lors d’un salon de l’aéronautique qui s’était déroulé près de Moscou, deux ans auparavant.

Depuis cet instant, le Times et d’autres journaux occidentaux à grand tirage se sont acharnés à imputer la responsabilité des 298 victimes au président russe Vladimir Poutine pour faire plonger le monde, la tête la première, dans la dernière en date des machinations des néoconservateurs, visant à déstabiliser la Russie, puissance nucléaire, et éventuellement à provoquer « un changement de régime » à Moscou.

Même s’il est choquant de voir utilisée, au nom de la géopolitique des grandes puissances, la mort d’innocents, ce qui a été le plus troublant d’un point de vue journalistique, c’est que le Times ait laissé de côté toute prétention à l’objectivité professionnelle, tout comme il l’a fait en trompant le public américain en 2002-2003, à propos des armes fictives de destruction massive.

Dans sa dernière flambée de propagande antirusse, le Times met en avant des blogueurs qui ont eu recours à un programme informatique pour montrer que deux images satellites du gouvernement russe avaient été truquées. Il s’agit de mettre en doute la possession par l’armée ukrainienne, dans l’est de l’Ukraine, de missiles antiaériens capables d’abattre le MH-17.

Toutefois, le Times préfère passer sous silence que les renseignements occidentaux ont déjà confirmé que l’armée ukrainienne disposait, effectivement, le 17 juillet 2014, dans l’est de l’Ukraine, de puissants missiles antiaériens. En octobre dernier, un rapport des services néerlandais a communiqué cet élément fondé sur des renseignements de l’OTAN, qui se fondent sur des collectes de données des satellites occidentaux, entre autres.

En effet, les services de sécurité et de renseignement militaire de la Hollande (le MIVD) ont conclu que c’étaient les forces du gouvernement ukrainien, non les rebelles séparatistes russes, qui disposaient des seules armes antiaériennes de l’Ukraine de l’est capables d’abattre le MH-17 à 10 000 mètres.

Le MIVD a procédé à cette évaluation alors qu’il enquêtait sur les raisons pour lesquelles les avions commerciaux survolaient toujours la zone de combats de l’est de l’Ukraine pendant l’été 2014. Le vol MH-17 venait d’Amsterdam et il transportait de nombreux citoyens néerlandais, ce qui explique pourquoi la Hollande a pris la tête de l’enquête.

Selon le MIVD, qui se fonde sur des « renseignements d’État secrets », l’Ukraine possédait « de puissants systèmes antiaériens » assez anciens et « un certain nombre de ces systèmes se trouvait à l’est du pays ». Toujours selon ce service, les rebelles ne disposaient pas de tels moyens.

« Avant la catastrophe, le MIVD savait qu’en plus d’une artillerie antiaérienne légère, les séparatistes avaient aussi des systèmes portables de défense aérienne de courte portée, les MANPADS, et que peut-être aussi ils possédaient des systèmes de défense antiaérienne à courte portée transportés par véhicule. Ces deux types de système sont considérés comme des missiles sol-air. En raison de leur portée limitée, ils ne présentent pas de danger pour les avions civils volant à une altitude de croisière. »

Aucun motif

En d’autres termes, les Russes n’auraient aucun motif valable de truquer des photos satellites puisque les photos sans truquage auraient mis en évidence la présence de batteries de missiles ukrainiens BUK dans cette zone. Peut-être le Times aurait-il pu réfléchir à cet élément digne d’être pris en considération en portant une appréciation sur les allégations d’experts amateurs, à propos du truquage éventuel des photos.

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Deux clichés de la Fédération de Russie qui montrent l’absence de lanceur de missiles BUK sur une base militaire ukrainienne (à gauche) et deux lanceurs de missiles BUK dans un champ, le jour de la destruction en vol de l’avion (à droite). [From armscontrolwonk.com]

Au lieu de cela, le journaliste Andrew E. Kramer, qui contribue régulièrement à la campagne de propagande antirusse du Times, considère comme irréfutables les conclusions de chercheurs en armement nucléaire du Middlebury Institute for International Studies (l’Institut d’études internationales de Middlebury) même si rien ne permet de croire que ces personnes aient une compétence particulière pour utiliser ce logiciel, qui, selon son créateur, doit être employé avec une grande prudence.

Roger Crozien, inventeur du logiciel filtrant Tungstene, a mis en garde contre la hâte à considérer que « des anomalies » dans des photographies viennent de falsifications intentionnelles alors qu’elles peuvent résulter de la procédure normale de sauvegarde de l’image ou d’innocentes modifications.

Dans une interview au magazine Time, il a déclaré : « Ces filtres ont pour but de détecter des anomalies. Ils donnent tous les renseignements possibles et imaginables qu’on peut trouver dans le fichier de la photo. Et ces particularités, appelées “singularités”, ne sont parfois qu’accidentelles. En effet, l’image peut très bien ne pas avoir été bien re-sauvegardée ou l’appareil avoir des caractéristiques particulières, par exemple.

« Le logiciel en lui-même est neutre : il ne différencie pas une modification d’une manipulation. Alors, quand il remarque une erreur, c’est à l’opérateur de décider si c’est un truquage ou simplement un accident. »

Déceler s’il s’agit d’une manipulation intentionnelle ou d’une anomalie normale ou anodine qui peut très bien se produire quand on transfère une image d’un format à un autre, qu’on modifie le contraste ou qu’on ajoute une zone de texte ; Tout cela relève plus de l’art que de la science, comme on s’en rend compte en lisant Roger Cozien.

Si les chercheurs de l’institut de Middlebury ont acheté le logiciel Tungstene sur lequel ils se sont fondés pour faire leur rapport sur le site « armscontrolwork.com », il n’y a cependant aucune raison de penser qu’ils aient une compétence particulière dans l’étude scientifique des photographies.

Deux poids, deux mesures

Les auteurs du rapport fustigent aussi les Russes pour le manque de fiabilité de ces deux images. « Les fichiers des images sont de très mauvaise qualité, écrivent-ils, nous sommes très déçus que la Fédération de Russie, dans une affaire aussi importante, publie, en guise de preuves, des images de si mauvaise qualité… Les responsables russes doivent savoir que la publication d’images dans ce format rend plus difficile la vérification de l’intégrité de l’image. »

Le président russe Vladimir Poutine répond à des questions de citoyens russes lors de sa séance annuelle de questions réponses le 14 avril 2016. (Photo du gouvernement russe)

Le président russe Vladimir Poutine répond à des questions de citoyens russes lors de sa séance annuelle de questions réponses le 14 avril 2016. (Photo du gouvernement russe)

Cela n’empêche pas ces chercheurs de porter des jugements catégoriques sur la présence d’un nuage sur une photo et l’image prétendument plus nette de deux lanceurs ukrainiens de missiles BUK sur l’autre. Pourtant, on se demande bien pourquoi les Russes ajouteraient un nuage. (Le 17 juillet 2014, dans l’est de l’Ukraine, le temps était assez couvert, peut-être le nuage ne se trouve-t-il sur la photo que parce que la zone était partiellement nuageuse.)

Les chercheurs font remarquer, avec condescendance, que « la résolution 2166 du Conseil de sécurité demande aux États de fournir toute l’aide demandée aux enquêteurs civils et criminels. … Selon nous, la Russie devrait fournir les images originales, sous une forme non altérée, à la JIT, l’équipe conjointe des enquêteurs, qui conduit l’enquête criminelle sur la catastrophe du MH-17, afin de permettre aux experts indépendants de vérifier leurs affirmations. »

On en convient facilement, bien sûr, mais pourquoi les blogueurs du contrôle des armes ne prient-ils pas le gouvernement américain de publier les données satellites et autres qui se rapportent à la catastrophe du MH-17 ?

Le seul vrai filtre qui doive être utilisé quand on s’intéresse au New York Times ou à certains des « journalistes citoyens » qui surgissent pour défendre les thèmes de propagande du gouvernement américain, c’est l’acharnement de leur parti-pris antirusse. Pouvez-vous vous rappeler la dernière fois où le New York Times, ou tout autre organe d’information grand public, a publié un article favorable à la Russie ou même neutre ?

Le chien américain qui n’aboie pas

De façon analogue, ni le rapport des chercheurs ni l’article du Times ne présentent la moindre critique du gouvernement américain, qui a prétendu avoir des renseignements par satellite qui montrent d’où le missile antiaérien a été lancé. Il a refusé de porter ces renseignements capitaux à la connaissance du public ou manifestement même à celle des enquêteurs officiels sur le MH-17.

Le secrétaire d'État, John Kerry, lors d'une conférence de presse le 6 août 2015. (State Department photo)

Le secrétaire d’État, John Kerry, lors d’une conférence de presse le 6 août 2015. (State Department photo)

Le 20 juillet 2014, trois jours seulement après la catastrophe, le secrétaire d’État John Kerry est apparu dans les cinq talk-shows du dimanche, y compris « Meet the press » sur NBC où il a indiqué que des « médias sociaux » avaient impliqué les rebelles russes séparatistes de l’est de l’Ukraine, et il a ajouté : « Mais plus important encore, nous avons les images de ce lancement. Nous connaissons la trajectoire. Nous savons d’où le missile est venu. Nous connaissons l’heure. Et c’était exactement le moment où cet avion a disparu des radars. »

Deux jours plus tard, le Bureau du directeur du renseignement national a publié une « évaluation gouvernementale », citant aussi les « médias sociaux », qui impliquerait les rebelles. Ce livre blanc a aussi donné la liste de l’équipement militaire que la Russie aurait procuré aux rebelles. Cette liste toutefois n’incluait pas de lanceur de missiles BUK ou des missiles antiaériens très puissants capables de frapper le MH-17, qui volait à environ 10 000 mètres.

Des experts du renseignement américain ont, sur l’ordre du directeur de la sécurité nationale, informé quelques journalistes des grands médias. Les experts, cependant, se sont montrés moins convaincus que ne l’auraient souhaité leurs supérieurs, et ils ont fait remarquer qu’on ne savait pas encore avec certitude, loin de là, qui était effectivement responsable.

Selon l’article du Los Angeles Times : « Les agences de renseignement américain n’ont pas, jusqu’à maintenant, été capables de déterminer la nationalité ou l’identité de l’équipe qui a lancé le missile. Les responsables américains ont affirmé qu’il était possible que le SA-11, nom du missile BUK antiaérien russe, ait été lancé par un transfuge de l’armée ukrainienne entraîné à utiliser le même type de missiles. »

Cette incertitude concorde bien avec ce que m’avait dit une source mise au courant par des experts du renseignement américain peu après la destruction en vol de l’avion. Ils lui avaient parlé de ce qu’ils avaient vu dans des photos satellites à haute résolution, qui, d’après eux, montraient ce qui avait l’air d’être des membres de l’armée ukrainienne, ces derniers manœuvrant la batterie censée avoir tiré le missile.

Il y a une grande différence entre « l’évaluation du renseignement » – la référence de la communauté du renseignement américaine dans l’évaluation d’un problème, avec les éventuelles divergences entre les 16 agences de renseignement – et « une évaluation gouvernementale » comme celle de l’affaire du MH-17.

En tant qu’ancien analyste de la CIA, Ray McGovern a écrit : « La différence essentielle entre “l’évaluation du renseignement” et cette nouvelle création relativement récente, “l’évaluation gouvernementale”, c’est que cette dernière est élaborée par des hauts fonctionnaires de la Maison-Blanche ou d’autres responsables politiques, non des experts confirmés du renseignement. Une autre différence significative, c’est que “l’évaluation du renseignement” propose souvent des opinions diverses, que ce soit dans le texte ou les notes de bas de page, où sont détaillés les désaccords entre les experts du renseignement, et elle indique éventuellement les points faibles ou contestables. »

En d’autres termes, une « évaluation du gouvernement » invite les journaleux politiques à fabriquer ce qu’on appelle un « dossier douteux » comme l’a fait le gouvernement britannique en employant des tactiques semblables pour vendre une cause mensongère lors de la guerre d’Irak en 2002-2003.

Cependant, que le gouvernement ait dissimulé au public, et même aux enquêteurs officiels, des renseignements capitaux pour la détermination des coupables et leur mise en accusation, voilà qui a davantage de rapport avec le récent article du Times. Par exemple, ni le DSB, le Bureau de sécurité hollandais, qui a dirigé le début de l’enquête, ni le JIT, l’Équipe d’enquête conjointe, n’ont été capables de repérer l’endroit d’où le missile a été tiré.

Bien que Kerry ait assuré que le gouvernement américain connaissait cet endroit trois jours après l’accident, le Bureau de sécurité néerlandais a déclaré en octobre dernier qu’on avait réduit le territoire d’où le missile a probablement été tiré à une zone de 320 kilomètres carrés où se trouvent à la fois les rebelles et les soldats de l’armée régulière. Le JIT a promis aux familles des victimes néerlandaises qu’elle établirait cet élément plus tard dans l’année, soit plus de deux ans après la catastrophe.

Si l’on voulait appliquer la logique de Sherlock Holmes à ce problème du « chien qui n’aboie pas », on conclurait probablement que le gouvernement étatsunien s’est tu après les déclarations de John Kerry et le livre blanc – incomplet – du directeur de la Sécurité nationale, parce que les preuves qu’on découvrait et analysait peu à peu ne pointaient pas dans la direction que les propagandistes souhaitaient.

Aucune objectivité

Pourtant, ce ne sont pas les États-Unis mais la Russie qui est fustigée au prétexte qu’elle ne fournirait pas ses données dans un état impeccable, alors même que le gouvernement américain ne fournit rien du tout. Et chaque fois qu’on soulève le problème du MH-17 dans les grands médias d’information occidentaux, on n’évoque pas – ou on excuse – l’étrange silence des États-Unis tout en évitant de mentionner d’autres éléments dérangeants, comme l’annonce par le Spiegel que le service du renseignement allemand, le BND, avait découvert que les photos du MH-17 fournies par le gouvernement ukrainien « avaient été truquées ».

Photographie publiée par le New York Times, censée avoir été prise en Russie, de soldats russes qui vont, plus tard, apparaître en Ukraine. Cependant, le photographe a depuis affirmé que la photo avait, en fait, été prise en Ukraine et le département d'État a reconnu l'erreur.

Photographie publiée par le New York Times, censée avoir été prise en Russie, de soldats russes qui vont, plus tard, apparaître en Ukraine. Cependant, le photographe a depuis affirmé que la photo avait, en fait, été prise en Ukraine et le département d’État a reconnu l’erreur.

Encore plus remarquable : le blackout que le Times et d’autres médias d’information ont fait sur le rapport du renseignement néerlandais au sujet de la présence, dans l’est de l’Ukraine, de batteries antiaériennes de l’armée ukrainienne, capables de détruire un avion commercial à 10 000 mètres, et sur l’absence, chez les rebelles, d’une arme aussi puissante.

En outre, il y a eu des révélations officielles qui soulèvent de sérieux doutes sur l’intégrité de la JIT, qui compte dans ses rangs des enquêteurs de Hollande, d’Australie, d’Ukraine, de Belgique et de Malaisie mais qui est de plus en plus sous le contrôle de la SBU ukrainienne, une agence de renseignement et de sécurité. Cette agence est responsable de la protection des secrets du gouvernement ukrainien et elle a été impliquée dans des actes de torture et d’autres crimes de guerre contre les rebelles séparatistes russes.

Plus tôt dans l’année, un rapport intermédiaire de la JIT a dévoilé à quel point la SBU s’était rapprochée des enquêteurs néerlandais et australiens. Ces derniers ont travaillé pendant de longues périodes à Kiev, ils ont ingurgité les « preuves » de la SBU tout en appréciant l’hospitalité ukrainienne.

Même si le rapport de la JIT a été publié, son contenu a été ignoré par le Times et les autres journaux, même après que l’ONU a reçu des plaintes officielles à propos de la SBU, qui bloquerait les enquêtes des associations humanitaires dans les présumés centres de torture ukrainiens.

Que la SBU ait la prééminence sur la JIT peut avoir des incidences sur l’intégrité de l’enquête sur le MH-17, mais cet élément ne concorde pas avec la propagande qui cherche à imputer la responsabilité des 298 morts à la Russie. En effet, cela jetterait un soupçon de parti-pris et d’éventuelles manipulations par la SBU, quelles que soient les conclusions de la JIT.

Coup de chapeau obligatoire

Et apparemment aucun article du Times sur le MH-17 ne serait complet sans un coup de chapeau au site des « journalistes citoyens », le Bellingcat, qui a fait du soutien aux thèmes de propagande occidentaux contre les gouvernements russe ou syrien une industrie florissante. Bellingcat est resté le site préféré des médias occidentaux à grand tirage, même s’il écrit souvent n’importe quoi.

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En se fondant sur des renseignements d’Eliot Higgins, le correspondant de 60 Minutes en Australie, Michael Usher prétend avoir trouvé le tableau d’affichage dans une vidéo d’un lanceur de missiles BUK après la destruction en vol du vol 17 de la Malaysia Airlines. Les points de repère cependant ne correspondaient pas. (Screen shot from Australia’s “60 Minutes”)

Dans l’article de samedi, le journaliste du Times a cité Bellingcat, c’est pour lui une façon de soutenir les gars de « armscontrolwonk com » sans mentionner que des experts scientifiques ont déjà critiqué Bellingcat pour son analyse de la photo où un logiciel avait été employé à mauvais escient pour aboutir à des conclusions antirusses, ou comme l’a évoqué Der Spiegel :

« Le groupe de recherche Bellingcat a accusé la Russie de truquer des images satellites de la catastrophe du MH-17. L’expert allemand en analyse scientifique de l’image Jens Krieze a cependant critiqué ces résultats. Il affirme qu’il est impossible de dire avec certitude si Moscou ment. »

Il s’avère aussi que le fondateur de Bellingcat, Higgins, et « armscontrolwonk.com » sont tous deux liés avec un groupe de réflexion pro OTAN, l’Atlantic Council qui a été l’un des plus ardents partisans d’une nouvelle guerre froide avec la Russie.

Une capture d'écran de la route où la batterie du missile BUK est censée être passée après la destruction en vol de l'avion du vol 17 de la Malaysia Airlines, le 17 juillet 2014. (Image from Australian

Une capture d’écran de la route où la batterie du missile BUK est censée être passée après la destruction en vol de l’avion du vol 17 de la Malaysia Airlines, le 17 juillet 2014. (Image from Australian “60 Minutes” program)

Higgins est maintenant désigné comme “membre éminent non résident de l’Atlantic Council’s Future Europe Initiative” et armscontrolwonk.com décrit l’un de ses journalistes, Aaron Stein, comme membre non résident de l’Atlantic Council’s Rafik Hariri Center pour le moyen Orient.

Le travail de Stein sur le conflit syrien se croise avec les efforts de Higgins pour intensifier la propagande occidentale qui cherche à imputer au gouvernement syrien la responsabilité de l’attaque au gaz sarin, dans la banlieue de Damas, le 21 août 2013, ce qui s’est avéré l’une des erreurs de Bellingcat.

Lors du second anniversaire de l’horrible catastrophe du MH-17, il est certes triste mais guère surprenant de voir le Times continuer à se raccrocher à n’importe quelle allégation douteuse et à la présenter à ses lecteurs sans la replacer dans un contexte approprié, mais quelle importance tant que son article contribue à donner envie à ses lecteurs d’entrer en guerre contre la Russie.

Le journaliste d’investigation Robert Parry a démonté la plupart des accusations sur l’Iran-Contra pour Associated Press et Newsweek dans les années 1980.

Source : Consortiumnews.com, le 17/07/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source

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Source: http://www.les-crises.fr/mh-17-deux-ans-de-propagande-antirusse-par-robert-parry/