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[Reprise] Ukraine : il est temps qu’une parole raisonnable se fasse entendre, par Jean-Pierre Chevènement

Sunday 17 August 2014 at 01:40

Pour Jean-Pierre Chevènement, en ce qui concerne l’Ukraine, “le pire n’est pas inévitable“. Le président d’honneur du MRC suggère d’imaginer “une Ukraine neutre «à l’autrichienne», fédérale ou en tout cas fortement régionalisée” dotée d’une “économie assainie avec le concours de tous les partenaires (Union européenne, FMI, Russie)”. Mais, ajoute-t-il, “encore faut-il l’inscrire dans une perspective historique qui ne rejette pas la Russie hors de l’Europe”.

 

« Ce qui est révolution pour les uns est coup d’Etat pour les autres » – Vadim Ghirda/AP/SIPA

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La crise ukrainienne est, à coup sûr, la plus grave survenue en Europe depuis la fin de la guerre froide et l’implosion de l’Union soviétique. Ralliée aux valeurs occidentales et ayant, sans guerre, dissous son empire en 1991, la Russie estime, non sans quelques bonnes raisons, n’avoir pas été payée de retour. Les thérapies de choc libérales qui lui furent administrées dans les années 90 conduisirent à l’effondrement de moitié de son PNB et à une réelle paupérisation de la majorité de ses citoyens. L’Otan s’étendit bien au-delà des limites connues au moment de la réunification allemande. Quant au problème de la « troisième Europe », comme dit Georges Nivat, c’est-à-dire des pays européens appartenant à l’ex-CEI (Communauté des Etats indépendants) et des minorités russes dispersées en son sein, il ne fut tout simplement pas pris en considération. La seule chose qui ait intéressé l’Occident a été le contrôle de l’arsenal nucléaire soviétique, confié par commodité à la Russie. Depuis lors, celle-ci et l’Occident ne se racontent pas la même histoire.

Certes, l’Union européenne a bien conclu des «partenariats» assortis de maigres crédits (programme Tacis) avec ses « voisins proches », partenariat dit « stratégique » avec la Russie et « oriental » pour les autres, au premier rang desquels l’Ukraine. Mais celle-ci n’est pas tout à fait un partenaire comme les autres, par sa taille, sa population (45 millions d’habitants), son histoire et son économie étroitement intriquée à celle de la Russie. C’est ici que la géopolitique s’en mêle : Zbigniew Brzezinski, dans un livre de 1998, le Grand Echiquier, écrivait sans fard que le seul moyen de s’assurer que la Russie ne puisse plus reconstituer son empire était de soustraire définitivement l’Ukraine à son influence. Certes, depuis lors, les Etats-Unis se sont aperçus que l’empire qui montait à l’horizon n’était pas la Russie, mais la Chine. M. Brzezinski a donc mis de l’eau dans son vin. Il s’est prononcé récemment, comme M. Kissinger d’ailleurs, pour une « finlandisation » de l’Ukraine, entre l’Union européenne et la Russie. Tout le monde à Washington ne partage pas cet avis : M. McCain et le vice-président, Joe Biden, sont venus à Kiev pour soutenir le mouvement de Maïdan. Le gouvernement américain appelle à des sanctions renforcées contre la Russie après l’annexion de la Crimée, d’autant plus qu’elles toucheraient essentiellement l’Europe et fort peu les Etats-Unis.

Le courant néoconservateur demeure puissant aux Etats-Unis et trouve des relais en Europe. En 2006 déjà, l’administration Bush avait proposé d’inscrire l’Ukraine et la Géorgie dans une procédure de préadhésion à l’Otan (le MAP). Le moins qu’on puisse dire est que les vingt dernières années n’ont pas été mises à profit pour développer le partenariat stratégique entre l’UE et la Russie. Celui-ci, en 2012, se trouvait enlisé par manque de volonté politique. Quant au projet d’accord d’association préparé avec l’Ukraine, il n’a donné lieu à aucune concertation préalable avec la Russie.

Chacun voit midi à sa porte. Pour les institutions de Bruxelles, quoi de plus normal que l’Europe cherche à exporter ses normes libérales, ses standards écologiques et ses valeurs «démocratiques» ? Pour Moscou, c’est le Drang nach Osten (Marche vers l’Est) qui reprend sous une autre forme. Derrière l’UE, la Russie devine l’Otan. Le messianisme des uns nourrit ainsi le nationalisme obsidional des autres.

L’Ukraine d’aujourd’hui pose un problème majeur : celui de l’intrication tissée par l’histoire de son appareil productif avec celui de la Russie. Mais, au lieu de confier à des experts le soin d’étudier comment on pourrait créer, par étapes, l’espace de libre circulation de l’Atlantique au Pacifique pourtant prévu par le partenariat stratégique, Bruxelles propose à Kiev un accord d’association imprégné de l’idéologie de la concurrence, au risque de transformer l’Ukraine en une nouvelle RDA (sans cependant le filet de sécurité jadis offert à cette dernière par l’Allemagne occidentale). Que les manifestants de Maïdan aient été pour la plupart des démocrates, je veux bien le croire, encore que remplis d’illusions sur la manne financière que l’Europe était prête à leur accorder. Ils n’en reste pas moins que le service d’ordre était confié à des formations d’extrême droite, Svoboda et Pravy Sektor, aux pratiques violentes et à l’idéologie trouble.

Les russophones de l’Est ont pu à bon droit s’estimer provoqués par la destitution inconstitutionnelle d’un président, certes corrompu, mais élu démocratiquement, ainsi que par l’adoption par la Rada (Assemblée nationale) d’une loi supprimant le russe comme langue officielle, loi, il est vrai, non promulguée. Ce qui est révolution pour les uns est coup d’Etat pour les autres. Les Ukrainiens de l’Ouest et ceux de l’Est n’ont pas la même histoire ni la même mémoire. Elle est anticommuniste à l’Ouest, antifasciste à l’Est. Souvent ils ne se réclament pas de la même religion. La prise en gage de la Crimée a constitué, du point de vue de la Russie, une réponse à Maïdan et une correction historique de la décision arbitraire de Khrouchtchev en 1954, prise sans consultation des populations et en méconnaissance de leur caractère historiquement russe. L’accord de Genève passé le 14 avril entre l’Ukraine, la Russie, les Etats-Unis et l’Union européenne entérine le fait, en ne le mentionnant pas, mais elle ne le reconnaît pas en droit.

L’application stricte de l’accord de Genève est seule de nature à ouvrir la voie à une solution politique à la crise ukrainienne. Il s’agit de se mettre d’accord sur le principe d’une réforme constitutionnelle qui devra suivre immédiatement l’élection du 25 mai. Un accord avant cette date est possible sur quelques principes simples : à l’Etat central les prérogatives régaliennes (politique extérieure, défense, justice, police nationale), aux régions des exécutifs élus compétents pour l’éducation, la langue, la culture, le développement économique (avec un levier fiscal et la police locale).

Il n’est pas raisonnable de renvoyer à une nouvelle Rada, qui ne pourra être élue au mieux qu’à l’automne, l’élaboration d’une simple loi de décentralisation. Dans leur déclaration commune du 10 mai 2014, la chancelière d’Allemagne et le président de la République française ont clairement demandé « le lancement dans les prochains jours d’un processus de réforme constitutionnelle comprenant un calendrier court et un processus de consultation inclusif ». Force est de constater à ce jour, lundi 19 mai, que le « dialogue national » exigé par Angela Merkel et François Hollande, « avant le 25 mai, entre les représentants du gouvernement ukrainien et ceux de toutes les régions d’Ukraine », n’a pas été engagé par le gouvernement de Kiev qui s’est borné à un « long soliloque ». Cette obstruction à l’application de l’accord de Genève du 14 avril est extrêmement grave. En refusant le dialogue avec les populations de l’Etat ukrainien, le gouvernement de Kiev ne répond pas aux ouvertures qui viennent d’être faites par Moscou. Vladimir Poutine, en effet, n’a pas légitimé les référendums d’autodétermination du Donbass. Serguei Lavrov, son ministre des Affaires étrangères, a déclaré « respecter la volonté exprimée par les populations », mais a souhaité que « la mise en œuvre se fasse à l’intérieur de l’Ukraine par l’organisation d’un dialogue national ». L’attitude inconséquente du gouvernement de Kiev fait penser à celle de M. Saakachvili, le président géorgien, en 2008. Elle l’expose à un isolement dramatique.

Dans la crise ukrainienne, deux récits antithétiques s’opposent sur le terrain comme dans les chancelleries. Aveuglés par une russophobie d’origine essentiellement idéologique, la plupart des médias français n’en ont repris qu’un seul. Quiconque veut avancer un jugement argumenté et nuancé, pour sortir d’une logique d’affrontement profondément contraire aux intérêts de la France et de l’Europe, est aussitôt rejeté dans les ténèbres d’un nouvel « empire du Mal ». Les propagandistes d’une nouvelle guerre froide en Europe ont diabolisé Vladimir Poutine, qui se prête quelquefois – il est vrai – à l’exercice. Vladimir Poutine peut bien dire qu’il veut construire la Russie comme une grande nation moderne et respectée : il est clair, pour la plupart des commentateurs, qu’il veut en réalité rétablir l’URSS. Ainsi, la nature essentiellement nationale de son projet échappe-t-elle au sens commun. Si aucun mémorandum sur la future réforme constitutionnelle n’est validé d’ici à l’élection du 25 mai, c’est-à-dire demain, les scénarios du pire se rapprocheront (guerre civile, risque de partition, nouvelle guerre froide, entièrement artificielle, au cœur de l’Europe).

Il est temps de faire entendre une parole raisonnable. Le pire n’est pas inévitable : une Ukraine neutre « à l’autrichienne », fédérale ou en tout cas fortement régionalisée, une économie assainie avec le concours de tous les partenaires (Union européenne, FMI, Russie avecs un prix du gaz abaissé) est la solution. Encore faut-il l’inscrire dans une perspective historique qui ne rejette pas la Russie hors de l’Europe. Selon la formule de Talleyrand, ce serait plus qu’une faute, une erreur. Ce serait ouvrir pour l’Europe tout entière une nouvelle ère d’instabilité.

Il est temps de reprendre politiquement le contrôle de la crise ukrainienne en replaçant sa solution dans le cadre d’un grand projet paneuropéen de développement et de paix… Plus que jamais, souvenons-nous de Jaurès : « Le courage, ce n’est pas de laisser aux mains de la force la solution des conflits que la raison peut résoudre ; car le courage est l’exaltation de l’homme et ceci en est l’abdication… Le courage, c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. » Sur l’Ukraine, il est temps que la raison reprenne ses droits sur une russophobie aveugle : c’est de la paix et de l’Europe qu’il s’agit !

* Jean-Pierre Chevènement est sénateur du Territoire de Belfort, président d’honneur du MRC.

>>> Tribune parue dans Marianne daté du 23 mai

Source: http://www.les-crises.fr/reprise-ukraine-il-est-temps-quune-parole-raisonnable-se-fasse-entendre-par-jean-pierre-chevenement/


Revue de presse internationale du 17/08/2014

Sunday 17 August 2014 at 00:01

La revue de presse internationale du dimanche. Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/rdpi-17-08-2014/


[Vidéo] Du poison dans l’eau du robinet

Saturday 16 August 2014 at 04:00

L’eau qui coule des robinets français est souvent contaminée, à l’insu des citoyens. Dans le Centre, en Normandie ou en Charente, elle regorge de pesticides ou de nitrates. Les autorités le savent mais délivrent des dérogations permettant de distribuer de l’eau contaminée. En Auvergne, les habitants boivent de l’eau blanchie avec de la poudre d’aluminium. Depuis quelques années, des scientifiques et des citoyens tentent de se faire entendre pour dénoncer ces dangers. Partout en France, l’eau potable charrie des résidus médicamenteux comme des hormones ou des antidépresseurs.

Source: http://www.les-crises.fr/video-du-poison-dans-leau-du-robinet/


(Encore du très lourd) Débat “Moscou sanctionnée par l’UE : Poutine peut-il plier ?”, avec Pascale Joannin

Saturday 16 August 2014 at 01:55

Débat sur France 24 le 30/07, thème “Moscou sanctionnée par l’UE : Poutine peut-il plier ?”

Avec Xavier MOREAU Rédacteur pour Realpolitik TV et SURTOUT Pascale JOANNIN Directrice générale, fondation Robert Schuman.

Observez la bien, elle est extraordinaire – elle pourrait vraiment bosser au “CNRS”…

Elle dirige donc cette très influente association européiste, du nom de l’ancien ministre de Pétain, frappé d’indignité nationale en 1945, qui OUPS, je voulais dire le “père fondateur de l’Europe”.

On pourrait penser que, de bonne foi, quelqu’un progfessant l’Humanisme, et la volonte de Paix animant soit-disant le machin de Bruxelles, on aurait des propos mesurés, à la recherche de la vérité.

À vous de juger (sans insulte en commentaire svp, ils sont supprimés, pour m’éviter un procès…) :

Source : France 24

P.S. merci de retranscrire ses meilleures répliques en commentaire…

 

Source: http://www.les-crises.fr/encore-du-tres-lourd-debat-moscou-sanctionnee-par-lue-poutine-peut-il-plier-avec-pascale-joannin/


Revue de presse du 16/08/2014

Saturday 16 August 2014 at 00:01

Source: http://www.les-crises.fr/rdp-16-08-2014/


[Analyse] La France doit-elle s’inquiéter des “pratiques inqualifiables” d’Amazon ?

Friday 15 August 2014 at 05:02

Les billets du jour semblent décousus, mais pas du tout.

Ils visent vraiment à souligner comment les médias “fabriquent le méchant”, souvent à tort ou de manière très exagérée.

Donc après le méchant Russe, le méchant Turc, voici le méchant Marchand en ligne américain…

Analyse donc d’un billet du Nouvel Obs – et c’est loin d’être le pire…

Tandis qu’Amazon fait la guerre à Hachette aux Etats-Unis, et qu’Aurélie Filippetti dénonce une “atteinte à la diversité littéraire”, quelques raisons de dédramatiser.

Aux États-Unis, Amazon et Hachette Books sont en conflit au sujet des livres numériques. Amazon veut imposer à tous les livres numériques un prix unique de 9,99$, alors que la filiale américaine de l’éditeur propose des tarifs compris entre 12,99$ et 19,99$.

Salauds d’Amazon, diviser le prix des livres électroniques par 2 !!!

Pour obliger Hachette à réduire ses marges, Amazon a recours depuis le mois de juin à des méthodes qualifiées par certains de «déloyales» contre les ouvrages édités chez Hachette: allongement des délais de livraison, refus d’effectuer les rabais ou d’enregistrer les précommandes. Ce week-end, 909 auteurs ont attaqué Amazon en publiant une lettre ouverte à Amazon dans le «New York Times».

Mardi 12 août, Aurélie Filippetti a salué leur coup de gueule. La ministre de la Culture a confié au «Monde» : “Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d’Amazon. C’est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l’accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale.”

Je vois mal le problème particulier. La pression entre l’acheteur et le fournisseur professionnels, c’est bien aussi vieux que le commerce, non ?

Et en particulier, c’est bien une des bases de la grande distribution au sens large, non ?

Mais SURTOUT, si le raisonnement peut tenir pour la grande distribution (si Carrefour déréférence une marque, tous les acheteurs proches d’un Carrefour en seront évidement privés – il ne vont pas aller chez Auchan à 40 km plus loin pour un paquet de pâtes – et cela arrive, lire ici par exemple), c’est juste du DÉLIRE de parler de ça pour Internet !!! Mais quelle que soit la part de marché d’Amazon, s’il manque un produit chez eux (ce qui est mauvais pour leur image) que vous désirez, ben vous cliquez et allez chez Fnac.com ou Décitre ou le site d’un libraire !!!

Bref, Amazon essaie de diviser le prix des livres par 2, et c’est une “pratique inqualifiable” – heureusement que la ministre défend le livre. Ministre des bobos germanopratins serait mieux adapté quand même…

Dernier point : il est honteux d’accuser Amazon pour la diversité culturelle, alors que c’est un outil qui l’a relancé. En effet, vu sa taille Amazon vend plein de fonds de catalogues d’éditeurs, qui, sans lui, auraient été pilonnés. C’est pour ça que j’ai déjà rencontré plusieurs éditeurs très contents d’Amazon…

Alors, la France doit-elle s’inquiéter de l’irrésistible ascension d’Amazon ? Sa «diversité littéraire et éditoriale» est-elle menacée ?

Mais quelqu’un a-t-il déjà vu un papier dans un média avec “ la France doit-elle s’inquiéter de l’irrésistible ascension de Carrefour ?” juste pour savoir ? Ou non, mieux :  ” la France doit-elle s’inquiéter de l’irrésistible ascension de Hachette ?” ? Oups, je suis bête, non bien sûr, sinon, il n’y a plus de pub vendue… (Amazon n’a pas encore compris qu’il fallait acheter les médias chez nous…)

1. Amazon pourrait-il imposer ses tarifs en France ?

Théoriquement, non, car le prix des livres est protégé par deux lois. La fameuse «loi Lang», ou «loi sur le prix unique du livre», promulguée le 10 août 1981. Elle impose que le prix soit déterminé par l’éditeur, et respecté par tous les détaillants – traditionnels ou en ligne -, quelle que soit la période de l’année. Le détaillant a droit à un rabais limité à 5% du prix.

On explique souvent que cette loi a évité à la librairie indépendante de se faire avaler par les grandes surfaces. Elle a même fait des émules : 13 pays européens, ainsi que le Japon, la Corée du Sud et le Mexique l’ont adoptée. Très récemment, Israël aussi.

16 pays sur la Planète – impressionnant… Donc 15 pays de l’UE ne l’ont pas adoptée, pas plus que les USA, l’Australie, etc.

Chez nous, la «loi sur le prix du livre numérique» du 26 mai 2011 a étendu le principe au numérique. De la même façon, c’est à l’éditeur qu’elle donne le pouvoir de fixer son prix de vente «pour tout type d’offre à l’unité ou groupée». Cette loi s’impose à tous les revendeurs, où qu’ils soient, dès lors qu’ils proposent des offres de livres numériques aux acheteurs situés en France.

2. Amazon peut-il contourner la loi ?

Depuis longtemps, Jeff Bezos, le PDG d’Amazon, essaye de faire tomber la loi Lang en France. Il s’est entretenu avec plusieurs parlementaires sur le sujet. On le soupçonne fréquemment de dépêcher des lobbyistes bruxellois auprès de la Commission européenne.

Jusqu’en juillet dernier, Amazon arrivait à faire pression sur le prix des livres en proposant à la fois un rabais de 5% (comme la loi l’autorise) et la gratuité des frais de livraison. Si cette pratique arrangeait bien les acheteurs, on ne pouvait pas en dire autant pour les libraires.

C’est bien de choisir son camp. À un moment, j’ai cru qu’ils défendaient le livre, je suis tarte quand même…

Pour les aider à contrer les conditions de vente imbattables de leur rival virtuel, le gouvernement a adopté le 8 juillet 2014 la «loi encadrant les conditions de la vente à distance des livres», dite loi «anti-Amazon». Ce texte, déposé à l’origine par l’UMP, interdit aux sites de vente en ligne de cumuler le rabais de 5% et la livraison offerte. Fin de l’histoire ?

Certainement pas. Amazon a immédiatement trouvé la parade: désormais, il facture ses frais de port à… 1 centime d’euro. Celle-là, Aurélie Filippetti ne l’avait pas vu venir. Elle a toutefois expliqué au «Monde»: “Nous n’avions jamais dit que cette loi allait tout régler. C’était un combat politique. Nous savions qu’ils allaient chercher à la contourner. Nous avons agi par la loi pour que cette entreprise ne puisse pas utiliser l’argument commercial de la gratuité des frais de port. Ce sont des banderilles que nous continuerons à planter dans le flanc d’Amazon.”

Ah. Bah oui, ça ne se fait pas quand on est journaliste d’écrire  que 900 parlementaires ont voté à l’unanimité un texte qui a simplement augmenté de 5 % les prix des livres en ligne ! (bah oui, c’est pour aider le livre, vous comprenez…) Mais si on le dit clairement, les lecteurs du site risquent de ne pas être contents…

Mais le géant américain a plus d’un tour dans son sac. Pour offrir des prix de ventes avantageux, il peut jouer avec les livres dits «d’occasion comme neufs». Sur le site, on s’aperçoit par exemple que le roman de Maylis de Kerangal, «Réparer les vivants», qui coûte normalement 18,90€, est proposé sur Amazon à 13€ en «occasion comme neuf». En ajoutant les 2,99€ de frais de port, il revient donc à 15,99€: une affaire bien plus intéressante que les 5% de remise autorisés.

Oh c’est du lourd, la journaliste découvre le principe des ventes d’occasion !!!

Eh oui, c’est moins cher que du neuf, bravo ! Mais juste, tout livre d’occasion a d’abord été vendu NEUF avant !!!! Et là, ce n’est pas Amazon qui le vend, c’est un particulier… Mais bon, c’est pas grave (je lui dis que sur leboncoin, il y a une offre à 2 €, état “tout pourrave car tombé dans la baignoire” ?)

3. Combien pèse Amazon sur le marché du livre français ?

Le cybermarchand est le troisième libraire français, après la Fnac et les centres Leclerc.

Ah, “centre Leclerc”, ça compte pour “libraire” maintenant ?

Selon «Xerfi», il devrait même devenir «premier du livre tous formats avant 2017». Ce qui est déjà certain, c’est qu’Amazon a révolutionné notre manière d’acheter des livres.

Toutefois, en France, Amazon ne vend que 8% des livres, ce qui n’est rien comparé à ses résultats américains: là-bas, il assure la distribution de 65% des livres numériques et d’environ 35% des livres traditionnels. 2013 a d’ailleurs marqué un tournant chez les Américains, puisque l’achat de livres en ligne (imprimés ou numériques) a dépassé pour la première fois l’achat de livres dans un lieu physique.

Bon déjà, intermède mathématique, 8 % par rapport à 35 %, ce n’est pas “rien”, c’est presque le quart…

Ensuite, la journaliste n’est sans doute jamais allée aux USA (peut-être n’a-t-elle même jamais passé le périphérique, et croit que la Province, niveau librairie, c’est comme Saint Germain des Près), mais, intermède démographique, je rappelle que la densité de population aux USA est de 31 hbt/km²  contre 112 hbt au km² en France – ce qui n’est pas “rien”, mais est à peine le quart… (tiens, tiens…). Et donc, quand tu es fin fond de l’Utah, heureusement qu’il y a Amazon, car le libraire les plus proche est 800 km… Et que sans libraire en ligne, ben il n’y aura pas de vente de livres (comme dans la moitié de la France)

Le 18 juillet, Amazon a dévoilé son nouveau service, censé révolutionner le secteur: Kindle Unlimited, surnommé le «Netflix du livre». Pour 9,99$ par mois, l’utilisateur peut lire tous les ouvrages qu’il souhaite, sur Kindle uniquement, bien sûr.

Purée, ce sont quand même des ordures ces gens-là…

Son succès dépendra du catalogue disponible. Pour le moment, le «Big Five» des éditeurs américains (Haper Collin, MacMillan, Penguin, Simon & Schuster, et… Hachette) a refusé de s’y associer. Kindle Unlimited n’est disponible qu’aux États-Unis. Son arrivée en France n’a pas été annoncée.

4. Le livre numérique s’impose-t-il en France?

Selon le Syndicat national de l’édition, le numérique représentait en France 4,1% des ventes de livres en 2013 (soit 105 millions d’euros de chiffre d’affaires). Dans un communiqué de presse datant du 26 juin 2014, le syndicat expliquait : “À catalogue égal, nous pouvons estimer que pour les livres grand public publiés à la fois sous forme numérique et imprimée, la part du numérique représente 5 à 7%.”

Et 5 à 7%, c’est peu, quand on sait qu’aux États-Unis, le marché des e-books représente 30 % des ventes parmi les livres grand public (soit quelque 5 milliards de dollars).

20 % ce n’est pas “peu”, quand on voit la rapidité de la croissance et le retard temporel entre les pays – qui resteront cependant différents…

5. Amazon domine-t-il le marché des liseuses ?

Pour lire numérique, les Américains privilégient la liseuse Kindle d’Amazon, qui a fait littéralement décoller les ventes d’e-books (jusque-là minimes) lors de sa première commercialisation, en 2007. Amazon refuse toutefois de communiquer sur ses chiffres de vente. Le site n’a fait qu’une seule exception, en décembre 2011, lors de la sortie du Kindle Fire : il annonçait avoir vendu ce mois-ci 1 million de Kindle, tous types confondus, par semaine.

«Écrivez, on s’occupe du reste», un documentaire consacré à Amazon diffusé sur Arte le 16 avril dernier, dévoilait des chiffres significatifs : “À l’échelle mondiale, Amazon est indéniablement le leader du livre numérique. Mais en France, le Kindle a un rival de taille: la liseuse Kobo, vendue par la Fnac. En 2012, son fondateur, Michael Serbinis, se félicitait d’avoir dépassé Amazon, tant par le nombre de liseuses que par le nombre d’e-books vendus. Preuve que chez nous, la firme de Seattle n’est peut-être pas indétrônable.

Non, la question ce n’est pas “Amazon est-il indétrônable”, c’est, “Mais comment diable la Fnac, au vu de son image et de son implantation, a-t-elle pu être aussi mauvaise pour se faire tailler des croupières par un concurrent sans guère d’avantage compétitif par rapport à elle, dans un marché de prix unique du livre ????”. Une des réponses est “entreprise sombrant dans le financiarisme avec ses reventes permanentes” vs “entreprise avec un PDG brillant bâtissant à long terme”.

Chloé Thibaud

Une journaliste qui ira loin ! :)

Source : Nouvel Obs

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Extrait du papier du Monde :

“Pour Amazon et Hachette, les enjeux ne sont pas comparables. L’e-commerce est une activité bénéficiaire pour Amazon, mais elle ne représente qu’une partie minoritaire de son chiffre d’affaires. Si Amazon recule sur le prix des livres électroniques, l’impact dans ses comptes sera donc faible, d’autant plus qu’elle détient 60 % de parts de marché aux Etats-Unis. Le préjudice pour Hachette serait vraisemblablement beaucoup plus important.”

Ben, pourquoi ne pas donner les chiffres ?

“Hachette Livre”, année 2013  : 2,07 milliards d’euros de chiffre d’affaires sur le livre, résultat opérationnel courant (Résop) de 223 millions d’euros – soit près de 11 % de bénéfice !

Amazon, 2e trimestre 2014 : 19,34 milliards de dollars, une perte nette de 126 millions de dollars – soit -0,7 % de pertes…

Lequel est le méchant ?

“Cherchant un moyen de faire baisser les prix sur le marché français, Amazon a tenté de faire passer les frais de livraison à 0 euro. La Fnac l’a imitée. Ce dumping n’a pas été vu d’un bon œil par le Parlement, qui a voté au printemps une loi dite « anti-Amazon » pour interdire le cumul de la gratuité des frais de port et le rabais de 5 %. Réponse des intéressés ? Faire passer les frais de port de 0 à… 1 centime d’euro « sur les commandes contenant des livres ». Et la Fnac de lui emboîter le pas.”

J’ai déjà expliqué qu’il n’y avait aucun dumping (vente à perte, je le rappelle), alors que, livraison comprise, Amazon fait facilement 25 % de marge nette sur les livres… Ce n’est juste pas le même modèle. Quand vous achetez un livre en librairie, vous avez eu AUSSI une livraison gratuite du livre, mais à la librairie, et pas chez vous…

“Le but de ce texte, aussitôt promulgué, aussitôt contourné, était de protéger un secteur malmené depuis quelques mois, en figeant les prix. ”

Hein ??? Contourné par le méchant Amazon ? Là encore, le Monde ne vous dira pas clairement : tiens la loi c’est + 5 % sur le prix du livre en ligne…

“Un détail, et pas des moindres, Amazon est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques fiscales : la société paierait en effet un impôt largement inférieur à ce qu’elle devrait verser au vu de son chiffre d’affaires réalisé sur le territoire. Cet argument est repris par les pourfendeurs de la firme américaine, qui estiment qu’elle bénéficie de fait d’un avantage concurrentiel injustifié.”

Euh, quel impôt Amazon est censé payer ? Si c’est l’impôt sur les bénéfices, comme il est en perte, il n’y a pas une grosse évasion…

On en a déjà parlé sur ce blog :

Alors oui, Amazon  économise peut-être 5 ou 10 M€ d’impôt. Mais Microsoft et “Saint” Apple, c’est 300 M€ chacune, Google 150 M€.  C’est qui le méchant ? “Bizarre”, on ne parle jamais de cette énorme évasion d’Apple quand ils sortent un iphone…

“De grands libraires américains pâtissent aussi de la concurrence d’Amazon. Barnes & Noble a ainsi vu son chiffre d’affaires chuter de 10 % en deux ans, victime de l’essor du commerce en ligne et du développement des livres numériques, dans un pays où lire sur tablette est devenu banal.”

 Ben oui, désolé, ils vont aller rejoindre les maréchaux-ferrants et les vendeurs de bougies…

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Quelques infos pertinentes sur Les Echos

“Amazon a publié sur son site un communiqué qui réclame une baisse du prix des e-books, à 9,99 dollars au lieu de 14,99 ou 19,99 dollars. Selon ses calculs, ce tarif permettrait de vendre 1,74 fois plus d’exemplaires. Au final, les revenus du secteur augmenteraient alors de 16 % et les auteurs élargiraient leur audience de 74 %. Amazon veut, aussi, des changements dans la répartition des revenus, demandant 30 % des recettes.”

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Ici :

“Pour y parvenir, le groupe Internet de Jeff Bezos n’hésite pas à impliquer directement les auteurs. La fin justifie les moyens ?  Amazon.com Inc propose que les auteurs rattachés à la branche américaine de la maison d’édition Hachette (propriété du groupe Lagardère) conservent la totalité des recettes des ventes de livres électroniques écoulées sur son site marchand.

Des sauvages inhumains…

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Le papier des Inrocks, qui ont ressorti Malet, dont j’avais déjà parlé ici, qui a dit « Les travailleurs chez Amazon ont des conditions de travail dignes du XIXe siècle », en renvoyant aussi vers cette critique très drôle : Drame : un journaliste découvre le monde du travail

Si on ne peut que déplorer les conditions de travail (il me semble quand même qu’il n’y a pas d’enfants et que les gens ne bossent pas 60 heures par semaine comme au XIXe siècle), j’attends de voir des enquêtes montrant qu’elles sont significativement différentes de celles de la grande distribution). Ce que je trouve choquant – outre ces conditions – c’est le coté Tartuffe des belles âmes vomissant Amazon et allant faire leurs courses chez Auchan sans se poser de questions (“mais c’est de l’exploitation françaiiiiise Moooonsieur !!!”)… Mais bon, quel journal fera de la pub à un livre dénonçant les conditions de travail chez Carrefour ou les pratiques commerciales d’Hachette ?

En tous cas, c’est là où on peut en vouloir à la Fnac, non seulement de n’avoir pas été innovante, mais SURTOUT de ne même pas être capable de COPIER le site internet d’Amazon… (passez 5 minutes sur le site des 2, vous verrez…)

“Ce qu’il faut avant tout rappeler c’est qu’Amazon a une culture d’entreprise particulière et un but ultime : être en mesure de tout vendre et de tout livrer, en une journée, n’importe où sur la planète. Cela afin de faire d’Amazon la passerelle unique pour toute consommation marchande. Qu’il s’agisse de livres, de lessive, ou d’un motoculteur. Amazon n’opère pas comme un commerçant traditionnel. L’idéologie de Jeff Bezos est libertarienne, anarcho-capitaliste. J’ai découvert lors de mon immersion que cette multinationale cultive une attitude violente, basée sur le rapport de force, que ce soit avec ses travailleurs, ses concurrents, ou, comme c’est le cas désormais avec Hachette, avec ses fournisseurs. Ce qui est frappant dans ce conflit l’opposant à Hachette, c’est le type de moyens utilisés : Amazon a notamment communiqué l’adresse électronique personnelle d’un cadre d’Hachette en poussant les consommateurs à lui adresser leurs plaintes. Ce sont des méthodes archaïques. Amazon les emploie car l’entreprise ambitionne d’être le numéro 1 en tout.”

Il a bien fait d’enquêter…

“Quand Amazon freine la circulation de produits Hachette, l’entreprise s’érige comme capable de décider de ce qu’est un bon ou un mauvais prix, se comportant comme une autorité morale qui décide de ce que devrait être le prix d’un livre. C’est quelque chose de très dangereux. C’est au boulanger à fixer le prix de son pain en fonction du cours du blé et de son approche du métier. C’est la même chose pour le monde de l’édition. Quand une multinationale prétend agir pour le bien de l’humanité, il s’agit selon moi d’être méfiant.”

Je ne savais pas que Panzani imposait ses prix à Carrefour…

“En apparence Amazon prétend “démocratiser” l’édition en permettant à n’importe quel auteur de proposer son ebook à la vente sur sa plateforme. Pourquoi pas ? Mais en réalité le projet d’Amazon va plus loin, il est de tuer l’édition traditionnelle pour se substituer à elle, de vendre à partir de ses tablettes des films, des livres, de la musique directement téléchargeables. Amazon devenant alors éditeur, producteur, diffuseur et vendeur. Dans ce scénario digne d’un roman d’anticipation mais qui se fait plus vrai chaque jour un peu plus, Amazon pourrait se retrouver en situation de monopole au sein de l’industrie culturelle.”

“En réalité l’entreprise gagne sans cesse des parts de marché : pour vendre un article, que ce soit un livre, un article de sport ou des condiments pour grillades, Amazon mobilise 14 fois moins de main-d’œuvre que dans un commerce traditionnel, et pour le même chiffre d’affaires. Amazon est comme un poisson carnassier qui mange les autres petits poissons du lac, un à un. ”

“Tous les biographes de Jeff Bezos le racontent, et les hagiographes le racontent aussi : il ne s’est pas lancé dans le commerce du livre par amour des ouvrages. Il souhaitait seulement optimiser les possibilités d’Internet en choisissant la marchandise idéale : il s’avère que le livre est “la marchandise” qui a le plus grand nombre d’exemplaires uniques, il l’a donc choisie dans un pur objectif de profit. Je l’ai bien vu lors de mon immersion en équipe de nuit dans l’entrepôt de Montélimar : le livre est traité comme une marchandise à part entière, disposé sur les étagères parmi tous les autres articles que vend Amazon, un classique de la littérature pouvant cotoyer un slip en coton et un ours en peluche.”

Des barbares quoi…

“Amazon détruit plus d’emplois qu’il n’en crée : les commerces de proximité sont aussi la réalité urbanistique d’un territoire. Imagine-t-on vivre dans un monde orwellien où l’accès à la consommation se ferait essentiellement via le e-commerce ? ”

Comme la grande distribution, quoi…

“À propos des formes de résistance à Amazon, elles sont de plus en plus nombreuses.”

Les résistances à la connerie des médias sont en revanche limitées…

“J’espère qu’à la suite de la mobilisation littéraire américaine les auteurs européens prendront eux aussi conscience qu’Amazon représente une réelle menace pour la diversité éditoriale, et non seulement pour les grands groupes comme Hachette.”

Bizarre, je n’ai jamais acheté autant de livre que depuis que je suis client d’Amazon… Ils ont un marketing très efficace pour vous présenter des livres satisfaisant les désirs et gouts très efficace. C’est sans comparaison avec un librairie (dans mon cas personnel)  - et je ne classe pas Leclerc dedans… Je rappelle qu’environ 20 % des acheteurs (les plus gros, plus de 10 livres par an) représentent 60% des ventes…

D’ailleurs voici le Top 10 des ventes de 2013 :

Donc en fait, il y a un “impératif culturel” qui fait que je dois payer plus cher mes livres pour que la filière physique puisse vendre des BD, des livres de cul et des romans à la noix ? OK, je n’avais pas compris…

“La loi dite “anti-Amazon” a eu l’utilité d’un sabre de bois pour attaquer un mastodonte. J’espère que ce n’était qu’une première étape dans le plan d’action du gouvernement français. S’il y a un plan…”

LOL.

Bon, je rappelle que je ne suis pas spécialement pro-Amazon (pas plus que pro-Russe), et que j’ai défendu l’idée d’abroger cette loi stupide, et de taxer Amazon pour redistribuer l’argent aux libraires indépendants…

Enfin, je ne veux pas atténuer les conditions de travail déplorables chez Amazon. Mais je ne pense pas qu’elles soient différentes de la moyenne du secteur, bien au contraire, et que c’est bien un système général à dénoncer, et pas une entreprise bouc-émissaire (dont les pratiques doivent évidemment être surveillées de près). Petits exemples pour finir :

P.S. je rappelle ceci :

Quand on achète un livre dans une librairie, au prix éditeur de 20 €, on paie 3 choses :

  1. le livre (9 €) – payant l’auteur (2 €), l’éditeur, l’imprimeur et la TVA
  2. la diffusion et la livraison du livre dans la librairie (4 €)
  3. le libraire (7 €) – payant le local et les salaires

prix du livre

 

Source: http://www.les-crises.fr/la-france-doit-elle-s-inquieter-des-pratiques-inqualifiables-d-amazon/


Elu président, Erdogan annonce une “nouvelle ère”, nie toute dérive autoritaire

Friday 15 August 2014 at 02:08

Un petit point rapide sur la Turquie. Pas pour parler du fond – je n’ai pas étudié la question, je n’ai lu que nos médias, donc je sais que je ne suis pas correctement informé. Mais ce que je trouve intéressant, c’est de porter un regard sur la façon dont nos médias relatent le sujet.

Analyse de l’article du Nouvel Obs.

Recep Tayyip Erdogan a été élu dès le premier tour, après une campagne au ton très agressif. “Nous sommes désormais confrontés à un pouvoir oppresseur”, dénonce (sic.) ses opposants.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2003, a été élu dimanche président de la Turquie pour un mandat de cinq ans qu’il a promis sous le signe de la réconciliation et de l’unité, en niant toute dérive autoritaire.

Donc on reste vigilant et on verra, on est d’accord ?

Comme le suggéraient les sondages, l’homme fort du pays a largement devancé ses deux adversaires dès le premier tour de ce scrutin disputé pour la première fois au suffrage universel direct, avec 52% de suffrages.

Eh bien 52 % au premier tout, ce n’est pas trop mal quand même…

Candidat commun de l’opposition social-démocrate et nationaliste, Ekmeleddin Ihsanoglu, un historien réputé de 70 ans qui a dirigé l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a réuni plus de 38% des suffrages, alors que celui de la minorité kurde, Selahattin Demirtas, en a rassemblé près de 10%.

“Je serai le président de 77 millions de Turcs”

Même si elle est loin du raz-de-marée prédit par les sondages, cette victoire constitue un succès pour Recep Tayyip Erdogan, qui rejoint ainsi le père fondateur de la République laïque, Mustafa Kemal Atatürk, dans le club des dirigeants les plus emblématiques du pays.

Ah, c’est presque un échec donc ?

Après une campagne au ton très agressif où il a multiplié les attaques contre ses rivaux, le nouveau chef de l’Etat s’est voulu apaisant en annonçant une “nouvelle ère”, loin des “disputes du passé” qui ont agité ses onze ans de règne.

“Je serai le président de 77 millions de Turcs, et pas uniquement de ceux qui ont voté pour moi”, a-t-il assuré devant des milliers de fidèles réunis sous le balcon du quartier général de son parti à Ankara. “Je prie tous ceux qui me qualifient de dictateur et d’autocrate de revoir leur position”, a-t-il lancé à ceux qui l’accusent de vouloir restreindre les libertés ou d’islamiser le pays.

Comme Recep Tayyip Erdogan a toutefois confirmé son intention de conserver les rênes de la Turquie au poste de président, dont il veut considérablement renforcer les prérogatives au prix d’une réforme de la Constitution.

“Le président élu et le gouvernement élu oeuvreront main dans la main”, a-t-il souligné après avoir glissé, en famille, son bulletin dans l’urne à Istanbul.

Dès les résultats définitifs connus, le Premier ministre s’est aussi symboliquement rendu à la mosquée Eyüp Sultan d’Istanbul pour prier, comme le faisaient les sultans avant de monter sur le trône de l’Empire ottoman, ont rapporté les télévisions turques.

“Je suis fier de dire que je suis turc”

Sans surprise, Recep Tayyip Erdogan a facilement pris le dessus sur ses deux rivaux, au terme d’une campagne qu’il a écrasée de son charisme, de la puissance financière de son Parti de la justice et du développement (AKP) et de son emprise sur les médias du pays.

Toute ressemblance avec un pays occidental serait fortuite ?

Ekmeleddin Ihsanoglu et Selahattin Demirtas ont tous les deux pris acte de leur défaite mais dénoncé une compétition “injuste” ou “inéquitable”.

Sitôt les résultats connus, des milliers de partisans ont envahi les rues des grandes villes pour célébrer, à grands coups de klaxon, la victoire de leur héros.

L’oppression, quoi…

“On est trop content ! Vraiment, on l’adore, on l’aime car tout ce qu’il a fait, c’est bien”, a exulté Yigit Cöskün dans les rues d’Istanbul. “A présent, nous sommes un pays reconnu par tous les leaders internationaux. [...] Je suis fier de dire que je suis turc”, a renchéri, drapeau turc en main, Türgüt Gübahar.

Scandale de corruption

Paradoxalement, le triomphe attendu de Recep Tayyip Erdogan intervient au terme d’une année politique très difficile pour son camp.

En juin 2013, des millions de Turcs ont dénoncé dans les rues sa dérive autoritaire et islamiste. La sévère répression de cette révolte a sérieusement écorné l’image du régime.

L’hiver dernier, c’est un scandale de corruption sans précédent qui a éclaboussé le pouvoir. Recep Tayyip Erdogan a dénoncé un “complot” de son ex-allié islamiste Fethullah Gülen, avant de purger la police et de museler les réseaux sociaux et la justice.

C’est vrai qu’en France, la corruption des élus, on connait pas…

Mais, même contesté comme jamais, Recep Tayyip Erdogan a remporté les élections locales de mars et reste très populaire dans un pays qu’il a débarrassé de la tutelle de l’armée et dont la majorité religieuse et conservatrice a profité de la forte croissance économique sous son règne.

L’armée est certes garante de la laïcité, mais peut être aussi que le peuple préfère la Démocratie ?

Ah, sinon, quelle est la règle pour savoir dans quels pays ont qualifie des dirigeants légitimement élus de “tsars”, “sultans”, “règne”, “maitre du….” ? Jamais entendu parler du “Maître de la Maison Blanche” ni du “règne de Merkel”

Malgré le ton modéré du premier discours du président élu, l’opposition a dénoncé la volonté de Recep Tayyip Erdogan de présidentialiser le système politique turc et agité le spectre d’une dérive vers un régime autocratique.

J’adore toujours quand, comme en Ukraine, des Français accusent un président de vouloir présidentialiser le régime, sachant qu’on doit être le pire régime démocratique présidentiel au monde…

Mais bref, conclusion : les Turcs sont des imbéciles, qui ne votent pas pour le bon candidat… Comme les Palestiniens ou les Russes, quoi…

“Nous sommes désormais confrontés à un pouvoir oppresseur qui n’est plus contrôlé par la Constitution mais essaie d’imposer son propre régime arbitraire”, a ainsi lancé le porte-parole du Parti républicain du peuple (CHP), Haliç Koç.

“Pour de nombreuses raisons, la principale difficulté pour Erdogan n’est pas de remporter la présidentielle, mais ce qui va suivre”, a pronostiqué l’universitaire Ziya Meral, de l’université britannique de Cambridge.

Source : Nouvel Obs.

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En bonus, encore du GRAND Canard enchainé (numéro du 13/08/2014) :

Devenu parano et mystique, il dénonce sans fin, depuis, le « complot de l’étranger » , voit des « traîtres » partout, a fait suspendre « Twitter » et « Facebook » pendant la campagne des municipales et, tout récemment, a voulu interdire aux femmes de sourire en public, tout en traitant une journaliste de « femme effrontée »…

Mégalo, il souhaite remodeler le visage d’Istanbul comme celui de la République turque : doubler le Bosphore par un canal, bâtir un troisième grand pont et, enfin, ériger dans son ancien quartier, sur la rive asiatique, la plus grande mosquée du monde,  visible de toute la ville.

Allah lui serait-il monté à ‘la tête ?

C’est quand même étonnant que 52 % des Turcs aient voté pour un type “parano et  mystique”, non ? Il avait peut être fait aussi des choses bien, non ?

Ah non, “c’est le méchant”, j’avais oublié… Comme à chaque fois qu’un dirigeant essaie d’exalter (de bonne ou mauvaise façon) tout esprit patriotique ou de fierté nationale… (et non, je n’ai aucune sympathie pour des islamistes…)

Et sinon, je me demande ce qui peut bien se passer dans le cerveau d’un “journaliste” pour écrire qu’un Président  ”a voulu interdire aux femmes de sourire en public”, sans se poser plus de question (façon “les pro-russes crèvent les yeux des prisonniers”). Je rappelle que c’est le vice Premier ministre Bülent Arinç, “qui avait déjà multiplié ces derniers temps les condamnations des séries et programmes télévisés invitant selon lui à l’addiction sexuelle, estime que la femme turque doit rester « décente », et donc ne « pas rire à gorge déployée devant tout le monde » ; elle doit aussi veiller à sa chasteté de manière à demeurer « bonne à marier », une question pour lui de « droiture morale ».” (RFI).

C’est évidemment  nul, d’un autre âge, mais enfin on est loin d’une loi pour interdire aux femmes de rire en public… Mais comme d’habitude, nos suprémacistes blancs bien pensants sont là pour expliquer au reste du monde comment penser et vivre – façon sociétés primitives… Ce qui ne peut que bien se terminer…

Notez aussi qu’un journal turc pourrait titrer “Quand les députés français appellent à exterminer le Roms”, ce serait d’une grande honnêteté intellectuelle…

P.S. d’ailleurs, (même si je soutiens les revendications kurdes, par cohérence intellectuelle) les Turcs doivent apprécier ça – encore de la haute diplomatie :

Source: http://www.les-crises.fr/elu-president-erdogan-annonce-une-nouvelle-ere-nie-toute-derive-autoritaire/


La fabrication de l’ennemi : le cas russe, par Pierre Conesa (en 2009)

Friday 15 August 2014 at 01:57

Tribune dans Libération de Pierre Conesa, ancien haut-fonctionnaire, le 31 décembre 2009 (à l’occasion de la crise en Géorgie…)

TRIBUNE

On est en droit de s’interroger sur l’image que véhiculent certaines analyses sur la Russie. Le crime organisé italien cause de graves dommages environnementaux avec le trafic d’ordures par la Camorra napolitaine, ou de morts en Europe avec la N’dranghetta calabraise. Mais, nous dit-on, ce sont les mafias russes qui sont les plus dangereuses ! Le journaliste Roberto Saviano, auteur de Gomorra, est menacé de mort mais il ne vient à personne l’idée d’accuser le gouvernement italien. Par contre, l’assassinat de journalistes russes comme Anna Politkovskaïa ou d’humanitaires comme Natalia Estemirova, tuée le 15 juillet en Tchétchénie, est attribué à l’action du Kremlin.

On insiste avec raison sur le passé d’ex-officier (médiocre) du KGB de Vladimir Poutine, mais pas sur le fait que le président Bush père fut directeur de la CIA. Succédant à Donald Rumsfeld, Hillary Clinton va appeler Moscou à respecter les droits de l’homme, mais c’est bien Washington qui emprisonne à Guantánamo depuis maintenant sept ans des prisonniers auxquels on refuse les droits judiciaires minimum. On réagit avec vigueur à l’invasion des forces russes sur le territoire souverain de la Géorgie en exigeant un calendrier de retrait, mais on formule le souhait poli qu’Israël stoppe la colonisation des territoires, occupés depuis 42 ans. On en arrive même à reprocher à la Russie de vouloir faire payer le gaz livré à l’Ukraine au prix du marché et non plus au tarif préférentiel. Claude Mandil, dans son rapport d’avril 2009 au Premier ministre sur «Sécurité énergétique et Union Européenne» remarquait qu’il y avait quelque contradiction à diaboliser la Russie sur la crise ukrainienne, et en même temps à chercher à en faire un partenaire de la sécurité énergétique de l’Union.

La schizophrénie a toujours fait partie de la géopolitique, qui reste un habillage «rationnel» des rapports de force internationaux. Dans le cas de la Russie, on atteint des excès. Il ne s’agit pas de délivrer un brevet de démocratie au régime en place au Kremlin, qui a encore de gros efforts à faire, en particulier sur la Tchétchénie avec la politique sanglante de Kadirov ! Mais la critique serait plus efficace si elle utilisait avec mesure la comparaison. La Russie est-elle un pays si différent que toutes les affaires y sont jugées avec d’autres critères qu’ailleurs ? Est-ce parce que nombre de chroniqueurs de questions internationales ont eu un passé communiste, resté comme une tache indélébile, que la critique doit être systématique ? Est-ce parce que la France connaît, avec dix ans de retard, la vogue du néo-conservatisme qui avait comme priorité stratégique première, avant les attentats du 11 Septembre, le roll back de l’ancienne URSS ?

En énonçant, en 1991, sa célèbre phrase «Nous allons vous rendre le pire des services, nous allons vous priver d’ennemi !», Gueorgui Arbatov, conseiller diplomatique de Gorbatchev, mettait la filière de production stratégique face à un risque de chômage technique, un peu comme les spécialistes de l’héraldique avec la Révolution française. «L’ennemi soviétique avait toutes les qualités d’un “bon” ennemi : solide, constant, cohérent, écrivait le général de la Maisonneuve. Militairement, il nous était semblable, construit sur le plus pur modèle “clausewitzien”, inquiétant certes, mais connu et prévisible. Sa disparition entame notre cohésion et rend vaine notre puissance.» La Chine avait joué le rôle d’ennemi de substitution sous l’administration Bush, mais le président Obama veut normaliser avec Pékin… On ne peut plus compter sur personne !

Dernier ouvrage paru: “Les Mécaniques du chaos: bushisme, prolifération et terrorisme” (Editions de l’Aube)

Pierre Conesa, ancien haut-fonctionnaire

Source : Libération

Source: http://www.les-crises.fr/la-fabrication-de-lennemi-le-cas-russe-par-pierre-conesa-en-2009/


Charte des commentaires du blog www.les-crises.fr

Friday 15 August 2014 at 00:26

Petit rappel… Afin de répondre à des problèmes de plus en plus fréquents au niveau des commentaires (écarts, surnombres, trolling), je vous rappelle la charte du blog, qui s’est accompagnée d’un renforcement de la modération.

Charte des commentaires du blog www.les-crises.fr

Ce blog a pour objet de fournir un maximum d’informations sur les crises actuelles, que nous traversons (crise économique, crise sociale…) ou que nous allons bientôt traverser (crise pétrolière, crise climatique…). Pour plus de détails : la table des matières.

Pour rappel, les blogs sont assimilés à des publications de presse en ligne, ils doivent donc respecter une double obligation :

Ce blog a fait le choix de donner la possibilité aux lecteurs de laisser des commentaires, afin d’enrichir le débat, et d’augmenter l’intérêt pour tous les lecteurs. Cependant, pour atteindre ce but, les commentaires doivent donc être assez généraux pour intéresser le plus grand nombre. Et ne pas proliférer, sous peine de décourager la lecture (qui a le temps de lire 200 commentaires ?) et de poser de lourds problèmes pour leur modération, qui est pourtant le gage de la qualité de ce blog.

Seront ainsi systématiquement supprimés, sans avertissement ni justification (par manque de temps), 4 types de commentaires :

  1. en premier lieu, et bien évidemment, ceux qui sont susceptibles d’être condamnés par la loi ;
  2. ceux dont le ton ne correspond pas à la convivialité et au respect mutuel des débats que ce blog souhaite générer – sont en particulier visés ici les commentaires à tonalité méprisante pour un autre commentateur ou l’éditeur du blog. Le savoir-vivre et la politesse sont indispensables ; l’humour ne visant pas à dénigrer l’autre n’est pas interdit ;
  3. ceux qui n’apportent presque rien à la collectivité, que ce soit en raison de leur brièveté (« +1 ; d’accord, j’approuve »), parce qu’ils sont inintelligibles, bourrés de fautes d’orthographe ou parce qu’ils correspondent à des dialogues entre commentateurs sans grand intérêt pour les autres lecteurs. Pour mémoire, après avoir posté un commentaire, il vous est possible durant les 5 minutes suivantes de le modifier ;
  4. ceux ayant pour principal but une démarche publicitaire ou prosélyte pour tel parti ou groupement ;

 

Seront également susceptibles d’être supprimés, sans avertissement ni justification (par manque de temps), les 5 types de commentaires suivants :

  1. ceux ne visant pas à faire partager une thèse, une position, une information, une objection ou une question aux autres lecteurs, mais se contentant de pures et simples affirmations non étayées. Sont aussi visés ici ceux qui dépassent une longueur raisonnable… ;
  2. ceux faisant des liens vers des sites ou articles douteux ou qui n’auront pu être validés par manque de temps ;
  3. ceux ayant pour but de rouvrir en permanence des sujets déjà évoqués sur le blog – en particulier en lien avec la création monétaire ou le réchauffement climatique, qui reviennent presque tous les jours en commentaire alors qu’ils ont déjà été discutés ou qu’ils ne peuvent l’être en 10 lignes de commentaires ;
  4. ceux étant à l’évidence du trolling, visant à dénaturer les échanges du blog ; ou étant émis en trop grand nombre ; ou étant émis par des identifiants différents avec la même adresse IP  ;
  5. ceux qui ne seront manifestement pas en lien avec le billet commenté, et dont nous jugerons souverainement qu’ils sont de nature à tirer la discussion dans des directions qui feront perdre aux échanges leur densité (sujet trop long, déjà traité, trop vague, déjà trop de commentaires, etc.). Nous ne sommes pas dupes, certains groupes rémunèrent en effet des trolleurs justement dans ce but. Nous resterons donc maîtres chez nous sur ce blog, sans aucun état d’âme – par respect pour la confiance des milliers de lecteurs quotidiens venant sur ce blog…

Précisons que la modération assumant « l’arbitraire » du refus d’un commentaire, il sera donc inutile de revenir à la charge pour demander pourquoi (nous manquons de bras, désolé).

Le refus d’un commentaire n’a évidemment rien à voir avec une « censure » : chacun est libre de créer son propre blog pour y faire valoir ses idées ; mais la liberté de pouvoir exprimer ses idées ne peut valoir droit absolu de raconter tout et n’importe quoi partout… (ou alors je suis moi même odieusement “censuré” car TF1 ne m’invite pas au 20h00 tous les mois…)

Enfin, la transgression répétée de ces règles entraînera un bannissement temporaire puis définitif.

Sauf cas particulier pour certains billets, notre objectif est désormais de limiter le volume des commentaires à une centaine maximum par billet.

Source: http://www.les-crises.fr/charte-des-commentaires/


[Pour bien finir la journée...] 99 ballons

Thursday 14 August 2014 at 21:08

Je n’avais jamais étudié les paroles de cette jolie chanson – j’avais seulement dansé le rock dessus… (merci de me l’avoir signalé en ce jour)

Wikipédia :

99 Luftballons (littéralement 99 ballons de baudruche) est une chanson engagée du groupe pop rock allemand Nena, interprétée par la chanteuse éponyme, numéro 1 des ventes en Allemagne de l’Ouest en 1983.

Historique et explication de la chanson

La musique a été composée par Uwe Fahrenkrog-Petersen, le pianiste du groupe Nena, tandis que le guitariste Carlo Karges a écrit les paroles de la version originale en allemand. La version anglaise de la chanson, intitulée 99 Red Balloons, a été écrite par Kevin McAlea qui a conféré au texte un ton plus satirique que l’original.

La chanson est sortie en pleine période d’intensification de la course aux armements dans le cadre de la Guerre froide. La terreur s’équilibre entre les États-Unis et l’Union soviétique qui essaient chacun de montrer leur supériorité sur l’autre.

Tout d’abord, en novembre 1983, l’Union soviétique interprète l’exercice annuel de conditionnement à une guerre nucléaire de l’OTAN comme une réelle préparation à une guerre nucléaire. Elle active ainsi en réponse ses propres armements. Quelques mois après, en janvier 1984, les Américains déploient les missiles Pershing II en Allemagne de l’Ouest, répondant ainsi à la demande formulée en 1979 par le gouvernement SPD de Helmut Schmidt, inquiet de l’absence de réaction de l’OTAN devant le déploiement des missiles nucléaires SS-20 soviétiques, capables d’annihiler les principaux points stratégiques de l’Europe de l’Ouest en une seule frappe. Cette position est contestée par les mouvements pacifistes, dont le mot d’ordre à l’époque est « plutôt rouge que mort » (« Lieber rot als tod »).

C’est dans ce sentiment de révolte et d’exaspération que Nena va créer 99 Luftballons. Les paroles sont très engagées contre la Guerre froide et rappellent les récents événements précédemment évoqués. Le thème général est l’histoire de 99 ballons qui flottent dans le ciel et qui sont identifiés par les forces militaires comme une attaque. Ainsi toute l’armée et tous les armements sont mobilisés pour neutraliser les ballons et provoquent une gigantesque explosion destructrice qui dévaste la planète. Dans sa chanson, Nena se moque des dirigeants de l’époque qui étaient constamment sur le point de déclencher une guerre mondiale et de la quantité faramineuse des armements avec lesquels on aurait pu détruire un nombre incalculable de fois la planète. La chanson reflète également le climat de tension et de terreur de cette période tout comme celle du chanteur anglais Sting avec son titre Russians (1985).

Nena restera dans le haut du chart britannique pendant trois semaines à partir du 28 février 1984 avec 99 Red Balloons.

Hast Du etwas Zeit für mich
Si tu as un peu de temps pour moi
Dann singe ich ein Lied für Dich
Alors je chanterai une chanson pour toi
Von neun-und-neunzig Luftballons
Sur 99 ballons de baudruche
Auf ihrem Weg zum Horizont
En route vers l’horizon
Denkst Du vielleicht grad’ an mich
Peut-être qu’en ce moment tu penses justement à moi
Dann singe ich ein Lied für Dich
Alors je chante une chanson pour toi
Von neun-und-neunzig Luftballons
Sur 99 ballons
Und dass sowas von sowas kommt
Et tout ce qui s´ensuit

Neun-und-neunzig Luftballons
99 ballons
Auf ihrem Weg zum Horizont
En route vers l’horizon
Hielt man fuer UFOs aus dem All
On les a pris pour des OVNIS de l’espace
Darum schickte ein General
Alors un général leur
‘ne Fliegerstaffel hinterher
a envoyé une escadrille
Alarm zu geben, wenn’s so war
Donner l’alarme alors que
Dabei war’n da am Horizon
Ce n’étaient que 99 ballons
Nur neun-und-neunzig Luftballons
Sur l’horizon

Neun-und-neunzig Düsenjäger
99 pilotes de chasse
Jeder war ein grosser Krieger
Chacun d’eux un grand guerrier
Hielten sich für Captain Kirk
Se prenaient pour le capitaine Kirk
Das gab ein grosses Feuerwerk
Il y eut un grand feu d’artifice
Die Nachbarn haben nichts gerafft
Les voisins n’ont rien pigé
Und fühlten sich gleich angemacht
Et se sont tout de suite sentis agressés
Dabei schoss man am Horizon
Alors on s’est mis à tirer vers l’horizon
Auf neun-und-neunzig Luftballons
Sur 99 ballons

Neun-und-neunzig Kriegsminister
99 ministres de la guerre
Streichholz und Benzinkanister
Allumette et bidons d’essence
Hielten sich für schlaue Leute
Ils se croyaient malins
Witterten schon fette Beute
Sentaient déjà les bons pillages
Riefen Krieg und wollten Macht
Criaient à la guerrre et voulaient le pouvoir
Mann, wer hätte das gedacht
Bon sang, qui aurait pu croire
Dass es einmal soweit kommt
Que ça irait si loin
Wegen neun und neunzig Luftballons
A cause de 99 ballons ?

Neun-und-neunzig Luftballons
A cause de 99 ballons
Neun-und-neunzig Luftballons
99 ballons !

Neun-und-neunzig Jahre Krieg
99 années de guerre
Liessen keinen Platz fuer Sieger
N’ont rien laissé au vainqueur 
Kriegsminister gibt’s nicht mehr
Il n’y a plus de ministres de la guerre
Und auch keine Duesenflieger
Et plus de pilotes de chasse non plus
Heute ziehe ich meine Runden
Aujourd’hui je traîne mes guêtres 
Seh’ die Welt in Truemmern liegen
Je vois le monde en ruines
Hab’ ‘nen Luftballon gefunden
J’ai trouvé un ballon
Denk’ an Dich und lass’ ihn fliegen
Je pense à toi et je le laisse s’envoler

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La version en anglais :

You and I in a little toy shop
Toi et moi dans une boutique de jouets
Buy a bag of balloons with the money we’ve got
Achetons un sac de ballons avec notre argent 
Set them free at the break of dawn
Les libérant dès l’aube
‘Til one by one, they were gone
Un par un, ils sont partis

Back at base, bugs in the software
De retour à la base, des problèmes dans le logiciel
Flash the message, Something’s out there
Un message clignote, quelque chose vient de décoller là-bas

Floating in the summer sky
Volant dans le ciel d’été
99 red balloons go by
99 ballons rouges s’en vont

99 red balloons floating in the summer sky
99 ballons rouges volent dans le ciel d’été
Panic bells, it’s red alert
Sonneries d’alarmes, c’est l’alerte rouge
There’s something here from somewhere else
Il y a une chose venant d’ailleurs
The war machine springs to life
Les machines de guerre reprennent vie
Opens up one eager eye
Ouvrant un oeil avide
Focusing it on the sky
Au millieu du ciel
As 99 red balloons go by
Comme 99 ballons rouges qui s’en vont

99 Decision Street, 99 ministers meet
99 rue de la décision, 99 ministres se rencontrent
To worry, worry, super-scurry
Et s’inquiètent, s’inquiètent, et détalent
Call out the troops now in a hurry
Appellant les troupes en vitesse
This is what we’ve waited for
C’est ce que nous avons attendu
This is it boys, this is war
C’est le moment les gars, c’est la guerre
The president is on the line
Le président est pendu au téléphone
As 99 red balloons go by.
Comme 99 ballons rouges qui s’en vont

99 Knights of the air
99 chevaliers des airs
Ride super-high-tech jet fighters
Aux rênes de super avions à réaction
Everyone’s a superhero.
Chacun est un super héros
Everyone’s a Captain Kirk.
Chacun  est un capitaine Kirk
With orders to identify.
Avec des ordres d’identification
To clarify and classify.
Pour cibler et calibrer,
Scramble in the summer sky.
Se précipitant dans le ciel d’été
As 99 red balloons go by.
Comme 99 ballons rouges qui s’en vont

99 dreams I have had.
99 rêves que j’ai fais
In every one a red balloon.
Dans chacun d’eux un ballon rouge
It’s all over and I’m standing pretty.
C’est complètement fini et je regarde
In this dust that was a city.
Dans cette poussière qui était une ville
If I could find a souvenier.
Si je pouvais trouver un souvenir
Just to prove the world was here.
Juste pour prouver que le monde était ici

And here is a red balloon
Et voici un ballon rouge
I think of you and let it go.
Je pense à toi et je le laisse s’envoler

Et en bonus, comme indiqué, la version enregistrée pour Arte en 2009, avec un peu de français :

P.S. n’hésitez pas à améliorer la traduction en allant ici

P.P.S. à la demande générale, Sting, Les Russes (Russians), 1985 :

Paroles et musique de STING
(Musique d’après Prokofiev)

In Europe and America
En Europe et en Amérique
There’s a growing feeling of hysteria
Il y a un sentiment croissant d’hystérie
Conditioned to respond to all the threats
Conditionné pour répondre à toutes les menaces
In the rhetorical speeches of the Soviets
Dans les discours rhétoriques des Soviétiques

Mister Krushchev said, We will bury you
Monsieur Kroutchev a dit, nous vous enterrerons
I don’t subscribe to his point of view
Je ne souscris pas à son point de vue
It’d be such an ignorant thing to do
Ce serait une chose si ignorante à faire
If the Russians love their children too
Si les Russes aiment leurs enfants aussi

How can I save my little boy
Comment est-ce que je peux sauver mon petit garçon
From Oppenheimer’s deadly toy ?
Du jouet mortel d’Oppenheimer ?
There is no monopoly of common sense
Il n’y a aucun monopole du bon sens
On either side of the political fence
De chaque côté de la barrière politique

We share the same biology
Nous partageons la même biologie
Regardless of ideology
Indépendamment de l’idéologie
Believe me when I say to you
Croyez moi quand je vous dis
I hope the Russians love their children too
J’espère que les Russes aiment aussi leurs enfants

There is no historical precedent
Il n’y a aucun précédent historique
To put the words in the mouth of the president ?
Pour mettre les mots dans la bouche du président ?
There’s no such thing as a winnable war,
Il n’existe aucune guerre gagnable,
It’s a lie we don’t believe anymore
C’est un mensonge que nous ne croirons plus

Mister Reagan says, we will protect you
Monsieur Reagan dit, nous vous protégerons
I don’t subscribe to his point of view
Je n’adhère pas à son point de vue
Believe me when I say to you
Croyez-moi quand je vous dis
I hope the Russians love their children too
J’espère que les Russes aiment aussi leurs enfants

We share the same biology
Nous partageons la même biologie
Regardless of ideology
Indépendamment de l’idéologie
What might save us, me and you,
Ce qui pourrait nous sauver, moi et vous,
Is if the Russians love their children too
Est le fait que les Russes aiment aussi leurs enfants


Source: http://www.les-crises.fr/pour-bien-finir-la-journee-99-ballons/