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La folle précipitation de John Kerry à juger, par Robert Parry

Friday 25 July 2014 at 00:10

Voici un troisième papier de Robert Parry, un des plus célèbres et respectés journalistes d’investigation américains. C’est lui qui a révélé l’affaire du financement des Contras en 1985…

Robert Parry

Alors que l’enquête concernant le crash du vol Malaysia Airlines MH17 vient seulement de commencer, le gouvernent Obama et les médias US ont vendu au monde une version inculpant le président russe Vladimir Poutine. John Kerry se faisant le promoteur de cette opération.

Le secrétaire d’état, John Kerry, prétend que comme ancien procureur, il sait qu’il dispose d’un dossier solide contre les rebelles de l’Est de l’Ukraine et leurs soutiens russes pour les condamner d’avoir abattu jeudi dernier le vol MH17de la Malaysia Airlines, et cela même sans les bénéfices d’une enquête officielle.

John Kerry

Tout au long de ses cinq apparitions au cours de différents talk-shows de dimanche, Kerry a fait ce qu’un juge condamnerait à coup sûr comme : « porter atteinte à l’affaire » ou « influencer le jury ». En effet, le secrétaire d’état a rendu un « procès » équitable quasiment impossible, ce qui conduirait tout barreau à engager une procédure d’exclusion contre le procureur Kerry.

Mais ce qu’a fait Kerry est bien pire. Il a essentiellement imposé le résultat d’une enquête qui risque de conduire le monde dans une nouvelle et dangereuse Guerre Froide. Avec sa didactique – tout raconter rien montrer – de présentation de « preuves », Kerry a rendu impossible toute évaluation objective des preuves actuelles, que ce soit pour les enquêteurs du gouvernement américain et même pour beaucoup de représentants officiels des institutions internationales dont les emplois dépendent souvent de la bonne volonté des États Unis.

Si vous étiez, disons, un analyste du renseignement américain passant au crible les éléments de preuve et trouvant que certaines pistes sont parties dans une mauvaise direction, allant à l’encontre de l’armée ukrainienne, par exemple, vous pourriez retenir vos conclusions sachant que contredire de hauts fonctionnaires qui ont déjà prononcé le verdict pourrait être dévastateur pour votre carrière. Il serait beaucoup plus évident d’enterrer à six pieds sous terre toutes preuves contradictoires.

En effet, une des leçons de la désastreuse guerre en Irak était le danger de l’obligation de penser comme les Officiels de Washington. Lorsque les plus hauts fonctionnaires ont indiqué clairement l’issue qu’ils souhaitent pour une investigation, les employés de niveau intermédiaires se démènent pour rendre leurs patrons heureux.

Si Kerry se souciait de trouver la vérité sur cette tragédie qui a coûté la vie à 298 personnes, il aurait simplement indiqué que l’enquête ne faisait que commencer et qu’il serait erroné de spéculer sur la base des quelques bribes d’information disponibles. Au lieu de cela, il n’a pas résisté à établir un récit qui – aux yeux du monde – accuse le président russe Vladimir Poutine d’être la partie coupable.

La prestation télévisée de Kerry rappelle sa hâte de juger et de blâmer le gouvernement syrien pour une toujours mystérieuse attaque au gaz sarin le 21 août dernier. Dans les deux cas, le secrétaire d’État coud ensemble des preuves indirectes par la grâce du refrain répété, « nous savons. »

Toutefois, dans le cas de la Syrie, la plupart de ce que Kerry a affirmé «connaître» s’est avéré être faux par la suite. Pourtant, en s’appuyant sur ces « preuves » inattaquables, Kerry a poussé les États-Unis au bord d’une campagne de bombardement massive avant que le président Barack Obama ne recule et – avec l’aide du président Poutine – atteigne un compromis qui a permis d’éviter une autre guerre des États-Unis et d’obtenir de la Syrie de rendre la totalité de son stock d’armes chimiques. Pour plus de détails, voir Consortiumnews.com “le triste cercle de John Kerry pour tromper.”

Mais Kerry apparemment n’a retenu aucune leçon ni du fiasco syrien, ni d’avoir été dupé par le président George W. Bush en 2002 sur les ADM (armes de destruction massives) inexistantes de l’Irak, ni du motif de tromperies du gouvernement américain qui a expédié lui et des millions d’autres jeunes Américains dans les jungles du Vietnam dans les années 1960.  Pour en savoir plus à ce sujet, voir Consortiumnews.com “Quel est le problème avec John Kerry ?

De retour sur ses grands chevaux

Ce dimanche, Kerry remontait de nouveau sur ses grands chevaux, chargeant au-delà des limites d’une quelconques preuve sérieuse ou d’une enquête pour ne laisser que peu de doute sur qui devrait être reconnu coupable au sujet du vol MH17 de la Malaysia Airlines, abattu par un missile au-dessus de l’est de l’Ukraine. Bien que l’un des suspects naturels soit l’armée ukrainienne, Kerry n’a parlé que des « rebelles » ethniques russes et de Moscou.

Lors de son passage sur « Rencontre avec la presse » sur la chaine TV NBC avec David Gregory, Kerry a dit :

Permettez-moi de vous dire ce que nous savons à ce stade, David, car cela vous en dit beaucoup sur ce qui se passe. Dans le dernier mois, nous avons observé d’importants mouvements de matériels.

Il y a plusieurs semaines, un convoi d’environ 150 véhicules, y compris des transports de troupes blindés, des chars, des lance-roquettes, artillerie, tout cela est entré et a été transféré aux séparatistes. Nous savons qu’ils ont eut un système SA-11 à proximité quelques heures avant que l’avion ne soit abattu. Il y a des enregistrements sur les réseaux sociaux de cela. Ils parlaient, et nous avons les interceptions de leurs conversations où ils parlent du transfert, du mouvement et du repositionnement du système SA-11.

Les réseaux sociaux les montrent avec ce système se déplaçant dans la zone même où nous croyons que le tir a eu lieu dans les heures avant que cela n’ait lieu. Sur les réseaux sociaux – qui sont des outils extraordinaires, de toute évidence, dans tout cela – ont été postés les enregistrements d’un séparatiste se vantant d’avoir abattu un avion, juste après que cela se soit passé.

Le ministère de la défense, soit disant auto-proclamé de la République Populaire de Donetsk, M Igor Strelkov a effectivement  posté une déclaration sur les réseaux sociaux se vantant d’avoir descendu un transport de troupe. Et ensuite quand il est devenu évident qu’il s’agissait d’un avion civil, ils ont rapidement retiré ce post. Nous…

David Gregory

Etes vous en train d’insinuer ici que la Russie a fournie l’arme ?

Kerry

Il y a une histoire aujourd’hui qui confirme cela, mais nous n’avons pas au sein du gouvernement fait notre décision. Mais c’est assez clair si – il y a une accumulation extraordinaire de preuve indirectes. je suis un ancien procureur. J’ai conduit des accusations sur des preuves indirectes, elles sont solides ici.

Mais plus important encore, nous avons récupéré les images de ce lancement. Nous connaissons la trajectoire. Nous savons d’où il vient. Nous connaissons le déroulement, et c’était exactement au moment où cet avion a disparu de l’écran radar. Nous savons aussi par identification de la voix que les séparatistes se sont vantés de l’avoir abattu après…

Gregory

d’accord

Kerry

Il y a donc un empilement de preuves ici que la Russie a apporter son aide. Nous ne sommes pas en train de tirer la conclusion finale ici, mais il y a beaucoup de choses qui montrent que la Russie doit nécessairement être le responsable. Et ce que le président Obama croit et nous, la communauté internationale, se joint à nous, tous, tout le monde est convaincu que nous devons avoir un accès illimité. Et le manque d’accès – le manque d’accès, David, vaut sa propre déclaration sur la culpabilité et la responsabilité.

Pourtant, comme dans le cas de la Syrie, Kerry n’a présenté aucune preuve vérifiable détenue par le gouvernement des États-Unis, pas d’images du convoi de 150 véhicules, pas de support pour les revendications sur les rebelles qui possèdent le système SA-11 Buk (au-delà des allusions aux « réseaux sociaux » ), aucune information contradictoire sur les systèmes Buk possédés par l’armée ukrainienne, aucun effort pour permettre à des explications contraires pour les observations faites au cours de la confusion qui a suivi l’accident dans une organisation rebelle désorganisée qui a un commandement faible et sans contrôle,pas de demandes de coopération au régime de Kiev.

En outre, il n’y a aucune explication de pourquoi les déclaration de Kerry sont en contradiction avec des déclarations publiques de personnel militaire US de haut rang. Par exemple, Craig Whitloc du Whasington Post a raporté samedi les propos du général de l’US Air Force, Philip M Breedlove, commandant des forces de l’OTAN en Europe, qui indiquait que le mois dernier « nous n’avons encore vu aucun véhicule de défense anti-aérienne [russe] traverser la frontière »

Whitlock a également rapporté que le contre-amiral John Kirby, l’attaché de presse du Pentagone, a déclarié que la Défense n’avait aucun élément de preuve spécifique permettant d’indiquer qu’un système de missiles sol-air SA-11 aurait été transporté de Russie dans l’est de l’Ukraine.

Bien sûr, le seul scepticisme exprimé par Gregory NBC n’a été que pour savoir pourquoi l’administrationObama n’avait pas sauté à la conclusion de culpabilité russe encore plus vite. Au lieu de citer les informations contradictoires dans l’article de Whitlock, Gregory a cité un éditorial du Post belliqueux.

Gregory :

L’éditorial du Washington Post de ce week-end écrit que ce qu’il manquait dans les commentaires du président quand il a parlé ce vendredi était une conclusion morale claire sur le régime de Vladimir Poutine ou une articulation de la façon dont les États-Unis vont réagir. Qu’en est-il ? Traiter Vladimir Poutine de ce qu’il est. Quelle est la menace qu’il représente lui et la Russie pour les États-Unis et l’Occident ?

Comme la réponse de Kerry n’était pas assez béliqueuse, Gregory l’y pousse :

Mais je détecte dans vos mots, Monsieur le Secrétaire d’Etat, une certaine réticence a faire de cela un affrontement l’un contre l’autre. Vous voulez donnez à la Russie un peu plus de place ici. mais il reste la question des conséquences

Reportage à charge

Ihor Tenyukh – Svoboda
Ministre de la Défense Ukrainien

Rien aussi dans l’interview sur la responsabilité partagée de cette salle guerre civil qui a saisie l’Ukraine; rien sur le soutien téméraire des États-Unis à l’égard de groupe néo-nazi utilisé pour le renversement du président élu Viktor Ianoukovitch, le 22 février, un jour seulement après avoir signé un accord avec trois pays européens pour réduire ses pouvoirs et organiser des élections anticipées. Au lieu de soutenir cet accord, le Ministre des affaires étrangère John Kerry a immédiatement soutenu le régime putschiste comme «légitime».

Bien que la réalité Ukraine soit complexe et sombre – avec à blamer des deux côtés – le récit officiel de Washington a été en noir et blanc: les Ukrainiens de l’Ouest, incluant un nombre important de néo-nazis qui font remonter leur idéologie au collaborateur nazi Stepan Bandera, sont les bons et les Russophones de l’Est de l’Ukraine sont les méchants, avec Vladimir Poutine le plus méchant des méchants.

Un journaliste moins biaisé que David Gregory aurait demandé à Kerry s’il pensait que le nouveau président de l’Ukraine Petro Porochenko a été sage en mettant fin à un cessez-le-feu partiel à la fin Juin et en lançant une offensive brutale contre les villes et les villages des rebelles à l’est de l’Ukraine. Ce combat était le contexte qui a permit que l’avion de la Malaysia Airlines soit abattu.

Mais la question immédiate et pressant devrait être de déterminer qui a tiré le missile qui a abattu l’avion. En effet, si la Russie a fourni imprudemment aux rebelles cette arme anti-aérienne, celui qui a approuvé ce transfert devrait être tenu responsable avec les rebelles qui ont tiré, même si le Boeing 777 a été identifié à tort comme un avion militaire.

De même, si des éléments de l’armée ukrainienne ont tiré le missile – pensant sans doute que l’avion était un avion de reconnaissance russe sur le chemin de retour vers la Russie – alors une enquête approfondie doit déterminer qui dans cette chaîne de commandement était responsable.

Des images satellites indiquent que la batterie de missiles était sous le contrôle des troupes du gouvernement ukrainien

J’ai été informé par une source qui a été informé par des analystes du renseignement des États-Unis que des images satellites indiquent que la batterie de missiles était sous le contrôle des troupes du gouvernement ukrainien, mais que leur conclusion n’était pas définitive.

C’est pourquoi les éructations de Kerry dimanche pourrait être si préjudiciable à toute recherche de la vérité. En pointant clairement un doigt accusateur loin du régime Kiev et vers Moscou, Kerry a rendu beaucoup plus difficile pour tout analyste du renseignement d’évaluer les éléments de preuve sans avoir à craindre des conséquences douloureuses

Le reporter d’investigation Robert Parry a révélé la plupart des histoires Iran-Contras pour Associated Press et Newsweek dans les années 1980. Il est l’auteur d’un trilogie sur la famille Bush et ses connections avec divers mouvements d’extrême droite.

Source : ConsortiumNews
Traduction : Initiative Communiste

Source: http://www.les-crises.fr/la-folle-precipitation-de-john-kerry-a-juger/


Une résistante de Sloviansk accusait le 18 juin les avions de l’armée ukrainienne de se cacher derrière les avions civils

Friday 25 July 2014 at 00:01

5une vidéo qui a été peu vue – pour simple information)

(sous-titres anglais, validés) (c’est une milicienne, mariée à un chef militaire)

Bonjour. Je m’appelle Elena. Je suis dans la ville de Sloviansk.

Je suis native de cette ville.

J’ai rejoint les rangs des rebelles. Je ne peux plus supporter ça.

0:14 Il n’y a plus d’eau, d’électricité dans Sloviansk. La population prend l’eau des fontaines.

Nous sommes bombardés tous les jours par l’Armée Ukrainienne sur ordre de la junte. Avec l’artillerie, l’armée de l’air. Et ils ne larguent pas des bombes sur les points de contrôle.

Ils larguent des bombes sur les maisons. Les gens n’ont plus de toit, n’ont rien à manger. Les gens vivent dans les caves avec leurs enfants. Plus de la moitié des civils sont encore là.

Combien de temps pouvons nous supporter ça ?

0:44 Comment le gouvernement peut-il envoyer contre son propre peuple… Je ne sais qui, Secteur Droit, des mercenaires, …

Ils disent qu’il y a des mercenaires ici, des Tchétchènes, des hommes de Kadyrov, je ne sais qui d’autre.

Ici, il n’y a que des gens d’ici, ordinaires qui défendent leur ville, qui veulent seulement vivre. Pas exister, ils veulent seulement vivre.

1:07 Il se passe des choses horribles.

Par exemple, un incident a eu lieu récemment. Un avion de ligne volait, et un avion de l’armée ukrainienne s’est caché derrière.

Ensuite, il a descendu un peu et largué des bombes sur le quartier résidentiel de Semionovka.

Puis il a repris de l’altitude et s’est à nouveau caché derrière l’avion. Puis, il est parti.

Ils voulaient provoquer les rebelles pour qu’ils tirent un missile sur l’avion de ligne et qu’il y ait un grosse catastrophe. Des civils seraient morts.

Ensuite ils auraient dit que les terroristes l’ont fait. С’est faux.

1:55 Il n’y a que des gens ordinaires qui sont sortis de leurs maisons pour défendre leur ville.

Ils ne peuvent plus supporter ça. Combien de temps ça va durer ?

Ici, il y a des enfants, des personnes âgées, des vétérans de la Deuxième Guerre Mondiale qui doivent revivre ça.

N’avez vous donc pas d’humanité ?

Publiée le 18 juin – regardez ici

Source: http://www.les-crises.fr/une-resistante-de-sloviansk-accusait-le-18-juin-les-avions-de-larmee-ukrainienne-de-se-cacher-derriere-les-avions-civils/


[ENFIN] Fin du gouvernement d’extrême-droite de Kiev ! Vladimir Groïsman nouveau Premier Ministre par interim

Thursday 24 July 2014 at 20:37

ENFIN une bonne nouvelle (enfin, on verra pour la suite).

Le gouvernement de Kiev a enfin démissionné !

En fait le centre-droit et les néo-nazis ont quitté la majorité dans le but de provoquer des élections législatives anticipées, ce que souhaitait le président Porochenko. Et ce que ne souhaitait pas le Premier Ministre et le parti Patrie de Tymochenko.

Le nouveau Premier Ministre par intérim est Vladimir Groïsman, qui était Vice premier ministre, en charge de la politique régionale, de la construction et du logement. Jeune loup de 36 ans, maire de Vinnitsa, il a fait fortune dans l’agro-business et l’immobilier, et c’est un ami Petro Poroshenko. Il est très proche du gouvernement polonais.

Les faits du jour

KIEV, 24 juillet, 18h47 (Reuters) – Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a démissionné jeudi en reprochant notamment au Parlement de n’avoir pu voter une augmentation du budget militaire alors que les combats contre les séparatistes pro-russes font rage dans l’est du pays.

Quelques heures auparavant, deux partis avaient quitté la coalition majoritaire au Parlement afin de provoquer des élections anticipées qui permettront, selon eux, de “purger” la Rada des éléments proches du Kremlin.

Si elle ne change pas d’attitude, la classe politique ukrainienne risque de perdre le soutien des milliers de sympathisants qui ont rendu possible la “révolution de Maïdan” en février, a lancé Iatseniouk aux députés. “L’Histoire ne nous le pardonnera pas.”

Le président Petro Porochenko s’est félicité de l’initiative du parti nationaliste Svoboda et du parti Oudar de l’ancien boxeur Vitali Klitschko, qui ont annoncé dans la matinée qu’ils quittaient la coalition majoritaire au Parlement pour lui permettre d’organiser des élections anticipées.

“La société veut un renouvellement complet des autorités de l’Etat”, a déclaré le président dans un communiqué, ajoutant que le départ des deux partis de la coalition montrait que ceux-ci comprenaient bien quelle est la volonté du peuple.

Hommes politiques et militants dénoncent depuis la chute du dirigeant pro-russe Viktor Ianoukovitch le maintien de l’ancien Parlement alors que l’Ukraine s’est dotée d’un nouveau président.

“Nous pensons que dans la situation actuelle un tel Parlement, qui protège les criminels et les agents de Moscou, qui refuse de lever l’immunité de ces personnes qui travaillent pour le Kremlin, ne devrait pas exister,” a déclaré Oleh Tiahnibok, dirigeant du parti Svoboda.

Le Parlement a normalement trente jours pour tenter de mettre sur pied une nouvelle coalition, selon la constitution ukrainienne. Si ce n’est pas possible, le président pourra dissoudre l’assemblée et annoncer l’organisation de nouvelles élections.

(Natalia Zinets et Elizabeth Piper; Agathe Machecourt pour le service français)

Le Monde rajoute :

La dissolution de la coalition « aura des conséquences dramatiques pour le pays », a mis en garde Arseni Iatseniouk, dans un discours devant les députés. « Notre gouvernement n’a pas de réponse aux questions “avec quoi payer demain les salaires ? comment faire le plein de blindés et financer l’armée ?” (…) Qui votera des lois impopulaires ayant en tête les élections ? », s’est-il interrogé.

Un scrutin anticipé devrait permettre à M. Porochenko de se constituer une majorité solide, tirant profit de son succès à l’élection présidentielle, lors de laquelle il a obtenu près de 55 % des voix.

La suite des opérations

Vladimir Groysman a donc été nommé Premier Ministre par intérim.

Il a légalement 30 jours pour former une nouvelle coalition – mais il ne le fera pas.

Dans 30 jours, Petro Porochenko pourra convoquer de nouvelles élections 2 mois plus tard.

Les élections pourraient donc avoir lieu le 26 octobre (jour de mon anniversaire, mais c’est a priori sans lien :) )

Projections

J’ai cherché, mais je n’ai pas trouvé de sondage fiable pour les élections.

Il n’est pas dit qu’avec la suite du conflit et les réformes du FMI, la côte de Porochenko n’ai pas déjà bien pâli…

Voici la composition de la Rada d’il y a 3 mois :

Voici les résultats du 1er tour de la Présidentielle de mai 2014 – dont tout le monde parle :

election présidentielle ukraine 2014 presidential

Mais c’est comme en France (et même pire), ce n’est pas fiable du tout pour prédire des législatives (cf le score d’EELV, du FN ou du PS)

Voici un sondage robuste de mi-mai pour des Législatives – mais il faut vraiment en attendre de nouveaux… :

politique ukraine

On a donc :

On  a donc près de 10 % pour les 2 partis néonazis/fascistes, et donc 16 % pour les fascisants (avec les radicaux).

Sachant que bon nombre d’élus de Patrie seraient exclus du Front national pour extrémisme avancé…

On a donc facilement 25 % du corps électoral ukrainien qui vote pour des partis d’extrême droite ou carrément fascistes.

Voici par région :

politique ukraine

Soit ceci pour les 4 premiers :

politique ukraine

 

 

EDIT : Tiens, je viens de voir un sondage du 4 juillet, qui donne autre chose – mais il y a un problème, le parti du président Porochenko est peu connu et obtient très peu de  voix, ce n’est pas normal, il semble y avoir un biais dans le sondage. Voici les résultats sous cette grosse réserve :

Bref, il faudra attendre les prochains qui se feront en de meilleures conditions…

Mais le score de Lyachko est très inquiétant… On a déjà parlé plusieurs fois de lui – petit bonus

Moins costaud qu’il en à l’air :

Je rappelle enfin que le scrutin ukrainien est un mix de proportionnelle (environ 50 %) et de scrutin majoritaire uninominal à un tour (le premier en tête emporte le siège).

En fait, à ce stade, on peut penser que l’étoile de Porochenko a pâli, il semble que le parti Radical de Lyachko ait le vent en poupe, et le score du parti communiste sera plus faible, car ses électeurs sont surtout à l’Est (sympa l’élection en période de guerre… !!).

Conclusion

Difficile de prédire la suite des événements à ce stade.

Vu le mode de scrutin, il est peu probable que Porochenko ait la majorité à lui seul. Il pourrait l’avoir avec l’Oudar et des supplétifs, ce qui serait une bonne nouvelle si Patrie était exclu, mais il pourrait quand même s’allier avec.

Espérons que le départ des ministres de Svoboda sera définitif…. S’ils ne s’allient pas avec Patrie comme en 2012, ils auront peu de députés, sinon probablement à peu près autant que là.

Source: http://www.les-crises.fr/fin-du-gouvernement-kiev/


Crash du MH17 : la version des Américains (+entraide traduction)

Thursday 24 July 2014 at 04:00

Bon, ben voilà les preuves des Américains :  :)

Plus sérieusement, voici le communiqué de RIA après la conférence de presse à huis-clos sans preuves des Américains :

Washington présente sa propre version

MOSCOU, 23 juillet – RIA Novosti

Les représentants de la NSA ont tenu à Washington une conférence de presse à huis clos sur le crash du vol malaisien MH17 en Ukraine, écrit mercredi le quotidien Kommersant.

Selon les renseignements américains, l’avion aurait été abattu depuis le territoire des forces d’autodéfense, très probablement par erreur. Les renseignements américains n’ont pas réussi à prouver l’implication des forces russes dans le crash de l’appareil. Les Etats-Unis ont qualifié “d’inconsistantes” les informations présentées par le ministère russe de la Défense sur la catastrophe, sans pour autant fournir leurs propres preuves documentées.

La NSA a, pour la première fois, dévoilé aux journalistes sa version du crash du Boeing 777 malaisien. La conférence de presse s’est tenue à huis clos: les journalistes avaient le droit d’utiliser les informations obtenues mais l’interdiction de se référer à des personnes concrètes dans leur article.

D’après les communiqués des agences de presse américaines et européennes dont les représentants étaient présents à cette conférence de presse, les Etats-Unis sont persuadés que l’avion a été abattu par un missile sol-air du système Bouk (SA-11) lancé depuis le territoire contrôlé par les forces d’autodéfense. Les USA ignorent qui exactement a abattu l’appareil, mais sont enclins à penser que les indépendantistes auraient pu le faire “par erreur”. Selon les USA, les forces d’autodéfense avaient abattu plus tôt 12 avions de l’armée ukrainienne.

Les représentants de la NSA ont reconnu ne pas disposer de preuves de l’implication de la Russie dans le crash de l’avion: d’après eux, les Etats-Unis n’ont pas d’informations sur la présence de Russes sur les lieux du lancement ni sur le fait que les opérateurs de la DCA aient été formés en Russie. “Nous ne connaissons pas le nom de celui qui a appuyé sur le bouton, nous ignorons son grade et nous ne sommes même pas sûrs à 100% de sa nationalité”, aurait ainsi révélé un représentant de la NSA, cité par l’agence Associated Press.

Dans le même temps, les représentants de la NSA ont déclaré que la Russie avait “créé les conditions” ayant conduit à la catastrophe aérienne en Ukraine. Ils ont accusé la Russie de fournir des armes aux forces d’autodéfense, y compris des armes antiaériennes et des chars. Toutefois, selon l’un des orateurs, avant le crash du Boeing les Etats-Unis ignoraient que les forces d’autodéfense disposaient de systèmes Bouk.

La NSA a qualifié “d’inconsistantes” les données des militaires russes sur les événements du 17 juillet. Le ministère russe de la Défense avait présenté lundi ses arguments pour expliquer que le Boeing malaisien aurait pu être abattu par l’armée ukrainienne. A titre de preuve, le ministère avait publié les photos satellite de l’endroit où se situe la DCA ukrainienne, prises du 14 au 18 juillet.

Par ailleurs, les représentants de la NSA ont refusé de fournir aux journalistes des preuves documentées pour appuyer leurs conclusions. Selon eux, les conclusions de la NSA se basent sur les photos satellites, les conversations interceptées et les réseaux sociaux.

Voici l’analyse du Saker

The most pathetic case of backpedaling I have seen in my life

Check out this story by AP and compare the lame, pathetic and self-evident nonsense of these so-called “intelligence officials” offer with the hard fact based presentation of the Russian Air Force Chief of Staff.

Here is the full article with my comments in blue.

WASHINGTON (AP) — Senior U.S. intelligence officials said Tuesday that Russia was responsible for “creating the conditions” that led to the shooting down of Malaysia Airlines Flight 17, but they offered no evidence of direct Russian government involvement

The intelligence officials were cautious in their assessment, noting that while the Russians have been arming separatists in eastern Ukraine, the U.S. had no direct evidence that the missile used to shoot down the passenger jet came from Russia.

The officials briefed reporters Tuesday under ground rules that their names not be used in discussing intelligence related to last week’s air disaster, which killed 298 people.

The plane was likely shot down by an SA-11 surface-to-air missile fired by Russian-backed separatists in eastern Ukraine, the intelligence officials said, citing intercepts, satellite photos and social media postings by separatists, some of which have been authenticated by U.S. experts.

But the officials said they did not know who fired the missile or whether any Russian operatives were present at the missile launch. They were not certain that the missile crew was trained in Russia, although they described a stepped-up campaign in recent weeks by Russia to arm and train the rebels, which they say has continued even after the downing of the commercial jetliner.

In terms of who fired the missile, “we don’t know a name, we don’t know a rank and we’re not even 100 percent sure of a nationality,” one official said, adding at another point, “There is not going to be a Perry Mason moment here.”

White House deputy national security adviser Ben Rhodes said the U.S. was still working to determine whether the missile launch had a “direct link” to Russia, including whether there were Russians on the ground during the attack and the degree to which Russians may have trained the separatists to launch such a strike.

We do think President Putin and the Russian government bears responsibility for the support they provided to these separatists, the arms they provided to these separatists, the training they provided as well and the general unstable environment in eastern Ukraine,” Rhodes said in an interview with CNN.

He added that heavy weaponry continues to flow into Ukraine from Russia following the downing of the plane.

The intelligence officials said the most likely explanation for the downing was that the rebels made a mistake. Separatists previously had shot down 12 Ukrainian military airplanes, the officials said.

The officials made clear they were relying in part on social media postings and videos made public in recent days by the Ukrainian government, even though they have not been able to authenticate all of it. For example, they cited a video of a missile launcher said to have been crossing the Russian border after the launch, appearing to be missing a missile.

But later, under questioning, the officials acknowledged they had not yet verified that the video was exactly what it purported to be

Despite the fuzziness of some details, however, the intelligence officials said the case that the separatists were responsible for shooting down the plane was solid. Other scenarios — such as that the Ukrainian military shot down the plane — are implausible, they said. No Ukrainian surface-to-air missile system was in range. (That is a lie as proven by the Russian satellite imagery and signal intercepts which prove that they Ukies had plenty of batteries freshly brought right next to the combat zone even though the Novorissians had just one Su-25 close air support aircraft in their entire inventory)

From satellites, sensors and other intelligence gathering, officials said, they know where the missile originated — in separatist-held territory — and what its flight path was. But if they possess satellite or other imagery of the missile being fired, they did not release it Tuesday. A graphic they made public depicts their estimation of the missile’s flight path with a green line. The jet’s flight path was available from air traffic control data.

In the weeks before the plane was shot down, Russia had stepped up its arming and training of the separatists after the Ukrainian government won a string of battlefield victories. The working theory is that the SA-11 missile came from Russia, although the U.S. doesn’t have proof of that, the officials said.

U.S. Ambassador to the U.N. Samantha Power said last week that “because of the technical complexity of the SA-11, it is unlikely that the separatists could effectively operate the system without assistance from knowledgeable personnel. Thus, we cannot rule out technical assistance from Russian personnel in operating the systems,” she said.

Asked about evidence, one of the senior U.S. intelligence officials said it was conceivable that Russian paramilitary troops are operating in eastern Ukraine, but that there was no direct link from them to the missile launch.

Asked why civilian airline companies were not warned about a possible threat, the officials said they did not know the rebels possessed SA-11 missiles until after the Malaysian airliner was shot down(WHAT?  Even I knew this, just by reading the reports about the seized Buks, reports which even included photos.  They are really insulting our collective intelligence again!)

Photos

Tardivement, 4 photos ont été communiquées par les États-Unis, relayées en chien fidèle par le Washington Post :

Cela serait une base russe construite en Russie près de Rostov, qui aurait servi à entrainer des rebelles…

Ces 3 images sont censées représenter des lanceurs anti-aériens, prises en zone contrôlée par les rebelles…

(je veux jouer les types de mauvaise foi, mais enfin, on ne voit quand même pas grand chose, vous voyez des Bouk vous ? Quand à savoir où c’est pris…)

Euh, bon, on ne voit pas grand chose, et c’est un début d’information (mais ils viennent d’où, ils sont allés où et ils sont où aujourd’hui ???), mais ce qui est vraiment intéressant, ce sont des preuves de QUI a tiré le 17 juillet…

Chapeau pour la 1ère puissance d’espionnage au monde…

Enfin, à vous de vous faire votre opinion – ou à tout le moins de conclure qu’ile st bien impossible de s’en faire une…

EDIT : un lecteur du blog (merci à lui) a gentiment fait ce montage avec les dernières informations

La conférence de presse du 23/07

Elle est ici en anglais :

J’aimerais que vous m’aidiez à traduire le compte rendu officiel.

APPEL A L’ENTRAIDE TRADUCTION ANGLAIS -> FRANCAIS :

J’ai créé un pad ici, pour un travail en commun. Il faut traduire paragraphe par paragraphe. (TERMINÉ, merci !)

N’hésitez pas à participer et à vous corriger les uns les autres, pour avoir une belle traduction à la fin. :)

Source: http://www.les-crises.fr/crash-du-mh17-la-version-des-americains/


Crash du MH17 : la version des Russes

Thursday 24 July 2014 at 02:30

Un peu d’information à la source, pour que vous ayez de quoi vous faire votre propre opinion, en confrontant avec les autres versions…

La Conférence de presse du ministère russe de la défense du 21/07/2014

Intervention du chef de la Direction générale de la conduite des opérations, adjoint au chef d’Etat-Major des Armées de la Fédération de Russie, Andreï Kartopolov :

Mesdames et Messieurs les journalistes, Mesdames et messieurs,

Au sujet de l’écrasement le 17 juillet de l’avion civil “Boeing 777″ de la compagnie aérienne “Malaysian airlines”, en provenance d’ Amsterdam et à destination de Kuala Lumpur, est apparue une très grande quantité d’informations contradictoires.

Pour cette raison, le ministère de la défense considère comme indispensable de présenter les données objectives à disposition de l’état major des forces armées de la Fédération de Russie.

Ce schéma montre le couloir aérien que devait suivre le Boeing 777. Remarquez que jusqu’à Donetsk, l’appareil suivait le couloir prédéfini, ensuite il a dévié de sa route vers le Nord. Ainsi, l’éloignement de la limite gauche du couloir a atteint 14 kilomètres.

Ensuite, on constate le retour du Boeing 777 dans les limites du couloir aérien prédéfini. L’équipage malaisien n’a pas eu le temps de terminer la manœuvre entamée. À partir de 17:20, on mesure une baisse constante de la vitesse de l’avion et à 17:23 – l’avion disparait des écrans radars russes. Ce qui a provoqué la sortie du couloir aérien – une erreur de navigation de l’équipage, ou l’exécution d’un ordre donné par le contrôleur aérien ukrainien en charge de l’espace aérien à Dniepropetrovsk – on ne pourra le dire qu’après le décryptage des enregistreurs de vol, plus communément appelés “boîtes noires”, et des enregistrements des conversations du contrôle aérien.

Selon nos informations, le jour de l’écrasement du Boeing 777 malaisien, le groupement de défense anti-aérienne des forces armées ukrainiennes à proximité de la ville de Donetsk comptait 3 à 4 groupes d’artilleries (plusieurs batteries) de missiles sol-air de type « Bouk M1 ».

Ces systèmes sont capables de frapper des cibles à une distance de 35 km et une altitude allant jusqu’à 22 km. Pour quelle raison et contre qui un groupement de défense aérienne aussi puissant a-t-il été déployé à proximité de Donetsk par les autorités ukrainiennes ? En effet, il est de notoriété publique que les rebelles n’ont pas d’aviation.

Sur la carte, on voit que la trajectoire du vol, de même que le lieu présumé où le Boeing a été abattu, tombent dans la zone d’opération du complexe anti-aérien « Bouk M1 » des forces armées ukrainiennes.

Nous avons en notre possession des photos satellites des emplacements où se trouvaient les éléments de défense aérienne de l’armée ukrainienne dans le Sud-Est du pays.

Les trois premières photos datent du 14 juillet 2014 :

La photo 1 montre les lanceurs « Bouk » dans la zone située à 8 km au nord-ouest de Lougansk.

Sur la photo vous voyez clairement une installation de tir automotrice et deux lanceurs fixes.

La photo 2 montre des stations radar à 5 km au nord de Donetsk. On voit sur la photo deux stations radars, ainsi que différents équipements et ouvrages techniques.

La photo 3 montre la position des matériels de défense anti-aérienne dans la zone située au nord de Donetsk.

Sur la photo on voit clairement une installation de tir automotrice avec le lanceur tourné, près de 60 unités de différent matériels militaires et engins spéciaux, des abris pour les équipements et d’autres ouvrages techniques.

Voici la photo de la même zone, réalisée le 17 juillet.

Remarquez que ledit lanceur en est absent.

Sur la photo 5, on voit que dans la matinée de ce même jour une batterie « Bouk » se trouve dans la zone de la localité de Zarochtchinskoyé, située à 50 km à l’est de Donetsk et à 8 km au sud de Chakhtersk.

Une question se pose : comment se fait-il que la batterie se soit retrouvée dans cette zone, à proximité du territoire contrôlé par les insurgés et juste avant la tragédie ?

Les photos de cette région, prises le 18 juillet dans cette même zone (photo 6) montrent que la batterie a quitté la position qu’elle occupait précédemment.

En outre, c’est justement au 17 juillet que l’activité des stations radar 9S18 « Koupol M1 » du complexe « Bouk » a atteint son maximum.

Sur cette diapositive, vous pouvez voir que le 15 juillet 7 stations étaient actives, le 16 juillet – 8, et le 17 juillet leur nombre était alors de 9. Cependant le 18 juillet, l’activité radar s’est brusquement réduite, et maintenant tourne autour de 2-3 par jour. Il reste encore à déterminer à quoi cela est relié.

Je souhaite par ailleurs vous présenter les données concernant la situation aérienne dans la région de Donetsk ce jour là.

Sur cette diapositive, vous pouvez voir les données du contrôle durant la période entre 17h10 et 17h30, heure de Moscou.

Durant cette période, se trouvaient dans les airs trois appareils civils accomplissant des vols réguliers :
Le vol Copenhague Singapour à 17h17
Le vol Paris Taipei à 17h24
Le vol Amsterdam Kuala-Lumpur

De plus, les systèmes de contrôle aérien russes ont repéré la montée en altitude d’un appareil de l’armée de l’air ukrainienne, probablement un Su-25, en direction du Boeing 777 Malaisien. La distance séparant le Su-25 et le Boeing 777 était de 3 à 5 km.

D’après ses caractéristiques, le Su-25 est capable d’atteindre rapidement une altitude de 10000 m. Son armement de dotation comprend le missile air-air R60, capable d’intercepter et de détruire des objectifs sur une distance de 12 km, et avec 100% d’efficacité jusqu’à 5 km.

Pour quelle raison un appareil de combat volait-il sur une route aérienne civile, pratiquement au même moment et au même niveau qu’un avion de passagers ? On aimerait obtenir une réponse à cette question.

Ces informations sont confirmées par les images vidéo du fonctionnement, pendant cette période, du Centre zonal de Rostov du Système unifié de gestion du trafic aérien. Elles seront commentées par le chef d’Etat-Major des Forces aériennes, le général-lieutenant Igor Yourevitch Makouchev

Commentaire du chef d’Etat-Major des Forces aériennes, le général-lieutenant Igor Makouchev

Mesdames, messieurs,

Aujourd’hui l’agence fédérale du transport aérien nous a fourni des informations provenant du contrôle du centre régional de Rostov, du système unifié de l’organisation du transport aérien.

Sur cet enregistrement vidéo, on voit l’information du contrôle aérien sur la situation du ciel dans la région de Donetsk, entre 17h19 et 17h25 (heure de Moscou), le 17 juillet 2014.

Dans le coin en haut à gauche, le point correspondant au Boeing 772 (ndt 777-200), sur la route Copenhague – Singapour.

Sous ce point, le point correspondant au Boeing 777, sur la route Amsterdam – Kuala Lumpur.

À droite, le point correspondant au Boeing 778 (ndt : 777-800), sur la route Dehli – Birmingham.

Ces trois appareils sont sous constante surveillance de trois postes radar du ministère de la défense de la Fédération de Russie.

Le Boeing 777 se déplace en direction de la frontière avec la Fédération de Russie, et doit la traverser au point « TONAK ».

Le contrôleur aérien, contrôlant au préalable le vol de l’appareil, interroge en permanence ses paramètres de vol et les compare avec les données affichées.

À 17h20, à 51km de la frontière avec la Fédération de Russie et avec un cap de 300 degrés, l’avion a commencé à brutalement perdre de la vitesse, ce qui est visible distinctement sur le tableau des caractéristiques de l’objet en vol.

À une vitesse réduite de 200km/h, à 17h21 minutes et 35 secondes, à l’emplacement de la destruction du Boeing, apparaît un nouveau point correspondant à un objet volant.

Cet objet particulier est surveillé en permanence par les radars USTB – DONETSK et BOUTOURINSKOE 4 minutes durant.

Le contrôleur, tentant d’interroger les paramètres de vol de l’objet nouvellement apparu, ne peut les obtenir, puisque très probablement, l’appareil n’était pas équipé de système d’identification secondaire, ce qui est caractéristique des avions militaires.

La détection de cet appareil n’avait pas été possible auparavant, car le contrôle de la situation aérienne était réalisée par une veille radar ne pouvant localiser à cette distance qu’un appareil volant à une altitude supérieure à 5000 mètres.

La découverte de cet appareil n’a été possible que lorsque celui-ci a pris de l’altitude.

Les modifications ultérieures des paramètres de vol de cet objet montrent qu’il patrouille aux environs du point de chute du Boeing 777 et observe l’évolution de la situation.

Auparavant, les officiels ukrainiens avaient communiqué que ce jour-là aucun avion militaire ukrainien ne se trouvait sur les lieux de l’accident. Comme vous le voyez, ce n’est pas le cas.

Merci.

Intervention du chef de la Direction générale de conduite des opérations, adjoint du chef d’Etat-Major des Armées de la Fédération de Russie, Andreï Kartopolov :

Une question à nos collègues américains. D’après leurs déclarations, les USA disposeraient de clichés satellites confirmant que le missile a été lancé en direction de l’avion malaisien par les rebelles. Mais ces clichés, personne ne les a vus.

D’après nos calculs, un satellite américain est effectivement passé au-dessus du sud-est de l’Ukraine, le 17 juillet entre 17 h 06 et 17 h 21 (heure de Moscou). Il s’agit d’un appareil du système expérimental « CTCC », destiné à la détection et au suivi des lancements de missiles de différente portée. Si la partie américaine dispose de clichés réalisés par ce satellite, nous lui saurions gré de les mettre à la disposition de la communauté internationale pour une étude détaillée.

Hasard ou non, mais l’heure de la catastrophe ayant frappé le Boeing malaisien et l’heure où le satellite américain effectuait l’observation du territoire ukrainien coïncident.

En conclusion, j’aimerais souligner que nos informations se basent sur les données objectives et fiables des différents moyens techniques russes, à la différence des accusations sans fondement portées à notre encontre. J’en veux pour exemple la diffusion dans les médias des images montrant le transport sur une plate-forme d’un lanceur « Bouk-M1 » depuis le territoire ukrainien vers la Russie. C’est une manipulation évidente des faits.

Les clichés ont été réalisés dans la ville de Krasnoarmeïsk, comme le confirme le panneau publicitaire au bord de la route, où est indiquée l’adresse d’un concessionnaire automobile : 34, rue Dnepropetrovskaïa. Quant à Krasnoarmeïsk, depuis le 11 mai il se trouve lui-même sous le contrôle de l’armée ukrainienne.

De ce fait, nous avons une série de questions. De quel lanceur s’agit-il ? Où le transportait-on ? Où se trouve-t-il maintenant ? Pourquoi est-il chargé d’un ensemble de missiles incomplet ? Quand a-t-il été utilisé pour la dernière fois ?

Je terminerai mon intervention en soulignant que la Fédération de Russie n’a fourni aux rebelles ni de systèmes de missiles sol-air « Bouk-M4 », ni d’autres types d’armes ou de matériels militaires.

Les documents préparés par le Ministère de la Défense de Russie seront transmis aujourd’hui aux experts des pays européens et de la Malaisie. J’espère qu’ils pourront aider à conduire une enquête objective sur la tragédie survenue le 17 juillet dans le ciel de Donetsk.

Le Ministère de la Défense continuera à communiquer les informations concernant les nouveaux faits qui seront identifiés en relation avec la catastrophe aérienne du Boeing 777 malaisien.

Traduit en équipe pour le site www.les-crises.fr

Source vo ; Source vidéo, Source Photos

Les 10 questions de l’armée russe

Le vice-ministre russe de la Défense Anatoli Antonov a formulé dix questions “simples” auxquelles Moscou attend des réponses de la part de Kiev et sur lesquelles les médias occidentaux gardent le silence :

1- Immédiatement après la tragédie, les autorités ukrainiennes en ont tout naturellement attribué la responsabilité aux forces d’autodéfense [des fédéralistes]. Sur quoi fondent-elles ces accusations ?

2- Kiev peut-il fournir tous les détails sur l’utilisation des lanceurs de missiles Bouk [un système de défense antiaérienne composé de missiles sol-air couplés avec un module complexe de radar permettant de suivre plusieurs cibles aériennes en même temps] dans la zone des hostilités ? Et – ce qui est essentiel – pourquoi a-t-il déployé ces systèmes [de défense antiaérienne] alors que les insurgés n’ont pas d’avions ?

3- Pourquoi les autorités ukrainiennes ne font rien pour mettre en place une commission internationale ?

4- Les forces armées ukrainiennes accepteraient-elles que des enquêteurs internationaux dressent un inventaire de leurs missiles air-air et sol-air, y compris de ceux qui ont été utilisées ?

5- La commission internationale aura-t-elle accès aux données sur les mouvements des avions de guerre ukrainiens correspondant au jour de la tragédie ?

6- Pourquoi les contrôleurs aériens ukrainiens ont-ils autorisé l’avion à s’écarter de la route utilisée normalement vers le nord et à s’approcher de la dénommée « zone de l’opération antiterroriste » ?

7- Pourquoi l’espace aérien sur la zone de guerre n’avait-il pas été fermé aux vols civils alors que cette zone n’était même pas entièrement couverte par les radars des systèmes de navigation ?

8- Que peut dire officiellement Kiev sur les commentaires postés sur les réseaux sociaux par un contrôleur aérien espagnol travaillant en Ukraine sur la présence de 2 avions militaires ukrainiens qui auraient volé aux côtés du Boeing 777 sur le territoire de l’Ukraine ?

9- Pourquoi le Service de sécurité d’Ukraine [SBU] a-t-il commencé à travailler sur les enregistrements des communications entre les contrôleurs aériens ukrainiens et l’équipage du Boeing ainsi que sur les systèmes de stockage de données des radars ukrainiens sans attendre la participation d’enquêteurs internationaux ?

10- Quelles leçons l’Ukraine a-t-elle tirées de l’incident similaire survenu en 2001, lorsqu’un avion russe [de ligne] Tu-154 s’était écrasé en mer Noire ? À l’époque, les autorités ukrainiennes avaient nié toute implication des forces armées ukrainiennes jusqu’au moment où une évidence irréfutable avait démontré officiellement la responsabilité de Kiev.

Washington ignorera les questions de l’armée russe

WASHINGTON, 22 juillet – RIA Novosti

Le département d’Etat américain n’envisage pas de répondre aux questions de l’Etat-major de l’armée russe relatives au crash du Boeing 777 malaisien dans l’est de l’Ukraine, a annoncé lundi aux journalistes la porte-parole de la diplomatie US Mary Harf.

Selon cette dernière, les déclarations publiques de la partie russe ne méritent aucune confiance, Moscou étant impliqué “dans la propagande et la désinformation”.

Selon la diplomate américaine, les Etats-Unis restent fidèles à leur position selon laquelle les insurgés ukrainiens “possèdent un missile sol-air SA-11 (Bouk), le tir ayant été effectué depuis le territoire contrôlé par les séparatistes”, a indiqué la diplomate.

Elle a de nouveau accusé la Russie de livrer aux insurgés de l’est de l’Ukraine des armements, y compris des systèmes de DCA, précisant que d’après les informations du département d’Etat, les insurgés avaient reçu le missile en question le 14 juillet au plus tard.

L’Etat-major russe a publié lundi ses données sur le crash du Boeing. Selon lui, l’avion a dévié de l’itinéraire initialement prévu et une activité excessive des radars ukrainiens a été constatée près de la zone de la catastrophe. Par ailleurs, selon l’armée russe, un avion de combat ukrainien évoluait dans le couloir aérien réservé aux vols de l’aviation civile peu de temps avant le crash du Boeing malaisien.

Source: http://www.les-crises.fr/crash-du-mh17-la-version-des-russes/


[Misère intellectuelle] Ukraine – En vrac (24-07)

Thursday 24 July 2014 at 00:51

Comme il y a plein de choses, je groupe, en intercalant des images…

P.S. oui, je sais qu’il y a trop de billet sur le blog, mais bon, cette semaine ou jamais pour montrer la propagande de guerre à l’oeuvre…

Ukraine: l’UE pourrait classer les insurgés parmi les terroristes

BRUXELLES, 22 juillet – RIA Novosti

L’Union européenne examinera la proposition de Kiev de classer les forces d’autodéfense populaire dans l’est de l’Ukraine parmi les organisations terroristes, indique le document sur l’Ukraine adopté mardi par les chefs de diplomatie des pays membres de l’UE.

Selon ce document, les ministres des Affaires étrangères ont vivement condamné les “activités illégales” des combattants pro-russes dans l’est de l’Ukraine, qui ont fait de nombreux morts parmi les civils. Les ministres ont décidé d’étudier la possibilité de classer ces personnes parmi les membres d’organisations terroristes.

Le chef de la diplomatie polonaise Radoslaw Sikorski a déclaré à l’issue de la rencontre ministérielle que cette décision avait été adoptée à la demande de Kiev.

“A la demande du gouvernement ukrainien, nous avons chargé nos services juridiques de réunir des preuves et des éléments législatifs pour établir s’il faut ou non inclure la république populaire de Donetsk dans la liste des organisations terroristes”, a affirmé M.Sikorski.

Le ministre lituanien des Affaires étrangères Linas Linkevicius a à son tour déclaré que son pays jugeait nécessaire de qualifier d’organisations terroristes les républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk

 

Ukraine: les nationalistes veulent rétablir le statut nucléaire du pays

KIEV, 23 juillet – RIA Novosti

Le parti nationaliste Svoboda a soumis à la Rada suprême un projet de loi prévoyant le rétablissement du statut nucléaire de l’Ukraine auquel cette dernière a renoncé en 1993, indique un communiqué mis en ligne mercredi sur le site du parlement ukrainien.

Le texte du projet de loi n’est pas publié sur le site. Ce n’est pas la première fois qu’une telle proposition est formulée par les radicaux du parti Svoboda.

Membre de la coalition au pouvoir depuis le coup d’Etat à Kiev, ce parti est étroitement lié au groupe ultranationaliste Secteur droit. A l’heure actuelle, des partisans de ces formations radicales participent à la répression du mouvement de protestation dans l’est de l’Ukraine.

Après la chute de l’URSS, une partie considérable de l’arsenal nucléaire soviétique est restée sur le territoire de l’Ukraine. En 1993, Kiev a renoncé aux armes nucléaires en signant le mémorandum de Budapest. En contrepartie, la Russie, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont donné à l’Ukraine des garanties pour sa sécurité.

Ukraine: Porochenko décrète une mobilisation partielle

KIEV, 23 juillet – RIA Novosti

Le président ukrainien Piotr Porochenko a signé une loi ordonnant la mobilisation partielle dans le pays, lit-on mercredi sur le site présidentiel.

Cette mesure est expliquée par “la propagation des manifestations de terrorisme sur le territoire ukrainien, qui débouchent sur la mort de civils, de militaires et de membres des forces de l’ordre en Ukraine orientale”, ainsi que par la “concentration des forces dotées d’un potentiel offensif important sur le territoire de la Fédération de Russie à proximité de la frontière ukrainienne”, qui constitue “une menace pour l’indépendance de l’Etat ukrainien”.

Les autorités ukrainiennes mènent depuis le 15 avril une opération spéciale d’envergure dans le sud-est du pays en vue de réprimer la révolte populaire qui a éclaté suite au renversement du régime du président Ianoukovitch le 22 février dernier. Les forces armées ukrainiennes utilisent des blindés, des armes lourdes et des avions.

La semaine dernière, le président de la Rada suprême (parlement ukrainien) Alexandre Tourtchinov a appelé la communauté internationale à accorder une aide militaire à l’armée ukrainienne.

Crash / journaliste indélicat : excuses de Sky news

http://www.arretsurimages.net

La chaîne britannique Sky News a présenté ses excuses hier pour avoir diffusé l’image d’un de ses journalistes fouillant les valises des victimes du crash en Ukraine du vol MH17 de la compagnie Malaysia Airlines qui conduisait 298 passagers entre Amsterdam et Kuala Lumpur.

Crash en Ukraine : que peuvent montrer les télés ? s’interrogeait-on vendredi. Sûrement pas le contenu des valises des victimes comme l’a fait le présentateur de Sky News, Colin Brazier. Selon The Guardian, dans un reportage diffusé hier sur la chaîne britannique, le journaliste présent sur place a fouillé et montré à l’écran le contenu des bagages éventrés – y compris un ensemble de clés et une brosse à dents – avant de dire : “nous ne devrions pas vraiment faire cela, je suppose.”

Bronca immédiate des téléspectateurs mais aussi des confrères : la présentatrice de BBC Sport Jacqui Oatley s’est dite “totalement ahurie” par le geste de Brazier tandis que Shelagh Fogarty, de BBC Radio, l’a trouvé “consternant.” Selon elle, ces objets sont maintenant des choses sacrées pour les proches.

La chaîne et le présentateur se sont confondus en excuses.

Aujourd’hui, selon Le Monde, une équipe néerlandaise a rejoint les enquêteurs de l’Organisation de l’aviation civileinternationale (OACI), un organisme émanant de l’Organisation des Nations unies (ONU), ainsi que les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui, depuis vendredi, tentent d’analyser les restes de l’avion.

Des enquêtes fastidieuses car la zone est contrôlée par des séparatistes prorusses armés, soupçonnés par ailleurs par les Etats-Unis d’être responsables du tir du missile sol-air à l’origine du crash.

“Ennemi public numéro 1 de l’Ouest”

 Faut oser en plein affaire Snowden prouvant que la plupart des cadres français sont sur écoute des américains…

MH17 : ne pas jeter de l’huile sur le feu

Par Jean-Dominique Merchet, l’Opinion

Le drame du vol MH17 a brutalement transformé une guerre locale de faible intensité dans l’est de l’Ukraine en une affaire mondiale. Passé l’effet de sidération, il convient d’établir la réalité des faits : si des faisceaux de présomption pointent la responsabilité des séparatistes pro-russes pour le tir d’un missile sol-air et celle du gouvernement de Kiev pour avoir laissé les vols civils s’engager dans une zone de guerre, il faut comprendre exactement ce qu’il s’est passé et pour l’heure nous ne le savons pas.

De cette crise, le pire ou le meilleur peuvent sortir.

Le pire, c’est que chacun se laisse dominer par ses propres démons. A l’Ouest, c’est le “Haro sur Poutine” et la tentation est bien présente dans la presse ou chez les spécialistes… En Ukraine, c’est la volonté de règler par la force la crise politique dans l’Est face aux “bandits” et aux “terroristes” tout en précipitant l’Ouest dans l’affrontement avec Moscou. Chez les séparatistes de l’Est, c’est le triomphe des gros bras alcoolisés qui croient lutter contre une junte fasciste. A Moscou, c’est le durcissement face à l’Ouest et le discours souvent délirant des médias.

Chacun doit balayer devant sa porte et sortir de la logique binaire : si Poutine gagne, nous perdons. La réalité est malheureusement plus simple que cela : dans l’affaire ukrainienne, soit nous gagnons tous ensemble, soit nous perdons tous ensemble.

N’oublions pas que ce qui se déroule dans la région de Donetsk est la plus grave crise – un début de guerre – que l’Europe ait connu depuis l’effondrement de la Yougoslavie. Les morts se comptent déjà par centaines, dont les passagers et l’équipage du vol MH17.

Le meilleur peut également en sortir et la communauté internationale semble s’engager sur cette voie. Barack Obama, Vladimir Poutine, Angela Merkel – qui sont les acteurs majeurs d’une telle crise – peuvent comprendre qu’il est urgent de cautériser la plaie béante qui s’infecte dans l’Est de l’Ukraine. Et trouver une solution politique et diplomatique acceptable par toutes les parties, à l’exception des plus extrémistes de chaque camp.

Ce drame se déroule durant l’été 14. Il est temps de tirer les leçons d’un précédent été 14, quand la défiance et le bellicisme triomphèrent.

Propagande de guerre : le premier quotidien néerlandais appelle à une intervention pour protéger le site du MH17

Couvertures de tabloïds anglais accusant Poutine du crash du MH17

“Unes” de tabloïds anglais accusant Poutine à propos du crash du vol MH17

 

Le Telegraaf, le plus grand quotidien néerlandais a indiqué : « La coupe est pleine » (‘Maat is vol’), puis « Il nous faut intervenir ! » (‘Ingrijpen !’).

Source : http://www.zerohedge.com/news/2014-07-20/biggest-dutch-daily-calls-nato-intervention-protect-mh17-feinstein-tells-putin-man-a

 

… et dans le tabloïd français aussi, donc…

Ainsi va le monde des médias…

EDIT : vrac total, mais dans la série “vive 2014″, j’ai deux messages personnels : je souhaite la prompte libération du courageux journaliste Graham Phillips, de nouveau capturé, et un prompt  rétablissement à l’intègre Pascal Boniface suite à son agression…

Source: http://www.les-crises.fr/misere-intellectuelle-ukraine-en-vrac-24-07/


Débat sur France 24 avec le député PS Pierre-Yves le Borgn’

Wednesday 23 July 2014 at 18:00

J’ai débattu le 22 juillet sur France 24 avec le député PS Pierre-Yves le Borgn’ - sujet : le MH17

Conclusion : on est bien parlementé, la Paix est en sécurité…

Précision : il accuse, “les Américains montreront les preuves demain” : ben, étrangement, aujourd’hui ils ont réitéré leurs accusations (de façon bien plus modérée) dans une “conférence de presse à huis clos” sans montrer LA MOINDRE preuve (“faites nous confiance…”). Du lourd, quoi…

Source: http://www.les-crises.fr/debat-sur-france-24-mh17/


[Reprise] Qu’ont vu les satellites espions américains en Ukraine ?, par Robert Parry

Wednesday 23 July 2014 at 16:30

Le site vineyardsaker.fr m’ayant demandé de retirer ce billet qu’ils avaient traduit, je m’exécute donc, en m’excusant auprès d’eux.

 

Source: http://www.les-crises.fr/satellites-espions-parry/


[Jamais 2 sans 3 ?] Principe de précaution 2.0 : Malaysian Airlines a dérouté ses avions de l’Ukraine vers la Syrie…

Wednesday 23 July 2014 at 16:15

a Malaysia Airlines l’a appris de façon dramatique : il est dangereux de survoler l’est de l’Ukraine, touché par des conflits armés. Depuis le crash jeudi du vol MH17 reliant Amsterdam (Pays-Bas) à Kuala Lumpur (Malaisie), la compagnie malaysienne a revu son plan de vol. Problème : un appareil, qui a relié dimanche Londres (Angleterre) et la capitale de la Malaisie, a survolé brièvement la Syrie, indique Europe 1, lundi 21 juillet. A l’appui, les données publiées par le site Flightradar24.com, lequel affiche les plans de vols des compagnies aériennes en temps réel.

“Pour autant que nous sachions, le MH4 [entre Londres et Kuala Lumpur] a été le seul vol transcontinental à survoler la Syrie”, précise le site sur son compte Twitter. Il ajoute que rendre publique cette information a été ”une décision difficile à prendre, en raison de toute la publicité autour de la Malaysia Airlines”. La mort des 289 passagers et membres d’équipages vient, en effet, s’ajouter aux 239 personnes disparues en mars à bord du vol MH370 reliant Kuala Lumpur à Pékin.

Une zone désertée

Depuis le début de la crise syrienne en 2011, “l’immense majorité des vols de la région sont détournés pour éviter l’espace aérien syrien, avec d’importants surcoûts en temps et en argent”, relève Le Monde.fr (pour abonnés). Et de citer le site d’information Now Lebanon, relayé par Courrier international : des pilotes d’une compagnie libanaise assurent avoir ”vu de leurs propres yeux des roquettes qui se baladaient dans le ciel syrien, exposant tout avion se trouvant dans la zone à un risque extrême”. 

Certaines zones de conflits sont tout de même pratiquées, car on estime que les affrontements ont lieu au sol, et que les belligérants n’ont pas les moyens techniques d’attaquer des avions de ligne. “C’était, par exemple, le cas lors de certains conflits africains. On savait très bien que les forces au sol n’étaient pas équipées de missiles à longue portée, expliquait à francetv info Gérard Feldzer, expert en aéronautique. De même pour l’Afghanistan, qui continue d’être survolé. Pour l’Ukraine, on pensait la même chose. On s’est trompé.” 

La compagnie, dont l’image est fortement altérée par les récents événements, s’est néanmoins justifiée dans un communiqué. Selon elle, «l’espace aérien syrien n’était pas soumis à des restrictions. Tout au long du trajet, le MH004 était dans un espace aérien approuvé par l’ICAO (l’Organisation internationale de l’aviation civile)»

Source : FranceTVinfo, Le Parisien

Source: http://www.les-crises.fr/jamais-2-sans-3-mh/


La guerre américaine contre la Russie est déjà en cours, par Paul Craig Roberts

Wednesday 23 July 2014 at 02:53

Paul Craig Roberts interviewé par la Voix de la Russie le 27 juin 2014

Je rappelle que cet économiste et journaliste paléoconservateur américain a été sous-secrétaire au Trésor dans l’administration Reagan (1981-1982), et est un des pères fondateurs des Reaganomics. Il a également été rédacteur en chef adjoint au Wall Street Journal. Il est l’actuel président de l’Institute for Political Economy (Institut des sciences économiques). Sa vision décape, en général…

La Voix de la Russie : les médias américains se font l’écho d’un mécontentement croissant face à la politique étrangère du président Obama, tant du côté républicain que du côté démocrate. Lorsque le sénateur Ted Cruz a pris la parole à Washington au cours de la conférence de la Faith and Freedom Coalition, il a affirmé : « notre politique étrangère est en voie d’effondrement, et partout dans le monde, la situation empire ». Le dernier sondage New York Times/CBS News révèle une défiance croissante envers la politique du président, 58 % des Américains désapprouvant sa politique étrangère. Qu’est-ce qui met les Américains mal à l’aise ?

Paul Craig Roberts : il est fort possible que les Américains soient en train de se rendre compte qu’on leur ment. Il existe aujourd’hui d’autres sources d’information que les médias occidentaux anglophones. Pour prendre un exemple, le compte-rendu que les Etats-Unis présentent de l’Ukraine est un mensonge évident. Il faut du temps aux gens pour prendre conscience qu’on leur ment. Je pense que la majorité ne s’en apercevra jamais, mais qu’une proportion significative, elle, le fera.

Nombre de mécontents seraient dès lors mus par des motifs économiques domestiques. Ils réclameraient que les ressources dilapidées dans des guerres soient réallouées aux besoins intérieurs au lieu d’être affectées à des guerres et encore des guerres. Par exemple, la crise irakienne est réapparue et il y a de nombreux débats au sujet de l’envoi de troupes dans les pays baltes et en Europe de l’Est pour prévenir la « menace russe ».

Le contexte interpelle les gens dont les revenus stagnent, qui ne trouvent pas d’emploi, ou qui sont pénalisés par les lourdes dettes contractées pour financer leurs études, par les coupes sombres dans les indemnisations chômage, par les menaces qui pèsent sur la sécurité sociale, sur le système de santé publique (qui n’en est pas vraiment un, mais il y a des gens qui en ont besoin). Dans ce contexte, lorsque de nouveaux remous à l’étranger conduisent à de nouvelles guerres, nombre d’Américains y voient un surcroît de difficultés économiques. Cela fait maintenant treize ans que les Etats-Unis sont en guerre. Tout cela engloutit des trilliards de dollars sans résultat. Voilà la principale source de ressentiment : aux Etats-Unis, les gens souffrent pour des guerres en lesquelles ils ne croient plus.

VDLR : mais où se situe la logique de ces guerres interminables ?

PCR : elles ont plusieurs causes qui s’entretiennent mutuellement. L’une de celles-ci est que l’idéologie néoconservatrice est parvenue au sommet de sa puissance avec l’effondrement de l’Union soviétique. Cette idéologie part du principe que l’Histoire a placé les Etats-Unis à la tête de la planète, qu’il n’existe pas d’alternative au système politico-économique américain, et que ce choix de l’Histoire confère aux Etats-Unis une prérogative hégémonique mondiale.

Il s’agit là d’une idéologie radicale, la plus radicale que les Etats-Unis aient jamais connue.

Il y a une seconde raison : le complexe militaro-sécuritaire. Il s’agit là d’un groupe d’intérêts privés d’une taille et d’une puissance impressionnantes, qui englobe des composantes étatiques comme les agences de sécurité – CIA, Département de la sécurité intérieure, FBI, Pentagone. Chaque année, il absorbe des centaines de milliards de dollars, peut-être bien près d’un trilliard.

Pour ce groupe d’intérêts, cet argent est crucial. Une partie de l’argent du contribuable est recyclée, retourne au Congrès, aux candidats à la présidence sous forme de contributions aux campagnes électorales, garantissant leur élection et leur réélection. Il s’agit là d’un deuxième puissant levier, dont les intérêts matériels sont alimentés par les guerres et les menaces de guerres.

Et il y a un troisième puissant groupe d’intérêts, le lobby israélien. Nombre de néoconservateurs sont Juifs, voire citoyens américains-israéliens. Presque tous sont très proches d’Israël. Par ailleurs, l’idéologie néoconservatrice d’hégémonie américaine va de pair avec ces treize ans de guerres au Moyen Orient. En effet, ces guerres présentent l’avantage subsidiaire d’éliminer des états arabes non alignés avec les Etats-Unis et Israël et qui, au Moyen Orient, sont des garde-fous potentiels contre la politique expansionniste d’Israël.

Ces trois facteurs forment un tout, s’inter-entretiennent et impliquent globalement les mêmes individus.

VDLR : ainsi, vous affirmez que cette politique est conçue, pour l’essentiel, par un lobby israélien. Pourtant, la politique américaine au Moyen Orient peut être à double tranchant pour Israël.

PCR : effectivement, cette politique possède un effet pervers. Certains analystes ont tenté d’avertir les néoconservateurs du caractère artificiel des frontières moyen-orientales, que l’on retrouve en Afrique, où les frontières ont été tracées par les colonisateurs européens, essentiellement Anglais et Français. Vous avez donc des pays qui comportent une majorité chiite et une minorité sunnite, et des pays qui présentent la configuration inverse, une majorité sunnite et une minorité chiite. Cela rappelle les frontières africaines, dont le tracé a placé dans le même pays deux tribus rivales, traditionnellement ennemies. Ces frontières n’ont pas grand sens. Il n’y a que des Occidentaux ignorants pour en être les artisans.

Le choc entre branches de l’Islam a été étouffé par des régimes laïcs forts comme celui de Saddam Hussein ou celui d’Assad en Syrie. En renversant ces gouvernements, on ranime le conflit.

Sans surprise, l’ISIS – ou ISIL – veut redessiner les frontières [NDT : Islamic State of Iraq and Syria ou encore Islamic State of Iraq and the Levant]. En cas de succès islamiste, une partie des territoires de Syrie et d’Irak formera un nouvel état. S’il est encore trop tôt pour dire s’ils réussiront ou non, il existe néanmoins une dynamique créative qui s’affranchit des artifices mis en place par les empires coloniaux.

L’une des raisons pour lesquelles l’éclatement de l’Irak et de la Syrie n’a pas été perçu comme un risque pour Israël est que les stratèges israéliens et néoconservateurs se sont dit : c’est tout bénéfice ; si nous brisons ces états et qu’ils implosent, eh bien cela fera autant d’états constitués en moins pour mettre des bâtons dans les roues d’Israël.

Sur les ruines de l’Irak et de la Syrie se dresseront des factions en guerre, tout comme en Libye aujourd’hui. Or un Etat dépourvu de gouvernement central cesse d’être une menace pour Israël. Nous encourageons donc la destruction de ces entités politiques opposées au rapt de la Palestine par Israël. L’Irak n’a plus de gouvernement, il n’a plus que des factions en guerre, tout comme la Libye, ou comme la Syrie où Washington agit de manière identique.

Voilà comment les Israéliens et les néoconservateurs voient les choses. Ces insensés ne voient aucune menace dans la destruction d’états musulmans laïcs, ils n’y voient que la dislocation de pays unifiés susceptibles de présenter une forme ou une autre d’opposition aux desseins israéliens et américains.

VDLR : mais alors, le gouvernement et les institutions étatiques se verraient-ils remplacés par des mouvances politiques paramilitaires, celles-là même que nous qualifions d’extrémistes et auxquels nous faisons face aujourd’hui ? Ces entités ne représenteraient-elles pas une menace encore plus grande que celle de gouvernements constitués ? Ou bien ces gens croient-ils qu’ils sont capables de les contrôler plus ou moins ?

PCR : non, ils ne peuvent pas les contrôler. Oui, ces mouvances sont dangereuses, parce qu’elles ne sont pas laïques. Certains d’entre nous avaient prévenu, mais nous avons été ignorés parce que les Israéliens et les néoconservateurs voyaient en la dislocation de ces pays l’affaiblissement d’une menace.

VDLR : l’idéologie néo-conservatrice et son credo de mission universelle tels que vous les avez dépeints ne présentent-t-ils pas d’étonnantes similitudes avec, l’idéologie marxiste communiste ?

PCR : Oui, absolument. L’histoire a investi les Etats-Unis d’une mission. Aux yeux des marxistes, c’est le prolétariat qui joue ce rôle. Aux yeux des néoconservateurs, c’est Washington.

VDLR : ces deux idéologies auraient-elles une racine commune ?

PCR : non, je le pense pas ; mais leurs conséquences sur le monde sont comparables parce dans les deux cas, le pays qui professe cette idéologie est animé d’une volonté de s’imposer à d’autres pays et de s’y implanter, parce qu’il se perçoit comme le référent légitime. C’est en ce sens que les idéologies marxiste et néoconservatrice sont comparables, même si leurs racines sont distinctes.

Je note par ailleurs que cette notion de monde unipolaire et d’unique superpuissance américaine va dans le sens des intérêts de la finance. Je les ai éludés dans mon triptyque, mais ils en sont en quelque sorte un quatrième élément, du fait de l’hégémonie financière américaine actuelle. Cette hégémonie financière est ce qui permet à Washington d’imposer des sanctions à d’autres pays.

Si votre devise n’est pas la devise planétaire et que vous n’êtes pas aux manettes du système mondial de paiements, vous ne pourrez imposer de sanctions. Ce pouvoir de sanction place vos institutions financières en position de primauté sur les institutions des autres pays. L’idéologie que j’évoque séduit également Wall Street et les grandes banques, parce qu’elle leur garantit de même l’hégémonie.

VDLR : cela m’incite à m’interroger : tout ce qu’ont fait les Etats-Unis ces dix bonnes dernières années n’a fait que renforcer la Chine, que les Etats-Unis semblent identifier comme leur premier adversaire. Etait-ce là un calcul, ou était-ce involontaire ? Vous évoquez le système financier. Les Chinois commencent à envisager de promouvoir leur propre devise comme nouvelle monnaie de réserve sur le marché mondial. Cela est largement le résultat de toutes ces crises provoquées par les Etats-Unis.

PCR : ce que les Etats-Unis ont fait, et qui a apporté à la Chine son démarrage économique, a été de délocaliser les emplois de l’industrie manufacturière. Celle–ci a été transférée à l’étranger par les capitalistes, sous la pression de Wall Street, dans le but d’abaisser le coût du travail et d’atteindre des gains plus élevés pour les actionnaires, pour Wall Street et pour les dirigeants via les bonus. Du point de vue des intérêts nationaux, il s’agissait là d’une politique à très courte vue, mais elle allait dans le sens des intérêts de Wall Street et dans celui des intérêts individuels des dirigeants des grandes sociétés.

Une fois que la Chine a capté la technologie américaine et le savoir-faire américain en affaires, elle s’est trouvée libérée de la prééminence économique américaine. De fait, en termes d’industrie manufacturière, la Chine possède maintenant une économie beaucoup plus puissante que celle des Etats-Unis.

Un autre facteur a contribué à affaiblir le système économique américain : l’essor de l’Internet à haut débit. Il est maintenant possible, dans le domaine des professions de services comme l’ingénierie, le développement logiciel, l’informatique, ou tout type de travail ne nécessitant pas d’être effectué sur site, de réaliser celui-ci n’importe où dans le monde puis de le livrer via l’internet à haut débit.

Cela a permis à des pays comme l’Inde et la Chine de positionner leurs prestataires à des postes jusque-là occupés par des diplômés d’universités américaines. Une fois de plus, il y a là une réduction des coûts pour les grandes sociétés, cela plait à Wall Street, cela optimise les profits.

C’est de là que provient l’essor de la Chine. C’est une conséquence involontaire de la globalisation. Là encore, certains d’entre nous ont prévenu, cela fait dix ou quinze ans que je mets en garde, mais ils n’écoutent pas. Ils disent – bah, tout cela n’est que du libre échange, cela nous sera profitable d’une manière ou d’une autre. Il est évident qu’ils avaient tort, ce n’est pas du libre-échange et nous n’en avons pas tiré profit.

VDLR : cela implique-t-il que, si l’on met en regard les intérêts des grandes sociétés et les intérêts nationaux, les intérêts nationaux pourraient bien être de plus en plus perdants face aux grandes entreprises ?

PCR : il n’y a plus d’intérêt national américain au sens propre du terme. Il y a l’intérêt de ces puissants groupes d’intérêts. De récentes études menées par des universitaires ont conclu que la population américaine est quantité négligeable dans les décisions politiques gouvernementales. La conclusion de cette étude, qui s’est penchée sur des milliers de décisions gouvernementales, est que le peuple américain compte pour zéro dans le processus de décision politique.

Autrement dit, en ce qui concerne la prise en compte de l’intérêt de la population ou de l’intérêt national, rien n’est fait. Ce qui est fait l’est au profit d’une demi-douzaine de puissants groupes d’intérêts. Je vous ai parlé des quatre qui sont selon moi les plus puissants en termes de politique étrangère.

Sous cet angle, les Etats-Unis se vulnérabilisent de nombreuses manières. Voyez par exemple la politique économique. Cela fait des années que pour soutenir une poignée de grandes banques, la Réserve fédérale crée des trilliards de dollars, de nouveaux dollars.

Cette création de dollars dévalue les dollars déjà existants détenus par des gens du monde entier. Ces gens observent et se demandent : que vont valoir mes actifs en dollars si la Réserve fédérale crée autant de nouveaux dollars chaque année ?

De là est née l’idée de sortir du dollar comme monnaie de réserve mondiale. Lorsque la valeur réelle des instruments financiers libellés en dollars est menacée et que cela s’ajoute à l’intimidation financière de pays souverains par Washington, la dynamique pour trouver un autre mécanisme que le dollar pour régler les transactions internationales est renforcée.

Sans surprise, les Chinois ont déclaré qu’il était temps de désaméricaniser le monde. Les Russes ont récemment affirmé que nous avions besoin de dédollariser le système de paiement. Nous avons donc cet accord entre la Russie et la Chine, portant sur le grand contrat énergétique qui va se faire hors du système de paiements en dollars.

Nous voyons les BRICS, ces cinq pays – Inde, Chine, Russie, Brésil et Afrique du Sud ; ils parlent de régler leurs déséquilibres commerciaux [sic] en leurs propres devises, et même de créer entre eux une banque sur le modèle du FMI et de la Banque mondiale.

Voilà donc les évolutions nées du mauvais usage du dollar comme monnaie de réserve mondiale. Washington utilise le dollar pour intimider, pour sanctionner, pour apporter à ses institutions financières l’hégémonie sur les autres. Avec le temps, tout cela engendre l’animosité et le malaise. Si vous ajoutez à cela tous les nouveaux dollars que la Réserve fédérale crée depuis 2008, vous obtenez une grave problématique financière. Les Etats-Unis ont donc compromis leur position.

VDLR : jusqu’à quel point pensez-vous que les Etats-Unis sont prêts à se mobiliser pour défendre le dollar ? Ou alors tous ces groupes d’intérêts ne voient-ils plus l’intérêt de protéger cette devise-là ? Peut-être ont-ils déjà pris certaines précautions ?

PCR : du point de vue du pouvoir de Washington, la perte du statut de monnaie mondiale serait dévastatrice parce que c’est précisément là que se situe l’assise du pouvoir. C’est de là que Washington tient son hégémonie financière et c’est pour cela que Washington peut imposer des sanctions à des pays souverains. Par conséquent, si Washington voit ce statut lui échapper, si le dollar cesse d’être la monnaie de réserve mondiale, nous assisterons à un profond affaiblissement du pouvoir de Washington.

Tous ces groupes d’intérêts qui profitent du pouvoir de Washington verraient là un handicap. Evidemment, la plupart de ces grands sociétés sont aujourd’hui globales, c’est-à-dire transnationales, et il est bien possible qu’elles aient des comptes bancaires dans de nombreux pays.

VDLR : mais enfin, jusqu’à quel point Washington est-il prêt à s’impliquer ? Pourrait-il se permettre une nouvelle guerre ? Lorsqu’en 2000, Saddam Hussein a essayé de remettre le dollar en question, il a payé le prix fort, comme chacun sait. Aujourd’hui, alors que la Chine, la Russie et d’autres pays commencent à envisager sérieusement l’idée, quels risques courent-ils ?

PCR : ils courent un risque. Nous savons déjà que les Etats-Unis ont annoncé un redéploiement de 60 % de la marine américaine vers la mer de Chine méridionale afin de contrôler les flux de ressources dont dépend la Chine. Les Etats-Unis sont en train de signer des contrats de construction pour un réseau de nouvelles bases aériennes et navales qui s’étend des Philippines au Vietnam, dans le but de menacer les voies maritimes d’approvisionnement de la Chine, voire même de les couper [NDT : précision apportée par M. Roberts postérieurement à l’interview].

Au cours de ce siècle, nous avons vu les Etats-Unis se retirer du traité ABM [NDT : missiles anti-missiles] signé avec la Russie. Nous les avons vus mettre au point un système ABM et commencer à le déployer aux frontières de la Russie. La raison d’être d’un ABM est de neutraliser la dissuasion stratégique de l’autre pays.

Nous avons vu les Etats-Unis réorienter leur doctrine militaire, les armes nucléaires n’ayant plus pour finalité de répliquer à une attaque, mais d’être désormais une force de première frappe préventive. Cela est clairement dirigé contre la Russie. Or, l’Ukraine est sur la route de la Russie. La guerre est donc déjà entamée, elle est en cours. Là est la signification de ce qui se passe en Ukraine : contre la Russie, c’est la guerre.

La guerre contre la Chine est, quant à elle, en préparation. Les Etats-Unis prennent parti pour tout pays qui vient à se trouver en désaccord avec la Chine, même si c’est sur des sujets mineurs qui ne concernent absolument pas les Etats-Unis.

Les Etats-Unis sont en train d’encercler les deux pays avec des bases militaires. Ils veulent intégrer la Géorgie, patrie de Joseph Staline, et qui a fait partie de la Russie pendant deux ou trois siècles, ils veulent l’intégrer à l’OTAN. Ils vont intégrer l’Ukraine à l’OTAN.

Washington a trahi tous les accords que Reagan et Gorbatchev avaient eus sur la non-expansion de l’OTAN en Europe de l’Est. Aujourd’hui, l’OTAN a atteint les pays Baltes et toute l’Europe de l’Est. Les ex-membres du Pacte de Varsovie font maintenant partie de l’OTAN.

Il est donc clair que la guerre est déjà en cours. Les Etats-Unis s’y préparent depuis des années. Quant aux Russes, ils ne peuvent que le savoir. S’ils ne le savent pas, ils sont dans de sales draps.

VDLR : les Etats-Unis peuvent-ils se permettre [cette guerre] ?

PCR : bien sûr ! Evidemment ! La devise de réserve est là pour payer les factures en imprimant de la monnaie.

VLDR : mais vous l’avez indiqué, cela comporte de sérieux risques.

PCR : tant que le statut de monnaie de réserve est préservé, il n’y a pas de limite. Récemment, j’ai lu qu’un conseiller de Poutine avait affirmé que la Russie avait besoin de quelque alliance avec d’autres pays pour faire basculer le statut du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale, et que c’était là l’unique manière de stopper l’agression militaire de Washington. Eh bien, il a parfaitement raison. Mais une question demeure : peuvent-ils mettre en œuvre aussi vite quelque chose qui marche ? En effet, l’Europe est un état fantoche américain. Les gouvernements européens ne sont pas plus indépendants que la Hongrie ou la Tchécoslovaquie ne l’étaient du parti communiste soviétique. Quant au Japon, il est lui aussi un état fantoche et non un pays indépendant.

Or, si l’euro et le yen soutiennent le dollar, la position de ce dernier reste plutôt confortable. Cela ne va pas être simple pour la Russie, pour la Chine ou pour quiconque souhaite avancer vers une solution rapide.

Par ailleurs, regardez ce qui s’est passé en Ukraine. La Russie n’avait d’yeux que pour les jeux olympiques, et les Etats-Unis se sont emparés de l’Ukraine. La Russie n’a pas pris garde ; les jeux de Sotchi semblaient plus importants. Et qu’est-ce qui s’est produit ? Washington a avancé et s’est emparé de l’Ukraine. Le gouvernement russe et le leadership de Poutine sont maintenant confrontés à un problème énorme.

Poutine a demandé à la Douma d’abroger le droit de déployer des troupes russes en Ukraine. D’évidence, il agit avec une grande retenue. Il tente d’éviter le conflit. Il réalise certainement que le conflit sera beaucoup plus dangereux pour tout le monde que les néoconservateurs de Washington ne le croient.

Mais la question est : Poutine pourra-t-il éviter le conflit ? Que va-t-on penser à Washington ? Pensera-t-on : « Ah, que voilà un homme raisonnable, discutons donc avec lui ». Ou bien pensera-t-on : « voyez comme il a peur, la Russie est faible, on peut y aller ! »

VDLR : intéressant ! Je me souviens que George W. Bush, lors d’une interview au Wall Street Journal vers la fin de son second mandat, a dit à propos de Poutine quelque chose qui, dans sa bouche, paraissait surprenant. Il a dit que Poutine n’avait jamais trahi une seule des promesses qu’il lui avait faites. Ce jugement était plus positif que négatif.

PCR : Je pense qu’il disait vrai. Cependant, voyez-vous, la propagande de Washington est déconnectée des faits. Elle n’a pas d’équivalent. Washington est capable de justifier tout et n’importe quoi. Poutine n’en est pas capable. Les Américains sont persuadés que les troubles en Ukraine sont du fait de Poutine, qu’il a envahi, annexé, que c’est lui qui est aujourd’hui derrière tout ce qui se passe en Ukraine du sud-ouest ; que tout ça, c’est la faute à une Russie menaçante contre laquelle nous devons nous armer. Washington ressuscite la Guerre froide qui l’avait opposé à l’Union soviétique.

Il s’agit là d’une excellente opportunité pour alimenter le complexe militaro-sécuritaire américain avec l’argent du contribuable. Et d’une certaine manière, c’est moins risqué qu’une guerre, car les guerres d’Irak et d’Afghanistan ont mal tourné. Mais si on a la possibilité d’une Guerre froide sans combattre soi-même, on peut la faire durer des années, comme cela a été le cas pour la Guerre froide avec l’Union soviétique. C’est d’ailleurs la Guerre froide qui a engendré le complexe militaro-sécuritaire américain.

C’est tout au moins une ligne rouge pour Washington. Néanmoins, je ne suis pas certain que l’on puisse attendre de Washington le bons sens d’éviter de transformer l’invasion de l’Ukraine en guerre chaude. Cela dit, il paraît difficile de croire que Washington puisse s’engager dans une guerre chaude contre la Chine et la Russie. Il s’agit là de deux pays vastes et puissants dotés d’armes nucléaires.

Mais beaucoup de choses difficiles à croire se sont réellement produites. Il arrive souvent que les gouvernements succombent aux sirènes de leur propre propagande. Et il est clair qu’à Washington quelqu’un est persuadé qu’une guerre nucléaire est gagnable, parce que sinon, à quoi bon modifier la doctrine de guerre pour que les armes nucléaires cessent d’être des armes de représailles et deviennent une arme de première frappe ? Pourquoi construire des missiles anti-missiles et les déployer à la frontière de la Russie et sur des navires en mer Noire et en mer de Chine méridionale ?

Il est certain qu’à Washington, il y a des gens pour croire que les Etats-Unis peuvent gagner une guerre nucléaire. Dans les faits, un article a été publié il y a quelques années dans Foreign Affairs, le magazine de réflexion du Council on Foreign Relations – un aréopage influent d’analystes en stratégie et d’ex-responsables gouvernementaux. Il y était affirmé que les Etats-Unis avaient une telle avance sur la Russie en matière d’armement nucléaire que nous pourrions sans difficulté attaquer la Russie sans risquer de représailles. Il y a des gens qui pensent réellement cela.

VDLR : mais cette expérience pourrait nous coûter une planète.

PCR : Tout à fait ! Mais voyez la Première Guerre mondiale. Voyez combien d’empires elle a couté. Elle a coûté au tsar la Russie et son empire. Elle a coûté l’empire austro-hongrois, qu’elle a détruit. Elle a abattu la dynastie régnante allemande. La guerre a laissé la Grande-Bretagne dépendante de l’aide financière américaine.

VDLR : Certes, mais il n’y avait pas d’armes nucléaires à l’époque.

PCR : une vaste propagande affirme que les armes nucléaires peuvent réellement être utilisées. Je tente de la combattre. J’ai récemment mis en ligne sur mon site web des articles de scientifiques qui démontrent qu’il ne peut pas y avoir de vainqueur.

VDLR : je reste bouche bée devant la manière dont le Département d’Etat gère sa propagande ; on n’y trouve pas la moindre argumentation. Comment est-ce possible ? Ne prennent-ils même plus la peine de paraître crédibles ?

PCR : c’est ça, le pouvoir. Comment fonctionne la politique étrangère américaine ? Toujours sur la coercition, les menaces, le chantage ou la corruption. Si un pot-de-vin ne fonctionne pas, on recourt à la menace. Je m’explique ; l’un des objectifs que poursuit la NSA en espionnant toute la planète est de se placer en position de pouvoir faire chanter n’importe quel dirigeant politique. Ils font cela très bien. Tout le monde ayant quelque chose à cacher, ils recourent aux pots-de-vins, à des valises d’argent. Dans un premier temps, Washington tente d’acheter les dirigeants étrangers. En cas de résistance, ils les renversent, comme dans le cas de Saddam Hussein ou de Khadafi. Dans d’autres cas, en Amérique du Sud, ils les ont purement et simplement assassinés, parce qu’ils n’obéissaient pas. La politique étrangère des Etats-Unis est donc basée sur la force, et pas sur la diplomatie ou la persuasion. Elle est basée sur la force brute.

Qu’est-ce que le Département d’Etat dit à ses interlocuteurs ? Faites ce que nous vous disons de faire, sinon nous vous bombardons jusqu’à ce que votre pays retourne à l’âge de pierre. Souvenez-vous, c’est ce qu’ils ont dit au dirigeant pakistanais. Faites ce que nous vous disons de faire – et que ça saute !

Avec une telle posture, peu importe que vous disiez la vérité ou pas, puisque vous êtes le souverain, vous êtes le César. Tout ce que vous pouvez bien raconter s’en va, que ce soit vrai ou pas. Peu importe que vous disiez la vérité, puisque que vous ne vous placez pas dans une logique diplomatique.

C’est une chose que Poutine et Lavrov, son ministre des Affaires étrangères, n’ont pas l’air de comprendre. Ils continuent de croire que si le gouvernement russe se montre raisonnable et de bonne volonté, il est possible de dialoguer avec Washington. Il s’agit là d’une illusion russe. Washington n’a aucune bonne volonté.

VDLR : cette stratégie, telle que vous la présentez, n’a-t-elle pas de point faible ?

PCR : si ; qu’à un moment donné, les gens prennent conscience de la réalité et la regardent en face, et c’est cela que Poutine attend. Que va-t-il se passer en Allemagne et en France ? Les Allemands et les Français vont-ils comprendre, vont-ils se dire « mais les Américains nous mènent tout droit au chaos ! Qu’avons-nous donc à gagner de leur hégémonie mondiale ? Qu’avons-nous à gagner d’un conflit avec la Russie ou avec la Chine ? Arrêtons tout ! Faisons marche arrière ».

Si un pays quelconque devait se retirer de l’OTAN ou de l’UE, alors le mutisme de la « coalition des volontaires » sur les crimes de guerre de Washington se lézarderait. Concrètement, Washington a déclaré au Congrès qu’à partir du moment où la Maison blanche a le soutien de l’OTAN, le président n’a plus besoin du feu vert du Congrès pour partir en guerre. La vieille citation « le pouvoir absolu corrompt absolument » est attribuée à Lord Acton. Sans grand risque de se tromper, on peut en conclure que Washington a été corrompu par le pouvoir.

L’un des effets pervers de l’usage brutal de la force par Washington serait que les pays de l’OTAN réalisent qu’ils sont menés vers un conflit par un gouvernement devenu fou, qui prend des risques invraisemblables avec la vie humaine et même avec la planète.

Ainsi, il se pourrait bien que Poutine parie sur une prise de conscience du danger que représente Washington pour les vivants. Il espère que plus la Russie se montrera pondérée, moins elle adoptera une attitude provocatrice, plus grandes seront les chances que les gouvernements allemand et français réalisent que l’agenda de Washington est funeste pour le genre humain ; plus grandes seront les chances que l’Europe prenne des décisions pour s’affranchir, elle, ses pays et ses peuples, du contrôle de Washington. Dans ce cas, l’empire s’effondrerait.

Je suis convaincu c’est là que se situe le pari de Poutine. Il n’est pas fou, loin de là, il prend la mesure de la menace d’une guerre, il en a conscience. Et c’est très certainement la raison pour laquelle il a demandé à la Douma d’abroger le droit au déploiement de forces russes en Ukraine. Il tente de dire aux Allemands et aux Français – Vous voyez bien, ce n’est pas moi, ce n’est pas nous.

J’espère qu’il réussira. Car en fin de compte, l’avenir du monde est suspendu à la question suivante : l’usage de la diplomatie par Poutine prévaudra-t-il sur celui de la force par Washington ?

Source: http://www.les-crises.fr/la-guerre-americaine-contre-la-russie-est-deja-en-cours-pcr/