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Donald Trump : séparer le bon grain de l’ivraie, par Caroline Galactéros

Tuesday 8 November 2016 at 01:20

Source : Galactéros-over-blog, Caroline Galactéros, 10-10-2016

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Dès le mois de février, j’écrivais dans les colonnes (numériques) du Point un article sur Donald Trump et sa conception des relations internationales. Quand tous les médias ne voyaient en Trump qu’un pitre et que la plupart déclaraient alors inconcevable sa victoire aux primaires républicaines (qui fut pourtant fort large), je m’étais permis de mettre en lumière quelques évidences auxquelles, à mon avis, les électeurs “du Donald” sont davantage sensibles qu’à la grossièreté de sa personnalité, que cette dernière soit profondément ancrée dans son personnage ou qu’elle soit le fruit d’une communication politique qui pourrait aujourd’hui se retourner contre lui. Sur ce point de savoir « qui est vraiment Donald Trump », je vous conseille de lire l’excellent article de Laure Mandeville dans le Figaro par lequel on réalise que le candidat républicain est beaucoup moins caricatural qu’il n’y paraît, qu’il est beaucoup moins bourrin et stupide qu’il n’en a l’air, et surtout que son moteur principal, amplifié probablement par son éducation, reste qu’il n’a jamais été accepté des élites new-yorkaises malgré ses mérites de « Self made man » (il a pour être précis prolongé ceux de son père) et est déterminé à s’en venger. Ce n’est pas du personnage de Donald Trump qu’il est question dans cet article, mais davantage du possible président qu’il serait, plus précisément qu’il serait en tant que commandant suprême des forces américaines et garant en dernier ressort de la sécurité nationale de la première puissance au monde. C’est certainement sur ce terrain, comme sur le terrain économique d’ailleurs, que Donald Trump, à l’image d’un Bernie Sanders à gauche (lequel manquait en revanche dans son analyse de traiter l’épineuse question de l’immigration), assène des vérités que l’establishment représenté par Hillary Clinton n’est pas prêt à reconnaître . Voici donc ce que j’écrivais en février et qui n’a guère changé…

« Trump a une vision des relations internationales tout à fait originale et, osons le dire, novatrice. En ce domaine, son abandon pourrait être une mauvaise nouvelle pour la paix du monde. Car il se démarque sensiblement de l’interventionnisme propre à tous les autres candidats, à l’exception de Bernie Sanders. Ceux-ci, ignorant les fiascos stratégiques irakien, afghan ou libyen, persistent à voir dans l’aventurisme militaire et l’entretien d’un savant chaos – notamment moyen-oriental – des martingales pour restaurer la puissance et l’influence américaines en chute libre depuis 2003. Chacun d’eux propose un alliage d’impérialisme classique dont seules les proportions de soft et de hard power diffèrent.

Donald, lui, s’insurge contre cette dispendieuse et contre-productive tendance américaine à se mêler de tout. Il se soucie comme d’une guigne du « regime change » et de la « responsabilité de protéger ». Il ne croit pas dans l’expansion souhaitable des droits de l’homme qu’il assimile à « un prêchi-prêcha » dangereux et ruineux. C’est un homme d’affaires, qui aime le statu quo et trouve aux régimes autoritaires des vertus, notamment en matière de lutte contre l’islamisme. Il recherche des marchandages globaux et équilibrés avec des interlocuteurs à poigne qui peuvent partager son langage, celui du pur intérêt national. La multipolarité du monde est pour lui une évidence. Il faut s’en accommoder et baser les relations internationales sur des convergences d’intérêt pragmatiques. Ce realpoliticien ne voit dans le messianisme américain qu’une « danseuse » hors de prix trop sujette aux entorses. Son mercantilisme profond rime avec un protectionnisme et un isolationnisme mesurés, l’intervention américaine ne pouvant se concevoir que contre gains sonnants et trébuchants ou réciprocité protectrice. »

A l’aune de la situation actuelle à Alep, cette approche trumpienne hyper réaliste et pragmatique aurait sans doute quelques mérites et a minima, celui de favoriser un apaisement de la tension entre Washington et Moscou. En effet, si un certain nombre de néocons américains mais aussi de hautes autorités militaires américaines (comme le Chef d’état major de l’US Army notamment) poussent à la roue très dangereusement pour défier les Russes y compris militairement et les pousser à la faute en Syrie tant leur efficacité gêne leurs petits arrangements avec Al-Qaïda), d’autres, en privé, n’attendent qu’une chose : que les Russes vainquent enfin les islamistes et que le calme revienne dans une Syrie réorganisée (sur ce point lire mon dernier signal faible), que l’Etat central reprenne ses droits et qu’ensuite seulement, des négociations s’enclenchent pour permettre progressivement à la politique syrienne d’être plus représentative de ses composantes ethniques, religieuses et sociales. Pas plus tard qu’il y a quelques jours, un haut-fonctionnaire français qui s’assumait lui-même comme néoconservateur (c’est quand même beau d’exporter la démocratie !) me glissait en a parte : « Il faut que les Russes l’emportent en Syrie, qu’on en finisse avec les morts ! ».

Or, aujourd’hui en Syrie, face à la paralysie de la fin de présidence Obama, face à ses hésitations en Irak (reprendre Mossoul avant la fin du mandat oui ! mais avec quelles forces au sol ?), pendant ce temps, le « parti de la guerre », bien représenté dans ce qu’il faut appeler avec Peter Dale Scott « l’Etat profond » (deep state) américain, piaffe d’impatience. Les récentes frappes contre l’armée syrienne à Deir Ezzor pourraient être le signe de son impatience à retrouver les bases traditionnelles de la politique américaine : « Exporter la divine providence américaine à coup de B-52 » ! Idem pour ce qui est de l’annonce américaine (non officielle mais venant des services de sécurité) concernant la possibilité d’une aide aux rebelles (modérés…) en matière de MANPADS (Man-portable air-defense systems) voire de frappes directes de l’Armée américaine contre les forces de Bachar el-Assad. Les Russes n’ont pas tardé à réagir en déployant des systèmes anti-aériens et anti-missiles de type S-300 à Tartous en plus des S-400 disposés à Lattaquié. Le général Igor Konachenkov, porte-parole du ministère russe de la Défense, a ainsi déclaré : « Je veux rappeler aux “stratèges” américains que la couverture aérienne des bases militaires russes de Hmeimim et de Tartous est assurée par les systèmes antiaériens S-300 et S-400 dont la portée pourra surprendre tout objet volant non identifié» (400 km ndlr). Peut-être pensez-vous que je diverge par rapport à Donald Trump ? Assez peu en réalité car les élections américaines étant les élections nationales qui comptent le plus à l’échelle du monde, le 8 novembre est une date qui décidera des évolutions de la situation mondiale en bien des matières… Et les faucons américains attendent désespérément d’avoir la confirmation que Hillary Clinton parviendra (certes péniblement) à franchir la dernière marche avant la Maison-Blanche. Parce qu’ils sont méfiants, les faucons ont aussi commencé à se rapprocher de Donald Trump : on ne sait jamais…

Et si c’était lui ? Mi-septembre, l’équipe de campagne du candidat républicain a en effet annoncé que James Woosley devenait le nouveau conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump. Le nouveau venu a déclaré qu’il allait le conseiller sur des questions «exclusivement liées à la sécurité nationale telles que la défense, le renseignement, et peut-être des aspects de l’énergie…». Et oui, aux Etats-Unis (comme ailleurs), les questions militaires et énergétiques sont liées (nous avons traité de ce point dans un article pour la Revue des Affaires qui vient de paraître). Le pedigree de James Woosley est intéressant. Directeur de la CIA sous Clinton (1993-1995), il est par ailleurs membre du groupe de réflexion néoconservateur, Foundation for Defense of Democracies (Fondation pour la Défense des Démocraties), et a plus récemment conseillé le sénateur texan Ted Cruz, principal rival de Donald Trump à la primaire républicaine. On commence à comprendre… Impossible de laisser un candidat républicain à la Maison-Blanche expliquer au monde qu’il allait modérer l’engagement des Etats-Unis au sein des différentes alliances historiques de Washington (OTAN, Corée, Japon). Impossible de le laisser évoquer une éventuelle coopération pragmatique entre Washington et Moscou. Impossible encore de casser les fondements (bien fragiles…) du néoconservatisme américain que sont l’interventionnisme, le droit-de-l’hommisme, le « regime change » et le « nation building », tous ces concepts étant bénis par la « divine providence » américaine et le halo vertueux de la « Nation indispensable ». Impossible enfin de laisser un candidat républicain faire assaut de mercantilisme en rejetant la sacro-sainte religion du libre-échangisme. « La cité sur la colline » est bien vivante.

La situation est donc la suivante : même si les annonces diplomatiques de Donald Trump en matière de sécurité nationale, de défense et d’affaires étrangères sont extrêmement floues, les principes de base sur lesquels il fonde sa campagne sont une chance pour le monde, pour l’Europe et pour la France. Quiconque ne le reconnaît pas tout en condamnant le néoconservatisme d’un Georges W. Bush et en oubliant celui d’Hillary Clinton (car l’anti-américanisme est à la mode en France… quand les Républicains sont au pouvoir) est dans le mensonge, en tout cas dans l’incohérence.

Que Donald Trump soit une personnalité dérangeante, certes ; que l’on puisse se demander à ce titre si celle-ci convient pour présider aux destinées de la première puissance au monde, soit. Mais ne pas discuter des positionnements idéologiques des deux candidats pour ce qu’ils sont n’est guère très honnête et surtout imprudent.

Le problème est ailleurs : si Donald Trump venait à l’emporter (et bien des erreurs du candidat semblent repousser cette éventualité, même si rien n’est encore joué…), pourrait-il vraiment mener une politique sur les lignes idéologiques qu’il a défendues pendant la campagne ?

On peut largement en douter, en rappelant par exemple que Georges W. Bush fut élu en 2000 après une campagne marquée par isolationnisme certain. On sait ce qu’il en fut ! On sait aussi que l’invasion de l’Irak ne fut pas planifiée en 2001 suite aux attentats du World Trade Center, mais dès la fin des années 1990… sous son prédécesseur. Il n’est absolument pas à exclure que les néoconservateurs des deux bords, que le « parti de la guerre », surtout, dans une période aussi troublée que celle que nous vivons, pousse rapidement le président Trump à s’aligner sur des positions plus classiques.

Je citerai deux analyses réalisées sur ce sujet dans le FigaroVox. D’abord celle d’Hadrien Desuin répondant à la question de savoir si l’isolationnisme présumé de Donald Trump est une chance pour l’autonomie stratégique des Etats européens. Sa réponse relative au bouclier antimissiles américain en Europe, auquel nous avons consacré un Dossier de fond), me paraît malheureusement crédible : « Donald Trump, dans la lignée des précédents présidents américains, demande une contribution budgétaire plus conséquente de la part des pays européens pour supporter l’effort de défense américain sur le continent. D’une pierre deux coups ; cet effort européen permet à l’armée américaine de financer son propre réarmement. Et l’Europe, en première ligne, sert de tête de pont à la défense américaine. La mise en place du bouclier anti-missiles face à la Russie coûte par exemple très cher et c’est l’industrie américaine (Raytheon) qui en bénéficie en très grande partie. Une base navale en Espagne, un centre de commandement en Allemagne et deux bases de lancement en Pologne et en Bulgarie, sans compter le coût du système d’armes, c’est énorme. Dans les deux cas de figure (victoire de Trump ou d’Hillary Clinton) la pression budgétaire sur les pays européens sera très forte. Et la France paiera son obole à l’OTAN (3ème contributrice de l’Alliance atlantique devant le Royaume-Uni !) ».

Guillaume Lagane, haut-fonctionnaire et maître de conférences à Sciences Po, explique quant à lui que la politique étrangère de Donald Trump pourrait se situer dans la continuité de la ligne traditionnelle des Etats-Unis et ne guère changer par rapport à celle de Barack Obama : « Une présidence Trump pourrait d’ailleurs poursuivre la politique traditionnelle des Etats-Unis. New-Yorkais, divorcé, Trump est un pragmatique sans convictions idéologiques. Il pourrait parfaitement embrasser des politiques contraires à celles qu’il annonce sous l’influence de la technostructure du Pentagone et des caciques républicains. Pourtant rétif aux interventions extérieures (il a soutenu puis critiqué la guerre en Irak), il a déjà annoncé une augmentation du budget de la défense (réduit de 10% sous l’administration Obama). Les circonstances peuvent favoriser un tel retournement : Georges W. Bush, élu en 2000 sur un programme isolationniste, a envahi l’Afghanistan et l’Irak après le 11 septembre. Une politique «révolutionnaire» rencontrerait d’ailleurs l’opposition du Congrès qui, même républicain (le Sénat pourrait basculer dans le camp démocrate), ne sera pas «trumpien».

Vilipendé par les médias, remettant en cause le consensus politique dominant (conservatisme moral, libre-échange, positionnement anti-russe), un président Trump ne serait pas sans ressembler à d’autres candidats au positionnement «hors système» (on pense bien sûr, dans le contexte français, à Nicolas Sarkozy). Serait-il pour autant un mauvais président ? L’homme, une fois au pouvoir, pourrait surprendre. Andrew Jackson, premier élu de l’Ouest américain, fut conspué pour son inculture par les élites de l’est lors de son élection en 1829 (on lui doit l’expression OK car il écrivait oll korect). Il fut pourtant un grand président et figure aujourd’hui sur le billet de 20$ ».

Donald sera-t-il le Andrew Jackson des Etats-Unis ? L’avenir le dira et, déjà, à court terme, encore doit-il l’emporter face à Hillary Clinton. Un point néanmoins sur l’Europe. Il est en effet probable que toutes choses égales par ailleurs, notamment le nanisme stratégique des grands Etats européens, un isolationnisme soft de Donald Trump ne suffirait pas à remettre l’Europe sur le chemin de l’histoire comme par miracle . Hadrien Desuin a raison sur ce point. L’isolationnisme américain ne pourrait être une chance qu’à la condition que l’Europe connaisse un changement brutal et décisif de direction pour sortir de l’idéologie post-nationale qui la maintient depuis des décennies dans un état comateux. Un tel changement ne peut venir que de Paris. Et certainement pas sans Moscou. C’est seulement dans la perspective d’une volonté française d’inflexion stratégique majeure et de prise en main de la défense de notre continent que Donald Trump pourrait être une meilleure solution qu’Hillary Clinton. Nos dernières gesticulations diplomatiques à l’ONU sur la situation à Alep n’augurent pas d’une telle prise de conscience, encore moins d’une quelconque vision réaliste, structurée et ambitieuse. Enfermés dans un moralisme assez indécent et surtout parfaitement inefficient, nous paraissons bien loin d’un tel réveil.

Source : Galactéros-over-blog, Caroline Galactéros, 10-10-2016

Source: http://www.les-crises.fr/donald-trump-separer-le-bon-grain-de-livraie-par-caroline-galacteros/


Renaud Girard : « Trump ou Clinton, l’élection américaine 2016 ne sera pas un bon cru »

Tuesday 8 November 2016 at 00:59

Source : Le Figaro, Alexis Feertchak

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FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN – Dans un entretien fleuve en trois parties, le géopolitologue et correspondant de guerre Renaud Girard analyse les contours d’ «un monde en guerre». Premier épisode avec le Moyen-Orient où la Russie change la donne.


Renaud Girard est géopoliticien, grand reporter et correspondant de guerre. Chroniqueur international du Figaro, journal pour lequel il a couvert les principaux conflits de la planète depuis 1984, il est également professeur de Stratégie à Sciences Po Paris. Il a notamment publié Retour à Peshawar (éd. Grasset, 2010) et dernièrement Le Monde en guerre (éd. Montparnasse, 2016). 


 

Renaud Girard : « Trump ou Clinton, l’élection américaine 2016 ne sera pas un bon cru »

Source : Le Figaro, Alexis Feertchak, 16-08-2016

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FIGAROVOX. – En politique étrangère, Hillary Clinton semble se placer sur une ligne plus dure que celle de Barack Obama. Comment qualifier sa politique étrangère?

Renaud GIRARD. – L’entourage diplomatique d’Hillary Clinton est constitué de néoconservateurs. Elle est elle-même proche des thèses néo-conservatrices. Je vais vous en donner trois preuves. La première concerne l’invasion de l’Irak en 2003. A la différence de Barack Obama, qui était contre, Hillary Clinton était en faveur de cette intervention militaire. Fin 2002, elle a voté au Sénat en faveur de l’invasion. Elle a ensuite eu un rôle extrêmement important dans l’affaire libyenne. En mars 2011, elle est venue à Paris pour rencontrer Nicolas Sarkozy et les rebelles libyens que Bernard-Henri Lévy avait réunis. Elle a réussi à convaincre Barack Obama de participer à cette intervention, qui était souhaitée par les Britanniques et les Français alors que le président américain était réticent. Les Libyens et les Américains s’étaient complètement réconciliés. Mouammar Kadhafi avait en effet renoncé à toute ambition et avait même dénoncé le trafic du docteur Abdul Qadeer Khan, le père de la bombe atomique pakistanaise, qui menait le plus grand trafic d’armes nucléaires au monde. Barack Obama a d’ailleurs reconnu depuis que cette intervention était une erreur, mais il s’est laissé faire par Hillary Clinton. La troisième erreur néoconservatrice d’Hillary Clinton a été de militer, comme secrétaire d’Etat, pour le retrait précipité d’Irak en 2010, lequel constitue selon moi une erreur stratégique aussi importante que l’invasion inutile de 2003.

Les néoconservateurs sont à la réalité politique de la planète ce que sont nos enfants aux programmes télévisés. Ce sont des zappeurs.

Les néoconservateurs sont à la réalité politique de la planète ce que sont nos enfants aux programmes télévisés. Ce sont des zappeurs. Ils crient très fort contre un tyran. Une fois qu’ils ont acquis le soutien des médias, ils obtiennent l’intervention militaire, défont le tyran, se congratulent, tirent un feu d’artifice et … s’en vont, sans la moindre considération pour la situation de la population qu’ils étaient prétendument venus «libérer». Le néoconservatisme, c’est le culte fou de la démocratie privilégiée à la paix. En Irak, ils ont installé en principe la démocratie – ils ont mise en œuvre des scrutins – sans vouloir reconnaître que ces scrutins ont seulement eu pour effet de diviser la société irakienne sur des lignes confessionnelles et ethniques. Les Américains ont apporté une idée de démocratie, mais une idée seulement. La réalité, c’est que l’Irak n’est en rien une vraie démocratie, un vrai Etat de droit. Le néoconservateur préfère toujours ses idées aux populations qu’il prétend protéger. En Libye, les Occidentaux ont détruit l’administration de Kadhafi. Par respect élémentaire de la population civile, ils auraient dû en mettre une autre au pouvoir, et vérifier sur place qu’elle fonctionnait. Vous ne pouvez pas détruire les structures d’un Etat puis partir en vous désintéressant des conséquences de votre action militaire.

Les médias crient haro sur Donald Trump. N’y-a-t-il pas un risque à masquer le danger néoconservateur que représente Hillary Clinton?

Les médias américains sont biaisés, il n’y a pas de vrai débat. Par exemple, les sept derniers OpEd (tribunes ndlr.) du New York Times sont anti-Trump et pro-Clinton. Le débat n’est pas balancé, il existe objectivement un matraquage de la classe intellectuelle et médiatique contre Donald Trump.

Hillary Clinton vient du système et elle va laisser la technostructure gérer le pays. C’est une personne dont le comportement ne fait pas peur parce qu’elle garde en toutes circonstances un comportement réfléchi, même si l’on peut juger négativement ses positions diplomatiques. C’est une personne qui est capable de discuter et de traiter les crises internationales avec sang-froid.

A l’inverse, Donald Trump est une candidature rafraichissante. Il a parfois de bonnes idées, mais, à mon avis, il a un caractère trop dangereux pour devenir président du plus puissant pays du monde. Il a montré, dans sa campagne des primaires, six traits de caractère qui ne nous disent rien de bon pour diriger la plus puissante armée de la planète: sensibilité à la flatterie ; tendance à sur-réagir face à la moindre contrariété ; intuition préférée à la réflexion ; faible capacité d’écoute des autres en raison d’un ego surdimensionné ; mépris des faits ; incapacité à changer d’opinion sur un dossier en fonction d’informations nouvelles. Bref, Trump présente pour nous un risque de sécurité. Il est peut-être faible, mais c’est un risque que nous n’avons pas envie de prendre.

Clinton ne présente pas un tel caractère dangereux. C’est un peu comme si Laurent Fabius devenait président de la République. La diplomatie ne serait pas géniale, il ne réformerait pas la société (puisqu’il avait déjà promis de le faire quand il était Premier ministre et il ne l’a jamais fait). Mais ce ne serait pas une catastrophe, parce qu’il a un comportement rationnel, appuyé sur la technostructure. Je préfère voir Hillary à la Maison Blanche, parce que je n’ai pas envie, en tant que Français, de prendre le risque de voir Trump diriger les Etats-Unis. J’espère qu’elle sera une bonne présidente, j’espère qu’elle sera pro-française, mais je n’en suis hélas pas du tout sûr. Dans tous les cas, pour nous, Européens, l’élection américaine 2016 ne sera pas un bon cru.

Vous qualifiez régulièrement la France de caniche des Etats-Unis. Comment analysez-vous la nature de l’alliance entre Paris et Washington?

Il existe une alliance historique entre les Etats-Unis d’Amérique et la France et c’est très bien, parce que nous partageons les mêmes racines chrétiennes, parce que nous sommes les mêmes enfants politiques de Montesquieu, parce que nous sommes attachés à l’Etat de droit. En revanche, l’amitié franco-américaine ne signifie pas que Paris doive s’aligner sur Washington. L’alliance historique entre les Etats-Unis et la France avait déjà été très malmenée entre 1920 et 1940. Le Sénat américain n’a pas ratifié le traité de Versailles après la Première guerre mondiale, alors que c’est le président Wilson qui l’avait en grande partie négocié. Quand le président Paul Reynaud a demandé en 1940 à l’Amérique de nous aider contre le nazisme, Washington a refusé. C’est une brèche importante, qu’on oublie trop souvent dans les cours d’histoire. On oublie aussi qu’il a fallu que ce soit l’Allemagne nazie qui déclare la guerre à l’Amérique, qui ne l’aurait peut-être pas fait sans cela. Quand Roosevelt fait son discours «God Bless America» de décembre 1941 après l’attaque japonaise sur Pearl Harbour, les mots «Allemagne» et «nazisme» ne sont pas prononcés. Il reste que la France ne peut pas oublier l’aide de 1917, le Débarquement de Normandie et le plan Marshall. Cette alliance est forte parce que fondée historiquement et culturellement, parce que nourrie des mêmes racines chrétiennes, du même héritage des Lumières.

Etait-ce aussi le cas par le passé de l’alliance entre la France et la Russie?

L’alliance entre la France et la Russie est plutôt une alliance de circonstance, que je ne mets pas du tout au même niveau que celle entre les Etats-Unis d’Amérique et la France. L’alliance franco-russe telle qu’elle est célébrée par le pont Alexandre III à Paris doit se comprendre par rapport à la montée en puissance de l’Allemagne au 19e siècle. La France du président Sadi Carnot s’allie avec la Russie en 1894 pour contrer Berlin. Après s’être alliés au Tsar pour battre Bonaparte, les Anglais vont quant à eux rester profondément antirusses tout au long du 19e siècle, de 1815 à 1907, très exactement. Quand il va au Congrès de Vienne en 1815, Lord Castlereagh, qui représente la diplomatie britanniques, passe par Paris ; il voit dans les cafés tous ces cosaques attablés qui crient «bistro, bistro» (vite en russe) et s’exclame: «Les Russes à Paris, c’est trop!». Toute la politique anglaise jusqu’en 1907 sera une politique de containment contre la Russie, comme l’illustrent la guerre de Crimée ou le Grand Jeu en Afghanistan. A l’inverse, la France a une revanche à prendre sur l’Allemagne parce qu’elle n’a pas digéré en 1871 que celle-ci lui ait arraché l’Alsace-Lorraine – Bismarck aurait dû se contenter de l’indemnité en francs-or! En 1935 et 1936, les gouvernements Laval et Sarraut auraient dû redynamiser cette alliance franco-russe car il était clair que la France était à nouveau menacée par l’Allemagne, que les Américains avaient lâché Paris par isolationnisme, et que les Anglais étaient plus intéressés par leur empire colonial que par les violations du Traité de Versailles sur le continent.

La Russie et les Etats européens semblent évoluer lentement vers une normalisation de leurs relations, mais la méfiance semble aussi demeurer très forte depuis 2014 et la Guerre en Ukraine. Utiliseriez-vous la formule suivante: «Poutine a gagné la Crimée et perdu l’Ukraine»?

Oui, très clairement. Le chiffon rouge et l’obsession de Poutine demeurent les révolutions de couleur dans les ex-Républiques soviétiques, qu’il croit toujours activées de l’extérieur alors qu’en fait, elles ont toujours un terreau local. Elles peuvent être ensuite entretenues et nourries depuis l’Amérique, mais leur naissance est toujours locale. Ce n’est jamais la CIA qui provoque ex nihilo une révolution de couleur! L’obsession des révolutions de couleur a pu faire commettre des erreurs à Vladimir Poutine, qui a peut-être perdu son sang-froid lors de l’affaire de Maïdan en Ukraine. Avec la désorganisation qui a eu lieu en Ukraine, Kiev serait revenue d’un mouvement naturel du côté du frère russe. L’intervention russe dans le Donbass a empêché ce retour. La Crimée a donné une énorme popularité à Poutine en Russie. Il pouvait d’ailleurs vendre cette «prise» à l’Occident comme la monnaie de la pièce du Kosovo: les Occidentaux ont pris illégalement le Kosovo à la Serbie, la Russie arrache la Crimée à l’Ukraine. Il y a eu des référendums dans les deux cas. Mais l’intervention de Poutine dans le Donbass est une erreur stratégique parce qu’il a inutilement braqué l’Occident contre lui sans lui obtenir le moindre atout stratégique supplémentaire. Dans le Donbass, en humiliant deux fois l’armée ukrainienne (été 2014 puis janvier 2015), Poutine a braqué les Ukrainiens et a fortifié un nationalisme ukrainien antirusse sans nécessité aucune. La population de Crimée est très prorusse alors que celle du Donbass est plus partagée. Surtout, l’annexion de la Crimée s’est faite sans effusion de sang, avec un référendum. Il fallait que Poutine s’arrête là. Le Donbass ne rapporte rien à Moscou, alors que la Crimée a une importance stratégique en Mer noire et, plus largement, le peuple russe lui est attaché sentimentalement. Nous sommes et resterons dans ce cadre conflictuel et méfiant tant qu’une solution n’aura pas été trouvée pour l’Ukraine.

Quelle pourrait être la politique de la France dans ce contexte de méfiance entre l’Europe occidentale et la Russie?

La première chose serait de reconnaître nos erreurs. Les sanctions contre la Russie sont doublement néfastes. Premièrement, elles n’apportent pas d’efficacité politique. La politique du gouvernement russe n’a pas changé dans le sens que nous souhaitions. Croire que l’on peut faire changer par des sanctions économiques la politique d’un pays qui a pu souffrir pendant mille jours le siège de Léningrad est un peu présomptueux… Deuxièmement, ces sanctions pénalisent notre agriculture et notre industrie. On ne voit vraiment pas pourquoi, nous Français, serions pénalisés pour des sanctions qui n’ont aucune chance d’être efficaces. En plus, nous avons compromis l’indépendance et le prestige de notre industrie d’armement, qui reste le dernier secteur où nous sommes technologiquement un des leaders mondiaux. La vente de sous-marins nucléaires de DCNS à l’Australie l’a montré: nous sommes dans le peloton de tête. En ne livrant pas les Mistral à la Russie, nous avons commis une erreur. D’abord parce que les Russes ont récupéré toute la technologie: ils avaient les plans. Ensuite, le fait que la France ait tourné casaque pour des considérations politiques peut effrayer des puissances non-alignées, comme l’Inde.

Lever les sanctions ne signifie pas qu’il ne faut pas être ferme vis-à-vis de la Russie. Je pense qu’il faut une grande fermeté militaire, en soutenant nos alliés au sein de l’OTAN, notamment dans les Pays baltes. Les mesures qui ont consisté à envoyer des avions de chasse étaient nécessaires. Nous sommes membres d’une alliance militaire, nous avons même – peut-être ne fallait-il pas le faire, mais nous l’avons fait – réintégré le commandement intégré de l’OTAN. Il faut dès lors être conséquent.

En ce qui concerne l’Ukraine, la bonne solution serait la finlandisation: ni à l’ouest, ni à l’est. Rappelons que l’intégrité territoriale de l’Ukraine a été garantie par le mémorandum de Budapest de décembre 1994, signé par le président Eltsine. Vous pouvez considérer, par réalisme politique, que la Crimée ne doit plus empoisonner les relations franco-russes et qu’effectivement, cette presqu’île n’est pas un problème dirimant, dans la mesure où nous avons fait la même chose au Kosovo. Mais on ne peut pas accepter les ingérences militaires russes dans le Donbass.

Je crois que Poutine attend de nous clarté, fermeté et équité. Il nous respectera d’autant plus. Je n’ai aucun problème avec l’idée que notre flotte aille croiser en Mer baltique et dans le Golfe de Finlande, le long des Pays baltes, afin de répondre aux bombardiers russes qui se promènent jusque dans la Manche. Il faut bien comprendre que l’article 5 de l’Otan jouera: Poutine ne peut pas attaquer les Pays baltes, sinon ce sera la guerre, et il la perdra.

Comment analysez-vous ces relents de Guerre froide?

Prenons le bouclier anti-missile de l’OTAN. C’est une provocation qui relance la Guerre froide inutilement. Nous n’avons pas su faire de bonne diplomatie avec les Russes.

Quand nous avons proposé un accord commercial à l’Ukraine en 2013, au lieu de laisser cette affaire être gérée par des bureaucrates inconnus de Bruxelles, il fallait qu’un dirigeant français ou allemand fasse un grand discours – comme Charles de Gaulle à Varsovie sur «l’Europe de l’Atlantique à l’Oural» – pour dire publiquement que l’Europe offrait un accord équivalent à ses amis russes. Est-ce que cet accord aurait empêché par ailleurs qu’il y ait une sphère eurasiatique de développement autour de la Russie? Assurément non. La Turquie a un accord d’association avec l’Europe et un accord d’association avec d’autres pays, notamment en Asie centrale. Ces partenariats commerciaux ne sont pas exclusifs. Il faut se souvenir que le président Truman, quand il a présenté le plan Marshall, l’a proposé à Staline et aux pays de l’Est. Ces derniers ont refusé, mais il l’a proposé publiquement. Il fallait faire ça pour éviter que la Russie se sente humiliée.

Cela a été une erreur monumentale que Hollande n’assiste pas au défilé du 9 mai 2015 à Moscou. Il fallait mettre une gerbe pour Normandie-Niemen. C’était de même une erreur diplomatique du président français de ne pas être allé à l’inauguration des jeux olympiques d’hiver de Sotchi en 2014. Poutine voulait montrer la manière dont il avait développé le Caucase. Il aurait fallu témoigner alors de la considération et même de l’amitié à la grande puissance qu’est la Russie, tout en étant très ferme sur l’Ukraine alors que la crise de Maïdan était à son plus fort. En revanche j’approuve entièrement et je salue l’initiative Hollande du format Normandie: avoir mis autour de la même table, le 6 juin 2014, les leaders russe et ukrainien, avec les leaders français et allemand comme parrains de leur dialogue. De même, j’approuve chez Hollande le processus des Accords de Minsk pour régler la crise ukrainienne. Mais tout cela a été tardif. Si les ministres Fabius et Steinmeier s’étaient rendus le soir même à Moscou après l’accord ukrainien parrainé par le France et par l’Allemagne du 21 février 2014 et qu’ils avaient formellement expliqué à Vladimir Poutine que Sébastopol resterait un port russe, que l’Ukraine ne rentrerait jamais dans l’OTAN et que le russe y serait toujours parlé, le président russe aurait certainement accepté le deal. Ce geste d’impatience de Fabius, qui est allé en Chine (au lieu de se rendre à Moscou) sans même attendre la signature de l’accord à Kiev, sera enseigné dans les écoles diplomatiques comme une erreur cardinale.

Sur quels fondements repose l’amitié entre l’Europe et la Russie?

La Russie est bien notre amie et elle a toute sa place en Europe depuis toujours. Pourquoi? Parce que notre culture intègre la culture russe. Un Français cultivé a lu Tchekhov, Dostoïevski, Tolstoï, Tourgueniev, Gogol, au lycée. En revanche, il n’a pas lu les auteurs chinois. C’est dommage, mais c’est comme ça! La musique – Moussorgski, Tchaïkovski, Prokofiev, etc. – fait aussi partie de notre culture. C’est la même chose pour les Russes: notre culture fait partie de leur culture. Souvenez-vous des Encyclopédistes que faisait venir Catherine II à Moscou!

Nous préférerions que les Russes appliquent un Etat de droit chez eux, mais ce n’est pas à nous de leur donner des leçons. Je regrette que Poutine n’ait pas choisi cette voie pour son pays, mais notre devoir à nous Français, ce n’est pas de donner des leçons à Poutine, mais de faire en sorte que notre Etat de droit, chez nous, soit exemplaire, pour que cela donne envie aux Russes de nous imiter.

Source : Le Figaro, Alexis Feertchak, 16-08-2016

 


Je vous recommande de lire l’interview en intégralité ici :

Retrouvez la première partie de l’interview: «Erdogan est une menace spécifique pour l’Europe».

Retrouvez la deuxième partie de l’interview: «Trump ou Clinton, l’élection 2016 ne sera pas un bon cru».

Retrouvez la troisième partie de l’interview: «En Mer de Chine méridionale, une guerre totale pourrait éclater».

Source: http://www.les-crises.fr/lelection-americaine-2016-ne-sera-pas-un-bon-cru/


Le 3e débat Trump / Clinton

Tuesday 8 November 2016 at 00:01

J’attendais ce jour pour sortir le 3e et dernier débat du 19 octobre dernier :

3edebat

Source: http://www.les-crises.fr/le-3e-debat-trump-clinton/


Les 28 première mesures promises par Donald Trump

Monday 7 November 2016 at 02:30

Un avant goût de l’année prochaine pour nous – sur quelques points…

Mais enfin, on a au moins un article factuel…

Source : Breibart, 22/10/2016

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Donald Trump a fourni une longue liste de promesses qu’il tiendrait s’il était élu. Lors d’une apparition à Gettysburg, en Pennsylvanie, il jure de les appliquer dans les 100 premiers jours de son mandat.

“Le 8 novembre, les Américains vont voter pour ce plan de 100 jours pour restaurer la prospérité de notre pays, sécuriser nos communautés, et l’honnêteté de notre gouvernement », a dit Trump. “Ceci est mon engagement envers vous et si nous suivons ces étapes, nous allons avoir, une fois de plus, un gouvernement du, par et pour le peuple et surtout nous ferons que l’Amérique retrouve sa grandeur. Croyez-moi.”

Voici la liste des actions politiques, appelée « Contrat avec les électeurs américains”, détaillée par Trump :

1. Proposer un amendement constitutionnel pour imposer une limite de durée à tous les membres du Congrès

2. Instituer un gel à l’embauche de tous les employés fédéraux pour réduire les effectifs fédéraux par attrition (départs en retraite) (sauf pour les militaires, la sécurité publique et la santé publique)

3. Exiger que pour chaque nouvelle régulation fédérale, deux régulations existantes soient éliminées

4. Instituer une interdiction de cinq ans aux fonctionnaires de la Maison Blanche et du Congrès de devenir lobbyistes après avoir quitté le gouvernement

5. Créer une interdiction à vie pour les fonctionnaires de la Maison Blanche leur interdisant de faire du lobbying pour le compte d’un gouvernement étranger.

6. Instaurer une interdiction complète pour empêcher les lobbyistes étrangers de fournir des fonds pour les élections américaines.

7. Annoncer l’intention de renégocier l’ALENA ou de se retirer de cet accord en vertu de l’article 2205.

8. Annoncer le retrait du Traité Trans-Pacifique. (TTP)

9. Demander au Secrétaire du Trésor de classer la Chine dans les pays manipulateurs de devises.

10. Demander au Ministre du Commerce et au Représentant des États-Unis pour le Commerce extérieur d’identifier tous les abus en terme d’échanges commerciaux profitant à l’étranger qui ont un impact injuste sur les travailleurs américains et les obliger à utiliser tous les outils du droit américain et international pour mettre fin à ces abus immédiatement.

11. Lever les restrictions sur les exploitations des réserves énergétiques américaines, productrices d’emplois, d’une valeur de 50 000 milliards de dollars, y compris le pétrole de schiste, le gaz naturel et le charbon propre.

12. Supprimer les blocages Obama-Clinton et permettre à des projets d’infrastructures énergétiques vitales, comme le pipeline Keystone, d’être lancés.

13. Annuler les versements de plusieurs milliards aux programmes de changement climatique de l’ONU et utiliser cet argent pour réparer les infrastructures environnementales et le réseau d’eau.

14. Annuler toutes les actions non constitutionnelles de l’exécutif, les mémorandums et les ordres du président Obama.

15. Commencer le processus de sélection pour remplacer le juge Scalia de la Cour suprême, à partir de ma liste de 20 juges, qui fera respecter et défendra la Constitution des États-Unis.

16. Annuler tout financement fédéral des villes sanctuaires. [NdT. : villes ne poursuivant pas les clandestins au seul motif de pas disposer pas de papiers]

17. Commencer à retirer plus de 2 millions d’immigrants illégaux criminels du pays et à annuler des visas pour les pays étrangers qui voudront par les récupérer.

18. Suspendre l’immigration en provenance des régions enclines au terrorisme où des enquêtes ne peuvent pas être réalisées en toute sécurité. Toute sélection de personnes venant dans notre pays devra être extrêmement rigoureuse.

19. Travailler avec le Congrès sur une loi de simplification et d’allégement fiscal de la classe moyenne. Ce plan économique visera à faire croître l’économie de 4% par an et à créer au moins 25 millions de nouveaux emplois grâce à la réduction massive des impôts et à des simplifications, en combinaison avec une réforme du commerce, un allégement réglementaire, et la levée des restrictions sur l’énergie américaine. Les plus fortes réductions d’impôt seront pour la classe moyenne. Une famille de la classe moyenne avec 2 enfants obtiendra une réduction d’impôt de 35%. Le nombre actuel de tranches sera réduit de 7 à 3, et les formulaires d’impôt seront également grandement simplifiés. L’impôt sur les sociétés sera abaissé de 35 à 15 %, et les milliers de milliards de dollars des entreprises américaines à l’étranger pourront être rapatriés à un taux de 10 %.

20. Travailler avec le Congrès sur une loi « Fin de l’Offshoring », en établissant des droits de douane pour dissuader les entreprises de licencier leurs travailleurs afin de déménager dans d’autres pays puis d’expédier leurs produits vers les États-Unis sans payer de taxes.

21. Travailler avec le Congrès sur une loi « Énergie et infrastructures américaines ». Elle utilisera des partenariats public-privé et des investissements privés par le biais d’incitations fiscales, pour injecter 1000 milliards de dollars d’investissements dans les infrastructures sur dix ans. Cela ne coutera rien de plus.

22. Travailler avec le Congrès sur une loi « Choix de l’école et Opportunités d’éducation ». Pour rediriger les dollars de l’éducation pour donner aux parents le droit d’envoyer leur enfant à l’école de leur choix : publique, privée, à charte, ZEP, religieuse ou à la maison. Cesser le noyau éducatif commun, déléguer la supervision de l’éducation au niveau local. Elle élargira l’enseignement professionnel et technique, et créera des universités de 2 à 4 ans plus abordables.

23. Travailler avec le Congrès sur une loi « Abrogation et remplacement de la loi Obamacare ». Abroger entièrement l’Obamacare et le remplacer par des comptes d’épargne santé, la possibilité d’acheter une assurance santé dans un autre État, et laisser les États gérer les fonds de Medicaid. Les réformes prévoiront également de réduire la paperasserie de la FDA : il y a plus de 4000 médicaments en attente d’approbation, et nous voulons en particulier accélérer l’approbation des médicaments qui permettent de sauver des vies.

24. Travailler avec le Congrès sur une loi « Garde abordables des personnes agées et des enfants ». Permettre aux Américains de déduire la garde des enfants et des personnes âgées de leurs impôts, inciter les employeurs à fournir des services de garde d’enfants, et créer des comptes d’épargne défiscalisés de soins pour les personnes dépendantes, pour les jeunes et les personnes âgées, avec des subventions pour les familles à faible revenu.

25. Travailler avec le Congrès sur une Loi pour la fin de l’immigration illégale. Financer entièrement la construction d’un mur sur la frontière sud, avec le pleine soutient du Mexique qui remboursera aux États-Unis le coût total de ce mur ; établir une peine plancher obligatoire de 2 ans minimum dans les prisons fédérales pour les expulsés récidivistes, portée à 5 ans minimum pour ceux qui auront en outre été condamnés pour crime, pour plusieurs délits ou qui auront déjà été expulsés deux fois ou plus ; réformer également les règles de visa pour augmenter les sanctions pour dépassement des limites du visa et s’assurer que les emplois soient donnés en priorité aux travailleurs américains.

26. Travailler avec le Congrès sur une loi « Restauration de la sécurité des communautés ». Réduire la flambée de la criminalité, du trafic de drogue et de la violence en créant un groupe de travail sur les crimes violents et en augmentant le financement des programmes qui forment et aident la police locale ; augmenter les financements des organismes d’application de la loi fédérale et des procureurs fédéraux pour démanteler les gangs criminels et mettre les délinquants violents derrière les barreaux.

27. Travailler avec le Congrès sur une loi « Restauration de la sécurité nationale ». Reconstruire notre armée en éliminant le séquestre de la défense et en augmentant notre investissement militaire ; fournir aux anciens combattants la possibilité de bénéficier d’une couverture santé publique ou de choisir le médecin privé de leur choix ; protéger notre infrastructure vitale de cyber-attaques ; établir de nouvelles procédures d’évaluation en matière d’immigration pour assurer que ceux qui sont admis dans notre pays soutiennent notre peuple et nos valeurs.

28. Travailler avec le Congrès sur une loi « Nettoyer la corruption à Washington ». Promulguer de nouvelles réformes éthiques visant à « nettoyer les écuries d’Augias » et à réduire l’influence corruptrice des intérêts particuliers sur notre politique.

Source : Breibart, 22/10/2016

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Trois raisons de voter Trump, par Jean-Marc Vittori

Source : Les Echos, 25/10/2016

Des dizaines de millions d’Américains s’apprêtent à voter Donald Trump. Derrière ce choix étrange aux yeux des Européens, il y a de vrais motifs qu’il serait périlleux d’ignorer ou de croire exotiques.

Le croyez-vous ? Près de 50 millions d’Américains vont voter Donald Trump. Dans le pays le plus puissant de la planète, dans l’un des berceaux de la démocratie, d’immenses foules s’apprêtent à cocher le nom d’un homme réputé entre autres pour sa démagogie, son sexisme, sa xénophobie, ses mensonges, son ignorance. D’un homme qui a fait fortune dans des métiers connus pour leurs pots-de-vin (promotion immobilière) et leurs liens avec la mafia (casinos).

Vu d’ailleurs, ce choix paraît insensé, comme le résume une carte croquée par un fameux dessinateur canadien, Michael de Adder. Tous les pays y sont coloriés en vert, à l’exception des Etats-Unis restés blancs. La légende comprend trois couleurs. Le vert indique « pense que Trump est fou », le rose « pense que Trump ferait un bon président » et le blanc… « pas encore décidé ». Mais le pire, c’est que les Américains ont trois bonnes raisons de voter Trump. Et que ces bonnes raisons ne sont pas propres à l’Amérique.

Bien sûr, des millions d’Américains préfèrent Donald Trump parce que c’est le candidat républicain et qu’ils sont eux-mêmes républicains. C’est la logique de parti. Mais le milliardaire à mèche va tellement dans l’excès que cette explication ne saurait suffire à expliquer sa popularité. Sa personnalité et sa posture (plus que son programme !) ont joué un rôle majeur dans son succès aux primaires et vont lui attirer des électeurs qu’on imaginerait plutôt hésitants.

La première raison du succès de Trump, la plus évidente, est son rejet du système politique . Un système incarné jusqu’à la caricature par son adversaire Hillary Clinton , brillante avocate, épouse d’un ancien président, ex-sénatrice, ex-ministre de l’administration Obama, militante dans une fondation créée par son mari qui mélange joyeusement fonds privés et intérêt public . Donald n’est certes pas un vilain petit canard surgi de nulle part. Mais il n’a jamais été élu et jamais vécu « inside the beltway », le périphérique qui entoure Washington.

Fort de cette virginité (politique), le baron de l’immobilier peut soutenir que « nous allons assainir le marais qu’est Washington et le remplacer par un nouveau gouvernement, du peuple, par le peuple et pour le peuple. » La rhétorique va droit au coeur de millions d’Américains. Dans un pays très fédéral comme les Etats-Unis, la capitale est toujours suspecte d’abus de pouvoir. Depuis la crise financière, elle est de surcroît soupçonnée de ne pas avoir su réparer l’économie, voire de l’avoir cassée. Et la série télévisée « House of Cards », bien plus trash que l’ancienne « West Wing » , n’a guère redoré l’image de la politique nationale.

Lire la suite sur : Les Echos, 25/10/2016

Source: http://www.les-crises.fr/les-28-premiere-mesures-promises-par-donald-trump/


Donald Trump n’est pas anti-guerre, il veut juste que l’armée américaine se concentre sur le vol du pétrole, par Robert Mackey

Monday 7 November 2016 at 02:15

Source : The Intercept, le 14/09/2016

Photo: Joyce Naltchayan/AFP/Getty Images

Photo: Joyce Naltchayan/AFP/Getty Images

Robert Mackey

Le 14 septembre 2016

La tentative de Donald Trump de se présenter comme un candidat anti-guerre repose sur son parfait examen rétrospectif des désastreuses conséquences du changement de régime en Irak et en Libye – campagnes militaires qu’il avait publiquement soutenues lorsqu’elles étaient populaires, et contre lesquelles il s’était retourné une fois celles-ci devenues impopulaires.

Pour mieux comprendre ce que Trump est réellement, comme il l’a souligné durant la campagne des primaires républicaines, “bien plus militariste” encore que George W. Bush, cela aide de noter la fréquence avec laquelle il a présenté son étrange plan pour utiliser l’armée américaine comme gros bras dans un système mondial de racket, avec pour objectif d’extorquer le pétrole des pays que nous détruisons.

Trump a commencé cette approche à un moment crucial, début 2011, lorsqu’il flirtait avec une course à la présidence et que l’administration Obama tentait de décider comment utiliser la puissance américaine en Libye et en Irak.

En février, lorsque le président Obama envisageait l’intervention en Libye pour laquelle sa secrétaire d’État, Hillary Clinton, militait avec force, Trump demanda une action immédiate pour renverser le Colonel Khadafi, dans une déclaration postée sur sa chaîne YouTube.

“Je ne peux pas croire ce que notre pays est en train de faire,” disait Trump le 28 février 2011, deux semaines avant que l’administration Obama n’ait l’autorisation du Conseil de sécurité de “protéger les civils” en Libye. “Khadafi en Libye tue des milliers de gens, personne ne sait à quel point c’est grave, et on reste là, on a des soldats partout au Moyen-Orient, et on ne les envoie pas pour arrêter cet horrible carnage et voilà ce que c’est : c’est un carnage.”

“Après cela, nous allons voir les opposants, qui finissent par fuir le pays,” ajoute Trump, “et nous devrions alors leur dire, Au fait, pour tout votre pétrole, nous voulons un remboursement.”

Un mois plus tard, lorsque Bill O’Reilly le questionnait sur la façon dont il gèrerait la politique étrangère en tant que président, Trump révéla qu’il avait un tout nouveau plan pour l’Irak : les troupes américaines devraient être retirées, mais seulement des zones sans gisements pétroliers.

TRUMP : Je ne l’ai encore jamais dit. C’est une première dans votre émission. Bonne chance avec ça, débrouillez-vous avec. Dans le bon vieux temps, lorsque vous aviez des guerres, vous gagniez, d’accord ? Vous gagniez. Le butin appartient au vainqueur. Donc lorsque nous allons en Irak, que nous avons dépensé jusqu’ici 1 400 milliard de dollars et que des milliers de vies ont été perdues, d’accord ? Et sans mentionner tous ces pauvres gars et filles avec un seul bras, et sans bras et tout le reste, d’accord ?

O’REILLY : Absolument. D’accord.

TRUMP : Et nous allons partir et aussi sûr que vous êtes assis ici, l’Iran va arriver, prendre possession non seulement de l’Irak mais, plus important encore peut-être pour eux, du second plus grand gisement pétrolier du monde, d’accord ? Et je préfère l’ancien système : vous gagnez une guerre, vous restez, et vous gardez le pétrole. Et vous savez, ces gens ne seront alors pas morts en vain. Oubliez l’argent que nous avons dépensé, ils ne seront pas morts en vain. Maintenant, ils ne vont pas venir tant que nous sommes là mais 15 minutes après que nous soyons partis, l’Iran débarquera en Irak…

Vous restez et protégez le pétrole, vous prenez le pétrole et vous prenez tout ce qui est nécessaire pour eux, vous prenez tout ce qui est nécessaire pour nous et nous nous remboursons les 1 500 milliard de dollars ou plus. Nous prenons soin de la Grande-Bretagne, nous prenons soin des autres pays qui nous ont aidés, et nous ne sommes pas si stupides. Vous savez, nous sommes le seul pays et si vous regardez les guerres au fil du temps et j’étudie la guerre, ok ? Toute ma vie est une guerre. Vous regardez les guerres dans le passé. Un pays y va, conquiert et il reste. Nous y allons, nous conquérons, et puis nous partons. Et nous le transférons à des gens que nous ne connaissons même pas… Donc, en résumé, nous y allons, nous prenons le deuxième plus grand champs pétrolier, et nous restons.

Sentant qu’il se pourrait que Trump n’ait pas examiné les implications de sa proposition en termes clairs de coloniser l’Irak en pillant ses ressources naturelles, un O’Reilly incrédule répondait en réprimant un rire : “Donc vous allez prendre le contrôle des champs pétroliers irakiens ?”

“Ne souriez-pas !” répondit Trump, offensé.

“Je dis juste,” dit O’Reilly, “que si vous allez en Irak et prenez possession des champs pétroliers, il y aura d’importants retours de flamme.”

Cinq mois plus tard, après que la campagne aérienne menée par les États-Unis a chassé Kadhafi du pouvoir – et que Trump avait décidé de ne pas affronter Obama aux présidentielles – la star de l’émission “The Apprentice” postait un autre clip sur YouTube se plaignant que l’administration aurait dû attendre plus longtemps avant d’aider les rebelles libyens, pour les forcer à accepter de livrer la moitié des réserves pétrolières du pays.

“Ce que nous aurions dû faire aurait été de demander aux rebelles, lorsqu’ils sont venus vers nous — et ils sont venus vers nous, ils ont été mis en déroute par Kadhafi, ils étaient décimés — nous aurions dû dire : “Nous vous aiderons, mais nous voulons 50% de votre pétrole,” a affirmé Trump. “Ils auraient dit, Et pourquoi pas 75% ?”

Parlant de Matt Lauer [journaliste américain, NdT] la semaine dernière au sujet de ses compétences de commandant en chef, Trump a argumenté que la montée en puissance de l’État islamique aurait pu être évitée si seulement son plan pour conserver les champs pétroliers en Irak sous le contrôle de l’armée américaine avait été mis en place. Il ne s’était pas demandé comment ces militants anti-occident, ou le gouvernement élu irakien, auraient certainement réagi à une occupation militaire de durée illimitée par une force étrangère dans le but de confisquer illégalement les ressources naturelles de leur pays.

Photo du haut : Banderoles “Pas de sang pour du pétrole” tenues par des manifestants contre l’invasion de l’Irak, lors d’une manifestation à Washington, le 4 décembre 2002.

Source : The Intercept, le 14/09/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/donald-trump-nest-pas-anti-guerre-il-veut-juste-que-larmee-americaine-se-concentre-sur-le-vol-du-petrole-par-robert-mackey/


Donald Trump, après avoir violemment critiqué la guerre en Irak, choisit le faucon en chef de l’Irak comme conseiller à la sécurité

Monday 7 November 2016 at 01:30

Source : The Intercept, le 12/09/2016

Alex Emmons, Naomi LaChance

Le 12 septembre 2016

Photo: Win McNamee/Getty Images

Photo: Win McNamee/Getty Images

Lundi, Donald Trump a retenu l’ancien directeur de la CIA et extrémiste néo-conservateur James Woolsey comme son conseiller principal sur les questions de sécurité nationale. Woolsey, qui a quitté la CIA en 1995, est devenu l’un des promoteurs les plus virulents à Washington de la guerre des États-Unis en Irak et au Moyen-Orient.

À ce titre, le choix de Woolsey constitue soit un accroc à la rhétorique non interventionniste de Trump, soit une orientation vers une approche néoconservatrice plus musclée pour résoudre les conflits internationaux.

Trump a qualifié la guerre en Irak de « désastre ».

Woolsey, en revanche, était un membre clé du Projet pour le Nouveau Siècle Américain, un think tank néoconservateur dont l’objectif était clairement de favoriser une seconde guerre en Irak. Woolsey a signé une lettre en 1998 appelant Clinton à renverser Saddam Hussein. Par ailleurs, il est apparu sur CNN quelques heures seulement après les attaques du 11/9, y rendant l’Irak responsable des attaques. Woolsey a continué de mettre en avant une telle relation, malgré l’absence totale de preuves à l’appui de son argument. Il accuse également l’Iran.

Quelques semaines avant l’invasion de l’Irak, Woolsey a appelé à élargir la guerre à tout le Moyen-Orient, en disant que la « quatrième guerre mondiale » était déjà en cours.

Woolsey est aussi en mesure de tirer profit des guerres qu’il a lui-même promues. Il a été vice-président du géant Booz Allen [conseil de gestion et de sécurité, NdT] qui travaillait pour le Pentagone, et président de Paladin Capital Group, un fonds d’investissement privé qui investit dans la sécurité nationale et la cyber sécurité.

Il préside le conseil de direction de la Foundation for the Defense of Democracies, un organisme belliciste à but non lucratif pour la sécurité nationale, et il est partenaire de Lux Capital Management, qui investit dans les technologies émergentes comme les drones, l’imagerie par satellite, et l’intelligence artificielle.

Woolsey est venu sur CNN lundi pour dire qu’il était principalement motivé à soutenir Trump en raison de ses projets d’augmentation des dépenses militaires des États-Unis.

Trump, dans un discours la semaine dernière, proposait un renforcement spectaculaire de l’armée et des Marines, et des systèmes d’armement à cent milliards de dollars pour la marine et l’Air Force. Il n’a donné aucune justification, mis à part de citer quelques fonctionnaires réclamant plus de puissance de feu.

Woolsey a soutenu la proposition de Trump lundi.

« Je pense que le problème est son budget, » a déclaré Woolsey en parlant de l’adversaire de Trump, Hillary Clinton. « Elle dépense tellement d’argent pour des programmes nationaux – y compris ceux qui ne sont même pas encore décidés, alors que ceux d’aujourd’hui sont sous-financés – que je pense qu’il restera très peu de marge pour les améliorations qui s’imposent en matière de défense et de renseignement. »

Woolsey a par le passé appelé à ce que le lanceur d’alerte de la NSA Edward Snowden soit « pendu par le cou jusqu’à ce que mort s’ensuive, plutôt que d’être simplement électrocuté. »

Dans le passé, Woolsey a déjà été publiquement en désaccord avec Trump sur un certain nombre de questions de sécurité nationale, y compris son plan pour interdire l’immigration musulmane. Lundi, Woolsey a déclaré à CNN qu’un tel plan serait contraire au Premier amendement, mais qu’il soutenait une interdiction temporaire de l’immigration en provenance de certains pays musulmans.

Jusqu’à présent du moins, les faucons pro-guerre les plus importants ont constaté qu’ils avaient plus de points en commun avec Clinton qu’avec Trump. « Je dirais que tous les professionnels républicains de la politique étrangère sont anti-Trump, » a déclaré le leader néo-conservateur Robert Kagan à un groupe en juillet dernier.

Photo du haut : James Woolsey à Capitol Hill en 2007.

Source : The Intercept, le 12/09/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/donald-trump-apres-avoir-violemment-critique-la-guerre-en-irak-choisit-le-faucon-en-chef-de-lirak-comme-conseiller-a-la-securite/


[GEAB] Grand isolement US : quand la finance mondiale se détourne du système dollar, le précipice est proche

Monday 7 November 2016 at 00:01

Source : Laboratoire Européen d’Anticipation Politique, octobre 2016.

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Le grand isolement volontaire des États-Unis actuellement à l’œuvre vis-à-vis du reste du monde était jusqu’à présent surtout géopolitique, comme nous l’avons maintes fois analysé dans ces pages, un isolement qui ne peut qu’empirer quel que soit le résultat de l’élection présidentielle (pour Trump, ce sera par absence de politique étrangère ; pour Clinton, par la violence de celle-ci). À cette dimension politique s’ajoute maintenant un domaine jusque-là épargné, un domaine qui était d’ailleurs au cœur de la puissance des États-Unis dans le monde d’avant — pas étonnant donc qu’arrive l’instant où lui non plus ne peut plus tenir —, à savoir la finance.

L’affaire Deutsche Bank : un épouvantail bien utile

Lorsqu’ils sont en difficulté, les États-Unis utilisent sans cesse la même méthode de camouflage de leurs problèmes grâce au déballage au grand jour des problèmes des autres, l’Europe se trouvant être régulièrement le dindon de la farce. Quand donc le monde ébahi apprend l’amende record de 14 milliards de dollars que les États-Unis infligent à la Deutsche Bank1 , on regarde certes avec horreur les exactions commises par cette banque2 , mais on doit également regarder les intérêts que sert cette sanction. De nombreux commentateurs y ont vu une petite vengeance après l’amende d’Apple en Europe3 , une explication non négligeable, mais il y a plus important. En mettant en difficulté la plus grande banque européenne, les États-Unis ont réussi à centrer le débat sur les problèmes des banques européennes en général. Malgré l’étonnante stabilité financière en Europe après toutes ces années de tourmente (en partie grâce aux injections de la BCE, il ne faut pas l’oublier, même si celles-ci servent probablement plus la finance mondiale que les intérêts européens), nous ne prétendons pas que le secteur bancaire européen n’a aucun problème, loin de là4 . Mais nous prétendons qu’il est un épouvantail bien pratique pour détourner le regard des difficultés US. Car les titres des articles au sujet de la Deutsche Bank sont alarmistes : faillite imminente, bail-out nécessaire, contagion aux autres banques européennes, voire prochaine crise en vue5 , etc.

Or, sans parler de la croissance économique des États-Unis qui n’en peut plus de faiblir comme on le voit sur le graphique suivant6 , l’incapacité de la Fed de relever ses taux d’intérêt est révélatrice de la faiblesse de l’économie du pays.

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Figure 1 – Croissance officielle de l’économie US par trimestre (en rythme annualisé) depuis janvier 2015. Source : Trading Economics.

Le marché du travail est toujours à la peine, malgré l’annonce d’un chômage autour de 5 % seulement, qui ne reflète rien de la réalité quand on regarde le taux d’emploi au plus bas depuis les années 1970 (en résumé, la baisse du taux de chômage n’est que le fruit de la baisse du taux d’emploi).

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Figure 2 – Taux d’emploi (bleu, échelle de gauche) et de chômage (rouge, échelle de droite) aux États-Unis depuis 2007. Source : FRED.

Autre illustration : malgré un dollar toujours au plus haut, Bayer se permet de racheter Monsanto7 , et Danone WhiteWave8 , etc., comme si la vieille Europe se payait les États-Unis (à l’inverse de ce qu’on a vu l’année dernière). On pourrait accumuler les exemples, mais on l’a compris : l’économie réelle ne va toujours pas mieux aux États-Unis (comment le pourrait-elle ? en caricaturant à peine, seule la finance a été aidée et rien n’a changé depuis 2008…). Au milieu de l’optimisme béat ambiant pour les États-Unis, on lit tout de même çà et là9 que les banques américaines ne sont pas en meilleure forme qu’avant 2008 malgré les « réformes » et obligations légales. Et pourtant, le monde ne parle plus que de la Deutsche Bank et de la faiblesse des autres banques européennes. Rien ou presque sur le risque de contagion aux banques US, bien réel puisque la Deutsche Bank est considérée comme l’une des banques présentant le plus important risque systémique. Il faut donc croire qu’il y a quelque chose de gros à cacher…

Bien sûr, les doutes (justifiés) sur la solidité des banques européennes n’ont jamais vraiment disparu. Mais le déclencheur de la tourmente actuelle est bel et bien cette amende que la Deutsche Bank ne semble pas en mesure de payer10 . Étonnant d’infliger une amende si élevée qu’elle en devient impossible à payer sans faire sauter tout le système, non ?
L’affaire de la Deutsche Bank est bien évidemment un coup de bluff. Il s’agit d’une banque systémique dont l’effondrement nuirait à tout le monde, y compris et surtout aux banques américaines. Puisque le but n’est sûrement pas de faire tomber la DB, il fait chercher les raisons de l’attaque dans le détournement d’attention médiatique et éventuellement aussi dans une tentative de pression sur Merkel. Voici pourquoi nous avons souhaité faire exactement le contraire de ce à quoi nous invitent les médias en regardant du côté d’où vient l’attaque…

(Abonnez-vous pour lire la suite)

  1. Source : Reuters, 16/09/2016
  2. Exactions au sujet de mortgage-backed securities (MBS) indûment vendus qui auraient contribué à la crise de 2008. Source : Investopedia.
  3. Source : Independent, 16/09/2016
  4. Et évidemment le Brexit n’aide pas à la sérénité du côté bancaire…
  5. Quelques exemples : « Europe’s banks ‘not investable’ says top banker amid Deutsche Bank crisis » (The Guardian, 28/09/2016) ; « Deutsche bank exposes Europe’s capital shortfall » (Chicago Tribune, 30/09/2016) ; « International banks highlight eurozone weakness » (Financial Times, 09/10/2016) ; « The next financial crisis – Deutsche Bank’s troubles are just the beginning » (The Washington Times, 11/10/2016), etc.
  6. Rappelons au passage que la population US croît au rythme de 0,8 % par an, contre 0,3 % pour la zone euro ou l’UE, c’est-à-dire qu’il leur « faut » un demi-point de pourcentage de croissance supplémentaire pour obtenir la même croissance par habitant. Source : Wikipédia. En comparaison, l’économie de la zone euro croît à un rythme annuel situé entre 1,6 et 2 % depuis janvier 2015. Source : Trading Economics.
  7. Source : CNBC, 14/09/2016
  8. Source : Le Monde, 07/07/2016
  9. Par exemple : ETF Daily News, 12/10/2016
  10. La banque est déjà sous-capitalisée et a mis « seulement » 6 milliards de dollars de côté pour payer ce genre de désagrément… Source : Investopedia.

Source: http://www.les-crises.fr/geab-grand-isolement-us-quand-la-finance-mondiale-se-detourne-du-systeme-dollar-le-precipice-est-proche/


Revue de presse du 06/11/2016

Sunday 6 November 2016 at 01:00

Merci à nos contributeurs et bonne lecture !

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-06112016/


Syrie : Empêcher l’effondrement du régime Assad, entretien avec Gilbert Achcar

Sunday 6 November 2016 at 00:30

Source : Blog Mediapart, Gilbert Achcar, 31-10-2015

Entretien avec Gilbert Achcar conduit par Ilya Budraitskis. Le 17 octobre 2015, Zakaria Malafji, membre de l’Armée syrienne libre à Alep, déclarait à un journaliste du Guardian: «Le régime d’Assad a avancé de 6 km le vendredi 16 octobre et s’est emparé de trois villages. Les Russes nous ont arrosés avec des bombes, y compris sur les zones habitées par des civils. Ils veulent tout nettoyer afin que les tanks du régime et même les fantassins puissent avancer.» Paul Khalifeh rapportait de Beyrouth, le 18 octobre, sur les ondes de RFI qu’Hassan Nasrallah avait déclaré lors de la cérémonie en hommage «à l’un des plus importants chefs militaires du Hezbollah, Hassan Hussein al-Hage tuée en Syrie la semaine dernière que ce commandant est mort au combat en participant avec ses troupes à l’offensive de l’armée syrienne dans la province d’Idleb, près de la Turquie, très loin du Liban». Nasrallah a conclu: «La bataille actuelle est essentielle et décisive.Nous sommes présents partout où nous devons l’être.» Selon P. Khalifeh, basé à Beyrouth: «Des experts évaluent à 10’000 le nombre de combattants du Hezbollah actuellement déployés en Syrie.»Afin de contextualiser et de saisir les lignes de force de la guerre civile en Syrie et les interventions de la Russie comme des forces militaires occidentales, Ilya Budraitskis s’est entretenu avec Gilbert Achcar. Nous présentons ci-dessous la traduction français de cet entretien. (Rédaction A l’Encontre)*****

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Entretien avec Gilbert Achcar conduit par Ilya Budraitskis

Le 17 octobre 2015, Zakaria Malafji, membre de l’Armée syrienne libre à Alep, déclarait à un journaliste du Guardian: «Le régime d’Assad a avancé de 6 km le vendredi 16 octobre et s’est emparé de trois villages. Les Russes nous ont arrosés avec des bombes, y compris sur les zones habitées par des civils. Ils veulent tout nettoyer afin que les tanks du régime et même les fantassins puissent avancer.» Paul Khalifeh rapportait de Beyrouth, le 18 octobre, sur les ondes de RFI qu’Hassan Nasrallah avait déclaré lors de la cérémonie en hommage «à l’un des plus importants chefs militaires du Hezbollah, Hassan Hussein al-Hage tuée en Syrie la semaine dernière que ce commandant est mort au combat en participant avec ses troupes à l’offensive de l’armée syrienne dans la province d’Idleb, près de la Turquie, très loin du Liban». Nasrallah a conclu: «La bataille actuelle est essentielle et décisive.Nous sommes présents partout où nous devons l’être.» Selon P. Khalifeh, basé à Beyrouth: «Des experts évaluent à 10’000 le nombre de combattants du Hezbollah actuellement déployés en Syrie.»

Afin de contextualiser et de saisir les lignes de force de la guerre civile en Syrie et les interventions de la Russie comme des forces militaires occidentales, Ilya Budraitskis s’est entretenu avec Gilbert Achcar. Nous présentons ci-dessous la traduction français de cet entretien. (Rédaction A l’Encontre)

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Ilya Budraitskis: Il y a plusieurs jours (30 septembre) que les opérations militaires russes en Syrie ont débuté; les objectifs et la stratégie de cette opération restent peu clairs. L’explication donnée par les autorités russes n’est pas évidente. D’un côté, elles affirment que la raison principale de cette opération est de combattre l’Etat islamique et, de l’autre, ainsi que Poutine l’a fait aux Nations unies [le 28 septembre], elle est présentée comme une contribution visant à légitimer le gouvernement d’Assad. D’après vous, quel est le véritable objectif de cette opération ?

Gilbert Achcar: La raison officielle initiale donnée pour l’intervention a été façonnée pour que la Russie obtienne un feu vert occidental, en particulier américain. Dans la mesure où les pays occidentaux bombardent l’Etat islamique en Syrie, ils n’étaient certainement pas en mesure de formuler des objections à la Russie de faire de même. C’est avec ce prétexte que Poutine a vendu son intervention à Washington avant de la mettre en œuvre, et Washington a officiellement acheté. Au tout début, avant que la Russie planifie le commencement des bombardements, les déclarations de Washington saluaient la contribution de la Russie au combat contre l’Etat islamique. C’était, bien entendu, complètement illusoire – une supercherie. Mais je serais très surpris si, à Washington, ils s’imaginaient réellement que la Russie déployaient des forces en Syrie pour combattre l’Etat islamique.

Ils ne peuvent ignorer que le véritable objectif de l’intervention russe est de consolider le régime de Bachar el-Assad. Le fait est que Washigton partage le véritable objectif de l’intervention de Moscou: empêcher l’effondrement du régime Assad. Depuis la première phase du soulèvement en Syrie, l’administration des Etats-Unis, même lorsqu’elle commença à dire qu’Assad devrait se retirer, a toujours insisté sur le fait que le régime devrait rester en place. Contrairement ce qu’imaginent des critiques simplistes des Etats-Unis, l’administration Obama n’est en aucune mesure impliquée dans une affaire de «changement de régime» en Syrie – c’est plutôt le contraire qui est vrai. Elle souhaite uniquement un régime Assad sans Assad. C’est la «leçon» qu’elle a tirée de l’échec catastrophique des Etats-Unis en Irak: rétrospectivement, elle pense que les Etats-Unis auraient dû opter pour un scénario que l’on pourrait qualifier de «saddamisme sans Saddam», plutôt que de démanteler les appareils du régime iraken.

C’est la raison pour laquelle l’intervention de Poutine était vue plutôt favorablement par Washington. Il y a beaucoup d’hypocrisie dans la plainte actuelle de l’administration Obama sur le fait que la plus grande partie des frappes russes sont dirigées contre l’opposition syrienne n’appartenant pas à l’Etat islamique. Ils blâment la Russie pour ne pas frapper suffisamment l’Etat islamique: si la proportion des frappes russes contre l’Etat islamique avaient été plus importante, leur collusion leur aurait été plus confortable. Ils se seraient opposés dans une bien moindre mesure aux frappes consolidant le régime Assad. Et, pourtant, l’espoir de Washington est que Poutine empêchera non seulement un effondrement du régime et le consolidera, mais qu’il contribuera également à aboutir à une espèce de résolution politique du conflit. Pour l’heure, cela relève plus du prendre ses désirs pour une réalité que d’une concrétisation que de cette option.

L’objectif central de l’intervention militaire russe en Syrie était d’étayer le régime en un moment où ce dernier subissait de fortes pertes depuis l’été dernier. Assad lui-même a reconnu en juillet 2015 l’incapacité du régime de conserver des fractions de territoire qu’il contrôlait jusque-là. L’intervention de Moscou a pour objectif d’empêcher l’effondrement du régime et de lui permettre de reconquérir le territoire qu’il a perdu au cours de l’été passé. C’est là l’objectif fondamental et premier de l’intervention russe.

Il y a toutefois un second but, qui dépasse largement la Syrie et qui se traduit dans le fait que la Russie a envoyé en Syrie une certaine sélection de ses forces aériennes de combat et a procédé à des tirs de missiles depuis la mer Caspienne. Cela apparaît un peu comme le «moment du Golfe» de l’impérialisme russe. Ce que je veux dire par là, c’est que Poutine réalise, à plus petite échelle, ce que les Etats-Unis réalisèrent en 1991 lorsqu’ils firent étalage de leur armement avancé contre l’Irak au cours de la première guerre du Golfe. C’était une manière de dire au monde: «Voyez à quel point nous sommes puissants! Voyez quelle est l’efficacité de notre armement!» Et c’était là un argument majeur pour la réaffirmation de l’hégémonie américaine en un moment historique crucial. La Guerre froide touchait à sa fin – 1991 se révéla, comme vous le savez bien, la dernière année d’existence de l’Union soviétique. L’impérialisme américain avait besoin de réaffirmer la fonction de son hégémonie au sein du système mondial.

Ce que Poutine fait actuellement avec cette démonstration de force revient à dire au monde: «Nous, Russes, possédons aussi un armement avancé, nous pouvons aussi être à la hauteur, et nous sommes en réalité plus fiables que les Etats-Unis.» L’intimidation machiste de Poutine contraste fortement avec l’attitude timide de l’administration Obama au Moyen-Orient au cours des dernières années. Poutine se gagne des amis dans la région. Il a développé des relations avec l’autocrate contre-révolutionnaire d’Egypte Sissi ainsi qu’avec le gouvernement irakien. L’Irak et l’Egypte sont deux Etats qui étaient considérés comme appartenant à la sphère d’influence des Etats-Unis, et pourtant les deux soutiennent l’intervention russe, les deux achètent des armes russes et développent des rapports militaires et stratégiques avec Moscou.

Cela est, bien entendu, une percée majeure pour l’impérialisme russe dans sa concurrence avec l’impérialisme des Etats-Unis. De ce point de vue, l’intervention en cours de la Russie devrait être vue comme faisant partie de la compétition inter-impérialiste. Il y a plus de 15 ans, je considérais que la guerre au Kosovo faisait partie d’une nouvelle Guerre froide. Cette caractérisation était critiquée à l’époque; nous sommes désormais en plein dedans, c’est une chose manifeste.

Nombreux sont ceux qui affirment que ce qui se passe aujourd’hui en Syrie, avec l’intervention russe, relève d’un échec complet de la politique des Etats-Unis. D’autres pensent qu’il y a un dessein caché des Etats-Unis pour que ceux-ci impliquent la Russie dans le conflit. Et il semble, en outre, qu’il y ait une véritable division au sein des élites américaines autour de la question syrienne. Quelle est, selon vous, la position des Etats-Unis dans cette situation ?

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Il y a assurément, aux Etats-Unis, un désaccord ouvert au sommet en ce qui concerne la Syrie. A propos de la fourniture d’aide à l’opposition dominante syrienne, ce n’est pas un secret qu’il y a eu une querelle entre Obama et Hillary Clinton, lorsque cette dernière était secrétaire d’Etat, et d’autres, au sein de l’armée et de la CIA, partageant ses vues. En 2012, lorsque ce débat commença, la force d’opposition principale, l’Armée syrienne libre, était encore en position dominante. C’est en fait la faiblesse de cette opposition syrienne – faiblesse qui tient à l’absence de soutien de la part de Washington et, en particulier, au veto des Etats-Unis à la fourniture de sa part de moyens de défenses anti-aériennes – qui a permis aux forces islamiques «djihadistes» de développer une opposition en parallèle qui est devenue ensuite plus importante dans l’affrontement armé contre le régime syrien. Ceux qui étaient partisans d’un soutien à l’opposition alors dominante, comme H. Clinton et celui qui était alors directeur de la CIA, David Petraeus, sont maintenant convaincus que les événements ont montré qu’ils avaient raison, que le développement catastrophique de la situation en Syrie est, dans une large mesure, un résultat de la mauvaise politique d’Obama.

En effet, Obama fait face à un bilan très négatif de sa politique vis-à-vis de la Syrie. Il s’agit d’un désastre complet, quel que soit l’angle sous lequel vous l’analysez, humanitaire ou stratégique. Les pays de l’Union européenne sont inquiets de la très grande vague de réfugiés, laquelle est la conséquence d’un désastre humanitaire massif. L’administration Obama tente de se consoler en affirmant que la Russie glisse dans un piège, que cela sera son deuxième Afghanistan. Ce n’est pas un hasard si, lors de ses récentes critiques de l’intervention russe, Obama a utilisé le terme de «bourbier»: un mot utilisé pour les Etats-Unis au Vietnam et pour l’Union soviétique en Afghanistan. On dit donc maintenant que la Russie s’empêtre dans un bourbier en Syrie. C’est encore là prendre ses désirs pour des réalités. Le but consiste à adoucir à amortir l’effet d’un échec majeur.

Pour l’heure, il semble en fait que des alliés principaux des Etats-Unis, comme l’Allemagne et la France, n’expriment pas une position absolument négative quant à l’intervention russe. Pensez-vous que l’intervention russe ait provoqué une division entre les Etats-Unis et l’Europe et qu’elle pourrait offrir à la Russie une possibilité de traiter avec l’Union européenne séparément des Etats-Unis ? 

Je ne le crois pas. Tout d’abord, il n’y a pas de différences majeures entre les positions française et américaine. Elles sont en réalité assez proches. La position allemande est légèrement différente parce qu’elle n’est pas directement engagée dans une action militaire contre l’Etat islamique. La France a critiqué la Russie pour cibler l’opposition n’appartenant pas à l’Etat islamique. Et la position française est très stricte au sujet d’Assad. A l’instar de Washington, et même plus catégoriquement, Paris affirme qu’il doit s’en aller et qu’il ne peut y avoir de transition politique en Syrie avec sa participation. Et c’est, en fait, assez manifeste parce que si une transition politique doit être fondée sur un accord, un compromis entre le régime et l’opposition, il est impossible que cette dernière accepte un gouvernement conjoint sous la présidence de Bachar el-Assad. La position de Washington et de Paris suppose cela. Par contraste avec celle de Moscou, qui considère Assad comme le président légitime et insiste que tout accord doit être approuvé par lui. Il y a pour l’heure un écart significatif entre les deux positions.

Ainsi que je vous l’ai dit, Washington et ses alliés européens prennent leurs désirs pour des réalités. Ils espèrent que, une fois le régime syrien consolidé, Poutine exercera une pression sur ce dernier afin d’ouvrir la voix à un compromis aux termes duquel Assad accepterait de remettre son pouvoir après une période transitoire dont le point culminant serait des élections. Angela Merkel, bien qu’elle ait rectifié sa position le jour suivant, a déclaré à un moment donné que la communauté internationale devrait s’accorder avec Assad. Et nous avons entendu la même chose en provenance de plusieurs secteurs en Europe comme aux Etats-Unis: «Après tout, Assad est mieux que l’Etat islamique. Nous pouvons faire des affaires avec lui. Mettons-nous d’accord sur une espèce de transition avec lui.» C’est, en réalité, contre-productif. Cela n’aboutit qu’à unifier l’opposition n’appartenant pas à l’Etat islamique contre cette perspective. L’opposition armée comprend toutes les nuances de «djihadisme», chacune surenchérissant sur l’autre dans son opposition à Assad. Il n’est pas possible qu’une quelconque fraction crédible de l’opposition puisse accepter un accord impliquant une présence continue d’Assad. Son départ est une condition indispensable à tout accord politique visant à mettre un terme à la guerre en Syrie. Sans cela, elle ne s’arrêtera pas.

Washington a émis de nombreuses déclarations hypocrites condamnant l’action russe, même s’il lui a tout d’abord donné le feu vert. La raison principale à cela tient dans le fait que l’administration Obama ne veut pas apparaître comme soutenant ouvertement le sauvetage du régime Assad et, ainsi, se mettre à dos les sunnites de la région, tels qu’elle les voient. Les Etats-Unis utilisent en réalité l’intervention russe pour enfoncer un coin entre Moscou et les pays à majorité sunnite. Les Saoudiens ont commencé des discussions avec la Russie et on rapporte qu’ils ont proposé un accord visant à augmenter les prix du pétrole comme récompense d’un changement d’attitude de la Russie vis-à-vis de la Syrie. Et ils sont actuellement très déçus par l’intervention de Moscou, bien qu’il soit possible qu’ils espèrent que Poutine impose finalement un départ d’Assad.

Au même moment, toutefois, des secteurs comme les Frères musulmans et les chefs religieux du royaume saoudien ont appelé à la guerre sainte contre le deuxième Afghanistan russe, en symétrie frappante avec la qualification par l’Eglise orthodoxe russe de guerre sainte pour ce qui a trait à l’aventure militaire de Poutine. Notez la différence entre les guerres impérialistes précédentes et celles de la période récente: la guerre était considérée comme religieuse uniquement du côté «musulman». Désormais, pour la première fois dans une histoire longue, nous avons un affrontement de «guerriers sacrés»! En ce sens, Poutine un est cadeau de Dieu pour les djihadistes: l’ennemi parfait.

Comme vous le savez probablement, le général iranien Qasem Soleimani a effectué une visite secrète à Moscou cet été. C’est après cette rencontre qu’a été prise la décision finale concernant l’intervention russe. L’Iran a joué un rôle clé dans cette décision. A votre avis quel intérêt l’Iran a-t-il à une intervention russe ?

L’Iran partage avec la Russie un intérêt commun à préserver le régime Assad, qui est un allié stratégique pour les deux pays. Pour l’Iran, la Syrie représente un lien clé dans un axe qui va de Téhéran au Hezbollah du Liban en passant par l’Irak et la Syrie. La Syrie joue un rôle crucial pour les fournitures que l’Iran transmet au Hezbollah; elle accorde aussi à l’Iran un accès stratégique à la Méditerranée. Pour la Russie, la Syrie est le seul pays sur la Méditerranée qui héberge des bases navales et aériennes russes. Ces raisons expliquent l’actuelle contre-offensive qui se déploie en Syrie associant les forces du régime Assad, les troupes iraniennes (directement ou par procuration) et les frappes aériennes russes. En fait, le régime Assad est complètement dépendant de l’Iran depuis quelque temps déjà. C’est l’Iran qui mène le jeu en Syrie. La Russie exerce également beaucoup d’influence sur Damas puisqu’elle en est le principal fournisseur d’armes. Le rôle de la Russie est devenu beaucoup plus important en Syrie suite à cette intervention directe. En Occident certains accueillent favorablement cette intervention russe en pensant que cela diminuera le rôle de l’Iran, mais cela revient de nouveau à prendre ses désirs pour des réalités.

Les médias russes décrivent la situation en Syrie comme si ce pays avait un gouvernement légitime et un ordre «normal» et que les différentes forces anti-gouvernementales ne cherchaient qu’à détruire l’Etat et à introduire le désordre. D’après un autre point de vue, le régime Assad aurait subi une profonde transformation pendant la guerre civile et on ne peut pas dire qu’il s’agit d’un Etat «normal» qui s’affronte à des forces anti-étatiques. Il y aurait eu une dégénérescence de l’Etat et le régime Assad actuel en serait le produit. A votre avis, quelle est actuellement la véritable nature du régime Assad et dans quel sens a-t-il changé pendant les années de guerre ?

Commençons par le fait que Poutine et Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères, décrivent tout le temps le régime Assad comme étant un gouvernement «légitime». Cette affirmation est issue d’une conception extrêmement restreinte de la légitimité. On pourrait bien sûr dire que Assad représente le gouvernement légitime du point de vue de la loi internationale, mais certainement pas de celui de la légitimité démocratique. Le gouvernement est peut-être «légal» selon les critères des Nations unies mais il n’est certainement pas «légitime» puisqu’il n’a jamais été élu démocratiquement. Ce régime est le produit d’un coup d’Etat qui a eu lieu il y a 45 ans. Il est encore au pouvoir après une transmission de la présidence par héritage au sein d’une la dynastie quasi royale qui dirige le pays au moyen de services de sécurité et d’une dictature militaire. La Syrie est un pays où il n’y a eu ni élections justes ni libertés politiques depuis un demi-siècle. Ce régime s’est encore aliéné la population au cours des deux dernières décennies en accélérant des réformes néolibérales qui ont conduit à l’appauvrissement de larges secteurs de la population, surtout dans les campagnes, et à une montée brusque du chômage et du coût de la vie.

La situation était devenue intolérable, et c’est la raison pour laquelle le soulèvement populaire s’est produit en 2011. Ce régime brutalement dictatorial n’a évidemment pas pu faire face de manière démocratique aux manifestations de masse, qui étaient très pacifiques au début, par exemple en organisant des élections réellement libres. Il n’en était pas question. Et la seule réponse du régime a été la force brutale, qui s’est intensifiée peu à peu, tuant tous les jours plus de gens et menant à une situation qui a fait que le soulèvement s’est transformé en une guerre civile. En outre, il est bien connu que durant l’été/automne 2011, le régime a relâché les djihadistes qu’il détenait dans ses prisons. L’objectif était qu’ils créent des groupes djihadistes armés – conséquence que leur remise en liberté rendait inévitable dans le contexte d’un soulèvement – de manière à confirmer le mensonge que le régime avait répandu depuis le début, à savoir qu’il se trouvait confronté à une rébellion djihadiste. C’était un bon exemple de prophétie auto-réalisatrice, et les militants libéré des prisons par le régime dirigent actuellement certains des groupes djihadistes clés en Syrie. Il faut comprendre que quoi que l’on puisse dire du caractère réactionnaire d’un important secteur de ceux qui luttent contre le régime, en premier lieu c’est le régime lui-même qui les a produits. Plus généralement, par sa cruauté, le régime a suscité le ressentiment qui a engendré le développement du djihadisme, y compris l’Etat islamique (Daech), qui est en effet une réponse barbare à la barbarie du régime, dans ce que j’ai appelé le heurt des barbaries (clash of barbarisms).

Il y a un autre aspect à cette question. Le régime Assad est maintenant bien pire qu’il ne l’était avant le soulèvement. Actuellement ce n’est plus seulement un Etat dictatorial mais aussi un pays dans lequel des gangsters meurtriers déchaînés – les shabiha, comme on les appelle en arabe – sont aux commandes. C’est la terreur semée par les shabiha dans la population des régions contrôlées par le régime qui a entraîné la récente la vague de réfugiés syriens fuyant vers l’Europe. Ce sont les nombreuses personnes qui ne supportent plus de rester soumis à ces gangsters criminels que le régime Assad a encouragés. La population syrienne n’a aucune confiance en l’avenir du régime, c’est pourquoi tous ceux qui peuvent se le permettre décident d’essayer de fuir en Europe. Comme vous pouvez le voir dans les reportages à la télévision, beaucoup de réfugiés qui fuient vers l’Europe n’appartiennent pas aux secteurs les plus pauvres de la population. Il y a une proportion significative de personnes de la classe moyenne parmi les réfugiés. Souvent ces personnes ont vendu tout ce qu’elles possédaient en Syrie parce qu’elles n’avaient aucun espoir d’y revenir. Cela va coûter très cher à l’avenir du pays. Ceux qui restent en Syrie sont soit des gens qui ne peuvent pas faire autrement, soit ceux qui profitent de la guerre.

La situation est très sombre. Personne ne peut blâmer les Syriens parce qu’ils décident de quitter définitivement leur pays, il faut vraiment être très optimiste pour conserver un quelconque espoir dans l’avenir de la Syrie. Néanmoins l’histoire a connu des situations dramatiques encore pires qui ont été suivies de renouveau, même si cela peut prendre des années. La première condition pour la cessation de la guerre et le début d’un relèvement de la Syrie est cependant le départ d’Assad. Il sera impossible de mettre un terme à cette terrible tragédie tant qu’il sera au pouvoir.

Les médias occidentaux parlent encore d’une opposition modérée en Syrie. Le principal contre-argument de Poutine est qu’il n’y a pas de frontière claire entre les djihadistes et les modérés dans l’opposition armée. Lavrov a même déclaré récemment qu’il pourrait bien parler à l’Armée libre syrienne, mais qu’il n’était pas clair qui étaient ses dirigeants et si elle existait réellement. Pouvez-vous me donner une appréciation des groupes d’opposition non-Daech ?

Il existe tout un éventail de groupes. Cela va des groupes initiaux de l’Armée libre syrienne, qui étaient relativement laïques et non sectaires, en passant par toutes les variantes de djihadistes et de modérés dans l’opposition armée, jusqu’à Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaida. Tous les djihadistes partagent le programme d’imposer la loi de la charia dans les régions sous leur contrôle, mais aucun de ces groupes, y compris Al-Nosra, n’arrive à la cheville de l’incroyable barbarie de Daech, qui est une détestable caricature d’un Etat fondamentaliste qui aurait été déclarée comme étant invraisemblable s’il avait été décrit dans une œuvre de fiction. Les groupes islamistes de l’opposition non-Daech représentent un ensemble de forces fondamentalistes qui vont des Frères musulmans à Al-Qaida. Ils sont tous opposés à Daech. Rien de tout cela n’inspire de l’optimisme concernant l’avenir de la Syrie. Il est vrai que la barbarie du régime a tué plus de gens que tous les autres groupes, y compris Daech. La plupart des forces d’opposition représentent des alternatives qui sont loin d’être enthousiasmantes. Mais la précondition indispensable pour inverser cette tendance – produite par le régime lui-même – est le renversement d’Assad.

Il y a également des forces kurdes en Syrie, elles constituent le groupe armée le plus progressiste – voire le seul – qui participe à cette lutte. Jusqu’à maintenant les forces kurdes se sont principalement battues contre Daech, alors qu’elles adoptaient une position plus ou moins neutre par rapport au régime et au reste de l’opposition. L’année dernière les forces kurdes étaient – et sont encore – soutenues par des frappes aériennes et des livraisons d’armes des Etats-Unis. Elles contrôlent et défendent essentiellement les régions avec des populations kurdes. Pour jouer un rôle au-delà de leurs régions et ainsi dans le destin de la Syrie dans son ensemble, les Kurdes devront établir des alliances avec les Arabes et les autres minorités. C’est ce que Washington essaie de faire, avec quelques succès, d’abord en les amenant à travailler avec les groupes de l’Armée libre syrienne, et maintenant avec des tribus arabes syriennes, sur le modèle que les Etats-Unis ont impulsé en Irak contre Al-Qaida et qu’ils tentent maintenant de relancer contre Daech.

Pensez-vous qu’une coalition de ce genre puisse jouer un rôle de premier plan en Syrie, et peut-être représenter une perspective progressiste pour l’avenir du pays ?

Franchement je ne suis pas optimiste concernant toutes les forces qui existent actuellement sur le terrain. Ce qu’on peut espérer de mieux est de mettre un terme à la guerre: arrêter ce terrible carnage et la destruction du pays est une priorité absolue. Une alternative progressiste devra être reconstituée en utilisant le potentiel encore existant. Même s’il n’y a pas de forces organisées représentant une alternative progressiste il y a encore un potentiel important, notamment chez les jeunes qui ont lancé le soulèvement en 2011, mais des milliers d’entre eux sont actuellement en exil, d’autres sont en prison et beaucoup d’autres se trouvent encore en Syrie mais ne peuvent pas jouer un rôle déterminant dans la guerre civile. Il faut donc d’abord mettre un terme à la guerre. Mais pour que la situation puisse inspirer de l’optimisme il faudra l’émergence d’une nouvelle alternative progressiste sur la base du potentiel existant.

Peut-on dire qu’il faudra une aide ou une intervention étrangère pour arrêter ce conflit? Ou pensez-vous que les interventions étrangères, qu’elles soient russes ou occidentales, ne font que prolonger la guerre ?

Jusqu’à maintenant l’intervention occidentale n’a ciblé que Daech. Les frappes de la coalition dirigée par les Etats-Unis ont toutes été effectuées sur des régions contrôlées par Daech et elles ont complètement évité celles contrôlées par le régime. En ce qui concerne les frappes russes, elles sont pour la plupart dirigées contre l’opposition non-Daech dans les régions qui sont l’objet d’un combat entre le régime et l’opposition, il y a eu très peu de frappes russes contre Daech. Dans ce domaine il existe donc une différence importante entre les interventions de la coalition dirigée par les Etats-Unis et celle des forces russes. L’intervention russe est effectivement en train de prolonger la guerre civile syrienne. Quelles que soient les illusions en Occident concernant le rôle possible de la Russie, le fait est qu’avant l’intervention russe le régime syrien était épuisé, il perdait du terrain et semblait être près de l’effondrement. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Poutine est intervenu. Un écroulement du régime Assad aurait été une défaite terrible pour lui.

Daech a effectué son expansion spectaculaire il y a plus d’une année, et ni la Russie ni le régime Assad n’ont rien entrepris d’important pour le combattre. Le souci principal de Poutine – tout comme celui d’Assad d’ailleurs – est la survie du régime. En le consolidant, Poutine est en train de prolonger la guerre, et cela est criminel. On peut évidemment souhaiter que les illusions occidentales se réalisent et que Poutine arrivera à forcer Assad à démissionner. Il est difficile de connaître les projets de Poutine dans ce domaine. Mais la Russie court un grand risque de rester coincée dans un «bourbier» («quagmire» selon le terme utilisé par Obama), si la guerre n’est pas stoppée à court terme. Il faudra donc observer comment les choses se développent. Le plus beau rêve des gens ordinaires en Syrie est actuellement la fin de la guerre avec un déploiement de forces des Nations unies pour maintenir l’ordre et reconstruire l’Etat et le pays.

(Traduction A l’Encontre; entretien publié en anglais dans LeftEast, le 15 octobre 2015.

La version en russe peut être trouvée en cliquant sur le lien suivant:http://openleft.ru/?p=7083)

Gilbert Achcar est professeur à la School of Oriental and African Studies (SOAS) à l’Université de Londres. Dernier ouvrage publié en français: Marxisme, orientalisme, cosmopolitisme, Ed. Actes Sud, Sindbad, 2015.

Ilya Budraitskis est historien et doctorant à Institute for World History, Russian Academy of Science, à Moscou. Il est le porte-parole du Mouvement socialiste russe et membre de du comité éditorial du Moscow Art Magazine et du site OpenLeft.Ru.

Source : Blog Mediapart, Gilbert Achcar, 31-10-2015


Source: http://www.les-crises.fr/syrie-empecher-leffondrement-du-regime-assad-entretien-avec-gilbert-achcar/


Un militant écolo asperge d’eau le maire d’Agen : 2 mois de prison ferme

Sunday 6 November 2016 at 00:01

Dire que Balkany court toujours…

Source : Le Nouvel Obs21/10/2016

Eric Petetin s'enchaîne symboliquement à l'arrivée de son procès, en mai 2014. (JEFF PACHOUD/AFP)

Eric Petetin s’enchaîne symboliquement à l’arrivée de son procès, en mai 2014. (JEFF PACHOUD/AFP)

Eric Petetin avait renversé une carafe d’eau sur le maire UDI d’Agen, en signe de protestation contre un projet controversé de Technopôle près de la ville.

Le militant écologiste Eric Petetin a été condamné vendredi à deux mois de prison ferme pour avoir aspergé d’eau le maire UDI d’Agen, Jean Dionis du Séjour, en signe de protestation contre un projet controversé de Technopôle près de la ville, a appris l’AFP de source judiciaire. L’activiste de 63 ans a également été condamné à un euro symbolique de dommages et intérêts. Quatre mois de prison ferme avaient été requis.

Le militant écologiste, qui s’était fait un nom dans les années 1990 pour son opposition acharnée au tunnel du Somport entre la France et l’Espagne, avait fait irruption le 17 septembre 2015, avec d’autres opposants à la Technopôle dans la salle où se tenait une séance du conseil communautaire. Ce dernier venait d’approuver la déclaration d’intérêt général de la Technopôle Agen-Garonne (TAG), projet de 140 hectares situé sur la commune de Sainte-Colombe-en-Bruilhois.

Eric Petetin avait alors renversé une carafe d’eau sur le maire d’Agen et président de l’Agglomération, Jean Dionis du Séjour. Le militant avait reconnu son geste auprès de l’AFP, disant vouloir dénoncer un “crime contre la nature et les générations futures”. Les opposants fustigent notamment la destruction d’une zone “hautement fertile et irriguée”.

Ancien occupant de Sivens

Après plus d’un an d’occupation d’une “zone à défendre” (“ZAD”) par des opposants, à laquelle participaient d’anciens “zadistes” de Sivens (Tarn), où un militant écologiste, Rémi Fraisse, avait trouvé la mort en octobre 2014 à la suite d’un tir de grenade par un gendarme, les lieux avaient été évacués le 31 mai par les forces de l’ordre.

L’Agglomération défend, elle, une “zone économique indispensable pour le développement du territoire et l’accueil des entreprises qui créeront les emplois de demain”. Le projet avait été déclaré d’utilité publique en 2014.

Eric Petetin, militant emblématique des luttes écolo-libertaires des deux décennies écoulées, vétéran des “zadistes”, était déjà incarcéré à Mont-de-Marsan depuis le 21 septembre en exécution d’une condamnation datant de 2014.

Source : Le Nouvel Obs21/10/2016

Source: http://www.les-crises.fr/un-militant-ecolo-asperge-deau-le-maire-dagen-2-mois-de-prison-ferme/