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[Reprise] État islamique : pourquoi les tactiques de l’Occident ne fonctionnent pas

Friday 24 October 2014 at 02:30

Reprise d’un billet du Nouvel Obs

L’État islamique ne cesse d’avancer et ce, malgré les frappes internationales. En Syrie comme en Irak, la situation se dégrade de jour en jour. Comment expliquer l’impuissance de la communauté internationale ? Les djihadistes sont-ils si puissants ? L’analyse de Olivier Hanne et Thomas Flichy, spécialistes de géopolitique.

Depuis un mois et demi, malgré les proclamations de principe et les bombardements sur les positions clés de l’État islamique, celui-ci ne paraît nullement affaibli. Au contraire, les multiples pressions n’y font rien et le monde découvre avec inquiétude que ce proto-État ne sera jamais réductible sans forces terrestres.

La grande coalition semble paralysée par l’inefficacité des frappes aériennes. La Turquie ne s’engage qu’à reculons pour obtenir des gains au nord de la Syrie, gains dont les Kurdes feront les frais prochainement. À terme, la Jordanie peut elle aussi être menacée, tout comme le Liban l’est déjà.

Le Front al-Nosra a cessé depuis septembre toute attaque contre l’État islamique et il faut craindre une réconciliation entre les deux mouvements. Localement, les populations syriennes continuent de soutenir al-Nosra contre les bombardements et les tribus de la province irakienne d’al-Anbar ne semblent pas prêtes à se retourner contre le califat.

On ne sait pas ce que l’on détruit

L’étude de la localisation des frappes de la coalition depuis le mois d’août contraint à réévaluer la menace de Daesh et sa nuisibilité.

Malgré les effets d’annonce sur la précision et l’ampleur des bombardements, un recul critique sur la masse d’informations transmises par le Département américain de la Défense, ainsi que par des organismes semi-privés comme l’Institute for the Study of war, laisse songeur. Entre le 8 août et le 6 octobre, au moins 250 frappes ont eu lieu en Irak et 90 en Syrie.

En réalité, on ne brise que du matériel, des bâtiments éloignés des centres urbains et des colonnes de véhicules trop visibles. Les djihadistes se mélangent en permanence à la population et nul ne sait réellement ce que les missiles occidentaux détruisent à 5.000 pieds. Les images sont faussement parlantes.

L’EI ne cesse d’avancer

Bien sûr, on cible des centres vitaux de l’EI : Raqqa, Deir al-Zor en Syrie, ou encore Mossoul, Sindjar, Haditha et Falloujah en Irak, autant de sites sous contrôle djihadiste depuis plusieurs mois. Mais près de 30 % des opérations de l’aviation américaine concernent les quartiers d’Erbil, Kirkouk, Amerli et Bagdad, villes que l’on disait pourtant encore épargnées par Daesh.

Est-ce à dire qu’elles ne le sont plus ? De violents accrochages ont eu lieu au sud de Kirkouk avec les Peshmergas kurdes les 2 et 3 octobre. Dans cette ville, des bâtiments de la 12e armée irakienne ont été soufflés par une explosion le 6 octobre.

La veille, la ville de Hît, au sud de Haditha, était passée sous contrôle de Daesh dans le plus grand silence médiatique.

Entre le 1er et le 7 octobre, la pression des combattants s’est accrue à l’ouest de Bagdad, sans que les frappes américaines puissent déserrer leur emprise. L’EI est désormais solidement implantée à 40 km de la capitale.

Le 6 octobre, l’EI a affronté la police et les milices shiites près de Aziz Balad, à quelques dizaines de kilomètres au nord de Bagdad. Ramadi, la dernière ville de la province d’al-Anbar à obéir au gouvernement central, devrait bientôt tomber, ainsi que la base aérienne d’al-Asad, non loin de Hît.

Des cartes erronées

La plupart des cartes d’implantation de l’État islamique proposées dans les revues françaises et américaines sont erronées (à dessein ?).

En effet, elles présentent souvent les territoires concernés sous trois appellations : “Zones sous contrôle de l’EI”, réduites à de minces fils comme ceux d’une toile d’araignée ; “zones d’attaques récurrentes de l’EI” et “zones de soutien de l’EI”. Or, personne d’autre que Daesh n’a d’autorité sur ces deux derniers espaces.

Ces “zones de soutien” sont plus qu’un réservoir de terres à conquérir, elles sont de facto les territoires de Daesh. Les réduire à de simples lignes le long des axes n’a aucun sens : les espaces intersticiels ne relèvent ni de Bagdad ni des États-Unis, mais seulement du Califat.

L’Occident et ses vieilles tactiques uniformisées

La guerre médiatique lancée par les États-Unis et l’ONU contre l’État islamique cacherait-elle la puissance de cette pieuvre qui s’adapte à son ennemi ?

De fait, cette organisation terroriste est totalement décentralisée, chaque bataillon a son autonomie d’action et multiplie les opérations périphériques, sans nécessairement de concertation. À un Occident réduit à de vieilles tactiques aériennes uniformisées et prévisibles (la guerre “hors-sol”) s’oppose un djihadisme multipolaire, réactif et enraciné.

En outre, la communication militaire de la coalition a souhaité focaliser l’attention de l’opinion publique mondiale sur Kobané et la question syrienne, alors que la situation est d’une autre gravité en Irak : quinze tragédies de Kobané s’annoncent ici…

Pourquoi ce choix ? Les États-Unis ont une prédilection pour le théâtre syrien dont ils veulent écarter Bachar al-Assad depuis des années, quitte à faire intervenir la Turquie en lui donnant des gages, malgré son manque de fiabilité. Kobané tombera de toute façon, même avec l’aide velléitaire d’Ankara.

En attendant, on ne songe plus à l’Irak où la menace grandit. Tous les gouvernements occidentaux répètent désormais la même excuse : sans troupes au sol, on ne peut rien faire. Les opinions publiques sont ainsi progressivement familiarisées à la prochaine étape : l’envoi de soldats ou de commandos en Syrie, et non en Irak.

Toujours sans solution politique et refusant obstinément d’ouvrir la porte des négociations à l’Iran et à Damas, les États-Unis s’enferrent donc dans une stratégie sans horizon qui contribue à la crise du Proche-Orient.

Source : Le Nouvel Obs

Source: http://www.les-crises.fr/etat-islamique-pourquoi-les-tactiques-de-loccident-ne-fonctionnent-pas/


[Vidéo Soirée Médiapart] Corruption, ça suffit !

Thursday 23 October 2014 at 02:08

Soirée du 19 octobre, présentée par Edwy Plenel et animée par Fabrice ArfiBenoît Collombatet Antoine Peillon.

Avec Roberto Scarpinato, Procureur général auprès du parquet de Palerme, Eric Alt, magistrat, Chantal Cutajar, universitaire, William Bourdon, avocat, Monique Pinçon-Charlot, sociologue, Antoine Garapon, magistrat, éditeur, Jean-Paul Philippe, policier,Cynthia Fleury, philosophe, Paul Jorion, anthropologue, Pierre Lascoumes, sociologue et François Morin, économiste.

Source : Mediapart

Je rajoute pour information cette carte de Transparency International (probablement discutable, amis cela permet de mieux percevoir le fléau sur la planète).

Source: http://www.les-crises.fr/video-soiree-mediapart-corruption/


Notre pote Big Moustache

Wednesday 22 October 2014 at 17:50

Un mot rapide sur le crash de Christophe de Margerie – en raison des réactions, toujours éloquentes.

Pour ceux qui s’étonnent que je parle de ça, comme du plug, c’est simplement car si le fond n’est pas très intéressant, ceci illustre cependant des modes de pensées à l’oeuvre dans les sujets qui nous occupent plus habituellement…

J’ai été attristé hier, car je lui avais parlé quelques minutes il y a 2 ans, et c’est vrai que c’était un homme affable et sans langue de bois, détonnant dans le profil classique des PDG du CAC – j’ai souvent une sympathie pour un bon PDG qui a passé 40 ans dans l’entreprise…

L’enquête établira s’il a ou non été victime de la baisse des coûts à l’aéroport de Moscou :

“Au moment du choc, l’avion volait déjà à 200 km/h – il était donc impossible d’intervenir. Mais il semble que le contrôleur qui était en poste au moment de la tragédie a agi correctement. La visibilité était de seulement 350 mètres, ce qui l’empêchait totalement de distinguer ce qui se passait à l’autre extrémité de la piste de décollage, à 1500 mètres de sa tour. Il y a encore deux ans, il y avait deux contrôleurs par piste à Vnoukovo, mais depuis, les effectifs ont été réduits de moitié. S’il y avait eu un contrôleur à l’autre extrémité, cet accident aurait probablement pu être évité. J’insiste sur le fait qu’on ne peut pas faire d’économies quand il s’agit de sécurité – et peu importe si les billets d’avion coûtent dix roubles de plus ! Dans l’aviation, quand on se met à mesurer l’efficacité en termes financiers, ça finit toujours mal. [...] De nombreux jets privés passent par cet aéroport, et il est surchargé. Pourtant, la direction est en train de réduire le nombre de contrôleurs et on se prépare à des licenciements de masse… Nous espérons que cet accident attirera l’attention sur cette situation.” (Source)

Le Plus

On avait parlé de lui en 2012 sur ce billet :

Le Parisien – Le super à 2 euros le litre est donc inéluctable ?

Christophe de Margerie – Cela ne fait aucun doute. La vraie question, c’est : quand ? Il faut espérer que cela n’arrive pas trop vite, sinon les conséquences seront dramatiques.

Mais il a vite été recadré par le représentant du lobby de l’autruche :

Le président Nicolas Sarkozy a dénoncé mercredi, en recevant des députés UMP à l’Élysée, les propos «indécents» du PDG de Total, Christophe de Margerie, qui juge inévitable que le litre de super grimpe à 2 euros, selon des participants. « Les propos de Christophe de Margerie sur le litre à 2 euros sont indécents », a-t-il déclaré lors de cette rencontre. « Je vais m’en occuper ! », a prévenu Nicolas Sarkozy, selon ces mêmes sources.

Quelques mois plus tard, il récidive, en marge des Rencontres économiques à Aix-en-Provence : “Les prix du pétrole étant plutôt à la hausse, il ne faut pas s’attendre à ce que sur le long terme les prix des carburants baissent.” En 2009, il avait déjà lancé : “Ne partez pas du principe que les prix du pétrole vont baisser. C’est faux !”

En effet, c’était un des rares PDG d’un groupe pétrolier a avoir alerté il y a quelques années sur la survenance assez proche du Pic pétrolier – même s’il était devenu plus “optimiste” ces derniers temps au niveau du délai. Et il avait gagné mon respect à ce moment là. Quelle bien triste ironie qu’il soit mort horriblement brulé dans du kérosène.

Il avait aussi signé l’appel Taxez-Nous en 2011 : “Nous sommes conscients d’avoir pleinement bénéficié d’un modèle français et d’un environnement européen auxquels nous sommes attachés et que nous souhaitons contribuer à préserver.” On n’est pas forcément dupe (3,5 millions d’euros de salaire en 2013), mais bon, beaucoup ne l’ont pas signé…

Enfin, il avait tenu des propos très intéressants à propos des tensions avec la Russie :

“On dit que nous devons nous protéger de l’Ukraine, et puis on commence à parler de la Russie. Ce sont des choses tout à fait différentes. Est-ce que nous avons l’intention de construire un nouveau mur de Berlin ? [...] La Russie est notre partenaire, et nous ne devons pas perdre notre temps à nous défendre contre notre voisin. Nous devons œuvrer à ne pas être trop dépendants envers n’importe quel pays, mais cela ne concerne pas la Russie, qui nous a sauvés à plusieurs reprises. [...] Peut-on se passer du gaz russe en Europe ? La réponse est non. Et est-ce qu’on a des raisons de s’en passer ? A mon avis, et je ne défends pas les intérêts de Total en Russie, c’est non.” (Source)

“Je ne plaide pas pour la Russie, mais pour plus de compréhension. Les sanctions sont une voie sans issue, l’interdépendance économique en revanche nécessite un dialogue constructif [...] Nous ne devons pas nous laisser persuader que la Russie est un ennemi, d’autant que notre approvisionnement en énergie dépend en grande partie de ce voisin, a-t-il ajouté. On ne doit pas tomber dans la caricature des gentils Ukrainiens pro-occidentaux et des méchants pro-Russes.” (Source) 

Le Moins

Après, on peut aussi prendre un peu de recul en rappelant certains de ses propos bien plus discutables…

Gaz de schiste : “Ayons le courage de faire de l’exploration, et après ça on en discute.”"

L’Europe : “Ne le prenez pas comme une provocation, je pense que l’Europe devrait être reconsidérée comme un pays émergent.”

Démocratie : “La mission de Total n’est pas de restaurer la démocratie dans le monde. Ce n’est pas notre métier. Total n’est ni un outil politique ni une ONG.” Sous le titre “Birmanie : le rapport qui accuse Total”, “Libération” avait dévoilé en 2009 un rapport, selon lequel le groupe pétrolier français serait l’un des principaux soutiens financiers de la junte au pouvoir en Birmanie depuis 1962. (Source)

L’État :

“Le vrai problème de la France, c’est l’État.

Il faut que nous réformions l’État. Nous ne pouvons pas continuer dans un système où 57% du PIB viennent des dépenses publiques et de ce qu’on appelle les retours sociaux. C’est inacceptable. Plus de la moitié de notre PIB transite ainsi par les mains de l’État, qui, soit dit en passant, a beaucoup de mal à le gérer, ce qui n’est pas surprenant.

Le poids excessif de la sphère publique affaiblit les entreprises, dont le rôle économique et social n’est pas assez reconnu dans notre pays. Il est important de comprendre pourquoi notre compétitivité, en tant qu’entreprises, en tant qu’entrepreneurs, a diminué de manière aussi rapide en dix ans. Les entreprises sont moins compétitives, elles gagnent moins d’argent, perdent des parts de marché, elles ont du mal à continuer à investir dans la recherche et le développement. Cette hémorragie est inacceptable et doit être arrêtée. Le fait que la France compte trente deux groupes parmi les plus grandes entreprises mondiales n’arrivera pas à cacher cette vérité.

S’occupe-t-on de l’entreprise ? Non, on s’occupe de l’État. On s’occupe de savoir ce que l’État va nous apporter ou pas. On en est encore au stade de papa-maman et ce n’est pas normal, surtout dans le monde moderne.

Pourquoi sommes-nous ainsi en France ? Pourquoi donnons-nous un tel  rôle à l’État en nous tournant vers lui dès qu’il y a un problème. En réalité, il ne peut rien faire de plus qu’utiliser l’argent qu’on lui donne. L’argent de l’État est effectivement fait pour être redistribué. Mais l’argent de l’État, c’est le vôtre, c’est celui des entreprises. L’État n’est pas censé créer de la valeur. Il est censé éviter d’en perdre, il doit utiliser au mieux ses budgets. Ce n’est pas à lui de créer de la valeur, ce n’est pas à lui de se développer et de gagner des parts de marché. C’est une absurdité de le croire. 

Ceci n’a rien à voir avec la question de savoir si une entreprise doit être publique ou privée – cela, c’est l’actionnariat. L’actionnariat peut être d’État : si une société d’État se développe bien à l’international et en France, pourquoi pas ? Mais là n’est pas mon sujet, et du reste je pense que l’État a mieux à faire que de détenir des participations dans des entreprises. Sa priorité doit être de s’occuper de la manière dont il gère les dépenses publiques. Les gérer au mieux implique évidemment de les réduire, malgré tout ce que cela entraîne comme difficultés.

Il faut remettre l’entreprise au centre de la préoccupation de l’État et des Français. [...]

Je terminerai par ce message optimiste. Si nous remettons l’entreprise dans le train de la globalisation ; si nous arrêtons de faire croire aux jeunes que la mondialisation et la globalisation sont l’ennemi, tandis que c’est simplement le monde qui est autour de nous ; alors, je crois qu’avec une certaine idée de la France, cette spécificité peut être, comme elle l’a toujours été, un atout – et non pas, allais-je dire, une exception française qui tendrait à nous exclure du jeu.”(2013, Source) 

Les réactions des médias

J’ai été assez surpris des réactions médiatique à ce qui n’est, hélas, qu’un bien malheureux fait divers.

Mais alors, j’ai regardé sur TF1 : hier près de 15 minutes au 13 heures (juste avant ce reportage mémorable sur les 2 proches communes française et belge portant le même nom), 10 minutes au 20 heures, et encore 10 minutes au 13 heures du jour, avec le zoom sur le lieu de ses obsèques…

Le ton n’était pas très loin de celui de la mort de l’abbé Pierre, j’ai quand même cru un peu rêver, cela faisait très “Not’ bon maitr’, il est mort”… (ce qui n’enlève rien au drame personnel touchant la famille et les amis).

On aurait aussi dit que Total allait s’écrouler comme si c’était lui qui tenait seul l’entreprise…

Sélection :

Les éditorialistes joignent leur voix mercredi aux hommages appuyés qui ont suivi la mort du patron de Total, Christophe de Margerie, «capitaine d’industrie» et «ambassadeur» de la France.

«Phénomène rare, peut-être unique… La France, qui n’aime guère ses patrons – elle a parfois de bonnes raisons pour cela -, s’incline avec une émotion qui n’est pas seulement de convenance devant la mémoire de Christophe de Margerie», remarque Laurent Joffrin dans Libération.

Les éditoriaux louent à la fois les qualités de dirigeant d’une très grande entreprise de Christophe de Margerie mais aussi sa contribution au rayonnement d’un pays.

«La France a perdu non seulement un capitaine d’industrie mais aussi un homme à l’influence considérable. Signe d’un temps où l’économie est la plus puissante des diplomaties», relève Dominique Greiner (La Croix)

«Il y a des entreprises qui sont un peu la France» et Christophe de Margerie «était d’abord un grand capitaine d’industrie portant haut les couleurs de la France», renchérit Thierry Borsa dans Le Parisien.

«Au final on doit porter à son crédit d’avoir réussi à maintenir son rang parmi les géants de l’or noir bien que l’Hexagone n’en compte pas une goutte», analyse David Barroux dans Les Echos.

Pour Pascal Coquis des Dernières Nouvelles d’Alsace, il «était de ces hommes de la pénombre au poids politique considérable et à l’entregent essentiel en période de crise majeure».

«Christophe de Margerie, plus qu’un patron, était un ambassadeur de la France, notamment en Russie où Total investit massivement», fait valoir Jacques Camus dans La Montagne/Centre France.

Dans ce concert de louanges, certains rappellent – fût-ce brièvement – «que les critiques de certaines ONG, de défenseurs des droits de l’homme, de responsables écologistes ou de leaders de la gauche demeurent» (Eric Dussart, La Voix du Nord).

Mais «qu’il fréquentât pour les besoins de sa cause des dictateurs réputés infréquentables, qu’il assumât des relations politiquement sensibles du Gabon jusqu’en Birmanie, qu’il négociât âprement lors d’improbables parties diplomatiques aux fortes odeurs de pétrodollars, Christophe de Margerie s’estimait porteur d’une double mission : travailler à la fois pour Total et pour la France», résume Jean-Claude Souléry dans La Dépêche du Midi.

«En quatre ans de présidence, le PDG de Total aura dispersé les vapeurs de soufre d’AZF ou de l’Erika pour mieux vendre un projet industriel construit sur le gaz et le pétrole, envers et contre toutes les oppositions», conclut La Charente libre, sous la plume de Jean-Louis Hervois. (Source) 

Il était très intéressant de voir ces journalistes en bas du siège de Total au petit matin, cherchant des salariés totalement anéantis, se ruant par terre façon Mater Dolorosa, en raison du décès de Not’ bon Maitr’, tout comme  ces reportages dont on se demandait à la fin si M. de Margerie ne guérissait pas aussi les écrouelles… Je passe sur les allusions sur ce sous-homme d’employé russe rempli de vodka (ou pas, on n’en sait rien, mais autant le dire dans le doute…).

Enfin, intéressant billet d’Arrêts sur Images - dont je me suis inspiré pour le titre de ce billet….

Les réactions politiques

Mais c’est au niveau politique que cela a atteint des sommets !

Je passe vite sur l’UMP :

Mais alors on va s’arrêter sur le Président : 

“C’est avec stupeur et tristesse que le Président de la République a appris le décès de M. Christophe de Margerie.

M. Christophe de Margerie avait consacré sa vie à l’industrie française et au développement du groupe Total. Il l’avait hissé au rang des toutes premières entreprises mondiales.

OB : “Les salariés un peu aussi…”

M. Christophe de Margerie défendait avec talent l’excellence et la réussite de la technologie française à l’étranger. Il avait de grandes ambitions pour le groupe Total.

C’était aussi un généreux mécène personnel et professionnel qui avait apporté son concours à d’importantes initiatives culturelles.

OB : ” ‘tain, si ça se trouve, c’est lui qui a payé le plug !!!”

François Hollande avait apprécié en Christophe de Margerie son caractère indépendant, sa personnalité originale et son attachement à son pays.

Le Président de la République présente ses plus sincères condoléances à la femme, aux enfants, à toute la famille et aux proches de M. Christophe de Margerie ainsi qu’à tous les personnels du groupe Total.”(Source Elysée)

et surtout sur Valls :

A regarder ici 

“Manuel Valls, Premier ministre, a appris avec une profonde tristesse le décès de Christophe de Margerie dans un accident d’avion à Moscou. La France perd un dirigeant d’entreprise hors du commun qui a su transformer Total pour en faire un géant mondial. Il avait notamment préparé l’avenir de l’entreprise, en l’orientant vers les énergies du futur.

Aujourd’hui, les dizaines de milliers d’employés de Total sont orphelins de leur Président qui incarnait l’esprit et le goût d’entreprendre. Il avait aussi ce panache, cette volonté d’aller de l’avant, un humour si français et une finesse d’esprit qui en faisait un homme unanimement apprécié.

OB : Enfin bon ESCP puis Total, je pense qu’on a connu mieux comme symbole de l’esprit d’entreprendre – genre toutes les personnes qui ont créé leur entreprise, puis embauché… 

La France perd un grand capitaine d’industrie et un patriote.

OB : ah, tiens, c’est positif maintenant d’être “patriote” – mais attention, juste quand on est PDG…

Manuel Valls perd un ami. Il adresse à son épouse, à ses enfants et à sa famille, qui sont dans la douleur, ses plus sincères condoléances.” (Source Premier-Ministre)

 

Hein, “Manuel Valls perd un ami” ?

En effet, on apprend ici :

“Notoirement mauvaises, ses relations avec Nicolas Sarkozy se sont dégradées quand le pétrolier a fermé l’usine de Dunkerque et osé prédire une flambée du prix de l’essence à 2 euros. Christophe de Margerie se sent plus proche de François Hollande. Les deux hommes se connaissent de longue date ; ils étaient les témoins de mariage de Brigitte Taittinger, cousine de Christophe de Margerie, et de Jean-Pierre Jouyet, ami de l’ENA de François Hollande, aujourd’hui secrétaire général de l’Elysée. Eclectique, le moustachu aime les personnalités tranchées. Intime du couple Valls, il apprécie aussi bien Cécile Duflot que Rachida Dati.” (Source)

Ah bon…

Alors du coup, je comprends mal pourquoi Hollande transmets ses “condoléances” au “personnel du groupe Total” (pourquoi pas à l’Humanité aussi ?) alors qu’il faudrait les transmettre au Premier Ministre…

Purée, j’imagine bien le truc :

18/05/1898. Jean Jaurès, Député du Tarn, a appris avec une profonde tristesse le décès hier d’Henri Schneider. La France perd un dirigeant d’entreprise hors du commun qui a su transformer l’entreprise Schneider pour en faire un géant national. Il avait notamment préparé l’avenir de l’entreprise, en l’orientant vers les matériaux du futur, en particulier les armements.

Aujourd’hui, les milliers d’employés de Schneider sont orphelins de leur Président qui incarnait l’esprit et le goût d’entreprendre. Il avait aussi ce panache, cette volonté d’aller de l’avant, un humour si français et une finesse d’esprit qui en faisait un homme unanimement apprécié.

La France perd un grand capitaine d’industrie et un patriote.

Jean Jaurès perd un ami. Il adresse à son épouse, à ses enfants et à sa famille, qui sont dans la douleur, ses plus sincères condoléances.”  

Polémique

Mais il y a eu mieux, grâce au Tweet de Gérard Filoche :

Alors, réactions à droite, normal :

(c’est vrai que c’est plus grave que détourner du bigmargent public)

Mais alors à gauche, on hallucine :

Et mieux :

Interrogé à l’Assemblée nationale lors des questions d’actualité au gouvernement, Manuel Valls a lui aussi évoqué le cas Filoche. Le premier ministre, qui était « un ami personnel » de M. de Margerie, a lancé à la tribune : « Ceux qui ont des mots qu’on ne peut pas prononcer face à un mort ne méritent pas d’être dans ma formation politique. » (Source)

Heu, sérieusement ? “des mots qu’on ne peut pas prononcer”?

De Margerie est mort. [Ca, je pense que ça va] famille taittinger en deuil. [Ca, je pense que ça va] Les grands feodaux sont touchés. [Ouille ouille] Ils sont fragiles. [DANGER, à ne pas dire !] Le successeur nous volera t il moins ? [Hmmm, c'est mal de laisser penser qu'on aura un dirigeant qui fera moins d'optimisation fiscale ?]

Bon, on est d’accord, on est en plein délire : Valls demande donc d’exclure un membre d’un parti politique qui ne s’incline pas devant la mémoire de son proche ami ?

“Jean-Christophe Cambadélis a évoqué en ouverture du bureau national du parti, qui se tenait mardi soir, « des propos inqualifiables et intolérables, mettant en cause l’éthique du PS ». Avant d’annoncer qu’il allait transmettre le cas à la haute autorité. Cette instance, présidée par Jean-Pierre Mignard, a été créée par la révision des statuts de 2012. « Indépendante de la direction du parti », elle est chargée de « faire respecter les règles d’éthique et de droit qui s’imposent au Parti socialiste et à ses adhérents ». Elle peut infliger des sanctions allant du blâme à l’exclusion.” (Source)

Attention, définitions :

“Éthique du PS”: serpent du mer. Synonyme : “éthique de l’UMP”.

“Haute autorité du PS ” : instance n’ayant jamais été saisie des cas DSK, Cahuzac, Thévenot… Guérini est resté 2 ans au PS en étant mis en examen pour “association de malfaiteurs”, sans saisie de la Haute Autorité…

Bon, le tweet n’est pas fabuleux, je ne l’aurais pas écrit comme ça, mais enfin,  il n’y a pas de quoi fouetter 15 chats non plus…

Et puis il me semblait que le PS défendait la liberté d’expression, non ?

Donc :

Idem pour Valls :

Donc :

Allez, laissons la parole à Filoche pour finir :

Que vouliez-vous dire précisément avec ce tweet?

Je tiens à dire que je n’ai jamais voulu manquer de respect à quiconque. Je ne manque pas d’empathie pour quelqu’un qui décède, ceux qui me connaissent le savent bien. Simplement, quand j’ai appris la nouvelle à 5h58 du matin, dans le train qui me ramenait de Clermont-Ferrand, je n’ai pas voulu me joindre au choeur de louanges. Il y a un bilan de Total à faire. Je ne veux pas que la nécrologie officielle soit une apologie.

Que reprochez-vous à Christophe de Margerie?

Il était en place au moment d’Erika, au moment d’AZF. Il y a aussi eu une multiplication des accidents du travail pendant son mandat. Il faut regarder ce qu’a fait Total au Congoen Birmanie. Il faut aussi faire le bilan fiscal. Je suis en train de travailler à ce texte avec quelques amis, cela va me prendre quelques jours, et je le publierai sur mon blog. C’est incompatible avec une réaction à chaud.

Etes-vous conscient d’avoir franchi une “ligne rouge”?

C’est parce que j’ai touché au coeur de l’oligarchie que tout se déchaîne. Je reçois des centaines de tweets accablants, qui viennent souvent de l’UMP. Il y a aussi les fachos, qui m’attaquent sur mon physique. On me traite de “gros”, de “moche”, de “bête”, de “con”. On dit que j’aurais bu. On me menace de “deux balles”. Jamais, pour ma part, je ne me suis laissé aller à des attaques personnelles. Ce n’est pas ce que je voulais faire avec ce tweet.

Que représentez-vous au PS?

Même si je n’aime pas le mot “frondeurs“, je suis de tout coeur avec eux. Je ne suis pas député mais je soutiens leur décision de s’abstenir lors du vote du budget. Avec moi, on serait encore plus ferme. Je ne suis pas isolé non plus au sein du bureau national. Le texte que j’ai soutenu contre la baisse du coût du travail induite par le CICE et le pacte de responsabilité a recueilli 40% des voix, soit 29 sur 72. Je défends mes idées comme les autres. Je souhaite créer un grand front avec Martine Aubry pour protèger le parti de l’emprise de Manuel Valls. Lui, c’est Tony Blair.

Je ne me sens même pas à l’aile gauche, mais au coeur du parti. Je défends ce que le PS a toujours défendu. J’ai soutenu François Hollande, son discours du Bourget me convenait tout à fait. Mais il faut tenir ce qu’on a promis, comme il me l’a répété lui-même de nombreuses fois. Sinon, le PS ira dans le mur. Si nous ne changeons pas de politique, nous allons perdre 80% des départements et 12 régions sur 13 aux prochaines élections. (Source)

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Votre commentaire sur twitter concernant le décès de Christophe de Margerie fait polémique depuis hier, regrettez-vous ce que vous avez écrit ?

Qu’ai-je écrit ? J’étais à 6 heures du matin dans la gare de Clermont-Ferrand et j’apprends le décès de Christophe de Margerie. Sur le fond, je suis comme tout le monde, j’ai de l’empathie quand quelqu’un disparaît. Mais dans mon cas, et à cette heure, ce n’est pas à moi de formuler des condoléances à la famille. Cela n’aurait eu aucun sens. Je ne suis pas député, ce n’est donc pas mon rôle.

Quand je poste ce tweet, je fais donc de la politique en cinq bouts de phrases. La première chose que je dis c’est : il est mort, sans faire de commentaire. Deuxièmement, je dis que la famille Taittinger est en deuil, sans faire de commentaire non plus. Il n’y a qu’à lire Le Monde de mardi. Et je dis ensuite que les grands féodaux sont touchés : oui, je suis contre les 1 % qui dirigent ce pays et dont certains sont autour du Président de la République et l’isolent.

Je dis ensuite : “ils sont fragiles”. Oui ces féodaux sont fragiles par rapport à l’accident lui-même mais aussi parce que je sais qu’ils craignent les rapports sociaux… Quant à ma dernière phrase où je me demande si son successeur nous volera moins, c’est un fait : ils nous volent des dizaines de milliards, Total ne paye pas d’impôts, ils n’ont jamais baissé leurs dividendes.

En tant que membre de la direction du PS, ce tweet n’était-il pas inapproprié ?

La cabale contre moi ne vient pas du PS. Elle est déclenchée par Eric Ciotti (député UMP des Alpes-Maritimes, NDLR). C’est lui commence. Et au fil de la journée de mardi, j’ai reçu plus de 1500 mails d’insultes. D’où pensez-vous qu’ils venaient ? C’était tout simplement un ordre de l’UMP.

Mais dans votre camp aussi désormais, plusieurs élus et le Premier ministre Manuel Valls estiment que vous devriez être exclu du PS…

Depuis quand un Premier ministre décide de qui est membre d’un parti politique ? Je suis très à l’aise au PS et je n’ai pas l’intention d’en partir, surtout avec ce qui se passe. Que veulent-ils ? Saucissonner le PS ? Valls représente 5 % au PS et il veut mettre la main sur le parti, c’est une plaisanterie.

Vous êtes quand même très critique avec le gouvernement, pouvez-vous rester longtemps encore au PS ?

Je ne suis pas critique avec le gouvernement, je défends le programme du PS, celui qu’on a discuté ensemble et avec lequel nous avons été élus en 2012. Et je considère que moins longtemps durera ce gouvernement et le plus de chances nous aurons de sauver le quinquennat de François Hollande. Mardi, Manuel Valls a fait une diversion à l’Assemblée car il était en danger. Il était à neuf voix de perdre la majorité et a vu trois de ses ex-ministres s’abstenir sur le vote du volet dépenses du budget. J’ai appris que Stéphane Le Foll demandait à Benoit Hamon de quitter le PS. Du coup, je suis très solidaire de Benoît Hamon. (Source)  

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Laissons la parole à Daniel Schenidermann : 

Evidemment, ce tweet est non seulement odieux, s’agissant d’un mort, mais surtout stupide. Le successeur, cher Filoche, nous “volera” exactement tout autant que le défunt. Si Total paie si peu d’impôts en France, il ne le doit pas à la ruse de Arsène Margerie Lupin, mais au jeu de toute une série de dispositions fiscales, votées ou maintenues par vos amis socialistes, et l’autorisant à le faire. Le successeur en fera autant, la moustache et le whisky en moins. Avec la bénédiction de tous vos camarades du Bureau National du PS.

Mais tout au long de la journée d’hier, la violence verbale changea de camp. On aurait dit que Filoche s’était rendu coupable de trahison devant l’ennemi. Jamais le terme de “classe médiatico-politique” n’avait si bien mérité son nom. De la colère froide de Valls à la colère rentrée de Patrick Cohen, instruisant le “cas Filoche”, sur le plateau de France 5, devant Laurence Dolorosa Parisot, en passant par ces “dizaines” (assure Le Monde) de députés socialistes demandant son exclusion du parti, le concert disait où sont leurs amitiés, leurs évidences, leurs points aveugles, vers où les portent leurs tropismes. Irrésisitiblement, malgré nous, cette unanimité nous ramenait dans le camp de l’odieux auteur de la fausse note, ce porteur de colères si indécentes, si inaudibles, si indicibles, si stupides, si nécessaires.

Épilogue

Delphine Batho, ancienne ministre de l’écologie (2012-2013), dans son livre Insoumise aux éditions Grasset :

« Le “dîner de cons” 

C’était le 14 mai 2013. Considérant que tout ce qui était fait dans le débat national sur la transition énergétique était assez insignifiant et que les entreprises n’étaient pas assez associées, Jean-Marc Ayrault a décidé de prendre les choses en main et d’organiser une réunion au sommet. C’est ainsi qu’il procédait avec tous les membres du gouvernement : il organisait ostensiblement une soi-disant reprise en main du dossier, humiliant au passage le ministre en charge.

Je suis donc conviée avec mon directeur de cabinet Gilles Ricono, à un dîner à Matignon avec la fine fleur du patronat énergétique. [...]

Christophe de Margerie, le PDG de Total, arrive avec une heure de retard, mauvaise manière destinée à montrer ostensiblement que le plus important autour de la table, c’est lui ! Il arrive, commande un whisky et plombe littéralement la discussion en monopolisant la parole. Lui et Henri Proglio accomplissent ensuite en duo un parfait petit numéro antitransition énergétique. À l’un le pétrole, à l’autre le nucléaire. À aucun moment le Premier ministre ne procède ne serait-ce qu’au rappel des objectifs du gouvernement et des engagements du président de la République.

De Margerie pousse même jusqu’à me prendre comme tête à claque, naturellement avec ce sens de l’humour pinçant dont il s’est fait une spécialité. Cela devient tellement insistant que plusieurs convives paraissent mal à l’aise pour moi.

À la fin du dîner, Jean-Marc Ayraut n’est pas plus avancé sur le fond du dossier. Cette rencontre ne servait à rien. » (Source) 

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Alors par soldiarité de principe avec Filoche au nom de la liberté d’expression, j’ai choisi ce dessin de une :

Source: http://www.les-crises.fr/notre-pote-big-moustache/


[Reprise] Là où il y a une volonté, il y a un chemin…, par Jacques Sapir

Wednesday 22 October 2014 at 04:02

Interview de Jacques Sapir, publiée le 19/10/2014

Q- Pensez-vous que l’entrée de l’UE dans une phase déflationniste longue à la japonaise est inéluctable?

Je dois commencer par dire qu’il n’y a rien, en économie ni en politique, que l’on puisse dire inéluctable. Souvenons nous que dans l’action humaine, comme à la guerre, un désastre refusé est à moitié effacé. C’est l’acceptation de la catastrophe, la résignation au malheur, qui conduit à l’abîme. Parce que la volonté ne peut pas tout, certains s’imaginent qu’elle ne peut rien et, supposant son impuissance, lui tournent le dos. Mais, sans volonté, il n’y a pas d’action. Sans volonté, il ne saurait y avoir de politique, et la politique économique c’est aussi de la politique.

Ceci étant posé, il est clair que l’ensemble des règles fixées par le TSCG, par ce que l’on appelle le « Pacte de Stabilité », nous conduit à la déflation comme la pente attire la boule. Le mécanisme du multiplicateur des dépenses publiques nous entraîne dans une logique implacable. Au vu de sa valeur actuelle, comprise entre 1,4 et 1,5, il implique que toute réduction des dépenses publiques, par un accroissement des impôts ou par une contraction des dépenses, aura un effet récessif important. Au nom d’une logique purement comptable, qui est incapable d’imaginer la dynamique possible des actions, on a accepté effectivement de s’engager sur la voie qui fut celle du Japon dans la « décennie perdue ».

Et il est vrai que les similitudes entre la situation de l’Union Européenne, et plus spécifiquement de la Zone Euro et celle du Japon au départ de la cette fameuse « décennie perdue » sont nombreuses. Mais, les différences doivent aussi être comprises et assimilées. Le Japon est un pays, et la Zone Euro une alliance de pays. Si cela apporte son lot de contraintes, cela laisse ouvert la possibilité de changer rapidement de règles en refusant de se plier à ce que l’on veut nous imposer. Assurément, si nous acceptons, en maugréant peut-être, les règles qui ont été fixées de Francfort à Bruxelles, la déflation va bien prendre l’apparence d’un destin inéluctable. Et ceux qui prétendent qu’il en était ainsi s’en trouveront conforté en apparence. Mais, ce sera avant tout parce que nos dirigeants auront manqué de volonté.

Nous constatons aujourd’hui, comme de Gaulle l’écrivit à propos de 1940, qu’il manque deux choses à François Hollande, comme elles ont manqué à Paul Reynaud, pour qu’il soit un chef d’Etat : un Etat, et d’être un chef. Et il est vrai qu’ayant accepté les différentes usurpations de l’UE, les petites comme les grandes, il ne reste pas grand-chose de la souveraineté de l’Etat. Le constat de reniements et des abandons a été fait depuis des années. Aujourd’hui, nul ne l’ignore. Quant à être un chef, c’est à dire avoir tout ensemble cette volonté d’agir, cette foi dans l’action, et cette capacité à entraîner autour de cette action ceux qui vous entourent, cela implique une discipline de tous les instants. C’est bien ce qui manque à notre Président, comme à une bonne partie de la classe politique, dont nous voyons bien qu’elle est composée de viveurs individualistes, d’adolescents attardés. Le problème, ici, dépasse l’homme Hollande, avec ses défauts et ses qualités. On ne mesure pas à quel point, quand on a dit la fin de l’héroïsme, quand on a célébré la « normalité » en politique, on a signé la fin de l’action politique.

Pour autant, si une génération, et une classe politique, ont largement failli, ceci n’implique nullement que les qualités nécessaires à l’action politique aient disparu. On peut le constater tous les jours, quand on regarde les acteurs du système associatif, de certains syndicats, ces militants anonymes qui sont d’autant plus humiliés qu’il sont d’autant plus trahis. Face au désastre qui nous menace, il faut une révolution. Celle-ci commencera d’abord en nous-mêmes. Il nous faut réapprendre à servir, et non à se servir, si nous voulons être capables de commander. Il nous faut retrouver l’idée collective. Il nous faut retrouver la vertu, non dans un sens moral mais au sens politique, la force d’âme, si nous voulons vivre en République.

Techniquement, la situation actuelle nous remet en mémoire deux grands principes de l’économie. Le premier est que la politique monétaire est efficace quand il s’agit de freiner l’économie, dans le cas d’une surchauffe, et de faire baisser l’inflation, mais pas pour relancer celle-ci quand elle est à l’arrêt. L’expansion de la demande est nécessaire, et cette expansion ne peut être obtenue QUE par la politique budgétaire. Le second principe est la dissymétrie entre les taux d’intérêts et les revenus. Pour les taux d’intérêts ce qui compte n’est pas le taux nominal, mais le taux réel. Mieux vaut emprunter à 6% quand il y a 4% d’inflation qu’à 3% quand l’inflation est nulle. Par contre, pour ce qui est des revenus, et ceci vaut tout autant pour les ménages, pour les entreprises que pour l’Etat, les revenus nominaux sont en fait plus importants que les revenus réels dans la mesure où il y a des coûts fixes. En fait, ceci traduit le fait que les prix n’ont pas tous la même élasticité tant à la hausse qu’à la baisse. Aussi, en période de déflation (baisse des salaires) certains coûts vont baisser moins vite. Inversement, en période d’inflation, et en particulier d’inflation salariale, certains coûts vont s’accroître plus lentement que les salaires. C’est pourquoi l’inflation est préférable pour les salariés, pour les entrepreneurs et in fine pour l’Etat (via la TVA). Ces deux principes étaient connus dans les années 1960. Je les ai appris à mon entrée à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, en 1971. Nous les redécouvrons aujourd’hui en période de déflation.

Q – En quoi la réforme du système financier que vous appelez de vos vœux est-elle un préalable à toute autre réforme?

Le système financier doit se lire à partir d’une analyse de la financiarisation de nos économies. Le capitalisme moderne a besoin d’un système financier, d’une monnaie de crédit. Parce que les productions deviennent toujours plus complexes, avec des délais importants de la conception au retour sur investissement, le crédit, c’est-à-dire l’avance de capital, pour investir et pour consommer, devient plus essentiel. Mais, ce processus qui implique un changement d’attitude par rapport à la monnaie n’est pas la financiarisation. Cette dernière tire l’origine de son développement actuel de la décomposition du cadre de Bretton Woods, qui s’est jouée en deux temps, d’abord en 1971 puis en 1973. Dès lors, on assiste à deux phénomènes qui sont étroitement liés. D’une part, le métier de la banque tend à s’éloigner des activités de crédit, qui impliquent une connaissance et un lien réciproques entre le banquier et son client, pour s’orienter de plus en plus vers des activités dites « de marché », c’est-à-dire des activités de spéculation. De l’autre, des « quasi-banques » se forment à partir des fonds d’investissement et des hedge funds ou fonds spécialisés dans les opérations spéculatives. Les grandes entreprises elles-mêmes, dont on a suivi précédemment la « multinationalisation » découvrent à travers la gestion de leur trésorerie la possibilité de réaliser de nouveaux profits. Ce phénomène n’aurait jamais pu voir le jour sans le processus de déréglementation que l’on a connu depuis maintenant plus de trente ans. La déréglementation bancaire et financière s’est mise en place depuis 1980. Au États-Unis, il a commencé en effet avec le Depository Institutions Deregulation and Monetary Control Act de 1980 qui a entamé le démantèlement des cadres réglementaires issus de la crise de 1929. Il a culminé avec le Gramm-Leach-Bliley Act de 1999[1] qui a annulé le Glass-Steagall Act de 1933[2] et ouvert la porte à la fusion entre banques et assurances, au plus grand profit de Citicorp. Il faut ici signaler que ce processus a été largement le produit d’un consensus bipartisan aux États-Unis. Le première loi de 1980 avait été préparée durant la présidence Carter (1976-1980) et la deuxième le fut sous le second mandat de Bill Clinton (1996-2000). Un processus analogue eut lieu en Europe, avec la déréglementation de la City de Londres, bientôt imitée en France sous l’impulsion du ministre des Finances socialiste de l’époque, Pierre Bérégovoy, et renforcée en 1993 sous le gouvernement conservateur d’Édouard Balladur. Ces pratiques ont été consolidées à l’échelle européenne par diverses directives et renforcées par les principes adoptés au sein de la zone Euro.

Elle a entraîné un accroissement très important de la part des profits financiers dans le total des profits. Ces derniers constituaient entre 10 et 15 % des profits dans les profits totaux au cours des années 1950. Ils atteignent, aujourd’hui, de 35 à 40 %. Encore faut-il se souvenir que ces profits « financiers » sont ceux d’entreprises dites financières. Mais quand une entreprise qui n’a a priori rien à voir avec la finance développe une activité financière, les profits qu’elle réalise alors sont comptabilisés dans les profits des sociétés dites non financières. On peut donc raisonnablement estimer que plus de 50 % des profits réalisés par les entreprises américaines proviennent des activités financières. Telle est bien le visage que prend la financiarisation des économies, qui n’est que l’autre versant de la globalisation financière.

D’un point de vue théorique, la financiarisation, c’est avant tout la puissance du capitaliste, de « l’homme aux écus » sur la société. Et cela implique une compréhension de ce que sont tant les prix que la monnaie pour comprendre le mécanisme de défense de la rente financière et comment il aboutit à étrangler l’économie. Il faut savoir que dans une économie capitaliste les prix ne sont pas le produit d’un équilibre entre une offre et une demande. Car, offre et demande sont liées, et sont par ailleurs le reflet de bien d’autres facteurs. Les prix, et donc la monnaie, sont des vecteurs d’un conflit entre plusieurs acteurs : « Les prix monétaires résultent de compromis et de conflits d’intérêt; en ceci ils découlent de la distribution du pouvoir. La monnaie n’est pas un simple “droit sur des biens non spécifiés” qui pourrait être utilisé à loisir sans conséquence fondamentale sur les caractéristiques du système des prix perçu comme une lutte entre les hommes. La monnaie est avant tout une arme dans cette lutte; elle n’est un instrument de calcul que dans la mesure où l’on prend en compte les opportunités de succès dans cette lutte[3]. »

Ces conflits, on le sait depuis l’origine de l’économie politique classique, opposent en fait trois acteurs, d’uns part les salariés, qui n’ont pas d’autre choix que de louer leur force de travail, les entrepreneurs, et les rentiers. Keynes, Bien avant qu’il n’ait écrit la Théorie Générale, l’a expliqué de manière lumineuse.

A - Marx et Keynes

K. Marx et J-M. Keynes

Dans un texte tirant le bilan des désordres monétaires qui suivirent la fin de la Première guerre mondiale, il écrivait ces lignes qui résonnent encore aujourd’hui avec une profonde actualité: « Depuis 1920, ceux des pays qui ont repris en mains la situation de leurs finances, non contents de mettre fin à l’inflation, ont contracté leur masse monétaire et ont connu les fruits de la Déflation. D’autres ont suivi des trajectoires inflationnistes de manière encore plus anarchique qu’auparavant. Chacun a pour effet de modifier la distribution de la richesse entre les différentes classes sociales, l’inflation étant le pire des deux sous ce rapport. Chacun a également pour effet d’emballer ou de freiner la production de richesses, bien que, ici, la déflation soit le plus nocif.[4] ». Keynes va même plus loin et lie explicitement l’inflation et la déflation, c’est à dire la dépréciation de la monnaie ou au contraire son appréciation face aux prix des autres biens, au mouvement historique qui voit de nouveaux groupes sociaux s’affranchir de la tutelle des anciens dominants: « De tels mouvements séculaires qui ont toujours déprécié la monnaie dans le passé ont donc aidé les “hommes nouveaux” à s’affranchir de la main morte; ils profitèrent aux fortunes de fraîche date aux dépens des anciennes et donnèrent à l’esprit d’entreprise des armes contre l’accumulation des privilèges acquis [5]».

On voit alors que l’inflation correspond à une alliance des salariés et des entrepreneurs contre les rentiers. Inversement, la déflation favorise les rentiers. Mais, pour pouvoir la mettre en œuvre ils doivent soit s’associer aux entrepreneurs, et dans ce cas faire peser la totalité du poids de leur victoire sur les salariés (ce fut le scénario de la crise de 1929 à 1935), soit chercher à convaincre les salariés de s’allier à eux, et pour cela ils doivent réduire le taux de marge des entrepreneurs (ce qui s’est historiquement passé depuis une quinzaine d’années en France et en Italie). La spécificité de la position des rentiers est qu’ils peuvent basculer d’une alliance à une autre, tandis que salariés et entrepreneurs se querellent constamment alors qu’ils devraient faire front commun ensemble sur des stratégies inflationnistes. Il faut ici signaler que cette terminologie, salariés, entrepreneurs et rentiers, renvoie tout autant à des individus qu’a des fonctions. Marx le montre à plusieurs reprises dans le Capital quand il parle de l’entrepreneur capitaliste, qui risque ses propres capitaux. En cet individu se combinent en fait deux fonctions, celle de gérant du capital (ce que nous appelons l’entrepreneur) et celle du capitaliste proprement dit ou du propriétaire du capital. La confusion entre les fonctions de gestion et de propriété du capital, qui est naturelle, empêche cependant de comprendre les dynamiques réellement à l’œuvre. Aujourd’hui, dans les grandes entreprises, la distinction entre les fonctions de gestion et de propriété du capital est évidente, et matérialisée par des personnes différentes.

La monnaie apparaît dès lors sous deux faces, analytiquement distinctes et systémiquement liées. Elle est bien sur l’indispensable moyen de calcul inter-temporel qui permet de sublimer les obstacles posés sur la route des échanges par l’hétérogénéité. Cette dernière fonde la nécessité d’un instrument particulier fonctionnant comme norme d’homogénéisation d’une réalité non homogène, une réalité que la théorie standard se refuse à reconnaître[6]. Mais cet instrument n’est pas neutre. Il est aussi un vecteur des rapports de force sociaux. La monnaie, pour reprendre les termes de Max Weber, est à la fois un “droit sur des biens non spécifiés” et un instrument dans la lutte entre les individus et les groupes sociaux autour de l’appropriation de ce type de droit. La double nature, contradictoire, de la monnaie est l’une des bases de l’analyse de M. Weber[7].

A-Weber

Max Weber

Il faut souligner ici l’importance et le caractère extrêmement moderne de sa distinction entre une rationalité “formelle” et “substantielle”. Pour Weber, la rationalité “formelle” est celle qui dérive du calcul économique quand celui-ci peut être entièrement fait à partir des valeurs monétaires. Par contre, la rationalité “substantielle” définit pour sa part une situation où les besoins d’une population donnée sont satisfaits en accord avec le système des valeurs de cette population et les normes qui en découlent. Cependant, ces facteurs substantiels limitent fondamentalement le champ d’application de la rationalité issue du calcul monétaire, et c’est pourquoi elle est qualifiée de “formelle”. Le conflit entre la nature “formelle” et la nature “substantielle” est indépassable dans les sociétés réelles. En d’autres termes, la notion de calcul monétaire n’a de sens qu’à partir d’une connaissance de la distribution des revenus[8], elle est contingente à l’organisation sociale. Weber refus l’aporie rationaliste comme quoi tout serait réductible au calcul monétaire. Les bases de ce dernier sont des normes et des valeurs qui ne sont pas exprimables en des termes monétaires. Cet argument ici reprend explicitement celui d’Otto Neurath[9], il n’est jamais possible de tout calculer.

A-Neurath

Otto Neurath

Q – Peut-elle être envisagée dans un cadre strictement national ?

Le processus auquel nous avons été confronté depuis la fin des années 1970 est celui d’une montée en puissance des relations financières, en partie du fait de l’hétérogénéité croissante du monde, mais aussi en partie du fait d’une bataille qui se déroulait entre salariés, entrepreneurs et rentiers. Dans cette montée en puissance, les rentiers avaient une position particulièrement favorable car ils contrôlaient la ressource de la financiarisation, la liquidité monétaire. Ce faisant, ils ont progressivement imposé des institutions particulières, comme l’indépendance des banques centrales et en Europe l’Euro, afin de garantir leur place prééminente dans l’économie en s’assurant que des épisodes inflationnistes, comme ceux que l’on avait connu de 1945 à 1980, ne se reproduiraient plus. Dans cette construction institutionnelle, la clef de voute est constituée par l’Euro, au nom duquel les principales institutions et règles de la financiarisation ont été imposées. C’est pourquoi, aujourd’hui, combattre la financiarisation (et non pas une « finance » indistincte et largement mythique) passe par le combat contre la monnaie unique. On dit, et c’est un des arguments des thuriféraires « de gauche » de l’Euro que son abolition ne changerait rien et que seul compte le combat contre la financiarisation. Mais ceci oublie fort à propos que la financiarisation aujourd’hui tient grâce à l’Euro. L’indépendance de la Banque Centrale a été inscrite dans le traité de Maastricht, qui contenait lui-même l’Union monétaire, c’est-à-dire l’Euro. En fait, abolir l’Euro, c’est provoquer un changement tel des règles que l’on devra adopter un autre régime monétaire, un régime dans lequel de nouvelles institutions deviendront nécessaires et qui, pour reprendre la formule de Keynes, aidera les entrepreneurs qu’il qualifie « d’hommes nouveaux [10]» de s’affranchir de la main-morte du passé et de développer l’économie.

Il est clair que ce changement nécessitera une coopération entre pays. Mais, celle-ci surviendra après que dans chaque pays on aura retrouvé sa souveraineté monétaire. Il n’est pas exclu que dans certains pays le rapport des forces soit tel que les rentiers puissent maintenir une forme dégénérée de leur pouvoir. Mais dans d’autres, des alliances spécifiques pourront se tisser entre salariés et entrepreneurs autour d’institutions nouvelles.

Q – Que pensez-vous de la place du débat sur l’UE/ l’Euro dans le milieu universitaire, et au delà dans l’espace médiatique ? Existe-t-il une spécificité française en Europe en matière d’information sur ces questions?

Il est incontestable qu’il y a une spécificité française, voire franco-italienne, sur le débat concernant l’Euro. Dans d’autre pays, comme en Allemagne, aux Pays-Bas, et bien entendu en Grande-Bretagne, cette question est dépouillée du contenu quasi-mystique qu’elle prend en France. .Sa réalité et sa légitimité sont reconnues à l’étranger ; même le journal allemand Spiegel lui a consacré il y a des années de cela un long dossier[11]. En France, il se fait que nous avons construit la monnaie en religion et l’Euro en fétiche. L’Euro, c’est la religion de ce nouveau siècle, avec ses faux prophètes et ses grands prêtres toujours prêts à fulminer une excommunication faute de pouvoir en venir aux bûchers, avec ses sectateurs hystériques.  C’est cette déformation du débat qui explique la violence des réactions que toute tentative d’avoir un débat sur l’Euro, et sur une possible sortie de la monnaie unique, suscite, A lire les accusations multiples qui pèsent sur vous dès que l’on aborde un tel sujet, on est en droit de douter de la santé mentale de vos interlocuteurs. Pourtant, le débat est en train de s’imposer. Il a été longtemps nié par une large part de la classe politique et en particulier le Parti « se disant socialiste ». En France, qu’un dirigeant du Parti socialiste parle sur ce sujet et sa phrase commence immanquablement par un verset sur les « bienfaits » de l’euro (mais sans jamais préciser, et pour cause, lesquels) ou sur la « nécessité » de défendre la monnaie unique. Il semble constituer un impensé ou, à tout le moins, une question que l’on voudrait à tout prix refouler. La monnaie unique concentre en elle, comme on l’a montré plus haut, des projets économiques et politiques. Mais, elle concentre aussi des représentations symboliques. Ce sont ces interrelations qui rendent le débat à la fois nécessaire et extrêmement difficile. Ceci explique aussi la violence des réactions dès que l’on touche au principe de la monnaie unique. Nombreux, en effet, sont ceux qui ont chanté sur tous les tons les louanges de la monnaie unique, parfois avec des arguments qui étaient parfaitement recevables, mais parfois avec des arguments relevant plus de la « littérature (ou l’argumentation) à l’estomac ». L’engagement en faveur de la monnaie unique a été tel que tout débat implique une remise en cause de l’autorité morale de ces personnes, et toute remise en cause peut provoquer la perte de légitimité pour ces dirigeants ainsi que pour leurs conseillers et autres économistes à gages

La crise de l’euro s’impose cependant, constituant pour l’instant un horizon indépassable. Les dernières tensions sur les marchés financiers de la semaine du 12 au 17 octobre 2014, le fait que les taux d’intérêt remontent dans les pays périphériques (Grèce, Espagne) en témoigne. Il y a donc bien une particularité franco-française à ce débat ou, plutôt, à son refus qui ne cède qu’aujourd’hui sous les coups de boutoirs de la réalité. La violence des réactions, et l’outrance des amalgames, qui parsèment la presse française traduisent pourtant le fait qu’en dépit d’un effet d’étouffoir médiatique sans précédent ce débat est en train de percer[12]. De nombreuses personnalités, tant proches du gouvernement que dans l’opposition, en parlent en privé.

Dans le monde universitaire, le débat a en un sens toujours été légitime. Mais il est lourdement chargé en technique, ce qui rend les travaux peu accessibles du grand public. Cette situation semble satisfaire certains collègues, qui pourront ainsi dire qu’ils étaient conscients des méfaits de la monnaie unique, mais qui évitent prudemment de prendre position publiquement sur cette question. J’avoue que je ne comprend pas et que je ne partage pas cette attitude. Un scientifique ne fait pas des recherches « pour soi » mais pour la collectivité qui l’entretient et qui lui permet de travailler dans de bonnes (ou parfois, hélas, de moins bonnes) conditions. Il y a donc un impératif moral à diffuser le résultat de nos recherches.


[1] Disponible sur le site de la Federal Trade Commission (www.ftc.gov/privacy/privacyiitiatives/financial_rules.html ).

[2] Le Glass-Steagall Act, qui fut voté le 16 juin 1933, était typique de ce que l’on a appelé la réglementation prohibitionniste. Il organisait le système bancaire américain en distinguant soigneusement les activités de « crédit » des activités de « marchés » en réaction aux désordres financiers qui avaient provoqué la crise de 1929.

[3] M.Weber, Economy and Society: An Outline of Interpretative Sociology, University of California Press, Berkeley, 1948, p.108.

[4] J.M.Keynes, “A tract on Monetary reform”, in J.M.Keynes, Essays in Persuasion, Rupert Hart-Davis, London, 1931. Citation reprise de la traduction française, Essais sur la monnaie et l’économie, Payot, coll “Pettite Bibliothèque Payot”, Paris, 1971, pp.16-17.

[5] Idem, p.21

[6] Sapir J., Les trous noirs de la science économique-Essai sur l’impossibilité de penser le temps et l’argent, Albin Michel, Paris, 2000.

[7] On reprend ici la section 13 du chapitre II de la première partie de Wirtschaft und Gesellschaft , traduit en anglais sous le titre de M. Weber, The Theory of Social and Economic Organization, the Free Press, New York, 1964 (première édition en 1947).

[8] Idem, p. 212.

[9] O. Neurath, “Personal life and class struggle” in Empiricism and Sociology, Cluwer Publishers, Dordrecht, 1973

[10] L’expression « hommes nouveaux » fait référence au latin, aux « hommini nuovi » de la Rome républicaine et non à l’expression utilisée dans l’URSS stalinienne.

[11] Consultable en allemand sur le site internet du Spiegel,http://www.spiegel.de/thema/euro_krise_2010/ .

[12] Voir la passe d’armes en septembre dernier avec les « décodeurs » du Monde :http://www.arretsurimages.net/breves/2014-09-25/Sortie-euro-Sapir-s-en-prend-au-Monde-id17993

Source : RussEurope

Source: http://www.les-crises.fr/la-ou-il-y-a-une-volonte-il-y-a-un-chemin-par-jacques-sapir/


Miscellanées du mercredi (Delamarche, Sapir, Béchade)

Wednesday 22 October 2014 at 02:05

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : Olivier Delamarche : Des marchés en perdition et un QE 4 à venir pour la FED ? – 16/10

II. Philippe Béchade

La minute de Philippe Béchade : La baisse du pétrole annonciatrice de malheur ? – 15/10

Philippe Béchade et Xavier Patrolin: quel avenir pour le groupe Total après Christophe de Margerie ? – 21/10

Philippe Béchade VS Régis Bégué (1/2): Mario Draghi perdrait-il de sa crédibilité ? – 15/10

Philippe Béchade VS Régis Bégué (2/2): La chute des marchés actions est-elle exagérée ? – 15/10

III. Jacques Sapir

La minute de Jacques Sapir: De Margerie avait compris l’intérêt de la Russie, pour la France – 21/10

Jacques Sapir VS Philippe de Cholet (1/2): Comment peut-on interpréter l’accélération de la baisse des marchés ? – 14/10

Jacques Sapir VS Philippe de Cholet (2/2): Que pourrait-on faire face à la baisse sur les marchés ? – 14/10

En quoi Christophe de Margerie est-il important dans la relation franco-russe ?: Jacques Sapir – 21/10


 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi, ou les sites Soyons sérieux et Urtikan.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-22-10-2014/


Hollande et les occasions perdues, par Jacques Sapir

Tuesday 21 October 2014 at 00:17

Sévère tribune du 15/10/2014

Monsieur François Hollande,

En mai 2012, vous étiez élu Président de la République française. Nous sommes aujourd’hui, le 15 octobre, pratiquement à mi-mandat, et jamais un Président n’avait été aussi discrédité, voire détesté que vous ne l’êtes aujourd’hui. Les chansonniers, qui ne sont pas bons et c’est pourquoi ils nous amusent, dressent de vous des caricatures qui nous semblent, à la lecture de vos actes en-deçà de la vérité. On vous voit, l’air fourbu, le regard égaré, errer sous les critiques et les huées. Votre mandat est un échec. Cela peut arriver, et nul politicien ne peut prétendre détenir la clef du succès. La permanence et la répétition des échecs pourtant interrogent. Au XVIIIe siècle, le Prince de Ligne écrivait ainsi « Ce n’est pas qu’il ne soit permis d’être malheureux. Nous ne sommes point à Carthage ((Carthage, où l’on mettait à mort un général défait.)), mais, sans que cela soit poussé aussi loin, il serait bon de savoir pourquoi un général qui a été battu l’a été ». Or, des défaites politiques, vous les avez accumulées.

Mais le désastre est à ce point total, en économie comme en politique extérieure en passant par le social, qu’il nous interroge. Napoléon écrivait, il y a près de deux siècles « à la guerre, un grand désastre désigne toujours un grand coupable ». C’est aussi vrai de la politique. Ce désastre vous désigne. Il convient d’en comprendre la cause.

Des occasions perdues

Votre mandat aura été celui des occasions perdues, et en cela il laisse à tous un tragique goût d’amertume au fond de la bouche. La toute première fut celle qui s’offrait à vous avant même votre élection. Je vous avais, avec quelques collègues, adressé une lettre ouverte avant même le second tour en vous demandant de soumettre à référendum le projet de traité concocté par Mme Merkel et Nicolas Sarkozy. L’eussiez-vous fait, vous auriez eu, il n’en faut pas douter, entre les mains une arme d’une puissance redoutable pour mener à bien une véritable renégociation de ce traité. Mais, vous fîtes la sourde oreille. Vous vous êtes contenté d’un codicille à ce texte, le TSCG, qui marquait l’engagement de l’Europe dans la logique austéritaire où nous nous trouvons maintenant. J’en avais tiré les conséquences, et décidé, avec plus de deux millions de Français, de m’abstenir lors du second tour de l’élection présidentielle.

Engagé dans cette logique, vous en avez rapidement mesuré les conséquences. Certes, M. Mario Draghi, le Président de la Banque Centrale Européenne, vous a bien aidé par des déclarations qui surent impressionner les marchés. Mais, tout a une fin. M. Draghi arrive au bout des effets de ses déclarations. La BCE se voit limitée dans son action par la menace allemande. Le marché, désormais, n’achète plus les déclarations de M. Draghi. Tout ceci était prévisible. Vous ne pouviez ignorer que Mario Draghi achetait du temps. Le temps s’est aujourd’hui écoulé.

Survint alors la deuxième occasion. En décidant d’intervenir au Mali, vous avez pris une décision que je crois juste, même si les raisons pour lesquelles vous l’avez prise sont plus obscures. L’intervention française, qui vient ajouter au nombre des opérations extérieures de nos forces armées, pèse financièrement. Vous aviez la possibilité d’aller à Bruxelles et de dire à nos partenaires que soit ils venaient avec nous soit ils devaient nous délier de nos engagements financiers et manifester sur ce terrain une solidarité qu’ils nous refusaient en réalité sur le théâtre des opérations. En un mot, l’intervention au Mali, puis au Centrafrique, vous offrait l’opportunité de provoquer la renégociation de ce pacte auquel vous aviez si imprudemment souscrit. Et, là, la position de la France aurait été très forte. Vous aviez la possibilité de confronter Mme Angela Merkel à ses contradictions. A nouveau, vous vous êtes contenté de bonnes paroles et de gestes symboliques.

La troisième opportunité perdue se situe entre ce printemps et la désastreuse décision de suspendre la livraison du « Mistral » à la Russie. La France avait la possibilité, de par son histoire mais aussi sa position internationale particulière, en ne s’associant pas à la deuxième, ni à la troisième, vague des sanctions, d’ouvrir un véritable dialogue avec la Russie. Nicolas Sarkozy, votre prédécesseur, avait compris cela. Il l’avait mis en pratique en août 2008 lorsqu’éclata la crise entre la Géorgie et la Russie. En décidant de vous aligner sur les Etats-Unis et sur l’Union Européenne, vous avez, au contraire signifié la disparition de la France. J’en souffre bien sûr pour mon pays, mais ceci n’est en rien essentiel. Cette disparition d’une politique étrangère indépendante implique aussi que la confrontation entre les États-Unis et leurs alliés et la Russie peut se poursuivre au détriment de la notion d’Europe, qui est la première, mais non la seule, victime de cet affrontement. Il en a résulté une guerre en Europe. La France s’est déshonorée en soutenant implicitement les héritiers idéologiques du nazisme et en apportant sa caution au projet de nationalisme « ethnique » d’une partie de la classe politique ukrainienne.

Faiblesses d’une politique, faiblesse d’un homme

Ces occasions perdues, si elles avaient été utilisées différemment, auraient pu vous permettre de reprendre la main. Vous avez décidé de choisir de ne pas choisir. Vous vous êtes refusé à la construction d’un rapport de force, que ce soit en politique économique ou en politique internationale. Il en va de même en politique intérieure.

Dans une note publiée sur ce carnet il y a à peu près un an, j’analysais vos choix possibles1. Je prédisais qu’en nommant Manuel Valls comme Premier-Ministre, ce que vous vous êtes résolus à faire ce printemps, vous choisissiez une impasse. Je cite mes propres mots de l’époque : « La seconde possibilité est un remaniement ministériel avec le choix de Manuel Valls, le Ministre de l’Intérieur, comme Premier Ministre. François Hollande chercherait à capitaliser sur la popularité actuelle de Valls. Mais, ce faisant, il prend le risque de l’user prématurément. D’ailleurs, le choix de Manuel Valls n’a de cohérence que s’il s’accompagne d’une ouverture vers le centre-droit. Mais, le centre est en France comme le mythique « triangle des Bermudes » : quand on l’atteint, on disparaît. Ce gouvernement Valls pourrait faire illusion pour une période de 6 mois à un an, mais après la France se retrouverait dans un état pire qu’aujourd’hui. Un gouvernement Valls serait un chiffon rouge devant le Front de Gauche et une partie de la Gauche socialiste alors que, dans le même temps, les forces d’appoint centristes seraient probablement insuffisantes. La pays irait de crise sociales en crises politiques, avec à la clef une probable dissolution de l’Assemblée dans un délai d’un an. » C’est très exactement la situation où nous sommes, et la dissolution surviendra sans doute au printemps 2015. En nommant Manuel Valls vous avez nommé un ambitieux qui comprend, et c’est évident, qu’il doit rompre symboliquement avec vous et vous faire porter le fardeau de cette rupture. De provocations en petites phrases il vous forcera à se séparer de lui, s’étant entre-temps construit l’image d’un homme du « centre », de responsable, et de soumis aux diktats du MEDEF. En attendant, vous aurez foulé aux pieds tous vos engagements, et vous aurez déçu même les plus aveugles de ceux qui vous soutiennent.

On mesure que les faiblesses de votre politique, ses hésitations multiples, ses nombreux reniements, ne font que traduire une faiblesse plus personnelle, que vous masquez tant sous l’apparence d’un boute-en-train débonnaire que sous le masque d’une personne dure aux faibles et soumise aux puissants. Cette faiblesse, c’est l’incapacité à prendre des décisions qui coûtent, c’est la volonté de toujours ménager la chèvre et le chou. Mais l’on ne sait que trop qui mange qui dans ce genre de situation. Cette incapacité à trancher, à savoir qui véritablement vous voulez être, est votre Némésis. Ce qui n’est en somme qu’un problème de caractère devient désormais un problème politique pour tous les français. Peu m’importe que vous soyez hué et vilipendé. Mais, ce qui importe à des millions de personnes c’est que votre action précipite notre pays, et à travers lui l’Europe, dans une crise sans égale. La protection sociale, héritage d’un siècle de luttes, est en train d’être détruite sous vos yeux et avec, si ce n’est votre consentement, du moins votre indifférence.

Partir dignement

Au point où nous en sommes, la seule question qui peut encore être posée est celle des conditions de votre départ. Ce sera votre choix, et ce sera le dernier. Plusieurs possibilités s’offrent à vous, de la dissolution qui susciterait une autre majorité et donnerait le pouvoir véritable au Premier-Ministre issu de la nouvelle assemblée à une possible démission. Mais, désormais, votre impopularité et le rejet général dont vous êtes l’objet sont devenus des problèmes pour les institutions de la République. Vous abimez votre fonction, vous abimez la République et, en fin de compte, vous abimez la France.

Prenez garde de ne pas rester, une fois encore, dans cet « entre-deux » que vous affectionnez tant. Les français sont à bout. Si vous tergiversez, ils vous le feront savoir, et ceci risque d’être bien plus déplaisant que la lecture de cette lettre.


  1. Sapir J., « Le choix de François Hollande », publiée sur le carnet Russeurope », 1er Novembre 2013, http://russeurope.hypotheses.org/1652 []

source : Le blog de Jacques Sapir

Source: http://www.les-crises.fr/hollande-et-les-occasions-perdues-par-jacques-sapir/


La Russie face à l’OTAN, par Jean-Michel Vernochet

Tuesday 21 October 2014 at 00:01

Jean-Michel Vernochet est un ancien grand reporter au Figaro magazine, spécialiste de géopolitique.

Voici son intervention lors de la conférence «La Russie face à l’OTAN », organisée ce mois-ci par l’association « France – Russie- Convergence », à Saint Gély du Fesc près de Montpellier.

Une courte interview :

En lien connexe, j’ai vu que la Commission Trilatérale se réunit en novembre à propos de l’Ukraine (Iatseniouk est déjà intervenu devant la Commission…).Les membres pour rappel :

TC_list_3-14(2).pdf | OpeNews.eu by Noname

Les français :

Elisabeth Guigou, Member of the French National Assembly and Chair of the Foreign Affairs Committee; former Minister for European Affairs, Paris

Bruno Le Maire, Member of the French National Assembly; former Minister of Agriculture, Paris

– Jacques Andréani, Ambassadeur de France, Paris; former Ambassador to the United States

Jean-Louis Bruguière, Representative of the French Presidency of the Republic on the EU Equivalent TFTP Project; former EU High Representative to the United States on the Terrorism Finance Tracking Programme (TFTP/SWIFT); Judge, Paris

Jean-Louis Bourlanges, former Member, State Audit Court (Cour des Comptes), Paris; AssociatedProfessor, Institute for Political Studies in Paris; former Member of the European Parliament,Brussels; former President of the European Movement in France, Paris

– Hervé de Carmoy, Chairman of the Supervisory Board, ETAM, Paris; Honorary Chairman, Banque Industrielle et Mobilière Privée, Paris; former Chief Executive, Société Générale de Belgique

– Edmond Alphandéry (Executive Committee), Senior European Advisor, Nomura Securities; Chairman, Euro50 Group; Chairman, CEPS, Brussels; former Chairman, CNP Assurances; former Chairman, Electricité de France (EDF); former Minister of the Economy and Finance, Paris

– Georges Berthoin (Executive Committee), International Honorary Chairman, European Movement; Honorary Chairman, The Jean Monnet Association; Honorary European Chairman, The Trilateral Commission, Paris

– Patrick Buffet, Chairman and Chief Executive Officer, ERAMET, Paris

– François Bujon de l’Estang (Executive Committee), Ambassadeur de France; Chairman, FBE International Consultants, Paris; former Chairman, Citi France; former Ambassador to the United States

– Bertrand Collomb, Honorary Chairman, Lafarge; Chairman, Institut des Hautes Etudes pour la Science et la Technologie (IHEST); Chairman, Institut Français des Relations Internationales (IFRI); Member of the Institut de France, Paris

– Patrick Combes, Chairman and Chief Executive Officer, Compagnie Financière Tradition and Viel & Cie., Paris

– Michel David-Weill, former Chairman, Lazard LLC, worldwide; Chairman of the Supervisory Board, EURAZEO, Paris

– Thierry Déau, Founding Partner, Chief Executive Officer, Meridiam Infrastructure, Paris

– Jean-Luc Decornoy, Partner, KPMG France; Deputy Chairman, KPMG EMA, Paris

– Clara Gaymard, President and Chief Executive Officer, GE France, Paris; City Initiative Leader for GE International

– Jean Lemierre, Advisor to the Chairman, BNP Paribas, Paris

– Dominique Moïsi, Special Advisor to the Director General of the French Institute for InternationalRelations (IFRI), Paris

– Luc Oursel, Chairman and Chief Executive Officer, Areva, Paris

Jean-Claude Trichet (Executive Committee – European Chairman), Chairman, Group of Thirty; Chairman, BRUEGEL Institute; Honorary Governor, Banque de France; former President of the European Central Bank; European Chairman, Trilateral Commission, Paris

Lire : Pouvoirs opaques de la Trilatérale – Olivier Boiral, Le Monde Diplomatique, novembre 2003

P.S. une jolie pensée de l’ancien ministre socialiste Robert Buron laissée en commentaire que je reprends :

« Je suis sûr que les civilisations les plus puissantes, techniquement et militairement, imposeront leurs valeurs aux autres. J’en conclus que le monde finira dans une catastrophe. Comme je n’aime pas l’idée de catastrophe, que j’ai le goût de la vie, et que tout ce qui bloque la vie est pour moi le mal et l’ennemi, je lutterai tant que je pourrai contre ce qui me paraît inéluctable.

Je suis très pessimiste. Je suis persuadé que les technocrates occidentaux créeront une sorte de fascisme mondial, appuyé bien sûr sur les valeurs occidentales. Seulement je lutterai de toutes mes forces contre ces technocrates. [...]

La vérité, ou pour nous, simples hommes ce que nous croyons tel, doit toujours et en toutes circonstances être proclamée. Mais dans le même temps nous devons considérer l’autre comme un frère: non pas abdiquer devant lui, lui donner raison, mais simplement nous réconcilier avec lui, si nous sommes fâchés. Nous ne pouvons aimer l’erreur, nous devons aimer celui qui soutient l’erreur s’il est sincère. Là est le secret de la paix de l’esprit. » Incroyable actualité de cette quasi-prophétie en 1973 juste avant de mourir…

Source: http://www.les-crises.fr/la-russie-face-a-l-otan/


[Novlangue - Évidemment] Hollande : “Je suis aux côtés de Paul McCarthy, souillé dans son oeuvre”

Monday 20 October 2014 at 22:50

Bon, allez, pour clore ce sujet sans grande importance sur lequel on a déjà passé trop de temps, mais très éloquent…

Ce que j’aime chez Hollande, c’est cette hauteur de vue, ce souci d’écouter et de rassembler, ce sens de la mesure, bref, d’être “Le Président de tous les Français”.

En tous cas, je tiens ici à exprimer moi aussi publiquement, TOUT MON SOUTIEN à Paul McCarthy pour le drame qui vient de le frapper (N.B. : non, je ne parle pas du poing, là).

En effet, une vie entière dédiée à la provocation absolue, à se tartiner les parties intimes de ketchup, à peindre des excréments et des godemichés, à mettre en scène des tableaux pornographiques, pédophiles et zoophiles, et, arrivé au faite de la gloire (après s’être fait rossé publiquement à Paris et donc être ainsi devenu le martyr de l’art contemporain néolibéral), et, et…

Et c’est le drame ! : un énorme soutien public de François Hollande, arrrrrggggghhhhh !!! ‘tain, et même pas une peine de prison – même petite, même au pire avec sursis, rien !!!! Argghhhh, salauds de solfériniens !!! De quoi être probablement mis dehors sur le champ de l’association des artistes contemporains néolibéraux !

Solidarité, Paul !

“La France sera toujours aux côtés des artistes comme je le suis aux côtés de Paul McCarthy”, déclare le chef de l’Etat à l’occasion de l’inauguration de la Fondation Louis Vuitton.

Le président François Hollande s’est dit lundi 20 octobre au soir “aux côtés” de l’artiste américainPaul McCarthy, dont l’oeuvre intitulée “The Tree”, à mi-chemin entre sapin de Noël et sex-toy géant de 24 mètres, a été vandalisée place Vendôme à Paris

“La France sera toujours aux côtés des artistes comme je le suis aux côtés de Paul McCarthy, qui a été finalement souillé dans son oeuvre, quel que soit le regard que l’on pouvait porter sur elle”, a déclaré le chef de l’Etat, qui s’exprimait à l’occasion de l’inauguration de la Fondation Louis Vuitton aux portes de Paris.

“Nous devons toujours respecter le travail des artistes”, a-t-il exhorté.

“La France est toujours prête à accueillir les artistes et les créateurs venant de tous les pays du monde”, a encore souligné le chef de l’Etat, insistant : “La France n’est plus elle-même quand elle est recroquevillée, quand elle est tourmentée par l’ignorance, par l’intolérance.”

Pour François Hollande, “le pays tomberait dans un déclin s’il renonçait à être lui-même, s’il avait peur de l’avenir, peur du monde“, a-t-il encore souligné.

Ce type se drogue, je crois que c’est clair…

Paul McCarthy a renoncé samedi à réinstaller son oeuvre polémique, vandalisée dans la nuit de vendredi à samedi par des inconnus qui ont débranché l’alimentation de la soufflerie servant à la gonfler.

Un inconnu avait giflé l’artiste jeudi pendant qu’il installait l’oeuvre sur la prestigieuse place parisienne, avant de réussir à prendre la fuite. De l’aveu même de Paul McCarthy, 69 ans, elle pouvait autant faire penser à un “plug anal” qu’à un arbre de Noël.

Son installation, provisoire, était prévue dans le cadre de la Fiac, qui s’ouvre mercredi à Paris.

Source : NouvelObs

Paul McCarthy

P.S. “L’artiste en vidéo” :

P.P.S. parce que ça m’a fait sourire (mais je ne l’aurais pas faite entièrement comme ça) – mais je pense que la décence vis-à-vis de Jean Jaurès consiste à appeler ça de son vrai nom : “Solférinisme” (néolibéral libertaire)

Rappel :

2006 : “Je n’aime pas les riches”

2014 : Je suis guéri ?

Source: http://www.les-crises.fr/hollande-je-suis-aux-cotes-de-paul-mccarthy-souille-dans-son-oeuvre/


[Néolibéraux vs. Common Decency] “L’affaire” du Godemiché place Vendôme (+ Expo rien que pour vous, +18)

Monday 20 October 2014 at 02:00

Billet en hommage à Orwell et à sa common decency – si quelqu’un peut faire suivre à Michéa, ça l’intéressera j’en suis sûr, je n’ai hélas pas son mail…

J’avais failli en dire un mot rapide samedi, et puis je suis passé à autre chose de moins insignifiant.

Mais vu les rebondissements, le jeu des médias et les réactions, je me dis que c’est finalement intéressant de développer…

C’est toujours éloquent de comparer ce qu’on nous sert dans les médias (avec des journalistes qui ont 30 min pour creuser le sujet) avec ce qu’on peut trouver après des heures de recherche…

Surtout qu’on ne parle pas beaucoup de culture ici en général – remontons donc le niveau ! :)

ATTENTION, comme ce billet parle d’art contemporain, il est interdit aux mineurs…

La “sculpture”

À l’occasion de la Foire internationale d’art contemporain, ”l’artiste” d’art contemporain américain Paul McCarthy avait installé temporairement jeudi une statue gonflable de 24 mètres sur la place Vendôme :

Paul McCarthy

Sujet ? – euh, pas clair pour certains, comme L’Express, FranceTVinfo ou Libération :

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

“Les gens ont vraiment l’esprit mal placé. Là où l’on ne devrait voir, dans cette sculpture de 24,4 m de haut de l’artiste Paul McCarthy, qu’un arbre vert (après tout, on approche de Noël, bientôt on ajoutera les boules), les premières réactions sur Internet penchent plutôt vers le plug anal (mais si, vous savez : un sextoy parfaitement adapté pour rentrer dans les fesses, idéal pour les femmes et les hommes, cela peut aussi être un cadeau à Noël, puisqu’on est dans le sujet). [...]

Arrêtons-nous un instant, respirons (et, on osera, pétons un coup) : oui, c’est drôle. [...]

Après tout, ils viennent bien de mettre un canard géant à Séoul dans un lac, pourquoi n’aurait-on pas nous le droit à un plug anal à Paris? C’est sacrément plus utile.” (Quentin Girard, Libération)

Paul McCarthy

Plus clair pour d’autres :

Paul McCarthy

“Elle s’appelle “Tree”, elle ressemble à un grand sapin vert stylisé ou à un plug anal géant, c’est selon [...] Cet artiste iconoclaste qui depuis les années 70 exhibe une œuvre baroque, scato et vandale, autrement plus sulfureuse que ce sapin de Noël en forme de sextoy.” (Les Inrocks)

Alors petit comparatif (on ne recule devant rien ici)… Sapin de Noël :

Paul McCarthy

Plug anal :

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Rappel :

Paul McCarthy

Hmmm, pour départager les hésitants sur ses intentions, cf l’œuvre de “l’artiste” à la fin de ce billet…

La débandade

Dans la nuit de vendredi à samedi, “l’oeuvre” a été dégonflée par des passants, qui ont déjoué la surveillance du gardien :

Paul McCarthy

Paul McCarthy

La veille, “l’artiste” s’était hélas pris 3 coups de poing d’un passant excédé…

Du coup, il a renoncé à la regonfler… Big perte pour l’attractivité de Paris..

Les réactions

Bien plus intéressant ont été les réactions :

L’inénarrable Bruno Julliard (eh oui, leader étudiant, donc zou, Unef, donc zou, adjoint au maire de Paris à la culture)

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

LI-BER-TÉS : nf, seul principe du solférinisme du début du XXIe siècle.

Paul McCarthy

=> Un beau tableau dans un musée vs. un godemiché géant dans la rue, sérieusement ?

Christophe Girard : nm. Exemple d’homme politique solférinien du début du XXIe siècle.

Paul McCarthy

Shame. : nf.

1.Honte ressentie par un solférinien quand une “oeuvre” a connotation pornographique exposée dans la rue a été simplement dégonflée.

2. Honte ressentie par les gens ordinaire quand on expose dans la rue une “oeuvre” a connotation pornographique.

Paul McCarthy

Heu, donc du coup, on peut exposer aussi des phallus finalement – ça ne parle pas à un enfant non plus…

Paul McCarthy

Paul McCarthy

LI-BER-TÉ : nf, seul principe du solférinisme du début du XXIe siècle.

Paul McCarthy

1. Ben si, les gens en fait… CQFD.

2. Heu, madame Hidalgo, que l’artiste soit libre de créer, c’est bien normal, mais l’art contemporain, il y a des musées pour ça ! Il existe AUSSI la liberté de ne pas se faire agresser dans la rue par des “oeuvres” à connotation pornographiques quand on n’a rien demandé…

 

Ce qui est intéressant, c’est que ce n’est pas, comme on voudrait grotesquement nous le faire croire, un problème “Droite/Réac/Catho/Intégrisme/Heuressombresdenotrehistoire vs. Progressistes/Gauche/Liberté/Futurradieuduparadissocialiste” mais bien un sujet “Néolibéralisme / Libertarisme vs. Common Decency orwelienne”, la preuve, un renfort éloquent :

Paul McCarthy

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Paul McCarthy

Ancien Resp des études de DDVillepin :

Paul McCarthy

Paul McCarthyaa

Les chiens de garde sont là aussi, bien entendu :

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

(N.B. journaliste à France Culture)

Slate :

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Bah oui, vous jugez indécent un plug place Vendôme, c’est donc ÉVIDEMMENT que vous êtes un soutien du Front National et un fasciste (ils s’étonnent qu’ils montent après le FN avec ces conneries…)

Paul McCarthy

Au fil de Twitter sur #PlugGate :

Paul McCarthy 

Paul McCarthy 

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Bref, le plug anal, nouveau symbole du solférinisme néolibéral…

Paul McCarthy

On a même vu Eolas, d’habitude mieux inspiré :

Paul McCarthy

(Faut se rassurer : c’est comme moi, ils ne savaient pas, mais du coup, ils ont compris, pour ça, et aussi pour le degré élevé de foutage de leur gueule surtout…)

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Alors lisons ce lien sur ce billet du figaroVox :

FigaroVox: Une oeuvre gonflable de 24m de haut a été installée place Vendôme par l’artiste Paul McCarthy. Elle représente un arbre vert stylisé, mais a suscité quolibets et condamnations sur les réseaux sociaux, beaucoup la comparant à un «plug anal». Que pensez-vous de cette sculpture? Pourquoi pensez-vous que cet artiste ait été choisi?

Jean-Louis HAROUEL: Je pense que c’est une bouffonnerie. Je ne prononcerai même pas le nom de l’intéressé, car c’est lui faire de la publicité. Je l’appellerai «le Monsieur qui pollue la place Vendôme». Il souhaite que l’on parle beaucoup de lui et que cela lui rapporte beaucoup d’argent. Ceux qui réagissent à son œuvre rentrent dans son jeu. C’est un bouffon. [...]

D’ailleurs, de manière générale, les prétendus «artistes contemporains» sont des bouffons interchangeables, auteurs de bouffonneries interchangeables. Ceci pour une raison très simple: il n’y a en réalité pas d’œuvre, pas d’art. L’art contemporain repose sur deux dogmes: le remplacement de l’art par l’artiste sacralisé ; le remplacement de l’œuvre par n’importe quoi. On devrait parler de non-art contemporain (NAC).

Depuis la cuvette d’urinoir présentée par Duchamp comme «sculpture» voici un siècle, n’importe quoi peut servir d’œuvre. On prétend que derrière cela se cache une idée géniale, une pensée prodigieuse, que ces soi-disant artistes communiquent avec l’âme du monde, le sacré, nous disent quelque chose de l’être, de la vie. Le directeur du Musée d’art moderne, Jean de Loisy, place le rapport au prétendu «art contemporain» dans le registre de la foi. Si vous l’avez, vous comprendrez la «sculpture» de Duchamp. Dans le cas contraire, vous n’y verrez qu’un urinoir, et ne pourrez jamais comprendre. Tout comme pour l’hostie, avec la foi, on assisterait à une transsubstantiation de la chose présentée, qui ouvrirait la voie vers quelque chose de supérieur, de mystérieux: à «un monde nouveau». La bouffonnerie du NAC possède une dimension religieuse sécularisée. [...]

On veut légitimer le non-art contemporain en essayant de le mettre au même niveau que le grand art du passé. La confrontation repose sur le postulat d’un dialogue entre le prétendu «artiste contemporain» et les grands artistes de jadis. Or il n’y a aucun dialogue possible, mais une lamentable pollution des grands lieux du patrimoine artistique et historique. Tout cela cache une logique mercantile. Une invitation à Versailles, au Louvre ou place Vendôme constitue un grand coup d’accélérateur dans une carrière. Cela fait exploser la cote du bénéficiaire C’est tout ce qui compte. [...]

Cette pollution des hauts lieux classiques profite à l’étroite classe mondiale des milliardaires incultes qui investissent dans les inepties de ces soi-disant «artistes». Ils ont tout intérêt à ce que les prix s’envolent, pour pouvoir revendre avec bénéfice les «œuvres» qu’ils détiennent. [...]

Toutefois, je conseillerais aux internautes de condamner le principe même de l’installation de bouffonneries à côté de chefs d’œuvre, plutôt que l’objet en lui-même. Chercher à savoir ce qu’il peut évoquer, c’est rentrer dans le jeu de l’installateur, qui a tout à gagner à un maximum de scandale. [...]

Cet événement, toutefois, soulève un problème plus grave: le détournement de l’idée d’art, qui de ce fait ne veut plus rien dire. On humilie l’art véritable en l’obligeant systématiquement à cohabiter avec le n’importe quoi du prétendu «art contemporain». Celui-ci, je le répète, n’est qu’une bouffonnerie prétentieuse et de nature spéculative. Cette perte du sens de l’art est symptomatique d’une crise profonde de la société et de la civilisation.

Lire en entier sur le site du FigaroVox

Hmmm, c’est donc ça être réac ????? Un autre alors, encore :

BAUDRILLARD: LA CONJURATION DES IMBECILES (extraits)

Toute la duplicité de l’art contemporain est là : revendiquer la nullité, l’insignifiance, le non-sens, viser la nullité alors qu’on est déjà nul. Viser le non-sens alors qu’on est déjà insignifiant. Prétendre à la superficialité en des termes superficiels. Or la nullité est une qualité secrète qui ne saurait être revendiquée par n’importe qui.

Or la majeure partie de l’art contemporain s’emploie exactement à cela : à s’approprier la banalité, le déchet, la médiocrité comme valeur et comme idéologie. Dans ces innombrables installations, performances, il n’y a qu’un jeu de compromis avec l’état des choses, en même temps qu’avec toutes les formes passées de l’histoire de l’art. Un aveu d’inoriginalité, de banalité et de nullités, érigées en valeur, voire en jouissance esthétique perverse.

L’autre versant de cette duplicité, c’est, par le bluff à la nullité, de forcer les gens, a contrario, à donner de l’importance et du crédit à tout cela, sous le prétexte qu’il n’est pas possible que ce soit aussi nul, et que ça doit cacher quelque chose. L’art contemporain joue de cette incertitude, de l’impossibilité d’un jugement de valeur esthétique fondé, et spécule sur la culpabilité de ceux qui n’y comprennent rien, ceux qui n’ont pas compris qu’il n’avait rien à comprendre. Là aussi, délit d’initié. Mais au fond, on peut penser aussi que ces gens, que l’art tient en respect, ont tout compris, puisqu’ils témoignent, par leur stupéfaction même, d’une intelligence intuitive : celle d’être victimes d’un abus de pouvoir, qu’on leur cache les règles du jeu et qu’on leur fait un enfant dans le dos.

Dépouillée de toute énergie politique, la gauche est devenue une pure juridiction morale, incarnation des valeurs universelles, championne du règne de la Vertu et tenancière des valeurs muséales du Bien et du Vrai, juridiction qui peut demander des comptes à tout le monde sans avoir à en rendre à personne.( Baudrillard)

Paul McCarthy est un des 10 artistes d’art contemporains vivants les plus cotés. Cette sublime oeuvre :

Paul McCarthy

a été vendue 4 562 500 $ en 2011 !

“L’artiste”

Alors qu’apprend-on sur cet “artiste” ?

“Today McCarthy is considered one of the most influential living American artists.” (Source)

“Known for his transgressive performance art pieces that often challenge social conventions, Paul McCarthy is undoubtedly one of the main figures in the West Coast contemporary art scene” (Source)

“Hauser & Wirth announced today that it will devote its entire spring program in New York City to Paul McCarthy, one of America’s most challenging and influential artists” (Source)

“PAUL MCCARTHY HAS long been a legendary figure in contemporary art.” (Source)

“À l’occasion de sa réouverture, la Monnaie de Paris présente Chocolate Factory, une exposition de Paul McCarthy qui s’installe dans les nouveaux espaces d’exposition rénovés de la Monnaie de Paris, marquant ainsi le début d’une nouvelle ère de programmation d’art contemporain. Figure majeure de la scène artistique internationale et source d’inspiration pour de nombreux artistes, toutes générations confondues, Paul McCarthy insuffle l’énergie et la capacité de réinvention permanente, propre à Los Angeles, dans cette première exposition personnelle d’envergure dans une institution français” (Source)

Il est bien sûr exposé par François Pinault

Au fait, voici un autoportrait de “l’artiste” :

Paul McCarthy

Alors pour finir, et pour que chacun se fasse son idée sur cette affaire sans importance, mais éloquente, voici l’essentiel de l’oeuvre de “l’artiste” :

ATTENTION, expo Paul McCarthy réservée à un public averti – comme à chaque fois…

Paul McCarthy

 

 

 

 

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

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(Il a même inventé la BarbKen !)

Il a un truc avec le père Noël :

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(Oui, c’est bien un père Noël avec un autre plug anal, c’est récurrent chez lui)

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(Titre de l’Oeuvre : BLACK PLUG, BUTT PLUG, 2007 – il n’y a que pour les types de Libé pour qui l’obsession de “l’artiste” n’est pas visible…)

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(L’expo s’apelle bien Shit Plug !!!))

Voici un original en sex-shop pour info :

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(oui oui, c’est bien une oeuvre, pas une illustration du billet)

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(Michael, on ne t’oublie pas…)

GROS GROS “travail” sur Blanche Neige et les 7 nains :

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Saluons son exposition WS (Blanche Neige) à Los Angeles, classée X :

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(“One of the videos features a prolonged scene of Snow White fellating a camera mic.)

(Blanche Neige en pleine fellation sur le micro de la caméra)

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(An image from one of the videos on display.Credit Suzanne DeChillo/The New York Times)

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(Oups, l’acteur a oublié un truc…)

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Un mémorable film, tout en finesse :

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Quel plus beau résumé de son oeuvre :

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Encore mieux vu du ciel :

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Bref :

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Relecture de Pinocchio :

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(mais oui, t’es mignon…)

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(eh oui ma cocotte, il se fout de ta gueule à un point que tu n’imagines même pas – ça me fait de la peine…)

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(ce n’est pas “l’art” qu’il faut chasser, en effet…)

P.S. : mon conseil à Hidalgo : prochain challenge, plein de pénis en plastique sur les Champs-Elysées maintenant….

P.P.S. “L’artiste en vidéo” :

La vision des Inconnus – qui n’a pas pris une ride :

Allez, courage, plus que 2 ans et demi (avant encore pire ?) !

Paul McCarthy

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Ben si, c’était un Sapin finalement… :

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Épilogue dans ce billet :

Source: http://www.les-crises.fr/godemiche-vendome/


[Cacocratie] Parisot et Varin nommés administrateurs d’EDF…

Monday 20 October 2014 at 00:59

Cacocratie : du grec kakos, mauvais et kratos, pouvoir, autorité.

Terme peu usité, la cacocratie désigne le gouvernement par les plus mauvais, les pires. Il s’oppose à l’aristocratie.

Le mot cacocratie a le même préfixe que “cacophonie”, assemblage de sons désagréables à entendre.

Sans commentaire – mais ça a failli m’échapper (Les Echos)…

Merci M. Hollande, de la part de vos électeurs !

P.S. Parisot, ancienne présdiente du Medef et présidente d’Ipsos (donc totalement qualifiée sur l’énergie) ; Varin, ancien président de Peugeot qu’il a failli couler (La Tribune).

Source: http://www.les-crises.fr/parisot-et-varin-nommes-administrateurs-d-edf/