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Syrie : marche turque vers Raqqa et marche funèbre pour les Kurdes ? Par Fabrice Balanche

Wednesday 23 November 2016 at 01:15

Source : Le Figaro, Fabrice Balanche, 07/11/2016

Coimbattants Kurdes lors d'un point presse à propos de l'opération contre Raqqa, capitale syrienne de l'Etat Islamique. Crédits photo : RODI SAID/REUTERS

Coimbattants Kurdes lors d’un point presse à propos de l’opération contre Raqqa, capitale syrienne de l’Etat Islamique.
Crédits photo : RODI SAID/REUTERS

FIGAROVOX/TRIBUNE – Les Forces Démocratiques Syriennes (FDS), dirigées par les Kurdes syriens, ont lancé l’offensive contre Raqqa, capitale syrienne de Daech. Mais pour Fabrice Balanche, la situation est encore très incertaine sur fond de rivalité entre Kurdes et Turcs.

Dimanche 6 novembre, les Forces Démocratiques Syriennes (FDS), dirigées par les Kurdes syriens, ont annoncé officiellement le début de l’offensive contre Raqqa, capitale syrienne de l’État islamique. Cela fait suite aux déclarations de la Turquie, qui elle aussi souhaite s’attaquer à Raqqa avec l’aide des rebelles arabes qu’elle a utilisés pour sécuriser sa frontière entre Azaz et Jerablous au Nord de la Syrie. Cette course à Raqqa dans le discours a-t-elle des chances de se traduire dans la réalité? Le but principal de la Turquie, à travers son intervention en Syrie, est d’empêcher les Kurdes syriens du PYD (Parti de l’Union Démocratique) de réaliser l’unité de leurs territoires dans le Nord de la Syrie sous la forme de ce qu’ils appellent le Rojava. Face à la menace turque, le PYD syrien espère obtenir la protection des États-Unis en promettant enfin de se diriger vers Raqqa, au lieu de tenter de relier l’enclave kurde d’Afrin au reste du Rojava, comme ce fut le cas en août dernier avec la prise de Manbij.

Nous pouvons donc douter sérieusement de la volonté des Kurdes syriens, comme de la Turquie du reste, de vouloir lancer une offensive sérieuse sur Raqqa. Néanmoins accordons aux deux acteurs le bénéfice du doute et tentons d’examiner comment le PYD et la Turquie pourraient tenter de s’emparer de Raqqa comme ils le prétendent.

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Les Forces démocratiques syriennes, dominées par les Kurdes, ne sont qu’à trente kilomètres de Raqqa

Les FDS ont conquis la partie nord de la province de Raqqa (district de Tel Abyad) depuis le printemps 2015, après leur victoire à Kobané contre Daech. Depuis cette date, les forces pro-kurdes ne sont qu’à une trentaine de kilomètres au nord de Raqqa, sur une ligne de front très étendue, qui peut leur permettre de lancer une offensive de différents endroits. Entre les lignes des FDS et Raqqa, le territoire est peu peuplé et sans obstacle physique. Les villages sont très clairsemés et ne se concentrent que le long de la vallée du Baligh, une rivière à sec désormais une partie de l’année.

Raqqa est située à quelques kilomètres au nord de l’Euphrate, sur un plateau qui domine le lit majeur du fleuve. Ce dernier ne présente donc pas une défense naturelle pour toute attaque venant du Nord. Raqqa est une ville champignon donc la population a explosé en raison d’un exode rural massif depuis les années 1970 et d’une croissance naturelle galopante (doublement de la population tous les vingt ans), comme dans le reste de la vallée de l’Euphrate. En 2011, la ville comptait 260,000 habitants contre seulement 37,000 en 1970. La population est désormais quasi-exclusivement arabe sunnite avec la fuite des Chrétiens (1% de la population) et de la plupart des Kurdes (20% de la population). Leur départ a été compensé par l’arrivée d’une centaine de milliers de réfugiés de la région d’Alep et de plusieurs milliers de djihadistes étrangers avec leur famille, telle que la sœur de Mohamed Merah.

Raqqa est une ville très étendue avec une faible densité de population: la terre ne manque pas dans la région et les quartiers illégaux représentent plus de la moitié de l’espace urbain. Ces derniers sont constitués de petites maisons de plain-pied entourées par de vastes cours qui permettent de construire des pièces supplémentaires à mesure que les enfants se marient, comme dans les villages voisins. Les immeubles de plusieurs étages se trouvent au centre-ville mais là encore, ils sont séparés par de larges avenues comme c’est la tradition chez les urbanistes formés dans l’ex-Union Soviétiques. Cela complique la défense de la ville pour Daech, car il sera facile à des véhicules blindés de pénétrer par les larges artères et les djihadistes ne pourront pas utiliser la population civile comme bouclier anti-aérien dans les quartiers périphériques puisque les maisons n’ont pas d’étage.

Le barrage sur l’Euphrate est la clé de Raqqa

Néanmoins avant de lancer une attaque sur Raqqa, les FDS auraient intérêt à s’emparer de Tabqa et du barrage sur l’Euphrate (Thaoura), situés à 40 km à l’Ouest. D’une part, ils pourront ainsi utiliser le pont sur l’Euphrate pour menacer aussi la ville par le Sud et couper toute retraite des djihadistes sur la rive sud. D’autre part, il s’agit de la principale source d’électricité de la vallée de l’Euphrate. En revanche, la menace de la destruction du barrage par l’État Islamique, pour provoquer un raz de marée meurtrier, semble écartée. Il s’agit un barrage de type «bulgare»: un amoncellement de terre et de roches qui soutient un mur en ciment, une construction basique mais extrêmement résistante.

Les FDS sont donc très bien positionnés pour lancer une offensive sur Raqqa. Ils peuvent attaquer sur plusieurs fronts à la fois pour encercler Raqqa, notamment en visant le pont de Halabyah à 50 km à l’Est de Raqqa et le barrage de Thaoura qui fait également office de pont. Ils seront ainsi protégés par le fleuve d’une contre-attaque de l’État islamique en provenance de la rive sud et pourront s’approcher de Raqqa par le nord, l’est et l’ouest. La proximité de leur territoire limite la longueur des lignes de communication ce qui permet de ne pas bloquer trop de forces à l’arrière, plus utiles sur la ligne de front. Ce qui n’est pas le cas de l’armée turque et de ses alliés locaux.

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Une longue marche turque depuis al-Bab 

Lire là suite sur Le Figaro, Fabrice Balanche, 07/11/2016

Source: http://www.les-crises.fr/syrie-marche-turque-vers-raqqa-et-marche-funebre-pour-les-kurdes-par-fabrice-balanche/


Etats-Unis : près de 4 millions de personnes signent une pétition pour que Clinton soit présidente

Wednesday 23 November 2016 at 00:59

Toujours ce respect scrupuleux de la Démocratie…

Vous pensez comme on aurait un tel article en cas d’une pétition pro-Trump si Hillary avait gagné…

Source : 20 minutes, 13/11/16

Hillary Clinton reconnaissant sa défaite, lors d'un discours à New York, le 9 novembre 2016. — JEWEL SAMAD / AFP

Hillary Clinton reconnaissant sa défaite, lors d’un discours à New York, le 9 novembre 2016. — JEWEL SAMAD / AFP

Les signataires estiment que Donald Trump représente « un danger pour la République »…

Et si l’élection présidentielle américaine connaissait un nouveau rebondissement ? C’est en tout cas ce qu’espèrent plus de 3,8 millions de personnes, ayant signé une pétition lancée sur le site Change.org. Intitulée «Collège électoral : élisez Hillary Clinton présidente, le 19 décembre», celle-ci s’adresse aux 538 grands électeurs qui se réuniront, lors de cette prochaine date, en vue d’élire le 45e président des Etats-Unis.

La pétition leur demande ainsi de choisir, non pas le milliardaire républicain, mais la démocrate. Car si Donald Trump a été fraîchement élu, mercredi, ce sont les grands électeurs qui doivent conduire à son élection définitive.

Clinton remporte le vote populaire

Pour étayer cette démarche, la pétition s’appuie notamment sur le fait, incontestable, que Hillary Clinton est la grande gagnante du vote populaire. La candidate démocrate a en effet recueilli 1 300 000 voix de plus que son adversaire, selon les résultats provisoires donnés par les médias américains.

Au scrutin direct, l’ex-secrétaire d’Etat serait donc sortie victorieuse dans cette course à la Maison Blanche. Mais le système électoral américain repose sur un suffrage indirect. Ainsi, fort de ses 290 grands électeurs (il en faut 270 pour remporter l’élection présidentielle), c’est  Donald Trump qui a remporté l’accession au bureau Ovale, mercredi dernier.

Mais le collège électoral peut-il changer le cours de l’élection, comme le souhaitent ces millions de signataires ? Techniquement, c’est possible. Toutefois, dans les faits cette demande a peu de chances d’aboutir. Elus Etats par Etats, les grands électeurs sont en effet choisis avec le plus grand soin par les partis qu’ils représentent et envers lesquels ils restent loyaux. Normalement, leur vote relève donc d’une simple formalité.

Néanmoins, ils pourraient choisir d’élire Hillary Clinton au risque de payer une «petite amende», estiment les initiateurs de la pétition. «Même dans les États où ce n’est pas autorisé, leur vote serait toujours compté, et ils devraient tout simplement payer une petite amende», est-il écrit dans le texte. Une amende que ces supporters de Clinton seraient «très heureux» de payer, assurent-ils.

Trump, « inapte à servir » son pa

Enfin, c’est aussi le visage révélé par le magnat de l’immobilier au cours d’une campagne électorale particulièrement virulente, qui inquiète les signataires de la pétition. « Monsieur Trump est inapte à servir. Le fait qu’il ait désigné comme boucs émissaires tant d’Américains, son impulsivité, l’intimidation, le mensonge, le fait qu’il ait reconnu une agression sexuelle et son absence totale d’expérience font de lui un danger pour la République », est-il écrit.

Sur Twitter et Facebook, les internautes font donc circuler la pétition dans l’objectif d’atteindre les 4,5 millions de signatures. Parmi elles, la fille de l’acteur Bruce Willis, Rumer, ou la joueuse de tennis Jamie Hampton.

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Source : 20 minutes, 13/11/16

Source: http://www.les-crises.fr/etats-unis-pres-de-4-millions-de-personnes-signent-une-petition-pour-que-clinton-soit-presidente/


Justice et sécurité nationale: Trump nomme trois « durs »

Wednesday 23 November 2016 at 00:50

Source : La Presse.ca, 18-11-2016

De gauche à droite: Mike Pompeo, Michael Flynn et Jeff Sessions. PHOTO AFP

De gauche à droite: Mike Pompeo, Michael Flynn et Jeff Sessions.
PHOTO AFP

Le président désigné Donald Trump a nommé vendredi trois tenants d’une ligne dure, en choisissant Jeff Sessions, sénateur ultraconservateur pour la Justice, le général à la retraite Michael Flynn comme conseiller à la sécurité nationale et Mike Pompeo comme directeur de la CIA.

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M. Sessions, 69 ans, est très remonté contre l’immigration illégale, l’un des principaux thèmes de campagne de M. Trump qui a promis d’expulser les 11 millions de clandestins qui se trouveraient aux États-Unis.

La personnalité de ce sénateur de l’Alabama reste très controversée pour des propos racistes tenus il y a plusieurs décennies.

Il apportera à Donald Trump – qui n’a jamais eu de mandat électif – sa fine connaissance des mécanismes du pouvoir à Washington.

À 69 ans, ce natif du sud des États-Unis représente l’Alabama au Sénat depuis 1997 et s’y est illustré durant les présidences du républicain George W. Bush et démocrate Barack Obama en s’opposant à plusieurs projets de régularisation de sans-papiers.

Il s’est aussi montré favorable à des réductions des dépenses et à une approche ferme pour lutter contre la criminalité.

Mais des propos ouvertement racistes tenus dans les années 1980 le poursuivent encore aujourd’hui : en 1986 notamment, alors procureur fédéral dans l’Alabama, il avait reproché à un avocat blanc de faire « honte à sa race » pour avoir défendu un client noir.

Sa candidature à un poste de juge fédéral avait, fait rare, été rejetée après une audition au Sénat à cause de ce genre de déclarations.

Sa nomination doit être approuvée par le Sénat.

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Michael Flynn

L’homme choisi par Donald Trump pour diriger son conseil de sécurité nationale (NSC) est un ancien militaire à la brillante carrière, connu pour être un pourfendeur de l’extrémisme islamique.

Âgé de 57 ans, Michael Flynn, ancien directeur du renseignement militaire américain, était l’une des rares figures de l’establishment de la défense américaine à avoir soutenu Donald Trump pendant sa campagne électorale.

Michael Flynn a défendu une ligne très agressive face à l’extrémisme islamique, accusant l’administration Obama de se montrer trop peu énergique face à cette menace. Il croit également que l’entente sur le nucléaire iranien doit être renégociée.

M. Trump a adopté des positions similaires pendant sa campagne.

Il a en revanche défendu le rapprochement avec Moscou et Pékin, s’affichant lors d’un dîner à Moscou avec Vladimir Poutine en décembre 2015.

« Nous avons un problème avec l’islamisme radical et je pense que nous pouvons travailler ensemble » avec les Russes « contre cet ennemi », avait-il expliqué au Washington Post cet été.

Fils d’un banquier du Rhode Island, Michael Flynn a eu une carrière militaire très tournée vers le renseignement, qui l’a conduit à servir en Irak et en Afghanistan.

En 2012, le président Obama le nomme patron du renseignement militaire américain (DIA, Defense intelligence agency), qui compte environ 16 500 personnes.

Mais il est contraint de quitter ses fonctions moins de deux ans plus tard, sur fond de remous internes et de conflits avec l’administration américaine.

Sa nomination n’a pas besoin d’être approuvée par le Sénat.

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Mike Pompeo

Ce parlementaire républicain de 52 ans, est un « faucon », farouche adversaire du régime iranien et de l’accord international sur le nucléaire signé par les grandes puissances pour empêcher Téhéran de se doter de la bombe.

Il est membre de la commission du renseignement de la Chambre des représentants et il a aussi été l’un des membres en vue de la controversée commission d’enquête sur l’attaque du consulat américain à Benghazi en Libye en 2012.

Après deux ans d’enquête, cette commission avait finalement accusé Hillary Clinton, la secrétaire d’État de l’époque, d’avoir minimisé la menace djihadiste en Libye.

Sorti major de sa promotion en 1986 de West Point, la prestigieuse école de formation des officiers américains de l’armée de terre, Mike Pompeo a quitté l’armée en 1991 pour étudier le droit à Harvard, puis se lancer dans les affaires en fondant Thayer Aerospace, une entreprise aéronautique qu’il a ensuite revendue.

En 2010, il conquiert un siège de représentant pour le Kansas, soutenu par les frères Koch, les influents milliardaires conservateurs.

Sa nomination doit être approuvée par le Sénat.

M. Trump rencontrera en fin de semaine l’ancien candidat présidentiel Mitt Romney, qui serait en lice pour le poste de secrétaire d’État.

Source : La Presse.ca, 18-11-2016, d’après AFP

A lire aussi l’article de LCIÉlections américaines – Tump a trouvé le patron de la CIA, son ministre de la justice  et son conseiller à la sécurité nationale 

Source: http://www.les-crises.fr/justice-et-securite-nationale-trump-nomme-trois-durs/


L’écrasante responsabilité de la gauche dans la victoire de Donald Trump, par Dominique Méda

Tuesday 22 November 2016 at 02:00

Source : Le Monde, Dominique Méda, 13.11.2016

Les gauches se font tailler des croupières presque partout dans le monde par des partis qui prétendent mettre au cœur de leurs préoccupations les oubliés, les damnés de la mondialisation, les sans-grade, les déclassés, parce que la gauche a renoncé à mener une politique de gauche, explique la sociologue Dominique Méda.

« Il ne reste plus à ceux qui votaient traditionnellement pour [la gauche] qu’à se tourner vers ceux qui s’intéressent (ou font semblant de s’intéresser) à eux et à leurs problèmes » (Photo: les leaders et chefs de gouvernement socialistes européens réunis à Paris en 1999). JACK GUEZ / AFP

« Il ne reste plus à ceux qui votaient traditionnellement pour [la gauche] qu’à se tourner vers ceux qui s’intéressent (ou font semblant de s’intéresser) à eux et à leurs problèmes » (Photo: les leaders et chefs de gouvernement socialistes européens réunis à Paris en 1999). JACK GUEZ / AFP

Par Dominique Méda, sociologue, professeure des universités

L’énigme semble complète : pourquoi les pauvres et les ouvriers ont-ils voté pour un milliardaire qui ne s’est donné que la peine de naître – un don conséquent de son père lors de son entrée dans la vie adulte lui ayant permis de construireson empire – et non pour la candidate démocrate ?

Pourquoi presque un tiers des Français qui vont voter à la prochaine élection présidentielle, dont de nombreux électeurs issus des classes populaires, s’apprêtent-ils, selon les sondages, à apporter leur suffrage non pas à la gauche, mais à une candidate, Marine le Pen, dont le répertoire idéologique était il y a encore peu aux antipodes de l’anticapitalisme et de la lutte des classes ?

Pourquoi les gauches se font-elles tailler des croupières presque partout dans le monde par des partis qui prétendent mettre au cœur de leurs préoccupations les oubliés, les invisibles, les damnés de la mondialisation, les sans-grade, les déclassés ?

Les droits que nous pensions définitivement acquis

Cela s’explique en grande partie par le fait que la gauche a tout simplement renoncé à mener une politique de gauche et que, dès lors, il ne reste plus à ceux qui votaient traditionnellement pour elle qu’à se tourner vers ceux qui s’intéressent (ou font semblant de s’intéresser) à eux et à leurs problèmes.

Aurions-nous vu le Front national (FN) changer radicalement de fond idéologique, s’intéresser à la classe ouvrière, à la valeur du travail, à la faiblesse des salaires, aux régions ruinées par le départ des usines, à la difficulté de boucler les fins de mois, à la mondialisation, si la gauche avait été fidèle à son héritage idéologique, on n’ose dire à ses valeurs ?

Les victimes de la globalisation, ceux qui ont perdu leur emploi ou se trouvent dans des zones de relégation seraient-ils autant tentés par le discours de Marine Le Pen si la gauche avait continué à défendre l’égalité, l’augmentation des salaires, le développement de l’Etat-providence, la coopération, la réduction du temps de travail, le partage ?

A l’évidence, non. A l’évidence nous n’en serions pas là, à trembler pour la paix et le maintien de droits que nous pensions pourtant définitivement acquis, si, en 1983, au lieu d’accepter de se soumettre à une Europe qui ne parvenait pas à devenir politique, la gauche au pouvoir avait continué à défendre l’intérêt du paradigme keynésien.

Nous n’en serions pas là si, en 1985-1986, la gauche n’avait pas cédé aux sirènes de la libre circulation des capitaux et de l’ouverture des marchés financiers dont même le Fonds monétaire international (FMI) reconnaît aujourd’hui qu’ils sont en train de détruire nos sociétés ; nous n’en serions pas là si la gauche française n’avait pas, année après année, accepté les uns après les autres les renoncements à l’héritage de gauche.

Augmentation insupportable du chômage

Souvenons-nous : la fameuse équité promue en 1994 par le rapport Minc encensé par la gauche ; l’orthodoxie budgétaire pleinement revendiquée par l’actuel président de la République et qui a conduit à une augmentation insupportable du chômage ; l’abandon dans lequel la gauche a laissé les banlieues depuis trente ans tout en prétendant s’en occuper ; l’obsession de l’équilibre comptable érigé en dogme et objet de la plus grande fierté pendant qu’une partie du pays crève ; le désintérêt complet pour les conditions de travail dont la dégradation saute pourtant tous les jours aux yeux ; le glissement progressif de la gauche vers la condamnation de l’assistanat ; l’incompréhension totale à l’endroit du « Moustachu » (Philippe Martinez), considéré dans les plus hautes sphères de l’Etat comme le Diable ; le refus d’obliger les entreprises mères à assumer la responsabilité des actes de leurs filiales ; la soumission au pouvoir des banques…

Et surtout, la conversion complète – parfaitement mise en évidence dès 1994 dans le livre remarquable publié sous la direction de Bruno Jobert, Le Tournant néo-libéral en Europe (L’Harmattan) – des soi-disant élites à l’ensemble du bagage théorique néoclassique, et à ses prêtres, qui nous proposent depuis des années des baisses du smic (alors que le moindre de leur « ménage » leur rapporte un smic en quelques heures), des contrats uniques, des licenciements plus rapides, un démantèlement complet des protections du travail, une baisse des allocations-chômage et des minima sociaux pour que les paresseux reviennent plus vite au travail, et tout cela en des termes trompeurs (qu’on se souvienne de la fameuse « sécurisation »).

Des élites converties au discours que l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) asséné depuis les années 1980 ; des élites de gauche, y compris Obama, qui préfèrent conserver auprès d’eux des économistes champions de la dérégulation (comme Larry Summers) tant la discipline économique semble aujourd’hui dépolitisée.

Soupçon généralisé sur les chômeurs

Souvenons-nous : la trahison de Bill Clinton qui, en 1992, assène qu’il faut « To end welfare as we know it » (« en finir avec l’Etat-providence tel que nous le connaissons ») et met en place, en 1996, une réforme qui pousse les allocataires de minima sociaux à reprendre le travail à n’importe quel prix, plongeant dans la misère ceux qui n’en sont pas capables.

Souvenons-nous : le coup de tonnerre qu’a constitué le Manifeste Blair-Schröder de 1999 dans lequel les deux dirigeants « de gauche » en appellent à en finir avec cette « vieille » gauche, dopée aux dépenses publiques, incapable de croire à l’entreprise et à la compétitivité.

Souvenons-nous des réformes du chancelier allemand Gerhard Schröder, le soupçon généralisé sur les chômeurs qui refuseraient, par pure paresse, de reprendre des emplois (qui n’existent pas), la fusion de l’allocation-chômage et de l’allocation d’assistance, la politique du « bâton » comme si ceux qui avaient perdu leur emploi et ne parvenaient pas en en retrouver un le faisaient exprès. Et, pendant ce temps, l’explosion des inégalités, les fortunes aussi colossales que rapidement acquises, la consommation ostentatoire, la finance folle.

Presque partout, parvenue au pouvoir, la gauche a adopté le paradigme néolibéral, souvent pour montrer qu’elle était capable d’être une aussi bonne gestionnaire que la droite, souvent aussi parce qu’il aurait fallu renverser la table pour mettre en œuvre une autre politique.

Une Europe n’ayant pour seul idéal que le marché

Chaque époque est singulière. Lors du premier septennat de François Mitterrand, peut-être ne savions-nous pas, ne pouvions-nous pas imaginer, qu’une Europe si mal née, une Europe incapable de s’unir sur des accords politiques, une Europe n’ayant pour seul idéal que le marché, ne pourrait pas survivre.

Mais en 2012, les choses étaient bien différentes. Il aurait fallu, au lieu de vouloir à tout prix exercer le pouvoir, sauvegarder au contraire, comme ce qu’il y a de plus précieux, les valeurs de la gauche. Même au risque d’être moqués, au risque d’être considérés comme de mauvais élèves en économie, comme de piètres gestionnaires, il fallait conserver contre vents et marées comme unique boussole la recherche absolue de l’égalité, l’attention pour les ouvriers, les déclassés, les ségrégués, les oubliés, les dominés, les banlieues, les petits salaires, les privés d’emploi et défendre en conséquence le service public, la solidarité, la redistribution.

Il aurait mieux valu ne pas exercer le pouvoir et conserver intact l’espoir de changer un jour la situation plutôt que de l’exercer en singeant la droite, en récupérant l’héritage, les manières de faire, les comportements, l’idéologie de la droite, ce qui conduit aujourd’hui nos concitoyens abandonnés à se jeter dans les bras des seuls qu’ils n’ont pas encore essayés.

Tant que la gauche n’aura pas renoué avec ses principes fondamentaux, ses (improbables) succès électoraux seront autant de victoires à la Pyrrhus, faisant le lit de la droite et de l’extrême droite.

Source : Le MondeDominique Méda, 13.11.2016

Source: http://www.les-crises.fr/lecrasante-responsabilite-de-la-gauche-dans-la-victoire-de-donald-trump-par-dominique-meda/


Italie : quels scénarios pour l’après-référendum ? Par Romaric Godin

Tuesday 22 November 2016 at 01:30

Source : La Tribune, Romaric Godin,  

Matteo Renzi restera-t-il au pouvoir après le référendum du 4 décembre ? (Crédits : Stefano Rellandini)

Matteo Renzi restera-t-il au pouvoir après le référendum du 4 décembre ? (Crédits : Stefano Rellandini)

Le “non” reste en tête dans le référendum constitutionnel prévu le 4 décembre prochain en Italie. Que se passera-t-il après le vote ? Revue des scénarios possibles.

C’est une bonne nouvelle pour Matteo Renzi. La croissance italienne s’affiche au cours du troisième trimestre 2016 à 0,3 %, autant qu’en zone euro et, pour la première fois depuis début 2009, l’Italie fait mieux que l’Allemagne sur un trimestre. Mais c’est sans doute une maigre consolation, car ce rayon de soleil jaillit de sombres ténèbres : le référendum prévu le 4 décembre prochain sur les réformes constitutionnelles qu’il a proposées s’annonce très difficile pour lui. Et il y a fort à parier que les Italiens n’ont pas réellement senti les effets d’une croissance qui demeure faible et peu fondée sur une amélioration de leurs conditions d’existence.

Ce que disent les sondages

Les sondages en tout cas sont sans appel : le « non » aux réformes constitutionnelles dispose d’un large soutien, souvent en progression. La dernière enquête, réalisée le 14 novembre par EMG, donne 39,2 % d’intentions de vote pour le « non » contre 34,9 % pour le « oui » et 25,9 % d’indécis. Celle réalisée le 12 novembre par Winpoll pour Huffington Post Italia donne 52,5 % pour le « non » et 47,5 % pour le « oui ». Ixè, le 11 novembre, attribue une avance de trois points au « non » : 40 % contre 37 % avec 23 % d’indécis. Enfin, pour Index Research, le « non » était à 52,8 % des intentions de vote le 10 novembre, avec 22 % d’indécis. On le voit, le « non » a partout de l’avance, mais c’est une avance faible et le résultat dépendra évidemment du comportement des 20 à 25 % d’électeurs qui n’ont pas encore fait leur choix. Le problème pour Matteo Renzi est cependant que, selon de nombreuses enquêtes, les indécis choisissent davantage le « non ».

Victoire du « oui », victoire de Matteo Renzi ? Oui, mais…

Reste à savoir ce qui se passera réellement au lendemain du 4 décembre. Si le « oui » l’emporte le 4 décembre, Matteo Renzi en sortira singulièrement renforcé. Il aura remporté le scrutin presque seul contre la quasi-totalité du monde politique, y compris une partie de sa majorité et de son propre parti, le Parti démocrate (PD). Il pourra alors achever sans difficulté son mandat jusqu’en février 2018, date des prochaines élections législatives qu’il abordera dans de bonnes conditions puisque « sa » victoire lui permettra sans doute d’éliminer son opposition interne au PD.

La question de la loi électorale

Seule ombre au tableau : la loi électorale qui est un complément des réformes soumises au référendum. Cette loi, appelée « Italicum », doit en effet assurer une majorité absolue à la future chambre des députés qui sera désormais la seule devant laquelle le gouvernement italien sera responsable. Elle prévoit de donner la majorité absolue des sièges au parti ayant obtenu 40 % au premier tour ou ayant obtenu la majorité lors d’un ballotage opposant les deux premiers partis du premier tour si aucun n’a obtenu lesdits 40 %. Cette loi est cependant soumise à la cour constitutionnelle qui a annoncé qu’elle se prononcera sur sa légalité après cette loi électorale après le scrutin référendaire. Le risque d’une inconstitutionnalité n’est pas à écarter, les deux tribunaux de Messine et Turin, en février et juillet dernier, ont jugé acceptables respectivement six et deux motifs d’illégalité de la loi, notamment le principe du ballottage.

Les élections de 2018 ne sont pas gagnées, même en cas de « oui »

Si la loi est validée par la cour, Matteo Renzi aura réalisé un « grand chelem » et sera en position idéale avant 2018. Sinon, tout dépendra des motifs retenus par la cour, mais l’Italicum devra être corrigé. Or, ceci devrait donner lieu à de vives passes d’armes au parlement. La minorité du PD conteste la loi et l’opposition risque de crier à la manipulation. Modifier une loi électorale à proximité du scrutin est toujours délicat. D’autant que la loi actuelle semble profiter au Mouvement 5 Etoiles (M5S) de Beppe Grillo, qui a montré sa capacité à mobiliser les oppositions à Matteo Renzi en cas de ballotage. Il est à noter, du reste, que, même en cas de « oui », l’élection de 2018 est loin d’être gagnée pour le PD et Matteo Renzi. Et, avec l’application de la réforme constitutionnelle et de l’Italicum, le M5S qui est faible dans certaines régions italiennes, dispose d’un levier pour pouvoir gouverner le pays en 2018. Ce qu’il a beaucoup moins en cas de victoire du « non ». Une fois passé l’euphorie de la victoire, Matteo Renzi restera donc sous pression durant les 14 prochains mois dans un contexte économique qui reste difficile.

Si le « non » l’emporte, Matteo Renzi devra démissionner

En cas de victoire du « non », hypothèse la plus probable aujourd’hui au regard des sondages, il sera difficile à Matteo Renzi de ne pas remettre sa démission de la présidence du Conseil. Le scrutin a été trop personnalisé et la réforme constitutionnelle est trop symbolique pour que Matteo Renzi puisse agir autrement, même si, en théorie, sa majorité parlementaire n’est pas remise en cause par un référendum sur une question précise.

L’option complexe des élections anticipées

La vraie question est de savoir ce que fera ensuite le président de la République Sergio Matarella, à qui reviendra la décision. L’ancien ministre démocrate-chrétien, puis centre-gauche, dispose alors de plusieurs possibilités. La première, celle qui est redoutée par les marchés et les dirigeants européens, est la dissolution du parlement et la convocation d’élections anticipées. Cette hypothèse pose un certain nombre de problème. En effet, la réforme constitutionnelle étant rejetée, l’élection concernera la Chambre et le Sénat (dont les membres sont élus par les conseils régionaux dans la réforme soumise au vote). Le futur gouvernement, comme aujourd’hui, sera responsable après le scrutin devant les deux chambres.

La question des lois électorales

Reste à savoir comment élire les parlementaires. A priori, pour les députés, l’Italicum s’appliquera en attendant la décision de la cour constitutionnelle. Mais il existe une possibilité que cette loi soit invalidée en partie avant le scrutin et que donc la loi électorale ne s’applique qu’en partie, par exemple sans prime majoritaire ou sans ballottage, puisqu’il n’y aura pas le temps suffisant de construire une nouvelle loi. Mais pour le Sénat, l’Italicum ne prévoit rien, puisque le Sénat, dans la réforme constitutionnelle, devait être constitué de membres nommés par les Conseils régionaux. C’est donc la loi précédente, appelée « Consultellum » qui va s’appliquer. C’est l’ancienne loi électorale sans la prime majoritaire, invalidée en 2014 par la cour constitutionnelle (« Consulta » en italien). Autrement dit, le Sénat sera élu par un vote à la proportionnelle dans les régions avec simplement un seuil de 2 % pour les partis membres d’une coalition et de 4 % pour les partis hors coalition. Ceci signifie qu’il n’existera pas de majorité dans l’état actuel du système politique italien au Sénat.

Instabilité politique assurée

Le scénario serait alors le suivant dans l’hypothèse d’une application de l’Italicum tel qu’il existe aujourd’hui. Le Mouvement 5 Etoiles (M5S) et le PD, donnés par les sondages au coude-à-coude aux alentours de 30 % s’affronteraient au deuxième tour. Comme la droite eurosceptique de la Ligue du Nord se reportera vers le M5S, ce dernier pourrait bien gagner face à un PD en plein désarroi le ballotage et être majoritaire à la Chambre. Mais au Sénat, le M5S n’aura pas une telle majorité, ne serait-ce que parce qu’il est très faible dans certaines régions du sud et du nord de l’Italie. Il lui faudra construire une majorité, sans doute avec la Ligue du Nord, les néofascistes de Fratelli d’Italia et, peut-être, le centre-droit berlusconiste. Une coalition fragile et instable qui n’est pas certaine de voir le jour et qui ne manquera pas d’inquiéter sur les marchés et en Europe.

Un autre gouvernement jusqu’en 2018 ?

Devant ce scénario, Sergio Matarella pourrait choisir de temporiser en chargeant un nouveau gouvernement de mettre au point une loi électorale pour le Sénat dans l’optique des élections de 2018. D’autant plus que l’Italie va devoir faire face aux demandes de la Commission sur son budget 2017 qui, si l’on en croit Jean-Claude Juncker, son président, pourrait être rejeté. Il y aura alors urgence à disposer d’un exécutif, même si, par exemple dans le cas du Portugal l’an dernier, le budget de l’année avait finalement été validé en février 2016. Sergio Matarella pourrait aussi élargir cette charge à ce nouveau gouvernement de 14 mois : élaborer une nouvelle réforme constitutionnelle, cette fois sans passer par le référendum, modifier également l’Italicum et, enfin, de façon informelle, mener campagne contre le M5S et la Ligue du Nord. Ceci aura pour intérêt de repousser à plus tard le chaos, mais non de l’éviter.

Un gouvernement Renzi II est-il possible ?

Pour mener cette tâche, le président de la République dispose de trois choix. D’abord, reconduire Matteo Renzi. Ce dernier pourrait bien sûr refuser. Lundi, à la radio, il a laissé entendre qu’il abandonnerait la vie politique en cas de « non » le 4 décembre.  Mais, étant responsable de la nouvelle situation, il pourrait vouloir accepter la charge de la dépasser politiquement. Pour cela, il lui faudra disposer d’une majorité parlementaire. Or, l’opposition interne au PD a clairement en tête d’utiliser le référendum pour l’écarter. Il y a un risque qu’elle ne soutienne pas un deuxième mandat de Matteo Renzi. Tout dépendra du score par lequel le « oui » perd. En cas de courte défaite, l’actuel hôte du Palais Chigi sera plus fort. Il peut aussi demander l’appui de Forza Italia, le centre-droit berlusconiste, mais il en sera à coup sûr affaibli.

Vers un gouvernement « technique » ?

Si Matteo Renzi jette l’éponge, peut-être également pour conserver son capital politique et revenir plus tard, un autre représentant du PD pourrait reprendre les rênes du gouvernement. Ce sera cependant délicat tant la tension entre Renzistes et anti-Renzistes est forte au sein du parti. Le problème qui se pose à Matteo Renzi se posera à tout candidat PD. S’il est de la minorité du parti, il sera rejeté par la majorité du PD et inversement. C’est pourquoi on évoque de plus en plus la possibilité d’un gouvernement « technique », vieille tradition italienne, qui disposerait d’un mandat précis et qui serait soutenu par une large majorité pour ce seul mandat. Ce serait une option qui permettrait de gagner du temps, mais les grandes questions, notamment économiques seraient repoussées à après-2018, ce qui ne favorisera pas la confiance des agents économiques. La possibilité d’une relance sera évanouie, le gouvernement se contentant d’appliquer la feuille de route de Bruxelles. Enfin, les élections de 2018 se présenteront dans le même esprit que celles de 2013 qui avaient été un désastre pour les partis traditionnels. La victoire électorale du M5S et une coalition avec l’extrême-droite ne sera repoussée que de quelques mois.

L’Italie se trouve donc face à une situation difficile dans les prochains dix-huit mois, quoi qu’il arrive. Une situation qui sera délicate à gérer pour la troisième économie de la zone euro, qui est la deuxième la plus endettée et une des moins performantes en termes économiques depuis 1999.

Source : La Tribune, Romaric Godin,  

Source: http://www.les-crises.fr/italie-quels-scenarios-pour-lapres-referendum-par-romaric-godin/


Révélations sur Sarkozy et la Libye : « le traitement médiatique est hallucinant» par David Perrotin

Tuesday 22 November 2016 at 01:10

Source : Buzz Feed News, David Perrotin, 16-11-2016

Depuis novembre, Mediapart et Le Monde ont publié de nombreuses révélations sur un possible versement de fonds par Kadhafi lors de la campagne de Sarkozy en 2007. Une seule question a été posée à l’ancien président pourtant interviewé plus de huit fois ce mois-ci.

«Entretien vidéo exclusif – Takieddine: “J’ai remis trois valises d’argent libyen à Guéant et Sarkozy.”» Mediapart, en partenariat avec l’agence Premières lignes, a lâché un nouveau témoignage mardi qu’on aurait pu penser accablant. Et pourtant, cet énième élément de l’affaire du financement libyen présumé de la campagne de Sarkozy en 2007 a été traité plutôt discrètement. Il ne fait ni la une des journaux, ni celle des JT, et n’est pas, loin s’en faut, le sujet principal abordé dans les interviews politiques. Et si certains médias jugent que les déclarations de Takieddine doivent être prises avec des pincettes, il faut rappeler que ce témoignage n’est pas isolé. Le 3 novembre dernier, Le Monde publiait d’autres révélations tout aussi explosives —renforçant celles déjà publiées par le site Mediapart depuis 2011— à propos de la campagne de 2007.

S’il n’y a toujours aucune preuve tangible concernant un financement de la campagne de Sarkozy par le réseau de l’ex-dictateur Mouammar Kadhafi, les indices accablent le clan Sarkozy. Selon les deux sites d’information, qui ont eu accès à l’enquête, les magistrats instructeurs jugent même désormais «probable l’hypothèse d’un financement libyen». Notamment après ces éléments de l’enquête (non exhaustifs):

Même s’il n’y a pas de preuve irréfutable, même si l’enquête est toujours en cours, il paraît tout de même logique que des journalistes interrogent le candidat à la primaire de droite sur ces nouveaux éléments.

8 interviews de Sarkozy, 1 question sur la Libye

Depuis les révélations du Monde le 3 novembre, Nicolas Sarkozy a été interrogé par TF1, France 2, France 3, Le ParisienValeurs actuelles, RTL et, Public Sénat avec Sud Radio (sans parler des médias spécialisés comme Terre-net.fr ou Business immo). Aucune question ne lui a été posée sur ce sujet. Il aura fallu attendre ce jeudi pour que la seule et l’unique lui soit posée par Le Figaro près de deux semaines après les premières révélations.

Le15 novembre, le candidat à la primaire de la droite est l’invité de la matinale de RTL pendant une quinzaine de minutes. La journaliste cherche à savoir s’il a «la pêche» avant de l’interroger sur la primaire, ses concurrents, François Bayrou, Donald Trump, l’Europe, la double ration de frites pour les enfants musulmans ou juifs, Notre-Dame-des-Landes. Rien sur la Libye.

Le13 novembre, Nicolas Sarkozy est l’invité exclusif du 20h de TF1. Il est interrogé sur les commémorations des attentats, le groupe État islamique, les manifestations de policiers, la victoire de Donald Trump, la primaire de la droite, sa carrière politique en cas de défaite, mais pas un mot sur les accusations liées à sa campagne de 2007.

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Le 12 novembreLe Parisien publie une interview fleuve de l’ex-chef d’État. Deux questions sont bien posées sur «les affaires», mais n’abordent pas le financement supposé libyen.

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Le 10 novembre, Nicolas Sarkozy est interrogé dans la matinale de France 2. Il est invité à répondre sur l’élection de Donald Trump, l’Europe et la primaire. Le nom de Kadhafi ne sera jamais évoqué.

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Le 8 novembre, l’ancien chef de l’État est interrogé pendant une heure par cinq journalistes sur Public Sénat avec Sud Radio. Rien ne sera évoqué.

Le 6 novembre, il est l’invité de l’émission Dimanche en politique de France 3. Sur les 28 minutes du programme, pas une seconde ne sera accordée pour évoquer l’enquête en cours sur le financement de la campagne de 2007.

Par ailleurs, le 3 novembre dernier, lors du second débat entre les différents candidats à la primaire de la droite aucune question n’a été posée sur toutes ces révélations. Même chose dans l’interview publiée par Valeurs actuelles.

Il aura fallu attendre le 17 novembre— plus de 15 jours après les premières révélations— pour que le candidat à la primaire soit interrogé pour la première fois sur le sujet dans le Le Figaro. «Je n’ai que mépris pour cette officine qui depuis des années essaye sans succès de me salir», a-t-il notamment répondu. Il n’a toutefois pas été relancé par les journalistes.

Silence radio dans les JT de France Télévisions

 

Lire la suite sur : Buzz Feed News, David Perrotin, 16-11-2016

Source: http://www.les-crises.fr/revelations-sur-sarkozy-et-la-libye-le-traitement-mediatique-est-hallucinant-par-david-perrotin/


François Fillon, futur Président de la Région France ?

Monday 21 November 2016 at 02:10

Ce mois de novembre aura été riche en évènements – pour le meilleur, et sans doute, hélas, le pire.

Bien sûr, je ne vais pas bouder le plaisir de chanter un beau “Au revoir, Président (Sarkozy)”, qui tourne une page du pays – et pas une des meilleures…

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(P.S. : comment on fait pour avoir 0,3 % des voix quand on a présidé un parti ? Sérieux, mais qui a voté Copé ? Bon, 12 000 voix ce sont surement sa famille, ses amis, Bygmalion et les personnes à qui il a rendu service à Meaux…)

Donc :

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Voilà, ça, c’est fait… Encore un peu de patience pour virer le socialiste, et on aura réglé le cas 2012…

 

Ceci étant dit, nous venons de connaître un petit moment “Trump” – le “n’importe quoi” en moins.

Car à ce stade, il semble clair que François Fillon devrait remporter haut la main la primaire de la Droite et de la Droite (un retournement sera difficile, mais enfin, nous verrons…) dimanche prochain.

Alors comme il y a 15 jours, je dirai que je suis très heureux que Sarkozy ait perdu, mais que je suis inquiet que Fillon l’emporte ainsi.

Bien entendu, il y a des choses intéressantes chez lui – essentiellement au niveau international (un type sérieux ! Qui devrait vraiment lutter contre le terrorisme).

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(après, Dassault devrait faire pressions sur lui, mais bon, au moins a-t-il dit la vérité, c’est déjà ça en ces temps de tromperie universelle…)

Et bon, un Président n’ayant pas ou n’ayant pas eu de soucis sérieux avec la Justice, c’est bien aussi. Et j’ai confiance sur le fait que lui nous horripilera sans doute (c’est de la politique), mais au moins ne nous fera-t-il plus honte…

 

Mais autant j’ai pu penser pour Trump : “Pour le reste, la vie intérieure américaine, eh bien c’est désormais surtout le problème des Américains”, autant ça va être difficile de le dire pour Fillon. Et là, autant le programme des Républicains est une sacrée folie sur certains points, autant Fillon a réussi l’exploit d’apporter des petits plus qui vont encore plus dans la mauvaise direction, économique, sociale, sociétale…

On lira le programme ici et .

S’il applique un tel programme, j’ai bien peur qu’on s’aperçoive qu’il allait bien au delà de ce que pouvait supporter le corps social de la France.

On notera d’ailleurs qu’un tel résultat m’étonne peu dans un pays qui a pu supporter sans bouger le scandale Zemmour en septembre – mais je n’y reviens pas…

Enfin, nous verrons bien, après tout le pire n’est jamais sûr…

 

En tous cas Todd avait (encore) raison : le pays se dirige vers un cure Thatchérienne, à un moment où le reste du monde va faire le contraire… Cure qui sera en totale phase avec les diktats de Bruxelles – mais il est vrai que l’année prochaine aura principalement lieu l’élection visant à désigner le Président de la Région France de l’UE…

Hélas, il est clair qu’il y a des périodes où un pays cherche la pays civile, et d’autres périodes où il cherche l’inverse – et là, le nôtre est bien parti pour l’avoir…

P.S. Un dernier point : il va être urgent d’interdire les sondages politiques, qui outre leur inutilité montrent aussi leur sévère pouvoir manipulateur ; le vote est secret, les opinions doivent l’être aussi (boycottez en tous cas tout sondeur qui vous contacterait…)

[L’Obs] Ce que contient le programme très conservateur de François Fillon

Source : L’Obs, 20/11/2016

Il avait déclaré la France en faillite. Aujourd’hui, François Fillon préconise une rigueur toute thatchérienne et offre une vision très réactionnaire.

Personne ne l’attendait là. Surtout pas Nicolas Sarkozy. François Fillon a doublé tout le monde. Son programme, lui, va ravir les conservateurs et réactionnaires de tous poils.

Il avait déclaré la France en faillite. Aujourd’hui, François Fillon préconise une rigueur toute thatchérienne. Les propositions de l’homme de fer sont un voyage en terre de droite, très à droite.

Primaire de droite : mariage homo, voile, impôts… Ce qui divise les 7 candidats

François Fillon souhaite mettre en place un contrat de travail avec des modalités de rupture prédéfinies et progressives. Concrètement, il veut introduire le motif de réorganisation de l’entreprise dans les procédures de licenciement collectif “pour faciliter l’adaptation des entreprises à leur contexte concurrentiel”.

Dans le cadre du dialogue social dans les entreprises, l’ancien Premier ministre veut que celui-ci s’appuie, en cas d’échec, sur le référendum d’entreprise.

Il veut simplifier le droit du travail autour de “dispositions fondamentales” et “renvoyer le reste” à la négociation au niveau de l’entreprise ou des branches.

Le Thatcher français veut supprimer “la contrainte” des 35 heures et laisser les salariés et chefs d’entreprise négocier librement la durée de travail hebdomadaire. Le tout dans “la limite des 48 heures” posée par le droit européen. Il veut aussi supprimer un jour férié.

François Fillon veut pourvoir les 300.000 emplois “qui ne trouvent actuellement pas de candidats dans notre pays malgré le chômage de masse”.

L’ancien Premier ministre veut plafonner les allocations chômage à 75% et les rendre dégressives “afin que l’indemnisation chômage permette un vrai retour à l’emploi”. Enfin, il veut que la loi sanctionnant les refus successifs d’emploi soit appliquée.

Premier objectif de François Fillon : augmenter le temps de travail des fonctionnaires de 35 à 39 heures. Cette augmentation du temps de travail effectif “sera mise en œuvre en un an”, fait-il valoir.

“Le passage du temps de travail à 39 heures des trois fonctions publiques proposé dans mon projet permettra à terme de réduire le nombre de postes de fonctionnaires jusqu’à 500.000”, assure François Fillon. Gain d’économie, selon l’ultra-libéral : 15 milliards d’euros d’économie .

François Fillon n’aime pas trop les fonctionnaires. “Le statut de la fonction publique sera passé à la paille de fer pour en gommer tous les avantages injustifiés”, assure-t-il. Comme “les mises en disponibilité sans justification”, “les réintégrations dans leur corps d’origine des fonctionnaires ayant commis des fautes”.

François Fillon ambitionne de réduire les dépenses publiques de 100 milliards d’euros sur cinq ans et de “réformer de fond en comble la gouvernance publique”.

Face à la menace terroriste, François Fillon veut s’emparer de la proposition de François Hollande : la déchéance de nationalité. Il veut retirer la nationalité aux Français partis en Syrie ou en Irak et leur interdire de revenir sur le territoire.

Il veut créer un grand ministère de l’intérieur rassemblant toutes les forces qui concourent à la sécurité : police, gendarmerie, administration pénitentiaires, douanes. Par ailleurs, il souhaite que la police municipale soit armée.

François Fillon veut construire 16.000 places dans les prisons.

Il propose aussi la création d’une carte nationale d’identité biométrique.

Enfin, le candidat veut interdire les rassemblements publics que les forces de l’ordre ne seraient pas “capables de protéger”.

Le candidat Fillon n’a pas oublié la triste polémique sur le burkini sur les plages de France cette été. “La décision du Conseil d’Etat impose de clarifier la situation par la loi. Je serais prêt à voter une loi anti-burkini car on ne peut pas laisser les maires et les policiers seuls avec leur liberté d’appréciation”, déclare-t-il au “Monde” en août.

La position de François Fillon est simple : La GPA restera interdite à tous et les sanctions pénales sur le recours ou la promotion de la GPA seront renforcées. La PMA restera interdite aux couples de femmes et aux femmes seules.

Toutefois, François Fillon n’entend pas remettre en cause le principe du mariage des couples de même sexe, il veut réécrire le texte. Il souhaite que “les règles concernant la filiation doivent être réexaminées, car il y va de l’intérêt de l’enfant et cela prévaut pour moi sur toute autre considération”. Il veut supprimer la possibilité d’adoptions plénières pour les parents homosexuels.

François Fillon propose de rétablir l’universalité des allocations familiales et porter le plafond du quotient familial à 3.000 euros.

“La famille est le fondement de notre société, et il ne saurait être question que les familles soient pénalisées par une politique fiscale injuste à leur encontre”, affirme-t-il.

Ce sont ces positions qui lui ont permis de rallier les militants de Sens commun, émanation politique de la Manif’ pour Tous.

François Fillon veut la guerre. Contre qui ? Les “pédagogues prétentieux”. C’est ce qu’il a affirmé lors de son dernier meeting :

“L’échec de l’école est lié à l’échec de l’apprentissage des fondamentaux. Ce n’est pas la faute des enseignants. C’est la faute d’une caste de pédagogues prétentieux qui ont imposé des programmes jargonnants et qui ont pris en otage nos enfants au nom d’une idéologie égalitariste”

Alors, François Fillon propose de suspendre les allocations familiales pour les parents d’élèves absentéistes. L’ancien Premier ministre veut supprimer l’interdiction des devoirs à la maison, fixer le début de la scolarité obligatoire à cinq ans.

Il veut réformer la direction des établissements en donnant aux chefs d’établissement des pouvoirs dans la gestion des enseignants.

François Fillon veut consolider la filière nucléaire française et prolonger l’exploitation des centrales de 40 à 60 ans. Il n’entend pas fermer la centrale de Fessenheim.

Enfin, l’ancien Premier ministre veut supprimer de la Constitution “un principe de précaution dévoyé et arbitraire”.

François le Russe. Le député de Paris veut renouer avec la Russie de Poutine, lever l’embargo et coopérer avec la Russie dans le conflit en Syrie et contre l’Etat islamique. L’ancien Premier ministre veut aussi renforcer les relations avec l’Iran.

Vidéo en réaction :

Source : L’Obs, 20/11/2016

François Fillon est bien plus à droite que vous ne pensez

Claude Askolovitch, Slate, 19/11/2016

François Fillon vient d’une France douce, tempérée, modérée, mais où flottent des vapeurs réactionnaires, jamais totalement dissipées. Il n’est pas d’homme qui exprime mieux ce que deviennent les droites: libérales ultra et réactionnaires d’évidence, en mal de restaurations et de provinces.

[…]  Il n’est pas besoin de crier pour être de droite. Francois Fillon est souriant, urbain, poli, vengeur, et vrai. Il rencontre la droite dans ses aspirations. La purge libérale en économie, la restauration identitaire en société. Il le dit en élégance. Pourquoi préférer l’autre, enfin! Pourquoi se priver de ce que l’on est? Seul Fillon est adéquat, si l’idéologie rencontre la société.

Si cela prend, ce ne sera que naturel. Fillon n’est pas l’alternative à Juppé pour battre Sarkozy. Quelle idée vaine et inculte! Il est l’alternative à Sarkozy contre Juppé, ce radsoc chiraquien, si vieux mais surtout prévisible, qui cherche à faire oublier en jouant les pères nobles et les burgraves de droite, tout ce qu’il a d’humain et de faible, en somme, envers la part métissée de notre monde…

Article à lire ici (si vous aimez le personnage) : Claude Askolovitch, Slate, 19/11/2016

Source: http://www.les-crises.fr/francois-fillon-futur-president-de-la-region-france/


Revue de presse du 21/11/2016

Monday 21 November 2016 at 01:35

Merci à nos contributeurs pour cette revue de presse. Je relance un appel à candidature pour avoir des personnes pour nous aider à la faire…

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-21112016/


[Vidéo] Clip de l’armée ukrainienne…

Monday 21 November 2016 at 00:50

Juste pour rire : une pub réelle de recrutement de l’armée ukrainienne…

Source : Youtube capture-decran-2016-11-21-a-15-31-57

Source : Youtube

Source: http://www.les-crises.fr/video-clip-de-larmee-ukrainienne/


Réseaux Gladio : le documentaire de la BBC de 1992 (1/3 : The Ring Masters)

Sunday 20 November 2016 at 03:35

Suite de notre premier billet sur les Réseaux Gladio.

Je vous propose d’approfondir, en parcourant d’abord cette page Wikipedia dédiée, puis, surtout, en regardant ce très intéressant documentaire de l’excellente série TimeWatch de la BBC de 1992.

En voici la première partie (la deuxième dimanche prochain…), de qualité très médiocre (désolé, mais il n’y a que ça et ce documentaire est exceptionnel, très peu ont été réalisés…), que nous avons sous-titrée pour vous :

(Un grand merci aux traducteurs et sous-titreur)

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Source: http://www.les-crises.fr/reseaux-gladio-le-documentaire-de-la-bbc-de-1992-13/