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Revue de presse du 22 novembre 2014

Saturday 22 November 2014 at 00:45

La revue commence cette semaine avec deux articles pédagogiques sur la crise bancaire et s’achève avec deux autres, dont une étude, sur la TTIP. Entre les deux une “spéciale” Junker côté Europe, divers regards sur la France et le pétrole dans tous ses états. Merci aux participants de nos revues.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-22-novembre-2014/


[Entraide] Modération – Recherches à la BNF – Dessins de Presse – Organisation – Photoshop – Le Monde

Friday 21 November 2014 at 05:26

Je continue mes appels à l’entraide – je ne peux pas avancer sans votre aide…

Il nous faudrait 1 ou 2 modérateurs de plus pour que cela prenne peu de temps aux volontaires.

J’ai besoin de quelqu’un pour un travail de photographie de documents à la BNF (j’ai les références), donc si vous avez l’habitude d’y aller et avez un peu de temps, ce serait génial (pas de grande urgence).

J’ai un vrai souci, car je n’arrive pas à trouver des volontaires pour une veille régulière de sites de dessins de presse humoristiques (français et/ou américains), pour les miscellanées. C’est assez étrange, car c’est pourtant une activité des plus plaisantes à faire, et toute simple – si vous êtes sensible à cet humour…

On a aussi besoin de personnes ayant un petit peu de temps à consacrer régulièrement pour l’organisation et le suivi des reprises de billets et des traductions. Pas de gros pré-requis : être organisé, s’y connaitre un peu en bureautique, avoir un peu de temps et de la motivation…

J’ai aussi besoin d ‘un pro de Photoshop pour réaliser des cartes sur l’Ukraine. (c’est assez simple, j’ai le fond prêt)

 

Il est enfin temps de suivre de plus près le journal Le Monde. Je cherche donc des personnes pouvant aider :

 

Tout ceci n’est pas censé prendre trop de temps aux volontaires – si vous êtes nombreux… On compte donc sur vous.

Contactez-moi ici  (merci de préciser en objet le (ou les) domaine(s) de volontariat, pour aider au tri)

Merci d’avance !

Olivier Berruyer

Source: http://www.les-crises.fr/entraide-11-2014-2/


« Je n’ai ni plus ni moins d’affection pour la Russie que pour le Pérou » (+ dialogue)

Friday 21 November 2014 at 05:00

Interview que m’a récemment demandé le journal “Le Courrier de Russie”…

Le Courrier de Russie : Comment avez-vous commencé à vous intéresser à ce qui se passait en Ukraine ? Votre blog est avant tout économique, pas géopolitique.

Olivier Berruyer : Justement, je m’y suis intéressé avec un regard économique au départ, puis politique. Globalement, il faut dire que lorsqu’on voit qui sont les dirigeants de l’Union européenne, on est inquiet – on se dit que ce sont les bonnes personnes pour faire précisément n’importe quoi ! Et leur volonté habituelle d’élargir le périmètre de l’empire européen et d’aller faire du libre-échange avec l’Ukraine m’a donc alerté.

LCDR : Vous attendiez-vous à un tel succès ?

O. B : 500 à 600 000 visites par mois, c’est un joli succès individuel, certes, mais ce n’est pas TF1 non plus ! Et à vrai dire, je m’en fiche, moi, je me contente de dire ce que j’ai à dire, et si ça intéresse quelqu’un, tant mieux. Il n’y a pas de démarche commerciale, ce n’est pas à but lucratif. Ce que je fais n’est même pas très vendeur – il y aurait bien d’autres moyens d’être racoleur…

LCDR : Justement, vous diffusez des analyses qui sont largement à contre-courant et qui, dans cette crise ukrainienne, prennent plutôt la défense de la Russie. Pourquoi ?

O. B : Vous savez, si on tente de faire la somme de ceux qui, dans cette crise, n’ont pas un regard biaisé, qui ne sont ni pro-russes, ni pro-ukrainiens – moi-même, au 1er janvier de cette année, je ne savais presque pas où situer l’Ukraine ! –, le constat est un peu triste. En outre, côté européen, l’affaire ukrainienne est gérée avec une totale inconscience des risques. Il aurait fallu avoir un peu de modération, dont la Russie fait preuve d’ailleurs, à la manière de Kissinger, en demandant que l’Ukraine reste militairement neutre. Mais vu l’intégrisme européiste qui règne dans les instances communautaires européennes, il était évident que ça risquait de mal tourner. Personnellement, j’estime qu’il vaut toujours mieux négocier que recourir aux armes…

LCDR : Est-il vraiment possible de convaincre les gens de cette « modération » de la Russie, que vous soulignez ?

O. B : C’est quasiment impossible. Vous savez, je suis un grand admirateur de Noam Chomsky et de tous ses travaux sur la fabrication de l’opinion publique. Et quand vous avez lu ce genre d’ouvrages, vous vous efforcez par la suite d’avoir une position neutre, de vous dire que tout n’est pas tout blanc ou tout noir… Ici, en France, les gens regardent TF1 et France 2, écoutent France Inter, lisent Le Mondeou Libération… qui disent tous la même chose ! Et quand vous vous faites l’écho d’un autre son de cloche, dans le meilleur des cas on vous prend pour un simplet, et au pire, pour un russophile acharné, payé par la Russie : les gens ne peuvent même pas s’imaginer que l’on peut simplement être intellectuellement honnête – et éventuellement en désaccord avec l’analyse des choses la plus répandue. Mais parfois, il apparaît évident que l’on est en train de faire une grosse bêtise. Et rien ne semble pouvoir l’empêcher….

LCDR : Par exemple ?

O. B : Lors de la guerre en Irak, beaucoup de gens ont alerté sur le danger de bombarder Saddam Hussein – et c’était une idée encore plus difficile à défendre, à l’époque, que de prendre position pour la Russie sur le dossier ukrainien aujourd’hui. Mais aujourd’hui, on voit bien que si l’on n’avait pas bombardé l’Irak, certes, tout n’y serait pas rose et il y aurait sans doute eu des morts – mais pas 500 000 ! Et le plus triste, c’est qu’on s’en fiche ! Les Américains disent que c’était le « prix à payer ». Le prix pour quoi ? Est-ce que ça va tellement mieux aujourd’hui ? Et il faut reconnaître que cette incapacité à dire les choses est un problème assez particulièrement français.

LCDR : Comment ça ?

O. B : Je ne dis pas que les choses sont idéales aux États-Unis ou en Angleterre, mais entre la lecture du Guardian, qui publie des avis assez divers sur la Russie et l’Ukraine, et celle du Monde, il y a quand même une grande différence. Le Monde a conservé son aura d’il y a trente ans – les lecteurs sont persuadés que leur journal cherche toujours LA vérité. Mais personne ne l’a, cette vérité ! Et pourtant le fondateur du Monde, Hubert Beuve-Méry, le disait lui-même : « Je ne peux pas vous garantir l’objectivité, mais je peux vous garantir l’honnêteté. » Aujourd’hui, ce quotidien est devenu un instrument malhonnête de propagande sidérante, et dangereuse ; on doit faire extrêmement attention à ce qu’on dit dès que l’on touche aux questions internationales, et surtout diplomatiques.

LCDR : Et à quoi ce « problème français » est-il dû, selon vous ?

[...]

Lisez les 2 autres tiers de l’interview sur le site du Courrier de Russie

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DIALOGUE : J’en profite pour engager ici un dialogue avec vous sur la question ukraino-russe, le rôle des médias, le blog.

Si vous avez des questions à me poser directement, faites-le en commentaire, j’essaierai d’y répondre… (commencez le commentaire par QUESTION : , ce sera plus simple)

Merci de votre fidélité…

Source: http://www.les-crises.fr/je-nai-ni-plus-ni-moins-daffection-pour-la-russie-que-pour-le-perou-dialogue/


Une catastrophe se produira si on soutient la russophobie en Ukraine, par Vladimir Poutine (ARD)

Friday 21 November 2014 at 00:10

Vladimir Poutine a accordé en Russie, à Vladivostok le 13 novembre 2014, une interview à la télévision allemande « ARD ». Cette interview est à visionner ici pour les germanophones.

Cette interview porte principalement sur les rapports de la Russie avec l’Allemagne, sur l’OTAN et le déploiement des forces de part et d’autre, sur la Crimée, sur la crise ukrainienne et ses enjeux économiques, et bien sûr la Novorossiya.

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Traduction en français pour Media Presse Info

Les inter-titres ont été ajoutés par la Traduction

Vladimir Poutine a répondu aux questions de Hubert Seipel pour la télévision allemande ARD. L’entrevue a été enregistrée le 13 Novembre à Vladivostok.

HUBERT SEIPEL: Bonjour, Monsieur le Président. Vous êtes le seul président russe qui ait jamais donné un discours au Bundestag. Cela se passait en 2001. Votre discours a été un succès. Vous avez parlé des relations entre la Russie et l’Allemagne, de la coopération de la Russie à la construction de l’Europe, même si vous aviez donné un avertissement. Vous avez dit que les idées de la guerre froide devaient être éradiquées. Donc vous avez noté que nous partagions les mêmes valeurs, encore  que vous ne fassiez pas confiance aux autres. Pourquoi étiez-vous un peu pessimiste à l’époque?

VLADIMIR POUTINE: Tout d’abord, je ne donne aucun avertissement ou remontrance et je ne voulais pas être pessimiste. Je voulais juste analyser la période précédente dans le développement de la situation dans le monde et en Europe, après l’effondrement de l’Union soviétique. Donc je me suis permis de prédire la situation en fonction de différents scénarios de développement. Naturellement, cela  reflète la situation comme nous la voyons, à travers le prisme, à la façon des diplomates, du point de vue de la Russie, mais encore, je pense qu’il s’agissait d’une analyse plutôt objective.

Je réitère: il n’y avait pas de pessimisme que ce soit. Aucun. Au contraire, je voulais être optimiste. Je suppose que, après avoir reconnu tous les problèmes du passé, nous devons aller vers un processus de renforcement des relations beaucoup plus confortables et mutuellement avantageuses dans le futur.

HUBERT SEIPEL: La semaine dernière a marqué le 25e anniversaire de la chute du mur de Berlin, qui n’aurait pas été possible sans le consentement de l’Union soviétique. Ce fut ainsi à l’époque. A présent, l’OTAN mène des exercices dans la mer Noire, près des frontières russes, tandis que les bombardiers russes procèdent à des exercices dans l’espace aérien international de l’Europe. Le ministre de la Défense a dit, si je ne me trompe pas, ils ont volé aussi loin que le golfe du Mexique. Tout cela souligne une nouvelle guerre froide.

Et, bien sûr, les partenaires échangent des déclarations virulentes. Il y a quelque temps, le président Obama  a dit que la Russie est une menace équivalente au virus Ebola et aux extrémistes islamiques. Vous avez qualifié  l’Amérique de nouveau riche, qui se considère comme le vainqueur de la guerre froide, et maintenant l’Amérique tente de façonner le monde suivant ses propres idées sur la vie. Tout cela rappelle la guerre froide.

L’OTAN

VLADIMIR POUTINE: Voyons, vous avez dit en 2001 et je vous ai dit que mon point de vue était plutôt optimiste. Nous avons assisté à deux vagues d’élargissement de l’OTAN depuis 2001. Si je me souviens bien, sept pays – la Slovénie, la Slovaquie, la Bulgarie, la Roumanie et trois États baltes, Estonie, Lettonie et Lituanie – ont rejoint l’OTAN en 2004. Deux autres pays l’ont rejoint en 2009. Cela signifie que le jeu géopolitique change. De plus, le nombre de bases militaires est en accroissement. Est-ce que la Russie possède des bases militaires dans le monde ? L’OTAN et les Etats-Unis ont des bases militaires disséminées dans le monde entier, y compris dans les zones à proximité de nos frontières, et leur nombre est en augmentation.

De plus, tout récemment, il a été décidé de déployer les Special Opérations Forces, de nouveau à proximité de nos frontières.  Vous avez mentionné divers exercices, vols,  mouvements des navires, et ainsi de suite. Oui, c’ est ainsi en effet.  Cependant, tout d’abord, vous avez dit – ou peut-être est-ce une traduction inexacte – qu’ils ont été menés [les exercices ndlr] dans l’espace aérien européen international. Eh bien, c’est soit l’espace international (neutre) soit l’espace européen. Alors, s’il vous plaît notez que nos exercices ont été menées exclusivement dans les eaux internationales et l’espace aérien international.

En 1992, nous avons suspendu les vols stratégiques de nos avions et ils sont restés à leur bases aériennes depuis de nombreuses années. Pendant ce temps, nos partenaires américains ont poursuivi les vols de leurs avions nucléaires dans les mêmes domaines qu’avant, y compris les zones proches de nos frontières. DONC, il y a plusieurs années, ne voyant pas de développements positifs, personne n’étant prêt à nous rencontrer à mi-chemin, nous avons repris les vols de notre aviation stratégique dans des régions éloignées. C’est tout.

HUBERT SEIPEL: Alors, avez-vous pensé que vos intérêts en matière de sécurité n’ont pas été pris en compte?

Permettez-moi de revenir à la crise actuelle et à son déclenchement. La crise actuelle a été déclenchée par l’accord entre l’Union européenne et l’Ukraine. Le titre de cet accord est relativement inoffensif. Il est appelé l’accord d’association entre l’Union européenne et l’Ukraine. Le point clé de cet accord est d’ouvrir le marché ukrainien de l’UE et vice versa. Pourquoi est-il une menace pour la Russie? Pourquoi vous êtes-vous opposé à cet accord?

l’accord d’association entre l’Union européenne et l’Ukraine

VLADIMIR POUTINE: En réalité, l’économie suit presque le même chemin que la sécurité. Nous prêchons le contraire de ce que nous pratiquons. Nous avons dit qu’un seul espace  serait construit et  de nouvelles lignes de division ont été construites à la place.

Penchons-nous sur ce que l’accord UE-Ukraine Association stipule. Je l’ai dit plusieurs fois, mais il semble que je doive le répéter encore une fois: il élimine les droits d’importation pour les produits européens entrant sur le territoire ukrainien, cela leur apporte zéro. Maintenant, comme l’Ukraine est membre d’une zone de libre-échange au sein de la CEI, zéro droits de douane ont été mis en place entre la Russie et l’Ukraine. Qu’est-ce que cela veut dire? Cela signifie que tous les produits européens iront à travers le territoire ukrainien directement sur le territoire douanier de la Fédération de Russie.

Il y a beaucoup d’autres choses qui peuvent ne pas être évidentes pour les personnes qui ne sont pas éclairées concernant ces matières, mais elles existent. Par exemple, Il y a des règlements techniques qui sont différents entre la Russie et l’UE, nous avons des normes différentes. Ce sont les normes de contrôle technique, les normes phytosanitaires et des principes qui déterminent l’origine des marchandises.

A titre d’exemple, je citerai l’assemblage des composants de voitures sur le territoire ukrainien. Selon L’accord d’association, les biens manufacturés sur le territoire de l’Ukraine sont destinés à notre marché dans le cadre de la zone de libre-échange russo-ukrainienne. Vos entreprises ont investi des milliards d’euros dans des usines en Russie (Volkswagen, BMW, Peugeot, Citroën, US Ford, et d’autres) entrées sur notre marché en des termes complètement différents, à condition d’une localisation profonde de la production. Comment pourrions-nous accepter cela? Nous l’avons dit dès le début, « Nous sommes d’accord, mais laissez-nous  procéder étape par étape et prendre en compte les vrais problèmes qui peuvent émerger entre la Russie et l’Ukraine. » Qu’est-ce qu’on nous a répondu? «Ce ne sont pas vos affaires, aussi sortez votre nez  de nos affaires! »

L’enclenchement de la crise ukrainienne

HUBERT SEIPEL: je voudrais revenir sur le passé. Lorsque l’accord d’association UE-Ukraine était discuté. Cela a provoqué des rassemblements sur la place Maidan à Kiev. Je me réfère à des manifestations durant lesquelles les gens demandaient une vie meilleure sans l’Union européenne. Mais Ils protestaient également contre le système ukrainien. En fin de compte tout cela a entraîné une vague de violence.

Après, le président d’alors n’a pas signé l’accord, ça a provoqué au début de la violence, et des gens ont été tués sur le Maidan. Puis le ministre allemand des Affaires étrangères est arrivé et a essayé de trouver un compromis entre les manifestants et le gouvernement, et il a réussi à le faire. Un accord qui prévoyait un gouvernement d’union nationale. Il est resté en vigueur pendant environ 24 heures, puis il a disparu.  Vous avez suivi de près l’évolution du 21 Septembre et vous vous souvenez que vous avez parlé avec M. Obama et Mme Merkel.

VLADIMIR POUTINE: Oui. En effet, le 21 février, non seulement le ministre allemand des Affaires étrangères, mais aussi ses homologues de Pologne et de France sont arrivés à Kiev pour agir en tant que garants de l’accord conclu entre le Président de l’Ukraine Viktor Ianoukovitch et l’opposition.L’accord stipule que le seul chemin que prendrait le processus serait pacifique.

En tant que garants, ils ont signé un accord entre les autorités officielles et l’Opposition. Et la forme assurait qu’il serait  observé.   Il est vrai que j’ai parlé par téléphone avec le président des États-Unis ce jour même, et cela était le contexte de notre conversation. Cependant, le jours suivant, en dépit de toutes les garanties prévues par nos partenaires de l’Ouest, un coup d’État est arrivé et l’administration présidentielle et le siège du gouvernement ont été occupés.

Je voudrais dire à cet égard la chose suivante: soit les ministres des Affaires étrangères d’Allemagne, de Pologne et de France n’ont pas signé l’accord entre les autorités et l’opposition comme garants, soit, car ils l’ont  signé après tout, ils auraient du insister sur sa mise en œuvre au lieu de se dissocier de cet accord. Qui plus est, ils préfèrent maintenant ne pas le mentionner du tout, comme si l’accord n’avait jamais existé. C’est de mon point de vue, absolument faux et contre-productif.

La Crimée et le Kosovo

HUBERT SEIPEL: vous avez agi rapidement. Vous avez, pour ainsi dire, annexé la Crimée et justifié cela sur le moment  par le fait que 60 % de la population de Crimée était Russe, que la Crimée a été russe sur une longue partie de son histoire et, enfin, du fait que sa flotte est stationnée là-bas. L’ Ouest a a prétendu qu’il s’agissait d’une violation du droit international.

VLADIMIR POUTINE: Quelle est votre question exactement?

HUBERT SEIPEL: Avez-vous sous-estimé la réaction de l’Occident et les sanctions possibles, qui furent imposées la Russie?

VLADIMIR POUTINE: Nous croyons que ces sortes de réaction sont totalement disproportionnées par rapport à ce qui s’est passé.

Chaque fois que j’entends des plaintes concernant le viol par la Russie du droit international je suis tout simplement amusé.

Qu’est-ce que le droit international? C’est tout d’abord la Charte des Nations Unies, la pratique internationale et son interprétation par les institutions internationales pertinentes.

De plus, nous avons un précédent clair récent – le Kosovo.

HUBERT SEIPEL: Vous voulez parler de la décision de la Cour internationale de Justice sur le Kosovo? Celui dans lequel elle avait déclaré que le Kosovo a le droit à l’autodétermination et que les Kosovars avaient le droit à se déterminer sur l’avenir de leur État ?

VLADIMIR POUTINE: (En allemand.) Exactement. (Suite en russe.) Mais pas seulement. Le point principal était le procédé à prendre concernant leur autodétermination suivant lequel  les personnes vivant dans un territoire ne sont pas tenues de demander l’avis des autorités centrales de l’État où elles vivent. Cela ne nécessite pas l’approbation par les autorités centrales, par le gouvernement, de prendre les mesures nécessaires pour l’auto-détermination. Tel est le point central.

Et ce qui a été fait en Crimée n’est en aucune manière différent de ce qui a été fait au Kosovo.

Je suis profondément convaincu que la  Russie n’a pas commis de violation du droit international. Oui, ce n’est pas un secret, c’est un fait et nous n’avons jamais caché nos forces armées, soyons clairs, ni bloqué les forces armées ukrainiennes stationnées en Crimée, ni forcé quelqu’un à voter, ce qui aurait été impossible, mais [nous avons agi] pour éviter une effusion de sang, pour donner aux gens la possibilité d’exprimer leur avis sur la façon dont ils voulaient façonner  leur avenir et celui de leurs enfants.

Le Kosovo, dont vous avez parlé, n’a déclaré son indépendance que par voie parlementaire seulement. En Crimée, les gens n’ont pas seulement pris une décision parlementaire, ils ont tenu un référendum, et ses résultats ont été tout simplement magnifiques.

Qu’est-ce que la démocratie? Vous et moi connaissons bien la réponse. Que signifie Démos? Demos c’est le peuple, et la démocratie est le droit des peuples. Dans ce cas particulier, c’ est le droit à l’autodétermination.

La Novorossiya

HUBERT SEIPEL: Cela montre immédiatement que vous êtes un avocat.

Mais vous connaissez aussi bien les arguments de l’Ouest. L’Occident dit que les élections ont eu lieu sous  contrôle de l’armée russe. Tel est le raisonnement de l’Occident.

Permettez-moi d’aborder la question suivante. Aujourd’hui, l’Ukraine est plus ou moins divisé. Quatre mille personnes sont mortes, des centaines de milliers sont réfugiées et se sont enfuies, entre autres lieux, en Russie. Dans l’est du pays, les séparatistes russophones réclament une large autonomie, certains veulent se joindre à la Russie. Conformément à l’accord de Minsk, un cessez-le-feu a été déclaré, mais les gens meurent tous les jours. Le pays est en faillite. Fondamentalement tout le monde est perdant dans ce conflit. L’Ukraine semble avoir perdu le plus, mais l’Europe et la Russie aussi. Comment voyez-vous l’avenir de l’Ukraine?

VLADIMIR POUTINE: L’Ukraine est un pays complexe, et pas seulement en raison de sa composition ethnique, c’est ainsi, mais aussi du point de vue de sa formation tel qu’elle est aujourd’hui.

Y a t-il un avenir et comment sera-t-il? Je pense qu’il y en aura un certainement. C’est un grand pays, une grande nation avec une population de 43 à 44 millions de personnes. C’est un grand pays européen avec une culture européenne.

Vous savez, il ne manque qu’une seule chose. Je crois que, ce qui manque c’est la compréhension que pour réussir, être stable et prospère, les gens qui vivent sur ce territoire, quelle que soit la langue qu’ils parlent (hongrois, russe, ukrainien ou polonais), doivent sentir que ce territoire est leur patrie. Pour parvenir à cela ils doivent sentir qu’ils peuvent réaliser leur potentiel ici aussi bien que dans tous les autres territoires et peut-être même mieux dans une certaine mesure. Voilà pourquoi je ne comprends pas la réticence de certaines forces politiques en Ukraine à entendre parler de la possibilité de fédéralisation.

Nous avons entendu récemment que la question qui se pose n’est pas la fédéralisation mais la décentralisation. Il s’agit d’un jeu de mots. Il est important de comprendre ce que ces notions signifient: décentralisation, fédéralisation, régionalisation. Vous pouvez reprendre une douzaine d’autres termes. Les personnes qui vivent dans ce territoire doivent RÉALISER qu’elles ont droit à quelque chose, qu’elles peuvent décider quelque chose pour elles-mêmes dans leur vie.

HUBERT SEIPEL: La question centrale dans l’Ouest est la suivante: l’Ukraine veut-elle rester un Etat indépendant? C’est la question centrale aujourd’hui à l’ordre du jour. La deuxième question est de savoir ce que la Russie peut faire de plus? Peut-être que la Russie a plus de possibilités pour accélérer ce processus en Ukraine, particulièrement en ce qui concerne les accords de Minsk?

Les accords de Minsk

VLADIMIR POUTINE: Vous savez, quand quelqu’un nous dit que nous avons des occasions spéciales pour résoudre tel ou tel crise, cela me trouble et m’alarme toujours. Nous avons entendu à plusieurs reprises que la Russie dispose d’une clé pour la solution du problème syrien, que nous avons des possibilités spéciales pour résoudre un autre problème ou la crise ukrainienne. Je commence toujours à soupçonner une intention de nous mettre la responsabilité sur le dos et de nous faire payer pour quelque chose. Nous ne voulons pas cela. L’Ukraine est un Etat indépendant, libre et souverain.

Pour parler franchement, nous sommes très préoccupés par de possibles nettoyages ethniques et la possibilité que l’Ukraine se retrouve un État néo-nazi. Que sommes-nous censés penser si les gens portent des croix gammées sur leurs manches? Ou que dire des emblèmes SS que nous voyons sur les casques de certaines unités militaires combattant maintenant dans l’est de l’Ukraine? Si c’est un état civilisé, que recherchent les autorités? Au moins, ils pourraient se débarrasser de cet uniforme, ils pourraient faire supprimer ces emblèmes des nationalistes. Voilà pourquoi nous avons peur que tout cela puisse finir de cette façon. Si cela se produisait, ce serait une catastrophe pour l’Ukraine et les Ukrainiens.

Les accords de Minsk ont surgi seulement parce que la Russie a participé activement à cet effort; nous avons travaillé avec les milices du Donbass, les combattants du sud-Ukraine, et nous les avons convaincus qu’ils devraient se contenter de certains accords. Si nous ne l’avions pas fait, cela n’aurait tout simplement pas eu lieu. Il y a quelques problèmes avec la mise en œuvre de ces accords, c’est vrai.

Quels sont ces problèmes? En effet, les défenseurs, par exemple, devaient laisser quelques-unes des villes qu’ils avaient encerclées, ils ne les ont pas quitté. Savez-vous pourquoi? Je vous le dis tout net, ce n’est pas un secret: parce que les gens qui se battent contre l’armée ukrainienne disent, « Ce sont nos villages, nous venons de là, nos familles et nos proches vivent ici. Si nous partons, les bataillons nationalistes vont venir.. tuer tout le monde. nous ne partirons pas, vous pouvez nous tuer vous-mêmes. » Vous savez, c’est un difficile problème. Bien sûr, nous essayons de les convaincre, nous parlons, mais quand ils disent des choses comme ça, vous savez, il n’y a pas grand chose à répondre.

Et l’armée ukrainienne  non plus n’a pas laissé quelques-unes des villes qu’elle était censée quitter. Les miliciens sont des gens qui se battent pour leurs droits, pour leurs intérêts. Mais si les autorités ukrainiennes centrales choisissent tout simplement de ne pas déterminer la ligne de démarcation, qui est très importante aujourd’hui pour arrêter les bombardements et les meurtres, mais si elles veulent préserver l’intégrité territoriale de leur pays, chaque village ou ville en particulier ne sont pas significatifs ; ce qui est important est d’arrêter immédiatement l’effusion de sang et les bombardements et de créer les conditions pour entamer un dialogue politique. Voilà ce qui est important. Si elle ne le font pas, il n’y aura pas de dialogue politique.

Je suis désolé pour ce long monologue, mais vous me faites revenir à l’essence du problème.

Quelle est l’essence? Le coup d’Etat a eu lieu à Kiev. Une partie considérable du pays l’a supporté, et ils étaient heureux en partie parce qu’ils croyaient que, après la signature de, disons, l’accord d’association, il y aurait l’ouverture des frontières, des possibilités d’emploi, le droit de travailler dans l’Union européenne, y compris en Allemagne. Ils pensaient que ce serait ainsi. En fait, ils n’ont rien eu de semblable.

L’autre partie du pays, le sud-est, ne l’a pas supporté et a dit: «Nous ne vous reconnaissons pas. » Et au lieu d’entamer un dialogue, au lieu d’expliquer aux gens que les autorités centrales de Kiev ne vont pas faire quelque chose de mal, et qu’au contraire, elles allaient proposer différentes formes de coexistence et le développement d’un Etat commun, qu’ils seraient  prêts à leur accorder leurs droits; au lieu de cela, ils ont commencé à faire des arrestations de nuit. Une fois que les arrestations de nuit ont commencé, les gens du sud-est ont pris les armes. Une fois qu’ils ont pris les armes, au lieu d’arrêter (les autorités devraient avoir la sagesse de le faire) et à la place du dialogue ils ont envoyé l’armée, l’armée de l’air, tanks et lance-roquettes multiples. Est-ce un moyen de résoudre les problèmes? Et finalement on est arrivé à une impasse. Est-il possible de sortir de cela? Je suis sûr que c’est possible.

La Russie ne laissera pas anéantir la population du Donbass

HUBERT SEIPEL: La question ou, plus exactement, le reproche fait par Kiev aujourd’hui est que la Russie fournit des armes aux séparatistes et envoie ses militaires là-bas.

VLADIMIR POUTINE: Où ont-ils vu les véhicules blindés et les systèmes d’artillerie? Aujourd’hui, les gens qui luttent et considèrent que cela est juste obtiendront toujours des armes. Ceci est le premier point.

Mais je tiens à souligner que ce n’est pas le problème. La question elle-même est tout à fait différente. Le problème est que nous ne pouvons pas avoir une vision unilatérale du problème.

Aujourd’hui il y a des combats dans l’est de l’Ukraine. Les autorités centrales ukrainiennes ont envoyé les forces armées là-bas et ils utilisent même des missiles balistiques. Est-ce que quelqu’un en parle? Pas un seul mot. Et qu’est-ce que cela signifie? Qu’est-ce que cela nous dit? Cela souligne le fait que les autorités centrales ukrainiennes veulent anéantir tout le monde là-bas, tous leurs ennemis et opposants politiques. Est-ce ce que c’est ce que vous voulez? Nous certainement pas. Et nous ne laisserons pas cela se produire.

Les sanctions contre la Russie

HUBERT SEIPEL: Après que la Crimée eut rejoint la Russie, l’Ouest a expulsé la Russie du Groupe des Huit, ce club exclusif des pays industrialisés. Dans le même temps les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont imposé des sanctions contre la Russie. A présent, vous partez pour le sommet du G20 des pays industriels les plus importants de la planète. L’accent y sera mis sur la croissance économique et l’emploi. Ils disent qu’il n’y a plus de croissance et que le chômage devrait augmenter; que les sanctions commencent à avoir un effet; qu’à la fois le rouble et le prix du pétrole ont connu des records de baisse. Les prévisions pour parvenir à une croissance de 2 pour cent en Russie sont impossibles. D’autres pays sont dans la même situation. Cette crise a un caractère contre-productif, y compris pour le prochain sommet, vous ne trouvez pas?

VLADIMIR POUTINE: Vous voulez dire la crise ukrainienne?

HUBERT SEIPEL: Oui.

VLADIMIR POUTINE: Bien sûr, qui pourrait en bénéficier? Vous voulez savoir comment la situation évolue et quelles sont nos attentes ? Nous attendons, bien sûr, que la situation change pour le mieux. Bien sûr, nous attendons que la crise ukrainienne prenne fin. Bien sûr, nous voulons avoir des relations normales avec nos partenaires, y compris aux États-Unis et en Europe. Bien sûr, la situation avec les soi-disant sanctions est dommageable pour l’économie mondiale (elle est dommageable pour nous et pour l’économie mondiale de la même façon.) et elle est dommageable par-dessus tout pour les relations UE-Russie.

Cependant, il y a certains avantages: les restrictions imposées à certaines entreprises russes sur l’achat de certains produits en provenance des pays occidentaux, d’Europe et des États-Unis, nous ont incité à produire ces marchandises nous-mêmes. La durée de vie confortable, quand tout ce que nous avions à faire était de produire plus de pétrole et de gaz, et d’acheter tout le reste, fait partie du passé.    En ce qui concerne la croissance, il convient de noter que cette croissance a été modeste sur l’année, mais elle était néanmoins d’ environ 0,5-0,6 pour cent. L’année prochaine, nous prévoyons d’atteindre une croissance de 1,2 pour cent, l’année après de 2,3 pour cent et 3 pour cent en trois ans. Habituellement, ce ne sont pas les chiffres que nous aimerions avoir, mais c’est  néanmoins de la croissance et nous sommes confiants que nous allons atteindre ces chiffres.

« ont-ils quelque chose de déconnecté dans leurs cerveaux »?

HUBERT SEIPEL: Un autre thème qui sera discuté à Brisbane sera la stabilité financière. La situation en Russie peut également se compliquer parce que les banques russes ne peuvent plus se refinancer sur les marchés mondiaux. En outre, il est prévu de fermer pour la Russie le système des paiements internationaux.

VLADIMIR POUTINE: les banques russes ont actuellement étendu un prêt de 25 milliards de dollars à l’économie ukrainienne. Si nos partenaires européens et américains veulent aider l’Ukraine, comment peuvent-ils saper la base financière et limiter l’accès de nos institutions financières sur les marchés de capitaux mondiaux? Veulent-ils la faillite de nos banques? Dans ce cas, ils mettront en faillite l’Ukraine. Ont-ils pensé à ce qu’ils font à tous ou pas? Ou bien, leurs politiques sont-ils aveugles? Comme nous le savons les yeux constituent une partie périphérique du cerveau. Ont-ils  quelque chose de déconnecté dans leurs cerveaux?

La banque que j’ai mentionnée est Gazprombank, qui cette année seulement, cette année civile, a accordé un prêt de 1,4 plus 1,8 milliards de dollars au secteur énergétique ukrainien. Combien est-ce au total? 3,2 milliards. Ceci est la somme qu’elle a allouée. Dans un cas, elle a émis un emprunt à l’ukrainien Naftogaz, qui est une entreprise publique; dans l’autre cas, elle a alloué 1,4 milliard de dollars à une entreprise privée afin de soutenir l’industrie chimique de l’Ukraine. Dans les deux cas, aujourd’hui, cette banque a le droit de demander le remboursement anticipé parce que les partenaires ukrainiens ont violé leur accord de prêt.

HUBERT SEIPEL: La question est de savoir s’ils paieront ou pas?

VLADIMIR POUTINE: (En allemand.) Pour le moment Ils paient. (Repris en russe.) Ils honorent le prêt. Naftogaz honore l’un des prêts. Cependant, il y a certaines conditions qui sont violées. Par conséquent, la banque a le droit formel d’exiger le remboursement anticipé.    Mais si nous le faisions, l’ensemble du système financier ukrainien s’effondrerait. Et si nous ne le faisions pas, notre banque peut s’effondrer. Que devrions-nous faire?

De plus, lorsque nous avons prolongé un prêt de 3 milliards de dollars il y a un an, il y avait pour condition que si la dette totale de l’Ukraine venait à dépassé 60 pour cent du PIB, nous, le ministère russe des Finances, serait en droit d’exiger un remboursement anticipé. Encore une fois, si nous le faisons, l’ensemble du système financier va s’effondrer. Nous avons déjà décidé que nous ne le ferons pas. Nous ne voulons pas aggraver la situation. Nous voulons que l’Ukraine se remettre sur pied à la fin.

HUBERT SEIPEL: Avez-vous l’intention de proposer des solutions pour résoudre la crise en Ukraine?

VLADIMIR POUTINE: Madame la Chancelière est très consciente de toutes les nuances de ce conflit. Quant au problème de l’énergie, elle a fait beaucoup pour sa solution. [En effet, ce sont les Français et les Allemands qui payent pour l'Ukraine! ndlt]

En ce qui concerne les questions de sécurité, je dirais que dans ce domaine nos points de vue et approches ne coïncident pas toujours. Ce qui est clair est que la Russie et la République fédérale d’Allemagne veulent que la situation dans cette région soit réglée. Nous sommes intéressés dans ce domaine et nous allons travailler pour l’observation des accords de Minsk. Il y a juste une chose à laquelle je porte toujours attention. On nous dit encore et encore: les séparatistes pro-russes doivent faire ceci et cela, vous devez les influencer de cette façon, vous devez agir de la sorte. Alors je demande toujours: « Qu’avez-vous fait pour influencer vos clients à Kiev? Qu’est-ce que vous faites pour lutter contre les sentiments russophobes? »Cela est une voie très dangereuse. Une catastrophe se produira si quelqu’un soutient subrepticement la russophobie en Ukraine. Ce sera une véritable catastrophe! Ou bien, allons-nous chercher une solution commune? Pour cela, nous allons aider les positions des parties à se rapprocher. Je vais vous dire quelque chose que certaines personnes dans ce pays peuvent ne pas aimer. Essayer de réaliser un seul espace politique dans ces territoires. Nous sommes prêts à aller dans cette direction, mais seulement ensemble.

HUBERT SEIPEL: Il est très difficile de corriger les erreurs commises par d’autres. Parfois, il est seulement possible de corriger ses propres erreurs. Je voudrais vous demander: avez-vous commis des erreurs?

Les relations Russie-Allemagne

VLADIMIR POUTINE: Les gens font toujours des erreurs. Chaque personne fait des erreurs dans les affaires, dans la vie privée. Est-ce vraiment important? La question est que nous devrions donner une réponse rapide, efficace et opportune pour réparer les conséquences de ces erreurs. Nous devons les analyser et nous rendre compte qu’elles sont des erreurs. Nous devons les comprendre,  les corriger et progresser vers la solution du problèmes plutôt que rester dans une impasse.    Il me semble que c’est la façon dont nous avons agi dans nos relations avec l’Europe dans son ensemble et la République fédérale d’Allemagne en particulier, au cours de la dernière décennie. Regardez l’amitié qui a été établie entre la Russie et l’Allemagne au cours des 10-15 dernières années. Je ne sais pas si nous avions jamais joui de telles relations avant. Je ne pense pas. Je vois cela comme une très bonne base, une bonne base pour le développement des relations non seulement entre nos deux Etats, mais aussi entre la Russie et l’Europe dans son ensemble, pour l’harmonisation des relations dans le monde. Il serait dommage que nous laissions perdre cela.

HUBERT SEIPEL: Monsieur le Président, je vous remercie pour l’interview.

Traduction pour Medias Presse Info à partir de la traduction anglaise : Emilie Defresne 

P.S. vous pouvez comparer le journaliste allemand avec la qualité des journalistes français sur l’interview TF1 / Europe 1 (transcription, vidéo avec les coupes) – contrairement à nous, les Allemands ont au moins eu la vision de Poutine sur la Crimée…

Source: http://www.les-crises.fr/poutine-ard/


“Leurs enfants se terreront dans des caves” : Porochenko, une certaine idée de l’Humanisme

Thursday 20 November 2014 at 04:00

Au moment de l’élection de Petro Porochenko, François Hollande l’a félicité, le soutenant pour mener à bien “le dialogue national” :

Barrosso a indiqué que sa soif de “dialogue” serait “un “nouveau départ pour l’Ukraine” :

Mission accomplie ce week-end – dans indifférence générale de notre presse :

« Chez nous il y aura du travail — chez eux, non.
Chez nous, il y aura des retraites — chez eux, non.
Chez nous, on s’occupera des enfants et des retraités — chez eux, non
Chez nous, les enfants iront à l’école et dans les jardins d’enfants — chez eux, ils se terreront dans les caves.
Parce qu’ils ne savent rien faire.
C’est comme ça que nous gagnerons la guerre. » [Petro Porochenko, discours à Odessa, 14/11/2014]

(ps : pour éviter toute manipulation, j’ai fais retraduire depuis l’ukrainien)

Ukraine : Il n’y aura plus de services de l’État dans les villes prorusses

A partir du 21 novembre, toutes les institutions de l’Etat ukrainien cesseront leurs activités dans les zones tenues par les séparatistes. Une décision compréhensible, mais dont les conséquences sont incalculables.

L’Ukraine entend sanctionner les régions prorusses du Donbass, où les hostilités se poursuivent. C’est dans cette optique que le président Petro Porochenko a signé, le 14 novembre, un décret par lequel il “ordonne au gouvernement d’interrompre toutes les activités des institutions de l’Etat dans la zone de l’opération antiterroriste”, écrit le quotidien de LvivVissoki Zamok. Les administrations devront avoir “évacué leur personnel d’ici le 21 novembre”.

Une liste de villes

“Des mesures doivent être prises pour suspendre le fonctionnement des entreprises, institutions et organisations de l’Etat dans les régions de Donetsk et Louhansk. Il faut également prévoir l’évacuation des membres du personnel (avec leur consentement). [...] En outre, le gouvernement, avant le 21 novembre, devra régler le problème du paiement de l’énergie et veiller à ce que l’électricité et le gaz continuent à être fournis sans interruption à d’autres districts de ces régions.”

Plusieurs villes du Donbass sont concernées, “des villes où l’on estime qu’il n’y a pas d’autorités ukrainiennes approuvées officiellement”,souligne l’hebdomadaire Dzerkalo Tyjnia, qui en donne la liste. “Dans la région de Donetsk, [entre autres] Horlivka, Yenakiieve, Thorez, et dans celle de Louhansk : Altchevsk, Antratsit ou encore Krasny Loutch”. Autant d’agglomérations qui font l’objet de violents combats depuis des semaines.

Aveu d’impuissance ?

La nouvelle a été très mal accueillie dans le Donbass même. “En dépit des actes ouvertement hostiles de Kiev, aurait déclaré Denis Pouchiline, un des dirigeants séparatistes, cité par Oukraïnska Pravda, nous ne fermons pas complètement la porte à une solution négociée du conflit.” Toutefois, ironise le quotidien en ligne ukrainien, “les militants, après leur pseudo-référendum, ont déclaré leur indépendance. Et ils appellent régulièrement leurs ‘citoyens’ à ne plus payer leurs impôts au fisc ukrainien. [...] Ce qui ne les empêche pas de se dire outrés par cette décision.”

Vu de Russie, cette nouvelle évolution est considérée comme un aveu d’impuissance de la part de l’Ukraine. “Kiev reconnaît de fait la séparation du Donbass”, titre ainsi la Nezavissimaïa Gazeta. Selon le quotidien moscovite, le dernier point du document signé par Petro Porochenko est officiellement qualifié par Kiev de “blocus financier” des républiques séparatistes.

“Acte de génocide”

Les leaders des républiques séparatistes exigent du gouvernement central qu’il continue de financer la région, arguant du fait que le Donbass a toujours permis au Trésor ukrainien de faire des bénéfices, et que les retraités actuels avaient travaillé dans des entreprises ukrainiennes. Il y a un mois déjà, les autorités séparatistes de Donetsk avaient reconnu être dans l’incapacité de verser les pensions de retraite et les salaires des fonctionnaires.

Le leader de la république populaire de Louhansk a quant à lui qualifié les mesures de Porochenko d’”acte de génocide et [de] ruine de notre peuple”. Il a lancé : “Ce nouveau riche arrivé au pouvoir sur les cadavres de Maïdan agit selon les pires traditions nazies : il veut transformer le Donbass en camp de concentration.” Les autorités séparatistes de Donetsk, dans un communiqué, se sont déclarées “profondément offensées par la décision du gouvernement ukrainien de confisquer les pensions, allocations et autres avantages légaux de nos vétérans, retraités, invalides et mères de famille”. Elles ont estimé que si Kiev ne restaurait pas ces versements, la région risquait de se retrouver en proie à une catastrophe humanitaire.

Source : Raymond Clarinard et Laurence Habay – Courrier International

Le best-Of des derniers tweets OFFICIELS du président ukrainien

Guerre totale contre la Russie ? Alors que l’armée entière du pays n’arrive pas à reprendre la moitié d’une région ?

Au moins…

Ben voyons ! Il défend Paris aussi…

Tiens qui ne fait pas partie du “monde civilisé” ?

Bah, comme le Premier Ministre parle de “sous-hommes“, il y a une cohérence…

 

Source: http://www.les-crises.fr/leurs-enfants-se-terreront-dans-des-caves-porochenko-une-certaine-idee-de-lhumanisme/


[Médias] Koalas, diplomatie et misère de l’anti-poutinisme, par Jacques Sapir

Thursday 20 November 2014 at 01:04

17 novembre 2014

Par 

Les comptes-rendus dans la presse française du G-20 qui s’est tenu en Australie ont présenté un Vladimir Poutine soi-disant isolé par la communauté internationale. C’est un cas d’école de la manipulation de l’information et de la désinformation.

Qui isole qui ?

Ce n’est pas la « communauté internationale » qui a cherché à isoler Vladimir Poutine, mais les Etats-Unis et les pays qui leurs sont liés comme la Grande-Bretagne, l’Australie et la France (et dans une moindre mesure l’Allemagne). Alors, oui, les relations de Vladimir Poutine avec les dirigeants de ces pays ont été tendues. Mais, les positions prises par la Russie, et par Vladimir Poutine en particulier, sont en réalité très populaires en Chine, en Inde, en Afrique du Sud et au Brésil. Le G-20 aura été l’occasion de marquer la nette divergence entre les pays que l’on appelle « émergents » et les autres. Cette divergence a été voulue par les pays de l’OTAN à ce sommet. Mais, elle constitue un véritable danger à long terme. Cette divergence construit en réalité une nouvelle coupure du monde en deux dont les conséquences dans la capacité de régler les crises futures risque d’être importante.

Les dirigeants des BRICS au G-20 le week-end dernier !!!

Le danger ici est que la politique américaine, car c’est essentiellement d’elle qu’il s’agit, est en train de cristalliser une fracture entre les pays émergents, qui tentent de s’organiser autour de la Russie et de la Chine, et les pays sous influence américaine. C’est un jeu à la fois dangereux et stupide car tout le monde sait bien que les Etats-Unis, qui restent très puissants, sont néanmoins une puissance déclinante. Ce n’est pas ainsi qu’ils gèreront leur déclin. Mais ils risquent d’empêcher le monde de régler toute une série de problème. Cette politique va aboutir, peut-être, a retarder l’inévitable. Elle ne saurait cependant l’empêcher.

De plus, ce n’est évidemment pas notre intérêt à nous Français, ni aux Européens de manière générale. Nous avons des problèmes communs à régler, en particulier au Moyen-Orient et en Afrique, que ces problèmes soient militaires ou concernent le développement de ces régions, ou encore qu’ils concernent des problèmes de santé comme l’épidémie du virus Ebola l’a récemment mis en lumière. La nécessité d’une coopération à grande échelle s’impose. Il est à cet égard frappant que le communiqué final de ce sommet du G-20 fasse mention de la nécessité « d’éradiquer le virus Ebola » mais ne précise ni ne site le moindre moyen financier alloué à cette tache. De même, la question du terrorisme est plus que jamais d’actualité. Les récentes atrocités commises par ceux qui se nomment « Etat Islamique » sont la pour nous le rappeler, tout comme elles nous rappelle le fait que ce terrorisme tue tous les jours en Syrie, en Irak, voire en Libye ou au Nigéria. Nous n’y prêtons garde que quand un « occidental », un « blanc » pour tout dire, en est victime. L’indignation du Président américain, et de notre Président, François Hollande, apparaît alors comme très hypocrite.

Une hystérie anti-politique.

En fait, il y a une intense coopération militaire avec la Russie au Mali et au Niger. Il pourrait en être de même au Moyen-Orient. C’est là que l’on mesure l’imbécillité de l’opposition systématique à Vladimir Poutine, et plus encore sa « démonisation » dans la presse. Henry Kissinger a expliqué à de nombreuses reprises ces derniers mois que « l’anti-Poutinisme » hystérique des Etats-Unis et de la presse américaine, ne constituait nullement une politique mais était en réalité une réponse à l’absence de politique. Il n’y a rien de plus exact. Il le dit dans une interview qu’il a donnée à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel le 13 novembre[1]. Le niveau de délire de la presse américaine a été bien analysé par Robert Parry, l’un des plus grands journalistes indépendants des Etats-Unis[2]. Il est aujourd’hui tragique de voir que ce discours, qui est une véritable propagande de guerre, envahit les médias en France et en Grande-Bretagne.

L’idée que la Russie voudraient reconstituer de toutes ses forces l’URSS défuntes est alors invoquée. Il faudrait faire « barrage » à un tel projet, et cela justifierait en réalité la violence de l’opposition à Vladimir Poutine. C’est une immense et considérable erreur. Les dirigeants russes, et Vladimir Poutine au premier chef, ont tiré un trait sur l’ancienne URSS. Le véritable enjeu pour les trente années qui viennent, c’est l’alliance entre la Chine et la Russie, et la question de savoir si les pays que l’on nomme les BRICS arriveront à constituer un front cohérent face à la politique américaine. Tout le reste n’est que (mauvaise) littérature.

La question ukrainienne.

De même, sur la question ukrainienne, la Russie a toujours considéré que l’adhésion de l’Ukraine à l’UE était un problème ukrainien dans lequel elle n’avait rien à dire. Par contre, et ceci peut se comprendre, elle a affirmé à de nombreuses reprises que si l’Ukraine voulait entrer dans une zone de libre-échange avec l’UE, elle ne pourrait plus bénéficier des conditions particulières de son commerce avec la Russie. Le problème est que les dirigeants ukrainiens ont voulu gagner sur les deux tableaux. La Russie leur a rappelé que cela n’était pas possible. L’intégration économique des deux pays était sur bonne voie quand ce sont produits les événements de Maïdan. L’erreur des dirigeants russes a été de croire que cette réalité économique pèserait suffisamment lourd dans le contexte politique. Mais, ce dernier est le lieu des émotions et il est sujet à des processus de radicalisation qui ne font pas appel aux réalités économiques. De plus, le système politique ukrainiens était affreusement corrompu, ce que les dirigeants russes reconnaissent eux-mêmes. En janvier 2014 à Moscou dans des discussions avec des responsables du Ministère des Affaires Etrangères de Russie ces derniers m’ont dit être effarés du niveau de corruption de leurs homologues ukrainiens. Or, le mouvement de la place Maïdan a commencé comme une protestation contre la corruption du système politique et économique ukrainien, et cette protestation était absolument légitime. Nul ne le conteste dans les sphères officielles à Moscou. Mais, en même temps, Moscou continuait de négocier avec ces mêmes dirigeants corrompus. Il y a là une contradiction mais dont on voit mal comment elle aurait pu être dépassée. Moscou a probablement pâti du fait qu’elle était engagée dans des négociations avec Yanoukovitch. Mais, ce dernier étant le Président légalement élu de l’Ukraine, pouvait-il en être autrement ? Honnêtement, je ne le crois pas.

La question de l’OTAN est un autre problème. Il y avait un accord entre les Etats-Unis et la Russie que l’OTAN ne s’étendrait pas sur les anciens pays de l’Est et de la CEI sans l’accord de la Russie. Cet accord a été violé. Il en est allé de même au Kosovo ou les pays de l’OTAN ont couvert ce qu’ils dénoncent aujourd’hui en Crimée et en Ukraine. Les russes en tirent naturellement les conséquences et ils s’opposent à tout nouvel élargissement de l’OTAN. Mais la vérité est que nous payons au prix fort les inconséquences qui ont été les nôtres, en tant que pays dits « occidentaux », vis-à-vis de la Russie. L’instrumentalisation politique du droit international à laquelle se livrent les Etats-Unis avec l’assentiment de leurs vassaux est un véritable problème car l’on comprend bien qu’il ne peut y avoir de stabilité et de paix dans le monde que sur la base de règles respectées par tous.


[1] http://www.spiegel.de/international/world/interview-with-henry-kissinger-on-state-of-global-politics-a-1002073.html

[2] http://consortiumnews.com/2014/11/12/when-henry-kissinger-makes-sense/

Source : Jacques Sapir (N.B. j’ai rajouté les Unes de presse et la vidéo)

Source: http://www.les-crises.fr/koalas-diplomatie-et-misere-de-lanti-poutinisme-par-jacques-sapir/


L’actualité des éconoclastes

Thursday 20 November 2014 at 00:03

Communiqué

Les Econoclastes organisent leur première conférence à Genève le 5 décembre… et sont fiers de vous annoncer le renfort de 7 nouvelles recrues .

Alors que se profile dans moins de 3 semaines  la « grande première » d’un cycle de tables rondes qui fera escale dans plusieurs capitales européennes, le  Think tank « Les Econoclastes » s’agrandit.

Il s’enrichit  de la venue de l’économiste Jacques Sapir Directeur d’études à l’EHESS – spécialiste de la Russie-, Jean Marc Daniel Ingénieur Polytechnique, ENSAE, ESCP et économiste, Jean Borjeix stratégiste associé gérant de Platinium Gestion , Liliane Held Khawam économiste d’entreprise, Raphaël Rossello spécialiste en fusions acquisitions, Nicolas Meilhan -Ingénieur Conseil Energie & Transport-, Benjamin Louvet -Directeur Général délégué de la société Prim’Finance et spécialiste des matières premières- Avant de les retrouver en « Live » le 5 décembre, vous pouvez découvrir le fruit de leurs toutes dernières cogitations sur le site http://leseconoclastes.fr/

Pour la première conférence des Econoclastes à  Genève: passage au crash-test de l’action des banques centrales.

Que sont les ECONOCLASTES
Ces questions, comme beaucoup d’autres qui agacent ceux et celles qui postulent qu’il « n’y a pas d’alternative » -pour reprendre la célèbre formule de Margaret Thatcher-les membres des Econoclastes  se les posaient individuellement depuis plusieurs années.

A force de confronter leur expérience au hasard de leur rencontre sur des plateaux de télévisions, des émissions de radios, des conférences sur diverses thématiques économiques, ils n’ont pas mis très longtemps à découvrir qu’ils partageaient de nombreux points de vue convergents, bien que provenant de cursus universitaires et professionnels très différents.

Ce sont les auditeurs et les spectateurs  eux-mêmes qui au travers de leurs messages et encouragements ont poussé ces francs-tireurs à unir leur passion pour les débats sans tabou, leur sens critique et leur volonté de trouver des solutions « out of the box » pour former « Les Econoclastes ».

Une de leur caractéristique commune est de mettre en lumière l’incapacité de débattre « sur le fond » de ceux qui se complaisent dans leur rôle d’apôtres de la « Pensée Unique », une autre -et pas des moindres-, est de produire des analyses anticonformistes et d’oser théoriser des scénarios « improbables » qui ne le demeurent que provisoirement… parce que le jeu économique est faussé et le public désinformé de façon parfaitement délibérée.

Et en la matière, la règle qui s’impose est: « plus c’est gros, mieux ça passe », ou « il n’est de plus efficace mensonge que celui qui bénéficie de l’incrédulité des victimes ».
Afin de mener à bien notre krach-test concernant l’action des banques centrales, nous ferons appel à toutes les disciplines qui constituent nos cœurs de métier respectifs : géopolitique, démographie, sociologie, environnement et énergie.

Au plaisir de vous retrouver très prochainement sur notre site ou lors de nos conférences,

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Source: http://www.les-crises.fr/lactualite-des-econoclastes/


[Reprise] De Maïdan à Maïdanek : où sont passés les snipers de l’Hotel Ukraine ? Au gouvernement…

Wednesday 19 November 2014 at 04:00

4 novembre 2014

Cette enquête détaillée du massacre de l’EuroMaidan souligne avant tout qu’il n’y a pas eu de véritable rapport officiel depuis le 20 février 2014. En ce sens cette enquête est un document historique unique dont l’historiographie est constituée de tous ces médias qui enregistraient en continu l’Euro Maidan et qui révèle, lorsqu’ils sont synchronisés … un massacre organisé:

- les victimes sont autant des policiers que des manifestants:
- les forces de l’ordre ont tiré et donc tué des manifestants (cette enquête indépendante le souligne), mais la majorité des tirs meurtriers provenaient de tireurs du Secteur Droit qui ont méticuleusement visé et abattu des policiers, mais aussi beaucoup de manifestants désarmés.
- les tireurs n’ont jamais été inquiétés, ni recherchés par les responsables pro-Maidan
- Les responsables pro-Maidan étaient parfaitement informés de la présence de nombreux tueurs dans leurs rangs comme en attestent leurs déclarations et leurs prises de paroles

Alors on peut dire pour l’instant que le « crime paie », puisque parmi les responsables du mouvement pro-Maidan ceux qui sont impliqués dans le massacre font partie des instances dirigeantes de l’Ukraine aujourd’hui. Ils sont largement secondés par les médias qui ont couverts avec frénésie les violences du Maidan, mais « étrangement » ne veulent pas investiguer plus sur les responsables et relaient sans aucune déontologie les allégations du gouvernement en place. Ainsi quelles informations attendre de ceux qui affirment que les séparatistes du Donbas bombardent leur propre population?
Seules des enquêtes comme celle ci peuvent nous alerter sur la nature de ceux qui gouvernent l’Ukraine aujourd’hui. Ils ne reculent devant rien.

Ivan Katchanovski universitaire d’Ottawa est Ukrainien d’origine. Il indique dans une interview que son patrimoine dans la région de Volyn a été saisi par le nouveau gouvernement « démocratique ». Ses diverses études déplaisent. Il y précise aussi que si de nombreux journalistes étrangers avaient essuyé des tirs en provenance des snipers pro Maidan, aucun d’entre eux n’avaient été blessé, interprétant ces tirs comme une injonction bien comprise à ne pas s’intéresser à ces tireurs là.

Le massacre perpétré par les snipers sur la place Maïdan en Ukraine

Le massacre de plusieurs dizaines de manifestants sur le Maïdan le 20 Février, 2014 a été un tournant dans la politique ukrainienne et un point déclencheur dans l’escalade du conflit sur l’Ukraine entre l’Occident et la Russie. Le meurtre de nombreux manifestants et le nombre de tirs de la police qui l’a précédé a conduit au renversement du gouvernement très corrompu et pro-russe, mais démocratiquement élu, de Viktor Ianoukovitch et a déclenché un conflit violent à grande échelle, qui continue maintenant dans le Donbass, en Ukraine orientale.

La conclusion promue par les gouvernements post-Ianoukovitch et les médias en Ukraine, que le massacre a été perpétré par des tireurs embusqués du gouvernement sur ordre de Ianoukovitch, a été presque universellement acceptée par les gouvernements occidentaux et les médias, au moins publiquement, sans aucune enquête et sans prendre en compte des faits évidents.

Par exemple, le président de l’Ukraine, Petro Porochenko, dans son discours devant le Congrès américain, le 18 Septembre 2014, a de nouveau affirmé que le gouvernement Ianoukovitch a été renversé par des manifestations de masse pacifiques contre la violence policière, en particulier, les meurtres de plus de 100 manifestants par des tireurs embusqués, le 20 Février 2014. La question est : qui a organisé ce massacre par des tireurs d’élites ?

Ce document est la première étude académique de cette affaire cruciale, qui est un assassinat de masse. L’analyse d’une grande quantité d’éléments de preuve dans cette étude révèle que certains éléments de l’opposition Maïdan, et son aile d’extrême droite, ont été impliqués dans ce massacre, afin de prendre le pouvoir, et que l’enquête du gouvernement a été falsifiée pour cette raison.

Les éléments utilisés dans cette étude ont été rendus public, mais souvent tronqués, parfois supprimés, ou des vidéos et des photos de tireurs suspects truquées, des déclarations faites en direct sur le Maïdan, d’enregistrements de communications radio des snipers côté Maïdan, de celles des tireurs d’élite et des commandants de l’unité spéciale Alfa du Service de sécurité ukrainien (SBU), de l’analyse balistique des trajectoires, des rapports de deux manifestants Maïdan, témoins oculaires, et de commandants d’unité spéciale du gouvernement, de déclarations publiques faites par deux anciens et actuels responsables gouvernementaux, des munitions et des armes utilisées, des types de blessures des deux côtés, manifestants et police, et des références à des antécédents de fausses déclarations des politiciens Maïdan quant à d’autres cas de violence, pendant et après l’Euromaïdan, et au sujet de conflits plus anciens.

En particulier, cette étude examine quelques 30 Go d’échanges radio interceptés, provenant de l’unité Alfa du Service de sécurité d’Ukraine, des Berkut, des troupes internes, Omega et d’autres agences gouvernementales, pendant le déroulement des protestations de Maïdan. Ces enregistrements ont été fournis par un radio amateur pro-Maïdan, sur un forum de détection radio, mais ils n’ont jamais été mentionnés par les médias, ni par le gouvernement Ukrainien.

Le déroulement précis du massacre a été minuté, les positions des tireurs et des tireurs gouvernementaux sont établies avec certitude, fondées sur la synchronisation du son sur la scène principale du Maïdan, les images et d’autres sources sûres, qui se corroborent toutes entre elles.

L’étude utilise le contenu de toutes les analyses et de toutes les videos publiques disponibles, en particulier, la version minutée et largement diffusée d’une longue vidéo du massacre sur Instytutska Street, les vidéos de tireurs suspects en direct de chaines TV et de diffusions internet sur le Maïdan (Independance Square), les enregistrements radio minutés et inédits entre les tireurs du Alfa SBU et leur commandement, les enregistrements radio des Forces intérieures présentes sur le Maïdan. L’analyse utilise aussi des émissions en direct sur Internet. Les enregistrements de toutes les TV et Internet, les émissions en direct du massacre par Espresso TV, Hromadske TV, Spilno TV, Radio Liberty et Ukrstream TV, soit ont été retirés de leurs sites Web, immédiatement après le massacre, soit n’ont jamais été publiés.

Ces enregistrements ont été principalement effectués par des témoins bénévoles, sur le Maïdan, mais ils ont suscité très peu d’attention ou été retirés de l’accès par le public.

De même, les résultats officiels des analyses balistiques, des armes et des examens médicaux et d’autres éléments de preuve recueillis au cours des enquêtes concernant ce massacre n’ont pas été rendu public, alors que des informations cruciales, y compris sur les armes et les munitions ont disparu sous le gouvernement post-Ianoukovitch. Cette enquête repose sur ces éléments de preuve, rapportés par des médias d’information fiable sur les médias sociaux. L’auteur a également mené une recherche sur le site du massacre de Maïdan lui-même, et sur ??Instytutska Street.

Une enquête académique

La version horodatée récemment publiée sous la forme d’une vidéo de plus de 40 minutes de long, filmée à distance rapprochée sur Instytutska Street à partir de 09h06, couvre, avec quelques omissions inexpliquées, les parties les plus intenses de ces meurtres. Elle confirme que le massacre des manifestants, le 20 février 2014, sur Maïdan, a commencé dans la rue adjacente, Instytutska Street. La police anti-émeute Berkut et les unités de troupes internes, qui assiégeaient et bloquaient le Maïdan depuis près de trois mois, ont abandonné subitement leurs positions et se sont enfuis à 09h00. Les manifestants ont alors commencé à progresser, à partir de leur bastion sur le Maïdan, vers Instytutska Street.

Cette version et d’autres vidéos montrent les membres de l’unité d’élite spéciale de la police anti-émeute Berkut et l’unité Omega des troupes spéciales de l’intérieur, dont deux tireurs d’élite, arrêtant temporairement l’avance de manifestants, près du Palais Zhovtnevyi, à partir de 09h05, tirer avec des fusils d’assaut Kalachnikov (de type AKMS) à la fois à balles réelles et avec des balles en caoutchouc, et pointant des fusils dans la direction des manifestants, avant de se retirer avec les Berkut et les troupes des unités de l’intérieur, qui stationnaient dans le Palais Zhovtnevyi.

Après un recul, sous le feu, de ces barricades, respectivement, à 09h20 et 09h28, les Berkut et les Omega ont fait la même chose depuis des barricades sur Instytutska Street et des bâtiments de la Banque nationale et du Club du Cabinet des ministres. Les traces de nombreux impacts de balles et leurs marques d’impact dans les poteaux électriques, les arbres, et les murs de Zhovtnevyi Palace et de l’Hôtel Ukraine indiquent également que la police a tiré en direction des manifestants et des bâtiments occupés par les manifestants. Les tireurs du SBU se trouvaient dans le Cabinet des ministres, l’administration présidentielle, et les bâtiments voisins.

Le nouveau gouvernement ukrainien et le chef de la Commission parlementaire a publiquement déclaré que les tireurs d’élite qui ont massacré les manifestants non armés faisaient partie de ces unités. Plus précisément, le Bureau du Procureur général a annoncé le 12 Septembre 2014 que son enquête a révélé qu’un commandant Berkut et deux membres de son unité étaient responsables du meurtre de 39 manifestants Euromaïdan, soit la majorité absolue des quelques 50 manifestants tués ou mortellement blessés le 20 Février 2014.

Mais ce commandant Berkut a ensuite été placé en résidence surveillée, et il a disparu.

En revanche, le gouvernement refuse ou néglige délibérément de prendre en compte les preuves de la présence de tireurs et de pointeurs dans au moins 12 bâtiments occupés par le camp Maïdan ou situés sur leur territoire au cours du massacre. Cela comprend l’Hôtel Ukraine, Zhovtnevyi Palace, les bâtiments des deux côtés qui ne sont pas déjà mentionnés comme des emplacements de tireurs d’élite, et plusieurs bâtiments sur le Maïdan (Place de l’Indépendance), comme le Conservatoire, le siège de l’Union du commerce, et le Bureau de poste principal. (Voir carte 1).

L’Hôtel Ukraine a été contrôlé par le camp Maïdan à partir de 09h00 environ. Au cours d’une salve de tirs provenant des forces gouvernementales près de Zhovtnevyi Palais à 9: 10-9: 11 heures, et au bout de quelques minutes d’appels pour les ambulances et les médecins, un annonceur sur la scène Maïdan a averti publiquement les manifestants que deux à trois tireurs d’élite se trouvaient sur l’étage du pendule (deuxième à partir du haut) de l’Hôtel Ukraine sur le côté opposé de la rue. Dans la première vague de blessés parmi les manifestants figure Bohdan Solchanyk, un professeur d’histoire à l’Université catholique d’Ukraine de Lviv.


Carte du massacre perpétré à Maïdan le 20 février 2014

Il a été tué par une balle de 7,62 mm dans la zone située entre l’hôtel et Zhovtnevyi à 09h12 ou quelques minutes plus tôt. Les vidéos indiquent que l’un des deux manifestants tués ici à 09h14 semble avoir été blessé dans son dos depuis l’hôtel.

Une vidéo Radio Liberty montre au moins un manifestant abattu du côté Maïdan du Zhovtnevyi Palais à 09h10 et deux autres manifestants sur le sol près de la partie centrale de ce bâtiment à 09h19. Le premier emplacement correspond à un lieu de meurtre de Vasyl Moisei signalé par la organisation de l’auto-défense de Maïdan nommée Volhynie et d’un autre manifestant probablement, Shilling Iosyp. L’enquête du gouvernement, les médias, et les responsables de Volhynie ont conclu que les Berkut ont abattu ces manifestants durant leur contre-attaque.

Toutefois, ils ont omis les traces d’impact de balles dans les arbres, les poteaux, et sur la façade du Zhovtnevyi Palais à quelques mètres des lieux des meurtres. De même, ils ont omis de rapporter le témoignage de manifestants du Maïdan concernant les tireurs de l’Hôtel Ukraine au moment de ces meurtres.

En plus des avertissements provenant de la scène Maïdan de la présence de tireurs dans l’Hôtel Ukraine à 09h11, une vidéo montre des manifestants qui se cachent sous un pont piétonnier sur la Instytutska Street entre l’hôtel et Zhovtnevyi Palais et qui indiquent à 09h23 des tirs à balles réelles sur eux en provenance d’un étage de l’hôtel.

Une vidéo BELSAT de l’Hôtel Ukraine permet de voir une balle frapper un arbre en face d’un groupe de manifestants en provenance de l’hôtel à 09h38.

Une vidéo de la BBC montre un sniper tirer sur l’équipe de télévision de la BBC et les manifestants du Maïdan depuis une fenêtre donnant sur la terrasse de l’étage du pendule de l’hôtel à 10h17, et le correspondant de la BBC identifie le tireur comme ayant un casque vert porté par les manifestants Maïdan.

Deux manifestants à 10:24 désignent des tirs de snipers à partir de l’étage du pendule de l’Hôtel Ukraine dans une autre vidéo tournée au sein d’un groupe de manifestants et sous un feu meurtrier dans Instytutska Street. Un compte-rendu de première main par Ilya Varlamov, ses photos, un témoignage d’un autre témoin oculaire, et deux coups de feu à proximité de la diffusion en direct, qui a été enregistré à partir de cet hôtel à partir de 08h49, suggèrent que deux autres personnes ont été tuées à 10:30 -10: 31am sur le Maïdan à partir de l’Hôtel Ukraine.

Des cris, depuis la scène du Maïdan, sur trois tireurs d’élite ou snipers « tirer pour tuer », de manifestants du Maïdan sur des tirs en provenance du même hôtel, en particulier sur Instytutska Street, ont été lancées à plusieurs reprises pendant que la tuerie continuait ici, par exemple, à 10:36, 10:59, 11:07, 11:09 et à la diffusion en direct.

Des témoins oculaires dans une autre vidéo de la fusillade autour de 16h00 et la position de sa blessure indiquent qu’un passant a été tué par une balle tirée depuis l’Hôtel Ukraine devant Zhovtnevyi Palace.

En fin d’après-midi, l’un des porte-paroles sur la scène de Maïdan a menacé de bruler l’hôtel Ukraine, comme cela avait été fait pour l’immeuble des syndicats un jour plus tôt, en se référant aux nombreux rapports signalant des snipers dans l’hôtel. Ainsi une conversation radio, d’abord non-diffusée, de l’officier et d’autres éléments de l’unité Omega (Pegas) signalait des coups de feu venant de l’hôtel Ukraine, à 10h37 le 21 février.

De nombreux témoins parmi les manifestants de Maïdan ont signalé des snipers faisant feu depuis l’hôtel Ukraine lors du massacre des manifestants, tuant en particulier huit d’entre eux, et au moins un membre de la compagnie Volhynian, des forces d’auto-défense de Maïdan (Maïdan Self-Defense) dans la rue Instytutska. Des impacts de balles dans les arbres et les poteaux électriques sur le site du massacre et sur les murs du palais Zhovtnevyi montrent que les coups de feu venaient de la direction où se trouve l’hôtel.

Lorsque l’hôtel Ukraina était contrôlé par les snipers de Maïdan, il y a également eu des tirs dirigés vers la police. Un policier membre des unités Berkout a été tué devant le palais Zhovtnevyi de deux coups de feu à 9h16, quelques minutes après les annonces alertant sur la présence de snipers dans l’hôtel. Des impacts de balles ont été retrouvés dans des arbres et des poteaux à quelques mètres de là, et provenant de la direction où se trouve l’hôtel Ukraine. Un officier des unités Berkout a indiqué que des snipers dans l’hôtel Ukraine tiraient sur les policiers avec des fusils de chasse calibre 7,62mm.

Une vidéo du côté des barricades contrôlé par la police montre quelques policiers Berkout portant des AKM calibre 7,62 et de nombreux membres des troupes internes spéciales Omega armées d’AKS-74 de différents calibres, dont quelques tireurs d’élite, se mettant à couvert sous un feu à balles réelles, juste au moment où le massacre des manifestants battait son plein, quelques minutes avant 10h00. Elle montre, tout à la fin, un tireur Omega viser une fenêtre ouverte de l’hôtel Ukraine et un autre tireur pointant son fusil dans la même direction, mais plus haut, sans doute vers le palais Zhovtnevyi.

Le journaliste de la télévision ukrainienne qui a filmé cette vidéo, a confirmé qu’ils avaient été la cible de tirs et qu’ils cherchaient à localiser un sniper dans l’hôtel Ukraine. La vidéo montre deux membres des Berkout pointant leurs fusils kalashnikov ou tirant depuis le toit d’un camion Kamaz, sans doute dans la même direction, ou dans la direction des immeubles de l’allée Muzeinyi, à l’endroit où des snipers pouvaient être vus sur les vidéos tournées en temps réel à peu près au même moment. Tous ces immeubles et les manifestants sur Instytutska Street étaient en contrebas de cette barricade de police.

Mustafa Nayem, l’un des organisateurs des manifestations EuroMaïdan, et un journaliste de renom de la Ukrainska Pravda, un journal en ligne ouvertement pro-Maïdan, a twitté à 11h58 une photo de snipers du côté tenu par la police de la barricade située à l’intersection des rues Instytutska et Bankova. Cette photo a été présentée par les journaux ukrainiens comme une preuve qu’il s’agissait des snipers ayant massacré les manifestants.

Cependant, ces snipers, et les tireurs des compagnies spéciales Berkout ne se cachaient généralement pas, et ils ont autorisé les médias et les passants à les filmer durant le massacre.

De nombreuses sources montrent que les membres des unités Berkout et Omega ont utilisé leurs AKMS, leurs AKS et leurs fusils de tireurs d’élite, pour tirer à balle réelle en direction des manifestants et des présumés ‘’snipers’’de Maïdan. Ces balles ont été tirées à peu près au moment où de nombreux manifestants ont été tués ou blessés. Des vidéos montrent qu’au moins une large proportion des victimes ont été abattues à ce moment, alors qu’elles se mettaient à couvert derrière des murs, des arbres et une barricade, étant par là même hors de la zone de tir en provenance de la barricade de police et des immeubles du gouvernement non-loin, comme le montre cette Google street view. Mais la possibilité que certains des manifestants, en particuliers ceux qui étaient armés, notamment des ‘’snipers’’, aient été blessés ou tués par le feu des policiers ne peut être exclue.

L’officier de l’unité Omega et un officier des Troupes Internes, en charge de ces unités spéciales, ont affirmé qu’ils ont reçu l’ordre de cibler les snipers à l’hôtel Ukraine et dans d’autres endroits, et qu’ils ont eu la permission de tirer sur les manifestants armés. Un ancien officier Berkout a indiqué qu’un tireur d’élite qui accompagnait la compagnie spéciale Berkout avait reçu la mission de rechercher un sniper de Right Sector (Pravy Sektor) dans l’hôtel Ukraine.

Des vidéos montrent le sniper allongé sur le sol et pointant son fusil dans la direction de l’hôtel Ukraine à 9h23, au moment exact où un manifestant non-armé est filmé en train d’être abattu non loin de la barricade.

Ceci a été interprété comme une preuve d’un tir direct [du policier sur le manifestant], mais la direction du fusil du tireur, le bruit du coup de feu, la blessure qui a été reportée, avec une entrée dans l’épaule droite et une sortie apparente sur le côté avant gauche du torse, ainsi que l’absence d’un impact de balle sur le bouclier [du manifestant] montre que le coup de feu venait d’un immeuble situé dans le fond ou sur le côté droit. Un reportage de la BBC montre un autre manifestant non-armé abattu à peu près au même endroit et apparemment depuis une direction similaire, une minute auparavant.

Un manifestant armé et portant un uniforme ressemblant à celui d’un Berkout a été blessé au bras, alors qu’il s’enfuyait de la scène. De nombreux officiers et membres des compagnies Omega, Alfa et des compagnies spéciales Berkout, après qu’elles aient été dissoutes, ont été déployés par le gouvernement post-Yanukovitch au côté des forces d’auto-défense de Maïdan et de Right Sector, dans la guerre civile avec les séparatistes pro-russes dans le Donbass en Ukraine de l’Est.

Une vidéo de la chaine Ruptly TV montre trois manifestants pro- Maïdan armés tirant depuis le dernier étage de l’hôtel Ukraine dans la direction, non pas de la place de l’Indépendance, mais de Instytutska Street, à en juger par les immeubles qui peuvent être aperçus. Volokymyr Ariev, un journaliste d’investigation et un membre du parlement du parti de la coalition Maïdan, en a conclu que les ‘’snipers’’avaient atteint l’hôtel Ukraine depuis le côté du conservatoire de musique, et qu’ils ont bloqué l’équipe de Ruptly TV sur le 14e étage de l’hôtel. Un reportage de Russia Today indique que cette vidéo, ainsi qu’une autre, montrent qu’il s’agissait de manifestants de Maïdan armés. Mais Ariev affirme, sans fournir aucune preuve, que ces snipers travaillaient pour le gouvernement russe.

Une conversation radio interceptée de l’officier du SBU Alfa, non-diffusée auparavant, contient des indications spécifiques, par le chef de cette unité des Services de Sécurité (Suddia) et son adjoint (Indejets), suivant lesquelles ces tireurs ou ces snipers se dirigeaient vers l’hôtel Ukraine depuis Maïdan. Ceci est cohérent avec une interview d’un ancien chef du SBU, qui a annoncé que la moitié d’une vingtaine de snipers transportant des AKM cachés dans des sacs ont fait mouvement depuis le conservatoire de musique voisin, qui était tenu par les pro-Maïdan, vers l’hôtel Ukraine, alors que l’autre moitié s’est dirigé vers l’hôtel Dnipro, sur la place de l’Europe à côté de la rue Muzeinyi. La version la plus complète et la plus fiable de la transmission radio de l’officier Alfa, synchronisée à l’heure locale, montre qu’ils ont signalé le mouvement des tireurs vers l’hôtel Ukraine à 9h23. On peut la trouver parmi les échanges radios entre les unités Alfa, Berkout, Omega, les troupes internes, et d’autres agences du gouvernement, qui ont été enregistrées durant toute la durée des manifestations sur Maïdan.

Les transmissions radios de l’officier Alfa montrent que les snipers de cette unité du SBU ont reçu l’ordre de se déployer sur les lieux de l’administration présidentielle, peu après qu’une alerte pour la préparation au combat ait été annoncée à 7h24. Ces transmissions contiennent des ordres similaires, donnés à d’autres unités du SBU, de s’armer et se déployer à cet endroit et en d’autres lieux contrôlés par le gouvernement, à peu près au même moment. Contrairement à de nombreuses preuves et affirmations fabriquées de toutes pièces et diffusées par le gouvernement ukrainien, ces enregistrements radio ne sont pas falsifiés.

Leur diffusion publique s’est faite par différentes sources pro-Maïdan. Une version, avec des parties retirées, a été postée par un site internet d’informations, dirigé par un conseiller de l’actuel ministre des Affaires internes d’Ukraine, mais cette version n’a pas été reconnue par le gouvernement.

Une version non-éditée et validée d’une communication radio de cette équipe de tireurs d’élite du SBU, menée par ‘’Miron’’, montre qu’ils étaient chargés de surveiller l’hôtel Ukraine, en particulier ses derniers étages, et d’autres immeubles avoisinants, pour repérer des snipers et leurs assistants qui les aidaient à diriger leur feu, après que le massacre ait déjà commencé.

Ces tireurs d’élite ont détecté des hommes en armes, tirant depuis le haut des immeubles, se sont rapidement déplacés, une fois que la position a été communiquée par radio aux tireurs du SBU. Les tireurs Alfa se trouvaient dans l’immeuble du Cabinet des Ministres (voir la carte 1).

On n’entend pas de coups de feu de la part des ces tireurs Alfa du SBU, et les transmissions radios ne présentent pas d’éléments permettant d’affirmer qu’ils soient en train de tirer, sur toute la durée de la plus intense phase du massacre, entre 9h35 et 11h13. De même, aucune preuve n’a été produite, montrant que les manifestants aient été tués avec les fusils allemands utilisés par ce groupe de tireurs d’élite. Ceci est cohérent avec les informations fournies par trois officiers commandants des unités Alfa, durant l’enquête parlementaire, et avec leurs conclusions délivrées aux réseaux de télé ukrainiens.

Cependant, une version modifiée des communications radio de cette équipe de tireurs du SBU a été postée sur Youtube, le jour du massacre, avec des ajouts et des photos du massacre, organisés pour affirmer qu’il s’agissait des tueurs. Cette version a été très vite utilisée par les politiciens ukrainiens, notamment le chef de la commission parlementaire, et par les médias, comme une preuve concluante que ces snipers du SBU étaient responsables de la tuerie. ‘’Miron’’a affirmé que cette version très répandue a été expurgé de certains éléments, et n’incluait pas leur rapport signalant la présence de civils transportant des armes dans des sacs sur la place de l’Europe. La version la plus fiable inclus ces parties manquantes au début et à la fin, mais quelques passages clés durant le massacre en ont également été retirés.


“PhotoPhoto 1. Les tireurs présumés, sur le toit du Palais Zhovtnevyi, lors du massacre. Source : reportage Espresso TV

Dans leurs communications radio enregistrées, les tireurs du SBU affirment entendre de nombreux coups de feu, et ils indiquent apercevoir les présumés snipers ou leurs coordinateurs de tirs, dans d’autres immeubles, alors tenus par les pro-Maïdan, comme sur le toit de Kinopalats à 9h43.

Les porte-paroles de Maïdan ont signalé trois snipers tirant pour tuer depuis le toit du Palais Zhovtnevyi, qui est connecté au Kinopalats, à 9h46-9h47, et ils ont répétés ces messages d’alertes au moins jusqu’à 10h53. Une balle a touché un arbre près d’un groupe de manifestants depuis un de ces immeubles durant l’une des premières vagues d’assassinats de masse à 9h45, lorsqu’en quelques minutes, au moins huit manifestants ont été tués ou gravement blessés, à quelques mètres de cet arbre.

Les impacts de balles à cet endroit proviennent de la même direction (voir la photo 2). Ces trois snipers présumés sur le toit du Palais Zhovtnevyi ont été vu et identifiés comme tels durant une autre vague d’assassinats de manifestants autour de 10h00 dans une diffusion en direct (voir photo 1). L’un d’entre eux est repéré au même endroit, au sommet de cet immeuble jaune dans une vidéo de la BBC, à 10h04, alors qu’il n’y avait pas été vu précédemment. Deux ‘’Snipers’’ont été montrés par ICTV le 20 février 2014. Une forme humaine est visible sur le toit de Kinopalats dans une photo prise par un photographe français en plein milieu du massacre, lorsque plusieurs manifeshttp://www.liveleak.com/view?i=934_1393021284tants ont été tués ou sérieusement blessés à côté de lui autour de 10h20-10h25. Les forces d’auto-défense de Maïdan ont rapporté avoir trouvé plus de 80 cartouches de balles, plus tard, sur le toit du Palais Zhovtnevyi. Des témoins parmi les manifestants pro-Maïdan ont confirmé la présence d’au moins trois snipers sur le toit du Palais Zhovtnevyi et dans ses étages supérieurs.


Photo 2. Les impacts de balles venant de la direction du Palais Zhovtnevyi et du Kinopalats sur un autre arbre à l’endroit du massacre (source : photo de l’auteur).Photo 2. Les impacts de balles venant de la direction du Palais Zhovtnevyi et du Kinopalats sur un autre arbre à l’endroit du massacre (source : photo de l’auteur).

Une vidéo le confirme. De même, les points d’impact de balle dans les arbres confirment le tir à balles réelles en provenance de ce côté. Il est à noter que certains de ces éléments essentiels ainsi que d’autres vagues de meurtres sont absents dans cette longue vidéo filmée par un activiste de Zelenyi Front, une organisation de Kharkov.

Cette organisation est associée à l’un des anciens dirigeants de l’opposition, qui est devenu ministre de l’Intérieur dans le gouvernement post-Ianoukovitch. Un autre militant pro-Maïdan est vu dans différentes vidéos filmant et prenant des photos pendant le massacre des manifestants qui avançaient, dont beaucoup ont ensuite été tués ou blessés.

Ses vidéos et photos rendues publiques ne contiennent pas de nombreux éléments essentiels sur le massacre. Il a servi plus tard dans le bataillon de la police spéciale Azov, qui a été créé sous le commandement formel du ministère de l’Intérieur, et il a gagné en notoriété en peignant une étoile au dessus d’un immeuble de grande hauteur à Moscou.

Dans les vidéos de ces deux photographes amateurs pro-Maïdan, il n’y avait pas de tentatives de localiser les positions des snipers Maïdan dans les bâtiments environnants, en dépit de leur proximité, ou des cris d’avertissement en provenance du Maïdan indiquant que des tireurs embusqués ce trouvaient là. De même, les snipers ne semblent pas les viser pour éviter ainsi d’être identifiés, en revanche, ils visent de nombreux journalistes étrangers professionnels, y compris le correspondant de la BBC, dans la même zone, les journalistes de the Associated Press, TVP, ABC News et australiens de la Radio Company, et au moins deux fois les journalistes de ARD and RT.


Photo 3. Un tireur suspect sur le toit du Muzeinyi Lane building pendant le massacre. Source: Espresso TV/Spilno TV broadcastPhoto 3. Un tireur suspect sur le toit du Muzeinyi Lane building pendant le massacre. Source: Espresso TV/Spilno TV broadcast

Une autre indication que les tireurs étaient du côté Maïdan est que les coups de feu sur la Instytutska Street ont considérablement diminués ou se sont arrêtés vers environ 10: 50-11: 20 am, mais ils continuaient sur le Maïdan même. Cette place, avec les bâtiments principaux et les aires avoisinantes, étaient sous le contrôle de l’opposition.

Cela correspond à l’heure à laquelle un vieux leader de l’opposition, à la tête de l’administration présidentielle depuis le renversement violent du gouvernement précédent, a reçu un SMS vers 10:45 am en provenance du commandant d’un groupe de tireurs d’élite, comme Alfa, Omega, or Sokil, afin de chercher ensemble avec les réprésentants de Maïdan des snipers dans l’Hotel Ukraine. Il a également dit qu’il y avait eu une réunion ultérieure entre lui et Andrii Parubii, le commandant Maïdan d’auto-défense, et un groupe de tireurs d’élite du gouvernement.

Les faits rapportés et le lieu de cette réunion, dans la zone contrôlée par le gouvernement près de la même barricade entre Berkut et Omega sur Instytutska Street près de l’administration présidentielle, indiquent également que ces tireurs d’élite n’étaient pas considérés comme les vrais tueurs par les leaders de l’opposition, et en contradiction avec leurs déclarations publiques. De même, il y avait deux membres de la direction Svoboda près de l’Hôtel Ukraine au moment du massacre.

Les tireurs d’élite du gouvernement accompagnés de l’auto-défense Maïdan sont restés dans la zone de l’hôtel jusqu’à 1: 00-1: 30pm. Les emplacements exacts des snipers auraient pu être facilement déterminés par les fenêtres ouvertes à l’Hôtel Ukraine et grâce aux témoins qui les avaient identifiés. Il y avait également de rapports des médias sur quelques «snipers» capturés dans cet hôtel. Mais les dirigeants Maïdan ont nié que des snipers étaient là et ont affirmé que plusieurs recherches, celles d’auto-Defense Maïdan et de Secteur Droit à l’Hôtel Ukraine, celles menées vers midi par des manifestants de Maïdan armés de AKMS ou AKS et de fusils, au Zhovtnevyi Palace, et au Conservatoire pendant le massacre et peu de temps après, n’ont pas trouvé de sniper.

Pour exemple, Mustafa Nayem, qui intervient en direct pour Hromadske TV, a déclaré à 15h00 que la recherche du Secteur Droit et d’auto-défense Maïdan n’a pas permis de trouver les snipers qui avaient été repérés à l’étage de l’Hôtel Ukraine. Comme constaté durant la fusillade de l’hôtel, en particulier l’un de ses étages supérieurs, d’où les tirs ont continué par la suite.

De la même façon, plusieurs leaders des partis d’opposition (Svoboda, le Radical Party, et le Fatherland) intervenaient sur les lieux du Maïdan, et critiquaient le gouvernement Ianoukovitch et ses tireurs d’élite pendant ou juste après que de nombreux coups de feu étaient tirés à partir des bâtiments voisins situés sur le Maïdan.

Par exemple, une synchronisation d’un enregistrement de la diffusion en direct et une brève communication radio interceptée des tireurs réels montrent qu’ils ont tiré plusieurs coups ensembles, 10 tirs en rafale à 11: 33-11: 34am.

Le grand bruit de ces coups de feu dans un enregistrement de l’émission en direct (1h 08-09 min) à l’Hôtel Kozatsky sur le Maïdan indique que ces tirs partaient de là ou d’endroits proches, telles que les bâtiments de l’Union du commerce.

Une minute après, Oleksander Turchynov, un ancien chef du service de sécurité de l’Ukraine qui allait devenir le chef du parlement ukrainien et le président par intérim après le renversement violent du gouvernement Ianoukovitch, a commencé son discours avec l’annonce « Slava Ukraini », qui a été utilisée par l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN) et l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) et adoptée sur le Maïdan. D’autres coups de feu et des sirènes d’ambulances mobiles peuvent être entendus dans la diffusion en direct lors de son discours.

La façon de communiquer de ces tireurs dans le seul enregistrement disponible public est très différente de celle des tireurs d’élite du SBU et Omega et d’autres organismes gouvernementaux dans leurs échanges radio de plus de 30 giga-octets, enregistrées et publiées au cours des manifestations de Maïdan dans leur intégralité.

Ces enregistrements radios, les leaders du Maïdan ont reconnu avoir ces enregistrements, une déclaration du commandement d’Alfa, indiquait que les tireurs et leurs assistants avaient ces enregistrements radios et évitaient ainsi d’être repérés par les tireurs du SBU en se déplaçant.

De même, une femme médecin a été blessée, et un autre manifestant debout devant elle a été tué sur le Maïdan près de l’Hôtel Kozatsky à 11h43. Cela c’est prosuit lors d’un discours par Oleh Liashko, un chef de file du Parti radical, qui a coopéré ouvertement après le renversement de M. Ianoukovitch avec les néo-nazis de Social National Assembly, qui était un des fondateurs de Secteur Droit.

Le son d’un tir, plus lointain que les tours mentionnées ci-dessus, est entendu à 1 heure et 18 minutes dans l’enregistrement de la diffusion en direct, qui commence à 10h23. Des témoins oculaires et la position de la blessure indiquent que ce tir a été effectué à partir du bâtiment principal du bureau de poste, qui était occupé par le Secteur Droit. Ce tir a attiré l’attention des médias ukrainiens et occidentaux, mais comme pour tous les tirs sur les manifestants, les journalistes et la police sur la Place de l’Indépendance ont accusé les tireurs d’élite du gouvernement et aucune enquête réelle n’a été réalisée.

Des témoins oculaires parmi les manifestants, le correspondant TVP et la trajectoire des balles aussi, indiquent des tireurs au même moment dans le bâtiment de l’Union du commerce, l’Hôtel Kozatsky, les bâtiments Conservatoire de musique, et d’autres bâtiments sur le Maïdan lui-même. A 11h43, un intrus non identifiés fait irruption dans une communication radio des troupes des unités de l’intérieur, qui se retiraient du Maïdan, et les a informés qu’il y avait des personnes qui lançaient des fusées avec des lance-grenades dans l’Hôtel Ukraina depuis le 6ème étage de l’immeuble des syndicats.

Les tireurs du SBU ont mentionné des personnes au sommet de ce bâtiment à 10h53 et 10h59.Un correspondant de RT a rapporté à 10h58 qu’une balle de 7,62 mm AKM l’a manqué de justesse à une fenêtre de l’Hôtel Ukraine et il a souligné que la trajectoire indiquait le bâtiment du Conservatoire. Un correspondant de l’Associated Press a également indiqué avoir essuyé des tirs dans sa chambre Hôtel Ukraine donnant sur le Maïdan dans la matinée du 20 Février, et il a constaté que balle était sur son balcon.

La chambre d’hôtel d’un journaliste australien ABC a également essuyé des tirs provenant de la direction du Maïdan au même moment. Une chambre occupée par la BBC a également été visée. Diverses sources indiquent que les tireurs de Maïdan ont utilisés ces bâtiments pour tirer à balles réelles sur les journalistes, sur les Berkut et les troupes de l’intérieur durant la nuit ou tôt le matin du 20 Février. Deux chambres de journalistes allemands dans l’hôtel Ukraina ont reçus des tirs en provenance de la Poste principale, comme un journaliste ukrainien travaillant pour une télévision allemande a indiqué sur sa page Facebook, ou en provenance du Conservatoire, situé en face de la rue du nouveau siège de d’auto-défense Maïdan et le du Secteur Droit.

La commission parlementaire a déclaré, en se basant sur le rapport des services médicaux d’urgence, que les tirs sur les Berkut et les troupes de l’intérieur du Maïdan et dans les rues voisines ont commencé le 20 Février à 06h10. Un membre du parlement de l’opposition Maïdan a déclaré avoir reçu un appel téléphonique d’un commandant des Berkut juste après 07h00 indiquant que 11 membres de son unité de police ont été blessés par des tireurs depuis le bâtiment du Conservatoire de musique.

Une recherche de auto-défense Maïdan, n’a trouvé aucun tireur après que le membre du parlement a informé Parubiii et d’autres dirigeants de l’opposition. Mais, de nouveau, le commandant Berkut a rapporté qu’en une demi-heure ses pertes unitaires ont augmenté de 21 blessés et de trois morts.

De même, les rapports dans la matinée du 20 Février par le Ministère de l’Intérieur, les déclarations des anciens chefs du SBU et le ministère de l’intérieur, les enregistrements radio des troupes de l’intérieur, des vidéos et des témoignages des manifestants, dont un Suédois néo-nazi bénévole, confirment de manière indépendante que les unités de police sur le Maïdan ont été tués par des tirs à balles réelles en provenance du Conservatoire et des bâtiments de l’Union du commerce avant 09h00 et qu’ils se sont rapidement retirés face à l’incendie et des diverses blessures dont ils souffraient. Par exemple, dans leurs communications radio, les unités de troupes de l’intérieur, stationnées sur le Maïdan près du bâtiment des syndicats, ont fait des demandes urgentes pour une ambulance à 08h08, un véhicule de secours à 08h21, une ambulance à 8h29, deux ambulances à 08h39, cinq ambulances à 08h46, et les ordres de retraite sont alors émis à 08h49 et 08h50.

Un haut responsable des troupes interne a déclaré qu’ils avaient l’information que cinq snipers s’étaient déplacés de l’Union du commerce vers le bâtiment du Conservatoire après l’incendie déclenché par les manifestants lors de la tentative d’assaut d’Alfa après 23h00 le 18 Février. Il a également confirmé que des tireurs ont tué et blessé de nombreux policiers depuis le bâtiment de l’Union du commerce et depuis les tentes du Maïdan avant qu’ils ne brulent, quand ils étaient occupés et utilisés comme siège de l’auto-défense Maïdan et du Secteur Droit.

Au moins 17 d’entre eux ont été tués et 196 blessés par balles les 18-20 Février dont trois tués et plus de 20 blessés le 20 Février. Les enregistrements radio des unités de troupes de l’intérieur et les commandants d’Alfa et des tireurs d’élite indiquent que leurs tentatives pour saisir le Maïdan et pour renforcer le bâtiment des syndicats le 18 Février ont été arrêtées par l’incendie de ce bâtiment provoqué par ses défenseurs et par des tirs à balles réelles provenant de l’auto-défense Maïdan et du Secteur Droit. La saisie de Maïdan et de son siège a été ordonnée par le gouvernement Ianoukovitch dans le cadre des plans « Boomerang » et » Khvylia ».

Ces plans ont été mis en vigueur après la tentative de prise d’assaut de parlement par l’opposition dirigée par l’auto défense Maïdan et le Secteur Droit et l’incendie du siège du Parti des régions qui a causé la mort d’un employé travaillant le matin même.

Un officier Alfa, qui a dirigé l’un des groupes SBU pendant l’assaut du bâtiment de l’Union du commerce, a déclaré que leur tâche consistait à se saisir du 5ème étage, qui contenait beaucoup d’armes.

Le Secteur Droit occupait tout l’étage qui servait comme quartier général et comme base du Secteur Droit et de l’auto-défense Maïdan. Une interception radio des commandants Alfa contient le rapport sur le déploiement des tireurs d’élite SBU visant deux snipers et pointeurs du côté Maïdan qui avaient été localisés sur un bâtiment contrôlé par Maïdan, leur préparation pour attaquer ce bâtiment, et l’ordre de leur supérieur Alfa pour lancer l’attaque conjointement avec les troupes de l’intérieur.

Le gouvernement actuel et la commission parlementaire ont affirmé sans fournir la moindre preuve que Alfa avaient brûlé le bâtiment de l’Union du commerce et que les agents infiltrés du SBU avaient brûlé le siège du Parti des Régions. Après ces attaques, les Berkut, les troupes de l’intérieur, et titushki rassemblés par le gouvernement Ianoukovitch ont lancé une contre attaque, et au moins cinq manifestants sont morts après avoir été frappés, renversés ou blessés par des grenades assourdissantes.

Au moins six manifestants ont été tués à Maïdan, le 18 et 19 Février par des coups de feu, principalement des armes de chasse et des cartouches, comme ce fut le cas avec trois manifestants tués à la fin de Janvier, 2014.

L’opposition de Maïdan et le gouvernement actuel ont affirmé sans fournir la moindre preuve que ces manifestants ont été abattus par les Berkut et les tireurs d’élite, tandis que des similitudes avec le massacre perpétré par des snipper côté Maïdan ne sont pas prises en compte ni investiguées.

Le bureau de poste principal à l’époque des fusillades du 20 Février était occupé par le Secteur Droit, une alliance nationaliste radicale et les organisations néo-nazies de groupes de football ultras, qui ont participé activement aux attaques violentes contre l’administration présidentielle le 1er Décembre, 2013 et du parlement à la fin de Janvier et le 18 Février, 2014.

Le commandant de la compagnie Maïdan a confirmé qu’à cette époque, sa compagnie de combat spécial, qui comprenait des manifestants armés ayant une expérience de combat dans les conflits armés, était basée dans le bâtiment du Conservatoire. Il a déclaré que cette compagnie a été créée à l’initiative de Secteur Droit.

Dans un nouveau documentaire américain qui enquête sur le massacre de Maïdan, des membres des Berkut disent qu’ils avaient remarqué des manifestants avec l’insigne Secteur droit dans le bâtiment du Conservatoire de Musique le 19 Février, que des manifestants armés ont pris position là-bas, et qu’ils ont été visés et blessés, tandis que d’autres officiers Berkut ont été tués par des tireurs postés au deuxième étage du Conservatoire dans la matinée du 20 Février. Des témoins oculaires du Maïdan parmi les manifestants ont déclaré que les groupes organisés de régions de Lviv et Ivano-Frankivsk en Ukraine occidentale sont arrivés sur le Maïdan et déplacés vers le Conservatoire de Musique dans la nuit précédent le massacre du 20 Février, et que certains d’entre eux étaient armés de fusils.

L’absence apparente (dans ce documentaire) du Secteur Droit et de cette compagnie de combat durant le massacre des manifestants par des tireurs d’élite est le « chien qui n’a pas aboyé » de nombreuses preuves montrant leur implication. Le chef de file du Secteur Droit peu après minuit a annoncé que son organisation n’a pas accepté un accord de trêve avec Ianoukovitch et allait entreprendre des actions décisives contre les forces gouvernementales.

Un rapport du chef de la commission parlementaire a conclu que les organisations civiques inconnues auraient pu être des tireurs de la police. Mais ces cas de morts et de blessés dans la police ne sont pas examinés par le gouvernement, notamment le ministère de l’Intérieur. Ce ministère a créé, avec le Secteur Droit et l’Assemblée nationale, des bataillons spéciaux de la police, qui ont combattu dans le Donbass. De même, la Garde nationale a été récemment constituée de troupes de l’intérieur et de l’auto-défense Maïdan.

Ce fut le commandant de cette même compagnie spéciale de combat qui a appelé à partir de la place du Maïdan, dans la soirée du 21 février, à rejeter un accord signé (accord médiatisé par les ministres des Affaires étrangères de France, d’Allemagne et de Pologne et par un représentant du président russe), et qui a émis un ultimatum public poussant le président Ianoukovitch à démissionner avant 10h00 le lendemain . Il a justifié son ultimatum en accusant Ianoukovitch du massacre, a déclaré que sa compagnie de combat basé au Conservatoire de musique était responsable du point de non-retour de l’Euromaïdan, et menacé d’une attaque armée si Ianoukovitch ne démissionnerait pas. Ianoukovitch a fui Kiev le même jour peu de temps après cet ultimatum.

Les types d’armes et de munitions utilisées ainsi que la direction et la position des blessures des manifestants et des policiers confirment également que les tireurs sont venus du coté Maïdan.

La commission parlementaire a rapporté que 17 manifestants ont été tués par chevrotines (pellets), les autres ont été abattus avec des AKMS (7.62?39mm calibre), un avec l’arme de poing Makarov, les balles aillant le plus souvent traversé les corps.

Le 2 avril, le Bureau du Procureur général a déclaré qu’une carabine SKS semi-automatique sniper qui a le même calibre que les AKMS, avait été utilisée pour tirer sur les manifestants depuis l’Hôtel Ukraine, même si cette arme à feu est très ancienne, n’est pas utilisée par les tireurs d’élite professionnels et qu’elle est disponible en Ukraine comme une arme de chasse. Mais le Bureau du Procureur général a alors commencé à prétendre qu’ils vérifiaient toujours si des tireurs d’élite se trouvaient dans l’hôtel alors.


Les snipers ne sont pas soumis à un procès « car ils ont également tiré sur la police », extrait d’une conversation téléphonique entre la ministre des Affaires étrangères Catherine Ashton, et le ministre des Affaires étrangères d’Estonie, Urmas PaetLes snipers ne sont pas soumis à un procès « car ils ont également tiré sur la police », extrait d’une conversation téléphonique entre la ministre des Affaires étrangères Catherine Ashton, et le ministre des Affaires étrangères d’Estonie, Urmas Paet

Le chef du service médical de l’Euromaïdan et autres médecins ont déclaré que tant les manifestants que les policiers ont été tués par des munitions similaires, notamment dans des balles de calibre 7,62 mm et chevrotine (pellets), et qu’ils avaient des types de blessures similaires. Cette information a été relayée par le ministre estonien des Affaires étrangères dans un appel téléphonique intercepté, qu’il a eu avec la responsable des Affaires étrangères de l’Union européenne.

Diverses déclarations faites par des médecins, des vidéos, des photos, et les rapports des médias confirment que des dizaines de manifestants ont été abattus précisément dans le cou, la tête, les cuisses, et les cœurs, les endroits les plus vitaux, et que de nombreux points d’entrée des blessures étaient dans la partie supérieure, sur le côté ou au dans le dos. Ceci est cohérent avec l’emplacement des tireurs sur les toits ou les étages supérieurs de tous les bâtiments spécifiés.

Des coups de feu précis et mortels et les fusils d’assaut 7,62 de type Kalashnikov AKMS et diverses armes de chasse et les munitions utilisées indiquent également que les snipers étaient placés à quelques dizaines de mètres des lieux où la police et les manifestants ont été tués ou blessés. Photos, vidéos, témoignages de témoins oculaires et d’autres sources montrent des manifestants tirant avec portant ouvertement des fusils de chasse ou des fusils de sport, des fusils d’assaut Kalachnikov et leurs versions de chasse, Makarov, et d’autres armes de poing pendant les tirs massifs contre la police et les manifestants.

La commission parlementaire a conclu qu’il était très probable que les policiers sur le Maïdan ont été abattus par les armes à feu et les munitions qui ont été prises par les manifestants à la police, aux troupes internes, et dans les bureaux du SBU et des arsenaux en Ukraine occidentale le 18 Février et 19. Ces armes, 1008 exactement, incluent des armes de poing Makarov, 59 AKMS (fusils d’assaut Kalachnikov calibre 7,62, deux fusils de sniper SVD, et divers autres fusils et des carabines. Leur localisation actuelle n’est pas connue.

L’échec du gouvernement est patent pour localiser et identifier ceux qui ont tirés sur des manifestants et pour enquêter sur la fusillade de la police, ainsi que l’échec de l’auto-défense Maïdan pour arrêter et les retenir pendant le massacre, alors que leurs emplacements étaient connu à l’époque et en dépit des appels des manifestants et des fonctionnaires du gouvernement, qui indiquent que les tireurs étaient bien du côté Maïdan.

Les rapports des médias, les témoignages, l’audio des tireurs et déclarations de l’ancien chef du SBU et ministre des affaires internes suggèrent la participation de manifestants armés et de personnes recrutées de l’Ukraine et des pays étrangers avec une expérience appropriée.

Mais les identités précises des snipers et les politiciens qui les dirigeaient restent inconnus. Il y avait plusieurs allégations publiques concernant une implication d’hommes politiques et de partis politiques précis dans le massacre, mais ces allégations ne donnent pas lieu à des enquêtes et depuis ces politiciens ou leurs partis occupent divers postes dans le nouveau gouvernement.

Les organisateurs et les auteurs de ce massacre ne sont pas susceptibles d’être découverts par le gouvernement actuel, et tous les éléments disponibles n’ont pas été rendus publics. Parmi ces éléments des vidéos de snipers sur Muzeinyi Lane et les bâtiments de l’Union du commerce, les communications radio de Berkut interceptées, et des rapports d’experts balistiques et médicaux.

Des Vidéos et photos de membres armés Berkut tirant pendant leur contre-attaque et ensuite depuis les barricades ont été cités par les représentants du gouvernement ukrainien et par le chef de la commission parlementaire spéciale et rapportés par les médias comme la preuve incontestable que les unités spéciales de la police ont massacré les manifestants. L’agence Reuters a rapporté que le dossier d’accusation contre trois membres Berkut repose sur des vidéos et des photos dont les moments clés ont de toute évidence été trafiqués ou ignorés.

Cependant, l’analyse des données publiques disponibles ne permet pas de conclure que les Berkut et Omega ont tué un seul manifestant, surtout ceux qui n’étaient pas armés, puisqu’il y avait d’autres tireurs qui tuaient les manifestants au même moment. Le chef de la commission parlementaire spéciale a signalé que l’expertise des munitions, contrairement à une revendication antérieure du ministre de l’intérieur, ne permettait pas de relier l’une de leurs armes aux manifestants tués et que beaucoup de leurs fusils d’assaut Kalachnikov, des enregistrements de leur utilisation, et la base de données des munitions a disparu lorsque le nouveau gouvernement est arrivé au pouvoir.

De même, alors que le nouveau gouvernement et le chef de la commission parlementaire ont affirmé publiquement que l’ordre de tuer des manifestants non armés a été délivré personnellement par M. Ianoukovitch et que son gouvernement et les services répressifs, les commandants des Berkut, les troupes internes et Alfa SBU entières, ont été impliqués dans cette «organisation criminelle» par la mise en œuvre de cet ordre et en donnant des ordres similaires, aucune preuve d’une telle ordonnance a été produit. Les commandants d’Alfa et son équipe de tireurs d’élite, des troupes internes et Omega ont tous nié avoir reçu un tel ordre, et leurs enregistrements radio le confirment.

Le massacres par des snipers correspond à un modèle de fausses déclarations de meurtre de masse et d’autres cas de violence, politiquement instrumentalisées par les mêmes forces politiques ukrainiennes et les mêmes médias. Ces cas comprennent le massacre d’Odessa, le 2 mai 2014, les meurtres de civils au Donbass, et l’agression de Tetiana Chornovol en Décembre dernier et l’enlèvement de Dmytro Bulatov, ces deux activistes pro Maïdan sont devenus ministres du gouvernement suite à la médiatisation de leur affaire. Les nouvelles enquêtes désignent les mêmes suspects arrêtés en Décembre dans l’affaire Chornovol et poursuivis en envisageant la version dans laquelle l’enlèvement de Bulatov a été mis en scène.

Contrairement aux divers éléments disponibles, le gouvernement a affirmé que plus de 40 manifestants étaient morts à Odessa à la suite d’un incendie qu’ils avaient déclenché eux mêmes, et il a affirmé que les séparatistes ont tué plus de 1000 civils au Donbass en bombardant leurs propres villes. Des cas similaires de fausses déclarations sur l’implication de l’OUN et de l’UPA dans les massacres de masse de Polonais ainsi que leur participation aux massacres de juifs au côté des Nazi, fausses déclarations aussi quant à 2000 victimes récemment découvertes, dans la ville de Volodymyr – Volynskyi , principalement juives exécutées par les nazis, comme étant des polonais exécutés par le NKVD soviétique.

Lorsque les éléments disponibles indiquent que l’avion de la Malaysian Airline au Donbas a surement été abattu par les séparatistes, il y a de quoi se poser des questions.

Conclusion

L’analyse et les éléments fournis par cette étude académique placent l’EuroMaïdan et le conflit en Ukraine sous une nouvelle perspective.

Les tirs irrationnels massifs portés sur les manifestants et la police le 20 février semblent être inscrits dans une démarche rationnelle si l’on se base dans une perspective d’intérêt individuel et dans la théorie wéberienne du choix et de l’action rationnelle instrumentalisée

Si la fusillade et le massacre en nombre de manifestants et de policiers le 20 Février paraissent irrationnels, ils apparaissent bien plus rationnels si l’on se base dans une perspective d’intérêt individuel et dans la théorie wéberienne du choix et de l’action rationnelle instrumentalisée. Ainsi : Les leaders du Maïdan ont gagné du pouvoir suite à ce massacre, le Président Ianoukovitch et ses autres hauts responsables du gouvernement fuient Kiev le 21 Février 2014, puis l’Ukraine, et la police se retire.

Dans ce même esprit, les manifestants de Maïdan ont été envoyés sous un feu meurtrier vers des lieus sans signification et ont été ensuite tués vague après vague depuis diverses positions. Mais aussi, les tireurs d’élite tuaient des manifestants désarmés, visaient des journalistes étrangers, mais jamais sur les leaders du Maïdan,sur le quartier général d ‘auto-défense Maïdan ou de Secteur Droit, sur le parvis de Maïdan, ni sur les photographes pro Maïdan. Tout cela devient bien plus rationnel. Pourquoi toutes ces actions sont rationnelles du point de vue d’une perspective théorique de choix instrumentalisés, le massacre n’a pas simplement mis fin à la vie de nombreux humains, mais il a également miné la démocratie, les droits humains et la primauté du droit en Ukraine.

Le massacre des manifestants et des policiers représentait un renversement violent du gouvernement en Ukraine et un grand crime contre les droits de l’homme. Ce renversement violent constitue un changement anti démocratique du gouvernement. Il a déclenché un violent conflit à grande échelle qui se transforma en une guerre civile dans l’Est de l’Ukraine, à une intervention militaire de la Russie à l’appui de séparatistes en Crimée et au Donbass, et à une rupture de facto avec l’Ukraine.

Les faits indiquent que l’alliance des éléments de l’opposition Maïdan et de l’extrême droite a été impliquée dans le meurtre de masse à la fois des manifestants et des policiers, tandis que la participation des unités spéciales de la police dans les meurtres de certains manifestants ne peut pas être totalement exclue sur la base sur les données publiques disponibles. Le nouveau gouvernement est arrivé au pouvoir en grande partie à la suite du massacre a falsifié son enquête, tandis que les médias ukrainiens ont contribué à déformer le meurtre de masse des manifestants et la police. Les faits indiquent que l’extrême droite a joué un rôle clé dans le renversement violent du gouvernement en Ukraine. Cette enquête universitaire apporte également de nouvelles questions importantes qui doivent être abordées.

Ivan Katchanovski
Ph.D. School of Political Studies & Department of Communication University of Ottawa Ottawa, ON K1N 6N5, Canada

Source : The “Snipers’ Massacre” on the Maidan in Ukraine - Traduction LaLEF

Voir aussi : Interview de Ivan Katchanovski (en anglais)

Source: http://www.les-crises.fr/de-maidan-a-maidanek-ou-sont-passes-les-snipers-de-lhotel-ukraine-au-gouvernement/


[Reprise] Jean-Pierre Chevènement : « Il n’y a pas d’indépendance de la France sans une Russie forte »

Wednesday 19 November 2014 at 02:05

Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre et représentant spécial de la France pour la Russie, s’est confié au Courrier de Russie dans le train Moscou-Iaroslavl, qui l’emmenait, le 16 septembre, assister au colloque franco-russe organisé par la Renaissance française sur la guerre de 14-18.

Le Courrier de Russie : Parlez-nous de votre enfance.

Jean-Pierre Chevènement : Je suis originaire de l’Est de la France, je suis né à Belfort. Mes parents étaient instituteurs, mais j’ai été très tôt attiré par la politique. Peut-être est-ce lié au fait que je suis né en 1939 et que mes premiers souvenirs remontent à la Seconde Guerre mondiale. Mon père avait été fait prisonnier, et l’école où ma mère enseignait a été occupée un moment par les Allemands. Ma mère m’avait interdit de manger les oranges que les soldats allemands m’offraient – elles venaient probablement de Tunisie, en 1943 – mais j’ai pu vérifier par la suite que ces oranges étaient inoffensives, contrairement à ce qu’elle me racontait. Mon enfance a été celle-là.

LCDR : Un premier souvenir d’ « éveil » politique ?

J-P. C : À quinze ans, je me suis mis à soutenir Pierre Mendès-France, qui avait mis un terme à la guerre d’Indochine. J’étais « mendésiste », comme on disait alors, mais je n’ai pas adhéré au parti radical. Plus tard, quand j’ai étudié les sciences politiques à Paris, je suis resté sur cette orientation. J’ai cependant regretté que Mendès-France n’aide pas de Gaulle en 1958, puis en 1962, car le Général était seul à pouvoir mettre un terme à la guerre d’Algérie. Au fond, j’étais assez gaulliste. Lorsque j’ai été appelé comme sous-lieutenant en Algérie, en 1961, j’étais déjà convaincu qu’elle devait être indépendante – mais qu’il valait mieux que ce soit avec la France que contre.

LCDR : Qu’est-ce qu’il vous reste de ce séjour en Algérie ?

J-P. C : Ce fut une période très difficile, qui a constitué une transition à la fois nécessaire et violente et comporté beaucoup de souffrances. J’avais volontairement pris la responsabilité des relations militaires entre les armées française et algérienne au niveau de la préfecture d’Oran [où a eu lieu le massacre du 5 juillet 1962, ndlr]. Il faut rappeler qu’au cours des trois mois qui ont précédé l’indépendance, il y a eu une véritable sédition de l’OAS. J’ai été le premier Français à voir Ben Bella et Boumédiène [devenus par la suite présidents de l’Algérie, ndlr] à Tlemcen, en juillet 1962, et cela a très fortement marqué mon engagement. Je suis retourné en Algérie à la fin de mon service militaire pour faire un stage à l’ENA, jusqu’en juillet 1963. Je reste aujourd’hui président de l’Amitié France-Algérie : pour moi c’est un lien qui demeure, je suis sensible à tout ce qui se passe de l’autre côté de la Méditerranée.

LCDR : Et ensuite ?

J-P. C : À mon retour en France, j’ai élaboré un projet prospectif : il s’agissait de changer le parti socialiste de l’intérieur en faisant alliance avec le parti communiste – de Gaulle était âgé et je préparais sa succession. Je voulais prolonger ainsi la Vème république en lui assurant des bases de gauche. J’ai créé un mouvement qui s’appelle le CERES (aile gauche du PS) et, en 1971, nous avons mis Mitterrand au pouvoir – après sept ans d’effort. Mitterrand m’avait chargé de rédiger le programme socialiste, que j’ai élaboré avec les communistes. La suite est connue : après avoir été député (la première fois en 1973), j’ai été maire de Belfort, quatre fois ministre [sous Mitterrand, puis Chirac, ndlr], et enfin sénateur – je suis un vieil homme politique !

Je suis un gaulliste de gauche

LCDR : Quelle fierté tirez-vous de votre carrière politique, et quels regrets ?

J-P. C : On n’est jamais content de ce que la réalité n’est pas conforme à l’idée qu’on s’en faisait. Je ne suis pas particulièrement réjoui par l’évolution de la gauche… Mais en même temps, nous avons assuré une certaine continuité de l’État, dans le domaine de la défense surtout, ce qui est important dans le maintien d’une politique. J’ai été confronté à des choix libéraux, en 1983 [sous Mitterrand, ndlr], qui m’ont poussé à démissionner [il était alors ministre d’État, ministre de la recherche et de l'industrie, ndlr]. Je considérais en effet que l’idée d’un « État stratège » devait être maintenue et j’avais été l’homme des grandes entreprises publiques – je n’ai pas approuvé l’orientation de la politique économique du gouvernement Mitterrand. Mais ensuite, j’ai été rappelé pour remettre de l’ordre dans l’éducation nationale, en 1984, puis à la Défense, en 1988. J’ai le souvenir de grandes réalisations.

LCDR : Mais vous avez à nouveau démissionné du ministère de la défense…

J-P. C : J’ai pu mener la politique que j’entendais mener jusqu’en 1990-1991, date à laquelle j’ai effectivement quitté le gouvernement pour la deuxième fois – afin de protester contre l’engagement de l’armée française en Irak. Enfin, j’ai été ministre de l’intérieur, en 1997, pendant trois ans et demi : j’ai pu y conduire des réformes importantes dans le domaine de l’intercommunalité. Et puis, j’ai démissionné pour la troisième fois, parce que j’étais en désaccord avec le Premier ministre de l’époque, Lionel Jospin, sur l’avenir de la Corse – j’ai toujours été pour une politique nationale unitaire.

LCDR : Décidément…

J-P. C : Je n’ai démissionné, à chaque fois, que sur des sujets vraiment importants : politique économique et européenne, politique étrangère ou organisation de l’État. Vous le savez peut-être, je me suis également positionné contre le Traité de Maastricht : je pense que l’Europe doit se faire dans le prolongement des nations – je ne suis pas contre l’idée européenne, mais je suis pour une Europe européenne, c’est-à-dire capable de défendre ses intérêts propres et pas inféodée aux États-Unis. Je suis un homme de gauche original, en quelque sorte. On pourrait dire que je suis un « gaulliste de gauche ». Ou alors un socialiste républicain à la forte adhérence gaulliste…

LCDR : Qu’est-ce que vous n’êtes pas ?

J-P. C : Je ne suis pas de droite, au sens du libéralisme économique mondialisé. Je suis évidemment encore moins d’extrême-droite – je crois en l’égalité des êtres humains. Je ne suis pas communiste non plus, parce que j’appartiens à une tradition plus souple : le communisme ne fait pas la part des choses entre le collectif et l’individu – il y a un équilibre à trouver. Mes parents étaient plutôt socialistes, mais avec un esprit critique, parfois même, ils étaient individualistes. Il leur est arrivé de voter de Gaulle. Donc, je garde un esprit pragmatique. Voilà ce que je ne suis pas. Je pense que je ressemble à beaucoup de Français.

Nous célébrons la bataille de Borodino comme une victoire à la fois russe et française

LCDR : Qu’est-ce qui fait la force d’un homme politique ? Son intégrité ?

J-P. C : J’ai fait des compromis – j’aurais pu démissionner bien plus souvent ! Ce qui me motive, c’est la continuité de notre politique dans des domaines essentiels, parmi lesquels figurent les relations franco-russes.

LCDR : Pour quelle raison ?

J-P. C : Parce qu’il en va de l’intérêt de la France et de celui de la Russie. Il n’y a pas d’indépendance de la France sans une Russie forte. Et la Russie aussi a besoin d’avoir, à l’ouest de l’Europe, un grand partenaire amical. Au fond, il n’y a pas d’antagonisme fondamental entre la Russie et la France, les deux pays ne se sont jamais heurtés. Bien sûr, il y a eu l’épisode napoléonien, mais c’est plutôt un accident de l’Histoire !

LCDR : C’est-à-dire ?

J-P. C : Les guerres napoléoniennes étaient dirigées contre l’Angleterre – Napoléon voulait diriger le blocus continental, il ne souhaitait pas s’en prendre aux Russes. Mais ça s’est trouvé comme ça, et les Russes se sont défendus. Cela n’a pas affecté nos relations et nous célébrons la bataille de Borodino comme une victoire à la fois russe et française. Et je suis très attaché à maintenir ce lien, même dans le moment difficile que nous traversons.

LCDR : On fait fausse route, alors ?

J-P. C : Il y a des responsabilités partagées des deux côtés, beaucoup de malentendus et d’incompréhension. Ce qui est arrivé en Ukraine aurait pu être évité.

LCDR : Comment ?

J-P. C : Si les institutions européennes avaient, par exemple, négocié l’accord d’association avec l’Ukraine en étroite concertation avec la Russie, afin d’anticiper les problèmes à venir. S’il y avait eu un meilleur climat, au départ, entre la Russie et l’UE, et peut-être un meilleur contrôle sur les agissements des grands pays – Allemagne, France, Italie. Bien sûr, l’Ukraine n’est pas n’importe quel pays pour son voisin russe, et je ne crois pas que l’intention de la France soit de placer l’Ukraine face à un choix impossible entre Russie et UE. Peut-être, en revanche, que l’Ukraine est effectivement un objet politique pour les États-Unis : certains voient dans cette affaire l’occasion de semer la discorde entre l’Europe de l’ouest et la Russie. Mais ça n’a jamais été le dessein de la France ! Ce qui s’est passé à Maïdan a véritablement été une surprise. L’accord conclu ensuite, le 21 février 2014, par les ministres français, allemand et polonais des affaires étrangères aurait pu fournir une porte de sortie, mais il n’a pas été appliqué. C’est n’importe quoi – et les Russes ont répondu à n’importe quoi par n’importe quoi.

Il y a une mécanique qui s’est mise en mouvement, c’est la mécanique de la bêtise

LCDR : À quel moment ?

J-P. C : L’annexion de la Crimée est une entorse au principe de la souveraineté de l’État. Je crois que les initiatives prises par les habitants de Sébastopol ont placé la Russie devant le fait accompli. Et celle-ci a choisi d’aller dans le sens de leur demande de rattachement, sans mesurer les problèmes qui allaient en découler, ni l’utilisation qu’allaient en faire les partisans d’une nouvelle guerre froide en Europe. Nous sommes alors entrés, malheureusement, dans un processus incontrôlé, malgré les efforts entrepris depuis quelques mois – y compris par le président français. Un cessez-le-feu précaire est en place et des élections régionales sont prévues à Donetsk et Lougansk, mais on est loin des projets évoqués par Angela Merkel et François Hollande. On voit bien, pourtant, quel genre de compromis pourrait se dessiner : une certaine régionalisation de l’Ukraine, une « neutralisation » du territoire, de façon à ce que les Russes n’aient pas le sentiment que l’Ukraine est appelée à devenir un pays de l’OTAN. Il faudrait d’ailleurs écarter définitivement cette perspective et procéder à une remise à niveau économique de l’Ukraine. Aujourd’hui, il y a une mécanique qui s’est mise en mouvement, c’est la mécanique de la bêtise. Il faut savoir l’arrêter, trouver un point de retour. Le processus dit « de Normandie », qui a réuni les présidents russe et ukrainien, ainsi que le président français et la chancelière allemande, le 6 juin dernier, a constitué un premier pas. Mais il faut aussi convaincre les Américains que la Russie ne doit pas être repoussée vers l’Asie.

LCDR : Vous êtes confiant ?

J-P. C : Je suis inquiet. Je suis inquiet face aux conséquences des sanctions adoptées, à la façon dont elles sont interprétées. La Russie doit convaincre du caractère national de son projet, elle doit convaincre qu’elle veut se moderniser et non reconstituer l’URSS. Je trouve très forte cette citation de Poutine, qu’on connaît trop peu en Occident : « Celui qui ne regrette pas l’URSS n’a pas de cœur, et celui qui souhaite son retour n’a pas de tête. » Naturellement, il y a des problèmes humains à résoudre, et en premier lieu celui des Russes qui vivent hors de Russie. Mais cela doit se faire dans un cadre international stable. Il faut restaurer la confiance entre les parties, trouver des garanties de sécurité. Cette tâche-là est la plus difficile, car, dans un processus d’escalade, le procès d’intention l’emporte toujours. La Russie doit aussi tenter de s’expliquer. Mais je pense que ce qui s’est passé n’était pas délibéré : je ne sous-estime pas la part de l’émotionnel dans toute cette affaire. Il faudrait revenir à un peu plus d’objectivité.

LCDR : Y compris du côté américain ?

J-P. C : Il faut distinguer le petit noyau de géo-stratèges, où la part d’émotionnel est faible, et l’opinion, qui ne connaît pas vraiment la Russie et pense que l’on va vers une nouvelle guerre froide – alors que les bases mêmes d’un conflit de ce type n’existent plus. Nous sommes dans un système d’économie de marché, la modernisation de l’économie russe implique certains changements, que nous pouvons saluer. En cela, les sanctions sont contre-productives et vont créer un climat irrationnel.

LCDR : Vous êtes entendu, sur cette question des sanctions ?

J-P. C : L’avenir le dira. En tous cas, je m’exprime. Je suis en contact direct avec les autorités gouvernementales, et je m’exprime dans la presse.

Bernard-Henri Lévy n’est pas la France

LCDR : Quelles ont été les erreurs de la France, dans la crise ukrainienne ?

J-P. C : Il y a eu des soutiens français inconséquents au processus de Maïdan – mais Bernard Henri-Lévy n’est pas la France. Peut-être que, pour des raisons qui tiennent à notre adhésion à l’UE, nous sommes un peu à la remorque d’un certain nombre de pays qui ont sur la crise ukrainienne des positions radicales et obéissent à des impulsions de l’extérieur. J’aimerais que la France ne soit pas à la traîne, qu’elle travaille au succès d’une Europe existant par elle-même – non contre la Russie, mais avec elle. Et, cela n’engage que moi, mais je considère qu’il faut honorer les contrats Mistral.

LCDR : Comment la Russie peut-elle être « garante de l’indépendance de la France », comme vous le disiez ?

J-P. C : En développant nos relations économiques, notre concertation politique. La Russie est un pays qui compte à l’échelle planétaire, un grand pays, ainsi qu’un acteur majeur de la politique mondiale. Et elle le restera. Elle constitue un contrepoids dans les relations internationales.

LCDR : Faites-vous confiance à Vladimir Poutine ?

J-P. C : C’est un homme d’État. Il en a les qualités, et probablement aussi les défauts. Mais j’ai eu l’occasion de le rencontrer, et j’ai été impressionné : par sa capacité à argumenter, mais aussi par le fait qu’au-delà de la rationalité, c’est un homme d’une certaine affectivité. Je ne vous dirai pas, comme le président Bush Junior, que j’ai « vu son âme » – je suis un républicain laïc, fondamentalement cartésien. Mais je pense que le président Poutine est un homme avec qui l’on peut discuter. Il faut –comme toujours– éviter les malentendus, comprendre ce que l’autre a à l’esprit, car nous nous racontons tous une histoire. On ne peut pas faire abstraction, en politique, des éléments psychologiques. Et quoiqu’il en soit, M. Poutine est le président de la Russie, il a été élu – et je ne crois pas qu’il y ait d’opposition capable de lui succéder, ni qu’il faille mettre la Russie au ban des nations.

Les fonctionnaires ont toujours les mêmes vices

LCDR : Qu’est-ce qui vous lie à la Russie, personnellement ?

J-P. C : La littérature. Le peuple. Et je ne suis pas de ces gens qui ont perdu la mémoire – je me souviens très bien des deux guerres mondiales et de la contribution importante de la Russie à ces conflits.

LCDR : Y a-t-il des choses qui vous effraient ?

J-P. C : Beaucoup de choses m’effraient. La bêtise, principalement. Surtout quand elle est au pouvoir. L’irresponsabilité. L’absence de culture.

LCDR : Vous n’êtes jamais découragé ?

J-P. C : Je surmonte le découragement.

LCDR : Comment ?

J-P. C : Par le travail. J’écris des livres.

LCDR : Quels conseils donneriez-vous à un jeune homme épris de politique, et qui sortirait tout juste de l’ENA ?..

J-P. C : Je lui dirais d’abord qu’il est mal parti ! En 1967, j’ai écrit avec Alain Gomez et Didier Motchane L’Enarchie – je sortais tout juste de l’ENA moi-même, promo 1965. Et c’est un livre qui n’a pas vieilli. Il dresse un tableau assez juste de la haute administration française. Il est amusant – je vous le conseille. Les fonctionnaires ont toujours les mêmes vices.

LCDR : Savez-vous que de nombreux Français aimeraient vous voir au gouvernement ?

J-P. C : Ah non, j’ai exclu cette perspective ! La ligne politique du gouvernement actuel n’est pas vraiment la mienne, et si je revenais, ce serait donc pour en prendre la tête… Mais je crois que ce n’est pas vraiment la disposition d’esprit de François Hollande, et je veux laisser à Manuel Valls l’espace dont il a besoin – je ne suis pas un concurrent.

LCDR : La France d’aujourd’hui manque-t-elle d’hommes d’État ?

J-P. C : Ce sont les circonstances qui révèlent les hommes d’État. Donc, il ne faut pas désespérer. Mais vous me faites côtoyer des précipices. Vous – parlez-moi de votre enfance, maintenant.

Source : Le Courrier de Russie

Source: http://www.les-crises.fr/chevenement-il-ny-a-pas-dindependance-de-la-france-sans-une-russie-forte/


Miscellanées du mercredi (Delamarche, Sapir, Béchade)

Wednesday 19 November 2014 at 01:30

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche : “Le yen va valoir 0!” – 17/11

Olivier Delamarche VS Jean-Luc Hivert (1/2) – Intégrale Placements sur BFM Business – 17/11/2014

Olivier Delamarche VS Jean-Luc Hivert (2/2): L’échec du QE au Japon va-t-elle dissuader la BCE ? – 17/11

II. Philippe Béchade

Philippe Béchade: Wall Street : y aura-t-il de nouveaux records ? – 13/11

III. Jacques Sapir

La minute de Jacques Sapir : L’Italie bientôt hors de l’UE ? – 18/11

Jacques Sapir VS Cyrille Collet (1/2): L’Europe peut-elle apprendre de l’échec du quantitative easing au Japon ? – 18/11

Jacques Sapir VS Cyrille Collet (2/2): Retour en récession de l’économie japonaise: Quelles leçons l’Europe doit-elle en tirer ? – 18/11


 

 

 

 

 

 

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Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-19-11-2014/