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L’isolement de la Russie 3/6 : La Russie ne produit rien, par Nicolas

Friday 17 April 2015 at 04:30

Ceci est la troisième partie d’une série sur l’isolement de la Russie. La première partie est : L’isolement de la Russie 1/5 : l’effondrement de 1991. La deuxième partie est L’isolement de la Russie 2/5 : Forces de l’économie russe face aux sanctions, dans laquelle j’ai montré que l’économie russe avait quelques points forts typiques des pays sous-développés : raffinage, industrie spatiales, aviation militaires, tanks, centrales hydro-électriques et nucléaires… Dans cette troisième partie, je me concentre sur les secteurs industriels les plus faibles de l’économie russe, qui pèsent le plus lourd sur la balance commercial russe, pour vous montrer qu’en dehors des quelques petits domaines cités, l’économie russe est en lambeaux. Sinon, ça reviendrait à dire qu’Obama ment, ce qui serait vraiment impensable.

Structure des importations vers la Russie en 2012

Structure des importations vers la Russie en 2012 : 92,6 Md$ de «machines», 58,1 Md$ dans le secteur «transport», 32,2 Md$ de produits chimiques (inclut les médicaments), 16,3 Md$ de plastiques et caoutchoucs (MIT)

6. Chimie

Production chimique russe

Production chimique russe. Attention aux échelles, choisies pour montrer ensembles des données très différentes. Chiffres GKS, graphe moi. J’ai appliqué des coefs pour faire “coller” les données 1991-2008 au reste : quelques % d’imprécision.

Concernant la chimie dans son ensemble, Dmitry Medvedev a annoncé en février 2015 qu’il fallait réduire les importations, c’est à dire que, sans fermer la porte aux importations chinoises, allemandes et autres, les entreprises devaient tenir compte des intérêts du pays. Pas de mesure concrète pour l’instant, mais le gouvernement est attentif à la situation dans ce secteur. La Russie a importé 48,5 Md$ de produits chimiques et plastiques en 2012, contre 33,1 Md$ d’exportations, c’est donc un secteur qui pèse encore très négativement sur la balance commerciale russe. Les exportations sont dominées par les engrais (près de 12 Md$), secteur traditionnellement important de l’industrie chimique russe, encore renforcé en 2014 avec une nouvelle usine.

La production russe de pneus (principal produit importé dans la catégorie produits chimiques selon la classification «HS» =  «Standard harmonisé») reste insuffisante, mais une usine Bridgestone ouvrira en 2015, et la grande usine Continental ouverte en 2013 s’agrandit et atteindra 16 millions de pneus par an. Les besoins d’importations de pneus sont donc en baisse rapide.

La Russie est depuis les années Ieltsine un grand importateur plastiques, notamment PS, PVC, PETF, tuyaux en PE, et films barrières pour l’emballage alimentaire. Mais sa production de plastique est en forte croissance (environ 9% par an depuis 1996 soit +350% jusqu’en 2013), et au moins un site de production pour chacun des produits cités a été ouvert depuis mars 2014. Ces sites pourraient rendre la Russie autosuffisante en chacun de ces produits : L’usine de PVC de Rusvinil (Solvay / BASF) est l’une des plus grandes du monde avec plus de 300 000 tonnes par an.

La Russie deviendra même exportatrice nette de polymères à l’ouvertures de deux usines dont la construction est en cours. La première est celle de Sibour à Tobolsk (9,5 Md$ investis) qui produira 500 000 tonnes de PE et 1 500 000 tonnes de PP par an. La seconde est celle de Kabardino-Balkarie, qui sera la première usine d’un grand centre dédié à la pétrochimie et à l’industrie agro-alimentaire (la production de l’usine servira donc avant tout à emballer les produits agricoles du Nord-Caucase). Ce centre produira «tous types de polymères» et pourrait employer 75 000 personnes. La Kabardino-Balkarie étant une région pauvre, ce serait un progrès économique important. Selon le responsable, le Caucase Nord pourrait cesser d’être une région à charge de la Russie grâce à ce projet.

Si la Russie reste importatrice de plastiques techniques, sa production ne se limite pas aux polymères les plus basiques, avec notamment l’ouverture en 2015 d’une usine de «compounds» de polymères pour l’isolation électrique. L’usine est également exportatrice de polyamide et de caoutchouc synthétique (SBR). Le POM (polyformaldéhyde) est le dernier polymère importé en très grandes quantités.

En dehors des polymères, l’usine Rusvinil produit également de la soude caustique, et d’énormes investissements sont en cours en Extrême-Orient pour des sites de production d’ammoniac (1 Mt par an), de méthanol (1 Mt par an) et d’urée (2 Mt par an), avec un début d’exploitation prévu dès 2018 après des investissements qui se comptent en centaines de milliards de roubles. La Russie était le deuxième exportateur d’ammoniac en 2012, et devrait prendre la première place grâce à ce projet.

7. Automobile et transports

Production de voitures en Russie

Production de voitures en Russie. 2009 fut catastrophique, 2015 ne sera qu’une bourrasque, en comparaison. Les USA n’arrivent pas à nuire autant à l’économie russe en y mettant tous leurs efforts que quand ils ne le font pas exprès (Cf. “subprimes”).

La Russie a hérité de l’époque soviétique une industrie automobile importante mais technologiquement en retard sur la concurrence internationale. Afin de favoriser son industrie automobile, le gouvernement russe a imposé des droits de douane élevés sur les automobiles importées, ce qui a forcé la plupart des producteurs à construire des usines en Russie pour d’abord assembler des voitures à partir de pièces produites à l’étranger, puis à augmenter progressivement la proportion de pièces produites en Russie dans leurs voitures. Cette volonté politique ferme a permis de moderniser progressivement l’industrie automobile russe. Le résultat se fit sentir dès 2003 à travers une forte croissance de la production locale jusqu’à 2012 (avec une interruption en 2009). Renault-Nissan, qui contrôle le géant russe AvtoVAZ (Lada), est le principal acteur étranger en Russie, mais de nombreux autres y sont présents : Peugeot, Citroën, Mitsubishi, Volvo, Ford, Volkswagen, Toyota, Hyundai, Kia, Audi, Mercedes-Benz, Scania, MAN, Navistar, Iveco, Ssang Yong, GM (Opel, Chevrolet et Cadillac), Mazda, BAW, BYD, Chery, Lifan et Great Wall ont tous au moins un site d’assemblage en Russie, en propre ou partagé avec un partenaire local. En 2012, la Russie a dépassé la France et l’Espagne en nombre de voitures produites.

La dernière usine de Continental en Russie

La dernière usine de Continental en Russie, ouverte en juin 2014.  De nombreux investisseurs étrangers ont apporté la qualité allemande à l’industrie automobile russe, réduisant rapidement la demande en véhicules importés. Entre pièces de voitures et pneus, Continental emploie environ 1300 personnes en Russie.

En 2012, le secteur automobile plombait la balance commerciale russe de plus de 40 Md$ (en additionnant les voitures, les pièces de voitures, les châssis de voitures, les camions et les tracteurs). Aucun autre secteur n’est aussi déficitaire dans la balance commercial de la Russie. Cependant grâce à la politique volontariste du gouvernement et grâce aux énormes investissements ce secteur, notamment par les compagnies étrangères qui veulent leur part du marché russe, la Russie pourrait devenir exportatrice nette de véhicules avant 2025. Le processus est évidemment progressif, il faut encore ouvrir beaucoup de nouvelles usines dans ce secteurs, et il faut donc encore beaucoup d’investisseurs étrangers. Au moins 26 sites de production ou ligne de production dans le domaine des transports ont ouvert depuis mars 2014 (en incluant les tracteurs, bus, trolleybus, chasse-neiges, motos), soit 2 par mois, et d’autres sont en construction. Il s’agit essentiellement de production d’éléments spéciaux à l’industrie automobiles qui restent majoritairement importés (câbles électriques, jauges d’essence, boulons…) mais aussi des usines d’assemblages de constructeurs qui n’étaient pas encore présents en Russie. Tous ces développements permettent de fortement réduire les importations de voitures (-16% en 2013) et d’augmenter les exportation (+21% en 2013). Les consommateurs russes ont désormais l’embarras du choix, et seuls ceux qui souhaitent des véhicules haut-de-gamme achètent des véhicules importés : Environ 700 000 en 2014, probablement moins de 600 000 en 2015.

Concernant les nouveaux sites d’assemblage, l’usine en construction à Toula devra produire 150 000 voitures par an dès 2020. On constate que les autres projets récents sont fortement orientés vers l’exportation, avec deux clusters en cours de construction. Le premier cluster est à Vladivostok et assemble déjà des voitures Toyota et est en cours d’agrandissement. Le second cluster, “Avtotor”est très ambitieux puisque 21 usines doivent se consacrer à la production automobile dans la région de Kaliningrad. 7 sont déjà construites, 3 en construction, et ce cluster doit produire 350 000 voitures dès 2020 (270 000 en 2014). L’emplacement d’Avtotor, entre la Pologne et la Lituanie, sur la Mer Baltique, devrait lui permettre d’exporter vers l’Europe du Nord. L’objectif annoncé est de vendre au moins 20% de la production à l’étranger.

Pour faire face à la crise qui frappe actuellement le secteur (les ventes de voitures pourraient baisser de 40% en 2015), le gouvernement dépense des milliards de roubles afin de préserver les emplois, et le ministère de l’industrie subventionne l’achat par les communes de trolleybus et de tramways, ce qui permettra d’augmenter de 50% leur production par rapport à 2014. Du côté des mauvaises nouvelles, notons qu’Opel (groupe GM) cesse sa production en Russie, car elle cette production était trop peu localisée et que l’heure n’est pas aux gros investissements. Dans la foulée, le sud-coréen Ssan Yong a annoncé qu’il n’importerait plus de voitures vers la Russie jusqu’à ce que le cours du rouble remonte. Cependant, sa production de véhicules tous terrains à Vladivostok se poursuit. C’est à dire que les marques étrangères qui utilisent le plus des pièces produites localement s’en tirent le mieux, et que les importations s’effondrent. Seat, Peugeot, Dodge, Honda et Mazda ont également annoncé la fin de leurs modestes exportations vers la Russie. Selon les chiffres de janvier-février 2015, parmi les constructeurs ayant importé plus de 500 véhicules en janvier-février 2015, seules les voitures Mercedes-Benz, BMW, Lexus et Porsche ont augmenté leurs ventes. Ces marques représentent ensemble 6,3% du nombre de voitures vendues en Russie (dont une petite part assemblée en Russie), à comparer aux 34,7% du total des ventes du groupe Renault-Nissan et 11,3% du second, le groupe VW (Audi incluses). Plusieurs sites d’assemblage sont également à l’arrêt, mais ceux qui sont les plus touchés sont ceux, comme Opel, dont la production utilise le moins des pièces produites localement. Il faut donc s’attendre à ce que le poids du secteurs automobile dans la balance commerciale de la Russie s’allège de plusieurs milliards de dollars en 2015. Mercedes, qui assemble des voitures en partenariat avec AvtoGAZ, pourrait même annoncer en mai la création de son propre site d’assemblage en Russie pour satisfaire la demande.

Concernant les camions, Kamaz se montre optimiste, grâce à la baisse du cours du rouble qui devrait permettre d’augmenter sensiblement les exportations dans le monde entier. Dans l’ensemble, l’augmentation des exportations permettront de compenser une partie (de l’ordre de 10% ou 15%) de la chute du marché intérieur. Avtovaz espère par exemple presque doubler ses exportations et arriver à 100 000 voitures exportées, principalement vers le Kazakhstan. AvtoVAZ comme GAZ prévoient de commencer en 2015  à exporter vers l’Europe.

Dans le domaines des innovations, Kamaz et la société russe “Cognitive Technologies” (impliquée dans la conception du Technopôle de Skolkovo) commenceront à produire des camions sans chauffeur en 2015. Les véhicules électriques se développent doucement, principalement des voitures de golf (quelques centaines par an), et les premières motos électriques russes seront commercialisées à l’été 2015.

Tracteur Torum 740

Les voitures russes s’exportent encore très peu, et surtout en CEI. Les tracteurs Rostselmach par contre s’exportent déjà en Allemagne et au Canada (Rostselmach)

De 2007 à 2012, la part des importation de voitures et pièces de véhicules est passée de 12,0% du total des importations russes à 10,5%. Cette baisse devrait s’accélérer par l’ensemble des facteurs mentionnés : les nouvelles usines en Russie, les subventions aux constructeurs, le renforcement de la localisation de la production, et la faiblesse du rouble. Dans le même temps, les exportations de véhicules deviennent significatives, partant de 1 Md$ en 2012.

Le seul secteur des transports dans lequel la Russie restera encore longtemps importatrice est celui des trains à grande vitesse : c’est Siemens qui produit les TGV russes près de Düsseldorf. Début de progrès dans ce domaine, la production de roues de TGV a commencé en Russie en 2014. Siemens emploie environ 3000 personnes en Russie, et aura bientôt un centre d’entretien des TGV en banlieue de Saint-Pétersbourg, qui permettra d’importer des compétences dans ce domaine.

Un point sur l’Ukraine : La Russie importait encore en 2013 plus de 5000 voitures ukrainiennes par an (10% de la production). Les deux producteurs ukrainiens ont annoncé, dès les premiers mois de la crise, la fin de leur livraisons vers la Russie. Les deux producteurs ukrainiens se consacrent désormais aux véhicules militaires. Dans le domaines du transport ferroviaire, les usines russes prendront quelques dizaines de milliers d’emplois ukrainiens : en effet la Russie importait encore en 2012 2,6 milliards de dollars de matériel ferroviaire ukrainien. En revanche, la Novorossie souhaite s’intégrer à l’espace économique russe, en contribuant par son industrie au programme russe de remplacement des importations. Par exemple, une usine de matériel ferroviaire de Lougansk a partiellement déménagé près de Rostov mais passe des commande à Lougansk, tandis qu’une autre usine de la banlieue de Lougansk est en cours de réparation après sa destruction par l’armée de Kiev.

8. Hautes technologies

dima-solaire

Dmitry Medvedev tague le premier panneau solaire produit en Russie, février 2015 (Rosnano)

Le champion du secteur est Rosnano, un fond d’investissement visant à développer, en partenariat avec des entreprises privées, la production d’équipements de haute technologie en Russie, en particulier dans les domaines de l’énergie (solaire notamment), des nano-matériaux, des biotechnologies, de l’ingénierie mécanique, de l’optoélectronique. Rosnano a créé une filiale dans la Silicon Valley et en Israël pour y développer des partenariats. Parmi les projets déjà développés récemment ou en cours de production : une usine d’opto-électronique et de micro-électronique (Mapper-Lythography) à Moscou, une production de détecteurs neutroniques d’explosifs (Neutron Technologies) près de Moscou, une usine de plastiques à effet barrière (Ouralplastic, pour l’emballage alimentaire notamment) près de Iekaterinbourg, une production de panneaux photovoltaïques (Hevel) en Tchouvachie, une production de puces RFID près de Moscou, et enfin une usine de production de verre à “nano-revêtements” (meilleure isolation thermique) près de Moscou. Des projets “hi-tech” en tous genre activement soutenus par le gouvernement russe. Rosnano doit être partiellement privatisé, mais le président russe a exclu de la privatiser entièrement.

Le champion des technologies militaires, Rostec, participe également de façon soutenue aux secteur des hautes technologies civiles. On peut citer sa composante Chvabe, spécialisée dans l’opto-électronique. Parmi ses innovations des derniers mois, citons un nouveau procédé, beaucoup plus efficace et économique, de fabrication de verre au phosphate pour la production de lasers. Chvabe a également annoncé en janvier 2015 la construction à Kazan d’une ville scientifique axée sur l’optoélectronique, qui développera également une école basée sur internet pour les enfants surdoués.


Technopôle Skolkovo Présentation en anglais. Comparable à Sophia-Antipolis, mais plus moderne. C’est l’un des deux grands technopôles russes en construction, avec Innopolis en banlieue de Kazan, qui sera beaucoup plus grand. Plusieurs pôles d’innovation plus spécialisés (titane, opto-électronique) sont également en préparation ou en cours de construction.

Également porté par Rosnano, il faut signaler la cité d’innovation Skolkovo à Moscou : un nouveau pôle d’innovation, prévu pour qu’environ 25 000 personnes (comme à Sophia-Antipolis) travaillent dans différents domaines des hautes technologies. Le gouvernement russe y consacrera au moins 125 milliards de roubles, mais les investissements privés doivent aussi apporter au moins la moitié des fonds.

Dans le domaine des imprimantes 3D, la Russie a démarré avec un temps de retard : Boeing produit déjà des centaines de pièces, pour 10 avions différents, avec cette technologie. Les leaders du secteurs sont aux États-Unis, en Allemagne et en Chine. La Russie a commencé à prendre des mesures pour rattraper le retard. En février 2015, lors d’une conférence consacrée aux “additifs”[1], le vice premier-ministre Rogozine a fixé l’objectif d’avoir une production industrielle d’équipements militaires et civils dès 2020 ou 2025 au plus tard. Mais les industriels russes n’attendent pas. En février 2015, une imprimante 3D («la meilleure du monde» en terme de solidité des produits obtenus, selon la source) a été construite à Skolkovo, et sera utilisée pour la production de pièces destinées à l’industrie aérospatiale. Le moteur d’avion PD-14 en cours de développement a reçu sa première pièce imprimée en février 2015. Dans les autres domaines, parmi d’autres projets, une entreprise de Tver prépare des additifs pour l’impression de maisons. Ces additifs pourraient être disponibles dès 2016. Une équipe scientifique de Tomsk commence à préparer des «additifs» destinés aux conditions extrêmes : l’Arctique, le fond de l’Océan, l’espace (à imprimer dans la station spatiale). Les technologies d’imprimantes 3D se développent également dans le domaine médical. Cela permet déjà de produire des prothèses fonctionnelles (e.g. avec des doigts articulés) à un prix fortement réduit. Il n’y avait pas en Russie de production de prothèses fonctionnelles. Cela a changé en 2014 grâce aux imprimantes 3D, ce qui pourrait améliorer la vie de nombreux Russes handicapées qui ne peuvent obtenir des prothèses américaines trop chères.

8.1 Production micro-électronique et radio-électronique

mapper-lithography

Mapper-lithography, dans la région de Moscou, produit des équipements lithographiques (pour la production de circuits intégrés). C’est l’un des nombreux projets Rosnano qui ont abouti depuis un an.

L’électronique, ce ne sont pas que des smartphones et des consoles de jeux produits en Asie avec des technologies de lithographie 28 nm et moins. En avril 2014, un Su-24 équipé du système Khibiny a brouillé le systèmes américain Aegis, rappelant à ceux qui en doutait que la Russie avait encore quelques compétences dans le domaine. Brouiller le système Aegis des navires américains, c’est un peu les transformer en tigre sans dents ni griffes : une peluche, mais en plus cher. Le cœur de la microélectronique russe reste Zelenograd, une ville nouvelle créée en 1956 au nord de Moscou et dédiée à la microélectronique. À la chute de l’URSS, la microélectronique russe a commencé à prendre un retard technologique considérable, stagnant pendant plus de 10 ans. Le marché intérieur en cartes SIM puis en diverses cartes électroniques (cartes de transports en commun, cartes bancaires, cartes d’accès…) a permis de faire émerger les entreprises privées du secteur.

Parmi les nombreuses nouveautés concernant la production microélectronique russe depuis 2014 on peut citer :

Le groupe Mikron (Zelenograd, 3000 employés, 9,8 Md roubles de CA en 2013) a acquis, en partenariat avec STMicroelectronics, la technologie de lithographie 180 nm en 2006, puis 90 nm en 2012. Début 2014, Mikron a commencé à produire le processeur Elbrous-2SM, et a maîtrisé la technologie 65 nm. Mikron  produit également, outre des processeurs, des puces pour les appareils utilisant le système GLONASS et des puces pour adaptateurs électriques (très peu chers mais produits par millions). Elbrous est un processeur conçu par MCST (Moscou). MCST a lancé la production (à Taïwan, car la Russie n’a pas encore de “fab” 28 nm) du successeurs, l’Elbrous-8S, qui est plus puissant que l’Intel iCore 7 (250Gflops, il est possible d’en unir 4 pour faire un serveur de 1 Tflops).

Monokub de MSCT

Ordinateur Monokub, conçu et assemblé en Russie par MCST, autour d’un microprocesseur Elbrus-2SM conçu par MCST et produit en Russie par Mikron. Cet ordinateur est fourni avec l’OS russe “Elbrous” (Linux), certifié sans “backdoor”, et certifié protégé contre les accès non autorisés. Les récentes avancées russes en informatique devraient leur permettre de ne plus dépendre ni de Microsoft ni d’Intel pour leurs systèmes sensibles. Mais à part ça la Russie ne produit rien. Image MCST

La holding Électronique Russe* (ou “Rosselektronika”, partie de Rostec) est un acteur majeur des hautes technologies en Russie dans le domaine militaire comme civil. Parmi ses contributions aux hautes-technologies civiles on peut mentionner sa production d’équipements médicaux, de circuits intégrés, d’électronique quantique, d’électronique pour les biens de consommation etc. Rosselektronika a divers partenariats avec des entreprises étrangères, notamment, Alcatel-Lucent et Sumitomo.

De leur côté, Rosnano, Rostec* et T-platforms (son dernier superordinateur est le 22ème plus puissant du monde, il produit également des caisses enregistreuses) préparent le microprocesseur Baïkal, qui devrait être produit en Russie. Ce microprocesseur devrait être utilisé par les structures gouvernementales, ce qui permet de s’assurer de la sécurité des données, sans s’inquiéter d’éventuelles “backdoors” de la NSA dans les microprocesseurs américains. Les structures gouvernementales représentent un marché de 300 000 serveurs et 700 000 ordinateurs par an. Des partenaires privés tels que Depo pourraient diffuser Baïkal auprès des entreprises privées et du grand public.

Angstrem produit notamment des systèmes microélectroniques prévus pour les conditions extrêmes. Cette entreprise permet d’illustrer en quoi la politique économique russe diffère du modèle “investissements publics – bénéfices privés” à l’américaine. En effet une entreprise privée russe peut recevoir une aide du gouvernement, mais seulement en échange d’une part de l’entreprise. Lorsqu’Angstrem a eu besoin d’argent, elle a accepté un apport du gouvernement, qui possède désormais 31% d’Angstrem via Russelektronika. Au contraire, Mikron retarde son passage à la technologie 45 nm (qui était prévu pour 2014) par manque de moyens et de certitude quant au débouché, mais aussi parce que les actionnaires refusent ce que les actionnaires d’Angstrem ont accepté. En occident, on ne sait pas très bien ce que le gouvernement reçoit en échange d’aides massives aux banques ou aux marchands de canons. Quoi qu’il en soit, Angstrem s’est très nettement développé en 2014 avec un contrat de 400 M$ pour exporter des micro-circuits en Corée du Sud, et a élargi sa gamme en commençant l’utilisation de lithographie 110 nm.

Micran (1300 employés), entreprise privée de Tomsk, commence à faire parler d’elle en exportant vers l’Asie du Sud-Est différents systèmes radio-électroniques, notamment pour permettre l’installation d’internet dans des régions vallonnées en utilisant la bande UHF.

La fonderie de Krokus Nanoelektronika, issu d’un partenariat entre Rusnano et Crocus Technology (Grenoble), a commencé sa production de MRAM a  en 2014.

3-Q, qui assemble des tablettes depuis 2011lancé en janvier 2014 la tablette la plus fine du monde (6,44 mm).

Pour les besoins de l’armée, OPK* (la branche “production d’instruments” de Rostec*, 110 Md roubles de CA) a conçu une tablette très résistante, pouvant fonctionner sous l’eau, avec un OS sécurisé. Cette tablette est actuellement testé par l’armée. Et pour un public plus large, OPK a conçu la tablette Rupad, avec un OS sécurisé (ROMOS). Les deux tablettes sont assemblées en Russie.

OPK* produit également en Russie un navigateur satellite pour le système ERA-GLONASS (sur le principe «eCall» européen) : navigateur GLONASS qui appelle les secours en cas d’accidents et sert de boîte noire. À partir de 2017, toutes les nouvelles voitures vendues dans l’UÉE devront être équipée de ce système. Les principaux effets attendus d’ERA-GLONASS sont une baisse importante des accidents de la route, et la popularisation des services payants de GLONASS qui pourrait ainsi devenir rentable.

En 2014, PNPPK, une entreprise de Perm a commencé la production de circuits intégrés photoniques.

En octobre 2014 des chambres propres totalisant 7200 m² ont été créées à Moscou pour la production de semi-conducteurs et les bio-technologies.

Un laboratoire universitaire de Tomsk a créé en février 2015 une imprimante pour imprimer des écrans OLED (pour smartphones etc), et cherche un partenaire industriel pour lancer la production d’écrans en Russie.

Dans un domaine un peu différent, les robots de fabrication russe commencent à se développer. Si un robot-soldat a été présenté fin 2014, c’est peut-être un robot-sauveteur (fonctionnant en mode “avatar”) qui sera massivement utilisé en premier. Le ministère des situation d’urgence souhaite notamment les utiliser  pour les opérations de déminages et pour entrer dans les bâtiments qui menacent de s’effondrer. Ce ministère bénéficie déjà grandement des hautes technologies russes puisque la surveillance du territoire par satellite a permis de réduire fortement les conséquences des feux de forêts. Un robot-cosmonaute de fabrication russe a déjà été présenté en 2013, et le Centre Gagarine de préparation des cosmonautes a annoncé la possibilité d’envoyer prochainement un tel robot sur la Station Spatiale Internationale. Un robot canadien a déjà fait la preuve de son utilité sur la SSI.

Globalement, la production microélectronique russe est un secteur économique encore très faible, avec un chiffre d’affaire de 1000 milliards de roubles en 2013, soit environ 1% du CA mondial du secteur. Pour permettre à la Russie de développer ce secteur, le «Programme de développement de l’électronique et radioélectronique 2008-2015» prévoit 187 milliards de roubles de roubles d’investissements, dont 110 milliards du budget fédéral, pour développer de nouveaux produits électroniques de toutes sortes, à destination du grand public comme de l’armée, puis les produire à partir de 2018. 181 partenariat ont été conclus en ce sens avec des dizaines d’entreprises et d’instituts de recherche, prévoyant notamment la création de 37 parcs technologiques. En 2014, la construction de ce qui est peut-être le plus important d’entre eux, mené par KRET, a commencé à Kazan, tandis qu’un autre a commencé à travailler à Omsk. Omsk aura également un centre de recherche CISCO, comme Skolkovo, Iekaterinbourg,  et Kazan. Certaines des avancées mentionnées ci-dessus ont été rendues possibles par ce programme.

Au-delà de 2015, l’objectif est de porter le CA de la microélectronique russe à 4000 milliards de roubles en 2025, soit 1,5% ou 2% du marché mondial. suffisant pour couvrir une grande part du marché national et exporter. Cet objectif est soutenu par des aides gouvernementales qui devraient atteindre 517 milliards de roubles d’ici 2025. Cela permettra d’aider le secteur, mais un expert fait remarquer que cette somme n’est que le tiers du budget annuel de recherche de Samsung. Au-delà de ce programme d’aide prévu de longue date, la nouvelle politique de remplacement des importations, qui répond aux sanctions occidentales, contribuera à dynamiser fortement le secteur microélectronique russe. Le président de Rosselektronika affirme que la Russie est prête à produire 80% des équipements microélectroniques qui sont actuellement importés.

La production micro-électronique russe reste économiquement faible et conserve des lacunes. Mais, comme on le voit, les progrès réalisés par différentes entreprises privées ou instituts de recherches publiques, une forte volonté politique, et des partenariats internationaux importants permettent à la Russie de progresser dans ce domaine.

Finissons ce tour de la production électronique en notant que les grands importateurs d’appareils électroniques grand public se sont engagé à réaliser toutes leurs importations de façon transparente au lieu d’utiliser les techniques «grises» utilisées actuellement. Cela n’aidera pas les producteurs locaux, mais c’est un  véritable changement de paradigme dans le secteur du commerce russe, qui réduira la corruption tout en augmentant les revenus de l’État de plusieurs milliards de roubles. Les prochains secteurs visés par ce grand nettoyage sont les secteurs pharmaceutique et de la joaillerie, et la production locale de ces secteurs pourrait en profiter.

8.2 Conception d’appareils électroniques

Le Yotaphone 2, du russe Yota Devices, a un second écran de type papier électronique.

En dehors de la conception de microprocesseurs déjà mentionnée, la Russie pourrait en outre commencer à se faire une place dans le domaine des téléphones portables, avec le développement à l’international de Yota Devices qui a lancé le Yotaphone 2 (produit en Chine, comme les appareils Apple américains ou les Archos français…).  C’est un smartphone haut de gamme recommandé par Forbes, et qui devrait se vendre à plus d’un million d’exemplaires en 2015. Cela leur donnera une part de marché mondiale très modeste de 0,1% ou 0,2%, mais c’est un bon début pour une société créée en 2011. Le Yotaphone 3 est déjà en préparation.

Dans un tout autre segment de marché, la société R-Style a conçu un smartphone adapté aux besoin de la compagnie ferroviaire nationale (RJD) : pouvant être utilisé avec des gants, sous la pluie, résistant aux chocs, lecteur de cartes à puces, très grande autonomie, sécurisé, récepteur GLONASS, etc.

Les ordinateurs et serveurs conçus et assemblés par la société russe Depo sont parmi les plus vendus en Russie. Depo conçoit et assemble également des stations de travail et propose des services “cloud”. ETegro Technologies concurrence Depo avec ses serveurs également, et est également présent sur le marché des commutateurs (conception et assemblage).

 8.3 Systèmes d’exploitation, programmation

Monopole US dans le software

Pour chaque domaine informatique, proportion de logiciels américains en Russie et dans le monde. Dans le domaine du «software», les États-Unis disposent d’un quasi-monopole qui inquiètent les pays qui souhaitent être indépendant de l’Uncle Sam. Image du ministère russe des télécoms et des médias traduite par moi. (Ce sont leurs chiffres… LibreOffice est international, basé en Allemagne)

Dans le domaines des systèmes d’exploitation, le problème de la sûreté des données avait conduit le gouvernement russe, peu après les révélations de Snowden, à demander à tous les fonctionnaires de ne plus acheter de produits Apple et de leur préférer leurs équivalents Samsung (OS américain mais «ouvert», donc moins suspect d’espionner pour le compte de l’Oncle Sam). Dès le lancement de la guerre économique par les États-Unis, le ministère russe des télécoms et des médias a commencé à chercher des moyens de favoriser les grandes entreprises russes du secteur (Diasoft, LANIT, IBS, Prognoz…). Début 2015, 6 axes d’importance critique ont été cernés et seront soutenus par le gouvernement : OS clients, OS serveurs et moyens de virtualisation, systèmes de gestion de bases de données, bureautique pour le travail collectif, programmes d’ingénierie et de modélisation mathématique, systèmes de géo-information. Ce nouveau domaine de la politique économique russe est encore en cours d’élaboration, mais quelques points commencent à avancer. D’abord, concernant les OS, dès l’été 2014 Rossatom et RJD ont commencer à créer le système d’exploitation Sinergia, basé sur Linux, qui leur permettra de ne pas utiliser Windows pour contrôler les systèmes informatiques les plus sensibles : centrales nucléaires, gestion des trains. L’armée russe et le FSB utilisent déjà au moins depuis 2002 des systèmes d’exploitations sûr, tels qu’Astra-Linux (disponible au grand public, basé sur Debian et certifié pour les systèmes traitant des documents top-secret) et le MSVS développé par VNIINS pour l’armée. Ceci est une approche diamétralement opposée à celle de la France, qui installe Windows sur tous les ordinateurs, donc presque directement de transmettre toutes les information militaires à l’Oncle Sam. On peut appeler ça de la haute trahison, mais quand le commandant en chef de l’armée française est un “Young Leader” de la Fondation franco-américaine, il est bien normal que l’armée française serve les intérêts américains. D’ailleurs ceux qui font carrière dans l’armée française doivent s’en réjouir.

D’autre part, 3 milliards de roubles serviront à subventionner la migration de nombreux systèmes informatiques gouvernementaux vers des systèmes libres. La migration des systèmes de gestion de bases de données vers PostgreSQL est jugée prioritaire. Cet effort destiné à ne plus dépendre de systèmes propriétaire américains (qui ont par exemple la possibilité à tout moment de rompre leur contrat de service) est un effort colossal qui pourra prendre 5 ans. Notons que le ministre des télécoms et des médias, Nikolaï Nikiforov, connaît bien le sujet : c’est un spécialiste de bases de données.

Le SMEV, immense système de base de données qui gère les services aux personnes et aux organisations (qui permet par exemple aux personnes  de ne pas avoir à présenter à un organisme de l’État des documents qui sont déjà dans la base de données car entrés dans le SMEV par un autre organisme), a déjà migré sur PostgreSQL, et la Poste de Russie est en cours de migration. Nikiforov soutient l’interdiction pour les organes de l’État d’acheter des programmes propriétaires étrangers si des programmes libres peuvent être utilisés à la place.

Parallèlement à cet effort, la Russie a adopté une loi qui favorisera la croissances des entreprises du secteurs. D’une part les entreprises de 7 à 29 employés disposeront d’une réduction d’impôt qui était jusque là réservée aux entreprises de 30 employés et plus, et d’autres part les spécialistes étrangers qualifiés (salaire annuel d’un million de rouble minimum) bénéficieront de procédure d’immigration simplifiée. L’objectif est d’attirer jusqu’à 1000 programmeurs et autres spécialistes qualifiés par an.

Les deux leaders du marché russe de l’informatique dans son ensemble sont les holdings LANIT et NKK (CA total de 216 Md roubles en 2013). Elles sont toutes les deux impliquées dans divers domaines : conception et assemblage de de matériel informatique, cloud, formation, outsourcing, programmation, progiciels… 21 autres sociétés ou holding ont eu en 2013 un CA supérieur à 10 milliards de roubles (~comme OVH). Le chiffre d’affaire des entreprises russes du secteur informatique dans son ensemble est d’un peu plus de 1000 milliards de roubles, un peu plus que le CA du secteur en France (22,2 Md€, mais cela compte l’activité des entreprises étrangères, IBM en tête avec 2,5 Md€).

Les entreprises russes réalisent dans l’ensemble moins de ventes de services IT à l’étranger que les géants français du secteur (Atos et Capgemini) qui réalisent environ 80% de leur CA à l’étranger. Cependant, il s’agit en grande partie d’exportations par les bureaux russes des entreprises russes (donc contribuant totalement à l’économie russe), alors que côté français il s’agit essentiellement de travail réalisé dans des bureaux hors de France. La Russie est exportatrice nette de ces services (surtout programmation) depuis déjà 2007. En 2009 les entreprises russes exportaient déjà 1400 M$ en 2009 (72% de programmation), et 5100 M$ en 2013 (58% de programmation). En 2011, la Russie était déjà à la 20ème place au classement des pays exportateurs de services IT, devant l’Allemagne et loin devant la France, et pourrait donc continuer de progresser et éventuellement passer en 2015 devant les États-Unis (si ce n’est pas déjà fait en 2014) grâce à la faiblesse du cours du rouble. Selon Global Services, 6 des 100 meilleures entreprises dans le domaine de l’outsourcing IT étaient russes en 2013. En dehors du domaine de l’outsourcing, une autre entreprise russe du secteur IT a particulièrement réussi à l’international : le Laboratoire Kaspersky, spécialisé dans la sécurité informatique, a aujourd’hui plus de 3000 employés et des clients dans le monde entier.

8.4 Sites et services sur internet

VK

Page d’accueil de VK, le plus grand réseau social européen. Toute ressemblance esthétique avec un autre réseau social n’est pas forcément fortuite.

Dans le domaine des services sur internet, la Russie n’a rien à envier aux pays européens : Parmi les 100 sites internet les plus visités au monde (selon Alexa) on trouve VK (réseau social), mail.ru (email, blogging, et possède VK) et Yandex (moteur de recherche). Pour comparaison, le seul site français de cette liste est Dailymotion, qui devance largement le russe rutube.com.

Parmi les autres entreprises russes du secteur, mentionnons Rambler&Co, qui possède le portail Rambler, la célèbre plate-forme de blogs LiveJournal, des sites d’information et d’autres sites connus en Russie. Notons que les autorités antitrusts russes s’étaient opposé en 2008 à l’achat par Google de la branche de Rambler consacrée aux publicités contextuelles, ce qui explique que Google ne domine pas le marché russe comme il domine certains marchés européens. Mais que pourrait-on attendre d’un gouvernement incapable de préserver une entreprise aussi importante qu’Alstom contre l’hégémonie américaine ?

Dans le domaine des services sur internet,le grand projet “Russie Électronique” devrait contribuer à l’économie russe de façon significative en rendant l’administration plus efficace. Le portail des services de l’État (gosuslugi.ru) a été profondément modernisé en 2014. Ce portail permet aux citoyens d’accéder en ligne à tous les services de l’État, telle que déclarations d’impôts, aides sociales, prises de rendez-vous à l’hôpital, changement de passeport, paiement d’amendes, enregistrement de véhicules ou de société etc. Ce portail, une fois son utilisation entrée dans les mœurs, devrait simplifier les procédures administratives et donc avoir un impact économique non négligeable. Dans ce domaine, la Russie n’a donc plus beaucoup à envier aux pays européens, puisque les Russes disposent aussi d’une Carte Électronique Universelle (qui est une carte d’identité, “Carte Vitale”, permet de payer ses amendes, recevoir son salaire, faire des achats sur internet, signer électroniquement, etc). Autre élément de Russie Électronique, le service d’information sur le logement (GIS-JKX) est actuellement en cours de construction. En plus de fournir de nombreuses information concernant le logement et tous les services liés au logement, le GIS-JKX offrira des services comme la possibilité de voter en ligne aux réunions de co-propriétaires. La qualité des services de “Russie Électronique” a largement contribué (avec les simplifications administratives) à la très nette progression de la Russie au classement “Doing Business” dressé par la Banque Mondiale (pas soupçonnée de biais poutinophile). La Russie est en effet à la 62ème place (juste derrière l’Italie) au dernier classement, partant de la 112ème place il y a 2 ans.

8.5 Infrastructure télécoms

Concernant l’infrastructure, la Russie dépend bien sûr de compagnies étrangères, comme CISCO. Mais CISCO produit en Russie, et a augmenté cette production fin 2014 avec le lancement de la production de nouveaux routeurs. Rosnano contribue également à ce secteur avec notamment un partenariat pour la construction d’une usine d’équipement pour serveurs informatiques (Aquantia) à Saint-Pétersbourg. Concernant le secteur des “data centers“, leur surface totale en Russie devrait atteindre cette année les 100 000 m², avec un chiffre d’affaire de 26 milliards de roubles en 2013 (le double d’OVH). Ça ne fait pas de la Russie un leader du secteur, mais la croissance reste forte (+36,5% en terme de surface utilisée en 2014) dans ce domaine. En juillet 2014, une loi a été passé pour obliger toutes les entreprises détenant des informations sur les citoyens russes à n’utiliser à partir de septembre 2016 que des bases de données se situant sur le territoire russe. Google, Facebook, Twitter, Instagram, eBay et d’autres ont donc besoin de construire d’ici 2016 d’énormes «data centers» en Russie, ce qui évidemment dynamisera fortement ce secteur.

Dans le cadre du programme de remplacement des importations, 2,7 milliards de roubles sont investis pour créer le premier site de production de fibre optique en Russie (à Saransk). Dès 2017, toute la fibre optique russe sera produite en Russie., et l’utilisation de fibre optique produite en dehors de l’UÉE sera interdite. En 2014, un grand plan de développement de la fibre optique a été préparé : 163 milliards de roubles seront investis pour déployer 200 000 km de fibres optiques, connecter 13 600 villages, toutes les écoles, les bibliothèques et les hôpitaux du pays. Les autorités espèrent que ce développement apportera 1,5% de croissance du PIB.

9. Industrie textile

secteur textile en Russie

Le secteur textile russe est gravement en crise depuis la fin de l’URSS. Chiffres de GKS, graphe de moi.

L’industrie textile russe a été presque anéantie à la chute de l’URSS, et est totalement submergée par les importations. En 2012, la Russie a importé pour 20,5 milliards de dollars de textiles, chaussures et chapeaux, à comparer à un chiffre d’affaire de seulement 6 milliards de dollars en 2013 pour l’ensemble de l’industrie textile russe (et moins de 900 M$ d’exportation). On note tout de même une croissance moyenne de 10% par an environ dans les dernières années. Les entreprises qui ont survécu se sont modernisées et sont nettement plus productives qu’elles n’étaient il y a 10 ans. Quelques usines ont été ouvertes depuis un an ou sont en construction, dont au moins 3 prévues pour environ 1000 employés, à Tcherkessk, en Ingouchetie, et dans la région de Ryazan. On  assiste donc à un début de renaissance de l’industrie textile russe.

Usine de tissu de Volgograd

Usine de tissus de Volgograd. Le “cluster” textile de Volgograd a reçu 5 milliards de roubles d’investissements.

Cette renaissance du secteur est depuis quelques mois fortement aidée par la baisse du cours du rouble, qui rend les vêtements importés comparativement plus cher que les vêtements produits en Russie : en janvier 2015, les importation de produits textiles et chaussures ont baissé de 39%, et des marques étrangères ont quitté la Russie tandis que d’autres (Adidas, Reebok…) ont conclu des accords pour faire produire certains vêtements en Russie.

La région d’Ivanovo est le cœur historique de l’industrie textile russe et reste actuellement une des régions les plus pauvres de Russie du fait de l’effondrement de l’industrie qui avait fait sa richesse. 40% de son industrie est dans le secteur textile, c’est beaucoup plus que n’importe quelle autre région de Russie. Un grand projet conçu depuis 2007 devrait enfin s’y mettre en place au troisième trimestre de 2015 : la construction d’une usine de fibres de PETF, d’une capacité de 180 000 tonnes par an, dont 50 000 tonnes par an seront utilisés par des entreprises locales pour la production de vêtement et autres textiles, ce qui permettra la création de milliers d’emplois dans des entreprises textiles de très grande productivité. Ce projet de 20 milliards de roubles bénéficie d’une aide massive du gouvernement, tant pour la production de PETF que pour les usines textiles locales qui devront l’utiliser. Ainsi, l’industrie textile d’Ivanovo pourrait redevenir prospère vers 2020. D’ici là, les entreprises textiles existantes profiteront du faible cours du roubles pour prendre des parts de marché et continuer leur modernisation.

La croissance du secteur a le potentiel de créer des centaines de milliers d’emplois, notamment en ramenant des emplois à des villes qui ont perdu leur principale industrie (e.g. fermeture d’une mine), mais pour parvenir à des résultats significatifs, la Russie aura besoin d’investissements étrangers tels qu’elle en en a obtenu pour dynamiser son industrie automobile. À suivre…

10. Pharmacie – équipement médical

La Russie est un énorme importateur de médicaments (notamment français et allemands) et de matériel médical : 10,9 Md$ de médicaments emballés, et 2,95 Md$ de matériel médical, en 2012, contre moins de 500 M$ d’exportations pour les deux catégories ensemble. Le ministère de la santé a préparé un plan pour remplacer les importations de médicaments contre le cancer. Concernant le secteur des médicaments dans leur ensemble, la Russie réduira sa dépendance aux fournisseurs français, allemands, belges et autres européens qui dominent très largement le marché russe (Cf. partie 4/5). Rusnano déjà mentionné ci-dessus est également impliqué dans le secteur des médicaments. Parmi les projets récemment réalisé ou en cours de construction, on peut citer une usine de médicaments (Farmsintez) à Saint-Pétersbourg, une usine de vaccins (Selecta) près de Moscou et une production de médicaments à bases de composites biodégradables (Biosyntez). Rostec de son côté participe à la production de matériel médical, notamment avec Chvabe qui, en dehors de sa branche opto-électronique, a une branche consacré au matériel de médecine néo-natale (incubateurs, appareils de respiration artificielle…).

Technopôle pharmaco-médical de Novo-ouralsk

Le nouveau technopôle de Novo-ouralsk doit aider la Russie a moins dépendre des importations pour les produits pharmaceutiques et les équipements médicaux.

En dehors de Rusnano et Rostec, de nombreuses entreprises privés, généralement étrangères, investissent massivement en Russie. Depuis mars 2014 au moins 9 sites de production de produits pharmaceutiques et d’équipement médical ont ouvert, en plus de l’inauguration du technopôle de Novo-ouralsk. Ce technopôle contient 25 000 m² de bâtiments destinés à ce secteur, et 5 entreprises y sont déjà installées. On assiste donc à une rapide modernisation de l’industrie médicale russe, soutenue par des investissements étrangers massif et une volonté politique ferme. Cette modernisation permettra de réduire significativement le poids du secteur dans la balance commerciale russe.

11. Production de machines

Difficile de faire le tour d’un secteur aussi vaste. Je ne donne que quelques éléments clés, en commençant avec les machines-outils : un consortium, “Stankoprom”, a été formé sur le modèle d’OAK, OSK et ODK, en plus modeste (9000 employés), afin d’améliorer la compétitivité des producteurs de machines-outils appartenant à l’État. Un producteur de Rostov, MTE Kovosvit MAS, réalise des investissements important qui lui permettront de de tripler sa production en 2015. En mai 2014, Takisawa a lancé sa production de machines-outils en Russie, suivie le mois suivant par l’usine d’une joint-venture entre Siemens et Mori qui produira jusqu’à 1000 machines-outils par an. On voit ainsi que dans ce domaine aussi les investissements étrangers permettent à la Russie de combler son retard et de réduire rapidement ses besoins en importations.

SGT5-4000F

Turbine SGT5-4000F. 295 MW de qualité allemande, désormais produite à Saint-Pétersbourg. Image Siemens.

Du côté des turbines, la Russie avaient beaucoup de lacunes sur les leaders du secteurs que sont GE, Alstom, Siemens et Mitsubishi. Ces lacunes sont en train d’être comblées. En octobre 2014 un partenariat entre ODK et GE a lancé la production de turbines de 77 MW à Yaroslavl. Cette production devrait permettre à la Russie de devenir autosuffisante en turbines de puissance moyenne. En banlieue de Saint-Pétersbourg, l’usine de Silovye Machiny (17 000 employés, des turbines exportées dans le monde entier) produira des turbines de 172 MW et 295 MW, en partenariat avec Siemens, dès 2015. Ces nouveaux sites de productions, qui apportent de nouvelles technologies en Russie et 650 emplois qualifiés, réduisent très sensiblement le besoin en turbines importées. Dans le même temps, afin de garantir la confidentialité des données sur les entreprises russes, une nouvelle loi oblige le «monitoring» des turbines à se faire uniquement en Russie. Or le «monitoring» est une activité qui représente un CA aussi important que la construction des turbines. Ceci obligera les grandes entreprises du secteurs à importer en Russie des centaines d’emplois très qualifiés, et des compétences utiles à l’industrie russe.

Concernant les excavatrices et les gros engins de constructions, les grandes compagnies étrangères dominent largement le marché russe, mais quelques unes des principales ont commencé depuis quelques années à produire en Russie (Caterpillar, Komatsu, Volvo). Hitachi a également lancé sa production en Russie en juin 2014, avec l’objectif de n’utiliser à l’avenir que des pièces produites en Russie. Ainsi, avec quelques années de retard, ce secteur suit le même mouvement que la production automobile, les importations vont progressivement diminuer dans ce secteur. De plus, en février 2015 le gouvernement a interdit l’importation de 54 types de véhicules par toutes les structures gouvernementales ou communales, ce qui aidera grandement les producteurs russes et UÉE d’excavatrices, bulldozers, camion-citernes, camions-grues, ambulances, camions de pompiers, tramways, tracteurs, autobus etc. La Biélorussie profitere également de cette mesure à travers notamment ses célèbres tracteurs.

13. BTP

La production de ciment a plus que doublé depuis 1998 mais n’est toujours pas revenue à son niveau de 1991. Le niveau actuel est supérieur à celui de l’Allemagne et l’Italie (les leaders européens) réunis.

Quand le bâtiment va, tout va, dit-on. Parmi d’autres exemples : des stations de métros sont en construction dans 4 villes, le célèbre théâtre Mariinsky a une deuxième scène, un nouveau terminal est en construction dans les aéroports de Poulkovo (Saint-Pétersbourg), Vnoukovo et Cheremetyevo (Moscou), et un grand programme de construction de piscines publiques suit son cours. En 2014, 81 millions de m² de logements ont été construits en Russie, ce qui constitue un record historique.

En moyenne 2 ou 3 nouvelles usines dédiées au secteur de la construction ouvrent chaque mois. Parmi les plus importantes, on peut mentionner que deux nouvelles usines de ciment qui produiront chacune 2 millions de tonnes par an fonctionnent depuis mai 2014, et que la 8ème usine russe de Saint-Gobain, une usine de mélanges à base de ciment, a récemment ouvert. Le secteur de la construction n’est pas totalement étranger au hautes technologies, avec par exemple l’inauguration du complexe de construction Grad, créé en partenariat entre le groupe de construction Morton et Rosnano, et qui rassemble différentes solutions de haute technologie pour permettre de projeter et construire 450 000 m² d’appartements par an. Ce projet utilise plusieurs produits de Rosnano, dont un verre à nano-revêtement qui permet une meilleure isolation thermique que les doubles vitrages.

La Russie profite dans le domaine de la construction d’une série d’événements sportifs internationaux : Les Universiades de 2013 à Kazan, puis les JO d’hiver à Sotchi, et enfin les championnats du Monde de football de 2018 qui auront lieu dans 11 villes russes, de Kaliningrad à Iekaterinbourg, et pour lequel des stades sont en construction ou en rénovation. Dans le domaine des transports, la Russie a besoin de développer son infrastructure, et des ponts, des routes et des chemins de fer sont en construction dans tout le pays. La Russie a besoin d’investisseurs privés pour développer ces chantiers, en particuliers les aéroports.

Pont Russe reliant Vladivostok à l'île Russe
Pont Russe reliant Vladivostok à l’île Russe, à travers le Bosphore oriental. C’est le plus long pont à haubans du monde, et l’un des trois grands ponts inaugurés à Vladivostok en août 2012. (photo wiki, haubans par Freyssinet, cocorico).

Parmi les projets récents de construction, il faut citer le pont vers l’île Roussky (île Russe), au large de Vladivostok, achevé en 2012. De nombreux médias russes d’oppositions raillaient ce projet très coûteux, en disant qu’il s’agissait d’un pont vers nulle-part, un exemple flagrant d’argent public gaspillé, puisque l’île Roussky n’était alors pratiquement pas habitée. Il est vrai qu’il faut réfléchir 2 secondes pour comprendre que l’île Roussky était peu habitée parce qu’il n’y avait pas de pont. Depuis l’ouverture du plus long pont à haubans du monde, elle se développe à grande vitesse, ce qui donne à Vladivostok un nouvel espace à urbaniser, dont la ville avait besoin pour se développer. Un grand campus universitaire est en construction, incluant un centre hospitalier très moderne, et une zone touristique est envisagée. En même temps que le Pont Russe s’est construit le “Pont d’Or”, qui traverse la Corne d’Or, baie qui coupe Vladivostok en deux parties. Un troisième pont, le pont traversant la Baie de l’Amour (ne pas confondre avec l’embouchure du fleuve Amour qui est à environ 1300 km plus au nord), de 5330 m, a comme les 2 précédents été inauguré en août 2012, juste à temps pour le sommet de l’APEC qui s’est tenu à Vladivostok. Si Saint-Pétersbourg est la Fenêtre sur l’Europe voulue par Pierre le Grand au siècle de l’Europe, le développement actuel de Vladivostok en fait la Fenêtre sur l’Asie voulue par Vladimir Poutine, au siècle de l’Asie.

Au-delà de Vladivostok, c’est tout l’Extrême-Orient russe qui a terriblement besoin d’investissement pour développer son infrastructure et attirer des Russes. La région fait 6,17 millions de km² pour 6,2 millions d’habitants, dont la moitié sont répartis dans moins de 20 villes. Il faut développer les aéroports, les ports, les voies de chemins de fers etc pour commencer à exploiter le potentiel économique de la région. La Russie a 20% du potentiel forestier mondial mais seulement 5% de l’industrie forestière, cela ne pourra pas s’améliorer sans améliorer la capacité à transporter ce bois (même chose pour les céréales). Un grand plan d’investissements pour l’Extrême-Orient a été annoncé. et 40 000 emplois industriels seront créé en Extrême-Orient, avec des investissements dans l’industrie chimique déjà mentionnés ci-dessus, mais aussi l’industrie pétrolière, la construction et modernisation d’infrastructure, l’industrie automobile, avec des investissements privés pouvant atteindre 50 milliards d’euros. Des incitations à s’installer en Extrême-Orient commencent à se mettre en place pour y développer l’agriculture et l’industrie forestière.

À l’autre bout de la Russie, la Crimée a été pratiquement laissée à l’abandon pendant 23 ans, et est donc terriblement en retard du point de vue de son infrastructure. Il y a donc énormément à faire dans cette région. Un pont est prévu pour relier la Crimée au reste de la Russie en traversant le détroit de Kertch, et de nombreux autres projets sont en cours pour moderniser la péninsule. Le plus urgent concerne la dépendance de la Crimée envers l’Ukraine pour son approvisionnement en eau (toute l’eau d’irrigation) et en électricité (80%), et c’est une situation très périlleuse, puisque l’Ukraine n’hésite pas à fermer ces approvisionnements. La situation des Criméens est encore compliquée par le blocus économique de l’Empire du Bien. Par exemple, la Crimée aurait besoin de 5 turbines pour sa production d’électricité, mais les principaux producteurs sont GE, Siemens et Alstom. Une solution partielle a été trouvée avec une turbine de 230 MW en stock au Tartastan, et le reste viendra par des câbles sous-marins à travers le détroit de Kertch, et qui seront posés en 2016. Le pont routier et ferroviaire, qui coûtera des milliards d’euros, viendra plus tard. La situation très difficile de la Crimée explique que son développement soit prioritaire et force à retarder d’autres projets, dont le fameux pont sur la Lena dont la Yakoutie aurait tant besoin pour se développer. Le gouvernement devrait dépenser 655 milliards de roubles pour développer la Crimée (République de Crimée et Sévastopol).

L’autre région qui a besoin de nouvelles infrastructures est le grand Nord russe. Les compagnies pétrolières nationales ont reçu le droit d’exploiter 2 zones de la mer de Barents. Des ports sont en cours de rénovation pour anticiper la croissance du trafic maritime sur la route du Nord-Est, qui est facilitée par le réchauffement climatique. Une base militaire permanente sera rétablie dans l’Arctique (archipel de Nouvelle-Sibérie).

Les autorités souhaitent favoriser l’utilisation de matériels et matériaux russes dans les grands projets, et un plan a été dressé pour limiter de 60% la part de l’équipement étranger pour les constructions en cours pour le Championnat du Monde 2018, et de 90% la part de métal étranger.

14. Secteur financier

Développement du crédit en Russie

Développement du crédit en Russie : crédits et dépôts en Russie en milliards de roubles à la fin de l’année, corrigés pour l’inflation (référence 2013). Chiffres de GKS, calcul et graphe de moi. L’argent, c’est des dettes : plus il y a de dettes, plus il y a d’argent. On constate qu’en 1998, il y avait en Russie plus de dollars que de roubles.

Le secteur financier en Russie est notoirement sous-développé. La Russie ne compte que deux banques, Sberbank* et VTB*, parmi la liste des 100 plus grandes banques du monde par actifs (la Belgique et le Brésil par exemple en ont 3 chacun). Les autres banques russes importantes sont Gazprombank*, Rosselkhozbank*, et Vneshekonombank*, toutes attaquées à la fois par les É-U et par leurs vassaux européens et japonais. Comme l’indique la progression des emplois dans le secteur financier depuis 15 ans, il y a beaucoup de progrès, mais la place financière de Moscou reste très petite. La plupart des grandes entreprises russes sont cotées à Londres ou New-York. Il y a peut-être un aspect positif de ce problème, en ce que le secteur financier russe a peut-être, du fait même de sa faiblesse, moins de pouvoir qu’en occident où les hommes politiques sont souvent des larbins aux services des grands banquiers, qui gagnent même lorsqu’ils perdent (Cf. «Bailout»).

Notons que les médias occidentaux ont été forcé d’admettre la très grande adresse des financiers du gouvernement russe, qui maintiennent les finances de la Russie à un bon niveau dans une situation extrêmement compliquée. Je rappelle pour le plaisir que la très compétente présidente de la banque centrale russe, Elvira Nabioullina, est une Bachkire : en Russie cette remarque n’a à peu près aucun intérêt tellement le fait est banal (sauf qu’on se doute bien que les Bachkirs doivent être fiers d’elles, comme les Touvains sont à juste titre fiers de Choïgou), mais on attend encore de voir un Cherokee à la présidence de la Fed  (mais bon je dis ça je dis rien, c’est la Russie qui reçoit des leçons de démocratie et tout ça de l’Oncle Sam…). Et le ministre russes de l’économie Alekseï Oulyoukaev est un docteur de l’université de Grenoble, comme quoi la France forme des personnes extrêmement compétentes, faut juste pas prendre ceux qui sont allé à l’ÉNA après avoir fait d’excellentes études.

La Russie a un énorme besoin d’investissements étrangers. Elle était jusqu’en 2013 l’un des pays du monde recevant le plus d’investissements étrangers , derrière le Brésil mais devant l’Allemagne. C’est aussi un axe important de la guerre économique contre la Russie. Nous verrons dans les parties suivantes si la Russie a réussi a retenir quelques investisseurs.

14.1 Dédollarisation

La banque centrale russe est face à  des défis considérables.

La Banque Centrale de Russie est face à des défis considérables.

Ce point mériterait un article à lui seul. En réalité, des livres entiers seront consacrés à ce sujet. La fin du dollar-roi signifie la fin de l’Empire du Bien et marquera le départ d’un monde multipolaire, c’est à dire où aucun pays ne peut “tordre le bras” de ceux qui n’agissent pas selon sa volonté. En Russie, le projet de dédollariser la Russie a été émis par Sergueï Glazyev avant le début de la crise. Il paraissait excessivement ambitieux, voire absurde, tant l’économie mondiale, en particulier dans le secteur énergétique, dépend du dollar, y compris en Russie. Il s’agit d’un projet à long terme qui pourrait à terme considérablement affaiblir l’influence des États-Unis. En effet, les États-Unis contrôlant actuellement la monnaie mondiale, ils peuvent décider qui a le droit de l’utiliser ou non. L’Iran et Cuba refusant de se soumettre à l’hégémonie mondiale, ces deux pays ont subit l’utilisation de l’arme géopolitique de l’interdiction du dollar. Le dollar est encore utilisé y compris dans le commerce intérieur russe, par exemple pour les achats d’avions ou l’achat de gaz ou de pétrole entre les société. Cette situation anormale est en train de prendre fin, ce qui permet de commencer à réduire la dépendance russe au dollar. On parle par exemple de traduire les contrats de leasing pour les SSJ-100 de dollars en roubles, mais aussi de vendre du gaz et du pétrole en roubles sur le marché intérieur. La dédollarisation de l’économie russe part donc de très loin, mais elle est en marche :

Un système de paiements parallèle à SWIFT a été mis en place en février 2015 pour atténuer les conséquences économiques que subirait la Russie si elle était déconnectée de SWIFT, comme les États-Unis avaient menacé de le faire. SWIFT est basée en Belgique, mais on sait que les États-Unis sont capable d’exercer beaucoup de pressions sur l’Europe. Ce système russe de paiement était prévu depuis longtemps, mais c’est grâce à la guerre économique voulue par les États-Unis que ce système longtemps au point mort a enfin pu aboutir.

En 2014, le gouvernement russe a massivement vendu ses bons du trésor américain, et a au contraire acheté des tonnes d’or.

Le Système National des Cartes de Paiement (NSPK) immunise la Russie contre toute nouvelle décision illégale de VISA /Mastercard de bloquer les cartes de leurs clients russes.

La banque de développement des BRICS se met en place, avec une loi votée à la Douma en février 2015, et sera le grand projet de la Russie dans le cadre de sa présidence des BRICS. La banque asiatique d’investissement menée par la Chine a été rejointe par le Royaume-Uni, puis par la France, l’Italie et l’Allemagne, au grand dam de l’oncle Sam qui vois d’un mauvais œil un projet international important qu’il ne contrôle pas et porte atteinte à son leadership en matière financière. Une agence de notation commune aux BRICS se met également en place afin de limiter le rôle des agences américaines. Ces deux points contribuent également à réduire la dépendance des BRICS à la finance américaine. Les agences américaines de notations sont en effet un instrument politique, comme on peut le constater avec la note très basse de la Russie qui a pourtant un endettement très faible et est parfaitement solvable. La Russie a en revanche la meilleure note donnée par l’agence chinoise Dagong.

Conclusion

J’espère que ce tour de l’économie russe et de ses développements récents, bien qu’incomplet (de nombreux secteurs d’activités ne sont pas mentionnés, de l’agro-alimentaire au tourisme, il a bien fallu faire des choix) suffit pour comprendre que l’économie russe est diversifiée et a de quoi faire face à la guerre économique lancée par Washington.

L’Europe s’enfonce dans la crise, et dans la vassalité par rapport à Washington en continuant le cercle stupide de sanctions illégales (puisque non voté au conseil de sécurité de l’ONU, la Russie s’est adressée à l’OMC à ce sujet) contre la Russie. Les sanctions posent des difficultés à l’économie russes, et de nombreux programmes industriels russes sont retardés par l’arrêt de la coopération d’entreprises européennes. Mais ces problèmes forcent la Russie à augmenter la part de la production nationale dans les équipements stratégiques, et à chercher des partenaires fiables en Asie et ailleurs pour obtenir ce qu’elle ne produit pas.

Une conséquence des mesures illégales lancées contre la Russie est que cela semble suspendre toutes les règles de commerce internationale régies par l’OMC. En effet l’OMC interdit de favoriser la production nationale. La Russie profite à fond de cette situation comme l’illustrent plusieurs mesures récentes évoquées ici.

Cette guerre économique est donc pour la Russie l’occasion rêvée de renforcer son industrie en prenant des mesures qui n’auraient été acceptées ni par la “Communauté internationale”, ni par la population, si l’Empire du Bien n’avait pas ouvertement cherché à la ruiner. En effet ces mesures retardent une très grande quantité de projet, complique la tâche des industriel, et auront des effets négatifs sur l’économie pendant un an ou deux. Mais le résultats de telles mesures sera un renforcement très important de la compétitivité de l’industrie russe. La recette n’est pas nouvelle : L’Empereur Aleksandr II avait décrété dans les années 1870 qu’il fallait produire en Russie toutes les locomotives, au lieu de les importer d’Allemagne. Le résultat se fait encore sentir aujourd’hui, avec l’importance de ce secteur dans l’économie russe.

Il y a tout de même un bémol : la Russie ne pourra pas mener la modernisation de son économie avec ses seuls moyens. La tâches est immense, les besoins financiers colossaux, et des investissements étrangers sont indispensables dans les prochaines années comme il l’ont été dans la décennie écoulée. D’où les énormes efforts diplomatiques américains pour isoler la Russie. S’ils parviennent à faire de la Russie un paria sur la scène internationale, la Russie pourrait ne plus avoir assez de partenaires pour mener à bien la suite de son programme de modernisation, et la crise sera beaucoup plus profonde qu’un tunnel de 2 ans menant à une économie beaucoup plus forte. Nous verrons dans la suite si les Américains ont réussi à isoler la Russie autant qu’il le souhaitent.

Notes:

1. Dans le domaine des technologies d’impression 3D, on appelle “additif” tous les matériaux utilisés comme matière première : l’impression 3D forme des objets par addition de matière, au contraire des techniques traditionnelles (usinage etc.) qui fonctionnent par soustraction de matière. Retour au texte

L’auteur : je suis un citoyen franco-américain, polyglotte, traducteur et consultant export. Vous pouvez me contacter ici, (surtout si vous voulez une traduction ou de l’aide pour entrer sur le marché russe. La Russie n’est pas encore complètement fermée, loin de là).

Source: http://www.les-crises.fr/l-isolement-de-la-russie-3-la-russie-ne-produit-rien/


[Reprises] Je suis secouriste, pas terroriste !

Friday 17 April 2015 at 02:33

Un secouriste belge suspecté de “terrorisme” après s’être porté volontaire au sein de la Croix Rouge pour participer à des matches de foot.

Source : Oumma.com, 02/02/2015

Abdelrahim a vu débouler la police chez lui un dimanche matin

Abdelrahim a vu débouler la police chez lui un dimanche matin

En ces temps où l’agitation est extrême, les esprits en surchauffe, et le délire à son paroxysme, il est des vocations, nées pendant l’enfance, qu’il ne fait pas bon réaliser à l’âge adulte, quand un nom à consonance maghrébine suffit à contrarier un rêve de carrière plein de noblesse, et pire encore, à rendre suspect celui qui était en passe de le toucher du doigt…

Telle est l’affligeante réalité qui a fait brutalement descendre de son petit nuage, et sans palier de décompression, Abdelrahim, un jeune belge de 29 ans, au demeurant fort méritant et honorable, dont l’aspiration à devenir ambulancier a donné lieu à une descente de police à son domicile, le figeant sur place en brisant net ses illusions de petit garçon.

Dans la Belgique de 2015, l’incroyable affolement des forces de l’ordre – aisément transposable dans notre douce France d’aujourd’hui… – , autour de ce secouriste breveté de la localité d’Ans, au seul motif qu’il souhaitait intégrer la Croix Rouge comme volontaire, n’augure rien de bon en ce début d’année hystérisée, où la répression policière frappe aveuglément dans une société en proie à la déraison et la délation.

“Les policiers ont frappé à ma porte, ils étaient armés. Je suis sorti de ma chambre, j’ai été braqué. Je me suis mis à genoux et j’ai levé les mains en l’air. J’étais sous le choc, je n’avais jamais vu ça ! Je vis la stigmatisation depuis mon enfance. Mais je ne m’attendais pas à ça…”, a-t-il relaté aux médias locaux, en précisant que la raison de cet ahurissant déploiement policier est à trouver du côté de la Croix Rouge.

“En octobre, j’ai passé le BEPS. J’ai enchaîné avec le brevet de secouriste en novembre. J’ai réussi avec 82 %. Vous savez, je m’investis beaucoup dans cette formation. Ambulancier, c’est un objectif que j’ai à l’esprit depuis plusieurs années. Je savais qu’il me restait la formation TMS (Transport Médico-Sanitaire) pour y parvenir. J’ai donc pris rendez-vous avec une dame de la Croix Rouge avec qui je devais avoir un entretien”, a-t-il poursuivi, en indiquant qu’il s’était porté tout naturellement volontaire pour participer à des matches de foot caritatifs, en grand amateur du ballon rond qu’il est.

Bien mal lui en a pris, puisque cette démarche spontanée, et animée des meilleures intentions du monde, a éveillé la suspicion de la jeune femme qui l’a reçu… En guise de réponse, Abdelrahim a eu la désagréable surprise de voir la police débouler chez lui un dimanche matin, à l’aube : “J’ai été interrogé seul, dans ma chambre, par un policier qui m’a demandé ma tenue de volontaire. Mais je n’ai pas encore effectué de mission, je n’ai pas d’uniforme. Et ce que je n’ai pas non plus, c’est un casier judiciaire ! Je suis un garçon honnête qui veut y arriver dans la vie. Je suis musulman, et je condamne les attentats terroristes ! On dit qu’il ne faut pas stigmatiser, mais c’est ce qui arrive… À plusieurs reprises, j’ai répété à la police que j’étais secouriste, pas terroriste”, se défend-il avec force.

De la force, il en a fallu à Abdelrahim qui, à peine remis de ses émotions, entendait la police judiciaire frapper à sa porte, quelques jours après la première intervention fracassante, pour l’interroger sans ménagement au sujet de la plainte émanant toujours de la même jeune femme, laquelle prétendait avoir été menacée à son domicile. Là encore, il avait tout du coupable idéal…

L’épidémie de l’islamophobie pathologique se propage par-delà des frontières européennes très poreuses en la matière, comme en a témoigné ce jeune belge profondément marqué et blessé, qui continue de s’accrocher à son rêve malgré tout, en signe de résistance contre tous ceux qui voudraient lui interdire de nourrir des projets d’avenir.


« Je suis secouriste, pas terroriste »

Par les temps qui courent, serait-il dangereux de porter un nom de famille à consonance maghrébine C’est en tout cas ce qui transpire de l’histoire racontée par Abdelrahim, un jeune Ansois de 29 ans. Dimanche, alors qu’il se trouvait dans sa chambre, la police a débarqué à son domicile. « Les policiers ont frappé à ma porte, ils étaient armés. Je suis sorti de ma chambre, j’ai été braqué. Je me suis mis à genoux et j’ai levé les mains en l’air. J’étais sous le choc, je n’avais jamais vu ça ! »

HEURE TARDIVE

La raison de cette intervention policière serait à trouver du côté de la Croix Rouge. Titulaire du brevet de Secouriste. Abdelrahim se porte candidat pour travailler comme volontaire, ce qui lui permettrait de suivre la formation d’ambulancier gratuitement. En grand fan de foot qu’il est, il veut travailler sur les matchs de foot et les événements. Un comportement qui semble suspect à la femme qui le reçoit…

Du Côté de la Croix Rouge de Belgique, on indique qu’Abdelrahim s’est présenté dans les locaux à une heure plus que tardive « Monsieur est arrivé à 1h15 demandant à être bénévole » explique Nancy Ferroni, porte-parole de la Croix Rouge de Belgique. « Nous avons effectivement trouvé ça suspect. »

Selon Abdelrahim, ce créneau horaire était pourtant prévu. « Nous avions rendez-vous à 21h car la dame que je devais rencontrer faisait la nuit » riposte le jeune homme. «J’avais un empêchement. Elle m’a proposé de venir plus tard. Avant d’arriver vers 1h15 du matin, je lui ai passé un coup de fil et elle m’a dit que je pouvais venir. ».

Source: http://www.les-crises.fr/reprises-je-suis-secouriste-pas-terroriste/


[Euh, on peut m'expliquer ?] Silence sur les assassinats politiques en Ukraine

Thursday 16 April 2015 at 17:30

Quand c’est un opposant ou un journaliste russe assassiné, toute la presse se mobilise – et accuse d’ailleurs le président russe sans le moindre début de preuve.

Quand ce sont des opposants ou journalistes ukrainiens “pro-russes”, tout le monde s’en moque…

Dur métier, la propagande de guerre… CQFD

Ukraine: un opposant proche de l’ex-président abattu à son domicile (16/04)

Évidemment, Sputnik en parle correctement :

Proche de l’ancien président Ianoukovitch, M. Kalachnikov était l’un des organisateurs de la filiale de Kiev du mouvement Anti-Maïdan, hostile aux manifestations pro-européennes suivies d’un coup d’Etat début 2014.

Oleg Kalachnikov, ancien [membre] de la Rada suprême (parlement ukrainien) pour le Parti des régions (opposition), a été abattu mercredi à son domicile, rapporte le site MigNews citant le service de presse du ministère de l’Intérieur.

“Aujourd’hui à 19h20 à Kiev, on a découvert le corps du citoyen Oleg Kalachnikov à son domicile. La cause de la mort est une blessure par balles”, indique le communiqué du service de presse.

Proche de l’ancien président Ianoukovitch, M. Kalachnikov était l’un des organisateurs de la filiale de Kiev du mouvement Anti-Maïdan, hostile aux manifestations pro-européennes suivies d’un coup d’Etat début 2014. Il avait reçu des menaces à plusieurs reprises, sans qu’aucune mesure n’ait été prise afin de garantir sa sécurité.

L’assassinat de M. Kalachnikov a également été confirmé par le conseiller du ministre ukrainien de l’Intérieur Anton Guerachtchenko. Selon M. Guerachtchenko, des poursuites ont été engagées conformément à l’article 115 du Code pénal ukrainien (« meurtre avec préméditation »). Selon lui, l’enquête examine plusieurs pistes: l’activité politique de la victime (financement du mouvement Anti-Maïdan), des problèmes financiers (le défunt avait des dettes), ses relations personnelles, et un meurtre commis en vue d’un vol.

Mikhaïl Tchetchetov (archives)
© SPUTNIK. GRIGORY VASILENKO

Dernière lettreLe jour de sa mort, M. Kalachnikov avait envoyé à un de ses amis un courrier électronique dans lequel dénonçait les pressions subies par les opposants aux nouvelles autorités du pays.

“Le génocide éhonté des dissidents, les menaces d’élimination physique et les insultes incessantes pour avoir appelé à fêter les 70 ans de la Victoire lors de la Grande Guerre patriotique (victoire de l’URSS dont la célébration est décriée par les autorités de Kiev, proches des mouvements néonazis, ndlr) sont devenues la norme dans l’Ukraine actuelle occupée par les nazis”, stipule la lettre.

Suicides en série

Ce meurtre s’ajoute à la longue liste de mystérieux suicides survenus dans l’entourage de l’ancien président Viktor Ianoukovitch, déposé à la suite d’un coup d’Etat en février 2014.

Le 29 janvier 2015, Alexeï Kolesnik, ancien président du gouvernement local de la région de Kharkov et membre du Parti des régions, s’est suicidé par pendaison. Le 24 février 2015, Stanislav Melnik, du Parti des régions, retourne son arme contre lui.

On peut en outre citer la mort de l’ex-patron du Fonds des biens d’Etat ukrainien chargé des privatisations Mikhaïl Tchetchetov, ancien membre du Parti des régions, qui se serait défenestré fin février. L’ex-gouverneur de la région de Zaporojie Alexandre Peklouchenko, qui aurait dû comparaître devant la justice pour la dispersion des manifestations pro-européennes locales (Euro-Maïdan), s’est suicidé à l’aide d’une arme à feu. Le maire de Melitopol Sergueï Valter, pour lequel le parquet avait réclamé 14 ans de prison pour “pillage des entrepreneurs”, a quant à lui été retrouvé pendu dans sa propre maison.

“Les opposants vivent dans la terreur”

Les membres du Parti des régions toujours présents en Ukraine vivent dans la terreur, écrit l’édition britannique The Guadian. “Tout le monde a peur. Ils ne veulent pas avoir à sauter par la fenêtre ou à se loger une balle. Ou qu’on les y aide”, a déclaré dans une interview au quotidien un ancien membre du Parti des régions, qui a rejoint le Bloc d’opposition (force hostile à l’Euro-Maïdan).

Sergueï Larine, un autre membre du Bloc d’opposition, a confié à la publication qu’en province, des centaines de personnes sont chaque jour convoquées pour être interrogées par les enquêteurs. “Le Bureau du Procureur général a été transformé en un organe punitif”, estime-t-il. “Des interrogatoires sans fin, la pression des enquêteurs, des menaces directes — l’objectif n’est pas la suprématie du droit, mais d’obtenir des avantages politiques C’est une justice aux ordres”, a indiqué M. Larine, dont les propos sont cités dans la publication.

Source : Sputnik, 16/04/2015

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(Rappel) Kiev salue les suicides dans l’entourage de l’ex-président Ianoukovitch (17/03)

Une vague de suicides présumés dans l’entourage du président déchu Viktor Ianoukovitch a déferlé sur l’Ukraine.

Le conseiller du ministre ukrainien de l’Intérieur et député à la Rada (parlement) Anton Guerachtchenko a qualifié de “positive” la vague de suicides d’anciens membres du Parti des régions du président déchu Viktor Ianoukovitch.

Un an après la chute du régime du président Viktor Ianoukovitch, ses anciens collaborateurs restés en Ukraine semblent succomber à une curieuse “épidémie”. Depuis le mois de janvier, ils sont plusieurs à s’être suicidés. Les analystes font remarquer que ces décès ressemblent bien à des meurtres masqués sous des suicides.

“Ce dernier mois, nous constatons un point très positif. Enfin, le principe de l’inéluctabilité du châtiment a commencé à se réaliser en Ukraine. Aussi, les causes des suicides des +régionaux+ sont-elles faciles à expliquer. Les gens ont compris que désormais, les violations de la loi seront punies”, a déclaré M.Guerachtchenko sur la chaîne de télévision Inter.Et de rappeler que l’ex-gouverneur de la région de Zaporojie Alexandre Peklouchenko, qui aurait dû comparaître devant la justice pour la dispersion des manifestations pro-européennes locales (Euro-Maïdan), s’était suicidé à l’aide d’une arme à feu.

Il a aussi évoqué la mort de l’ex-patron du Fonds des biens d’Etat ukrainien chargé des privatisations Mikhaïl Tchetchetov qui se serait défenestré. Selon le conseiller du ministre, Tchetchetov aurait eu “peur de faire face à sa responsabilité”.Le député a aussi mentionné le maire de Melitopol Sergueï Valter, pour lequel le parquet avait réclamé 14 ans de prison pour “pillage des entrepreneurs”. On l’a trouvé pendu dans sa propre maison.

“En Ukraine, les fonctionnaires commencent à répondre de leurs crimes”, s’est félicité M.Guerachtchenko.

Source : Sputnik, 17/03/2015

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La réaction du même Anton Guerachtchenko ce jour (16/04)

L’ex-député du Parti des régions anciennement au pouvoir en Ukraine, Oleg Kalachnikov, a été assassiné dans la soirée du 15 avril, à Kiev. L’ex-parlementaire a reçu des coups de feu sur le seuil de son appartement, alors qu’il sortait de l’ascenseur, à 19h20.

Notez qu’il est mort EXACTEMENT comme la pauvre journaliste Anna Politkovskaïa, dont on nous parle sans cesse.

[...]

Charmant l’officiel ukrainien… Vous imaginez la même chose dite par un officiel russe au moment du meurtre de Nemtsov ?

« Ces dernières années, nous avons pu constater que Kalachnikov était le meneur de tous les responsables des Régions. Il y a des témoignages disant que c’est lui précisément qui était impliqué dans l’organisation des groupes de « titouchkys » (provocateurs, ndlr) qui ont assassiné et frappé des citoyens pacifiques pendant l’Euromaïdan. J’ai demandé au Parquet général d’enquêter sur tous les faits et gestes de Kalachnikov au sujet de son implication dans de tels agissements, parce qu’il y a une vidéo qui circule sur toutes les chaînes télévisées, montrant que c’est précisément ce membre des Régions qui était à la tête de ces crimes », affirmait alors Olga Tchervakova.

L’adjoint du ministre ukrainien de l’intérieur Anton Guerachtchenko a commenté la mort de l’ex-député des Régions sur sa page Facebook par ces mots :

« Il y a quelques heures, l’ancien parlementaire Oleg Kalachnikov a été tué par balles sur le seuil de son appartement, situé dans le complexe résidentiel Vinogradar. La police de Kiev a ouvert une enquête selon l’article 115 du Code pénal, pour « meurtre avec préméditation ».

Les principales versions suivantes seront envisagées :

  1. L’activité politique de Kalachnikov, notamment liée à une participation à l’organisation, au financement et à la modération de ce qu’il est convenu d’appeler le mouvement Antimaïdan des titouchkis, dans le parc Mariynski.
  2. Ses intérêts dans le business, et notamment la question des emprunts et des dettes.
  3. Les relations personnelles
  4. Un assassinat avec intention de vol
  5. D’autres versions de l’assassinat.

Il ne fait aucun doute que le défunt savait beaucoup de choses sur les organisateurs et le financement du mouvement Antimaïdan, qui a coûté à Ianoukovitch et sa camarilla plusieurs millions de hryvnias par jour.

Il emporte ces secrets dans la tombe. Mais Kalachnikov n’est pas le seul à en savoir beaucoup sur les organisateurs et le financement de l’Antimaïdan.

Comme on dit : les manuscrits ne brûlent pas !

Source : Le Courrier De Russie, 16/04/2015

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Les réactions de la presse française :

ÉNOOOOORME Buzzz sur Google News comme on le voit :

 

12 articles quand même dans les actualités !
Euh, bon 7 en fait : Le Figaro, Agence Tunis Afrique Presse, Sputnik, i24news, Ouest France, LaPresse.ca, SudInfo.be…
Et en plus, les médias diront toujours “ben si si, on en a parlé, (une fois, page 12 en 2 lignes).
À chacun de comparer ce qu’il a perçu de ses médias pour assassinat en Russie et les assassinats en Ukraine…

Voilà ce qu’en dit le Figaro :

Un proche de Ianoukovitch tué à Kiev :

Un ancien député ukrainien partisan de l’ex-président Viktor Ianoukovitch a été retrouvé mort aujourd’hui à Kiev, tué par balle, a annoncé le ministère ukrainien de l’Intérieur.  Ancien élu du Parti des régions, Oleg Kalachnikov, qui était âgé de 52 ans, avait une solide connaissance des groupes opposés au mouvement pro-européen de “Maïdan” qui a emporté Ianoukovitch en février 2014, a déclaré un conseiller du ministre de l’Intérieur. 

“Il ne fait aucun doute que le défunt en savait beaucoup sur ceux qui ont financé l’anti-Maïdan et de quelle manière. Il emporte ses secrets avec lui dans sa tombe”, a ajouté Anton Guerachtchenko.

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On note donc qu’on redonne la parole au sympathique Anton, et qu’ne plus il conclut la brève brève, façon “il l’a bien cherché”… Avez-vous vu beaucoup de billets sur Nemtsov finir de la sorte avec un officiel russe ?

Soulignons la qualité du papier d’Ouest France en revanche.

Mais on ne lira nulle part que Kalashnikov était Vice-président du Forum civil anti-corruption “Assez!” – information pas inintéressante…

Après je n’en fais nullement une oie blanche dans ce pays hautement corrompu, mais je compare juste le traitement de cas assez proches, dont, au fond, on ne sait pas grand chose…

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(Bonus Spécial journaliste) Un journaliste prorusse tué par balle 16/04

Un journaliste ukrainien prorusse connu, Oles Bouzina, a été tué aujourd’hui à Kiev, deuxième meurtre par balles d’une personnalité prorusse dans la capitale ukrainienne en 24 heures.

“Le journaliste Oles Bouzina vient d’être tué au 58, rue Degtiarivska”, non loin du centre-ville, a écrit sur sa page Facebook le conseiller du ministère de l’Intérieur, Anton Guerachtchenko. Le service de presse du ministère a confirmé cette information.

Source : LeFigaro.fr, 16/04

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Toujours un article de fond, toujours la même source humaniste.

Et bien entendu, toujours le “journaliste prorusse” alors que le type est un journaliste ukrainien…

Un peu comme si on parlait d’un de de nos journaleux assassiné de “journaliste panaméricain” – sympa.

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P.S. mes excuses, Vincent Jauvert de l’Obs vient de réagir :

Oups, non, en fait, désolé…

Notez, en Une, le mot “TSAR” (et bientôt Führer ?) :

Source: http://www.les-crises.fr/silence-sur-les-assassinats-politiques-en-ukraine/


[Je suis Charlie] Les magazines (grand jeu !)

Thursday 16 April 2015 at 02:58

Toi aussi, trouve où est Charlie… (N.B. : regardez au moins la fin de la liste) :

 

 

 

 

 

 

P.S. un vilain canard s’est glissé dans la masse ! (par chance, c’est un magazine régional…)

Source: http://www.les-crises.fr/je-suis-charlie-les-magazines/


Le basketteur Akin Akingbala licencié après un tweet sur “Charlie Hebdo”

Thursday 16 April 2015 at 00:01

Son avocat porte l’affaire devant le conseil des prud’hommes de Rouen, estimant que le message concerné “n’a rien d’infamant”.

Le pivot nigérian de Rouen Akin Akingbala a été licencié pour faute grave par son club après avoir partagé sur son compte Twitter un message évoquant les attentats contre “Charlie Hebdo”

Le pivot nigérian de Rouen Akin Akingbala a été licencié pour faute grave par son club après avoir partagé sur son compte Twitter un message évoquant les attentats contre Charlie Hebdo, a-t-on appris mercredi auprès de sources concordantes. “Je ne suis pas Charlie, je suis Ahmed, le policier mort. Charlie a ridiculisé ma foi et je suis mort en défendant son droit de le faire”, avait retweeté en anglais Akingbala, le 9 janvier, au surlendemain de la tuerie dans les locaux du journal satirique.

C’est ce message, diffusé la veille par un chroniqueur du quotidien flamand Standaard, Dyab Abou Jahjah, qui a valu au basketteur de 31 ans d’être renvoyé du SPO Rouen, actuel quatorzième de la Pro A. “Le club estime qu’il a porté atteinte à son image en partageant ce tweet”, explique l’avocat d’Akingbala, Romuald Palao, qui a porté l’affaire devant le conseil des prud’hommes de Rouen. “Ce message n’a rien d’infamant. Akin Akingbala est chrétien. Dans son esprit, cela n’avait rien à voir avec la religion. C’était une manière de dire qu’il fallait aussi parler des policiers et pas seulement de Charlie Hebdo“, souligne Me Palao, confirmant des informations de presse.

Le club de Rouen n’a pas donné suite aux sollicitations de l’AFP. Son président, Yvan Gueuder, indique dans un communiqué avoir procédé au licenciement du joueur pour “non-respect des clauses de son contrat de travail”, précisant qu’il avait fait l’objet de “plusieurs avertissements” et qu’il a quitté le club mardi matin.

“Prétexte”

D’après l’avocat du joueur, le retweet a plutôt été utilisé comme un “prétexte” par son club qui “voulait s’en séparer depuis plusieurs mois”. L’intérieur nigérian, qui s’est vu notifier son licenciement le 17 février, cinq jours après son entretien préalable, réclamera devant les prud’hommes ses salaires jusqu’à la fin de saison, d’un montant total évalué à environ 45 000 euros par son conseil. L’affaire doit être plaidée le 4 juin.

Le géant de 2,08 m s’était fait connaître en France sous les couleurs du Sluc Nancy, avec lequel il avait remporté le championnat en 2011. Après un passage en Ukraine et en Belgique, Akingbala avait été recruté pour un an par Rouen, mais ses statistiques faméliques (11 matches disputés, 10 minutes, 1,8 point de moyenne) avaient poussé les dirigeants à le mettre sur la touche. “Il estime qu’on ne lui a jamais donné sa chance”, a affirmé son avocat.

Source : Le Point, le 25 février 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/le-basketteur-akin-akingbala-licencie-apres-un-tweet-sur-charlie-hebdo/


La journaliste de “Charlie Hebdo” Zineb El Rhazoui menacée de mort

Thursday 16 April 2015 at 00:01

Des individus qui se réclament de Daech publient des cartes géolocalisant la journaliste et son mari, et appellent à leur meurtre.

La journaliste franco-marocaine de “Charlie Hebdo”, Zineb El Rhazoui, le 11 février 2015 à Paris.

Des photos d’elle et son époux, des montages du couple grimé en prisonniers de Daech sur le point d’être exécutés, des indications de géo-localisation, des suggestions sur la manière de les assassiner… La journaliste franco-marocaine de “Charlie Hebdo” Zineb El Rhazoui et son mari, l’écrivain marocain Jaouad Benaïssi, font l’objet de menaces de mort sur Twitter de la part d’individus se réclamant de l’Etat islamique.

Une carte a été notamment publiée sur un compte Twitter qui recense les différents endroits où la journaliste qualifiée “d’apostate” ou “d’impie” a l’habitude de se rendre.

Ce soir, (mardi soir) un hashtag Twitter qui prend de plus en plus d’ampleur nous menace de mort, mon mari et moi, de façon explicite”, explique la journaliste dans un message Facebook, appelant Abdellatif Hammouchi, le responsable du contre-espionnage marocain, à protéger son mari.

“Des photos de mon mari, son lieu de travail, des indications sur sa géo-localisation, ainsi que différentes suggestions sur la façon de nous ‘liquider’, ont été publiés.”

“Pourra-t-il se rendre demain sur son lieu de travail ?”

Jaouad Benaissi, qui faisait l’objet de menaces depuis quelques jours, a déjà porté plainte, assure le site d’informations Yabiladi.com.

Pourra-t-il se rendre demain sur son lieu de travail, sachant que des centaines d’identités virtuelles se revendiquant de Daech l’ont révélé sur les réseaux ?”, interpelle Zineb El Rhazoui.

La journaliste assure qu’en France, les autorités étatiques se mobilisent à chaque fois qu’un citoyen français est la cible “ne serait-ce que du dixième des menaces dont son mari fait l’objet.” Or, selon elle, le Maroc ne donne à ce jour “aucune garantie quant à la prise au sérieux des menaces qui visent les personnes, et mon mari en particulier.”

Pourtant, selon “Le Figaro”, la journaliste franco-marocaine ne serait pas non plus protégée en France, ce qui agace certains internautes.

Une député marocaine également menacée

La journaliste a reçu le soutien de plusieurs internautes et du Syndicat national des journalistes (SNJ), qui dénonce dans un communiqué “avec force les menaces de mort lancées à partir d’un compte Twitter contre la journaliste”.

Ces appels au meurtre montrent que les inspirateurs de ces discours de haine n’ont pas désarmé. Leur but est de mettre fin au droit d’expression et de bâillonner la liberté de la presse et de faire peur aux journalistes.”

De son côté, la journaliste Caroline Fourest a appelé sur Twitter les “démocrates” à signaler les menaces à l’encontre de Zineb El Rhazoui et son mari.

Ce n’est pas la première fois que Zineb El Rhazoui fait l’objet de menaces de mort. Lors d’un sit-in des salafistes à Tanger après les tueries à “Charlie Hebdo”, des messages incitants à sa mort avaient été entonnés par les manifestants. Elle avait également eu, par le passé, des ennuis avec les autorités marocaines.

Selon le site d’actualité marocain Telquel.ma, Khadija Rouissi, députée du Parti authenticité et modernité (PAM, un parti d’opposition) et la militante associative de Bayt Al Hikma, Najwa Koukouss, qui défendent également la liberté d’expression et ont exprimé leur soutien à la rédaction de “Charlie Hebdo”, font également l’objet de menaces de mort depuis quelques jours.

Selon le site internet, la vague d’intimidation aurait démarré après le témoignage de la journaliste dans une émission de France 24.

Source : Renaud Février, pour L’Obs, le 20/02/2015

Et pour vos yeux, un petit florilège de commentaires…

1)

2)

3)

4)

5)

6)

7)

8) Mon préféré

Source: http://www.les-crises.fr/la-journaliste-de-charlie-hebdo-zineb-el-rhazoui-menacee-de-mort/


Actu’Ukraine 15/04

Wednesday 15 April 2015 at 01:57

Merci à toutes celles et tous ceux qui ont participé à cette Actu’Ukraine !

Actu’Ukraine du 6 au 12 avril 2015

Focus de la semaine : La seconde chute de l’Ukraine dans les ténèbres


• L’endoctrinement des enfants. Après Yatseniouk et “l’invasion de l’Allemagne et de l’Ukraine par la Russie”, après ses comptes d’apothicaire au sujet des morts Ukrainiens de la Seconde guerre mondiale, c’est au tour de l’enseignement de réécrire l’Histoire : un manuel scolaire a été augmenté de nouvelles pages célébrant la guerre au Donbass comme un “combat pour la démocratie et l’indépendance” où la Russie est clairement désignée comme l’ennemi de l’Ukraine. Ces nouvelles pages ont déjà été envoyées dans les écoles (segodnya.ua, vzgliad).

Couverture du manuel (ridus.ru)

L’endoctrinement des jeunes, voire des enfants, n’est pas une nouveauté en Ukraine. Déjà, en septembre 2014, est paru un livre destiné aux enfants de 4 à 6 ans dont le titre est  «Histoires sur Maïdan», publié à Lviv / Lvov aux éditions du Vieux Lion (Издательствo Старого Льва) (ridus.ru). Et il a déjà été instauré dès fin septembre  2014 l’obligation de chanter l’hymne ukrainien tous les matins, dans les écoles (ridus.ru à 10 h 46 ). Sans parler des cours de préparation militaire institués à peu près au même moment. “Notre tâche, c’est de faire participer le maximum de citoyens à la défense du pays. Nous parlons aujourd’hui du fait que chaque citoyen sera obligé de faire un stage de deux mois appelé “cours du jeune combattant”, a déclaré le 25 septembre 2014 sur l’antenne de la télévision ukrainienne 112 un conseiller du ministère ukrainien de la défense, Alexandre Dalniouk (112.ua).

• La mutation des services de renseignements (SBU) en police politique. Cela avait été évoqué la semaine dernière dans le focus. Le chef actuel du SBU, Nalivaychenko, veut purger les échelons subalternes du SBU des agents du FSB qui y seraient encore… Et, dans la foulée, il veut réorganiser le SBU selon le modèle du contre-espionnage du OUN-UPA entre 1930 et 1950, ce qui implique la formation d’une police secrète politique et politisée… En Allemagne, à la même époque, cela s’appelait la Gestapo… (politnews.net via fortruss, vzgliad). Pour mémoire, voila le genre de méthodes utilisées par OUN-UPA à l’époque : écrasement de boîte crânienne, exécution à la hache ou la scie, arrachage de cheveux,… (fortruss).

• L’épuration de la Justice. Lynchage public d’un juge qui a pour seul tort de ne pas être du “bon” parti. L’incident a eu lieu le 9 avril. C’est pour l’instant des faits isolés, mais il est révélateur de l’ambiance qui règne en Ukraine. Le fait que des militants ultra nationalistes (Praviy Sektor) puissent faire cela sans que la police intervienne est assez symptomatique d’une société à la dérive. L’homme en question, un juge de la ville d’Ivano-Frankivsk, a été trainé hors de son bureau, mis dans une poubelle, molesté, obligé à se déshabiller en parti et promener ainsi dans la ville. Les militants ont conditionné sa libération au fait qu’il signe une lettre de démission (youtube, youtube, youtube, korrespondent.net).

Noter le sympathique signe très “européen compatible” et “valeurs communes de l’UE” d’un des militants épris de liberté et de tolérance en début de vidéo.

• La transformation de la guerre civile en croisade. La religion n’est pas à l’abri de cette volonté de radicalisation. il y a en Ukraine, une église orthodoxe qui a la volonté farouche de se séparer de l’Eglise orthodoxe canonique dont Moscou est le centre, comme Rome est le centre de l’église catholique, et qui saisit par la force des églises et monastères orthodoxes canoniques situés en Ukraine. Un nouveau pas a été franchi récemment par l’entrée de la guerre civile à l’intérieur des lieux de culte. Dans un église de Lvov, une fresque a été peinte avec, d’un côté, les “saints” qui sont les partisans de Maidan et les soldats ukrainiens avec des auréoles sur la tête et, de l’autre côté, les “damnés” qui sont le patriarche de Moscou représenté avec un dollar sur le front, Poutine avec une main dans sa poche, un soldat pro-russe et un habitant du Donbass en survêtement Adidas (rusvesna.su, rusvesna.su et la vidéo youtube).

A nouveau, on observe une répétition de la seconde guerre mondiale où l’église ukrainienne avait prit le parti des nazis contre les russes. Plus grave encore, il y a encore peu de temps, le “dignitaire” religieux Mikhailo Denissienko, connu sous le nom de “Philarète de Kiev” et actuel primat de l’Église orthodoxe d’Ukraine, déclarait qu’il est permis par la bible de tuer (“si la mort n’est pas injuste, dieu pardonnera”) ou de torturer (“David n’a-t’il pas donné un coup à Goliath?”) des novorusses, avec une phrase qui résume tout “Contre le mal, il faut lutter jusqu’à la fin… jusqu’à la mort !” (youtube). En prime un petit retour sur des propos racistes prononcés par un “pope” sur le Maidan en 2014 youtube à 1mn 39).

• La réécriture législative de l’histoire.  Cette semaine, la Rada Suprême à adopté 4 lois qui ont été baptisées ” les loi de décommunisation”, mais que l’on pourrait plutôt qualifié de lois d’”Ukrainisation de l’histoire” (colonel,cassad).

La première loi n°2558  “Condamnation des régimes totalitaires communiste et national-socialiste (nazi) en Ukraine et l’interdiction des symboles de propagande“  (rada.gov.ua, texte loi rada.gov.ua , note explicative rada.gov.ua) reconnaît le régime communiste (soviétique) en Ukraine de 1917-1945 en tant que régime criminel et terroriste. Cette loi blâme à la fois le régime communiste/soviétique et le regime national-socialiste, interdit le symboles du nazisme (comment va faire notre charmante Vita?) et du communisme : drapeau rouge et hymne de l’ex-URSS, et toute autre symbolique soviétique et communiste (vu côté ukrainien:vesti-ukr.com, bbc.com, kyivpost, en.interfax.com.ua et côté russe : rt, soundcloud). Ceci permet à l’Ukraine de se poser en victime des deux régimes totalitaires et d’occulter sa propre participation aux atrocités nazies. Malgré cette loi, ou à cause d’elle, le Parti Communiste ukrainien a annoncé une manifestation le 1er mai vesti-ukr.com). Suite à cette loi, tous les noms de rues ou de localités faisant référence à l’URSS devront être modifiés dans un délai de 9 mois. Dniepropetrovsk et d’autres localités changeront de nom. Les symboles de l’époque soviétique (par exemple la faucille et le marteau) sont interdits. Les peines prévues vont jusqu’à 5 ans de prison et à la confiscation des biens (vesti-ukr.com).

La seconde loi n° 2538 “Statut juridique et commémoration des participants dans la lutte pour l’indépendance de l’Ukraine au XXe  siècle” (rada.gov.ua, texte loirada.gov.ua, note explicative rada.gov.ua, peremogi.livejournal.com) reconnait comme “combattant de la liberté” quiconque s’est battu pour l’indépendance de l’Ukraine entre novembre 1917 (révolution russe) et le 24 août 1991 (indépendance de l’Ukraine) qu’il ait fait partie de groupes “formels, informels, clandestins ou de guérilla”. Ceci inclut les soldats de OUN, UPA et autres organisations nationalistes ukrainiennes… même ceux ayant combattu du côté des nazis puisqu’ils se battaient contre l’autre régime totalitaire (faut suivre la logique… ) et leur ouvre de facto des droits à des pensions en tant qu’ancien combattant unn.com.ua, uatoday.tv, sputnik news) ! A noter, que dans la société ukrainienne ces organisations sont vues de façon ambiguë: en tant que patriotiques certes, mais aussi en tant que collaborationnistes du régime nazi (varjag-2007.livejournal.com). Alexandre Zakharchenko, leader de la DNR, estime qu’elle met en branle des processus irréversibles susceptibles de mener à une scission complète du pays. “Le fait même de promulguer une telle loi se révèle être une nouvelle tentative de faire se battre entre elles la Russie et l’Ukraine. Cette énième tentative de transformer en héros les combattants de l’UPA n’est rien d’autre qu’une farce. Ecoeurement et  répulsion – ce sont les sentiments que suscite ce soi-disant “événement historique” – “Historique, il l’est en ce sens qu’il entérine aujourd’hui la victoire du fascisme en Ukraine” – telles sont les paroles de Zakharchenko, citées par l’Agence d’information de la DNR. Un député espagnol, Joan Josep Nuet, a déclaré à Fins news que cette loi est antidémocratique. (news.rin.ru, colonel cassad).

Evenement doublement prophétique ? Le même jour est décédé une des figures de l’indépendance de l’Ukraine en 1991. Lubomir Stefanovic Hudz fut le premier dans tout l’Oblast de Donetsk à hisser le drapeau jaune-bleu de l’Ukraine, c’était à Marioupol… Un militant pour l’indépendance de l’Ukraine, résident de la région de Donetsk, qui meurt le jour où une loi blanchit les nazis ukrainiens (http://peremogi.livejournal.com/8537842.html )…

Deux autres loi adoptées. Dans la loi n° 2539 intitulée “Pérennisation de la victoire sur nazisme en Deuxième Guerre Mondiale 1939-1945″ (rada.gov.ua, texte loi rada.gov.ua, note explicative rada.gov.ua),  il est stipulé le remplacement du terme “Grande Guerre Patriotique“  (nomination utilisée par l’URSS et dans les pays ex-soviétiques) par “Deuxiéme Guerre Mondiale” (comme en Europe).

Enfin la Rada a voté la loi n°2540 “Accès aux archives du régime totalitaire communiste répressif 1917-1991” (rada.gov.ua, texte loi rada.gov.ua, note explicative rada.gov.ua) qui concerne l’ouverture en libre accès des archives du KGB sur la période de 1917 à 1991 à l’image de ce qui avait été fait pour la Stasi lors de la réunification de l’Allemagne (uaposition.com).

Pour rappel : l’Union Soviétique a perdu plus de 25 millions de vies  pour vaincre le nazisme, dont 2 ou 3 millions d’ukrainiens. Et les nationalistes ukrainiens sont directement responsables de la mort de plus d’un million de civils russes, ukrainiens, juifs et polonais.

 

• La militarisation du pays. En 1991, l’Ukraine avait une armée de conscription, qu’elle a progressivement professionnalisée. La dernière classe d’appelés devait être celle de l’automne 2013. les effectifs professionnels ont été durement touchés durant les deux premières phases de la guerre civile et les défaites sanglantes du chaudron sud et d’Iliovansk. Ceci a conduit Kiev a décrété des vagues de mobilisation dans un pays qui n’est pas officiellement en guerre…

1ère vague. Le 2 mars 2014, une session extraordinaire du parlement décide de rétablir le service militaire obligatoire. Le président par intérim Olexandre Turchinov signe un décret de mobilisation qu’il justifie étant donné “l’agression flagrante” en Crimée (zakon1.rada.gov.ua). Il précise que la durée du service de cette “période spéciale” sera d’un an au maximum. Parallèlement, les partis nationalistes, Svoboda et surtout Pravy Sektor, constituent des groupes para-militaires. Les appelés de la première vague doivent être démobilisés du 18 mars au 1er mai 2015 (sputnik news) à condition qu’ils soient remplacés par de nouveaux mobilisés.

2ème vague. Le 7 mai 2014, un nouveau décret est signé pour une nouvelle mobilisation qui a lieu en juin et juillet. Après ces deux vagues, l’Ukraine dispose de 53 unités rattachées au ministère de la défense, et de 18 unités rattachées à d’autres ministères.

3ème vague.  Le 22 juillet 2014, le parlement ukrainien adopte, par 232 voix sur 465, une loi “sur la mobilisation partielle”, qui permet d’enrôler en 45 jours, des hommes âgés de 18 à 25 ans et des réservistes volontaires ayant jusqu’à 60 ans. (mnogovbloge.com). Le but est d’ajouter 15 unités de combat et 44 unités de soutien (mnogovbloge.com).

4ème, 5ème et 6ème vagues. Le 15 janvier 2015, le parlement ukrainien adopte une loi pour remplacer les trois premières vagues, par trois nouvelles, et même pour accroître le nombre de personnes sous les drapeaux, afin que le total des effectifs atteigne 250000 (globalsecurity.org et slavyangrad.org). La tranche d’âge concernée change un peu, puisque les conscrits sont des hommes âgés de 20 à 27 ans. La durée passe à 18 mois au lieu de 12. Le recrutement de la quatrième vague démarre le 20 janvier et s’achèvera le 20 avril. Celui de la cinquième vague démarrera fin avril et se terminera fin juin, quand celui de la sixième vague se déroulera en août.

Mobilisation en Novorussie. De son côté, le 2 février 2015, Zakharchenko (DNR) annonce que ses effectifs militaires seront portés à 100.000 hommes. Six nouvelles brigades seront créées.

Lundi 6 avril 2015

• Crimée, le retour à la patrie (version sous-titrée français) (dailymotion via echelle de jacob)

• On n’en parle plus guère, mais on se bat toujours en Ukraine. Les armes “lourdes” ont été éloignées ou “déplacées”, mais il reste les mi-lourdes et les légères pour se taper dessus. Les violations du cessez-le-feu sont journalières et semblent-ils de plus en plus nombreuses. L’Ukraine recense 20 violations dans la nuit du 6 au 7 (unian.info). Côté république de Donetsk, on recense 38 violations pour le 6 avril et 45 pour le 7 avril (dnr-news.com, dnr-news.com, novorossia.today). Le 6 avril, les villages de Gorlovka, Bezymennoe, Shirokino, Spartak, Nikolaeva, Peski, ainsi que l’aéroport de Donetsk ont été bombardés par les Ukrainiens. Un journaliste des “Nouvelles populaires”, Andreï Filatov, a été grièvement blessé à la main et au ventre à l’aéroport de Donetsk. Le 7 avril, ce sont les villages de Spartak, Peski, Gorlovka, Ozeryanovka, Mayorsk qui ont été touchés.

• Séquence musicale  “Rappelons nous d’eux” par le groupe “Skretch”. Chanson dédiée aux combattants russes de la seconde guerre mondiale dans le cadre de l’affrontement en Ukraine de l’Est et du 70eme anniversaire de la victoire qui approche (youtube).

• Propagande low cost. A Shirokino, vidéo officielle de l’Opération Anti-Terroriste (ATO) pour saluer l’arrivée d’un bataillon de Tchétchènes, nommé “Cheikh Mansour”, combattant du côté des Ukrainiens youtube), même si on ne voit jamais plus de 3 personnes à la fois… et toujours les mêmes ! (Le jeune essoufflé, au début, dit “merci au peuple tchétchène de venir nous prêter main forte”. Le reste est en tchétchène). Cela fleure bon la propagande low cost sans effets spéciaux.

• Manifestations à Kiev.  Toute la circulation entre le bâtiment de la Rada et l’immeuble des conseils des ministres a été bloquée par une manifestation pour réclamer des actions en vue de sauver la monnaie ukrainienne (korrespondent.net).

Cette manifestation est évidemment à relier au fait que l’inflation en Ukraine a grimpé en flèche jusqu’à  +10,8% en mars, et l’estimation atteint 45,7% en ville (interfax.com.ua).

• Manifestation à Kharkov. 400 travailleurs d’une usine de construction aéronautique gouvernementale ont manifesté pour réclamer le paiement de leurs salaires, qui n’ont plus été versés depuis août 2014 (112.ua).

• Arrêt des échanges de prisonniers entre l’Ukraine et les républiques novorusses.  Seize prisonniers ont été libérés par Donetsk dans la nuit (sputnik news, youtube). La commissaire de la DNR aux droits de l’homme, Daria Morozova, a déclaré qu’ils sont les derniers. Mais cette affirmation est contestée par un représentant du service de la sécurité ukrainienne, Markian Lubkovskii. Zakharchenko a répondu que Kiev veut faire croire qu’il reste des prisonniers dans la DNR pour cacher le nombre réel de morts au combat (rusvesna.su). Mais l’inverse est possible aussi. Daria Morozova pense en effet qu’il reste 1300 prisonniers de la DNR en Ukraine (rusvesna.su) dont le sort est inconnu. Les familles des disparus des deux côtés ont donc bien du mal à connaitre la vérité. Du côté de la république de Lugansk, les échanges de prisonniers ont été suspendus pour cause de désaccord avec les médiateurs.

• Odessa, encore…  A Odessa, gros incendie d’un café restaurant, incendie qui s’est propagé à plusieurs véhicules garés devant (timer-odessa.net, youtube). Les raisons de cet incendie restent à déterminer. Un sinistre qui débute très fort au petit matin peut-il être imputé à un incident technique? Faut-il le relier au meutre récent du propriétaire du restaurant de luxe “Le Passage”, poignardé dans son établissement ? Petit indice : ce n’est pas le premier restaurant qui brûle (timer-odessa.net). Deuxième incide : le propriétaire du restaurant incendié est d’origine azerbaïdjanaise… Deux jours plus tard, un homme est tué et 2 autres blessés par armes à feu dans un hopital (http://www.unian.info/society/1064918-man-shot-dead-in-hospital-in-odesa-two-wounded.html )

• Et toujours… Le mois de mai approchant, le média local d’Odessa, “Timer”, publie toute une série d’articles intéressants. L’un d’eux s’intitule “Comment la maison des syndicats a brûlé. Essai de modélisation scientifique” (timer-odessa.net). Un autre a pour titre “Acte d’accusation sur l’affaire du 2 mai : une affaire sale, cousue de fil sale” (timer-odessa.net).

• Le leader du parti communiste ukrainien, Petr Simonenko, a été interrogé lundi pendant plus de 10 heures au siège central du SBO à Kiev après son voyage à Moscou pour assister au plenum du parti (podrobnosti.ua, vzgliad). Il semble que ce soit en rapport avec la participation de sympathisants communistes à des attentats ou tentatives d’attentat.

• Eléments sur la liaison ferroviaire rétablie par les novorusses entre Lougansk et Donetsk. Les lignes électriques étant coupées sur certains tronçons, une motrice diesel remplace la locomotive électrique. A l’avant sont placés des wagons vides qui pourraient sauter sur des mines sans que ne soient blessés les passagers dans les wagons à l’arrière (ambiance…). Bien que le trajet de 130 km dure 5 heures et demie, les voyageurs considèrent que cette réouverture de la ligne est un conte de fée pour eux ! (youtube)

 

Mardi 7 avril 2015

• Manifestations à Kiev.  Aujourd’hui ce sont des membres du parti Svoboda qui manifestent devant la Rada, demandant la création d’une commission d’enquete parlementaire contre la corruption et la démission temporaire du premier ministre Yatseniouk durant les travaux de cette commission (sputnik news, youtube, tass.ru). Yatseniouk est clairement visé. D’ailleurs, ce même jour une vingtaine de députés du Bloc Piotr Porochenko ont demandé sa démission à la tribune du parlement kyivpost.com).


• Premier anniversaire de la proclamation de la République de Donetsk (DNR).  La fragmentation de L’Ukraine générée par le coup anticonstitutionnel de Février 2014 s’inscrit dans la durée. Aujourd’hui 7 Avril, c’est le premier anniversaire de la proclamation de la République Nationale de Donetsk. La situation actuelle ne satisfait personne. C’est cela le pire. La volonté politique de dialogue pour trouver une solution acceptable pour les deux parties n’existe pas. Ce qui reste, c’est préparer la guerre en ayant l’espoir paradoxal ou absurde que ceci prolongera la paix (novorossia.today, novorossia.today).

Video du 7 avril 2014 (youtube)

• Interview d’un vétéran novorusse sur les prochains combats “The sides are getting stronger, war is going to be more violent” Interview with NAF veteran Botsman about the future” (youtube)


• Selon l’OSCE, les forces armées ukrainiennes rapprochent des armes lourdes de la ligne de front. Inutile de préciser que c’est contraire aux accords de Minsk… mais qui s’en soucie encore (russia-insider.com).

• Libération sous caution d’un des soldats ayant écrasé une petite fille à Kostyantynivka. Un véhicule militaire conduit par un soldat apparemment ivre avait écrasé une petite fille le 16 mars, ce qui avait conduit à des manifestations puis des émeutes dans la ville (dnr-news.com). Praviy Sektor avait envoyé ses volontaires pour “rétablir l’ordre”.

• Donetsk, avant la guerre et maintenant (novorossia.today, youtube).

• Odessa, encore. Environ 40 professeurs et docteurs de l’université nationale d’Odessa partent d’un coup (timer-odessa.net). Ces personnes étaient retraitées mais travaillaient encore. Elles ont demandé en mars 2015 à partir à cause de la réduction des pensions. Les changements apportés aux règles régissant le paiement des pensions aux retraités en activité ont abouti à ce que ceux-ci ont considéré qu’il était tout simplement idiot de continuer à travailler pour au final toucher moins d’argent. Il se peut que les professeurs d’université aient bénéficié jusqu’à maintenant d’une disposition analogue à celle de leurs collègues français, à savoir (chez nous) “un maintien en activité en surnombre prévu par l’article L952-10 du Code de l’éducation (disposition réservée uniquement au corps des Professeurs d’Université).”

• Loi indispensable dans des temps d’effondrement économique. Les députés ukrainiens travaillent sur un projet de loi interdisant aux soldats d’utiliser des téléphones portables et des appareils photos (rusvesna.su). C’est sans doute pour éviter de voir émerger des vidéos comme celle-ci qui montre un ukrainien demandant à un prisonnier d’exécuter un de ses camarades s’il veut rester en vie (youtube). L’arme est vide, mais la violence psychologique est réelle.

• Incident prophétique (ou intimidation) à Kiev. C’est un banal accident de la circulation… Sauf qu’il se passe sur la place de l’indépendance et que les protagonistes sont des soldats du bataillon Azov à bord de leur voiture et le fils de Porochenko, Alexeï, membre de la Rada, à bord de sa BMW (vzgliad) !

• Poids du lobby ukrainien au Canada. La pianiste Valentina Lisitsa a été exclue de l’orchestre symphonique de Toronto  pour avoir critiqué le gouvernement de Kiev sur son compte Twitter (http://www.theglobeandmail.com/arts/music/ukrainian-born-soloist-dropped-from-tso-for-her-political-views/article23812, http://www.vz.ru/news/2015/4/7/738513.print.html ). Il lui a été offert de l’argent pour ne pas ébruiter l’affaire… peine perdue (http://sputniknews.com/world/20150408/1020639158.html )!


• Les sanctions antirusses provoquent plus en plus de mécontentement. Les sanctions frappent l’économie russe, c’est évident, mais aussi les économies des pays de l’UE. En particulier le pays qui est impliqué le plus sur le marché russe, c’est-à-dire l’Allemagne. Les représentants de l’industrie allemande ne cessent  de critiquer les sanctions antirusses. Les entrepreneurs ont du malà comprendre pourquoi ces sont eux qui doivent payer pour les prises de positions politiques de Bruxelles. Les pertes qu’ont subies les firmes allemandes fortement orientées à l’exportation s’élèvent a des milliards euros en 2014 et en 2015 vont augmenter (ria novosti).

• Petites nouvelles économiques ukrainiennes. La production d’automobiles a chuté de 92% (korrespondent.net) et la Poste d’Ukraine augmente ses tarifs de 20%. La précédente augmentation remontait à 2013 (lb.ua). Et, pour finir, une déclaration d’un professeur d’économie de l’Université nationale d’Odessa sur l’économie parallèle : “Tout le monde sait qu’en Ukraine 50 à 60% de l”économie est une économie de l’ombre.”  (timer-odessa.net).

• Mais dormez bien bon peuple, votre seigneur se goinfre… Les revenus et le patrimoine de Porochenko pour 2012 et 2013 (en russe lb.ua, vzgliad) Juste un petit résumé : Porochenko a déclaré des revenus de 14 millions de hryvnas pour 2013, et 346 millions (environ 16 millions de dollars) pour 2014 (soit 24 fois plus), essentiellement sous forme de dividendes. Il possède cinq propriétés pour une surface totale de 4,6 hectares, trois appartements (134 m², 82 m² et 68 m²) et une maison (1331 m²). Il détient aussi des participations dans des entreprises et il a des placements et des revenus hors d’Ukraine qui ne sont pas mentionnés sur les documents publiés.

• Et le “petit personnel” est à la diète. Vitaly Klitchko, le maire de Kiev, a gagné l’équivalent de 4500 dollars en 2014. Il possède une maison, un appartement, et un terrain. De plus, il a perçu 55000 euros en Allemagne, ce qui est beaucoup moins que la somme de 1,8 million d’euros qu’il avait gagnée en 2013. Au total, sa fortune s’élève à 11 millions de dollars dont la quasi totalité se trouve sur des comptes hors d’Ukraine (rusvesna.su). Patriote, mais pas foldingue…

- Déception en Ukraine: Le budget 2016 alloué par le Pentagone au soutien à l’Ukraine et aux pays baltes disposerait de moyens réduits par rapport à celui de 2015 (eurointegration.com.ua , article dans OukraïnskaYa Pravda qui cite la “Voix de l’Amérique” ukrainian.voanews.com).

Mercredi 8 avril 2015

• Nouvelles des purges : Offensives et contre offensive politiques à Kiev.  Anton Guerachtchenko, député à la Rada du Front populaire et conseiller du Ministre de l’Intérieur Arsène Avakov, accuse Timochenko et le Parti Svoboda de travailler pour Poutine, suite aux demandes d’enquête anti-corruption contre Yatseniouk et le gouvernement. Vzgliad rappelle qu’une demande de créer une commission d’enquête à la Rada sur le gouvernement Yatseniouk a été déposée par un député du Bloc Petro Porochenko, Serguei Kapline. L’ancien responsable de l’inspection des finances, Nicolas Gordienko, avait porté des accusations de malversations contre Yatseniouk pour un montant de 300 millions de dollars environ. Gordienko a été licencié samedi dernier par le gouvernement (vzgliad, kyivpost.com).

• Nouvelles des purges : Akhmetov. Newsweek se fend d’un article sur les suicides d’anciens responsables ukrainiens et sur Akhmetov qui fait partie du même parti : le “bloc opposition” ex “Parti des régions” (newsweek). Côté financier, le holding d’Akhmetov, Metinvest, fait défaut sur ses dettes et est en “discussion” avec ses créanciers (uatoday.tv, pravda.com.ua) et, parallèlement, la fortune d’Akhmetov est en baisse (tout est relatif bien sûr) (bloomberg). Côté judiciaire, le SBU va enquêter sur le financement par Akhmetov de bataillons “terroristes” (lire “novorusses”). Les procureurs ukrainiens sont aussi sur son dos (bloomberg, uk.news.yahoo.com). Et jusqu’à Strelkov qui évoque une collaboration économique des républiques avec Akhmetov (vk.com)… Fait pas beau temps pour l’oligarchie de nos jours…

• Nouvelles des purges : Firtash. Le parlement ukrainien vote une loi du secteur gazier visant à exclure Firtash du marché de la distribution du gaz (unian.info)… et lui ordonne de payer pour l’usage des réseaux de distribution (24today.net,ukraineenglishnewsforum ).

• Odessa, toujours. Le SBU annonce avoir arrêté entre 27 et 30 terroristes dans la ville (dnr-news.com, unian.info ). Le total monte à 40 “saboteurs” en fin de semaine (unian.info).

• Nouvelles “réussites” occidentale dans l’isolement de la Russie.  En Asie, Vladimir Poutine vient d’être invité en Thaïlande par le premier-ministre interfax.ru). Les deux pays ont décidé de doubler leurs échanges commerciaux, passant de 5 à 10 milliards USD (interfax.ru). Les USA feraient-il tout pour renforcer les liens entre la Russie et les pays asiatiques ? En tout cas, cela semble être la conséquence positive des sanctions.

En Europe, la visite du Premier Ministre de Grèce Alexis Tsipras à Moscou officialise la volonté politique de coopération entre ces deux pays. Parmi les sujets développés se trouvent les coopérations energétique, agricole, financière et culturelle. Tsipras a souligné que la Grèce n’est pas d’accord avec les sanctions qui  constituent de facto une guerre économique. Selon le Premier Ministre grec, il est impossible d’envisager la sécurité en Europe en excluant la Russie. Ainsi la Grèce adopte une position de plus en plus autonome par rapport à la politique l’UE et démontre que les essais d’isoler la Russie sont a la fois inefficaces et coûteux (ria novosti). Il semble, de plus, qu’une relation spéciale va s’établir entre les deux pays. Un argument très symbolique de cette idée est l’acceptation par la Grèce de l’invitation russe à prendre part le 9 mai à la commémoration du 70ème anniversaire de la Victoire à Moscou.  De son côté, la Russie a exprimé l’intérêt de participer au processus de privatisation, promettant ainsi d’injecter ses capitaux dans l’économie grecque. Enfin la Grèce pourrait devenir un des pays où le Turkish Stream aboutira (pour prendre le nom de Balkan Stream (sensibilités grecques obligent), ce qui ferait de la Grèce un pays de transit du gaz russe en direction des  pays de l’Europe du Sud avec tous les avantages financiers inhérants à cette position (sputnik news ).

La veille, 5 pays de la région (Hongrie; Macédoine, Serbie, Grèce et Turquie avaient fait une déclaration commune pour “diversifier” les voies d’approvisionnement en gaz naturel via la Turquie (sputnik news).

Déclarations communes de Tsipras et Poutine (http://en.kremlin.ru/events/president/news/4921 )

 President of Russia Vladimir Putin:
Mr Prime Minister, friends, good afternoon.
It is a great pleasure to meet you in person. We have already spoken by telephone. I am happy to welcome you to Moscow as we prepare to celebrate the Orthodox Easter. This is our shared celebration.
In this respect, I want to mention the special nature of our relationship, the common spiritual roots that give us these special ties.
Let me start these talks by noting that just recently, Russia was Greece’s main trade and economic partner and was in first place in terms of bilateral trade. Trade between our countries more than doubled over 2009–2013. Last year, sadly, our bilateral trade fell by 40 percent. Therefore, I think your visit is very timely, because we need to examine what we can do together to restore our trade to its previous growth rates.
Mr Prime Minister, we are very happy to see you and we welcome you to Russia.
 
Prime Minister of Greece Alexis Tsipras (retranslated):
Thank you for this reception, Mr President.
It  is a great pleasure to be here in Moscow today. I was particularly  moved by the opportunity I had this morning to lay a wreath at the Tomb  of the Unknown Soldier close to Red Square and in this way pay my due respects  to the millions of people who gave their lives for the great Victory of Europe’s  peoples. As you know, my country, Greece, had the largest loss of life  during the war, as a share of total population.
As you said, our nations share deep-reaching ties that have their roots in common struggles in history and in common spiritual traditions. We have always kept these ties alive regardless of changing circumstances.
The purpose of my visit  is for us to try to make a new start together and give new impetus  to our relations for the good of both nations and for stability  and security in the broad sense in our region.

 

• Incantations otanistes. Le patron de Stratfor à Chicago s’étend sur la “toute puissance américaine sur mer et dans le cosmos” (vzgliad) et l’ancien Président polonais Lech Walesa prévoit, dans une interview à un journal ukrainien, la réduction de la Russie à un pays de 20 millions d’habitants (vzgliad)… et il appelle aussi l’Ouest à “sortir” ses missiles nucléaires pour “faire peur” à la Russie (russia-insider.com) !

• Incantations ukraino-polonaises. Lors d’une conférence de presse commune des présidents ukrainien et polonais à Kiev, Porochenko a déclaré que la prise de décision de l’ONU de déployer une force d’interposition au Donbass n’est qu’une question de semaines (lb.ua). Il semble qu’il se fasse de grandes illusions d’autant que les Polonais (un autre ennemi pathologique de la Russie) se sont  proposés pour fournir les troupes de casques bleus… pas sûr que la Russie soit emballée à cette idée… De toutes façons, l’ONU s’est illustrée, depuis le début de cette guerre, par sa mollesse et son impuissance et s’est trouvée réduite à un rôle mineur de comptabilité des morts civils (et encore, avec du retard par rapport aux événements). Récemment, elle vient d’enterrer l’idée d’envoyer de l’aide humanitaire au Donbass, action qui était certainement moins coûteuse et risquée que l’envoi de troupes, alors…

Au cours de cette même conférence de presse, Porochenko a affirmé que “Hitler et Staline avaient déclenché la seconde guerre mondiale en essayant de diviser l’Europe” (vzgliad) et que la Pologne va accorder à l’Ukraine un prêt de 100 millions d’euros. La moitié sera exclusivement consacrée au développement des réformes et à celui des infrastructures de la frontière polono-ukrainienne, en particulier avec établissement de points de passage gérés en commun par les gardes-frontière ukrainiens et polonais, ce qui permettra de gagner du temps et de progresser dans la lutte contre la corruption (unian.net). C’est pas sûr sûr vu que le parlement ukrainien passe en même temps un decret pour creer 3000 gardes frontieres supplémentaires (uatoday.tv) !

• Incantations Onusiennes. L’ambassadeur de l’Ukraine aux Nations Unies, Yuriy Sergeyev, est interviewé par les journalistes Sergey Sidorenko et Oksana Kovalenko du journal Ukrainskaya Pravda. Il essaye justement de faire voter une résolution pour l’envoi de casques bleus. Il prévoit que la Russie va y mettre son veto, car elle souhaite l’autodétermination des habitants des régions du sud-est, et pas seulement du Donbass. Il indique que le veto ne serait pas valable si la Russie admettait qu’elle était partie prenante dans le conflit. Mais Lavrov a toujours pris soin d’affirmer que la Russie y était extérieure. Donc Sergeyev mise plutôt sur une autre tactique, qui dépend de l’acceptation d’une proposition de la France pour changer les règles de l’ONU afin que les vetos ne soient pas autorisés si une proposition est destinée à éviter des effusions de sang. Puis, les journalistes ukrainiens se mettent à poser des questions étranges à l’ambassadeur : “Est-ce que les membres de l’ONU comprennent que le Poutinisme est aussi dangereux que le fascisme ? Sergeyev, en poste depuis 2007, répond en évitant de parler de fascisme. Il dit que les pays africains vont soutenir l’Ukraine car ils sont opposés au principe d’autodétermination des peuples. Une note de la rédaction du journal rappelle que plusieurs pays d’Afrique n’ont pas des frontières correspondant à celles des ethnies, ce qui explique l’attitude des ambassadeurs africains. “Est-ce que vous communiquez avec Vitaly Churkin, l’ambassadeur russe ?” Sergeyev dit qu’il ne peut pas faire autrement car ils partagent le même immeuble, avec aussi la Biélorussie, mais les relations sont tendues. “Est-ce que vous ne pouvez pas avoir une conversation d’homme à homme avec lui ?” Sergeyev répond : “Impossible. Si je frappe Churkin, j’en fais un héros (il essaye de faire comprendre aux journalistes qu’à l’ONU, on ne se bat pas à coups de poings comme on le fait au parlement ukrainien)(pravda.com.ua).

• Explications entre parlementaires ukrainiens.  Il est vrai que les pugilats à la Rada suprême sont une habitude déplorable. On en a déjà vu une bonne petite collection (youtube : début décembre 2014, la première après les élections et la formation du nouveau parlement, kp.ua le 26 décembre 2014,  youtube : Lyashko contre Medvedchouk) en mars 2015).

Au point qu’il a été question de faire quelque chose contre cette détestable habitude (unn.com.ua). Mais comme Groïssman (le président du parlement) n’en a parlé que sur sa page facebook, il n’est pas prouvé que l’affaire soit suivie…

Jeudi 9 avril 2015

• La confiance règne ! Le ministre de la Défense, Stepan Poltarak, a décidé de soumettre au test du détecteur de mensonge les employés responsables des stocks de l’armée. Cela confirme indirectement que la lutte anti-corruption est menée (ou conseillée) par les Américains, puisque l’usage du détecteur de mensonge est une méthode typiquement américaine et qu’il n’a jamais été utilisé avant en Ukraine (rusvesna.su).

• Et du côté de l’économie? L’agence Bloomberg mentionne les efforts déployés par les cinq plus gros créanciers de l’Ukraine pour tenter d’éviter que les demandes de celle-ci de restructuration de sa dette n’entraîne pour eux une réduction de celle-ci… et donc des pertes financières pour eux. (bloomberg). A Kiev, il y a eu aujourd’hui une nouvelle manifestation baptisée “Maïdan du crédit”. Des dizaines de manifestants ont bloqué la circulation dans la rue Krouchevski, comme lundi 6 avril. UNIAN publie un article sur le niveau du chômage en Ukraine (unian.net). Les chiffres émanent du service ukrainien pour l’emploi: “Le niveau de l’emploi est passé de 60,2% en 2013 à 56,6% en 2014″.

• Liberté d’expression en Ukraine. Praviy Sektor détruit le tirage du journal Vesti à Kiev (vzgliad). La rédaction indique qu’elle poursuivra son travail et ne se laissera pas intimider (vesti-ukr.com) et appelle  à la “chasse aux sorcières” contre les “séparatistes” (vesti-ukr.com)…

• La révolution c’était ailleurs. Les troupes du Ministère de l’Intérieur russe ont fait des manoeuvres visant à s’opposer à un éventuel Maidan (vzgliad)

• Discours de Poutine à l’occasion de la présentation de nouveaux officiers supérieurs et procureurs (vzgliad).

President of Russia Vladimir Putin:
Comrades,
I would like to congratulate you on your appointment to higher posts and new military, special and class ranks. This is a proper assessment of your achievements in ensuring national security, the nation’s defence capability and maintaining law and order.
I expect that in your new status you will have even greater success and will always serve as role models with your professionalism and loyalty. These are the qualities that have always distinguished Russian officers, helping them reliably defend their homeland and their people from external and internal threats.
In exactly one month, we will be celebrating the 70th anniversary of Victory in the Great Patriotic War. We will honour our veterans, paying our respects to all those who died defending this country’s freedom and independence.
It  is our duty to always remember the lessons of that war. The peoples of Russia experienced extreme  hardships as they fought Nazism. Therefore, we consider it unacceptable  to encourage neo-Nazism, extremism, stir up inter-ethnic strife and escalate military threats.
We have always opposed interference in the affairs of sovereign states and the provocation of armed conflicts. Such practice with regard to countries in North Africa and the Middle East has led to an outbreak of terrorism there, while close to our borders it has led to a bloody drama in neighbouring Ukraine.
Today  we can see that some countries are increasingly shifting their policy towards ‘unlimited preventive  action’ of an offensive nature. This results in increasing potential  conflicts in areas important for Russia, with new threats emerging that we cannot ignore.
In this connection, Russia will continue strengthening its security, primarily by improving its military organisation and actively cooperating with other countries that strive for peace, stability and development.
In the past years, we have been modernising our Armed Forces, making them up-to-date, mobile and capable of executing complicated tasks. Thus, last year we upgraded the aerospace defence system, created a powerful grouping of troops in Crimea and strengthened our Arctic security zone.
We have greatly enhanced the equipment and armament of the Armed Forces. The pace for implementing the state defence order is increasing: in 2014 it exceeded the plan. Combat training has been intensified: over 3,500 exercises of various level were held in the past year.
Mass inspections of all military districts, services and corps have been scheduled for this year. In addition, we will hold the Union Shield-2015 operational exercises jointly with Belarus and the Centre-2015 strategic exercises.
Military building and strengthening the nation’s defence potential will proceed systematically and consistently. We all understand that this is a vital factor of Russia’s sovereign and stable development, a precondition for a peaceful life for millions of our compatriots.
Law  enforcement agencies play an important part in combatting present-day  threats to our internal security. Today people expect Interior Ministry employees to protect their rights, property and personal dignity, they expect you to improve public order  and persistently combat crime and corruption. The Interior Ministry’s  troops will continue making their significant contribution to anti-terrorist  operations and the protection of Russia’s territorial integrity  and constitutional system.
Law enforcement agencies should continue focussing on extremist crimes. Enhanced security measures should be in place during the celebrations of the 70th anniversary of Victory in the Great Patriotic War.
Maintaining  law and order in the social sphere remains in the focus of attention  of the Prosecutor’s Office of Russia. This includes the timely payment  of salaries and pensions and the complete provision of social benefits.
We need to monitor compliance with the law in such a sensitive area as housing and utilities and react to any violations of entrepreneurs’ rights without delay, preventing excessive inspections.
Investigative  Committee employees should also upgrade the quality of their work. A carefully selected and validated  body of evidence is the foundation for solving the most complicated  crimes and selecting a fair punishment for those found guilty.
The Federal Security Service is working with professionalism and efficiency. Thus, since the year began its employees have already prevented three terrorist crimes, detained more than 120 gang members and neutralised 20 militants, including three of their leaders.
I expect to see you act in the same proactive manner in other areas as well. Primarily this applies to counterintelligence, ensuring economic security, combatting corruption, embezzlement and improper use of budgetary funds.
In turn, I am confident that the Federal Security Service Border Service will continue reliably protecting Russia’s borders from terrorists, smugglers and illegal immigrants.
We are making greater demands now to the Foreign Intelligence service. Long-term state policy decisions on national security depend on your timely and reliable information, on the precision of your analysis and forecasts.
Employees of the Federal Guard Service are carrying out their duties diligently. I am certain that you will continue performing a broad range of tasks with quality and efficiency, including the protection of top state officials and Russia’s foreign guests, and provide the top authorities with all means of special communications.
Employees of the Federal Drug Control Service are fighting organised drug crime with ever growing efficiency. Today they investigate over 80 percent of these crimes.
At the same time, the spread of traditional lethal drugs and appearance of new ones require that the Service enhance its efforts to locate and liquidate drug-dealing networks, specifically at recreational facilities, universities and other educational establishments.
Russian  rescue workers are facing highly demanding tasks. It is of vital importance to enhance security in public  places and at strategic facilities, in transport and in key sectors  of the economy, to keep the situation with flooding under control  as the spring floods approach, and to make a greater effort to prevent forest fires.
The organisation and support of humanitarian aid by the Emergencies Ministry is acquiring ever greater importance. Last year and at the start of this year Russia provided humanitarian aid to more than 20 countries. Twenty humanitarian convoys have been sent to the southeast of Ukraine alone, where the humanitarian situation has become grave.
The Federal  Penitentiary Service should step up its efforts. It is important to ensure legally specified  detention conditions, to continue modernising and optimising the infrastructure  of detention facilities and to raise the level of organised employment  of the detained and their medical care.
The Special Facilities Service makes a significant contribution to ensuring the nations’ security. Stable state and military administration largely depends on your efficiency.
 
Comrades,
In conclusion, I would like once again to congratulate you on your new appointments, new ranks, and a new step in your careers. I am certain that you will continue doing everything necessary to meet your targets and to serve Russia honestly and with dedication.
I wish you success.
<…>
Comrades,
 Once again, I would like to congratulate you on your new appointments and new ranks. I sincerely wish you success.
 Your work scope will become greater, there will be greater responsibility, and we will expect corresponding performance from you. Your job is not easy. However, Russia is on the rise, it is growing stronger and a lot depends on how fast this is done and how well you perform.
I wish you all the best and every success.

 

Vendredi 10 avril 2015

• Et pendant ce temps-là, Tourchinov… rêve tout éveillé aux temps heureux qui verront le jour “après la victoire”. Il s’occupe même d’un projet hyper-réalisable: la création d’une section aérospatiale, spécialement dédiée à la surveillance du territoire. Pas mal, pour un pays ruiné, qui est déjà sous perfusion financière constante et qui sera dépendant de l’aide extérieure durant des décennies…Même Yatseniouk s’est aperçu que l’Ukraine devait déjà rembourser plus qu’elle ne recevait, c’est dire si l’évidence est flagrante! (En 2015, l’Ukraine devra rembourser 11 milliards de hryvnias d’intérêts (segodnya.ua).

Bref, cela n’empêche pas Tourchinov de faire des plans sur la comète et de vanter cette équipe aérospatiale. (ridus.ru). C’est jeudi qu’il a présenté son projet devant les journalistes. Il a déclaré que l’U kraine allait remettre en route le projet de bouclier de missiles. ukrinform.ua). Selon lui, à l’heure actuelle, l’Ukraine est capable d ‘observer “pratiquement online” des secteurs qui intéressent les militaires et les éclaireurs. . L’oeil acéré des satellites militaires ne permet pas seulement de voir n’importe quel coin du territoire ukrainien, mais aussi la terre de “l’agresseur” – en guise de preuve, Tourchinov a fait apparaître à l’écran des photos-satellites de l’aérodrome militaire russe de Millerovo. Si c’est de la même eau que les passeports de Porochenko…Mais nous ne pouvons que nous réjouir de cette nouvelle: peut-être verrons nous enfin des photos de chars russes, de troupes russes? Cela fait si longtemps que nous les attendons!

L’Ukraine s’intéresse depuis longtemps à l’Espace. Son usine, Yuzhmash, à Dniepropetrovsk, fabrique des moteurs utilisés par les fusées Antares de la NASA. Mais le 29 octobre 2014, un de ces moteurs a explosé. Le sous-traitant de la NASA, la société Orbital, a alors décidé de revoir son contrat avec Yuzmash. De plus la Russie a fait de même, si bien que Yuzhmash a dû procéder à un licenciement massif (rusvesna.su et capital.ua). Autre mauvaise nouvelle pour le secteur aérospatial ukrainien, le Brésil vient de suspendre sa participation au projet commun avec l’Ukraine du développement de la fusée “Cyclone-4″ après 12 ans de coopération (rusvesna.su ). Le Brésil et la Russie font partie des BRICS. L’Ukraine a “choisi” le camp de l’UE.

• L’ambassadeur de l’Ukraine en France, Oleg Shamchour.  ” Je ressens  la propagande russe (en France) tous les jours” (Ah bon ! pas les français en tous cas…). Dans un interview à l’agence de presse “Ukrainski Novini”, il a souligné que les média russes sont assez présents dans l’espace francophone. Sa position au sujet de livraison des armes à l’Ukraine: on DOIT livrer les armes car il s’agit de soutenir le gouvernement légitime du pays agressé par la Russie. Il voudrait également une position plus claire du gouvernement français par rapport à la livraison des Mistral: annonce de non-livraison définitive par la France (il n’a pas dit, par contre, si l’Ukraine est prête à payer la note) (ukranews.com).

• Visite de Porochenko à Odessa aujourd’hui. Il a déjà sorti quelques énormités lors de son discours et versé à nouveau de l’huile sur le feu. Il a ainsi déclaré que l’Anschluss et l’occupation des Sudètes, c’était la même chose que” l’annexion de la Crimée” et “l’occupation du Donbass”. Pour lui, la Seconde guerre mondiale n’aurait pas eu lieu s’il n’y avait pas eu la signature de l’accord Molotov-Ribbentropp en 1939. Il a également dit que les oblasts de Lougansk et Donetsk pourraient être réintégrés dans le territoire de l’Ukraine après un vote démocratique et que la langue officielle et gouvernementale y serait l’ukrainien. En somme, on ne change rien à la donne, et il y a peu de chances que les séparatistes marchent dans sa combine.

Il a également caressé les Odessites dans le sens du poil en les félicitant pour leur participation à l’OAT: “Durant la conduite de l’OAT, il y a eu 7.614 appelés provenant de l’oblast d’Odessa. En outre 1.630 d’entre eux se sont présentés d’eux-mêmes pour s’inscrire dans les rangs des FAU, de la Garde Nationale dans le but de défendre, les armes à la main, leur patrie ukrainienne et leur ville ukrainienne d’Odessa.” – a-t-il déclaré.

(Porochenko, les anciens combattants, “Maidan” et “koulikovtsy” (antimaidan) à Odessa youtube, youtube). Des jeunes lancent  “On vous a pas assez brûlés dans la maison de syndicats” (référence au massacre d’opposants au Maidan le 2 mai 2014), le groupe avec les drapeaux rouges chante une chanson patriotique soviétique, scande “Odessa ville héros“, “Fascisme ne passera pas” et, au moment du passage du cortège du président, “Assassin” (vesti-ukr.com, fortruss). Donc une ambiance tout à fait propice à l’apaisement et à la réconciliation… Cela risque d’être chaud le 2 mai 2015…

 

A Odessa toujours, la liberté de la presse n’est pas à la fête. un journaliste qui n’avait pas reçu d’accréditation, Evgueni Kogan, a été”viré” par la garde de Porochenko.  Il est vrai qu’avec une barbe pareille, il ne risquait pas de pouvoir se fondre dans la foule. (timer-odessa.net). Quant à l’endroit où Porochenko a prononcé son discours, la gare maritime, elle était bien gardée et protégèe par des hommes en armes.

Et pour le dépôt de gerbe au marin inconnu à Odessa, le filtrage et la liste d’invitations étaient si stricts qu’il y a trois pelés et un tondu autour du monument (timer-odessa.net).

• Les Forces armées ukrainiennes obligent le bataillon de volontaires de OUN à quitter la ligne de front à Peski. Ceci est conforme à l’ultimatum donné il y a 2 semaines par Porochenko aux bataillons de volontaires (fortruss , unn.com.ua). Praviy Sektor, ayant obtenu ce qu’il voulait à volontairement retirer ses bataillons de la zone de combat.

• Intensification des violations du cessez-le-feu… ou reprise des combats ? (youtube) La situation dans le Donbass est plus en plus tendue. illustration avec deux points chauds de la ligne de Front, toujours les mêmes : Shirokino et Peski.

A Shirokino, le lendemain samedi, l’OSCE a constaté des tirs de tanks, affrontement qui a duré trois heures (112.ua). Dans cet article de “112″, on suggère que le problème, à Shirokino, est que les deux adversaires sont trop près l’un de l’autre. Ils peuvent donc se canarder joyeusement pour n’importe quel prétexte. Quant aux habitants, “112″ rapporte les constatations des observateurs de l’OSCE: Les gens n’ont plus d’électricité, plus de chauffage, ils ont peu de nourriture et ils boivent de l’eau de pluie (112.ua).

Le média ukrainien  “Apostrophe” (que l’on peut sans crainte qualifier  de “propagandiste” du fait qu’il utilise systématiquement l’adjectif “russe” pour désigner hommes et matériels de l’adversaire séparatiste) rapporte qu’à Peski, il y a eu toute la journée des tirs de mortier. Les FAU se vantent d’avoir détruit un “tank russe” (apostrophe.com.ua).

Les observateurs de l’OSCE pensent que le cessez le feu ne tiendra plus bien longtemps. Les hostilités ont de fortes chances de  reprendre le mois d’avril passé. En fait chaque jour on tire un peu plus et chaque jour  il y a des victimes de deux côtés. L’action diplomatique peut prolonger la paix, mais une guerre est inévitable car Minsk 2 n’arrange ni  Kiev ni les Républiques du Donbass. De plus,  le mois mai de est extrêmement chargé d’émotion historique : le massacre d’Odessa le 2 mai 2014 et le fin de la Seconde Guerre Mondiale en Europe le 8 et 9 mai 1945, doublé du 70eme anniversaire de cette date. Pour la Russie c’est l’occasion de se rappeler, et de rappeler au Monde,  les immenses sacrifices qu’elle a dû faire pour vaincre le nazisme, sacrifices de plus en plus minimisés, voire niés par les USA et l’OTAN. Pour l’Ukraine c’est la volonté de réécrire l’histoire et  de s’approprier une victoire dans une guerre où les pères politiques des autorités actuelles étaient du côté des nazis. Kiev espère pouvoir effacer la collaboration avec les nazis et plus d’un million de morts pour créer une nouvelle histoire dans laquelle l’Ukraine aurait toujours lutter pour son indépendance en occultant sa tendance au nettoyage ethnique et aux massacres de masse.  Ces deux conceptions de  l’histoire sont  irréconciliables. comme le sont  aussi les objectifs politiques des protagonistes du conflit (regnum.ru).

 

• Position officiellement officieuse de la France et montée de sauce russo-allemande avec cerise ukrainienne. Le général Christophe Gomart, directeur du renseignement militaire français (defense.gouv.fr) a témoigné fin mars devant une Commission de la défense nationale et des forces armées dans le cadre d’une loi relatif au renseignement (.assemblee-nationale.fr). Lors de ce témoignage il a évoqué la situation en Ukraine et spécifiquement le sujet d’une éventuelle intervention russe. Ses propos, et leurs contextes, relevés par De Defensa sont les suivants (dedefensa.org) :

        M. Frédéric Lefebvre : «Quelles sont nos relations avec la base de l’OTAN de Norfolk ?

        Général Christophe Gomart : «Nous avons  d’excellentes relations avec le commandant suprême allié  Transformation (SACT) et les notes de renseignement de la DRM  alimentent d’ailleurs la réflexion de l’OTAN. En septembre prochain, le général Denis Mercier va succéder au général Jean-Paul Paloméros à ce poste.

        »La vraie difficulté avec l’OTAN, c’est que le renseignement  américain y est prépondérant, tandis que le renseignement français y est  plus ou moins pris en compte – d’où l’importance pour nous d’alimenter  suffisamment les “commanders” de l’OTAN en renseignements d’origine  française. L’OTAN avait annoncé que les Russes  allaient envahir l’Ukraine alors que, selon les renseignements de la  DRM,  rien ne venait étayer cette hypothèse – nous avions en effet constaté  que les Russes n’avaient pas déployé de commandement ni de moyens logistiques, notamment d’hôpitaux de campagne, permettant d’envisager  une invasion militaire et les unités de deuxième échelon n’avaient  effectué aucun mouvement. La suite a montré que nous avions raison car,  si des soldats russes ont effectivement été vus en Ukraine, il  s’agissait plus d’une manœuvre destinée à faire pression sur le  président ukrainien Porochenko que d’une tentative d’invasion.

        M. Philippe Nauche, rapporteur pour avis : «Je vous remercie de nous avoir fait part de vos convictions au sujet du projet de loi relatif au renseignement et de votre service…» 

 Plus loin : 

        Mme Édith Gueugneau : «La DRM fait partie  intégrante du système de renseignement français coordonné par le  Conseil national du renseignement (CNR), dont la mise en place en 2008 a  permis un meilleur partage des savoir-faire et des informations dans le respect des périmètres de responsabilité de chacun. Quel bilan  tirez-vous de la création du CNR ?… [...]  

        Général Christophe Gomart : «La coopération avec les pays d’Europe occidentale est bonne. La DRM participe à  deux forums, dont l’un réunissant régulièrement les pays de l’OTAN autour de divers sujets. Je me souviens que lors de l’un de ces forums, on a cherché à nous forcer la main au sujet de l’Ukraine.  Cela montre bien l’importance de disposer de         renseignements concrets et factuels : de ce point de vue, la France  dispose des moyens lui permettant d’apprécier les situations et de faire valoir son point de vue.» 

Dans l’esprit, il prèche plus pour sa paroisse et ses budgets qu’il ne fait une critique de l’OTAN. La presse française n’a pas retransmis cette information perdue au milieu d’un verbatim d’audition de commission. C’est Sputnik news qui s’en est fait l’écho le premier (sputnik news), repris ensuite par Oukraïnskaya Pravda, un journal ukrainien très pro-gouvernemental  (pravda.com.ua) qui reste très factuel.

On est très loin d’une opposition France OTAN. Des propos non directement publics visant à valoriser les actions d’un service de renseignement sont devenus une “preuve du mensonge américain”. Même s’ils sont à verser dans ce sens, ils ne sont pas une attaque directe, mais la justification de conserver des capacités de renseignement autonomes et de diffusion des inforamtions aux décideurs.

Ceci n’empêche pas le journal économique allemand Deutsch Wirtschaftsnachrichten (deutsche-wirtschafts-nachrichten.de) publie à son tour, le 12 avril, les propos du directeur du Renseignement militaire français et se lance dans une critique de l’OTAN et de son chef militaire en particulier, le général Breedlove, très pro-intervention armée. On se rappellera dans ce cadre les propos du chef du Allied Land Command (LANDCOM) de l’OTAN, le général américain Hodges (Stripes)  qui déclarait le 21 janvier 2015 : “on ne vous donnera rien (pas de preuves), si vous croyez pas  qu’il y a une invasion russe c’est que vous voulez pas y croire …” (les-crises.fr).

Puis c’est aux Ukrainiens de s’en mêler… le media “112″ remet une couche d’invasion russe (112.ua) en citant le colonel Valentin Fedichev, porte-parole du commandement de l’ATO (“Anti Terrorist Operation” ou “Opération Anti Terroriste”, l’appellation ukrainienne de la guerre civile au Donbass), qui a déclaré que la Russie prévoierait d’envoyer au Donbass des “brigades d’interposition” et qu’il y aurait dans le secteur de Gorlovka une concentration d’environ 150 unités blindées  et 2000 à 2500 soldats. Plus loin, il affirme que la Russie aurait  concentré à la frontière et au Donbass 50.000 soldats. On approche du record du nombre de “faux russes”, semble-t-il. Faudrait peut-être ouvrir une section au Guinness…

Toujours est-il qu’il aurait été plus glorifiant pour la presse française de s’en faire l’écho la première, plutôt que de laisser à d’autres, sans doute plus à l’affut de l’information, le soin de le faire. Mais il est vrai que notre presse est globalement pro ukrainienne et n’a que faire de sons discordants à sa propagande anti-russe. Et que l’on peut porter au crédit de l’armée française le fait de conserver une voix autonome, et de la faire entendre, au sein de l’OTAN.

Samedi 11 avril 2015

• Revenons sur la visite de Porochenko à Odessa hier. Certaines vidéos signalées dans les contributions d’hier montrent des Odessites qui sont loin d’acclamer leur président. Il n’y a pas d’applaudissements. cela rappelle la commémoration ratée du 70ème anniversaire de la libération de la ville de Nikolaïev. Mais cette ambiance ne date pas d’hier: en effet, dans l’article publié le 20 octobre 2014 par un journaliste odessite dans le média local ‘Timer” (timer-odessa.net) on peut voir deux photos montrant un petit bâtiment qui a été tagué sur deux côtés.

Deux tags. Celui au-dessus de la grille: “Youlia est une salope” (le mot “сука” est très fréquemment utilisé, il provoque des séries de “bip” conséquentes dans les vidéos où parlent les soldats, ukrainiens ou autres. C’est très grossier). Tag de gauche: “Tourchinov est un chien, un seau à ordures”.

Autre côté du même bâtiment. En blanc: “Avakov est une tarlouze”. En-dessous: “Yatseniouk est une capote”. Certes, ce ne sont pas  des affirmations documentées, prouvées, argumentées. Mais cela dénote tout de même une certaine défiance vis-à-vis des nouveaux maîtres de l’Ukraine, surtout si l’on considère la date du reportage…

• Les chiffres du “chaudron” d’Ilovaïsk (fin juillet -début août 2014) finissent par sortir…Il en aura fallu du temps ! En effet, Anton Gerachenko, conseiller du ministre de l’intérieur et député de la rada suprême, a déclaré dans une interview pour la chaîne “112″ que les Forces Armées Ukraniennes (FAU) auraient perdu plus de 1.000 hommes dans ce “chaudron”. Rappelons que Semen Semenchenko, qui commandait alors le bataillon “Donbass”, avait accusé l’état-major d’incompétence et l’avait rendu responsable du désastre. Mais les chiffres révélés alors étaient faux et très fortement minimisés par les autorités. Le 11 novembre, un média ukrainien  (kp.ua) donnait 211 morts, 300 prisonniers, 400 évaporés. Le 11 décembre 2014, le Procureur général Yaréma annonçait 241 tués. Mais certaines voix, déjà, laissaient comprendre que le nombre de tués était bien plus élevé.

• Petit retour sur l’économie. Mais pas sur celle de l’Ukraine, qui est totalement à plat. Parlons plutôt des sanctions. Mais pas de celles contre la Russie. Plutôt des sanctions-riposte de la Russie. Celles-ci, elles fonctionnent bien. Un média allemand qui diffuse dans le monde entier, “Deutsche Welle”, en a parlé très récemment, (dw.de). L’article s’intéresse à la filière agricole allemande et annonce que cette branche a perdu, en 2014, 600 millions d’euros à cause de l’embargo russe. C’est ce qu’a déclaré le président du DBV, Joachim Rukwied, lors d’une interview à la radio SüdWestRundfunk. Y aura-t-il un média français pour dévoiler le coût, pour notre filière agricole, des mesures de rétorsion russes? Ne serait-il pas temps, pour nos politiques, qu’ils soient nationaux ou européens, de remiser les sanctions dans le placard des mauvaises idées qui ont prouvé leur inefficacité ?

• Pronostic de Standard & Poors pour l’Ukraine. Augmentation de l’inflation en 2015 jusqu’au 35%, baisse de PIB de 7,5% (segodnya.ua)

• Mauvaise idée au mauvais moment. A peine nommé, le nouveau ministre de la Défense nationale, Jason Kenney, déclarait en février que le Canada pourrait décider de se joindre aux États-Unis dans la formation des forces ukrainiennes (45enord.ca). Il annonce aujourd’hui être prêt à envoyer des soldats en Ukraine conjointement avec les USA qui devrait normalement déployer 300 parachutistes dans l’ouest de l’Ukraine vers le 20 avril pour cette formation (45enord.ca). La semaine prochaine risque d’être diplomatiquement un peu agitée. Rappelons qu’avec sa forte minorité ukrainienne viscéralement anti russe et organisée en lobby politique, le Canada est en pointe du soutien financier et logistique au régime de Kiev.

• Incident dans une centrale nucléaire du sud de l’Ukraine.  “On April 11 at 14.37 at the energy  block #3 of the South-Ukrainian NPP, the generator was disabled by the  auto-electrical safety feature. Probably the cause of the outage was the  loss of generator excitation”. Le communiqué précise que le changement de carburant de russe à américano-japonais n’est pas la cause de l’incident (fortruss). Cette centrale avait été déjà le cadre d’un incident, un incendie cette fois, en janvier 2015 (korrespondent.net).

 

Dimanche 12 avril 2015 (Pâques Orthodoxe)

• Guerre froide. Divulgation de l’interception par un chasseur russe Su-27, le 7 avril, d’un avion d’espionnage électronique américain aux abords de Kaliningrad, au-dessus de la mer Baltique. (deutsche-wirtschafts-nachrichten.de). Maux de tête diplomatiques assurés, les jours prochains, car les Américains reprochent au chasseur russe d’avoir effectué une manoeuvre dangereuse  en s’approchant trop près de l’appareil ( un RC-135U ). L’interception a eu lieu dans l’espace aérien international. Version du Pentagone: “Au matin du 7 avril, le RC-135U US effectuait un vol de routine dans l’espace aérien international et a été intercepté par un chasseur russe Su-27 d’une manière peu sûre et non professionnelle.” déclare la porte-parole du Pentagone Eileen M. Lainez. Le chasseur se serait approché de l’avion US non armé jusqu’à quelques mètres. Le comportement du pilote russe aurait été “irresponsable” et aurait mis en danger la sécurité de l’équipage du RC-135.

Version russe, maintenant : Le porte-parole du ministère russe de la défense, Igor Konaschenkov, a confirmé l’interception. Il a précisé que celle-ci avait été motivée par la découverte d’un aéronef non identifié qui volait en direction de  la frontière russe. Non identifié car, selon lui, son transpondeur était désactivé. Le Sukhoï Su-27 a alors été envoyé pour intercepter la cible et l’identifier. A cet effet, il a effectué des cercles autour de l’appareil, afin d’en déterminer le type et de lire son immatriculation et de la transmettre à sa centrale. Puis le SU-27 a changé de cap et s’est éloigné.

Là encore, on mesure toute la différence entre certains médias étrangers qui ne reculent pas devant la divulgation de certaines infos (avec toutefois un léger différé, dans ce cas précis) et nos médias occidentaux qui les cachent avec obstination. Et l’on ne peut que comparer avec les tempêtes médiatiques occidentales qui se déclenchent quand un avion russe a le toupet d’effectuer un “vol de routine” – pour reprendre la terminologie en usage – dans l’espace aérien international – ce qui est le cas ici -.

• Guerre des chiffres.  UNN publie ce matin la déclaration d’une combattante ukrainienne volontaire, Tatiana Richkova (unn.com.ua) : selon elle, les Ukrainiens ont tout bon, les séparatistes tout faux (logique pour une volontaire) :  “Les pertes au cours de l’ATO : FAU (note : les gentils ukrainiens nazis) :  1205 hommes, Novorusses (note : les méchants occupants russes) : 14.600 hommes“. Comme on peut en juger, l’intox continue en Ukraine et ne se soucie même pas de cohérence avec les chiffres officiels de l’ONU (environ 6000 morts) ou officieux des services de renseignements allemands (environ 50 000 morts). Il faut noter toutefois que l’article de UNN reprend des chiffres cités par cette volontaire sur sa page facebook. Ainsi, UNN peut diffuser une info qui va dans le sens voulu (“on gagne et on est les meilleurs”), mais si jamais cette information est démentie, le média pourra dire “Ah mais, ce n’est pas nous qui avons dit cela, c’est Tatiana Richkova.”

• Fête de Paques à Donetsk: la ville est secouée par les tirs d’artillerie (segodnya.ua). Trois obus ont tombées sur le centre hospitalier N 21 (news.pn), le service de chirurgie est endommagé, un obus a touché un immeuble d’habitation et un journaliste a été tué près de l’aéroport de la même ville (sputnik news ).. Le ministère de la défense de DNR a constaté 49 faits de violation du cessez-le-feu de la part de l’armée ukrainienne depuis 24h (lifenews.ru). Et on a continué à se battre à Peski et à Shirokino

 

• Fêtes de Pâques à Kiev. Pour le jour de Pâques, il y a eu à Kiev deux alertes à la bombe, l’une vers 17 h. dans un grand centre commercial, l’autre dans une station du métro (pravda.com.ua). Un anonyme a annoncé que le centre commercial du quartier Obolonski (ru.wikipedia.org) allait sauter. Le personnel et les visiteurs ont été évacués. Un peu plus tôt,  la station de métro “Arsenal” avait été fermée pour cause d’alerte à la bombe suite à un appel anonyme,.

 

• Petit retour en arrière : “Why We Fight:  The Battle of Russia “ Film de propagande américain de 1947 qui glorifie les russes dans leur lutte contre le nazisme… Mais c’était “avant” (youtube) !

 

 

Source: http://www.les-crises.fr/actuukraine-15-04-2015/


Miscellanées du mercredi (Delamarche, Sapir, Béchade, Astier, Onfray)

Wednesday 15 April 2015 at 00:57

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute de Delamarche: Les marchés dans l’attente d’un shoot extraordinaire,un QE made in China?

Olivier Delamarche VS Pierre Sabatier (1/2): La croissance chinoise a ralenti: est-ce la fin d’un modèle ? – 13/04

Olivier Delamarche VS Pierre Sabatier (2/2): Que dire de la situation économique de la zone euro ? – 13/04

II. Philippe Béchade

Bilan Hebdo: Philippe Béchade et Jean-Louis Cussac – 10/04

III. Jacques Sapir

La minute de Jacques Sapir : Mario Draghi: “Un beau discours et de belles formules” – 14/04

Jacques Sapir VS Cyriaque Dailland (1/2): “Le FMI dresse un tableau très contrasté et assez pessimiste de la situation internationale” – 14/04

Jacques Sapir VS Cyriaque Dailland (2/2): Les fusions-acquisitions peuvent-elles soutenir une économie ? – 14/04

IV. Astier

Alexandre Astier chez Morandini donne son avis sur la “télé réalité”

V. Onfray

Michel Onfray sur le FN et les départementales de 2015


Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

 

 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-du-mercredi-delamarche-sapir-bechade-astier-onfray/


Licencié de chez Bombardier pour ne pas avoir été Charlie…

Wednesday 15 April 2015 at 00:01

Chasse aux sorcières : Karim n’est pas Charlie et, à part avec SUD, il se sent bien seul 

Cinq voix de SUD contre, trois voix des autres syndicats pour. Au comité d’entreprise [de Bombardier ] d’hier, la fracture entre le syndicat majoritaire et les autres s’est révélée. La direction va maintenant solliciter l’inspection du travail, afin d’obtenir le licenciement de Karim Khatabi pour « propos inacceptables ».

« Il y a eu une vingtaine de personnes en grève. Sur deux mille. » Le comptage de la direction de Bombardier est sans appel : peu de personnes ont soutenu Karim Khatabi, le secrétaire SUD du CHSCT (commission d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail). Il est sous le coup d’une procédure de licenciement pour « propos inacceptables ». Il aurait, comme nous l’écrivions hier, tenu ces propos au lendemain du massacre de la rédaction de Charlie Hebdo.

Une vingtaine de salariés de Bombardier seulement, mais également le soutien de syndicalistes SUD venant du Valenciennois. Dehors, à partir de 8 heures et jusqu’à 11 heures, ils étaient une cinquantaine, bloquant l’entrée de l’usine, place des Ateliers. Palettes de bois et pneus brûlés, feu de bengale, sono et café chaud.

Willy Dans était là, lui aussi. Pour le secrétaire de l’Union locale de Valenciennes des syndicats SUD, « ce qui arrive à Karim arrive dans beaucoup d’autres endroits. Il y a un lien de cause à effet entre ce qu’il lui arrive et ce qu’il a fait au CHSCT. Notre pancarte Discrimination syndicale, on la sort souvent… »

En tant que secrétaire du CHSCT, Karim Khatabi a, entre autres, fait fermer les cabines de peinture, pas aux normes, et demandé, pour des raisons de non-respect de la sécurité des salariés, la démission du directeur du site. « Œil pour œil », expliquent ses camarades.
Mis à pied depuis le 8 janvier en attendant que l’inspection du travail donne son avis, Karim Khatabi réfute les accusations : « Ça m’a profondément touché qu’on me prête de tels propos. Tous ceux qui me connaissent vous diront que ce n’est pas moi. Je suis musulman, mais si je fais le ramadan, je ne vais pas à la mosquée. Me traiter de fondamentaliste, c’est surfer sur la vague de l’islamophobie. Je suis avant tout l’homme à abattre. »

Les élus du syndicat SUD ont été les seuls à voter contre son licenciement. Les représentants des trois autres syndicats auraient pu s’abstenir. Ils ont carrément voté pour.

A lire sur la voix du Nord.

Source : Blog Mediapart, le 7 février 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/licencie-de-chez-bombardier-pour-ne-pas-avoir-ete-charlie/


Loi sur le renseignement : “Manuel Valls s’inspire de George Bush”

Tuesday 14 April 2015 at 09:55

Le Premier ministre, Manuel Valls, lors de la présentation du projet de loi sur le renseignement, jeudi 19 mars (WITT/SIPA)

Le Premier ministre, Manuel Valls, lors de la présentation du projet de loi sur le renseignement, jeudi 19 mars (WITT/SIPA)

Les étudiants de l’Institut européen de journalisme (IEJ) ont réalisé une série d’articles autour de le projet de loi sur le renseignement, dans le cadre de leur formation, en partenariat avec “l’Obs”. C’est le cas de celui-ci.

Le projet de loi sur le renseignement arrive à l’Assemblée nationale, ce lundi 13 avril. Si la classe politique semble le soutenir (presque) unanimement, ce n’est pas le cas de nombreuses associations qui dénoncent une “loi liberticide”.Human Rights Watch y voit le “risque d’une société de la surveillance”, à l’image de ce qu’ont fait les Etats-Unis avec le Patriot Act. Eclairage de Jean-Marie Fardeau, directeur général France d’Human Rights Watch.

La situation dans laquelle ce projet de loi sur le renseignement arrive est-elle comparable à celle du Patriot Act, texte adopté après les attentats du 11-Septembre qui a débouché sur la surveillance massive réalisée par l’agence américaine NSA ?

- Oui et non. Le gouvernement n’a pas été réfléchi en réaction aux attentats de janvier. Les discussions à son sujet remontent à bien plus longtemps. Alors que le Patriot Act a été écrit juste après les attentats du 11 septembre 2001, et voté dans la foulée. Après, le gouvernement de Manuel Vallss’inspire de George Bush pour adopter la loi d’urgence sans débats approfondis [le texte est présenté en procédure d'urgence, limitant à une lecture par chambre, NDLR].

- On pourrait croire que la lutte anti-terroriste est le but principal de ce projet loi. En donnant des moyens plus sophistiqués aux services de renseignement. Mais, il vise surtout à rendre légal de nombreuses mesures d’écoutes déjà utilisées par les services. Quand on lit le projet de loi, on s’aperçoit que le terrorisme n’est pas inscrit comme son but central. Ce n’est qu’un des sept motifs invoqués pour justifier l’utilisation de ces moyens. Cette loi cherche donc surtout à légaliser l’espionnage français.

Peut-on parler d’un Patriot Act à la française ?

- Le Patriot Act est plus vaste que la loi française. Il va beaucoup plus loin puisqu’il donne une base juridique au statut de combattant illégal, soit celui qui est considéré comme ennemi des Etats-Unis. Le Patriot Act reste plus abusif, car aucune autorisation n’est nécessaire pour procéder aux écoutes. En France, une commission spécialisée donnera son avis et contrôlera la procédure, sauf en cas d’urgence. Et c’est bien le problème de cette loi. Ensuite le Patriot Act dispose d’une dimension internationale : les étrangers peuvent être écoutés, même Angela Merkel a été placée sous surveillance. Un volet dont ne dispose pas la loi française.

- Les écoutes de personnes vivant à l’étranger ne sont pas répertoriées dans le texte. Ça ne veut pas dire que le pays n’en fait pas, mais bien qu’il n’assumera pas leur existence.

Qu’en est-il de l’opinion américaine sur le Patriot Act ?

- Après tous les scandales liés à la NSA, Barack Obama a été obligé de revoir le Patriot Act. Il a créé un cadre juridique plus contraignant, mais il n’a rien changé fondamentalement. C’est difficile de savoir si une population est favorable à une restriction de ses libertés. Notre rôle de défenseur des droits de l’Homme est de rappeler que même si une population s’habitue à ce que ses libertés fondamentales soient reniées, elles restent essentielles pour la survie de la démocratie et la qualité de l’Etat. Même si on reste minoritaire, on demeure persuadé que ces droits doivent être défendus.

Propos recueillis par Mathieu Bertin, étudiant à l’IEJ

Source : L’Obs, le 13 avril 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/loi-sur-le-renseignement-manuel-valls-sinspire-de-george-bush/