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Oui, une nouvelle guerre est possible, par Roger Cohen

Monday 15 September 2014 at 03:16

Roger Cohen est chroniqueur au New York Times

Par Roger Cohen, The Atlantic, 29 juillet 2014.

Instabilité en Ukraine, chaos en Syrie, conflit dans la mer de Chine orientale – les éléments déclencheurs de la 3ème Guerre Mondiale sont en place.

Le pessimisme est un prisme utile pour examiner les affaires des Etats. Leur ambition de conquérir, de conserver et d’accroître leur pouvoir n’est jamais assouvie. L’optimisme, auquel les Américains sont généralement enclins, mène à des prédictions irréfléchies sur la fin de l’histoire [NdT: Fukuyama], dans un consensus mondial d’où serait bannie toute guerre. La fin de la Guerre froide s’est accompagnée de conceptions optimistes du même genre. Elles étaient déjà perceptibles il y a un siècle, à l’aube de la Première guerre mondiale.

A cette époque, tout comme aujourd’hui, l’Europe avait connu une longue période de paix relative, à la fin des guerres napoléoniennes. A cette époque, également, les rapides progrès de la science, de la technologie et de la communications avaient donné à l’humanité le sentiment de partager des intérêts communs qui avait éloigné la guerre, malgré la compétition navale de mauvaise augure entre le Royaume-Uni et l’Allemagne. A cette époque, également, des hommes fortunés consacraient leurs fortunes à la conciliation et à une meilleure compréhension entre les hommes. Des annexions abusives, comme celle de la Bosnie-Herzégovine par l’Autriche Hongrie en 1908, attisaient les colères entre pouvoirs rivaux, mais les dirigeants de ce monde ne voulaient pas croire qu’un incendie global était possible et encore moins qu’il allait débuter six ans plus tard. Ces mêmes monarques qui allaient expédier des dizaines de millions d’hommes dans un bourbier meurtrier, de 1914 à 1918, et enterrer quatre empires, se pensaient assez intelligents pour éviter le pire.

L’inimaginable peut se produire. C’est une notion qu’il est à la fois banal et toujours utile de rappeler. En effet, l’inimaginable vient de se produire en Crimée, où, pour la première fois depuis 1945, une puissance majeure a modifié par la force le tracé d’une frontière européenne. L’annexion de la Crimée par la Russie et ses visées évidentes sur l’est de l’Ukraine sont un rappel que l’Otan a été créé pour protéger l’Europe, après que celle-ci se fut par deux fois immolée au cours du vingtième siècle. Le précepte fondamental de l’Otan, que les Polonais et autres anciens vassaux de l’Empire soviétique aiment à rappeler aux insouciants Européens de l’Ouest, est l’article 5, par lequel les Alliés ont convenu que « une attaque armée contre un ou plusieurs d’entre eux en Europe ou en Amérique du Nord devait être considérée comme une attaque contre eux tous », déclenchant une réponse militaire conjointe. Ceci s’est révélé être un puissant moyen de dissuasion contre des adversaires potentiels . C’est dans les zones tampons de la Géorgie et de l’Ukraine, nations suspendues entre Est et Ouest, dont aucune n’est membre de l’Otan, que le président russe Vladimir Poutine s’est montré le plus agressif. Si l’Ukraine avait été membre de l’Otan, l’annexion de la Crimée se serait effectuée au prix (probablement inacceptable) d’une guerre. L’article 5, jusqu’à preuve du contraire, est un engagement à toute épreuve [L'article 5 du traité de l'OTAN indique que l'attaque d'un pays de l'OTAN serait considérée comme l'attaque de chacun des membres de l'OTAN].

Quand un nationaliste serbe bosniaque de 19 ans, Gavrilo Princip, assassina l’héritier du trône austro-hongrois à Sarajevo, le 28 juin 1914, il voulait préserver la Serbie d’une mainmise impériale. Il ne pouvait pas se douter qu’en quelques semaines, l’Autriche-Hongrie déclarerait la guerrre à la Serbie, incitant la Russie (militairement humiliée une décennie plus tôt par le Japon) à se mobiliser pour prendre la défense de son allié slave, et poussant le Kaiser, à la tête d’une Allemagne à l’influence grandissante, à lancer une attaque préventive sur la France, alliée de la Russie, entraînant le Royaume-Uni à déclarer à son tour la guerre à l’Allemagne.

Les événements s’enchaînent en cascade. Il est d’ores et déjà évident que la ferveur nationaliste qu’a libérée Poutine chez les Russes après 25 ans de ce qu’ils perçoivent comme le déclin de leur nation dans le sillage de la Guerre froide, est loin d’être épuisée. Les Russes sont convaincus que la dignité de leur nation a été bafouée par une avancée stratégique des Etats-Unis et de l’Europe à ses frontières, sous couvert d’un discours démocratique sur l’état de droit et les droits de l’Homme. Que cela soit vrai ou non, peu importe, ils en sont persuadés. Réelle ou non, l’humiliation nationale est un formidable catalyseur de guerre. Ce fut le cas après les réparations de guerre et les concessions territoriales imposées par le Traité de Versailles ; il en sera de même en Serbie, plus de 70 ans plus tard, après l’éclatement de la Yougoslavie, pays que la Serbie avait toujours considéré comme une extension de son territoire. La Russie, convaincue d’avoir perdu sa grandeur, est saisie d’une névrose de Weimar, semblable à celle que connut l’Allemagne d’après la Première Guerre Mondiale, lorsqu’elle vivait dans la nostalgie de sa stature et de son pouvoir passés. Les séparatistes épaulés par Moscou, qui s’emparent aujourd’hui des bâtiments gouvernementaux dans l’Est de l’Ukraine et proclament une « République Populaire de Donetsk » indépendante démontrent la virulence de l’irrédentisme russe.

Laissons-nous aller à quelques prévisions pessimistes, donc, au nom de la prudence. Voici un scénario possible : les conflits entre les forces gouvernementales ukrainiennes et les groupes paramilitaires organisés par la cinquième colonne russe s’intensifient. Le nombre des victimes augmente. Le positionnement en cours de troupes et de F-16 par l’OTAN en Pologne et dans les pays baltes, censé agir comme dissuasion, irrite de plus en plus la Russie – « une grande et humble nation assiégée », pourrait dire un général russe. Le président américain, qui déclare que son pays, lassé de guerres, ne cherchera pas le conflit, impose des sanctions sur tout le secteur pétrolier et gazier russe. Les Etats d’Europe qui dépendent de l’énergie russe renâclent ; un ex-chancelier allemand qui travaille dans le gaz naturel déclare l’intérêt de son pays lié à Moscou. Puis, disons qu’un mouvement indépendantiste issu de la minorité russe prenne de l’ampleur en Estonie, soutenu en sous-main par des agents de Moscou d’une façon lui permettanr de réfuter toute implication, et qu’il annonce son soutien à la République populaire de Donetsk. Une vague de cyber-attaques désactive les équipements gouvernementaux estoniens, et un gros bonnet estonien appelle le leader russe « un troglodyte impérialiste prisonnier d’ un jeu à somme nulle ». Après une tentative d’assassinat sur la personne du ministre des affaires étrangères d’Estonie, au cours d’une manifestation dans la capitale, les appels à invoquer l’article 5 de la Constitution se font pressants auprès du président des USA. Il insiste sur le fait que « tracer des lignes rouges au XXIème siècle n’est pas un exercice utile ».

Personne ne sait où il s’arrêtera. L’appétit, comme le disent les Français, vient en mangeant.

Permettons-nous quelques sombres hypothèses, au nom du principe de précaution. Voici un scénario possible : les affrontements s’intensifient entre les forces du gouvernement ukrainien et les formations paramilitaires organisées par les membres de la cinquième colonne russe. Le nombre des morts augmente. L’envoi en cours de troupes et de F-16 de l’Otan vers la Pologne et les Pays baltes, conçu comme un moyen de dissuasion, fait redoubler la colère en Russie – un général russe pourrait être tenté de déclarer qu’ « une grande et humble nation est assiégée ». Le président américain, prétendant que son pays, épuisé par la guerre; ne cherchera pas le conflit, impose des sanctions sur le secteur entier du pétrole et du gaz russes. Les États européens dépendant de l’énergie russe protestent ; un ancien chancelier allemand travaillant dans le gaz naturel déclare que les intérêts de son pays sont du côté de Moscou. Puis, par exemple, un mouvement indépendantiste de la minorité russe gagne en intensité en Estonie, soutenu par des agents de Moscou niant toute implication, et annonce son soutien à la République populaire de Donetsk. Une vague de cyber-attaques met hors d’usage les installations du gouvernement estonien, et un gros bonnet estonien qualifie le leader russe de « troglodyte impérialiste piégé dans un jeu à somme nulle ». Après une tentative d’assasinat sur le ministre estonien des Affaires étrangères lors d’un rassemblement dans la capitale, des voix s’élèvent pour que le président américain invoque l’article 5. Il déclare que « tracer des lignes rouges au vingt-et-unième siècle n’est pas un exercice utile ».

Poussons plus loin l’imagination, et supposons que, peu après le discours du président, par une incroyable coïncidence, un navire chinois s’échoue sur l’une des Îles désertes Senkaku, administrées par le Japon en mer de Chine orientale. La Chine envoie une petite force vers ce qu’elle appelle les Îles Diaoyu « comme mesure de protection ». Le Japon envoie quatre destroyers pour expulser les Chinois et rappelle au président américain qu’il a dit que les îles, situées à proximité de réserves sous-marines de pétrole, « relèvent » du traîté de coopération et de sécurité mutuelles US / Japon. Un sénateur républicain, en écho à l’humeur belliqueuse de Washington, déclare que « l’Estonie vaut plus que quelques cailloux en mer de Chine orientale » et exige de savoir si « les États-Unis ont déchiré les alliances ratifiées en Europe et en Asie qui sont le fondement de la sécurité mondiale depuis 1945 ». Le président lance un ultimatum à la Chine : elle doit quitter les îles japonaises ou faire face à une réponse militaire. Il menace également d’une frappe de l’Otan contre les troupes russes massées à la frontière estonienne, en cas de nouveaux actes de violence sécessionniste en Estonie. Les deux avertissements sont ignorés. Les dirigeants chinois et russe accusent les États-Unis de « prolonger les hostilités et les alliances de la guerre froide au service de leur ambition de domination mondiale ». La Troisième Guerre Mondiale commence.

Cela ne pourrait pas se produire ; bien sûr que non. La paix, voire le pacifisme, est maintenant inscrite dans les gènes des Européens, qui ne songent à la guerre qu’avec dégoût. L’Europe est intégrée politiquement et économiquement. L’Amérique, après deux guerres sans victoire, est dans une période de retrait qui peut durer une génération. Les guerres ne mettent plus aux prises de grandes armées de terre ; elles sont une affaire de frappes localisées, effectuées par des drones sans pilote contre des extrémistes djihadistes. La Russie de Poutine est opportuniste – elle ne changera l’équilibre du pouvoir en Ukraine ou en Géorgie que si le prix lui paraît acceptable – mais elle n’est pas assez imprudente pour s’en prendre à des pays sous protection de l’Otan. La Chine, avec sa devise « d’harmonie », se concentre sur sa propre montée en puissance. et conçoit l’utilité des États-Unis dans le Pacifique comme puissance équilibrante capable de rassurer des voisins anxieux comme le Japon et le Vietnam. Pour l’instant, Pékin ne cherche pas à imposer sa propre version de la doctrine Monroe. Il tient son nationalisme en respect, alors même que la course à l’armement naval asiatique accélère. À la différence de 1914 ou 1939, la présence de grandes garnisons américaines en Europe et en Asie maintient une Pax Americana tenace . Les Nations Unies, malgré leurs échecs cuisants, sont une garantie de dernier recours contre une autre descente dans l’horreur. Le spectre d’un génocide nucléaire est l’outil de dissuasion ultime d’un monde hyperconnecté. Partout, les citoyens disposent maintenant des outils pour organiser une cacophonie en temps réel contre le type de folie qui a causé, durant la Première Guerre Mondiale, la mort de tant de jeunes gens « connus de Dieu seul » , suivant la formulation immortelle de Kipling.

Convaincant ? Il serait certainement agréable de penser, comme le suggérait le président Clinton en 1997, que les politiques territoriales des grandes puissances appartiennent au passé. Une nouvelle ère venait d’apparaître, disait-il, dans laquelle « l’intérêt personnel éclairé, ainsi que les valeurs communes, forceront les pays à définir leur grandeur par des moyens plus constructifs ». En fait, la prise de conscience que l’ours russe peut mordre et pas seulement grogner vient à point nommé rappeller qu’un monde multipolaire dans une période de transition, où les ressentiments populaires se développent sur le terreau du chômage et des inégalités, est un monde dangereux.

Le système international ne semble pas être particulièrement stable. La confrontration bipolaire de la Guerre Froide, malgré ses crises, était prévisible. Le monde d’aujourd’hui ne l’est pas. Il a pour acteurs des États-Unis dont le pouvoir est dominant mais non plus déterminant, une Chine au parti unique qui s’achemine vers l’hégémonie, une Russie autoritaire, ivre de nationalisme qui s’accroche à l’idée d’un empire restauré, et enfin une Europe faible, nombriliste et blasée, dont l’ambition d’une union toujours plus proche est en suspens, et peut-être au bord du renversement.

Les tendances pacifistes en Europe de l’Ouest co-existent avec des visions du pouvoir (celles de Moscou et de Pékin) que Bismarck ou Clausewitz reconnaîtraient instantanément. Après les génocides au Rwanda et en Bosnie, l’Assemblée générale de l’ONU a ratifié le principe selon lequel les gouvernements avaient la « responsabilité de protéger » leurs citoyens des atrocités. Mais à la vue du démembrement sanglant de la Syrie et du démantèlement cynique de l’Ukraine, ce genre d’idéalisme apparaît comme léger, voire simplement hors de propos. Les pays baltes sont de nouveau en pemière ligne. Le rêve fugace après la Guerre Froide d’une zone d’unité et de paix qui s’étendrait de Lisbonne à Vladivostok s’est évanoui. Comme l’observe John Mearsheimer dans son texte précurseur The Tragedy of Great Power Politics (La Tragédie des politiques de la puissance), « les systèmes multipolaires deséquilibrés présentent la répartition du pouvoir la plus dangereuse qui soit, principalement à cause des hégémonies naissantes qui sont enclines à entrer en conflit avec l’ensemble des autres grandes puissances du système ».

Dans ce contexte, rien n’est plus dangereux que la faiblesse américaine. Il est compréhensible que les États-Unis se replient sur eux-mêmes après plus d’une décennie de guerre post-11 septembre. Mais c’est également inquiétant, car la crédibilité de la puissance américaine reste la clé de voûte de la sécurité mondiale. L’humeur d’une nation n’est pas simplement le reflet des difficultés économiques ou des coûts de la guerre, elle est également déterminée par les décisions et la rhétorique de son président. Il n’y avait pas de majorité pour soutenir l’intervention américaine lors de la Première et de la Deuxième Guerre Mondiale jusqu’à ce que le président se décide à en façonner une (aidé de manière décisive, dans le cas de Franklin D. Roosevelt, par l’attaque de Pearl Harbor). Comme le souligne Jonathan Eyal du Britain’s Royal United Services Institute, « si un président se lève et dit quelque chose, il peut déplacer le débat ».

Le président Obama a clairement indiqué qu’il ne croyait pas à la force militaire. Ses mots l’énoncent distinctement, de même que son langage corporel. Il demande, après l’Irak et l’Afghanistan, ce que la force permet d’accomplir. Ce sont des questions légitimes: il faut placer la barre très haut pour déclencher la puissance militaire. Mais quand un président américain envoie ses alliés en première ligne pour défendre sa « ligne rouge », comme l’a fait Obama dans l’affaire des armes chimiques en Syrie, avant de décider de leur faire faire marche arrière, il occasionne un préjudice que le monde n’oublie pas. Et récemment, alors qu’on lui demandait si sa déclaration selon laquelle les Etats Unis protégeraient les Iles Senkaku ne risquait pas de constituer une nouvelle « ligne rouge » , le flou de sa réponse représente un tel danger que ses paroles valent la peine d’être reprises :

L’implication de cette question, je pense, … est qu’à chaque fois qu’un pays enfreint une de ces normes, les États-Unis devraient entrer en guerre ou être préparés à s’engager militairement, et s’ils ne le font pas, alors, d’une certaine manière, nous ne sommes pas crédibles sur ces normes. Et bien, ce n’est pas le cas.

Si ces obligations conventionnelles ne constituent pas une ligne rouge déclenchant une réponse militaire américaine – le seul moyen de prouver le sérieux de « ces normes » – alors les paris sont ouverts dans un monde déjà rempli d’incertitudes. Il y un siècle, en l’absence de lignes claires ou de règles, c’est justement ce genre d’espoir confortable et de confiance aveugle dans le jugement des puissances rivales qui précipitèrent la catastrophe. Mais cela, peut-on dire, c’était avant. Le monde a censément changé.

Mais est-ce vraiment le cas ? Considérons cet article du manuel de lycée de mon père, daté de 1938 :

La machine a rapproché les hommes comme jamais auparavant au cours de l’Histoire. Paris et Berlin sont plus proches aujourd’hui que des villages voisins ne l’étaient au Moyen-âge. Dans un sens, la distance a été annihilée. Nous volons sur les ailes du vent et tenons en main des armes plus effrayantes que la foudre… Le défi de la machine est la plus grande opportunité que les humains aient jamais connue. De la précipitation et du tourbillon des confusions de notre époque peuvent encore naître un ordre majestueux de paix mondiale et de prospérité.

L’optimisme est toujours présent dans le coeur des êtres humains – et mieux vaut ne pas s’y fier. Notre monde hyperconnecté, et les tensions et désirs qui l’accompagnent, n’est en fin de compte pas si nouveau. L’ombre de la répétition traîne dans les pas des prophètes du progrès. L’effervescence de 1938 où « la distance a été anéantie » serait rapidement suivie de la boucherie de Stalingrad, du massacre des Juifs Européens, des morts indifférenciés d’Hiroshima et de Nagasaki, provoquant l’angoisse de toute l’Humanité.

Nous ne devrions pas abandonner à la légère un pessimisme mûrement réfléchi, ou les traités qu’il a produits.

Roger Cohen, traduction collective par les lecteurs du site www.les-crises.fr 

Source: http://www.les-crises.fr/oui-une-nouvelle-guerre-est-possible-par-roger-cohen/


Le 17 septembre à l’Assemblée : une loi anti-terrorisme terrorisante.

Monday 15 September 2014 at 00:09

Source : Numerama

La Quadrature du Net a organisé le vendredi 5 septembre une soirée d’information dans les locaux de Mozilla à Paris, pour mettre en alerte sur le contenu de la loi anti-terrorisme que doit présenter l’actuel ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve.

Ce texte sera présenté par lui le 17 septembre à l’Assemblée Nationale…

Le 17 septembre prochain, le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve doit présenter à l’Assemblée Nationale son projet de loi de lutte contre le terrorisme, qui éloignera un peu plus le curseur de la “liberté” pour le rapprocher de la “sécurité”. Le texte prévoit notamment de durcir les lois sur la presse, ou d’instaurer un blocage de sites internet sur ordre de l’Etat, sans possibilité pour des tiers de savoir quels sont les sites bloqués, et donc sans possibilité de s’y opposer en justice, ni en amont, ni en aval.

Le Gouvernement a choisi de présenter le texte sous le régime de la procédure accélérée, ce qui veut dire que les députés et les sénateurs ne pourront en débattre et l’amender qu’une seule fois pour chaque chambre, sans possibilité d’allers-retours. C’est donc avec la conscience de l’urgence de mobiliser les citoyens pour qu’ils mobilisent à leur tour leurs élus que La Quadrature du Net a décidé d’organiser ce vendredi soir à Paris une réunion dans les locaux de Mozilla, au 16bis boulevard Montmartre (de 17h à 19h).

L’association lance par ailleurs un site internet, Présumés Terroristes, qui explique en détails les enjeux du texte pour les libertés individuelles (y compris hors Internet), et va jusqu’à remettre en cause la proportionnalité du dispositif par rapport à la réalité de la menace et du risque terroriste, qui reste statistiquement très faible.

La loi est l’affaire de tous. Le gouvernement a choisi une procédure d’urgence, à cheval sur l’été, pour faire adopter un projet de loi portant atteinte aux libertés fondamentales et inefficace pour la lutte contre le terrorisme. Il est du devoir des élus de la nation et des citoyens de se mobiliser pour défendre les libertés de tous, et nous appelons chacun à prendre ses responsabilités devant ce projet de loi“, exhorte Adrienne Charmet, coordinatrice des campagnes de La Quadrature du Net.

La Ligue des Droits de l’Homme, le Syndicat de la Magistrature, Reporters sans frontières, font également partie des organisations vivement alertées par les dangers de ce texte pour les libertés individuelles et la démocratie.

 

Source: http://www.les-crises.fr/democratie-internet-43432/


Débat Attali-Veil-Garaud-Chevènement sur l’euro en 1996…

Sunday 14 September 2014 at 01:06

Souvenirs, souvenirs…

Vous pouvez reprendre les “meilleurs” répliques en commentaire svp ? Merci…

Source: http://www.les-crises.fr/debat-attali-veil-garaud-chevenement-sur-leuro-en-1996/


[Archive 2008] Courageuse petite Géorgie ? Non, aborder la situation à travers la grille d’analyse de la guerre froide ne tient pas, par Mark Almond

Sunday 14 September 2014 at 00:53

Mark Almond est maître de conférences en histoire à l’Oriel College de l’université d’Oxford. Je reprends ici un de ses intéressants articles de 2008 à propos de la russophobie déjà répandue à l’époque. Voir la page Wikipedia sur ce conflit.

Il serait simpliste de faire porter à la seule Russie la responsabilité des affrontements autour de l’Ossétie du Sud. L’Occident serait bien avisé de ne pas s’en mêler.

Pour beaucoup, voir des tanks russes franchir une frontière en plein mois d’août rappelle les tristes souvenirs de Prague en 1968. Ce réflexe de guerre froide est parfaitement naturel, mais, après deux décennies de retrait des Russes hors de leurs anciens bastions, il est trompeur. Tout événement dans l’ex-Union soviétique n’est pas une répétition de l’histoire soviétique.

Le conflit entre la Russie et la Géorgie au sujet de l’Ossétie du Sud a en réalité plus de points communs avec la guerre des Malouines de 1982 qu’avec un épisode de la guerre froide. Alors que la junte argentine, qui venait de récupérer Las Malvinas sans qu’une goutte de sang ne soit versée, se félicitait de l’approbation de sa population, Henry Kissinger anticipa la réaction britannique que personne ou presque ne prévoyait en déclarant : “Aucune grande puissance ne bat éternellement en retraite.” Peut-être que, aujourd’hui, la Russie a arrêté la longue retraite vers Moscou qui a débuté sous Mikhaïl Gorbatchev.

A la fin des années 1980, alors que l’URSS amorçait son déclin, l’Armée rouge se retira de plusieurs pays d’Europe orientale qui, à l’évidence, considéraient qu’elle n’était là que pour protéger des régimes communistes impopulaires. Ce retrait se poursuivit dans les nouvelles républiques de l’ex-URSS, et jusque sous la présidence de Vladimir Poutine, durant laquelle les troupes russes furent même évacuées de leurs bases en Géorgie.

Aux yeux de nombreux Russes, cette vaste retraite géopolitique de pays qui faisaient partie de la Russie bien avant l’instauration du régime communiste n’a amélioré en rien les relations du pays avec l’Occident. Plus la Russie se rognait les griffes, plus Washington et ses alliés dénonçaient les ambitions impériales du Kremlin.

Contrairement à ce qui se passait en Europe de l’Est, par exemple, les troupes russes sont aujourd’hui populaires dans des Etats sécessionnistes comme l’Ossétie du Sud ou l’Abkhazie. Le portrait de Vladimir Poutine y est plus largement affiché que celui du président de l’Ossétie du Sud, l’ancien champion de lutte soviétique E.Kokoïty. Les Russes y sont considérés comme une protection contre une éventuelle reprise du nettoyage ethnique pratiqué par les Géorgiens.

En 1992, l’Occident a appuyé Edouard Chevardnadze lorsqu’il a voulu rétablir le contrôle de la Géorgie sur ces régions. La guerre fut un désastre pour son pays. Le “nettoyage” opéré dans les régions rebelles entraîna la fuite de plus de 300 000 réfugiés, mais pour les Ossètes et les Abkhazes, c’est le pillage brutal auquel se livrèrent les troupes géorgiennes qui est resté gravé dans les mémoires.

Depuis lors, les Géorgiens n’ont cessé de ruminer leur humiliation. Tandis que Mikheïl Saakachvili n’a pas fait grand-chose pour les réfugiés depuis son accession au pouvoir au début de 2004 – si ce n’est les expulser de leurs hôtels du centre de Tbilissi pour favoriser le marché immobilier – , il a consacré 70 % du budget du pays aux dépenses militaires. En août 2008, il a décidé de montrer ses muscles.

Bien décidé à assurer l’entrée de la Géorgie dans l’OTAN, le président géorgien a envoyé des troupes en Irak et en Afghanistan – et estimé du même coup qu’il bénéficiait du soutien américain. Les rues de la capitale géorgienne sont tapissées d’affiches du président américain au côté de son protégé géorgien. C’est une avenue George W. Bush qui mène à l’aéroport de Tbilissi. Mais Mikheïl Saakachvili a ignoré une autre maxime d’Henry Kissinger : “Les grandes puissances ne se suicident jamais pour leurs alliés.” Peut-être que ses alliés néoconservateurs à Washington l’ont également oubliée. Espérons que non.

Comme Galtieri en 1982, Mikheïl Saakachvili est confronté à une crise économique intérieure et à la désillusion de la population. Dans les années qui ont suivi ce que l’on a appelé la “révolution des roses”, le copinage et la pauvreté qui caractérisaient la période Chevardnadze n’ont pas disparu. En novembre 2007, les allégations de corruption et de favoritisme à l’égard du clan de la mère du président, ainsi que les soupçons de fraude électorale ont provoqué des manifestations de masse contre Mikheïl Saakachvili. Ses forces de sécurité – entraînées, équipées et financées par l’Occident – ont réprimé les protestataires. S’en prendre à l’ennemi commun des Géorgiens en Ossétie du Sud permettra sans doute, au moins sur le court terme, de les rassembler autour du président.

En septembre 2007, le président Saakachvili s’en est pris à celui qui avait été son plus proche allié durant la “révolution des roses”, le ministre de la défense Irakli Okruachvili. Les deux hommes s’accusèrent d’entretenir des liens avec la pègre et de se livrer à la contrebande. Quelle que soit la vérité, le fait que des hommes considérés par l’Occident comme des héros du grand ménage opéré après la période Chevardnadze s’accusent de délits aussi monstrueux devrait nous mettre en garde contre la tentation de choisir un héros local dans la politique caucasienne.

Les commentateurs géopolitiques occidentaux s’en tiennent à des simplifications de la guerre froide à propos de la Russie intimidant la courageuse petite Géorgie. Quiconque connaît un tant soit peu le Caucase sait que l’Etat qui se plaint d’être la victime de son grand voisin peut lui-même se comporter de manière tout aussi odieuse à l’égard de ses propres minorités. Les petits nationalismes sont rarement angéliques.

Pire encore, le soutien occidental à des programmes d’”équipement et entraînement” dans l’arrière-cour de la Russie ne contribue en rien à la paix et à la stabilité si des responsables locaux grandiloquents tels que M. Saakachvili les voient comme une promesse de soutien inconditionnel, même à l’occasion de crises qu’ils ont eux-mêmes provoquées. M. Saakachvili semble avoir pensé que le précieux oléoduc qui passe par son territoire, ainsi que les conseillers de l’OTAN mêlés à ses troupes, empêcheraient la Russie de réagir militairement à une incursion en Ossétie du Sud. Ce calcul s’est avéré désastreusement erroné.

La question à présent est de savoir si le conflit peut être contenu ou si l’Occident va s’y trouver entraîné. Jusqu’à présent, l’Occident a adopté des approches différentes à l’égard des sécessions dans les Balkans, où des micro-États obtiennent des ambassades, et dans le Caucase, où les frontières tracées par Staline sont considérées comme sacro-saintes.

Dans les Balkans, l’Occident a encouragé la désintégration de la Yougoslavie multiethnique, processus qui a culminé avec la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo en février. Si un micro-Etat dominé par la mafia tel que le Monténégro est capable d’obtenir la reconnaissance de l’Occident, pourquoi des Etats défectueux, prorusses et non reconnus ne pourraient-ils pas eux aussi aspirer à l’indépendance ?

Avec son extraordinaire complexité ethnique, la Géorgie est une post-URSS en miniature. Si les Occidentaux se sont empressés de reconnaître le droit des républiques non russes de se séparer de l’URSS en 1991, quelle logique y a-t-il à proclamer que des non-Géorgiens devraient demeurer au sein d’un micro-empire qui se trouve être pro-occidental ?

Les nationalismes des autres ressemblent aux histoires d’amour des autres, ou, à vrai dire, aux combats de chiens. Ce sont des choses dans lesquelles les gens avisés s’abstiennent d’intervenir. Une guerre dans le Caucase n’est jamais une croisade morale claire – mais combien de guerres le sont ?

© Marc Almond, The Guardian, 9 août 2008.

 

 

Source: http://www.les-crises.fr/courageuse-petite-georgie-non/


Revue de presse internationale du 14/09/2014

Sunday 14 September 2014 at 00:01

Une courte revue, option géopolitique, où l’on remarque (encore) l’étrange manie guerrière et interventionniste de “l’occident” par rapport aux “nouvelles puissances” (BRICS, etc.) beaucoup plus mesurées. Cette curieuse fuite en avant concerne d’ailleurs aussi les aspect sécuritaires ou économiques.

Source: http://www.les-crises.fr/rdpi-14-09-2014/


[Entraide] Modérateurs + dessins de presse + OJD + Programmeurs + WordPress

Saturday 13 September 2014 at 04:06

Petit appel à l’entraide pour 8 choses :

  1. modérer les commentaires et/ou sélectionner les plus pertinents (il faut donc avoir du temps régulièrement) (on répartira ainsi entre personnes en fonction des jours par exemple ; si quelqu’un est d’ailleurs volontaire pour coordonner)
  2. parcourir le web à la recherche de dessins de presse drôles (en anglais) et les traduire ; il faut donc quelqu’un qui a du temps et qui soit surtout sensible à ce genre d’humour. Regardez quelques billets des Miscellanées où j’en ai pas mal mis – si vous les auriez sélectionnés vous aussi, postulez :)
  3. je cherche quelqu’un travaillant dans la presse adhérente à l’OJD et pouvant avoir via eux des stats anciennes sur la diffusion des journaux (ils ne communiquent pas d’historique au grand public)
  4. on a besoin de programmeurs de bon niveau spécialistes de WordPress
  5. et de programmateurs connaissant très bien Php, Mysql et Javascript
  6. classer une masse de liens internet que j’ai sélectionnés
  7. pour devenir le référent “Reprise de billets” du blog : simple travail d’organisation, pas trop long (peu de temps, mais 1 à 2 fois par semaine). Je vous donne un lien d’un billet à reprendre, vous le donnez à quelqu’un d’autre qui fait le travail, et vous veillez à ce que tout soit bien fait. :)
  8. plus généralement, des personnes fiables ayant un peu de temps pour m’assister régulièrement dans différentes tâches…

Contactez-moi ici

Merci d’avance !

Olivier Berruyer

Source: http://www.les-crises.fr/entraide-08-2014/


[Reprise] Misère de l’occidentalisme, par Slobodan Despot

Saturday 13 September 2014 at 02:54

Slobodan Despot est directeur des éditions suisses Xenia

Les Européens de l’Ouest ne veulent rien savoir de la Russie

Cette nation qui a donné Pouchkine et Guerre et Paix, Nijinsky et le Lac des Cygnes, qui a l’une des plus riches traditions picturales au monde, qui a classé les éléments de la nature, envoyé le premier homme dans l’espace (et le dernier à ce jour), qui a produit des pelletées de génies du cinéma, de la poésie, de l’architecture, de la théologie, des sciences, qui a vaincu Napoléon et Hitler, qui édite les meilleurs manuels de physique, de mathématiques et de chimie, qui a su trouver un modus vivendi séculaire et pacifique, sur fond de respect et de compréhension mutuelle, avec ses Tatars et ses indénombrables musulmans, khazars, bouddhistes, Tchouktches, Bouriates et Toungouzes, qui a bâti la plus longue voie de chemin de fer au monde et l’utilise encore (à la différence des USA où les rails légendaires finissent en rouille), qui a minutieusement exploré et cartographié les terres, usages, ethnies et langues de l’espace eurasien, qui construit des avions de combat redoutables et des sous-marins géants, qui a reconstitué une classe moyenne en moins de quinze ans après la tiers-mondisation gorbatcho-eltsinienne, cette immense nation, donc, qui gouverne le sixième des terres émergées, est soudain traitée, du jour au lendemain, comme un ramassis de brutes qu’il s’agit de débarrasser de leur dictateur caricatural et sanglant avant de les éduquer à servir la « vraie » civilisation !
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L’Occident ressort la même guignolerie haineuse à chaque crise, depuis Ivan le Terrible à « Putler »-Poutine, en passant par le tsar Paul, la guerre de Crimée, le pauvre et tragique Nicolas II, et même l’URSS où tout succès était dit « soviétique » et tout échec dénigré comme « russe ».
Des nations serviles qui accordent aux Américains un crédit illimité de forfaiture et de brigandage « parce-qu’ils-nous-ont-libérés-en-45 » n’ont pas un mot, pas une pensée de gratitude pour la nation qui a le plus contribué à vaincre l’hydre national-socialiste… et qui en a payé le prix le plus lourd. Ses élus sont traités en importuns, son président caricaturé avec une haine obsessionnelle, la liberté de mouvement et de commerce de ses citoyens, savants, universitaires et hommes d’affaires est suspendue au bon vouloir d’obscures commissions européennes dont les peuples qu’elles prétendent représenter ne connaissent pas le nom d’un seul membre, ni pourquoi il y siège plutôt qu’un autre larbin des multinationales.
Mais tout ceci n’est encore rien. C’est dans l’ordre des choses. L’Occident et la Russie ne font que jouer les prolongations, à l’infini, du conflit Rome-Byzance en l’étendant aux continents voisins voire à l’espace interplanétaire. La vraie guerre des civilisations, la seule, est là. Barbare comme le sac de Constantinople, apocalyptique comme sa chute, ancienne et sournoise comme les schismes théologiques masquant de perfides prises de pouvoir. Tapie dans les replis du temps, mais prête à bondir et à mordre comme un piège à loups. C’est le seul piège, du reste, que l’empire occidental n’ait pas posé tout seul et qu’il ne puisse donc désamorcer. (Étant entendu que la menace islamique n’est que le produit des manœuvres coloniales anglo-saxonnes, de la cupidité pétrolière et de l’action de services d’État occupés à cultiver des épouvantails pour effrayer leurs propres sujets, puis à les abattre pour les convaincre de leur propre puissance et de leur nécessité.)
La menace russe, elle, est d’une autre nature. Voici une civilisation quasi-jumelle, ancrée sur ses terres, consciente d’elle-même et totalement ouverte aux trois océans, à l’Arctique comme à l’Himalaya, aux forêts de Finlande comme aux steppes de Mongolie. Voici des souverains qui — depuis la bataille de Kazan remportée par ce même Ivan qui nous sert de Père Fouettard — portent le titre de Khans tatars en même temps que d’Empereurs chrétiens siégeant dans l’ultime Rome, la troisième, Moscou, qui fleurit au moment où Byzance gémissait sous l’Ottoman et le pape sous la verge de ses mignons. Voici une terre aux horizons infinis, mais dont les contours sont gravés dans l’histoire du monde, inviolables bien que diffus. Voici des gens, enfin, et surtout, aussi divers qu’on peut l’imaginer, mêlant au sein d’un même peuple le poil blond des Vikings aux yeux obliques et aux peaux tannées de l’Asie. Ils n’ont pas attendu le coup de départ du métissage obligé, les Russes, ils l’ont dans leur sang, si bien assimilé qu’ils n’y pensent plus. Les obsédés de la race au crâne rasé qu’on exhibe sur les chaînes anglo-saxonnes ont la même fonction que les coucous suisses : des articles pour touristes.
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Cela ressemble tellement à l’Europe. Et c’en est tellement loin ! Tellement loin que les infatigables arpenteurs des mers — génois, anglais, néerlandais, espagnols —, qui connaissent l’odeur de la fève de tonka et la variété des bois de Sumatra, ne savent rien de la composition d’un borchtch. Ni même de la manière dont on prononce le nom de cette soupe. Ce n’est pas qu’ils ne pourraient pas l’apprendre. C’est qu’ils n’en ont pas envie. Pas plus qu’ils ne veulent connaître, vraiment, l’esprit, les coutumes et la mentalité des immigrants exotiques qu’ils accueillent désormais par millions et qu’ils laissent s’agglutiner en ghettos parce qu’ils ne savent comment leur parler.
J’ai dû, moi, petit Serbe, apprendre deux langues et deux alphabets pour entamer ma vie d’immigré. J’en ai appris d’autres pour mieux connaître le monde où je vis. Je m’étonne sincèrement de voir que mes compatriotes suisses ne savent pas, pour la plupart, les deux autres grandes langues de leur pays. Comment connaître autrui si vous ne savez rien de la langue qu’il parle ? C’est le minimum de la courtoisie. Et cette courtoisie, désormais, se réduit de plus en plus à des rudiments d’anglais d’aéroport.
De même font les Russes, dont l’éducation intègre la culture ouest-européenne en sus de la leur propre. Où voit-on la réciproque, à l’ouest du Dniepr ? Depuis Pierre le Grand, ils se considéraient européens à part entière. Les artistes de la Renaissance et les penseurs des Lumières sont les leurs. Leontiev, le père Serge Boulgakov, Répine, Bounine, Prokofiev et Chestov sont-ils pour autant les nôtres ? Non, bien entendu. Parler français fut deux siècles durant la règle dans les bonnes maisons — et le reste encore parfois. Ils se sont intensément crus européens, mais l’Europe s’est acharnée à leur dissiper cette illusion. Quand les jeunes Russes vous chantent Brassens par cœur, vous leur répondez en évoquant « Tolstoïevsky ». L’Europe de Lisbonne à Vladivostok n’aura été réelle qu’à l’Est. A l’Ouest, elle ne fut jamais que la projection livresque de quelques visionnaires.
L’Europe de Lisbonne à Vladivostok ! Imagine-t-on la puissance, la continuité, le rayonnement, les ressources d’un tel ensemble ? Non. On préfère definitely se mirer dans l’Atlantique. Un monde vieillissant et ses propres outlaws mal dégrossis s’étreignant désespérément par-dessus la mer vide et refusant de voir dans le monde extérieur autre chose qu’un miroir ou un butin. Leur derniers échanges chaleureux avec la Russie remontent à Gorbatchev. Normal : le cocu zélé avait entrepris de démonter son empire sans autre contrepartie qu’une paire de santiags au ranch de Reagan. Vingt ans plus tard, les soudards de l’OTAN occupaient toutes les terres, de Vienne à Lviv, qu’ils avaient juré de ne jamais toucher ! Au plus fort de la Gorbymania, Alexandre Zinoviev lançait son axiome que tous les Russes devraient apprendre au berceau : « Ils n’aimeront le tsar que tant qu’il détruira la Russie ! »
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«Ah, vous les Slaves ! » — ouïs-je souvent dire — « Quel don pour les langues ! » Je me suis longtemps rengorgé, prenant le compliment pour argent comptant. Puis, ayant voyagé, j’ai fini par comprendre. Ce n’est pas « nous les Slaves » qui avons de l’aisance pour les langues : c’est vous, les « Européens » qui n’en avez pas. Qui n’en avez pas besoin, estimant depuis des siècles que votre package linguistique (anglais, français, allemand, espagnol) gouverne le monde. Pourquoi s’escrimer à parler bantou ? Votre langue, étendard de votre civilisation, vous suffit amplement, puisqu’au-delà de votre civilisation, c’est le limes (comme au temps de César), et qu’au-delà du limes, mon Dieu… Ce sont les terres des Scythes, des Sarmates, des Marcheurs Blancs, bref de la barbarie. Voire, carrément, le bord du monde où les navires dévalent dans l’abîme infini.
Voilà pourquoi le russe, pour vous, c’est du chinois. Et le chinois de l’arabe, et l’arabe de l’ennemi. Vous n’avez plus même, dans votre nombrilisme, les outils cognitifs pour saisir ce que les autres — qui soudain commencent à compter — pensent et disent, réellement, de vous. Ah ! Frémiriez-vous, si vous pigiez l’arabe des prédicateurs de banlieue ! Ah ! Railleriez-vous si vous entraviez des miettes de ce que les serveurs chinois du XIIIe dégoisent sur vous. Ah ! Ririez-vous s’il vous était donné de saisir la finesse de l’humour noir des Russes, plutôt que de vous persuader à chacun de leurs haussements de sourcil que leurs chenilles sont au bord de votre gazon.
Mais vous ne riez pas. Vous ne riez plus jamais. Même vos vaudevilles présidentiels sont désormais commentés avec des mines de fesse-mathieu. Vous êtes graves comme des chats qui caquent dans votre quiétude de couvre-feu, alors qu’eux, là-bas, rient, pleurent et festoient dans leurs appartements miniatures, leur métro somptueux, sur leur banquise, dans leurs isbas et jusque sous les pluies d’obus.
Tout ceci n’est rien, disais-je, parlant du malentendu historique qui nous oppose. La partie grave, elle arrive maintenant. Vous ne leur en voulez pas pour trois bouts d’Ukraine dont vous ignoriez jusqu’à l’existence. Vous leur en voulez d’être ce qu’ils sont, et de ne pas en démordre ! Vous leur en voulez de leur respect de la tradition, de la famille, des icônes et de l’héroïsme — bref, de toutes les valeurs qu’on vous a dressés à vomir. Vous leur en voulez de ne pas organiser pour l’amour de l’Autre la haine du Soi. Vous les enviez d’avoir résolu le dilemme qui vous mine et qui vous transforme en hypocrites congénitaux : Jusqu’à quand défendrons-nous des couleurs qui ne sont pas les nôtres ?
Vous leur en voulez de tout ce que vous avez manqué d’être !
Ce qui impressionne le plus, c’est la quantité d’ignorance et de bêtise qu’il vous faut déployer désormais pour entretenir votre guignolerie du ramassis de brutes qu’il s’agit de débarrasser de leur dictateur caricatural et sanglant avant de les éduquer à servir la « vraie » civilisation. Car tout la dément : et les excellentes relations de la Russie avec les nations qui comptent et se tiennent debout (BRICS), et le dynamisme réel de ce peuple, et l’habileté de ses stratèges, et la culture générale du premier Russe venu, par opposition à l’inculture spécialisée du « chercheur » universitaire parisien qui prétend nous expliquer son obscurantisme et son arriération. C’est que ce ramassis de brutes croit encore à l’instruction et au savoir quand l’école européenne produit de l’ignorance socialisée ; croit encore en ses institutions quand celles de l’UE prêtent à rire ; croit encore en son destin quand les vieilles nations d’Europe confient le leur au cours de la Bourse et aux banquiers de Wall Street.
Du coup, la propagande a tout envahi, jusqu’à l’air qu’on respire. Le gouvernement d’Obama prend des sanctions contre le régime de Poutine : tout est dit ! D’un côté, Guantanamo, les assassinats par drones aux quatre coins du monde, la suspension des droits élémentaires et le permis de tuer sans procès ses propres citoyens — et, surtout, vingt-cinq ans de guerres coloniales calamiteuses, sales et ratées qui ont fait du Moyen-Orient, de la Bosnie à Kandahar, un enfer sur terre. De l’autre, une puissance qui essaie pas à pas de faire le ménage à ses propres frontières, celles justement dont on s’était engagé à ne jamais s’approcher. Votre gouvernement contre leur régime
Savez-vous de quoi vous vous privez en vous coupant ainsi, deux fois par siècle, de la Russie ? Du refuge ultime des vos dissidents, en premier lieu du témoin capital Snowden. Des sources d’une part considérable de votre science, de votre art, de votre musique, et même, ces jours-ci, du dernier transporteur capable d’emmener vos gens dans l’espace. Mais qu’importe, puisque vous avez soumis votre science, votre art, votre musique et votre quête spatiale à la loi suicidaire du rendement et de la spéculation. Et qu’être traqués et épiés à chaque pas, comme Snowden vous l’a prouvé, ne vous dérange au fond pas plus que ça. A quoi bon implanter une puce GPS à des chiens déjà solidement tenus en laisse ? Quant à la dissidence… Elle n’est bonne que pour saper la Russie. Tout est bon pour saper la Russie. Y compris les nazis enragés de Kiev que vous soutenez sans gêne et n’hésitez pas à houspiller contre leurs propres concitoyens. Quelle que soit l’issue, cela fera toujours quelques milliers de Slaves en moins…
Que vous a-t-il donc fait, ce pays, pour que vous en arriviez à pousser contre lui les forces les plus sanguinaires enfantées par la malice humaine : les nazis et les djihadistes ? Comment pouvez-vous vouloir contourner un peuple étendu sur onze fuseaux horaires ? Destituer de l’extérieur un chef d’État plus populaire que tous vos polichinelles réunis ? Êtes-vous déments ? Ou la Terre est-elle trop petite, à vos yeux, pour que l’« Occident » puisse y cohabiter avec un État russe ?
C’est peut-être cela, tout compte fait. La Russie est l’avant-poste, aujourd’hui, d’un monde nouveau, de la première décolonisation véritable. Celle des idées, des échanges, des monnaies, des mentalités. A moins que vous, atlantistes et eurocrates, ne parveniez à entraîner la nappe dans votre chute en provoquant une guerre atomique, le banquet de demain sera multipolaire. Vous n’y aurez que la place qui vous revient. Ce sera une première dans votre histoire : mieux vaut vous y préparer.
Source : Slobodan Despot, 11/9/2014, Despotica
Principe actif pour le lavage des cerveaux

Source: http://www.les-crises.fr/misere-de-l-occidentalisme/


Revue de presse du 13/09/2014

Saturday 13 September 2014 at 00:04

Cette semaine notamment, trois débuts de série : le dollar, les pathologies du pouvoir et les lobbys. Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/rdp-13-09-2014/


Actu’Ukraine par Nicolas, 12 septembre

Friday 12 September 2014 at 00:01

Y-a-pas-de-néonazis-en-Ukraine-mais-un-peu-quand-même

Nous nous sommes tous trompés : Marie Mendras, Julien Sauvaget et consorts ont raison : les Ukrainiens se battent pour leur droit à la liberté, à la démocratie, et pour les valeurs européennes qui nous unissent tous (le libéralisme économique ?), et tous ceux qui disent le contraires sont des espions payés par le FSB, dont les redoutables babouchki avec des parapluies de combat. D’ailleurs, j’attends mon chèque.

Le 31 mars 2014, le “Front Populaire” a été officiellement enregistré. Son premier congrès s’est ouvert le 10 septembre. Sur la photo, on voit quelques une des membres proéminents de ce parti dont le slogan est “une équipe forte pour des temps difficiles”

Front Populaire ukrainien. L’État ukrainien s’affiche ouvertement avec des nazis.

Voyons  un peu quelle est cette forte équipe. Le congrès a élu Arsène Avakov (ministre de l’intérieur) président du parti et Oleksandr Tourtchinov (président de la Rada) chef du bureau central.
Avec eux se trouve Andriy Biletskiy, chef des partis néonazis “Patriote d’Ukraine” et “l’Assemblée Sociale-Nationale“, membre du Secteur Droit et commandant du Bataillon Azov. On peut difficilement être plus ouvertement nazi. Avec le quart de son pedigree, le Front National l’aurait probablement exclu. Biletskiy a été libéré de prison, où il était incarcéré pour viole0nce, par le président de la Rada (parlement ukrainien) Oleksandr Tourtchinov, alors président par interim. Ça c’est un bon copain. La Constitution ukrainienne dit :

Article 112.

Dans le cas d’un retrait prématuré des pouvoirs du Président de l’Ukraine, suivant les articles 108, 109, 110, 111 de la présente constitution, les responsabilités du Président d’Ukraine sur une période allant jusqu’à l’élection et la prise de poste d’un nouveau Président d’Ukraine sont attribuées au premier ministre d’Ukraine. Le premier ministre d’Ukraine, durant son mandat en tant que président d’Ukraine ne peut exécuter les pouvoirs décrits par les points 2, 6, 8, 10, 11, 12, 14, 15, 16, 22, 25, 27 de l’article 106 de la présente constitution.

Article 106.
Le président d’Ukraine :
27) exécute la grâce présidentielle

Ce qui est un détail si on prend la peine de se souvenir que Yanoukovitch a été viré en violation de la Constitution (articles 108 à 111), et qu’il y a donc bien eu un coup d’État.

Petits rappels :

L’emblème du parti “Patriote d’Ukraine”, c’est simplement le symbole “Wolfsangel” inversé qui forme le digramme I+N, initiales de Idée Nation

Symbole du parti Patriote d'Ukraine

Symbole du parti Patriote d’Ukraine, et de Svoboda

L’un des leaders du parti “Patriote d’Ukraine” était Andriy Parubiy, qui a dirigé la défense de Maïdan, avant d’être secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de la défense d’Ukraine du 27 février au 7 août 2014. Parubiy était également présent au congrès du Front Populaire.

Fin 2013, le parti “Patriote d’Ukraine” a fusionné avec plusieurs partis dont le Trident de Stepan Bandera et l’UNA-UNSO.

Trident

Symbole du Trident de Stepan Bandera

Le Trident de Stepan Bandera était le parti de Dmitriy Yaroch. Son but est la création d’un puissant état ukrainien indépendant. Il estime que ses ennemis sont “l’impérialisme et le chauvinisme, le communisme et le fascisme,  le cosmopolitisme et le pseudo-nationalisme, le totalitarisme et l’anarchisme, et toute autre vermine  qui s’efforce de parasiter le sang et la sueur des Ukrainiens ou de les éloigner du chemin glorieux de leur  Étatnational”. Fichtre, ça fait du monde à haïr !

Il est né comme le bras armé du Congrès nationaliste ukrainien, d’où le symbole, une croix-épée, avec les armoiries de l’Ukraine

Symbole de l'UNA-UNSO

Ce symbole me rappelle quelque chose, mais je dois être parano

L’UNA-UNSO est “l’Assemblée nationale ukrainienne – Autodéfense ukrainienne”. Ces joyeux démocrates pro-européens ont participé à plusieurs conflits:
-la guerre de Tchétchénie du côté des indépendantistes, alliés des Talibans d’Afghanistan
-la guerre du Kosovo (des 2 côtés)
-la guerre de Transdnistrie (du côté de la Transdnistrie… donc avec Strelkov !)
-la guerre du Haut-Karabakh, du côté de l’Azerbaïdjan
-la guerre d’Abkhazie (1992-1993) du côté de la Géorgie
-Maïdan
Ainsi qu’à la guerre de l’Ossétie du sud de 2008 selon un procureur russe.

En mars 2014, l’Assemblée Social-Nationale de Biletskiy a formé le bataillon de volontaire Azov, qui se distingue actuellement par ses crimes de guerres, notamment contre la population civile du Donbass. Je rappelle que l’emblème du bataillon Azov contient la superposition du Soleil Noir nazi et de l’image miroir de l’emblème “Wolfsangel”de la division SS “Das Reich”, essentiellement connue en France pour plusieurs massacres de civils, dont celui d’Oradour-sur-Glane.

Pour ceux qui auraient des doutes, on peut voir le bataillon Azov à l’entraînement :

Soldats du bataillon Azov à l'entraînement

Les images montrant le bataillon Azov à l’entraînement ont causé un scandale en Allemagne en raison de la présence de symboles nazis. Un autre casque arbore un symbole “SS” runique.

On a donc 2 des plus hauts personnages de l’État ukrainien qui forment un nouveau parti avec un nazi notoire, qui a été illégalement libéré de prison par l’un d’eux. En dehors d’Andriy Biletskiy, ce nouveau partie compte:
-le commandant  Youriy Bereza du bataillon Azov
-Tatyana Tchornovol. Sur la photo, Tchornovol est à la droite d’Avakov dont elle est la conseillère. Elle est entrée à l’UNA-UNSO à 17 ans et en a été la porte-parole. C’est une activiste nationaliste qui se proclame journaliste et qui a évidemment participé à Maïdan. Son époux Nikolaï Berezovii faisait parti du bataillon Azov et est mort dans le Donbass. Avant cela il était député, inscrit au parti UDAR de Klitchko.
-Youriy Pavlenko, secrétaire d’état pour les droits des enfants. En tant que ministre de la famille, de la Jeunesse et des sports (2007-2010), il a participé à renforcer la formation du patriotisme et du nationalisme chez les enfants.
-Arseniy Yatsenyouk, premier ministre
-Ksenya Lyapina, députée
-Nikolaï Knyajitskiy, journaliste
-Vyatcheslav Kirilenko, vice-premier ministre
-Lyoudmila Denissova, ministre des affaires sociales
-Lilya Grinevitch, députée
-Dmitriy Tymtchouk, qui coordonne la lutte contre la “propagande russe”
-Dmitriy Sneguirev, nationaliste de Lougansk qui a quitté Svoboda (parti nationaliste) parce qu’il était devenu trop centriste à son goût.
-Mikhaïl Gavrilyouk, vétéran de Maïdan (4ème centurie)
-Pavel Petrenko, ministre de la justice
-Maksim Bourbak, ministre de l’infrastructure

En tout, 490 personnes ont participé à ce congrès, dont plusieurs autres députés non cités ici. Un conseil de guerre a été formé lors de ce congrès et inclut Avakov et Tymtchouk. Le programme de ce nouveau parti est en cours d’élaboration, et étant donné la liste des participants, il ne peut être que nationaliste ou national-socialiste. Pour résumer, nous avons enfin tout le gratin du coup d’État de Maïdan, de la droite nationaliste à l’extrême-droite ultra-nationaliste enfin réunis en un parti pour préparer l’élection parlementaire du 26 octobre.

En dehors de leur division entre nationalisme et ultra-nationaliste, les deux chefs du nouveau parti se disputent par rapport à leur relation avec le “Bloc Petr Porochenko”. Yatsenyouk et ses acolytes veulent conserver une coalition avec Porochenko, alors que Tourtchinov veut que le parti soit indépendant. Les négotiations vont bon train en coulisse et l’on en saura plus dans quelques jours après la date limite de l’inscription des candidats (le 15). Cependant, une phrase de Yatsenyouk lors de ce congrès donne peut-être un indice concernant la relation de ce nouveau parti avec Porochenko

Nous avons rassemblé ces gens qui sont prêts à continuer à se battre, je n’ai pas d’illusions au sujet de cette campagne, les règles du jeu ont changé et les oligarques vont continuer de cacher leurs sbires,”

Notons que le journal britannique The Guardian a succombé comme nous à la propagande russe puisqu’il affirme avoir trouvé de nombreux soldats néonazis ou avec des liens avec des groupes néonazis parmi les rangs du bataillon Azov, qui sont prêts à en découdre avec Kiev une fois la guerre terminée à l’est. Un des soldats ouvertement nazi et négationniste, affirme que la police, qui n’a rien pu faire contre les “manifestants pacifistes” de Maïdan, ne pourront certainement pas résister à des unités de combats armées.

Pour finir sur ce sujet, rappelons que les partis d’extrême droite sont notamment en cause dans le massacre d’Odessa du 2 mai. Andriy Parubiy est impliqué dans ce massacre, et le rapport d’enquête a été falsifié. Le bilan officiel est de 48 morts, mais le vrai bilan pourrait être bien plus élevé : de nombreuses personnes qui ont cherché à fuir le brasier ont été battues ou étranglées, selon de nombreux témoins.

Citons enfin ce propos d’Andrei Parubiy :

«Очень важно, что лидером «Народного фронта» является Арсений Яценюк… Он дал надежду и уверенность в том, что мы построим современное европейское государство», – заявил Парубий.

“Il était très important que le leader du “Front Populaire” soit Arseni Yatsenyouk. Il a donné l’espoir et la confiance au fait que nous construirons un gouvernement moderne européen”

Ah bah fichtre si le gouvernement deYatsenyouk représente les nouvelles valeurs européennes…

Situation militaire

Point rapide et un peu en vrac. La situation n’évolue pas très vite pendant, nous aurons le temps d’y revenir : La “trêve” profite temporairement à la junte de Kiev, qui amasse des forces considérables sur tous les fronts. Le recul des rebelles autour de Marioupol est moins spectaculaire qu’il n’apparaît sur la carte, car seuls des groupes légers d’éclaireurs et de saboteurs étaient à l’ouest de la ville.

Carte au 10 septembre

Carte du Donbass le 10 septembre

La junte a placé des dizaines de blindés dans chacune des zones bleues de la carte, et bombarde à peu près toutes les villes qu’elle peut bombarder. Les combats les plus intenses ont lieu à Telmanovo, où les rebelles ont repoussé les soldats de Kiev plusieurs fois. Contrôler Telmanovo est important pour maintenir la ligne d’approvisionnement des rebelles qui contrôlent un bout de la côte. Il y a toujours de très nombreux soldats de Kiev dans plusieurs kotyols (poches), et il semble que des groupes de rebelles restent présents dans le nord et le nord-ouest de Marioupol.

Pour comprendre l’ampleur des forces avancées par Kiev, voici quelques chiffres indiquées par la carte:
-à l’ouest de Gorlovka : 3000 soldats, 100 tanks, 300 blindés, 80 mortiers, 200 pièces d’artillerie lourde (lance-roquettes multiple comme “grad” ou “smerch”)
-au nord de Gorlovka : 3600 soldats, 150 tanks, 250 blindés, 120 pièces d’artillerie lourde

Ces chiffres sont énormes et certainement exagérés. Il ne paraît pas possible que Kiev ait pu mobilisé plus de 1600 blindés (tanks compris) sur le front quand il devrait leur en rester environ 1000 en tout et pour tout (dont certains doivent défendre la frontière russe, ou avec la Transdnistrie, et être utilisés pour le maintien de l’ordre). La Pologne, la Hongrie et d’autres pays fournissent des armes lourdes, mais par dizaines, pas par centaines. L’armée de l’air des É-U a tout récemment livré quelques 1 système d’artillerie espagnol (Teruel-3) et quelques pièces d’artillerie roumaines (Larom). Plusieurs dizaines de tanks de production étrangère ont été signalés. Tout cela ne fait pas de quoi changer le cours de la guerre. Il est probablement que Kiev ait entre 600 et 800 blindés disponible pour le front contre environ 200 côté novorusse. Porochenko a affirmé aux médias ukrainiens :

Pour nous, le cessez-le-feu est la préparation aux processus possibles qui pourraient se produire en résultat d’une violation de cessez-le-feu.

Comme on dit : Qui veut la guerre prépare la guerre. De leur côté, les rebelles affirment avoir capturé 9 4×4 blindés Cougar (de production canadienne, déjà présents lors de la parade à Kiev pour la fête nationale ukrainienne), ce que Kiev dément. Les rebelles se plaignent de la faiblesse du blindage et affirment ajouter des couches de métal. 2 système d’artillerie BM-30 “Smerch” seraient également passés dans les mains des rebelles avec 5 camions de munitions. Une salve de Smerch rase un carré de 42 hectares en 38 secondes, jusqu’à une distance de 120 km. Toujours selon les rebelles, l’artillerie de Kiev a détruit une de ses propres colonne de renforts, ce qui n’est pas si incroyable que cela si l’on se souvient qu’un hélicoptère de Kiev avait déjà massacré des soldats de Kiev. De nombreux rebelles sont mécontents du cessez-le-feu, qui est arrivé au moment où ils avaient presque totalement encerclé Marioupol, et certains parlent même de trahison, comme Mozgovoï.

Concernant l’attaque de maquisards signalée précédemment, qui aurait détruit de nombreuses pièces d’artillerie, il est possible que ce soit une invention du SBU pour piéger les personnes qui chercheraient à rejoindre les maquisards.

La troisième vague de mobilisation s’est terminée et les armées de Kiev et des oligarques auraient 60000 soldats en tout, dont la moitié en première ligne, contre 30000 soldats ou un peu plus pour l’ensemble de l’armée novorusse. Si l’on tient en compte que la mobilisation de Kiev apporte des soldats non formés, sans motivation,sans expérience, prompts à la désertion, menés par des officiers qui s’illustrent plus souvent par leur lâcheté et leur alcoolisme que par leur sens tactique, et que l’état-major de Kiev s’est pour l’instant illustré par une stratégie catastrophique, la supériorité numérique de Kiev n’est pas très importante.

Pour justifier l’échec retentissant des armées de Kiev à Ilovaïsk (où au moins 200 soldats sont morts, et des centaines ont été fait prisonniers) le ministre de la défense Valeriy Gueleteï a expliqué que ses soldats utilisent des smartphones sur le champs de batailles et qu’ils écrivent des messages au lieu de ce battre. Hum, oui, d’accord.

Les travaux de réparations se poursuivent sur toute l’infrastructure de Novorossie, sans moyens financiers et avec des ingénieurs qui ne sont plus payés depuis 3 mois.

Pour terminer, signalons que la guerre économique de Washington contre la Russie se poursuit, et la Russie continue de se défendre. La Pologne ayant commencé à revendre du gaz russe à l’Ukraine (apparemment en violation de leur contrat avec Gazprom), les livraisons de Gazprom vers la Pologne ont diminuées et la Pologne a immédiatement cessé ses livraisons vers l’Ukraine. La Russie continue de développer de nouveaux partenariat, avec par exemple un accord en vue pour échanger du pétrole iranien (sous embargo) contre du blé russe. Les efforts se poursuivent pour se débarrasser progressivement du dollar dans les échanges commerciaux entre la Russie et l’Asie (~140 G$ d’exportations, ~110G$ d’importations). Il est de nouveau question d’interdire le survol de la Sibérie aux compagnie aérienne, ce qui ruinerait assez vite LuftHansa, Air France et British Airways mais causerait aussi des pertes à Aeroflot qui touche une grande partie de ce que ces compagnies paient pour avoir le droit de survoler la Russie.

Annexe :

Sermon d’un prêtre uniate à l’enterrement d’un membre de Pravi Sektor ” Que l’ennemi ne se réjouisse pas. Pour chacun des nôtres c’est des dizaines des leurs qui tomberont. Ils sont venus ici parce qu’ils ont besoin de notre terre. Ils veulent que nous leur rendions notre terre. Nous le ferons, mais dans le sens inverse: la terre nous ne la leur rendrons pas, c’est eux que nous rendrons à notre terre.”… (1.42) “Aimez vos ennemis. Oui! Notre sainte terre ukrainienne a montré, montre et montrera un amour particulier envers nos ennemis! Elle accueillera avec amour tout occupant, tout ennemi, venu ici, foulant notre terre, pour la souiller”. ..”Gloire à Jésus-Christ! Gloire à l’Ukraine! Gloire à la nation!”

Source: http://www.les-crises.fr/actu-ukraine-12-septembre/


[Média] BFM Business, Les Experts – 3 septembre

Thursday 11 September 2014 at 03:44

Nicolas Doze m’a invité à son émission sur BFM Business.

Avec Sylvain Orebi, président d’Orientis (Kusmi Tea, infusions bio Lov Organic), et Jean-Marc Vittori, éditorialiste aux Echos, sur BFM Business.

Voici la vidéo :

Partie 1 :

 

Partie 2 :

 

Bonus : un petit rappel (démarrez en au moins la lecture svp, cela me rendrait service pour le classement :) )

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Quelques extraits de l’émission (comme BFM passe du temps à les découper, au moins qu’on les diffuse…):

Nomination de Macron: “Ça devient usant d’être pris pour des jambons”

Fraude au chômage: “il y a aussi des personnes qui voudraient s’en sortir!”

Chômage : “Mais où sont les 6 millions d’emplois ?”

“Il faut arrêter de monter les français les uns contre les autres”

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N’hésitez pas à réagir en direct par mail sur cette émission via ce lien – Nicolas Doze consulte bien les mails en direct, et est très demandeur ;) :

http://www.bfmtv.com/emission/les-experts/

(cliquez sur Lui écrire à droite)

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Source: http://www.les-crises.fr/bfm-11-09-2014/