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[WTF] « Le Monde » s’engage dans “l’éducation à l’information” maintenant !

Wednesday 8 February 2017 at 06:55

Planquez vos gosses ! L’école les rendait analphabètes, elle risque de les rendre bêtes désormais !

« Le Monde » s’engage dans “l’éducation à l’information” maintenant !

Source : Delphine Roucaute, pour Le Monde, le 2 février 2017.

Un groupe de journalistes volontaires du « Monde » se propose d’aller faire des interventions en classe, sur la base de contenus pédagogiques mis à disposition de nos lecteurs.

En parallèle du Décodex, ce guide créé par l’équipe des Décodeurs qui permet de vérifier la fiabilité d’un site Internet, s’est développé un projet qui a très vite fusionné avec lui. Car ils sont tous les deux nés d’une même nécessité : rendre le flux d’informations continu plus lisible et plus compréhensible, notamment pour nos jeunes lecteurs. Pour ce faire, Le Monde a décidé de s’engager dans une démarche d’éducation à l’information, à destination des collégiens et des lycéens, par le biais d’interventions en classe et par la mise à disposition, sur son site Internet, de contenus pédagogiques.

Ce projet est né d’un constat : toutes nos démarches de pédagogie que nous lançons au quotidien à travers nos articles ou par l’intermédiaire d’opérations plus ponctuelles comme le Décodex sont essentielles. Mais nos articles ne s’adresseront jamais qu’à nos lecteurs ou – du moins – à des personnes qui ont l’habitude de s’informer.

OB : C’est cruel quand l’inconscient parle, non ?

Alors, comment donner, au plus grand nombre, les clés de compréhension pour naviguer dans l’océan de l’offre médiatique ?

Lutter contre les fausses rumeurs

La question est d’autant plus grave à une époque où tant de fausses informations, rumeurs et autres complots sont diffusés à grande échelle sur les réseaux sociaux, ces plates-formes d’échanges devenues médias, et où les recommandations de nos contacts valent hiérarchie de l’information. À tel point que Facebook a été accusé d’avoir influencé l’issue de l’élection américaine de novembre 2016, en laissant proliférer les fausses informations. C’est à cette occasion que s’est popularisée l’expression « fake news », qui désigne les informations volontairement trompeuses empruntant les codes et la présentation de la presse traditionnelle. Un ennemi difficile à combattre, puisqu’une analyse ne sera jamais autant diffusée que le mensonge d’origine.

Au-delà de notre travail quotidien de journalistes, il nous a semblé essentiel de revenir à la base du problème, et d’expliquer aux adolescents, particulièrement vulnérables aux fausses nouvelles, ce qu’est une information, pour qu’ils apprennent à adopter, pour eux-mêmes, des réflexes journalistiques. Ceux que tout le monde devrait avoir en tête quand il lit, écoute ou regarde un document. Ce que je lis, est-ce une information, une opinion, une rumeur ? D’où vient-elle ? Est-ce du discours rapporté ? Cette image que je vois, de quand date-t-elle ? A-t-elle déjà été utilisée dans un autre contexte ? Etc.

OB : Comme ils vont prendre chers les missionnaires du Monde quand ils vont découvrir la réalité hors de Paris intra-muros…

Précision : il n’y a aucune allusion ethnique dans mon propos – je cherchais juste un dessin d’évangelisateur. Les journalistes risquent bien de commencer plutôt par Louis le Grand que par Bobigny…

Un groupe de journalistes prêt à intervenir en classe

C’est pour toutes ces raisons que Le Monde a décidé de s’engager dans l’éducation à l’information.

OB : et comme c’était ça ou la mise en place d’un contrôle de qualité interne…

Notre objectif est de participer à l’effort déployé par l’éducation nationale depuis la rentrée 2016 et de donner aux élèves les clés pour une lecture critique et distanciée de ce qu’ils lisent ou consultent tous les jours à la télévision ou sur leur smartphone via Facebook, Twitter, Snapchat et autres réseaux sociaux.

OB : ce que je donnerais pour voir un journaliste du Monde donner “les clés pour une lecture critique et distanciée”…

En complément du Décodex lancé jeudi 2 février sur Le Monde.fr, nos journalistes ont mis à disposition des internautes une série de fiches pédagogiques destinées à guider leur lecture au quotidien. Nous expliquons notamment pourquoi il est important de vérifier une information avant de la partager, la manière dont on peut juger la fiabilité d’un site ou vérifier une rumeur qui circule sur les réseaux sociaux. Des vidéos déclinant ces thématiques sont également en ligne et peuvent servir de support aux enseignants pour leurs cours. En outre, nous avons développé un kit pédagogique à destination des professeurs, qui comprend des exercices pratiques.

OB : si quelqu’un a envie de regarder ces bidules et de donner son analyse en commentaire… (polie, l’analyse svp…)

Pour tenter de répondre un peu plus à la demande des enseignants, un groupe de journalistes volontaires s’est constitué au Monde, prêt à aller faire des interventions en classe, sur la base de ces contenus, et pour expliquer leur métier, dans une tentative de démystifier toujours un peu plus les idées qu’on se fait d’une profession si visible et si peu connue à la fois.

D’ici à la fin de l’année scolaire 2016-2017, nous tâcherons d’intervenir dans différents établissements, aussi bien généraux que professionnels, de la 6e à la terminale. Cette première phase exploratoire nous permettra, grâce aux retours des élèves et des professeurs, de proposer un projet pédagogique plus ambitieux pour la rentrée de septembre 2017. Aussi, nous lançons un appel aux enseignants intéressés par cette démarche et les invitons à nous contacter pour organiser une rencontre avec leur classe avant le début du mois de juillet.

En seulement deux jours,

OB : soit bien plus que la durée de vie d’une information aujourd’hui…

nous avons déjà reçu près de deux cents demandes de la part d’enseignants de toute la France pour venir intervenir en classe.

OB : 200 sur 1 053 000 – joli… On peut prévenir les parents de ces 200 svp ?

Nous ne serons malheureusement pas en mesure de répondre à toutes ces sollicitations, mais nous nous efforcerons de satisfaire le plus grand nombre d’entre vous.

OB : C’était le “groupe” des 2 Décodeurs du Monde du Décodex ? Si c’est eux, je suis assez pour les renvoyer à l’école en effet…

Ou Piotr Smolar ? 🙂

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Retour aux commentaires : Je rappelle que le Monde est une société commerciale à but lucratif, et que je vois mal au nom de quoi elle va aller faire de la retape et de la com’ auprès des enfants à l’école.

Et puis c’est pas comme si ça manquait de bras pour assurer le meilleur niveau de qualité dans le journal, hein…

Bientôt les volontaires d’Amazon pour “ne pas se faire avoir lors de ses achats en ligne”, de Microsoft pour “comment choisir son système d’exploitation” ou de McDonald’s pour “La nutrition, c’est important !”.

Du coup, je lance aussi un appel :

Quand on peut aider à la formation de l’esprit critique… 🙂

En synthèse : “C’est plein de bonne volonté, merci, mais occupez-vous plutôt de bien faire votre travail, ça aidera bien plus la cause….”

Quelqu’un saurait-il si des associations de parents d’élèves ont réagi à cette drôlerie ? C’est encore aux professeurs d’éduquer, pas aux journalistes, non ? Si quelqu’un peut en prévenir certaines…

 

 

Source: http://www.les-crises.fr/wtf-le-monde-sengage-dans-leducation-a-linformation-maintenant/


Macron : 3,6 millions d’euros de revenus, et patrimoine négatif ?

Wednesday 8 February 2017 at 01:15

Nous allons nous intéresser aujourd’hui à un lièvre détecté par l’indispensable Canard enchaîné (bravo à lui, qui a bien défriché et m’a donné l’idée de creuser un peu)

Je précise bien qu’il s’agit d’un travail d’amateur sans prétention – qui vise simplement à aiguillonner quelques journalistes. (c’est bien le but de les rendre publics sur Internet)

Emmanuel Macron serait-il très très dépensier – ce qui expliquerait alors son regard positif sur les rêves de devenir milliardaire ?

Ou aurait-il des actifs qu’il a oublié de déclarer ?

Nous n’en savons rien du tout, disons le clairement par prudence. C’est une simple question de citoyen qui émerge à la lecture de ses déclarations, et qui n’est pas absurde.

Mais il est difficile de le savoir si aucun journaliste ne lui demande quelques comptes sur ses comptes, afin de les comprendre et de simplement clarifier les choses…

(Et comme il refuse de répondre aux questions du Canard, alors qu’il est dans l’ancien ministère de Cahuzac, on devient suspicieux…) Regardez pourquoi.

J’espère en tout qu’un journaliste étudiera ces faits que nous nous mettons en avant,  afin qu’un professionnel mène pour le coup une vraie enquête…

 

EDIT 08/02 : je note que ce billet publié initialement le 3 juin 2016 sur le patrimoine de Macron, candidat presque officiel du journal Le Monde, a commencé à se mettre à buzzer il y a une semaine. Je le ressors donc, un peu toiletté sur la forme, je n’ai pas revu le fond – et je n’ai vu passer aucune enquête d’un média là-dessus depuis juin (si quelqu’un a des informations…).

Je signale donc que je subis depuis une semaine une très grave campagne de diffamation publique du Monde visant à me faire fermer ce blog (mais il est vrai que je les agace depuis quelques années en montrant leur erreurs et omissions, je le reconnais) #JeDisCaJeDisRien

Comme ce ne sont quand même pas des juniors anciens de chez BuzzFeed qui vont m’intimider, je ressors donc ce billet – pour vous faire patienter, la suite de la série Décodeurs prend plus de temps que prévu – il y a tant à dire aussi… 🙂

(Billet édité) Emmanuel Macron a donc déclaré : «Vous me faites pas peur avec vos t-shirts. La meilleure façon de se payer un costard est de travailler ».

C’est qu’en effet le travail génère des revenus, dont une partie sert à se constituer de l’épargne et donc un patrimoine.

Eh bien nous allons analyser aujourd’hui celui de notre Ministre de l’économie, Inspecteur général des Finances…

Nous disposons en effet grâce à la nouvelle loi sur la transparence de sa déclaration de revenus (Source : HATVParchive) et de patrimoine (Source : HATVParchive).

Comme il a été nommé en août 2014 dans le gouvernement Valls II, ses déclarations (isolées donc) n’ont pas figuré avec celles de ses collègues, qui avaient suscité beaucoup d’articles quelques mois auparavant. Cela va être corrigé.

I. Les revenus d’Emmanuel Macron

Voici sa déclaration d’octobre 2014 :

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Vous notez la progression stratosphérique : 2009 Directeur à 30 ans, 2010 Gérant, 2011 Associé Gérant, 2012 Élysée… !!!

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En voici une synthèse (avec une estimation prudente de ses revenus depuis l’ENA, entre 2002 et 2008, dont je vous passe le détail, vu qu’ils sont modiques par rapport aux suivants) :

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Bilan, environ 3,6 millions d’euros de revenus en 13 ans, (soit 23 000 € par mois) dont 2,5 M€ en 2011 et 2012 chez Rothschild (soit 105 000 euros par mois), avant impôts bien entendu (Source).

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C’est donc trèèèèès confortable. Voyons ce que cela a donné au niveau de son patrimoine.

II. Le patrimoine d’Emmanuel Macron

Voici sa déclaration d’octobre 2014 :

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(cliquez pour agrandir – comme pour les autres)

Le coeur de son patrimoine est donc, comme souvent, l’immobilier, avec un seul appartement parisien de 83 m², d’une valeur annoncée de 935 000 € au 3T 2014.

Il a été acheté en juin 2007 pour 820 000 € et a nécessité 70 000 € de travaux (à l’achat, j’imagine, ce n’est pas dit, mais vu le montant, ce sont de gros travaux), soit un coût de 890 000 €

Et c’est là que c’est amusant, car l’Insee nous indique ceci pour l’évolution des prix de l’immobilier des appartements parisiens :

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Donc entre le début 2007 et le 3T 2014, les prix ont augmenté de 37,5 % à Paris (EDIT : le Canard enchaîné du 1er juin indique + 33 % pour son quartier).

Pour un appartement rénové de 890 000 €, cela aurait dû le conduire à 1 235 000 €, soit 300 000 euros de plus que ce qui est annoncé par M. Macron.

Comme j’imagine qu’un Inspecteur des finances sait compter et se renseigner, j’imagine qu’il avait en fait acheté son appartement bien trop cher en se faisant avoir, que ses travaux ont été loupés, et qu’il n’a pas entretenu le bien depuis lors – il n’y a donc aucun problème… 🙂

Le Canard de cette semaine indique à ce propos : “‘J’ai acheté cher’ a expliqué [Macron], quand le Canard lui a posé la question. Bien la peine d’être inspecteur des finances et banquier chez Rothschild pour faire de si mauvaises affaires…”

(Au passage je ne comprends pas pourquoi la loi ne prévoit pas d’indexer par cet indice les évaluations de biens pour l’ISF plutôt que de laisser les gens décider… Passons.)

La suite :

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74 000 € de valeurs en Bourse, plus :

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1 action à 20,92 €… Puis :

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86 000 € d’assurance vie, ok. Puis :

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105 000 € de liquidités… (50 000 € en compte courant, il faut penser à le mettre sur un livret bancaire M. Macron, a fera des petits. Ces énarques… 🙂 ) Et :

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Une voiture à 6 000 €.

Et c’est apparemment tout… (Mais pourquoi n’y a t-il pas un récapitulatif à la fin ? Ils ont peur de la transparence ou quoi ? )

Soit 266 000 € de liquidités en dehors de l’appartement. Pour quelqu’un qui a donc gagné 2 800 000 € les 4 dernières années…

Mais il y a mieux, car M. Macron… a des dettes ! Et pas qu’un peu, car il doit de l’argent à 3 structures à ce qu’on comprend :

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Intéressons-nous à ce dernier prêt, de 550 000 € à l’origine, contracté en 2007 pour 10 ans, et qui se terminera en… 2022 (oui, je sais, mais ce n’est pas moi qui ai rempli le document… J’imagine qu’une période d’indigence énarchique l’a obligé à rallonger ce prêt…)

On note donc qu’en 2007 :

Il reste en tous cas à estimer les intérêts à rembourser in fine.

En 2007, les taux à 10 ans étaient à 3,9 %

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Et l’inflation entre 1,6 % et 2,1 % les 3 années précédentes :

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En considérant qu’il n’a évidemment pas bénéficié d’une donation déguisée, on peut estimer à 3 % le taux demandé.

Et les amortissements peuvent être estimés ainsi, pour donner un ordre de grandeur (avec une autre estimation à un taux de 2 %):

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Donc environ 159 000 € d’intérêts…

Je m’arrête sur un point : il a des amis vraiment très très sympas, Macron :

“Eh, Manu, tu ne vas quand même pas emprunter à la banque 550 000 € à 4 % ? Je t’en prie, je te les prête moi, à X %, ça te fera une belle économie. Et puis tu me les rends dans 10 ans 15 ans, sans me payer d’intérêts dans l’intervalle… Tu sais, je n’en fais vraiment rien du tout, alors que toi, avec tes enfants ton chien Figaro à charge, tu ne peux pas te permettre ça, je t’en prie, ça me fait plaisir de t’aider, mon ami Manu !”

et donc en 2012 :

“Oh Manu, mon ami Manu, alors je vois que tu viens de gagner 2,4 millions d’euros chez Rothschild ! Oh, tu es un bon, toi ! Mais je t’en prie, ne me rembourse pas le reste de mon prêt, je préfère continuer à ce qu’il me rapporte peau de balle pendant 5 ans encore, et allez, disons 10 ans même ! Pour moi, ce n’est rien, et pour toi, c’est de quoi t’acheter plein de costards…”

Alors du coup, il semblerait quand même utile de connaître le nom du créancier de 500 000 € sur le Ministre de l’Économie, parce que vu le profil, on imagine aisément que c’est quelqu’un qui doit avoir affaire de temps en temps à ce ministère…. Le Canard, fidèle à sa qualité, poursuit donc :

Le Canard indique : Qui lui a prêté ? Pour quel objet ? “Cela ne vous regarde pas”, dit encore le ministre.

Bon je vous avoue, à un moment j’ai même pensé que ce prêt pouvait être “clean” et totalement avouable, genre famille. Mais c’est donc réglé…

Allez, 5 contre 1 que c’est un vieil IGF, ancien (ou pas) patron de banque…

En marche ! Mais pas vers la transparence hein…

Bref, on aboutit alors à cette situation patrimoniale (notez que si ce tableau figurait à la fin des déclarations de patrimoine – vu que c’est le but -, ça éviterait de faire ce genre de calculs, multipliant les risques d’erreur – c’est à Macron de la faire, pas à moi) :

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Soit un patrimoine net négatif… (ou pas bien haut en tous cas…)

(et donc tout au plus dans les +150 000 € environ sans cette histoire d’intérêts in fine)

Bon, ce n’est plus le cas s’il a sous-estimé son appartement, et vous me direz, à raison, que c’est un peu biaisé car il y a des emprunts qui servent au couple, et pas à son seul patrimoine, ce qui n’est pas faux. Ce billet vise aussi à montrer comme les promesses de transparence après l’affaire Cahuzac sont un réel plus, mais restent imparfaites en pratique…

Bon, après, sa femme n’est pas trader non plus :

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Je rappelle que son souci d’ISF sorti par la presse concerne cette maison secondaire ré-évaluée de 1,2 à 1,4 million. Certes, on n’a pas le montant des éventuelles dettes personnelles de Madame, ni le reste de son patrimoine, mais enfin, comme le couple ne payait pas l’ISF avec l’estimation à 1,2 M€ et le paie à 1,4 M€, alors que le seuil est de 1,3 M€, on voit bien qu’il ne doit y avoir que peu de dettes du côté de Madame, et donc qu’elle possède la majeure partie du patrimoine net du couple, et Macron pas grand chose… Pourquoi pas .

On aurait pu en savoir plus, si on disposait du rapport de la Haute Autorité, mais le Canard indique :

“L’intéressé ne souhaite pas fournir au Canard le résultat de ces cruelles investigations.”

En marche ! Mais pas vers la transparence, hein…

Mais une chose est claire. Oublions ces histoires d’immobiliers sous-évalués ou pas, ces intérêts in fine ou pas.

 

Macron, c’est plus de 3,3 millions de revenus en 6 ans, aucun achat immobilier dans l’intervalle, et à la fin, 266 000 € de liquidités

Je vous passe différentes hypothèses, mais, par rapport au niveau de revenus de 2009, ceci doit correspondre à environ 1 200 000 € d’excédents de revenus nets d’impôts sur la période.

À consommation inchangée, et compte tenu de la hausse des liquidités (qui ne partaient pas de zéro) et du remboursement des emprunts, ce sont donc environ 1 000 000 € nets en 4 ans qui manquent à l’appel.

Bien entendu, cela a pu être consommé. Mais enfin, cela fait quand même la bagatelle d’une consommation (en plus des crédits, et en plus du niveau de vie précédent Rotschild) d’environ 700 € nets en plus claqués chaque jour pendant 4 ans...

Il joue ou quoi ? S’il a tout donné aux bonnes œuvres, je veux bien revoir un peu mon jugement sur lui… 🙂

Le Canard indique à ce propos : “Où est passé l’argent ? Dépensé ? Voilà un homme qui fait beaucoup pour la relance de la consommation…”

 

Bref, cela ne sert à rien de mettre en place une transparence si on n’a pas la réponse à ce genre de question – surtout après un scandale Cahuzac…

Un esprit mal intentionné pourrait même le soupçonner d’avoir un compte à l’étranger… 🙂

 

Après, il y a sans doute une bonne explication, parfaitement légale, – surtout que c’est certifié par Macron :

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mais c’est dommage qu’il ne la donne pasEt qu’aucun journaliste ne lui demande…

En tous cas, M. Macron, vous êtes bien l’homme qui convient à la France ! 🙂

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EDIT . Le Canard indique que Macron a vendu son appartement fin 2015, et soldé ses dettes. Nous verrons à la prochaine déclaration le résultat… Mais d’ici là, quelqu’un pourrait-il lui demander combien il a vendu son appartement qu’il estimait à 935 000 € en 2014 ?

P.P.S. :

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Moi, je dis que, quand on gagne plusieurs millions d’euros, qu’on envisage de faire de la politique, et qu’on n’est pas fichu de payer quelques centaines d’euros d’honoraires à un fiscaliste pour qu’il fasse vos déclarations bien dans les règles, on devrait avoir la morgue et la paranoïa plus limitée – surtout que le patrimoine des élus, c’est juste LE truc qui sort toujours en premier pour leur chercher des noises…

Et il en rajoute le bougre :

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COMPLOTISTE LE GARS EN PLUS !!!

Oups, pardon, un type du système n’est JAMAIS complotiste, c’est vrai…

Après, c’est sûr que, comme les types des impôts ont fait la même analyse que moi, ils doivent se poser de sérieuses questions…

Finissons par le prix Orwell :

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parce qu’en effet, il n’a pas payé (à tort) l’ISF en 2013 et 2014… (Les Echos)

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Bref, j’ai fait de mon mieux, aux journalistes de prendre le relais maintenant, c’est leur boulot, pas le mien… 🙂

Source: http://www.les-crises.fr/macron-36-millions-deuros-de-revenus-cumules-patrimoine-negatif/


[Synthèse finale] L’Allemagne tient le continent européen – Interview d’Emmanuel Todd

Tuesday 7 February 2017 at 23:52

Voici comme promis l’interview complète d’Emmanuel Todd en pdf, comprenant les 5 parties précédemment publiées :

N’hésitez pas à diffuser le lien direct vers elle : http://www.youscribe.com/catalogue/tous/interview-emmanuel-todd-l-allemagne-tient-le-continent-europeen-2493433

Source: http://www.les-crises.fr/synthese-finale-emmanuel-todd/


(1) DEC-INDEX : Quand Le Monde ressuscite L’Index de l’Église catholique…

Tuesday 7 February 2017 at 06:04

Je compte sur vous pour diffuser largement cette série sur les réseaux sociaux…

Série : Le naufrage des Décodeurs du Monde

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Sommaire :

I. Quand le Monde ressuscite l’Index librorum prohibitorum

L’Index librorum prohibitorum (Index des livres interdits) est un catalogue instauré par le pape Paul IV en 1559 durant le Concile de Trente (1545-1563).

Il s’agit d’une liste d’ouvrages que les catholiques romains n’étaient pas autorisés à lire. Le but de cette liste était d’empêcher la lecture de « livres pernicieux » jugés immoraux ou contraires à la foi.

La Congrégation de l’Index fut instituée en 1571. L’Index fut régulièrement mis à jour jusqu’en 1961, par ajout de la Congrégation de l’Inquisition ou du pape. La liste n’était pas un simple travail de réaction ; les auteurs étaient invités à défendre leurs travaux, qu’ils pouvaient corriger et rééditer s’ils désiraient éviter l’interdiction, et une censure avant publication était encouragée.

On a ainsi pu trouver parmi les centaines d’auteurs dans l’Index : René Descartes, Daniel Defoe, Blaise Pascal, Pierre-Joseph Proudhon, Jean de La Fontaine, Johannes Kepler, Alexandre Dumas, Érasme, Honoré de Balzac, Charles Baudelaire, François Rabelais, Jean-Jacques Rousseau, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Pierre Larousse, Fénelon, Gustave Flaubert, Fontenelle, John Locke, Martin Luther, Jean Calvin, Anatole France, Baruch Spinoza, Nicolas Machiavel, Frédéric II de Prusse, André Gide, Auguste Comte, Condorcet, Nicolas Copernic, Thomas Hobbes, David Hume, Emmanuel Kant, Montaigne, Montesquieu, Voltaire, Victor Hugo, Émile Zola…

J’ai une pensée émue pour toutes ces personnes, qui, un jour, ont découvert qu’elles étaient mises à l’Index et que c’était diabolique de les lire – vous comprenez pourquoi.

Depuis la « Notification de la suppression de l’index des livres interdits », émise par le Vatican en 1966, cet index perd son caractère obligatoire et n’a plus valeur de censure, même s’il reste un guide moral.

C’est de cet Index qu’est venue l’expression “Être mis à l’Index“.

Ainsi, cette censure a gravement attenté à la Liberté d’expression, et a pourri le débat public pendant plus de 400 ans.

Nous en étions débarrassés depuis plus de 50 ans, croyant être enfin entrés définitivement dans une période de liberté de pensée et d’expression.

Et puis Le Monde a ressuscité l’Index…

II. Quand les journalistes découvrent la concurrence – la vraie…

Certes, le fait qu’un nombre pléthorique de fausses ou douteuses informations, parfois émises par le pouvoir en place, circulent aussi largement, interpelle et pose un réel problème démocratique.

 

Il est cependant savoureux d’observer que tant de commentateurs font mine de découvrir subitement un nouveau phénomène, tout fiers d’inventer les “Fake News”, “Fake”, “Intox”… Comme si les erreurs, les rumeurs, les mensonges, les manipulations ou le bourrage de crâne était inédits – on doit pourtant à ceux-ci la naissance du formidable Canard Enchaîné il y a un siècle…

Le paramètre qui modifie véritablement la donne est d’ordre quantitatif et ne doit évidemment pas être nié : Internet démultiplie et amplifie ce phénomène inhérent à la nature même des médias, et beaucoup plus de particuliers peuvent désormais diffuser de fausses informations. Tout comme ils peuvent aussi en relayer de vraies, ou pointer les erreurs, mensonges ou omissions des grands médias.

Bref, les journalistes ont perdu le monopole de l’information, et découvrent les charmes de la concurrence – dont les médias élevés à l’école néolibérale se font par ailleurs volontiers les chantres.

Or la concurrence n’est bénéfique que si elle s’exerce à l’intérieur d’un cadre bien défini.

« La concurrence est naturellement malfaisante. Elle devient bienfaisante lorsqu’elle s’exerce dans le cadre juridique qui la plie aux exigences de l’optimum du rendement social. » [Maurice Allais, 1943]

Du coup, les journalistes ont aussi perdu le monopole du bourrage de crâne, et découvrent les délices de la concurrence déloyale.

Un peu comme quand, un jour, on a mis un fabricant de chaussures de Roman en concurrence avec des ouvriers chinois, et qu’on lui a dit “Que le meilleur gagne !” Et il a “étrangement” perdu…

Alors comment les journalistes, traumatisés par le Brexit, l’élection de Trump puis le naufrage de leur propagande pro-djihadistes à Alep allaient-ils réagir ?

Eh bien, mal, évidemment…

III. Le Monde lance le Decodex – ou Dec-Index ?

Les Décodeurs du Monde ont donc lancé ce 1er février leur propre Index, liste de 600 sites classés en 4 catégories.

Je précise que j’ai la liste, mais que je ne la diffuse pas pour ne ne pas participer à une large opération de diffamation, et ce pour deux raisons :

Le tout dans un but clairement Orwellien et assumé comme tel :

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“Avec Les Décodeurs, créé en 2009 sous la forme d’un blog et devenu une rubrique depuis 2014, Le Monde s’est donné une mission, celle de la vérification de la parole publique (« fact-checking »), qu’il s’agisse de propos politiques ou de rumeurs sur le Web.” (Source)

On parle bien du Monde, qui nous a vendu les charmes des Khmers Rouges à leur arrivée au pouvoir, Timisoara, les couveuses du Koweït, Le vrai-faux plan Fer à cheval d’épuration ethnique au Kosovo, les armes de destruction massive en Irak, les bobards sur la Libye en 2011, ou encore récemment le quasi-génocide lors de la Libération d’Alep Est (sérieux, ça s’est vu grave, même ses confrères le disent)…

Si le Monde pouvait se donner pour mission d’être irréprochable sur son propre travail, cela serait déjà une sacrée avancée pour lutter contre les fausses informations…

L’article continue :

“Les Décodeurs du Monde.fr ont référencé un peu plus de 600 sites d’information, classés selon une « grille » méthodologique, qui prend en compte non leur orientation politique ou idéologique, mais avant tout leur fiabilité journalistique : publient-ils des informations vérifiées ? Donnent-ils leurs sources ? Les auteurs sont-ils identifiés ? […]

Notre outil doit permettre à l’internaute de savoir qu’il ne se trouve pas sur un site « neutre », mais sur un organe militant. Avec les réseaux sociaux, il est très simple de se donner les atours d’un site d’information sérieux pour mieux diffuser sa propagande.”

Il est vrai que tant qu’on n’enseignera pas Noam Chomsky en Terminale et en école de journalisme, on pourra lire ce genre de choses qui vous laissent pantois…

Le Décodex propose trois outils :

Leur classement est le suivant :

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“Bien entendu”, pour rester dans l’ambiance, ils ont aussi créé l’outil automatisé de délation :

Bientôt votre blog ou votre page Facebook seront-ils concernés ? Car oui, oui, ils “gommettent” de simples pages Facebook aussi – et des comptes Twitter ! Et ils s’en vantent :

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Évidemment, en matière de délation, le Français s’y connaît… :

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Et attention, ils cherchent des auxiliaires pour bien vous faire le portrait :

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De toute façon, le but est clair : c’est bien un “Index” :

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Un des créateurs du Decodex a retweeté l’intervention de son patron (bonne idée le coup de lèche, ça va lui être utile…) qui confirme :

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Dans le Monde aussi :

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Eh bien M. Fenoglio, la qualité de “L’équipe des Décodeurs, pionnière en France”, vous en avez sur ce blog un petit exemple aujourd’hui, mais surtout, revenez demain, vous allez être TRÈS intéressé… (parce qu’en vrai, le mardi, c’est le jour de la semaine où je suis gentil – vous verrez donc la différence demain…)

Mais rassurez-vous, elle est tout-à-fait en phase avec la qualité de votre équipe de correspondants en Ukraine – puisqu’il semble bien que vous m’en voulez clairement pour avoir osé m’intéresser à cette thématique et poser certaines questions :

Par ailleurs, petite précision qui a son importance, révélée par le site Arrêt sur Images (soutenez-les…) :

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Le Monde est allé tendre la main auprès du Fonds “Google / Presse” pour avoir les 60 000 € du projet (eh bien, les temps sont apparemment durs au Monde…) – fonds que Google a octroyés à la presse pour qu’elle accepte son Google News :

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J’imagine donc que le Conseil d’administration a trouvé que c’était une bonne idée de pourrir plein de sites internet – belle illustration de la limitation de la liberté d’expression qui risque d’advenir dans le futur…

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On note donc qu’il n’y a pas que Google qui trouve ça bien, de nombreux journalistes aussi !

Google qui se lance aussi dans les gommettes – mais au moins n’accorde-t-il que des vertes, et relativement à des informations, pas à des sites…

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IV. Les lourds problèmes posés par le Decodex

Ainsi, le Decodex n’a rien inventé de bien nouveau, les listes de proscription sont vieilles comme Hérode, et sont en général l’apanage de philosophies plus ou moins totalitaires, allant de l’Inquisition au stalinisme, du maoïsme aux fascismes.

Et les listes de “mauvais sites Internet” existent depuis des années, sauf que jusqu’ici elles tournaient en général dans les bas-fonds d’Internet, où elles étaient souvent mises en avant par des affabulateurs, des manipulateurs ou des  personnes dérangées. Le fait que le plus grand journal du pays s’y mette, sans même avoir fait précéder ceci d’un large débat, est surréaliste. Et ce, sans même parler de la qualité du classement.

Et le fait que presque personne n’ait réagi, et, pire encore, que certains journalistes s’en réjouissent, est pour moi d’une tristesse incommensurable : le débat intellectuel du pays sombre dans le coma…

Merci cependant à Élisabeth Levy au passage pour ce bel article – on n’est pas d’accord sur tout, mais on a au moins ici une intellectuelle qui sait poser les bonnes questions… (par chance, Causeur est trop gros, ils n’ont pas -encore- osé le marquer conspirationniste…)

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4-1/ Mais pour qui se prend le Monde ?

Il est incroyable de voir que des journalistes se sentent à l’aise avec le fait de re-créer une Congrégation de l’Index.

Se croire autorisé à “labelliser” des sites qui n’ont rien demandé, en considérant qu’ils “diffusent des intox et des faux”…

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C’est vraiment une sacrée vision du métier de journalisme – je vais d’ailleurs alerter et me plaindre au SNJ.

“Tout homme journal qui a du pouvoir est porté à en abuser jusqu’à ce qu’il trouve des limites.” [d’après Montesquieu, De l’esprit des lois,1748]

4-2/ Les conséquences sur les “Rouges” : Crève !

“Red is Dead” en effet…

Quelle que soit l’intention du Monde, obtenir une étiquette rouge, et même orange, de sa part condamne le récipiendaire à la fermeture, ou à mort sociale de l’auteur, à l’impossibilité de travailler honnêtement comme il pourrait le faire, ou à être cantonné dans les marges sombres dans le meilleur des cas.

De plus, si la catégorie comprend une masse de sites débiles (Illuminati News ou Je suis stupide, j’ai voté Hollande) et/ou antisémites, elle comprend aussi des sites dont une telle classification est si peu rationnelle qu’elle pourrait éveiller des soupçons (si on avait l’esprit mal tourné, ce qui n’est pas mon cas) relatifs à un possible simple règlement de comptes (à l’insu de la Direction du journal ?). Surtout pour des sites de critique médias qui ont osé… critiquer le Monde !

Enfin, sans doute pire, pour une application téléchargée par quelques milliers de personnes (lectrices du Monde et donc souvent peu enclines à la pensée critique, qui ne risquaient pas grand-chose…) :

12 000 utilisateurs, 8 000 dénonciations de sites, intéressant sur l’état d’esprit des utilisateurs…

le Monde diffuse largement la liste des pires sites à ne pas regarder, ce qui va leur faire une publicité gigantesque dans le plus pur effet Streisand – merci au Monde sans qui personne n’aurait pensé aller visiter Reptiliens.blogspot…

Et je ne parle même pas des faux indétectables qui vont désormais pulluler partout – et il faudra s’en justifier en permanence :

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Source : Topito

4-3/ Les conséquences sur les “Orange” : Ferme ta gueule !

Finalement l’analyse des 600 sites du classement est assez simple :

On voit très bien que ce classement vise à décrédibiliser le travail des sites en question “Ce site peut être régulièrement imprécis, ne précisant pas ses sources et reprenant des informations sans vérification. Soyez prudent” (c’est presqu’aussi grave qu’Ebola donc ?)

Et à faire pression, façon “attention ou tu vas passer en rouge…” (ça se passe comment ? Qui décide ? On a droit à combien d’erreurs ? Graves ? On peut faire appel ? Il y a un purgatoire ? Ce ne sont pas les critères que vous utilisez pour les journalistes du Monde j’imagine, sinon personne ne passera jamais en rouge ?)

Et par ricochet, cela va évidemment museler la liberté d’expression, dissuader beaucoup de gens d’ouvrir un nouveau site.

Car qui va désormais oser ouvrir un site un peu critique, s’exprimer, c’est-à-dire prendre le risque de se tromper, de faire une erreur, de dire une bêtise qui buzzera, si :

Le goût de la Vérité (= Pravda en russe) officielle, ce n’est pas nouveau…

Cela illustre un fait préoccupant, dont on parle peu : cette façon qu’ont désormais des journalistes professionnels, payés par des médias, de s’attaquer non pas seulement à des informations fausses (ça, pourquoi pas, c’est important de rétablir la vérité des faits), mais bien à des sites non professionnels, voire même à des personnes physiques, les transformant en bêtes immondes pour parfois une seule erreur réalisée de bonne foi.

Comment un particulier, non professionnel des médias, peut-il encore s’exprimer librement si, lorsqu’il commet une erreur (parfois même dans un simple Tweet !), Le Monde ne se contente pas de rétablir les faits, de corriger l’erreur, mais rédige un papier stigmatisant pour montrer à la terre entière qu’il est un incompétent notoire – alors qu’il aura peut être sorti 1000 choses remarquables ?

Et le Droit à l’oubli pour une “connerie” dans un tweet épinglée par un grand média, c’est prévu ? Ou on pourrit tout le monde à vie, et on verra après ?

Bref, voici comment on brise une réputation, une vie professionnelle, une vie sociale, bref, une vie.

4-4/ Les conséquences sur les “Verts” : Couché ! [ou le soupçon permanent]

Deux centaines de sites ont été classés en vert, : presque tous sont ces fameux médias “mainstream” qui parviennent manifestement trop peu à satisfaire leurs lecteurs pour les dissuader de chercher de l’information ailleurs. Il y a donc dedans les propres concurrents directs du Monde.

C’est déjà en soi une démarche incroyable – il ne semble pas venir à l’idée de Renault de donner des gommettes vertes à Peugeot et BMW pour certifier de la qualité de leurs voitures.

Vu le poids du Monde, cette démarche à la Gault & Millau va surtout désormais laisser planer le doute en permanence sur l’objectivité de ces médias : vont-ils faire ou ne pas faire quelque chose pour plaire ou ne pas déplaire au Monde qui pourrait les dégrader en orange (Effet “Perte de ma 3e étoile”…).

D’ailleurs, il y a des “Ouf” qui ne trompent pas :

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Un autre journaliste résistant :

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Petit conseil de lecture pour ces journalistes, donc :

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C’est assez incroyable que les journalistes ne voient pas des évidences qui sautent même aux yeux d’une toute jeune fille lambda sur Twitter :

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Remarque en passant : contrairement à une pratique habituelle des médias, vous noterez je me suis quand même demandé si je devais afficher ou pas son identité, et en l’espèce, elle restera anonyme dans la copie d’écran. Ce serait bien qu’une réflexion ait lieu sur ce point dans la profession, et sur la capacité à refuser qu’on se serve de vos propos et images dans un média (ou autre) #DroitD’Auteur 🙂

Bon, je suis méchant, il semble rester quelques vrais journalistes dans le pays :

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(Source)

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Ainsi, désormais, tout site vert qui ne relèvera pas, à l’occasion, une erreur ou un comportement fautif du Monde, sera soupçonné par certains de trembler à l’idée d’un possible déclassement, renforçant évidemment la défiance envers les médias (qui est la base de nos problèmes) et alimentant le conspirationnisme.

V. Maccarthysme 2.0

DONC : je ne demande pas à obtenir ma gommette verte, ni même une gommette orange, je demande ne pas figurer dans cette liste Maccarthyste, visant à museler au final la Liberté d’expression.

Eh oui, dans ce contexte, même une gommette verte qui me serait attribuée par ces gens-là, représente un préjudice, car elle pourra laisser penser que j’ai perdu mon indépendance vis-à-vis du Monde, et nuira à ma lutte contre le conspirationnisme. 

Le Monde a une image beaucoup beaucoup trop puissante pour jouer à ce genre de jeu. Sa liste ne sera jamais “une opinion”, cela sera pour la majorité de la population “la Vérité”. C’est comme si l’AFP en faisait une…

Et donc, à chaque fois que le Monde sortira “une connerie”, et que je n’en parlerai pas (trop de boulot, désolé, je ne peux m’engager à ça…), certains penseront que j’ai peur d’eux…

Je n’ai pas créé un site d’information, mais un simple blog personnel pour échanger avec les lecteurs ; et le Monde n’a pas à utiliser l’immense poids de son image pour tenter de me discréditer – sans fondement en plus.

Ce qui se passe est gravissime, car cela veut dire que désormais, les grands médias décident de s’attaquer en masse à des non-professionnels (et même pas à leurs écrits un par un).

Il est évident que le temps de l’Internet libre et insouciant est terminé.

Il aura duré environ 20 ans.

EDIT : alors que j’allais publier ce billet, je tombe sur l’information du jour :

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extrait :

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Encore qu’au moins ils ne discutent que d’une information, et pas d’une source entière – ce qui est déjà fort différent du Décodex.

Mais si c’est le seul plan d’actions qu’ils ont et qu’ils ne se remettent pas en question, les fake news vont largement gagner…

En effet, huit médias discrédités qui se rassemblent ne font pas un média crédible…

VI. Mais Le Monde ne s’arrête pas là…

Comme 2017 s’annonce l’année Orwell, le Monde a aussi annoncé qu’il ne s’arrêterait pas en si bon chemin, et s’occuperait aussi de nos enfants :

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Un groupe de journalistes prêt à intervenir en classe

C’est pour toutes ces raisons que Le Monde a décidé de s’engager dans l’éducation à l’information. Notre objectif est de participer à l’effort déployé par l’éducation nationale depuis la rentrée 2016 et de donner aux élèves les clés pour une lecture critique et distanciée de ce qu’ils lisent ou consultent tous les jours à la télévision ou sur leur smartphone via Facebook, Twitter, Snapchat et autres réseaux sociaux. […]

Pour tenter de répondre un peu plus à la demande des enseignants, un groupe de journalistes volontaires s’est constitué au Monde, prêt à aller faire des interventions en classe, sur la base de ces contenus, et pour expliquer leur métier, dans une tentative de démystifier toujours un peu plus les idées qu’on se fait d’une profession si visible et si peu connue à la fois.

D’ici à la fin de l’année scolaire 2016-2017, nous tâcherons d’intervenir dans différents établissements, aussi bien généraux que professionnels, de la 6e à la terminale. Cette première phase exploratoire nous permettra, grâce aux retours des élèves et des professeurs, de proposer un projet pédagogique plus ambitieux pour la rentrée de septembre 2017.

Aussi, nous lançons un appel aux enseignants intéressés par cette démarche et les invitons à nous contacter pour organiser une rencontre avec leur classe avant le début du mois de juillet. (Source)

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On reste donc dans le même domaine que l’Index, avec cette fois une Mission évangélisatrice – mais ils comptent fonder une religion ou quoi ?  🙂

Conseil amical : il faut qu’ils se méfient quand même, les jeunes, aujourd’hui, fréquentent largement les réseaux sociaux, et il est probable qu’ils soient mieux renseignés sur un certain nombre de choses que les journalistes du Monde (genre il se peut bien qu’ils sachent que le Président du Parlement ukrainien est un “ex”-néo-nazi, ou qu’ils aient entendu parler de l’opération Timber Sycamore, eux) – le cours officiel de propagande risque donc de les énerver un peu, faites gaffe à vous, il y a eu des précédents fâcheux… 😉

Je rappelle que le Monde est une société commerciale à but lucratif, et que je vois mal au nom de quoi elle va aller faire de la retape et de la com’ auprès des enfants à l’école.

Et puis c’est pas comme si ça manquait de bras pour assurer le meilleur niveau de qualité dans le journal, hein…

Bientôt les volontaires d’Amazon pour “ne pas se faire avoir lors de ses achats en ligne”, de Microsoft pour “comment choisir son système d’exploitation” ou de McDonald’s pour “La nutrition, c’est important !”.

Quelqu’un saurait-il si des associations de parents d’élèves ont réagi à cette drôlerie ? C’est encore aux professeurs d’éduquer, pas aux journalistes, non ? Si quelqu’un peut en prévenir certaines…

Du coup, je lance aussi un appel :

Quand on peut aider à la formation de l’esprit critique… 🙂

En synthèse : “C’est plein de bonne volonté, merci, mais occupez-vous plutôt de bien faire votre travail, ça aidera bien plus la cause….”

VII. La bonne réponse aux Fake News

Le problème n’était pourtant pas complexe, mais encore faut-il le prendre par le bon bout.

Beaucoup de gens ne s’informent plus uniquement avec les grands médias.

Du coup, ils tombent plus ou moins souvent sur des fausses informations – dont les journalistes parisiens devraient arrêter d’exagérer l’importance, tout le monde ne passe pas sa vie sur Twitter, et ne gobe pas tout…

Face à ça, la première des missions n’est pas de s’occuper de sites rouges (la plupart des gens ne vont pas par hasard sur Iluminatis.com ou Mon-voisin-est-un-extraterestre.fr), mais de redonner à la masse de la population confiance dans les grands médias.

C’est le principal sujet, qui devrait occuper 90 % des débats et non pas 0,1 % comme aujourd’hui.

On est dans une situation surréaliste : c’est comme si 80 % de la population n’avait plus confiance dans les médecins, et allait consulter des chamanes, et que l’Ordre des médecins réagissait en… faisant la liste des mauvais chamanes, soit presque tous… Le tout sans s’interroger sur l’origine de la perte de confiance envers eux, ni y remédier…

Bref, le jour où tout le monde pourra aller en confiance sur Le-Monde.fr, sans se demander s’il n’y aura pas des mensonges non corrigés ou des omissions préoccupantes, où de vrais débats pluralistes seront présents, les gens ne passeront plus leur temps à aller sur des sites sur Internet.

Et ceci réalisé, je pourrai alors fermer mon site, ce qui est mon objectif, ou, à tout le moins, je ne serai plus obligé de scruter les âneries du plus grand journal français ou de donner la parole à des gens qui devraient l’avoir naturellement, dégageant de la sorte un temps précieux pour me consacrer à des analyses de fond, comme j’aime le faire.

Hélas, la profession de journaliste est l’une des plus corporatistes qui soit et elle a théorisé et parfaitement assimilé le fait qu’elle ne devait pas avoir à subir la moindre régulation. Ca marche mal, ça a des conséquences graves : surtout ne changeons rien !

 

Et ce, alors qu’elle est censée être un pilier de la Démocratie ! Car comment bâtir une démocratie digne de ce nom si les citoyens ne sont pas éduqués et correctement informés ? Sans cela, parler de politique est une plaisanterie.

Et ce, alors qu’elle est une des bases de la Démocratie ! Comment avoir une démocratie si les citoyens ne sont pas éduqués et correctement informés ? Sans cela, parler de politique est une plaisanterie.

Bien sûr, la profession a réfléchi : le SNJ a rédigé une Charte d’éthique professionnelle des journalistes qui est une base de travail intéressante. Mais la régulation ne peut-être facultative ni volontaire…

La profession devrait donc réfléchir et apporter à mon sens des réponses solides à ce genre de questions :

Je n’ai pas les réponses ; tout au plus un avis, mais c’est aux journalistes de répondre les premiers…

VIII. Le fact-checking qu’il nous faut d’urgence

Il est piquant de voir ce Décodex légitimé par ses auteurs par un sincère et authentique désir d’innover dans le cadre de la lutte contre la désinformation au titre de ce qu’il convient aujourd’hui de nommer le “fact-checking”. Pourtant, cette pratique n’a rien de nouveau, la référence mondiale en étant sans doute l’équipe de fact-checking du New Yorker.

Cette équipe interne au journal passe son temps dans l’ombre à vérifier les faits, bien sûr, mais UNIQUEMENT les faits publiés par le journal !

C’est en fait l’équipe interne de contrôle qualité, qui vérifie les faits rapportés par les propres journalistes du journal – et qui, par exemple, rappelle une personne interviewée pour s’assurer que ses propos n’ont pas été déformés par le journaliste, etc. On comprend que ce fonctionnement n’a donc rien à voir avec ce que cherche à nous imposer aujourd’hui Le Monde : le contrôle extérieur…

Si ce contrôle interne était obligatoire, sérieux, contrôlé, et si le lecteur pouvait se plaindre en cas de mauvais fact-checking, la crédibilité des médias s’améliorerait probablement fortement…

P.S. quelqu’un peut-il m’expliquer pourquoi c’est à moi de faire ce genre d’article le dimanche, quand il y a 36 000 journalistes dans le pays ?

IX. Et comme le dit le grand Edward Snowden

« Le problème des “Fake News” (fausses nouvelles) ne se résout pas en espérant faire intervenir un arbitre, mais plutôt parce que nous, en tant que participants, en tant que citoyens, en tant qu’utilisateurs de ces services, nous nous aidons mutuellement.

La réponse aux fausses informations, ce n’est pas la censure. La réponse aux fausses informations, c’est plus d’informations, discutées en commun.

Trop de gens dépendent d’une seule source, comme Facebook, pour s’informer. Lorsque vous allez sur votre page Facebook, c’est Facebook qui décide quelles nouvelles vous voyez sur votre page. Ils créent plus de silence qu’ils ne créent d’informations.

Vous comprenez à quel point il est dangereux qu’une entreprise puisse avoir assez de pouvoir pour remodeler notre façon de penser.

Nous devons mettre en pratique et répandre l’idée que la pensée critique est aujourd’hui plus importante que jamais, étant donné que les mensonges semblent devenir très populaires. » [Edward Snowden, Newsweek, Periscope,  Youtube et The Independant – 11/2016]

 

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Série : Le naufrage des Décodeurs du Monde

P.S. Merci de vous modérer si vous commentez. Les commentaires déplacés ou insultants seront comme d’habitude supprimés.

 

 

Source: http://www.les-crises.fr/quand-le-monde-ressuscite-l-index-de-l-eglise-catholique/


(2) Le Décodex du Monde : du gros travail de BuzzFeed !

Tuesday 7 February 2017 at 06:03

Série : Le naufrage des Décodeurs du Monde

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Après notre longue entrée en matière présentant la problématique, nous allons regarder de plus près la liste du Décodex.

I. Mais qui a sélectionné, classé et commenté la liste du Décodex ?

C’est donc l’équipe de fact-checkers du Monde, Les Décodeurs, qui a réalisé ce travail.

Un des décodeurs du Monde a indiqué dans un tweet qu’un journaliste de l’équipe a joué un rôle essentiel là-dedans : Adrien Sénécat

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Enorme big up au travail titanesque d’@adriensnk pour constituer la base du #Décodex. Il mériterait d’être rebaptisé @aprincedelamour.[La fin est une private joke sur le nom d’un internaute qu’ils flinguent]

Comme à ce stade, les Décodeurs visent clairement à détruire ce blog, je me suis permis de jeter un coup d’oeil sur le parcours d’Adrien Sénécat.

Et là, tu découvres que le “journaliste expert” que Le Monde a mandaté pour juger de la qualité de ton travail (sic.), et qui te pourrit gravement, est un très jeune journaliste, ancien de… BuzzFeed !

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Pour ceux qui ne connaissent pas ce site BuzzFeed – le nom parlant de lui même – je vous ai sélectionné le meilleur de la page d’accueil (je n’ai pas fait de recherches, j’avais trop peur de me faire surprendre en train de lire ce site) :

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BDSM = Sado-Masochisme

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=> “Comment on peut se retrouver au Monde en venant de BuzzFeed” en fait-il partie ?

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Avec Le Monde, ça fait 27…

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N’ayez crainte, après vérification, ils ne parlaient pas du journal…

 

Bref, je pourrais en dire beaucoup en m’énervant, mais on va le faire sur le ton de l’humour…

Imaginons donc l’entretien d’embauche fictif au Monde de d’Adrien Sénécat :

DRH du Monde : Bonjour. Nous cherchons un élément clé de l’équipe des Décodeurs, afin de constituer la première mondiale qu’est le grand retour de l’Index en 2017

Adrien Sénécat : Bonjour. Je pense être exactement la personne qu’il vous faut, je viens de Buzzfeed !

DRH du Monde : Dingue, notre principal concurrent ! Vous nous intéressez donc beaucoup – c’est un gros plus de débaucher les forces vives des autres. Le Mercato de l’année ?  🙂

DRH du Monde : vous vous occupiez de quoi chez Buzzfeed ? Pages Culture, Philosophie… ?

Adrien Sénécat : plutôt journalisme d’investigation je dirais…

DRH du Monde : fantastique, pile ce qu’on cherche ! Vous avez des références ?

Adrien Sénécat : Bien entendu, je suis justement venu avec :

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DRH du Monde : HAL-LU-CI-NANT ! Vous êtes un don du ciel ! Exactement ce qu’on cherche désormais au Monde. Pour convaincre la Direction, il me faudrait votre chef-d’œuvre chez Buzzfeed, votre article le plus représentatif… Allez, sans réflechir, vous pensez auquel ?

Adrien Sénécat : Sans vouloir me vanter, je ne suis pas peu fier de celui-ci, vous imaginez bien la patience et la rigueur qu’il m’a fallu pour mener à bien une telle enquête à la Denis Robert :

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DRH du Monde : M. Adrien Sénécat – ou plutôt, devrais-je dire, “Son Éminence”, c’est plus adapté, vous êtes embauché, voici les clés de la base du Décodex à remplir…

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Samuel Laurent et Adrien Sénécat présentent le Decodex (Vidéo Facebook à voir ici)

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Comment diraient-ils chez BuzzFeed déjà ?

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II. Analyse de la base Décodex du Monde

Avec un tel architecte, on sent bien que la base Décodex du Monde allait être solide comme le béton…

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On rappelle le principe : la liste compte environ 600 sites classés en 4 catégories.

Je précise que j’ai la liste, mais que je ne la diffuse pas pour ne pas participer à une large opération de diffamation, et ce pour deux raisons :

Leur classement est le suivant :

Bien sûr, l’objet de cet article est que Le Monde a classé ce blog dans la catégorie rouge. Nous allons donc analyser la qualité du travail réalisé…

L’article est hélas un peu laborieux, mais il est indispensable de faire une telle présentation…

2-1 Les verts

C’est bien simple, vous avez là-dedans toute la presse mainstream nationale et régionale, et même certains titres étrangers…

Alors comme dirait BuzzFeed, découvrez : Les 48 classements les plus délirants des Décodeurs du Monde (le 27e va vraiment vous étonner !)  🙂

Et donc à tout “saigneur” tout honneur :

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De même pour Le Figaro, La Croix, L’Humanité…

On a les agences de presse (Le Monde labellise les agences de presse, on aura donc tout vu…) :

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De même pour AP, Reuters…

Idem pour la télé :

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De même pour France Télévision, M6…

On a aussi Le site du Canard Enchaîné :

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ce qui est super utile, car ils ne diffusent presque aucune information dessus, préférant en rester au papier

mais pas de Charlie Hebdo dans la base à ce stade…  🙁

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Je pense que les Décodeurs ont prévu 4 ou 5 jours de boulot, hésitant entre les gommettes vertes, oranges et bleues…

Plus étonnant, le choix au petit bonheur de sites étrangers, comme Die Tageszeitung , qui n’a pourtant aucune édition anglaise et encore moins française :decodex

ou Frankfurter Rundschau :

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En fait, le Monde va bientôt vérifier la Planète, niark niark niark… 🙂

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De même pour CNN, BBC, ABC… Ou le Denver Post (hein, pourquoi lui ?), mais en revanche rien a priori sur les médias espagnols…

On a The Intercept aussi :

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Jusque-là, on va dire que c’est assez attendu… Pas trop de surprise réelle sur 140 sites verts sur les 200.

Quoique si, un point, il n’y a étonnement pas Causeur :

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mais on se doute bien pourquoi

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Faut pas te plaindre après, Élisabeth, si tu l’ouvres et que tu critiques tout Le Monde…  🙂

Sinon, punition !

 

Mais après, ils passent aux magazines, féminins surtout – qui sont des “sites d’information” bien connus :

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ou d’autres magazines culturels :

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ou moins culturels…

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De même pour Capital, Point de Vue, Psychologie Magazine (mais pas de Philosophie Magazine, tu m’étonnes…), Réponse à tout, Numérama, Notre temps, etc…

Autre catégorie, assez courte, deux anciens du Monde (qui ont d’excellents sites, mais pourquoi ceux-ci plus que d’autres ?) :

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Comment réagira le formidable Hervé Kempf à ceci ? Acceptera-t-il cette “légion d’honneur” du Monde, plus que celle de Ségolène Royal ? 🙂

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Mais aussi :

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Message amical à Daniel Schneidermann : vous voyez Daniel, ce que je disais précédemment, c’est que ce genre de procédé va jeter le trouble sur votre indépendance chez certaines personnes (et ce n’est nullement mon cas, je sais à quel point vous êtes chatouilleux sur ce point), sur le thème “Le Monde récompense les anciens du Monde“, “Tiens, on comprends mieux pourquoi l’enquête le publireportage d’@si, intéressant au demeurant, présentant en avant-première le Décodex, avait un niveau d’esprit critique et d’analyse proche de celui de David Pujadas face à François Hollande”  🙂  Bref, ça alimente la défiance envers les médias – et il n’y a pas besoin de ça…

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Il n’y a pas que la “fachosphère” qui grince des dents, tout journaliste intègre et un minimum éclairé devrait au moins se poser des questions sur le tour étrange que prend sa profession…

EDIT : je viens de voir que Daniel Schneidermann, qui prouve une fois de plus son indépendance, a écrit un très beau billet sur le site de Libération samedi :

Sauf que NON, Daniel, ça n’a jamais été une “belle idée” – qui n’a, notez, rien de nouveau…

P.S. vous noterez le chemin parcouru en seulement 5 ans, entre cet article et l’intitulé de la catégorie à laquelle il appartient ; on passe de l’analyse des discours politiques à la parole de simples particuliers…

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P. P.S. Si les journalistes pouvaient aussi arrêter d’inventer et d’utiliser des mots stupides et creux tous les 3 jours (infaux, fake, conspi, troll, fachosphère, “Internet” ou “Twitter” présentés comme des personnes…), c’est fatiguant à force…

Pas d’Acrimed, vous notez :

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Oh, ils sentent le pétrole ou quoi, vu le boulot fondamental qu’ils font – ils méritent au moins autant de pub que les sites reptiliens, non ?

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Oups, pardon, désolé, je ne savais pas qu’ils avaient critiqué le chef des Décodeurs du Monde, Samuel Laurent – Cayenne pour eux, c’est logique…

Ah, dans la catégorie “ancien du Monde“, j’ai oublié Slate de Colombani :

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Une bien belle source d’information, en effet, fiable :

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Ce n’est pas comme Les-crises hein :

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Oui, je sais, c’est énervant, hein… ?

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Pourtant, aucun génie, là-dedans, il suffit d’écouter Jean Rostand :

« La culture ce n’est pas avoir le cerveau farci de dates, de noms ou de chiffres, c’est la qualité du jugement, l’exigence logique, l’appétit de la preuve, la notion de la complexité des choses et de l’arduité des problèmes. C’est l’habitude du doute, le discernement dans la méfiance, la modestie d’opinion, la patience d’ignorer, la certitude qu’on n’a jamais tout le vrai en partage; c’est avoir l’esprit ferme sans l’avoir rigide, c’est être armé contre le flou et aussi contre la fausse précision, c’est refuser tous les fanatismes et jusqu’à ceux qui s’autorisent de la raison ; c’est suspecter les dogmatismes officiels mais sans profit pour les charlatans, c’est révérer le génie mais sans en faire une idole, c’est toujours préférer ce qui est à ce qu’on préférerait qui fût. » [Jean Rostand.]

Continuons la liste. Ils notent aussi des sites analysant les rumeurs (pourquoi eux, et pas d’autres sur d’autres thématiques ?) :

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On a ça aussi, dans le style grand n’importe quoi (pourquoi eux ???) :

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Pour poursuivre, on a aussi trois chaînes Youtube (pourquoi elles ? Sénécat doit les regarder j’imagine…) :

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Et à la fin du pointage des sites verts, il n’en reste qu’une poignée que je vous livre.

Le pompon, et vous l’avez peut-être vu venir, c’est bien entendu… BUZZFEED !

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Eh oui, quand le créateur principal de la liste du Décodex note son ancien employeur… Un bien beau “site d’information” d’ailleurs :

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Ce site a donc été classé par Le Monde dans la même catégorie que… Le Monde (mais ça, je ne critique pas, j’aurais fait pareil, vu ce que devient ce journal… Et comment ne pas se transformer petit à petit en BuzzFeed si on débauche les gens de Buzzfeed ? Et, non, le “Pardon pour BuzzFeed, j’étais jeune, je crevais de faim”, ça ne marche pas, désolé…)

Site qui, pour mémoire, s’est fait vomir dessus par toute la presse internationale sérieuse pour son manque de déontologie, ayant intoxiqué toute la Planète en publiant le rapport de ragots délirants sur Trump – un mois à peine avant la sortie du Décodex…

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La future rédaction du Monde (?)

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Le futur service international du Monde en plein comité de rédaction sur l’Ukraine (?)

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Ah, la prescience légendaire de Libération aussi…

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Quand Sud-Ouest fait largement mieux que les Décodeurs du Monde

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Quel dommage que les Décodeurs du Monde parlent apparemment peu aux journalistes du Monde – on y trouve de très grands professionnels (oui oui, je ne plaisante pas, je lis souvent les bons articles du Monde – je ne mets pas tout dans le même panier)…

On a Konbini aussi :

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OK, c’est parfois faux, mais c’est vert, hein…

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Et on termine la liste des verts par ceux-ci, qui montrent à quel point on a perdu l’équipe des Décodeurs :

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Mon hypothèse est qu’Adrien Sénécat a dû passer deux ou trois mois à vérifier si tous les horaires de diffusion annoncés par le Télé Z de sa semaine d’embauche étaient bien justes ; cela expliquerait la qualité parfois discutable du reste du travail par manque de temps… 🙂

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C’est souvent le cas pour un hebdo de télévision, hein…

Et la 4e dimension :

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Et bien entendu, Ameli, le fameux “site d’information” de la Sécurité sociale :

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Moi, souvent, j’imprime mes décomptes Sécu pour m’informer en les lisant dans le métro… 🙂

C’est en revanche bizarre, ils semblent avoir oublié de “gommetter” les sites de La Poste, des Impôts, de la RATP, d’EDF, de TOTAL, de BNP, du Gouvernement… Pour la V2 ?

Ah, j’oubliais…

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Le blog d’Eolas est fantastique. Mais c’est un blog qui ne diffuse pas “d’information”, jamais, mais des analyses juridique très longues, fouillées et brillantes.

Pourquoi Le Monde se mêle-t-il de ça ?

Ils vont donc désormais vérifier qu’un type qui donne son avis sur son blog est fiable ? Mais comment, car un tel type sera juste 50 fois cultivé qu’eux à l’évidence ? (Oui, bonjour M. Mozart, j’ai 24 ans, une carte de presse, je vais bientôt muer et je viens évaluer la qualité de votre musique..”)

Enfin, bon, au moins reconnaissent-il la grande qualité d’analyse de M° Éolas, et c’est très bien.

Je vous recommande donc son fameux article du 31 juillet 2016 : Les déconneurs du Monde

“Je suis sorti effaré de la lecture d’un article de la rubrique “les Décodeurs” du Monde intitulé “le juge d’application des peines au cœur des accusations. Une tel ramassis d’approximations quand ce ne sont pas des erreurs flagrantes et des confusions grossières a de quoi me laisser sans voix, ce qui chez un avocat est chose rare, et est désespérant à trouver dans une rubrique se voulant de vérification et de pédagogie, et qui d’habitude remplit fort bien ce rôle.”

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2-2 Les oranges

Nous allons passer un peu plus vite aux sites oranges, vu que c’est du grand n’importe quoi ; en résumé, c’est en gros pour toi si “tu n’es ni un média mainstream, ni un antisémite ou psychotique patenté, et tu as des opinions un peu tranchées qui ne sont pas celles du Monde.”

La preuve :

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que je vous laisse comparer à un vert dont je n’ai pas parlé :

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=> Quand en 2017, tu peux être condamné pour provocation à la haine raciale, et être labellisé vert par Le Monde, et en toute connaissance de cause, après réflexion !

=> Quand la haine à l’extrême-droite est moins grave que l’engagement militant à gauche donc… #J’Adore

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Ce qui m’a étonné, c’ets que les gens ce soient étonnés de la couleur de Fakir, mais pas de sa présence dans le classement, qui ne compte qu’une centaine de sites oranges…

Et ce alors que Fakir  est environ 11 000e site français :

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Causeur “tant dans les 2 500e

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Fakir ne serait-il pas particulièrement visé, hmmm ?

Car sinon, pourquoi ne pas avoir intégré Acrimed ?

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Mais on va y revenir…

Bon après, il abuse Ruffin – faut pas qu’ils se plaigne s’il critique le Monde… :

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Sérieux, François, si tu crois qu’avec un telle bannière tu vas obtenir ta gommette verte du journal de l’oligarchie, t’es pas rendu…

Rappelons ce que Le Monde a dit au début :

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puis :

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Et puis en plus, les types ont bien vu le problème, et longuement hésité… (Source : @si) :

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Ah ben Fakir, NON, plutôt mourir – mais bon Valeurs Actuelles, on va voir (et ils ont [mal] vu…).

Mais je parie que ça changera vite – mais peu importe, toute erreur dans la version initiale d’une telle liste de proscription publique venant du Monde est inacceptable.

Enfin, cette espèce de fascination pour des “faits” présentés comme une Vérité absolue, alors que leur simple sélection est déjà un biais subjectif considérable laisse pantois.

On rappellera la citation du fondateur du Monde :

L’objectivité n’existe pas… L’honnêteté oui !” [Hubert Beuve Méry]

Notez, il y a dans le Décodex l’excellent site de Fakir (amitiés à l’équipe, “Courage ! On les aura !“), mais pas l’excellent site de Mermet : la-bas.org (qui, comme il est de gauche, serait évidemment classé orange – sauf s’il m’invite ? 🙂 )

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Mais il n’y a pas que Fakir :

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Bien entendu, les Russes en orange MAIS les coupeurs de têtes en vert (Le Monde, toujours parfaitement aligné avec notre Diplomatie) :

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Mais bon, il est vrai qu’entre les gens qui ont de l’argent et les gens qui te critiquent…

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On dirait que les Russes ont vraiment du mal à comprendre le principe de soumission… Tare historique héréditaire ? 🙂

Donc… punition :

Et puis tu découvres que des journalistes qui ont de la barbe depuis à peine 3 ans, et malgré leur niveau, se permettent de “gommetter” orange le site perso d’un des plus grands intellectuels français, Directeur d’études à l’EHESS :

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Mais bon, il a parlé en mal de l’Ukraine, alors…

Et EN PLUS il s’est permis de critiquer les Décodeurs :

Déconnants décodeurs – 24 septembre 2014

Le 20 septembre dernier Le Monde, dans sa rubrique des « décodeurs », publiait un article […] sous le titre racoleur « La sortie de l’euro prônée par le Front national nous ruinera-t-elle ? »[1]. Ce papier contient des ambiguïtés et des erreurs, parfois si énormes, que l’on se demande s’il ne ressort pas d’une rubrique humoristique des « déconneurs ». Je n’aurai pas eu vocation à le commenter si je n’étais cité, et souvent mal cité, dans le cours de cet article. Me voici donc contraint de rétablir les faits, une fois pour toute.

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Donc… punition :

Ceci étant, vous notez qu’on a dans le Décodex le blog de M° Eolas (j’imagine qu’il a survécu car c’est un des grands avocats français – pourtant tout aussi engagé dans son domaine que Fakir. Courageux mais pas téméraire le Décodeur ?), celui de Sapir, mais pas celui de Frédéric Lordon, également très suivi… :

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On se demande pourquoi quand même, non ? (Relire impérativement cet article du coup) :

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‘tain, Freddo, tu comprends bien qu’après ça, ta petite gommette du journal de l’oligarchie, ça va pas être possible non plus… Pourtant, je suis sûr qu’un insistant à peine, ils t’en auraient filé une rouge – comme tu aimes bien la couleur… 🙂

Donc… punition (on a compris, non ?) :

J’aime bien ça aussi :

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Mais il a un “site d’information” Ramadan ?

Euh non, il s’exprime, c’est tout :

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Cool, le Monde “gommette” donc même les personnes maintenant ! #LeProgrès

Mais bon, l’audience est gigantesque, non ?

Non : 27 000e site français…

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Un tel traitement discriminatoire ne risque-t-il pas de susciter encore plus de conspirationnisme ?

Mais bon, avec les musulmans, hein… (on se comprend, ami du Monde, dont le journal n’a pas parlé du scandale Zemmour début septembre (ici) – quand tu dois t’informer chez Télérama, c’est que ça va très mal) :

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C’est sûr que se tromper, ce n’est jamais arrivé au Monde !

Les Décodeurs poursuivent leurs règlements de comptes – ils sont même allés chercher les Éconoclastes (sérieux, genre 400 sites français, et le site des Éconoclastes est dedans ???) qui ne diffuse aucune information, mais des analyses…:

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Tout ça à cause d’une grosse polémique entre un membre et le boss des Décodeurs…

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Car les Éconcolastes est un tout petit site : 22 000e ! Pourquoi ne pas avoir sélectionné les autres sites (dont beaucoup d’oranges du coup) devant avant ? Qu’est-ce qui justifie un tel “traitement de faveur” ?

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Mais bon, on pense avoir bien compris la règle… :

Donc… punition (on a compris, non ?) :

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C’est sûr que c’est bien moche de faire des papiers à charge sans contacter les gens, hein les Décodeurs ? (ils osent tout…)

Mais on adit qu’il ne faut pas s’en prendre aux Décodeurs du Monde… !!

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Du coup ça n’aura pas étonné ce site je pense…

Donc… punition (ah oui, quand même…) :

Il y a ça des trucs plus connus :

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ou

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C’est bizarre de pastiller le 20 minutes suisse en orange, en parlant d’une seule erreur, mais bon, je n’ai pas creusé (ils ont dû déplaire aux Décodeurs d’une façon ou d’une autre j’imagine…).

Et puis tu as ça, mais c’est juste orange, pas trop de souci :

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Mais on a aussi des résultats plus étonnants :

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Eh oui, tu fais une fausse citation de ministre, t’es grillé…

Ou alors c’est pour ça ? :

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Ne vous bilez pas : vu le montant cumulé des condamnations judiciaires à venir, ils sont probablement déjà en valeur négative ; vous pourrez ainsi les racheter pour l’euro symbolique, mais attention, avec les dettes… Enfin, ça vosu intéresse, je passe mon tour moi, BuzzFeed n’est ni mon passé ni, j’espère, mon futur… 🙂

Donc… punition (eh beh…) :

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Oulaaaaaaaaaa des biais…

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Oulaaaaaaaaaa racoleuse… Rappel :

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De même, il ne faut pas trop exagérer quand tu défends les Contribuables :

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Vous vous demandez peut-être ce que vient foutre le site d’une association de contribuables dans cette liste ? :

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Ce n’est pas sa taille 11 500e site, c’est un mini-site ! – ce qui est normal, on a affaire à une simple association loi 1901…

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Mais ne cherchez pas trop longtemps non plus, hein

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Donc… punition (gratuite pour vous…) :

Et puis après, tu as les sites de gauche, il n’y a pas que Fakir :

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Oulaaaaaa, le type s’exprime en vérifiant moins que 50 journalistes payés pour ça, attention… Du coup, je te mets avec Minute et Quenel Plus, ça ne te gêne pas ?

Tssssssss, encore un qui a montré qu’un article du Monde était un tas de boue :

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Donc… punition (décroissante…) :

EDIT : ah si, ça les gêne apparemment – OUPS – très belle analyse (je n’ai pas regardé le reste du site [Précision pour la police de la pensée…], mais je le ferai) 🙂

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VOULOIR RÉDUIRE LES INÉGALITÉS ???? Et ce n’est pas en catégorie ROUGE direct ça ???????

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Une erreur de présentation (et encore c’est compliqué cette affaire), et zou, tu es conspirationniste !

Après on a les frères jumeaux de BuzzFeed, mais qui n’ont jamais embauché Sénécat eux :

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Et on continue avec ces fameux “sites d’information”, dont je n’avais jamais entendu parler, merci pour la pub…

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Le risque est en effet réel… Il a baissé le niveau des lecteurs du Monde, ou c’est moi ?

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Merci au Monde, j’aurais pu croire que c’était un site sérieux…

Et là encore, on les a perdus :

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J’ai voulu mettre un commentaire là, mais c’était vraiment au dessus de mes forces…

2-3 Les rouges

Et donc on termine par la catégorie rouge, où ces marioles ont classé ce blog…

Avec ceux qui ont vraiment énervé les Décodeurs, comme le critique des médias Michel Collon et son site Investig’Action ? :

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BON LÀ, ça fait 10 fois qu’on le dit, tu arrête de t’en prendre aux Décodeurs du Monde, y’en a marre… !!

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Donc… punition (allez, rouge, au mitard Michel !) :

EDIT : tiens, il semble, sous réserve, que les Décodeurs se soient plantés une fois de plus… (il y a des gens qui ont vraiment de la chance d’être autant protégés ; de telles erreurs ailleurs dans de vraies entreprises, et tu dégages vite fait…) :

[Le deuxième lien du Décodex justifiant le classement] est particulièrement éloquent. Il s’agit d’un article de Libération, daté du 9 février 2012. « Des réseaux français au service de la Syrie » cite brièvement Michel Collon. Il aurait participé à un voyage de presse en Syrie aux côtés de sympathisants du Front National. Le hic ? Collon n’a jamais fait partie de cette expédition. Il n’a même jamais mis un pied en Syrie. Ainsi, le Décodex, spécialiste du fact-cheking qui invite à « vérifier une information avant de la partager », relaie un article erroné pour justifier la mise au ban d’Investig’Action. Les braconniers ne font pas les meilleurs gardes-chasse ! (Source)

Avec les anti-Hollande délirants (oui, on peut en faire une catégorie – en précisant “délirant” bien sûr, ça ne marche pas sinon, il y aurait tout le monde…) :

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Avec les sites que le Décodex considère en vrac comme d’extrême-droite, antisémite, islamophobes, “nationalistes révolutionnaire”, etc. :

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On sent en effet le site sérieux et neutre – comme le Monde

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Avec les conspirationnistes :

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Le titre faisait sérieux pourtant…

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Avec, euh, hein ? :

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Avec les psychopathes :

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Bref le Monde labellise les sites des débiles mentaux – pour que ses lecteurs ne se fassent pas prendre… (sic.)  Et fait donc de la pub pour eux, leur fréquentation lilliputienne va exploser…

Quand tu découvres qu’un ancien de BuzzFeed t’a classé avec les conspirationnistes d’une race secrète humain-porc (Balkany est dedans ?), alors que le regretté Michel Rocard t’a écrit :

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Splendide…

Donc ce blog, au fait, comment les Décodeurs (qui ont parfois merdé dans les grandes largeurs, comme l’ont montré M° Eolas, Jacques Sapir ou le traitement des résultats de l’élection américaine…) ont-ils justifié mon classement ?

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Nouveauté 2017, je ne savais pas qu’il existait des “théories con. sp1r .ati0nn.1stes sur la crise ukrainienne” (un coup des reptiliens ou du Mossad hmmmm ?) – au pire des visions et analyses divergentes…

Je rappelle ma vision, que j’avais exposée clairement  par exemple, en encadré dès le début pour que même un débile profond comprenne assez facilement :

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En gros, je suis assez proche de la vision de Valery Giscard d’Estaing !

Et plus généralement je ne crois à aucun complot délirant !!!! Et surtout pas en Ukraine ! Faut-il ne jamais avoir lu un seul de mes billets pour dire le contraire…

Et je me suis crevé à faire une série pour démonter les théories fantaisistes sur le 11 Septembre – 10 billets ici sur le seul Pentagone, avec des centaines de photos !

Mais c’est sûr, il ne faut pas s’en prendre au Monde on a dit…

Flute, flute, flute, je le savais pourtant, mais pourquoi, pourquoi, pourquoi, ne leur ai-je pas laissé le monopole de l’information sur l’Ukraine, c’est vrai que c’est eux les journalistes professionnels ???  😥

Ah ouiiiiiiiiiiiiiii, c’est vrai, c’était pour ça…  😯   😆

Et il y a un tel mépris de la Vérité et des Faits au Monde, que cette vidéo de Smolar soit toujours en ligne sur lemonde.fr sans le moindre commentaire démentant ces incroyables propos, après un débat avec lui, une vidéo pour les 2 ans, un billet, etc. Chapeau !

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Bon, après, c’est sûr que démonter Le Monde ET publier Lordon sur les Décodeurs : 

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implique que tu prends 2 fois plus cher que les autres… Donc… punition (pas de jaloux comme ça, et je vais être en bonne compagnie…) :

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En conclusion :

“Le Décodex, lancé mercredi 1er février, est l’un des fruits de ce long travail, sur lequel il reste encore beaucoup à faire”

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On se rend en effet compte du travail fourni à la qualité du rendu final… 

Mais à ce stade, l’euthanasie est aussi une piste envisageable

Et ce n’est que le début !

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À suivre donc…  😈

“Mais qui gardera ces gardiens ?” [Juvénal, Satires]

P.S. ENTRAIDE : si quelqu’un a du temps, parle bien anglais, et est motivé pour qu’on rendre dans le chou de ces inconscients, merci de me contacter… Juristes et avocats bienvenus, ainsi que, si possible, un profil genre journaliste bilingue, ou capable de bien se débrouiller en écriture pour traduire un billet.

Comptez sur moi, ils y a des choses qui ne vont pas passer.

Vraiment pas…

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Série : Le naufrage des Décodeurs du Monde

P.S. Merci de vous modérer si vous commentez. Les commentaires déplacés ou insultants seront comme d’habitude supprimés.

Source: http://www.les-crises.fr/le-decodex-du-monde-decode-du-travail-de-pro/


(3) Les Décodeurs du Monde : Naufrage sur les résultats de l’élection américaine

Tuesday 7 February 2017 at 06:02

Série : Le naufrage des Décodeurs du Monde

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Fact-checkons donc les fact-checkeurs du Monde, encadrés par Samuel Laurent, ou plus précisément intéressons-nous à leurs compétences, leur méthodologie et leur éthique…

Voyons-donc le billet qu’ont fait les Décodeurs du Monde pour les résultats de l’élection américaine (dans sa version du 10/11 15h48).

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(toujours non modifié au 06/02/2017…)

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Quand j’ai lu ça, je suis tombé de ma chose : écrire que le corps électoral BAISSE aux États-Unis ?

Un pays qui croît de 10 millions d’habitants tous les 4 ans ???

Les Décodeurs confirment :

J’ai été stupéfait de voir Le Monde faire naufrage sur des choses aussi basiques, repérable avec deux sous de culture.

Je vais les développer pour que vous puissiez vous aussi aiguiser votre esprit critique, et ne pas vous laisser avoir… (les personnes joueuses peuvent prendre quelques minutes et ne regarder que le graphe précédent pour détecter toutes les erreurs manifestes et les points peu logiques).

Allons-y par étapes.

1. FAUX : l’abstention n’a pas augmenté (en termes relatifs)

Il est bien évident que si on en croit le graphique ci-dessus, s’il y a 3,7 millions d’électeurs potentiels en moins mais seulement 1,4 millions de votants en moins (en gros, ça fait donc le tiers), alors que les votants représentent en gros la moitié des électeurs, cela signifie évidemment que la participation a légèrement augmenté – comme on le voit en prenant la peine de la calculer – : l’abstention a donc diminué, pas augmentéUne 1ère erreur évidente – en plus on voit mal cette élection moins mobiliser que la précédente vu les enjeux…

2. FAUX : le nombre de votants n’a pas diminué depuis l’élection de 2012

Les États-Unis sont un des pays occidentaux avec la plus forte croissance démographique. La population américaine augmente actuellement d’environ 10 millions tous les 4 ans ! Avec une telle tendance, la « population en âge de voter » ne risque donc pas de baisser (même avec des à-coups de pyramide des âges, en plus ils n’ont pas eu de grosses classes creuses dans la leur à cause des guerres), et encore moins de 4 millions… Oser parler d’une « réduction du corps électoral » est donc le signe d’une méconnaissance lourde des fondements démographiques des États-Unis, et donc de ce pays. Ennuyeux..

Pour que tout soit clair, une petite interpolation à partir des données démographiques officielles américaines montre que la « population en âge de voter » est passée entre le 1/11/2012 et le 1/11/2016 de 240,5 à 251,1 millions (soit + 10,6 millions).

(N.B. pour le Monde : à propos du « 231 556 622 » : on n’utilise pas des chiffres avec 9 chiffres significatifs sur des estimations, et encore moins en parlant d’une population qui augmente de 7 000 personnes par jour, c’est ridicule… On fait ça éventuellement pour des résultats en voix, pour montrer que chacune compte, et là, on est sûr de la précision unitaire)

INCISE : Constatant ces gros problèmes, j’avoue qu’il ne m’est pas venu l’idée d’en faire un billet pour hurler à l’incompétence du Monde – une erreur de ce type, ça peut arriver. Il ne peut plus y avoir de Liberté d’expression dans une société sans Droit à l’erreur ; elle se paralysera.

Cela ne m’amuse pas de discréditer en permanence les journalistes. Je le fais, parfois, quand je considère que la personne a largement dépassé les bornes de la bêtise, de la manipulation, ou que les conséquences sont graves. Ce n’est pas le cas ici.

Bien au contraire, je trouve cette situation scandaleuse. Car en fait, pour économiser, les grands médias font souvent appel à des très jeunes journalistes inexpérimentés, de 22 à 30 ans, qu’ils envoient au feu sans les compétences nécessaires, sans le temps de les développer, leur mettant une pression de dingue – on a affaire au LumpenProlétariat de la presse…

Syndiquez-vous  d’ailleurs les amis, et ne vous laissez pas faire : car en plus d’être dur pour vous au quotidien, cela met en péril votre réputation, qui est désormais votre SEUL actif. Une fois détruit – par plusieurs articles de ce genre, en plus cruel encore – vous serez bon pour une reconversion… Raison pour laquelle je n’ai pas mis le nom du journaliste – bien qu’il commence à avoir beaucoup de casseroles à son actif mais il semble de bonne volonté, et il fait habituellement un travail intéressant de fact-checking sur des déclarations politiques, et a très utilement œuvré sur les problèmes du CETA. Il serait temps que Le Monde staffe mieux l’équipe ou réduise la pression éditoriale, et que M. Samuel Laurent contrôle mieux la qualité de ce qui sort de son service…

Car en l’espèce, Le Monde envoie au front – et c’est un front, avec des masses de snipers derrière leur PC attendant son faux pas -, un jeune journaliste, et lui demande de fact-checker, en gros pour caricaturer, les élections américaines le matin, la Syrie l’après midi, la pollution de l’air le lendemain matin, et les conséquences de la fin de l’euro le lendemain soir… Sans aucune connaissance préalable. Comment s’étonner ensuite du fort taux de boulettes – voire de boules de bowling ?

Bref, bonne poire, je contacte donc (avec difficulté – il n’affichent pas leur adresse mail…) l’auteur des Décodeurs au Monde par mail et lui signale l’erreur la plus importante, pour qu’il la corrige – et revérifie tout.

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(Vous notez que j’ai bien été traité en retour par les Décodeurs, merci pour ce moment…)

La reconnaissance est une maladie du chien non transmissible à l’homme.” [Antoine Bernheim]

L’auteur me répond brièvement par mail, reconnaissant son erreur et indique que l’article va être corrigé – ce qu’il a fait, montrant 9 millions d’électeurs en plus :

Et c’est là que ça devient bigrement intéressant, car voici l’article en ligne depuis lors :

On voit donc que l’auteur n’a même pris la peine de relire son billet à la lumière des éléments nouveaux (ce qui est quand même ballot pour un article de 61 mots et 346 caractères…) ou il n’a pas compris ce dont il parlait.

Au passage, on note qu’il a corrigé un autre petit souci – que je viens de voir du coup : il parlait bien précédemment des Américains « en âge de voter », mais comptait dedans les résidents étrangers sans droit de vote (21 millions…) et les citoyens privés de leurs droits civiques (3 millions)

Ce n’était donc pas le corps électoral pouvant voter, et cela a donc faussé les chiffres de participation précédents. 3e erreur. Cette notion « d’électeurs potentiels » est donc la bonne (on parlerait chez nous d’inscrits sur les listes électorales), et les chiffres sont apparemment justes.

Hélas, juste ceux-ci ! 🙁

C’est là qu’on en vient au vrai souci. Car on a à l’évidence des individus qui viennent « décoder » l’élection américaine sans en avoir apparemment toutes les compétences nécessaires. Notez qu’on demande au jeune journaliste de comparer les élections américaines de 2016 avec celles de 2012 alors qu’en 2012 il était encore apparemment à l’école de journalisme…

Alors ayant pour ma part l’habitude de suivre ces élections, je me permets de souligner quelques importantes différences avec les pratiques électorales françaises :

  1. Les résultats mettent près de 2 mois à devenir définitifs pour ce pays-continent ; on a encore des masses de votes qui arrivent 4 ou 6 semaines après le scrutin (votes par correspondance, validations tardives, etc.) ;
  2. Il n’y a aucune centralisation rapide des résultats au niveau national. Il n’existe pas l’équivalent de la Direction s’occupant des élections dans notre Ministère de l’Intérieur proclamant les résultats définitifs le lendemain. Tout se fait par État. La source du Monde est d’ailleurs le site Elections Project, mais qui n’est que le site non officiel d’un professeur de Sciences politiques en Floride, Michael McDonald (qui a l’air compétent et a fait un gros boulot de synthèse très utile). On a un résultat officiel seulement en début d’année suivante (Ici, le 17 janvier 2013 pour la dernière élection) ;
  3. La notion de participation ne semble étrangement pas aussi importante que chez nous, on la commente peu et les données ne sont pas toujours simples à trouver – à cause de plus de laxisme sur les listes électorales que chez nous à mon avis.

Dans ces conditions, on ne peut clairement pas faire le genre d’analyse à laquelle se sont essayés les Décodeurs du Monde le 10 novembre, car il manque justement beaucoup trop de votes. S’y essayer revient forcement à se tromper lourdement, et à tromper ses lecteurs.

C’est ainsi pour ne pas induire en erreur mes lecteurs que je n’ai encore diffusé aucun chiffre sur mon blog, l’analyse viendra bientôt. Hélas, la rapidité de l’information ne permets pas aux grands médias de prendre le temps d’une analyse posée, avec du recul, ce qui est un vrai problème désormais.

Ainsi, comment ne pas se poser de questions par rapport à ça, pour continuer :

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9 millions d’électeurs potentiels en plus, on a vu, 300 000 votants de plus, participation en baisse de plus de 2 points ??? Pour l’élection la plus clivante depuis 30 ans ??? Ce n’est pas impossible, bien sûr, mais il faut contrôler sérieusement ses chiffres avant de sortir un truc comme ça, et avoir une bonne explication…

Alors qu’a-t-on en réalité, quand on prend les chiffres quasi finaux depuis près de deux mois (d’après Elections Project et New York Times) ?

N.B. J’ai repris l’estimation du chiffre de votants de la source du Monde, bien qu’elle donne sur le passé des résultats un peu différents des chiffres communément admis – mais ça ne change pas grand chose…

Source : Elections Projects – 2012, 2016.

Ajouté au fait que l’auteur ne donne apparemment pas sa méthode de calcul, je n’aurais pas repris les chiffres comme ça sur mon blog – je me méfie beaucoup du manque de rigueur de ce qu’on peut trouver sur Internet, ça me prend toujours beaucoup de temps à contrôler. Ceci étant, comme Le Monde l’a fait, je les garde pour l’exercice. En revanche je prends les pourcentages de vote des candidats sur le New York Times, ce qui explique l’écart si vous calculez.

Bref, l’analyse donc donc :

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Quoi qu’il en soit, si ces informations ne sont pas inintéressantes, il faut à mon sens se garder de trop présenter des résultats exprimés en voix pour un pays comme les États-Unis, c’est très trompeur, la preuve.

Il faut en rester le plus possible au pourcentage des suffrages, qui permet de mieux comprendre ce qui se passe. Je vous suggère donc d’utiliser plutôt ce genre de graphique à l’avenir (chers Décodeurs, je vous l’ai même préparé, je suis une vraie mère pour vous, vous voyez… 🙂 ).

(Note : ne prenez pas mes chiffres tels quels, comme vous avez fait avec Elections Project, vérifiez-les bien, on ne sait jamais, une erreur est vite arrivée, hein…)

Donc en synthèse sur l’élection :

Pour le dernier point, on se gardera de rentrer dans les arguments classiques des mauvais perdants. L’élection américaine se fait sur un nombre d’États à gagner, pas un nombre de voix, c’est un système fédéral. De plus :

 

Après, je reconnais qu’en pourcentage, on analyse bien mieux, mais on ne peut plus trop écrire comme ici ce genre de titre pour faire du buzz facile :

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Mais au moins, on dit des choses justes – vu que Clinton a obtenu en fait le même nombre de suffrages qu’Obama – et ça permet au lecteur de comprendre que malgré ça, elle a néanmoins fait une très mauvaise performance…

En tous cas, M. Laurent, n’hésitez pas à me contacter en cas de besoin pour de futures élections – si je peux vous rendre service et éviter la diffusion d’intoxs auprès de vos millions de lecteurs, c’est vraiment très important… 🙂

P.S. Je ne sais pas si vous comptez mettre à jour votre billet, mais ce serait bien car il risque de tromper plein de lecteurs vu la diffusion qu’il a eue…

Certains s’impatientent d’ailleurs – je suis très étonné que vous ne traitiez pas les alertes répétées de lecteurs vous signalant vos erreurs#Contrôle_qualité ?

Dès le 12 novembre :

Et tenace, il recommence de nouveau le 19 décembre, avec 2 destinataires :

Cela fait plus de trois mois que vous trompez ainsi le public – vu la puissance de la notoriété du Monde, l’artcile est très bien référencé quand on fait une recherche sur le résultat des élections…

Donc vos leçons à tout le monde, du coup, c’est juste énorme.. :

Rappel : La Charte de Munich (et en particulier son point 6) est ton amie :

Bref, chapeau – du GRAND Décodeurs du Monde – et ça, c’est un fait ! 😉

Prévision : après ces billets, apparition prochaine dans le Décodex d’une nouvelle catégorie NOIRE, pour ce site et le blog de Marc Dutroux… ? 😉

C’était donc la série “Décodeurs” gentille du mardi.

À demain pour la suite…

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Série : Le naufrage des Décodeurs du Monde

P.S. Merci de vous modérer si vous commentez. Les commentaires déplacés ou insultants seront comme d’habitude supprimés.

Source: http://www.les-crises.fr/les-decodeurs-du-monde-naufrage-sur-les-resultats-de-lelection-americaine/


(4) L’indispensable fact-checking interne : l’exemple du New Yorker

Tuesday 7 February 2017 at 06:01

Série : Le naufrage des Décodeurs du Monde

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Le vrai “fact-checking”, celui qu’il nous faut au plus vite… (Merci à P.R. 🙂 )

Points de contrôle, par John McPhee

Source : The New Yorker, le 09/02/2009

Les vérificateurs de faits cochent les cases une à une.

Par John McPhee

Sara Lippincott, qui vit actuellement à Pasadena, après avoir pris sa retraite en tant que rédactrice à ce magazine au début des années 90, a travaillé dans le département de vérification des faits du New Yorker de 1966 à 1982. Elle était passionnée par la science, et quand des articles scientifiques parvenaient au magazine elle en trouvait généralement la photocopie sur son bureau. En 1973, un de mes longs articles nommé “La courbe de l’énergie de liaison” (“The Curve of Binding Energy”) a bénéficié de son attention exclusive pendant trois ou quatre semaines et en requérait chaque instant. Expliquant son travail devant un public d’une école de journalisme, Sara déclara un jour, “Chaque mot d’un article qui a la moindre chance de se corréler à un fait s’y rapportant est examiné, et, s’il passe le test, il reçoit l’imprimatur du vérificateur, qui consiste en un minuscule coup de crayon.” De mon article brut de 6000 mots (qui portait sur du matériel nucléaire militaire utilisé dans l’industrie privée et de ce que des terroristes pourraient ou ne pourraient pas faire avec), un paragraphe est resté en mémoire à cause du niveau de difficulté qu’il présentait et l’effort qu’elle a fait pour le garder ou l’écarter.

C’était une histoire que m’a racontée John A. Wheeler qui, durant la Seconde Guerre mondiale, fut le physicien résident en chef au Hanford Engineer Works, sur la rivière Columbia dans le sud du centre de Washington, où il a assisté au démarrage et à la production de plutonium du premier réacteur nucléaire de grande échelle au monde. En 1939, avec le physicien danois Niels Bohr, Wheeler avait identifié les noyaux atomiques les plus propices à la fission et à l’importante libération d’énergie de liaison induite par cette fission. En 1943-44, tandis que le premier réacteur était en cours de conception pour Hanford, Wheeler insista pour que sa section initiale circulaire soit étendue à un carré, de sorte que cinq cents barres de combustible supplémentaires puissent, si nécessaire, être insérées dans la matrice en graphite du réacteur (une modification extrêmement onéreuse réalisée parce que Wheeler suspectait que quelque chose comme une contamination au Xénon pourrait affecter la réaction. Ce fut le cas, et l’augmentation du flux de neutrons générée par les barres de combustible supplémentaires ont résolu le problème. En 1973, dans le bureau du professeur Wheeler de l’université de Princeton, j’avais griffonné des notes depuis environ une heure quand il dit, comme une arrière-pensée, qu’une chose étrange se produisit à Hanford durant l’hiver 1944-45, ou peut-être pas. Il ne l’avait pas observé lui-même. Il ne l’avait jamais vu mentionné dans un écrit. Hanford était un endroit vaste, étendu dans une région de graminées, plein de rumeurs, de secrets et d’histoires apocryphes. Si j’avais du exploiter cette histoire, j’aurais dû l’authentifier par moi-même parce qu’il n’avait aucune idée au sujet de sa véracité. Il déclara qu’il avait entendu qu’un ballon incendiaire japonais (un des ballons militarisés qui furent lâchés au Japon et transportés par le jet-stream au-dessus de l’Océan Pacifique) avait atterri sur le réacteur qui fabriquait le plutonium qui détruisit Nagasaki, et avait provoqué son arrêt.

Les japonais nommèrent ces ballons fusen bakudan. De trente-trois pieds de diamètre, ils étaient faits en papier et étaient équipés de dispositifs incendiaires ou hautement explosifs. En moins d’un an, neuf mille furent lâchés d’une plage de l’île de Honshu. Ils tuèrent six habitants de l’Oregon, dont cinq enfants, déclenchèrent des feux de forêt, et atterrirent de l’Alaska au Mexique, et au plus loin à l’est à une quinzaine de miles du centre de Détroit. En complément du manuscrit de “La Courbe de l’Energie de Liaison”, qui par ailleurs n’était pas au sujet de Hanford, j’écrivis une demi-douzaine de phrases au sujet du ballon qui provoqua l’arrêt du réacteur, et j’ai remis l’article tel quel. Si l’histoire de Wheeler était vraie, elle serait éditée. Si elle était invérifiable, elle serait supprimée. J’espérais qu’elle serait vraie. La suite dépendait de Sara

Ses appels téléphoniques ricochèrent sur l’ensemble des États-Unis : de Brookhaven à Bethesda, de La Jolla à Los Alamos, sans mentionner Hanford et diverses cibles du district de Columbia. Parmi tout ce qu’elle devait faire d’autre pour finaliser – un mot à la fois – ces indénombrables coches, elle en arriva à passer des appels au sujet du ballon incendiaire pendant des jours. Enfin vint une percée apparente. Quelqu’un lui dit qu’il ne pouvait pas authentifier l’histoire, mais il connaissait sans aucun doute quelqu’un qui le pourrait.

“Ah, oui ? Qui ?”

“John Wheeler.”

Je dis à Sara d’abandonner l’anecdote. L’histoire était assurément l’invention de quelqu’un ; nous n’avions qu’à la supprimer ; elle en avait fait assez. Elle continua à passer des appels téléphoniques.

Si Sara était en train de chercher des informations dans le noir, l’obscurité était la longue ombre du secret de guerre, quand quarante-cinq mille personnes, des maçons jusqu’aux théoriciens, vivaient à Hanford, Pasco, Kennewick, et particulièrement à Richland, une bourgade de deux cents âmes que l’armée acheta en 1943 et étendit aussitôt avec plus de quatre mille maisons. L’importante population, nonobstant Hanford Engineer Works, du projet Manhattan était si secrète que même le chef d’état-major inter-armée n’en connaissait pas l’existence. Harry Truman ne l’apprit qu’après la mort de Franklin Roosevelt, en avril 1945. Le personnel d’Hanford vivait au milieu d’affiches énonçant “Ne Soyez Pas Pris La Bouche Ouverte.” Ils plaçaient leur bouteille d’urine à leurs pas de porte le soir afin qu’elle soit testée sur la présence de plutonium. Les habitants de Richmond firent plus de bébés que partout ailleurs dans le pays. Il n’y avait pas grand-chose à faire en dehors du plutonium. Pour coller une oreille au sol, façon de parler, et rechercher des espions, un agent résident du FBI alla dans les bordels de Pasco et de Kennewick, emmenant avec lui sa belle épouse. Elle restait assise dans la voiture tandis qu’il faisait du contre-espionnage à l’intérieur. Pour faire le profil de ceux qui pourraient être des cibles faciles pour des espions, les agents du FBI allaient de maison en maison, tentant de savoir qui étaient les plus gros buveurs, et qui allait coucher dans le lit de quel voisin. Hanford Engineer Works avait ses propres juges de paix, sa propre prison. Des tavernes étaient érigées pour le “biberonnage” de nuit des ouvriers du bâtiment, dont la tendance à la bagarre était telle que Wheeler se rappela plus tard “ces clandos à bière avec les fenêtres proches du rez-de-chaussée de sorte que des gaz lacrymogènes puissent y être projetés.”

Le personnel-clé était connu sous de faux noms. Enrico Fermi était M. Farmer. Eugène Wigner était M. Winger. Arthur Compton était M. Comas. Les gens se référaient à Wheeler comme étant Johnny le génie. L’exposition aux radiations était appelée “la brillance”, et le mot pour les radiations était “l’activité”. Un technicien qui fauta et utilisa le mot en “R” fut convoqué dans un bureau et fut copieusement assaisonné. À de très rares exceptions, le personnel n’avait aucune idée de ce qu’ils accomplissaient, mais ils faisaient ce qu’on leur disait. (“Nous lavions nos mains tellement de fois par jour que je pensais être Lady Macbeth.”) Le projet Manhattan, à Hanford comme ailleurs, réclamait “l’immédiate amputation haute” de tout membre humain avec une coupure contaminée au plutonium.” Il aurait pu y avoir un tableau d’affichage : 29 JOURS SANS L’ABLATION D’UN HUMERUS. Il y avait des veuves noires (araignées venimeuses) dans les maisons des gens. Une femme appela l’hôpital gouvernemental et demanda ce qu’elle devait faire si une veuve noire mordait sa fille de trois ans. L’hôpital : “Si elle entre en convulsions, emmenez-la…”

À l’intérieur et à l’extérieur du site, les rumeurs étaient incessantes au sujet de la contribution de Hanford à l’effort de guerre : au hasard, c’était un camp de prisonniers de guerre, une usine de combustible solide pour fusées, une cuisine biologique préparant des choses pour la guerre bactériologique, une ligne de production de nylon (DuPont était le principal sous-traitant industriel). Interrogé sur ce qui se passait réellement, le porte-parole bien informé de l’Armée de terre, le capitaine Frank Valente, a déclaré : “Nous déshydratons le fleuve Columbia pour l’expédier à l’étranger”.

Et maintenant, à la fin de 1973 au New Yorker, le moment où « La Courbe de l’Energie de Liaison » allait devoir être imprimé approchait rapidement, et les modifications ne seraient plus possibles. Encore une fois, j’ai remercié Sara et lui ai dit de supprimer l’histoire du ballon japonais. O.K., dit-elle, mais peut-être que si elle trouvait un moment libre ce dernier après-midi, elle ferait encore un appel ou deux. Ou trois. Et elle l’a fait, et elle a retrouvé quelqu’un dans le Delaware qui lui a dit qu’il ne pouvait pas authentifier l’histoire, mais qui savait absolument qui le pourrait.

Ah ? Qui serait-ce ? John Wheeler ?

Le gestionnaire du site Réacteur B. Il aurait certainement su si un ballon incendiaire avait enflammé son bâtiment.

Où est-il maintenant ?

Retraité en Floride.

Sara chercha son numéro de téléphone. Le département de vérification de l’époque était équipé du sol au plafond avec des annuaires téléphoniques. Elle a appelé. Il n’était pas à la maison. Il était parti faire ses courses.

Où ?

Au centre commercial.

Sara a appelé la police, leur a expliqué la situation, a demandé de l’aide et leur a donné son numéro de téléphone.

Quelques minutes passèrent, moins d’une heure. L’article n’était pas encore parti à l’impression lorsque le gestionnaire du site a appelé. Il était dans une cabine téléphonique, l’ancêtre des téléphones portables. Sara expliqua le but de son appel et lui lut un passage qui se terminait comme suit :

Les ballons incendiaires ont été tellement efficaces, en fait, que les journaux ont été invités à ne pas imprimer d’informations à leur sujet, parce que les États-Unis ne voulaient pas encourager les Japonais à en lâcher plus. Le ballon qui a atteint Hanford a traversé non seulement le Pacifique, mais aussi Olympic Mountains [État de Washington, NdT] et les glaciers alpins de la chaîne des Cascades. Il a atterri sur le bâtiment abritant le réacteur qui produisait le plutonium de Nagasaki et provoqua son arrêt.

Le gestionnaire a dit à Sara, “Comment avez-vous appris cela ?”

Il a ajouté que le ballon n’était pas réellement tombé sur le bâtiment, mais sur une ligne à haute-tension transportant le courant vers le réacteur. Il y avait juste assez de temps pour corriger l’article.

A-Rod fait une erreur de temps en temps, et donc le New Yorker également. Le plus rare de tous est un fait qui n’était pas erroné dans le manuscrit original, mais est devenu une erreur dans le processus de vérification. Lorsque cela se produit, il peut assez bien être appelé un événement, comme le jour où le savon a coulé à Procter & Gamble. Cela ne m’est arrivé qu’une seule fois – et il y a près de trente ans. Si le blâme est à assigner, Dieu ne plaise, je ne suis pas le cessionnaire, et ni Sara, qui a vérifié la pièce. Appelé « Bassin, Montagnes et Vallées », il était le premier d’une série de longs articles sur la géologie qui apparaissaient de temps en temps sur une douzaine d’années. Il comportait de nombreux passages introductifs sur des thèmes comme la tectonique des plaques et le temps géologique. Dans le manuscrit original, un paragraphe disait :

Ce sont les plaques qui se déplacent. Elles se déplacent toutes. Elles se déplacent dans différentes directions et à des vitesses différentes. La plaque Adriatique se déplace vers le nord. La plaque Africaine arriva un jour derrière elle et la poussa vers l’Europe – enfonçant l’Italie comme un clou dans l’Europe – et ainsi créa les Alpes.

Problème C, problème B, problème A, le programme dériva, comme toujours, vers la limite temporelle, le bouclage final et irréversible. Dans la tête de chacun comme dans les immeubles environnants, les choses s’accélèrent et peuvent devenir, c’est un euphémisme, frénétiques. Joshua Hersh, un vérificateur des faits moderne qui est plus froid de caractère que le marbre, se réfère à ce moment comme à “la dernière minute la trouille aux fesses.” Alors que “Bassin, Montagnes et Vallées” arrivait à 5 minutes du bouclage, tellement de cailloux volaient autour de ma tête que j’aurai cru Sara si elle m’avait dit qu’il y a des noyaux de calcaire dans les fruits. A une minute de la fin, elle vint me dire que j’avais tort sur la plaque Adriatique, elle ne bouge pas vers le nord, mais vers le sud-ouest.

Désespérément, j’ai dit, “Qui a dit ça ?”

Elle dit, “Eldridge Moores.”

Théoricien de calibre mondial de la tectonique des plaques, auteur d’innombrables articles scientifiques sur la séquence ophiolitique comme signature des mouvements globaux de la tectonique, président de la Société géologique de l’Amérique, Eldridge Moores était le géologue généreux et excentrique qui s’était engagé à m’enseigner, de voyages d’études en voyages d’études, l’histoire géologique de, parmi tant d’autres, la Californie, l’Arizona, la Grèce et Chypre. Le cerveau en ébullition, je dis à Sara : « Si Eldridge Moores dit que la Plaque de l’Adriatique se déplace vers le sud-ouest, elle se déplace vers le sud-ouest. Change la phrase s’il te plait.”

Dans le New Yorker du lundi suivant, la plaque Adriatique se dirigeait vers le Maroc. Feuilletant le magazine pendant un moment libre cette semaine-là, j’ai appelé Eldridge et je l’ai trouvé dans son bureau à l’université de Californie, Davis. Je dis : “Eldridge, si la plaque adriatique bouge vers le sud-ouest, qu’est-ce que les Alpes font là ?”

“La plaque Adriatique ?”, dit-il.

Je répondis, “La plaque Adriatique.”

Je crois que je l’ai entendu se frapper le front. “Oh, non !” dit-il. “Pas la plaque Adriatique ! La plaque Egéenne. La plaque Egéenne bouge en direction du sud-ouest.”

La pire des erreurs de vérification, c’est quand on dit qu’une personne est morte alors qu’elle ne l’est pas. Selon les mots de Josh Hersh, “Ca les ennuie vraiment.” Sara se souvient d’un lecteur d’une maison de retraite médicalisée qui avait lu dans le New Yorker qu’il était “feu le lecteur de la maison de retraite.” Il a écrit pour demander une rectification. Le New Yorker, dans son édition suivante, bien sûr s’y plia, et par erreur reproduisit l’erreur, parce que le lecteur en fait mourut durant le week-end alors que le magazine était à l’impression.

Toutes les erreurs ont une longue vie. Comme Sara dit à des étudiants en journalisme, une fois que l’erreur est à l’impression, “elle prend vie, elle est dans les bibliothèques, elle est soigneusement cataloguée, scrupuleusement indexée… Digitalisée, elle trompe chercheurs après chercheurs, à travers les âges, tous ils feront de nouvelles erreurs sur la base de ces erreurs originales, etc. etc. jusqu’à une explosion finale d’errata.” Epée sortie, le vérificateur se tient au bout du pont. C’est en partie la raison pour laquelle ce travail existe et pourquoi, selon les mots de Sara, une publication croira en “une meute de professionnels sceptiques perdus dans ses propres épreuves.” Les journaux n’ont pas de service de vérification des faits séparés, mais n’importe quel magazine en a. Quand j’ai commencé à travailler au Time -en l’année 957 sous le règne de Eadwig le Juste- les rédacteurs du Time étaient des hommes, et les vérificateurs de faits, des femmes. C’était des expertes. Quand je produisis un article en freelance à l’Atlantic, j’ai demandé qui ferait la vérification, et on m’a répondu : “C’est comme vous voulez.” L’Atlantic n’avait pas de budget pour la vérification. Un peu plus tard, quand j’ai vendu un article à National Geographic, il apparut qu’ils avaient plus de vérificateurs qu’il n’y a d’Indiens en Amazonie. Holiday et le Saturday Evening Post étaient les seuls un peu moins assidus. Alors que le service de vérification du New Yorker avait une réputation dès le départ dans ce domaine, de nombreux autres magazines étaient autant engagés et prudents. Vingt-huit ans après ce premier article pour l’Atlantic, j’en ai vendu un second, et cette fois j’ai eu droit à une vérification comme avec le New Yorker.

Les éditeurs de livres préfèrent considérer la vérification des faits comme relevant de la responsabilité des auteurs, ce qui, contractuellement, se résume à la simple question de savoir qui ne paiera pas. Si du contenu qui est apparu dans un magazine vérifié réapparaît dans un livre, l’auteur n’est pas le seul bénéficiaire du travail du vérificateur. L’éditeur du livre a gagné un billet gratuit à la respectabilité factuelle. Les éditeurs qui, pour des raisons initiales de marketing, mettent un texte sous presse avant que le service de vérification d’un magazine ne l’ait fait, récoltent ce qu’ils méritent. Une protection presque infaillible pendant la progression du magazine jusqu’au livre réside dans le lectorat vigilant du magazine. Après une erreur dans The New Yorker, des missiles à détection de chaleur s’élèvent et retombent sur l’auteur, le vérificateur des faits, le rédacteur en chef, et même l’ombre du fondateur. Comme le département de vérification le résume, “Aucune erreur ne passe inaperçue des lecteurs.” Au cours des derniers jours de 2005, Rebecca Curtis a écrit une belle et courte histoire “Twenty Grand” qui est parue dans The New Yorker. Ses personnages, en 1979, vont dans un McDonald’s pour manger des McNuggets de poulets. Les McNuggets sont apparus dans le courrier de Noël du New Yorker. McDonald’s les avait introduits en 1983.

Lors des quelques occasions où un tel message m’est parvenu, j’ai écrit au lecteur un mot de remerciement (à moins que la lettre se situe quelque part dans le continuum entre la méchanceté et le déplaisant, ce qui est rarement le cas). “Vous avez raison !” dis-je. “Et je vous en suis très reconnaissant, car l’erreur ne sera pas présente quand l’article apparaitra sous la forme d’un livre.” Si, dans la lettre du lecteur apparait l’ombre d’un sourire, je ne peux m’empêcher d’ajouter, “Si un lecteur à l’œil de lynx tel que vous a parcouru ces milliers de mots et n’a trouvé qu’une seule erreur, je suis soulagé.”

Avec la confortable certitude que le département de vérification des faits va passer derrière moi, j’aime supposer avec certitude des noms et des numéros dès le début, pendant que je change et re-change et écoute les phrases, préférant entendre un chiffre ou une date approximatif que le son dissonant de termes journalistique : QUELLE VILLE, 000 000 $, nom AV, nombre AV, En cours. Ce sont des sortes de billets à ordre, et le vérificateur est supposé les payer. En cours veut dire ce qu’il veut dire, juste comme ça ; AV signifie “à venir”. Au moins, pour moi, ils desservent le son d’une phrase autant que des substituts plats, des inventions provisoires. Dans un train de marchandise de deux kilomètres de long, il y a tube vital d’air qui court tout du long et commande les freins. Dans “Coal Train” (Le train de charbon) (2005), j’ai ressenti le besoin d’une analogie et en ai inventé une :

Le relâchement des freins pneumatiques commença aux deux extrémités, et se dirigea vers le milieu. L’ensemble du très long tube d’air du train ressemblait à la vessie natatoire d’une anguille américaine.

Rapidement, le département des vérifications fut au point en ichtyologistes, et je fus informé par Josh Hersh que la vessie natatoire d’une anguille américaine est proportionnellement bien plus courte que chez la plupart des poissons communs.

“Qui le dit ?”

“Willy Bemis.”

“Ah.”

Willy Bemis est à l’anatomie des poissons ce qu’Eldridge Moores est à la tectonique des plaques. Willy était la figure centrale d’un de mes livres paru trois ans plus tôt, dont des extraits furent publiés dans le New Yorker. Il avait depuis quitté l’université du Massachussetts pour le poste de directeur de Shoals Marine Laboratory, les classes situés au large [Shoals Marine Laboratory est situé sur une île du golfe du Maine, NdT] de Cornell University et de l’université du New Hampshire. Je l’ai appelé à Ithaca pour lui demander ce qui pouvait être fait. Toujours accommodant, Willy essaya au début de rationnaliser l’anguille. Peut-être que sa vessie natatoire pourrait faire l’affaire après tout. Peut-être l’analogie fonctionnerait. Je déclarais que l’anguille ne passerait jamais le département des vérifications, ou, pour autant, à travers moi. Nous étions proche de boucler, et Willy était incapable de penser sur l’instant à une espèce ayant une vessie natatoire suffisamment longue. Que faire ? Il appela Harvard. L’ensemble du très long tube d’air du train ressemblait à la vessie natatoire d’un poisson corde [Erpetoichthys, NdT].

Sur la rivière Merrimack à Merrimack, New Hampshire, il y a une brasserie qui a brassé la première Bud en 1970. John et Henry Thoreau, en 1839, passèrent par ce site dans leur skiff fait maison lors d’un voyage qui fut à l’origine du premier livre de Henry. Une chute d’eau blanche connu sous le nom local de “Cascade de Cromwell” depuis le 17ème siècle, mais, écrivit Thoreau, “Ces chutes sont le Nesenkeag des Indiens,” et il continua, “Le Grand Fleuve Nesenkeag arrive sur la droite en haut.” Le New Hampshire a beaucoup d’endroits aux noms finissant en “keag”. Le “keag” est prononcé comme s’il n’y avait pas de “a”, donc “keg”. En 2003, mon gendre Mark Svenvold et moi allâmes à travers les Chutes Nesenkeag, Namaskeag et Amoskeag, dans un canoë Old Town, retraçant le voyage en amont de Thoreau, et, en tirant le canoë pour remonter les rapides, je me suis trouvé en train de me demander combien de “kegs” (barils) cette usine de Budweiser pouvait produire par jour. De retour à la maison et en train d’écrire, j’ai inventé un nombre à partir de rien, et c’est ce qu’Anne Stringfield, vérifiant le fait, dit dans son rapport :

Juste au-dessus des Chutes Cromwell, route 3, très proche mais invisible depuis la rivière, il y a une brasserie Budweiser dont la production moyenne journalière est de 13 000 barils par jours.

Ne jamais sous-estimer AnheuserBusch [compagnie de brasserie qui possède Bud, entre autres, NdT]. La production moyenne par jour se révéla être de 18 000 barils.

Un autre article fluvial – “La rivière au cul serré” – a été vérifié par Josh Hersh en 2004. Il a trouvé cela, dans son rapport :

Les gens disent : “La rivière Illinois ? C’est quoi ? Jamais entendu parler. Où va-t-elle. En fait, il y a deux rivières Illinois en Amérique, chacune, bien sûr, aussi connue que l’autre.

L’une est dans l’Illinois, l’autre en Arkansas et Oklahoma ; et ce sont celles que vous trouvez dans le Dictionnaire géographique Merriam-Webster, qui est une des références préférées des services de vérification. Josh plongea dans le web, et en revint avec une troisième rivière Illinois, en Oregon, qui est presque inconnue même en Oregon.

En fait, il y a bien trois rivières Illinois en Amérique, et chacune, évidemment, est aussi connue que les autres. (Et maintenant, avec cet article, en janvier 2009, le service de vérification des faits a encore trouvé une autre rivière Illinois, en Colorado. Si je devais republier ce morceau d’information fluvial 46 fois de plus, évidemment, je trouverais une rivière Illinois dans chaque État américain.) Cet exploit, de la part de Josh, était juste un exercice d’étirement avant d’embarquer, entre autres choses, sur un bateau qui dérivait, oisif, sur l’Illinois, du même nom, quand un vaisseau plus grand qu’un porte-avion se précipita sur lui avec cinq coups de sirènes brefs, le signal universel de danger immédiat. Le vaisseau de plus de onze cent pieds de long et câblé solidement, était composé de quinze barges poussées par un “remorqueur”. J’étais dans la cabine du pilote, gribouillant des notes. Juste comme le bateau allait entrer dans notre angle mort – mille pieds d’eau que nous, dans la cabine du pilote, ne pouvions voir, des gens apparurent sur le pont du bateau, le bateau démarra et, d’une façon à la fois altière et méfiante, bougea légèrement sur le côté, lentement. Nous avons poursuivi en descendant la rivière, alors que le bateau nous dépassa de port en port, faisant sa route en remontant les mille pieds de péniches jusqu’au niveau de la cabine du pilote. Deux hommes et deux femmes sont dans le bateau. La femme la plus proche – assise à l’arrière à bâbord dans la partie ouverte du cockpit – porte un maillot de bain deux pièces noir et doré. Elle avait le genre de corps que vous voyez sculpté dans le marbre. Elle avait des cheveux dorés. Rapidement et adroitement, elle mit ses mains dans son dos pour dégrafer son haut. Elle le laissa sur ses genoux et pivota de 90° vers le carré du remorqueur. Epaules en arrières, les pommettes hautes, elle tint la pause sans faiblir. Elle s’exposait largement au mépris de la gravité. Pas d’angle de répit. C’est une sirène, et ce sont ses chants.

Jusqu’à présent, c’est vérifiable. Quelque chose comme ça peut – selon le New Yorker – être mis “sur l’auteur”. C’était mon expérience, ma description, ma construction, mon érection. Personne ne semble s’être soucié de la couleur du maillot de bain. J’ai poursuivi, malgré cela, en disant quelque chose comme cela :

Elle est “l’Ovale avec Pointes” d’Henry Moore. Moore a dit : “Formes arrondies portant une idée de fructification, de maturité, probablement parce que la terre, les seins de femmes, et la plupart des fruits sont ronds, et ces formes sont importantes parce qu’elles ont cette résonnance dans nos habitudes de perception. Je pense que l’élément humaniste organique sera toujours pour moi d’importance fondamentale en sculpture.”

Et maintenant nous étions en vérification profonde. En 1975, j’avais téléphoné à Lynn Fraker, qui était docteur du musée d’art de Princeton, où « Ovale avec Pointes » de Moore est l’une des deux douzaines de sculptures monumentales et principalement abstraites qui se trouvent à l’extérieur du campus. Je voulais les utiliser comme exercices de description dans un cours d’écriture où j’allais enseigner pour la première fois. Le Henry Moore, de onze pieds de haut, a la forme d’un donut, et de chaque côté intérieur un renflement conique en forme de sein s’élance vers un autre renflement conique en forme de sein, leurs extrémités se touchant presque, comme s’ils étaient au plafond d’une chapelle. Mon opinion était que les étudiants devraient pouvoir faire une meilleure description que cela. “Donut”, par exemple, n’était pas un mot qui devrait être autorisé à surgir au sujet de l’œuvre d’Henry Moore, et, dans chaque classe où j’ai enseigné depuis lors, j’ai utilisé les notes de cette conversation avec Lynn Fraker. Ils comprennent les mots d’Henry Moore, qu’elle a récités de mémoire. Et maintenant, en 2004, je ne savais pas où elle les avait lus. Elle avait quitté Princeton des décennies auparavant, s’était remariée, et était inaccessible.

L’internet ne fut d’aucune aide, mais Josh, en cherchant dans les catalogues de la Bibliothèque publique de New York, apprit que des recueils de commentaires de Moore sur l’art sculptural se trouvaient dans une annexe du centre-ville, de l’autre côté de la Cinquième Avenue en face du bâtiment principal de la bibliothèque. Après une heure ou deux, il y trouva un essai de Moore dans un numéro de 1937 de The Listener de la BBC. Dans le paragraphe suivant, les mots que Lynn Fraker m’avait soufflés. Ils avaient besoin de très peu d’ajustement pour être rendus textuellement, comme ils sont ci-dessus. Après quoi, nous étions de retour à “sur l’auteur” :

Elle n’a pas bougé — cette Maja demi-nue a dépassé tout le monde. Ses mamelons sont une paire d’yeux fixant le remorqueur. Pour ma part, je veux sauter hors du remorquage, nager vers elle, et demander s’il y a quelque chose que je peux faire pour aider.

Peut-être que je donne trop de crédit aux vérificateurs de faits. Après tout, je fais ce qu’ils font avant qu’ils ne le refassent. Je ne leur laisse pas une montagne de travail, et cela est particulièrement vrai si le New Yorker a rejeté l’article et je me prépare à l’inclure dans un livre, comme cela s’est passé en 2002, lorsque le magazine a jeté un œil froid — pour quelque raison inexplicable — sur douze mille mots sur l’histoire américaine de la pêche. J’ai donc vérifié les parties vierges du livre moi-même, en risquant l’analogie avec l’avocat qui se défend lui-même et a un imbécile pour client. La tâche m’a pris trois mois — essayer de retracer les faits dans le manuscrit d’autant de façons différentes que je pouvais imaginer, comme les vérificateurs le font régulièrement. Il y a eu quelques passages qui m’ont freiné presque jusqu’à l’arrêt, quand, pour une raison ou une autre, il a fallu une éternité sur Internet et plus encore dans les bibliothèques pour déterminer ce qu’il faut faire ou pas.

La fille de Penn Margaret pêchait dans le Delaware, et écrivit à la maison à un frère lui demandant “d’acheter pour moi une solide canne à pêche en quatre parties et un moulinet avec de solides et bonnes lignes…”

Le problème n’était pas avec la canne ou le moulinet mais avec la progéniture de William Penn. Devrait-il y avoir des virgules autour de Margaret ou pas de virgule autour de Margaret ? La présence ou l’absence de virgules indiquerait en fait si Penn avait une fille ou plus. Les virgules — présentes ou absentes — n’étaient pas seulement des virgules ; elles étaient des faits, ni plus ni moins factuels que les fûts de Bud ou la couleur du costume de Santa. Margaret, une des nombreuses filles de Penn, est entrée dans le livre sans virgule. En pousuivant, j’ai essayé de vérifier ceci :

Le mercredi 15 août 1716, près de Cambridge, dans le Massachusetts, Cotton Mather est tombé d’un canot en pêchant sur Spy Pond. Après avoir émergé trempé, perplexe, bredouille, il dit : « Mon Dieu, aide-moi à en comprendre la signification ! » Peu de temps après, il châtiait ses confrères pour perdre le temps de Dieu dans la pêche récréative. Pas beaucoup de chaleur là-bas. Mieux vaut se tourner vers le pasteur Fluviatulis Piscator, connu de sa famille sous le nom de Joseph Seccombe, âgé de vingt et un ans quand mourut Cotton Mather. À côté de la rivière Merrimack, en 1739, Piscator prononça un sermon qui fut publié plus tard comme « Un discours prononcé en partie à Ammauskeeg-Falls, à la saison de la pêche. » Il en existe neuf exemplaires. Un a été vendu aux enchères en 1986 pour quatorze mille dollars. Celui que j’ai vu était à la Bibliothèque de Philadelphie. Il y était inséré la description d’un libraire qui disait, “Premier livre américain sur la pêche à la ligne ; Première publication américaine sur les sports de champ et de ruisseau. La défense de Seccombe de la pêche est remarquable pour venir si tôt, à une époque où la pêche de plaisance devait se défendre.”

Il y avait, dans tout cela, une partie d’une phrase qui a prouvé, en 2002, être exceptionnellement difficile à vérifier. Elle aurait pu facilement être réécrite autrement, mais j’avais obstinément voulu la vérifier. En substance :

Joseph Seccombe, âgé de vingt et un ans quand mourut Cotton Mather.

Afin de cocher ces mots tels quels rigoureusement, vous devez connaître non seulement l’année de la mort de Mather et celle de la naissance de Seccombe, mais aussi le mois et le jour de chacun. Quand Mather mourut, le 13 février 1728, Seccombe avait soit vingt-un, soit vingt-deux ans. Lequel ? L’internet me faisait défaut. Les bibliothèques me faisaient défaut. Les œuvres complètes de Joseph Seccombe et Fluviatulis Piscator me faisaient défaut. J’ai appelé Kingston, dans le New Hampshire, où il avait servi comme curé pendant plus de vingt ans. La personne que j’ai contactée a généreusement promis de regarder dans les registres de la ville et de l’église et de me rappeler, ce qu’elle fit, deux ou trois jours plus tard. Elle était désolée. Elle avait cherché consciencieusement, mais à Kingston de toute évidence la date exacte de la naissance de Seccombe était introuvable. J’étais sur le point d’abandonner et d’insérer “dans sa petite vingtaine” quand une ampoule brilla dans ma tête. Si Joseph Seccombe était prêtre en 1737 (l’année de son arrivée à Kingston), il avait été instruit quelque part et, à l’époque, pour les études supérieures, il n’y avait qu’une possibilité en ville dans la province de Massachusetts Bay. J’ai appelé Harvard.

Par le standard téléphonique, j’ai été mis en contact avec quelqu’un qui écouta ma question et répondit sur le champ, en quelques secondes, “14 juin 1706.”

Source : The New Yorker, le 09/02/2009

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Source : The New Yorker, le 14/09/2009

“J’ai été fact-checké par le New Yorker”, par Evan Osnos

Par Evan Osnos, le 14 septembre 2009

Les rédacteurs au New Yorker sont souvent interrogés sur leurs processus internes de “fact-checking” (vérification des faits). (En février, John McPhee a écrit un papier sur cette pratique et ses praticiens.) Le processus consistant à vérifier de façon indépendante chaque assertion de faits dans un article — chaque détail, chaque hypothèse — est un art tellement important et menacé ces derniers temps que je me plais à l’expliquer à mes interlocuteurs avec souvent plus de détails qu’ils n’en attendraient habituellement. L’étendue du processus de “fact-checking” est spécialement surprenante pour nos amis journalistes chinois. Il se trouve que Qian Gang, rédacteur en chef en vue, que j’ai interviewé pour notre enquête “La Zone Interdite“, a récemment publié un papier dans le Southern Weekend, journal de la province du Guangzhou, intitulé “J’ai été fact-checké par le New Yorker“.

Quand j’ai reçu un appel de “fact-checking” du New Yorker, j’ai eu l’impression de me retrouver plongé au milieu d’un rituel antique.

Cela fait trente ans que je suis dans le métier des médias, mais c’est la première fois que je suis confronté à une telle chose. J’avais répondu à une interview par téléphone d’un reporter du New Yorker, il y a environ un mois de cela. Il faisait un portrait d’un de mes amis, une rédactrice en chef d’une revue renommée de Beijing. Le coup de fil du lundi provenait d’une femme ; elle me dit que son collègue avait proposé son article, et qu’elle souhaitait vérifier les faits avec moi.

L’article de Qiang, qui circule parmi les journalistes chinois, s’embarque dans une discussion sur le rôle disputé de la vérification des faits à l’heure des nouveaux médias. Grâce à un ami qui a fait la traduction depuis la Chine, voici quelques extraits :

La “vérification” dura à peu près une demi-heure. Je ne pouvais m’empêcher de célébrer la diligence que démontrait cette dame, compte tenu que je n’étais qu’un des nombreux interviewés. Après cet appel, je me suis immédiatement renseigné sur le sujet auprès d’experts et fait mes recherches sur internet. A l’origine, le système de vérification des faits dans les médias étatsuniens remonte à l’époque de Joseph Pulitzer, il y a un siècle. La revue du New Yorker créa un service de vérification des faits et embaucha des gens qualifiés comme vérificateurs de faits. Un poste prometteur ; il se dit que les personnes ayant été vérificateurs de faits ont de très grandes chances d’être recrutées comme rédacteurs en chef (dans d’autres publications).

Les vérificateurs de faits sont indépendants et n’ont pas de relations avec les journalistes enquêtés. La procédure est rigoureuse. La professeur Chen Wanying de H.K.U. est passée par ce processus aux États-Unis, en tant que journaliste. Elle écrivait pour le “Village Voice” et quand son article a été proposé, il lui a été demandé de fournir tous les contacts des personnes interviewées. Cela revient indubitablement très cher, seuls quelques grands groupes de presse se le permettent, dit Chen Wanying : “C’est trop coûteux.”

Le professeur Zhan Jiang, qui a étudié les médias étasuniens, m’a dit qu’il y avait de moins en moins de groupes de presse aux États-Unis qui suivaient de telles procédures. Pas étonnant que je ressente alors cette sensation de me retrouver au milieu d’un rituel antique durant l’appel téléphonique de vérification des faits du New Yorker. La devise de M. Pulitzer : “Exactitude ! Exactitude ! Exactitude !” apparaît comme un brouillard évanescent à une époque où les médias font face à une concurrence féroce. La presse prête à investir beaucoup de capital humain et d’argent dans le reportage d’investigation et la vérification des faits est bel et bien chancelante.

Le reportage fait à la va-vite semble dorénavant primer sur l’exactitude. Selon le spécialiste de l’internet Hu Yong, le mode de production de l’information était : “filtrer puis publier”. Nous sommes en train de virer vers : “publier et filtrer ensuite”. A quoi cela nous mène-t-il ? Il cite des experts occidentaux : “Au vingt-et-unième siècle, quand tout un chacun est un journaliste, nous faisons face à une jungle d’informations, dans laquelle le bon et le mauvais coexistent.”

Cette question me taraude. Je ne pense pas que l’essor de l’internet mène nécessairement au déclin de l’idéologie classique de l’information. Après le 18 juillet 2007, lorsque de fortes pluies s’abattirent sur Jinan, Tencent.com demanda aux internautes de Jinan de pouvoir collecter leurs témoignages oculaires. En quelques heures une quantité d’informations exactes était proposée au public. La vitesse et la puissance délivrées dépassaient ce dont était capable la presse traditionnelle. La polémique concernant le “tigre de Hua Nan”(dans laquelle une photo d’un animal menacé avait été truquée) fut aussi creusée par les internautes. Ils ont vérifié les faits et dénoncé les mensonges. De même, nous ne devrions pas oublier que des blogs de particuliers se chargent parfois de la lourde tâche de la vérification des faits.

Mais il y a indubitablement des exemples contraires. Nombres de faits sur internet sont impossibles à vérifier. Bien que l’internet permette de corriger les erreurs, certaines assertions qui finissent sur la toile ne sont pas rectifiées et s’établissent comme des vérités finales. Le problème actuellement est que beaucoup de gens dissertent sur le déclin et la chute de la presse traditionnelle, mais ils décrivent la “révolution” de la nouvelle presse de manière romantique. Ils ignorent intentionnellement ou inconsciemment la richesse apportée par la presse traditionnelle au long de l’Histoire. À l’âge du multimédia, a-t-on toujours besoin de professionnalisme dans le journalisme ? A-t-on toujours besoin de compétences et de qualifications pour faire le travail d’investigation ? Comment enseigne-t-on le journalisme aux étudiants à l’université ? Alors que de plus en plus d’options s’offrent à eux après leur diplôme, et nombreux seront ceux qui poursuivront leur carrière sur la toile, devons-nous continuer à parler de Ta Kung Pao, Fan Changjiang et de l’enquête sur le Watergate dans les classes de journalisme ? Ou devons-nous considérer que ces leçons traditionnelles doivent se confronter à l’innovation. Mais comment ? La proposition fondamentale de l’information – offrir des faits exacts – fait face à un défi majeur. Dans le nouvel environnement médiatique, comment la presse peut-elle faire sa vérification des faits n’est pas une question simple.

Evan Osnos a rejoint le New Yorker comme rédacteur en 2008, et traite de politique intérieure et étrangère.

Source : The New Yorker, le 14/09/2009

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Série : Le naufrage des Décodeurs du Monde

P.S. Merci de vous modérer si vous commentez. Les commentaires déplacés ou insultants seront comme d’habitude supprimés.

Source: http://www.les-crises.fr/lindispensable-fact-checking-interne-lexemple-du-new-yorker/


(5) Edward Snowden : Il faut combattre les “Fake News” avec la Vérité, pas avec la Censure

Tuesday 7 February 2017 at 06:00

Série : Le naufrage des Décodeurs du Monde

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Voici le détail des principaux propos à retenir de Snowden sur les Fake news :

« Le problème des “Fake News” (fausses nouvelles) ne se résout pas en espérant faire intervenir un arbitre, mais plutôt parce que nous, en tant que participants, en tant que citoyens, en tant qu’utilisateurs de ces services, nous nous aidons mutuellement.

La réponse aux fausses informations, ce n’est pas la censure. La réponse aux fausses informations, c’est plus d’informations, discutées en commun.

Trop de gens dépendent d’une seule source, comme Facebook, pour s’informer. Lorsque vous allez sur votre page Facebook, c’est Facebook qui décide quelles nouvelles vous voyez sur votre page. Ils créent plus de silence qu’ils ne créent d’informations.

Vous comprenez à quel point il est dangereux qu’une entreprise puisse avoir assez de pouvoir pour remodeler notre façon de penser.

Nous devons mettre en pratique et répandre l’idée que la pensée critique est aujourd’hui plus importante que jamais, étant donné que les mensonges semblent devenir très populaires. » [Edward Snowden, Newsweek, Periscope,  Youtube et The Independant – 11/2016]

 

Je désépère toujours de voir que la France ne lui donne pas l’asile politique… Et la nationalité française. alors qu’il a sacrifié sa qualité de vie pour nos libertés…

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Edward Snowden : Il faut combattre les “Fake News” avec la vérité, pas la censure

Source : Newsweek, le 13/12/2016

Jack Dorsey, de Twitter, a rencontré l’ancien employé de la NSA et évoqué Donald Trump, les “fake news” et la possibilité d’une remise de peine.

Par Max Kutner, le 13 décembre 2016

Edward Snowden, le lanceur d’alerte controversé des documents de l’Agence de sécurité nationale (NSA), a déclaré mardi que la solution pour débarrasser l’Internet des “fake news” est la publication d’informations fiables, et non pas la censure.

Ses propos ont été tenus lors d’une interview avec Jack Dorsey, PDG de Twitter et Square, via un lien vidéo qui a été diffusé en direct sur Periscope à travers le compte Twitter @PardonSnowden.

Vêtu d’un blazer et d’une chemise sombre, Snowden a répondu aux récentes affirmations selon lesquelles des “fausses nouvelles” publiées sur des réseaux sociaux tels que Facebook ont contribué à influencer l’élection présidentielle de novembre en faveur de Donald Trump. Il n’a pas dit s’il était d’accord avec ces allégations, mais a fait remarquer qu’il craint que les entreprises technologiques utilisent les « fausses nouvelles » comme raison pour censurer le contenu des utilisateurs.

Edward Snowden parle lors d’une conférence de presse, par liaison vidéo, le 14 septembre. Le 13 décembre, il a été interviewé par Jack Dorsey, PDG de Twitter et Square.
BRENDAN MCDERMID/REUTERS

« Le problème des “Fake News” (fausses nouvelles) ne se résout pas en espérant faire intervenir un arbitre, mais plutôt parce que nous, en tant que participants, en tant que citoyens, en tant qu’utilisateurs de ces services, nous nous aidons mutuellement, » a-t-il déclaré. “La réponse à l’expression mensongère, ce n’est pas la censure. La réponse à l’expression mensongère, c’est plus d’expression. Nous devons mettre en pratique et répandre l’idée que la pensée critique est aujourd’hui plus importante que jamais, étant donné que les mensonges semblent devenir très populaires. »

Ces derniers mois, les partisans de Snowden ont demandé au président Barack Obama d’accorder le pardon à ce natif de Caroline du Nord, qui vit comme un fugitif en Russie et fait l’objet de poursuites judiciaires aux États-Unis. En 2013, Snowden a divulgué des informations sur les programmes de surveillance généralisée de la NSA, qui a eu accès aux données privées des citoyens. Pour lui, les bornes avaient été dépassées (il considérait cela comme un excès de pouvoir). Le ministère de la justice des États-Unis l’a accusé de vol de biens appartenant au gouvernement ; de divulgation non autorisée de renseignements sur la défense nationale, et de divulgation volontaire de rapports et de renseignements confidentiels à une personne non autorisée.

Depuis que les premières histoires sur Snowden sont parues dans la presse, l’ancien prestataire dit qu’il a essayé de se battre contre ce qu’il appelle les « fausses nouvelles » et autres « allégations bidons ». Il a dit au PDG de Twitter qu’il voulait publier des informations sur lui-même car il trouvait que les articles qui sortaient étaient erronés. « Quand on est le seul à vraiment savoir ce qui se passe, ce qui est vrai et ce qui n’est pas vrai, dit-il, on veut prendre la parole, on veut dire quelque chose. »

Snowden a rejoint Twitter en 2015 et est suivi par plus de 2 millions de personnes. Dorsey a souligné que Snowden ne suit qu’un seul compte : la NSA.

Les militants qui demandent la grâce de Snowden espèrent que le président Obama l’accordera à cet homme de 33 ans avant qu’il ne quitte son poste en janvier. « Snowden devrait être salué comme un héros, » affirme le site web de la campagne. “A la place, il est exilé à Moscou, et encourt des décennies de prison sous des chefs d’accusation datant de la Première Guerre mondiale qui le considèrent comme un espion.”

Le site web compte des dizaines de supporters, dont des leaders de l’industrie technologique tels que Dorsey, le cofondateur d’Apple Steve Wozniak et le co-fondateur de Kickstarter Perry Chen, ainsi que des écrivains, des acteurs et d’anciens officiels du gouvernement des États-Unis. L’Union américaine des libertés civiles (ACLU), Amnesty International et Human Rights Watch collaborent avec « Pardon Snowden » (https://www.pardonsnowden.org/).

Comme Newsweek l’a déjà indiqué, Obama n’a montré aucune intention de lever ou de réduire les accusations qui pèsent sur Snowden. Si le président ne le gracie pas dans les prochaines semaines, il est peu probable que la prochaine administration soit plus conciliante. Le président élu Donald Trump a tweeté sur Snowden plus de trois douzaines de fois, l’appelant « un traître et une honte », « un menteur et un faussaire » et « un déchet humain ». Il a aussi tweeté que Snowden “devrait être exécuté“.

Depuis la Russie, Snowden s’est concentré sur la promotion d’une presse libre. Il est maintenant directeur de la Freedom of the Press Foundation (Fondation pour la liberté de la presse), un organisme sans but lucratif basé à San Francisco qui soutient le journalisme d’intérêt public. Il a déjà parlé lors d’événements similaires à celui de mardi à travers des liens vidéo.

Interrogé mardi sur la façon dont l’administration Trump pourrait le traiter, Snowden a dit qu’il n’était pas inquiet. « Je suis très à l’aise avec les décisions que j’ai prises. Je sais que j’ai fait ce qu’il fallait. »

Source : Newsweek, le 13/12/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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En bonus, l’analyse d’Un Odieux Connard – où un particulier avec beaucoup d’humour montre qu’il comprend mieux les problèmes que la plupart des journalistes…

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Série : Le naufrage des Décodeurs du Monde

P.S. Merci de vous modérer si vous commentez. Les commentaires déplacés ou insultants seront comme d’habitude supprimés.

Source: http://www.les-crises.fr/edward-snowden-il-faut-combattre-les-fake-news-avec-la-verite-pas-avec-la-censure/


(6) Politique post-vérité ou journalisme post-politique ? par Frédéric Lordon

Tuesday 7 February 2017 at 05:56

Série : Le naufrage des Décodeurs du Monde

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J’ai sorti sur ce blog ce formidable billet du non-moins formidable Lordon le 29 novembre 2016.

Comme 2 mois plus tard, les types du Monde mis en cause par Lordon me crucifient en public pour me faire fermer ce blog, je le ressors.

Avec un message limpide : vous ne m’impressionnez pas, vous ne me faites pas peur, vous ne m’intimiderez pas avec vos méthodes Maccarthystes !

Source : Le Monde Diplomatique, Frédéric Lordon, 22-11-2016

cc The Man-Machine

cc The Man-Machine

Un système qui, le lendemain de l’élection de Donald Trump, fait commenter l’événement par Christine Ockrent — sur France Culture… — et le surlendemain par BHL interviewé par Aphatie, n’est pas seulement aussi absurde qu’un problème qui voudrait donner des solutions : c’est un système mort. On ne s’étonnera pas que le thème des morts-vivants connaisse un tel regain d’intérêt dans les séries ou dans les films : c’est l’époque qui se représente en eux, et c’est peut-être bien le sentiment confus de cette époque, à la fois déjà morte et encore vivante, qui travaille secrètement les sensibilités pour leur faire apparaître le zombie comme le personnage le plus parlant du moment.

Les morts-vivants

On objectera sans doute que les morts-vivants sont plutôt des trépassés qui reviennent, alors qu’en l’occurrence l’époque, si toute vie s’en est retirée, n’en finit pas de mourir. Institutions politiques, partis en général, parti socialiste en particulier, médias, c’est tout le système de la conduite autorisée des opinions qui a été comme passé à la bombe à neutrons : évidement radical au-dedans, ou plutôt chairs fondues en marmelade indifférenciée, seuls les murs restent debout, par un pur effet d’inertie matérielle. Au vrai, ça fait très longtemps que la décomposition est en marche, mais c’est que nous avons affaire à un genre particulier de système qui ignore ses propres messages d’erreur-système. Dès le 21 avril 2002, l’alarme aurait dû être généralisée. Mais ce système qui enseigne à tous la constante obligation de « changer » est lui d’une immobilité granitique — tout est dit ou presque quand Libération, l’organe du moderne intransitif, fait chroniquer Alain Duhamel depuis cent ans. Il s’en est logiquement suivi le TCE en 2005, les étapes successives de la montée du FN, le Brexit en Grande-BretagneTrump aux États-Unis, et tout le monde pressent que 2017 s’annonce comme un grand cru. Voilà donc quinze ans que, désarçonné à chaque nouvelle gifle, vécue comme une incompréhensible ingratitude, le système des prescripteurs fait du bruit avec la bouche et clame que si c’est ça, il faut « tout changer » — avec la ferme intention de n’en rien faire, et en fait la radicale incapacité de penser quoi que ce soit de différent.

Mais avec le temps, le travail de l’agonie devient mordant, et le système se sent maintenant la proie d’une obscure inquiétude : commence même à lui venir la conscience confuse qu’il pourrait être en cause — et peut-être menacé ? Sans doute réagit-on différemment en ses différentes régions. Le Parti socialiste n’est plus qu’un bulbe à l’état de béchamelle, dont on mesure très exactement la vitalité aux appels de Cambadélis, après l’élection de Trump, à resserrer les rangs autour de Hollande (ou bien aux perspectives de lui substituer Valls).

On ne s’étonnera pas que le thème des morts-vivants connaisse un tel regain d’intérêt : c’est l’époque qui se représente en eux

C’est la partie « médias », plus exposée peut-être, qui exprime un début d’angoisse terminale. A la manière dont elle avait pris la raclée du TCE en 2005 — une gigantesque éructation contre le peuple imbécile (1) —, on mesure quand même depuis lors un effet des gifles à répétition. Alors les médias, un peu sonnés à force, commencent à écrire que les médias pourraient avoir eu une responsabilité. Le propre du mort-vivant cependant, encore debout mais en instance de mourir, c’est que rien ne peut plus le ramener complètement vers la vie. Aussi, la question à peine posée, viennent dans l’instant les réponses qui confirment le pur simulacre d’une vitalité résiduelle, et la réalité de l’extinction en cours. Y a-t-il responsabilité des médias ? « Oui, mais quand même non ».

La protestation sociologique des médias

Comme le système prescripteur du changement pour tous n’a aucune capacité de changement pour lui-même, défaut qui signe d’ailleurs la certitude quasi-évolutionnaire de sa disparition, il s’arrange pour poser la question sous la forme qui le remette aussi peu que possible en question : non nous ne sommes pas « coupés », et nous ne vivons pas différemment des autres ; oui nous avons fait notre travail, la preuve : nous avons tout parfaitement fact-checké.

Dans un mouvement aussi sincèrement scandalisé que touchant de candeur, Thomas Legrand, par exemple, proteste sur France Inter qu’on puisse trouver la presse « déconnectée » : n’est-elle pas désormais « peuplée de pigistes et de précaires » (2) ? Il faut vraiment être arrivé au bout du chemin pour n’avoir plus d’autre ressource que de transformer ainsi le vice en vertu, et se faire un rempart de la prolétarisation organisée des soutiers, providentielle garantie sociologique d’une commune condition qui rendrait sans objet les accusations de « déconnexion ». Mais on en est là. Des hipsters précarisés jusqu’au trognon servent de bouclier humain à des éditorialistes recuits qui, désormais étrangers à toutes les régulations de la décence, n’hésitent plus à en faire un argument.

Comme on veut cependant donner tous les gages de la meilleure volonté réflexive, on concède qu’on doit pouvoir encore mieux faire pour connaître ce qui agite les populations réelles, et l’on promet de l’enquête, du terrain, de la proximité, de l’immersion, bref de la zoologie. On se demande alors si le contresens est l’effet d’une rouerie de raccroc ou d’une insondable bêtise. Car si l’élection de Trump a révélé « un problème avec les médias », ça n’est que très superficiellement de « ne pas l’avoir vue venir » : c’est plutôt d’avoir contribué à la produire ! L’hypothèse de la bêtise prend immanquablement consistance avec les cris d’injustice que pousse sur Twitter un malheureux présentateur de France Info : « Mais arrêtez de dire que c’est un échec de la presse, c’est d’abord un échec de la politique ! C’est pas la presse qui donne du taf aux gens »Ou encore : « C’est dingue de se focaliser uniquement sur les médias. La désindustrialisation de la Rust Belt ce n’est pas à cause des journaux ». Tranchant de la forme, puissance de l’analyse — l’époque.

« C’est dingue de se focaliser uniquement sur les médias »

Tout y est, et notamment que « la presse » ne se reconnaît aucune responsabilité depuis vingt ans dans la consolidation idéologique des structures du néolibéralisme, qu’elle n’a jamais réservé la parole à ceux qui en chantaient les bienfaits, qu’elle n’a jamais réduit à l’extrême-droite tout ce qui, à gauche, s’efforçait d’avertir de quelques inconvénients, de la possibilité d’en sortir aussi, qu’elle n’a jamais fait de l’idée de revenir sur le libre-échange généralisé une sorte de monstruosité morale, ni de celle de critiquer l’euro le recommencement des années trente, qu’elle n’a jamais pédagogisé la flexibilisation de tout, en premier lieu du marché du travail, bref qu’elle n’a jamais interdit, au nom de la « modernité », du « réalisme » et du « pragmatisme » réunis, toute expression d’alternative réelle, ni barré absolument l’horizon politique en donnant l’état des choses comme indépassable — oui, celui-là même qui produit de la Rust Belt dans tous les pays développés depuis deux décennies, et fatalement produira du Trump avec. Mais non, bien sûr, la presse n’a jamais fait ça.

Le petit bonhomme de France Info ne doit pas écouter sa propre chaîne qui, en matière économique, éditorialise à un cheveu de BFM Business, comme toutes les autres au demeurant, raison pour quoi d’ailleurs le pauvre est devenu strictement incapable d’avoir même l’idée d’une différence possible, l’intuition qu’il y a peut-être un dehors. De ce point de vue on pourra égailler autant qu’on veut des bataillons de pigistes précarisés dans la nature avec pour feuille de route « le retour au terrain », on ne voit pas trop ce que cette dispersion pourrait produire comme révisions éditoriales sérieuses, qui auraient dû survenir il y a longtemps déjà, et ne surviendront plus quoi qu’il arrive. On en a plus que l’intuition à cette phénoménale déclaration d’intention du directeur du Monde qui annonce avoir constitué une « task force » (sic) prête à être lâchée à la rencontre « de la France de la colère et du rejet » (3), et l’on mesure d’ici l’ampleur des déplacements de pensée que des enquêtes ainsi missionnées vont pouvoir produire auprès de leur commanditaire. Il est vrai que celui-ci n’hésite pas à témoigner d’un confraternel ascendant à l’endroit des « médias américains confrontés à leur 21 avril. Nous avons eu aussi le référendum de 2005. On a appris à être plus vigilants ». La chose n’avait échappé à personne.

Si l’élection de Trump a révélé « un problème avec les médias », ça n’est que très superficiellement de « ne pas l’avoir vue venir » : c’est plutôt d’avoir contribué à la produire !

L’intuition tourne à la certitude quasi-expérimentale quand, au lendemain d’un désastre comme celui de l’élection américaine, on peut lire qu’Hillary Clinton « avait le seul programme réalisable et solide »(Jérôme Fenoglio, Le Monde), que « la réaction identitaire contre la mondialisation alimente la démagogie de ceux qui veulent fermer les frontières » (Laurent Joffrin, Libération), que « le choix de la presse[finalement il y en avait un ?] était le triste choix de la rationalité contre le fantasme » (Thomas Legrand, France Inter), que « la mondialisation n’est pas seule en cause [car c’est] la révolution technologique [pourrait-on être contre ?] qui est autant, sinon plus, responsable du démantèlement des vieux bassins d’emploi, c’est elle qui porte la délocalisation du travail, bien plus que l’idéologie [sic]  » (Le Monde), scies hors d’âge, qu’on lit à l’identique depuis 2005, enfermées dans l’antinomie de la mondialisation ou du quatrième Reich, produits de série emboutis sur enclumes éditorialistes, l’ironie tenant au fait qu’on aura rarement vu propagandistes de la flexibilité frappés d’une telle rigidité, puisqu’il est maintenant acquis que, ayant perdu toute capacité de révision cognitive, ils iront jusqu’au bout du bout, d’un pas mécanique, les bras devant à l’horizontale.

Le fulgurant éditorialiste du Monde devrait pourtant se méfier de ses propres analyses, dont une part pourrait finir par s’avérer fondée : c’est qu’on sait déjà ce qu’il va écrire fin avril-début mai 2017, qu’on pourrait même l’écrire dès aujourd’hui à sa place, et qu’une telle simplicité donne immanquablement des envies d’automatisation — la fameuse technologie —, à moins, il est vrai un cran technologique en dessous, qu’on ne fasse tirer au sort la construction de phrases par un singe, dans un sac où l’on aura mélangé des cubes avec écrit : « protestataire », « populisme », « colère », « tout changer », « repli national », « manque de pédagogie », « l’Europe notre chance », et « réformer davantage ». Substitution par le système expert ou bien par le macaque, il est exact en tout cas que l’emploi de l’éditorialiste du Monde, lui, n’aura pas été victime, selon ses propres mots, de « l’idéologie ».

La « politique post-vérité » (misère de la pensée éditorialiste)

On en finirait presque par se demander si l’indigence de ses réactions ne condamne pas ce système plus sûrement encore que l’absence de toute réaction. C’est que pour avoir depuis si longtemps désappris à penser, toute tentative de penser à nouveau, quand elle vient de l’intérieur de la machine, est d’une désespérante nullité, à l’image de la philosophie du fact-checking et de la « post-vérité », radeau de La Méduse pour journalisme en perdition. L’invocation d’une nouvelle ère historique dite de la « post-vérité » est donc l’un de ces sommets que réserve la pensée éditorialiste : une nouvelle race de politiciens, et leurs électeurs, s’asseyent sur la vérité, nous avertit-elle (on n’avait pas vu). Des Brexiteers à Trump, les uns mentent, mais désormais à des degrés inouïs (plus seulement des petits mensonges comme « mon ennemi c’est la finance »), les autres croient leurs énormités, on peut donc dire n’importe quoi à un point nouveau, et la politique est devenue radicalement étrangère aux régulations de la vérité. C’est une nouvelle politique, dont l’idée nous est livrée là par un gigantesque effort conceptuel : la « politique de la post-vérité ». Soutenue par les réseaux sociaux, propagateurs de toutes les affabulations — et à l’évidence les vrais coupables, ça la presse l’a bien vu.

Car, on ne le dit pas assez, contre la politique de la post-vérité, le journalisme lutte, et de toutes ses forces : il fact-checke. On ne pourra donc pas dire que le journalisme a failli face à Trump : sans relâche il a compulsé des statistiques et retourné de la documentation — n’a-t-il pas établi qu’il était faux de dire que tous les Mexicains sont des violeurs ou qu’Obama n’était pas américain ? Mais voilà, la post-vérité est une vague géante, un tsunami qui emporte tout, jusqu’aux digues méthodiques du fact-checking et du journalisme rationnel, et les populations écumantes de colère se mettent à croire n’importe quoi et n’importe qui. Au fait, pourquoi en sont-elles venues ainsi à écumer de colère, sous l’effet de quelles causes, par exemple de quelles transformations économiques, comment en sont-elles arrivées au point même de se rendre aux pires mensonges ? Cest la question qu’il ne vient pas un instant à l’idée du journalisme fact-checkeur de poser.

Il est d’ailleurs mal parti pour en trouver les voies si l’on en juge par les fortes pensées de ses intellectuels de l’intérieur, comme Katharine Viner, éditorialiste au Guardian, à qui l’on doit les formidables bases philosophiques de la « post-vérité ». Et d’abord en armant la percée conceptuelle de connaissance technologique dernier cri : les réseaux sociaux, nous explique Viner, sont par excellence le lieu de la post-vérité car ils enferment leurs adhérents dans des « bulles de filtre », ces algorithmes qui ne leur donnent que ce qu’ils ont envie de manger et ne laissent jamais venir à eux quelque idée contrariante, organisant ainsi la végétation dans le même, l’auto-renforcement de la pensée hors de toute perturbation. Mais on croirait lire là une description de la presse mainstream, qui ne se rend visiblement pas compte qu’elle n’a jamais été elle-même autre chose qu’une gigantesque bulle de filtre ! Ainsi excellemment partie pour un exercice décapant de remise en cause, Katharine Viner en vient logiquement à conclure que Trump « est le symptôme de la faiblesse croissante des médias à contrôler les limites de ce qu’il est acceptable de dire » (4). Le tutorat moral de la parole publique, spécialement celle du peuple et des « populistes », voilà, sans surprise, le lieu terminal de la philosophie éditorialiste de la « post-vérité ». Comprendre ce qui engendre les errements de cette parole, pour lui opposer autre chose que les postures de la vertu assistée par le fact-checking, par exemple une action sur les causes, ne peut pas un instant entrer dans une tête d’éditorialiste-de-la-vérité, qui comprend confusément que, « les causes » renvoyant à ce monde, et l’hypothèse d’y changer quoi que ce soit de sérieux étant par principe barrée, la question ne devra pas être posée.

Le journalisme post-politique

Ce que le journalisme « de combat » contre la post-vérité semble donc radicalement incapable de voir, c’est qu’il est lui-même bien pire : un journalisme de la post-politique — ou plutôt son fantasme. Le journalisme de la congélation définitive des choix fondamentaux, de la délimitation catégorique de l’épure, et forcément in fine du gardiennage du cadre. La frénésie du fact-checking est elle-même le produit dérivé tardif, mais au plus haut point représentatif, du journalisme post-politique, qui règne en fait depuis très longtemps, et dans lequel il n’y a plus rien à discuter, hormis des vérités factuelles. La philosophie spontanée du fact-checking, c’est que le monde n’est qu’une collection de faits et que, non seulement, comme la terre, les faits ne mentent pas, mais qu’ils épuisent tout ce qu’il y a à dire du monde.

Le problème est que cette vérité post-politique, opposée à la politique post-vérité, est entièrement fausse, que des faits correctement établis ne seront jamais le terminus de la politique mais à peine son commencement, car des faits n’ont jamais rien dit d’eux-mêmes, rien ! Des faits ne sont mis en ordre que par le travail de médiations qui ne leur appartiennent pas. Ils ne font sens que saisis du dehors par des croyances, des idées, des schèmes interprétatifs, bref, quand il s’agit de politique, de l’idéologie.

Le spasme de dégoût que suscite immanquablement le mot d’idéologie est le symptôme le plus caractéristique du journalisme post-politique. Comme « réforme » et « moderne », le « dépassement de l’idéologie » est l’indice du crétin. Sans surprise d’ailleurs, le crétin post-politique est un admirateur de la « réalité » — systématiquement opposée à toute idée de faire autrement. Les deux sont évidemment intimement liés, et le fact-checking à distance avec eux. La purgation achevée de l’idéologie laisse enfin apparaître la « réalité », telle qu’en elle-même immarcescible, qu’il n’y a plus qu’à célébrer rationnellement en fact-checkant la conformité des énoncés (post-)politiques à ses « faits ».

Il faut avoir fait l’expérience de regards de sidération bovine confrontés à l’idée que la « fin des idéologies », le « refus de l’idéologie », sont des summum d’idéologie qui s’ignorent pour se faire plus précisément une idée du délabrement intellectuel d’où sont sortis simultanément : la « réalité » comme argument fait pour clôturer toute discussion, c’est-à-dire évidemment la négation de toute politique comme possibilité d’une alternative, la noyade de l’éditorialisme dans les catégories du « réalisme » et du « pragmatisme », la place de choix donnée par les médias à leurs rubriques de fact-checking, la certitude d’être à jour de ses devoirs politiques quand on a tout fact-checké, le désarroi sincère que les populations ne se rendent pas d’elles-mêmes à la vérité des faits corrects, et cependant la persévérance dans le projet de soumettre toute politique à l’empire du fact-checking, à en faire la vitrine d’une presse moderne qui, très significativement, pousse sur le devant de la scène ses Décodeurs et sa Désintox’.

Mais voilà, les décodeurs recodent sans le savoir, c’est-à-dire, comme toujours les inconscients, de la pire des manières. Ils recodent la politique dans le code de la post-politique, le code de la « réalité », et les désintoxiqueurs intoxiquent — exactement comme le « décryptage », cette autre abysse de la pensée journalistique, puisque « décrypter » selon ses ineptes catégories, c’est le plus souvent voiler du plus épais brouillard.

Le fact-checking qui, épouvanté, demandera dans un cri de protestation si c’est donc qu’« on préfère le mensonge à la vérité », est sans doute ici hors d’état de saisir l’argument qui n’a rien à voir avec l’exigence élémentaire d’établir correctement des faits, mais plutôt avec l’accablant symptôme, après Trump, d’une auto-justification des médias presque entièrement repliée sur le devoir fact-checkeur accompli. Trump a menti, nous avons vérifié, nous sommes irréprochables. Malheureusement non. C’est qu’un Trump puisse débouler dans le paysage dont vous êtes coupables. Vous êtes coupables de ce qu’un Trump n’advient que lorsque les organes de la post-politique ont cru pouvoir tenir trop longtemps le couvercle sur la marmite politique.

Différences et préférences

Car voilà toute l’affaire : la post-politique est un fantasme. Elle est le profond désir du système intégré de la politique de gouvernement et des médias mainstream de déclarer forclos le temps de l’idéologie, c’est-à-dire le temps des choix, le désir d’en finir avec toutes ces absurdes discussions ignorantes de la « réalité », dont il nous est enjoint de comprendre que, elle, ne changera pas. Mais c’est le désir de ce système, et de ce système seulement. Pour son malheur, le peuple obtus continue, lui, de penser qu’il y a encore matière à discuter, et quand toutes les institutions établies de la post-politique refusent de faire droit à cet élémentaire désir de politique, alors ce peuple est prêt à saisir n’importe quelle proposition, fût-ce la pire, pourvu qu’elle soit celle d’une différence (5). Tout le fact-checking du monde n’ôtera jamais que la politique est l’exercice de la différence quand il est, lui, le prononcé silencieux de la fin des différences, ce qui reste quand on a décidé qu’il n’y aurait plus de différences : le règne vide et insignifiant des « faits » — mais pour mieux laisser inquestionné, dans l’arrière-plan, le signifié-maître : le monde est comme il est.

Il reste alors une seule ligne de repli au journalisme mainstream, au journalisme de la post-politique qui se croit le journalisme de la vérité : concéder qu’il reste bien en effet une différence, mais une seule, et qu’elle est hideuse au point que tout devra lui être préféré — « tout » devant s’entendre adéquatement comme l’ensemble des sacrifices à consentir « hélas » à la « réalité ». Maintenir cette configuration du problème post-politique, n’admettant comme extérieur que la politique innommable de l’extrême-droite, requiert alors d’opérer le déni radical de la différence de gauche. Et si jamais celle-ci commence à faire son chemin, de la combattre impitoyablement.

C’est bien en ce point que ce système laisse affleurer ses propres préférences, ses haines inavouables. Disons ici carrément ceci : plutôt qu’une différence de gauche, il préférera prendre le risque de la différence d’extrême-droite, dont il doit bien pressentir que ses propres efforts, dérisoirement inefficaces, ne suffiront plus longtemps à en empêcher l’advenue. Et voilà, au bout de ses échecs à endiguer quoi que ce soit, où il finira d’impuissance : s’il faut en passer par l’expérience d’extrême-droite, ainsi soit-il ! Elle sera tellement ignoble qu’elle aura au moins le mérite de remonétiser le discours de la vertu, et la « réalité » sera ré-installée dans ses droits en une alternance à peine.

Le Pen ne sortira pas de l’euro, Trump préservera la déréglementation financière, la Grande-Bretagne du Brexit ne sera pas exactement un enfer anticapitaliste

Au reste, il s’en trouvera bien quelques-uns au sein du grand parti post-politique pour apercevoir que les rapports de l’extrême-droite et de la « réalité » sont en fait loin d’être si distendus que le fact-checking pourrait le faire croire : Marine Le Pen ne sortira pas de l’euro, Trump a déjà fait savoir qu’il préserverait la déréglementation financière, la Grande-Bretagne du Brexit ne sera pas exactement un enfer anticapitaliste. À coup sûr, ce sont les migrants, les étrangers, et en France tous ceux qui ne respirent pas la souche, qui connaîtront leur douleur. Mais, d’une part, un républicanisme autoritaire caparaçonné d’islamophobie s’en accommodera parfaitement. Et, d’autre part, la post-politique de la morale cachera sa joie de se refaire la cerise aussi facilement — le dernier espoir pour les ventes de Libération, du Monde et de L’Obs, c’est bien le FN.

Le déni de l’homogénéité (pauvre Décodeur)

Si donc, du point de vue de la « réalité », le choix est entre le bien et un moindre mal, dont on expliquera qu’on le tient cependant pour le sommet du mal, alors il faut se mettre à tout prix en travers du vrai mal, mais sans pouvoir dire ouvertement que c’est lui qu’on considère comme tel : le mal d’une autre différence, le mal qui ne croit pas à la « réalité », celui qui pense que les définitions implicites de la « réalité » sont toujours mensongères, au moins par omission, qu’elles occultent systématiquement d’où sont venus ses cadres, qui les a installés, qu’ils n’ont pas toujours été là, par conséquent qu’il est possible d’en inventer d’autres. Ce mal à combattre sans merci, c’est la différence de gauche.

On ne s’étonnera pas de lire sous la plume d’un décodeur demi-habile la puissante critique de « lémédia » (6), injuste réduction à l’uniformité d’un paysage si chatoyant de diversité. « Lesjours.fr ou Le Chasseur Français  » ne racontent pas la même chose nous apprend le penseur-décodeur, de même qu’« Arte c’est [pas] pareil que Sud Radio ». Comme c’est profond, comme c’est pertinent. « L’actualité sociale [n’est pas] présentée de manière identique dans L’Humanité et dans Valeurs Actuelles  » poursuit-il si bien lancé, et n’est-ce pas tout à fait vrai ? On pense aussitôt à Gilles Deleuze : « on connaît des pensées imbéciles, des discours imbéciles qui sont faits tout entiers de vérités ». Misère de la pensée fact-checkeuse.

Dans le registre qui est pourtant le sien, pour ne pas trop le secouer quand même, on pourrait demander à notre décodeur combien de fois par an il entend citer L’HumanitéPolitis ou Le Monde Diplomatique dans la revue de presse de France Inter, ou ailleurs, combien de fois il voit leurs représentants à la télé ou dans les radios. Voudrait-il avoir l’amabilité de se livrer à ce genre de décompte ? (on lui signale qu’Acrimed s’y livre à sa place depuis deux décennies et que, de même, jamais un article d’Acrimed n’est cité dans lémédia bariolés). Au hasard, puisqu’il décode au Monde, pourrait-il fact-checker vite fait combien de reprises ont salué l’édifiante enquête de Politis sur les méthodes managériales de Xavier Niel (7), où l’on comprend tout de même une ou deux choses sur ce qui conduit de la violence néolibérale aux rages qui saisissent les classes salariées ?

La gauche, l’inadmissible différence

Sauf pour cette forme de cécité intéressée qui tient des variations de queues de cerises pour des différences ontologiques, lémédia existent bel et bien, on peut même en donner la caractéristique constitutive : la haine commune de la gauche que, significativement, tous nomment de la même manière : « extrême-gauche » ou « gauche radicale », quand ça n’est pas le risible « gauche de la gauche », cet aveu involontaire que ce qu’ils appellent usuellement « la gauche » est bel et bien à droite. Sans surprise, cette haine est portée à son comble dans les médias de gauche de droite, où le culte de la « réalité », c’est-à-dire le schème fondamental de la pensée de droite, a été si profondément intériorisé que le reconnaître mettrait à mal des engagements de plusieurs décennies — au service de la « réalité » —, et pire encore, des représentations intimes de soi, des luttes personnelles trop incertaines pour s’efforcer de croire qu’on est « quand même de gauche ».

Il suffit d’observer dans ces médias le traitement comparé, textuel, iconographique et politique, des personnalités de gauche (de vraie gauche) et des personnalités du centre, voire carrément bien installées à droite, pour se faire une idée de leur lieu réel — encore ce week-end dans Libération, « NKM, la geek, c’est chic », oui, c’est d’une insoutenable violence. S’il y a des endroits où l’on fait sans merci la chasse à la différence de gauche, à cette différence qui pense que le monde présent n’est pas la « réalité », parce qu’il n’a pas toujours été ce qu’il est, qu’il l’est devenu par l’effet d’une série de coups de force, dont la plupart d’ailleurs ont été politiquement accomplis par des gouvernements « de gauche », et symboliquement validés par des médias « de gauche », s’il y a des endroits où cette différence fait l’objet d’une traque éradicatrice, ce sont bien, en effet, « lémédia ».

Or l’étouffement systématique de la différence de gauche, celle qui s’en prendrait ouvertement à la mondialisation libérale, qui fracturerait le verrou à toute politique progressiste possible de l’euro, qui contesterait l’emprise du capital sur toute la société, et même : remettrait en question les droits de la propriété lucrative sur les moyens de production, organiserait juridiquement le contrôle politique des producteurs sur leur activité, cet étouffement ne laisse ouvert que le soupirail de l’extrême-droite, porte des Trump au pouvoir car ceux-ci arrivent lancés avec bien plus d’avance que des Sanders, dont lémédia, en effet, ont tout fait pour qu’il ne vienne pas déranger la candidate chérie (8), comme ils font tout pour abaisser Corbyn, traîner Mélenchon dans la boue, tous noms propres à lire ici plutôt comme des noms communs, comme les appellations génériques d’une possibilité de différence. Oui lémédia existent, bons apôtres du dépassement de l’idéologie en proie à des haines idéologiques incoercibles : par haine de Sanders, ils ont eu Trump ; par haine de Corbyn, ils maintiendront May ; à Mélenchon ils préféreront tacitement Le Pen — mais attention, avec des éditoriaux grandiloquents avertissant qu’il y a eu « un séisme ». Et si d’aventure le désir d’une différence de gauche désinvestissait ces personnages trop institutionnels et souvent trop imparfaits, pour prendre la rue sérieusement, c’est-à-dire, par-delà le folklore du monôme, avec la menace de conséquences, lémédia n’y verraient plus que des « casseurs », comme lors de Nuit Debout quand, passé le moment du ravissement citoyen, le cortège de tête a commencé à affoler les rédactions, interloquées d’« une telle violence ».

L’écroulement ?

C’est qu’un système signale son impuissance à ses points de stupéfaction, qui le voient désemparé d’incompréhension aux situations qu’il a lui-même contribué à produire. On sait qu’on se rapproche de ces points lorsque, résultat nécessaire de la prohibition des différences, la confusion s’accroît, nourrie par le commentaire médiatique, lui-même de plus en plus désorienté. Alors des électeurs de « gauche » affolés se précipitent à une primaire de droite ; on débat gravement de la légitimité d’une telle participation ; on laisse un pur produit du système se qualifier lui-même d’anti-système quand une telle bouffonnerie devrait lui valoir le ridicule universel ; on commentera bientôt son livre intitulé Révolution, et le sauf-conduit accordé sans sourciller à une pareille imposture lexicale livrera en effet l’essence réelle de lémédia, leur commune collaboration au dévoiement des mots, à l’effacement de toute perspective de transformation sociale dont le signifiant historique, « révolution », recouvre désormais la suppression des 35 heures et la libéralisation des autocars. Car il faut imaginer comment aurait été reçue la Révolution d’un Macron dans les années 70, à l’époque où lémédia n’avaient pas encore acquis leur consistance d’aujourd’hui : dans un mélange d’outrage, de rires et d’épluchures. Dans un formidable télescopage où le fortuit exprime inintentionnellement toute une nécessité, c’est sur Macron, précisément, que L’Obs fait sa une le jour même de l’élection de Trump — Macron, l’agent par excellence de l’indifférenciation, du règne de la non-différence, le carburant de la différence d’extrême-droite.

Lorsque la gauche officielle, celle que lémédia accompagneront jusqu’à la décharge, devient à ce point de droite, qui peut s’étonner que la droite pour continuer d’avoir l’air de droite, c’est-à-dire différente de la gauche, n’ait d’autre solution que d’aller encore plus loin à droite, et que tout le paysage soit alors emporté d’un seul mouvement ? Mais poussé par qui ? Sinon par cette « gauche » elle-même et sémédia. Pacte de responsabilité, CICE, TSCG, loi travail, étranglement de l’AP-HP, massacre social passivement observé à La Poste : les commandements douloureux mais incontestables de la « réalité » — elle, hors fact-checking. Et pendant la destruction qui trumpise infailliblement toutes les sociétés, lémédia soutiennent à bout de force la « gauche-qui-se-confronte-au-réel (elle !) », cet asile de la démission politique, cette pauvreté pour têtes farineuses, qui ont trouvé leur dernière redoute dans ce rogaton de pensée.

Plutôt l’abîme que la vraie gauche, voilà à la fin des fins le choix implicite, le choix de fait, de lémédia. C’est que les protestations outragées d’une telle imputation n’en pourront mais : de quelque manière que les individus recouvrent leurs actes en paroles, ce sont bien ces actes qui trahissent leur préférences de fait, leur préférences réelles. Après avoir tout fait pour ne laisser aucune chance à la seule différence opposable à la différence d’extrême-droite, on dira alors que, comme Trump, Le Pen est arrivée… parce que le bas peuple ne croit plus à la vérité. Voilà où en est la pensée de lémédia. Qui n’auront bien sûr, pas plus à ce moment qu’aujourd’hui, aucune responsabilité dans l’état des choses.

Un système qui ne possède plus aucune force de rappel, plus aucune régulation interne, plus aucune capacité de piloter une réelle transition politique à froid ne mérite que de disparaître. Il va. Le propre d’un système aussi rigidifié, aussi hermétique à son dehors, et incapable d’enregistrer ce qui se passe dans la société, c’est qu’il ne connait pas d’autre « ajustement » que la rupture, et qu’il suffit de très peu de temps pour le faire passer de l’empire écrasant qui barre tout l’horizon à la ruine complète qui le rouvre entièrement.

Frédéric Lordon

Source: http://www.les-crises.fr/politique-post-verite-ou-journalisme-post-politique-par-frederic-lordon/


[Vidéo] 100% Econoclastes n°1, avec Béchade, Berruyer, Conesa, Delamarche et Sabatier

Monday 6 February 2017 at 03:10

Je vous propose aujourd’hui une nouvelle émission d’une chaîne youtube que j’espère prometteuse…

Nous comptons donc sur vous pour nous aider en la diffusant largement…

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Par ailleurs, demain sera une journée très importante pour le blog, vous n’allez vraiment pas être déçus… 🙂

Source : Youtube, Les Econoclastes, 04-02-2017

06

L’arrivée du Président américain sur la scène mondiale fait l’effet d’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Il va y avoir de la casse !

Avec Philippe Béchade, Pierre Sabatier, Olivier Delamarche, Olivier Berruyer, Pierre Conesa et Jean-Pierre Corbel.

Source : Youtube, Les Econoclastes, 04-02-2017

Source: http://www.les-crises.fr/video-100-econoclastes-n1-avec-bechade-berruyer-conesa-delamarche-et-sabatier/