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Miscellanées du mercredi (Sapir, Béchade, L’Obs)

Wednesday 8 April 2015 at 00:45

I. Philippe Béchade

La minute de Philippe Béchade : Les mensonges d’Etats pour maquiller la croissance – 01/04

Philippe Béchade VS Bruno Fine (1/2): Que pourrait-on faire pour maintenir la hausse des marchés financiers ? – 01/04

Philippe Béchade VS Bruno Fine (2/2): Qu’est-ce qui pourrait freiner la hausse des marchés européens ? – 01/04

II. Jacques Sapir

La minute de Sapir: Les réductions d’impôts aux entreprises qui investissent ne servent à rien

Jacques Sapir VS Marc Riez (1/2): Les chiffres de l’emploi américain influenceront-ils la Fed ? – 07/04

Jacques Sapir VS Marc Riez (2/2): “Un ralentissement américain aura bien un impact sur l’Europe” – 07/04

III. L’Obs

L’Obs, en tant que média mainstream du Système, est toujours très intéressant en termes d’indicateur avancé de crise (pas aussi fiable qu’un BHL, certes, mais c’est un début).

Lundi :

Mardi :

Vous noterez qu’a contrario, on ne vous a pas trop fatigué par des enquêtes sur la tentative de coup d’État en février – probablement une “invention”, on imagine mal la CIA planifier de renverser un gouvernement légitiment élu…

Bonus : Rien à voir, mais toujours ce soir, ils ont trouvé une Cendrillon dans un endroit sympa :

C’est sûr que c’est moins risqué que de faire une enquête en profondeur sur cette pieuvre qui a fait de la fraude son business model (merci les-crises.fr :) ):

Je n’ose donc même pas penser de quoi a été capable cette fille pour arriver à la tête de cette société… Bref…


Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

 

 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-du-mercredi-08-04-2015/


[Entraide informaticiens 2] La suite… (NAS)

Tuesday 7 April 2015 at 16:16

Allez, on continue le forum informatique :)

Tout d’abord, merci pour toute votre aide (ça fait plaisir de voir un tel esprit d’entraide !).

Je vais faire au mieux pour récupérer toutes mes données, il ne devrait pas y avoir de perte…

J’aurais aimé avoir votre avis pour la suite.

Comme ma carte mère fait un peu n’importe quoi au niveau des ports SATA, je pense ne laisser qu’un disque dur dedans, un SSD avec une réinstallation de Windows.

1/ ça va un SSD dans ce cadre ? (il y aura juste windows dessus)

 

Je pense finalement passer par une solution NAS pour les données, pour ne plus avoir de soucis, et j’aimerais quelques conseils.

2/ Mon PC est loin de ma box, je passe par du CPL FreePlug  via mon port Ethernet. Je souhaiterais que le NAS soit sur mon PC, et non pas sur ma Box. Puis je le brancher sur le PC ? comment ? (ça ne marche pas en USB 3 ? Je n’ai plus de port ethernet libre. Il faut quoi comme switch alors ? ) (en fait, mon besoin, ce serait un disque dur externe gérant le raid :) )

2 bis/ mais du coup, existe t-il-un bidule qui gérerait le RAID 1 un peu comme un NAS mais en étant une sorte de disque dur externe branché en USB 3 ?

3/ comme je voulais faire 2 RAID 1 (de 4 To chacun), dois je prendre un NAS 4 baies, avec 2 RAID 1, ou un gros RAID 5 ou 6 de 8 To ?

4/ connaîtriez vous un NAS 4 baies très silencieux ?

Sont remontés comme propositions :

Synology DS414

Qnap TS-453Pro ou Qnap TS-453mini

Des avis, d’autres idées ?

Je me demande si ça s’entend beaucoup…

5/ une fois le NAS branché, ça marche bien comme un disque dur externe ? (je veux dire, avec une lettre dans l’Explorateur, etc)

Sinon, oui, je fais bien la différence entre raid et sauvegarde merci :)

6/ vous auriez de bonnes solutions de sauvegardes en lignes pour de très gros volumes (genre 2 ou 3 To) ? Avec une mise à jour automatique ?

Merci d’avance !!

P.S. merci pour les conseils, mais faute de temps et de courage, je resterai sous Windows…

Source: http://www.les-crises.fr/entraide-informaticiens-2-la-suite-nas/


[Loi Macron] Quand la propagande gouvernementale nous prend pour des débiles…

Tuesday 7 April 2015 at 06:38

Très amusant, je viens de tomber sur ça : la présentation du projet de loi Macron sur le site du gouvernement…

Au début je pensais que c’était un truc pour les enfants, mais non en fait…

À savourer…

Le projet de loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques

Rien que le titre, c’est un poème, non ?

Le projet de loi s’articule autour de trois grands principes : libérer, investir et travailler. Il ne sert qu’un seul intérêt : l’intérêt général. Au terme de 111 heures de débats en séance plénière, l’examen du projet de loi a été suspendu mardi 17 février, après que le Premier ministre a décidé d’engager, en vertu de l’article 49.3 de la Constitution, la responsabilité du Gouvernement sur ce texte. Le 19 février, suite au rejet de la motion de censure déposée par l’opposition, le projet de loi est de fait adopté en 1ère lecture et transmis au Sénat.

Le contexte

La situation économique impose que des réformes soient réalisées. La croissance mondiale peine toujours à redémarrer. L’Europe, expliquait Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse le 15 octobre, est “en situation d’anémie”, ce dont témoignent les chiffres de la croissance mais également de l’inflation.

Les efforts budgétaires sont réalisés, mais les moteurs de la croissance restent insuffisants. Cela s’accompagne d’un besoin d’investissements, à la fois publics et privés. Nous avons besoin de rénover le pays pour lui-même, de le moderniser, d’en améliorer la croissance potentielle.

Trèèèèèèès potentielle en effet

La France a aujourd’hui trois “maladies” : la défiance, d’abord, les Français ayant de moins en moins confiance en leur avenir économique ; la complexité, ensuite : le poids des lois et des règlements est devenu insupportable pour l’économie, les petites entreprises ; les corporatismes, enfin : ils entravent notre capacité à nous transformer. Il faut donc faire confiance et laisser ceux qui sont sur le terrain, au plus près de la réalité, faire les choix qui les concernent. Il faut également simplifier, drastiquement : la complexité et l’opacité sont toujours une protection pour les plus riches et les mieux intégrés, alors que les plus fragiles et les personnes en dehors du système en sont les premières victimes. Il faut enfin retrouver le sens de l’intérêt général.

Cette loi vise à agir sur tous les leviers pour favoriser la relance de la croissance, de l’investissement et de l’emploi.

La vidéo pour les débiles…

Source ; Gouvernement.fr

 

Bonus :

N.B. : fautes d’orthographe réalisées sans trucage…

(droit de travailler le dimanche, droit de gagner moins que le SMIC, droit de ne plus avoir de convention collective, droit de travailler 45 h. par semaine payées 35 etc)

Source: http://www.les-crises.fr/loi-macron-quand-la-propagande-gouvernementale-nous-prend-pour-des-debiles/


[Parabole] Mon ami Charlie et son tee-shirt

Tuesday 7 April 2015 at 05:59

Parabole fictive.

J’ai un bon ami, Charlie.

C’est un vrai déconneur, parfois un peu gamin et fou-fou.

Il me fait souvent bien rire Charlie.

Mais là, il a fait un truc qui ne fait pas rire du tout…

Un jour, il a vu une pub pour créer un tee-shirt personnalisé sur Internet.

Du coup, il en a fait un avec un cochon sur lequel il a mis la tête du type en Une de ce journal satyrique, et il a écrit en gros dessus Mahomet…

Je me suis énervé violemment contre lui, en lui disant que, bien que ce soit légal, c’était minable et irrespectueux, et que je condamnais fermement ceci.

Il m’a dit qu’il n’en avait rien à foutre, qu’il était en France et qu’il faisait bien ce qu’il voulait…

Pire, il a décidé de parader désormais le vendredi dans les rues de notre cité, surtout devant la mosquée.

Je ne comprends pas son attitude déplorable – mais que cherche-t-il… ?

EDIT 1, 2012 : il a fini par se faire casser la figure, et on lui a brûlé sa voiture. Je lui ai dit d’arrêter  ses conneries, mais il m’a répondu qu’il ne se laisserait pas intimider, qu’il respectait la loi, qu’on ne brimerait pas sa liberté d’expression… En effet, il a recommandé 10 tee-shirts identiques. On est partis fâchés.

EDIT 2, 2015 : on ne s’est plus parlé depuis. J’ai appris ce matin qu’il a continué, et que hier un grand malade lui a planté un couteau sur son tee-shirt…  (Eh oui, le monde est plein de crétins :(  )

Je pleure. Je pleure face à la barbarie, je pleure face à la bêtise…

Observer des tabous, ce n’est pas forcément une régression, ce n’est pas un pas en arrière pour la liberté d’expression : c’est un pas en avant pour l’intelligence.” [Plantu, 10/2006]

Source: http://www.les-crises.fr/parabole-mon-ami-charlie-et-son-tee-shirt/


Innombrables expériences démocratiques, par Etienne Chouard

Monday 6 April 2015 at 02:34

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Etienne Chouard

David Graeber est épatant. Après m’avoir remué en profondeur sur le sujet de la monnaie avec son livreDette : 5 000 ans d’histoire, voici qu’il me retourne sur celui de la démocratie avec son livre La démocratie aux marges (avec une passionnante préface d’Alain Caillé).

Après m’avoir fait comprendre que presque tout ce qu’on nous apprend en « économie » sur la monnaie et la dette est un tissu de contresens, voilà que David me fait réaliser, à moi qui justement croyais avoir déjà fait un bon travail de démystification sur le plan politique autour de la démocratie, que j’ai encore un étage à monter pour prendre conscience des erreurs courantes en la matière.Cet anthropologue observe les sociétés humaines réelles, y compris et surtout les communautés dont l’imaginaire n’a pas encore été colonisé par les marchands (et leurs armées), les sociétés qu’on appelle « primitives » et qui sont, en fait, à bien des égards, plus humaines et plus généreuses que nous, stupides consommateurs matérialistes et compétiteurs égoïstes – décervelés par la réclame et les jeux du cirque – que nous sommes devenus.

Du point de vue de l’anthropologue Graeber, Athènes n’est pas la seule démocratie au monde, loin de là, et c’en est même une version plutôt dégradée (militaire et brutale), alors que toutes les sociétés sans État se sont organisées ─ et s’organisent encore, naturellement, spontanément ─ de façon démocratique ! C’est-à-dire en se réunissant tous pour discuter ensemble et décider ensemble, et presque toujours sans voter ! En cherchant toujours le consensus, sorte de quasi-unanimité… Cornegidouille, ça secoue !

Le passage sur le petit nombre de sociétés qui votent leurs lois (alors que je pensais, après l’avoir pas mal étudiée, que la démocratie, c’est précisément voter nous-mêmes nos lois au lieu d’élire des maîtres) est passionnant : Graeber explique que les sociétés qui votent leurs lois sont toujours des sociétés de soldats, donc armées, donc redoutables, capables d’imposer leurs vues par la force, et pour qui le vote est une solution raisonnable pour ne pas s’entre-tuer et économiser des vies humaines en se comptant avant de se battre.

Et il décrit, au contraire, la multitude des autres sociétés (que les anthropologues connaissent bien mais que nous ignorons trop), les communautés sans coercition, sans État, où personne n’a les moyens d’imposer un comportement à qui que ce soit, et qui préfèrent la solution apparemment la plus difficile : négocier plutôt que voter, chercher un consensus plutôt qu’une majorité.

Graeber explique ce choix étonnant d’une façon lumineuse (page 48 et s.) :

On doit se demander pourquoi ces méthodes [lever la main pour dire son accord ou désaccord avec une proposition] sont si rarement employées. Et pourquoi, à l’inverse, les communautés humaines ont toujours préféré s’imposer la tâche bien plus difficile d’aboutir à des décisions unanimes.

L’explication que je voudrais suggérer est la suivante : il est plus facile, dans des communautés de face-à-face, de se représenter ce que la plupart des membres veulent faire, que d’imaginer les moyens de convaincre ceux qui sont en désaccord.

La prise de décision consensuelle est typique des sociétés au sein desquelles on ne voit aucun moyen de contraindre une minorité à accepter une décision majoritaire, soit parce qu’il n’existe pas d’État disposant du monopole de la coercition, soit parce qu’il ne manifeste aucun intérêt ni aucune propension à intervenir dans les prises de décisions locales. S’il n’y a aucun moyen de forcer ceux qui considèrent une décision majoritaire comme désastreuse à s’y plier, alors la dernière chose à faire, c’est d’organiser un vote. Ce serait organiser une sorte de compétition publique à l’issue de laquelle certains seraient considérés comme des perdants. Voter serait le meilleur moyen de provoquer ces formes d’humiliation, de ressentiment et de haine qui conduisent au bout du compte à la disparition des communautés. […]

Cela ne veut pas dire que tout le monde doit être d’accord. La plupart des formes de consensus incluent toute une variété de formes graduées de désaccords. L’enjeu est de s’assurer que personne ne s’en aille avec le sentiment que ses opinions ont été totalement ignorées […]

La démocratie majoritaire ne peut donc émerger que lorsque deux facteurs sont conjointement à l’œuvre : 1) le sentiment que les gens doivent avoir un pouvoir égal dans la prise de décision au sein du groupe, et 2) un appareil de coercition capable d’assurer l’application des décisions.

Dans la plus grande partie de l’histoire humaine, ces deux conditions n’ont été qu’exceptionnellement réunies au même moment. Là où existent des sociétés égalitaires, imposer une coercition systématique est jugé habituellement de façon négative. Parallèlement, là où un appareil de coercition existait pour de bon, il ne venait guère à l’esprit de ses agents qu’ils mettaient en œuvre une quelconque volonté populaire.

Nul ne saurait contester l’évidence que la Grèce antique a été l’une des sociétés les plus compétitives que l’histoire ait connues.Elle avait en effet tendance à faire de toute chose un objet de rivalité publique, de l’athlétisme à la philosophie ou à l’art dramatique, etc. Il n’est donc guère surprenant que la prise de décision politique ait connu elle aussi un sort semblable.

Plus crucial encore est le fait que les décisions étaient prises par le peuple en armes.

En d’autres termes, si un homme est armé, on a tout intérêt à prendre en compte son opinion. […]

Chaque vote était, au sens fort du terme, une conquête. »

Source : David Graeber, La Démocratie aux marges, Bord de l’eau, 2014

En lisant la suite, je voudrais tout publier, tout relayer :

Ce texte de Graeber (assez court, finalement) est d’utilité publique, il faudrait le faire lire dans les écoles, il devrait être en libre accès sur Internet pour tous ceux qui n’ont pas les moyens d’acheter des livres.

Donc, pour Graeber, les démocraties dignes de ce nom ne sont advenues — et ne peuvent advenir (et c’est là, pour l’avenir, que j’espère qu’il se trompe) — QUE à l’abri de l’État, qu’aux marges des sociétés ayant institué un monopole de la coercition à une puissance publique.

J’aimerais bien échanger avec lui, pour passer au feu de sa critique mon idée de « processus constituant populaire », car, même après l’avoir lu, je continue à me demander comment une société peut protéger efficacement les 99 % contre les 1 % les plus forts et les plus égoïstes sans organiser une puissance publique protectrice qui soit, par construction, supérieure à toute puissance privée et sous contrôle public permanent.

Dans sa conclusion, cet anar de Graeber (mais la vraie démocratie est-elle autre chose que l’anarchie, ce projet fondamentalement généreux et pacifique défendu par des héros comme Proudhon, Kropotkine, Tolstoï ?), cet anar de Graeber, donc, nous suggère de résister à l’Empire du moment avec la méthode zapatiste d’une refondation démocratique par l’auto-organisation de communautés autonomes. Ça me fait penser aux « micro-résistances », que Michel (Onfray) suggère d’organiser contre ce qu’il appelle des « micro-fascismes ». Ces deux propositions sont intéressantes, évidemment, mais elles ne me paraissent pas tout à fait à la hauteur de la puissance et de la cruauté du projet d’asservissement des grands privilégiés qui nous préparent une toute prochaine guerre… Ils devraient bien s’entendre, ces deux-là (David et Michel), d’ailleurs. On dirait que les anthropologues (Graeber, Clastres…), à force d’étudier des sociétés bien réelles sans chefs et pourtant calmes et prospères, deviennent naturellement anarchistes… D’ailleurs (mais je ne vais pas démarrer là-dessus), David Graeber a écrit un troisième petit livre, lui aussi tout à fait passionnant du début à la fin :Pour une anthropologie anarchiste (2004)… Je vous en parlerai une autre fois.

Par ailleurs, sur ce même sujet de réappropriation populaire du mot démocratie, je voudrais signaler deux autres livres que je lis en même temps, et qui renforcent et complètent mon auto-formation, ma cure de désintoxication politique.

Francis Dupuis-Déri, dont j’ai déjà parlé, vient d’écrire un livre vraiment passionnant, très instructif, très utile pour notre éducation populaire : Démocratie, histoire politique d’un mot, aux États-Unis et en France (2013). Je souligne ici notamment l’exemple formidable des communautés villageoises au Moyen Âge, incroyablement démocratiques au regard des portraits calamiteux que nous ont dressés de l’Ancien régime les prétendues « Lumières » (très marchandes, en fait, et très ploutocratiques, au fond, les « Lumières »). Cet exemple de la démocratie quotidienne au Moyen Âge est édifiant. L’exemple très démocratique des Amérindiens est, lui aussi, passionnant. Il faut que nous creusions tout ça.

Voyez ce passage, pages 40 et s. :

Cela dit, « démocratie » et ses dérivés sont rarement utilisés avant le XIXe siècle. Jusqu’alors, il s’agit plutôt de termes savants qui font référence à l’Antiquité gréco-romaine.

Pourtant, au Moyen Âge et pendant la Renaissance européenne, des milliers de villages disposaient d’une assemblée d’habitants où se prenaient en commun les décisions au sujet de la collectivité. Les « communautés d’habitants », qui disposaient même d’un statut juridique, ont fonctionné sur le mode de l’autogestion pendant des siècles. Les rois et les nobles se contentaient de gérer les affaires liées à la guerre ou à leurs domaines privés, d’administrer la justice et de mobiliser leurs sujets par des corvées. Les autorités monarchiques ou aristocratiques ne s’ingéraient pas dans les affaires de la communauté, qui se réunissait en assemblée pour délibérer au sujet d’enjeux politiques, communaux, financiers, judiciaires et paroissiaux. […]

La participation à l’assemblée était obligatoire et une amende était imposée aux absents quand l’enjeu était important. Un quorum de deux tiers devait alors être respecté pour que la décision collective soit valide, par exemple celle d’aliéner une partie des biens communs de la communauté (bois ou pâturage). Il était si important que la communauté s’exprime que même lorsque la peste a frappé dans la région de Nîmes, en 1649, l’assemblée a été convoquée dans la campagne sur les deux rives d’une rivière, pour permettre de réunir à la fois les personnes ayant fui la ville et celles qui y étaient restées. En général, le vote était rapide, à main levée, par acclamation ou selon le système de « ballote » distinguant les « pour » des « contre » par des boules noires et blanches. Lorsque la décision était importante, les noms des personnes présentes et ayant voté étaient portés au procès-verbal. […]

En plus des assemblées de la communauté, des assemblées fédérales réunissaient plusieurs communautés d’une même vallée, par exemple, pour traiter des affaires communes. […]

En plus de ces assemblées municipales, des assemblées au sein des guildes de marchands et d’artisans. […]

La démocratie médiévale, bien vivante alors, mais aujourd’hui si méconnue, permettait au peuple de traverser de longs mois sans contact direct avec des représentants de la monarchie, une institution qui offrait finalement très peu de services à sa population composée de sujets, et non de citoyens. […]

Les communautés d’habitants et les guildes de métiers perdent peu à peu de leur autonomie politique non pas en raison d’un dysfonctionnement de leurs pratiques démocratiques, qui se poursuivent d’ailleurs dans certains cas jusqu’au XVIIIe siècle, mais plutôt en raison de la montée en puissance de l’État, de plus en plus autoritaire et centralisateur. [Lire La fin des Corporations de Steven L. Kaplan.] Vers les XVIe et XVIIesiècles, les royaumes monarchiques se transforment peu à peu en États, soit un nouveau système politique qui développe plusieurs stratégies pour accroître son pouvoir d’imposition, de taxation et de conscription, alors que la guerre coûte de plus en plus cher, en raison des développements technologiques de la marine et de l’armement (arquebuses, canons). En effet, ces États modifient petit à petit les lois et règlements qui encadrent les villes et villages, pour maximiser leur capacité d’appropriation des revenus et des hommes. […]

L’assemblée d’habitants est alors un espace où s’organise la résistance face à cette montée en puissance de l’État. Par exemple, en protestation contre une conscription jugée illégitime, les assemblées choisissent un handicapé pour servir dans la milice. Lorsqu’on annonce de nouvelles taxes, les cloches convoquent l’assemblée et le démos se transforme parfois en foule émeutière, en plèbe : elle attaque les prisons pour libérer les prisonniers endettés, incendie la maison du « gabeleur », voire l’assassine. En guise de représailles, les troupes royales confisquent les cloches et les fondent. Finalement, les assemblées d’habitants sont tout simplement interdites et le roi nomme des préfets à la tête des communautés. […]

En Amérique du Nord, les colonisateurs d’origine européenne ont été en contact avec des sociétés amérindiennes fonctionnant selon des principes démocratiques. Pour le cas de la Nouvelle-France, notons l’exemple des Wendats (connus aussi sous le nom de Hurons), qui comptaient quatre niveaux de gouvernement, soient le clan, le village, la nation et la confédération. Le clan regroupait environ 250 personnes, soit une dizaine de familles. Chaque clan avait un chef civil et un ou plusieurs chefs de guerre, nommés souvent par un conseil de femmes. Ces chefs n’avaient pas de pouvoir coercitif leur permettant d’imposer leur volonté. […] Selon un Français témoin des sociétés amérindiennes au tout début du XVIIIe siècle, le titre de « chef » « ne leur donne aucun pouvoir sur les guerriers ; ces sortes de gens ne connaissent point la subordination militaire non plus que civile. Cela est tellement vrai que si ce grand chef s’avisait de commander quelque chose au moindre homme de son parti, [ce dernier] est en droit de répondre nettement à cette figure de capitaine qu’il ait à faire lui-même ce qu’il ordonne aux autres ». […]

De telles communautés égalitaires et démocratiques attiraient inévitablement les Européens déserteurs de la marine ou de l’armée, les esclaves en fuite et des femmes fuyant un mari violent. Si bien que les autorités coloniales interdisaient les contacts entre les esclaves, par exemple, et les communautés amérindiennes.

Conscient que les pratiques démocratiques d’assemblées délibératives ont été très répandues dans le monde, l’anthropologue Marcel Détienne insiste sur l’importance de contester « une opinion fort répandue, dans les États-Unis d’Europe et d’Amérique, que la démocratie est tombée du ciel, une fois pour toutes, en Grèce, et même sur une seule cité, […] Athènes ».

Source : Francis Dupuis-Déri, Démocratie. Histoire politique d’un mot, aux États-Unis et en France

Comme le rappellent aussi l’anthropologue David Graeber et l’économiste Amartya Sen, la pratique de s’assembler pour délibérer au sujet des affaires communes a existé un peu partout, y compris en Europe au Moyen Âge et dans les siècles suivants, et dans les territoires que l’Europe a conquis et colonisés. »

 

De son côté, Marcus Rediker entretient la mémoire des luttes des marins et des pirates contre le capitalisme naissant (fin XVIIe, début XVIIIe) : j’ai quatre ou cinq de ses livres, parmi lesquels Pirates de tous les pays (2004).

Cette lecture est édifiante : encore une contre-histoire puisqu’il s’agit ici de déconstruire les mensonges des historiens prostitués aux riches (ils ne le sont pourtant pas tous) qui ont copieusement calomnié les pirates en occultant les conditions de travail épouvantables des marins qui ont justifié — ô combien ! — les mutineries : les pirates étaient des résistants à la cruauté marchande et ils ont organisé des communautés incroyablement démocratiques, au sens strict. Voyez ce passage, passionnant je trouve (mais Rediker est toujours passionnant…), pages 120 et s. :

« Chaque vaisseau fonctionne selon les termes d’un contrat court approuvé par l’équipage, établi au début du voyage ou à l’occasion de l’élection d’un nouveau capitaine. C’est en fonction de ces conventions écrites que les équipages confient l’autorité, distribuent le butin et la nourriture et font respecter la discipline”. Ces arrangements font du capitaine la créature de l’équipage. [Ça donne des idées, non ?] […]

Ayant besoin de quelqu’un qui ait à la fois un tempérament courageux et des compétences de navigateur, les hommes élisent leur chef. Ils veulent un commandement par l’exemple, pas un commandement dû à un statut et à une hiérarchie imposés de fait. Ils n’accordent que peu de privilèges. […] L’équipage garantit au capitaine une autorité incontestée pour le combat et la chasse, mais « pour tous les autres aspects quels qu’ils soient », il est « gouverné par une majorité. » Un capitaine marchand scandalisé note : « Le capitaine semble n’avoir aucune méthode de commandement, mais quand il s’agit de partir en chasse ou d’engager un combat, alors il a le pouvoir absolu. » [Comme les chefs amérindiens qui n’ont de pouvoir qu’en temps de guerre.]

De la même façon que la majorité élit, elle peut démettre.Certains sont démis de leurs fonctions pour couardise, cruauté ou pour avoir refusé de « capturer et de piller des vaisseaux anglais. » Un capitaine doit subir une colère inspirée de la conscience de classe de son équipage pour s’être comporté « comme un gentleman. » Occasionnellement, en cas de despotisme, il peut être sommairement exécuté.

Souvenons-nous du commentaire de Walter Kennedy affirmant que la plupart des bandits des mers, « ayant auparavant souffert des mauvais traitements infligés par leurs officiers, se protègent soigneusement d’un tel mal ». La sélection démocratique des officiers apparaît ainsi en contraste total et significatif avec l’organisation quasi dictatoriale du commandement dans le service marchand et la Royal Navy.

Afin d’éviter les abus d’autorité, les pirates élisent un officier appelé le quartier-maître, dont les pouvoirs contrebalancent ceux du capitaine. William Snelgrave explique qu’il « est chargé de l’inspection générale de toutes les affaires, il contrôle souvent les ordres du capitaine. Cette personne est aussi celle qui doit être la première lors de l’abordage de n’importe quel bateau ». Un autre prisonnier, le capitaine Richard Hawkins, qualifie le quartier-maître de « directeur en chef » du vaisseau pirate. […]

Le quartier-maître est donc le gardien de la tradition pirate, celui qui émet les jugements définitifs concernant la pratique culturelle. Comme un tribun dans la Rome antique, il protège le peuple contre les puissants, les plébéiens contre les patriciens.Dans le service marchand, le quartier-maître n’est pas considéré comme un officier mais simplement comme un marin « dégourdi », c’est-à-dire bien informé et expérimenté. Chez les pirates, il est élevé à une position suprêmement valorisée de confiance, d’autorité et de pouvoir. […]

Le rôle du quartier-maître consistant à maintenir l’autorité au sein d’un exécutif dualiste et représentatif est un principe propre à l’organisation sociale des pirates, et il influence la création de nouveaux bateaux. Le quartier-maître, tribun, médiateur, trésorier et partie prenante du maintien de la paix à bord d’un navire, devient souvent le capitaine d’un nouveau vaisseau lorsqu’un bâtiment est capturé puis converti. […]

Et pourtant, ni le capitaine ni le quartier-maître ne représentent l’autorité la plus élevée sur le bateau pirate. Cet honneur revient au conseil commun, qui réunit régulièrement tous les hommes, du capitaine jusqu’à l’homme du beaupré. Les décisions ayant le plus de conséquences sur le bien-être de l’équipage sont prises lors de réunions ouvertes où les débats sont houleux. En rendant l’équipage souverain, les pirates s’appuient sur une ancienne coutume maritime tombée dans l’oubli vers 1700, suivant laquelle le maître d’un navire marchand consultait tout son équipage (qui était souvent en partie propriétaire de la cargaison) pour la prise de décisions vitales. Les flibustiers connaissent également la tradition navale militaire – le conseil de guerre – au cours duquel les officiers supérieurs d’un navire ou d’une flotte se retrouvent afin de définir une stratégie. La réunion de la communauté flottante accréditait la réalité du vieux proverbe qui affirme : « Nous sommes tous ensemble sur ce bateau. » […]

Les décisions prises par le conseil sont sacro-saintes. Même le capitaine le plus courageux n’ose les affronter. Les conseils ont démis un certain nombre de capitaines et d’autres officiers de leur poste. Thomas Anstis perd sa fonction de capitaine : il est, selon l’expression des marins, « remis au pied du mât », c’est-à-dire qu’il redevient un marin ordinaire sur le bateau qu’il a auparavant commandé. Charles Vane, étiqueté comme couard par son équipage, est démis de ses fonctions de capitaine. Charles Martel perd son titre en raison de sa cruauté envers l’équipage et les prisonniers, un homme « plus juste » est nommé à sa place. Parce qu’une majorité de l’équipage de Bartholomew Roberts considère que le « vieux pirate » David Simpson est devenu vicieux depuis qu’il est quartier-maître, il est « viré par les hommes ».

La démocratie à bord des navires peut paraître étouffante. Certains équipages font en permanence appel au conseil, « décidant toutes choses à la majorité des votes ». D’autres l’organisent comme un tribunal. « Ils aiment voter », déclare un capitaine capturé, « toutes les affaires des pirates sont traitées de cette façon ». En réalité, il y a « tellement peu de gouvernement et de subordination » parmi les pirates qu’« ils sont, selon l’occasion, tous capitaines, tous chefs ». Le capitaine de marine militaire Humphrey Orme, qui capture et interroge un gang de pirates en 1723, résume succinctement la situation : « Les plaisirs tirés d’une fonction sont très précaires à bord des bateaux pirates et reposent entièrement sur le bon vouloir et le bien-être de l’équipage. »

La distribution du butin est explicitement régulée par la charte du navire. Les pirates font appel à un système de partage précapitaliste afin de répartir leurs prises. Le capitaine et le quartier-maître reçoivent entre une part et demie et deux parts ; les canonniers, maîtres d’équipage, seconds, charpentiers et docteurs reçoivent entre une part et un quart et une part et demie ; tous les autres ont droit à une part chacun”. Ce système de rémunération prend une distance radicale avec les pratiques de la marine marchande, de la Royal Navy et des corsaires. Il institue un système élaboré de niveaux hiérarchiques de revenus, qui réduit drastiquement les disparités entre le haut et le bas de l’échelle. En réalité, il s’agit probablement de l’un des programmes d’attribution des ressources les plus égalitaristes du XVIIIe siècle. Si comme le suggère Philip Gosse, éminent historien de la piraterie, « les meilleurs des marins sont les pirates », la distribution équitable du butin et la conception du partenariat peuvent être comprises comme l’œuvre d’hommes qui accordent de la valeur et du respect aux compétences de leurs camarades.

En expropriant un navire marchand (après une mutinerie ou une capture), les pirates s’approprient les moyens de production maritimes et déclarent qu’ils sont la propriété commune de ceux qui travaillent à son bord. Ils abolissent la relation salariale qui se trouve au cœur du processus d’accumulation capitaliste.

Source : Makus Rediker, Pirates de tous les pays, éditions Libertalia (ça ne s’invente pas), 2014

Cerise sur ce gâteau démocratique, l’exergue choisi par Marcus Rediker :

« Maudit sois-tu, tu n’es qu’un lâche, comme le sont tous ceux qui acceptent d’être gouvernés par les lois que des hommes riches ont rédigées afin d’assurer leur propre sécurité. Ils nous font passer pour des bandits, ces scélérats, alors qu’il n’y a qu’une différence entre eux et nous, ils volent les pauvres sous couvert de la loi tandis que nous pillons les riches sous la protection de notre seul courage. »

Charles Bellamy, cité par Marcus Rediker, dans Pirates de tous les pays (2004)

Complément vidéo (à propos du livre passionnant À bord du négrier (2013) de Markus Rediker :

On n’aura donc aucun mal, finalement, à fournir à nos contradicteurs incrédules d’autres exemples que celui d’Athènes, pour illustrer la possibilité bien réelle de sociétés authentiquement démocratiques.

S’ils passent par ici, je remercie David, Francis et Marcus d’exister, je grandis en les lisant.

Source : Etienne Chouard, pour Kaizen Magazine, le 28 Juillet 2014.

Source: http://www.les-crises.fr/innombrables-experiences-democratiques-par-etienne-chouard/


La dédollarisation s’accélère : la Russie lance une alternative au réseau SWIFT reliant 91 entités

Monday 6 April 2015 at 00:01

On voit le problème de l’hyperpuissance autodestructrice : l’Occident a un monopole important (ici sur le système permettant en gros aux banques de commercer entre elles), mais sur un sujet sans intérêt, il en joue pour menacer la Russie : conséquence, il perd évidemment son monopole (et finira éjecté) – bien joué !

On se rappelle qu’en 2013, il a été révélé pour la première fois que la NSA “contrôlait” secrètement la circulation des paiements sur SWIFT. Ceci semble avoir été pour la Russie (et d’autres) l’affaire en trop, aussi bien en ce qui concernait l’espionnage de la NSA que la domination du dollar.

L’année dernière, après que l’Angleterre eut menacé la Russie de l’exclure de SWIFT (menace avec laquelle SWIFT prit rapidement ses distances en affirmant sa “nature indépendante”), la Russie (et la Chine) ont annoncé l’existence de plans pour créer leur propre version dédollarisée. En novembre, la Russie a précisé que le lancement de l’alternative à SWIFT se situerait au mois de mai 2015 et, le mois dernier, Medvedev a mis en garde contre les “réactions illimitées” qui adviendraient si la Russie se voyait coupée du système de paiement SWIFT.

Donc la nouvelle de cette semaine selon laquelle la Russie a lancé son propre réseau alternatif à SWIFT, reliant pour commencer 91 institutions de crédit, suggère que la dédollarisation est bien plus avancée que ce à quoi beaucoup s’attendaient (en particulier, quand la Russie se débarrasse de ses bons du Trésor américain à une allure record).

Comme Sputnik News le rapporte,

Ce sont quasiment 91 institutions de crédit domestiques qui ont été incorporées au nouveau système financier russe, analogue au système SWIFT, un réseau de transactions bancaires international.

Ce nouveau service permettra aux banques russes de communiquer sans faille via la banque centrale de Russie.

Il faut noter que la banque centrale de Russie a initié le développement du système de messagerie du pays en réponse aux menaces répétées formulées par les partenaires occidentaux de Moscou de déconnecter la Russie du système SWIFT.

Après avoir rejoint le système mondial interbancaire en 1989, la Russie est devenue l’un des utilisateurs les plus actifs de SWIFT, envoyant des centaines de milliers de messages quotidiennement. En général, SWIFT fournit un réseau de communication sécurisé pour plus de dix mille institutions financières à travers le monde, autorisant des transactions de milliers de milliards de dollars américains.

Plus tôt dans le mois, le premier vice-premier ministre Igor Chouvalov avait exprimé sa confiance dans le fait que la Russie ne serait pas déconnectée de SWIFT. A son tour, la vice-présidente de la Banque Centrale de Russie a appelé les citoyens russes et les institutions financières à ne pas dramatiser la situation actuelle.

Les experts russes mettent l’accent sur le fait que les hommes d’affaires occidentaux feraient face à des pertes sévères si la Russie était exclue du système international SWIFT. D’un autre côté, le système alternatif lancé par les Russes pourrait minimiser les conséquences négatives des mesures imposées par l’Occident, y compris une éventuelle déconnexion de SWIFT, et atténuer la domination financière de l’Occident sur la Russie.

*   *   *

SWIFT est une organisation internationale basée en Belgique, qui fournit des services et un environnement standardisé aux communications bancaires dans le monde, permettant aux institutions financières d’envoyer et de recevoir des messages relatifs à leurs transactions.

L’activité centrale de SWIFT est de fournir un service sécurisé de messagerie financière communiquant les ordres de paiement à régler aux comptes des correspondants – comptes pour lesquels une institution financière donne son accord à une autre.

Le réseau est devenu un élément clé du fonctionnement du système financier russe depuis sa première utilisation par une banque en 1989.

Environ 360 000 de ces messages sont envoyés tous les jours, faisant de la Russie le deuxième utilisateur de SWIFT dans le monde, a déclaré le directeur de SWIFT en Russie, Roman Tchernov, dans une conférence tenue l’année dernière, selon RIA Novosti. Plus de 600 institutions financières russes utilisent SWIFT, qui a connu une croissance de son trafic de 40% en 2014, a-t-il déclaré.

Source : Zero Hedge, le 19/02/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/la-dedollarisation-saccelere-la-russie-lance-une-alternative-au-reseau-swift-reliant-91-entites/


Grèce : comment Tsipras a renversé la situation, par Romaric Godin

Sunday 5 April 2015 at 01:19

En agissant avec prudence et détermination, Alexis Tsipras a su contourner la stratégie du “noeud coulant” des Européens. Désormais, la pression est de nouveau sur Angela Merkel.

Et si, désormais, la pression dans l’affaire grecque s’exerçait surtout sur les… Européens ? A mesure que l’on se rapproche de la date cruciale du 9 avril, où l’Etat grec devra débourser 458 millions d’euros au FMI, on assiste en effet à un remarquable retournement. Progressivement, le gouvernement grec, en ayant su ne pas céder sous la pression de ses créanciers, retrouve une position de force qui est celle, naturelle dans les négociations de ce type, du débiteur face à son créancier et où ce dernier doit accepter les conditions du premier ou risquer de tout perdre.

La stratégie européenne

Pourtant, voici encore dix jours, lorsqu’Alexis Tsipras se rend à Berlin pour rencontrer la chancelière, la situation d’Athènes semble désespérée. Et chacun pense que le nouveau premier ministre va céder. Les Européens continuent alors à appliquer leur stratégie du « nœud coulant. » L’idée est simple : le temps joue alors, croit-on à Bruxelles, pour les créanciers. Les dépôts des banques grecques se vident, la situation économique se dégrade, la BCE peut, à tout moment, faire imploser le système bancaire grec en coupant l’accès à la liquidité d’urgence. La pression va être telle sur Alexis Tsipras que ce dernier va être contraint d’accepter les conditions de ses créanciers. Ces conditions, on en a eu confirmation mercredi dernier, sont politiques : c’est l’acceptation de « réformes » du marché du travail et des pensions qui ne sont pas urgentes sur le plan économique, mais qui permettent « d’annuler » politiquement l’essentiel du programme et du message de Syriza. C’était là l’essentiel. Tout à cette stratégie, l’Eurogroupe n’a cessé de rejeter les propositions de réformes présentées par la Grèce, quatre à ce jour. Elles n’étaient pas assez complètes, pas assez précises, pas convaincantes.

Cette stratégie européenne se fondait sur une certitude : que la Grèce refuserait de renverser la table en faisant défaut ou en envisageant la sortie de la zone euro. Certitude pas entièrement dénuée de sens puisque, avant l’accord du 20 février, le gouvernement hellénique avait fait de sérieuses concessions pour éviter la « rupture. » Mais en réalité, c’était le point faible du dispositif européen. En face, Alexis Tsipras a donc développé sa propre stratégie qui, semble-t-il aujourd’hui, porte ses fruits.

Temporiser pour renforcer sa position

La première partie de cette stratégie est la « temporisation. » Athènes a joué le jeu que les Européens voulaient lui faire jouer. Faire un peu plus de concessions chaque semaine. En février, il a abandonné son idée d’annulation d’une partie de la dette publique. Un peu plus tard, il a refusé de prendre des « mesures unilatérales », puis il a accepté à chaque refus, de venir présenter de nouvelles listes de réformes et même de mettre en place certaines privatisations. Les Européens ont compris ces mouvements comme des reculs et s’en sont félicités. Mais en réalité, ces concessions ne leur étaient pas destinées. Il s’agissait de montrer au peuple grec la volonté de son gouvernement de négocier avec l’Europe, donc son engagement sincère à demeurer dans la zone euro. Tout en ne cédant pas sur l’essentiel, autrement dit, sur ce pourquoi les Grecs (au-delà du seul vote Syriza) avaient voté : la fin de l’austérité et de « l’humiliation » du peuple grec.

Avec cette stratégie de temporisation, Alexis Tsipras donnait l’impression aux Européens qu’ils se renforçaient, alors qu’en réalité, ils s’affaiblissaient. Plus le temps passait, plus les Grecs s’exaspéraient de l’attitude européenne, et plus Alexis Tsipras devenait populaire par sa capacité à ne pas céder. Les exigences de la nouvelle troïka ressemblaient de plus en plus à celle de l’ancienne. De plus en plus, les négociations ressemblaient à une nouvelle façon de vouloir « humilier » les Grecs. Et progressivement, le mot « rupture » (rixi, ρήξη) est devenu de plus en plus dans l’air du temps en Grèce.  Le 25 mars, jour de la fête nationale, il a été prononcé par le ministre des Finances Yanis Varoufakis, en réponse à un message de soutien envoyé de la foule : « il faudra nous soutenir après la rupture », a-t-il répondu.

L’offensive feutrée

Désormais assuré de ses arrières, Alexis Tsipras a pu passer à l’offensive pour placer les Européens en difficulté. Offensive feutrée : le premier ministre sait qu’il a tout à perdre d’une confrontation frontale, où la petite Grèce serait isolée face à ses 27 « partenaires » unis dans la volonté de faire céder le gouvernement. Son but est sans doute toujours de parvenir à un accord sans rupture, aussi dément-il toutes les « fuites » et continue-t-il officiellement de croire à une entente. Il a même continué à faire preuve de bonne volonté, avec la présentation de la nouvelle liste de réformes en 26 points présentée le 1er avril. Mais il sait que pour parvenir à ses fins, il devait rééquilibrer le rapport de force entre la Grèce et ses créanciers. Et pour cela, il a envoyé des messages clairs que, désormais, la rupture devenait possible.

Le rapprochement avec Moscou

Ces messages sont de deux types. Le premier, c’est le renforcement des liens avec la Russie. Alexis Tsipras, le 31 mars, a donné le ton de sa très attendue visite à Moscou le 8 avril en affirmant que les « sanctions contre la Russie ne mènent nulle part. » C’était un désaveu de la politique orientale de Bruxelles qui avait de quoi inquiéter à la Commission. Le menace à peine dissimulée était qu’Athènes pourrait bien défendre les intérêts russes dans l’UE, particulièrement si l’UE se montrait sévère avec la Grèce… Or, un refus d’aller plus avant dans la confrontation avec la Russie de la Grèce pourrait faire sortir du bois d’autres pays peu enthousiastes à cette idée : Chypre ou la Hongrie, par exemple.

Le risque du 9 avril

Le deuxième message est plus direct : c’est celui que la Grèce préparerait désormais la rupture. Jeudi 2 avril, Reuters a publié une information officiellement démentie (évidemment) par Athènes comme quoi, lors de la réunion de travail de l’Eurogroupe (Euro working group) du 1er avril, le représentant grec aurait informé ses « partenaires » que, faute d’un accord, la Grèce ne paierait pas le FMI le 9 avril. Ce vendredi 3 avril, un article du Daily Telegraph, signé Ambrose Evans-Pritchard, généralement bien informé, affirme, de sources grecques, que le gouvernement hellénique prépare concrètement la rupture, en envisageant de prendre le contrôle des banques et d’émettre des « lettres de créances » gouvernementales ayant valeur monétaire. Ce serait évidemment une première étape vers une sortie de la zone euro.

Le temps ne joue plus pour les Européens

Dès lors, la pression s’exerce aussi sur les Européens. S’ils poursuivent leur stratégie de « nœud coulant », ils risquent gros. Certes, si la Grèce ne paie pas le FMI le 9 avril, elle ne sera pas immédiatement considérée par l’institution de Washington en défaut. Il faut un mois pour que le FMI reconnaisse qu’une « obligation est manquée. » Or, cette déclaration peut provoquer un séisme, car alors le Fonds européen de stabilité financière (FESF) devra légalement réclamer le remboursement des sommes versées à la Grèce. Ce qu’Athènes ne saurait réaliser. Le défaut grec envers ses créanciers européens sera alors effectif. La Grèce n’aura alors sans doute plus accès à la liquidité de la BCE, mais les pays de la zone euro devront accepter des pertes considérables sur les garanties accordées au FESF. Sans compter évidemment que la BCE devra également tirer un trait sur les 6,7 milliards d’euros que la Grèce doit lui rembourser cet été.

Subitement donc, la situation des Européens est moins magnifique. Et le temps ne joue plus en leur faveur. Le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem ne peut plus guère dire, comme début mars, que la pression financière sur la Grèce est une bonne chose, car elle favorise les réformes. Désormais, elle pourrait bien mettre en danger les gouvernements de la zone euro. C’est précisément le but que visait Alexis Tsipras qui, sans doute, ne cherche pas réellement la rupture, mais bien plutôt un accord où il puisse imposer « ses » réformes sans passer sous les fourches caudines de la logique de l’ancienne troïka. Un prochain Euro working group est prévu pour le 8 avril, le jour de la visite d’Alexis Tsipras à Moscou et la veille de l’échéance du FMI. Les Européens devront alors désormais soigneusement peser les risques qu’ils acceptent de prendre.

La pression revient sur Angela Merkel

Comme à la veille du 20 février, Alexis Tsipras renvoie Angela Merkel à ses responsabilités. Il sait que la chancelière n’est pas prête à prendre le risque d’une sortie de la Grèce et de la zone euro et d’un défaut de ce pays sur ses engagements vis-à-vis du contribuable allemand. Ce serait politiquement très risqué. Elle a, le 20 février, désavoué clairement la stratégie de Wolfgang Schäuble qui minimisait les risques d’un Grexit et exagérait ses avantages. Peut-elle revenir en arrière alors que, dans son camp politique, la grogne contre une nouvelle aide à la Grèce prend de l’ampleur ? Toute la question est là. Alexis Tsipras a, en tout cas, placé la chancelière dans une situation difficile : ou prendre le risque politique d’un défaut grec ou prendre le risque politique d’une aide « sans réformes » à la Grèce. Choix cornélien qui va sans doute occuper la chancelière tout ce week-end de Pâques.

Tsipras Cunctator

Reste qu’Alexis Tsipras, longtemps sous-estimé par la presse étrangère, a fait preuve d’une intelligence stratégique de premier plan dans cette affaire et qui n’est pas sans rappeler celle de Fabius Cunctator, le général romain qui usa les Carthaginois victorieux d’Hannibal durant la deuxième guerre punique. Le premier ministre grec n’est certes pas assuré de remporter la victoire, mais il a prouvé qu’il était un des rares dirigeants européens à pouvoir tenir tête, sur le plan tactique, à Angela Merkel.

Source : Romaric Godin, La tribune, 3/4/2015

Source: http://www.les-crises.fr/grece-comment-tsipras-a-renverse-la-situation/


La guerre d’Ukraine : une crise des missiles cubains à l’envers, par William R. Polk

Sunday 5 April 2015 at 01:17

Guidés par une stratégie néoconservatrice agressive de “changement de régime”, les États-Unis sont tombés sur une possibilité de confrontation militaire avec la Russie à propos de l’Ukraine, une situation difficile et dangereuse qui pourrait devenir une crise des missiles cubains à l’envers, comme l’explique l’ex-diplomate US William R. Polk.
Par William R. Polk

Dans une expérience assez horrifiante datant du dix-neuvième siècle, un biologiste du nom de Heinzmann découvrit que s’il plaçait une grenouille dans de l’eau bouillante, la grenouille bondissait immédiatement pour en sortir, mais que s’il plaçait la grenouille dans de l’eau tiède et faisait progressivement monter la température, la grenouille demeurait en place jusqu’à être mortellement ébouillantée.

OB. Je précise au passage que ceci est une légende totale…

Serions-nous comme la grenouille ? Je remarque de troublants éléments de ce processus lorsque j’observe le déroulement des événements dans la confrontation en Ukraine. Ils m’effraient profondément, et je crois qu’ils devraient effrayer tout le monde. Mais ils sont si graduels que nous ne distinguons pas de moment spécifique où nous devons bondir ou périr.

En octobre 1962, les américains étaient terrifiés par les missiles soviétiques à Cuba, comme le montre cette carte d’un quotidien indiquant les distances entre les principales métropoles d’Amérique du Nord et Cuba.

Ainsi, brièvement, permettez-moi ici de décrire le processus de la crise des missiles cubains de 1962 et d’exposer comment le déroulement de cette crise peut se comparer avec ce à quoi nous faisons face aujourd’hui en Ukraine.

Il y a trois éléments qui ressortent dans la crise des missiles cubains : 1) Les relations entre l’URSS et les USA étaient déjà “au bord du précipice” avant d’atteindre le stade de crise ; chacun de nous avait un très grand nombre d’armes de destruction massive braquées sur l’autre. 2) L’URSS accéléra la crise en s’installant dans Cuba, un pays que les États-Unis considéraient comme faisant partie de sa zone d’influence depuis la doctrine de Monroe en 1823. 3) Certains militaires, des officiels, ainsi que d’influents citoyens dans chaque pays avançaient l’idée que l’autre céderait si une pression suffisante lui était imposée.

Permettez-moi de rappeler que j’étais aux premières loges (position très inconfortable) durant la crise. J’étais l’un des trois membres du “Comité de gestion de la crise” (Crisis Management Committee) qui supervisait les événements.

Le lundi de la semaine du 22 octobre 1962, j’étais aux cotés du secrétaire d’état Dean Rusk, du sous-secrétaire George Ball, du conseiller et président du Centre de prévision et stratégie (Policy Planning Council) Walt Rostow et du sous-secrétaire aux affaires politiques U. Alexis Johnson pour écouter le discours du président John F. Kennedy auquel nous avions tous contribué.

Le compte rendu que fit Kennedy était littéralement terrifiant pour ceux qui comprenaient ce qu’une confrontation nucléaire veut dire. Nous, dans cette pièce, nous savions bien évidemment. Nous étions tous informés de tout ce que les USA savaient à l’époque. Et nous savions tous ce que notre gouvernement cherchait – faire partir les missiles russes de Cuba. Finalement nous étions déterminés à le faire par la force si les Russes ne les retiraient pas eux-mêmes.

Avant ce jour-là, j’avais recommandé vivement que l’on retire nos missiles “Jupiter” de la Turquie. Une décision primordiale selon moi car c’était des armes “offensives” plus que “défensives”. Cette distinction venait du fait qu’ils étaient de vieux missiles à propulsion liquide qui nécessitaient un temps relativement long pour être lancés. Ils ne pouvaient donc être utilisés que pour déclencher les hostilités. Sinon, ils auraient été détruits par l’adversaire avant de pouvoir décoller.

Les russes les considéraient à juste titre comme une menace. Les enlever permettait à Nikita Khrouchtchev de retirer les missiles russes sans subir un degré d’humiliation inacceptable et risquer un coup d’état.

Ensuite, après la fin de la crise, j’ai rédigé le « rapport » dans lequel nous avons soigneusement passé en revue “les leçons” de la crise. Il servit à mener l’examen de la crise au Conseil des relations extérieures, avec tous les hauts responsables américains impliqués. Ce que j’écris ci-dessous provient en partie de notre réflexion lors de cette réunion. Autrement dit, il s’agit essentiellement de ce sur quoi ceux qui ont été plus profondément impliqués dans la crise se sont mis d’accord.

Le jeu de la guerre

Peu de temps après, j’ai participé à une simulation top secrète du département de la défense, conçue par le professeur Thomas Schelling du MIT, dans laquelle il mettait en place le scénario – ironiquement placé près de l’Ukraine – d’une suite d’évènements pour montrer que l’URSS accepterait de subir une attaque nucléaire des américains sans riposter.

C’était, comme il l’a dit au cours de notre séance de débriefing et d’analyses du scénario, la légitimation d’une extension de la théorie de la dissuasion. C’était pour prouver que nous n’avions pas à craindre de réaction à une attaque nucléaire limitée. Henry Kissinger avait vulgarisé cette idée dans son livre de 1957 “Armes nucléaires et politique étrangère” [Kissinger réalisa son erreur et renia en partie ce qu'il avait défendu dans un livre de 1961 "L'obligation de choisir".]

Pendant le débriefing, j’ai soutenu – et mes collègues participants au “wargame”, qu’ils soient de l’armée, du renseignement ou de la diplomatie acquiescèrent – que l’idée d’une guerre nucléaire limitée n’avait aucun sens. Aucun gouvernement ne pourrait accepter une telle attaque dévastatrice et y survivre. S’il ne répond pas par une frappe de représailles, dans le cadre d’un “refus de la défaite”, il serait renversé et exécuté par ses propres militaires et forces de sécurité.

Et l’attaquant initial se devrait, à son tour, de riposter sauf à subir le même sort. La stratégie “coup pour coup” mène inévitablement à la “guerre généralisée”.

Vingt ans plus tard, en 1983, un second scénario du département de la défense (nom de code “Fier Prophète”) auquel je n’ai pas participé et qui était fortement inspiré par les militaires confirma ce que j’avais avancé en 1962 : il n’y a pas de guerre nucléaire “limitée” si les deux protagonistes sont en possession d’armes nucléaires. Des frappes nucléaires limitées mènent inévitablement en une guerre totale.

Donc soyons réaliste, oublions “guerre limitée” et envisageons “guerre généralisée”.

Même le grand défenseur des armes thermonucléaires, Edward Teller, a admis que leur usage “mettrait en danger la survie de l’humanité”. Le physicien atomique russe et prix Nobel de la paix, Andrei Sakharov, en envisagea les conséquences dans l’édition de l’été 1983 de “Foreign Affairs” et y voit “une catastrophe aux proportions indescriptibles”.

Conséquences nucléaires

Plus de précisions ont été obtenues par un groupe d’étude scientifique réuni par Carl Sagan et vérifiées par 100 scientifiques. Un résumé graphique de leurs conclusions a été publié dans l’édition de l’hiver 1983 des “Foreign Affairs”.

Sagan montra que, les deux principales puissances nucléaires ayant ciblé les villes, le nombre de morts pouvait raisonnablement être estimé entre plusieurs centaines de millions et 1,1 milliard et qu’en plus, il faudrait considérer 1,1 milliard de blessés graves. Ces estimations se référaient à la situation des années 80. Aujourd’hui les villes ont grandi, ces nombres seraient donc bien plus grands.

Les incendies allumés par les bombes projetteraient de la suie dans l’atmosphère causant une chute des températures telle qu’elle entraînerait le gel du sol jusqu’à une profondeur de un mètre. Les cultures seraient impossibles et la nourriture déjà stockée probablement contaminée, condamnant les quelques survivants à mourir de faim.

Les centaines de millions de cadavres ne pouvant être enterrés provoqueraient des épidémies. Dès que la suie serait retombée et que le soleil brillerait à nouveau, la couche d’ozone détruite ne protégerait plus des rayons ultraviolets et provoquerait la mutation des pyrotoxines.

Des maladies contre lesquelles il n’existe pas de phénomène d’immunité se propageraient. Elles accableraient non seulement les survivants, mais aussi, selon les conclusions d’un groupe de 40 experts renommés en biologie, causeraient l’extinction de nombreuses espèces animales et végétales. En fait, il y a une réelle possibilité “qu’il ne reste aucun humain dans l’hémisphère nord … et la possibilité de l’extinction de l’homo sapiens”.

Donc en résumé :
- Il est pratiquement certain que ni le gouvernement américain ni le gouvernement russe ne pourraient tolérer une attaque ne serait-ce que limitée sans y répondre.

- Il n’y a aucune raison de penser qu’un gouvernement russe, confronté à une défaite dans un combat avec armes conventionnelles, serait capable d’éviter l’emploi d’armes nucléaires.

- Quelles que soient les tentatives faites pour limiter l’escalade, elle échoueront probablement et de ce fait mèneront à une guerre totale.

- Finalement, les conséquences prévisibles d’une guerre nucléaire seront immanquablement une catastrophe inimaginable.

Bien que ces risques nous paraissent éloignés aujourd’hui, il est clair qu’ils nous obligent a faire tout notre possible pour éviter le sort que subit la grenouille. Nous voyons bien que “l’eau” est en train de chauffer. Nous ne devrions pas rester assis et attendre qu’elle se mette à bouillir.

Ce n’est pas ce que nous avons fait pendant la crise des missiles cubains. Avec les russes, nous avons élaboré une solution. Qu’allons-nous faire, que devons-nous faire à présent ?

Réflexion réaliste

La première étape est “d’évaluer” la situation telle qu’elle est réellement et de distinguer clairement le mouvement et le sens que prennent les évènements. Bien évidemment, ils ne sont pas identiques à ceux de la crise des missiles cubains. L’Histoire ne se répète pas à l’identique, mais comme l’indiquait Mark Twain d’une façon lapidaire, certains évènements “riment” parfois avec des évènements antérieurs.

Considérons ces éléments clés :

- Malgré l’implosion de l’Union Soviétique et les tentatives pour réduire l’armement nucléaire, la Russie et les États-Unis continuent d’être des puissances nucléaires équivalentes ayant la capacité de se détruire l’une l’autre – ainsi que probablement le monde entier. Ce sont des centaines si ce n’est des milliers de nos propres armes qui sont apparemment constamment en “état d’alerte imminente”. Je suppose que c’est aussi le cas de leur côté.

- La Russie et les États-Unis sont tous les deux gouvernés par des hommes peu susceptibles d’accepter une humiliation – et une quasi certitude d’être assassinés par de “super-patriotes” de leur propre entourage – et seraient contraints d’agir, même au prix de la destruction massive de leurs pays respectifs.

Donc, pousser les dirigeants de notre adversaire dans cette direction, c’est littéralement jouer avec le feu. Comme le président Kennedy et nous l’avions compris lors de la crise de 1962, même si les dirigeants veulent éviter le conflit, il arrive un moment où, du fait de leurs menaces respectives, les évènements remplacent la politique et les dirigeants deviennent spectateurs.

- Les peuples russes et américains ont tous deux démontré leur ténacité et leur détermination. Ni l’un ni l’autre n’entend se laisser intimider.

- Les russes et les américains sont tous deux guidés, en politique étrangère, par ce qu’ils pensent être des “préoccupations fondamentales”. Pour les américains, comme l’illustrent la crise des missiles de Cuba ainsi que plusieurs autres événements précédents, cela revient à affirmer l’existence d’une “zone d’exclusion” pour les autres puissances.

L’Amérique a montré lors de la crise des missiles de Cuba que nous ne pouvions tolérer aucune intrusion dans notre zone, même au prix d’un inimaginable danger. Comme leur histoire le montre, les russes réagissent selon un code similaire. Les russes ayant souffert terriblement, contrairement à nous et c’est heureux, lors des diverses invasions de leur histoire et en particulier au cours du XXe siècle, on peut s’attendre à ce qu’ils fassent obstacle, par tous les moyens et à n’importe quel prix, à une intrusion dans leur zone.

[J'ai présenté l'expérience russe dans un essai précédent, "La formation de l'inconscient collectif des russes et des ukrainiens", disponible sur mon site, www.williampolk.com]

- Nous avons dit que nous comprenions cet objectif fondamental des russes, et au nom de notre gouvernement, le secrétaire d’état James Baker Jr. a accepté officiellement de ne pas poursuivre nos activités militaires dans leur sphère d’influence. Cependant nous avons violé cet accord en ajoutant, pays par pays, les membres de l’ex Union Soviétique et ses ex satellites à notre alliance militaire, l’OTAN.

- Nous en sommes maintenant à l’étape finale, à la limite de la Russie elle-même en Ukraine, et, comme les russes le savent, certains américains influents ont suggéré que nous poussions encore plus loin “jusqu’aux portes de Moscou”. Ceux qui préconisent ce que les britanniques appelèrent un temps “la politique de marche en avant”, en voient les indispensables premiers pas dans l’armement de l’Ukraine.

- Et enfin, il n’y a aucun moyen par lequel nous ou l’Union Européenne puissions armer l’Ukraine à un niveau qui lui permettrait de rivaliser avec la Russie. Ainsi, ces armes seraient susceptibles, à la fois, de donner aux ukrainiens des idées irréalistes sur leur puissance par rapport à la Russie et d’être perçues par celle-ci comme une manœuvre “offensive” à laquelle ils pourraient se sentir obligés de répondre. Par conséquent, elles nous entraîneraient tous dans une guerre que nous ne voulons pas.

Recommandations politiques

Alors que faire ? En un mot : arrêter. Car ce que nous faisons maintenant, et ce que nous avons l’intention de faire n’est ni dans notre intérêt ni dans l’intérêt des ukrainiens, et est perçu comme une menace par les russes. Nous ne pouvons pas tenir la politique que les ukrainiens se sentiraient encouragés à adopter par l’armement que nous leur fournirions sans provoquer une guerre. Les sanctions économiques sont l’une des formes de cette guerre, mais il est peu probable qu’elles aient les conséquences escomptées.

Ainsi, il est tout à fait possible que la logique des événements force les russes et nous-mêmes à l’étape suivante, puis de cette étape à la suivante encore, et ainsi de suite. Poursuivre dans cette direction pourrait conduire à une destruction massive, et à des morts en grand nombre. Nous devons arrêter immédiatement de faire ce qui ne fonctionne pas, n’est pas dans notre intérêt, ni dans celui des ukrainiens ou des russes.

Mais arrêter à quelle condition ? J’ai moi-même participé à la négociation de deux cessez-le-feu complexes, mais finalement couronnés de succès. Et j’ai appris deux choses : d’abord, qu’il est impossible d’obtenir un cessez-le-feu sans que les deux parties ne le voient comme moins mauvais que l’alternative, et ensuite qu’un cessez-le-feu n’est qu’une condition préalable à un accord. Alors qu’est-ce que cet accord impliquerait ?

A mon avis, les éléments d’un accord général sont les suivants :

- La Russie ne tolérera jamais que l’Ukraine devienne un membre hostile d’un pacte militaire rival. Nous devons le comprendre. Imaginez comment nous aurions réagi si le Mexique avait tenté de rejoindre le Pacte de Varsovie. Tiré par les cheveux ?

Rappelons-nous qu’avant même que la question des armes nucléaires ne se pose, nous avons tenté de renverser le gouvernement cubain pro-russe avec l’opération de la Baie des Cochons, et que nous avons tenté à plusieurs reprise d’assassiner le chef de l’état Fidel Castro. Nous avons échoué, et par conséquent nous avons cherché pendant deux générations à isoler, appauvrir et affaiblir ce régime.

Nous serions stupides de nous attendre à ce que les russes ne réagissent pas de la même manière face à un gouvernement ukrainien anti russe qui viendrait les défier. Ainsi, militer pour l’inclusion de l’Ukraine dans l’OTAN ne serait pas seulement un coup perdant ; cela risquerait aussi de ruiner les efforts prudents que nous avons entrepris pendant une génération pour améliorer notre sécurité et notre bien-être, et de nous diriger vers une guerre froide, si ce n’est une vraie guerre. Nous devons adopter une autre stratégie.

- Nous devons reconnaître que l’Ukraine n’est pas située dans notre sphère d’influence ni de domination. L’Ukraine n’est ni dans l’hémisphère Ouest, ni dans l’Atlantique Nord. Vu de la Mer Noire, le concept d’une Organisation du Traité de l’Atlantique Nord est un oxymore. La Mer Noire fait partie de ce que les russes appellent “l’étranger proche”.

Les implications politiques sont claires. De la même manière que les russes ont réalisé que Cuba faisait partie de notre sphère d’influence, et ont donc reculé lors de la crise des missiles, il est probable qu’ils vont caler leurs réponses à nos actions sur la croyance que nous allons reculer de la même manière parce que nous aurons compris que l’Ukraine est dans leur voisinage et pas dans le nôtre.

Le danger, bien sûr, est que pour des raisons politiques domestiques – et en particulier sous la pression des néoconservateurs et autres faucons – il est possible que nous n’acceptions pas cette réalité. Alors le conflit, dans toute son horreur, deviendrait virtuellement inévitable.

- Mais le conflit n’est pas inéluctable et peut être facilement évité si vraiment nous souhaitons l’éviter. C’est parce que les russes et les ukrainiens partagent le même objectif que celui que les États-Unis partagent d’un point de vue émotionnel. L’objectif commun est celui d’une Ukraine qui deviendrait un membre sûr, prospère et constructif de la communauté internationale.

Parvenir à un tel statut de membre ne peut être que du ressort des ukrainiens eux-mêmes. Mais, comme tous les observateurs sérieux ont pu le constater, la société et l’organisation politique ukrainiennes ont un long chemin à parcourir avant de parvenir à notre objectif commun.

Ceci est vrai, même en oubliant le différend russo-américain. Son gouvernement est corrompu, tyrannique et faible. Le mieux que nous puissions faire
est de supprimer tous les freins à la croissance d’une société saine, sûre et libre.

Le moyen d’accomplir ceci est double : premièrement, nous devons cesser notre intrusion militaire dans les affaires ukraino-russes de façon à diminuer les craintes russes d’une agression, et deuxièmement, partout, et de toutes les manières où cela est acceptable par les deux parties, nous devons aider à la croissance de l’économie ukrainienne et, indirectement, à la stabilité et au bon sens du système de gouvernement ukrainien. Une première étape dans cette direction pourrait être l’adhésion de l’Ukraine à l’Union Européenne.

Ceci devrait, en termes généraux, et pour notre propre bien, constituer notre stratégie.

Source : Consortium News, le 24/02/2015
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/la-guerre-dukraine-une-crise-des-missiles-cubains-a-lenvers-par-william-r-polk/


Revue de presse du 04/04/2015

Saturday 4 April 2015 at 03:23

Cette semaine dans la revue dans “Vue d’ailleurs” un gros dossier sur le projet de Loi sur le renseignement, d’où une revue de presse un peu “gonflée”. A part ça, la neutralité du net vue par les FAI ici et là, un peu de physique dans l’économie, la banque d’investissement asiatique a le vent en poupe, alors que la France est peut-être en transition “psychotropique”… Merci à nos contributeurs et bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-04-04-2015/


[Entraide urgence pour informaticiens] Problème de Boot…

Saturday 4 April 2015 at 03:15

bonjour

je me permets un appel à l’entraide vu que mon pc est hs, et que je viens de passer 4h dessus.

J’ai cette configuration :
Windows s7 64 Bits sur un SSD
Disque 1 classique (et donc avec un 2e disque identique Disque 2, non visible) en RAID 1
Disque 3 classique
3 lecteurs optiques de DVD

Un des disques du RAID est mort. Pas grave vu que c’est raid 1, j’ai donc toujours les données.

J’ai décidé pour des soucis de place et d’ancienneté de remplacer les 3 disques par 4, pour avoir deux RAID 1.

J’ai une carte mère Asus P9X79 Pro avec 8 SATA (6 normaux, 2 Marvell)

http://dlcdnet.asus.com/pub/ASUS/mb/LGA2011/P9X79-PRO/E8037_P9X79_PRO.pdf

cf page 46 et suivantes

Voilà ce que j’ai fait :

j’ai tout éteint
j’ai débranché le SSD qui était sur un des 2 marvell
dans le bios, j’ai changé le mode SATA de AHCI en RAID
j’ai créé un raid 1 sur les 2 intelX79 à 6 Gbs
j’ai créé un raid 1 sur les 2 Marvell
j’ai mis les 3 DVD sur les 3 intelX79 à 3 Gbs
tout était bien reconnu. J’ai donc voulu démarrer windows

sauf que lorsque j’ai rebranché le ssd cette fois le port x*79 Gbs, il a bien été reconnu dans le BIOS, j’ai bien modifié le bios pour qu’il boote sur le ssd, et… LE DRAME, impossible de rebooter dessus !!!

j’ai fini par débrancher tous les disques dur pour ne garder que le ssd avec la bonne option dans le bios, repasser en mode AHCI et le ssd sur le port marvell et mais rien à faire, j’ai un message comme quoi le périphérique n’est pas bootable.

 

Vérification faite sur un autre pc : le ssd semble bien marcher, toutes les données sont là !!

Bref, je suis perdu…

Que faire ? Est ce un souci de paramétrage ? Le disque ne serait il plus bootable ?

Merci de votre aide, en commentaire peut être pour commencer, ou sinon via mail

Je mettrait ce billet à jour demain pour discuter avec vous…

EDIT : questions : 1/ Puis je brancher un NAS directement sur mon PC   2/ Existe t il des NAS très silencieux (pour un raid 6 ?)?

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MISE A JOUR :

merci, grâce à vos conseils, j’ai trouvé ce qu’il s’est passé…

C’est simple : en fait le disque bootable était l’ancien RAID, même si Windows est installé sur le SSD (faut être débile quand même : on peut bien booter depuis un SSD non ?)

Du coup, j’ai mis le SSD ET un ancien disque du RAID, et là, ça démarre.

en effet, il y a une partition cachée sur le RAID de 100 Mo… Merci à celui qui m’a donné l’idée.

Bon, mais ça m’a pas résolu le problème :

1/ est il possible de copier la partition bootable du raid sur le ssd, pour qu’il soit “autonome” ?

2/ sinon, je fais comment alors pour copier la partition de 100 Mo sur le nouveau RAID pour que ça marche comme avant (sans l’ancien disque RAID) ?

3/ là, j’ai plein de petits trucs importants que je souhaite sauvegarder. Je ferai surement une résinstallation dans quelques semaines. Je pourrai bien installer Windows sur le SSD ?

Merci d’avance !!

Source: http://www.les-crises.fr/entraide-urgence-pour-informaticiens-probleme-de-boot/