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Stupeur chez France Inter : Eva et Vincent sont optimistes, par Daniel Schneidermann

Friday 25 March 2016 at 03:21

Un excellent papier de Schneidermann

Source : Le Nouvel Obs, Daniel Schneidermann, 23-03-2016

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Stupeur chez les matinaliers de France Inter  : Eva et Vincent sont optimistes.

« Le terrorisme, on en parle beaucoup parce qu’il y a beaucoup de medias. Dans le temps, les guerres faisaient davantage de victimes, et on n’en parlait pas. »

Eva et Vincent sont deux collégiens parisiens de 13 ans, à qui Thomas Legrand a prêté pour une journée sa chronique politique. Ce qui les inquiète beaucoup plus que le terrorisme  ? Le chômage et l’environnement. Ils parlent d’or, Eva et Vincent.

On sent bien Legrand et Cohen perplexes, devant cet optimisme inattendu, devant ce renversement des perspectives, et des angoisses. Parler de chômage et d’environnement, alors que fument encore les débris de l’aéroport de Bruxelles  ! Car c’est une gifle d’optimisme, qu’administrent Eva et Vincent à la Matinale de France Inter, et à tout le système en folie de l’info continue. Une leçon de modération, aussi.

Il faut le dire calmement, mais clairement  : la puissance des médias vendeurs d’effroi est une des meilleures alliées des poseurs de bombes. Chaque image, chaque seconde de ce tumulte, est une victoire des poseurs de bombes.

Victoires la course aux vidéos d’apocalypse dans l’aéroport  ; victoires les longs plans silencieux sur les rassemblements spontanés dans la nuit des villes meurtries  ; victoires les Tour Eiffel, les Porte de Brandebourg illuminées aux couleurs de la Belgique  ; victoires les embouteillages d’experts sentencieux  ; victoires les moulinets du comptable Cazeneuve, imperturbable général d’une armée en déroute.

Coïncidence, Arte diffusait hier soir le film magnifique de Rémy Ourdan, « Le siège ». Vingt ans après, une plongée dans les mémoires des assiégés de Sarajevo, ces citadins raffinés, tolérants, multiethniques, évolués, qui avaient vu un beau matin, incrédules, une intruse s’inviter dans leurs vies, dans leurs intérieurs, et cette intruse, c’était la guerre.

La brutalité du changement d’univers  ; comment avec cette intruse ils avaient rusé, comment ils avaient bien dû s’y adapter, bouleverser leurs priorités, voilà ce qu’ils racontaient. Et aussi, comment il fut alors essentiel que la vie continue, un simulacre de vie d’avant, avec ses spectacles, ses concerts, et même une élection de Miss Sarajevo assiégée, derrière une effroyable banderole adressée au monde indifférent, « Don’t let them kill us », « Ne les laissez pas nous tuer ».

La diffusion du film était évidemment une coïncidence. Il appartenait à chacun d’y chercher à sa guise les résonances avec l’actualité. Le film est en replay ici.

Source : Le Nouvel Obs, Daniel Schneidermann, 23-03-2016

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OB : Une proposition que j’avance en conclusion : La publicité est limitée à 9 minutes par heure à la télévision.

Ne pourrait-on pas limiter le temps consacré au terrorisme à 1 ou 2 minutes par JT ? Aucune censure, aucun fait important caché, juste un traitement identique à celui d’un accident de car…

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Source: https://www.les-crises.fr/stupeur-chez-france-inter-eva-et-vincent-sont-optimistes-par-daniel-schneidermann/


Manuel Valls : “Nous avons fermé les yeux sur la progression des idées salafistes”

Friday 25 March 2016 at 02:00

Déjà que je n’aime pas qu’on se foute de ma gueule, mais alors quand il s’agit de dizaines de morts, on se rend compte à quel point nous sommes gouvernés par des sociopathes, mais nous y reviendrons…

Source : Marianne, 23-03-2016

Invité ce matin d’Europe 1, Manuel Valls a réaffirmé que nous étions bien face à une “guerre contre le terrorisme”. Et que la réponse devrait se faire au niveau européen. Car, selon lui, il n’y pas qu’en Belgique que les réseaux salafistes prospèrent. La France connaît le même problème.

Lewis Joly/SIPA

Lewis Joly/SIPA

Le ton est grave, la voix posée. Invité ce matin sur Europe 1, Manuel Valls a réagi aux attentats du 22 mars qui ont touché Bruxelles. Poser surtout son constat sur la situation européenne face au terrorisme et les réponses à apporter. Une parole directe, sans ambages, comme l’affectionne le Premier ministre. Sa marque de fabrique. Ce n’est pas une guerre comme les autres (…), ce terrorisme veut nous détruire (…), veut détruire ce que nous sommes, notre mode de vie, a-t-il réaffirmé.

Le Premier ministre l’assume, c’est bien une guerre dans laquelle nous sommes engagés. D’ailleurs, Manuel Valls refuse de rejeter le faute sur les autres.  a pointé du doigt l’“absence de volonté de la part de certains responsables politiques (belges), qui auraient laissé “pour permettre une meilleure intégration”, “des communautés se développer, peut-être aussi une forme de naïveté”le Premier ministre refuse de cibler la Belgique :

“Je ne vais pas donner des leçons à nos amis belges. Nous avons en France nous aussi des quartiers sous l’emprise de trafiquants de drogue et des réseaux islamistes et salafistes (…). Nous avons fermé les yeux partout en Europe et en France sur la progression des idées extrémistes du salafisme“. 

Un constat qui amène à une conviction. Le combat contre le terrorisme ne se fera pas pays par pays mais bien à l’échelle européenne. “La menace à laquelle nous sommes confrontés est d’une ampleur inégalée. Notre réponse au niveau français et européen doit être à la hauteur de cette menace”, a-t-il notamment affirmé. Une des solutions selon lui, rappelée ce mardi devant la représentation nationale, est la mise en place au niveau européen du  “PNR”  pour  “Passenger Name Record”. “Il faut être responsable (…) il y a urgence d’adopter le PNR européen. Le parlement européen a trop tardé”, a-t-il martelé ce matin.

Le PNR est un fichier des données personnelles des voyageurs aériens qui existe déjà aux Etats-Unis et permettrait d’identifier sur des vols internationaux, mais aussi sur des vols nationaux et intra-européens, des personnes non fichées pouvant être liées à des faits de terrorisme ou d’autres faits de criminalité. Des données qui pourraient être transmises aux autorités judiciaires pour faire des recoupements. Sauf que les députés européens de gauche, écolos et même d’extrême-droite trainent des pieds pour le voter. Vu cette nouvelle vague d’attentats, pourront-ils encore attendre ? Rien n’est moins sûr...

OB : Et puis, c’est sûr que ça aurait évité les attentats si ça avait été mis en place… Le sujet est plus complexe que ça, et il a fini par avancer ua Parlement d’ailleurs..

Manuel Valls,  hier, en a aussi profité pour refaire une piqûre de rappel sur la déchéance de nationalité pour tous : “Agir contre le terrorisme, c’est agir sur tous les paramètres (…) si un Français tue d’autres Français (…) peut-il rester français ? Ma réponse est non !”

Source : Marianne, 23-03-2016

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Source: https://www.les-crises.fr/manuel-valls-nous-avons-ferme-les-yeux-sur-la-progression-des-idees-salafistes/


Après les attentats de Bruxelles, Michel Sapin épingle la « naïveté » des Belges

Friday 25 March 2016 at 00:22

Les socialistes osent tout, c’est même à ça qu’on les reconnait…

Si un ministre Belge avait dit ça en novembre…

Source : Le Monde, AFP,  

Au soir des attaques qui ont fait plus de 31 morts à Bruxelles, le ministre des finances français, Michel Sapin, a mis en cause la Belgique sur sa gestion de la menace djihadiste sur son territoire, notamment en laissant se développer un bastion islamiste à Molenbeek. Interrogé par LCI sur le « communautarisme »de ce quartier où ont grandi certains des auteurs des attaques du 13 novembre, dont Salah Abdeslam, arrêté vendredi à quelques centaines de mètres de chez ses parents, il a notamment déclaré :

« Je ne sais pas s’il faut dire la Belgique en tant que telle, mais je pense qu’il y a eu une volonté ou une absence de volonté de la part de certains responsables politiques, peut-être par envie de bien faire, peut-être par sentiment que, pour permettre une meilleure intégration, il faut laisser des communautés se développer, peut-être aussi une forme de naïveté. »

Prenant l’exemple de la France, il a ajouté qu’il était clair désormais que « face au communautarisme, il faut agir ». 

Le ministre belge des affaires étrangères, Didier Reynders, a été invité à réagirà ces propos, en direct, dans le journal de 20 heures de France 2. Il a concédé que le débat sur le communautarisme existait en Belgique, avant d’inviter ses homologues français à « regarder en face, ensemble » les problèmes qui se posent, y compris « dans les banlieues françaises. » Il a également regretté que cette remarque ait été prononcée dans un moment où « l’unité » s’impose.

Source : Le Monde, AFP,   

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Source: https://www.les-crises.fr/apres-les-attentats-de-bruxelles-michel-sapin-epingle-la-naivete-des-belges/


Hillary Clinton, la « Reine du Chaos », par Diana Johnstone

Thursday 24 March 2016 at 03:14

Source : Le Grand Soir, Diana Johnstone, 14-03-2016

arton30079-d47bf1. Dans votre dernier livre, vous appelez Hillary Clinton la « Reine du Chaos. » Pouvez-vous expliquer pourquoi vous avez choisi ce sobriquet péjoratif pour décrire Hillary ?

En un mot, la Libye. Hillary Clinton était si fière de son rôle majeur dans le déclenchement de la guerre contre la Libye qu’elle et ses conseillers avaient initialement prévu de l’utiliser comme base d’une « doctrine Clinton », ce qui signifie une stratégie de changement de régime façon « smart power » , comme un slogan de la campagne présidentielle.

La catastrophe libyenne m’a effectivement inspiré d’écrire ce livre, ainsi que le danger croissant d’une guerre avec la Russie.

La guerre engendre le chaos, et Hillary Clinton a été un défenseur avide de toutes les guerres d’agression des Etats-Unis au cours du dernier quart de siècle. Ces guerres ont dévasté des pays entiers et provoqué une crise de réfugiés ingérable. La seule chose qu’a produit « l’expérience en politique étrangère » tant vantée d’Hillary est le chaos.

2. Que diriez-vous aux femmes qui veulent voir Hillary comme présidente, parce qu’elle est une femme ? Vous affirmez que « éviter la troisième guerre mondiale est un peu plus urgent que « prouver » qu’une femme peut être président des États-Unis. » Pourquoi croyez-vous que Hillary est susceptible de déclencher la troisième guerre mondiale ?

Il y a deux questions ici. Quant à la deuxième partie, je ne crois pas que quiconque déclenchera volontairement la troisième guerre mondiale. La situation actuelle ressemble plus à celle qui a précédé la Première Guerre mondiale, lorsque les grandes puissances étaient armées et prêtes à en découdre lorsqu’un incident à mis le feu aux poudres. Depuis que Gorbatchev a naïvement mis fin à la guerre froide, les États-Unis avec leur sur-armement colossal ont encerclé de manière active la Russie avec les systèmes d’armes, des exercices militaires agressifs, l’expansion de l’OTAN. Dans le même temps, au cours des dernières années, la diabolisation de Vladimir Poutine a atteint des niveaux de propagande de guerre. Les Russes ont toutes les raisons de croire que les États-Unis se préparent à la guerre contre eux, et prendront certainement des mesures défensives. Ce mélange de préparations militaires excessives et de propagande contre un « ennemi diabolique », peut facilement transformer un incident mineur en une étincelle.

Ma réponse à la première partie de la question est que « voter pour Hillary parce qu’elle est une femme » n’a aucun sens pour moi. Oui, les femmes devraient se réunir pour des causes qui affectent les femmes en général : un salaire égal à travail égal, une égale reconnaissance des compétences, le droit à l’avortement et la contraception, les congés maternité et les soins aux enfants, ce genre de choses. Mais Hillary Clinton est un individu, elle n’est pas « les femmes » en général. Les femmes pourraient se battre pour le droit des femmes à être élues président, mais ce droit existe déjà. On ne peut ramener ce droit au droit d’une femme en particulier d’être président.

Etre Président des États-Unis n’est pas un poste purement symbolique. Il implique des pouvoirs essentiels de prise de décision. Hillary Clinton a démontré une capacité de jugement dangereusement mauvaise sur les questions essentielles comme la guerre et la paix. Ce qui devrait la disqualifier.

3. Un de vos chapitres est intitulé « Libye : Sa guerre à elle » Compte tenu du rôle clé du pro-israélien Bernard-Henri Lévy à convaincre la France de soutenir les soi-disant « rebelles », pourquoi vous en prendre particulièrement à Hillary pour la destruction par l’OTAN de ce pays d’Afrique du Nord ?

Bernard-Henri Lévy a déclaré à plusieurs reprises qu’il soutenait l’intervention militaire en Libye ’en tant que Juif’, ce qui signifie peut-être qu’il pensait que le renversement de Kadhafi était bon pour Israël. Le gouvernement français a peut-être été motivé par la crainte de voir le régime de Kadhafi créer ou soutenir une monnaie africaine qui pourrait remplacer le franc français CFA soutenu et utilisé dans les anciennes colonies africaines de la France. Mais ni la France seule ni la Grande-Bretagne avec la France n’avaient la capacité militaire pour mener à bien l’opération qui a finalement brisé la résistance libyenne. Les dirigeants des Etats-Unis étaient divisés, et c’est Hillary Clinton qui a surmonté la réticence du président Obama et du secrétaire à la Défense Gates pour entrer en guerre. Ce sont les États-Unis qui ont fourni les moyens pour détruire la Libye.

4. Dans le chapitre intitulé « Le Parti de la Guerre » vous écrivez que « puisque le parti de la guerre domine les deux branches du système bi-partite, l’histoire récente suggère que les Républicains vont désigner un candidat suffisamment mauvais pour faire passer Hillary comme une alternative acceptable . » On dirait que vous aviez prévu l’incroyable montée de Donald Trump, non ?

En fait, non. Mais j’ai effectivement anticipé la montée du principal rival de Trump, Ted Cruz, qui pourrait être pire que Trump. Comme Robert Reich l’a souligné, Cruz est un fanatique d’extrême droite radical, avec des convictions réactionnaires solides, qui ne manquera pas de faire la mauvaise chose. Trump s’exprime à tort et à travers dans tous les sens, si bien qu’on ne sait pas trop ce qu’il ferait. Au moins il semble intéressé à éviter une guerre avec la Russie.

Je n’avais pas prévu pas non plus la montée de Bernie Sanders, et l’enthousiasme qu’il a suscité chez les jeunes à l’idée de nommer une bonne alternative à Hillary Clinton.

Les deux phénomènes montrent la profonde insatisfaction chez les Américains avec le système politique dysfonctionnel du pays.

5. Dans « Reine du Chaos » vous avez prédit que « dans l’état actuel des choses, la course présidentielle de 2016 pourrait être un concours entre Haim Saban et Sheldon Adelson. Dans les deux cas, le gagnant serait Israël. » Pourriez-vous préciser ce que représente le « dévouement » de Saban pour une présidence Hillary et ce que cela signifierait pour la politique étrangère des Etats-Unis ?

Si vous pensez que la politique américaine ne pouvait pas être plus pro-israélienne que ce qu’elle est, attendez de voir Hillary à la Maison Blanche. Depuis que Haim Sabam a promis de dépenser « autant que nécessaire » pour la faire élire, Hillary Clinton a promis d’inviter Netanyahu à la Maison Blanche dès son premier mois de mandat, et de profiter de l’occasion pour « réaffirmer les liens indestructibles d’amitié et d’unité » entre l’Amérique et Israël, et de tout faire pour détruire le mouvement Boycott-Désinvestissement-Sanctions (BDS). Elle continue de faire écho aux dénonciations israéliennes de l’Iran comme un « État terroriste » dangereux. Auparavant, elle a assimilé la critique de la politique israélienne à « l’antisémitisme » et a blâmé la population de Gaza pour les agressions israéliennes sur leur territoire misérable.

Les présidents précédents, y compris Obama, ont souvent eu leurs moments d’exaspération devant le comportement incontrôlable d’Israël. Avec Hillary, il semble qu’il n’y aura pas d’objection à la poursuite de la destruction israélienne de Gaza ou même à des attaques sur l’Iran. Elle est parfaitement en accord avec la politique tacite d’Israël de détruire et de démembrer la Syrie.

5. Lorsqu’on lui a demandé quelles femmes dans le monde l’ont « inspirée », Hillary a cité Pussy Riot. Qu’est-ce que cela nous apprend sur Hillary ? Et qu’est-ce que cela signifie pour les relations U.S-Russie ?

Pouvez-vous imaginer Hillary dans une orgie avec Bill dans un musée, comme l’anarchiste radical Nadezhda Tolokonnikova l’a fait au cours d’une de ses performances artistiques de protestation contre le système ? Une « inspiration » ? Comme cela est souvent le cas, Hillary ne dit pas la vérité, mais saisit l’occasion pour montrer combien elle est anti-Poutine. Le plus drôle est que Tolokonnikova a récemment exprimé sa préférence pour Bernie Sanders.

6. Si la soi-disant « responsabilité de protéger », ou R2P, est censé être le socle de la politique étrangère d’Hillary, pouvez-vous expliquer pourquoi ce ne serait pas bon pour les droits de l’homme dans le monde ?

La catastrophe libyenne a prouvé à la plupart du monde – mais pas à Hillary – que la R2P est une doctrine dangereuse. Soi-disant pour ’protéger’ certains rebelles islamistes à Benghazi, l’intervention R2P de l’OTAN a totalement détruit la ville moderne de Syrte, a assuré la couverture d’un lynchage raciste de la population noire de la Libye, a tué des milliers de civils et a laissé le pays en ruines.

R2P peut avoir un sens s’il existait véritablement une force de police internationale neutre, sachant intervenir sur la base d’éléments solides, de preuves non biaisées. Ce qui n’est très certainement pas le cas.

Dans le cas de la Libye, la preuve de l’ « urgence humanitaire » a été fabriquée par les opposants internes au régime et relayée dans le monde par les grands médias dociles. Elle était presque entièrement fausse, mais les sources contradictoires ont été ignorées. (Voir Maximilian Forte, Slouching Towards Sirte : NATO’s War on Libya and Africa)

Avec la rapport des forces actuel dans le monde, la R2P ne peut être imposée que par une grande puissance sur une plus petite, selon la propre interprétation de la grande puissance des événements qui se déroulent chez le plus petit. En réalité, la R2P est simplement utilisée par les États-Unis contre les régimes qui ne leur plaisent pas, point.

7. Vous écrivez que le Nobel de la paix, Barack Obama « a continué à surpasser même ses prédécesseurs dans des guerres inutilement agressives – avec des moments d’hésitation, cependant, que nous ne pouvons pas attendre de Hillary ». Qu’est-ce qui vous fait croire que Clinton serait moins hésitante qu’Obama à employer la force militaire ?

C’est simple : chaque fois qu’Obama a hésité, Hillary ne l’a pas fait. Elle a exhorté la guerre en Libye, une zone d’exclusion aérienne en Syrie, et dans tout ce qu’elle dit, aurait appelé à une action plus forte contre la Russie lorsque son ancienne porte-parole Victoria Nuland était à la tête du coup d’Etat anti-russe à Kiev. Son gloussement sur l’assassinat bestial de Kadhafi montre une absence de tout sentiment humain pour ses adversaires. Elle les rejette comme des sous-hommes. En plus de son absence de compassion, elle semble n’avoir aucun doute quant à la capacité ultime des Etats-Unis à l’emporter dans tout conflit armé – ce qui est plus dangereux que tout. Elle est prête à pousser tout adversaire dans ses derniers retranchements, apparemment certaine que le « méchant » va reculer – même si celui-ci se trouve être une Russie dotée de l’arme nucléaire.

Obama n’a apparemment pas l’assurance de Hillary. Son recours abondant aux drones meurtriers reflète la reconnaissance des militaires aux limites des forces terrestres américaines. Il a été sous la pression constante du Parti de la Guerre. Parfois, il a résisté à leur pression, comme dans le cas des armes chimiques en Syrie, après que Kerry ait remplacé Clinton au poste de secrétaire d’État.

8. Dans votre dernier chapitre intitulé « Le Parti de la Guerre » vous écrivez que « la montée de Hillary Clinton devrait démontrer clairement l’échec total de l’attachement au Parti Démocrate comme le « moindre mal ». Mais si le démagogue Donald Trump se retrouve face à Hillary, pensez-vous qu’il sera possible de convaincre les électeurs qu’elle n’est pas le moindre mal ?

A priori, cela paraît impossible. Qui sait, peut-être que Trump fera du risque de guerre un enjeu majeur. Mais il me semble maintenant qu’un duel électoral entre Donald Trump et Hillary Clinton se décidera à un niveau viscéral, et non sur des questions de programme politique.

Je peux me tromper, mais la politique étrangère semble être une préoccupation mineure dans cette élection, même si elle devrait être une préoccupation majeure. Trump horrifie l’élite, mais les commentaires sur Internet montrent que l’hostilité envers Hillary atteint un point explosif. Une hostilité qui sera renforcée si Bernie Sanders perd la nomination à la suite de ce qui ressemblerait à une tricherie. De la façon dont les choses se passent, l’élection de Novembre risque d’être une course entre les deux personnes les plus détestées des Etats-Unis.

9. Vous proposez un « Parti de la paix » comme une alternative au « Parti de la Guerre » qui domine dans les deux branches du système bi-partite. Vous proposez deux femmes admirables pour servir dans le cadre d’une « équipe de la paix » pour soutenir un « candidat de la paix », à savoir, Cynthia McKinney et Coleen Rowley. Tout les oppose aux femmes avec lesquelles Hillary elle-même s’est entourée, comme Madeleine Albright, Suzanne Nossel, Susan Rice, et Samantha Power, n’est-ce pas ? Pensez-vous qu’un jour le peuple américain deviendra suffisamment conscient pour savoir faire la différence ?

Par Parti de la Paix, je veux dire quelque chose de plus large qu’un parti politique. Je veux dire un réseau de personnes bien informées, avec des principes, qui ont l’intention de sauver le pays et le monde de ce qui est devenu une politique incroyablement arrogante de domination globale. La difficulté est que les soi-disant néoconservateurs et les interventionnistes libéraux ont plus ou moins pris le contrôle du Département d’Etat et ont récemment purgé le Pentagone. Le Parti de la Paix pourrait être composé de diplomates, d’universitaires, d’officiers militaires, de politiciens, d’éditeurs. Je suggère que tous ceux qui veulent éviter la troisième guerre mondiale ont besoin d’étudier l’exemple des néo-conservateurs, qui, à travers un réseau de think tanks, d’éditoriaux, d’intérêts financiers et d’infiltration de la branche exécutive ont pris le contrôle de l’appareil de prise de décision. Ce processus peut-il être inversé, et si oui, comment ? Ce n’est pas à moi de répondre à cette question. Mais elle doit être posée.

Au niveau populaire, le Parti de la paix pourrait être construite sur des exigences économiques : réduire le budget militaire fou afin de financer les activités domestiques utiles et productives, fermer les bases militaires superflues, arrêter l’expansion de l’OTAN pour conquérir le monde, cesser de subventionner Israël à hauteur de trois milliards de dollars par an. Les richesses des Etats-Unis, son peuple et l’avenir du pays sont gaspillés pour mener des guerres de plus en plus destructrices. Le véritable ennemi est le complexe militaro-industriel américain, qui survit et se développe parce que le gouvernement lui garantit des profits sur les investissements financiers. Si le peuple américain étaient pleinement conscient de tout cela, le Parti de la Paix se développerait naturellement.

Diana Johnstone

le 7 Mars 2016

traduction VD pour le Grand Soir

Source : Le Grand Soir, Diana Johnstone, 14-03-2016

Source: https://www.les-crises.fr/hillary-clinton-la-reine-du-chaos-par-diana-johnstone/


Le monde fait face à une vague de défauts sans précédent, craint un vétéran de la banque centrale – par Ambrose Evans-Pritchard

Thursday 24 March 2016 at 00:14

Source : The Telegraph, le 19/01/2016

Exclusif : La situation est pire qu’elle ne l’était en 2007, dit le président de la commission d’étude de l’OCDE

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La prochaine tâche qui attend les autorités mondiales est de savoir comment gérer les effacements de dettes sans provoquer de tempête politique | Photo: Rex

Par Ambrose Evans-Pritchard, à Davos

Le système financier mondial est devenu dangereusement instable et fait face à une avalanche de faillites qui va mettre à l’épreuve la stabilité sociale et politique, prévient un éminent théoricien monétaire.

“La situation est pire qu’elle ne l’était en 2007. Nos munitions macroéconomiques pour combattre les baisses sont fondamentalement toutes épuisées,” dit William White, le président de la commission d’étude de l’OCDE basé en Suisse et ancien économiste en chef de la Banque des Règlement Internationaux (BRI).

“Les dettes ont continué à augmenter ces huit dernières années et ont atteint de tels niveaux dans chaque partie du monde qu’elles sont devenues une forte cause de troubles,” dit-il.

“Cela deviendra évidant lors de la prochaine récession que bon nombre de ces dettes ne seront jamais maintenues ou remboursées, et cela sera très gênant pour beaucoup de gens qui pensent qu’ils détiennent des actifs qui valent quelque chose”, a-t-il dit au Telegraph à la veille du forum économique mondial de Davos.

“La seule question est de savoir si nous sommes capables de regarder la réalité dans les yeux et de faire face à ce qui arrive de façon ordonnée, ou si cela sera anarchique. Des flambées de dettes ont lieu depuis 5000 ans, déjà à l’époque des Sumériens.”

La prochaine tâche qui attend les autorités mondiales est de savoir comment gérer les effacements de dettes – et donc un important reclassement des gagnants et des perdants dans la société – sans provoquer de tempête politique.

M. White a dit que les créanciers européens essuieront probablement les plus grosses pertes. Les banques européennes ont déjà reconnu l’existence de mille milliards de dollars de crédits défaillants : ils sont très exposés aux marchés émergeants et ignorent très certainement d’autres mauvaises dettes qui n’ont jamais été révélées.

Le système bancaire européen pourrait avoir à être recapitalisé à un point que l’on n’avait pas encore imaginé, et les nouvelles règles de bail-in signifient que chaque épargnant au-delà de la garantie de 100 000 € devra aider à payer pour cela.

Ces avertissements ont une résonance particulière car M. White était une des rares voix dans la communauté des banques centrales à dire haut et fort entre 2005 et 2008 que la finance de l’Ouest se dirigeait vers un effondrement, et que l’économie mondiale était exposée à une crise violente.

M. White a dit que les stimuli des assouplissements quantitatifs et des taux zéro des grandes banques centrales après la crise de Lehman [Brothers,NdT] se sont propagés dans l’Est asiatique et les marchés émergents, créant des bulles de crédit et une augmentation de l’emprunt en dollars qui étaient difficile à contrôler dans un monde de libre circulation des capitaux.

Le résultat est que ces pays ont aussi été entraînés dans le bourbier. La dette publique et privée combinée est montée à un point culminant historique de 185% du PIB dans les marchés émergents et de 265% pour les membres de l’OCDE, les deux ayant augmenté de 35 points depuis l’apogée du dernier cycle de crédit en 2007.

“Les marchés émergents faisaient partie de la solution après la crise de Lehman. Désormais ils font aussi partie du problème,” a dit M. White.

M. White, qui est aussi le principal rédacteur du récent rapport du G30 sur l’avenir des banques centrales après la crise, a dit qu’il était impossible de savoir quel sera le déclencheur de la prochaine crise comme le système mondial a perdu son point d’ancrage et est intrinsèquement enclin à la rupture.

Une dévaluation chinoise a clairement le potentiel pour métastaser. “Chaque pays majeur est engagé dans une guerre monétaire même s’ils insistent sur le fait que les assouplissements quantitatifs n’ont rien à voir avec une dépréciation concurrentielle. Ils ont tous joué le jeu excepté la Chine – pour l’instant – et c’est un jeu à somme nulle. La Chine pourrait vraiment faire monter la mise.

M. White a dit que les politiques d’assouplissement quantitatif et d’argent facile de la Federal Reserve et ses pairs ont eu l’effet d’avancer les dépenses futures, ce qui est connu comme le “lissage inter-temporel”. Cela devient une addiction toxique avec le temps et finalement perd en traction. A la fin, l’avenir vous rattrape. “Par définition, cela veut dire que vous ne pouvez pas dépenser l’argent demain,” explique-t-il.

Un réflexe d'”asymétrie” commença quand la Fed injecta trop de stimuli pour éviter une purge après le crash de 1987. Les autorités ont depuis laissé chaque boom suivre son cours – pensant qu’ils pourraient sans problème faire le ménage plus tard – alors qu’ils répondaient à chaque choc avec empressement. La critique de la BRI est que cela nous a conduits à un biais de facilitation perpétuelle, avec des taux d’intérêt tombant toujours plus bas que leur “taux naturel de Wicksell” à chacun des cycles de crédit.

L’erreur s’est aggravée dans les années 90 quand la Chine et l’Europe de l’Est ont soudainement rejoint l’économie mondiale, inondant le monde avec de l’exportation à bas prix dans un “choc d’approvisionnement positif”. Les prix en baisse des produits manufacturés ont masqué l’inflation rampante des actifs qui se constituait. “Les décisionnaires étaient séduits par l’inaction grâce à un panel de croyances rassurantes, dont nous voyons maintenant qu’elles étaient toutes fausses. Ils croyaient que si l’inflation était sous contrôle, tout allait bien,” a-t-il dit.
Rétrospectivement, les banques centrales auraient dû laisser la déflation bénigne de cette phase (temporaire) de la globalisation suivre son cours. En créant des bulles de crédit, ils ont au contraire couvé ce qui pourrait se révéler être une version plus maligne, une déflation de désendettement classique dans le style Fisher des années 30.
M. White nous dit que la Fed est désormais dans un terrible embarras alors qu’elle tente de se sortir de l’assouplissement quantitatif et de redresser la barre. “C’est un piège de la dette. Les choses sont tellement mauvaises qu’il n’y a pas de bonne réponse. S’ils augmentent les taux, ça sera affreux. S’ils n’augmentent pas les taux, ça empirera simplement les problèmes.”
Il n’y a pas de moyen simple de sortir de ce bazar. Mais M. White a dit que ce serait un bon début pour les gouvernements d’arrêter de dépendre de leurs banques centrales pour faire leur sale boulot. Ils devraient revenir à la prééminence fiscale – appelez-la keynésienne, si vous voulez – et lancer une campagne choc d’investissement dans les infrastructures qui paye pour elle-même via un accroissement de croissance.
“Cela a toujours été dangereux de compter sur les banques centrales pour régler un problème de solvabilité quand tout ce qu’elles peuvent faire, c’est s’attaquer à des problèmes de liquidité. C’est une recette pour semer le désordre, et maintenant nous arrivons à la limite.”
Le forum économique mondial et Davos : un bref historique

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Un professeur organise une première réunion

L’Allemand Klaus Schwab (photo ci-dessus), alors professeur de politique d’entreprise à l’Université de Genève, réunit des dirigeants d’entreprise européens à Davos pour une discussion sur les pratiques mondiales de gestion.

L’idée était de réunir les acteurs clés du monde des affaires, du monde universitaire, des arts et de la politique pour discuter, lors d’une rencontre, des principales questions d’actualité.

La popularité de cette première conférence a été telle que le Pr Schwab a décidé de créer le Forum européen de Gestion.

Initialement, les réunions mettaient principalement l’accent sur les moyens par lesquels les sociétés européennes pourraient rattraper les pratiques américaines de gestion.

1973

Focus sur le développement du rendez-vous annuel

Les évènement de 1973, en l’occurrence l’effondrement du mécanisme des taux de change fixes de Bretton Woods et la guerre arabo-israélienne, ont vu le Rendez-vous annuel dévier son attention de la gestion vers les problématiques économiques et sociales.

1974

Les dirigeants politiques invités

Les dirigeants politiques sont invités pour la première fois à Davos.

1987

Le rendez-vous devient “le Forum Economique Mondial”

Le professeur Shwarb changea le nom en  Forum Economique Mondial.

1992

L’Afrique du Sud attaqua l’apartheid sur la scène du FEM

Le président de l'Afrique du Sud FW de Klerk, le chef Mangosuthu Buthelezi et Nelson Mandela récemment libéré apparurent ensemble sur la scène pour la première fois, ce qui constitua une date clé de la transition du pays pour sortir de l'apartheid.

Le président de l’Afrique du Sud FW de Klerk, le chef Mangosuthu Buthelezi et Nelson Mandela récemment libéré apparurent ensemble sur la scène pour la première fois, ce qui constitua une date clé de la transition du pays pour sortir de l’apartheid.

2002

Le Forum se tient à New York après le 11-Septembre

Après les attaques terroristes du 11-Septembre aux États-Unis, le FEM décida de relocaliser son rendez-vous annuel de Davos à New York afin d’exprimer sa solidarité avec la ville et le public américain.

2010

Le plan de sauvetage de la zone euro révélé au FEM

Jose Manuel Barroso, président de la Commission européenne, dévoila le plan de sauvetage de la zone euro à l’Europe lors du FEM à Bruxelles. “Nous ferons tout pour défendre l’euro,” a-t-il dit.

2015

Augmentation des taux, Grèce et QE

Le FEM fut dominé par les échanges concernant la première augmentation des taux d’intérêt dans les pays développés de l’après crise financière. Finalement, la hausse des taux fut accompagnée d’un gémissement par les marchés financiers plutôt que par une explosion.

Les dirigeants politiques se rencontrèrent dans les Alpes Suisses quelques jours avant que la Grèce organise des élections qui ont finalement plongé la zone Euro dans une nouvelle crise pour une bonne partie de l’année 2015. Cela coïncida aussi avec la décision historique de la BCE de lancer un véritable assouplissement quantitatif pour sauver l’euro souffrant.

Source : The Telegraph, le 19/01/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: https://www.les-crises.fr/le-monde-fait-face-a-une-vague-de-defauts-sans-precedent-craint-un-veteran-de-la-banque-centrale-par-ambrose-evans-pritchard/


Irak : L’Etat Islamique a tué plus de 200 personnes en 2 semaines

Wednesday 23 March 2016 at 03:11

Au moment où nous avons évidemment une pensée émue pour la Belgique, il est aussi important de ne pas oublier l’émotion à double standard – qui est une des causes des malheurs qui perdurent.

Ce n’est pas demain qu’on aura la tour Eiffel aux couleurs de l’Irak…

bxl

Source : Agence News Press, HRW, 11-03-2016

HRW – Human Rights Watch – 11/03/2016 10:30:00

HRWlogo

(Beyrouth, le 10 mars 2016) – L’État islamique a tué plus de 200 personnes en Irak, dont une grande majorité de civils, dans des attentats commis au cours des deux semaines qui se sont écoulées depuis le 25 février, a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch. Le meurtre intentionnel de civils est un crime de guerre et le caractère généralisé des attaques peut constituer un crime contre l’humanité.

L’attaque la plus récente a été perpétrée le 6 mars par le bais d’un camion-citerne piégé contre un checkpoint au nord de la ville d’al-Hilla, capitale du gouvernorat de Babylone, tuant au moins 60 personnes et en blessant plus de 70 autres, la plupart des civils. L’État islamique (EI, également connu sous le nom de Daech) a revendiqué l’attentat. Des employés d’hôpitaux et des responsables sécuritaires ont déclaré à Reuters que, parmi les victimes, figuraient 23 officiers de police et autres agents de sécurité. En vertu des lois de la guerre, des officiers de police qui ne participent pas aux combats sont normalement considérés comme des civils et ne doivent pas être la cible d’attaques.

« Cette dernière série de meurtres de masse démontre le mépris de l’État islamique pour la vie des civils », a déclaré Joe Stork, directeur adjoint de la Division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Chaque victoire militaire de ce groupe armé met manifestement en danger un nombre croissant de civils à travers le pays. »

Après que les forces de sécurité irakiennes ont repris les villes de Baiji, en octobre 2015, et de Ramadi, en décembre, et que les peshmergas kurdes se sont emparés de Sinjar en novembre, l’État islamique a intensifié ses attaques contre des civils dans les zones situées au-delà de la ligne de front. La Mission d’assistance des Nations Unies en Irak estime que 410 personnes ont été tuées dans le pays en février 2016.

Le 25 février, un kamikaze s’est fait exploser près de la husseiniyya du Grand Prophète, lieu de culte chiite situé dans le quartier de Shula, à Bagdad, causant la mort d’au moins 31 victimes, selon le site Kitabat.com.

Parmi ces victimes figurait Amir Muhsin Kazhim, qui nettoyait les rues avoisinantes. Son neveu Saad Abu Haider a déclaré à Human Rights Watch que son oncle avait passé quatre jours à l’hôpital avant de succomber à ses blessures. « Amir avait 40 ans, était marié et père de deux fils et d’une fille, qui vont tous à l’école », a déclaré son neveu. « Il nettoyait les rues en tant qu’employé municipal, ce qui lui a coûté sa vie. »

Le 28 février, deux bombes ont explosé au marché de Muraidi, une ville située à l’est de Bagdad, tuant 73 personnes et en blessant plus de 112, a signalé Associated Press.

Le 29 février, un kamikaze s’est fait exploser dans une tente funéraire de Muqdadiya, tuant 40 personnes, dont six responsables de la sécurité, et en blessant 37 autres, selon Reuters et 3robanews.com. Les relations entre les sunnites et les chiites de Muqdadiya sont tendues suite aux deux attentats commis le 11 janvier, et qui ont fait 25 victimes, déclenchant une série de représailles contre les sunnites locaux par les milices chiites.

Prendre délibérément pour cible des civils est un crime de guerre, et tout individu impliqué dans la planification, l’organisation ou l’exécution d’un tel crime pourrait être tenu pour responsable de ses actes, y compris dans d’autres pays que l’Irak, a rappelé Human Rights Watch. Certains crimes, comme le meurtre, commis dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique contre une population civile – ce qui signifie qu’ils sont commis dans le cadre d’une politique conduite par un État ou une organisation de type milice – sont considérés comme des crimes contre l’humanité.

Certaines catégories des crimes les plus graves qui violent le droit international, tels que les crimes de guerre, sont soumis à la « compétence universelle », qui se réfère à l’autorité juridique du système judiciaire national d’un État chargée d’enquêter sur certains crimes et d’ouvrir des poursuites, même si elles ne sont pas commises sur son territoire, par un de ses ressortissants ou contre un de ses ressortissants. Que les cas relevant de la compétence universelle puissent être poursuivis dans un pays spécifique dépend de sa législation interne.

Human Rights Watch a appelé à plusieurs reprises l’Irak à devenir un État partie à la Cour pénale internationale (CPI), en vue d’ouvrir la voie à d’éventuelles poursuites judiciaires pour les crimes de guerre, crimes de génocide et crimes contre l’humanité commis par toutes les parties au conflit. Les autorités irakiennes pourraient donner à la Cour compétence pour les crimes graves commis en Irak depuis le jour de l’entrée en vigueur du traité portant création de la CPI, le 1er juillet 2002.

Le droit pénal irakien ne prévoit pas de dispositions pour ces crimes. Les membres de l’Etat islamique ont été poursuivis en vertu de l’article 4 de la loi de 2005 sur la lutte contre le terrorisme, qui est trop vaste. Si un mandat lui est confié, la CPI ne peut intervenir que pour enquêter sur les crimes graves relevant du droit international si les autorités nationales refusent ou sont dans l’incapacité de le faire.

« La nécessité de tenir pour responsables les auteurs de ces attaques massives est une raison de plus pour l’Irak de devenir un État partie à la Cour pénale internationale », a déclaré Joe Stork.

Un défenseur des droits humains à Muqdadiya a affirmé à Human Rights Watch que, le 29 février, les milices chiites ont attaqué la prison locale, à la recherche de co-conspirateurs sunnites de l’attentat; un autre activiste basé à Bagdad a indiqué que les milices chiites effectuent des centaines d’arrestations, à la suite des attentats commis dans les villes de Shula et Sadr.

« Les forces de sécurité devraient traduire en justice les responsables des attentats meurtriers », a souligné Joe Stork. « Mais les arrestations arbitraires et les abus contre des suspects dans le cadre d’interrogatoires ne font qu’ajouter aux injustices déjà commises ».

Source : Agence News Press, HRW, 11-03-2016

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Morts violentes en Irak en mars 2016

Source : Iraq Body Count

Monday 21 March : 37 killed

Mosul: 20 by gunfire; 3 executed.
Baghdad: 11 by IEDs, gunfire.
Latifiya: 1 by IED.
Shirqat: 2 executed.

Sunday 20 March: 47 killed.

Mosul: 25 in coalition air strikes; 2 executed.
Baghdad: 8 by IEDs, gunfire; 1 body.
Hawija: 4 by IED.
Khalis: 3 bodies.
Taji: 2 by IED.
Basra: 1 in clashes.
Haqlaniya: 1 policeman by suicide bomber.
March 1-20: 714 civilians killed.

Saturday 19 March: 36 killed.

Mosul: 20 executed.
Baghdad: 9 by IEDs, gunfire; 1 body.
Basra: 1 by gunfire; 1 body.
Tuz: 1 by gunfire.
Kirkuk: 1 by gunfire.
Taza: 1 child in chemical attack.
Tarmiya: 1 body.

Friday 18 March: 4 killed.

Baghdad: 2 by IED.
Yusufiya: 1 by IED.
Taza: 1 child in chemical attack.

Thursday 17 March: 22 killed

Baghdad: 7 by IEDs; 1 body.
Madain: 3 by IEDs.
Taza: 1 baby in chemical attack.
Basra: 1 by gunfire.
Fallujah: 6 executed; 1 by gunfire.
Qara Tapa: 1 by IED.
Mosul: 1 preacher executed.

Wednesday 16 March: 35 killed

Mosul: 16 in coalition air strikes.
Baghdad: 8 by IEDs.
Tal Kaif: 5 executed.
Yusufiya: 2 bodies.
Latifiya: 1 by IED.
Taza: 1 woman in chemical attack.
Taji: 1 by IED.
Samawa: 1 body.

Tuesday 15 March: 12 killed

Baghdad: 8 by IEDs, grenade; 1 body.
Bour: 2 by IED.
Fallujah: 1 cleric executed.
March 1-15: 570 civilians killed.

Source : Irak, Body Count

Monday 14 March : 14 killed

Tal Afar: 6 executed.
Baghdad: 4 by IEDs; 1 body.
Kirkuk: 1 by gunfire.
Tarmiya: 1 policeman by IED.
Madain: 1 body.

Sunday 13 March: 80 killed.

Mosul: 21 executed inside camp; 35 executed in forest outside the city.
Baghdad: 9 by gunfire, IEDs; 3 bodies.
Sinjar: 7 by mortars.
Taji: 3 bodies.
Yusufiya: 2 by IED.

Saturday 12 March: 26 killed.

Baghdad: 7 by IEDs, gunfire; 1 body.
Mosul: 4 brothers executed.
Qarahanjir: 4 bodies.
Madain: 6 family members by gunfire.
Latifiya: 1 by IED.
Mahmudiya: 2 by IED.
Nasiriya: 1 body.

Friday 11 March: 26 killed.

Mosul: 15 executed.
Baghdad: 5 by gunfire, IEDs; 1 body.
Najaf: 1 body.
Yusufiya: 1 by IED.
Taji: 1 by IED.
Madain: 1 by IED.
Taza: 1 child in chemical attack.

Thursday 10 March: 31 killed

Mosul: 9 executed.
Baghdad: 5 by gunfire, IEDs; 5 bodies.
Madain: 4 by IEDs.
Hawija: 4 executed.
Lake Hamrin: 2 fishermen abducted and killed.
Sulaimaniya: 2 by car bomb.
March 1-10: 412 civilians killed.

Wednesday 9 March: 36 killed

Mosul: 9 detainees tortured to death; 6 women executed.
Baghdad: 11 by IEDs, gunfire; 1 body.
Baiji: 5 policemen by gunfire.
Muqdadiya: 1 by mortars.
Nahrawan: 1 by IED.
Mahmudiya: 2 by IED.

Tuesday 8 March: 100 killed

Fallujah: 50 executed.
Mosul: 13 executed.
Baghdad: 12 by IEDs, gunfire; 8 bodies.
Ramadi: 10 bodies.
Karbala: 6 by gunfire.
Taji: 1 by gunfire.

Monday 7 March : 45 killed

Baghdad: 12 by IEDs, gunfire; 2 bodies.
Qayyarah: 12 executed.
Mosul: 6 family members in coalition air strike.
Hawija: 5 by IED; 3 executed.
Amarah: 3 by gunfire.
Baquba: 1 body.
Madain: 1 by IED.

Sunday 6 March: 75 killed.

Hilla: 60 by suicide truck bomber.
Baghdad: 4 by IEDs, gunfire; 5 bodies.
Kirkuk: 2 bodies.
Bour: 2 by IED.
Baquba: 1 by IED.
Tarmiya: 1 by IED.

Saturday 5 March: 10 killed.

Baghdad: 9 by IEDs, gunfire.
Muqdadiya: 1 by gunfire.

Friday 4 March: 17 killed.

Baaj: 8 in coalition air strikes.
Baghdad: 6 by IEDs, gunfire, grenade; 1 body.
Mahmudiya: 1 by IED.
Amarah: 1 by gunfire.

Thursday 3 March: 28 killed

Baghdad: 12 by mortars, IEDs, gunfire.
Qayyarah: 11 executed.
Madain: 2 bodies.
Yusufiya: 2 by IED.
Kirkuk: 1 body.

Wednesday 2 March: 55 killed

Mosul: 30 executed.
Hawija: 6 executed.
Baghdad: 9 by gunfire, IEDs; 2 bodies.
Nahrawan: 3 by IEDs.
Kirkuk: 1 policeman by gunfire.
Tarmiya: 1 by AED.
Muqdadiya: 1 by gunfire.
Latifiya: 1 by IED.
Basra: 1 by gunfire.

Tuesday 1 March: 15 killed

Baghdad: 8 by IEDs; 2 bodies.
Yusufiya: 3 by gunfire.
Madain: 1 by IED.
Muqdadiya: 1 by gunfire.

Valls : nous sommes en guerre…

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guerre-2

guerre-3

 

Source: https://www.les-crises.fr/irak-letat-islamique-a-tue-plus-de-200-personnes-en-2-semaines/


Attentats de Bruxelles : ce n’est pas le moment de laisser tomber l’Europe

Wednesday 23 March 2016 at 01:20

No comment…

Source : Le Nouvel Obs, Pascal Riché, 22-03-2016

BELGIUM-UNREST-BLAST

Le périmètre de sécurité près de la station de métro Maelbeek à Bruxelles, le 22 mars 2016.1

Refouler les réfugiés, fermer les frontières nationales, restreindre les libertés publiques sont autant de fausses solutions contre le terrorisme.

Les terroristes ont ensanglanté Bruxelles. Son aéroport, qui relie la capitale belge et la capitale de l’UE au reste du monde et une station de métro proche des institutions européennes. Le message est clair : c’est l’Europe, avec ses valeurs haïes, qui était visée. C’est donc l’Europe qui doit réagir, mais le peut-elle ?

Face au terrorisme, elle est très faible. Elle n’a pas de défense commune ; la coordination entre les différents services de renseignement pèche ; ses membres se disputent sur de nombreuses questions internationales. Les terroristes du 22 mars, en envoyant leurs kamikazes au “martyr”, ont exposé cette très grande fragilité. Par contraste, ils apparaissent comme puissants : ils disposent de capacités militaires et de jeunes djihadistes capables, eux, de se faire exploser pour leurs “valeurs”.

Nos “Trump” à nous

Face à cette situation, les vendeurs de fausses solutions se bousculent. Refouler les réfugiés, restaurer les frontières nationales, restreindre les libertés publiques…  Ces solutions sont poussées par des démagogues de tout poil, nos “Trump” à nous, dans divers pays. Elles sont caressées par des politiciens plus classiques, qui se mettent dans la roue des précédents, espérant des succès électoraux.

Mais ces solutions ne mèneraient à rien. Fermer les portes aux réfugiés, au prétexte que quelques terroristes se sont mêlés à eux pour entrer en Europe, serait non seulement d’une injustice inouïe, mais cela n’empêcherait nullement Daech de séduire des jeunes Français ou jeunes Belges. Les attaques contre Paris et Bruxelles ont été lancées depuis l’intérieur de l’Europe, par des Européens.

Revenir aux frontières nationales, au prétexte que l’Europe a failli, serait affaiblir notre sécurité : face à une menace qui vise l’ensemble de l’Europe, les solutions nationales ne suffiront pas. Aucun pays n’a la capacité budgétaire ou militaire suffisante pour faire face seul.

Enfin, restreindre les libertés publiques, au nom de la “guerre”, ce serait donner sur un plateau la victoire aux terroristes : ce serait reculer sur nos propres valeurs et faire un pas vers les leurs.

Face à une menace commune, la réponse ne peut qu’être commune. L’Europe doit aller plus vite et plus loin vers une meilleure intégration : mieux contrôler sa frontière extérieure ; resserrer les liens policiers, judiciaires et de renseignement ; adopter un plan commun pour le contrôle du trafic d’armes ; parler d’une seule voix sur la scène internationale ; renforcer notre modèle social et refuser l’abandon de quartiers entiers…

Cette voie est plus complexe et plus dure que les propositions nationalistes et autoritaires. Mais si l’objectif est de protéger nos vies et nos valeurs, elle est la meilleure.

Pascal Riché

Source : Le Nouvel Obs, Pascal Riché, 22-03-2016

  1. EMMANUEL DUNAND / AFP

Source: http://www.les-crises.fr/attentats-de-bruxelles-ce-nest-pas-le-moment-de-laisser-tomber-leurope/


Miscellanées du mercredi (Delamarche, Sapir, Béchade, Onfray, El Khomri, ScienceEtonnante)

Wednesday 23 March 2016 at 00:02

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche: “Yellen a monté ses taux pour ne pas passer pour une débile” – 21/03

Olivier Delamarche VS Pierre Sabatier (1/2): La BCE a-t-elle raison de muscler davantage son “quantitative easing” ? – 21/03

II. Philippe Béchade

Philippe Béchade VS Serge Négrier (1/2): Pourquoi les marchés se laissent-ils dominer par les banques centrales ? – 16/03

Philippe Béchade VS Serge Négrier (2/2): Comment établir une allocation dans le contexte actuel des marchés ? – 16/03

III. Jacques Sapir

Les points sur les “i”: Jacques Sapir : “Aujourd’hui, les instruments traditionnels ou non traditionnels utilisés par les Banques centrales ont atteint leur limite de possibilité” – 22/03

IV. Michel Onfray

Le Monde selon Michel Onfray : Samedi 19 mars 2016

Chez Bourdin :

Comme quoi, lui qui voulait bien gérer son timing par rapport aux attentats…

V. El Khomri

Interrogée sur sa lecture, la ministre du Travail suscite la surprise en parlant des “journals”.

VI. ScienceEtonnante

Le théorème des 4 couleurs — Science étonnante #4


Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-du-mercredi-delamarche-sapir-bechade-onfray-el-khomri-scienceetonnante/


Les derniers jours de Tomas Young, par Chris Hedges

Tuesday 22 March 2016 at 04:20

Je suis retombé sur cette poignante histoire.

C’est ça la guerre…

Source : truthdig, le 16/11/2014, Par Chris Hedges

Posté le 16 novembre 2014

 
Tomas Young lit « Un Message d’un ancien combattant mourant, » sa lettre à George W. Bush et Dick Cheney qui a été d’abord publiée sur Truthdig, dans cette copie d’écran de « Démocratie maintenant ! » Avec lui, sa femme, Claudia Cuellar.

En Irak en avril 2004 quand Tomas Young et une vingtaine d’autres soldats américains, voyageant à l’arrière d’un camion de l’armée, ont été pris en embuscade, il a reçu un coup de feu qui l’a laissé paralysé à partir de la taille. Il est mort de ses blessures le 10 novembre 2014, âgé de 34 ans. Ses derniers mois ont été marqués par sa lutte désespérée contre la douleur terrifiante qui a rongé son corps brisé et par la froide indifférence d’un gouvernement qui l’a considéré comme faisant partie de la chair à canon jetable nécessaire à la guerre.

Young a écrit une poignante lettre ouverte à Bush et Cheney au moment du 10e anniversaire du début de la guerre d’Irak. Il savait qu’eux, et d’autres stupides partisans de la guerre, étaient responsables de sa paralysie et de sa mort imminente.

Young, qui n’était en Irak que depuis cinq jours lors de l’attaque de 2004, a été touché par deux balles. L’une l’a frappé au genou et l’autre a coupé sa moelle épinière. Il était déjà cloué au lit quand je lui ai rendu visite en mars 2013 à Kansas City. Il ne pouvait pas s’alimenter lui-même. Il prenait environ 30 pilules par jour. Son corps en partie paralysé avait subi un deuxième choc en mars 2008 lorsqu’un caillot sanguin s’est formé dans son bras droit (qui portait un tatouage coloré d’un personnage de Maurice Sendak “Where the Wild Things Are” [Max et les Maximonstres, NdT]). Il a été emmené à l’hôpital des Anciens Combattants à Kansas City, Missouri, où on lui a donné de la Coumadine, un anticoagulant, puis on l’a laissé sortir. Un mois plus tard l’hôpital lui a supprimé la Coumadine. Le caillot a migré vers un de ses poumons. Il a subi une embolie pulmonaire massive et est entré dans le coma. Quand il s’est réveillé à l’hôpital son langage était inarticulé. Il avait perdu presque toute la mobilité de la partie supérieure de son corps et la mémoire à court terme. Il a commencé à sentir une douleur épouvantable à l’abdomen. Une opération chirurgicale lui a enlevé son colon, afin d’atténuer la douleur abdominale. Il a été appareillé d’un sac de colostomie. La douleur a disparu quelques jours et est ensuite revenue. Il ne pouvait pas garder la plupart des aliments, même sous forme de purée. Les médecins ont dilaté son estomac. Il ne pourrait manger que de la soupe et des flocons d’avoine. Et ensuite il a continué avec un tube d’alimentation.

Young s’est accroché tant qu’il pouvait. Maintenant il est parti. Il a compris ce que les maîtres de guerre lui avaient fait, comment il avait été utilisé et transformé en déchet humain. Il a été un des premiers anciens combattants à protester contre la guerre d’Irak. En projetant de se tuer en coupant son tube d’alimentation, il a écrit une poignante lettre ouverte, « La Dernière Lettre » à George W. Bush et Dick Cheney en mars 2013 au moment du 10e anniversaire du début de l’invasion de l’Irak par les États-Unis. Il savait que Bush et Cheney, ainsi que d’autres stupides va-t-en-guerre, y compris mon ancien employeur le New York Times, étaient responsables de sa paralysie et de son proche décès. Après la publication de la lettre, Young a changé d’avis à propos du suicide, déclarant vouloir avoir plus de temps avec sa femme, Claudia Cuellar, qui a consacré sa vie à prendre soin de lui. Young et Cuellar savaient qu’il n’en avait pas pour longtemps. Le couple se déplacerait de Kansas City à Portland, Oregon, et ensuite à Seattle, où Young est mort.

L’administration des Anciens Combattants, pendant les huit derniers mois de la vie de Young, ont réduit son traitement médicamenteux pour la douleur, l’accusant d’être devenu toxicomane. Une décision qui l’a plongé dans une atroce agonie. L’existence de Young est devenue une bataille constante avec l’Administration des Anciens Combattants. Il a souffert d’infernales « douleurs paroxystiques ». Les AC étaient indifférents. Ils ont réduit sa prescription de médicaments analgésiques de 30 jours à sept jours. Quand les pilules n’arrivaient pas, Young était comme crucifié. Cuellar, dans un échange de plusieurs courriels avec moi depuis la mort de Young, s’est rappelée avoir un jour entendu son mari au téléphone supplier un médecin des AC et finalement lui dire : « Donc vous voulez dire que c’est meilleur pour moi de vivre en souffrant que mourir à cause de médicaments analgésiques dans cet état de handicap ? » La nuit, dit-elle, il gémissait et criait.

« C’était un rapport de forces, » m’a dit Cuellar dans un des courriels. « Nous étions en train de perdre. A Portland on passait notre temps à essayer d’obtenir ce dont nous avions besoin pour être confortablement à la maison et sans souffrance. C’EST TOUT CE QUE NOUS VOULIONS, ÊTRE À LA MAISON ET SANS SOUFFRANCE, profiter de chaque moment qui nous restait. »

Le dernier mois ils se sont déplacés de Portland à Seattle. Ils seraient plus proches d’un bon service pour les blessures de moelle épinière. Washington était aussi un des États qui avaient légalisé la marijuana, dont Young faisait une grande consommation.

Quand j’ai vu Young à Kansas City l’an dernier, il m’a dit qu’il avait pensé à faire disperser ses cendres sur un carré de terrain sur lequel serait plantée de la marijuana, « mais alors j’ai eu peur que personne ne veuille la fumer. » Après qu’ils se soient déplacés vers Seattle, lui et Cuellar ont de nouveau supplié les AC pour avoir plus de médicaments analgésiques, mais l’équipe des AC a dit que Young devrait être évalué après une période de deux semaines par « une équipe spécialisée en soins palliatifs ». L’équipe de soins palliatifs ne pouvait pas le voir avant la dernière semaine de novembre. Il est mort avant.

« La semaine dernière j’ai appelé parce que la douleur horrible a réapparu pendant toute la journée, » a dit Cuellar dans un courriel. « J’utilisais de plus en plus de morphine et de Lorazepam. J’étais à court de pilules. Il avait une grande résistance à la souffrance, mais cela empirait. J’ai appelé pour signaler au médecin que cela empirait rapidement. Je n’aurais pas assez de pilules jusqu’au rendez-vous du 24. Le docteur était indifférent. Il m’a donné un cours condescendant sur les règles strictes appliquées aux stupéfiants. J’ai dit “mais mon mari souffre, qu’est-ce que je fais ?” »

Young a essayé de prendre assez de somnifères pour endormir la douleur. Mais il ne pouvait se reposer un certain temps qu’à des intervalles de quelques jours. La douleur et l’épuisement ont commencé à détruire son corps frêle. Il était déprimé. Il s’affaiblissait visiblement. Il se sentait humilié.

« Peut-être qu’endurer tout cela l’avait tant épuisé qu’il n’est jamais revenu de son dernier sommeil, » a écrit Cuellar. « Ma conclusion est qu’il est mort de douleur en s’épuisant à la combattre. Lundi matin de bonne heure, quand je pensais qu’il dormait, j’ai entendu un silence que je n’avais jamais entendu auparavant. Je ne pouvais pas entendre sa respiration. J’ai eu peur, mais je savais. La première chose que j’ai faite a été de le libérer de tous les tubes et les sacs de son corps. J’ai coupé le tube d’alimentation. J’ai enlevé les sacs Ostomy. J’ai enlevé le cathéter Foley. J’ai nettoyé son corps. J’ai joué de la musique. Nous avons fumé un dernier joint ensemble. J’ai fumé à sa place. J’ai commencé à passer des coups de téléphone. »

« Les pompes funèbres m’ont chargée d’appeler la police, » écrivit-elle. « Ils sont arrivés et ont conclu qu’il n’y avait pas de problème, mais étant donné son jeune âge ils ont dû se référer au médecin légiste. Le médecin légiste est venu. Il a tranché qu’en raison de son âge, ils devraient effectuer une autopsie. J’ai dit, « Eh ! Regardez son corps, ne pensez-vous pas qu’il a été assez mutilé ? Allez-vous profaner son corps encore plus ? » Il a donc été découpé un peu plus. »

Le bureau des Anciens Combattants l’a appelée pour demander le rapport d’autopsie.

Les derniers jours de Young, a déclaré Cuellar, étaient souvent « désespérés et humiliants ».

C’est une vieille histoire. C’est l’histoire de la guerre. Deux jours après les attaques du 11 septembre, Young s’enrôla dans l’armée, espérant il serait envoyé se battre en Afghanistan. Il a été séduit par le chauvinisme et les appels à une croisade contre le mal, qui, a-t-il finalement réalisé, étaient le masque de mensonges et de tromperie. Il est devenu une voix pour d’autres jeunes qui ont porté les cicatrices physiques et émotionnelles de la guerre. Il est devenu notre conscience. Il a exprimé une vérité sur la guerre, une vérité que beaucoup ne veulent pas entendre. Et il a condamné nos criminels de guerre et a exigé justice. Il a écrit dans sa « Dernière Lettre » à Bush et Cheney :

J’ai souffert, comme beaucoup d’autres anciens combattants handicapés, de soins inadéquats et souvent médiocres fournis par l’Administration des Anciens Combattants. Je me suis rendu compte, comme beaucoup d’autres anciens combattants handicapés, que nos blessures mentales et physiques ne sont d’aucun intérêt pour vous, peut-être d’aucun intérêt pour aucun politicien. Nous avons été utilisés. Nous avons été trahis. Et nous avons été abandonnés. Vous, M. Bush, prétendez à grand bruit être un chrétien. Mais le mensonge n’est-il pas un péché ? Le meurtre n’est-il pas un péché ? Le vol et l’ambition égoïste ne sont-ils pas des péchés ? Je ne suis pas un chrétien. Mais je crois en l’idéal chrétien. Je crois que ce que vous faites au moindre de vos frères, vous le faites finalement à vous, à votre propre âme.

Mon jour du jugement dernier approche. Le vôtre viendra. J’espère que vous passerez en jugement. Mais surtout j’espère, pour votre salut, que vous trouverez le courage moral de faire face à ce que vous m’avez fait et à beaucoup, beaucoup d’autres qui méritaient de vivre. J’espère qu’avant la fin de votre temps sur Terre, comme le mien se termine maintenant, vous trouverez la force de caractère de faire face au public américain, au monde et en particulier aux Irakiens, et demanderez pardon.

Nous devons pleurer pour Tomas Young, pour tous les hommes et toutes les femmes gravement blessés qui se dissimulent dans des pièces isolées, pour y subir leurs intimes souffrances, pour leurs familles, pour des centaines de milliers de civils morts en Irak et en Afghanistan, pour notre propre complicité dans ces guerres. Nous devons pleurer une nation qui s’est égarée, aveuglée par la psychose de guerre permanente, qui tue des êtres humains à travers le monde comme s’ils n’étaient guère plus que des insectes. C’est un gâchis. Nous partirons battus d’Irak et d’Afghanistan ; nous partirons accablés par une dépense de trillions de dollars et responsables d’amas de cadavres et de nations en ruine. Young, et là est la tragédie, a été sacrifié pour rien. Seuls les maîtres de guerre, ceux qui ont profité des fleuves de sang, se réjouissent. Et ils savent que les morts ne peuvent pas parler.

« Quelqu’un n’est-il jamais revenu des morts, un seul parmi les millions qui ont été tués, l’un d’eux n’est-il jamais revenu pour dire Dieu, que je suis heureux d’être mort car la mort est toujours meilleure que le déshonneur ? » a écrit Dalton Trumbo dans son grand roman contre la guerre, « Johnny got his gun », « ont-ils dit que je suis heureux d’être mort pour sauvegarder la démocratie mondiale ? Ont-ils dit que je préfère la mort à la perte de la liberté ? L’un d’eux n’a-t-il jamais dit que c’est bon de penser que mes boyaux ont éclaté pour l’honneur de mon pays ? L’un d’eux n’a-t-il jamais dit, regarde-moi, je suis mort mais je suis mort au nom de la dignité et ça vaut mieux qu’être vivant ? L’un d’eux n’a-t-il jamais dit me voilà, j’ai pourri pendant deux ans dans une tombe étrangère mais il est merveilleux de mourir pour sa terre natale ? L’un d’eux n’a-t-il dit, hourra, je suis mort pour les femmes et je suis heureux de voir comme je chante, bien que ma bouche soit étouffée par les vers ? »

Source : truthdig, le 16/11/2014

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Le soldat en colère

Source : counterpunch, le 17/11/2014

Le 17 novembre 2014

Par Ralph Nader

Le courageux voyage de l’ancien combattant de la Guerre d’Irak grièvement blessé, Tomas Young, a pris fin lundi dernier, presque onze ans après qu’il ait été pris en embuscade dans un camion militaire complètement exposé. Il est décédé à Seattle, affectueusement soigné par sa femme Claudia.

Tomas ne s’en est pas allé sans bruit, malgré le bas de son corps paralysé, la douleur torturante, les comas et la dépendance au personnel soignant. Il est devenu un militant pacifiste contre la guerre, envoyant des convocations et répondant à autant de demandes d’entretien que son état qui le torturait le lui permettait.

J’ai eu des renseignements sur Tomas quand sa mère, Cathy Smith, m’a appelé de l’hôpital militaire Walter Reed en 2004, où son fils était soigné. Elle a dit que Tomas aimait lire et voulait que je lui rende visite. J’ai appelé le légendaire présentateur de talk-show Phil Donahue et lui ai demandé de se joindre à moi pour apporter à Tomas une pleine caisse remplie d’une trentaine de livres. Nous avons appris qu’il s’était enrôlé dans l’armée deux jours après les attaques du 11 septembre, parce qu’il voulait aider à traduire en justice les criminels responsables de ces attaques et aussi pour se constituer quelques économies pour aller à l’université. Au lieu de cela, il a été envoyé en Irak, qui n’avait aucun rapport avec le 11 septembre ni avec aucune menace sur la sécurité nationale aux États-Unis. Selon ses propres mots, « Nous avons été utilisés. Nous avons été trahis. Et nous avons été abandonnés. »

Phil a été si touché par son histoire qu’il est resté en contact étroit avec Tomas et sa famille et l’a aidé à diffuser son histoire. Avec Ellen Spiro, Phil Donahue a produit un documentaire frappant fondé sur l’histoire de Tomas, « Body of War », en 2007. L’histoire reposait sur les atroces expériences de Tomas Young, lequel a réussi à se déplacer pour quelques projections du film afin de soutenir les soldats « s’exprimant contre cette guerre. »

Un des clips les plus mémorables de « Body of War » montrait George W. Bush plaisantant et cherchant autour de lui des armes de destruction massive (sa meurtrière invention) au dîner des correspondants de radio et de télévision en 2004.

Une autre scène mémorable, de celles qui élèvent l’esprit humain, a été l’échange personnel entre le sénateur Robert Byrd (Démocrate – Ouest Virginie) et Tomas, pendant qu’un enregistrement de Tomas et du sénateur Byrd lisant la liste des sénateurs qui annonçaient leur vote contre l’invasion de l’Irak était diffusé en arrière-plan. Le sénateur Byrd a estimé que ces législateurs étaient « les 23 immortels. »

Après avoir reçu l’appel qu’il avait redouté pendant dix ans, Phil m’a dit que le corps et l’esprit de Tomas « ont accusé tous les coups » mais qu’il s’est battu pour vivre plus d’une décennie. Phil s’était engagé dans ces dix ans de survie héroïque, en l’aidant dans sa quête pour obtenir une amélioration des services médicaux et de la réadaptation, en l’encourageant à continuer à aller de l’avant et en facilitant la voix de Tomas Young à trouver sa place dans les annales de l’histoire. Cette amitié qui s’est développée à partir d’une situation aussi désespérée est un livre en soi.

C’était à l’approche du 10e anniversaire de la guerre d’Irak que, près de mourir et hospitalisé, Tomas Young a envoyé une « Dernière Lettre » à George W. Bush et Dick Cheney. Voici certaines des paroles accablantes de cette lettre, que, bien sûr, ni les deux criminels de guerre ni leur personnel financé par le contribuable ne se sont donné la peine de même reconnaître.

“Je vous écris cette lettre pour le 10è anniversaire de la guerre en Irak au nom de mes collègues vétérans de la guerre en Irak. Je vous écris cette lettre au nom des 4 488 soldats et Marines qui sont morts en Irak. Je vous écris cette lettre au nom des centaines de milliers de vétérans qui ont été blessés et au nom de ceux dont les blessures, physiques et psychologiques, ont détruit leur vie. Je suis l’un de ces blessés graves. J’ai été paralysé dans une embuscade d’insurgés en 2004 à Sadr. Ma vie touche à sa fin. Je vis en soins palliatifs.

Je vous écris cette lettre au nom des maris et des femmes qui ont perdu leurs époux, au nom des enfants qui ont perdu un parent, au nom des pères et des mères qui ont perdu des fils et des filles et au nom de ceux qui prennent soin des milliers de mes camarades vétérans qui ont des lésions cérébrales. Je vous écris cette lettre au nom de ces vétérans dont le trauma et l’auto-répulsion pour ce qu’ils ont vu, enduré et fait en Irak ont conduit au suicide et au nom des soldats en service et des Marines qui commettent, en moyenne, un suicide par jour. Je vous écris cette lettre au nom de près des un million de morts Irakiens et au nom des innombrables blessés Irakiens. Je vous écris cette lettre au nom de nous tous – les détritus humains que votre guerre a laissés derrière elle, ceux qui passeront leur vie dans une douleur et un chagrin sans fin.

Je vous écris cette lettre, ma dernière lettre, M. Bush et M. Cheney. Je ne vous écris pas parce que je pense que vous saisissez les terribles conséquences humaines et morales de vos mensonges, de vos manipulations et de votre soif de richesse et de pouvoir. Je vous écris cette lettre parce que, avant ma propre mort, je veux qu’il soit clair que moi, et les centaines de mes camarades anciens combattants, ainsi que des millions de mes concitoyens, comme les centaines de millions d’autres en Irak et au Moyen Orient, sachent réellement qui vous êtes et ce que vous avez fait. Vous pouvez échappez à la justice mais à nos yeux vous êtes chacun coupable de crimes de guerre flagrants, de pillages et, finalement, d’assassinats, y compris l’assassinat de milliers de jeunes Américains – mes camarades vétérans – dont vous avez volé l’avenir.

Vos postes de dirigeants, vos millions de dollars de richesse personnelle, vos consultants en relations publiques, vos privilèges et votre pouvoir ne peuvent masquer la vacuité de votre caractère. Vous nous avez envoyé combattre et mourir en Irak après que vous, M. Cheney, ayez esquivé la conscription pour le Vietnam, et vous, M. Bush, vous vous soyez porté AWOL (« absent without official leave » c’est-à -dire « absent sans permission officielle », synonyme dans le langage militaire de désertion – NDT) de votre unité de la Garde Nationale. Votre lâcheté et votre égoïsme ont été démontrés il y a des années. Vous n’étiez pas prêts à risquer votre vie pour notre nation mais vous avez envoyé des centaines de milliers de jeunes hommes et de femmes se sacrifier dans une guerre insensée, sans plus de réflexion qu’il n’en faut pour sortir les poubelles.

J’ai rejoint l’armée deux jours après les attaques du 11 septembre. J’ai rejoint l’armée parce que notre pays avait été attaqué. Je voulais riposter à ceux qui avaient tué près de 3 000 de mes concitoyens. Je n’ai pas rejoint l’armée pour aller en Irak, un pays qui n’avait pas pris part aux attentats du 11 septembre 2001 et ne constituait aucune menace à ses voisins, encore moins pour les Etats-Unis. Je n’ai pas rejoint l’armée pour « libérer » les Irakiens ou pour fermer les installations mythiques d’armes de destruction massive ou pour implanter ce que vous avez appelé cyniquement la « démocratie » à Bagdad et au Moyen-Orient. Je n’ai pas rejoint l’armée pour reconstruire l’Irak, dont vous avez prétendu à l’époque qu’il pourrait être payé par les ressources pétrolières de l’Irak. Au lieu de cela, cette guerre a coûté aux Etats-Unis environ 3000 milliards de dollars. Je n’ai surtout pas rejoint l’armée pour mener à bien une guerre préventive. La guerre préventive est illégale au regard du droit international. Et en tant que soldat en Irak, je le sais maintenant, j’étais complice de votre stupidité et de vos crimes. La guerre en Irak est la plus grande erreur stratégique de l’histoire américaine. Elle a fracassé l’équilibre des forces au Moyen-Orient. Elle a installé un gouvernement pro-iranien corrompu et brutal à Bagdad, installé solidement au pouvoir par la torture des escadrons de la mort et la terreur. Et elle a laissé l’Iran comme une puissance dominante de la région. A tous points de vue – moral, stratégique, militaire et économique, l’Irak a été un échec. Et c’est vous, M. Bush et M. Cheney, qui avez commencé cette guerre. C’est vous qui devriez en payer les conséquences.

Je n’écrirais pas cette lettre si j’avais été blessé en combattant en Afghanistan contre ces forces qui ont perpétré les attentats du 11 septembre. Si j’avais été blessé là -bas, je serais quand même malheureux à cause de ma détérioration physique et de ma mort imminente, mais j’aurais au moins la consolation de savoir que mes blessures seraient la conséquence de ma propre décision à défendre le pays que j’aime. Je ne serais pas obligé de rester couché dans mon lit, le corps rempli d’analgésiques, en train de mourir et d’avoir à faire face à des centaines de milliers d’êtres humains, y compris des enfants, y compris moi-même, qui ont été sacrifiés par vous pour rien de plus que la cupidité des compagnies pétrolières, votre alliance avec les émirs du pétrole d’Arabie Saoudite et votre folle vision de l’empire.

J’ai souffert, comme beaucoup d’autres anciens combattants handicapés, des insuffisances de soins souvent ineptes fournis par l’administration des vétérans. J’ai fini par réaliser, comme beaucoup d’autres anciens combattants handicapés, que nos blessures mentales et physiques ne sont d’aucun intérêt pour vous, peut-être d’aucun intérêt pour n’importe quel politicien. Nous avons été utilisés. Nous avons été trahis. Et nous avons été abandonnés. Vous, M. Bush, feignez beaucoup d’être chrétien. Mais mentir n’est-il pas un péché ? Tuer n’est-ce pas un péché ? Le vol et l’égoïsme ne sont-ils pas un péché ? Je ne suis pas chrétien. Mais je crois dans l’idéal chrétien. Je crois que ce que vous faites au plus insignifiant de vos frères vous le faites en définitive à vous-même, à votre propre âme.

Mon jour du jugement dernier approche. Le vôtre viendra. J’espère que vous serez envoyé devant un tribunal. J’espère que, pour le salut de votre âme, vous trouverez le courage moral pour affronter ce que vous avez fait, à moi et à beaucoup, beaucoup d’autres qui méritent de vivre. J’espère qu’avant que votre vie sur terre prenne fin, comme la mienne s’achève à présent, vous trouverez la force de caractère pour vous présenter devant le public américain et devant le monde, et en particulier devant le peuple Irakien, pour implorer leur pardon.”

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Dans les annales de l’histoire militaire, le courage moral est beaucoup plus rare que le courage physique, en partie à cause des sanctions durables contre les dissidents et ceux qui parlent vrai aux puissants à propos des fautes de notre propre société. Tomas Young avait un courage tant moral que physique. À l’avenir, son exemple devrait être suivi par les jeunes soldats lorsque leurs politiciens gravement déficients ordonneront de faire le sacrifice suprême pour les folies et les ambitions illégales de leurs chefs.

Source : counterpunch, le 17/11/2014

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Source: http://www.les-crises.fr/les-derniers-jours-de-tomas-young/


[Propagande] Trop fort Bruno Denaes, le médiateur de Radio France !

Tuesday 22 March 2016 at 04:00

Petit coup de gueule du soir.

Radio France dispose d’un médiateur pour “porter votre parole auprès des unités de programmes et des rédactions.”

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Après un nouvel accès de racisme ordinaire anti-russe sur les ondes, un auditeur a réagi en saisissant le médiateur :

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“Depuis un moment déjà une sorte de propagande anti-russie semble régner au sein de la rédaction comme de certaines émissions sur tous les “fronts” (intérieur, personnel/Poutine, Syrie, Crimée, etc.). Celle-ci s’entend dans les tournures des journalistes eux-mêmes mais surtout dans les interventions des correspondants et des “experts” choisis pour intervenir et dont l’orientation est assez systématique. Il n’est pas rare d’entendre deux et même trois de ces dernier(e)s invités en même temps et défendre un point de vue identique, ce qui de surprenant devient ridicule de caricature. On a l’impression d’écouter radio-OTAN… faire son travail de désinformation pour formater l’opinion. Un minimum de pluralité de vues serait bienvenue.”

Demander une pluralité de vues pour mieux comprendre les problèmes complexes actuels ? Quel rêveur !

Voici la réponse de Bruno Denaes, nouveau médiateur de Radio France :

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“Non, il ne s’agit pas de propagande, mais de faits et d’explications de ces faits. A défaut, justement, d’être aveugle ou… militant, il est difficile d’admettre que la Russie soit un havre de démocratie (les médias sont à la solde du gouvernement), qu’elle défend les droits de l’homme en Syrie (elle s’est engagée auprès du dictateur qui dirige ce pays), qu’elle ne soit pas “impérialiste” (elle s’approprie la Crimée, appartenant pourtant à un pays légitime, l’Ukraine)… “

J’avoue avoir été scié – mais bon, après tout, le médiateur ne s’informe-t-il qu’en écoutant Radio France, ce qui doit expliquer tout ceci…

Je précise que Bruno Denaes a été rédacteur en chef en charge de la journée, et qu’il intervient régulièrement à l’Institut de journalisme de Bordeaux-Aquitaine, de l’Ecole de journalisme de Toulouse et de l’ESJ Lille.

 

Je rappellerai que, bien évidemment, comme l’explique Chomsky par exemple (il est enseigné à l’ESJ ?), les médias de chaque pays réalisent une propagande qui va dans le sens de leur gouvernement.

Et que, oui, la propagande en Russie est souvent plus intense que chez nous – la différence étant cependant que les Russes, eux, on facilement accès à des sources alternatives étrangères… Mais la propagande en Russie est le problème des Russes, le nôtre est de limiter au maximum celle que nous subissons en France – a fortiori si elle est subventionnée par nos propres impôts…

Alors pour répondre à cette prose, je rappellerai par exemple :

Et je re-précise qu’on peut dire ceci sans être le moins du monde un soutien de Vladimir Poutine – il suffit juste d’avoir une certaine idée de l’éthique de la profession de journaliste.

Bref, M. Denaes, n’hésitez pas à demander qu’on invite au hasard, Jacques Sapir, Pascal Boniface, Fabrice Balanche, Frédéric Pichon, Georges Malbrunot – vous allez apprendre plein de trucs ! :)

Sans rancune – on compte vraiment sur vous – il n’y a pas de Démocratie sans Pluralisme…

 

Alors, si vous aussi vous avez des choses à dire au Médiateur, n’hésitez pas, on peut lui écrire ici, ou le contacter sur Twitter ici – c’est important de ne pas laisser passer…

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Source: http://www.les-crises.fr/propagande-trop-fort-bruno-denaes-le-mediateur-de-radio-france/